À partir de l'évidence que notre existence nous implique entièrement dans l'être, les cas limites... more À partir de l'évidence que notre existence nous implique entièrement dans l'être, les cas limites rapportés par Levinas mettent en évidence une relation d'écrasement sous un être impersonnel, ce qu'il qualifiera dans Totalité et infini, de « sans visage » (TI p. 151). Le malaise chez Levinas est suscité par la relation avec un être anonyme qui m'empêche d'exister en tant que quelqu'un, par son pouvoir anonymisant, me renvoyant à la seule dimension ontologique. Car, en effet, l'être qui m'envahit dans le malaise n'est pas un quelqu'un et il n'a que sa masse pour compresser le quelqu'un que moi je soutiens.
La fin de vie, loin de pouvoir se réduire à quelque considération d’ordre formel, met en exergue ... more La fin de vie, loin de pouvoir se réduire à quelque considération d’ordre formel, met en exergue le caractère exceptionnel de l’humain. Dans ce moment de la vie, la personne ne trouve plus l’espoir d’une amélioration quant à son état, et toutes les possibilités de se dominer soi-même s’éteignent une à une, laissant émerger une position d’impuissance. À ce point de dessaisissement de l’existence, quelle position peut occuper l’accompagnant ? Dans cette impuissance partagée, quelle est la place réservée à la famille, aux soignants, aux malades ?
C’est à ces questions que les auteurs de cet ouvrage, acteurs de la santé, psychologues, philosophes, chercheurs impliqués dans les soins palliatifs, tentent de répondre, en croisant leurs disciplines et leurs regards. Plus particulièrement, ils se penchent sur ce moment où plus aucun remède n’est possible, et sur la façon dont la situation peut continuer à signifier quelque chose pour toutes les personnes concernées. Chaque acteur de ce moment critique contribue, d’une manière ou d’une autre, à la qualité de l’accompagnement. Les auteurs s’interrogent aussi sur les dispositifs qui règlent les droits des patients en fin de vie, ces mesures demeurant pourtant insuffisantes. Ils observent ainsi les multiples situations vécues dans le secteur des soins palliatifs et œuvrent à dessiner une éthique de l’accompagnement où patients, proches, professionnels seraient pris en compte à part égale.
Sommaire :
PREMIÈRE PARTIE – Fin de vie et réflexion éthique : Sur la portée humaine du geste de soin (Flora Bastiani) • Fonder une éthique de conviction sur la responsabilité (Christophe Pacific)
DEUXIÈME PARTIE – Fin de vie et relation de soin : Souffrance, sédation et demande de mort (Christian Cazottes et Nicolas Saffon) • L'endroit à partir duquel quelqu'un m'appelle. Dialogue avec une infirmière spécialisée en soins palliatifs (Yasuhiko Murakami) • (Le soin, vulnérabilités et humanité (Marie-Claude Vallejo)
TROISIÈME PARTIE – Fin de vie et bientraitance : La bientraitance dans l’accompagnement de fin de vie, une exigence éthique (Nadia Péoc’h) • Accompagnement et bientraitance : réflexion sur une posture professionnelle (Michèle Saint-Jean et Nadia Péoc’h) • Un accompagnement pavé de bonnes intentions (Pascale Gabsi)
QUATRIÈME PARTIE – Fin de vie et société : Les représentations sociales des soins palliatifs (Lionel Dany, Éric Dudoit, Sébastien Salas et Florence Duffaud) • Technosciences et fin de vie, la médicalisation du mourir (Émilie Gilbert-Fontan) • La mort saisit le vif (Yannis Constantinidès)
Avec la question de l’altérité et de son événement dans la vie subjective comme toile de fond, ch... more Avec la question de l’altérité et de son événement dans la vie subjective comme toile de fond, chaque contributeur ouvre une voie d’approche pour redéfinir et surtout réinterpréter la frontière entre l’intériorité et l’extériorité, soit la limite qui permet à l’humain de trouver sa place dans le monde. Les concepts fondamentaux de Henry, Levinas et Maldiney qui émergent de façon récurente dans ce parcours, apparaissent comme autant de repères qu’il est toujours nécessaire d’interroger, de sonder et d’éprouver. Ainsi les thèmes classiques empruntés à la philosophie française du vingtième siècle sont ici saisis et mis en question dans la poursuite de la méthode phénoménologique, et dans l’ouverture de nouvelles questions.
Comité scientifique :
Michel Dupuy, Raphaël Gély, Jean-Christophe Goddard, Jean Leclercq, Thomas Nenon, Karel Novotný, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis et László Tengelyi.""
Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi ... more Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi paraît irrémédiablement tourné vers lui-même et seulement préoccupé par son propre bien-être ; tandis que d'autres textes présentent un moi complètement tendu vers autrui, et prêt à se sacrifier pour lui. Levinas retrace l'entrée du sujet dans l'éthique comme le passage de l'un à l'autre de ces états. Cet ouvrage propose de lire Levinas à partir de l'étrangeté de ce saut qualitatif du moi en direction de l'autre.
