Jeudi 3 avril 2014 - 70

e
anne - N21526 - 2 - France mtropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Mry - Directrice: Natalie Nougayrde
M
ars a t cruel Kaboul. Avril ris-
quedeltreplusencore. LAfgha-
nistan vit, ces temps-ci, des heu-
resunpeuplussombresqulha-
bitude. Le pays est dans une phase de transi-
tion. Il doit se rendre aux urnes, samedi
5avril, pourlepremiertourdunscrutinprsi-
dentiel et des lections provinciales.
LesAfghansvotent avec, entoiledefond, la
perspective du retrait massif des troupes de
lOTAN essentiellement amricaines dici
lafindelanne. Et, donc, lapossibilitdune
reprise de la guerre civile entre le pouvoir,
dunct, et les talibans, de lautre.
Menes par les Etats-Unis ou, secrtement,
par lactuel prsident, Hamid Karza, toutes
les tentatives de ngociations avec les tali-
bans ont chou. Protgs par une partie de
lEtat pakistanais, les talibans veulent partici-
per aupouvoir Kaboul sans donner aucune
garantiepralable, politique oumilitaire.
Ils sopposent, notamment, laconclusion
entreKaboul et les Etats-Unis dunaccordsur
lemaintienduneforceamricainersiduelle
quelque 10000 hommes pour encadrer
larme afghane.
Lchec des ngociations de paixa conduit
les talibans tout faire pour saboter le scru-
tin. Leur objectif est dempcher que le rgi-
me soit nouveau lgitim par les urnes. Ils
ont lanc une campagne dassassinats pour
terroriser les fonctionnaires chargs duvote,
les militants des partis en lice, les ONG, de
mme que les journalistes, afghans et tran-
gers. Ils disent vouloir faire le plus de victi-
mes civiles possible. Ils nhsitent pas tirer
bout portant sur des enfants en bas ge. Il
faut tuer, et tuer encore, pour terroriser.
Lenjeu est rien de moins que lavenir de
lAfghanistan aprs treize annes de guerre.
La vrit est quunbonnombre dAfghans, et
certainspaysvoisins, souhaitentquelesEtats-
Unis maintiennent une force. Ils veulent que
lONUet les ONGnabandonnent pas le pays.
Ils redoutent une offensive gnrale des tali-
bansaulendemaindudpartdugrosdestrou-
pes de lOTAN.
Ils craignent une guerre civile qui se solde-
rait par une victoire des talibans, ces milices
armes, issues des tribus pachtounes, leth-
nie majoritaire, pratiquant et imposant un
islam ultraconservateur, aussi intolrant
lgarddetous les autres cultes quil est impi-
toyable lgarddes femmes.
En poste depuis la chute du rgime tali-
ban en 2001, le prsident sortant, M. Karza,
joue un jeu dangereux. Il se comporte en
adversaire rsolu de Washington. Il refuse
de signer laccord ngoci entre Kaboul et
Washingtonsur la force rsiduelle. Il cultive
une rhtorique antiamricaine, comme sil
cherchait se mnager, dj, les bonnes gr-
ces des talibans.
Il dnonce, justetitre, certainsbombarde-
ments de lOTANqui font encore nombre de
victimes dans la population. Mais il donne
volontiers crdit ce sujet des documents
quil sait fabriqus par les talibans. Surtout, il
feint dignorer cette ralit: les milliers
dAfghans civils tus depuis treize ans ont,
dansleurcrasantemajorit, tdesvictimes
des talibans. Do ces heures dangoisse, de
peur et dincertitudeque vit lAfghanistan. p
LIRE LENQUTE PAGE20
La saga du procs de
Montigny-ls-Metz
LeprocsdeFrancis
Heaulmeatrenvoy
aprsletmoignagede
lancienmanutentionnaire
Henri Leclaire.
FRANCEPAGE 11
Venezuela:
le systme Maduro
craque
Lergimevnzulienest
confrontdesviolencesqui
ont fait aumoins 40morts.
INTERNATIONALPAGE 8
La biotechfranaise,
star de la Bourse
Lesactions delastart-up
GenomicVisionsarrachent
laBoursedeParis. Les fonds
amricainscherchent les
bonnesaffairesenFrance.
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LA CAUTION DE GAUCHE
AUJOURDHUI
DITORIAL
Legouvernement, unesynthseValls-Hollande
LE GOFF PAR UMBERTO ECO
Afghanistan: les talibans, laterreur et levote
Manuel Valls quitte lElyse,
mercredi 2 avril aumatin,
aprs avoir form
songouvernement.
JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/
FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
tLepremier ministre
dirigeraune quipe
resserre, qui respecte
laparit et les
quilibres duPS
tLes entrants:
Sgolne Royal
et Franois Rebsamen.
Les sortants:
PierreMoscovici
et Vincent Peillon
tLes Verts nont
pas vouluparticiper
augouvernement.
Christiane Taubira
reste garde des sceaux
tBruxelles refuse
laFrance unsursis
pour rduire ledficit
LIRE PAGES2 7,
CAHIERCOP. 5
ET LACHRONIQUE P. 21
LE REGARD DE PLANTU
Y
JacquesLeGoff nest
plus. Il avait 90 ans,
un ge raisonnable
pour la plupart des gens; pourtant,
ledcsdesafemmelavaitlittrale-
ment boulevers. Les dernires
annes de sa vie, il les avait passes
chez lui, immobilis, mme si ses
facultsintellectuellestaientintac-
tes. Il ne cessait de travailler, de
publier, sedplaantavecundam-
bulateurentrelesgratte-cielquefor-
maient les livres qui ne trouvaient
plus leur place dans les tagres
bondes,sortesdeManhattandru-
ditiondans sonpetit appartement.
LaFrancesenorgueillitdhistoriens
minents de la priode mdivale,
et il suffit de songer, pour lhistoire
de la philosophie, Etienne Gilson,
pour lhistoiredelart, EmileMle
ou Henri Focillon, pour lhistorio-
graphie, Pirenne ou Duby, mais
LeGofffutuninterprtetrsperson-
nel decettegrandetradition.
UmbertoEcoLIRE LASUITE PAGE 17
Ledosagetrspolitiquedugouvernement
Lenouveaupremierministreambitionnedincarnerunerupturerapideet radicaleaveclamthodedesonprdcesseur,
france
C
harg par le prsident din-
carner la promesse dune
nouvelle tape de son
quinquennat, Manuel Valls a d
composer un gouvernement fait
de subtils quilibres entre les cou-
rants du PS, avec lequel il espre
imposer sa marque. Son quipe a
t annonce, mercredi 2 avril
dans la matine par le secrtaire
gnral de la prsidence, Pierre-
Ren Lemas.
Laveille, leprsidentetsonnou-
veau premier ministre, qui plan-
chent de concert depuis lundi
midi, avaient veill jusque tard
dans la soire dans le bureau du
chef de lEtat. Mercredi matin, ils
sattachaient encore y rsoudre
les multiples paramtres dune
quationpolitiquecomplexe: pr-
senter ungouvernement paritaire
et resserr, qui compose avec
les quilibres duPS. Lquipe Valls
compte deux entrants: Sgolne
Royal, qui fait songrand retour en
prenant lcologie et lnergie, et
Franois Resbamen, qui nobtient
pas, une fois encore, le ministre
de lintrieur, enraisonduvetode
Manuel Valls, mais rcupreletra-
vail, lemploi et le dialogue social.
Les grands perdants sont Pierre
Moscovici et Vincent Peillon, qui
quittentBercyet lducationnatio-
nale. Arnaud Montebourg prend
du galon, en rcuprant le titre de
ministre de lconomie, sans obte-
nir la haute main sur Bercy: cest
Michel Sapin, le fidle de Franois
Hollande qui sera ministre des
finances et des comptes publics et
dfendra la politique budgtaire
de la France Bruxelles. Par
ailleurs, Christiane Taubira reste
garde des sceaux.
Cette quipe est compose de
professionnels sans pour autant
faire talage de vieilles gloires.
Manuel Valls veut en faire un
gouvernement de combat capa-
ble de rsister aux rpliques du
sisme municipal du 31 mars qui
sannoncent, des europennes la
prsidentielle.
Communiquant n, Manuel
Valls sest coul dans le costume
du manageur, expert en ressour-
ces humaines et politiques. Mardi,
il avait reules dirigeantscologis-
tes place Beauvau. Puis, une fois
installMatignon, leprsidentde
lAssemble, Claude Bartolone,
celui du Parti radical de gauche,
Jean-Michel Baylet, ses collgues
Stphane Le Foll, Arnaud Monte-
bourg, Vincent Peillon et Christia-
ne Taubira ainsi que le patron du
PS, HarlemDsir.
Despremiresheuresquiesquis-
sent dores et dj le rle que sap-
prte embrasser le nouveau chef
dugouvernement, qui ambitionne
de gouverner comme il a construit
sa trajectoire politique: Libr de
la contrainte et des quilibres dap-
pareil qui font perdre le soutien de
lopinion, selonunproche.
Le professionnel, ce pourrait en
tre le titre. Ses proches, qui souli-
gnent lenvi ses expriences pas-
ses Matignon aux cts de
Michel Rocard et de Lionel Jospin,
quil a lui-mme voques lors de
la passation, en annoncent dj
lesprit, entrepreneurial endiable.
Cest une vraie philosophie. Une
information plus fluide, une prise
dedcisionsimplifie, unecapacit
animer une quipe et la faire tra-
vailler ensemble, vante lun. Il a
rflchi la communication gou-
vernementale et pas seulement
celle du premier ministre, appuie
un autre. De la coordination, des
priorits dfinies, un agenda ma-
tris, des messagesqui serptequi
se dclinent: lide, cest de ne plus
subir.
Le nouveau premier ministre,
qui seposedjenchef dquipeet
dorchestre, capable danimer un
collectif, selonsesproches, sinstal-
le rsolument dans la rupture par
rapport son prdcesseur.
M. Valls a dailleurs indiqu sans
ambages devant M. Ayrault, lors
de la passation de pouvoirs, quil
voulait aller encore plus loin,
encore plus vite . Le nouveau
PM, mme sil a pris soin lis-
suedelacrmoniedallerembras-
ser sous lil des camras une
retraite du service de presse de
Matignon, na jamais fait dans le
sentiment. Lexcutif ayant tirdu
scrutinla leonselonlaquellelab-
sence de rsultats ne saurait sac-
commoderplusavantdelamateu-
risme et des dissonances gouver-
nementales, M. Valls se prsente,
fort logiquement, comme lhom-
me de la situation, charg de rta-
blir lordre.
Lacoordinationet lharmonisa-
tion du travail entre Elyse et Mati-
gnon, quifaisaientdfautlancien-
ne architecture, seront dsormais
assures, confirme un proche du
prsident. Le message, cest : les
couacs, a suffit. Cest le retour de
lautorit tous les niveaux de
lEtat, assure le vallsiste Luc Car-
vounas. Pour incarner le change-
ment, Manuel Valls doit-il changer
lui-mme? Adoucir son image
pouroffrirsontourcelledudialo-
gueetducompromis?Surtoutpas,
plaide lun de ses intimes: Sil se
hollando-ayraultise, il est perdu.
Manuel doit faire du Valls. Cest ce
que Franois lui a demand.
Certes, le nouvel hte de Mati-
gnon devra abandonner le seul
registre scuritaire pour embras-
ser une palette politique infini-
ment plus large, traiter enpriorit
de sujets conomiques et sociaux
qui demeurent pour lui une terre
inconnue, tenter de se situer au
point dquilibre du gouverne-
ment, dmontrer quil est capable
depiloterunemajoritbranleet
des partenaires de gauche tou-
jours plus turbulents. M. Valls, qui
sest souvent illustr, jusquici,
dans le registre de la provocation
et delatransgressionpar rapport
son camp, sera videmment
contraint des concessions.
Manuel Valls ne devrait en rien
modifiersamthode. Surlaforme,
vitesse et ractivit, hyperactivit
mdiatique, esprit commando.
Surlefond, incarnationdelautori-
t et de la fermet rpublicaine.
La gmellit politique entre
MM. Hollande et Ayrault, tous
deux purs sociaux-dmocrates
lallure tranquille, stait terme
rvlecontre-productive. Ladiff-
rence radicale doffre politique
entre MM. Hollande et Valls est
cense confrer cette dyarchie
un tour plus dynamique et plus
fonctionnel. Et lui apporter ce qui
lui a jusquici tant fait dfaut: une
image nette dupouvoir enaction.
Laclartduvallsismepourdissi-
per le flou hollandais: missionn
pourinsufflerpopularitetautori-
t un excutif en perdition dans
lopinion, et decefait installdans
la position du sauveur, M. Valls se
trouve pourtant paradoxalement,
aussi, dans celle du collaborateur.
Unretourlespritdelacampagne
prsidentielle, quand il tait le
directeur de lacommunicationdu
candidat Hollande. Depuis son
arriveplaceBeauvau, il avaitrega-
gnsonautonomiepolitique, affir-
mant peu peuses ambitions jus-
qu engager le rapport de forces
avec le chef de lEtat, comme sur le
cas Leonarda. Le voil de nouveau
dans la peau dun premier lieute-
nant, charg, deux ans aprs, de
personnifier la promesse de cam-
pagne, jamais tenue: Le change-
ment, cest maintenant. p
DavidRevault dAllonnes
Lescologistesoptentpourlesoutiensansparticipation
ONAURAITPUPENSERunpois-
sondavril. Il nenest rien. Aprs
deuxjours rocambolesques, les
cologistesont dcid, mardi
1
er
avril, denepas participer augou-
vernement deManuel Valls. La
dcisionest revenueladirection
dEuropeEcologie- Les Verts. Ellea
tapprouvehuit voixcontre
quatre. Les parlementaires, eux,
souhaitaient majoritairement
rejoindrelquipedunouveaupre-
mier ministre. Dequoi tendreles
dbats auseinduparti.
EmmanuelleCosse, secrtaire
nationaledEELV, expliqueauMon-
de, quil yaune inquitudetrs
fortesur lavolontde Hollandede
fairebouger saligne. () Onne
peut pas oublier les deuxans pas-
ss duneexpriencegouvernemen-
talequi aeudes hauts et des bas.
Cest lchec dunemajorit. Il ya
aussi une responsabilitlourdede
Hollande.
Il nyauradonc pas de ministre
issudEELVauxcts de M. Valls.
Ceuxqui seraient tents par laven-
tureseront dsavous par leparti.
Favorablelaparticipationgouver-
nementale, le patrondes sna-
teurs cologistes, Jean-Vincent Pla-
c, nexclut pas une revoyure
avec Manuel aprs les europen-
nes oules rgionales.
Mais mardi soir, certainsne
cachaient pas leur amertumesur
Twitter. Acommencer par lecopr-
sident dugroupecologistelAs-
semblenationale, Franois de
Rugy, dont lenomcirculait avec
insistancepour devenir ministre.
Ce qui est dramatique, cest
quanddes enjeuxinternes de parti
prennent le pas sur les enjeuxpoliti-
ques. Et celadevient incomprhensi-
ble, sedsolait-il. Soncollguede
Paris, Denis Baupin, prfrait ironi-
ser sur lecomblede lcologiste,
surtout nonviolent: se tirer unebal-
ledans le pied. Tout anest pas
trs lisible, confiegalement
M. Plac.
Tout commencelundi soir. A
peineladclarationdeFranois
Hollandetermine, CcileDuflot
et Pascal Canfin, dsormais
ex-ministrescologistes, font
savoir quils ne rejoindront pas le
gouvernement deM. Valls. Cette
dcision, annonceavant toutedis-
cussioncollective, est mal vcue
eninterne. Mardi matin, M
me
Cosse
rencontre, avec les prsidents des
groupes parlementaires, lepre-
mier ministre.
M. Valls a trs envie de conser-
ver les cologistes dans songou-
vernement. Jug trop droite, il
sait quil na pas bonne presse
EELV. Le nouveauchef dugouver-
nement accde plusieurs de
leurs revendications. Il leur propo-
se ungrandministre de lcolo-
gie, assorti de lnergie. Une pro-
positionque les cologistes
nauraient pas imagine venant
des socialistes mme dans leurs
rves les plus fous.
Suicide politique
Dautresengagementssont
pris: sur latransitionnergtique,
sur lintroductiondunedosede
proportionnelleauxlgislatives
ouencoresur lajusticesociale.
Dequoi les fairerflchir. Les ru-
nionssenchanent eninterne.
Mais certainsrestent mfiants,
dautant plus queles militants
commencent gronder. Lasenten-
cetombevers 20heures. Cest du
suicidepolitique, sedsespreun
autremembrede ladirection. Il ya
unevolontde repriseenmaindu
parti trs forte. Dans leviseur de
cecadredEELV: lex-patronnedes
Verts, CcileDuflot.
Ccile apensquil fallait don-
ner unsignal clair sur lasortieet
donc quepersonnenerentre, note
M. Plac, rarement endsaccord
aussi ouvert avec sacomplicede
toujours. Les dtracteurs de
M
me
Duflot laccusent davoir ver-
rouillles discussions. Unepti-
tioncontrelentreaugouverne-
ment, signepar plusieursfigures
dEELV, agalement circulmardi
eninterne. Selonles uns, ellema-
nait des amis deM. Canfin, selon
les autres deceuxde MmeDuflot.
M
me
Cosseassurequesonparti
restedans lamajorit, quellene
souhaitepas une oppositionstri-
le, toutefois, laconfianceneva
pas desoi. Ni dfianceautomati-
queni confianceabsolue, aren-
chri M. Placmercredi sur RMC. p
Raphalle Besse Desmoulires
Sil sehollando-
ayraultise,
il estperdu. Manuel
doitfaireduValls,
plaidelun
desesintimes
2
0123
Jeudi 3 avril 2014
france
Valls
Jean-MarcAyrault
UneanciennedeBercy,
directriceducabinet
C
estungouvernementenfor-
me de pari politique qua
annonc mercredi 2avril en
fin de matine, le secrtaire gn-
ral de lElyse Pierre Ren Lemas.
Comme promis, lquipe prsen-
te, qui se runira pour un pre-
mierconseil desministresvendre-
di matin, est avec seize ministres
lun des plus restreints de lhistoi-
re selon un proche de Manuel
Valls, paritaire et essentiellement
compose de tnors. Lidentit et
le nombre des secrtaires dEtat
seront connuslasemaineprochai-
ne.
Franois Hollande et Manuel
Valls entendaient matrialiser
lide dun nouveau dpart. Pour
lillustrer, ilsont mnagquelques
surprises. Et, du coup, pris de trs
srieuxrisquespolitiques. Leprin-
cipal dentre eux est la nomina-
tion dArnaud Montebourg la
tteduministrede lconomie, du
redressement productif et du
numrique. Il devra dsormais
mnager Bruxelles, les marchs
financiers et la direction du Tr-
sor, quil a tant vilipends au
ministre du redressement pro-
ductif. Il sera accompagn aux
finances et aux comptes publics
duhollandaisMichel Sapin, aupro-
fil plus rassurant. La promesse,
selon lentourage de M. Valls,
dune architecture resserre et
cohrente Bercy, o cohabi-
taient jusqualors sept ministres.
Larrive au poste de ministre
de lcologie, du dveloppement
durableet delnergiedeSgolne
Royal, ancienne compagne du
chef de l'tat, connue pour sa paro-
le libre et sa difficult se fondre
dans un collectif, permettra de
donner une dimension populaire
ldificegouvernemental. Num-
ro trois du gouvernement, elle
hrite de dossiers sensibles, com-
me le nuclaire et la transition
nergtique, que le prsident
entenddsormaisfairefigurerpar-
mi sespriorits. Lafaondont lan-
cienne finaliste de la prsidentiel-
le, tenue lcart depuis mai 2012,
se pliera la frule du nouveau
chef dugouvernementet duprsi-
dent de la Rpublique sera obser-
ve de prs.
Si le nom de Mme Royal circu-
lait depuis plusieurs semaines, le
choix opr pour le ministre de
lintrieur ntait pas prvu. On
attendait Franois Rebsamen ou
Jean-Jacques Urvoas, respective-
ment proches de Franois Hollan-
deet deManuel Valls, lintrieur.
Ce sera ni lunni lautre, mais lan-
cien ministre du budget Bernard
Cazeneuve, qui peut arguer dune
compatibilit tant avec le prsi-
dent quavec son premier minis-
tre. Hollandais historique et nou-
vel entrant, M. Rebsamen hrite
du travail, de lemploi et du dialo-
gue social.
La monte en puissance de
Benot Hamon, nomm ministre
delEducationnationale, delensei-
gnement suprieur et delarecher-
che, constitue une autre indica-
tion de la volont de M. Valls de
donner des gages sa gauche. Si
lancien patron du Mouvement
des jeunes socialistes bnficie du
soutiendesrseauxsyndicauxtu-
diants et lycens (UNEF, Fidl), ce
qui doit garantir une forme de
paix sociale avec la jeunesse, il
aura fort faire avec un corps
enseignant dupar sonprdces-
seur Vincent Peillon.
Lancienne porte parole Najat
VallaudBelkacembnficie gale-
ment dunepromotion, qui sevoit
attribuer le ministre du droits
des femmes, de la ville, de la jeu-
nesse et des sports. Le porte paro-
lat choit Stphane Le Foll, autre
fidle du prsident, qui conserve
par ailleurs son portefeuille de
lAgriculture.
Il ny a pas dcologistes parmi
les ministres. Il yauraenrevanche
une radicale de gauche, Sylvia
Pinel, qui quitte lartisanat et les
PME pour remplacer Ccile Duflot
au ministre du Logement et de
lgalit des territoires.
Sur les ministres rgaliens,
peu de changement. Jean-Yves Le
Drian la dfense et Laurent
Fabius au Quai dOrsay, qui
avaient donn satisfaction, se
voientconforts. Ledeuxime, qui
ambitionnait de dvelopper la
diplomatie conomique, se voit
adjoindre le portefeuille du dve-
loppement international.
Donne partante pour cause
dincompatibilit de ligne avec
M. Valls, ainsi que la dmontr
leur bras de fer de lt 2013 sur la
rforme pnale, Christiane Taubi-
ra conserve la chancellerie. Le pre-
mier ministre russit conserver
la figure la plus emblmatique,
auxyeuxde la gauche, de lquipe
sortante.
Trois autres ministres gardent
leur portefeuille: Aurlie Filippet-
ti, Marisol Touraine et Marylise
Lebranchu, respectivement la
culture et la communication,
aux affaires sociales et la dcen-
tralisation. George Pau-Langevin
quittelarussiteducativeet rem-
place Victorin Lurel au ministre
des outre-mer.
En terme dquilibre, cette pre-
mire quipe Valls ne porte que
modrment lempreinte du nou-
veau chef du gouvernement, qui
nyapas placdeproches. Leprsi-
dent de la Rpublique, en revan-
che, conforteleblochollandais, qui
plus est des postes stratgiques,
aveclamonteengradedeStpha-
ne Le Foll, lentre du maire de
Dijon Franois Rebsamen et lins-
tallation de Michel Sapin au poste
cl du budget. Lquipe Valls est
dabordunequipe Hollande. p
BastienBonnefous,
DavidRevault dAllonnes et
Thomas Wieder
Si lenomdeM
me
Royal
circulaitdepuisdes
semaines, lechoixde
M. Cazeneuvepour
lintrieur
ntaitpasprvu
ELLEESTLAPREMIREfemme
occuper untel poste. Vronique
Bdague-Hamilius a t choisie
par Manuel Valls pour diriger son
cabinet Matignon. Cette grande
femme brune de 50ans, discrte
mais rpute pour sonautorit,
venait de quitter unautre poste
stratgique. Secrtaire gnrale
de la Ville de Paris depuis 2008,
elle avait t nomme le 14mars
prsidentede lAgence franaise
pour les investissements interna-
tionaux(AFII) et, dans la foule,
directricede lAgence franaise
pour le dveloppement interna-
tional des entreprises (Ubifrance).
Elle avait pour missionde russir
la fusionde ces deuxoprateurs.
Enarque(promotionJean-Mon-
net, 1990), VroniqueBdague-
Hamilius est promue ce poste
sans tre issue dungrandcorps
de lEtat, contrairement la quasi-
totalitdes directeurs de cabinet
des premiers ministres. Adminis-
tratrice civile, diplmede lEssec,
elle commence sa carrire Bercy.
Avant de devenir conomiste au
Fonds montaire international,
de 1994 1997. Elle revient ensui-
te aubudget, oelle occupe plu-
sieurs postes. De 2000 2002, elle
est conseillre technique auprs
de Laurent Fabius, alors ministre
de lconomie, des finances et de
lindustrie, puis de Florence Parly,
secrtairedEtat aubudget de
lpoque.
Aprs lalternanceen2002,
repre par BertrandDelano, elle
devient directrice des finances de
la Ville de Paris. Puis elle occupe le
poste stratgique de directrice
gnrale. Ala tte de larmada
administrativeparisiennede
50000agents, elle se voit confier
la missiondenmoderniser le
fonctionnement.
PromotionDelano
AMatignon, la remplaantede
ChristopheChantepy, directeur
de cabinet de Jean-Marc Ayrault,
sera amene ctoyer unhaut
fonctionnairequelle connat
bien: Nicolas Revel, actuel secr-
taire gnral adjoint de lElyse,
anciendirecteur de cabinet de Ber-
trandDelano. Aeuxdeux,
M. Revel et M
me
Bdague-Hamilius
incarnent la promotion
Delano dans les hautes sphres
de lEtat.
Lanciencabinet de M. Valls
lintrieur forme lossature de son
quipe Matignon. Yves Colmou
a t nommconseiller, selonun
arrtpubli mercredi auJournal
officiel. Yves Colmouest unpro-
che de Manuel Valls. Les deux
hommes staient croiss Mati-
gnonen2001 auseinducabinet
de Lionel Jospin. SbastienGros,
chef de cabinet de M. Valls au
ministre de lintrieur, occupera
la mme fonction, de mme que
Magali Alexandre, conseillre par-
lementaire, et HaroldHauzy,
conseiller pour la communica-
tion. p
Batrice Jrme
DJ DANS
LES MEILLEURES
VENTES
Photos Julien Falsimagne
Anne Pingeot est une hrone
de tragdie. Entre Paul Claudel
et Marguerite Duras.
Fabienne Pascaud, Tlrama
Lnigme dune femme,
prisonnire dun mensonge dtat.
Caroline Mangez, Paris Match
Il fallait raconter cette histoire.
Christophe Ono-Dit-Biot, Le Point
Donnepartante,
ChristianeTaubira
conservefinalement
lajustice
Laurent Fabius Ministre
des affaires trangres et
dudveloppement international
Sgolne Royal Ministre de
lcologie, dudveloppement
durable et de lnergie
Benot HamonMinistre de ldu-
cationnationale, de lenseigne-
ment suprieur et de la recherche
Christiane Taubira Garde
des sceaux, ministre de la justice
Michel SapinMinistre des
finances et des comptes publics
ArnaudMontebourgMinistre
de lconomie, duredressement
productif et dunumrique
Marisol Touraine Ministre
des affaires sociales
Franois RebsamenMinistre
dutravail, de lemploi
et dudialogue social
Jean-Yves Le DrianMinistre
de ladfense
BernardCazeneuve Ministre
de lintrieur
Najat Vallaud-BelkacemMinis-
tredes droits des femmes, de la
ville, de la jeunesseet des sports
Marylise LebranchuMinistre de
ladcentralisation, de la rforme
de lEtat et de la fonction
publique
Aurlie Filippetti Ministre de la
culture et de la communication
Stphane Le Foll Ministre de
lagriculture, de lagroalimentaire
et de la fort, porte-parole
dugouvernement
Sylvia Pinel Ministredu loge-
ment et de lgalit des territoires
George Pau-LangevinMinistre
des outre-mer
Compositiondugouvernement
Unequipeavecdespoidslourdshollandais
etpeudeprochesdupremierministre
Naviguant entreles exigences deparitet derenouvellement, Manuel Valls
et Franois Hollandeont composungouvernement restreint seizeministres
Manuel Valls,
lors de la
passation
de pouvoir
avec Jean-Marc
Ayrault dans
lacour de
Matignon,
mardi 1
er
avril.
JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/
FRENCH-POLITICS
POURLE MONDE
3
0123
Jeudi 3 avril 2014
- CESSATIONS DE GARANTIE
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
DAPPLICATION N 72-678
DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE FRANCE, sis Etoile Saint-Honor
21 Rue Balzac 75406 Paris Cedex
08 (RCS Paris 414 108 708), succursale
de QBE Insurance (Europe) Limited,
Plantation Place dont le sige social est
30 Fenchurch Street, London EC3M 3BD,
fait savoir que, la garantie nancire dont
bnciait l :
EURL MUSTIMMO
95, Avenue Charles de Gaulle
69160 Tassin la Demi Lune
SIREN : 538 956 558
depuis le 1
er
Janvier 2012 pour son
activit de : TRANSACTION AVEC
PERCEPTION DE FONDS a cess au 25
Fvrier 2014. Les crances ventuelles se
rapportant ces oprations devront tre
produites dans les trois mois de cette inser-
tion ladresse de lEtablissement garant
sis Etoile Saint-Honor 21 Rue Balzac
75406 Paris Cedex 08. Il est prcis quil
sagit de crances ventuelles et que le
prsent avis ne prjuge en rien du paiement
ou du non-paiement des sommes dues et
ne peut en aucune faon mettre en cause
la solvabilit ou lhonorabilit de lEURL
MUSTIMMO.
S
golne Royal, ministre de
Franois Hollande. Com-
ment ne pas sourire? Com-
ment ne pas penser tout ce qua
dextraordinaire une telle situa-
tion? En entendant Pierre-Ren
Lemas, le secrtaire gnral de
lElyse, annoncer mercredi 2avril
que Madame Sgolne Royal
taitnommeministredelcolo-
gie, il tait videmment impossi-
ble de rester impassible.
