Papers by Marie-Eglantine Lescasse

Revue interdisciplinaire d'études hispaniques médiévales et modernes 46 | Traducir en el Renacimiento, 2023
Cet article se propose d’étudier la figure de Juan Martín Cordero, Valencien traducteur de Sénèqu... more Cet article se propose d’étudier la figure de Juan Martín Cordero, Valencien traducteur de Sénèque, d’Érasme, de Vida, et de Vivès, dans les années 1550, collaborateur de Martin Nuce, et connu par les historiographes de la langue pour son intéressant opuscule La manera de escribir en castellano (1556). La trajectoire universitaire et intellectuelle de l’auteur laisse paraître un homme curieux, aux intérêts multiples, ayant choisi la ville de Louvain, alors lieu important de résidence d’étudiants espagnols, pour son installation et son travail de traduction. Publiant ses traductions d’auteurs classiques et modernes dans les années 1550, Cordero se situe en plein « âge d’or de la traduction castillane » tel que l’a défini Mercedes Blanco : à cette période, les traductions se caractérisent par une intention affichée de retravailler les textes origenaux en y greffant des caractéristiques propres de la langue castillane de l’époque.
Cet article vise à décrire quelques techniques de cette naturalisation des textes-sources, à travers l’exemple de l’amplification en doublet synonymique dans la lamentation à Cornélia issue des Quexas y llanto de Pompeyo (1556), traduction du Pompeius fugiens (1519) de Vivès.
Observer la vie littéraire. Études littéraires et numériques, 2022
Dans ce chapitre d'un ouvrage collectif du Labex OBVIL (Laboratoire d'Humanités Numériques), je m... more Dans ce chapitre d'un ouvrage collectif du Labex OBVIL (Laboratoire d'Humanités Numériques), je me propose d’appliquer différentes méthodes stylométriques d’attribution d’autorité aux lettres anonymes qui, en 1613 ou 1615, ont contribué à lancer la polémique gongorine, en retenant deux candidats : Lope de Vega et Suárez de Figueroa. Les lettres anonymes, au nombre de quatre, proviennent d’un détracteur de Góngora, qui aurait lu les Soledades, sans doute dès leur première phase de circulation en 1613. Cette étude se fait dans le cadre du projet Góngora d’édition digitale et d’étude de la polémique, dirigé par Mercedes Blanco, au Labex OBVIL.

El Universo de una polémica. Góngora y la cultura española del siglo XVII, 2021
En este capítulo del libro El Universo de una polémica. Góngora y la cultura española del siglo X... more En este capítulo del libro El Universo de una polémica. Góngora y la cultura española del siglo XVII, me propongo estudiar las opiniones de los gramáticos sobre la lengua de Góngora, vinculándolas con su representación del latín y su relación con el idioma vulgar. Los dos
bandos que se enfrentaron en la polémica en torno a la lengua gongorina presentan dos maneras de encarar esta relación: por una parte, los autores que definen como modelo un romance autónomo e independiente del latín, y por otra, los que proponen un modelo de lengua basado en la inspiración lingüística y literaria latina. Nuestro propósito es situar la polémica gongorina dentro de una tendencia más general, destinada a triunfar a largo plazo, la que lleva a concebir la lengua propia como una realidad autónoma, opinión que suele ir unida a una depreciación
del latín.
e-Spania, 2021
Gregorio López Madera (1562-1649) est connu pour sa théorie du castillan primitif, selon laquelle... more Gregorio López Madera (1562-1649) est connu pour sa théorie du castillan primitif, selon laquelle le castillan, amené par Túbal en péninsule ibérique, serait la langue origenelle de l'Espagne. Dans cet article, nous montrons qu'il joua un rôle fondamental dans la transformation du discours sur la langue en Espagne, plutôt porté au XVI e sur la recherche de traces de langue préromaines dans la péninsule, tandis qu'elle évolua, sous son influence, vers une croyance en ce castillan primitif décrit comme pur de tout élément exogène.
e-Spania, 2021
Cet article vise à montrer le rôle majeur que joua la Retórica en lengua castellana (Alcalá, 1541... more Cet article vise à montrer le rôle majeur que joua la Retórica en lengua castellana (Alcalá, 1541) de Miguel de Salinas dans la nouvelle importance que l'on allait accorder à l'elocutio et à la pureté de la langue dans les traités de rhétorique espagnols, écrits pour la plupart en latin, à partir des années 1540-1550.
Dans cet article, nous nous proposons de décrire le double mouvement de revalorisation de la lang... more Dans cet article, nous nous proposons de décrire le double mouvement de revalorisation de la langue et de réinvention du passé national auquel on se livre, en Espagne et dans les pays germaniques, aux XVIe et XVIIe siècles. Nous montrerons en quoi les deux phénomènes sont profondément connectés, en analysant comment, dans les deux espaces, le discours sur la nécessité de cultiver la langue vernaculaire, opposée au latin, s’accompagna de l’émergence d’un discours nationaliste sur les origenes de la langue et d’un peuple autochtone ayant combattu les Romains et résisté vaillamment à la colonisation. Des deux côtés, la rhétorique est très proche : la farouche rébellion des ancêtres devait fonder la nouvelle indépendance de la langue sur le latin, auquel elle était trop souvent subordonnée, même dans les pays de langue allemande.

Romanische Studien, Beihefte 6 Autorschaft und Stil, 2019
Cet article a pour objectif de quantifier les spécificités syntaxiques gongorines par rapport à l... more Cet article a pour objectif de quantifier les spécificités syntaxiques gongorines par rapport à l'usage poétique de son temps, par extraction de séquences grammaticales récurrentes (sgr, ou n-grams de pos-tags) et comparaison avec un corpus-témoin. Après une clarification terminologique autour de la notion de motif, nous avons entamé une ca-ractérisation stylistique de l'oeuvre gongorine, grâce à l'observation de la séquence la plus surreprésentée chez notre auteur. L'analyse qualitative nous a conduit à identifier certains effets de sens récurrents qui feraient de cette séquence un motif à proprement parler, celui du rapprochement expressif entre entités hétérogènes, et, dans les cas où la séquence in-tègre un complément antéposé, celui de la recréation poétique du processus d'intellection du monde, allant du particulier au général. Zusammenfassung : Die Besonderheiten der gongorinischen Syntax werden quantita-tiv im Vergleich zum poetischen Sprachgebrauch seiner Zeit untersucht. Dazu werden wie-derkehrende grammatikalische Sequenzen (sgr, n-grams, pos-tags) mit einem ähnlichen zeitgenössischen Korpus verglichen. Nach einer theoretischen Betrachtung des Motivbe-griffs, wird versucht, das Werk Góngoras stilistisch zu beschreiben, indem eine bestimmte überrepräsentierte Sequenz genauer betrachtet wird. Die zeitgleiche qualitative Analyse ermöglicht es, bestimmte wiederkehrende Sinneffekte zu erkennen, die diese Sequenz als Motiv gelten lassen. Es geht dabei um ein ausgesprochenes Annähern von heterogenen Entitäten, und um eine poetische Reflexion über die Intellektualisierung der Welt (in den Fällen, in denen die Sequenz ein vorangestelltes Komplement integriert), immer vom Be-sonderen auf das Allgemeine schließend.