Être un sujet J'ai voulu me questionner ici sur ce qui constitue pour moi un aspect important de ... more Être un sujet J'ai voulu me questionner ici sur ce qui constitue pour moi un aspect important de la réflexion d'Autrement qu'être : la pensée de la subjectivité. Que signifie être un sujet dans Autrement qu'être ? Ce n'est bien entendu pas une question à laquelle on peut répondre par une définition -ce qui fait d'elle une question philosophique probablement. Cette subjectivité qui peut sembler comme allant faussement de soi ou au contraire complétement extravagant dans une première lecture, selon la position de départ. J'ai puisé dans mes souvenirs de lecture, dans ma première expérience de ce texte de Levinas, et je me suis rappelée ne pas l'avoir toujours entendu de la même manière - depuis ma culture ni Dieu ni Maître (on disait alors ni Dieu ni Maître même nageur) le mode d'existence subjective proposée par Autrement qu'être m'était peu compréhensible, d'autant plus que ce qui m'avait intéressée, comme aujourd'hui, était l'idée de créature. Au départ Créature semblait presque un gros mot ! et j'ai pu expérimenter que je n'étais pas une exception (…). Prononcer ce mot devait des non-lévinassiens, c'est courir le risque d'avoir l'air suspect. Mais avant de parler de créature, c'est au sujet que cet exposé s'intéressera. Je me suis approchée de la question du sujet avec d'autres interrogations sous--jacentes : Nos enfants nous appartiennent--il ? Nos biens nous appartiennent--ils ? S'appartient--on à soi--même ? Comment entre--t--on dans le monde ? Habituellement, nous sommes enclin à décider pour nous--même ou à partir de nous--même, selon des critères établis avec la force de l'habitude peut--être, avec l'éducation surtout, et un peu grâce à notre force de raisonnement. Lorsque je me demande ce que signifie être un sujet chez Levinas, je ne peux pas prétendre que je le fais hors tout : pour ce qui précède, je suis à l'origene de l'organisation de ce colloque, je me suis engagée à y présenter un papier, sous tout cela il y a bien entendu ma dette envers EL lui--même qui me tient ; pendant l'écriture, il y a ma fille dans mes bras, mon fils qui me pose des questions sur le zéro, les notes que j'ai prises en relisant le livre qui sont rendues illisibles par des dessins juxtaposés, mon chat qui marche sur le clavier de l'ordinateur ; après il y aura l'obligation non--négociable de penser et repenser à ce que j'aurais pu dire autrement, la préoccupation de ne pas en finir avec cette question, et en même temps le devoir de poursuivre d'autres engagements. Dans ce laps aussi, que signifie être un sujet ? On peut l'entendre de différentes manières, on peut l'avoir entendu de différentes manières. La conjonction d'obligations variées qui m'amène à l'écriture ; ou bien l'affirmation à l'encontre des obligations d'ouvrir une brèche, de se révolter en quelque sorte, de revendiquer la possibilité à faire ce que je veux malgré tout ; ou bien encore un flux qui m'imposerait de faire ainsi et pas autrement. Pour poser la question différemment, est--ce que ce que je fais là a trait à ma subjectivité et de quelle manière ? qu'est--ce qui fait que je me retrouve là, aux prises avec des injonctions contradictoires, impossibles ? C'est un exemple simple, quotidien pour un chercheur. Il y aurait des exemples plus cruciaux, plus extraordinaires, mais peut--être qu'on n'en tirerait pas une question très différente : dans ce moment d'entrecroisement des engagements et des devoirs, où suis--
Flora Bastiani Conférence donnée à l'occasion du colloque « Le proche et l'étranger » à Toulouse,... more Flora Bastiani Conférence donnée à l'occasion du colloque « Le proche et l'étranger » à Toulouse, juillet 2016.
Institut catholique de Toulouse, octobre 2015 « La réussite virtuose est une chance, et cette cha... more Institut catholique de Toulouse, octobre 2015 « La réussite virtuose est une chance, et cette chance inouïe est elle--même relative à la misère et à la déréliction fondamentales de l'homme ». Dans ces mots de Vladimir Jankélévitch, rédigés dans son ouvrage Liszt et la rhapsodie.
Pour la victime de la violence, et pour toute personne qui la condamne, la première pensée qui s'... more Pour la victime de la violence, et pour toute personne qui la condamne, la première pensée qui s'impose n'est--elle pas de prendre la fuite ou de faire appel à un acte répressif extérieur ? Mettre hors circuit, déplacer ailleurs. Il s'agit d'une certaine manière de la volonté d'échapper à ce qui a lieu, à ce qui ne devrait pas avoir lieu mais qui advient pourtant. La violence se présente comme l'instant d'une transgression de l'humain, qui consiste à violenter l'autre humain. Cette transgression se prête d'abord à un mouvement de rejet : en sorte que ce qui nie l'humain devient difficile à penser, et d'une certaine manière dangereux : parce que penser l'acte violent consiste à lui donner une place dans la sphère du proprement humain, voire le proprement intime de la conscience. Cependant vivre une expérience de violence a pour conséquence à la fois d'être violenté et d'être encombré par la pensée d'une impossibilité à faire avec la violence qui a pourtant eu lieu. En sorte qu'un acte, restreint à un instant, persiste à travers l'histoire d'une conscience sans qu'il paraisse possible de résoudre le rapport ouvert entre le possible (factuel) et l'impossible (éthique). Aujourd'hui, après avoir déjà réfléchi sur ce rapport du possible et de l'impossible de la violence, je souhaiterais aborder cette question dans l'observation d'un second temps qu'on pourrait appeler une période post--traumatique, en me demandant avec vous ce que signifie la violence pour nous. Je veux dire ce qu'elle signifie véritablement : peut--on lui trouver un sens ? Et cela au risque de lui offrir une place au sein