Jérôme Maucourant
• Avec Frédéric Farah, « The Lebanese Collapse : some hypotheses », pp. 55-64, Maghreb Mashreq International, 3, 2023
• « Karl Polanyi on money », pp. 206-216, dans Michele Cangiani, Claus Thomasberge eds., The Routledge Handbook on Karl Polanyi, Routledge (Taylor & Francis Group), Londres et New York, 2024
• Avec Farah Frédéric, « L’effondrement libanais : quelques hypothèses », Maghreb - Machrek, 1 décembre 2023, vol. 2023/2, nᵒ 254-255, p. 55-64.
• Avec Frédéric Farah, « Dette et démocraties. Dettes, monnaies et sociétés : sur la "Défense de la richesse", part 1 », in Stavroula Kefallonitis (dir.), Dette et politique, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2022, p. 205-225.
• Avec Frédéric Farah, « Dette et démocraties. L'ordre de la dette, les exemples grecs et libanais : sur la "Défense de la richesse", part 2 », in Stavroula Kefallonitis (dir.), Dette et politique, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2022, p. 227-245.
Avec Laetitia Graslin & Laurianne Martinez-Sève, « Réflexions sur l’État et le sacré à partir d’une étude de la fiscalité des temples mésopotamiens (Ier millénaire av. J.-C.) », in Marie-Christine Marcellesi et Anne-Valérie Pont (dir.), Religions et fiscalité dans le monde méditerranéen de l'antiquité à nos jours, Sorbonne Université Presses, 2022, p. 27-36.
• « Économie sacrée et État prédateur », p. 37-63, in Marie-Christine Marcellesi et Anne-Valérie Pont (dir.), Religions et fiscalité dans le monde méditerranéen de l'antiquité à nos jours, Sorbonne Université Presses, 2022.
• « Karl Polanyi on money », pp. 206-216, dans Michele Cangiani, Claus Thomasberge eds., The Routledge Handbook on Karl Polanyi, Routledge (Taylor & Francis Group), Londres et New York, 2024
• Avec Farah Frédéric, « L’effondrement libanais : quelques hypothèses », Maghreb - Machrek, 1 décembre 2023, vol. 2023/2, nᵒ 254-255, p. 55-64.
• Avec Frédéric Farah, « Dette et démocraties. Dettes, monnaies et sociétés : sur la "Défense de la richesse", part 1 », in Stavroula Kefallonitis (dir.), Dette et politique, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2022, p. 205-225.
• Avec Frédéric Farah, « Dette et démocraties. L'ordre de la dette, les exemples grecs et libanais : sur la "Défense de la richesse", part 2 », in Stavroula Kefallonitis (dir.), Dette et politique, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2022, p. 227-245.
Avec Laetitia Graslin & Laurianne Martinez-Sève, « Réflexions sur l’État et le sacré à partir d’une étude de la fiscalité des temples mésopotamiens (Ier millénaire av. J.-C.) », in Marie-Christine Marcellesi et Anne-Valérie Pont (dir.), Religions et fiscalité dans le monde méditerranéen de l'antiquité à nos jours, Sorbonne Université Presses, 2022, p. 27-36.
• « Économie sacrée et État prédateur », p. 37-63, in Marie-Christine Marcellesi et Anne-Valérie Pont (dir.), Religions et fiscalité dans le monde méditerranéen de l'antiquité à nos jours, Sorbonne Université Presses, 2022.
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Introduction – « De gauche » ou « à gauche »
De la constitution à la crise d’une notion
L’autonomie du peuple
La distinction droite-gauche à l’épreuve du fascisme : un réexamen
La gauche et les ambiguïtés de l’émancipation
Révolutions, Terreurs et Restaurations
L’imaginaire des folles années 1990 et la crise de 2008
Le retour du théologico-politique
La nouvelle question d’Orient
La question laïque en Occident
Conclusion – Au-delà de la société de marché ?
Frédéric Farah et Jérôme Maucourant, « Dettes, monnaies et sociétés (sur la défense de la richesse, partie 1) », Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté, 2022,
Frédéric Farah et Jérôme Maucourant, « Dettes, monnaies et sociétés (sur la défense de la richesse, partie 2) », Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté, 2022, entièrement téléchargeable via dans Stavroula Kefallonitis dir., Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté,
Partie 1 : La question de la dette a retrouvé une centralité après la crise de 2008 et encore plus sous l’effet de la pandémie de la Covid 19, les États engageant des dépenses considérables. La rencontre entre l’approche institutionnaliste et le cadre d’analyse de Winters sur la défense de la richesse est au cœur de cette contribution proposant d’observer comment les institutions créent un environnement plus favorable aux créanciers, bien plus efficacement que par la violence. De la naîtrait un paradoxe, celui de voir se déployer, dans des sociétés démocratiques, des écarts de richesse sans précédent.
Mots clefs : Défense de la richesse, Fédéralisme, John R. Commons, Institutionalisme, Dette
Partie 2 -
Dans le cadre des relations internationales, le traitement de la question de la dette permet, notamment dans l’Union européenne, de consolider de façon autoritaire un ordre aussi inégalitaire qu’économiquement inefficace. Laboratoire à la fois économique, politique et social, la Grèce est le symbole même du pouvoir destructif de la structure proto-fédérale. La crise du Liban, par ailleurs, révèle l’existence d’un parti des banques, au sein d’un capitalisme essentiellement politique, préférant un statu quo mortifère, cas limite d’oligarchie libérale affranchie de toute éthique démocratique. Mots-clés : Grèce, Liban, Proto-fédéralisme, Capitalisme politique, Ingénierie financière.
https://lematindalgerie.com/aux-origenes-de-la-catastrophe-libanaise/
Résumé
Aux origenes de la catastrophe libanaise La crise de l'économie libanaise, unique dans l'histoire économique contemporaine, résulte du choix de l'élite régnante. Refusant de reconstruire l'État au sortir de la guerre civile, elle s'est s'employée à diviser la nation pour mieux régner sur elle. Cette crise économique est bien de nature politique et les leçons que l'on en peut tirer sont d'importance pour le monde arabe où les « capitalismes politiques » sont nombreux.
REFERENCE URL https://www.jstor.org/stable/40370016
RESUME Durant les 1920 s'est développée une controverse décisive pour la théorie économique. Mises, avec force, conteste la possibilité même du socialisme comme alternative concrète au capitalisme. ; seul ce second système pourrait promouvoir un calcul économique rationnel comme norme orientant les comportements. Mais, le débat sur le calcul économique socialiste aboutit au résultat que la théorie de l'équilibre général ne semble décidément pas incompatible avec un certain type de direction centrale de l'économie. Ainsi peut s'expliquer la naissance de la «nouvelle» école autrichienne qui revendique la théorie authentique du capitalisme. Toutefois, ce constat nous semble insuffisant. En 1922, Karl Polanyi cherche, quant à lui, à montrer qu'il est possible de promouvoir une forme de calcul économique rationnel à l'intérieur d'un modèle "fédéral" de socialisme. Des protagonistes contemporains de ce débat, tels Hayek et Mises, jugeaient important de combattre un point de vue qui acceptait leurs objections sur la nocivité de la planification centralisée et impérative, tout en voulant préserver l'exigence socialiste de justice.
En premier lieu, nous présenterons certains aspects du modèle fédéral pour mettre en évidence le mécanisme de comptabilisation rationnelle des coûts. Nous montrerons alors que ce système requiert une forme d'institution monétaire, parce que Polanyi ne semble pas concevoir de société sans monnaie, parce que l'indépassable existence d'une unité de compte et d'un moyen de paiement est liée, chez cet auteur, à une vision non totalitaire de la société. Finalement, la possibilité de discuter les prix renvoie à des évaluations contradictoires qui émane du jeu spontané des instances élémentaires de la société. Rejetant toute forme centralisée fixant a priori les taux de substitution entre biens, Polanyi cherche à établir un espace de discussion raisonnable permettant d'orienter le développement économique, le marché étant une dimension de cet espace.
