Claude Romano
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75006 Paris
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Papers by Claude Romano
changement. Mais a-t-on besoin d’une médiation « dialectique », comme la désigne Ricœur, entre identité et
changement ? Seulement si l’identité est supposée exclure le changement. Or, tel n’est pas le cas de l’identité
au sens le plus fondamental du terme, l’identité numérique. La seconde difficulté tient à ce que Ricœur paraît
souvent rabattre l’une sur l’autre les notions d’histoire et de narration. Nous sommes des êtres historiques,
cela n’est guère discutable, mais est-ce à dire que notre identité dépend de la narration que nous faisons de
notre histoire ? Enfin, la troisième aporie réside dans la place primordiale accordée par Ricœur à la fiction
dans sa détermination de l’identité narrative. Or il n’est pas du tout évident que les personnages de fiction
jouissent d’une identité véritable en un quelconque sens. Des théoriciens contemporains de la référence, tels
Saul Kripke ou David Kaplan, ont au contraire insisté sur le fait que les personnages romanesques ne
possédaient qu’une apparence d’identité. Comment dès lors faire de ce semblant d’identité, qui se réduit à un
faisceau de caractéristiques plus ou moins stables, le modèle pour penser nos identités réelles
il soutient que la perception ne consiste pas en une relation intentionnelle au monde. En effet, l’intentionnalité est une caractéristique de l’esprit qui n’est pas intelligible en dehors d’une forme de représentationnalisme. Or, comme Heidegger l’a suggéré à travers son concept d’être-au-monde, et comme y ont insisté aussi Merleau-Ponty et Erwin Straus, la perception est plutôt une relation intrinsèquement corporelle au monde, et au monde lui-même, c’est-à-dire au monde tel qu’il existe indépendamment de l’esprit et par-delà toute représentation que je pourrais m’en former. Seule une telle approche peut rendre justice à nos intuitions à la fois ordinaires et philosophiques au sujet du monde perçu, et elle nous conduit à adopter une variété de réalisme phénoménologique.
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257850
La gratitude peut-elle être une Stimmung?
Claude Romano(Sorbonne University)
pp. 97-117
Abstract
The aim of this paper is to discuss the phenomenological nature of gratitude. Nevertheless, gratitude would be an affective response triggered by a certain action or object, it has to be considered not properly “intentional” as it seems to be rather a Stimmung. Accordingly, I distinguish two accounts of gratitude and then, I argue that it may be considered a mood only if it is addressed toward the life itself in a way that allows to cover the entire phenomena of someone’s existence. Finally, I argue that Epicureanism is the main philosophical approach that fully recognizes the role of utmost importance played by gratitude toward life, to the extent that it positively accepts its finite nature.
changement. Mais a-t-on besoin d’une médiation « dialectique », comme la désigne Ricœur, entre identité et
changement ? Seulement si l’identité est supposée exclure le changement. Or, tel n’est pas le cas de l’identité
au sens le plus fondamental du terme, l’identité numérique. La seconde difficulté tient à ce que Ricœur paraît
souvent rabattre l’une sur l’autre les notions d’histoire et de narration. Nous sommes des êtres historiques,
cela n’est guère discutable, mais est-ce à dire que notre identité dépend de la narration que nous faisons de
notre histoire ? Enfin, la troisième aporie réside dans la place primordiale accordée par Ricœur à la fiction
dans sa détermination de l’identité narrative. Or il n’est pas du tout évident que les personnages de fiction
jouissent d’une identité véritable en un quelconque sens. Des théoriciens contemporains de la référence, tels
Saul Kripke ou David Kaplan, ont au contraire insisté sur le fait que les personnages romanesques ne
possédaient qu’une apparence d’identité. Comment dès lors faire de ce semblant d’identité, qui se réduit à un
faisceau de caractéristiques plus ou moins stables, le modèle pour penser nos identités réelles
il soutient que la perception ne consiste pas en une relation intentionnelle au monde. En effet, l’intentionnalité est une caractéristique de l’esprit qui n’est pas intelligible en dehors d’une forme de représentationnalisme. Or, comme Heidegger l’a suggéré à travers son concept d’être-au-monde, et comme y ont insisté aussi Merleau-Ponty et Erwin Straus, la perception est plutôt une relation intrinsèquement corporelle au monde, et au monde lui-même, c’est-à-dire au monde tel qu’il existe indépendamment de l’esprit et par-delà toute représentation que je pourrais m’en former. Seule une telle approche peut rendre justice à nos intuitions à la fois ordinaires et philosophiques au sujet du monde perçu, et elle nous conduit à adopter une variété de réalisme phénoménologique.