même de ce que l'on protège lorsqu'on espère prendre la fuite -c'est--à--dire notre intimité. Lorsque je parle de violence, il s'agit de porter atteinte à un autre humain. Bien sûr je pense à ma propre expérience de la violence subie, et du gouffre de l'impensable que ce type d'expérience implique durablement. Ceci dit, je crois que cette préoccupation n'est pas marginale, et qu'elle n'appartient pas qu'aux victimes : on ne peux supposer que les transgresseurs se situent, par leur acte, dans une sphère qui ne relève plus de la question. Peut--être même que « rendre justice » pourrait consister à poser la question du sens à l'auteur de violence. Penser que l'agresseur peut se passer de cette question, ou qu'il en est exclu, reviendrait d'une certaine manière à l'exclure de l'humanité, à le situer hors de notre monde. Pourtant la transgression de la violence portée à autrui est courante, et diviser le monde en deux n'apporte aucun réconfort : il m'a semblé en préparant ce texte qu'il paraissait important de retrouver une unité du monde, ou pour le dire autrement, de pouvoir penser la violence à partir de l'humanité, plutôt qu'en l'en excluant. L'exclusion ne signifie rien de plus que la confirmation de l'incompréhension : impossible de dialoguer avec ce qui appartient à un hors--là. Et dans l'impossibilité du dialogue, on ne peut pas espérer reléguer l'événement violent au passé : au contraire, l'impensé revient constamment, ne se laisse ni passer ni dépasser. Ici je ne me réfère pas au refoulé freudien, et je ne tends pas à psychologiser le problème, mais à souligner en quoi ce que l'on appelle « traumatisme » relève bien d'une rupture dans le sens qui entrave l'écoulement du temps -le devenir existentiel --en le tenant rivé. Ce rapport je le tire
Dans le cadre des soins, l’image est souvent associée à la question du diagnostic, qui vient révé... more Dans le cadre des soins, l’image est souvent associée à la question du diagnostic, qui vient révéler quelque chose de la personne soignée, comme si une vérité lui était arrachée. On peut se demander si les images dans les soins sont toujours produites pour fixer un état, pour le décrire d’une manière exhaustive et suffisante, ou encore pour faire se manifester l’évidence de la vérité. Et bien entendu dans cette question de la monstration, il importe de souligner le risque constant de l’oubli de la personne concernée par le soin : l’image pouvant être considérée comme plus parlante que le discours émis par le sujet des soins. Sans pour autant ouvrir par exemple la question de l’effet résultant de l’énoncé du diagnostic par le soignant, nous pourrions nous interroger sur la conséquence de l’usage des images pour le soin lui-même. Plus précisément, en vue de quoi le soin produit des images : est-ce que c’est pour rendre manifeste un diagnostic, pour déterminer le protocole de soin, ou encore pour exercer un acte de soin en propre ? Ainsi soigne-t-on en vue d’une image, comme cela peut sembler être le cas dans ce que l’on appelle l’imagerie médicale – qui admet les résultats du soin par le contrôle imagé d’une progression jusqu’au rétablissement d’une image normalisée ? Considérant que le passage par le diagnostic détermine le protocole de soin, on peut se demander quel type d’intermédiaire se trouve dans cet usage des images : est-ce que l’image porte toujours un caractère impersonnel – en tant que représentation d’un diagnostic à la manifestation neutre – en prenant le risque de faire de la relation soignant-soigné une relation désinvestie car éventuellement déshumanisée ?
À partir de l'évidence que notre existence nous implique entièrement dans l'être, les cas limites... more À partir de l'évidence que notre existence nous implique entièrement dans l'être, les cas limites rapportés par Levinas mettent en évidence une relation d'écrasement sous un être impersonnel, ce qu'il qualifiera dans Totalité et infini, de « sans visage » (TI p. 151). Le malaise chez Levinas est suscité par la relation avec un être anonyme qui m'empêche d'exister en tant que quelqu'un, par son pouvoir anonymisant, me renvoyant à la seule dimension ontologique. Car, en effet, l'être qui m'envahit dans le malaise n'est pas un quelqu'un et il n'a que sa masse pour compresser le quelqu'un que moi je soutiens.
La fin de vie, loin de pouvoir se réduire à quelque considération d’ordre formel, met en exergue ... more La fin de vie, loin de pouvoir se réduire à quelque considération d’ordre formel, met en exergue le caractère exceptionnel de l’humain. Dans ce moment de la vie, la personne ne trouve plus l’espoir d’une amélioration quant à son état, et toutes les possibilités de se dominer soi-même s’éteignent une à une, laissant émerger une position d’impuissance. À ce point de dessaisissement de l’existence, quelle position peut occuper l’accompagnant ? Dans cette impuissance partagée, quelle est la place réservée à la famille, aux soignants, aux malades ?
C’est à ces questions que les auteurs de cet ouvrage, acteurs de la santé, psychologues, philosophes, chercheurs impliqués dans les soins palliatifs, tentent de répondre, en croisant leurs disciplines et leurs regards. Plus particulièrement, ils se penchent sur ce moment où plus aucun remède n’est possible, et sur la façon dont la situation peut continuer à signifier quelque chose pour toutes les personnes concernées. Chaque acteur de ce moment critique contribue, d’une manière ou d’une autre, à la qualité de l’accompagnement. Les auteurs s’interrogent aussi sur les dispositifs qui règlent les droits des patients en fin de vie, ces mesures demeurant pourtant insuffisantes. Ils observent ainsi les multiples situations vécues dans le secteur des soins palliatifs et œuvrent à dessiner une éthique de l’accompagnement où patients, proches, professionnels seraient pris en compte à part égale.