Ce modèle n'a pas suscité que des critiques libérales ou étatistes. Il convient également de vérifier la solidité de celui-ci par rapport à certaines des objections plus modernes, après avoir évoqué quelques prolongements du débat incluant, plus particulièrement les apports de Mises. Il apparaîtra qu'on ne peut soutenir aisément, comme le pensait Mises, l'idée selon laquelle le socialisme relève d'une discussion purement scientifique. Si ce système, comme Polanyi envisage de le montrer, rend possible des formes de calcul économique aussi rationnelles que dans le capitalisme libéral, alors le débat ne peut exclure certains jugements de valeur.
https://www.lorientlejour.com/article/1286884
Extrait : "C’est contre ce système que la jeunesse s’est insurgée le 17 octobre 2019. L’effondrement économique, la répression et la crise sanitaire ont eu raison du mouvement. On a pu d’ailleurs mesurer à ce moment que le Hezbollah est devenu le défenseur de ce système qu’il critiquait naguère. Pourtant, la population éprouvait largement de la sympathie pour ces jeunes militants. Comment être ainsi l’ami du Liban, si ce n’est en donnant des moyens à ce peuple permettant d’accéder enfin à la souveraineté pleine et entière, la démocratie et la liberté ? Il ne peut s’agir de reproduire une gouvernance de communautés donnant leurs parts aux États étrangers"
Document de travail d'abord publié sur le site "Prolégomènes",
URL
https://jerome-maucourant.com/2024/02/29/la-grande-syrie-dantoun-saade/
Revue politique et parlementaire : "L'économie mondiale sur un volcan", avril 2023. URL : https://www.revuepolitique.fr/leconomie-mondiale-sur-un-volcan/
Extrait : Deux spectres hantent l’Union européenne : Veblen et Keynes. Il y a 15 ans, la finance américaine s’effondrait, entraînant, dans son sillage, une dépression mondiale. Depuis lors, la mondialisation des échanges stagne et c’est en particulier dans l’Union européenne que l’impact de la crise de 2008 fut le plus durable. La monnaie unique ne nous a en rien protégés, au contraire : c’était une véritable leçon de choses.
EXTRAIT : "Les politiques économiques et sociales conduites en Europe durant la présente décennie sont guidées par un impératif central : tout faire pour que le capital reprenne son élan après la débâcle de l’année 2008 et les années de stagnation qui ont suivi. Mais, on ne souligne pas assez à quel point le parti du mouvement du capital est le parti de la peur de masse : n’agite-t-on pas, sans cesse, cette peur que devrait causer chez l’homme ordinaire toute alternative à l’ordre actuel ? Ces manœuvres ont un certain succès. Toute interrogation relative au bien fondé de l’Euro est devenu un sacrilège, en dehors, bien sûr, du cercle des économistes professionnels : les « intérêts établis », comme le disait si bien l’économiste contestataire Thorstein Veblen, ont réussi à interdire tout débat rationnel au sein de l’opinion. Or, la question monétaire contient en germe des interrogations essentielles quant à la légitimité de ces intérêts établis : la question monétaire est, en son fondement, comme nous tenterons de le montrer, politique et, plus encore, civilisationnelle. Il n’est pas possible de discuter seulement de l’économie de marché : il faut penser ce qui la rend possible, c’est-à-dire la société de marché. Tel est un enseignement majeur de la pensée de Karl Polanyi (1886-1964) permettant de comprendre la particularité de l’ordre européen actuel, disons de la forme contemporaine de cette société de marché en Europe". cf. https://www.ibs.it/ecologia-economia-alleanza-impossibile-libro-vari/e/9788896221549
"Le futur était déjà fini est un essai: qu’est-ce à dire? ne s’inscrivant pas dans les divers registres des études spécialisées, l’essai, depuis montaigne, est personnel et développe un point de vue dont il assume la singularité. Le trop négligé albert thibaudet écrivait : « C’est avec les essais de Montaigne que la littérature française prend conscience et assume le rôle d’une littérature d’idées [...] Les idées entrent dans la réalité littéraire moins par leurs forces logiques que par leur humanité, par les vitamines qu’elles tiennent de la chaleur propre et du soleil intérieur d’un individu ». À ce titre, l’essai accorde une certaine liberté aux lecteurs et ne vise pas à imposer une autorité qui se prévaudrait d’une objectivité scientifique. pendant des décennies, celles de l’âge d’or des dites « sciences sociales », la forme de l’essai avait mauvaise presse : la proclamant dépassée, nos positivistes d’alors la rejetaient comme préscientifique, subjective ou simplement polémique. en bref, stérile."
NOTA BENE
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/fabrizio-tribuzio-bugatti-homere-en-garde-contre-oubli-racines/
URL
https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782847955699-le-futur-etait-deja-fini-essai-sur-la-lotocratie-fabrizio-tribuzio-bugatti/
Ecrit avec vec Nadjib Abdelkader. Paru dans Indiscipline, rivista di scienze sociali, n. 7 anno IV, 1.2024, pp. 111-120. (7), pp.108-117. Maucourant, Nadjib Abdelkader. Karl Polanyi pense-t-il la technique ?. Indiscipline, 2024, IV. URL halshs-04573120
Extrait introductif
"Karl Polanyi est souvent présenté, à raison, comme l’un des penseurs les plus éminents de la société de marché. La justesse de ceci pourrait toutefois occulter sa réflexion sur la technique. La présente contribution vise à mettre en évidence ses intuitions à ce sujet. Pour appréhender à sa juste valeur l’apport de l’historien-économiste hongrois, !l faut donc articuler avec minutie les dimensions du Grand Marché et celle du système technicien. Même de caractère tardif, on peut à bon droit parler d’éléments de technocritique développés dans les années 1950 (...) "
RÉSUMÉ Parler de fiscalité ancienne n’est simple qu’en apparence. Le terme même de fiscalité ne renvoie en effet pas à une réalité antique claire. Les anciens raisonnaient en termes de dépenses et de recettes, tandis que les historiens modernes souhaiteraient pouvoir distinguer entre des prélèvements de nature très diverse et hétérogène : taxes, corvées, dons, plus ou moins contraints, revenus patrimoniaux, quasi-taxes, parfois prélevés directement par les temples, mais souvent affermés ou à prélèvement indirect... Dans ces conditions, afin de clarifier ce qui, dans les différentes pratiques attestées par les sources, relève de la fiscalité, les historiens peuvent trouver intérêt à dialoguer avec les économistes. Tel est l’objet de ce texte, rédigé en commun par une historienne s’intéressant tout particulièrement au fonctionnement politique des royaumes grecs, un théoricien de la pensée économique, et une historienne travaillant sur l’économie mésopotamienne.
https://www.lecommercedulevant.com/articles/more/4/1/29708
EXTRAIT Le FMI n’a aucun état d’âme à ce que s’exercent des comportements prédateurs d’ampleur sur une économie nationale. Contrairement à ce qu’il paraît, le FMI n’est pas un organe de régulation est avant tout un syndic de prêteur, travaillant sous l’angle vigilant des Etats-Unis, ce qui rend d’ailleurs parfois très politiques les « aides » qu’il prodigue. On n’a compris : une stagnation de longue durée est le risque même que le FMI fait courir au Liban. C’est pourquoi il n’est pas suffisant que soient chassées les gouvernements corrompus : reprendre son destin, c’est mettre à distance des créditeurs internationaux qui deviendraient de facto les vraies autorités de ce pays. Pour aller plus loin
https://www.academia.edu/41991493/Contre_la_possible_mainmise_du_FMI_un_plan_pour_le_Liban
https://blogs.alternatives-economiques.fr/farah/2019/10/29/soutenir-le-peuple-libanais-une-chance-historique-pour-l-union-europeenne
Extrait : "Il faut cesser de demander aux Libanais de brader leur patrimoine public. Cela implique certes un changement institutionnel : la fin du clientélisme et la liquidation des oligopoles prédateurs qui sont autant politiques qu’économiques. Bien sûr, il ne s’agit pas de fixer ex cathedra et de façon coloniale le nouvel état des choses, mais de créer les conditions de l’autonomie politique d’un peuple. Il faut donc rendre un avenir économique au Liban et aux Libanais. L’Union européenne doit se saisir de cette chance pour se grandir et devenir un acteur stratégique : elle doit cesser de se singulariser par son silence et sa paralysie. A peu de frais, elle peut montrer qu’elle existe enfin dans cette région du monde et se tenir droite et volontaire auprès d’un peuple qui force notre respect à tous".
LIEN URL :
https://www.marianne.net/debattons/tribunes/soutenir-le-peuple-libanais-une-chance-historique-pour-l-union-europeenne
Pour citer ce texte : Jérôme Maucourant, « Transformer la valeur (sociale) en prix (de marché) : sur la résistance du social », in Massimo Vallerani (dir.), Valore delle cose e valore delle persone : dall’Antichità all’Età moderna, Rome, Viella, 2019, pp. 351-368.
Plan
0. Introduction : valeur des personnes et individualisme
1. La personne à l’ère du système de prix (Veblen et le luxe)
1. 1 Comment la question du luxe a disparu
1. 2 Valeur des puissants et consommation ostentatoire
1. 3 Economie de la servitude volontaire
2. Monnaie, échange de bien et statut social : l’apport de Karl Polanyi
2.1 Monnaies précapitalistes et statuts sociaux
2.2 L’échange avant le Grand Marché
2.3 Valeur des groupes et hiérarchie par la monnaie à l’ère contemporaine
3. Conclusion - La résistance du social
EXTRAIT
Nous évoquerons ainsi, dans un premier temps, la perspective adoptée par Thorstein Veblen qui repose, dans des termes nouveaux, la vieille « querelle du luxe » pour montrer, contre le point de vue libéral, son impossible dépassement. En effet, la conception dominante de l’économie s’est construite par un rejet de la pertinence de la notion de luxe, laquelle est porteuse de sens moral et sociaux incompatibles avec ses axiomes. Or, c’est par le luxe que les sociétés manifestent des valeurs sociales dont le prix des choses et leur possession n’est qu’un moyen. Dans un second temps, nous illustrerons une aute perspective sociologique sur l’économie, celle de Polanyi, qui essaie d’articuler monnaies, statuts sociaux et échange ; selon cette conception, la monnaie participe de la reproduction d’un ordre social hiérarchisé, la fonction politique de l’ordre monétaire existant également pour les sociétés capitalistes contemporaine.
https://rdv-histoire.com/intervenants/maucourant-jerome
PLAN
Introduction Etat et marché, institutions antagoniques ?
