Introduction
Mil, démographie et
sécurité alimentaire au Niger
Les recherches sur la diversité, la conservation et la valorisation des
ressources génétiques des mils doivent être à l'évidence replacées
dans un contexte plus large que celui de la recherche génétique. En
effet, le mil est cultivé exclusivement dans des zones semi-arides et
arides et dans des régions et pays pauvres, à forte croissance démographique, qui sont pour la plupart en situation d'insécurité alimentaire chronique. De ce fait, le mil et ses diverses variétés se trouvent
au centre d'enjeux planétaires importants tels que le réchauffement
de la planète, la faim dans le monde, l'aide alimentaire et l'aide au
développement, et le développement même des pays les moins
avancés.
Si le réchauffement annoncé de la planète devait s'accompagner
d'une extension majeure des zones semi-arides et arides, ainsi que
plusieurs modèles le prédisent, le mil pourrait bien devenir l'un des
instruments majeurs de la lutte contre la sécheresse. Tout d'abord,
sa zone de culture pourrait s'étendre de manière importante.
Ensuite, les caractéristiques génétiques des mils pourraient bien
s'avérer utilisables dans le monde entier dans le cadre de programmes d'amélioration. A ce sujet, A. Cornet note que « les études
récentes ont montré l'importance des ressources génétiques que
constituent les variétés traditionnelles de mil et les espèces sauvages apparentées dans la zone sahélienne» (CORNET, 2002).
Par ailleurs, le mil, avec le sorgho, constitue toujours la base de
l'alimentation des populations du Sahel. Le mil, encore plus que le
sorgho, est effectivement la seule céréale adaptée aux conditions
climatiques difficiles et aux sols pauvres qui prévalent dans le
Sahel. Ainsi, bon an mal an, avec des techniques de cultures traditionnelles, la récolte de mil et celle de sorgho satisfont de manière
plus ou moins adéquate les besoins alimentaires de plusieurs
dizaines de millions de personnes. La récolte se joue de manière
quasi aléatoire pendant les trois à quatre mois (de juin-juillet à
16 ...
Ressources génétiques des mils en Afrique de l'Ouest
septembre-octobre) de la courte saison des pluies. La « bonne
récolte» dépend à la fois de la date de la première et de la dernière
pluie, mais aussi de l'espacement et de l'intensité des pluies, qui ne
doivent être ni trop espacées, ni trop rapprochées, ni trop fortes, ni
insignifiantes. Problème de répartition des pluies dans le temps et
dans l'espace.
La grande variabilité de ces paramètres peut conduire à des récoltes
allant du simple au double. Cette variabilité pose aussi le problème
de la disponibilité et de l'accès aux diverses semences de mil les
mieux adaptées aux conditions particulières d'une région, voire
d'une année donnée, recherchées par les paysans - mils tardifs,
hâtifs, qualités gustatives, aptitude à la transformation ...
Les grandes sécheresses et les pénuries alimentaires graves qu'ont
connues les pays du Sahel en 1973-1974, puis en 1984, ont conduit
ces pays à mettre en place des systèmes d'alerte précoce destinés à
anticiper et à éviter la répétition de telles pénuries. Grâce à la
constitution de stocks mobilisables en cas de besoins, à l'importation de céréales et au recours à l'aide alimentaire, ces systèmes ont
effectivement permis au cours des vingt dernières années d'éviter,
au moins au niveau national, la répétition de situations de graves
pénuries alimentaires. Toutefois, ces systèmes n'ont pas vocation à
imaginer et à mettre en place sur le moyen et le long terme des
mécanismes d'ajustement de l'offre à la demande de céréales en
fonction des aléas climatiques et de la forte croissance démographique des pays concernés.
Cette communication souligne d'abord l'importance du mil, en tant
que céréale. Elle met ensuite en évidence la place majeure qu'il
occupe dans l'alimentation des populations nigériennes. Elle s'efforce enfin d'identifier et de mettre en évidence l'importance des
enjeux agricoles et de la sécurité alimentaire associés à l'avenir de
la culture du mil dans les prochaines décennies au Niger.
Le mil et le sorgho, l'un des six régimes
alimentaires de la planète
Les régimes alimentaires dans le monde sont 'le résultat de facteurs
très divers, tels que les ressources naturelles, l'histoire, la culture, le
Introduction
niveau de développement. A l'occasion du Sommet mondial de l'alimentation de 1996, une analyse en composantes principales de l'ensemble des consommations par jour et par habitant des 151 pays pour
lesquels la FAO disposait d'informations a permis de montrer comment s'opposent principalement les régimes alimentaires dans le
monde (COLLOMB, 1999). On a pu ainsi définir à partir d'une « classification ascendante hiérarchique» pour 119 pays, six classes correspondant à autant de régimes auxquels,on a donné le nom de l'aliment
apportant la plus grande partie de l'énergie alimentaire du régime.