Sommaire :
PREMIÈRE PARTIE – Fin de vie et réflexion éthique : Sur la portée humaine du geste de soin (Flora Bastiani) • Fonder une éthique de conviction sur la responsabilité (Christophe Pacific)
DEUXIÈME PARTIE – Fin de vie et relation de soin : Souffrance, sédation et demande de mort (Christian Cazottes et Nicolas Saffon) • L'endroit à partir duquel quelqu'un m'appelle. Dialogue avec une infirmière spécialisée en soins palliatifs (Yasuhiko Murakami) • (Le soin, vulnérabilités et humanité (Marie-Claude Vallejo)
TROISIÈME PARTIE – Fin de vie et bientraitance : La bientraitance dans l’accompagnement de fin de vie, une exigence éthique (Nadia Péoc’h) • Accompagnement et bientraitance : réflexion sur une posture professionnelle (Michèle Saint-Jean et Nadia Péoc’h) • Un accompagnement pavé de bonnes intentions (Pascale Gabsi)
QUATRIÈME PARTIE – Fin de vie et société : Les représentations sociales des soins palliatifs (Lionel Dany, Éric Dudoit, Sébastien Salas et Florence Duffaud) • Technosciences et fin de vie, la médicalisation du mourir (Émilie Gilbert-Fontan) • La mort saisit le vif (Yannis Constantinidès)
Avec la question de l’altérité et de son événement dans la vie subjective comme toile de fond, ch... more Avec la question de l’altérité et de son événement dans la vie subjective comme toile de fond, chaque contributeur ouvre une voie d’approche pour redéfinir et surtout réinterpréter la frontière entre l’intériorité et l’extériorité, soit la limite qui permet à l’humain de trouver sa place dans le monde. Les concepts fondamentaux de Henry, Levinas et Maldiney qui émergent de façon récurente dans ce parcours, apparaissent comme autant de repères qu’il est toujours nécessaire d’interroger, de sonder et d’éprouver. Ainsi les thèmes classiques empruntés à la philosophie française du vingtième siècle sont ici saisis et mis en question dans la poursuite de la méthode phénoménologique, et dans l’ouverture de nouvelles questions.
Comité scientifique :
Michel Dupuy, Raphaël Gély, Jean-Christophe Goddard, Jean Leclercq, Thomas Nenon, Karel Novotný, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis et László Tengelyi.""
Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi ... more Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi paraît irrémédiablement tourné vers lui-même et seulement préoccupé par son propre bien-être ; tandis que d'autres textes présentent un moi complètement tendu vers autrui, et prêt à se sacrifier pour lui. Levinas retrace l'entrée du sujet dans l'éthique comme le passage de l'un à l'autre de ces états. Cet ouvrage propose de lire Levinas à partir de l'étrangeté de ce saut qualitatif du moi en direction de l'autre.
Être un sujet J'ai voulu me questionner ici sur ce qui constitue pour moi un aspect important de ... more Être un sujet J'ai voulu me questionner ici sur ce qui constitue pour moi un aspect important de la réflexion d'Autrement qu'être : la pensée de la subjectivité. Que signifie être un sujet dans Autrement qu'être ? Ce n'est bien entendu pas une question à laquelle on peut répondre par une définition -ce qui fait d'elle une question philosophique probablement. Cette subjectivité qui peut sembler comme allant faussement de soi ou au contraire complétement extravagant dans une première lecture, selon la position de départ. J'ai puisé dans mes souvenirs de lecture, dans ma première expérience de ce texte de Levinas, et je me suis rappelée ne pas l'avoir toujours entendu de la même manière - depuis ma culture ni Dieu ni Maître (on disait alors ni Dieu ni Maître même nageur) le mode d'existence subjective proposée par Autrement qu'être m'était peu compréhensible, d'autant plus que ce qui m'avait intéressée, comme aujourd'hui, était l'idée de créature. Au départ Créature semblait presque un gros mot ! et j'ai pu expérimenter que je n'étais pas une exception (…). Prononcer ce mot devait des non-lévinassiens, c'est courir le risque d'avoir l'air suspect. Mais avant de parler de créature, c'est au sujet que cet exposé s'intéressera. Je me suis approchée de la question du sujet avec d'autres interrogations sous--jacentes : Nos enfants nous appartiennent--il ? Nos biens nous appartiennent--ils ? S'appartient--on à soi--même ? Comment entre--t--on dans le monde ? Habituellement, nous sommes enclin à décider pour nous--même ou à partir de nous--même, selon des critères établis avec la force de l'habitude peut--être, avec l'éducation surtout, et un peu grâce à notre force de raisonnement. Lorsque je me demande ce que signifie être un sujet chez Levinas, je ne peux pas prétendre que je le fais hors tout : pour ce qui précède, je suis à l'origene de l'organisation de ce colloque, je me suis engagée à y présenter un papier, sous tout cela il y a bien entendu ma dette envers EL lui--même qui me tient ; pendant l'écriture, il y a ma fille dans mes bras, mon fils qui me pose des questions sur le zéro, les notes que j'ai prises en relisant le livre qui sont rendues illisibles par des dessins juxtaposés, mon chat qui marche sur le clavier de l'ordinateur ; après il y aura l'obligation non--négociable de penser et repenser à ce que j'aurais pu dire autrement, la préoccupation de ne pas en finir avec cette question, et en même temps le devoir de poursuivre d'autres engagements. Dans ce laps aussi, que signifie être un sujet ? On peut l'entendre de différentes manières, on peut l'avoir entendu de différentes manières. La conjonction d'obligations variées qui m'amène à l'écriture ; ou bien l'affirmation à l'encontre des obligations d'ouvrir une brèche, de se révolter en quelque sorte, de revendiquer la possibilité à faire ce que je veux malgré tout ; ou bien encore un flux qui m'imposerait de faire ainsi et pas autrement. Pour poser la question différemment, est--ce que ce que je fais là a trait à ma subjectivité et de quelle manière ? qu'est--ce qui fait que je me retrouve là, aux prises avec des injonctions contradictoires, impossibles ? C'est un exemple simple, quotidien pour un chercheur. Il y aurait des exemples plus cruciaux, plus extraordinaires, mais peut--être qu'on n'en tirerait pas une question très différente : dans ce moment d'entrecroisement des engagements et des devoirs, où suis--
Flora Bastiani Conférence donnée à l'occasion du colloque « Le proche et l'étranger » à Toulouse,... more Flora Bastiani Conférence donnée à l'occasion du colloque « Le proche et l'étranger » à Toulouse, juillet 2016.