Montchrestien et l’institution des marchés
Le théorème de Karl Polanyi : « Laissez-faire was planned; planning was not »
Conclusion : la place de l’incalculable
EXTRAIT
Les rapports entre l’Etat et le marché sont souvent posés en termes antagoniques : ainsi, comme l’indique un énoncé de présente table ronde, la question pourrait se trancher du point de vue de l’efficacité, c’est-à-dire de l’évaluation de la qualité respective des productions publiques et privées. Mais, cette façon de poser les termes de la question est bien trop lapidaire, car elle occulte le fait que les critères de l’évaluation sont imprégnés de préconceptions diverses ; elle occulte aussi la raison essentielle, bien mise en évidence dans les attendus de table ronde, à savoir les raisons mêmes de l’ « intervention » de l’Etat dans la vie économique.
Extrait
La notion de juste prix est mobilisée, qu’aujourd’hui encore, par beaucoup de courants de pensée ; même des libéraux ne manquent pas d’user de ce syntagme alors que, comme nous le verrons, l’essence du libéralisme est incompatible avec ce mélange des genres entre morale et économie. La résistance de ce qui semble être une vieillerie médiévale pour nombre d’économistes professionnels - qui vont lui préférer le concept de « prix pertinents » eu égard au bon fonctionnement du marché – pose ainsi un problème redoutable. Soit l’on fait l’hypothèse que l’homme ordinaire n’a pas la connaissance que rend possible la «science économique», unique et véridique3, soit, au contraire, on suppose que cette résistance de l’homme du commun renvoie à quelque chose de beaucoup plus profond : la compréhension spontanée par chacun d’entre nous d’une nécessaire constitution de la société dont chacun est responsable4. De ce point de vue, il n’y a pas à déplorer les effets pervers d’une antique croyance au juste prix mais il convient d’en comprendre les logiques historique et socioéconomique.
Plan
Introduction – l’actualité d’une antiquité
Peut-on rationnellement débattre du juste prix?
Le juste prix : une perspective historique et institutionnelle
Du juste prix à la « valeur raisonnable » et au « marché-rencontre »
Juste prix et bien commun aujourd’hui
Conclusion – Le juste prix de l’animal politique
Introduction – Vers une économie politique du sacré
Sanctuaire et « économie religieuse »
Sacré polythéiste et identité sociale
L’ « économie religieuse » en question
Le sacré à l’ère prédatrice
Nature de l’État ancien
Mode de coopération et rationalité économique
Usages de la monnaie
La monnaie en fragments
Avant le Grand Marché
Conclusion - L’histoire économique comme forum
EXTRAIT
Nous procéderons donc en trois temps. En premier lieu, nous évoquerons quelques traits de la logique même des représentations du sacré (« l’économie religieuse ») et la façon dont cette dimension idéologique peut interagir avec la reproduction matérielle de la société. C’est pourquoi, en second lieu, il sera plus aisé de penser le jeu des articulations – au moins dans des cas très particuliers – entre l’économie sacrée et le grand prédateur : l’État. Enfin, en troisième lieu, l’objet de l’investigation se déplacera sur l’interprétation que l’on peut proposer des usages monétaires et financiers suggérés par les textes.
https://gabrielperi.fr/les-rencontres-de-la-fondation/rencontre-debat-autour-du-livre-sortir-lafrique-de-la-servitude-monetaire-a-qui-profite-le-franc-cfa/
PLAN Introduction - Le retour à une économie politique de la monnaie –
Origines et fonctions de la monnaie
Les usages de la monnaie comme système
Polanyi en Afrique
La monnaie moderne comme institution sociale
L’illusoire autonomie de l’économie révélée par la monnaie
L’impasse de la monnaie sans souveraineté
Retour sur la question de la souveraineté
Le spectre de Jean Bodin
L’actualité paradoxale de Nicolas Oresme
Conclusion – Se libérer de la nouvelle chaîne de l’or
Introduction – « De gauche » ou « à gauche »
De la constitution à la crise d’une notion
L’autonomie du peuple
La distinction droite-gauche à l’épreuve du fascisme : un réexamen
La gauche et les ambiguïtés de l’émancipation
Révolutions, Terreurs et Restaurations
L’imaginaire des folles années 1990 et la crise de 2008
Le retour du théologico-politique
La nouvelle question d’Orient
La question laïque en Occident
Conclusion – Au-delà de la société de marché ?
Frédéric Farah et Jérôme Maucourant, « Dettes, monnaies et sociétés (sur la défense de la richesse, partie 1) », Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté, 2022,
Frédéric Farah et Jérôme Maucourant, « Dettes, monnaies et sociétés (sur la défense de la richesse, partie 2) », Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté, 2022, entièrement téléchargeable via dans Stavroula Kefallonitis dir., Dette et politique, Presse Universitaires de Franche-Comté,
Partie 1 : La question de la dette a retrouvé une centralité après la crise de 2008 et encore plus sous l’effet de la pandémie de la Covid 19, les États engageant des dépenses considérables. La rencontre entre l’approche institutionnaliste et le cadre d’analyse de Winters sur la défense de la richesse est au cœur de cette contribution proposant d’observer comment les institutions créent un environnement plus favorable aux créanciers, bien plus efficacement que par la violence. De la naîtrait un paradoxe, celui de voir se déployer, dans des sociétés démocratiques, des écarts de richesse sans précédent.
Mots clefs : Défense de la richesse, Fédéralisme, John R. Commons, Institutionalisme, Dette
Partie 2 -
Dans le cadre des relations internationales, le traitement de la question de la dette permet, notamment dans l’Union européenne, de consolider de façon autoritaire un ordre aussi inégalitaire qu’économiquement inefficace. Laboratoire à la fois économique, politique et social, la Grèce est le symbole même du pouvoir destructif de la structure proto-fédérale. La crise du Liban, par ailleurs, révèle l’existence d’un parti des banques, au sein d’un capitalisme essentiellement politique, préférant un statu quo mortifère, cas limite d’oligarchie libérale affranchie de toute éthique démocratique. Mots-clés : Grèce, Liban, Proto-fédéralisme, Capitalisme politique, Ingénierie financière.
https://lematindalgerie.com/aux-origenes-de-la-catastrophe-libanaise/
Résumé
Aux origenes de la catastrophe libanaise La crise de l'économie libanaise, unique dans l'histoire économique contemporaine, résulte du choix de l'élite régnante. Refusant de reconstruire l'État au sortir de la guerre civile, elle s'est s'employée à diviser la nation pour mieux régner sur elle. Cette crise économique est bien de nature politique et les leçons que l'on en peut tirer sont d'importance pour le monde arabe où les « capitalismes politiques » sont nombreux.
REFERENCE URL https://www.jstor.org/stable/40370016
RESUME Durant les 1920 s'est développée une controverse décisive pour la théorie économique. Mises, avec force, conteste la possibilité même du socialisme comme alternative concrète au capitalisme. ; seul ce second système pourrait promouvoir un calcul économique rationnel comme norme orientant les comportements. Mais, le débat sur le calcul économique socialiste aboutit au résultat que la théorie de l'équilibre général ne semble décidément pas incompatible avec un certain type de direction centrale de l'économie. Ainsi peut s'expliquer la naissance de la «nouvelle» école autrichienne qui revendique la théorie authentique du capitalisme. Toutefois, ce constat nous semble insuffisant. En 1922, Karl Polanyi cherche, quant à lui, à montrer qu'il est possible de promouvoir une forme de calcul économique rationnel à l'intérieur d'un modèle "fédéral" de socialisme. Des protagonistes contemporains de ce débat, tels Hayek et Mises, jugeaient important de combattre un point de vue qui acceptait leurs objections sur la nocivité de la planification centralisée et impérative, tout en voulant préserver l'exigence socialiste de justice.
En premier lieu, nous présenterons certains aspects du modèle fédéral pour mettre en évidence le mécanisme de comptabilisation rationnelle des coûts. Nous montrerons alors que ce système requiert une forme d'institution monétaire, parce que Polanyi ne semble pas concevoir de société sans monnaie, parce que l'indépassable existence d'une unité de compte et d'un moyen de paiement est liée, chez cet auteur, à une vision non totalitaire de la société. Finalement, la possibilité de discuter les prix renvoie à des évaluations contradictoires qui émane du jeu spontané des instances élémentaires de la société. Rejetant toute forme centralisée fixant a priori les taux de substitution entre biens, Polanyi cherche à établir un espace de discussion raisonnable permettant d'orienter le développement économique, le marché étant une dimension de cet espace.