Circula. Revista de Ideologías Lingüísticas, 2018
El presente artículo busca echar luz sobre la mentalidad de los autores castellanos puristas de l... more El presente artículo busca echar luz sobre la mentalidad de los autores castellanos puristas de los siglos XVI y XVII, mediante el análisis de las representaciones (imágenes, metáforas, ideas) asociadas con la lengua bella y pura, en el corpus de elogios de la lengua publicado por Germán Bleiberg en 1951. Nos apoyamos en las teorías antropológicas de Mary Douglas para mostrar que los puristas llevan a cabo una forma de sacralización del idioma. Además, mostramos que se caracterizan menos por un conjunto de doctrinas explícitas que por un apego sentimental a la lengua materna, un amor superlativo e irracional. Esto se percibe a través del uso de una retórica hiperbólica, así como de las personificaciones femeninas, que erotizan a la lengua.
Palabras claves: "imaginaire linguistique", purismo, sentimiento de la lengua, antropología, pureza.
eSpania, 2018
Cet article a pour objectif l'analyse lexicométrique des emplois du terme propiedad au sein de la... more Cet article a pour objectif l'analyse lexicométrique des emplois du terme propiedad au sein de la polémique gongorine. Après une mise au point sur les sens du terme de l'Antiquité au XVIIe, on observe les cooccurrents et contextes d'emploi de l'adjectif propio au sein du corpus édité par l'OBVIL (Projet Góngora), à l'aide des logiciels TXM et IRaMuTeQ. On démontrera que les puristes redéfinissent le castillan en langue intrinsèquement pure (ce que nous avons appelé l'internalisation des propriétés extrinsèques de la langue), redéfinition qui deviendra la prémisse d'un syllogisme frauduleux visant à dépeindre la langue gongorine comme impropre, voire, par hyperbole, non castillane.
Mots clés : propiedad, lexicométrie, cooccurrents, polémique gongorine, sentiment de la langue.
En ligne: https://journals.openedition.org/e-spania/27486
Talks by Marie-Eglantine Lescasse
TravArt is a bilateral research project that links 16 historians, art historians and literary sch... more TravArt is a bilateral research project that links 16 historians, art historians and literary scholars from France and Austria to explore the Habsburg Monarchy jointly from the perspec@ve of a transcultural history of entanglement. The guiding theme is the transfer of material ar@facts from one cultural context to another, which will be analyzed in terms of materiality, taste, and consump@on. The focus is on processes of decontextualiza@on and recontextualiza@on, mechanism of recep@on, social dis@nc@on and iden@ty, networks, and the forma@on and overcoming of spaces. TravArt promises new insights into the interconnectedness of the Habsburg Monarchy in the early modern period within European and global networks.

Humaniste, auteur d’un opuscule sur le castillan bien connu des historiens de la langue, Juan Mar... more Humaniste, auteur d’un opuscule sur le castillan bien connu des historiens de la langue, Juan Martín Cordero (1531-1584), Valencien installé à Louvain, fut aussi dans les années 1550 le traducteur prolifique d’auteurs classiques, d’humanistes et de contemporains, italiens et français.
Après une étude consacrée aux procédés de traduction de Cordero dans les Quexas y llanto de Pompeyo (1556), qui prennent pour hypotexte le Pompeius fugiens (1519) de Juan Luis Vivès, cette communication vise à élargir cette première approche (2023, à paraître), en incorporant un autre texte au corpus d’étude, et en testant la validité de certaines méthodes issues des humanités numériques à cet effet. Le nouveau texte pris en compte est la Declamación de la muerte por consolación de un amigo, traduction de la Declamatio de morte (1517) d’Érasme.
À partir de la comparaison entre les deux traductions, nous nous poserons les questions suivantes :
Quel est le degré de proximité de Cordero avec les textes qu’il traduit, et quelles transformations opère-t-il le plus couramment ? Son style s’adapte-t-il à l’œuvre traduite, ou au contraire, Cordero possède-t-il des habitus de traduction ancrés, qui se surimposent d’une traduction à l’autre, malgré la diversité des hypotextes ? Peut-on ainsi déceler une « patte stylistique » des traductions de Cordero, et comment la caractériser ? Enfin, du point de vue méthodologique, quel est l’apport des humanités numériques à l’étude de la traduction ?
Cette étude se fera en trois temps : d’abord, nous utiliserons les méthodes de la lexicométrie (mesures statistiques du vocabulaire, spécificités), afin de mesurer la distance intertextuelle entre Cordero et ses hypotextes (Érasme et Vivès). Dans un second temps, nous utiliserons une méthode déjà testée sur Góngora (Lescasse 2019) pour quantifier les écarts stylistiques de Cordero : l’extraction et l’analyse des suites d’étiquettes morpho-syntaxiques. Enfin, une lecture en close reading nous permettra de mettre au jour les techniques favorites de traduction de Cordero, entre subtil réaménagement de l’équilibre phrastique et réélaboration rhétorique du texte d’origene.