Sgolne Royal, ministre de
Franois Hollande. Oui, dcid-
ment, toutestsingulierdanslara-
lit que dcrivent ces quelques
mots. Unprsident qui fait appel
sonex-compagne. Une ex-compa-
gne qui avait failli tre prsidente.
Uncouplequi sereformesurlasc-
ne politique, quelques annes
aprs stre dchir en priv. Ici
tout sentremle, et le citoyen qui
assiste ces retrouvailles si parti-
culiresnepeut quhsiter: suis-je
dans un vaudeville? suis-je dans
lhistoire? Peut-tre un peu dans
les deux, enfait.
Imaginons que Sgolne Royal
nait jamais partag la vie de Fran-
ois Hollande. Si tel avait tlecas,
son entre au gouvernement
aurait pu avoir lieu depuis long-
temps. Dans dautres pays, dan-
ciens candidats llection prsi-
dentielle deviennent naturelle-
ment ministres: Hillary Clinton
ouJohnKerry, parexemple. Candi-
date malheureuse de la gauche en
2007, Sgolne Royal pouvait tre
ministre de la gauche victorieuse
en 2012. Politiquement, cet t
logique.
Mais la politique, enloccurren-
ce, na pas dict ses lois. Car
dautres lois, plus imprieuses,
ont alors pris ledessus. Onconnat
lhistoire, inutile de la rappeler en
dtail. Deux femmes qui se has-
sent, entre les deux un prsident
qui sait quetout gesteendirection
decelleavecqui il avcuprovoque-
ra lire de celle avec qui il partage
dsormaissavie. Untweetdvasta-
teur le lui prouvera.
Paradoxalement, ce fameux
tweet du 12juin 2012, dans lequel
Valrie Trierweiler apportait son
soutienauconcurrent deSgolne
Royal auxlections lgislatives de
LaRochelle aprs que cette derni-
re eut reu le soutien de Franois
Hollande, aidera normaliser les
relations entre les deux derniers
enmmetempsquil distendrales
liens du couple prsidentiel. Mais
il faudra la rupture officielle de
celui-ci, en janvier2014, pour que
les feux redeviennent verts pour
le retour de Sgolne, selonunde
ses proches.
Ces vingt mois dattente, pour
lex-candidate la prsidentielle,
auront dabord t marqus par
une longue dpression. Puis par
une lente reconstruction. Peu
peu, aprs un temps disolement,
Sgolne Royal a repris contact
avec ses proches, laissant ceux-
ci, notammentGuillaumeGarot et
Dominique Bertinotti, tous deux
ministres, le soin denvoyer rgu-
lirementdessignauxdesondsir
dintgrer le dispositif. Undis-
positifenvimaisvolontierscriti-
qu, Sgolne Royal endossant
peu peu le rle dallie frondeu-
se, daiguillondungouvernement
dont elle nhsite pas fustiger les
hsitations, lesprudenceset certai-
nes dcisions, en matire fiscale
notamment.
Ces dernires semaines, son
entre prochaine au gouverne-
ment tait devenue une vidence.
Le ministre de la dfense, Jean-
Yves Le Drian, vieil ami de Fran-
ois Hollande, et donc de Sgolne
Royal, a rcemment djeun avec
elle pour discuter de la question.
Avec Manuel Valls, qui lavait
soutenue au congrs de Reims, en
2008, mais avec qui les relations
staient distendues depuis des
annes, le contact a t renou fin
2013aprslaffaireLeonardaloc-
casionde laquelle la prsidente de
la rgion Poitou-Charentes avait
dfendulapositionduministrede
lintrieur.
A 60ans, voici donc Sgolne
Royal ministre pour la quatrime
fois. Vingt-deuxansjourpour jour
aprs sa premire entre dans un
gouvernement. Ctait le 2avril
1992. Ce jour-l, Sgolne Royal
tait nomme ministre de lenvi-
ronnement dans le gouverne-
ment de Pierre Brgovoy.
Franois Hollande, qui esprait
lui aussi un portefeuille minist-
riel, nen avait pas obtenu. Pas
question de nommer les deux
membres dunmme couple dans
un mme gouvernement, avait
lpoque tranch Franois Mit-
terrand. p
Thomas Wieder
france
FranoisRebsamen, unfidleentre
lesfidlespourmenerlabatailledelemploi
Endevenantministredelducation,
BenotHamonenfileunshortXL
CESDERNIERSMOIS, Benot
Hamonsestimait ltroit au
ministredlgu lconomie
sociale et solidaireet la consom-
mation. Enpriv, ce quadra, fande
rugby, hsitait entre trois futurs
possibles: soit unshort minis-
triel taill plus grand, soit latte
duPS, soit briguer la prsidence
de largionIle-de-Franceen2015.
Ce sera donc le short taille XL.
Mercredi 2avril, Benot Hamon
a quitt Bercypour unministre
largi de lducationnationale, du
suprieur et de la recherche. Lan-
cienleader tudiant contre la loi
Devaquet en1986devient le
patrondes profs. Sa nomination
tait enprparationdepuis quel-
ques mois. Ennovembre, son
actionauprs des syndicats tu-
diants et lycens lors de laffaire
Leonardaavait t remarque par
lElyse. Depuis, il a rencontr Ber-
nadette Groison, la secrtaire
gnrale de la FSU, premire fd-
rationde lducation, endbut
danne. Et la semaine dernire,
des proches dunouveauministre
ont laiss quelques messages
des tnors dumonde ducatif.
Pourquoi Benot Hamon? Il a
fait toute sa carrire auParti socia-
liste sauf quelques annes pas-
ses linstitut de sondages Ipsos
audbut des annes 2000 est
class laile gauche duPS. Et puis
ces derniers mois, MM. Valls et
Hamonont pass ungentlemen
agreement aprs stre long-
temps combattus dans lappareil
socialiste. Alautomne, Valls a
compt ses forces. Hamontait
prsent, Peillonnon, confie un
observateur. Par ailleurs, placer
unministre estampillgauche
socialiste dans uncorps ensei-
gnant nest pas insens.
Unposte hauts risques
Bretonde naissance, une enfan-
ce passe enpartieauSngal,
M. Hamonest entr auPS dans les
annes 1980par la porte rocar-
dienne. Il devient en1993 le prsi-
dent duMouvement des jeunes
socialistes (MJS), une organisation
quil tient toujours sa main.
Conseiller de Martine Aubryau
ministrede lemploi sous le gou-
vernement Jospin, il glisse peu
peuvers laile gauche duPS avec
Henri Emmanuelli. En2003, il fon-
de le NouveauParti socialiste avec
ses amis dalors, Vincent Peillon
et ArnaudMontebourg.
Mais lamiti tactique ne dure
pas et le NPS clate deuxans plus
tard. Noniste en2005, il sou-
tient Laurent Fabius, mais devient
porte-paroledupremier secrtai-
re duPS Franois Hollande aprs
lerfrendumsur lEurope. Candi-
dat la directionduparti au
congrs de Reims en2008, il rallie
Martine Aubrycontre Sgolne
Royal. En2011, il ne concourt pas
la primaire, laissant le champ
libre sur le flanc gauche duparti
M. Montebourg. Partisande
M
me
Aubry, il a nanmoins t
nomm ministre par M. Hollande
dans le gouvernement Ayrault, et
soncourant auPS, Unmonde
davance, a intgr la directiondu
parti. Eludput des Yvelines en
2012, la liste sur laquelle il tait
candidat (mais pas entte) a rem-
port les lections municipales
Trappes (Yvelines) dimanche.
Safeuillede route officieuse
lducationpourrait bienlui
demander de se contenter dcrire
les dcrets dapplicationde laloi
dorientationlaborepar sonpr-
dcesseur, Vincent Peillon, tout en
donnant lillusionque lducation
et la jeunesserestent prioritaires
dans ce gouvernement. Unmoyen
dene pas faire de vagues dans ce
secteur secoudepuis 2012 par la
rformedes rythmes scolaires.
Unemissionqui consisterait fai-
remarcher une machineconue
par unautre: veiller labonne
marchedes ESPE, les toutes jeunes
coles duprofessorat et de lduca-
tion, mettreunepincedenumri-
que et sassurer que larformedes
zones dducationprioritaires
poursuit sonchemin
Sera-t-il le ministrequi enterre-
rala promesseprsidentiellede
recrer 60000postes dans ldu-
cation? Voir celui qui reviendra
sur les rythmes scolaires? La rue
de Grenelleest unposte hauts
risques. M. Hamonle sait qui en
plus confiait enpriv il ya quel-
ques semaines que Peillona
quandmme ungros bilan, bonne
chance celui qui lui succdera. p
Maryline Baumard
etBastienBonnefous
A60ans, M
me
Royal
estministrepour
laquatrimefois,
vingt-deux ans
aprssonpremier
maroquin
Il afallularupture
avecM
me
Trierweiler
pourquelesfeux
redeviennent verts
pourSgolne, selon
undesesproches
CETTEFOIS-CI, il na pas pass son
tour. La nominationdupatron
des snateurs socialistes, Franois
Rebsamen, mercredi 2avril, au
poste de ministre dutravail, de
lemploi et dudialogue social, a
unpetit got de rattrapage. En
mai 2012, la Place Beauvaului
avait chapp, et il avait refus
tout autre poste: pas question
dabandonner la mairie de Dijon,
quil a conquis de haute lutte en
2001 aprs deuxtentatives mal-
heureuses, pour autre chose que
lintrieur. Ce fidle de Franois
Hollande, g de 62 ans, a saisi sa
deuximechance daccder un
portefeuilleministriel. Ce sera sa
premirefois. Sonrle sera cen-
tral pour faire passer la pilule du
pacte de responsabilitauprs
des syndicats et mener la bataille
de la lutte contre le chmage.
Mardi, quelques heures de
lannonce de la compositiondu
nouveaugouvernement, le maire
de Dijonet prsident dugroupe
PS auSnat avait mis toutes les
chances de sonct dans les
mdias et avait mme manifest
unenthousiasmeindit pour le
nouveauchef dugouvernement,
lhomme qui correspondla
situation, sur le plateaudi-Tl:
Il arussi auministre de lint-
rieur. () Il afait beaucoupde cho-
ses bien, il est rassurant.
Mais cest sa relationavec
Franois Hollande que Franois
Rebsamendoit sa nomination. Il
la second pendant des annes
auParti socialiste, aprs avoir
navigu pendant les annes1980
et 1990auprs de Pierre Joxe au
ministre de lintrieur.
Nommsecrtaire national du
PS charg des fdrations duPS
en1999, il simpose ennumro
deuxindispensable dupremier
secrtaireHollande. Leur relation
nest pas entamepar sa mise au
service de SgolneRoyal lors de
la prsidentielle de 2007 il est
codirecteur de campagne puis
par la guerre des chefs qui suit la
dfaite. AuPS, Franois Rebsamen
a toujours louvoy, mais il na
jamais perdule cap.
Pour sa campagne de 2012,
Franois Hollande laurait bienvu
enconseiller spcial, auplus prs
de lui, comme Jean-Marc Ayrault.
Franois Rebsamenrefuse. Il veut
la tte duple scurit, avec dans
le viseur, biensr, la Place Beau-
vau. Une fois nomm, il fait place
nette et jecte le secrtairenatio-
nal auxquestions de scurit,
Jean-Jacques Urvoas, qui lui dispu-
te le leadershipsur les questions
de scurit depuis 2008. Le calcul
tournecourt. Dans lombre, Jean-
Jacques Urvoas se met auservice
de Manuel Valls, qui prpare son
atterrissagePlace Beauvau. En
parallle de sonrle de directeur
de la communicationducandi-
dat, Manuel Valls multiplie les
rendez-vous avec les syndicalistes
et les hauts responsables du
ministre de lintrieur. Franois
Rebsamenest coiff aupoteau.
La tche des deuxallis est
dautant plus facile que Franois
Rebsamen, lui, tarde recevoir ces
hommes qui comptent. Il prfre
sappuyer sur la vieille garde de ce
quil est convenudappeler les
rseauxJoxe: des hommes pro-
ches de la retraite, qui ont connu
la gloire des annes 1980, mais
ont achev leurs carrires sur
lchec de la police de proximi-
t sous le gouvernement Jospin.
Loinducur de la campagne, il
rate plusieurs moments-cls et
chute enfinsur une dclaration
malheureuse, lors dune runion
publique quelques jours du
secondtour: il semble dfendre la
contraventionnalisation du
cannabis. Il est schement dmen-
ti par le candidat.
Franois Rebsamense remet de
sonchec depuis songrand
bureauduPalais duLuxembourg.
Fervent dfenseur ducumul des
mandats, il nhsite pas porter le
fer contre le projet dugouverne-
ment, envain. Avec Manuel Valls,
unpacte de non-agressionest
nou: le rival malheureuxsenga-
ge ne pas critiquer lactiondu
ministrede lintrieur. Il se dta-
che dudossier, et assurait, il y a
quelques mois: Je ne me vis pas
comme ex-futur ministre de lint-
rieur ouunfutur ministre de lint-
rieur. avant de lcher, bravache,
Avec moi [ Beauvau], il y aurait
eudes problmes. Moi, jaurais
entam des rformes. Je naurais
pas cart davoir des manifesta-
tions, avec tous les syndicats de
droite contre moi.
Auministre dutravail, Fran-
ois Rebsamendevra user de tou-
tes ses qualits dentremetteur.
Lancientrotskyste, franc-maon
encong il assure quil na plus
le temps depuis quil est maire de
Dijon na jamais rechign occu-
per cette fonction, voire assurer
les missions de lombre. En2000,
il a manqu de sy griller, lorsque
sa prsence lors dune rencontre
secrte avec des nationalistes cor-
ses auGrand-Orient de France a
t rvle dans la presse. Au
ministre de lemploi, il devra se
montrer plus prudent. p
LaurentBorredon
LarevanchedeSgolneRoyal
LanciennecandidatelaprsidencedelaRpubliquedevient ministredelcologie, dudveloppement durableet delnergie
Lanomination
deM. Rebsamen
aunpetit got
derattrapage. Enmai
2012, laplaceBeauvau
lui avait chapp
Sgolne Royal sur le plateaude France 3, dimanche 30mars. BRUNO LEVY/DIVERGENCE POUR LE MONDE
4
0123
Jeudi 3 avril 2014
france
L E
PRI NTE MPS
DE
L C ONOMI E
du 7 au 12 avril 2014
LEurope fait son printemps
LEurope, un problme ou une solution ?
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Ministre de lconomie et des finances / France Culture
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Les conomistes votre rencontre
Sous le Haut-Patronage de lAssemble Nationale
et sous le patronage de la Reprsentation
en France de la Commission Europenne.
En partenariat avec
L
e nouveau gouvernement,
annonc mercredi 2 avril,
conforte leurs ministres
Laurent Fabius, Jean-Yves Le
Drian, ChristianeTaubiraouenco-
re Marisol Touraine, et largit les
missionsdeplusieursdesesmem-
bres, comme Najat Vallaud-Belka-
cem ou Stphane Le Foll, qui
devient porte-parole.
Laurent Fabius, affaires tran-
gres Pilier du gouvernement,
Laurent Fabius est reconduit la
tte du ministre des affaires
trangres. Un temps envisag
pour Matignon, lancien premier
ministre de Mitterrand a toujours
fait savoir quil voulait rester au
Quai dOrsay, le seul poste, quil
estime, 68 ans, la hauteur de
son parcours et o il pense pou-
voirlaissersamarquedanslhistoi-
re. Avec une guerre inacheve au
Mali, une autre mal engage en
Centrafrique et des frontires
europennesbousculesparVladi-
mir Poutine, Manuel Valls a choisi
dejouer lascuritet lacontinuit
auQuai dOrsay.
Christiane Taubira, garde des
sceaux Christiane Taubira reste
Place Vendme. Ctait son sou-
hait. Le dbat sur sa grande
bataille du quinquennat, la rfor-
mepnalecontrelarcidiveet lin-
dividualisation des peines, devait
souvrir le 14avril devant lAssem-
ble nationale. Un texte en partie
rcrit par la commissiondes lois,
avec laccordde Manuel Valls lors-
quil tait ministre de lintrieur,
et qui a dsormais toutes les chan-
ces dtre adopt. La ministre de la
justice, aurole gauche par le
dbat, enjanvier2013, surlemaria-
gepourtous, navait pasencorepu
fairevoternombredetextesadop-
ts enconseil des ministres.
Michel Sapin, finances et comt-
pes publics Vingt ans aprs avoir
tle ministrede ministrede lco-
nomie et des finances de Pierre
Brgovoy, Miche Sapin retrouve
Bercy en tant que ministre des
financeset des comptes publics.
Malgr lchec de linversion de
la courbe du chmage, M. Sapin
bnficiedesaproximitavecFran-
oisHollande, quil arencontrlors
desonservicemilitaire, pour bn-
ficier dune promotion. A 61 ans,
son influence au sein de lexcutif
est en effet reste intact, malgr le
fait quelenombredechmeursait
bondi de prs de 425000person-
nes depuis mai 2012. A Bercy, il
devra apprendre travailler avec
ArnaudMontebourg.
Marisol Touraine, affairessocia-
les A 55 ans, M
me
Touraine conser-
veleportefeuilledesaffairessocia-
les, ce quelle souhaitait. Si elle na
pas dmrit en menant bien la
rforme des retraites, elle devra
dsormais acclrer le rythme sur
la sant, un peu oublie depuis
deux ans. Deux lois sont au pro-
gramme: la premire sur la sant
publique, la seconde sur la fin de
vie. Un sujet qui tient cur la
fille dusociologueAlainTouraine.
Maisellevaaussi et surtout devoir
trouver le moyen de rduire les
dpenses, la sant tant consid-
recommeundesprincipauxgise-
ments dconomies pour arriver
aux 50milliards promis par Fran-
ois Hollande.
Jean-Yves Le Drian, dfense Il
ne se voyait pas ailleurs et,
66 ans, ce trs proche de Franois
Hollandeest bienconfort aupos-
te de ministre de la dfense.
Depuis deux ans, ce Breton au
caractreplutt taiseuxatplac
enpremire ligne par le prsident
pour vendreunepolitiquedin-
terventions militaires extrieures
trs volontariste. A la tte du troi-
sime budget de lEtat (31,4mil-
liardsdeuros), il devracontinuer
sebattresansrelchecontreBercy,
en dpit des arbitrages prsiden-
tiels et de la stratgie scelles dans
lenouveauLivreblanc deladfen-
se en2013.
Stphane Le Foll, agriculture,
porte-parole du gouvernement
Fidle parmi les fidles du prsi-
dent, le ministre de lagriculture,
de lagroalimentaire et de la fort,
devient par ailleurs porte-parole
du nouveau gouvernement. St-
phane Le Foll, ancien directeur du
cabinet de Franois Hollande
quandcelui-ci dirigeait le PS, avait
t pressenti ces derniers mois
pour prendre la tte du parti. Ce
Breton la voix forte va donc
devoirtreletraducteurdelaparo-
legouvernementale. Unpostesen-
sible et expos mdiatiquement
qui tmoigne de la confiance que
lui accorde le chef de lEtat, qui a
toujours apprci son parler-vrai
et sa franchise.
Najat Vallaud-Belkacem, droits
des femmes, ville, jeunesse et
sportsLabenjaminedugouverne-
ment Ayrault perd sa fonction de
porte-parolemais largit sonpri-
mtre, en ajoutant les porte-
feuilles de la ville, de la jeunesseet
des sports celui des droits des
femmes, quelle dtenait dj.
Issue dun milieu modeste, Najat
Vallaud-Belkacemest nele4octo-
bre 1977 au Maroc, avant de gran-
dir dans un quartier populaire
dAmiens. Diplme de Scien-
ces Po mais reste aux portes de
lENA, la jeune femme a men son
ascensionauseinduParti socialis-
te sous laile de deux mentors, le
maire de Lyon, GrardCollomb, et
SgolneRoyal, dontellefutlapor-
te-parole pendant la campagne
prsidentiellede 2007.
La ministre a russi faire tra-
vailler la plupart des ministres sur
lgalitdessexes, qui suscitetradi-
tionnellement des crispations. La
ministre sest galement plutt
bien sorti du dbat pig sur la
pnalisation des clients de prosti-
tues.
Sylvia Pinel, logement Ne le
28septembre 1977, Sylvia Pinel a
t nomme ministre du Loge-
ment et de lEgalit des territoires.
Elle succde lcologiste Ccile
Duflot. MembreduParti radical de
gauche, elle tait depuis le 16mai
2012, dlgue puis ministre de
lArtisanat, du Commerce et du
Tourisme dans le gouvernement
de Jean-Marc Ayrault.
Aurlie Filippetti, culture,
conserve son ministre de la
culture et de la communication,
malgr un premier mandat
compliqu par la mise au sec du
budget de la culture. Ontraverse
une crise dune gravit inoue,
justifie alors, en bon soldat, cette
ex-cologiste, qui lcha les Verts
pourlePSen2006, semisauservi-
ce de SgolneRoyal pour la prsi-
dentielle de 2007 avant de se
convertir, ds la primaire socialis-
te de 2011, auhollandisme. Sa plus
grande victoire est sans doute cel-
le mene pour la dfense de lex-
ception culturelle. Elle na en
revanche pas russi pacifier le
dossier des intermittents du spec-
tacle et les artistes et techniciens,
toujours mobiliss, lui en veulent
beaucoup.
Marylise Lebranchu conserve
son ministre de la dcentralisa-
tion, delarformedelEtat et de
la fonction publique, malgr le
camouflet quelle avait essuy en
2013 lorsque sa rforme de la
dcentralisation avait t entire-
ment reprise en main par Mati-
gnon et scinde en trois textes. Le
deuxime, qui donnera de nou-
veaux pouvoirs aux rgions, doit
dailleurs tre prsent une date
qui nest pas encore connue. Elle
devra par ailleurs grer le mcon-
tentement des fonctionnaires qui
monte cause dumaintiendugel
du point dindice et des suppres-
sionsdepostesdanslesministres
nonprioritaires.
George Pau-Langevin ministre
dlgue la russite ducative
dans les gouvernements de Jean-
Marc Ayrault, devient ministre
des outre-mer, o elle succde
Victorin Lurel. Ne Poin-
te--Pitre, en Guadeloupe, cette
avocate de 65 ans a t lue dpu-
te de Paris en 2007. Elle devient
alors la premire dpute de cou-
leur de mtropole. Mme Pau-Lan-
gevin a dirig de 1997 2001,
lAgence nationale de promotion
et dinsertion des travailleurs
doutre-mer. p
Service France
LejokerBernardCazeneuvelintrieur
LegouvernementValls: seizeministres,
dontseulementdeuxnouveaux
PierreMoscovici et Vincent Peillonnesont plus membres dugouvernement
ArnaudMontebourg,
leconcurrent
etallipromuBercy
Il serachargdelconomie, duredressement
productif et dunumrique
C
est une srieuse prise de ris-
que politique pour Manuel
Valls: Arnaud Montebourg
devient ministrede lconomie, du
redressement productif et du
numrique. Il devra cohabiter avec
Michel Sapin, qui choient les
financesetlescomptespublics. Ber-
cy sest illustr depuis vingt-deux
mois, par des dissonances en srie
et des divergences de ligne entre
Arnaud Montebourg et le prc-
dent titulaire duposte, Pierre Mos-
covici. Au point de devenir embl-
matiquedescouacsdunemachine
gouvernementale structurelle-
ment dysfonctionnelle.
Ala veille de la miseenroutedu
pacte de responsabilit, que les
observateurs ont prsent comme
le grand tournant social libral du
gouvernement, lechoixdeM. Mon-
tebourg, qui le portera au premier
chef, tonne. Leministreduredres-
sement productif stait illustr
par unbras de fer, sur le dossier de
Florange, avec le premier ministre
dalors Jean-Marc Ayrault, avec qui
il entretenait depuis dexcrables
relations. Mais M. Montebourg
nenavaitcure. Lex-troisimehom-
me des primaires socialistes, rcol-
tant 17% des suffrages aprs avoir
vantlesmritesdeladmondia-
lisation, incarnait au gouverne-
ment une ligne diffrente, bien
plus gauche que celle du prsi-
dent et de lex-premier ministre.
Sanominationunportefeuille
trslargi constitueunehabileop-
ration pour Manuel Valls, qui per-
met de contrebalancer son image
droitire et denvoyer un message
ces lecteurs de gauche qui se
sont massivement abstenus
dimanche. Elle prsente nan-
moins une part de danger. Alors
quelaFranceetsesdficitssontpla-
cssousobservationparlesrespon-
sablesdelacommissiondeBruxel-
lesetlesmarchs, passrqueceux-
ci semontrentrassursparlamon-
te en puissance de M. Monte-
bourg, qui avait lt 2013 trait
les premiers deconnards.
Il a pourtant su sattirer les
faveurs des chefs dentreprise. Les
patrons navaient pas de mots
assezdurspourqualifiersonattitu-
delorsdesespremiersmoisaugou-
vernement. Ils ont aujourdhui les
yeux de Chimne pour lui. Tour
tour, Antoine Frrot (Veolia), Denis
Ranque (Airbus), Chris Veihbacher
(Sanofi) ou encore Vincent Bollor
ont dernirement pris sa dfense,
saluant son discours volontariste
et sa dfense de lindustrie tricolo-
re. Le magazine LUsine nouvelle, a
publi le 18mars un ditorial ainsi
titr: Remaniement: il faut gar-
der lesoldat Montebourg.
Architecte
Laptrede la dmondialisation
a certes mis de leau dans son vin.
Alors quil stait focalis sur les
plans sociaux en 2012, il sest mu
au 2013 en architecte. Les 34 plans
industriels lancs lautomneder-
nier, qui doivent stimulerlactivit
tricoloredanslesdomainesdesbio-
carburants, des voitures sans
chauffeurs ou de la nanolectri-
que, ontpositivementimpression-
n. Ses discours sur leurotropfort
et les contrles tatillons de Bruxel-
les font un tabac auprs des entre-
prises. Sapropensiondnigrerles
banques ou la direction du Trsor,
lui vaut galement de nombreux
soutiensparmi lespatronsdePME.
Lex-prsident du conseil gn-
ral deSane-et-Loire, qui asuccessi-
vement embrass avec passion la
lutte contre les paradis fiscaux,
contrele cumul des mandats, pour
la VI
e
Rpublique, et rcemment
pour un colbertisme forcen, se
donnelacauseduvallsisme. Pour
autant, son rapport au nouveau
premierministrerelveplusdelal-
liancequedelallgeance. Lesdeux
anciensconcurrentsdesprimaires,
aux lignes opposes, partagent un
objectif commun: tre candidat
laprsidentielle. Entreeux, le sujet
seratranchplus tard. p
Cedric Pietralunga
etDavidRevault dAllonnes
CESTla principale surprisede ce
gouvernement: la nominationde
BernardCazeneuve auministre
de lintrieur. Les postulants la
fonctionne manquaient pas
mais, faute daccordentre Fran-
ois Hollande et Manuel Valls,
cest nouveau ce joker quil a
t fait appel, comme il avait dj
encatastrophe t catapult au
budget aprs la dmission
contraintede Jrme Cahuzac.
Preuve de la confiance que lui
accordele prsident de la Rpubli-
que et quil est devenulhomme
des situations impossibles.
Avant de prendreses nouvelles
fonctions, BernardCazeneuvelais-
sederrirelui untravail bienavan-
cenmatirede redressement des
financespubliques. Si le nouveau
gouvernement parvient finaliser
lepactederesponsabilit, il pour-
ralui enrendregrce. Sans bruit,
sans heurts, sans dclarations
intempestives, fidle samthode
qui lui avaludtresurnommla
tombe, le ministredlguchar-
gdubudget, est restrivlob-
jectif que lui avait assignFranois
Hollande: dgager 50milliards
deuros dconomies entrois ans.
Enmoins de deuxans, lancien
dput fabiusiende la Manche,
membre de la commissionde la
dfense et rapporteur de la com-
missiondenqute parlementaire
sur laffaire Karachi, est devenu
undes hommes de confiance de
Franois Hollande. Dabordau
ministre des affaires europen-
nes, oil convainc la majorit
socialistede voter le trait de sta-
bilit europenquelle rejetait
quandelle tait dans lopposition.
Puis auministre dubudget.
Faade techno
Ne pas se fier auxapparences.
Lhommeapparat rserv, pres-
que austre, sontonmesur, llo-
quence calibre. Celui que ses col-
lgues appellent aussi Bernardo
Cazanova, ce qui rsume assez
biensa doublepersonnalit fid-
le et sducteur , manie aussi avec
une redoutable efficacitunver-
be tranchant et une inflexibleobs-
tination. Les ministres qui ont
dfil dans sonbureauau5
e
tage
de Bercypour lui prsenter leurs
mesures dconomies ensavent
quelque chose. Cest lhomme
qui dit nonensouriant. Il vous
coute poliment, prendnote mais
il sait parfaitement oil veut aller
et il nendvierapas, constate un
de ses collgues.
Cest se demander si cette
faade techno, base de langue
de bois bienrode, dalignements
de chiffres implacablement ass-
ns, ne relve pas dune part tacti-
que. Anenpas douter, M. Caze-
neuve est aussi et dabordunfin
politique, qui sait parfaitement
valuer les rapports de forces et
mobiliser enconsquenceles res-
sources ncessaires. p
PatrickRoger
Le secrtaire gnral de lElyse, Pierre-Ren Lemas, le 2 avril. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE/FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
5
0123
Jeudi 3 avril 2014
L
a petite phrase sest bien ins-
talle dans la majorit socia-
liste. De laile gauche du PS
jusquau courant de la Gauche
populaire enpassant par les pro-
ches de Martine Aubry, de plus en
plus de dputs la rptent depuis
la nomination de Manuel Valls
Matignon, lundi 31 mars: Lim-
portant, ce nest pas le casting,
mais le scnario. Le prsident de
lAssemblenationale, ClaudeBar-
tolone, a trouv la formule qui a
fait mouche, lcrivant sur son
blog ds le soir dusecond tour des
municipales.