Institut catholique de Toulouse, octobre 2015 « La réussite virtuose est une chance, et cette cha... more Institut catholique de Toulouse, octobre 2015 « La réussite virtuose est une chance, et cette chance inouïe est elle--même relative à la misère et à la déréliction fondamentales de l'homme ». Dans ces mots de Vladimir Jankélévitch, rédigés dans son ouvrage Liszt et la rhapsodie.
Pour la victime de la violence, et pour toute personne qui la condamne, la première pensée qui s'... more Pour la victime de la violence, et pour toute personne qui la condamne, la première pensée qui s'impose n'est--elle pas de prendre la fuite ou de faire appel à un acte répressif extérieur ? Mettre hors circuit, déplacer ailleurs. Il s'agit d'une certaine manière de la volonté d'échapper à ce qui a lieu, à ce qui ne devrait pas avoir lieu mais qui advient pourtant. La violence se présente comme l'instant d'une transgression de l'humain, qui consiste à violenter l'autre humain. Cette transgression se prête d'abord à un mouvement de rejet : en sorte que ce qui nie l'humain devient difficile à penser, et d'une certaine manière dangereux : parce que penser l'acte violent consiste à lui donner une place dans la sphère du proprement humain, voire le proprement intime de la conscience. Cependant vivre une expérience de violence a pour conséquence à la fois d'être violenté et d'être encombré par la pensée d'une impossibilité à faire avec la violence qui a pourtant eu lieu. En sorte qu'un acte, restreint à un instant, persiste à travers l'histoire d'une conscience sans qu'il paraisse possible de résoudre le rapport ouvert entre le possible (factuel) et l'impossible (éthique). Aujourd'hui, après avoir déjà réfléchi sur ce rapport du possible et de l'impossible de la violence, je souhaiterais aborder cette question dans l'observation d'un second temps qu'on pourrait appeler une période post--traumatique, en me demandant avec vous ce que signifie la violence pour nous. Je veux dire ce qu'elle signifie véritablement : peut--on lui trouver un sens ? Et cela au risque de lui offrir une place au sein même de ce que l'on protège lorsqu'on espère prendre la fuite -c'est--à--dire notre intimité. Lorsque je parle de violence, il s'agit de porter atteinte à un autre humain. Bien sûr je pense à ma propre expérience de la violence subie, et du gouffre de l'impensable que ce type d'expérience implique durablement. Ceci dit, je crois que cette préoccupation n'est pas marginale, et qu'elle n'appartient pas qu'aux victimes : on ne peux supposer que les transgresseurs se situent, par leur acte, dans une sphère qui ne relève plus de la question. Peut--être même que « rendre justice » pourrait consister à poser la question du sens à l'auteur de violence. Penser que l'agresseur peut se passer de cette question, ou qu'il en est exclu, reviendrait d'une certaine manière à l'exclure de l'humanité, à le situer hors de notre monde. Pourtant la transgression de la violence portée à autrui est courante, et diviser le monde en deux n'apporte aucun réconfort : il m'a semblé en préparant ce texte qu'il paraissait important de retrouver une unité du monde, ou pour le dire autrement, de pouvoir penser la violence à partir de l'humanité, plutôt qu'en l'en excluant. L'exclusion ne signifie rien de plus que la confirmation de l'incompréhension : impossible de dialoguer avec ce qui appartient à un hors--là. Et dans l'impossibilité du dialogue, on ne peut pas espérer reléguer l'événement violent au passé : au contraire, l'impensé revient constamment, ne se laisse ni passer ni dépasser. Ici je ne me réfère pas au refoulé freudien, et je ne tends pas à psychologiser le problème, mais à souligner en quoi ce que l'on appelle « traumatisme » relève bien d'une rupture dans le sens qui entrave l'écoulement du temps -le devenir existentiel --en le tenant rivé. Ce rapport je le tire
Dans le cadre des soins, l’image est souvent associée à la question du diagnostic, qui vient révé... more Dans le cadre des soins, l’image est souvent associée à la question du diagnostic, qui vient révéler quelque chose de la personne soignée, comme si une vérité lui était arrachée. On peut se demander si les images dans les soins sont toujours produites pour fixer un état, pour le décrire d’une manière exhaustive et suffisante, ou encore pour faire se manifester l’évidence de la vérité. Et bien entendu dans cette question de la monstration, il importe de souligner le risque constant de l’oubli de la personne concernée par le soin : l’image pouvant être considérée comme plus parlante que le discours émis par le sujet des soins. Sans pour autant ouvrir par exemple la question de l’effet résultant de l’énoncé du diagnostic par le soignant, nous pourrions nous interroger sur la conséquence de l’usage des images pour le soin lui-même. Plus précisément, en vue de quoi le soin produit des images : est-ce que c’est pour rendre manifeste un diagnostic, pour déterminer le protocole de soin, ou encore pour exercer un acte de soin en propre ? Ainsi soigne-t-on en vue d’une image, comme cela peut sembler être le cas dans ce que l’on appelle l’imagerie médicale – qui admet les résultats du soin par le contrôle imagé d’une progression jusqu’au rétablissement d’une image normalisée ? Considérant que le passage par le diagnostic détermine le protocole de soin, on peut se demander quel type d’intermédiaire se trouve dans cet usage des images : est-ce que l’image porte toujours un caractère impersonnel – en tant que représentation d’un diagnostic à la manifestation neutre – en prenant le risque de faire de la relation soignant-soigné une relation désinvestie car éventuellement déshumanisée ?