Ce modèle n'a pas suscité que des critiques libérales ou étatistes. Il convient également de vérifier la solidité de celui-ci par rapport à certaines des objections plus modernes, après avoir évoqué quelques prolongements du débat incluant, plus particulièrement les apports de Mises. Il apparaîtra qu'on ne peut soutenir aisément, comme le pensait Mises, l'idée selon laquelle le socialisme relève d'une discussion purement scientifique. Si ce système, comme Polanyi envisage de le montrer, rend possible des formes de calcul économique aussi rationnelles que dans le capitalisme libéral, alors le débat ne peut exclure certains jugements de valeur.
https://www.lorientlejour.com/article/1286884
Extrait : "C’est contre ce système que la jeunesse s’est insurgée le 17 octobre 2019. L’effondrement économique, la répression et la crise sanitaire ont eu raison du mouvement. On a pu d’ailleurs mesurer à ce moment que le Hezbollah est devenu le défenseur de ce système qu’il critiquait naguère. Pourtant, la population éprouvait largement de la sympathie pour ces jeunes militants. Comment être ainsi l’ami du Liban, si ce n’est en donnant des moyens à ce peuple permettant d’accéder enfin à la souveraineté pleine et entière, la démocratie et la liberté ? Il ne peut s’agir de reproduire une gouvernance de communautés donnant leurs parts aux États étrangers"
Document de travail d'abord publié sur le site "Prolégomènes",
URL
https://jerome-maucourant.com/2024/02/29/la-grande-syrie-dantoun-saade/
Revue politique et parlementaire : "L'économie mondiale sur un volcan", avril 2023. URL : https://www.revuepolitique.fr/leconomie-mondiale-sur-un-volcan/
Extrait : Deux spectres hantent l’Union européenne : Veblen et Keynes. Il y a 15 ans, la finance américaine s’effondrait, entraînant, dans son sillage, une dépression mondiale. Depuis lors, la mondialisation des échanges stagne et c’est en particulier dans l’Union européenne que l’impact de la crise de 2008 fut le plus durable. La monnaie unique ne nous a en rien protégés, au contraire : c’était une véritable leçon de choses.
EXTRAIT : "Les politiques économiques et sociales conduites en Europe durant la présente décennie sont guidées par un impératif central : tout faire pour que le capital reprenne son élan après la débâcle de l’année 2008 et les années de stagnation qui ont suivi. Mais, on ne souligne pas assez à quel point le parti du mouvement du capital est le parti de la peur de masse : n’agite-t-on pas, sans cesse, cette peur que devrait causer chez l’homme ordinaire toute alternative à l’ordre actuel ? Ces manœuvres ont un certain succès. Toute interrogation relative au bien fondé de l’Euro est devenu un sacrilège, en dehors, bien sûr, du cercle des économistes professionnels : les « intérêts établis », comme le disait si bien l’économiste contestataire Thorstein Veblen, ont réussi à interdire tout débat rationnel au sein de l’opinion. Or, la question monétaire contient en germe des interrogations essentielles quant à la légitimité de ces intérêts établis : la question monétaire est, en son fondement, comme nous tenterons de le montrer, politique et, plus encore, civilisationnelle. Il n’est pas possible de discuter seulement de l’économie de marché : il faut penser ce qui la rend possible, c’est-à-dire la société de marché. Tel est un enseignement majeur de la pensée de Karl Polanyi (1886-1964) permettant de comprendre la particularité de l’ordre européen actuel, disons de la forme contemporaine de cette société de marché en Europe". cf. https://www.ibs.it/ecologia-economia-alleanza-impossibile-libro-vari/e/9788896221549
"Le futur était déjà fini est un essai: qu’est-ce à dire? ne s’inscrivant pas dans les divers registres des études spécialisées, l’essai, depuis montaigne, est personnel et développe un point de vue dont il assume la singularité. Le trop négligé albert thibaudet écrivait : « C’est avec les essais de Montaigne que la littérature française prend conscience et assume le rôle d’une littérature d’idées [...] Les idées entrent dans la réalité littéraire moins par leurs forces logiques que par leur humanité, par les vitamines qu’elles tiennent de la chaleur propre et du soleil intérieur d’un individu ». À ce titre, l’essai accorde une certaine liberté aux lecteurs et ne vise pas à imposer une autorité qui se prévaudrait d’une objectivité scientifique. pendant des décennies, celles de l’âge d’or des dites « sciences sociales », la forme de l’essai avait mauvaise presse : la proclamant dépassée, nos positivistes d’alors la rejetaient comme préscientifique, subjective ou simplement polémique. en bref, stérile."
NOTA BENE
https://www.revuedesdeuxmondes.fr/fabrizio-tribuzio-bugatti-homere-en-garde-contre-oubli-racines/
URL
https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782847955699-le-futur-etait-deja-fini-essai-sur-la-lotocratie-fabrizio-tribuzio-bugatti/
Ecrit avec vec Nadjib Abdelkader. Paru dans Indiscipline, rivista di scienze sociali, n. 7 anno IV, 1.2024, pp. 111-120. (7), pp.108-117. Maucourant, Nadjib Abdelkader. Karl Polanyi pense-t-il la technique ?. Indiscipline, 2024, IV. URL halshs-04573120
Extrait introductif
"Karl Polanyi est souvent présenté, à raison, comme l’un des penseurs les plus éminents de la société de marché. La justesse de ceci pourrait toutefois occulter sa réflexion sur la technique. La présente contribution vise à mettre en évidence ses intuitions à ce sujet. Pour appréhender à sa juste valeur l’apport de l’historien-économiste hongrois, !l faut donc articuler avec minutie les dimensions du Grand Marché et celle du système technicien. Même de caractère tardif, on peut à bon droit parler d’éléments de technocritique développés dans les années 1950 (...) "
RÉSUMÉ Parler de fiscalité ancienne n’est simple qu’en apparence. Le terme même de fiscalité ne renvoie en effet pas à une réalité antique claire. Les anciens raisonnaient en termes de dépenses et de recettes, tandis que les historiens modernes souhaiteraient pouvoir distinguer entre des prélèvements de nature très diverse et hétérogène : taxes, corvées, dons, plus ou moins contraints, revenus patrimoniaux, quasi-taxes, parfois prélevés directement par les temples, mais souvent affermés ou à prélèvement indirect... Dans ces conditions, afin de clarifier ce qui, dans les différentes pratiques attestées par les sources, relève de la fiscalité, les historiens peuvent trouver intérêt à dialoguer avec les économistes. Tel est l’objet de ce texte, rédigé en commun par une historienne s’intéressant tout particulièrement au fonctionnement politique des royaumes grecs, un théoricien de la pensée économique, et une historienne travaillant sur l’économie mésopotamienne.
https://www.lecommercedulevant.com/articles/more/4/1/29708
EXTRAIT Le FMI n’a aucun état d’âme à ce que s’exercent des comportements prédateurs d’ampleur sur une économie nationale. Contrairement à ce qu’il paraît, le FMI n’est pas un organe de régulation est avant tout un syndic de prêteur, travaillant sous l’angle vigilant des Etats-Unis, ce qui rend d’ailleurs parfois très politiques les « aides » qu’il prodigue. On n’a compris : une stagnation de longue durée est le risque même que le FMI fait courir au Liban. C’est pourquoi il n’est pas suffisant que soient chassées les gouvernements corrompus : reprendre son destin, c’est mettre à distance des créditeurs internationaux qui deviendraient de facto les vraies autorités de ce pays. Pour aller plus loin
https://www.academia.edu/41991493/Contre_la_possible_mainmise_du_FMI_un_plan_pour_le_Liban
https://blogs.alternatives-economiques.fr/farah/2019/10/29/soutenir-le-peuple-libanais-une-chance-historique-pour-l-union-europeenne
Extrait : "Il faut cesser de demander aux Libanais de brader leur patrimoine public. Cela implique certes un changement institutionnel : la fin du clientélisme et la liquidation des oligopoles prédateurs qui sont autant politiques qu’économiques. Bien sûr, il ne s’agit pas de fixer ex cathedra et de façon coloniale le nouvel état des choses, mais de créer les conditions de l’autonomie politique d’un peuple. Il faut donc rendre un avenir économique au Liban et aux Libanais. L’Union européenne doit se saisir de cette chance pour se grandir et devenir un acteur stratégique : elle doit cesser de se singulariser par son silence et sa paralysie. A peu de frais, elle peut montrer qu’elle existe enfin dans cette région du monde et se tenir droite et volontaire auprès d’un peuple qui force notre respect à tous".
LIEN URL :
https://www.marianne.net/debattons/tribunes/soutenir-le-peuple-libanais-une-chance-historique-pour-l-union-europeenne
Pour citer ce texte : Jérôme Maucourant, « Transformer la valeur (sociale) en prix (de marché) : sur la résistance du social », in Massimo Vallerani (dir.), Valore delle cose e valore delle persone : dall’Antichità all’Età moderna, Rome, Viella, 2019, pp. 351-368.