Daprs celui qui, depuis des
mois, prvientdunrisquededb-
cle aux municipales, le message
des Franais sadresse nous et
rien qu nous, ils nous disent :
changez! . Et pas seulement de
premier ministre. Depuis prs de
deux ans, les gifles ont t nom-
breuses pour la majorit parle-
mentaire: affaire Cahuzac, affaire
Leonarda, couacs rptition La
droute des municipales a t cel-
le de trop et, cette fois, plus ques-
tionde continuer courber lchi-
ne sans broncher.
Onattrspoliset trsdociles
depuis deux ans. On a alert sur
ltat du pays, mais jamais on ne
nous a couts, jugeait un dpu-
t, mardi 1
er
avril, lissue dune
runionde crise lAssemble la
deuxime en deux jours. Cette
runion, cest une manire de dire
cest fini. Onest majoritaire dans
lamajorit, notrevoixvadeplus en
plus porter, assure-t-il.
Inflexion
Prs de cinquante autres lus
taient venus ce rassemblement
organis par les Reconstruc-
teurs un courant daubrystes et
de strauss-kahniens cr en 2008
par ledputde Paris Jean-Christo-
phe Cambadlis et Claude Bartolo-
ne auxquels sesont joint des pro-
ches dArnaud Montebourg. Fran-
ois Lamy, ministre (pour le
moment) de la ville, tait l, ainsi
que des poids lourds du parti tels
Guillaume Bachelay (Seine-Mariti-
me), Christophe Borgel (Haute-
Garonne), Christian Eckert (Meur-
the-et-Moselle) ou encore Jean-
MarcGermain(Hauts-de-Seine).
Sil nest pas encore question
pour eux de tirer boulets rouges
contre le premier ministre, tous
attendent de connatre le contenu
prcisdelafeuillederoutedunou-
veau gouvernement et, surtout,
les premires nominations de
ministres. Lundi, linitiative
notamment de Laurent Baumel
(PS, Indre-et-Loire), une trentaine
de dputs staient dj runis
lAssemble, issus de la Gauche
populairemaisaussi delailegau-
che, de la Gauche durable et du
courant Unmonde davance de
Benot Hamon.
Cest lefondqui dterminera, je
ne mets de veto sur personne. Jat-
tends du futur gouvernement une
inflexion de la politique conomi-
queetfiscale. Si Manuel Vallslincar-
ne, trs bien; sinon, notreconfiance
ne lui sera pas acquise, prvient
Laurent Baumel, gure rassur par
les annonces de Franois Hollande
delundi soir, tropimprcises.
A la gauche du parti, les mots
sont encore plus durs. Cest un
choix trange et surprenant, les
lections ont exprim unbesoinde
gauche dans le pays, je ne suis pas
sr que Manuel Valls soit le plus
mme dy rpondre, commente
Emmanuel Maurel, le leader de
laile gauche socialiste. Le vrai
sujet, cest le changement de politi-
que. Ce nest pas parce que Manuel
Valls est premier ministre quonva
sadoucir, avertit le dput Pou-
ria Amirshahi (Franais de ltran-
ger), qui staitconfrontauminis-
tre de lintrieur aprs ses propos
surlesRoms. JrmeGuedj (Esson-
ne), lu dans le mme dparte-
ment que Manuel Valls, insiste:
Il ny a pas damour, il ny a que
des preuves damour. Limportant
cest laligne, et Valls est celui, sur le
papier, qui sloigne le plus de celle
que nous souhaitons.
Quant la snatrice de Paris
Marie-NolleLienemann, elleassu-
re que le choix de Manuel Valls
nest pas lahauteur delattente.
Mme sil aune trs bonne image
dans les sondages, il incarne laile
droite du PS, explique-t-elle. Au
lendemainde la dbcle, normale-
ment on serre les rangs. Hollande,
au contraire, a dcid de rajouter
une difficult dans la majorit en
nommant celui qui y est le moins
central , ajoute unpoids lourd du
groupe PS. Depuis des semaines,
cetluprvientdunrisquedescis-
sion, assurant que la majorit de
2012 ne tiendra jamais jusquen
2017.
Lhypothse dungroupe parle-
mentairesocialistedissidentrefait
surface, ce qui serait unimportant
moyen de pression, dautant plus
si le Snat bascule droite aux
snatorialesdeseptembre. Lesco-
logistes semblent enoutre de plus
en plus difficiles retenir, et
mmelesradicauxdegauchecom-
mencentmontrerlesdents. Avec,
en outre, un parti totalement ato-
ne, les points dappui de Franois
Hollande commencent fondre
comme neige au soleil. Jusqu
atteindre, peut-tre, un point de
non-retour, quand le chef de lEtat
finirapar seretournersur samajo-
rit pour se rendre compte que
plus personnene le suit. p
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appelez le : 01.57.28.38.52
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La rubrique Bonnes Adresses :
chaque mercredi *
* dans Le Monde dat du jeudi
Le dput Jrme Guedj (aucentre) et le conseiller rgional dIle-de-France Emmanuel Maurel ( droite)
quittent la runiondes courants de gauche duPS lAssemble, lundi 31 mars. JULIEN MUGUET/IP3 POUR LE MONDE
Linquitudesaccentuechez
lesparlementairessocialistes
Lagaucheduparti est trs critiquesur lechoixdunouveau
premier ministreet rclameunchangement depolitique
6
0123
Jeudi 3 avril 2014
france
franceculture.fr
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E
en partenariat avec vec
PLOTTE, GENTILLE, enchaussu-
res plates, telle est la nouvelle
NathalieKosciusko-Morizet, qui a
runi les lus parisiens, mardi
1
er
avril, dans sonQGde la rue de la
Lune, aprs sa dfaite Paris,
dimanche. Avertie des rsistances
qui se manifestaient son
endroit, NKMvoulait sassurer de
devenir prsidentedugroupe au
Conseil deParis et dfinir une stra-
tgiepour la crmonie dusame-
di 5avril osera formellement
lue la nouvelle maire de Paris,
Anne Hidalgo.
Si NKMarussi dcourager
touteconcurrencepour laprsi-
dence dungroupe de
55conseillers de Paris UMP, elle
nest pas parvenue fdrer les
10centristes de lUDI et les 6du
MoDem. Ellene dsespre pas
cependant deconstituer uninter-
groupe. SonamieMariellede Sar-
nez, vice-prsidenteduMoDem,
prfregarder sonindpendance:
NKMa donn6siges auMoDem
(aulieudunauparavant) et a
appuylacandidaturede Franois
Bayrou Pau. Les lus de lUMP
sont assez amers: Sarnez nous a
enfums lafaoncentriste:
Ctait super de faire campagne
ensemble, mais il vaut mieuxres-
ter spars, commentelun
deuxsous couvert danonymat.
Quant ChristianSaint-Etienne, le
reprsentant de lUDI, personne
ne comprendjamais ce quil dit.
NKM, nouvelle modeste
Sans doute conscientede la ra-
lit de sonrsultat une lourde
dfaite face une inconnue dans
le 14
e
arrondissement oelle a
pourtant fait trs activement cam-
pagne M
me
Kosciusko-Morizet a
beaucoupclin ses troupes: elle
a fait profil bas sur ses erreurs et
encens les vainqueurs. Quatre
arrondissements sont rests
droite avec des lus bienimplan-
ts et Delphine Brkli a fait bascu-
ler le 9
e
arrondissement. Vincent
Roger est pass uncheveude la
victoire dans le 4
e
et a indiqu
quil avait bonespoir de gagner le
recours quil avait intent.
Lanouvellemodestiede
M
me
Kosciusko-Morizet sest arr-
tel. Elleaassurtremajoritai-
reenvoixParis et acontestla
lgitimitdAnneHidalgoqui na
pas obtenuunbonrsultat dans le
15
e
arrondissement. Les barons de
ladroiteparisienneont propos
queles lus deladroiteet ducen-
tresortent de faonspectaculaire
delhmicyclesans prendrepart
auvote, lors desonlection, same-
di. Leprocdatjugantirpu-
blicain, antidmocratique, dplora-
blepar certains. NKMelle-mme
neseprsenterapas mais veut fai-
reundiscours.
Onne vapas lui laisser le grou-
pe! Cest le moment de latuer! ,
staient jur certains copistes.
Mais ils se sont rapidement aper-
us quils ntaient pas assez nom-
breux. Leur putschafait
pschitt, samuse unvieuxroutier
duConseil de Paris. Ducoup, Jean-
Franois Copa envoy unSMSde
soutien NKM. Enaffirmant quil
avait dmin le terrainpour elle.p
Batrice Gurrey
M
algr la victoire aux
municipales, les tensions
restent vives lUMP.
Renforc par la performance de
son parti, Jean-Franois Cop na
pusempcher de rgler ses comp-
tes avec ses rivauxinternes, mardi
1
er
avril, lors du comit politique
hebdomadaire.
Je noublierai pas ceux qui
mont attaqu pendant la campa-
gne au lieu de me dfendre, a-t-il
lanc en direction de Franois
Fillon et Laurent Wauquiez, en
rfrence aux critiques dont il a
fait lobjet dans laffaire Bygma-
lion. Cette intervention, survenue
dansuneambiancedesatisfaction
gnraleaprs la vague bleue, a
t perue comme une provoca-
tion par les fillonistes. Cop a
rveillFillon, ensemontrantagres-
sif sonencontre, jugelundeux.
Piqu au vif, lancien premier
ministre a dgain, rclamant la
mise en place dun comit de sur-
veillance pour superviser la ges-
tionfinancirede lUMP.
M. Fillon a tenu parole: dbut
mars, il avait annonc quil exige-
rait des explications M. Cop
sur les comptes du parti lissue
desmunicipales, lasuitedesaccu-
sations du Point contre le prsi-
dent de lUMP sur de supposes
surfacturations au dtriment des
intrts de sa formation.
Ladmarchenestpasnouvelle:
celafait plus dunanqueledput
de Paris demande, envain, plus de
transparence dans ce domaine.
Pour lui, un contrle des finances
doit sexercer de manire collgia-
le. Le but, cest quon puisse avoir
un droit de regard sur les finances,
au lieu de laisser Cop et ses pro-
ches sen occuper dans lopacit la
plustotale, expliqueunfilloniste.
Mais le patronde lUMPa rejet
la demande de sonrival, sans don-
ner suite. Tous les comptes ont
tcertifis, assure-t-il auMonde,
en promettant de mener une op-
rationtransparencedici peu. Sans
sengager sur unedateprcise: Je
suis prt rendre publique une
srie de documents comptables
dans les semaines venir pour
montrer que toutes les accusations
contre moi sont de lacalomnie.
Dtermin ne plus servir de
punchingball , M. Copenrage de
devoir encaisser loffensive de
M. Fillonaulendemaindelavictoi-
re. Et rend coup pour coup: Cest
un peu piteux de sa part. Il le fait
pour sauver la face vis--vis de ses
soutiens, qui prparaient un
putsch contre moi car ils taient
persuads que lUMP ne gagnerait
pas les municipales, accuse-t-il.
Avant dassner lattention de
lancien chef de gouvernement :
Enmattaquant enpleinecampa-
gne, il sest laiss emporter par un
sentiment individuel audtriment
du collectif. Cela nest pas caract-
ristique dunhomme dEtat.
Pour lentourage de M. Cop, la
demande de M. Fillon na pas lieu
dtre puisquil existe dj une
commissionde contrle de gestion
financire des comptes du parti ,
compose de dix membres lus
par le bureaupolitique et prside
parle fillonisteClaude Gaillard.
Difficile de trouver un terrain
dentente. Les rancurs restent
entre les deux camps qui se sont
affronts pour la prsidence de
lUMPfin2012. Unautresujetsensi-
blelesoppose: lagouvernance. Lun-
di, MM. Cop et Fillon se sont ren-
contrs pendant une heure lAs-
semble pour tenter daccorder
leurs violons. Le dput de Paris a
plaid pour une applicationpleine
etentiredesnouveauxstatuts, exi-
geantquelenouveaubureaupoliti-
que statutaire, lule 25janvier lors
du conseil national, devienne lor-
ganede dcision.
Objectif de M. Fillon: donner
uneprminencecebureaupoliti-
que renouvel qui rassemble
dsormais ses partisans, ceux
dAlain Jupp, de Bruno Le Maire,
de Xavier Bertrand ou de Laurent
Wauquiez face celui qui se ru-
nit actuellement chaque mercredi,
composenmajoritde copistes.
Alain Jupp et les trois autres
tnorsconcernssoutiennentlini-
tiative de M. Fillon. Pour un pro-
che du maire de Bordeaux, il est
naturel dappliquer les statuts en
mettant en place ce bureau politi-
que, qui reprsente toutes les sensi-
bilitsduparti . Celapermettrait
surtout davoir une instance un
peu plus contrle, afin demp-
cherCopdefairedescoupsfourrs
dans son coin, souligne un qua-
dra. Lors du comit politique, les
partisans dune ouverture de la
direction ont reu un renfort de
poids en la personne de lex-pre-
mier ministre, Jean-Pierre Raffa-
rin. Pour ce soutien de M. Cop, le
nouveau bureau politique doit
effectivement tre install.
Le prsident de lUMPa accept
du bout des lvres que cette nou-
velle instance se runisse une
fois par mois , tout en mainte-
nant le bureau politique du mer-
credi, lors duquel il a le beau rle.
Le bras de fer se poursuit donc. p
Al. Le.
LaguerreCop-Fillon
repartdeplusbelle
lUMP
Lesdeuxrivauxsesont livrsdenouvelles
passesdarmeslorsducomitpolitiqueduparti
AParis, UMPetcentristessesparent
Jenoublierai pas
ceuxqui mont
attaqupendant
lacampagneaulieu
demedfendre
Jean-Franois Cop
Jean-Pierre Raffarin, Franois Fillon et Jean-Franois Cop, enmeeting Strasbourg, le 5mars. PASCAL BASTIEN/DIVERGENCE
L
UMP peine trouver le ton
juste face Manuel Valls,
considr comme un hom-
medegauchemenant unepoliti-
quededroite. Entrelavolontdaf-
faiblir un adversaire et celle de
mnager un alli qui se serait
tromp de camp, les dirigeants du
parti dopposition cherchent le
bonpositionnement.
Difficile, pour eux, de sopposer
frontalement aunouveaupremier
ministre: il bnficie dune certai-
nebienveillancelabasedelUMP.
Depuis mai 2012, le chantrede lor-
drerpublicainaudiscoursmuscl
jouitdunefortecotedepopularit
dansllectoratconservateur, ense
maintenant au-dessus de 40%.
Dans la dernire vague Ipsos-Le
Point, il culmine 47% de juge-
ments favorables chez les sympa-
thisants de droite. Mme Nicolas
Sarkozy, le chouchou des mili-
tants, lui trouvait des qualits et
avait song lui comme ministre
douverture, en2007. Cest dire
Au dbut du quinquennat, des
tnors de loppositionont vant la
ligne de fermet incarne par ce
ministredelintrieurqui leurrap-
pelait M. Sarkozy certains gards
(nergie, autorit, sens du coup
mdiatique). Je soutiens sa politi-
que, avaitaffirmClaudeGuant,
son prdcesseur Place Beauvau.
Jean-Pierre Raffarin avait alors
jug que son camp navait pas
intrt fragiliser le ministre le
plus droite dugouvernement.
A lpoque, la stratgie visait
soutenirManuelVallspourlepous-
sermenerunepolitiquescuritai-
re, en esprant quil prenne le des-
sus sur sa collgue de la justice,
Christiane Taubira, juge laxis-
te. Ce fut enpartiele cas.
Coupde barre droite
Depuis deux ans, lUMP tente
dutiliser celui qui a longtemps t
surnomm le sarkozyste du PS
pour faire contrepoids aux projets
lesplusprogressistesdugouverne-
ment, tel le droit de vote des tran-
gers. On se sert de lui pour taper
sur les autres, explique un cadre
du parti. La droite la galement
applaudiquandil afaitpreuvedela
plus grande fermet propos des
Roms face sa collgue du loge-
mentCcileDuflotoulorsquilsest
montr inflexible face Jean-Marc
Ayrault dans ledossier Leonarda.
Aujourdhui, rebelote: la droite
tente de refaire le mme coup.
Dans leurs ractions la nomina-
tion de Manuel Valls Matignon,
aucundirigeant ne la charg lour-
dement. Demanirevolontaire: la
ligne fixe par lUMP, mardi
matin, lors de soncomit stratgi-
que, consiste cibler principale-
ment le chef de lEtat. Le probl-
me nest pas Valls. Le problme,
cestHollande, rsumelex-minis-
tre Laurent Wauquiez. Lopposi-
tion mnage le nouveau chef du
gouvernement, dans lespoir quil
fasse pencher le centre de gravit
de lexcutif. Patrick Devedjian a
dailleurs salu un coup de barre
droite. Ce nest pas unhasardsi
le prsident de lUMP, Jean-Fran-
ois Cop, exige aujourdhui le
retrait de la rforme pnale de
M
me
Taubira: il se souvient bien
que M. Valls a envoy une note au
chef delEtat le25juillet 2013, dans
laquelle il sopposait la suppres-
siondes peines planchers.
Ladroitesest rsoluese servir
de la puissance de M. Valls pour
peser sur la ligne du gouverne-
ment, aprs avoir constat que les
offensivesmenescontrelecham-
pion des sondages navaient que
peu deffet. En mars2013, M. Cop
avait demand ses troupes de
concentrer leurs attaques contre
le ministre, afin de mettre un ter-
mela Vallsmania. Lopration
napas rencontrungrandsuccs.
Les tnors delUMPont eubeau
rpter quil est fort dans les
mots et faible dans les actes ,
riennyafait: les flches ont gliss
sur le costume du premier flic de
France. Aujourdhui, lindulgence
laquelleaunenouvellefois droit
Manuel Valls devrait faire long
feu. Celavadurertroisjours, esti-
me unproche de M. Cop, qui pro-
met dj au nouveau premier
ministre lenfer de Matignon:
Invitablement, Valls vatre obli-
g de donner des gages lagauche
delagauche. Dsquil valefaire, on
valui taper dessus sans arrter. p
Alexandre Lemari
Lhommequeladroiteatantaim
Tant auseindelUMPquechezles lecteurs duparti, Manuel Valls bnficieduncapital desympathienonngligeable
7
0123
Jeudi 3 avril 2014
- CESSATIONS DE GARANTIE
COMMUNIQUE - 103393
En application de larticle R.211-33
du livre II du code du tourisme,
LASSOCIATION
PROFESSIONNELLE
DE SOLIDARITE DU
TOURISME (A.P.S.T.)
dont le sige est situ : 15, avenue
Carnot - 75017 PARIS, annonce
quelle cesse daccorder sa garantie
:
CAPATLANTIQUE
Immatriculation :
M 017 11 0016
SARL au capital de 8000
Sige social : 46, rue Sadi
Carnot
17500 JONZAC
Lassociation prcise que la cessation
de sa garantie prend effet 3 jours sui-
vant la publication de cet avis et quun
dlai de 3 mois est ouvert aux clients
pour produire les crances.
international
Caracas
Envoy spcial
D
epuis bientt deuxmois, le
prsident Nicolas Maduro,
successeur de lancienchef
dEtat Hugo Chavez (1999-2013),
est contestpar la rue, Caracas et
en province. Seize Etats vnzu-
liens (sur vingt-trois) sont touchs
par la mobilisation dtudiants et
dopposants.
Lesmanifestationsonttrpri-
mesparlaGardenationaleboliva-
rienne (GNB) et par des groupes
irrguliers, les collectifs chavis-
tes. Les confrontations ont provo-
qu une quarantaine de morts,
dont cinq policiers. La majorit a
t tue par balle, certains viss
la tte, parfois bout portant. On
compte plus de 550 blesss. Au
moins 2100 manifestants ont t
arrts, la plupart passibles de
poursuites. Daprs les dfenseurs
des droits de lhomme, 85% den-
tre euxsont des tudiants.
Malgr la rpression, le mouve-
ment tudiant reste mobilis,
maisalternedsormaismanifesta-
tionsmassivesetactionsponctuel-
les dagitationet propagande, des-
tines largir le soutien dont il
bnficie auprs de lopinion.
Des dizaines de plaintes pour
tortures ont t dposes. Cepen-
dant, 95% des victimes nont pas
confiance dans la justice et nosent
pas porter plainte, affirme Rafael
Uzcategui, un responsable de lor-
ganisation non gouvernementale
Provea, qui dfend les droits de
lhomme au Venezuela depuis
vingt-quatreans.
Limmense majorit des mani-
festations est pacifique, assure
M. Uzcategui. A peine 5% des gens
mobiliss dressent des barricades,
qui ne sont pas forcment violen-
tes. La principale responsabilit
des violences incombe lutilisa-
tion excessive de la force par la
GNB. Aucun manifestant na t
arrtavec une arme de poing.
Rafael Uzcategui est aussi un
militant de gauche, libertaire. La
capacitdemobilisationdeloppo-
sitioncontrasteavecladmobilisa-
tion des chavistes, souligne-t-il.
Leurderniredmonstrationdefor-
ce at les funrailles de Chavez.
Le prsident Maduro veut faire
porterlaresponsabilitdesviolen-
ces sur lopposition, qualifie tan-
ttdefasciste, putschiste, voi-
re de terroriste. Les opposants
visent un coup dEtat moderne,
sans militaires, comme auHondu-
ras [en 2009] et au Paraguay [en
2012], parladstabilisationdugou-
vernement , explique Eleazar
Diaz Rangel, ditorialiste chaviste
et directeur du quotidien Ultimas
Noticias, achet par un proche du
pouvoir dont lidentit reste igno-
re de la rdactionelle-mme.
La thse complotiste est parta-
ge par Nicmer Evans, du Centre
international Miranda, un think
tank chaviste. Derrire la crise de
gouvernance du Venezuela, on
trouverait des acteurs politiques
et conomiques multinationaux,
qui visent les premires rserves
ptrolires aumonde.
Cependant, M. Evans estime
que Maduro utilise le mme dis-
cours que Chavez, qui nest plus
adapt au rapport de forces ni la
situation, car lactuel prsident est
dpourvu du leadership messiani-
que de son mentor . A force de
sadresseruniquement sapropre
base, le chavisme serait pris de
torticolis : Le pouvoir a perdu
la capacit de parler aux oppo-
sants, affirme M. Evans.
Les ponts semblent coups
entre les deux camps. La crise a
loign les deux moitis du pays et
aggrav la polarisation politique,
mme si beaucoup de chavistes
dsapprouvent la rpression,
confie RamonGuillermo Aveledo,
le stratge de la coalitionlectora-
le de lopposition, qui rassemble
des formationsqui vont deladroi-
te lextrme gauche.
Le gouvernement se rclame
du socialisme du XXI
e
sicle, mais
utilise des formes de rpression du
sicle prcdent, note Francine
Jacome, de lInstitut vnzulien
dtudes sociales et politiques. Par-
mi les dignitaires du pouvoir figu-
rent danciens dirigeants tudiants
et militants dextrme gauche qui
ont t eux-mmes victimes dans
leur jeunesse des mthodes
employes aujourdhui.
Le pouvoir sen est pris aussi
aux lus et dirigeants de lopposi-
tion. Leopoldo Lopez, fondateur
duparti Volont populaire (centre
gauche), est dtenu dans une pri-
son militaire, accus dtre linsti-
gateur des violences du 12fvrier,
alors que limplicationdagents de
lEtat a t tablie dans les trois
morts de cette journe. Deuxmai-
resdoppositionlontrejointenpri-
son, condamns de manire exp-
ditive par la Cour suprme, sans
appel, et dchus de leur mandat.
Lundi 31 mars, la juridiction a
confirm la dcision du prsident
delAssemblenationale, qui avait
annul le mandat de la dpute
Maria Corina Machado, coupable
de haute trahison pour avoir
dnonc les violations des droits
delhommedevant lOrganisation
des Etats amricains.
Lorsquil a choisi la rpression
contreunmouvementciviquesans
prcdent, le rgime a franchi une
ligne rouge et a dvoil sa nature
dictatoriale, criminelle et corrom-
pue, affirme la dpute destitue.
Mme les dictateurs militaires
vnzuliens du XX
e
sicle
navaient pas t aussi loin.
Alors que les pnuries et linfla-
tion rendent insupportable la vie
quotidienne des Vnzuliens, le
spectreduCaracazoestdanstou-
tes les ttes. En 1989, laugmenta-
tiondutarif des transports publics
avait provoqu des protestations
des tudiants, suivies dmeuteset
saccages. Larpressionavait faitau
moins 360 morts (trois fois plus
selon Provea). Le gouvernement
Maduro entretient le conflit politi-
que pour dissimuler la crise cono-
mique, assureM. Uzcategui.
Laspirale de laviolence mena-
ce lEtat de droit au Venezuela, a
mis en garde Amnesty Internatio-
nal, mardi 1
er
avril. Pourarrterlen-
grenage et viter une explosion
sociale, une mdiation pourrait
tre confie lanciennonce apos-
tolique Caracas Pietro Parolin,
secrtaire dEtat du Vatican, qui
sest dclar disponible. p
PauloA. Paranagua
Lors dune manifestation contre le gouvernement Maduro, le 1
er
avril, Caracas. CHRISTIANVERON/REUTERS
Lesheurtsont
faitunequarantaine
demortsetplusde
550blesss. Aumoins
2100manifestants
onttarrts
M. Madurofaitporter
laresponsabilit
desmeutessur
lopposition, qualifie
defascistevoire
deterroriste
LeVenezuelaconfrontlaspiraledelaviolence
Leprsident NicolasMaduroneparvient pasjugulerlacontestation, lancepar lestudiantsdbut fvrier
M. Capriles: Unecrisedampleurindite
AFP
Caracas
Envoy spcial
Gouverneur delEtat de Miranda,
HenriqueCaprilesRadonski at
deuxfois candidat laprsidence
duVenezuela: lapremireen2012
contrelancienchef dEtat Hugo
Chavez, lasecondeen2013contre
lactuel prsident Nicolas Maduro,
qui laemportde justesse,
lors dunscrutincontrovers.
Malgr lampleur des
protestations, lopposition
a-t-elle vraiment tir profit du
mcontentement populaire?
Unchangement durablepasse
par laconstructiondunenouvelle
majorit, capabledattirer les 80%
deVnzuliens mcontents. Il ne
suffit pas desadresser laclasse
moyenne, il faut tre capabledin-
carner les aspirationsdes dmu-
nis. Et pour celail faut partir des
barrios[bidonvilles et quartiers
pauvres].
LeVenezuelaconnat unecrise
conomiqueet socialedampleur
indite, aprs avoir engrangles
revenusptroliers les plus levs
desonhistoire. Nous venons de
subir unemga-dvaluation. Les
pnuries, linscurittouchent tou-
telasocit. Nousdevons reprsen-
ter lalternative. Pendant lacampa-
gnelectorale, jedisais: nous ne
sommes pas lopposition, mais la
solution.
Le gouvernement a choisi
la rpression
Madurocroit quil suffit dimi-
ter Chavezet dinvoquer sammoi-
retous les jours latlvision,
alors quil nelui arrivepas lache-
ville. Lintransigeancegouverne-
mentaleneconvainc mmepas
ses lecteurs. Lesectarismeet
lautismemnent droit dans le
mur, vers uneexplosionsociale.
Lepouvoir sous-estimelasym-
pathiesuscitepar lemouvement
tudiant et les jeunes. Lechavisme
aperdulecontrledes rues, il ne
parvient pas mobiliser, il nesusci-
teplus despoir. Legouvernement
sest embourgeois, Madurone
quitteplus lepalais prsidentiel.
Certes, il disposedelaforcede
lEtat. Et legouvernement amon-
trquil navait aucunrespect
pour laviehumaine. Lasubordina-
tionde lajusticelexcutif na
jamais taussi vidente. Lempri-
sonnement et les attaquescontre
des lus doppositionsont typi-
ques dunedictature.
Le pouvoir verrouille les mdias.
Comment les opposants
peuvent-ils toucher lopinion?
Il faut revenir auxmthodestra-
ditionnellesdemilitantisme: le
contact direct, leporte--porte, les
assemblesdans les quartiers, le
travail defourmis. Il faut treima-
ginatifs, utiliser les tlphones por-
tables, les rseauxsociaux. Face-
booktoucheles barrios, mme
ceuxcontrlspar des groupes
chavistesarms. Nous devons par-
tir des questionsconcrtes: les
pnuries, linscurit, ladfensede
laConstitution.
Laruenest pas uncours magis-
tral. Discuter pour savoir si nous
sommes endictatureouendmo-
cratieamusele pouvoir. Il ne suffit
pas de dnoncer ses abus, mais
apporter des rponses auxinqui-
tudes des gens. Comment joindre
les deuxbouts, alors quelinfla-
tionrongele pouvoir dachat?
Comment avoir unlogement
dcent? Pourquoi ne peut-onsor-
tir lesoir sans risquer savie? Pour-
quoi lducationet lasantsont en
ruine? Oest passlargent du
ptrole?
Le gouvernement de Maduro
vous situe droite
Jenesquivepas le dbat idolo-
gique. Je suis loindela droite.
Dans lEtat de Miranda, 70%du
budget est consacr lducation.
Il nyapas de politiqueplus pro-
gressisteauVenezuela. Le Miran-
daest limage dupays: 70%des
secteurs sont populaires. Je ne
conois pas degouvernement
sans politique sociale. Je suis
contrela violence. Alinstar deNel-
sonMandela, je prneunchange-
ment pour tous les Vnzuliens,
jene fais pas de politiquesectoriel-
le. Avec deuxmoitis onne fait
pas unenation, pas plus quensou-
mettant la minorit unemajori-
t circonstancielle.
Lmergence de dirigeants
comme Leopoldo Lopez ou
Maria Corina Machado ne vous
complique pas la tche?