Ces classes sont évidemment de tailles inégales, mais il est important de noter que « Mil, millet et sorgho» constituent une classe distincte qui concerne, avec la méthode utilisée, cinq pays: le Burkina
Faso, le Mali, la Namibie, le Niger et le Soudan, tous situés en
Afrique subsaharienne (tabl. 1). Une autre des classes identifiées, la
classe « Lait, viandes, blé », regroupe 27 pays dont le régime alimentaire est en quelque sorte « mixte », puisqu'il est basé sur des
consommations importantes de produits d'origene animale (laitages
et viande) et de produits à base de blé. Les pays concernés sont pratiquement tous classés parmi les pays dits développés. Trois autres
régimes sont basés sur la consommation principale de céréales: le
riz (16 pays), le maïs (25 pays) et le blé (25 pays). Pour l'Afrique
subsaharienne, la source principale d'énergie alimentaire est le riz
pour deux pays (le Sénégal et la Sierra Leone), le maïs pour six pays
(Afrique du Sud, Kenya, Lesotho, Malawi, Maurice, Zimbabwe), et
le blé pour quatre pays (Botswana, Ethiopie, Mauritanie, Somalie).
La dernière classe est constituée des pays où les racines et tubercules (manioc, igname, tarot, plantain) constituent la source principale d'énergie alimentaire des populations. Elle concerne 21 pays,
tous situés en Afrique subsaharienne (à l'exception d' Haïti), comme
c'est le cas pour la classe « Mil, millet, sorgho ».
En réalité, nombre de pays d'Afrique subsaharienne comprennent,
à côté de zones humides, d'importantes zones serni-arides et arides
où domine la culture du mil et du sorgho (Nigeria, Tchad, Côted'Ivoire, etc.). C'est pourquoi la consommation de mil et de sorgho
concerne davantage de pays que les cinq pays classés dans la classe
« Mil, millet, sorgho ». Dans les parties sahéliennes ou soudanosahéliennes des pays d'Afrique de l'Ouest, le mil et le sorgho constituent effectivement la base principale de l'alimentation des
Ressources génétiques des mils en Afriquede l'Ouest
18 "
Classification ascendante hiérarchique des pays du monde selon les consommations moyennes
Classe 1
Classe 2
Classe 3
Classe 4
ClasseS
Classe 6
Riz
(16pays)
Maïs
(25pays)
Blé
(25pays)
Lait
viandes, blé
(27pays)
MiI,millet,
sorgho
(5pays)
Manioc,
igname,
tarot,
plantain
(21 pays)
Afghanistan
Albanie
Algérie
Argentine
Botswana
Australie
Autriche
Belgique
Canada
Danemark
Buoona-Faso
Mali
Namibie
Niger
Soudan
Angola
Bénin
Burundi
Cameroun
Rép.
Centrafricaine
Tchad
Bangladesh
Afrique du Sud
Cambodge
Bolivie·
Chine
Colombie
Brésil
Corée du Nord
Inde
Costa Rica
Indonésie
Laos
Myanmar .
Cuba
Rép. dominicainE
Equateur
Népal
Philippines
Corée du Sud
Sénégal
Sierra-Leone
SriLanka
Tha'ilande
Viet-nam
Source:
Cou.OMB
Guatemala
Honduras
Jamaïque
Japon
Kenya
Lesotho
Malawi
Malaisie
Maurice
Mexique
Nicaragua
Panama
Pérou
Salvador
Bulgarie.
Ex.
Chili
Ethiopie
Tchécoslovaquie
Ex-URSS
Finlande
Egypte
France
Yougoslavie
Allemagne
Rép.lsl.d'Iran
Grèce
Irak
Hongrie
Jordanie
Irlande
Ja.A.Ubyenne
Israël
Mauritanie·
Italie
Uban
Maroc
Pakistan
Pays-Bas
Paraguay
Nouv.Zélande
Roumanie
Norvège
. Pologne
Somalie
R.ar.Syrienne
Portugal
Tunisie
Arabie saoudite
Trinité
et Tobago
Venezuela
Turquie
Espagne
Uruguay
Suède
Zimbabwe
Yémen
Suisse
Royaume-Uni
Etats-Unis
Nonclassés
(32pays)
Bahamas
Baltade
Belize
Brunei Da.
Cap-Vert
Comores
Congo
Chypre
Congo Rép.
Djibouti
Démocratique
Côte-d'Ivoire
Fidji
Gabon
Polynésie Fr.