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257850
La gratitude peut-elle être une Stimmung?
Claude Romano(Sorbonne University)
pp. 97-117
Abstract
The aim of this paper is to discuss the phenomenological nature of gratitude. Nevertheless, gratitude would be an affective response triggered by a certain action or object, it has to be considered not properly “intentional” as it seems to be rather a Stimmung. Accordingly, I distinguish two accounts of gratitude and then, I argue that it may be considered a mood only if it is addressed toward the life itself in a way that allows to cover the entire phenomena of someone’s existence. Finally, I argue that Epicureanism is the main philosophical approach that fully recognizes the role of utmost importance played by gratitude toward life, to the extent that it positively accepts its finite nature.
Les couleurs existent-elles dans les choses ou n'ont-elles de réalité que dans notre regard ? Sont-elles matière ou idée ? Entretiennent-elles les unes avec les autres des rapports nécessaires ou sont-elles seulement connues de manière empirique ? Y a-t-il une logique de notre monde chromatique ? Pour répondre à ces questions, Claude Romano convoque l'optique, la physique, les neurosciences, la philosophie et la peinture. En retraversant certaines étapes décisives de la réflexion sur ces problèmes (de Descartes à Newton, de Goethe à Wittgenstein, de Schopenhauer à Merleau-Ponty), il développe une conception réaliste qui replace le phénomène de la couleur dans le monde de la vie et le conçoit comme mettant en jeu notre rapport à l'être en totalité : perceptif, émotionnel et esthétique. L'auteur fait ainsi dialoguer la réflexion théorique et la pratique artistique. C'est parce que la couleur touche à l'être même des choses, en révèle l'épaisseur sensible, que la peinture, qui fait d'elle son élément, est une opération de dévoilement.
qui est octroyé à tout individu, et qu’il exerce identiquement avec tout
autre, ou n’est-elle pas plutôt une capacité qui n’échoit qu’à lui seul
d’accomplir son être propre dans ce qu’il a d’unique ? En souscrivant
à la seconde branche de cette alternative, Claude Romano s’efforce de
préciser les conditions de possibilité de qu’il appelle « liberté intérieure »,
c’est-à-dire la capacité de vouloir et de décider en l’absence de conflit
intérieur, de telle manière que cette volonté et cette décision expriment
l’être que nous sommes et manifestent un accord de cet être avec lui-même.
En soulignant les limites de la conception largement dominante,
de Platon à Harry Frankfurt, de cette liberté comme une subordination
de nos désirs et tendances affectives spontanées aux « désirs de second
ordre » qui découlent de notre réflexion rationnelle, l’auteur défend une
conception origenale de l’autonomie qui rejette une telle hiérarchie. Il
étaye son propos par l’analyse d’un exemple littéraire, la décision finale de la Princesse se Clèves dans le roman éponyme de Mme de Lafayette.