Dans un article de 1957 intitulé «Une religion d’adultes», Emmanuel Levinas consacre une section ... more Dans un article de 1957 intitulé «Une religion d’adultes», Emmanuel Levinas consacre une section importante à montrer la relation entre sa conception de l’éthique et sa manière de comprendre la théologie. Nous nous appuierons sur ce passage pour tenter de répondre à une question cruciale pour tout lecteur de Levinas: la rencontre du même et de l’Autre, qualifiée d’éthique, peut-elle avoir lieu ? Et la possibilité d’une approche du différent s’ouvre précisément à partir de la théologie, en tant que dimension intermé- diaire où le fini et l’Infini se tiennent à proximité l’un de l’autre.
Afin d’etudier ce qui advient lorsqu’un evenement traumatique a lieu, cet article s’appuie sur un... more Afin d’etudier ce qui advient lorsqu’un evenement traumatique a lieu, cet article s’appuie sur une question centrale : comment survivre ? Cette question signifie que, lorsque la structure du sujet est sur le point de perdre son unite, comme Henri Maldiney l’ecrit, le sujet « est contraint d’etre lui-meme ou d’etre detruit » (1991, p. 321). Nous essaierons de comprendre quelle strategie peut etre adoptee pour faire face a cette necessite de surpasser l’impossible pose par l’evenement. Finalement, les reponses a l’evenement qui sont considerees comme pathologiques seront abordees ici comme autant de strategies de survie.
L’existant se montre preoccupe par sa situation dans le monde, la quete de son bonheur a travers ... more L’existant se montre preoccupe par sa situation dans le monde, la quete de son bonheur a travers ses choix, la repercussion de ses actes sur sa vie et son devenir. Emmanuel Levinas nous apprend a mettre en question cette place premiere accordee comme une evidence au sujet. Notre etude s'est construite autour de la description dressee par Levinas de la capacite d'ouverture du sujet a une nouvelle optique qu'il nomme ethique. En retracant les transformations de la subjectivite dans la philosophie levinassienne, nous avons tente d'eprouver l'affirmation de la possibilite de l'inscription de cet existant tourne vers lui-meme dans le renversement de l'ordre ontologique. Comment retourner l'egologie sur elle-meme, mettre a nu l'intimite, jusqu'a l'offrir a la blessure pour l'autre ? Comment l'ethique levinassienne est-elle possible ? Depuis l'angoisse de l'il y a jusqu'a la substitution d'un pour-l'autre sans limite, le renversement de l'ordre du monde parait a la fois brutal et passionnant. Mais bien plus que le sujet, c'est l'autre qui, malgre son enigmatique retrait, viendra derouler le fil de l'experience ethique : le visage d'autrui, exposant la fragilite et l'interdit de son meurtre, appelant dans sa detresse a repondre de lui, se rencontre comme la cle de la possibilite ethique. Et ce visage de misere, sous le fard du role social, que nous croisons chaque jour sans le voir (l'enfant, le parent, l'etranger) ne nous revele pas seulement notre identite mais surtout nous saisit d'effroi : nous sommes responsables de sa misere, usurpant sa jouissance du monde a chaque instant. De ce visage nait le devoir de l'offrande, jusqu'au pour-l'autre de la maternite et de la paternite. Mais ce desordre de l'autre, fascinante decouverte de la hauteur de l'infini a travers le visage, comment peut-il devenir la possibilite d'un moi contente par son pouvoir sur les choses, jouissant de sa liberte ? Pourquoi ce moi, jete dans le monde, ne pourrait-il pas simplement œuvrer a son propre bonheur ?
Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se d... more Le lecteur d'Emmanuel Levinas peut remarquer que deux descriptions du sujet se dégagent : le moi paraît irrémédiablement tourné vers lui-même et seulement préoccupé par son propre bien-être ; tandis que d'autres textes présentent un moi complètement tendu vers autrui, et prêt à se sacrifier pour lui. Levinas retrace l'entrée du sujet dans l'éthique comme le passage de l'un à l'autre de ces états. Cet ouvrage propose de lire Levinas à partir de l'étrangeté de ce saut qualitatif du moi en direction de l'autre.
En proposant de penser la rencontre de l’imprevisible, Flora Bastiani et Svetlana Sholokhova ont ... more En proposant de penser la rencontre de l’imprevisible, Flora Bastiani et Svetlana Sholokhova ont rassemble dans le present ouvrage des articles aux analyses variees. Avec la question de l’alterite et de son evenement dans la vie subjective comme toile de fond, chaque contributeur ouvre une voie d’approche pour redefinir et surtout reinterpreter la frontiere entre l’inte- riorite et l’exteriorite, soit la limite qui permet a l’humain de trouver sa place dans le monde. Les concepts fondamentaux de Henry, Levinas et Maldiney qui emergent de facon recurrente dans ce parcours, apparaissent comme autant de reperes qu’il est toujours necessaire d’interroger, de sonder et d’eprouver. Ainsi les themes classiques empruntes a la philosophie francai- se du vingtieme siecle sont ici saisis et mis en question dans la poursuite de la methode phenomenologique, et dans l’ouver- ture de nouvelles questions. Ou situer la relation avec l’autre dans le processus de forma- tion du sujet ? Qu’apporte cett...
Dans cette contribution, la question de la situation – et plus précisément de la contrainte à êtr... more Dans cette contribution, la question de la situation – et plus précisément de la contrainte à être situé – sera mise en regard de celle, majeure, de la liberté. Afin de clarifier les relations entre ces termes, le cas de la contention physique en psychiatrie constituera le fil conducteur de cette réflexion. L’analyse trouvera un appui théorique important dans l’œuvre d’Emmanuel Levinas, permettant d’aborder la notion de fait. Et, partant de cette détermination, s’ouvrira la possibilité du langage, comme une alternative à la seule dimension de l’être et du fait.