Ghana
Gambie
Guinée
Guadeloupe
Haïti
Guinée-Bissau
Uberia
Guyane
Madagascar
Hong Kong
Mozambique
Islande
Nigeria
Koweït
Rwanda
Maldives
Togo
Maije
R.UTanzanie
Martinique
Ouganda
Mongolie
Antilles
Néerlandaises
N.Calédonie
Papouasie
Nouv.-Guinée
Réunion
Samoa
IlesSalomon
Surinam
Swaziland
Emirats
arabes unis
Vanuatu
lambie
P. (1999): «Une voie étroite pour la sécurité alimentaire d'icià 2050 .. - Paris, Economica, p. 23
1Tableau
1
Classification des pays selon la consommation moyenne des produits
vivriers (moyenne triennale, centrée sur 1990. en catories).
Introduction
populations concernées. Il en va de même dans certaines régions
d'Afrique australe, et dans le nord de l'Inde. Compte tenu de ces éléments, on peut estimer à quelque 200 millions le nombre de personnes pour qui le mil et le sorgho constituent la source principale
d'énergie alimentaire.
Comme le note P. Collomb, les classes de la typologie qui vienrient
d'être décrites « correspondent à peu de choses près aux grandes
plantes de civilisation du monde : riz; blé, maïs, mil (auquel on peut
ajouter le millet et le sorgho), manioc (auquel on peut ajouter
l'igname et le taro) » (COLLOMB, 1999). Certes, dans de nombreux
pays, il estpossible de cultiver plusieurs céréales, et c'est souvent le
cas. Mais compte tenu des conditions climatiques, des sols et des
techniques utilisées, il est difficile d'envisager à terme par exemple
de remplacer la culture du mil et du sorgho par celle du maïs ou du
blé. Ainsi, au Niger le blé n'est cultivé que dans les oasis du nord du
pays, et le maïs ne peut guère être cultivé que sur J'infime portion
située dans le sud du territoire, 1 %, en zone soudano-sahélienne.
Le mil, une spéculation incontournable
Le mil doit donc être considéré comme une plante de civilisation
associée au Sahel et à l'histoire de ses divers empires (empires du
Ghana, du Mali, de Gao, etc.). Il constitue toujours avec le sorgho,
à quelques rares exceptions près, la base de l'alimentation et la
source principale d'énergie alimentaire des populations du Sahel.
Au Niger, selon une enquête réalisée en 1992-1994, les céréales
(essentiellement le mil et le sorgho) constituaient 71 % du bilan
calorique journalier, contre 4 % pour les produits d'origene animale,
2 % pour les autres produits agricoles, 4 % pour les huiles, les 19 %
restants étant constitués de produits divers.
En milieu urbain cependant, le mil et le sorgho sont de plus en plus
. concurrencés par d'autres céréales: le maïs et le riz en particulier,
qui sont généralement importés ou proviennent de l'aide alimentaire.
En fait, compte tenu de l'insuffisance récurrente au niveau local de
la production par rapport aux besoins, chaque région produit avant
tout pour satisfaire ses besoins propres, et seulement une faible proportion de la production céréalière nationale est commercialisée.
T 19
Ressources génétiques des mils en Afrique de l'Ouest
Certes, il existe des marchés de céréales plus ou moins importants
dans toutes les régions du Niger, mais les difficultés de transport et
de communications, et la constitution de. stocks au niveau local pour
se prémunir des mauvaises années limitent les échanges des régions
excédentaires vers les régions déficitaires et vers les villes.
L'ensemble de ces facteurs concourt à un renchérissement du mil en
milieu urbain, notamment pendant la période de soudure (approximativement d'avril à septembre) où le prix du sac de mil peut
atteindre plus du double du prix pratiqué après la récolte (octobre à
janvier). Ainsi, en mai 2003 à Niamey, le prix du sac de mil de
100 kg, qui couvre les besoins d'une famille de 10 personnes pendant deux semaines, était de l'ordre de 20 000 FCFA. II convient
d'ajouter à ce prix 2 000 à 2 500 FCFA pour le conditionnement
(retirer le son) et 1 500 à 2 000 FCFA pour la transformation en
farine (qui est ensuite consommée sous forme de boule de mil, en
bouillie ou en semoule), ce qui donne un coût total de 24 000 FCFA
pour une famille de 10 personnes pendant deux semaines. En comparaison, la satisfaction des mêmes besoins à partir du riz ou du
maïs revenait à environ 14 000 FCFA, soit 40 % de moins. Si le mil
garde la préférence des consommateurs (le mil est réputé « donner
plus de force », et « la meilleure épouse est celle qui sait bien préparer la boule de mil »), de tels écarts de prix favorisent un glissement des habitudes alimentaires du mil vers le maïs et le riz
importés, et sont de nature à conduire à une dépendance accrue
envers les importations et l'aide alimentaire pour lanourriture des
populations urbaines. Ce glissement de la consommation urbaine
vers des céréales importées, qui est déjà amorcé, constitue un obstacle à l'organisation de la filière mil pour laquelle le marché urbain
représente un marché important. Cette situation est d'autant plus
préoccupante qu'elle s'inscrit dans un contexte de diminution des
rendements et d'écarts croissants entre la production nationale de
céréales et les besoins.