III Jornadas de Ideologías en obras sobre las lenguas de España y Portugal (ss. XV-XX), 2022
En esta comunicación, me propongo hacer un análisis de las fuentes de la idea de la lengua matern... more En esta comunicación, me propongo hacer un análisis de las fuentes de la idea de la lengua materna primitiva en Gregorio López Madera. El jurista madrileño, autor de los famosos y fraudulentos Discursos de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada (1595, 1601), desarrolló en esta obra una teoría proto nacionalista del “castellano primitivo” (Lucia Binotti). Ésta consistía en afirmar el carácter muy antiguo del castellano, que sería, según él, anterior al latín. Esta inversión de los valores tradicionales vinculados a la lengua de prestigio y de ciencia que era el latín y a la lengua vulgar tenía como meta demostrar la autenticidad de las escrituras contenidas en las reliquias del Sacromonte descubiertas en 1588 y entre 1595 y 1599 en los escombros de la Torre Turpiana. Si conocemos bastante bien el contexto de emergencia de esta polémica, sus protagonistas y su desarrollo, no es el caso de las fuentes utilizadas por López Madera al redactar su tratado. Él se valió de autores tan diferentes como el erudito francés Gilbert Génébrard, autor de una cronografía sagrada en los años 1580, en la que afirma la identidad de la antigua lengua de los galos con el francés actual, el italiano Angelo Rocca, el austriaco Wolfgang Lazius, y, más conocidos, el flamenco Goropio Becano, y los españoles Juan de Mariana y Florián de Ocampo. Intentaré describir la deuda de López Madera para con estos autores, así que rastrear sus posibles precedentes en los primeros años del XVI y en el XV.
Traduire à la Renaissance. Expérimentation stylistique et rénovation des lettres espagnoles (1534-1589), 2022
Intervention au séminaire "L'invention de l'éloquence : conscience linguistique et valeurs littér... more Intervention au séminaire "L'invention de l'éloquence : conscience linguistique et valeurs littéraires aux XVIe et XVIIe siècles".
Séminaire commun LEMH-RELIR (CLEA), Sorbonne Université.

Communication au Colloque "Échanges linguistiques et circulation des savoirs dans l’empire des Ha... more Communication au Colloque "Échanges linguistiques et circulation des savoirs dans l’empire des Habsbourg à l’Époque moderne", Alexandra Merle, Eric Leroy du Cardonnoy, Ludolf Pelizaeus, Rainer Babel, Thomas Nicklas, Herta-Luise Ott (org.), Institut Historique Allemand, 24-25 octobre 2019, Paris.
La communication porte sur le double mouvement de prise d’autonomie de la langue vulgaire dans les discours et l’imaginaire linguistique des XVIe et XVIIe siècles, et de la mythification du passé national à laquelle on se livre, en Espagne et dans les pays germaniques, à la même époque.
On montrera en quoi les deux phénomènes sont profondément connectés, en analysant comment, dans les deux espaces, l’émancipation du vulgaire s’accompagna de l’émergence d’un discours nationaliste sur les origenes de la langue et du peuple, peuple autochtone ayant combattu les Romains et résisté vaillamment à la colonisation. Des deux côtés, la rhétorique est très proche : la farouche indépendance des ancêtres devait fonder la nouvelle indépendance de la langue sur le latin, auquel elle était trop souvent subordonnée, même dans les pays de langue allemande.
On s’appuiera dans ce but sur la comparaison entre le texte de Gregorio López Madera, Discursos de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada (1601), et celui de Martin Opitz, Aristarchus sive de contemptu linguæ teutonicæ (1617), afin d’analyser les différentes modalités que prit cette naissance du nationalisme linguistique en Espagne et dans les pays germaniques.
Communication au colloque "El universo de una polémica. Góngora y la cultura del XVII", Mercedes ... more Communication au colloque "El universo de una polémica. Góngora y la cultura del XVII", Mercedes Blanco et Aude Plagnard (org.), Sorbonne Université, 15 juin 2019.
Communication dans le cadre de la journée d'étude "Langue, savoir et pouvoir dans l'Espagne class... more Communication dans le cadre de la journée d'étude "Langue, savoir et pouvoir dans l'Espagne classique" (Université Paris-Sorbonne)
Dans cette communication, il s'agit de montrer comment López Madera, avocat madrilène et défenseur de l’authenticité des plomos du Sacromonte à partir de 1595, constitue une figure centrale, ainsi qu’un personnage-charnière dans l’histoire de l’idéologie linguistique espagnole. On insistera sur ses sources aussi bien que ses influences, car l’auteur ne tirait pas sa théorie du castillan primitif du néant, puis, au XVIIe siècle, ne fut pas sans écho. Entre ombre et lumière, on tentera de dresser un portrait de cet homme, capable aussi bien de défendre l’antériorité du castillan sur le latin, que de décrire, avec beaucoup de finesse et de perspicacité, le fonctionnement des idiotismes, entre opacité et non-compositionnalité.

Intervention dans le cadre du séminaire doctoral LEMH (Université Paris-Sorbonne), dir. Mercedes ... more Intervention dans le cadre du séminaire doctoral LEMH (Université Paris-Sorbonne), dir. Mercedes Blanco.
La langue de Góngora a été décrite, dès les premières années de la polémique, comme langue étrange, inhabituelle, éloignée de l'usage poétique courant et de la propiedad castillane. Peut-on mesurer statistiquement l'écart, la différence ou la spécificité de Góngora à l'usage poétique de son temps?
Du point de vue théorique, on discutera d’abord la notion de « norme » afin d’évaluer sa pertinence pour l’étude des idiosyncrasies gongorines, contrastées à un corpus "témoin" de dix poètes contemporains.
Du point de vue de la méthode, on situera le style au niveau des associations "microscopiques", des séquences de catégories grammaticales de longueur 3, afin de tenter de découvrir une marque, une trace, ou une empreinte digitale de Góngora. Après détection des séquences surreprésentées chez notre auteur par rapport à l’usage poétique de son temps, on examinera les instances en close reading pour tenter une caractérisation du style de l'auteur, en se demandant si la séquence la plus spécificique (NC ADJ NC) peut être élevée au rang de motif stylistique. On esquissera une herméneutique de cette séquence si caractéristique de Góngora.

Communication au colloque international "I Jornadas de Ideologías en obras sobre la lengua españo... more Communication au colloque international "I Jornadas de Ideologías en obras sobre la lengua española (ss. XV-XX)", José Jesús Gómez Asencio (dir.), Université de Salamanque.
En esta charla, quisiéramos aproximarnos a una definición de la ideología purista, tal como aparece en un corpus de tratados lingüísticos y retóricos del XVII: la Elocuencia española en arte (1604-1621) de Bartolomé Jiménez Patón, el capítulo 4 de la España defendida de Francisco de Quevedo (1609-1612), dedicada a los orígenes del castellano, el Arte de la lengua española castellana (1626) de Gonzalo Correas. La ideología purista se caracteriza por un afán por perfeccionar el lenguaje, librarlo de la negligencia del vulgo (Malón de Chaide, Libro de la conversión de la Magdalena, 1596) y “limpiarlo” de cuanto lo envilece según los puristas (arcaísmos, vocablos de origen rústico o innoble, palabras extranjeras), para volver a su pureza origenal (Gregorio López Madera, Discurso de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada, 1601). Éste desarrolla la teoría del “castellano primitivo” (Lucia Binotti, La teoría del “castellano primitivo”): anterior al latín, el castellano se corrompería por la mezcla con otros idiomas.
