Siège de Dole (1636)

1636

Le siège de Dole de 1636 est la première grande bataille de la guerre de Dix Ans, épisode franc-comtois de la guerre de Trente Ans, au cours duquel Dole, alors capitale comtoise, fut assiégée pendant plus de 80 jours par les troupes du roi de France Louis XIII. Cette bataille oppose les troupes françaises de Henri II de Bourbon-Condé aux troupes comtoises de Louis de la Verne.

Siège de Dole (1636)
Description de cette image, également commentée ci-après
Siège de Dole en 1636, huile sur toile de 1637 par Nicolas Labbé, musée des beaux-arts de Dole.
Informations générales
Date 28 mai – 15 août 1636
Lieu Dole
Issue Victoire comtoise majeure
Belligérants
Comté de Bourgogne
Drapeau de l'Espagne Monarchie espagnole
Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Drapeau du royaume de France Royaume de France
 Royaume de Suède
Drapeau de l'Électorat de Saxe Électorat de Saxe
Commandants
Louis de la Verne

Ferdinand de Rye
Jean Boyvin

Jean-Baptiste de Saint-Mauris
Henri II de Bourbon-Condé

Charles de La Porte
Jean de Lambert de Saint-Bris

Jean de Gassion
Forces en présence
3 680 fantassins
180 cavaliers
15 000 fantassins
4 000 cavaliers
14 canons

500 cavaliers

500 cavaliers
Pertes
500 militaires
300 civils
5 000 hommes

Guerre de Trente Ans

Batailles

Coordonnées 47° 05′ 32″ nord, 5° 29′ 23″ est

Début de campagne

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Richelieu concentre depuis quelque temps à Auxonne (frontière entre la Bourgogne et la Franche-Comté) une armée, composée de plus de 25 000 hommes, dont il confie le commandement au prince de Condé. Avec 20 000 hommes, Condé franchit la frontière le 27 mai et s'empare le même jour de Pesmes. En face, les Comtois ne sont que 9 000 hommes commandés par Gérard de Watteville, assisté de Jean Girardot de Nozeroy. Des soldats impériaux et lorrains sont attendus en renfort mais dans le camp comtois personne ne sait où ils se situent ni quand ils seront sur place.

Les Comtois ne savent pas vers quel objectif, entre Dole et Gray, les Français se dirigent. De plus, en large infériorité numérique, aucune action ne peut être entreprise frontalement. Dès que Watteville est averti que la ville de Dole va être assiégée, il organise ses troupes afin que les Français ne puissent pas atteindre les autres villes comtoises et mise sur une arrivée rapide des troupes alliées.

Ordre de bataille

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L'armée française

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Henri II de Bourbon-Condé

L’armée Française commandée par Condé était composée de :

L'armée comtoise dans Dole

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Portrait présumé de Louis de la Verne

L'armée comtoise dans Dole, dirigée par de la Verne, était composée de[1],[2]:

Le siège

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Début du siège

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Organisation du siège

Le 27 mai, un trompette français se présente devant la capitale comtoise. Ce dernier est conduit devant le gouverneur de la Comté, Ferdinand de Rye et somme la ville de se rendre sur-le-champ. Les élites doloises sont partagées : certains préconisent de négocier avec les Français et les autres de résister. Mais le gouverneur tranche rapidement en faveur des partisans de la résistance en rétorquant à ceux de l'autre camp, qu'il entendrait plus volontiers le canon des français que leurs paroles[3]. Le lendemain, le , le prince Henri II de Bourbon-Condé divise son armée en trois groupes : il installe son quartier général avec le premier à Saint-Ylie[2], le deuxième groupe s'établit près du village de Crissey et le dernier entre Rochefort et Brévans.

Le 29 mai, Louis de la Verne et ses 800 hommes tentent une sortie pour s'emparer, avant l'ennemi, du pont sur le Doubs. Il y arrive en même temps que les Français et, au terme de plusieurs heures de combats, il parvient à prendre possession du pont et le conservera durant toute la durée du siège[3]. Le 1er juin, le régiment de Picardie ouvre la tranchée et le il emporte la contrescarpe après un rude combat. Mais, au moment où le régiment de Picardie était relevé de tranchée par le régiment d'Enghien, les assiégés attaquent avec furie. Picardie qui n'avait plus de poudre, vole cependant au secours du régiment d’Enghien à l'arme blanche et reprend tous les postes. Le régiment d'Enghien avait tellement souffert que Picardie dut rester dans les tranchées. Le lendemain, cinq cents hommes, appuyés par Enghien, attaquent la demi-lune de la porte d'Aran. Après une lutte acharnée qui dura quatre heures, ils parviennent à s'en emparer mais, abandonnés à eux-mêmes, ils ne peuvent s'y maintenir[3].