Au niveau national, les données disponibles depuis 1953 sur les
superficies, la production et les rendements pour le mil, le sorgho,
le maïs, le riz, le niébé et l'arachide, confirment la domination du
mil par rapport aux autres spéculations, et en particulier par rapport
aux autres céréales (Séries Longues, édition 1991, et rapports
annuels du ministère de l'Agriculture et de l'Elevage). En effet
y 21
Introduction
depuis les début des années 50, le mil occupe environ les deux tiers
du total des supeificies cultivées, contre 20 à 30 % pour le sorgho,
et moins de 1 % pour le maïs et le riz (tab!. II). Par ailleurs, au cours
des années quatre-vingt-dix, la production de mil a représenté plus
de 80 % de la production céréalière totale du Niger, et celle de sorgho 18 %, confirmant à nouveau la domination sans partage de ces
deux céréales. Mais les données disponibles depuis 1953, mettent
également en évidence un autre phénomène important: l'augmentation rapide de l'ensemble des suifaces cultivées afin d'accroître la
production pour faire face aux besoins alimentaires croissants d'une
population en forte expansion. Entre 1955-1959 et 1995-1999 les
suifaces cultivées ont été ainsi multipliées par 3,5 (et par 3,8 pour
les superficies cultivées en mil), et à la fin des années 90, l'ensemble des superficies cultivées représentait près de la moitié des
15 millions d'hectares cultivables du pays (sous cultures pluviales),
contre 14 % à la fin des années 50 (tab!. II).
Périodes
de 5 ans
1955-59
1960-64
1965-69
1970-74
1975-79
1980-84
1985-89
1990-94
1995·99
% cultivé sur
15 millionsha
cultivables
Total des
superficies
cultivées
sauf niébé
(x 1 000 ha)
Total céréales
arachide
Mil
2 116
256O
2837
3145
3485
4303
4728
7108
745O
14,1
17,1
18,9
21,0
23,2
28,7
31,5
47,4
49,7
63,7
69,0
67,5
70,6
71,8
71,5
69,9
66,7
68,4
Pourcentage des terres cultivées
ST Mil el Autres céréales
Maïs
Sorgho sorgho
Riz Arachide Niébé'
22,8
17,9
19,3
17,4
21,2
23,6
27,6
31,4
27,6
86,4
86,9
86,8
88,0
93,0
95,0
97,5
98,1
96,0
0,17
0,14
0,14
0,13
0,31
0,29
0,19
0,04
0,10
0,26
0,35
0,42
0,53
0,61
0,48
0,44
0,11
0,16
13,1
12,6
12,7
11,4
6,1
4,2
1,9
1,8
3,8
14,3
17,6
24,3
29,6
24,7
31,8
38,4
43,6
46,4
Source: Ministère de l'Agricuhure el de l'Elevage du Niger
• La somme despourcentages de lerrescuhivées en céréales el en arachide est égale à 100%. Le pourcentage
de terres cultivées en niébé est supposé êtreentièrement inclus dansceuxdonnés pourle mil et le sorgho
1Tableau
Il
Répartition au Niger des superficies cultivées en céréales, en arachide
el en niébé par périodes quinquennales de 1955-59 à 1995-99.
Pour le mil, depuis le début des années 50, les superficies cultivées
et la production ont été, en gros, multipliées par quatre (fig. 1a et 1b).
Ressources génétiques des mils en Afrique de l'Ouest
a) Mil: évolution des superficies cultivées (milliers d'hectares)
6000
ûi 5000
.~
~;
~
~
Ü 4000
QG!
3000
-r:
Q.<Il
~
2000
~
1000
~
~
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1~EmBO
b) Mil: évolution de la production (milliers de tonnes)
3000 - , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ,
ûi 2500 - 1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
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-I-----------------------,.------,l",-..j
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1 500
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...........,.......,........,rr-r..........T""T"",.....,rr-r..."..,.......,.....,..,_i
1~ 1~lE1m 1B ~1 ~ 0
1Figure 1a et 1b
Mil: évolution des superficies cultivées
et de la production en mil au Niger.
