Le retour d'Arsène: Une enquête du commissaire Velcro - Tome 10
Par Valérie Lys
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Née dans le Val de Marne, Valérie Lys, est médecin biologiste et vit dans les environs de Rennes depuis une vingtaine d’années. Elle y dirige un laboratoire d’Analyses Médicales. Elle est aussi expert en réparation juridique et dommage corporel. Mariée, mère de trois enfants, passionnée de peinture et de littérature, elle écrit depuis l’enfance : théâtre, nouvelles fantastiques, polars… Ses multiples voyages sont une source d’inspiration. Elle est membre fondateur et vice-présidente du collectif rennais CALIBRE 35, dont le but est de dynamiser la scène rennaise de l’édition polar.
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Aperçu du livre
Le retour d'Arsène - Valérie Lys
1
De la plage en contrebas, le commissaire Velcro, mains sur les hanches, leva la tête vers le sommet de la falaise. À ses pieds gisait un vieil homme, ou du moins ce qu’il en restait. Les déformations de son squelette ne laissaient aucun doute. Il avait fait le grand saut. L’homme était vêtu d’un pantalon de velours vert à grosses côtes, d’un pull ocre au col agrémenté de boutonnières de cuir et d’une paire de bretelles. Tout dénotait l’aristocratie du siècle passé. L’équipe technique était arrivée et commençait l’inspection du corps selon un protocole minutieux. Rapidement, il fut retourné, photographié sous toutes les coutures. Ses poches révélèrent son identité sans aucune difficulté, tous ses papiers étant soigneusement conservés dans un portefeuille en cuir d’autruche. Il s’agissait d’un certain monsieur Ferdinand de La Fosse, né en 1942, frôlant donc les quatre-vingts printemps.
Les badauds commençaient à s’attrouper. Velcro scruta la promenade qui s’étendait le long de la plage. Il s’imaginait le site plus vaste, d’après ce qu’il en avait si souvent vu dans les reportages, mais ce n’était tout au plus que cinq cents mètres de bord de mer, ponctués de part et d’autre par la falaise d’Amont et celle d’Aval. En revanche, le déchiqueté de ces roches était vraiment magistral. Tour à tour, pointe de flèche, lanceur interplanétaire ou gigantesque chat d’aiguille, les millénaires d’érosion, de tempêtes et de secousses sismiques avaient fait des falaises d’Étretat un site exceptionnel.
— Commissaire, venez voir.
Le commissaire Velcro émergea de ses réflexions géographiques et s’approcha du corps.
Une technicienne penchée sur ce qui restait de monsieur de La Fosse avait fait ses poches. Elle tendait délicatement une feuille pliée au commissaire.
— Trouvée dans sa poche, commissaire.
Velcro s’équipa à son tour de gants en vinyle, prit avec précaution ce qui paraissait être un indice de premier plan puis ouvrit la banale feuille A4. Il eut du mal à cacher sa surprise en découvrant ce qui y était écrit. Quatre simples mots inscrits au gros feutre :
De la part d’Arsène
Déborah, sa fidèle collaboratrice, s’était approchée sans bruit et tendait son cou par-dessus les épaules du commissaire pour déchiffrer le message.
— Qu’est-ce que ça veut dire ? finit-il par lâcher.
Il s’était retourné vers Déborah. Ses yeux interrogateurs attendaient à l’évidence une réponse. Leur duo fonctionnait maintenant depuis de nombreuses années et les rouages en étaient parfaitement huilés. Elle, c’était la réflexion mixée à une érudition encyclopédique ; lui, un instinct animal greffé sur une ténacité hors du commun.
— L’Aiguille creuse, commissaire, émit Déborah comme une évidence.
Il parut ne pas comprendre. Après quelques secondes, il rétorqua :
— Quoi, L’Aiguille creuse ? Je connais mes classiques, je sais bien que c’est une des plus fameuses aventures d’Arsène Lupin et qu’elle se déroulait à Étretat. Mais il ne s’agit que d’un roman. Nous sommes dans la vraie vie avec un vrai cadavre et une vraie enquête à élucider. Il faut redescendre sur terre.