Ladiversitneconstituepas
unefaiblesse, mais unerichesse.
Lapparitionde nouveauxleaders
nemedrangepas: monprojet
nest pas personnel mais collectif.
Et les brutalits dupouvoir nous
ont rapprochs.
Faceungouvernement impo-
pulaireet corrompu, plong dans
unecriseconomiquesans prc-
dent, nous devons construireune
forceavec suffisamment de sou-
tienpopulairepour djouer toute
tentativederactionviolenteou
decoupdEtat.
Linsatisfactionde 80%de la
populationpermet de surmonter
lapolarisation, qui fait le jeudu
chavisme. Il y ade plus enplus de
raisons pour manifester pacifique-
ment, mais il faut partir dusocial
pour aller aupolitique, et non
linverse. Le mot libertna pas le
mme sens pour laclasse moyen-
neet pour les pauvres. Si onne
comprendpas cela, onna rien
compris auVenezuela. La cl du
changement se trouve dans les
barrios. p
Propos recueillis parP. A. P.
8
0123
Jeudi 3 avril 2014
international &europe
LAllemagneprtesengagerplusnettementenAfrique
Lisbonne
Envoye spciale
M
ercredi 2 et jeudi 3avril,
lAfrique est Bruxelles.
Plusde40dirigeantspoli-
tiquesafricains devaient retrouver
leurs homologues europens pour
relancer un partenariat, min par
linstabilitsur uncontinent pour-
tant prometteur. Pour lUnion
europenne, il sagitaussi denepas
se laisser distancer par la Chine et
ses ambitions dvorantes.
LePortugal adjprislamesure
de laubaine que reprsentent ses
anciennes colonies pour son co-
nomiefatiguepar lacriseet laus-
trit. Quitte choquer parfois les
dfenseursdes droits de lhomme.
Le premier ministre de centre
droit, Pedro Passos Coelho, sest
encore rendu les 26 et 27mars au
Mozambique, richement dot en
gaz, pour y signer 16 accords com-
merciaux. Lisbonne resserre aussi
les liens avec la Guine quatoria-
le, gros producteur de ptrole, qui
pourrait, selon le ministre des
affaires trangres, Rui Machete,
rejoindre la Communaut des
pays de langue portugaise (CPLC).
Ce privilge lui avait t refus
en2012 faute de respect des droits
de lhomme. Aujourdhui, le prsi-
dent Teodoro Obiang fait partie
des chefs dEtat les plus fortuns
dAfrique quand, dans son pays,
un enfant sur dix, selon lUnicef,
meurt avant lge de cinq ans. Son
fils a t mis en examen, le
18mars, en France dans laffaire
des biens mal acquis. Mais peu
importe. LegouvernementdeGui-
ne quatoriale a sign un accord
pour prendre une participation
dans la Banif, banque portugaise
renfloue par lEtat.
Cest surtout lAngola que le
Portugal ouvregrandses bras. Ace
pays gorg de ptrodollars, class
par Transparency International
153
e
(sur 177) sur lalistedes paysles
plus corrompus de la plante, et
dontJosEdouardoDosSantos, est
lindboulonnable prsident
depuis 1979.
Depuis la crise, des milliers de
jeunes diplms portugais ont
migr Luanda pour fuir le ch-
mage. Desonct, lAngolaainves-
ti dans plus dune vingtaine de
socits portugaises cotes ou
non, en allant de Galp (ptrole)
auxbanques (Bic, BCP, BPI) enpas-
sant par les tlcoms (Unitel), les
mdias(Cofina, Impresa) etlagroa-
limentaire (Cofaco, Vinho beni-
gno), indique Celso Filipe, auteur
dunlivredenqutesur lepouvoir
financier de lAngola au Portugal.
Dix quinze milliards deuros
auraient t injects dans lcono-
mie portugaise, estime-t-il.
DerrirelAngola, ontrouvesur-
tout les proches de M. Dos Santos:
safille, milliardaire, Isabel DosSan-
tos, Manuel Vicente, sonvice-prsi-
dent, et le gnral Kopelipa,
Manuel Hlder Vieira Dias. Bien-
tt, le visage de Jos FilomenoDos
Santos, le fils duprsident devrait
apparatre aussi puisquil a pris,
enjuin2013, lattedufondssouve-
rain angolais, dot de 5milliards
de dollars (3,6milliards deuros).
Lobjectif de ces investisse-
ments fait peu de mystre: faire
fructifier largent du ptrole et
sacheter une influence. Avant
son lection prsidentielle de 2012,
lAngola a cherch se faire une
bonne rputation, prsume
M. Filipe. Enattendant, le Portugal
est complice dun rgime qui
mprise son peuple, juge le mili-
tant anticorruption Rafael Mar-
ques de Morais, la tte du blog
MakaAngola. LePortugal setrans-
forme en une machine laver lar-
gent vol au peuple angolais ! ,
accuse-t-il.
Il nest pasinterdit decroireque
M. Dos Santos redistribueunepar-
tie de cette richesse au peuple.
Mais, aprs trente-quatre ans de
pouvoir, M. Marques de Morais
simpatiente, et doute.
ALisbonneaussi, cesinvestisse-
ments mettent mal laise. Avec
la crise, on avait une opportunit
de nettoyer la corruption dans
notrepays, onachoisi delexporter
[via limplantation dentreprises
portugaises en Angola, notam-
ment dans le BTP] et dliminer les
barrires dintgrit. Onachoisi de
faire des affaires avec qui veut ! ,
dnonce Joo Paulo Batalha, la
tte de lantenne portugaise de
Transparency International. Le
pays a conclu un pacte de silence,
poursuit-il, lEuropeadjfait lex-
prience de ce genre de procd en
Libye. On a d ensuite expliquer
pourquoi on avait fait des affaires
avec Kadhafi.
Largent peut-il tout acheter?
Les Portugais affaiblis par une cri-
se historique savent quil est dans
leur intrt dattirer des capitaux
trangers, mais ils ne semblent
pas prts tout accepter. Les excu-
ses formules enseptembre par le
ministre des affaires trangres,
Rui Machete, envers lAngola, lors-
quune enqute pour corruption
visant M. Vicente avait fuit dans
la presse, ont choqu.
Depuis, lenqute a t classe,
maislapressearvlqueleprocu-
reur avait rserv un traitement
spcial M. Vicente, prenant en
considration les intrts natio-
nauxliscetteaffaire. Uneenqu-
tedisciplinairelencontredupro-
cureur a t ouverte le 15novem-
bre. Ses conclusions ne sont pas
encoreconnues.
Nous avons besoin de largent
de lAngola, mais lAngola a aussi
besoinde nous, rsume M. Filipe.
Il yasansdouteunpeudhypocri-
sie, mais pas seulement au Portu-
gal. La famille Dos Santos investit
ailleurs enEurope! , signale-t-il. p
Claire Gatinois
Berlin
Correspondant
Le septime sommet Unioneuro-
penne-Afrique, les 2 et 3avril
Bruxelles, est loccasionpour Ber-
linde resserrer ses liens avec le
continent africain. Mme si la
France et lAllemagne devraient
prsenter une dclarationcom-
mune une nouveaut , Berlin
nentendpas laisser Paris le lea-
dershipde la relationavec lAfri-
que. Le ministre des affaires tran-
gres (SPD) Frank-Walter Stein-
meier, vient dy effectuer sa pre-
mire tourne enEthiopie, en
Tanzanie et enAngola et Angela
Merkel a consacr, le 29mars, son
podcast hebdomadaire la politi-
que africaine de lAllemagne.
Deuxjours plus tard, elle a reule
prsident sngalais MackySall.
Jusque-l, les liens de lAllema-
gneavec lAfriquetaient assez
lches. Le dernier voyagequela
chancelireyaeffecturemonte
2011: elleavait visitleKenya, lAn-
golaet le Nigeriaensoixante-dou-
zeheures. Mais lAllemagne, dsi-
reusede jouer unrle plus impor-
tant sur lascneinternationale, se
rendcomptequellene peut se
dsintresser de ce continent.
Alors que nombredAllemands,
ycompris dans le personnel politi-
que, jugent que la France inter-
vient auMali ouenRpublique
centrafricainepour dfendreses
intrts, la ministre dela dfense,
Ursulavonder Leyen, essaiedefai-
repasser le messageinverse. Elle
qui a obtenuduBundestaglauto-
risationdenvoyer jusqu 250sol-
dats allemands auMali, prne un
engagement plus fort de lAllema-
gneenAfriquedans le cadredop-
rations internationales.
Cest le sens de la tribunequel-
le cosigneavec sonhomologue
franais Jean-Yves Le Drianet que
publient Lemonde. fr et la Frank-
furter Allgemeine Zeitung, le jour
olUEaofficalisle lancement de
samissionenCentrafrique. En
situationde crise, lengagement de
moyens militaires ne remplacecer-
tainement pas les solutions politi-
ques mais il contribue stabiliser
des Etats fragiles, protger les
populations, et, aufinal, crer ain-
si les conditions essentielles pour
reconstruireet dmocratiser un
pays, crivent-ils.
Rserves
Cet engagement des moyens
militaires provoque unvif dbat
enAllemagne. Ursula vonder
Leyenreoit unaccueil plutt
bienveillant des cologistes, tradi-
tionnellement pacifistes. Dans le
Spiegel du24mars, MartinKobler,
ex-collaborateur de Joschka Fis-
cher (ministre Vert des affaires
trangres de 1998 2005), qui
dirige aujourdhui la missiondin-
terventionde lONUauCongo, dit
se rjouir de ladiscussionet sou-
tenir le gouvernement.
Enrevanche, GerdMller,
ministrecharg de la coopration
et dudveloppement, ne cache
pas ses rserves. Pour ce responsa-
ble de lUnionchrtienne-sociale
(CSU) bavaroise, lAfriquea besoin
daide civile plutt que militaire.
M. Steinmeier a une position
mdiane. Reconnaissant enEthio-
pie que lAllemagne peut davan-
tage simpliquer dans laforma-
tiondes forces de scurit africai-
nes, il vante enTanzanie un
continent des possibles qui se
dveloppe beaucoupplus vite
quonne le croit. Soucieuxde
montrer quil travailleplus troi-
tement avec la France que sonpr-
dcesseur, il appuie les initiatives
dUrsulavonder Leyen.
Sonministreferabientt circu-
ler auseindugouvernement les
grandeslignes dece qui devrait
trelapolitiqueafricainede lAlle-
magnedurant les prochaines
annes, afinde coordonner lac-
tiondes ministres deladfense,
delacoopration, de lagriculture
et delintrieur.
Et AngelaMerkel ? Si ellesou-
tient ses deuxministres, elleest
trs prudenteds quil sagit den-
voyer laBundeswehr ltranger.
EngageauMali, notamment tra-
vers labrigadefranco-allemande,
auSngal, dans laCornede lAfri-
queet, dans unebienmoindre
mesure, auSoudanet auSoudan
duSud, laBundeswehr neserapas
prsentemilitairement enCentra-
frique. Dans sonpodcast, Angela
Merkel ne consacreenhuit minu-
tes quunephraseauMali et aucu-
nelaCentrafrique. Cequelle
veut, cest permettrelAfriquede
prendreses responsabilits.
Nous nevoulons pas marquer
lAfriqueduneempreintealleman-
de. Les pays africains ont eupen-
dant suffisamment longtemps une
empreintevenuede lextrieur,
indiquelachancelire.
Pour faireaccepter uneopi-
nionrticentelenvoi de militaires
allemandsenAfrique, AngelaMer-
kel et ses ministres insistent donc
biendavantagequeles dirigeants
franaissur lintrt conomique
quereprsentececontinent pour
leurs propres concitoyens. p
Frdric Lematre
nSur Lemonde.fr
La tribune dUrsula von der Leyen
et Jean-Yves Le Drian
I
l nest plus permis de rire en
Egypte. Omar Abul Magedla
appris ses dpens. Ce jeune
agriculteur de 31 ans, sans histoi-
re ni le moindrepass doppo-
sant politique, a t condamn,
dimanche30mars, unande pri-
sonpar le tribunal de Qena, en
Haute-Egypte, pour avoir humi-
li larme.
Les faits datent de septem-
bre2013. Pour exprimer sonoppo-
sitionaucoupdEtat militaire
contrele prsident Frre musul-
manMohamedMorsi, Omar
Abul Magedchoisit lhumour. Il
affuble sonne dunposter lef-
figie dugnral Abdel Fattah
Al-Sissi, qui amen le putsch, coif-
fe lanimal dune casquettemili-
taire avant de le chevaucher dans
sonvillage. La moquerie est vi-
dente: engyptien, sissi signi-
fie le mulet.
La farce fait mouchemais elle
nest pas dugot de tout le mon-
de. Des riverains dnoncent
Omar Abul Maged la police.
Loutrageest tel quele jeunehom-
me est plac endtentionprovi-
soire enattendant le droule-
ment de lenquteet lissue de
sonprocs. Il lui reste encore six
mois de prison purger.
Larme gyptiennemanque-
rait-elledhumour? Elle ne man-
que entout cas pas de poigne.
LhistoiredOmar Abul Maged
nest quunnimeexemple de la
rpressiontous azimuts mene
par le rgime militairedepuis le
renversement de la confrrie.
La semaine dernire, 529Frres
musulmans ont t condamns
mort par le tribunal de Minieh,
enHaute-Egypte, pour avoir tu
unpolicier lors de manifesta-
tions, lt 2013. Mme si beau-
coupdobservateurs sattendent
ceque le verdict soit cassen
seconde instance, cette dcision
de justiceest sans prcdent dans
lhistoirede lEgyptemoderne.
Maquereau
Nouvel hommefort dupays,
Al-Sissi, promumarchal enjan-
vier, sest portcandidat lasuc-
cessionde MohamedMorsi quil a
lui-mmedestituil yamoins
dunan. Le26mars, lemilitairea
dmissionnde sonpostede
ministredeladfensepour parti-
ciper llectionprsidentielle
prvueles 26et 27mai.
Avecpour linstant unseul
rival dclar, lenassristeHamdi-
neSabahi, llectionsemblelais-
ser peudeplaceaususpense. Le
coupdenvoi delacampagneoffi-
cielleest prvupour dbut mai.
Pourtant, des portraits immenses
dAl-Sissi ont djtplacards
dans les grandes villesdupays. On
yvoit levisagedumarchal, sou-
riant et confiant, sur fondde slo-
gannationaliste: VivelEgypte.
Dans cecontextedepropagan-
decrasante, Internet restelulti-
mebastiondelibre pense. En
rponseauhashtagJevoterai Sis-
si, des opposants aurgimemili-
taireont lancsur Twitterunhash-
tagconcurrent, Votezpour le
maquereauuneinsultegratui-
te, retweetdes centaines de mil-
liers defois.
Il nyaque sur les rseaux
sociauxque lonpeut exprimer
notreopposition. Cest devenu
extrmement difficilede manifes-
ter, raconteTheBigPharaoh, un
militant libral trs actif delaToi-
legyptienne. p
MarionGunard
(LeCaire, correspondance)
EnEgypte, onnebadinepasaveclimageducandidatSissi
ISRAL-PALESTINE
Leprocessusdepaixensursis
JRUSALEM. Leprocessus dengociations entreIsraliens et Pales-
tiniens aatteint unpoint critique, mardi 1
er
avril : lesecrtaire
dEtat amricain, JohnKerry, aannullavisitequil devait effec-
tuer mercredi Ramallahet Jrusalempour finaliser les termes
dunaccordvisant prolonger les ngociationsau-deldu29avril,
et prvoyant lalibrationdeprisonniers palestiniens.
Sadcisionest intervenuepeuaprs lannoncedeMahmoud
Abbas, prsident delAutoritpalestinienne, de demander imm-
diatement ladhsiondelaPalestinequinze agences internatio-
nales, traits et conventions , unedmarchesusceptiblede provo-
quer uneractionderejet dugouvernement isralien.
JohnKerryaestimquil est prmaturdvoquer larrt dupro-
cessus depaix, soulignant quaucunedes agences mentionnes
par M. Abbas nest lie auxNations unies. (Corresp.) p
AustralieLa justice reconnat le genre neutre
SYDNEY. Laplus hautejuridictiondAustralieadcid, mercredi
2avril, quunepersonnepouvait tre reconnuelgalement com-
metant degenreneutre. Cettedcisionintervient lasuite
duneprocduremenepar unepersonne, Norrie, nede genre
masculinet ayant subi uneinterventionchirurgicalepour chan-
ger desexeen1989, sans quecelle-ci ne metteuntermelambi-
gutquelleprouvesur sonidentitsexuelle. Unepersonnene
pourratrereconnuepar laloi et ltat-civil commede genreneu-
trequendposant undossier mdical. (AFP.)
LePortugal apris
lamesuredelaubaine
quereprsentent
sesanciennescolonies
poursonconomie
fatigue Unagent de scurit de la compagnie ptrolire angolaise Sonangol, Luanda. VANESSA VICK/REA
Lesfondsvenus
dAngolasmentle
troubleauPortugal
Lisbonneest accusdefaireaffaireavecunpays
richeenptrole, dnoncpour sacorruption
9
0123
Jeudi 3 avril 2014
10
0123
Jeudi 3 avril 2014
Bruxelles
Bureau europen
R
unis, mardi 1
er
avril Bruxel-
les, les ministres des affaires
trangres de lOTAN
staient fix pour objectif princi-
pal de rassurer les Etats baltes et
est-europens, inquiets de la
menace que Moscou fait, leur
avis, peser sur eux aprs lan-
nexionde la Crime.
La runion de Bruxelles a ainsi
entrin un gel de la coopration
militaireet civileaveclaRussieain-
si que divers partenariats. Dautre
part, les 28 pays membres de lAl-
liance ont dcid de renforcer de
diffrentes manires leur prsen-
ce dans les pays proches de la Rus-
sie. Larme ukrainienne devrait,
elle, bnficier de conseils, de for-
mations et daides en matriels
destins combler ses normes
carences : elle compte
40000hommes, mais 6000 seu-
lement seraient en mesure de
mener des missions de combat.
Lexercice soumis aux minis-
tres, mardi, tait complexe. Il fal-
laitprendreencomptelesrevendi-
cations, parfois trs fortes, de cer-
tains pays de lEst qui verraient
bien, par exemple, linstallation
sur leur territoire de bases perma-
nentes de lOTAN. Mais il conve-
nait aussi dagir sans donner de
prtexte Moscou, comme lex-
pliqueundiplomate.
LOTAN, qui espre toujours,
linstar de lUnion europenne
(UE), une dsescalade du conflit
avec la Russie, voulait donc affi-
cher sa fermet sans risquer de
couper les ponts avec le rgime de
Vladimir Poutine. Les canaux du
dialogue doivent rester ouverts ,
commente un diplomate de haut
rang. Mmesi laplupartdesminis-
tres doutaient de la ralit du
retrait de troupes russes la fron-
tire ukrainienne annonc par le
prsident russe au dbut de la
semaine.
La suspension de la coopra-
tion militaire avec Moscou nest
pas vraiment dtaille. Elle pour-
rait concerner la mission conjoin-
te mene, enSyrie, pour accompa-
gner les armes chimiques promi-
ses la destruction. Ou la prsen-
ce, en Afghanistan, de techniciens
russes chargs de la maintenance
dhlicoptres. Russes et Occiden-
taux cooprent aussi pour rpri-
mer la piraterie en Somalie, lutter
contre le terrorisme, endiguer le
trafic de stupfiants. Ils mettent
galementaupoint, ensemble, des
plans civils durgence. Quels pro-
jets sont remis en question?
Anders Fogh Rasmussen, le secr-
taire gnral de lAlliance, reste
vasif en soulignant quil ne
devraitpasyavoirderupturedans
ce qui relve des intrts com-
muns des deuxcamps.
Mme si lagression contre
lUkraine a, selon M. Rasmussen,
transform lasituationscuritai-
re en Europe et mme si Moscou
abranllesprincipesdupartena-
riat avec lOTAN, lAlliance nen-
tend pas jeter dhuile sur le feu.
Elle ne donne pas suite ausouhait
de Varsovie et dautres capitales,
qui demandaient linstallation de
bases permanentes de lAlliance
sur leur territoire. Une option
laquelle elle a renonc depuis une
quinzaine dannes. Tout au plus,
unaroportmilitaireestoniensup-
plera-t-il une base lituanienne
qui a atteint sa pleine capacit.
Quant lexercice arien men
mardi 1
er
et mercredi 2avril dans le
ciel balte, dont lOTAN assure
depuis 2004 la protection, il tait
programmde longue date.
Evitons les postures de la
guerre froide! , plaide une source
diplomatique. Une demi-douzai-
ne de pays, dont les Etats-Unis, la
France et la Grande-Bretagne,
apportent dj, ou promettent,
une aide bilatrale aux pays bal-
tes, la Pologne et la Roumanie.
Des avions de chasse et des appa-
reils de surveillance Awacs survo-
lent ces pays, qui se voient aussi
proposer une aide navale ou des
moyens de protection contre des
cyberattaques.
Maisil nest pasquestiondaller
au-del, ni de mettre en vidence
les manuvres otaniennes qui
doivent impliquer 7000hommes
de 17pays, entre mai et octobre,
sur le sol ukrainien. Le Parlement
de Kiev en a approuv le principe
mardi.
Lventualit dun largisse-
ment de lAlliance lUkraine et
dautres pays, dont la Gorgie, res-
te carte. Si certains pays de lEst
voulaient acclrer la rflexion, la
plupart des autres Etats membres
entendent, au contraire, calmer le
jeuet imiter laprudencedeBarack
Obama sur cette question. Per-
sonnene veut dcourager ces pays.
Ils bnficient de notre solidarit
mais unmessage tropbrutal serait
contre-productif , analyse un
haut responsable de lOTAN. Pas
question dagiter un chiffon rouge
sous le nez des Russes, ajoute un
autre. La question sera peut-tre
voque au mois de juin, aprs la
publication de rapports sur les
pays candidats.
Si la crise perdure, lAlliance
pourrait alors dcider de rviser
en profondeur sa relation avec
Moscou. Officiellement, lOTAN
sentientlidequelepartenariat
avec la Russie peut encore tre
retiss. En interne, certains se
demandent toutefois si, aprs les
graves divergences des dernires
annes sur le Kosovo ou la Gor-
gie, ou les tensions sur la dissua-
sion nuclaire et la dfense anti-
missile, il est encorepossibledvo-
quer unrapprochement.
Dici au sommet de lOTAN, en
septembre au Pays de Galles, la
diplomatie sefforcera danalyser
lesconsquencesdunetelleruptu-
resur dautres crises, dans lesquel-
les Moscoujoue unrle-cl: celles
qui concernent laSyrie, lIranoula
CoreduNord. p
Jean-Pierre Stroobants
Los Angeles
Correspondance
P
our dcourager les bracon-
niers venus amputer les
troncs de squoias de leurs
loupes, les responsables du Red-
wood National &State Park ont
interdit laccs nocturneunerou-
te populaire du parc, le Newton
B. DruryScenicParkway. Ceparcde
50000hectares, situ sur la cte
nord de la Californie, non loin de
lOregon, avait t cr en 1968
pour protger les squoias, dci-
ms par la Conqute de lOuest et
ses besoins en bois de construc-
tion, mais aussi pour les rendre
accessibles aupublicet hlas aux
braconniers. Le squoiaest unbois
rsistant, pris dans le monde
entier.
Lesvoleursarmsdesciessint-
ressent particulirement aux lou-
pes, ces excroissances, souvent
normes jusqu une tonne, qui
se dveloppent sur les troncs. Leur
bois, avec ses nervures et ses
yeux uniques, a une grande
valeurmarchande, surtoutsilalou-
pe provient dun trs vieux
squoia. Les plus grosses peuvent
se ngocier jusqu 10000dollars
(7250euros).
Les sculpteurs apprcient le
graindu bois, les bnistes enfont
des pendules, des plaques, des
tables dont le prix peut atteindre
plusieurs dizaines de milliers de
dollars. La firme automobile BMW
propose des tableaux de bord en
loupe de squoia sur ses modles
haut de gamme.
Une majeure partie du march
est lgale, et le bois est achet des
propritaires privs. Mais les
squoias des immenses parcs
publics sont des proies faciles.
Celafait longtemps que ce typede
braconnage a lieu, mais mainte-
nant, chaque jour, nous constatons
une nette recrudescence de ces acti-
vits criminelles, qui causent beau-
coupdedgts, expliqueJeffBom-
ke, superintendant de cette rser-
vede 50000hectares.
En avril 2013, raconte le respon-
sable, les braconniers nont pas
hsitabattreunarbreafindesec-
tionner plus facilement une loupe
situe 25mtres de hauteur. Et
entombant, poursuit M. Bomke, ce
squoiagantagravementendom-
mag les arbres, la faune et la flore
alentour. Cest plus quun vol, cest
de la destruction dun patrimoine
mondial.
Rcemment, prs de lembou-
churedelarivireKlamath, unran-
donneur a signal lamputation
dune loupe de 3mtres sur 4, qui
avait tdcoupesur place, trans-
porteet revendue. Mais les cernes
de chaque loupe sont uniques, et
des enquteurs ont prouv que les
planches saisies chez un grossiste
en bois provenaient de cet arbre.
Il yades arrestationset des enqu-
tessontencours, confirmeCanda-
ceTinkler, porte-paroledesrangers
duRedwoodNational. Outre la fer-
meture de certains accs, les
patrouilleurs, pour qui la lutte
contre ce trafic est devenue une
priorit, ontmusclleursurveillan-
cedes lieux.
Mais selon la lgislation actuel-
le, ce type de braconnage est quali-
fidesimplevol, avecdespnalits
relativement faibles. Les associa-
tions cologistes demandent que
ces actes soient considrs comme
unedestructionderessourcesnatu-
relles. Lassociation Save the Red-
woodsLeague, creen1918pourla
sauvegardedes squoias, sapprte
lancer unercompensepour tou-
teinformationconduisantliden-
tificationdes pilleurs de loupes.
Autrefois, nous avions prs
dun million dhectares de forts
anciennes entre la frontire avec
lOregon et la ville de Monterey,
poursuit M
me
Tinkler. Mais en
150ans, 95%de cette fort dorigine
atabattue. Et lessquoiasqui res-
tent se trouvent presque tous dans
leRedwoodNational Park.
Un squoia peut survivre la
coupe dune, ou mme de plu-
sieursdesesloupes, maissonsyst-
me reproductif, vieux parfois de
mille ans, est endommag car ces
excroissances produisent des bou-
tures ou clones essentiels la pro-
pagation: Uneloupecontient tou-
te lADN du squoia, et en lampu-
tant, on coupe le processus rgn-
ratif, le futur de larbre! Noublions
pas que le nom latin est Sequoia
sempervirens, qui veut direqui vit
toujours , prcise M
me
Tinkler
pour qui lducation du public est
lameilleurearme: Nous encoura-
geons les acheteurs toujours vri-
fier que la provenance du bois est
lgitime.
Car dans cette rgion, et sur
Internet, on trouve des burl
shops (boutiques de loupes), sp-
cialises dans la vente de ce bois
dcoratif. Jachtedesloupes lga-
lement des proprits prives ,
prcise Dean Lewis qui vend des
objets ensquoiadans saboutique
de souvenirs Ancient Redwoods,
situe lintrieur du parc. Mais
cest lextrieur duparc quil faut
convaincreles consommateurs p
Claudine Mulard
international &plante
LAllianceveut
affichersafermet
toutenmaintenant
ledialogue
aveclergime
deVladimirPoutine
Le ministre ukrainien des affaires trangres, Andrii Deshchytsia ( gauche), et Anders FoghRasmussen,
secrtaire gnral de lOTAN, le 1
er
avril, Bruxelles. JACQUELYN MARTIN/AFP
Soul
Envoy spcial
J
outes verbales, tirs dartillerie,
lancement de missiles, la ten-
sion monte nouveau dans la
pninsule corenne. Mardi
1
er
avril, un drone nord-coren, un
Banhyong driv du modle
chinois D4, a t retrouv sur lle
sud-corennede Baengnyeong, en
mer Jaune. Il aurait t dploy en
marge des exercices de tirs dartil-
lerie mens le 31mars par larme
nord-corenne. Ces manuvres,
annonces, ciblaient une zone de
la mer Jaune, le long de la Nor-
thernLimit Line (NLL), la frontire
maritime dessine par lONU la
fin de la guerre de Core
(1950-1953), jamais reconnue par
la Core duNord.
Une centaine dobus sont tom-
bs dans les eaux attribues au
Sud, qui, enretour, aactivsesobu-
siers K9 et fait dcoller des chas-
seurs bombardiers F-15K. Les for-
ces amricaines et sud-corennes
ont renforc le niveau de vigilance
et de surveillance dans tout le pays
pour faire face nimporte quelle
provocation, afaitsavoirleporte-
paroleduministresud-corende
ladfense, KimMin-seok. Leshabi-
tants des les Yeonpyeonget Baen-
gnyeong, prochesdelaNLL, ont d
se rendre aux abris. En novem-
bre 2010, quatre personnes
avaient t tues Yeonpyeong
par un bombardement venu du
Nord. Le 26 mars de la mme
anne, 46marins sud-corens
avaient pri dans le naufrage du
Cheonan, torpillpar leNord, qui a
toujours ni sonimplication.
Lchangede tirs suit la menace
formule, le 30mars, par la Core
du Nord de mener une nouvelle
forme dessai nuclaire. Quatre
jours plus tt, Pyongyang avait
tirdeuxmissilesdemoyennepor-
te Rodong.
Pkinet Washingtonont appel
la retenue. Nous condamnons
fermement les provocations nord-
corennes, a dclar Min Hyun-
joo, porte-paroleduparti conserva-
teur Saenuri, au pouvoir Soul.
Elles anantissent les efforts
consentis pour amliorer les rela-
tions avec le Nord. LAlliance
pour une nouvelle politique pour
la dmocratie (NPAD), formation
dopposition, a qualifi les tirs
d inacceptables, quelles que
soient les circonstances.