Cependant l'augmentation annuelle moyenne de la production est
restée sensiblement inférieure à celle trouvée pour les superficies
emblavées : 3,05 % contre 3,37 % si l'on compare les périodes
J955-1959 et J995- J999. Cette évolution correspond à une baisse
des rendements qui, de plus de 400 kglha à la fin des années 50 et
au cours des années 60 (sauf en 1968), sont ensuite durablement
tombés au-dessous des 400 kg/ha (4 années sur 10 au cours des
années 70, 3 années sur 10 au cours des années 80, et 7 années sur 10
au cours des années 90) (fig. 1c). Au total, l'ajustement que l'on
peut faire des données annuelles suggère que le rendement moyen du
mil serait passé d'environ 430 kglha dans les années 60, à quelques
350 kg/ha à la fin des années 90, en dépit des meilleurs rendements,
dus à une bonne pluviométrie, enregistrés en 1998 et en 1999.
Introduction
T 23
c) Mil : évolution des rendements à l'hectare
600 . , - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ,
Cil
.c
êii
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500 +------,-----r=-'-+-A-----------,--------1
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-;; 300 +-----Jf---------...:...-------1r1----'r+----'-....L-j
ë
~ 200 + - - - - ' - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
al
-gal 100 + - - - - - , . - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1
lI:
O-h--...-r--.-r,.,--r-ro-'--'..--..--rT...-r..--r-ro...-r,.,--r.-.-.--r,.,--rrr-.--r,.,--rrr-.-."""'-/
1~1~1~1E1m1m1~1~1~1~ O
1 Figure tc
Mil : évolutionsdes rendements en mil au Niger.
Pourtant, des rendements de l'ordre de 1 000 à 1 500 kg/ha peuvent
être obtenus sans trop de difficultés pour le mil par une application
judicieuse de la fumure d'origene animale. Elément de consolation
si on peut dire, la diminution des rendements à l' hectare observée
pour le mil reste modeste comparée à celle observée pour le sorgho.
Pour le sorgho en effet, alors que depuis 1953, les superficies cultivées ont été multipliées par plus de 4, la production elle, n'a augmenté que de 30 %,ce qui s'est traduit par une baisse spectaculaire
des rendements qui ont été divisés par 3. Cette baisse, marquée par
de fortes variations annuelles, est la conséquence entre autres des
exigences pédohydriques, de la moindre résistance (par rapport au
mil) du sorgho à la sécheresse, et du peu d'intérêt de nombre d'agriculteurs nigériens pour le sorgho, qu'ils plantent dans une optique
de minimisation des risques, le mil restant pour eux la spéculation
principale.
Un avenir alimentaire incertain
Le glissement de la consommation urbaine vers des céréales importées, l'absence d'organisation de la filière mil, l'accélération de la
mise en culture de nouvelles terres sans changement des itinéraires
techniques et la baisse des rendements sont autant de raisons d'inquiétude sur l'avenir alimentaire d'un pays comme le Niger, où le mil
reste la seule céréale véritablement adaptée aux conditions du milieu.
24 "
Ressources génétiques des mils en Afrique de l'Ouest
En reprenant la méthodologie utilisée en 1991 par le ministère de
l'Agriculture et le ministère du Plan, on a procédé à une estimation
du bilan céréalier du Niger pour la période 1953-1999. Selon cette
méthodologie, les besoins céréaliers de la population sont estimés à
240 kilogrammes équivalents céréales par personne et par an, toutes
populations confondues. La production céréalière totale est la somme
des productions de mil, de sorgho, de maïs et de riz (en fait le mil et
le sorgho représentent 99 % de la production céréalière totale). Enfin,
la production disponible pour satisfaire les besoins alimentaires est
évaluée à 85 % de la production totale, les 15 % restant, non disponibles, représentant l'estimation de ce qui est mis de côté pour
constituer les stocks de semences et les pertes imputables aux rongeurs, aux intempéries, et à d'autres facteurs.
Les résultats obtenus à partir de cette méthodologie (fig. 2) indiquent assez clairement que le Niger est entré depuis le début des
années 70 dans une période de « déficits céréaliers» chroniques, ou
plus exactement d'écarts croissants entre la production céréalière
nationale disponible et les besoins. Du côté des besoins qui sont
déterminés par la croissance démographique, il faut noter que ceux-ci
ont été multipliés par 4,3 entre 1950 et 2000, puisque au cours de
cette période la population du Niger est passée de 2,5 millions à
10,8 millions d'habitants (United Nations, 2001). En regard, la production disponible est systématiquement excédentaire jusqu'à la fin
des années 60 (sauf en 1967), mais la sécheresse de 1973-1974 se
traduit ensuite par des déficits importants. La reprise de la production à la fin des années 70 permet ensuite de connaître à nouveau
plusieurs années excédentaires (de 1977 à 1982), mais, dans les
années 80, l'écart entre production nationale disponible et besoins
se creuse à nouveau en tendance. Ainsi, de 1983 à 1999, on enregistre seulement trois années excédentaires: 1988, 1991 et 1998.