Combats et escarmouches dans la Comté

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Le 12 juin, des régiments de cavalerie légère française partent reconnaître les environs de Besançon et brûlent Saint-Ferjeux. Ils attaquent ensuite Recologne et Marnay. La cavalerie comtoise intervient trop tardivement en se positionnant entre Beure et Arguel. L'armée comtoise connaît en effet une trop grande lenteur dans l'exécution des ordres, lenteur qui sera fatale à certaines cités comtoises. Simultanément, un autre détachement français devait reconnaître Salins mais fut stoppé par l'armée comtoise à Pagnoz. Les Français se vengèrent en pillant les environs de Quingey et Fraisans.

Le 24 juin, 2 000 Français quittent Dole pour attaquer Quingey, qu'ils parviennent à prendre mais à leur retour, ils sont interceptés par l'armée comtoise qui les repousse lors d'une bataille aux environs de Ports-Lesney[1].

Suite du siège

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Plan de la ville Dole en 1636

Le , Christophe de Raincourt tente d'introduire de nouvelles troupes et des munitions dans Dole en passant par la forêt de Chaux et le gué du Temple mais, l'alarme ayant été donnée dans le camp français, il doit rebrousser chemin[4].

Les travaux de sape et de mine continuent. De nouvelles batteries sont érigées et pilonnent le vieux château de Dole jugé comme le principal point faible de la défense doloise. Dans la nuit du 3 au 4 août, des soldats comtois sortis de la ville de Gray attaquent et détruisent les forges de Drambon qui fabriquaient les munitions de l'armée de Condé. Les dolois gagnent quelques jours d'accalmie. Le 5 août, l'avant-garde de l'armée impériale, soit 3 000 cavaliers, arrivent à Gy[5].

Malgré les importants moyens déployés par les Français pour faire tomber les défenses ainsi que les épidémies qui dévastent la capitale comtoise, la ville, tient bon et le moral des combattants également. Ce siège est resté dans les mémoires comme le symbole de la combativité et de la pugnacité des Francs-Comtois menés par l'archevêque Ferdinand de Rye, le maire de Dole Jean-Baptiste de Saint-Mauris, le gouverneur de Franche-Comté et l'avocat Antoine Michou-Tey[6]. Il demeure encore l'un des plus grands faits d'armes de la Franche-Comté face à l'envahisseur français[7]. Ferdinand de Rye, alors âgé de 80 ans, parcourt régulièrement les remparts de la ville l'épée au côté. Plusieurs parlementaires comme Antoine Brun ou Jean Boyvin montrent également l'exemple et galvanisent le moral des hommes[8].

Mais la situation des Dolois est de plus en plus préoccupante : les vivres et les munitions manquent, la peste fait des ravages et, le , la foudre détruit le clocher de la ville, déjà endommagé par les bombardements. Le moral est de plus en plus bas. Le 13 août, Condé fait sauter les mines placées près du vieux château mais elles ne génèrent que peu dégâts.

L'arrivée des alliés

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Le alors qu'une armée de secours composée de l'armée franc-comtoise, de mercenaires lorrains et de troupes du Saint-Empire, commandée par Charles IV de Lorraine est en approche de Dole[9], Condé reçoit l'ordre de lever le siège pour conduire ses troupes en Picardie contre les Espagnols. Le , les troupes françaises évacuent : la ville est sauvée[1].

Conséquences

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Conséquences pour Dole

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La levée du siège de la ville de Dole est accueillie avec enthousiasme dans toute la province mais aussi jusque dans les Pays-Bas espagnols. La cité déplore 800 morts, sans compter les victimes de la peste bubonique. Les dégâts matériels sont importants : 10 000 boulets et 500 bombes sont tombés sur la ville[5] endommageant murs et toitures et surtout la collégiale dont le dôme du clocher s'est écroulé.

Si Dole est définitivement débarrassée des Français pour ce conflit, il n'en sera pas de même pour la peste et la famine qui continueront de sévir jusqu'en 1639 pour la peste et 1644 pour la famine. Jean Girardot de Nozeroy relatera dans ses mémoires : tout le bailliage de Dole avait été détruit par la peste et les François, si que quatre lieux à la ronde autour de la ville, c'était pays perdu sans hommes ni villages[5].