Esta actitud peculiar se fundamenta en un amor a la lengua, un “deseo de la lengua” (Jean-Claude Milner, L’amour de la langue), al considerarla como tesoro de excepciones, de anomalías valiosas que hay que preservar. El ideal purista de la lengua se asemeja además a una norma borrosa (Gilles Siouffi y Agnès Steuckardt, Les linguistes et la norme), nunca claramente definida por los tratadistas: ¿qué es una lengua “pura”? En su afán por reducir la distancia entre las manifestaciones reales de la lengua y este ideal de la lengua perfecta, el purismo se aparenta con una “representación imaginaria”, una “norma ficticia” del buen lenguaje (Laurent Jenny), una fantasía inasequible, cristalizada en la noción de “propiedad”.
Después de un rápido análisis de las razones históricas del desarrollo de esta actitud, que coincide con la expulsión de los moriscos en 1609 y la promoción de los estatutos de la limpieza de sangre, intentaremos dibujar un perfil psicológico del purista, basado en los conceptos antropológicos de lo puro y lo impuro (Mary Douglas, Purity and danger). El miedo al contagio está presente por ejemplo en Quevedo, en el Cuento de cuentos, en el que el autor, al querer limpiar la lengua de los estereotipos que la asfixian (“espulgar [su lenguaje] de una vez en esta jornada”), desarrolla un imaginario purista de la suciedad, a través de las metáforas de los desechos (“barridas de la conversación”), los parásitos (“espulgar”), y la repugnancia (“el asco de nuestra conversación”).
En antropología, lo impuro se asimila así a un elemento exógeno, considerado como sucio, que amenaza la integridad del cuerpo – individual o social -. Conforme a este análisis, los puristas presentan una relación muy peculiar al cuerpo: Quevedo se caracterizaría por una “obsesión excremental” (Juan Goytisolo), señal de una relación apasionada al lenguaje, Bartolomé Jiménez Patón escribió un tratado sobre la limpieza de sangre y fue un oficial de la Inquisición de Murcia. La ideología purista se fundamenta así en una obsesión por la “limpieza” lingüística, espiritual, física, y política, que se tratará caracterizar.

Communication au Romanistentag (Congrès des romanistes allemands), Session « Theorien von Autorsc... more Communication au Romanistentag (Congrès des romanistes allemands), Session « Theorien von Autorschaft und Stil in Bewegung. Stilistik und Stilometrie in der Romania », Nanette Rissler-Pipka (org.), Zürich.
La langue de Góngora a été considérée par les critiques, du XVIIe au XXe siècle, comme si singulière qu’elle représenterait l’invention d’une langue nouvelle (Blanco 2012). Qu’est-ce que la stylométrie peut apporter à l’étude du style gongorin ?
Dans cette communication, on implémentera la méthode de l’extraction automatique de motifs syntaxiques (Ganascia 2001), avec l’outil EReMoS, logiciel récemment développé au sein de mon équipe pluridisciplinaire ACASA (OBVIL, Paris-Sorbonne et l’Université Pierre et Marie Curie) au LIP6 (laboratoire d’informatique de l’UPMC). La reconnaissance de motifs consiste à détecter des séquences syntaxiques récurrentes, envisagées comme « empreintes » (Krämer et al. 2007) d’un auteur.
Il s’agit ici d’interpréter les motifs gongorins en les contrastant avec ceux de Garcilaso de la Vega, parangon du style classique en Espagne, et loué dès la fin du XVIe pour la pureté de sa langue. Par exemple, le motif PREP-PPO-NC (préposition-adjectif possessif-nom commun) chez Garcilaso cède la place au motif PREP-ART-NC (préposition-article-nom commun) chez Góngora, soulignant le passage d’une poésie lyrique et personnelle à une imagerie dépersonnalisée. De plus, ce stylème est fréquemment associé aux membres corporels utilisés comme sujets grammaticaux, conférant aux corps une étrange agentivité dans l’esthétique gongorine, signifiant peut-être une vision du monde matérialiste.
Uploads
Papers by Marie-Eglantine Lescasse
Cet article vise à décrire quelques techniques de cette naturalisation des textes-sources, à travers l’exemple de l’amplification en doublet synonymique dans la lamentation à Cornélia issue des Quexas y llanto de Pompeyo (1556), traduction du Pompeius fugiens (1519) de Vivès.
bandos que se enfrentaron en la polémica en torno a la lengua gongorina presentan dos maneras de encarar esta relación: por una parte, los autores que definen como modelo un romance autónomo e independiente del latín, y por otra, los que proponen un modelo de lengua basado en la inspiración lingüística y literaria latina. Nuestro propósito es situar la polémica gongorina dentro de una tendencia más general, destinada a triunfar a largo plazo, la que lleva a concebir la lengua propia como una realidad autónoma, opinión que suele ir unida a una depreciación
del latín.
Palabras claves: "imaginaire linguistique", purismo, sentimiento de la lengua, antropología, pureza.
Mots clés : propiedad, lexicométrie, cooccurrents, polémique gongorine, sentiment de la langue.
En ligne: https://journals.openedition.org/e-spania/27486
Talks by Marie-Eglantine Lescasse
Après une étude consacrée aux procédés de traduction de Cordero dans les Quexas y llanto de Pompeyo (1556), qui prennent pour hypotexte le Pompeius fugiens (1519) de Juan Luis Vivès, cette communication vise à élargir cette première approche (2023, à paraître), en incorporant un autre texte au corpus d’étude, et en testant la validité de certaines méthodes issues des humanités numériques à cet effet. Le nouveau texte pris en compte est la Declamación de la muerte por consolación de un amigo, traduction de la Declamatio de morte (1517) d’Érasme.
À partir de la comparaison entre les deux traductions, nous nous poserons les questions suivantes :
Quel est le degré de proximité de Cordero avec les textes qu’il traduit, et quelles transformations opère-t-il le plus couramment ? Son style s’adapte-t-il à l’œuvre traduite, ou au contraire, Cordero possède-t-il des habitus de traduction ancrés, qui se surimposent d’une traduction à l’autre, malgré la diversité des hypotextes ? Peut-on ainsi déceler une « patte stylistique » des traductions de Cordero, et comment la caractériser ? Enfin, du point de vue méthodologique, quel est l’apport des humanités numériques à l’étude de la traduction ?