La Core du Nord ne provoque
pas, estime Moon Chung-in, de
luniversit Yonsei, elle ragit et
montre son mcontentement des
manuvres amricano-sud-
corennes. Le politologue fait
rfrenceloprationSsangyong,
un exercice de dbarquement
menPohang(cteest) parWash-
ington et Soul dans le cadre des
exercices de grande ampleur Key
Resolveet Foal Eagleorganisscha-
que anne. La Core du Nord les
considre comme la rptition
dune offensive contre elle.
Insulte impardonnable
Le Nord naurait pas non plus
got les prises de position de la
prsidente sud-corenne, Park
Geun-hye, lors de sa tourne en
Europe. ADresde, enAllemagne, le
28mars, M
me
Parkadtailldespro-
positions humanitaires et cono-
miques, envue de la runification
de la pninsule. Il ny a rien de
nouveau, rappelleLeeByong-chul,
de lInstitut pour la paix et la coo-
pration. Certaines mesures
taient dj voques du temps de
Kim Young-sam, prsident de
1993 1998. Ce discours tait
humiliant pour le rgime nord-
coren, expliqueM. Lee. Il atpro-
nonc en ex-Allemagne de lEst,
comme si M
me
Park considrait la
Core du Nord comme au bord de
leffondrement. Pyongyangaqua-
lifilesannoncesdinsulteimpar-
donnable.
LediscoursdeM
me
Park, pronon-
cle25marsausommetsurlascu-
rit nuclaire de LaHaye, aurait
galement agaclaCoreduNord.
Ayant voqu le nuclaire nord-
coren, M
me
Park a, selon le
P
r
Moon, donn limpression de
vouloir internationaliser la ques-
tion, alors que Pyongyang ne veut
pas sortir des discussions six
[Etats-Unis, Chine, Russie, Cores,
Japon] cres pour cela. Et puis,
ajoute le politologue, il est possi-
blequelaffairedeCrimeait incit
la Core du Nord montrer quelle
est un pays fort quon ne menace
pas impunment. p
Philippe Mesmer
CHILI
Unpuissantsismefait
cinqmortsdanslenorddupays
SANTIAGO. La prsidente chilienne, Michelle Bachelet, a dcrt
ltat de catastrophe naturelle dans les rgions dArica et de Tara-
paca, aunorddupays, aprs unviolent sisme de magnitude8,2
qui a fait aumoins cinqmorts et dclenchdes alertes autsuna-
mi auChili, auProu, auHonduras et enEquateur. La secousse
sest produite mardi 1
er
avril 20h46heure locale, sonpicentre
se situant 90kmausud-ouest de la ville de Cuya, une profon-
deur de 46km, selonle Centre sismologique national de luniver-
sit duChili. Les populations des zones ctires ont t rapide-
ment vacues. Daprs le Centre dalerte des tsunamis pour le
Pacifique, bas Hawa, le sisme a engendrdes vagues dun
peuplus de2mtres. Lalerte autsunami devait tre maintenue
pendant plusieurs heures. (AFP.) p
EnCalifornie, des
braconnierssattaquent
auxsquoiasmillnaires
Lebois, utilisnotamment dans lindustrie
duluxe, peut atteindre10000dollars latonne
WashingtonetPkinappellentlesdeuxCoreslaretenue
Pyongyanget Soul ont changdes tirs dartilerieenmer Jaune, sans fairedevictimes
LOTANglesacooprationavecMoscou
etprometdaiderlarmeukrainienne
LAlliancenentendpas crer debases dans les Etats baltesinquiets aprs lannexiondelaCrime
Plusquunvol,
cestdeladestruction
dunpatrimoine
mondial
Jeff Bomke
superintendant du Redwood
National &State Park
30 km
OREGON
CALIFORNIE
K
l
a
m
a
t
h
K
l
a
m
a
t
h
Ocan
Paci f i que
Ocan
Paci f i que
Redwood
National Park
france
Metz
Envoy spcial
D
errire les reflets de la vitre
pare-balles qui enserre son
box, Francis Heaulmeassis-
te au procs dun autre. A la barre,
untmoin, Henri Leclaire, a pris sa
place sous le feu roulant des ques-
tions de la cour dassises de la
Moselle. Rduit ausilence, le tueur
ensrieenroulesalonguecarcasse,
lattedanslesmains. Parfois, sasil-
houette incertaine doiseau
empaill se fige, le menton tendu
vers lhomme qui est en train de
sombrer devant lui.
Henri Leclaire, 65ans, est fait
dun bloc. Aussi haut que large,
engonc dans un complet marron
glac. Un bloc fruste et friable, que
le prsident a travaill pendant
prs de quatre heures, mardi
1
er
avril, au deuxime jour du pro-
cs du double meurtre de Monti-
gny-ls-Metz. Confrontsesmen-
songes et un tmoignage de der-
nire minute le mettant en cause,
le tmoin sest embourb dans ses
contradictions, saccrochant son
uniquelignededfense: loubli.
Relgu dans le public, son
conseil, M
e
Thomas Hellenbrand,
souriait jauneenassistant, impuis-
sant, au naufrage de son client.
Cestbienttlensembledelaproc-
dure qui allait tre entrane par le
fond. Enmilieudaprs-midi, lepr-
sident delacour, Gabriel Steffanus,
sest rsoluannoncer lerenvoi du
procs, afinde dterminer la natu-
re exacte de limplication dHenri
Leclaire dans le meurtre dAlexan-
dreBeckrichet Cyril Beining, 8ans,
massacrs coups de pierres il y a
vingt-huit ans. Prvu sur quatre
semaines, le procs de Francis
Heaulme, devenu celui dHenri
Leclaire, auradurdeuxjours.
A lpoque des faits, cet ancien
manutentionnaire la retraite
tait charg de lentretien dune
imprimerie, dont les locaux don-
nentsurletalusausommetduquel
les corps des deux garons ont t
retrouvs, undimanchedeseptem-
bre1986. Excd par les gosses
qui jouaientauxabordsdesbennes
et anantissaient sonlabeur quoti-
dien, il avait pour habitudedefaire
des rondes le week-end autour de
sonlieudetravail.
Premier suspect avoir avoule
meurtredesdeuxenfantsaudbut
de lenqute, avant de se rtracter,
Henri Leclaire avait bnfici dun
non-lieuen2013. Maisletmoigna-
ge surprise dune femme de 51ans,
qui sest fait connatre samedi
auprs de la cour, la brutalement
renvoyaurledususpect.
Appele la barre, Marie-Chris-
tine Blindauer, femme dun avo-
cat, raconte quHenri Leclaire sest
un jour panch sur cette affaire
dont il se disait injustement accu-
s en sattardant dans sa cuisine,
tandis quil lui livrait des courses.
Leclaire avait insist: Cest pas
moi. Peu peu, le livreur avait
concd quil en avait marre des
gosses qui jouaient autour des
bennes. Il serait alors entr dans
une forme de transe, en expli-
quant les avoir attraps ce
fameuxdimanchede septembre.
Javais le sentiment quil revi-
vait la scne, quil ne me voyait
plus, relate M
me
Blindauer. Il est
entr dans une colre norme, il a
commenc me faire peur. Il
mimait ses gestes, qui montraient
clairement quil les avait frapps.
Mais il a insist plusieurs fois sur le
fait quil ne les avait pas tus.
Comme unenfant pris enfaute,
Henri Leclaire nie en bloc. Il nest
pas pass, ce dimanche, faire une
ronde, et il na jamais racontcet-
te cliente avoir chop les gosses.
Le prsident hausse le ton, puis
sadoucit. Leclaireseffrite:
Je nemesouviens plus.
Ce ntait pas il y a vingt-huit
ans, maisil yaunanetdemi, insiste
leprsident.
Onaparldutemps.
Vousavezparldelapluieetdu
beau temps pendant deux heures?
Vous pensez quon va avaler a?
sexaspre le magistrat, avant de
rappeler Marie-Christine Blin-
dauer labarre.
Ce quelle a dit, cest vrai, finit
par lcher Leclaire.
Vous lui avez racont que vous
avezattrap les enfants?
Oui.
Et vous lavez vraiment fait?
Non.
Pourquoi vous lui avez dit a
alors?
Parce que je savais plus ce que
javais fait heu, ce que javais dit.
Jai dit nimportequoi.
Avant de regagner la cellule
dans laquelle il vit depuis 1992,
Francis Heaulme a finalement t
invit sexprimer son propre
procs. Dans le rle du tmoin.
M. Heaulme, levez-vous. Est-ce
que vous avez vu M. Leclaire don-
ner une correction aux enfants?,
lui demande le prsident. Mesu-
rant le basculement qui est en
trainde se produire, laccus mar-
monne, peine audible: Hum, je
risque gros l Ctait un diman-
che de septembre
M. Heaulme, sortez dubox.
Laccus quitte le box des accu-
ss, et se plante devant le micro,
pour charger celui qui nest encore
quuntmoinsonprocs:
Oui, jai vuM. Leclaire. Jai vuun
hommeviolent qui est descendudu
talus, il ma fait peur, il avait du
sang sur le t-shirt. Je suis mont sur
le talus, ctait difficile, il y avait des
ronces. Jai regard droite, rien,
gauche, rien, puis jai vu deux per-
sonnes allonges, mais jesavais pas
quoi. Jai approch quatre mtres,
ctaitdeuxgamins. Jai eupeuretje
suis rentr.
Vous avez dclar le 16janvier
2002quevousaviezvuLeclairefrap-
per les enfants.
Oui, jai dit a, yaplusieurs ver-
sions, je sais plus
Vous avez vules enfants morts,
a, onpeut entresr?
Oui, mais cest pas moi qui ai
tules enfants.
Aprs avoir annonc le renvoi
du procs, le prsident de la cour
sest adress aux parties civiles
pourleurfairepart desonregret
denepasavoirpumenerlesdbats
leur terme. Le procureur devrait
requrir louverture dune nouvel-
leinformationjudiciaire. Si leschar-
ges retenues contre Henri Leclaire
justifientsonrenvoidevantlesassi-
ses, il pourrait rejoindre le boxaux
cts de Francis Heaulme. Il sagira
du cinquime procs dans cette
sagajudiciairehorsnorme. Etlepr-
sident ajouta: Nous sommes
convaincus que la vrit finira par
treaffirmedanscetteenceinte. p
SorenSeelow
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Lire, voir, couter,
sortir, jouer
uneslection
culturelle
pour les enfants
de4 12 ans
NOUVEAU
Cigaretteslectroniques: lAfnor
vaplanchersurdesnormesdefabrication
LInstitut national delaconsommationavait saisi lorganismefin2013,
estimant queceproduit ntait pas sans danger pour levapoteur
Henri Leclaireest
lapremirepersonne
avoiravou
lemeurtredesdeux
enfantsen1986. Il
staitensuitertract
Auprocs
Heaulme, un
suspectnomm
HenriLeclaire
LeprsidentdesassisesdelaMoselle
sestrsolurenvoyerleprocs
E
tablir des normes pour les
cigarettes lectroniques est
impratif: telle est la conclu-
sion de la runion qui sest tenue,
mardi 1
er
avril, lAfnor, chargede
mettre en place des normes. Le
butde cette rencontre, qui runis-
sait associations de consomma-
teurs, devapoteurs, fabricants, dis-
tributeurset laboratoiresdessais:
donner des gages de transparence
et de scurit. Une dmarche
dautant plus ncessaire que le
march de la cigarette lectroni-
que ne cesse de crotre, avec prs
de2millionsdevapoteursenFran-
ce, et 8millions enEurope.
LInstitutnational delaconsom-
mation (INC) avait saisi lAfnor en
septembre2013 aprs avoir mon-
tr que le-cigarette ntait pas
sans danger pour le consomma-
teur. Une commission va donc
plancher, selontroisaxes: ledispo-
sitif lectro-portatif de vaporisa-
tion, cest--dire la cigarette lec-
troniqueelle-mme, appelevapo-
teuse. Le contenu (les e-liquides).
Enfin, les mthodes propres
lanalyse de la vapeur gnre par
ces e-liquides.
Sans combustion, contraire-
ment la cigarette, la e-cigarette
produit unbrouillarddefines par-
ticules, souvent appel vapeur,
qui peut tre aromatis (gots de
tabac, menthe, fruits, chocolat,
etc.) etcontenirounondelanicoti-
ne. Les fabricants se sont dj
engags dans la mise en place de
normes , explique Charly Pai-
raud, secrtairegnral delaFivap
(fabricants), moteur de ces tra-
vaux. Des dispositifs de scurit
existent dj avec des normes ISO
83-17, qui sappliquent auxembal-
lagesrefermablestenuspourrsis-
ter louverture par les enfants,
comme ceux des mdicaments
par exemple.
Dnominateur commun
Lide est de dfinir collective-
ment le dnominateur commun
pour identifier les bons produits de
ceux qui napportent pas le niveau
de scurit requis par le code de la
consommation et la rglementa-
tion sur les substances dangereu-
ses, explique Grgory Berthou,
rapporteur du comit stratgique
sur les biens de consommation
lAfnor.
Lobjectif est dviter les acci-
dents de e-liquide, comme aux
Etats-Unis. Un ditorial du New
York Times prsentait en titre le
e-liquide comme un poison mor-
tel le 24mars, et appelait plus de
rglementation. Il recensait
365cas gravesdempoisonnement
en 2013. Certains y voient la main
des fabricants de tabac. Rien de
comparable en France selon les
acteurs. Les rgles sont plus stric-
tes en Europe. Il y a eu quelques
cas daccidents enFrance mais rien
de grave maconnaissance. Oui, il
faut tre vigilant. La nicotine est
dangereuse, maiscest unpeucom-
me si vous laissiez le flacon deau
de javel disposition, souligne
M. Pairaud. Rien voir avec le
tabac, qui tue 73000personnes
chaqueanne, rappellent lesparti-
sans de la vapoteuse. p
Pascale Santi
Henri Leclaire a t interrog plus de quatre heures, mardi, par le prsident de la cour dassises de la Moselle. VINCENT KESSLER/REUTERS
11
0123
Jeudi 3 avril 2014
culture
Musique
Londres
Envoy spcial
S
ur la grande scne du Barbi-
can Centre, Londres, on
reconnat Damon Albarn,
star aventureuse de la brit-pop,
MoneyMark, le clavier des Beastie
Boys, des figures dune nouvelle
vague anglo-saxonne, tels Ghost-
poet, Kele Okereke (chanteur de
Bloc Party), Alexis Taylor (leader
de Hot Chip), Pat Mahoney (bat-
teur de LCDSoundSystem), le no
soul-man, Sinkane Tous bondis-
sent joyeusement, sarabande
mlant groove afrobeat, percus-
sions yoruba, bote rythmes et
ritournellesynthtique, pourcl-
brer les chansons de William
Onyeabor. Williamqui ?
Unmusicieneffacdes mmoi-
res, retrouvant, aprs de longues
annes, la reconnaissance par le
biais dune rdition, faisant effet
dervlationanevousrappelle
rien? Le dernier conte de fe du
genre sappelait Sixto Rodriguez,
chanteur psych-folk du Detroit
de la fin des annes 1960, ressorti
deloubli par lamaisondedisques
Light InTheAttic, puis par lagrce
dunfilm, Sugar Man(2012).
William Onyeabor, lui, est afri-
cain. Chanteur-producteur nig-
rian, le voici exhum par Luaka
Bop, label archiviste des musiques
du monde, cr en 1988 par lan-
cien Talking Heads, David Byrne.
En 2013, une compilation, perti-
nemment baptise Who Is William
Onyeabor? suivie dun documen-
taire de trente minutes, Fantastic
Man, diffus sur Internet, excitait
lacuriosit. Maissi SixtoRodriguez
aprofitdes rditions pour relan-
cersacarrire, pasquestionpour le
Nigrianderepartir sur la route.
Devenupasteur delEgliseBorn
again, il achoisi deneplusseconsa-
crer quau Seigneur. Cest donc
sans lui que lquipe Luaka Bop a
dcid de faire vivre ses musiques
en constituant un groupe et un
spectacle dont la premire avait
lieu mardi 1
er
avril, Londres,
avant desconcertsNewYork, San
Franciscoet Los Angeles.
Nousnesavionspasgrand-cho-
se sur William Onyeabor au
moment de dbuter ce disque et
nous nen savons pas beaucoup
plusaujourdhui , admetYaleEve-
lev, le prsident de Luaka Bop, qui
dcouvritlemusiciensurunecom-
pilation consacre au rock nig-
riandes annes 1970.
Entre1977 et 1985, Onyeabor
autoproduit huit albums, tous
enregistrset presssdanssonstu-
dio de Wilfilms Ltd, Enugu, au
sud-est du Nigeria. Il aurait eu au
dpart des vellits de producteur
decinma, auraitcompossespre-
miersmorceauxcommebandeori-
ginale dunfilm.
Alpoque, lepaysconfirmeson
statut de vivier musical majeur de
lAfrique de lOuest. Lancienne
colonie britannique, indpendan-
tedepuis1960, avuleffervescence
la gagner aprs le boom ptrolier
qui suivit lafindelaguerreduBia-
fra(1967-1970). Parmi les hrosdes
styles locaux de la juju music, du
high-life ou de lafrobeat, fusions
complexes de musiques tradition-
nelles et dinfluences soul, rhyth-
mnblues, jazz et rock, des figures
internationales comme King Sun-
ny Ad ou, bien sr, Fela Kuti.
Contrastant avec linstrumenta-
tiondecesartistes, lesdisques dO-
nyeabor sont domins par les syn-
thtiseurs et une utilisation de
llectronique qui tonne encore
aujourdhui. Cela ne ressemble
rien et semble si moderne, sen-
thousiasmeDamonAlbarndevant
ce croisement improbable dafro-
beatetdepoplaKraftwerk. Cest
excentrique, intelligent et incroya-
blement funky.
Jai dcouvert samusique il y a
peu, maisjelai coutedemanire
obsessionnelle, confie Obaro Eji-
mime, rappeur londonien dorigi-
ne dominicaine et nigriane, offi-
ciant sous le nomde Ghostpoet, et
qui force de tweeter sonenthou-
siasme a t contact pour partici-
per auconcert.
Do venaient ces synthti-
seurs, si inaccessibles alors aux
musiciens africains et si fragiles
sous le climat tropical ? Selon cer-
tains, WilliamOnyeaborauraittu-
di le cinma Moscou, pour
dautres, le droit Oxford. Malgr
quelques succs Whenthe Going
Is Smooth and Good , le myst-
rieux chanteur refuse lpoque
les interviews et les performances
publiques, enermite des studios
linquitanterputation.
Ses chansons connaissent donc
aujourdhui lexprience scnique
pourlapremirefois. Leursracines
funk et soul les riffs de Body
&Soul et Why War sous vidente
influence James Brown facilitent
latransposition. Dirigparlemulti-
instrumentiste amricano-souda-
nais Sinkane, lorchestre, qui mon-
tera dix-sept musiciens, insuffle
une intensit qui loigne ces titres
de leur couleur lectro-pop, tout
enles rapprochant dune hypnose
dancerockcontemporaine.
Rocker amoureux de lAfrique
son album Mali Music, ses colla-
borations avec le collectif Africa
Express ou Amadou &Mariam,
Damon Albarn sapproprie les
aspects les plus espigles et enfan-
tins du rpertoire dOnyeabor. Il
trbuche sur le premier refrainde
FantasticMan, avant denflammer
les 2000spectateurs avec la com-
plicit des Lijadu Sisters, duo de
jumelles, vtrantesdelapopnig-
riane, absentes de la scne depuis
prs de trente ans. AuxEtats-Unis,
DavidByrnedevrait remplacersur
scne le chanteur de Blur. p
Stphane Davet

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dciddefairevivrela
musiquedOnyeabor
traversunspectacle
auBarbicanLondres
LemystrefunkydeWilliamOnyeabor
DeuxansaprslarsurrectiondeSixtoRodriguez, DavidByrnerveilleunautrefantme, nigriancelui-l
DamonAlbarn, star de la brit-pop, auBarbican, Londres, le 1
er
avril, pour unspectacle hommage
aumystrieux chanteur nigrian WilliamOnyeabor. GEORGE CHIN/ICONICPIX/DALLE POUR LE MONDE
12
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Jeudi 3 avril 2014
culture
7 mai 28 juin 2014 / Odon 6
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CYRANO DE BERGERAC
EDMOND ROSTAND
DOMINIQUE PITOISET
Ttre de lEurope
avec
Jean-Micel Baltazar
Adrien Caucetier
Antoine Colet
Nicolas Cupin
Patrice Costa
Gilles Fisseau
Jean-Franois Lapalus
Daniel Martin
Bruno Ouzeau
Pilippe Torreton
Martine Vandeville
Maud Wyler
OUVERTURE DE LA LOCATION
teatre-odeon.eu mercredi 2 avril
guicet / tlpone mercredi 9 avril
01 44 85 40 40 theatre-odeon.eu
Tarifs 6 36
ThTRE DE LODON
Place de lOdon Paris 6
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Cez Pilippe Torreton,
le panace porte un trs
beau nom : llgance.
On sincline
Brigitte Salino, Le Monde.
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Spectacle
O
naenviedepleurer et onse
retrouve clater de rire.
On finit par avoir les lar-
mes aux yeux sans plus savoir si
cest dejoieoudetristesse. Ces per-
turbants accs dhumeur ont un
seul coupable, Infinita, spectacle
de Familie Flz, quatuor masculin
berlinois expert en thtre mim
etmasqu, lafficheduMonfort,
Paris.
Alors, tte denterrement ou
billedeclown? Les deux, tant cette
pice tragi-comique, qui se passe
dans une maison de retraite, fait
traverser toutes les couleurs mo-
tionnelles. Pas glamour, les th-
mes du vieillissement et de la
mort, mais ils setrouvent ici incar-
nsavecunetelleintensit, unetel-
le lucidit, un tel sens du burles-
que, quils laissent bahi et enplei-
neforme.
Osersattaquerunsujet pareil,
dansunesocitolafindevie,
commeondit, estplusquemaltrai-
te, est un exploit. Mercredi
26mars, Infinita a fichu une
ambiance folle dans la salle, entre
partie de ballonavec les acteurs et
applaudissements spontans
pour soutenir laction. Quant aux
clats de rire des uns et des autres,
hululement hystrique ou nor-
me soupir de connivence, ils
taientdevritablescoupsdeth-
tre, explosant dans la salle parfois
sans prvenir.
De lenfance la mort, du bac
sable au cercueil, Infinita sarrte
donc longuement lacase retrai-
te avec infirmire jeune et sexy
qui senferme parfois dans son
bureau pour chapper la meute
desvieux. Si lespectacle, sansparo-
les, soutenu par une bande-son
trs accordon swing, offre une
vision panoramique de la traver-
sedunevie, il larduitsonsque-
lette motionnel, amour et mort,
sur les deuxcts de la mdaille.
Infinita est bti partir de trois
fois rien un bout de rideau, des
morceaux de dcor, pour servir
dappui duthtre mim et mas-
qu, entrecoup de squences
dombres projetes. La technique
des Flz, qui fabriquent tout eux-
mmes, se rvle extrmement
ouvrage, chacun des acteurs glis-
sant avec dextrit dun bout
lautre de lchelle de la vie. Quil
sagisse de lenfant qui apprend
tenir sur ses jambes, du vieillard
qui tremblote ou de linfirmire
stylise jusquau bout de ses cls,
chacun des personnages se dresse
avecunecharpentegestuelleimpa-
rable. Linterprtation des acteurs
est telle que parfois le public
applaudit les exploits des person-
nages, comme celui du bb qui
russit grimper sur une chaise
trois fois plus haute que lui.
Des scnes inoubliables
Les masques sont pour beau-
coup dans limpact de cette tran-
che de vie pleine de nerfs. En
papier mch, bourrs de reliefs,
de plis, de rides, expressifs jusqu
la longueur des oreilles et lpais-
seur des bajoues, ils sont caricatu-
ralement justes et amplifient les
motionsencollantnanmoinsau
rel. Lesthtique du spectacle est
unpeuvieillotte, maispasselaram-
pe grce lavirtuositdes acteurs.
Infinitanenouspargnerien, ni
le dambulateur ni le fauteuil rou-
lant. Il affrontetouslesrapportsde
force, les sujets dlicats, sexuels en
particulier. Jouer, enfant, au doc-
teur et linfirmire, ou virer au
vieil obsd qui ne pense qu a,
sont des scnes inoubliables, trai-
tes avec acuit et invention. Le
plus de la pice: faire rire de
situations premire vue tragi-
ques et mme moches en mettant
tout le monde dans le mme sac,
celui de la crudit de la vie, qui
npargne personne. Aprs avoir
ramass la donne auoff dAvi-
gnonen2013, FamilieFlz, creen
1994, est bien partie pour faire un
tabac enFrance. p
RositaBoisseau
Infinita, par Familie Flz. Le Monfort,
106, rue Brancion, Paris 15
e
.
Jusquau 13avril, 20h30. Dimanche,
16heures. Tl. : 01-56-08-33-88.
De 18 28.
Infinita, unregard
burlesquesurlafindevie
AuThtreMonfort Paris, lequatuor masqu
FamilieFlzfait rireet pleurer aveclamort
Opra
Bruxelles
Envoye spciale
I
l est rare que des saluts la fin
dunspectaclecrentunesitua-
tionaussi curieusementmim-
tiquedecequelonvient devoir et
dentendre. Aligns cte cte,
leurs bouquets de fleurs dans les
bras, les protagonistes dAu mon-
de, lopra de Philippe Boesmans,
crle30mars auThtreroyal de
La Monnaie, Bruxelles, semblent
commeperdusousonns. Ilsavan-
cent, reculent, cherchent se don-
ner la main. Chacun regarde
autour de soi. Que faire avec ces
fleurs? Les offrir celui d ct?
Les garder? Les mains pleines des
autres sont dissuasives, alors on
ramne contre soi lencombrant
pavois botanique.
Cette valse-hsitation, ce piti-
nementsecret, cettemotiondso-
riente sous-tendent le livret, tir
desapiceponymepar Jol Pom-
merat, galement metteur en sc-
ne. Les deux hommes ont-ils
pch luncontre lautre par excs
de dlicatesse, par potlatch cour-
tois? Aucun na accept le risque
de prendre lautre enotage.
Touslestalentssontpourtantl
pour une immense russite, mais
elle se fait attendre jusquau bout.
La musique de Boesmans dessine,
autourdesmotsdePommerat, des
orbes fluorescents et virtuoses,
ouvrelabancedes mes aucreux
desonorchestreoiseleur, maisres-
te auborddugouffre.
Le metteur en scne, lui, faufile
ses personnages dans la trame des
sons, met en place leurs relations
contradictoires et diaboliques,
maisrestelespectateurdesonpro-
pre texte. Au monde est un beau
spectacle en chien de faence n
dundouble empchement.
PhilippeBoesmans (n en1936)
adjlivraumondelyriquequel-
ques chefs-duvre La Ronde, Le
Contedhiver, Julie, Yvonneprinces-
sedeBourgogneaufil decinqop-
ras crits depuis 1983 enrsidence
LaMonnaie, souslafruleamica-
lede GerardMortier, suivi par Ber-
nard Foccroulle et aujourdhui
Peter de Caluwe. Sil a toujours
revendiqu, enpseudo-autodidac-
te, une libert assume vis--vis
des musiques du pass, quil
convie volontiers sa table de tra-
vail, le compositeur belge semble
cette fois outrepasser la satit.
Ne serait sa terrible intelligence
du patchwork, le processus dim-
prgnationpourrait cette fois fr-
ler le procd. Oui la prosodie du
Debussy de Pellas et Mlisande,
lorchestre de Wagner (La Walky-
rie) et plus encore de Richard
Strauss (Salom, Le Chevalier la
rose). Oui aussi My Way (adapta-
tion du Comme dhabitude de
Claude Franois par Paul Anka
populariseparFrankSinatra), leit-
motiv parodiquement mim sur
scne, ouinstilldoseshomopa-
thiques dans lorchestre.
Boesmans na pas peur dtre
lyrique, voire sentimental. Sa
musique, essentiellement conso-
nante, est flatteuse pour loreille,
ds le premier solo de trompette
dpressif et presque fellinien du
dbut. Le drame restera donc vir-
tuel dans cette famille replie, o
cousinent trois surs, un patriar-
che, unfils prodigue, ungrandfr-
re et des maris satellites.
Deux personnages seulement
portent un nom. Le fils, Ori (rle
chant par Stphane Degout), qui
ne peut se rsoudre succder au
Pre quen ractivant son rapport
incestueux avec La Fille Ane
(enceinte), dipe en passe de per-
drelavue, dontlesmarchesnoctur-
nes et peut-tre meurtrires
livrent chaquematinsontribut de
femmes assassines. Lautre est
Phdre. Elle est morte, remplace
par La Plus Jeune Fille (Fflur Wyn),
une enfant qui lui ressemble et se
dbat entre la revendication de sa
propreidentitet lervedefusion
dansleseinfamilial, sexuellement
fascinepar la vieillesseduPre.
Ce parti de la laideur est ce que
dnonce avec vhmence Le Mari
de La Fille Ane (Yann Beuron),
vaticinateurdunevritqui appel-
lelasuprmatiecruellede labeau-
t, ft-elleauprixdumal omnipo-
tent. Vive, idaliste, La Seconde
Fille (Patricia Petibon) lui tient
tte : elle est la seule stre
affranchie de son milieu en deve-
nant une star du petit cran.
Quant auPre, tous pressentent sa
dfaite, lui qui a initi ses filles en
seigneur fodal et finira par ne
plus les reconnatre, vaincu par la
snilit et La Femme Etrangre
(Ruth Olaizola) qui a pris le pou-
voir dans la maison.