Conséquences pour la province

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L'armée lorraine et impériale reprendra quelques jours plus tard l'offensive contre les Français en Bourgogne. L'invasion victorieuse dans un premier temps, se soldera par une lourde défaite à Saint-Jean-de-Losne le .

Cette victoire donnera au Comté de Bourgogne un répit de plusieurs mois pendant lequel l'armée comtoise pourra s'affermir. Elle pourra même reprendre l'initiative des combats durant l'hiver suivant et obtenir de beaux succès comme à Savigny ou à Martignat. Ce n'est qu'en que les Français feront leur réapparition dans le comté, dévastant villes et villages sur leur passage. Ils s'y maintiendront durant presque tout le reste du conflit.

Devise de la Franche-Comté

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Ce serait au cours de cette bataille que la devise de la Franche-Comté aurait été énoncée, lors d'un échange verbal entre les assaillants français et un capitaine jurassien nommé Morel[10] : « Comtois, rends-toi ! Nenni, ma foi ! »[11]. Mais le doute existe avec le siège de 1479 et on ne sait pas aujourd'hui avec certitude au cours duquel des deux sièges, cela s'est produit[12]. Celui de 1636 demeure néanmoins le plus probable et le plus admis. Notamment à cause du terme "comtois" qui s'est répandu et généralisé surtout au XVIIe siècle. Jusqu'au XVIe siècle, les Comtois se disaient la plupart du temps Bourguignon.

Annexes

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Bibliographie

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Le siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgogne, et son heureuse délivrance, Jean Boyvin

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean Boyvin, Le siège de la ville de Dole, capitale de la Franche-Comté de Bourgogne, et son heureuse délivrance, Dole, Antoine Binart, , 344 p. (lire en ligne), réédité en 2018 aux éditions de La Passerelle
  • Jean Girardot de Nozeroy, Histoire de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne: 1632-1642, publié en 1843 à Besançon
  • Jean Rousseau, J'étais au siège de Dole, 1636 : raconté par un contemporain du siège, Belfort, France Régions, coll. « Histoire vécue », , 173 p. (OCLC 19485617)
  • Gérard Louis, La guerre de Dix Ans, 1634-1644, Paris, Les Belles lettres, coll. « Cahiers d'études comtoises » (no 60), , 379 p. (ISBN 2-251-60651-3, lire en ligne), p. 28 ss.  

Articles connexes

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Notes et références

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  1. a b et c Gérard Louis, La guerre de Dix Ans, 1634-1644, Presses Univ. Franche-Comté, , 379 p. (ISBN 978-2-251-60651-4, lire en ligne)
  2. a et b Daniel Antony, Nouvelle histoire de la Franche-Comté Tome II, Pontarlier, Editions du belvédère, , p. 344
  3. a b et c Jean Girardot de Noseroy, Histoire de dix ans de la Franche-Comté de Bourgogne : 1632-1642, imprimerie d'Outhenin-Chalandre fils, (lire en ligne)
  4. Louis Gérard, « Chapitre 1. La campagne de Franche-Comté », dans La guerre de Dix Ans : 1634-1644, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires », (ISBN 978-2-84867-694-4, lire en ligne), p. 13–69
  5. a b et c Jacky Therurot, Histoire de Dole, Roanne, Horvath, , 342 p. (ISBN 2-7171-0261-2), p. 107
  6. Léonce de Piépape, Histoire de la réunion de la Franche-Comté à la France: évenements diplomatiques et militaires (1279 à 1678), Champion, (lire en ligne)
  7. C'est Louis de la Verne qui assurait le commandement des troupes durant le siège.
  8. Jean-Louis Clade, Si la Comté m'était contée, Saint Etienne, Horvath, , 176 p. (ISBN 2-7171-0687-1), p79
  9. François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse ... de France, (lire en ligne)
  10. Frédéric THIRIEZ, Dictionnaire amoureux de la montagne, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-259-24978-2, lire en ligne)
  11. « La Franche-Comté », sur bourgognefranchecomte.fr, Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (consulté le ) citant André Besson, Mon pays comtois, Paris, France Empire, coll. « Histoire et terroirs », (réimpr. 1983), 398 p. (ISBN 2-7048-0082-0).
  12. Michel Biard, Jean-Numa Ducange et Jean-Yves Frétigné, Centralisation et fédéralisme, Presses universitaires de Rouen et du Havre, (ISBN 979-10-240-0873-8, lire en ligne)
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