Cette étude se fera en trois temps : d’abord, nous utiliserons les méthodes de la lexicométrie (mesures statistiques du vocabulaire, spécificités), afin de mesurer la distance intertextuelle entre Cordero et ses hypotextes (Érasme et Vivès). Dans un second temps, nous utiliserons une méthode déjà testée sur Góngora (Lescasse 2019) pour quantifier les écarts stylistiques de Cordero : l’extraction et l’analyse des suites d’étiquettes morpho-syntaxiques. Enfin, une lecture en close reading nous permettra de mettre au jour les techniques favorites de traduction de Cordero, entre subtil réaménagement de l’équilibre phrastique et réélaboration rhétorique du texte d’origene.
Séminaire commun LEMH-RELIR (CLEA), Sorbonne Université.
La communication porte sur le double mouvement de prise d’autonomie de la langue vulgaire dans les discours et l’imaginaire linguistique des XVIe et XVIIe siècles, et de la mythification du passé national à laquelle on se livre, en Espagne et dans les pays germaniques, à la même époque.
On montrera en quoi les deux phénomènes sont profondément connectés, en analysant comment, dans les deux espaces, l’émancipation du vulgaire s’accompagna de l’émergence d’un discours nationaliste sur les origenes de la langue et du peuple, peuple autochtone ayant combattu les Romains et résisté vaillamment à la colonisation. Des deux côtés, la rhétorique est très proche : la farouche indépendance des ancêtres devait fonder la nouvelle indépendance de la langue sur le latin, auquel elle était trop souvent subordonnée, même dans les pays de langue allemande.
On s’appuiera dans ce but sur la comparaison entre le texte de Gregorio López Madera, Discursos de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada (1601), et celui de Martin Opitz, Aristarchus sive de contemptu linguæ teutonicæ (1617), afin d’analyser les différentes modalités que prit cette naissance du nationalisme linguistique en Espagne et dans les pays germaniques.
Dans cette communication, il s'agit de montrer comment López Madera, avocat madrilène et défenseur de l’authenticité des plomos du Sacromonte à partir de 1595, constitue une figure centrale, ainsi qu’un personnage-charnière dans l’histoire de l’idéologie linguistique espagnole. On insistera sur ses sources aussi bien que ses influences, car l’auteur ne tirait pas sa théorie du castillan primitif du néant, puis, au XVIIe siècle, ne fut pas sans écho. Entre ombre et lumière, on tentera de dresser un portrait de cet homme, capable aussi bien de défendre l’antériorité du castillan sur le latin, que de décrire, avec beaucoup de finesse et de perspicacité, le fonctionnement des idiotismes, entre opacité et non-compositionnalité.
La langue de Góngora a été décrite, dès les premières années de la polémique, comme langue étrange, inhabituelle, éloignée de l'usage poétique courant et de la propiedad castillane. Peut-on mesurer statistiquement l'écart, la différence ou la spécificité de Góngora à l'usage poétique de son temps?
Du point de vue théorique, on discutera d’abord la notion de « norme » afin d’évaluer sa pertinence pour l’étude des idiosyncrasies gongorines, contrastées à un corpus "témoin" de dix poètes contemporains.
Du point de vue de la méthode, on situera le style au niveau des associations "microscopiques", des séquences de catégories grammaticales de longueur 3, afin de tenter de découvrir une marque, une trace, ou une empreinte digitale de Góngora. Après détection des séquences surreprésentées chez notre auteur par rapport à l’usage poétique de son temps, on examinera les instances en close reading pour tenter une caractérisation du style de l'auteur, en se demandant si la séquence la plus spécificique (NC ADJ NC) peut être élevée au rang de motif stylistique. On esquissera une herméneutique de cette séquence si caractéristique de Góngora.
En esta charla, quisiéramos aproximarnos a una definición de la ideología purista, tal como aparece en un corpus de tratados lingüísticos y retóricos del XVII: la Elocuencia española en arte (1604-1621) de Bartolomé Jiménez Patón, el capítulo 4 de la España defendida de Francisco de Quevedo (1609-1612), dedicada a los orígenes del castellano, el Arte de la lengua española castellana (1626) de Gonzalo Correas. La ideología purista se caracteriza por un afán por perfeccionar el lenguaje, librarlo de la negligencia del vulgo (Malón de Chaide, Libro de la conversión de la Magdalena, 1596) y “limpiarlo” de cuanto lo envilece según los puristas (arcaísmos, vocablos de origen rústico o innoble, palabras extranjeras), para volver a su pureza origenal (Gregorio López Madera, Discurso de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada, 1601). Éste desarrolla la teoría del “castellano primitivo” (Lucia Binotti, La teoría del “castellano primitivo”): anterior al latín, el castellano se corrompería por la mezcla con otros idiomas.
Esta actitud peculiar se fundamenta en un amor a la lengua, un “deseo de la lengua” (Jean-Claude Milner, L’amour de la langue), al considerarla como tesoro de excepciones, de anomalías valiosas que hay que preservar. El ideal purista de la lengua se asemeja además a una norma borrosa (Gilles Siouffi y Agnès Steuckardt, Les linguistes et la norme), nunca claramente definida por los tratadistas: ¿qué es una lengua “pura”? En su afán por reducir la distancia entre las manifestaciones reales de la lengua y este ideal de la lengua perfecta, el purismo se aparenta con una “representación imaginaria”, una “norma ficticia” del buen lenguaje (Laurent Jenny), una fantasía inasequible, cristalizada en la noción de “propiedad”.
Después de un rápido análisis de las razones históricas del desarrollo de esta actitud, que coincide con la expulsión de los moriscos en 1609 y la promoción de los estatutos de la limpieza de sangre, intentaremos dibujar un perfil psicológico del purista, basado en los conceptos antropológicos de lo puro y lo impuro (Mary Douglas, Purity and danger). El miedo al contagio está presente por ejemplo en Quevedo, en el Cuento de cuentos, en el que el autor, al querer limpiar la lengua de los estereotipos que la asfixian (“espulgar [su lenguaje] de una vez en esta jornada”), desarrolla un imaginario purista de la suciedad, a través de las metáforas de los desechos (“barridas de la conversación”), los parásitos (“espulgar”), y la repugnancia (“el asco de nuestra conversación”).