Plan
0. Introduction : valeur des personnes et individualisme
1. La personne à l’ère du système de prix (Veblen et le luxe)
1. 1 Comment la question du luxe a disparu
1. 2 Valeur des puissants et consommation ostentatoire
1. 3 Economie de la servitude volontaire
2. Monnaie, échange de bien et statut social : l’apport de Karl Polanyi
2.1 Monnaies précapitalistes et statuts sociaux
2.2 L’échange avant le Grand Marché
2.3 Valeur des groupes et hiérarchie par la monnaie à l’ère contemporaine
3. Conclusion - La résistance du social
EXTRAIT
Nous évoquerons ainsi, dans un premier temps, la perspective adoptée par Thorstein Veblen qui repose, dans des termes nouveaux, la vieille « querelle du luxe » pour montrer, contre le point de vue libéral, son impossible dépassement. En effet, la conception dominante de l’économie s’est construite par un rejet de la pertinence de la notion de luxe, laquelle est porteuse de sens moral et sociaux incompatibles avec ses axiomes. Or, c’est par le luxe que les sociétés manifestent des valeurs sociales dont le prix des choses et leur possession n’est qu’un moyen. Dans un second temps, nous illustrerons une aute perspective sociologique sur l’économie, celle de Polanyi, qui essaie d’articuler monnaies, statuts sociaux et échange ; selon cette conception, la monnaie participe de la reproduction d’un ordre social hiérarchisé, la fonction politique de l’ordre monétaire existant également pour les sociétés capitalistes contemporaine.
https://rdv-histoire.com/intervenants/maucourant-jerome
PLAN
Introduction Etat et marché, institutions antagoniques ?
Montchrestien et l’institution des marchés
Le théorème de Karl Polanyi : « Laissez-faire was planned; planning was not »
Conclusion : la place de l’incalculable
EXTRAIT
Les rapports entre l’Etat et le marché sont souvent posés en termes antagoniques : ainsi, comme l’indique un énoncé de présente table ronde, la question pourrait se trancher du point de vue de l’efficacité, c’est-à-dire de l’évaluation de la qualité respective des productions publiques et privées. Mais, cette façon de poser les termes de la question est bien trop lapidaire, car elle occulte le fait que les critères de l’évaluation sont imprégnés de préconceptions diverses ; elle occulte aussi la raison essentielle, bien mise en évidence dans les attendus de table ronde, à savoir les raisons mêmes de l’ « intervention » de l’Etat dans la vie économique.
Extrait
La notion de juste prix est mobilisée, qu’aujourd’hui encore, par beaucoup de courants de pensée ; même des libéraux ne manquent pas d’user de ce syntagme alors que, comme nous le verrons, l’essence du libéralisme est incompatible avec ce mélange des genres entre morale et économie. La résistance de ce qui semble être une vieillerie médiévale pour nombre d’économistes professionnels - qui vont lui préférer le concept de « prix pertinents » eu égard au bon fonctionnement du marché – pose ainsi un problème redoutable. Soit l’on fait l’hypothèse que l’homme ordinaire n’a pas la connaissance que rend possible la «science économique», unique et véridique3, soit, au contraire, on suppose que cette résistance de l’homme du commun renvoie à quelque chose de beaucoup plus profond : la compréhension spontanée par chacun d’entre nous d’une nécessaire constitution de la société dont chacun est responsable4. De ce point de vue, il n’y a pas à déplorer les effets pervers d’une antique croyance au juste prix mais il convient d’en comprendre les logiques historique et socioéconomique.
Plan
Introduction – l’actualité d’une antiquité
Peut-on rationnellement débattre du juste prix?
Le juste prix : une perspective historique et institutionnelle
Du juste prix à la « valeur raisonnable » et au « marché-rencontre »
Juste prix et bien commun aujourd’hui
Conclusion – Le juste prix de l’animal politique
Introduction – Vers une économie politique du sacré
Sanctuaire et « économie religieuse »
Sacré polythéiste et identité sociale
L’ « économie religieuse » en question
Le sacré à l’ère prédatrice
Nature de l’État ancien
Mode de coopération et rationalité économique
Usages de la monnaie
La monnaie en fragments
Avant le Grand Marché
Conclusion - L’histoire économique comme forum
EXTRAIT
Nous procéderons donc en trois temps. En premier lieu, nous évoquerons quelques traits de la logique même des représentations du sacré (« l’économie religieuse ») et la façon dont cette dimension idéologique peut interagir avec la reproduction matérielle de la société. C’est pourquoi, en second lieu, il sera plus aisé de penser le jeu des articulations – au moins dans des cas très particuliers – entre l’économie sacrée et le grand prédateur : l’État. Enfin, en troisième lieu, l’objet de l’investigation se déplacera sur l’interprétation que l’on peut proposer des usages monétaires et financiers suggérés par les textes.
https://gabrielperi.fr/les-rencontres-de-la-fondation/rencontre-debat-autour-du-livre-sortir-lafrique-de-la-servitude-monetaire-a-qui-profite-le-franc-cfa/
PLAN Introduction - Le retour à une économie politique de la monnaie –
Origines et fonctions de la monnaie
Les usages de la monnaie comme système
Polanyi en Afrique
La monnaie moderne comme institution sociale
L’illusoire autonomie de l’économie révélée par la monnaie
L’impasse de la monnaie sans souveraineté
Retour sur la question de la souveraineté
Le spectre de Jean Bodin
L’actualité paradoxale de Nicolas Oresme
Conclusion – Se libérer de la nouvelle chaîne de l’or
RESUME On s’attachera ici à retracer les grandes étapes de la vie et de la carrière de Karl Polanyi ainsi que la genèse de ses principales idées dans la première partie du XXE siècle marquée à la fois par la survenue de catastrophes majeures et par l’effacement de la première société de marché qui avait pris forme au XIXE siècle.
Sur ce réseau Academia, il y a deux pièces téléchargeable, le livre est la couverture, par ailleurs, autre source de téléchargement
https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00357894
ou
https://sihe.hypotheses.org/files/2021/01/couverture-mode%CC%80le.pdf
RÉSUMÉ
L’économie historique met à l’épreuve de l’histoire des outils issus de la science économique, tout en se fondant sur des notions et connaissances développées par des historiens. La monnaie constitue le thème central de l’ensemble des textes de ce recueil car elle est l’institution qui met le plus en question un certain nombre d’analyses généralement acceptées. Une hypothèse de l’ouvrage est que la monnaie règle le système de création, de circulation et de destruction des dettes, qui ne sont pas forcément d’origene économique. La conception de l’économie historique développée dans ce livre s’inscrit dans une école de pensée dite « institutionnaliste », qui doit beaucoup aux travaux de Veblen, Commons, Mitchell et Polanyi. Dans cette perspective, il ne s’agit pas de valider des raisonnements élaborés a priori, ce qui est typique de l’économie orthodoxe. Cette économie institutionnaliste s’oppose à l’approche « néoinstitutionnaliste », avatar de l’orthodoxie. Elle contribue aussi à dépasser l’opposition entre les approches moderniste et primitiviste, laquelle connaît des formes renouvelées en histoire antique.
Les textes constituant ce recueil abordent, pour une bonne part, des questions propres à l’économie des mondes anciens, comme celle de l’Egypte pharaonique. D’autres illustrent directement les controverses théoriques propres à l’économie historique où, notamment, les apports de Polanyi et son école sont confrontés à des approches concurrentes. A cet égard, la question du troc est abordée de façon centrale dans cet ouvrage, de façon à illustrer la portée d’une analyse qui met au cœur de sa démarche, non pas la figure de l’homme économique, mais bien « l’esprit institutionnalisé » cher à Commons.
Jérôme Maucourant, « Une alternative à la lecture culturaliste : à propos de L’Etat confessionnel de Mahdi Amil », Al Mouaten1, n°39, oct-nov 97, pp. 17-18.
Extrait :
Un débat important de notre modernité concerne les moyens de résoudre les problèmes que poseraient la coexistence des “communautés”, quelles que soient les façons de définir ce terme. Quant aux communautés confessionnelles, l’expérience libanaise est riche d’enseignements. La guerre civile aurait, pour certains, des causes internes, comme l’impossibilité supposée des sociétés multiconfessionnelles à atteindre le modèle laïc dont l’Occident serait le parangon. Pour d’autres, le processus de liquidation des formes politiques héritées de l’empire Ottoman aurait été empêché par une cause principalement externe : le contexte géopolitique très particulier constitué par les conflits israëlo-palestiniens et israèlo-arabes. Le livre de Mahdi Amil a le mérite de constituer une alternative aux explications par trop culturalistes qui enferment le Liban dans l’immobilité supposée d’un Orient imaginaire ; de même, Amil se démarque résolument des interprétations faisant la part trop belle à certaines déterminations géopolitiques qu'on estime capables de manipuler un corps social essentiellement passif.