Lamiseenscnesobre, sombre,
minimaliste, de Jol Pommerat
abreuve le huis clos tragique la
signaltiquedumythegestesco-
nomes, costumes ralistes, lumi-
res tranchantes. Sur le plateau,
unepliadedinterprtesformida-
bles, notamment la magnifique
Patricia Petibon, dont le rle cen-
tral et exigeant porte loriflamme
dune lutte mtaphysique entre
ancienet nouveaumonde.
Sous la direction gnreuse de
PatrickDavin, lOrchestresympho-
nique de La Monnaie a rendu les
honneurs aux subtilits du kali-
doscope boesmansien. Que sera
devenu Au monde lorsquil sera
repris, en fvrier2015, lOpra-
Comique, Paris? Linterrogation
mme pointe la problmatique
dunwork inprogress arrt. Aussi
tangible pourtant que le nom de
PhilippeBoesmans, dsormaisins-
crit dans lun des cartouches jus-
qualors vides du Thtre de La
Monnaie, et qui a rejoint ceux de
Mozart, Rossini, Wagner, Verdi. p
Marie-Aude Roux
Au monde, de Philippe Boesmans,
daprs la pice de Jol Pommerat.
Avec Patricia Petibon, Stphane
Degout, Yann Beuron, Frode Olsen, Wer-
ner Van Mechelen, Charlotte Hellekant,
Fflur Wyn, Ruth Olaizola, Jol Pommerat
(mise en scne), Eric Soyer (dcors et
clairages), Isabelle Deffin (costumes),
Christian Longchamp (dramaturgie),
Orchestre symphonique de La Monnaie,
Patrick Davin (direction). Thtre royal
de La Monnaie, Bruxelles (Belgique).
Le 30mars. Prochaines reprsentations
les 3, 4, 6, 8, 9, 11 et 12avril.
Tl. : 00-32-22-29-12-11. De 12
122. Lamonnaie.be
Jol Pommeratenmodelyrique
CrLaMonnaiedeBruxelles, Aumondeest adaptdelapicedelauteuretmetteurenscne
Vive, idaliste,
LaSecondeFilleest
laseulestre
affranchiedeson
milieuendevenant
unestardupetit cran
Une mise enscne sobre, sombre et minimaliste. BERND UHLIG/LA MONNAIE
13
0123
Jeudi 3 avril 2014
14
0123
Jeudi 3 avril 2014
VoyageSitueaucur duNouveau-Brunswick, auCanada, largionmaritimeoffre
auxamateursdenature, defauneet degastronomie, demultiplespossibilits dedcouverte
LAcadie, royaumeduhomardbleu
Yaller
Air Canada: Paris-
Montral/Montral-Bathurst,
unvol quotidien partir de
992euros.
Sjourner
LEtoile duHavre, Bathurst :
Etoileduhavre.com
Htel Paulin, Caraquet:
Hotelpaulin.com
MaisonTait, Shediac:
Maisontait.com
Avoir et faire
La pninsule acadienne:
Peninsuleacadienne.ca
LAquariumet le centre marinde
Shippagan: Aquariumnb.ca
Le Village historique acadien:
Vhanb.ca
Le parc national de Kouchibou-
guac: Pc.gc.ca
Lepays delaSagouine, Bouctou-
che: Sagouine.com
Informations
Tourismenouveaubrunswick.ca
Congrs mondial acadien:
Cma2014.com
Lire
Histoire de lAcadie, de Nicolas
Landry et Nicole Lang, d. du
Septentrion, 2012.
Septentrion.qc.ca
Les trois concerts que Mariss Jan-
sons donnait, du30mars au
1
er
avril, Salle Pleyel Paris, sont de
ceuxque lonrserveds laparu-
tionduprogrammedesaison. Il y
avait donc foule ce 31mars pour
accueillir le chef letton, son
Orchestreroyal duConcertge-
bouwdAmsterdam, et le pianiste
KrystianZimerman, unsurdou
qui nese dplacequavec sonpia-
no, aussi parcimonieux lascne
(pas plus de cinquanteconcerts
par an) que pointilleuxdans le
choixde sonrpertoire(il a contri-
bu faireconnatrelacompositri-
cepolonaise GrazynaBacewicz).
Cest dans le Premier concerto
de Brahms que le Polonais va
conqurir le public parisienen
trois mouvements bouleversants
de virtuosit et dinspiration. Au
pupitre, le chef letton, Mariss Jan-
sons, petit gabarit et immense
baguette, a parcourules orages,
passions et oraisons brahmsiens
dune direction la fois prcise,
puissanteet idalement lyrique.
Untel bonheur et une telle plni-
tude de musique quil ne sera nul
besoindune cerise sur le gteau
concertant enbis et cest tant
mieux. Le public trpigne. Il ne
sait pas encorequel choc il va rece-
voir avec la Neuvime Symphonie
quAntonBruckner crivit pour
Dieu, dixannes defforts et de
labeur auterme desquelles il
nachevaavant de mourir que
trois des quatre mouvements.
A71 ans, Mariss Jansons est au
sommet de sonart. Sa matrise
architectonique, sa geste pique
et flamboyante, enmme temps
que dune sereine quanimit, est
au-dessus de lloge. Perfection
sonore, naturel de lexpression,
incroyablefluidit dans lagence-
ment des timbres: onferme les
yeux ce chef et cet orchestre ne
sont pas tout fait de notre mon-
de. Ils sont auservice dune musi-
que infinie, dans unrapport trans-
cendant autexte, dployant un
jeudont la perfection, quasi sur-
naturelle, merveille loue et
dpasselentendement. p
Marie-Aude Roux
Bathurst (Canada)
S
il y a une anne pour aller
dcouvrir le Nouveau-
Brunswick, province mariti-
me grande comme deux fois les
Pays-Bas, situedans lest duCana-
da, cest bien celle-ci. Cet t, dans
les terres situes entre le Qubec
(Canada) et le Maine (Etats-Unis),
se tiendra, du 8 au 24 aot, le
5
e
Congrs mondial acadien, qui a
lieutouslescinqans. Avecenpoint
dorgue les retrouvailles, ces
grandes runions de familles qui
se drouleront pendant tout le
congrs. Cette anne, tous les
records devraient tre battus avec
les Beaupr, de Grand Isle (Maine),
les Boucher, du Lac-des-Aigles
(Qubec), lesSavoie, deSaint-Quen-
tin(Nouveau-Brunswick)entout,
prs de 25000Acadiens venus du
mondeentier.
Surplace, cinqmoisdelamani-
festation, lacommunautacadien-
ne 300000 Acadiens vivent
aujourdhui au Nouveau-
Brunswick semble dj happe
par lvnement : un gros, gros
spectacle, avec gros, gros de mon-
de, prvoient les organisateurs,
qui attendent au moins
50000visiteurs.
Pour le voyageur qui atterrit
Bathurst, porte dentre de lAca-
die, il suffit desuivrelaroutedulit-
toral pour simprgner de cette
culture acadienne. De Caraquet
(prononcer Caraquette), tout au
nord, sur la baiedes Chaleurs cer-
tainsaffirment quecest lquelon
trouveleseauxlespluschaudesau
nordde la Virginie , lle de Sain-
te-Croix au sud-est, lieu du pre-
mier tablissement franais en
Amrique du Nord en 1604, tout
rsonne de lhistoire de ces loin-
tains cousins. Mais inutile de cher-
cher dans un atlas o se trouve
lAcadie, car ce pays nexiste pas.
LAcadie, ce nest pas un pays,
cest un peuple, martle la roman-
cire canadienneAntonine Maillet
(auteure, entre autres, de Plagie-
La-Charrette, prix Goncourt 1979,
d. Grasset). Un peuple avec une
mmoire, une culture, une langue,
des coutumes, des traditions. Ici, on
alesentimentdtrelmedelEuro-
peenAmriqueet, enmmetemps,
lacadette, car il y a une histoire qui
na pas permis de se dvelopper
comme prvu. Rfrence la
dportationdeprs de10000Aca-
diens aux Etats-Unis, au Qubec,
en Angleterre, en France et aux
Carabes par les autorits britanni-
ques partir de 1755 jusquen1763.
Aprs cette dportation que
certainscontinuentdappelerladis-
persion , des Acadiens sont reve-
nus et beaucoupsesont retrouvs
Memramcook, le berceau de la
nouvelle Acadie, explique Mla-
nie Wade, Acadienne de 29ans.
Moi, mes anctres venaient du Poi-
touet deBretagne. Ils se sont instal-
lsPort-Royal, enNouvelle-Ecosse,
puis, au moment de la dispersion,
sontpartisversBoston, Saint-Pierre-
et-Miquelon. Il yenaqui sesontsau-
vs et ont trouv refuge au seindes
tribus micmacs, avant de revenir
Memramcook.
Leurs terres ayant t confis-
ques par les Anglais, la majorit
decesfamillesstablirontsurlelit-
toral, en particulier sur la baie des
Chaleurs, o elles dvelopperont
une activit conomique tourne
vers la mer.
Pour avoir une ide de la vie
cettepoque, onpeutvisiterlevilla-
gehistoriqueacadienRivire-du-
Loup, prs de Caraquet. Situ
proximit des anciens leves et
aboiteauxconstruitsparlesAca-
diens leur retour cest ce syst-
me dasschement des marais qui
leur valut le nom de dfricheurs
deau , le village illustre cette
priodeduretour.
Un muse vivant avec plus de
soixante btiments dont quatorze
maisons, odesinterprtesencos-
tumedpoquefontrevivrelescou-
tumesancestralesetlesmtierstra-
ditionnels. Lesgourmandsneman-
queront pas de visiter la maison
Dugas, une des rares maisons de
torchis, construite en 1867 Cara-
quet, olonpeut goter la cuisine
du XIX
e
sicle. Au menu: soupe
aux pois, fricasse de buf ou de
palourdes, poutine au pain outar-
te ausucre.
Autre construction dorigine, la
maison Godin de Maisonneuve
(1890), ovous serez accueillis par
Juliette Blanchard, arrire-arrire-
petite nice dEdouard Godin, pre-
mierhabitant. Dmonteetremon-
te sur le site, comme plusieurs
autres btisses prsentes ici, elle
est reprsentative des maisons de
pcheursdelacteacadiennedela
baie des Chaleurs. Dans le jardin,
on peut encore voir une saline,
endroit o le pcheur salait son
poisson. Unpeuplus loin, cotde
la ferme Robichaud (1846), le
caveau lgumes o chaque pay-
san conservait les rcoltes de son
potager.
Aufuretmesurequenouspro-
gressonslelongdecettecte, toute
lAcadie, avecsesgrandsespaces, se
droulesousnosyeux. Delapnin-
sule acadienne, au nord, avec ses
villages maritimes et ses maisons
peintes en blanc o flotte le dra-
peau acadien, bleu, blanc, rouge
avec, dans la bande bleue, ltoile
de la Vierge, Shediac, capitale du
homard, olonpeutembarqueret
relever les casiers aulargeavant de
se rgaler de ces crustacs. Quant
au fameux homard bleu, tant de
foisdcrit maisrarementvu, il fau-
dra faire un saut au centre marin
deShippaganpouravoirunechan-
ce denvoir quelques-uns.
Ici, la route du littoral se
confond avec celle du crustac
marin. Des panneauxde signalisa-
tion jaunes, pleins dhumour, pr-
viennent dailleurs le visiteur de la
prsence de moustiques et de
homards. Mais ces derniers ne
constituent plus la nourriture du
pauvre. A un moment, des pay-
sans sen sont mme servis comme
fertilisant pour leurs champs ,
raconte Percy Malley, notre guide
acadien. Aujourdhui, cest un
mets dexcellence.
A Kouchibouguac, la rivire
aux longues mares en langue
micmac, un peu plus au sud, tout
invite la promenade. A pied,
vlo ou en kayak. Pour prendre la
mesure de cette nature la taille
du Canada, camper au cur du
parcnational deKouchibougacest
une exprience tenter. Le cam-
pingdePointe--Maximepeutser-
vir de point de dpart pour aller
voir les colonies de phoques, dans
le Goulet de Terre-Noire o, cha-
queanne, plusde300dentreeux
viennent se reposer et se nour-
rir. p
Martine Picout
culture &styles
Parisfait rver
lesralisateursasiatiques
Despanneaux
designalisation
jaunes, pleins
dhumour,
prviennent le
visiteurdelaprsence
demoustiques
etdehomards
Carnet de route
Musique Le Positiv Festival dlectroquitte
Beaucaire aprs la victoire du Front national
LeFront national ayant gagnlamairiedeBeaucaire, dans leGard,
les organisateurs duPositivFestival (lundes plus gros dela
rgion) ont dciddequitter laville. Laprogrammationet les
dates sont maintenues, seul lelieuseradiffrent, selonles organi-
sateursqui ont annoncleur dcisionmardi 1
er
avril sur leur page
Facebook. Les valeurs dchange, douvertureoude multicultura-
lismequenous dfendons travers notre engagement quotidien
dans notremtier et les vnements quenous organisons toutelan-
ne, nous semblent tropincompatibles avec lerepli sur soi, lerejet
delautre et de ladiffrencequincarneleFN, expliquent-ils. Lorga-
nisationdunemanifestationdampleur commelePositivFestival
ncessitedes changes rguliers avec les services municipaux, une
visioncommune, une confiancemutuelleet unerelle collabora-
tion. Il nous sembleinenvisageablede pouvoir travailler, changer
et ngocier sereinement avec une quipedont les discours de cam-
pagnesimplificateursne laissent aucunement placeaudoute.
Le phare de Miscou, lextrmit nord-est de la province, domine la baie des Chaleurs. DR
L
aJeune Fille Paris, Week-
end Paris, Paris Raiders,
Love inParis, Holidays in
ParisLamanne est inpuisa-
bleEt plus onenfait, plus cela
marche, samuse Olivier-Ren
Veillon, directeur de la Commis-
siondufilmdIle-de-France,
venu Hongkong offrir les
dcors et le savoir-faire de sa
rgion, auplus grandSalonasiati-
que dumarch dufilm. La dixi-
me ditionde Filmart, qui sest
achev le 27mars, a vuunnom-
bre recordde participants. En
Chine, la croissance de la produc-
tionaudiovisuelle est de lordre
de 30% 35%. Cest donc notam-
ment grce audynamismede la
productionasiatique que le sec-
teur reste encroissance enFran-
ce.
EnIndonsie, la srie tlvise
Love inParis, histoire dun
amour triangulaire sur fondde
tour Eiffel, a battudes records
daudienceaugr de ses 70piso-
des diffuss en2013. Ce succs a
fait de la chane prive indon-
sienne SCTVqui la produite et
diffuse le leader dumarch. En
Chine, une nouvelle srie pour
Internet, ExModel , qui se pas-
se aussi Paris et qui est diffuse
sur Youku, lquivalent de YouTu-
be, a t vue 70millions de fois
pour le 1
er
pisode de 5 minutes.
Ce sont les Amricains qui, les
premiers, ont mythifi le dcor
parisiencomme dcor idal de la
comdie romantique lorsque,
dans les annes 1950, certains
(notamment Vincente Minnelli)
se sont mis faire dutournage
onlocation [sur place] pour se
diffrencier de latlvision, affir-
me M. Veillon. Et preuve que la
recette continue de fonctionner,
Midnight inParis, de Woody
Allen, a offert auralisateur am-
ricainsonsecondmeilleur box-
office (98millions deuros). Mais
lapptit de lAsie pour leffet
Paris est dsormais sur le point
de dpasser celui des Etats-Unis.
Les studios chinois Inlook
MediaTsui ont annonc leur
intentionde tourner entire-
ment Paris le 3
e
pisode des
Raiders (aprs Seoul Raiders et
TokyoRaiders), une grosse pro-
ductionavec TonyLeung et une
superstar corenne, JunJi-hyun.
Autre bonne nouvelle, le prix
nest pas unproblme. Paris est
ensoi unproduit de luxe, rser-
v auxprojets ambitieux, esti-
ment les professionnels, qui
constatent que les producteurs
chinois nont aucunproblme
de financement.
Botte secrte
Le Festival international du
filmde Hongkong a, quant lui,
marqu les 50ans France-Chine
eninvitant des personnalits
franaises, comme Isabelle Hup-
pert et Catherine Deneuve, pour
sa 38
e
dition. WongKar-wai, le
ralisateur de Inthe Moodfor
Love, fait commandeur de lOr-
dre des arts et des lettres en
mai 2013, a quant lui renduun
hommageautalent duFranais
Pierre Buffin, des studios BUF. En
dernire de couverture de lheb-
domadaire amricainVariety,
laffiche de sonfilmThe Grand-
master fait rfrence autalent du
grandmatre franais, qui a
ralis ses effets spciaux. Laqua-
lit de la postproductionserait
lautre botte secrte de la France
pour attirer elle les tournages
dumonde entier. p
Florence de Changy
(Hongkong, correspondance)
INSTANTAN MUSIQUE
Lagestepique
deMariss Jansons Pleyel
15
0123
Jeudi 3 avril 2014 disparition&carnet
I
l est des nuits mmorables
qui ont tdespierresangu-
laires de la rvolution des
musiques lectroniques,
porte la fin des annes
1970par la house music qui
secrealors NewYorket Chicago.
Il yalemixdeLarryLevan(mortdu
sidaen1992), grandmatreduPara-
dise Garage de Soho en 1982, mais
avant cela celui de Frankie Knuc-
kles au Warehouse de Chicago en
1979. Unmixculte.
Sorcier du mlange, Frankie
Knuckles est mort lundi 31mars
Chicago, du diabte. Il tait g de
59ans. Francis Nicholls desonvrai
nom tait n New York, dans le
Bronx, le 18janvier 1955. DJ afro-
amricain la stature imposante,
il avait inaugur une nouvelle
faon dutiliser les disques en
club: il ne les enchane pas, il les
mlange en utilisant le sampling.
Il participeainsi lacrationdune
musique totalement indite, en
troiterelationavec les DJ qui des-
sinent lescontourstranchant dela
technode Detroit.
En bon gamin pauvre des
annes 1970, Franck Knuckles
avait plongdans ledisco, lamusi-
quequi rassemblaittouteslescom-
munautsminoritaires, gays, Lati-
nos, Noirs, dans les petits clubs du
NewYork underground. On pas-
sait notre vie enclub, couter cet-
te musique pour nous remonter le
moral, avec lespoir dapercevoir
enfin la lumire au bout du tun-
nel , dclarait-il au Monde en
juin2008. Knuckles appartient
unepoquecharnire, cellepostin-
dustrielleetfestivedelareconqu-
tedes fricheset des hangars, avant
les raves.
Au dbut des annes 1970, le
disco sattaque la soul pour en
donnersaversionfantasme, irrel-
le, illimite. LefunkdeGeorgeClin-
ton et son groupe Parliament font
chavirer les codes. En1979, le com-
merce du disco dcline et le genre
est la cible dune campagne homo-
phobe et raciste. Il faut rinventer,
et Knuckles, qui avait dabord ani-
m les nuits du sauna gay The
Continental Baths(ochantaitBet-
te Midler), y parvient mieux que
quiconque. Il faitlelientantatten-
duentre la musique noire des clubs
et lidentit gay, crit dans Slate.fr
lcrivain Didier Lestrade, fonda-
teurdActUp. Encollaborationavec
David Morales, John Poppo et
Satoshi Tomiie, il invente un style
unique dans ses Def Mixes: orches-
tral, hypra-romantique, avec des
introset des breakdowns remplisde
violons et de piano.
Accompagn de Larry Levan, il
rejoint Chicagoen1977 et sinstalle
au Wharehouse, une bote que
vient douvrir leur ami Robert
Williams. Au dpart rserv une
clientle gay et afro-amricaine, le
club ne dsemplit plus, attirant
bientt la jeunesse blanche. Knuc-
kles y reste jusquen1982, avant de
crer son propre club, le Power
Plant (1983-1985).
De fabuleux marathons
Ses sets sont de fabuleux mara-
thons, souvent retransmis la
radio, osemlent ledisco, lepost-
punk, leR&BKnucklessortlhri-
tage disco du conformisme de
Saturday Night Fever, et plonge
dans des univers plus rebelles de
convivialit et dtranget, do le
nomdedeephouse. LeDJinspirtra-
vailleaussiavecdesbandesmagn-
tiques, quil monte et dmonte,
appliquant au clubbing les techni-
ques decollageet descratch.
Sa musique sappuie sur une
rythmique insistante et lesprit de
la fte communautaire. En 1985, il
enregistre unpremier album, avec
un chanteur, Jamie Principle, un
obsd de la voix haut perche de
Prince. Ses singles (Your Love, Baby
Wants to Ride, You Got the Love,
Angel) sont des succs, considrs
commelesplusbeauxtitresdelhis-
toire de la house. Il fut aussi un
remixeur trs demand (Pet Shop
Boys, Michael Jackson, Chaka
Khan), notamment aux cts de
son ami David Morales avec qui il
formeleduoDef MixProductions.
Avant de revenir NewYork en
1988, oil devient DJ rsidentdans
plusieurs clubs (The World, The
Roxy, The Sound Factory), Knuc-
kles avait fait un tour en Europe
sans sintresser la nouvelle dro-
gue exprimente Ibiza, lecsta-
sy, ni se laisser porter par la vague
des rave parties.
Rest homme de club, il avait
continu mixer, partout. Il y a
une dizaine dannes, invit en
Suisse, il sessaie au snowboard,
tombeetsecasselepieddroitplu-
sieurs endroits. La blessure volue
en ostomylite, les mdecins lui
ordonnentdesimmobiliserunan.
Mission impossible. Il dveloppe
undiabtegraveet doit treampu-
ten2008. Depuis, leparrainde
ladeephousedeChicago, passpar
tous les dance-floors dumonde, ne
pouvait plus prendre son envol
derrire les platines. Mais il
mixait, parfoisenboudant, parfois
enaccomplissant des miracles. p
Vronique Mortaigne
18janvier 1955 Naissance
NewYork
1977-1982 DJ au Warehouse,
un club de Chicago
31 mars 2014Mort Chicago
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Le Carnet
Tarif : 29 TTC
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AU CARNET DU MONDE
Dcs
Charbonnires. Paris. Ecully.
M
me
Sylvaine Cayez,
son pouse,
M
me
Christle Delbac,
sa flle
et son poux, Franois,
Aurore et Charles Delbac,
ses petits-enfants,
M. et M
me
Robert Fourdraine,
ont la douleur de faire part du dcs de
M. Pierre CAYEZ,
ancien professeur des Universits,
survenu le 30 mars 2014,
lge de quatre-vingt-un ans.
La crmonie religieuse sera clbre
le samedi 5 avril, 10 heures, en la
chapelle du Perrollier, Ecully, suivie
de linhumation au cimetire dEcully
(Rhne).
Ses enfants,
Ses petits-enfants,
Ses arrire-petits-enfants,
Les familles Champenois, Stierli,
Vernholes,
ont la profonde tristesse de faire part de la
mort de
Aghavnie CHAMPENOIS,
ne YZGULIAN,
qui sest teinte dans la paix,
son domicile,
le dimanche 30 mars 2014,
lge de quatre-vingt-douze ans.
Le culte dactions de grces sera
clbr le jeudi 3 avril 2014, 11 heures,
au Temple protestant, 1 bis, avenue
des Loges, Saint-Germain-en-Laye.
Elle sera inhume auprs de son mari,
Jacques CHAMPENOIS,
(1923-1960).
Des dons peuvent tre adresss
lassociation Solidarit protestante France-
Armnie, 1, rue Cabanis, 75014 Paris, pour
laquelle elle a uvr activement depuis
vingt ans.
M. Claude Dassas,
son poux,
Grard et Sylvaine Dassas,
Alain et Marie-Jos Dassas,
Thierry et Michle Dassas,
ses beaux-frres et belles-surs,
Tous ses neveux et nices,
Les familles parentes et allies,
ont la douleur de faire part du dcs de
M
me
Margaret DASSAS,
ne APPLEBY,
survenu Paris, le 1
er
avril 2014,
dans sa soixante-quatorzime anne.
Les obsques auront lieu le vendredi
4 avril, au cimetire du Pre-Lachaise,
Paris 20
e
.
Le rendez-vous est 14 heures,
lentre principale, boulevard de
Mnilmontant, Paris 20
e
.
33, avenue de la Motte-Picquet,
75007 Paris.
Le prsident
du Conseil national de linformation
statistique (Cnis)
Et lensemble des membres du Cnis,
font part de l eur grande t ri st esse
lannonce de la disparition de
Michel DINET,
prsident du Conseil gnral
de Meurthe-et-Moselle
et reprsentant des collectivits
territoriales au sein du Cnis.
Ils saluent ses grandes qualits humaines
et son engagement pour les territoires quil
a port au sein du Conseil.
I l s e xpr i me nt l e ur s s i nc r e s
condolances sa famille et ses proches
( Le Monde du 1
er
avril .)
Francis Gautier,
son poux,
Benot et Maria Isabel Gautier,
ses enfants,
La famille Gautier,
La famille Heckly,
ont la douleur de faire part du dcs de
Danielle Dany GAUTIER,
survenu Boulogne-Billancourt,
le samedi 29 mars 2014.
La crmonie religieuse sera clbre
le vendredi 4 avril, 14 h 30, en lglise
Not re-Dame de Boul ogne, 1, rue
de lEglise.
Linhumation aura lieu au vieux
cimetire de Saint-Germain-en-Laye
(Yvelines).
Francis, Isabel et Benoit Gautier,
13, rue de lEglise,
92100 Boulogne-Billancourt.
elbvg@aol.com
Marinette Hauw,
son pouse,
Ses enfants,
leurs pouses
Et ses petits-enfants,
ont la douleur de faire part du dcs de
Michel HAUW,
inspecteur de lducation nationale,
ancien chef
de la division des examens et concours,
ancien dlgu acadmique
la formation continue,
acadmie de Lille,
chevalier
dans lordre national du Mrite,
chevalier
dans lordre des Palmes acadmiques,
membres du Comit de lutte
contre les mylodisplasies,
survenu Lille (Nord), le 30 mars 2014.
La crmonie des funrailles aura lieu
au f unr ar i um d Her l i es ( Nor d) ,
le vendredi 4 avril, 11 heures.
Cet avis tient lieu de faire-part.
20, rue Blanche,
59800 Lille.
Les familles Hugues, Rool, Leyrissoux
et Dubreuil
ont la tristesse de faire part du dcs,
le 6 mars 2014, La Colle-sur-Loup
(Alpes-Maritimes), de
Paul HUGUES,
Chebli, Chraga (Algrie),
arrire-petit-fls du 1
er
maire
de Dely Brahim (Algrie),
combattant 2
e
DB,
Dbarquement et Libration,
Normandie, Paris, Vosges, Alsace,
Royan, Allemagne, Indochine,
survenu dans sa quatre-vingt-quatorzime
anne.
Paul l ai sse t ous un souveni r
exceptionnel.
Mauricette Lalande,
son pouse,
Sylvie et Yves Beauvallet,
Thierry et Valrie Lalande,
ses enfants,
Yann et Audrey Beauvallet,
Nans Beauvallet,
ses petits-enfants,
ont la douleur de faire part du dcs de
Alain LALANDE,
survenu le 27 mars 2014, Crteil,
dans sa soixante-dix-huitime anne.
Olivier Btourn
Et les ditions du Seuil,
ont appris avec une infinie tristesse le
dcs de
Jacques LE GOFF,
survenu le 1
er
avril 2014.
Ils tiennent assurer les enfants et toute
la famille de Jacques, ses proches, ceux
qui lont accompagn tout au long de sa
vie et de sa carrire de leur affection et de
leur pense mue.
Ils saluent aussi lami, lhistorien
magnifque et lhomme engag dans son
temps.
Nina Lormeau,
son pouse,
Boris et Corinne Lormeau,
Alexandre Lormeau et Patricia Robert,
Nicolas et Isabelle Lormeau,
Pierre Lormeau et Nathalie Robert,
ses enfants,
Alexis, Antoine, Barbara, Arthur
et Clara,
ses petits-enfants,
Les familles Levi et Cayre,
ont le grand chagrin dannoncer le dcs
du
docteur Yves LORMEAU,
survenu le 30 mars 2014,
dans sa quatre-vingtime anne.
Le service funbre aura lieu le lundi
7 avril, 14 heures, en lglise russe Saint-
Serge, 93, rue de Crime, Paris 19
e
.
Suivi de linhumation 16 heures,
au cimetire de Maisons-Alfort (Val-de-
Marne), 33, avenue du Professeur Cadiot.
Jean et Josiane Ricard,
Jacques et Marie-Jo Ricard,
ses enfants,
Thomas et Carole Bessire Ricard,
Agns, Bruno et Julien Ricard,
ses petits-enfants,
ont la douleur de faire part du dcs de
Gabrielle RICARD,
ne GALTIER,
survenu le 14 mars 2014,
Dcines Charpieu (Rhne),
dans sa quatre-vingt-treizime anne.
La crmation a eu lieu Lyon,
le 19 mars, dans lintimit familiale.
25, avenue de Lamballe,
75016 Paris.
13, rue Saint-Jean,
69005 Lyon.
Alexandre et Lucy,
Adrien,
Clmentine,
ses enfants,
Les familles Stoloff, Martin, Turbet
et Superville,
ont la tristesse de faire part du dcs de
Claudine STOLOFF,
ne MARTIN,
survenu Paris, le 31 mars 2014.
Nous vous invitons vous joindre
nous pour un dernier hommage, le
vendredi 4 avril, 11 h 30, au cimetire
nouveau de Neuilly-sur-Seine, 40, rue de
Vimy, Nanterre (Hauts-de-Seine).
154, rue de Lourmel,
75015 Paris.
Pierre Subra de Bieusses,
son mari,
Franois et Marie-Isabelle,
ses enfants
et leurs conjoints,
Pierre-Marie, Emma et Jules,
ses petits-enfants,
Pierre Sabl et Nicole Loubet,
ses frre et sur,
M
me
M.Subra de Bieusses,
sa belle-mre,
Ses beaux-frres et belle-sur,
ont la grande tristesse de faire part
du dcs de
M
me
Micheline
SUBRA de BIEUSSES,
ne SABL,
pharmacien,
survenu le 25 mars 2014,
dans sa soixante-douzime anne.