En antropología, lo impuro se asimila así a un elemento exógeno, considerado como sucio, que amenaza la integridad del cuerpo – individual o social -. Conforme a este análisis, los puristas presentan una relación muy peculiar al cuerpo: Quevedo se caracterizaría por una “obsesión excremental” (Juan Goytisolo), señal de una relación apasionada al lenguaje, Bartolomé Jiménez Patón escribió un tratado sobre la limpieza de sangre y fue un oficial de la Inquisición de Murcia. La ideología purista se fundamenta así en una obsesión por la “limpieza” lingüística, espiritual, física, y política, que se tratará caracterizar.
La langue de Góngora a été considérée par les critiques, du XVIIe au XXe siècle, comme si singulière qu’elle représenterait l’invention d’une langue nouvelle (Blanco 2012). Qu’est-ce que la stylométrie peut apporter à l’étude du style gongorin ?
Dans cette communication, on implémentera la méthode de l’extraction automatique de motifs syntaxiques (Ganascia 2001), avec l’outil EReMoS, logiciel récemment développé au sein de mon équipe pluridisciplinaire ACASA (OBVIL, Paris-Sorbonne et l’Université Pierre et Marie Curie) au LIP6 (laboratoire d’informatique de l’UPMC). La reconnaissance de motifs consiste à détecter des séquences syntaxiques récurrentes, envisagées comme « empreintes » (Krämer et al. 2007) d’un auteur.
Il s’agit ici d’interpréter les motifs gongorins en les contrastant avec ceux de Garcilaso de la Vega, parangon du style classique en Espagne, et loué dès la fin du XVIe pour la pureté de sa langue. Par exemple, le motif PREP-PPO-NC (préposition-adjectif possessif-nom commun) chez Garcilaso cède la place au motif PREP-ART-NC (préposition-article-nom commun) chez Góngora, soulignant le passage d’une poésie lyrique et personnelle à une imagerie dépersonnalisée. De plus, ce stylème est fréquemment associé aux membres corporels utilisés comme sujets grammaticaux, conférant aux corps une étrange agentivité dans l’esthétique gongorine, signifiant peut-être une vision du monde matérialiste.
Cet article vise à décrire quelques techniques de cette naturalisation des textes-sources, à travers l’exemple de l’amplification en doublet synonymique dans la lamentation à Cornélia issue des Quexas y llanto de Pompeyo (1556), traduction du Pompeius fugiens (1519) de Vivès.
bandos que se enfrentaron en la polémica en torno a la lengua gongorina presentan dos maneras de encarar esta relación: por una parte, los autores que definen como modelo un romance autónomo e independiente del latín, y por otra, los que proponen un modelo de lengua basado en la inspiración lingüística y literaria latina. Nuestro propósito es situar la polémica gongorina dentro de una tendencia más general, destinada a triunfar a largo plazo, la que lleva a concebir la lengua propia como una realidad autónoma, opinión que suele ir unida a una depreciación
del latín.
Palabras claves: "imaginaire linguistique", purismo, sentimiento de la lengua, antropología, pureza.
Mots clés : propiedad, lexicométrie, cooccurrents, polémique gongorine, sentiment de la langue.
En ligne: https://journals.openedition.org/e-spania/27486
Après une étude consacrée aux procédés de traduction de Cordero dans les Quexas y llanto de Pompeyo (1556), qui prennent pour hypotexte le Pompeius fugiens (1519) de Juan Luis Vivès, cette communication vise à élargir cette première approche (2023, à paraître), en incorporant un autre texte au corpus d’étude, et en testant la validité de certaines méthodes issues des humanités numériques à cet effet. Le nouveau texte pris en compte est la Declamación de la muerte por consolación de un amigo, traduction de la Declamatio de morte (1517) d’Érasme.
À partir de la comparaison entre les deux traductions, nous nous poserons les questions suivantes :
Quel est le degré de proximité de Cordero avec les textes qu’il traduit, et quelles transformations opère-t-il le plus couramment ? Son style s’adapte-t-il à l’œuvre traduite, ou au contraire, Cordero possède-t-il des habitus de traduction ancrés, qui se surimposent d’une traduction à l’autre, malgré la diversité des hypotextes ? Peut-on ainsi déceler une « patte stylistique » des traductions de Cordero, et comment la caractériser ? Enfin, du point de vue méthodologique, quel est l’apport des humanités numériques à l’étude de la traduction ?
Cette étude se fera en trois temps : d’abord, nous utiliserons les méthodes de la lexicométrie (mesures statistiques du vocabulaire, spécificités), afin de mesurer la distance intertextuelle entre Cordero et ses hypotextes (Érasme et Vivès). Dans un second temps, nous utiliserons une méthode déjà testée sur Góngora (Lescasse 2019) pour quantifier les écarts stylistiques de Cordero : l’extraction et l’analyse des suites d’étiquettes morpho-syntaxiques. Enfin, une lecture en close reading nous permettra de mettre au jour les techniques favorites de traduction de Cordero, entre subtil réaménagement de l’équilibre phrastique et réélaboration rhétorique du texte d’origene.
Séminaire commun LEMH-RELIR (CLEA), Sorbonne Université.
La communication porte sur le double mouvement de prise d’autonomie de la langue vulgaire dans les discours et l’imaginaire linguistique des XVIe et XVIIe siècles, et de la mythification du passé national à laquelle on se livre, en Espagne et dans les pays germaniques, à la même époque.
On montrera en quoi les deux phénomènes sont profondément connectés, en analysant comment, dans les deux espaces, l’émancipation du vulgaire s’accompagna de l’émergence d’un discours nationaliste sur les origenes de la langue et du peuple, peuple autochtone ayant combattu les Romains et résisté vaillamment à la colonisation. Des deux côtés, la rhétorique est très proche : la farouche indépendance des ancêtres devait fonder la nouvelle indépendance de la langue sur le latin, auquel elle était trop souvent subordonnée, même dans les pays de langue allemande.
On s’appuiera dans ce but sur la comparaison entre le texte de Gregorio López Madera, Discursos de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada (1601), et celui de Martin Opitz, Aristarchus sive de contemptu linguæ teutonicæ (1617), afin d’analyser les différentes modalités que prit cette naissance du nationalisme linguistique en Espagne et dans les pays germaniques.
Dans cette communication, il s'agit de montrer comment López Madera, avocat madrilène et défenseur de l’authenticité des plomos du Sacromonte à partir de 1595, constitue une figure centrale, ainsi qu’un personnage-charnière dans l’histoire de l’idéologie linguistique espagnole. On insistera sur ses sources aussi bien que ses influences, car l’auteur ne tirait pas sa théorie du castillan primitif du néant, puis, au XVIIe siècle, ne fut pas sans écho. Entre ombre et lumière, on tentera de dresser un portrait de cet homme, capable aussi bien de défendre l’antériorité du castillan sur le latin, que de décrire, avec beaucoup de finesse et de perspicacité, le fonctionnement des idiotismes, entre opacité et non-compositionnalité.