Sous la direction de Flora Bastiani
Bergson, Jankélévitch et Levinas ont en commun d'avoir marqu... more Sous la direction de Flora Bastiani Bergson, Jankélévitch et Levinas ont en commun d'avoir marqué la philosophie européenne du xx e siècle. En plus de leurs oeuvres respectives, ils ont tous les trois entretenu des liens manifestes à la fois dans leurs textes et dans leurs biographies. De ce trio, on ne peut pas dire que Bergson, philosophe pourtant déjà installé dans le paysage intellectuel français, prenne la place privilégiée du maître. Ni Jankélévitch, ni Levinas n'ont été, à proprement parler, ses élèves, cepen-dant une relation étroite s'est instaurée entre eux, marquée non pas par une posture de déférence, mais par des préoccupations conceptuelles partagées ainsi qu'un travail engagé sur des questions communes. Les pensées de Jankélévitch et Levinas sont liées par un même franc retrait vis-à-vis de la majorité des courants philosophiques dominants à leur époque, notamment la vogue existentialiste. N'adhérant pas à cette tendance, Jankélévitch et Levinas se tournent vers Bergson pour saisir l'inactualité des questions posées par sa pensée ; plutôt que la restitution de ses thèses, leurs interactions reposent sur un véritable dialogue dans lequel chacun apporte une variation nouvelle. Ces trois philosophes seront finalement réunis par le partage de questions fondamentales, qui résistent à la compréhension et qui s'ouvrent au souci de l'expérience proprement humaine : métaphysique, morale, temps. Bergson, Jankélévitch et Levinas, trois philosophes français marqués par une même inquiétude face à la dégradation de l'humain ; trois moments qui forment une ligne de pensée discrète mais irradiant la philosophie contemporaine, révélée après-coup par les suites qu'elle a autorisées. Le présent ouvrage tend à mettre en évidence cette situation, à la fois décalée en son temps et marquante par sa postérité.
Lecture de la section « La gloire de l'infini » dans Autrement qu'être ou au-delà de l'essence La... more Lecture de la section « La gloire de l'infini » dans Autrement qu'être ou au-delà de l'essence La thématique du témoignage n'apparaît pas d'une manière marginale dans l'oeuvre d'Emmanuel Levinas. Cependant qu'elle traverse ses textes, notamment Autrement qu'être, il paraît intéressant de l'aborder par son point culminant, à savoir la section « La gloire de l'infini » qui lui est dédiée. Cette section intervient dans les dernières pages d'Autrement qu'être, qui exposent la dernière philosophie de Levinas. L'explication que je proposerai s'appuie donc sur l'ensemble de l'histoire racontée par Levinas au fil de ses livres, histoire qui se maintient malgré un changement d'orientation sur lequel je reviendrai. Il paraît important de souligner la position de ce texte afin de dire à quel point il rassemble l'extrémité d'une pensée, et donc se pose au lecteur dans une complexité certaine. Levinas rassemble ici des idées qu'il a passé toute la durée de son oeuvre à concevoir (c'est-à-dire, au moment d'Autrement qu'être, 38 ans). Je tenterai donc une lecture qui, quoiqu'il en soit, sera trop brève pour rendre justice à la pensée que Levinas expose dans ces pages.
L'ouvrage est composé de deux parties : trois textes de Maldiney, dont le texte inédit d'une conf... more L'ouvrage est composé de deux parties : trois textes de Maldiney, dont le texte inédit d'une conférence prononcée en 2006, et un ensemble de onze articles sur la philosophie de Maldiney.
Paris : Editions Michèle, collection « Je est un autre », janvier 2012. L'enjeu de cet ouvrage es... more Paris : Editions Michèle, collection « Je est un autre », janvier 2012. L'enjeu de cet ouvrage est d'approcher et de décrire la manière par laquelle le psychanalyste d'orientation lacanienne peut mener un travail auprès des personnes atteintes de psychoses. L'entreprise d'un travail sur la parole auprès d'un sujet psychotique présente des particularités que l'auteur déploie notamment à travers l'usage de vignettes cliniques plus ou moins détaillées. Loin de tenter d'élaborer un manuel, l'auteur souligne qu'aucune des réponses singulières qu'il a pu faire face à un sujet ne peut valoir pour règle. La direction du livre se trouve à l'inverse dans la description d'une position d'accueil de la parole, où tout savoir se maintient à l'horizon, sans retournement de la relation en rapport.
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Books by Flora Bastiani
C’est à ces questions que les auteurs de cet ouvrage, acteurs de la santé, psychologues, philosophes, chercheurs impliqués dans les soins palliatifs, tentent de répondre, en croisant leurs disciplines et leurs regards. Plus particulièrement, ils se penchent sur ce moment où plus aucun remède n’est possible, et sur la façon dont la situation peut continuer à signifier quelque chose pour toutes les personnes concernées. Chaque acteur de ce moment critique contribue, d’une manière ou d’une autre, à la qualité de l’accompagnement. Les auteurs s’interrogent aussi sur les dispositifs qui règlent les droits des patients en fin de vie, ces mesures demeurant pourtant insuffisantes. Ils observent ainsi les multiples situations vécues dans le secteur des soins palliatifs et œuvrent à dessiner une éthique de l’accompagnement où patients, proches, professionnels seraient pris en compte à part égale.