Déborah se recula légèrement. Elle était habituée à ces sautes d’humeur et savait parfaitement qu’elle avait visé dans le mille.
— Je suis d’accord, c’est déroutant, mais il faut bien reconnaître que dans un lieu pareil, avec un cadavre et un mot comme celui-là dans sa poche de veston, on ne peut pas s’empêcher de penser au gentleman cambrioleur.
— C’est un héros de roman ! Un héros de fiction ne précipite pas un vieillard du haut d’une falaise. C’est invraisemblable.
Déborah lâcha l’affaire. Inutile d’en rajouter. Elle connaissait son commissaire par cœur.
— Alors on s’oriente sur quelle piste, commissaire ?
— Déjà, s’assurer qu’il s’agit bien d’un crime puis rechercher si dans l’entourage de la victime il n’existe pas un dénommé Arsène par exemple, conclut-il, ironique.
Il terminait à peine de donner ses directives qu’un cri sordide retentit derrière eux. Une bousculade s’ensuivit. Un homme tentait de forcer les délimitations de la scène de crime, obligeant les officiers de police à intervenir en le maintenant de force.
— Ferdinand, Ferdinand, mon Dieu, que t’a-t-il fait ? hurlait-il à qui voulait l’entendre.
Le commissaire Velcro s’approcha et s’interposa avec autorité. L’homme, paraissant aussi âgé que la victime, poussait de toutes ses forces sur les agents qui lui faisaient obstacle. De toute évidence, la douleur le rendait violent. Ses yeux rivés sur le corps étaient noyés dans un torrent de larmes qu’il n’essayait pas de retenir.
— Calmez-vous, monsieur, tenta Velcro. Si vous faites preuve de retenue, je vous laisserai approcher la victime, mais promettez-moi d’être raisonnable.
À ces mots, le vieil homme s’immobilisa. Il fixa le commissaire, le prit par les épaules, ou plutôt s’y agrippa, puis murmura :
— Vous avez l’air d’être un brave homme, commissaire. Je vous promets d’être calme, mais vous, promettez-moi de retrouver l’assassin de mon frère.
Ses yeux implorants auraient fait fondre le plus tortionnaire de tous les hommes. Velcro, ému, se détacha lentement de son étreinte et le repoussa délicatement.
— S’il s’agit d’un crime, l’hypothèse du suicide ne pouvant être exclue, je vous promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour retrouver son meurtrier.
L’homme se calma instantanément. Il partit d’un pas mal assuré sur les galets de la plage, s’agenouilla devant le cadavre et pleura doucement tout en lui caressant les cheveux. Une technicienne voulut s’interposer. Velcro lui fit un signe de la main pour lui signifier de n’en rien faire. De toute façon, ce n’était pas dans ses cheveux que l’on allait trouver qui avait tué ce pauvre homme. Alors, autant faire preuve d’humanité.
Les minutes passèrent, chacun repartit à son poste. Au bout d’un long moment, l’homme se releva et s’écarta du corps. Il regarda, impuissant, l’équipe de médecine légale le séparer définitivement de ce frère qu’il avait l’air de tant aimer.
Déborah laissa partir la victime puis, se rapprochant de l’homme, le prit par l’épaule pour le raccompagner vers le quai bordant la plage. Le corps de la victime emmené, la foule se dispersa très vite. Le vieillard remonta péniblement la plage. Des canoës et des paddles attendaient patiemment leurs futurs clients. Bien que décembre débutât, le temps était exceptionnellement clément et permettait aux loueurs d’espérer faire quelques affaires. Pagayer directement sous les falaises devait en effet être très sympathique, pensa Velcro en se tordant lui-même les pieds sur les galets de la plage normande. Réflexion tout à fait hors de propos vu la situation, s’empressa de lui susurrer sa conscience.
La mer montait vite. Située au pied de la falaise d’Amont, la grotte des Demoiselles, comme l’appelaient les Étretatais, allait bientôt disparaître sous les eaux.
Déborah et le vieil homme étaient arrivés sur le quai. Velcro les y rejoignit rapidement.
— Malgré ces circonstances pénibles, nous allons devoir vous interroger, monsieur, commença Velcro en s’adressant au frère de la victime.