Jérôme Maucourant et Véronique Taquin , « Les fondements du système français de retraites en question, A propos de L’enjeu des retraites, de Bernard Friot », Revue du MAUSS permanente, 25 octobre 2010 [en ligne] http://www.journaldumauss.net/spip.php?article721
RESUME
Bernard Friot défend une conception du salariat qui n'en fait pas un pur instrument de subordination et d'aliénation du travailleur : il souligne au contraire tout ce qui fait du salariat, accompagné de ses " différentes institutions constitutives " comme la sécurité sociale, la socialisation du salaire ou la qualification personnelle, un moyen d'émancipation qu'il faut défendre et développer. C'est en analysant la retraite comme l'une de ces institutions du salariat émancipateur que l'auteur définit l'enjeu socio-politique attaché à sa défense et c'est dans cet esprit qu'il critique l'argumentaire des opposants de gauche à sa réforme libérale. Entreprise passionnante, et particulièrement utile en un contexte où la gauche paraît non seulement piégée au jeu de l'argumentation libérale sur la question cruciale des retraites, mais de surcroît incapable de construire une véritable alternative économique et politique faute de propositions solides. Toutefois, la vision théorique que Bernard Friot développe à propos de l'économie des retraités n'est pas toujours convaincante et, parfois, très problématique.
RESUME
Aucun thème n'a sans doute plus excité les esprits en sciences sociales que celui de l'origene de l'Etat, sauf peut-être celui de la naissance de la monnaie... sans compter que ces deux questions ont partie liée ! Bien qu'elles soient très nombreuses, les théories prétendant rendre compte de l'émergence de l'Etat sont, très souvent, autant de fruits de la projection rétrospective de penseurs dont la subjectivité est modelée par des contraintes étatiques plurimillénaires. L'angoisse de Hobbes est ainsi plus intéressante pour comprendre le type d'humanité liée à la modernité que pour expliquer la naissance de la monopolisation de la violence. L'œuvre de Pierre Clastres est essentielle à cet égard, car elle s'inscrit dans le fil de la révolution ethnologique de la connaissance des sociétés, typique du siècle dernier, laquelle permet de dépasser l'ethnocentrisme de la philosophie politique traditionnelle ou celui des sociologies empreintes du pesant apriorisme caractéristique du XIXe siècle. Marcelo Campagno nous rappelle ainsi que l'émergence de l'Etat doit être comprise à travers l'anthropologie de Clastres, selon laquelle le fait même de l'Etat est une énigme.
Extrait
"M. Campagno nous rappelle ainsi que l’émergence de l’Etat doit être comprise à travers l’anthropologie de Clastres, selon laquelle le fait même de l’Etat est une énigme. Pour cet auteur, en effet, ce qui caractérise l’être sauvage, c’est justement le refus de l’indistinction entre dominants et dominés ; dans ce cadre, il s’agit de comprendre comment l’envers même de la société primitive, la société à Etat, cet invraisemblable par essence, est devenue la réalité déterminante de l’humanité tardive. Bien sûr, certains opposeront des déterminations démographiques, voire économiques, mais l’examen attentif de ces idées reçues montre que, par exemple, la question démographique est un facteur accentuant la probabilité de la genèse étatique, mais rien de plus : M. Campagno est convaincant à cet égard. Nous insisterions, quant à nous, sur le fait que la contrainte économique invoquée – comme la police des poids et mesure, celle de la propriété – en dit plus sur l’imprégnation de l’esprit bourgeois que sur l’histoire réelle. Bref, pour comprendre cela, s’il faut occulter Clastres, relisons plus Montaigne sur les cannibales et Jean de Léry que Douglass North"
Michele Cangiani, Jérôme Maucourant, "Karl Polanyi : breve biografia intellettuale." DANS Laville, Jean- Louis;La Rosa, Michele;. Ritornare a Polanyi : per una critica all’economicismo ?, Franco Angeli, pp.19-39, 2008, Sociologia del lavoro. halshs-00357862
EXTRAIT Nel 1958, sei anni prima della sua morte, Karl Polanyi scriveva ad un’amica di gioventù: «La mia vita è stata quella del mondo – ho vissuto la vita del mondo umano. [...] La contraddizione, che infine il mio pensiero ha fatto emergere, è un buon segno. Mi sarebbe piaciuto continuare a com- battere, ma l’uomo è mortale» (Duczynska-Polanyi, 2006, p. 313).
Jérôme Maucourant, "De la crise de l'économie à la crise du savoir économique : Le grand retournement de Paul Krugman", 2013. ⟨halshs-00967665⟩
EXTRAIT
Or, ce type de pensée économique, qui se fonde sur un état de la technique et sur le culte du marché, et qui ignore le rôle de l’imagination sociale et des conflits politiques à même d’inventer une autre économie, porte une responsabilité dans les impasses dont nous avons le plus grand mal à sortir aujourd’hui. Le problème gît donc dans cette foi en une « science économique » unifiée : elle constitue un trait essentiel de cette pensée dominante qui structure et qui justifie le monde tel qu'il est par la référence centrale au marché. Un Krugman - et ceux qu’il peut entraîner intellectuellement avec lui - trouveront-ils une sortie de ces impasses? Peut-être, mais cela prendra du temps. Plutôt interroger dès à présent la génération suivante, ce qui pourrait être l’objet de prochains billets.
Jérôme Maucourant, "Le néoinstitutionnalisme tardif et l’histoire économique" Topoi Orient - Occident, 2011, 17, pp.156-178. halshs-00967680
EXTRAIT
La publication de ce magnum opus, la Cambridge Economic History of
the Greco-Roman World (CEHGRW), et le numéro de la revue Topoi, qui lui
est consacré, renouent avec une grande tradition : celle unissant les disciplines
économique et historique. Depuis quelques décennies, en effet, ce lien s’était
distendu ; il semblait, ainsi, dans les années 1990, qu’on ne pouvait plus attendre
beaucoup de la fécondation mutuelle de ces disciplines, telle qu’on pouvait
l’entrevoir, par exemple, à l’époque de Braudel. Or, depuis une décennie, il
apparaît que se renouent ces rapports disciplinaires sur des fondements nouveaux,
notamment l’histoire globale, et le néoinstitutionnalisme (NIE). C’est d’ailleurs
sur la base des travaux de North 3 que les éditeurs de la CEHGRW construisent
la problématique de leur ouvrage. Ils assignent aux auteurs un cadre précis
d’investigation où la « structure des droits de propriétés » et les « coûts de
transaction » sont les éléments cruciaux de la dimension institutionnelle , jugée
essentielle pour rendre compte de la croissance qu’a connue le monde gréco-
romain. L’hypothèse que nous avançons est que, à la différence de l’essor de
l’histoire globale 5, cette référence au néo institutionnalisme est problématique
tant pour l’étude des économies du passé que du présent.
Jérôme Maucourant, "À propos de l'économie des sanctuaires de l'Antiquité : une perspective institutionnaliste", Topoi, volume 12-13/1, 2005. pp. 117-132;
https://www.persee.fr/doc/topoi_1161-9473_2005_num_12_1_1994
EXTRAIT
Trois types d’interrogation traverseront ainsi le présent exposé. Dans quelle mesure l’«!économie divine!» influence-t-elle ou est-elle influencée par l’«!économie des hommes!»! ? Quel type de rationalité, de comportements économiques peut-on observer en étudiant l’économie des sanctuaires!? Enfin, quelle est la place des marchés dans les systèmes économiques considérés!que l’observation des pratiques de l’économie divine peut nous laisser entrevoir ? Pour des raisons de commodité, nous avons divisé notre présentation selon un critère géographique qui renverra, comme nous le verrons, à une certaine hétérogénéité des structures économiques. Notre objet n’est pas vraiment d'exposer un certain nombre de thèses sur l’économie antique, mais plutôt de faire état de quelques questions que suscite la richesse des autres contributions du colloque dont le présent numéro de Topoi rend compte.
Didier Gentet, Jérôme Maucourant, "La question de la monnaie en Egypte ancienne", La Revue du Mauss, 13, pp. 155-164.
RÉSUMÉ
L'anthropologie substantive de Polanyi, qui nous a fourni notre cadre d'analyse de la place de la monnaie dans cette société antique, nous autorise à avancer une troisième proposition. Nous mettrons en évidence le fait que l'économie de l'Egypte ancienne doit être replacée dans la culture de l'époque, et nous avancerons l'hypothèse que la monnaie, oeil du pouvoir économique, instrument de la redistribution, permet l'inscription dans la réalité des finalités non-économiques. Ainsi, la mise à jour des pratiques monétaires de redistribution nous aura permis de mieux cerner ces finalités.