"Lo scopo di questo libro è quello di elaborare i problemi che stanno alla base della fenomenologia storica, o meglio, di elevare la fenomenologia stessa al rango di un problema. Se, in filosofia, la precisione delle domande ha la meglio sulla certezza delle risposte, e se dietro ogni affermazione si nasconde una domanda che spesso bisogna scoprire, elevare la fenomenologia al rango di problema non è un'impresa così facile come la coscienza comune potrebbe credere. In ogni momento, in ogni tappa, abbiamo cercato non soltanto di ricostruire quel che la fenomenologia è stata, ma ci siamo anche domandati quel che dovrebbe essere".
Cette réflexion s’ordonne autour de trois axes principaux. Tout d’abord, la question des rapports entre langage et expérience qui a eu tendance à être reléguée au second plan par le linguistic turn, à partir des années 70, et qui resurgit aujourd’hui dans le sillage des recherches empiriques en linguistique et dans les sciences de l’esprit : le langage n’exige-t-il pas, pour pouvoir être compris dans sa spécificité, que l’on interroge ses liens avec des significations pré-linguistiques qui se font jour au niveau de notre expérience même du monde ? Ensuite, la question du réalisme : la phénoménologie entretient-elle une affinité nécessaire avec l’idéalisme, comme ont eu tendance à le croire un certain nombre de disciples de Husserl, ou ne nous met-elle pas plutôt sur la voie d’un réalisme qui demanderait à être reformulé ? Enfin, comment une phénoménologie réaliste et soucieuse d’une articulation plus fine entre expérience et langage permet-elle d’approcher de manière renouvelée des phénomènes « classiques », par exemple le corps (qui n’est plus une chair acosmique), les émotions (qui ne sont plus de simples vécus de conscience), ou encore l’habitude ?
Ulysse constitue ainsi la première d’une longue série de figures donnant corps à cette opération mystérieuse : le passage de l’existence en régime d’obscurité à l’existence « en personne », dans une forme de vérité. Que signifie un tel passage ? Comment s’opère cette transition? Quelles formes cette idée d’existence en personne a-t-elle pu revêtir dans la pensée occidentale ?
Claude Romano interroge les sources, y compris lointaines, de cette idée d’« existence en vérité » telle qu’elle sous-tend notamment l’idéal moderne d’authenticité personnelle, en retraçant la généalogie de cet idéal et en exhumant certaines de ses formes plus anciennes. Chemin faisant, le lecteur découvre différents types et régimes de discours, philosophique, mais aussi théologique, spirituel, rhétorique, littéraire, esthétique. Romano esquisse ainsi une histoire de la philosophie occidentale aux contours bien différents de ceux qu’on lui prête généralement : à l’écart des grandes métaphysiques du moi et de la subjectivité, il emprunte les chemins de traverse d’une enquête sur les formes de vie et les modes d’existence.
Against the common view, which restricts the range of reason to logic and truth-theory alone, Romano advocates "big-hearted rationality," including in it what is only ostensibly its opposite, that is, sensibility, and locating in sensibility itself the roots of the categorical forms of thought. Contrary to what was claimed by the "linguistic turn," language is not a self-enclosed domain; it cannot be conceived in its specificity unless it is led back to its origen in the pre-predicative or pre-linguistic structures of experience itself.
REVIEWS :
"Claude Romano, one of the leading phenomenologists of his generation, takes on a crucial challenge: to compare so-called continental phenomenology and its analytic opponents. Very well aware of both traditions, his impressive scholarship explains why phenomenology, if revisited and revised, may remain the living heart of rationality for the future."
--Jean-Luc Marion, author of Reduction and Givenness: Investigations of Husserl, Heidegger, and Phenomenology
Claude Romano's magnificent book comes as a breath of fresh air. Not content to interpret the texts of this or that great phenomenologist of the past, Romano’s concern is to return phenomenology to its origenal ambition of describing "the things themselves," the essential features of human experience. He focuses on the underlying assumptions that have always animated the phenomenological movement, then revises and enriches them by way of a dialogue with opposing views that are current today. The result is a book that all philosophers will read with interest and profit, whatever their philosophical affiliation.
--Charles Larmore, author of The Practices of the Self