La crmonie religieuse a t clbre
le samedi 29 mars, en lglise de Massat
(Arige), suivie de linhumation au
cimetire.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Anniversaires de dcs
Le 3 avril 2006 sen allait
Bruno BOCCARA,
avocat la Cour de Paris.
Il manque tous ceux qui lont aim.
Son pouse,
Sa famille,
Ses amis.
Il y a quinze ans, le 3 avril 1999,
Franois MAXENCE
nous quittait.
Il reste trs prsent dans nos curs.
Antoinette et Alice.
Le 3 avril 2012,
Nathalie MOUZAT,
ne Anne-Marie FAURE,
dcidait de cesser de vivre.
Paix son courage.
Confrences
Semaine arabe
Frontires et territoires
du vendredi 4 au vendredi 7 avril 2014,
45, rue dUlm, Paris 5
e
.
Programme complet sur le site
www.semaine-arabe.org
Dbat
Comit franais pour lAfrique du Sud
LAfrique du Sud :
vingt ans de dmocratie
Hommage Nelson Mandela
Programme : dbat et perspectives
(en ligne sur www.comitefas.com)
mercredi 9 avril 2014,
de 18 heures 20 heures,
au Palais du Luxembourg,
salle Monnerville.
Entre au 26, rue de Vaugirard, Paris 6
e
.
Rservations avant le 6 avril :
comitecfas@gmail.com
Soutenance thse
Le 5 fvrier 2014, luniversit Paris 8
- Vincennes - Saint-Denis, M
me
Lee Hyun
Joo a soutenu sa thse en Esthtique,
Sciences et Technologies des Arts -
spcialit : Ethnoscnologie
Martyrs et hros : le thtre des
missions catholiques en Core dans les
premires annes du XX
e
sicle.
Contri buti on l a recherche en
ethnoscnologie .
Le jury, constitu de Piergiorgio
Giacch, professeur, universit de Prouse,
Franois Laplantine, professeur mrite,
uni versi t Loui s Lumi re (Lyon),
Lee Hwa-won, professeur, universit
de Sangmyung ( Cor e du Sud) ,
Roxane Martin, matre de confrences
HDR, universit de Nice Sophia-Antipolis,
Jean-Marie Pradier, professeur mrite,
universit Paris 8 - Vincennes - Saint-
Deni s , ( di r ect eur de l a t hs e) ,
Christian Biet, professeur, universit
Paris Ouest-Nanterre (prsident du jury),
lui a attribu la mention Trs Honorable
avec Flicitations.
Vos grands vnements
Naissances, baptmes,
fianailles, mariages,
anniversaires de naissance,
anniversaires de mariage
Avis de dcs,
remerciements, messes,
condolances,
hommages,
anniversaires de dcs,
souvenirs
Colloques, confrences,
sminaires, tables-rondes,
portes-ouvertes, forums,
journes dtudes, congrs,
projections-dbats,
nominations,
assembles gnrales
Soutenances de mmoire,
thses, HDR,
distinctions, flicitations
Expositions, vernissages,
signatures, ddicaces,
lectures,
communications diverses
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Le Carnet
Musicien
FrankieKnuckles
En2007. CLAIRE GREENWAY/GETTY/AFP
P
our tous, il tait le plus grand
mdiviste franais, dune
autorit internationalement
reconnue. Europen convain-
cu et intellectuel engag dans
la vie de la cit, il avait ouvert
les voix dune approche anthropologique
de sa discipline, croisant les champs et les
dmarches de lhistorien. Jacques Le Goff
est mort Parisle1
er
avril, lgede90ans.
Quandil nat Toulon, le1
er
janvier 1924,
sonpreJean, unBretondupays deLon, a
46ans. Lhomme, qui apparattrsttson
fils comme un hros de lintgrit, lui
offre unmodle de rigueur et dhonntet
dontil sefforceratoujoursdesuivrelesilla-
ge. Lepetit Jacques vit une enfancetoulon-
naiseola doubleinfluencede ses parents
combat le sectarismeambiant.
Sorti violemment anticlrical de cette
tragdie de la conscience religieuse que
fut pour lui laffaire Dreyfus, le pre, certi-
fi danglais, choisit des postes en Orient
pour y contrebalancer linfluence des fr-
res des coles chrtiennes, puis revient en
France pour servir en 1914. Il connat les
tranches avant de servir dinterprte aux
troupes amricaines ds 1917. Fix Tou-
lonpar amour de la Mditerrane, il y ren-
contre une jeune professeur de piano,
catholique fervente mais de gauche, tol-
rante et ouverte. Et lpouse en avril 1923.
Dole partage admis pour le petit garon
entre une ducation religieuse, catchis-
meetcommunion, etunenseignementla-
queet public.
De ces annes de formation Toulon, le
jeune Jacques tient ce got des villes, des
brassages humains, de la rue comme lieu
delasociabilitenuntempsolascheres-
se estivale conduit chacune et chacun la
fontaine publique, folklore vrai dune ago-
rafivreuse. CarToulon, fortedespromena-
dessurlarade, desmatchsderugbyet desa
vitrine technologique de cuirasss et de
croiseurs, est aussi une cit colonialiste,
raciste, qui laisse ladolescent un souve-
nir dcurement indlbile, toujours
insupportable huit dcennies de distan-
ce.
La conscience politique de lenfant nat
avecllanduFrontpopulaire. Aumoment
mme o la lecture dIvanho, de Walter
Scott, lui rvle lemprise de lHistoire
mdivale dj sur son esprit vif et
curieux. Cest si profondment ancr que
lalectureduDimanchedeBouvines, deson
collgue et ami Georges Duby, trente-sept
ans plus tard, lui fera revivre sa passion
pour le tournoi dAshby. Son empathie
pour le sort de la pauvre juive Rebecca le
conduit ainsi participer auxactions loca-
les contre lantismitisme et le racisme,
malgr le soufre que sentaient pour les
catholiques ces organisations tenues pour
maonniques.
Anti-munichois 14ans, il entre en 1
re
quand la guerre est dclare, doit dfiler
devant Ptainle 1
er
mai 1941 (Ptain est la
plus grande tache sur lhistoire de France,
confiait-il en 1987) et sa rticence reste
consigne sur unregistre Vichy. Priv de
la gratuit de la pension pour ses annes
dhypokhgne et khgne que le statut de
sonprelui promettait, Jacques, convoqu
par le STO, gagne les Alpes et rallie ce quil
appelleaveclerecul unepseudo-Rsistan-
ce parce quil se contentait de rception-
ner armes et mdicamentsparachuts par
les Anglais. Sans doute sa modestie tient-
elleaussi ausentimentdegrandesvacan-
cesquil gardadelpisode, et plusencore
desonaversionpourlesclivagesauseindu
mouvement dont il se tint distance.
Le retour la norme est difficile cepen-
dant. Jacques a 20ans, il a hte de boucler
une licence et de prparer une agrgation
de lettres puisquil ne lui manque quun
certificat de philologie pour sy inscrire. Il
gagne Paris. Mais la dsolante Sorbonne
de laprs-guerre dissipe le projet et le
rend lhistoire. Cest Louis-le-Grand, puis
LEcolenormaledelaruedUlm(1945), oil
animelecin-club(lecinmaest unedeses
passions) tout en frquentant les muses
et les Jeunesses musicales, assistant aux
concerts dujeunePierreBoulez.
Grce la bienveillance de Victor-
Lucien Tapi et fort de la rigueur dhisto-
rienquelui inculqueenSorbonneCharles-
Edmond Perrin, le jeune tudiant dcou-
vre Prague en 1946. Il y revient comme
boursierdslannesuivante, initilalan-
gue tchque. Prsent sur la place Wences-
las le jour de mars1948 o est annonc le
suicidedeJanMasaryk, dfenestrquel-
ques jours aprs le putsch communiste, il
revient enFrance vaccin contre le mirage
stalinien auquel tant de ses confrres, Le
RoyLadurie, Furet et dautres, succombent
alors.
Pensionnaire de lEcole franaise de
Rome, il gagne le palais Farnse et loge au
plus prs de la bibliothque. Un ancrage
textuel capital qui pargne cet esprit avi-
de dhorizons les errances striles. Agrga-
Cestdesesannes
deformationToulon
quelejeuneJacques
tientcegot desvilles,
desbrassageshumains,
delaruecommelieu
delasociabilit
Pourquoi avoir choisi le Moyen Age
comme domaine dtude?
Y
Dans monenfance, jai lu
les romans de Walter Scott,
Ivanho enparticulier, qui
mont transport, exalt, passionn. Mais
le choixdtudier la priode fut avant
tout une ractionprofessionnelle. Lhisto-
riende mtier se distingue des autres par
soncontact avec les sources. Et je me suis
aperuque le mdiviste se situe fort
biendans ce rapport et quil russit
mme lquilibre parfait. Car lhistorien
de lAntiquit doit rcrer une socit
partir dlments pars, comme un
palontologuequi, partir dunos,
reconstitue le corps dunanimal. Inverse-
ment, dans la priodecontemporaine,
lhistoriencroule sous une avalanchede
documents. Il se trouvedans limpossibili-
t de tout voir, de tout compulser.
Le MoyenAge, par contre, cest lentre-
deuxmerveilleux. Il y a suffisamment de
documents pour que lonait des chances
dytrouver lessentiel, sans tre submer-
g par le flot des sources. Apartir de l,
limagination, laquellejattache un
grandprix, a la possibilit de surgir, de se
dvelopper.
Quelle est votre mthode
de recherche?
Jai eula volontde faire de lhistoire
globale. Le premier livre dans lequel jai
systmatiscette mthodefut LaNaissan-
ce duPurgatoire (1981). Eneffet, le purga-
toire, ce troisime lieuindividualis de
lau-delqui apparat auXII
e
sicle, est
typiquement unobjet globalisant,
cest--dire quil tait biensr possible de
lclairer par lvolutionde la mentalit
religieuse, mais aussi entudiant la struc-
ture sociale naissante et les reprsenta-
tions de lpoque.
Enremarquant que le purgatoire tait
unlieuintermdiairedans lequel les pei-
nes devaient tre calcules proportionnel-
lement la gravit de ce que lonavait
commis comme pch, je devais tout
dabordchercher comment fonctionnait
dans la socit la notiondintermdiaire.
Et je voyais lapparitiondudveloppe-
ment de cette notiondans les structures
sociales, enparticulier urbaines, oil y
avait une nouvelle catgorie intermdiai-
re naissante: la bourgeoisie.
Le Moyen Age est-il lorigine
de notre modernit?
Jai dcouvert que le MoyenAge a t
une priode essentiellepour la formation
de notre socit et de notre culture, peut-
tre mme la plus importante. Cest en
effet auMoyenAge que se met vritable-
ment enplace llment fondamental de
notre identit collective quest le christia-
nisme. Cest auMoyenAge que lonvoit
apparatrela formationde lEtat et lide
de souverainet. Cest aussi lpoquede
lapparitionde la langue franaise. Cest
auMoyenAge que se mettent enplace
lessor urbainet les fondations de la ville
moderne. AuMoyenAge, le pouvoir
devient urbain. Cest encore auMoyen
Age que lonvoit natre les universits, ce
phnomne urbainet europen. Car lEu-
rope est ne, elle aussi, dans le haut
MoyenAge.
Le Moyen Age serait donc
notre vritable matrice?
Oui. Je crois que notre naissance sest
produite auMoyenAge, quil sagit bien
de notre gense. Mais il ne faut pas
oublier sa part dombre. Il faut se garder
denfaire unnouveaumythe. Noublions
pas quil sagit dune poque osurgit,
avec lInquisition, lusage de la torture,
qui stendauxautres hommes quaux
esclaves. Vous le voyez, monMoyenAge
nest pas unMoyenAge tout dor. Pour le
dire plus simplement, je naimerais pas
vivreauMoyenAge. p
Propos recueillis par
Nicolas Truong
disparition
Historienmdiviste
JacquesLeGoff
En2000.
GRARDRONDEAU/VU POUR LE MONDE
JecroisquenotrenaissancesestproduiteauMoyenAge
En2000, Jacques LeGoff voquait sapassiondelHistoireet samthodedans LeMondedelducation. Extraits
16
0123
Jeudi 3 avril 2014
disparition
tif, il revient Parisolejurysouvrelarge-
ment lesprit des Annales, FernandBrau-
del et Maurice Lombard dpoussirant la
vnrable institution. LAtlantique, la
Mditerrane, les pistes caravanires: les-
pace se dilate soudain et les fils se tissent,
amorant ce qui sera la voie propre du
mdiviste, avide de traces matrielles et
soucieux de reprsentations mentales,
mille lieues de lhistoire acadmique qui
lennuie. De quoi transformer cette anne
rpute austre de prparation au
concours enaventureinitiatique.
Agrgation en poche (1950), Jacques Le
Goff amorce une carrire denseignement
ordinaireunposte aulyce dAmiens, o
il retrouve lhistorien Pierre Jeannin et le
philosopheGillesDeleuze. Mais, lui, aspire
unpostedechercheur. UnanOxford, au
Lincoln College (1951-1952), le convainc
quil nest pas fait pour le travail collectif
des organisations collgiales. De retour
Rome (1952-1953), grce Maurice Lom-
bardet LucienFebvre, il croiseMichel Mol-
lat qui lui propose un poste dassistant
Lille. Laffairefait longfeu, mais Jacques Le
Goff y gagne en compensation un poste
dattach de recherche au CNRS. Il ny est
pas heureux mais mesure la diffrence
entretravail individuel et travail isol.
Tranant dans lavancement de sa th-
se, le jeune mdiviste qui vit en 1956 la
derniredissipationdesesrvesmilitants
(de Suez Budapest, le millsime est
rude), mettant en veilleuse lactivit de la
section du SNESup quil avait rejointe
Lille, accepte deux commandes: un volu-
me pour la collection Que sais-je? des
PUFconsacrauxMarchandset banquiers
duMoyenAge (1956), unautre pour Peti-
te Plante, au Seuil, sur Les Intellectuels
au Moyen Age (1957). Le premier, classi-
que, a le mrite dintgrer nombre de tra-
vaux trangers et darticles rares ; le
second, plus personnel, travaille les rap-
ports entre phnomne urbain et monde
dusavoir, et scrute les changements dans
les reprsentations dutravail intellectuel.
La touche Le Goff est l.
Le petit ouvrage vainc les rticences de
Braudel, mfiant envers cet inconnu,
quandLombardveutlaccueillirlaVI
e
sec-
tiondelEcolepratiquedesHautesEtudes.
Voil Jacques Le Goff modeste chef de tra-
vaux (1959) mais promis une direction
dtudes ds que possible. Devenu prsi-
dent de lAssociation internationale des
historiens conomistes (1960), Braudel
sattache ses services enlui offrant le pos-
te de secrtaire, ce qui le rapproche de la
revue des Annales dont il devient un
contributeur remarqu.
Sous les auspices de Braudel toujours,
Jacques Le Goff gagne la Pologne, dans le
cadredunchangeaveclinstitut dhistoi-
re de lAcadmie polonaise. Il y dcouvre
un peuple admirable et tisse de solides
amitis, avec Witold Kula et le jeune Bro-
nislaw Geremek qui le pilote dans le
pays. Tous deux sont les tmoins, en sep-
tembre 1962, de son mariage avec une
jeune femme mdecin, Anna Dunin-
Wasowicz, spcialistedepsychiatrieinfan-
tile et sur de deuxhistoriennes et dune
archologue quil a rencontre dans le
cadre de sa mission. Il parviendra, non
sans mal, obtenir quHanka laccom-
pagne sonretour enFrance.
LacarriredeJacquesLeGoff est lance.
Directeur dtudelaVI
e
sectiondelEcole
pratiquedesHautesEtudes(Anthropolo-
gie historique de lOccident mdival )
en1962il accderalaprsidencedelins-
titution lorsque Braudel se retirera en
1972, il publiedeuxansplustardconjoin-
tement trois livres. Dabord, un manuel
scolaire pour la classe de 4
e
pour Bordas,
oil privilgie les nouvelles approches de
sadiscipline, unvolumedunemonumen-
tale histoire universelle pour le march
allemand dont Bordas encore reprend la
teneur pour le public franais (Le Moyen
Age), et surtout cette Civilisationde lOcci-
dent mdival pour Arthaud, vertigineuse
synthse de tous les aspects comme des
dbats suscits par le sujet.
Dsormais, il estvidentquetoutecom-
mande faite Jacques Le Goff lui est pr-
texte pour redfinir le cahier des charges,
sappropriant pleinement lechantier pro-
pos. Il ensera de mme lorsquil sessaie-
ra bien plus tard la biographie avec son
inclassable Saint Louis (1996), ou le plus
modeste Saint Franois dAssise (1999).
Peu soucieux de publier davantage que
des articles do le rang capital de ses
recueils, Pour un autre Moyen Age (1977),
LImaginaire mdival (1985), Histoire et
Mmoire (1988) enmarge de sonessai La
Bourseet lavie (Hachette, 1986) qui revisi-
telesliensentreconomieetreligiontren-
te ans aprs le Que sais-je? initial, Jac-
ques Le Goff va cependant offrir sonchef-
duvre avec La Naissance du Purgatoire
(Gallimard, 1981), vritable somme qui
reprend toutes les proccupations du
mdiviste, auxconfinsdesmondesmat-
riel et spirituel.
Sans jamais thoriser sa dmarche,
mme sil assure avec Pierre Nora la codi-
rection du gigantesque chantier Faire de
lHistoire (Gallimard, 1974), Jacques Le
Goff fait plus que contribuer cette his-
toire des mentalits quaprs Febvre ser-
vent Robert Mandrou et Philippe Aris. Il
perfectionne, darticles en contributions
savantes, une approche anthropologique
delHistoirequi savredes plus fcondes,
commelattesteledcisif Dictionnairerai-
sonn de lOccident mdival, qui tmoi-
gne duncollectif de chercheurs autravail
et reste unouvragede rfrence.
Championdelacooprationinternatio-
nale, Jacques Le Goff ne connat aucune
limite sa curiosit. Infatigable lecteur, il
fait partager sonenthousiasme aux audi-
teurs des Lundis de lHistoire sur Fran-
ce Culture durant des annes et signe un
nombrestupfiant de prfaces et davant-
proposqui valent onctions. Il aaussi lanc
la tmraire collection Faire lEurope
dont les titres paraissent simultanment
dans cinq langues (anglais, allemand, cas-
tillan et italien, en marge du franais). Si
Jack Goody et Umberto Eco sont dj
connus, il impose Massimo Montanari,
Josep Fontana, Aron Gourevitch, Franco
Cardini outout rcemment PaoloGrossi
Il nauramanquJacquesLeGoff, plus
quun fauteuil lInstitut, quune chaire
auCollgedeFrance, mais laplacedecelui
qui se vit justement attribuer la rarissime
mdaille dor duCNRS ne se mesure pas
unecollectiondepostes et dedistinctions.
La profonde humanit de lhomme, sa
cordiale disponibilit quand bien mme
les problmes de sant le retenaient chez
lui, sabienveillancesourianteont donn
cet ogre historien lexpression est de
Marc Bloch une gnrosit hors norme.
Comme le sont jamais luvre et la pen-
se de ce savant si profondment juste et
humain. p
Philippe-JeanCatinchi
Ungrandconteurcapablederedonnervieaupass
TmoignageLcrivainet smiologueitalienUmbertoEcorendhommagesonami
aaaSuite de la premirepage
Jacques Le Goff est n dans le milieudes
Annales, la revue fonde en1929par
MaxBlochet LucienFebvre, qui prnait
une nouvelle approche de lhistoriogra-
phie, privilgiant, par rapport lhistoi-
re vnementielle (noms, batailles,
dates, traits politiques), une recherche
couvrant tous les aspects dune priode,
enparticulier la vie matrielle, les usages,
les structures sociales.
Tout ensinscrivant dans le sillagede
cettetradition, LeGoff sedistinguait pour
avoir fait clater toutes les barrires spa-
rant histoiredes vnements, modes de
penseet modes devie. En1964, saCivilisa-
tionde lOccident mdival (Arthaud)
nous avait rvl unMoyenAge dans tou-
tes ses dimensions, depuis la culturedu
haricot jusquauxmiracles delarchitectu-
re, depuis les modes de vie jusquaux
modes de pense. Jentends par lque, si je
devais indiquer quelquunlameilleure
faonde comprendrecettegrandepoque
quefut le MoyenAge, jene pourrais que
recommander ce grandlivre, mmesil
datedjde cinquanteans. Jacques Le
Goff aexplorle MoyenAgedans ses
aspectsles plus ngligs: laviedes intellec-
tuels et des marchands, oubienle mer-
veilleuxet le quotidien. Ici aussi, si je
devais voquer sa manirelui de fairede
lhistoire, il faudrait inviter le profane
unemeilleurecomprhensionde ces si-
cles, noncertes engrenant une listede
batailles, mais ensepenchant sur les
miniatures figurant les mois des Trs
riches heures duDuc de Berry. Onyvoit
comment les paysans sasseyaient autour
deleur feu, comment ils cultivaient les
champs et nourrissaient leurs porcs, sans
oublier le got pour les couleurs quelon
retrouvait dans les vtementsfminins,
dans les robes des chevaux, dans les fes-
tins.
Mais, jouant des deuxregistres, entre
histoiredes vnements et histoiremat-
rielle, LeGoff acrit une monumentale
viedeSaint Louis (Gallimard). Ellelui aco-
tdes annes de travail, et je mesouviens
avecquel enthousiasme, aucours de son
labeur, il distrayait ses amis endcrivant
lafaondont fut bouilli lecorps duroi en
retour de croisade, de manirepouvoir
rapatrierses os enFrance. Unebellemani-
rede fairede lhistoriographie, ds lors
quele rcit historiquedoit nous fairevrai-
ment comprendrece qui sepasseet ce que
lonfait une poquervolue. Et si jutili-
sele termercit, cest parcequeLeGoff
tait aussi ungrandconteur, cest--dire
quil savait transformer lHistoireenhis-
toires fascinantes, enhommede lettres
accompli quil tait aussi.
Et commehistorien, moins des vne-
ments quede la culture(tout commede la
philosophieet de lathologie), sontude
sur laNaissancedupurgatoirede1981 (Gal-
limard) resteunchef-duvreindpassa-
bledruditionet dexhumationde textes
oublis.
Cet rudit, qui apasssavielombre
des grandes cathdrales, enpromeneur
curieuxde larue duFouarre, ne sest pas
limitautravail de grandacadmicien, de
grandprofesseur, mais, commeles lec-
teurs de journauxsensouviennent enco-
re, il savait parler augrandpublic et cest
pour legrandpublic quont t crits nom-
bredeses livres, qui nesont delavulgarisa-
tionquenapparence, tant ils sont riches
dillustrationset de documentsbizarres,
tout endemeurant toujours lisibles et dis-
trayant pour tous; justement parcequon
sentait derrireeuxles longues recher-
ches et le savoir magistral.
LeGoff tait aussi engagactivement
dans la viepolitiquede sontemps, mme
sil tait difficileclasser. Mais jaimerais
ici rappeler avecquellepassionil a collabo-
rlAcadmieuniverselledes cultures,
prsidepar ElieWiesel, o, avec Jorge
Semprunet moi-mme, cest lui qui avait
rdiglaChartede lAcadmie, une sorte
deprogrammeet dappel contretoute for-
mede racismeet dintolrance.
Et, puisquejensuis auxsouvenirs per-
sonnels, je veuxici encorerappeler son
got pour labonnechre, sonsens de
lamiti, sacapacitparler de grandes
choses ensirotant unboncalvados. Voil
qui nest ni fortuit ni accessoire, car,
monavis, pour treungrandsavant, il
faut aussi tregrandement humain: sa
jovialitet sonamour de la vietaient une
formede sonpouvoir de redonner vieau
pass. p
UmbertoEco
Texte adress laRepubblicaet traduit
de litalienpar RaaDel Vecchio
1
er
janvier 1924Naissance Toulon
1964La Civilisation de lOccident
mdival
1972-1977 Prsident de la VI
e
section
de lEcole pratique des Hautes Etudes,
devenue en 1975 lEHESS
1981 La Naissance du Purgatoire
1991 Mdaille dor du CNRS
1996Saint Louis
1999Dictionnaire raisonn
de lOccident mdival , codirig
par Jean-Claude Schmitt
1
er
avril 2014Mort Paris
Il neretenait
jamaisson
jugement
FRANOISEHRITIER, ANTHRO-
POLOGUE Ce que jaimais enJac-
ques Le Goff, cest quil aimait la
vie. Ctait unimmense historien
la conversationblouissante, et
sonamour pour la bonne chre, au
contentement partageur, permet
de comprendre sonrapport lhis-
toire comme sa faonde sintres-
ser auxmodes de vie populaires.
Celui qui fut aussi undterminant
directeur de lEcole des hautes tu-
des ensciences sociales ne retenait
jamais sonjugement, pleindala-
crit et de franchise.
Leplaisir
depenser
ensemble
JEAN-CLAUDESCHMITT,
HISTORIENCet homme de prin-
cipes ptri de vertus civiques et
didal rpublicaina domin le
champde sa discipline. Sa faon
dentrer dans les textes mdi-
vauxtait spectaculaire. Apartir
dunmot, il reconstruisait tout un
paysage, tout ununivers. Et puis, il
tait mpar le plaisir de penser
ensembleet de partager.
Propos recueillis parN. T.
nSur Lemonde.fr:
Ma prochaine visite Jacques Le Goff ,
par Xavier Kawa-Topor, directeur de lab-
baye de Fontevraud; Pour Jacques Le
Goff , par Jacqueline Risset, pote et tra-
ductrice; Rconcilier lhistoire universi-
taire et le grand public,
par Bruno Dumzil, historien
Lederniers
desgrands
PIERRE NORA, HISTORIEN Jai
vcuavec lui une sorte dintimit
intellectuellequi ma conduit
codiriger les trois volumes de Fai-
re de lhistoire, tat des lieuxde
la nouvellehistoire. Il a sorti le
MoyenAge de la nuit noire, fait
apparatresa luminosit intrieu-
re. Il est parvenu anthropologi-
ser lhistoire. Jacques Le Goff,
cest le dernier des grands, unhis-
toriende la trempe de Marc Bloch
oude FernandBraudel, unhomme
bonet gnreuxpar-dessus tout,
ce qui est troprare dans le milieu
intellectuel.
Uneattention
auxautres
PIERRE SOULAGES, PEINTRE
Nous nous sommes vritable-
ment rencontrs Conques dans
cette abbatiale Sainte-Foyausein
de laquelle jai recr les vitraux.
Lors dundialogue public, Jacques
Le Goff a dfendulinterventionde
lart contemporaindans les monu-
ments dupass car une uvre du
XX
e
sicle, disait-il, peut tre fidle
auXI
e
ouauXII
e
sicle tout enlui
apportant unclairage nouveau.
Sonsoutien, sonregardet sa faon
inouede donner une paisseur
la vie mdivale sont inoubliables,
tout comme sonattentionaux
tres, auxautres.
Chez lui, Paris, en2000.
GRARDRONDEAU/VU POUR LE MONDE
17
0123
Jeudi 3 avril 2014
18
0123
Jeudi 3 avril 2014
F
ranceTlvisions clbrecet-
teannele centenairedela
guerrede14-18aumoyende
trente-cinqfilms documentaires
oude fiction. France3 diffusait ain-
si, le24mars, LaCicatrice, ralis
par Laurent Vray. Sonmatriau
tait constitudes missives chan-
ges avec leur famillepar quatre
fils partis aucombat, des photogra-
phiesquils yjoignaient, chacun
disposant dunappareil photogra-
phique, et des archives delEtablis-
sement decommunicationet de
productiondeladfense. Andr
Wilms, AnneAlvaroet des com-
diens duThtrenational deStras-
bourglisaient leurs lettres, racon-
tant ainsi lmouvantepetitehis-
toireemportedans lagrande.
Desonct, France2 bouclait,
mardi 1
er
avril, 20h45, lasrie
documentaireApocalypse: lapre-
mireguerremondiale, de
Daniel Costelleet IsabelleClarke,
avec ladiffusionde soncinquime
et dernier volet, Dlivrance, qui fai-
sait suiteFurieet Peur, le18mars,
et Enfer et Rage, le25. Undbat ani-
mpar MarieDrucker, qui se
tenait dans lagaleriedes Glaces du
chteaudeVersailles olAllema-
gnesigna, enjuin1919, letraitde
paix, concluait lasoire.
Les imagesquonauravues tout
aulongde ces pisodes sont sou-
vent poustouflantes, sans comp-
ter quelles sont rares, lecinmato-
graphetant uneinventionencore
toutejeune, lematriel lourdet
encombrant. Hormis des person-
nages commelekaiser Guillau-
meII passant ses troupesenrevue
oulemarchal Ptainpartageant
unerasadedevinaumilieudes
poilus, cest videmment les
assauts, les tranches, les explo-
sions ininterrompuesdelartille-
rie, les cadavres enfoncs dans la
bouequi impressionnent le plus.
Leprogrammetait dailleurs
dconseill, justetitre, aux
moinsde10ans, LEnfer tant parti-
culirement prouvant.
Si ces squencestaient impres-
sionnantes, cest aussi parceque
les archivesavaient tcolorises
et sonorises. Uniformes bleuhori-
zon, sangrouge, gaz jaune, cris des
soldats, cliquetis des chenilles des
tanks, tout ytait. Sur lefond, le
procdfait question. Mais com-
ment faireregarder lajeunegn-
rationet moins jeuneuneheu-
redegrandecouteunfilmmuet
et ennoir et blanc, part TheArtist,
deMichel Hazanavicius(2011) ? Le
risqueest probablement celui
dunefalsificationet de fairede
lHistoireunspectacleracoleur. Le
textelupar MathieuKassovitzpar-
ticipait galement delaspect dra-
matiquedelensemble.