— Je comprends tout à fait. Si vous pouviez me ramener chez moi, je répondrai à toutes vos questions si j’en suis capable.
Tous les trois prirent place dans la voiture. La circulation était dense dans les rues étroites et très fréquentées de la ville. Des échoppes de souvenirs avec leurs éternels bols, cirés jaunes et polos rayés bleu marine tentaient de grignoter davantage le bitume. Finalement, l’ambiance était très proche de celle de la Bretagne, pensa Velcro. Habitant Rennes, il avait été envoyé à Étretat pour remplacer exceptionnellement des collègues, eux-mêmes transférés en raison des conditions sanitaires actuelles. Ils remontèrent la rue Adolphe-Boissaye, passèrent devant le magnifique bâtiment, tout de bois ciselé, du marché couvert situé sur la place principale et hébergeant des boutiques d’artisans locaux, puis s’échappèrent vers la périphérie. De superbes propriétés défilaient de chaque côté de la route, toutes plus belles les unes que les autres avec leurs parcs cascadant vers la chaussée. Au bout de quelques minutes, le vieil homme indiqua un portail ouvert sur la gauche et fit signe au conducteur de s’engouffrer dans l’allée qui débouchait sur un parc. Au centre trônait un véritable château, qu’il présenta comme étant celui des Aygues.
Ils empruntèrent le perron situé sur le côté. Le lieu était empreint de souvenirs. Un long couloir s’ouvrait devant eux. Il desservait de vastes pièces de part et d’autre. Les portes entrouvertes permettaient d’apercevoir une multitude de bibelots et de tableaux, résumé probable de la vie de plusieurs générations de châtelains.
— Tout ceci est la partie réservée aux visites. Nous, nous vivons exclusivement au premier étage. Mon frère et moi avons racheté ce château il y a vingt ans. Son histoire est fabuleuse. Deux reines d’Espagne en sont tombées amoureuses et y ont passé de nombreux étés à l’époque où les stations balnéaires ont vu le jour. Avant le xixe siècle, se baigner dans la mer était inconcevable puis cela est devenu du plus grand chic et même fortement conseillé par le corps médical. Initialement, le château a été construit par un Français, monsieur Amédée Boyer. C’est lui qui a inventé l’eau de Mélisse des Carmes, remède avec lequel il a fait fortune. Puis le château a eu sa période sombre pendant laquelle il a été occupé par les nazis. Ici, nous sommes entourés de domaines appartenant à des personnalités politiques ou du show-business. Maurice Leblanc, l’auteur d’Arsène Lupin, a séjourné quelque temps dans la ville d’Étretat, dont il s’est inspiré pour écrire L’Aiguille creuse.
Le vieil homme ne s’arrêtait plus. Il avait repris son rôle de guide au sein du château des Aygues devenu le sien. Il poursuivit la visite. En haut de l’escalier, tout le faste du rez-de-chaussée avait disparu. Le mobilier était simple, les peintures défraîchies et l’odeur de renfermé confirmaient que deux personnes âgées et seules vivaient dans ce lieu. Tristesse d’une ancienne noblesse, probablement toujours fortunée, mais dépassée par le temps et les progrès du xxie siècle.
— Je ne me suis même pas présenté, continua-t-il. Je suis Victor de La Fosse, le frère de Ferdinand, mais cela vous l’aviez compris. Je vous en prie, asseyez-vous.
Tout en parlant, il désigna un divan élimé. Le parquet était magnifique tout comme le haut plafond aux moulures et rosaces de plâtre superbement sculptées de motifs floraux.
— Pourquoi avez-vous dit tout à l’heure « que t’a-t-il fait ? » devant le corps de votre frère ? lui demanda Déborah, une fois confortablement assise.
L’homme parut dans un premier temps embarrassé. Ses yeux s’humidifièrent de nouveau à l’évocation de la mort de Ferdinand. Il se tordait les doigts, un rictus de douleur crispait ses lèvres minces et sèches comme l’ensemble du personnage. Il flottait dans ses vêtements. Son pantalon tenait en place grâce à un jeu de bretelles d’un autre âge laissant apparaître des pans de chemise de sa taille