NOTA BENE il y a deux pièces jointes, la seconde est un résumé
URL
https://hal.science/hal-00567063/document
EXTRAIT Ainsi discuterons-nous certaines thèses actuellement admises par l'égyptologie, niant toute forme d'abstraction monétaire ème au II millénaire. La théorie keynésienne de l'histoire monétaire sert de fondement à la seconde hypothèse de notre étude. La monnaie n'est pas une nécessité découlant de l'approfondissement de la division du travail, comme le prétendait Smith : elle est une contrainte socialement instituée, condition sine qua non de la reproduction sociale .
Jérôme Maucourant, « Les limites du capitalisme : penser la crise du néolibéralisme et les failles de la pensée économique avec Karl Polanyi », Lucere - Revista Academica Da Ucan –, Universidade Catolica de Angola, Octubro de 2012.
Extrait
"Mais, bien loin du projet néolibéral et de ses alliés identitaires ou religieux, voire de ses opposants qui ne font que revisiter les formes du vieux fascisme européen, nous pourrions nous saisir de la réalité des catastrophes pour redonner, comme l’a soutenu justement L. Loty, aux fictions utopiques leurs capacités à susciter une imagination alter-réaliste, contre l’optimisme libéral qui nous fait accroire que le monde actuel est le meilleur des mondes. D’une certaine façon, il serait ainsi possible de quitter nos temps postmodernes pour aller vers une altermodernité. F. Jameson a justement caractérisé notre époque finissante « comme celle du déclin de notre historicité, de notre capacité vécue à faire activement l’apprentissage de l’histoire ». Le domaine esthétique est sans doute celui qui avait le plus exprimé ce moment historique, « dépression mélancolique » selon N. Bourriaud, liée au travail de deuil de l’idéologie des progrès techniques, politiques et culturels"
Jérôme Maucourant, "Une lecture de Karl Polanyi", L'Économie politique , 2001/4 (no 12), pages 90 à 106
URL
https://www.cairn.info/revue-l-economie-politique-2001-4-page-90.htm
EXTRAIT
Reste à s’interroger sur la pérennité de la thèse polanyienne à un
moment où la Grande transformation qu’il crut voir à l’œuvre dans les
années 30 est mise à mal : le redéploiement du capitalisme sur des aires
nationales, portant les marques de toutes sortes d’interventionnismes,
semble en effet bien révolu. Mais il convient de comprendre l’enjeu capi-
tal de la démarche de Polanyi : la mise en évidence d’un processus continu
d’autoprotection de la société devant les menaces inhérentes au Grand
Marché. Après 1944, Polanyi insiste sur les dangers d’un totalitarisme de
type nouveau qui serait inhérent à la civilisation technicienne et ses mass
media, et il invoque un droit économiquement fondé à la dissidence dans
une société portée au conformisme. On le voit, la démocratie, pour Polanyi, reste une finalité à accomplir.
EXTRAIT Cet article de 1912 permet à Mitchell de réaliser une synthèse positive de l'influence de Veblen, et de nombreux aspects de la théorie monétaire de Laughlin. La rude critique de Purchasing Power of Money de Fisher permet de fonder l'institutionnalisme contre les thèses mécanistes, et tente d'instaurer un paradigme alternatif. Une autre représentation de la normalité, du mécanisme de la causalité, est pensée par l'institutionnalisme mitchellien. Plus techniquement, la question de la passivité de quelques facteurs classiquement utilisés dans la théorie monétaire, sera discutée. Cette question technique toutefois renvoie fondamentalement à un principe de temporalité, distinct de la conception de temps continu des classiques. Ainsi, la singularité de l'évènement historique redevient une question scientifique.
Jérôme Maucourant, Frédéric Neyrat, "La communauté politique contre le néocapitalisme". Werner, Schönig. Perspectiven institutionnalischer Ökonomik, Lit, pp.111-139, 2001.
URL
https://shs.hal.science/halshs-01018848/document
PLAN
PLAN
Propos liminaires
Pour un refus des formes contemporaines de l’institutionnalisme et un réexamen politique de la question de l’institution
Introduction
Néocapitalisme et biopouvoirs
1.Logique du capitalisme, nouveaux territoires et destructions des souverainetés
1.1 : Retour sur la transnationalisation
1.2 : “ Déterritorialisation ” et “ reterritorialisation ” du Capital :
l’apport de G. Deleuze
1.3 : Le double mouvement à l’heure présente : une lecture de Karl Polanyi
2. Etat, peuple et souveraineté
2.1 : La fin de la souveraineté ?
2.2 : Un retour aux sources de la politique
2.3 : Un réexamen du concept de peuple
2.4 : Au-delà du libéralisme politique
2.5 : Quelle politique (européenne) est (encore possible) aujourd’hui ?
3. Biopolitique et Société de Contrôle
3.1 : Bio-pouvoirs et néototalitarisme
3.3 Biopolitique libérale et contrôle social
Conclusion : Europe, année2.000
Jérôme Maucourant « Karl Polanyi, les marchés et le Marché », Actes du colloque Karl Polanyi et le marché (12 juin 2003), Nanterre, MSH René-Ginouvès/Les Colloques en ligne, 2004.
URL
https://gabrielperi.fr/wp-content/uploads/2019/03/Karl-Polanyi.pdf
EXTRAIT
La troisième journée consacrée à Karl Polanyi le 12 juin 2003 a montré combien la problématique de cet auteur pouvait continuer à nourrir des discussions fécondes. Dans une précédente publication de Rencontres nous avons tenté de montrer la force de la problématique polanyienne que n’entame pas le recours à la théorie dite « des coûts de transaction » et le développement d’un « néomodernisme » pour ce qui est de l’histoire économique du monde antique. Maintenant, il nous semble important de traiter directement de cette question du « marché » qui est sans doute la source origenelle de tant de discordes. En effet, la référence au marché pose de nombreuses difficultés au sein même de la discipline économique qui, dès son origene, s’est voulue la science même des rapports marchands.
Jérôme Maucourant, "L’œuvre de Karl Polanyi en débat. L’itinéraire de Karl Polanyi, d’Hérodote aux Aztèques", 2002, Paris, France. halshs-01018785
NOTA BENE
Publié à l’origene dans Les colloques en ligne (http://www.mae.u-paris10.fr/fx/detail.php?ID=25&query=), non disponible depuis 2010.
PROBLÉMATIQUE
Parmi les multiples thèmes possibles abordés lors de cette rencontre, nous voulons en
privilégier deux :
1/ La théorie des "coûts de transaction" infirme-t-elle les thèses polanyiennes ?
2/ quel statut théorique doit-on donner aux concepts de prix et de marché pour ce qui
est des économies non modernes ?
Jérôme Maucourant, « Une analyse économique de la redistribution est-elle possible - éléments de comparaison entre la ‘‘new institutional economics’’ et l'approche substantive », Topoï, 6, 1996, pp. 131-158.
Url
https://www.persee.fr/doc/topoi_1161-9473_1996_num_6_1_1631
Extrait
" Ainsi, en premier lieu, nous rappellerons la spécificité de la démarche substantive, qu'on ne saurait réduire à un pur primitivisme, pour montrer l'intérêt de disposer d'un concept de redistribution. Ensuite, quelques postulats et acquis de la “new institutional economics” (NIE) seront évoqués afin de mieux mettre en évidence les contributions de North et Silver qui s'articulent explicitement aux propos de Polanyi. L'analyse des formes redistributives, propre à la N. I. E, est toutefois ambivalente : une certaine pertinence des mécanismes mis en avant par l'approche substantive est parfois reconnue (North) ; dans d'autre cas, il est pratiqué une dénégation qui n'est pas toujours dénuée d'ambiguïtés (Silver). Cette oscillation témoigne de certaines difficultés méthodologiques qui empêchent encore, nous semble-t-il, de parler d'un paradigme alternatif à la vision
des économies antiques4 développée dans le sillage de l'approche substantive".
RESUME
La crise que traverse le capitalisme occidental devrait avoir une conséquence théorique immédiate : contester les énoncés de la « science économique » dominante, qui se glorifie d’être une science, alors qu’elle est avant tout un outil performatif du capitalisme transnational dont la puissance ne réside pas dans la caractère « autorégulateur » des marchés concurrentiels, mais dans sa capacité à dévaluer le travail humain et nier les formes de vie. Ceci implique d’en revenir à la problématique de l’ « économie politique », qui part des fondements sociaux et institutionnels rendant possible la création de richesses. Mais, le passage au postcapitalisme, que peut précipiter la catastrophe dite « écologique », devrait aussi impliquer de repenser à nouveaux frais le concept de capitalisme lui-même. Le propos de l’article est ainsi d’opposer le vieux principe capitaliste au système capitaliste, lequel est donc nouveau et contingent, ce qui est intéressant dans une perspective postcapitaliste. Certes, la puissance du « capitalisme rationnel » inventé par l’Occident est remarquable mais sa dynamique même le conduit à une irrationalisation profonde de la vie sociale et, in fine, économique, du fait que le « fétichisme de la liquidité » est devenu son principe organisateur. Et c’est paradoxalement à l’émergence de formes autres de capitalisme, qui ont adapté et actualisé, comme en Chine, les vieux principes du « capitalisme politique » à la Weber, que mondialisation a été possible Sans les marchés créés par le capitalisme occidental, la mondialisation n’eût certes pas été possible, mais sans la diversité des capitalisme elle n’aurait pas pu se poursuivre. L’inquiétant convergence de ce processus capitaliste est liquidation de l’idée même de contrôle démocratique de l’économie.