L'ajustement de ces données annuelles suggère en 2000, un « déficittendanciel » de l'ordre de 500 000 tonnes, correspondant à environ 20 % des besoins (fig. 2). Ce résultat doit évidemment être
interprété avec prudence, car ce « déficit tendanciel» ne correspond
pas à la situation observée en 2000, et ce pour diverses raisons. De
manière générale, chaque année la situation alimentaire est appréciée, non seulement en fonction de la production nationale de l'année considérée, mais aussi en fonction des stocks disponibles et
Introduction
T 25
3000
B~O!NS
2500
o
g
./-
2000
PRODUCTION DISPONIBLE
(données brutes)
3c
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1500
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U
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PRODUCTION'DISPONIBLE
(ajustement des donnéesbrutes)
1
1
1
1
1
1~_mO
1Figure 2
Besoins en céréales et production disponible (1953 à 1999) au Niger.
éventuellement des importations et de l'aide alimentaire dont l'objet est justement de réduire le déficit. Ainsi, même lorsque la production nationale est notoirement inférieure aux besoins, la sécurité
alimentaire du pays peut être assurée en mobilisant les stocks disponibles, et en complétant le « déficit» par des importations et l'aide
alimentaire. Par ailleurs, la production disponible et les besoins au
niveau national ne prennent pas en compte les excédents et les déficits locaux. De fait, les excédents au niveau local ne sont jamais
transférés en totalité vers les régions déficitaires pour diverses raisons: difficultés de transport, manque d'information des producteurs sur les prix d'achat de leurs excédents et aussi désir des
populations de stocker localement leurs excédents plutôt que de les
vendre. L'ensemble de ces facteurs contribue à un déficit global
(somme des déficits enregistrés au niveau local) supérieur au déficit calculé au niveau national. Enfin, l'estimation de 15 % de pertes
de la production nationale peut être discutée, de même que l'estimation des besoins en céréales de la population: 240 kilogrammes
équivalents céréales par personne et par an.
26 T
Ressources génétiques des mils en Afrique de /'Ouest
Au total, la valeur de l'écart entre production nationale disponible
et besoins citée plus haut, 500 000 tonnes environ en 2000, ne saurait être qu'approximative. Il ne fait guère de doute cependant que
cet écart s'est amplifié au cours des 20 ou 30 dernières années.
Toutefois pour avoir une idée complète des besoins alimentaires, il
importe de dépasser les bilans céréaliers et de faire des bilans vivriers
tenant compte des autres productions et consommations (manioc,
patate douce, souchet, et produits animaux et laitiers) qui sont généralement ignorées ou peu prises eri compte.
Pour le futur, l'adéquation entre la production nationale de céréales,
essentiellement de mil et accessoirement de sorgho, et les besoins,
dépendra, globalement, pour ce qui est de la production: des terres
disponibles, de l'évolution des systèmes agraires et des rendements,
et de la pluviométrie; pour ce qui est des besoins: de J'évolution
future de la population.
La taille future de la population du Niger dépendra de l'évolution de
la fécondité, de la mortalité et des migrations internationales. De
ces trois composantes c'est généralement l'évolution des niveaux
de fécondité qui influe le plus, à terme, sur l'évolution de la population. C'est pourquoi les projections de population retiennent souvent plusieurs hypothèses de fécondité, mais une seule hypothèse de
mortalité et de migrations extérieures. C'est aussi le choix que nous
avons fait dans un travail récent (GUENGANT et BANDIN, 2003). Par rap. port aux derniers niveaux connus de fécondité, 7,5 enfants par
femme en moyenne, on a ainsi retenu: 1) une hypothèse: fécondité
«constante », où la fécondité est maintenue à 7,5 enfants par femme
jusqu'en 2050, terme de la projection; 2) une hypothèse: fécondité
« basse ». qui SUPP9se le passage à 3 enfants par femme en 2050 ;
et 3) une hypothèse: fécondité « moyenne ». qui suppose le passage
à 5 enfants par femme en 2050. Concernant la mortalité, on a retenu
comme les Nations unies dans leurs projections 2000, une augmentation de l'espérance de vie à la naissance pour les deux sexes de
45,2 ans en 2000 à 66,S ans en 2050, et pour les migrations internationales, on a retenu à nouveau comme les Nations unies, l'hypothèse d'une migration nette nulle de 2000 à 2050 (United Nations,
2001). Les résultat obtenus mettent en évidence deux faits importants. Tout d'abord, quelle que soit l'hypothèse retenue, à l'horizon
2020 la population du Niger devrait être multipliée par 2 : de
10,8 millions en 2000 à au moins 20 millions en 2020, les écmts
Introduction
entre les résultats des diverses hypothèses n'étant pas importants:
22,4 millions pour l'hypothèse « constante », 21,3 millions pour
l'hypothèse « fécondité moyenne », et 20,5 millions pour l'hypothèse « fécondité basse ». Par contre, à l'horizon 2050, les écarts
entre les diverses hypothèses sont importants : 78 millions pour
1'hypothèse « constante », 57,2 millions pour l'hypothèse
« fécondité moyenne », et 43,1 millions pour l'hypothèse « fécondité basse », Ainsi, par rapport à la population estimée en 2000 :
10,8 millions, la population du Niger devrait être multipliée par 4,
au minimum, selon l'hypothèse « fécondité basse », par 5,3 selon
l'hypothèse « fécondité moyenne », voire par 7,2 au cas, peu probable il est vrai où la fécondité se maintiendrait à 7,5 enfants par
femme.
