Le cyclone Chido a frappé Mayotte
16/12/2024Le cyclone tropical intense Chido a frappé de plein fouet l'ensemble de l'île de Mayotte, ce samedi 14 décembre 2024, avec des conséquences dévastatrices pour le territoire et la population. Les rafales observées ont dépassé les 200 km/h. Il s’agit d’un cyclone d’une ampleur inédite depuis plus de quatre-vingt-dix ans pour Mayotte.
Que s’est-il passé ?
Le cyclone intense Chido a traversé l’île de Mayotte, samedi 14 décembre, avec des vents dévastateurs. L’œil du cyclone a abordé le nord de la Grande-Terre vers 11 h, samedi, au niveau de la ville de Bandraboua pour ressortir environ 30 minutes après vers la ville d'Acoua sur la côte nord-ouest. Le mur de l’œil a concerné la Petite-Terre ainsi que les régions nord et centre de la Grande-Terre.
Des rafales généralisées à plus de 200 km/h
Sur l’ensemble du territoire, les rafales observées ont dépassé les 180 km/h voire plus de 200 km/h dans le mur de l'œil du cyclone. On a relevé dans le mur de l’œil 226 km/h à Pamandzi et 194 km/h avant rupture de la réception des données à Coconi.
Des rafales approchant 250 km/h ont pu être atteintes sur le nord de Petite-Terre et la moitié Nord de Grande-Terre, concernées par le passage du mur de l’œil, qui est la zone théorique des vents maximaux.
Les rafales ont dépassé les :
- 100 km/h pendant un peu moins de cinq heures,
- 150 km/h pendant environ trois heures,
- 200 km/h pendant environ 45 minutes.
Cela témoigne de la compacité et de la vitesse de déplacement rapide du cyclone.
Des pluies intenses
Le cumul de pluie le plus élevé sur la durée de l’épisode est de 176,4 mm relevé à la station de Vahibé dans les hauts de Mamoudzou.
Le réseau de mesures de Météo-France a souffert des conditions cycloniques et bon nombre de données n’ont plus été transmises à l’approche du mur de l’œil.
Les cumuls de précipitations sont estimés à 176 mm en 12 heures, les pluviomètres ayant cessé d’envoyer des données.
Une mer dangereuse et des submersions marines
Une dégradation de l'état de la mer a été observée avec des vagues moyennes de 5 m 30 et des hauteurs maximales de 9 m 30 en dehors du lagon au nord-ouest de l’île.
Comment s’est formé Chido ?
Une zone de basses pressions a été détectée dans la nuit du 5 au 6 décembre sur l’est du bassin.
Dans la nuit du 9 au 10 décembre, Chido a atteint le stade de tempête tropicale. Profitant d’un environnement océanique favorable avec des températures de surface proches de 30 °C et des eaux chaudes très profondes ainsi que d’un cisaillement en baisse, il s’est alors intensifié rapidement, ravageant l’île d'Agaléga en tant que cyclone tropical intense moins de 48 h plus tard. Chido s’est déplacé rapidement vers l’ouest en suivant une trajectoire peu fréquente et extrêmement défavorable pour Mayotte, qui l’a fait contourner Madagascar par le nord, puis se diriger droit vers l’île aux parfums. Dès les premières heures du 14 décembre, il a abordé Mayotte au stade de cyclone tropical intense.
Avait-il été bien anticipé ?
La trajectoire, la chronologie et l'intensité du cyclone tropical intense Chido ont été conformes aux prévisions établies par Météo-France.
Depuis le lundi 9 décembre, soit 4 jours et demi avant l’arrivée du cyclone, les prévisions de Météo-France, chargé de la surveillance cyclonique sur le bassin, font état d’un passage “dans le secteur” de Mayotte. Le jeudi 12 décembre un peu plus de 54 h avant le passage de l’œil sur Mayotte, toutes les prévisions ont ciblé le nord-ouest de Grande-Terre, ce qui s’est avéré être le scénario final.
Les éléments fournis par Météo-France aux pouvoirs publics ont permis de déclencher la pré-alerte cyclonique le mercredi 11 décembre à 15 heures locales puis l’alerte cyclonique orange à 7 heures le vendredi 13 décembre. L’alerte rouge a été déclenchée à compter de 22 heures. L’alerte cyclonique violette a été déclenchée samedi 14 décembre à 7 heures.
Est-ce un cyclone exceptionnel ?
Le cyclone Chido est un épisode exceptionnel pour Mayotte en termes d’impact, bien supérieur à Kamisy (avril 1984) qui était la dernière référence cyclonique à Mayotte. Il faut probablement remonter au cyclone du 18 février 1934 pour retrouver un impact aussi violent sur le département
Le caractère exceptionnel de Chido tient surtout à sa trajectoire d’est en ouest lui permettant de contourner Madagascar par le nord. En termes d’intensité, on observe en moyenne trois phénomènes par an d'intensité équivalente à celle de Chido sur le bassin.
Le changement climatique a-t-il joué un rôle dans sa trajectoire ou son intensité ?
Les impacts de Chido sont avant tout la conséquence de sa trajectoire et de son passage sur l’île de Mayotte. Il s’agit d’un événement très rare pour Mayotte (dernier événement comparable il y a quatre-vingt-dix ans). L’état actuel des connaissances ne permet pas de conclure que le changement climatique ait rendu ce type de trajectoire plus ou moins fréquente. On ne peut pas non plus affirmer, en l’état actuel des connaissances, que le changement climatique a favorisé cet événement, ni qu’il l’a rendu plus intense.
Cyclones et changement climatique
Les simulations du climat pour le XXIe siècle du sixième rapport du GIEC indiquent que la violence des cyclones augmente sous l’effet du changement climatique. Leur intensité moyenne est attendue d’augmenter de 5 % et la proportion de cyclones très intenses (i.e. le rapport du nombre de cyclones de catégorie 4 et 5 au nombre total de cyclones) devrait augmenter de 14 %. Quant aux pluies cycloniques, une robuste tendance indique une augmentation de près de 12 % pour un réchauffement global de 2 °C.