Sommaire :
PREMIÈRE PARTIE – Fin de vie et réflexion éthique : Sur la portée humaine du geste de soin (Flora Bastiani) • Fonder une éthique de conviction sur la responsabilité (Christophe Pacific)
DEUXIÈME PARTIE – Fin de vie et relation de soin : Souffrance, sédation et demande de mort (Christian Cazottes et Nicolas Saffon) • L'endroit à partir duquel quelqu'un m'appelle. Dialogue avec une infirmière spécialisée en soins palliatifs (Yasuhiko Murakami) • (Le soin, vulnérabilités et humanité (Marie-Claude Vallejo)
TROISIÈME PARTIE – Fin de vie et bientraitance : La bientraitance dans l’accompagnement de fin de vie, une exigence éthique (Nadia Péoc’h) • Accompagnement et bientraitance : réflexion sur une posture professionnelle (Michèle Saint-Jean et Nadia Péoc’h) • Un accompagnement pavé de bonnes intentions (Pascale Gabsi)
QUATRIÈME PARTIE – Fin de vie et société : Les représentations sociales des soins palliatifs (Lionel Dany, Éric Dudoit, Sébastien Salas et Florence Duffaud) • Technosciences et fin de vie, la médicalisation du mourir (Émilie Gilbert-Fontan) • La mort saisit le vif (Yannis Constantinidès)
Comité scientifique :
Michel Dupuy, Raphaël Gély, Jean-Christophe Goddard, Jean Leclercq, Thomas Nenon, Karel Novotný, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis et László Tengelyi.""
Talks by Flora Bastiani
Papers by Flora Bastiani
C’est à ces questions que les auteurs de cet ouvrage, acteurs de la santé, psychologues, philosophes, chercheurs impliqués dans les soins palliatifs, tentent de répondre, en croisant leurs disciplines et leurs regards. Plus particulièrement, ils se penchent sur ce moment où plus aucun remède n’est possible, et sur la façon dont la situation peut continuer à signifier quelque chose pour toutes les personnes concernées. Chaque acteur de ce moment critique contribue, d’une manière ou d’une autre, à la qualité de l’accompagnement. Les auteurs s’interrogent aussi sur les dispositifs qui règlent les droits des patients en fin de vie, ces mesures demeurant pourtant insuffisantes. Ils observent ainsi les multiples situations vécues dans le secteur des soins palliatifs et œuvrent à dessiner une éthique de l’accompagnement où patients, proches, professionnels seraient pris en compte à part égale.
Sommaire :
PREMIÈRE PARTIE – Fin de vie et réflexion éthique : Sur la portée humaine du geste de soin (Flora Bastiani) • Fonder une éthique de conviction sur la responsabilité (Christophe Pacific)
DEUXIÈME PARTIE – Fin de vie et relation de soin : Souffrance, sédation et demande de mort (Christian Cazottes et Nicolas Saffon) • L'endroit à partir duquel quelqu'un m'appelle. Dialogue avec une infirmière spécialisée en soins palliatifs (Yasuhiko Murakami) • (Le soin, vulnérabilités et humanité (Marie-Claude Vallejo)
TROISIÈME PARTIE – Fin de vie et bientraitance : La bientraitance dans l’accompagnement de fin de vie, une exigence éthique (Nadia Péoc’h) • Accompagnement et bientraitance : réflexion sur une posture professionnelle (Michèle Saint-Jean et Nadia Péoc’h) • Un accompagnement pavé de bonnes intentions (Pascale Gabsi)
QUATRIÈME PARTIE – Fin de vie et société : Les représentations sociales des soins palliatifs (Lionel Dany, Éric Dudoit, Sébastien Salas et Florence Duffaud) • Technosciences et fin de vie, la médicalisation du mourir (Émilie Gilbert-Fontan) • La mort saisit le vif (Yannis Constantinidès)
Comité scientifique :
Michel Dupuy, Raphaël Gély, Jean-Christophe Goddard, Jean Leclercq, Thomas Nenon, Karel Novotný, Jean-François Rey, Jean-Michel Salanskis et László Tengelyi.""
Bergson, Jankélévitch et Levinas ont en commun d'avoir marqué la philosophie européenne du xx e siècle. En plus de leurs oeuvres respectives, ils ont tous les trois entretenu des liens manifestes à la fois dans leurs textes et dans leurs biographies. De ce trio, on ne peut pas dire que Bergson, philosophe pourtant déjà installé dans le paysage intellectuel français, prenne la place privilégiée du maître. Ni Jankélévitch, ni Levinas n'ont été, à proprement parler, ses élèves, cepen-dant une relation étroite s'est instaurée entre eux, marquée non pas par une posture de déférence, mais par des préoccupations conceptuelles partagées ainsi qu'un travail engagé sur des questions communes. Les pensées de Jankélévitch et Levinas sont liées par un même franc retrait vis-à-vis de la majorité des courants philosophiques dominants à leur époque, notamment la vogue existentialiste. N'adhérant pas à cette tendance, Jankélévitch et Levinas se tournent vers Bergson pour saisir l'inactualité des questions posées par sa pensée ; plutôt que la restitution de ses thèses, leurs interactions reposent sur un véritable dialogue dans lequel chacun apporte une variation nouvelle. Ces trois philosophes seront finalement réunis par le partage de questions fondamentales, qui résistent à la compréhension et qui s'ouvrent au souci de l'expérience proprement humaine : métaphysique, morale, temps. Bergson, Jankélévitch et Levinas, trois philosophes français marqués par une même inquiétude face à la dégradation de l'humain ; trois moments qui forment une ligne de pensée discrète mais irradiant la philosophie contemporaine, révélée après-coup par les suites qu'elle a autorisées. Le présent ouvrage tend à mettre en évidence cette situation, à la fois décalée en son temps et marquante par sa postérité.