Côté production, il est difficile de prévoir quelle sera l'évolution
tant les facteurs en cause sont nombreux. A systèmes agraires
inchangés, c'est-à-dire s'appuyant essentiellement sur la mise en
culture de nouvelles terres pour répondre à l'augmentation des
besoins, il n'est pas exclu que l'ensemble des terres cultivables soit
effectivement cultivé à l'horizon 2050 (GUENGANT et BANOIN,
2003). L'augmentation des rendements par une amélioration significative des itinéraires techniques (recours plus fréquent et raisonné à
la fumure animale, l'utilisation d'engrais chimiques, l'utilisation de
semences améliorées, semis en ligne et démariage, etc.) n'est pas à
exclure, mais, il paraît difficile de bâtir un modèle de prévision à ce
sujet à partir des données fragmentaires dont on dispose.
Finalement, \' évolution future de la production céréalière disponible
a été faite à partir d'un simple ajustement des données disponibles
pour la période 1953-1999. Deux courbes de tendances ont été retenues : la première basée sur un ajustement exponentiel des données
1953-1999 (R2 = 0,716), la seconde basée sur un ajustement linéaire
(R' = 0,715) (fig. 3). La poursuite de l'augmentation de la production agricole disponible selon une tendance exponentielle correspond à une augmentation de 2,5 % par an. Dans ce cas, la production
céréalière disponible pourrait passer en valeurs « tendancielles », de
quelque 2,1 millions de tonnes en 2000, à 2,6 millions en 2010,
3,4 millions en 2020, et à près de 7 millions de tonnes en 2050.
Si l'on retient par contre une tendance linéaire qui correspond à une
augmentation de la production céréalière disponible d'environ
30 000 tonnes par an et à un taux de croissance annuel moyen de
'Of 27
28 T
Ressources génétiques des mils en Afrique de J'Ouest
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Besoins en céréales selondifférentes
hypothèses sur la fécondité:
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1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030 2040 2050
1 Figure 3
Projections de la production nationale céréalière disponible
et des besoins de 2000 à 2050.
1,1 %, celle-ci atteindrait 2,5 millions de tonnes en 2020 et 3,4 millions en 2050, soit deux fois moins que précédemment.
En regard, les besoins, calculés pour les diverses hypothèses de
fécondité sur la base d'une consommation de 240 kilogrammes équivalents céréales par personne par an, continuent de progresser plus
rapidement, puisque la population continue de croître de plus de
2,5 % par an dans tous les cas (sauf à partir de 2040, pour l'hypothèse « 3 enfants en 2050 », pour laquelle la croissance démographique devient inférieure à 2,5 % par an). Les besoins en céréales
passent ainsi de 2,6 millions de tonnes en 2000 à quelque 3,7 millions en 2010 quelle que soit l'hypothèse de fécondité considérée,
puis ils se situent en 2020 entre 4,9 millions de tonnes pour l'hypothèse « fécondité basse », et 5,4 millions de tonnes pour l'hypothèse
« fécondité constante », et en 2050 entre 10,3 millions de tonnes
pour l'hypothèse « fécondité basse» et 18,7 millions de tonnes pour
l'hypothèse « fécondité constante ». Cette évolution des besoins,
qui suit la croissance démographique (du fait du mode de calcul
retenu), se traduit par des écarts croissants avec la production nationale de céréales disponible (fig. 3). Ainsi le « déficit tendanciel»
Introduction
en céréales, estimé pour 2000 autour de 500 000 tonnes et correspondant à 20 % des besoins, pourrait être en 2010 de l'ordre d'un
million de tonnes, soit le double de l'écart actuel, et ce en considérant l'hypothèse la plus favorable d'augmentation de la production.