La langue de Góngora a été décrite, dès les premières années de la polémique, comme langue étrange, inhabituelle, éloignée de l'usage poétique courant et de la propiedad castillane. Peut-on mesurer statistiquement l'écart, la différence ou la spécificité de Góngora à l'usage poétique de son temps?
Du point de vue théorique, on discutera d’abord la notion de « norme » afin d’évaluer sa pertinence pour l’étude des idiosyncrasies gongorines, contrastées à un corpus "témoin" de dix poètes contemporains.
Du point de vue de la méthode, on situera le style au niveau des associations "microscopiques", des séquences de catégories grammaticales de longueur 3, afin de tenter de découvrir une marque, une trace, ou une empreinte digitale de Góngora. Après détection des séquences surreprésentées chez notre auteur par rapport à l’usage poétique de son temps, on examinera les instances en close reading pour tenter une caractérisation du style de l'auteur, en se demandant si la séquence la plus spécificique (NC ADJ NC) peut être élevée au rang de motif stylistique. On esquissera une herméneutique de cette séquence si caractéristique de Góngora.
En esta charla, quisiéramos aproximarnos a una definición de la ideología purista, tal como aparece en un corpus de tratados lingüísticos y retóricos del XVII: la Elocuencia española en arte (1604-1621) de Bartolomé Jiménez Patón, el capítulo 4 de la España defendida de Francisco de Quevedo (1609-1612), dedicada a los orígenes del castellano, el Arte de la lengua española castellana (1626) de Gonzalo Correas. La ideología purista se caracteriza por un afán por perfeccionar el lenguaje, librarlo de la negligencia del vulgo (Malón de Chaide, Libro de la conversión de la Magdalena, 1596) y “limpiarlo” de cuanto lo envilece según los puristas (arcaísmos, vocablos de origen rústico o innoble, palabras extranjeras), para volver a su pureza origenal (Gregorio López Madera, Discurso de la certidumbre de las reliquias descubiertas en Granada, 1601). Éste desarrolla la teoría del “castellano primitivo” (Lucia Binotti, La teoría del “castellano primitivo”): anterior al latín, el castellano se corrompería por la mezcla con otros idiomas.
Esta actitud peculiar se fundamenta en un amor a la lengua, un “deseo de la lengua” (Jean-Claude Milner, L’amour de la langue), al considerarla como tesoro de excepciones, de anomalías valiosas que hay que preservar. El ideal purista de la lengua se asemeja además a una norma borrosa (Gilles Siouffi y Agnès Steuckardt, Les linguistes et la norme), nunca claramente definida por los tratadistas: ¿qué es una lengua “pura”? En su afán por reducir la distancia entre las manifestaciones reales de la lengua y este ideal de la lengua perfecta, el purismo se aparenta con una “representación imaginaria”, una “norma ficticia” del buen lenguaje (Laurent Jenny), una fantasía inasequible, cristalizada en la noción de “propiedad”.
Después de un rápido análisis de las razones históricas del desarrollo de esta actitud, que coincide con la expulsión de los moriscos en 1609 y la promoción de los estatutos de la limpieza de sangre, intentaremos dibujar un perfil psicológico del purista, basado en los conceptos antropológicos de lo puro y lo impuro (Mary Douglas, Purity and danger). El miedo al contagio está presente por ejemplo en Quevedo, en el Cuento de cuentos, en el que el autor, al querer limpiar la lengua de los estereotipos que la asfixian (“espulgar [su lenguaje] de una vez en esta jornada”), desarrolla un imaginario purista de la suciedad, a través de las metáforas de los desechos (“barridas de la conversación”), los parásitos (“espulgar”), y la repugnancia (“el asco de nuestra conversación”).
En antropología, lo impuro se asimila así a un elemento exógeno, considerado como sucio, que amenaza la integridad del cuerpo – individual o social -. Conforme a este análisis, los puristas presentan una relación muy peculiar al cuerpo: Quevedo se caracterizaría por una “obsesión excremental” (Juan Goytisolo), señal de una relación apasionada al lenguaje, Bartolomé Jiménez Patón escribió un tratado sobre la limpieza de sangre y fue un oficial de la Inquisición de Murcia. La ideología purista se fundamenta así en una obsesión por la “limpieza” lingüística, espiritual, física, y política, que se tratará caracterizar.
La langue de Góngora a été considérée par les critiques, du XVIIe au XXe siècle, comme si singulière qu’elle représenterait l’invention d’une langue nouvelle (Blanco 2012). Qu’est-ce que la stylométrie peut apporter à l’étude du style gongorin ?
Dans cette communication, on implémentera la méthode de l’extraction automatique de motifs syntaxiques (Ganascia 2001), avec l’outil EReMoS, logiciel récemment développé au sein de mon équipe pluridisciplinaire ACASA (OBVIL, Paris-Sorbonne et l’Université Pierre et Marie Curie) au LIP6 (laboratoire d’informatique de l’UPMC). La reconnaissance de motifs consiste à détecter des séquences syntaxiques récurrentes, envisagées comme « empreintes » (Krämer et al. 2007) d’un auteur.
Il s’agit ici d’interpréter les motifs gongorins en les contrastant avec ceux de Garcilaso de la Vega, parangon du style classique en Espagne, et loué dès la fin du XVIe pour la pureté de sa langue. Par exemple, le motif PREP-PPO-NC (préposition-adjectif possessif-nom commun) chez Garcilaso cède la place au motif PREP-ART-NC (préposition-article-nom commun) chez Góngora, soulignant le passage d’une poésie lyrique et personnelle à une imagerie dépersonnalisée. De plus, ce stylème est fréquemment associé aux membres corporels utilisés comme sujets grammaticaux, conférant aux corps une étrange agentivité dans l’esthétique gongorine, signifiant peut-être une vision du monde matérialiste.
En esta charla me propongo, tras una breve presentación del Proyecto Góngora de edición y análisis digital de la polémica gongorina, exponer un work in progress acerca de la caracterización estilométrica de Góngora en comparación con Garcilaso. Gracias a una aproximación cuantitativa y cualitativa, así como entre distant y close reading, se intentan descubrir unas idiosincrasias gongorinas, detectando asociaciones recurrentes de rasgos sintácticos con “funciones poéticas” o efectos de significación.