EXTRAIT
La compréhension des capitalismes implique celle des formes de l’Etat qui les structurent et, également, des rapports que les sociétés entretiennent avec l’idée de richesse et de souveraineté. Le décentrement que nous suggérons n’est pas vraiment plus grand que celui que pratique l’historien du capitalisme en Occident, qui étudie des mentalités collectives, des systèmes juridiques, des rapports sociaux très différents de ceux qui nous sont devenus familiers. Reprenant une dénomination classique, nous qualifierons de patrimoniale la forme de l’Etat, dès lors qu’une couche sociale le contrôle, confondant logiques privée et logique publique. Cette couche peut être une parentèle, une caste militaire ou bureaucratique, une ethnie, une confession ou encore un groupe identifié à un territoire, même si l’idéologie peut habiller l’exercice de sa domination des beaux atours du bien commun. Notons, à cet égard que, si la récente richesse chinoise n’est pas, évidemment, le seul fruit du système politique, il faut convenir que la forme de l’Etat chinois est différente de la forme que l’Occident a promue. Dans le cas iranien, où l’existence d’une rente importante favorise la nature politique du capitalisme, on observe une économie très structurée par des pratiques oligopolistiques, lesquelles sont essentielles à l’équilibre sociopolitique.
Pour citer cet article : Jérôme Maucourant, « La pensée économique à l’épreuve de la crise de 2008 », pp. 465-492 dans J. P. Potier dir., Les marmites de l’histoire - mélanges en hommage à Pierre Dockès, Classique Garnier, 2014.
EXTRAIT La perpétuation, spécialement en Europe, des logiques libérales au sein des politiques économiques, deux années après la crise de 2008, peut surprendre. À côté d’une façon de « keynésianisme du désastre », que l’on tente d’occulter ou d’abandonner, parce que le fétiche de la « reprise » semble paraître ou que les dettes publiques semblent excessives désormais, les offensives visant à la réduction des sphères publiques ont repris de la vigueur. Le FMI reprend son rôle de syndic de la banque internationale et les velléités de réglementation de la finance sont presque oubliées. À la déflation du public s’ajoute l’amoindrissement du commun : comme jamais, les lieux du commun se réduisent à mesure que s’utilisent à l’excès les ressources naturelles et que se constatent les irréversibilités environnementales. Tel est, sans doute, le prix à payer pour que la croissance des pays « émergents » ranime le Capital défaillant. Sans doute, mais pas seulement.
Il est essentiel de prendre en compte un effet de rémanence idéologique. Le libéralisme, comme culture, s’est enraciné depuis deux siècles ; il possède, à l’image du discours religieux, une capacité étonnante à immuniser les consciences collectives des chaos du monde réel qu’il contribue à produire et entretenir. Sans ce ciment qui unit les consciences, le capitalisme ne tiendrait pas longtemps. Un aspect de cette culture nous concerne précisément : la croyance en une « science économique », fiction qui rationalise, organise et justifie notre monde à partir de la référence centrale au « marché ». En ce sens, une part des productions savantes a une fonction mythopoiétique. D’où l’effet en retour que l’on doit signaler : si des mythes économiques contribuent à construire le monde, il faut les identifier comme tels et, finalement, alimenter la controverse sur le soubassement d’une science construite sur la centralité du marché. Cette place occupée par le marché a un avantage important dans le champ académique : négliger la puissance structurante du Capital. L’obsession du marché, en effet, revient à méconnaître la force d’un rapport social spécifique de séparation, ce qui est la marque de fabrique de l’idéologie ordinaire unissant dans le règne de l’idéel ce qui est séparé dans l’empire du matériel.
Nous ferons donc, en premier lieu, une brève esquisse de ce qui fut « l’impérialisme de l’économie » des années 1970-1990, mouvement poussant l’économie « hors d’elle-même » et approfondissant l’autonomie supposée de celle-ci vis-à-vis des autres sciences sociales. En conséquence, il s’est constitué une clôture de la théorie, qui s’est immunisée contre nombre de faits : on prétend encore que la solution à la crise actuelle est l’institution de nouveaux marchés et la liquidation de tout ce qui peut s’apparenter à des garanties de l’Etat. Ces mécanisme de défense surgissent avec une vigueur qu’on ne lui avait pas connue depuis les années 1930, même s’il faisait quelques années que les crises mineures du capital mondialisé, celles des années 1990, suscitaient semblable tropisme.
Ensuite, nous aborderons, successivement, l’étude de fragments révélateurs de trois importants économistes contemporains, dans le dessein d’illustrer que l’occultation du Capital, au profit du marché ou de ses simulacres, implique des impasses. Comme le prix « en mémoire d’Alfred Nobel » (offert par la Banque de Suède) est la distinction qu’affectionnent les économistes du courant dominant, nous choisirons donc d’évoquer quelques aspects des travaux de North, Stiglitz et Krugman. Bien que le triomphe de la « mentalité de marché » ait durablement ossifié le travail de nombreux économistes, ces économistes de renom se sont autorisés quelques émancipations révélatrices vis-à-vis de carcans longtemps respectés. Ce sont les graves dérives de la science économique qui les ont conduits à prendre leur distance vis-à-vis de discours ou de pratiques, lesquels, risquaient, à terme, de discréditer leur idéal scientifique. Stiglitz et Krugman sont assurément les plus critiques sur l’idéologie dominante imprégnant la grande majorité de leurs collègues , North prétendant, de façon moins hérétique, construire un cadre qui englobe la théorie néoclassique, de façon à rendre compte du changement. Néanmoins, le fait est que tous, à leur façon, redécouvrent la question politique, sans s’engager réellement sur la voie de l’économie politique qu’il nous faut distinguer de la science économique, structurée par une logique formaliste .
Avant de conclure sur la nécessité d’aller au-delà de l’offre et de la demande, nous évoquerons une pensée française dans la mondialisation : Pierre Dockès s’inquiète de ce que la peur de la mondialisation ne soit que l’expression d’une peur régressive de l’altérité. Cette crainte sérieuse ne devrait-elle pas, pourtant, nous faire oublier que le « protectionnisme social et écologique » a des forts arguments en sa faveur, notamment dans l’Europe de ce début de siècle ?
RESUME L’hypothèse de l’article est la suivante : il n’est pas possible de parler rigoureusement d’un concept de « marché » en science économique, car ce concept est en réalité une notion floue, au mieux ambivalente. En revanche, le recours à d’autres sciences sociales, comme l’histoire et la sociologie, peuvent aider à la construction d’un concept de marché. Ainsi, le travail de Karl Polanyi et les travaux d’historiens contemporains, notamment ceux d’Alain Guéry, semblent utiles pour mieux distinguer le marché propre à la « société de marché » au sens de Polanyi des marchés caractéristiques des économies archaïques ou d’Ancien régime. L’histoire des idées et la réhabilitation du travail de Montchrestien, contre le jugement hâtif de Schumpeter, est mobilisée pour illustrer l’hypothèse de l’article. Il est enfin suggéré que ni l’approche en terme d’équilibre général, ni les travaux d’Israël Kirzner n’ont eu de valeur heuristique en ce qui concerne la présente problématique."
Jérôme Maucourant, « Un retour des capitalismes politiques ? », Economies et sociétés (Cahiers de l’ISMEA), série « Histoire de la pensée économique », n°6, 2013, pp. 995-1017.
Résumé :
Les incertitudes économiques actuelles constituent une incitation à revenir sur le concept de capitalisme. Le propos de l’article est ainsi d’opposer le vieux principe capitaliste au système capitaliste. Certes, la puissance du « capitalisme rationnel », inventé par l’Occident, est remarquable, mais sa dynamique même le conduit à des contradictions profondes, au moment où triomphe le « fétichisme de la liquidité ». Paradoxalement, l’émergence de formes alternatives de capitalisme, adaptant et actualisant, comme en Chine, les vieux principes du « capitalisme politique » à la Weber, a rendu possible la mondialisation. Sans les marchés créés par le capitalisme occidental, la mondialisation n’eût certes pas été possible, mais, sans la diversité des capitalismes, elle n’aurait pas pu se poursuivre. L’articulation de ces deux formes de capitalisme contribue à affaiblir la possibilité de contrôle démocratique de l’économie.
Mots-clefs : capitalisme politique, capitalisme rationnel, institutions, mondialisation, Weber
TITRE ORIGINAL "Note à l’intention de son Excellence, Monsieur l’Ambassadeur du Liban auprès de l’Union Européenne"
Il s'agit du support donné à une conférence à Beyrouth en 2015 qui est enregistrée, voir https://www.dailymotion.com/video/x3zmqik