En 2020, le « déficit tendanciel » pourrait se situer entre 1,5 et
2 millions de tonnes, soit au moins un tiers des besoins. Enfin en
2050, le « déficit tendanciel» pourrait se situer entre 3,5 millions
pour l' hypothèse « fécondité basse. », et près de 12 millions de
tonnes pour l'hypothèse « fécondité constante », Ainsi, dans le
meilleur des cas, en supposant une baisse rapide de la fécondité et
une croissance continue de la production de 2,5 % par an, la production nationale disponible pourrait couvrir en 2050, en gros les
deux tiers des besoins. Par contre, avec l' hypothèse « fécondité
constante », et toujours avec une croissance de la production nationale disponible de 2,5 % par an, la production nationale disponible
couvrirait à peine le tiers des besoins.
Conclusion
Comment interpréter ces résultats quelque peu alarmistes ? Il faut
évidemment garder à l'esprit que les méthodes d'estimation des
diverses variables et les méthodes de projections retenues sont loin
d'être parfaites, et qu'elles peuvent être discutées, voire remises en
cause. Mais par ailleurs, l'augmentation de la production nationale
de 2,5 % par an jusqu'en 2050 retenue dans nos calculs peut aussi
paraître optimiste, compte tenu de l'extension rapide des superficies
cultivées et de la diminution des rendements observée. Il est vrai
que l'insuffisance de la production nationale peut être compensée
par des importations ou par l'aide alimentaire comme cela a été le
cas dans le passé récent. Toutefois, l'ampleur des déficits céréaliers
qui se profilent à 10,20 et 50 ans d'échéance risque fort de réduire
l'efficacité des mesures de compensation utilisées jusqu'à présent:
constitution de stocks les années excédentaires, importations de
céréales, aide alimentaire, etc. qui sont des mesures nécessaires
certes, mais des mesures sur le court terme. Une augmentation
majeure de la production céréalière au travers du développement
des cultures irriguées sur l'ensemble des terres potentiellement irrigables peut être envisagée. Toutefois les estimations faites à ce sujet
montrent que les cultures pluviales, c'est-à-dire essentiellement la
Ressources génétiques des mils en Afrique de J'Ouest
culture du mil et accessoirement du sorgho, continueront à représenter entre 50 et 80 % de la production céréalière nationale.
Plante de civilisation incontournable dans le contexte sahélien, le mil
se trouve bien au centre de plusieurs enjeux, locaux et planétaires,
comme on l'a souligné en introduction. Au niveau local, il s'agit de
trouver les voies et moyens pour obtenir des rendements nettement
supérieurs à ceux, médiocres et en diminution, observés aujourd'hui.
La recherche de nouvelles variétés, la maîtrise de la filière sernencière peuvent y contribuer. En fait, il apparaît nécessaire de mettre en
œuvre assez rapidement à la fois diverses mesures pennettantune
progression majeure des rendements agricoles, une réduction de la
croissance démographique et une augmentation des revenus de l'Etat
(pour appuyer les innovations techniques el aussi pour faire face au .
coût des importationsde céréales). Faute de quoi, il faudra envisager
un recours encore plus important qu'aujourd'hui à l'aide alimentaire,
ou prendre le risque d'une détérioration majeure de la situation nutritionnelle des populations.
Jean-Pierre Guengant
Démographe
Maxime Banoin
Agronome
Bibliographie
COLLOMB P., 1999Une voie étroite pour la sécurité
alimentaire d'ici à 2050.
Paris, Economica, 197 p.
CORNET A., 2002 « La désertification à la croisée
de l'environnement
et du développement: un problème
qui nous concerne ».
ln : Johannesburg, Sommet Mondial
du Développement Durable, 2002,
Quels enjeux ? Quelle contribution
des Scientifiques ?
Paris, Ministère des Affaires étrangères,
Direction de la coopération scientifique
universitaire et de recherche: 93-130.
GUENGANT J.-P., BANOIN M., 2003 Dynamique des populations,
disponibilités en terres et adaptation
des régimes fonciers: le cas du Niger.
CICRED/FAO, Paris, 144 p.
Direction de la Statistique
et de la Démographie,
Ministère de l'Agriculture
et Ministère du Plan, 1991 Séries Longues, édition 1991,
Niamey, DSD, 248 p.
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United Nations, ST/ESA/SER A/198.
Guengant Jean-Pierre, Banoin M
Mil, démographie et sécurité alimentaire au Niger. In :
Bezançon Gilles (ed.), Pham Jean-Louis (ed.). Ressources
génétiques des mils en Afrique de l'Ouest : diversité,
conservation et valorisation : actes de l'atelier "diversité,
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mils"
Paris (FRA), Niamey : IRD, ICRISAT, 2004, p. 15-30. (Colloques
et Séminaires). ISSN 0767-2896 Diversité, Conservation et
Valorisation des Ressources Génétiques des Mils : Atelier,
2002/05/28-29, Niamey