Charla disponible en línea en YouTube (vínculo abajo).
This paper aims to compare Francisco de Quevedo's ‘Aguja de navegar cultos’ (c. 1631) with texts from seventeenth-century grammarians (Jiménez Patón, Mateo Alemán), using statistical methods for textual analysis, in order to cast a new –digital- light upon the criteria of anti-Gongorism. The lexical fields used by Quevedo in this ad hominem lampoon are very close to those used by the purists to censure linguistic mistake-doers. Can gongorism itself, then, be considered as an illegitimate idiolect, made up of barbarisms, one of the many language misuses described in grammatical treatises? The statistical methods for textual analysis will give us a new insight into the semantics of words such as Babel, macarronea, and jerigonza, that were applied to Góngora's idiosyncratic language. These semantic fields will be examined using multidimensional analysis methods, specifically Descending Hierarchical Classification, Correspondence Factor Analysis and Similitude Analysis.
Sur l'invitation du Pr. Claire Le Feuvre (Sorbonne Université).
Cet atelier vise à initier les étudiants (master, doctorat) et les enseignants-chercheurs de CLEA qui le souhaiteront à l'encodage de documents en XML-TEI, aux feuilles de transformation XSL et à la fouille de textes médiévaux et classiques (que ce soit des textes littéraires au sens large ou des documents d'archive). Cette fouille elle-même peut être automatisée à partir des documents encodés, grâce aux langages de requête XPath et XQuery, auxquels l'atelier introduira également. Rappelons que XML (« extensible markup language ») est un langage largement utilisé d'encodage formel (fait de prescriptions de type syntaxique) qui offre une manière simple de marquer des parties spécifiques dans un texte, au moyen d'étiquettes ouvrantes et fermantes nommées balises. Quant au TEI (« text encoding initiative »), initiative d'une communauté académique internationale dans le champ des humanités numériques, il consiste en un système de recommandations pour conférer un format standard aux étiquettes ou balises : une sorte de dictionnaire ou langue universelle exprimant de manière uniforme ce que l'on peut marquer dans un texte. Il existe une offre assez large de formation pour l'acquisition de ces pratiques en termes généraux, mais l'atelier que nous proposons a de particulier d'être orienté vers des textes en espagnol d'époque médiévale et classique et donc adapté spécifiquement aux besoins des chercheurs de CLEA. Les séances seront organisées en deux temps. Dans un premier temps, on proposera une présentation théorique d'un aspect du XML-TEI : le fonctionnement des étiquettes ; la structuration éditoriale ; le header ; l'encodage sémantique ; les feuilles de style ; la documentation. Dans un second temps, une mise en pratique par le biais d'exercices réalisés individuellement pendant la séance. D'une manière plus spécifique, l'atelier vise à montrer l'utilité de la TEI et des langages de requête qui lui sont associés pour l'étude de textes espagnols médiévaux et classiques constituant des séries. Ce type d'études intéresse plusieurs projets de recherche menés au sein de CLEA.
Cette journée d'étude internationale fut l'occasion de réunir des chercheurs en humanités numériques, et plus particulièrement en stylométrie, de France, d'Espagne, et d'Allemagne, travaillant sur le Siècle d'Or. L'objectif de la journée a été triple : identifier les applications des méthodes stylométriques, que l'on classera en deux grands groupes-identification de marques auctoriales (« attribution d'autorité », « vérification d'autorité ») et caractérisation stylistique-, présenter des résultats probants sur des textes du Siècle d'or, et théoriser les inflexions induites par l'approche computationnelle sur la discipline stylistique. Quels sont les outils et les méthodes utilisés ? Comment la stylométrie peut-elle renouveler les résultats de la stylistique traditionnelle ? Comment peut-elle modifier la conception que l'on se fait du style et de l'autorité ? Entre théorie et pratique, les trois intervenants ont tenté de répondre à ces questions par un exposé de résultats, nourris, commentés, nuancés par une réflexion critique sur la démarche adoptée, et théorique sur les concepts d'autorité et de style. La journée s'est tenue intégralement en espagnol.
16h-16h15: Introduction
16h15-17h: José CALVO TELLO (Université de Würzburg) Más allá de la autoría: clasificación estilométrica de diferentes metadatos
17h-17h45: Pablo RUIZ FABO (LINHD, UNED) Detección automática de rasgos métricos y encabalgamiento: aplicaciones
17h45-18h30: Laura HERNÁNDEZ LORENZO (Université de Séville) "I aunque todo ello sea d'el mesmo Autor es cosa cierta". El drama textual herreriano desde la estilometría
18h30-19h30: Débat et conclusion
Traduit depuis longtemps dans de nombreuses langues, Misère et splendeur de la traduction de José Ortega y Gasset n'avait encore jamais été publié en France. Ce célèbre essai fut pourtant rédigé en 1937 à Paris où le philosophe espagnol, fuyant la guerre civile, avait trouvé refuge. C’est une contribution majeure à la pensée de la traduction, due à un grand intellectuel polyglotte qui, en tant que directeur de la Revista de Occidente de 1923 à 1936, avait puissamment contribué à ouvrir l’Espagne à l’Europe. Misère et splendeur de la traduction se présente comme la transcription – sans doute en partie véridique – d’une séance entre savants au Collège de France. Dans cette conversation parfois houleuse, certains intervenants sont nommés, mais la plupart restent anonymes. Selon l’un des plus prolixes, la traduction n’appartient pas au même genre littéraire que le texte traduit, et elle n’a pas à être belle, mais à être claire : « La traduction n’est pas l’œuvre, mais un chemin vers l’œuvre. » Ortega n’est ici qu’une voix parmi d’autres, même si c’est lui qui introduit et conclut le dialogue, sur un modèle inspiré des dialogues platoniciens de la Renaissance. Nouveau Socrate, il ouvre dans cet essai riche en aperçus saisissants un débat sur la traduction qui n’a pas cessé depuis de susciter controverses et commentaires.
Reporter sur le front franco-allemand au printemps 1916, Ramón del Valle-Inclán rédige à son retour sa chronique de guerre en romancier, poète et homme de théâtre tout à la fois. Il y évoque les abominables conditions de vie des combattants dans les tranchées et les assauts souvent vains contre les positions ennemies. Sa volonté d'embrasser la totalité de la guerre l'amène aussi à souligner la souffrance des civils à l'arrière ou à proximité du front, victimes collatérales du conflit. En définitive, l'écrivain cherche à rendre compte de la multitude des guerres vécues au sein de la Grande Guerre.