En 2005, j’avais décidé de faire une pause pour réfléchir à mon avenir. Après deux années intensives dans mon école d’ingénieur à Strasbourg, j’avais besoin de changement. Mon grand-oncle, que j’avais rencontré au moment des fêtes de fin d’année, l’excentrique de la famille, avait acheté une réserve trente ans auparavant à Nyonié, au Gabon.

Oncle Arthur avait commencé avec rien et, peu à peu, il avait construit un petit hôtel-restaurant au bord de l’océan, dans une faune et une flore respectées. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était justement ce qui plaisait aux touristes. De longues plages de sable fin totalement désertes et pas âme qui vive à des kilomètres à la ronde.

L’oncle Arthur à qui j’avais fait part de mes doutes pour mon futur m’avait fait une proposition alléchante, sous les yeux réprobateurs de la famille. – J’ai besoin d’un barman, rien de bien compliqué. Tu m’as l’air d’être un bon petit gars, mais il est temps que tu découvres autre chose que les jupes de ta mère et ton petit confort…

Ma mère qui voulait contrôler ma vie depuis toujours, avala son riesling de travers.

– Tu n’y penses pas Arthur ! Je ne vois pas ce que mon fils irait faire en plein milieu de la jungle !

– La jungle n’est pas plus dangereuse que le monde dans lequel sont plongés les gosses en Europe si tu veux mon avis… Et puis, il est majeur, non ?

Ma mère me lança un regard appuyé pour que je la soutienne mais moi, l’idée me séduisait vraiment. Beaucoup, même. Et puis, j’avais eu en quelque sorte un coup de foudre amical pour cet oncle aventurier que toute la famille semblait mépriser.

– C’est d’accord, dis-je en lui serrant la main. Tu as trouvé ton nouveau barman !

– C’est hors de question que tu partes là-bas