Onattendait dudbat quil
aborde, entre autres, cette probl-
matique, des historiens et les
auteurs dApocalypse tant pr-
sents, mais seuls des aspects rela-
tifs auconflit auront t voqus,
sur le thme de la mmoire
vive, napportant pas encontre-
point le recul ncessaire ce docu-
mentaire. p
CEST VOIR | CHRONI QUE
par Pierre Rubenach
Haut encouleur
A
D
A
D
D
T
D
D A
1015
1010
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1
5
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5 1000
995
995
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995
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0
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5
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Jours suivants
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Tempratures laube laprs-midi
Front chaud Front froid
Dpression Anticyclone
Occlusion Thalweg
D A
Lisbonne
Tunis
Barcelone
Tripoli
Lisbonne
Reykjavik
En Europe
Amsterdam
Athnes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Bucarest
Budapest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
Dans le monde
Alger
Amman
Bangkok
Beyrouth
Brasilia
Buenos Aires
Dakar
Djakarta
Dubai
Hongkong
Jrusalem
Kinshasa
Le Caire
Mexico
Montral
Nairobi
New Delhi
NewYork
Pkin
Pretoria
Rabat
Rio deJaneiro
Soul
Singapour
Sydney
Thran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
Outremer
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouma
Papeete
Pte--Pitre
St-Denis
Paris
Madrid
Sville
Rabat
Alger
Tunis
Rome
Barcelone
Tripoli
Le Caire
Jrusalem
Beyrouth
Athnes
Berne
Amsterdam
Bruxelles
Berlin
Londres
Edimbourg
Dublin
Oslo
Stockholm
Copenhague
Riga
Varsovie
Kiev
Ankara
Istanbul
Sofia
Odessa
Budapest
Vienne
Prague
Munich
Zagreb
Milan
Belgrade
Bucarest
St-Ptersbourg
Helsinki
Minsk
Moscou
30 35 > 35 25 30 20 25 15 20 10 15 5 10 0 5 -5 0 -10 -5 < -10
Amiens
Metz
Strasbourg
Orlans
Caen
Cherbourg
Rennes
Brest
Nantes
Poitiers
Montpellier
Perpignan
Marseille
Ajaccio
Nice
Clermont-Ferrand
Lyon
Chamonix
Bordeaux
Biarritz
Limoges
Besanon
Rouen
PARIS
Chlons-
en-champagne
Toulouse
Dijon
Lille
1 22
Grenoble
18 11
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13 9
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4 -4
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21 7
8 4
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36 28
22 16
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20 20
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32 27
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16 7
33 23
25 14
26 14
-1 5
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16 10
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18 12
23 14
20 11
25
25
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25
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bienensoleill
bienensoleill
bienensoleill
assezensoleill
clairciesmaisvoil
bienensoleill
pluiemodre
bienensoleill
enpartieensoleill
bienensoleill
enpartieensoleill
faiblepluie
enpartieensoleill
bienensoleill
aversesparses
assezensoleill
aversesparses
assezensoleill
aversesparses
assezensoleill
enpartieensoleill
enpartieensoleill
soleil,oragepossible
beautemps
assezensoleill
assezensoleill
enpartieensoleill
beautemps
bienensoleill
bienensoleill
soleil,oragepossible
enpartieensoleill
assezensoleill
pluiesorageuses
pluiesorageuses
aversesorageuses
beautemps
soleil,oragepossible
beautemps
bienensoleill
enpartieensoleill
bienensoleill
beautemps
aversesmodres
bienensoleill
beautemps
aversesmodres
soleil,oragepossible
pluiesorageuses
12 8 aversesparses
pluiesorageuses
enpartieensoleill
aversesparses
assezensoleill
aversesparses
beautemps 19 16
soleil,oragepossible
assezensoleill
aversesparses
soleil,oragepossible
assezensoleill
soleil,oragepossible
Vendredi
Jeudi 3 avril
03.04.2014
40 km/h
40 km/h
30 km/h
40 km/h
70 km/h
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21 6
6 0
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enpartieensoleill
assezensoleill
bienensoleill
assezensoleill
assezensoleill
pluieetneige
bienensoleill
bienensoleill
assezensoleill
Samedi Dimanche Lundi
/
07h23 09h25
20h23
10
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9 20
8 17
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10 13
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9 16
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10 15
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9 25
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9 20
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11 15
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12 18
9 21
8 21
13 16
28
26
28
28
26
28
Qubec Enfin le recul des conditions hivernales !
En Europe
12h TU
Les conditions vont franchement se dgrader
par l'ouest o un front froid ondulera,
apportant un temps trs nuageux et pluvieux,
surtout au sud de la Garonne o les pluies
parfois orageuses s'annoncent abondantes.
Une bonne luminosit rsistera sur les autres
rgions, surtout vers les frontires du
nord-est. Quelques ondes se dvelopperont
de la Cte d'Opale au Centre jusqu'en
Provence. Chaud dans l'est, fracheur dans le
sud-ouest.
Saint Richard
Coeff. de mare 92/86
Lever
Coucher
Lever
Coucher
Chaleur dans lest, pluie louest
Aujourdhui
Horizontalement Verticalement
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
X
Solution du n 14 - 078
Horizontalement
I. Apprhension. II. Prouve.
Ambre. III. Repaire. Sida. IV. Ecu.
Tito. Don. V. Sulfateuse. VI. Vrai.
Enime. VII. Esclandre. Na.
VIII. Ne. Ota. TNP. IX. Tu. Du.
Gobeur. X. Ergothrapie.
Verticalement
1. Aprs-vente. 2. Prcurseur.
3. Populace. 4. Rua. Fil. Do. 5. Evita.
Aot. 6. Hritent. 7. Etendage.
8. Na. Our. Or. 9. SMS. Se. Ba.
10. Ibidem. Tep. 11. Ordo. Ennui.
12. Nant. Apre.
Philippe Dupuis
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 1 12
1. Jamais le premier se lancer.
2. Rserv aux hommes, en
principe. Ceux davant.
3. Dangereusement nourri.
Se rendit. 4. Devenues
impntrables. 5. Secrets quil
faut partager. Dpasse la
mesure. 6. Mettras de ct.
Encouragement en tribune.
7. Embarqu avant dtre relch.
Cri dans larne. 8. Article. Sacr
sur les bords du Nil. Part de
gteau. 9. Tient le haut de
laffiche. Quitte le Jura.
10. A respecter et protger. Vent
que lon voudrait discret. 11. A
perdu son ardeur. Deux de trois.
12. Cafouillerais.
I. Pourra donc tre fixe sans la
moindre difficult. II. Un grand
nombre quand ce nest pas une
racle. Un ami bien malmen.
III. De belles longueurs sur les
planches. A bien ngocier dans la
descente. IV. Prposition. Balaie
tous les doutes. V. Retint le
btiment. Bonne mesure pour lor
noir. VI. Le titane. Policier devenu
homme de main. VII. Se rendrait.
Font partie de nos habitudes. Livr
en feuille ou en barre.
VIII. Rongeur amateur de fruits.
Capitale des Samoa. IX. Se penche
sur nos fins. X. Vraiment
insupportables.
Mercredi 2avril
TF1
20.55Les Experts.
Srie. Coups de chance. Dans sa bulle. Retour
de flammes (S14, p. 6, 8 et 3/20, indit) U;
Le Cerveau de la bande (saison 12, 7/22) U.
0.15Breakout Kings.
Srie. La CarotteU. Promenons-nous dans les
boisV(S1, 8 et 11/13, 100min). Avec Laz Alonso.
FRANCE2
20.45Vaugand.
La Neuvime Marche. Tlfilm. Charlotte
Brndstrm. Avec Olivier Marchal (Fr., 2014) U.
22.20La Parenthse inattendue.
Invits : Jean Reno, Amel Bent, Frdric Lenoir.
0.37 Grand public. Magazine (43 min).
FRANCE3
20.45Des racines et des ailes.
Paris rtro, Paris insolite. La Nouvelle Seine ;
Tout un monde Paris ; Htels particuliers.
22.45Mto, Grand Soir 3.
23.50Les Chansons dabord.
Spcial annes 80. Divertissement (45min).
CANAL+
20.45Football.
Ligue des champions (quart de finale aller) :
Paris-SG- Chelsea (GB.). En direct.
22.50Spring Breakersppp
Film Harmony Korine. Avec James Franco,
Vanessa Hudgens, Selena Gomez (EU, 2012) W.
0.20Hostages.
Srie (saison 1, pisodes 5 7/10, 100min) U.
FRANCE5
20.38La Maison France 5.
Habiller ses murs pour le printemps ; etc.
21.41 Silence, a pousse!
Rencontre : Le charme ; Le lichen; etc.
22.35C dans lair. Magazine.
23.47 Entre libre. Semaine du polar.
0.07 Cartes de fidlit,
fidle un jour, fich toujours (55min).
ARTE
20.50LArt daimerp
Film Emmanuel Mouret. Avec Judith Godrche,
Frdrique Bel, Franois Cluzet (Fr., 2011).
22.15Ai Weiwei.
Evidence. Documentaire (All. - Chine, 2014).
23.05Yo, tambinp
Film Alvaro Pastor et Antonio Naharro.
Avec Lola Dueas (Esp., 2009, v.o., 100min).
M6
20.50Un trsor dans votre maison.
Magazine prsent par Jrme Anthony (290min).
mto&jeux crans
Lessoirestl
EuroMillions
Sudokun14-079 Solutiondun14-078
Jeudi 3avril
TF1
20.55Section de recherches.
Srie. Haute tension. Le Prix du palace (S8,
p. 11 et 12/12, indit) ; In memoriam (S7, 2/16).
23.55NewYork, section criminelle.
Srie. Portes disparues. Le voile est lev
(saison 5, pisodes 6 et 7/22, 95min) V.
FRANCE2
20.45Envoy spcial.
La Prison hors les murs ; etc.
22.20Complment denqute.
Taubira : une ministre dans la tempte.
23.30Alcaline le mag.
Invite : Emmanuelle Seigner (45min).
FRANCE3
20.45Coco avant Chanel
Film Anne Fontaine. Avec Audrey Tautou,
Benot Poelvoorde (France, 2009, audiovision).
22.40Mto, Grand Soir 3.
23.40LOmbre dun doute.
Versailles, thtre de lHistoire (125 min).
CANAL+
20.55House of Cards.
Srie (saison 2, 8 et 9/13). Avec Kevin Spacey.
22.30The Big C.
Srie (S4, p. 5 et 6/8). Avec Laura LinneyU.
23.2530 Rock.
Srie (saison 7, p. 1 3/13, 70min).
FRANCE5
20.35La Grande Librairie.
Marc Dugain, Tim Willocks, Sandrine Collette.
21.40Duels.
Mitterrand- Rocard, la haine et le mpris (audio.).
22.35C dans lair.
23.45Entre libre. Semaine du polar.
0.05Sophie Marceau.
Documentaire. Laure Duthilleul (85min).
ARTE
20.50Carta a Eva.
Tlfilm. Agust Villaronga. Avec Ana Torrent,
Julieta Cardinali. [1 et 2/2] (Espagne, 2012).
23.45Draculapp
Film Francis Ford Coppola. Avec Gary Oldman,
Winona Ryder (Etats-Unis, 1992, 145min).
M6
20.50Quest-ce que je sais
vraiment ? Jeu. Invits : Anne Roumanoff,
Tarek Boudali, Clara Morgane, Mustapha El-Atrassi.
23.15Maison vendre. Magazine.
1.05The Killing.
Srie. Ogi Jun. Les Fantmes du pass
(saison 2, p. 4 et 5/13, indit, 95 min) U.
Cette semaine
un numrodouble
Chez votre marchand
de journaux
G
am
e
of T
rones
Comment la srie
a conquis le monde
NUMROSPCIALDCRYPTAGE DUNPHNOMNE PLANTAIRE
La presse trangre analyse
les raisons du succs de la saga
de George R. R. Martin
Supplment du n 1221 du 27 mars 2014
courrierinternational.com
Ne peut tre vendu sparment
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?b@m@m@b@g" 83 1221S - F: 4,90 E
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Comment la srie
a conquis le monde
NUMROSPCIALDCRYPTAGE DUNPHNOMNE PLANTAIRE
en partenariat avec La presse trangre analyse
les raisons du succs de la saga de George R. R. Martin
Supplment du n 1221 du 27 mars 2014 courrierinternational.com Ne peut tre vendu sparment
21/03/14 17:02
Qui arrtera
MarineLePen?
La presse
trangrescrute
lirrsistibleavance
du Front national
Ukraine
Un pote sur
les barricades
En supplment
16 pages sur
une saga culte
MAROC-ESPAGNE
LAFILIRETRAGIQUE
DESCLANDESTINS
N 1221 du 27 mars au 2 avril 2014
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T O M 7 4 0 C F P T u n i s i e 5 D T U
24/03/14 18:2
Rsultats du tirage du mardi 1
er
avril 2014.
16, 18, 26, 38, 44, 8 eet 10e
Rapports : 5 numros et ee: 15000000,00;
5 numros et e: 242827,80 ; 5 numros : 161 885,20;
4numros et ee: 3444,30; 4numros et e: 205,20;
4numros : 100,10;
3 numros et ee: 74,60; 3 numros et e: 15,50;
3 numros : 12,00;
2 numros et ee: 25,30; 2 numros et e: 8,80;
2 numros : 4,00; 1 numroet ee: 14,00.
Lesimagesquonaura
vuestoutaulong
decespisodes
sontsouvent
poustouflantes,
sanscompter
quellessontrares
Motscroiss n14-079
Lesjeux
)
analyses
ANALYSE
par MaureenGrisot
Abidjan, correspondance
P
our le grand public, ltude
desrelationsinternationales
demeure celle des monstres
froids, Etats calculateurs et ration-
nels sexprimant dans le langage
feutr de la diplomatie. Le Temps
des humilis, dernier ouvrage de
BertrandBadie, professeurScien-
cesPoParis, fait volercettepercep-
tion en clats. Croisant sociologie
des relations internationales et
psychologiesociale, lauteurdvoi-
le limportance des passions dans
le jeu diplomatique. Son analyse
porte ici sur lhumiliation, en tant
quepratiquedespuissantsetsenti-
ment ressenti par les faibles.
Pour lui, lhumiliation de cer-
tains Etats faibles par loli-
garchie domine par les Etats-
Unis devient un usage toujours
plusfrquent. Sil atoujoursexist
des Etats forts et dautres faibles,
un monde bipolaire contraignait
nagure les puissants courtiser
les vulnrables, de peur quils ne
choisissent le camp den face. La
chute de lUnion sovitique a per-
mis aux vainqueurs de saffran-
chir de cette obligation. Aujour-
dhui, la seule pression oligarchi-
que bannit du jeu normal des
relations internationales certains
Etats rcalcitrants, tels que lIran.
Qute de puissance
Lhistoire contemporaine ayant
accumul les actes dhumiliation,
Bertrand Badie constate que la
volont de laver ces humiliations
faonnelesrelationsinternationa-
lesactuelles. Laqutedepuissance
de la Chine contemporaine
rpond la faon dont Occiden-
taux et Japonais lont humilie
pendant unsicle. Lafermetdela
diplomatiedeVladimir Poutinese
nourrit dhumiliants souvenirs de
mendicit de la Russie dans les
antichambres du G7 durant les
annes1990. Plusglobalement, les
pays mergents dAsie et dAmri-
que latine se sentent lis par le
ciment des humiliations passes,
lequel facilite leur prise de posi-
tionsur la scne internationale.
Lauteurreconnatqueni lesten-
tatives de diplomaties antisyst-
me mises en place par certains
Etats (Venezuela), ni la violence
nonmatrise(terrorismesalafis-
te) ne sont, jusqu prsent, parve-
nues modifier substantielle-
ment le jeu diplomatique mon-
dial. Pluscomplexe, lesEtatshumi-
lis peuvent eux-mmes humilier
certaines populations dont ils ont
la charge, faisant delles (Touareg,
Kurdes) dessocitsdoublement
humilies, promptes rtorquer
par la violence.
Afin de sortir de ce cercle
vicieux, Bertrand Badie propose
daccepter la fin de lhgmonie
culturelledeladiplomatieocciden-
tale et de ne plus regarder lautre
avec condescendance mais, au
contraire, lincluredans unedyna-
miquedepartenariat, cldelarus-
site de la mondialisation.p
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Ds jeudi 3 avril,
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Cannibales
DOMINIQUE SYLVAIN
JEAN-PHILIPPE PEYRAUD
La Mule du coach
4.
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15/05
28/05
12/06
26/06
ROMAIN SLOCOMBE
JEAN-CLAUDE DENIS
Le Corbeau
MARIN LEDUN
CHARLES BERBERIAN
Comme un crabe, de ct
ANTHONY PASTOR
Le Cri de la ance
MARCUS MALTE
ANDR JUILLARD
Les Cow-boys
8.
9.
10.
10/07
24/07
07/08
MARC VILLARD
JEAN-CHRISTOPHE CHAUZY
Tango amand
FRANZ BARTELT
HONOR
Sur mes gardes
DIDIER DAENINCKX
MAKO
Les Pigeons de
Godewaersvelde
11.
12.
13.
21/08
04/09
18/09
JRMIE GUEZ
MILES HYMAN
La Veuve blanche
JEAN-BERNARD POUY
FLORENCE CESTAC
La Capture du tigre par les oreilles
SANDRINE COLLETTE
DOMINIQUE CORBASSON
Une brume si lgre
EN PARTENARIAT AVEC
T
rois ans aprs larrive au pouvoir
dAlassane Ouattara, au terme
dune courte mais meurtrire crise
postlectorale 3000morts selon
lONUdurant lhiver 2010-2011 , la
justice nest pas encore passe en
Cte dIvoire, hypothquant lavenir dun pro-
cessus de rconciliationaujourdhui enpanne.
Le transfrement de Charles Bl Goud la
Cour pnale internationale (CPI), le 22mars,
illustre enpartie ces errements. Cette figure du
rgimedeLaurentGbagbo(prsidentde2000
2010) taitcertesviseparunmandatdarrt de
la CPI pour quatre chefs daccusationde crimes
contre lhumanit meurtre, viol, perscution
et autres actes inhumains commis pendant
les violences ayant suivi la prsidentielle
conteste de dcembre2010.
En expdiant LaHaye le gnral de la
rue, ainsi surnommpoursacapacitmobili-
ser les foules, la Cte dIvoire ne fait que se
conformer ses engagements internationaux
unanaprs avoir ratifi le trait de Rome. Mais
ce nest pas faute davoir temporis. Dans un
autre dossier trs sensible, Abidjan a refus de
donner Simone Gbagbo, lancienne premi-
re dame, pourtant recherche pour les mmes
raisons que Charles Bl Goud. Les autorits
ivoiriennes ont demand la CPI de se dclarer
incomptente pour juger lpouse de Laurent
Gbagbo. Elles assurent que les juridictions ivoi-
riennes ont la volont et la capacit de lui orga-
niser sonprocs pour la mme catgorie de cri-
mes que ceuxque la CPI lui reproche.
Il est lgitimequelaCtedIvoireveuilleren-
dre justice elle-mme. Mais le veut-elle vrai-
ment ? On peut en douter. Dlaissant le volet
judiciaire, M. Ouattara a amorc depuis plu-
sieurs mois un processus de dtente avec lop-
position, tranchantaveclavaguerpressivequi
stait abattue sur les partisans de M. Gbagbo
aprs son arrestation le 11 avril 2011. Environ
800desessoutiens avaient alors temprison-
ns. Des dizaines de milliers dautres fuyaient
auLiberia, auGhana ouauTogo.
Lalibrationde ces prisonniers et lacration
des conditions du retour des exils font partie
des conditions poses par le Front populaire
ivoirien (FPI), le parti fond par M. Gbagbo,
pour prendre part la vie dmocratique. Ce
signedapaisement est indispensabletant dans
la perspective de la prsidentielle de 2015 que
vis--vis de lextrieur. Il sagit de convaincre
lesinvestisseurstrangersduretour delastabi-
litdansunpaysqui atantbesoindeleursfinan-
cements pour raliser ses grands travaux.
Le pouvoir a ainsi progressivement lch du
lest. Il a lanc des appels aux rfugis, leur pro-
mettantlascurit. CestdanscecadrequeMar-
cel Gossio, pilier de lancien rgime, est rentr
en Cte dIvoire en janvier aprs plus de deux
ans dexil auMaroc. Aucunemenottepour lex-
directeur du port dAbidjan, pourtant vis par
un mandat darrt de la justice ivoirienne et
accus par lONU davoir financ les miliciens
de lancienprsident.
Impunit pnale
Plusde120prisonniersonttremisenliber-
t provisoire depuis le dbut de lanne. Simul-
tanment, le ministre ivoirien de la dfense,
Paul Koffi Koffi, a organis, en grande pompe,
une crmonie pour clbrer le retour de plus
de 1 200soldats qui servaient dans larme au
temps de M. Gbagbo. Vous serez traits sans
discrimination: personne na t inquit
depuissonretour par les instancesjudiciairesou
par lesforcesdescurit, leura-t-il affirm. Dites
aux autres de rentrer, quels que soient les actes
quils ont commis. Un discours qui a port ses
fruits : autour de 4000 militaires, revenus
dexil, se sont prsents leur ministre.
Cette dtente politique est assimile par la
socit civile de limpunitpnale. Le Mouve-
ment ivoirien des droits humains (MIDH) a
dnonc rcemment une immixtion dange-
reusedelexcutifdanslasphrejudiciaire. Cer-
tains au sein de la mission de lONU en Cte
dIvoire mettent en garde contre la tentation
dune amnistie gnrale. Ce nest que sous la
pressiondes dfenseurs des droits de lhomme
et des bailleurs de fonds que les autorits ont
finalement accept, enjanvier, derenouveler la
cellulespcialedenqutesurlescrimesdelacri-
sepostlectorale. Maisaucunprocsnest enco-
re programm ce jour.
Il convientaussi desedemanderjusquoira
la cooprationde la Cte dIvoire avec la CPI. La
question mrite dtre pose sachant que la
Courpnalenemenacepasuniquementlespro-
ches de lex-prsident ivoirien. Plusieurs
ancienschefsmilitairesrebellesdesForcesnou-
velles ceux qui ont permis M. Ouattara de
chasser M. Gbagbo dun pouvoir quil refusait
dequitter sont euxaussi accuss davoir com-
mis des atrocits. Ils occupent aujourdhui des
postes-cls dans larme ou dans les institu-
tions de lEtat. Non seulement ils ne sont pas
poursuivis mais certains ont t promus.
En agissant de la sorte, M. Ouattara mcon-
tente bien videmment ses adversaires. Quel-
ques heures aprs le dcollage de lavion qui
emmenait Charles Bl Goud aux Pays-Bas, le
FPI annonait la fin du dialogue politique avec
le gouvernement, en dnonant une entrave
grave la rconciliation. Avec cette nouvelle
rupture, qui ne cache plus la politisation de la
justice dans son pays, la stratgie du prsident
ivoiriennaurait-ellepas montr ses limites? p
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65e Anne - N19904 - 1,30 - France mtropolitaine --- Jeudi 22 janvier 2009 Fondateur: Hubert Beuve-Mry - Directeur: Eric Fottorino
Algrie 80 DA, Allemagne 2,00 , Antilles-Guyane 2,00 , Autriche 2,00 , Belgique 1,40 , Cameroun 1 500 F CFA, Canada 3,95 $, Cte dIvoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 , Finlande 2,50 , Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,40 , Grce 2,20 , Hongrie 650 HUF, Irlande 2,00 , Italie 2,00 , Luxembourg 1,40 , Malte 2,50 ,
Maroc 10 DH, Norvge 25 KRN, Pays-Bas 2,00 , Portugal cont. 2,00 , Runion 2,00 , Sngal 1 500 F CFA, Slovnie 2,20 , Sude 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1,9 DT, Turquie 2,20 , USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,
Barack et Michelle Obama, pied sur Pennsylvania Avenue, mardi 20janvier, se dirigent vers la MaisonBlanche. DOUGMILLS/POOL/REUTERS aLes carnets dune chanteuse. Anglique Kidjo, ne au Bnin, a chant aux Etats-Unis pendant la campagne de Barack Obama en2008, et de nouveau pendant les festivits de linvestiture, du 18 au 20 janvier. Pour Le Monde, elle raconte : les crmonies, les rencontres elle a crois lactrice Lauren Bacall, le chanteur Harry Belafonte et lcono- miste Alan Greenspan. Une question la taraude : quest-ce que cet vnement va changer pour lAfrique ? Page 3
aLe grand jour. Les crmonies ; laliesse ; les ambitions dunrassembleur ; la premire dcision de la nouvelle administration: la suspension pendant cent vingt jours des audiences de Guantanamo. Pages 6-7 et lditorial page 2 aItstheeconomy... Il faudralanou- velle quipe beaucoup dimagination pour sortir de la tourmente financire et conomique qui secoue la plante. Breakingviews page 13
aFeuille de route. La grandeur nest jamais un d. Elle doit se mriter. () Avec espoir et vertu, bravons une fois de plus les courants glacials et endurons les temptes venir. Traductionintgrale du discours inaugural du 44e prsident des Etats-Unis. Page 18 aBourbier irakien. Barack Obama a promis de retirer toutes les troupes de combat amricaines dIrak dici mai 2010. Trop rapide, estiment les hautsgrads delarme. Enqutepage19
GAZA ENVOY SPCIAL
Dans les rues de Jabaliya, les enfants ont trouv un nou- veau divertissement. Ils col- lectionnent les clats dobus et de missiles. Ils dterrent du sable des morceaux dune fibre compacte qui senflamment immdiatement au contact de lair et quils tentent difficilement dteindre avec leurs pieds. Cest du phosphore. Regar- dez comme a brle. Surlesmursdecetterue, destra- cesnoirtressont visibles. Lesbom- bes ont projet partout ce produit chimique qui a incendi une petite fabrique de papier. Cest la pre- mirefoisquejevoiscelaaprs trente- huit ans doccupation isralienne , sexclame Mohammed Abed Rab- bo. Dans son costume trois pices, cette figure du quartier porte le deuil. Six membres de sa famille ont t fauchs par une bombe devant un magasin, le 10 janvier. Ils taient venus sapprovisionner pendant les trois heures de trve dcrtes par Isral pour permet- tre aux Gazaouis de souffler. Le cratre de la bombe est tou- jours l. Des clats ont constell le mur et le rideau mtallique de la
boutique. Le pre de la septime victime, ge de 16 ans, ne dcol- re pas. Dites bien aux dirigeants des nations occidentales que ces sept innocents sont morts pour rien. Quici, il ny a jamais eu de tirs de roquettes. Que cest un acte crimi- nel. Que les Israliens nous en don- nent la preuve, puisquils sur- veillent tout depuis le ciel , enrage Rehbi Hussein Heid. Entre ses mains, il tient une feuille de papier avec tous les noms des morts et des blesss, ainsi queleur ge, quil numre plusieurs reprises, comme pour se persua- der quils sont bien morts. Michel Ble-Richard Lire la suite page 5 et Dbats page 17
Ruines, pleurs et deuil : dans Gaza dvaste
WASHINGTON CORRESPONDANTE
Devant la foule la plus considrable qui ait jamais t runie sur le Mall national de Washington, Barack Obama a prononc, mardi 20 janvier, un discours dinvestiture presque modeste. A force dinvoquer Abraham Lincoln, Martin Luther King ou John Kennedy, il avait lui mme plac la barre trs haut. Le discours ne passera probablement pas la postrit, mais il fera date pour ce quil a
montr. Une nouvellegnrationsest ins- talle la tte de lAmrique. Une re de transformationa commenc. Des rives du Pacifique celles de lAt- lantique, toute lAmrique sest arrte sur le moment quelle tait en train de vivre : laccession au poste de comman- dant en chef des armes, responsable de larmenuclaire, dunjeunesnateur afri- cain-amricain de 47 ans. Lire la suite page 6 Corine Lesnes Education Lavenir de Xavier Darcos Mission termine : le ministre de lducation ne cache pas quil se considrera bientt en disponibilit pour dautres tches. Lhistorien de lducation Claude Lelivre explique comment la rupture sest faite entre les enseignants et Xavier Darcos. Page 10
Automobile Fiat : objectif Chrysler Au bord de la faillite il y a quelques semaines, lAmricain Chrysler ngocie lentre du constructeur italien Fiat dans son capital, hauteur de 35 %. LItalie se rjouit de cette bonne nouvelle pour lconomie nationale. Chrysler, de son ct, aura accs une technologie plus innovante. Page 12
Bonus Les banquiers ont cd Nicolas Sarkozy a obtenu des dirigeants des banques franaises quils renoncent la part variable de leur rmunration . En contrepartie, les banques pourront bnficier dune aide de lEtat de 10,5 milliards deuros. Montant quivalent celle accorde fin 2008. Page 14 Edition Barthes, la polmique La parution de deux textes indits de Roland Barthes, mort en 1980, enflamme le cercle de ses disciples. Le demi-frre de lcrivain, qui en a autoris la publication, essuie les foudres de lancien diteur de Barthes, Franois Wahl. Page 20
REPORTAGE UK price 1,40
Linvestiture de Barack Obama
Premires mesures Le nouveau prsident amricain a demand la suspension des audiences Guantanamo
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Les Unes du Monde
0123
IL EST
LGITIME
QUE LE PAYS
VEUILLE
RENDRE
JUSTICE
LUI-MME.
MAIS
LE VEUT-IL
VRAIMENT ?
LaCte dIvoire enpanne de rconciliation
Le Temps des humilis
Bertrand Badie
Odile Jacob, 256 p., 24,90
LE LIVRE DU JOUR
LOccident face
larevanchedes humilis
19
0123
Jeudi 3 avril 2014
Kaboul
Envoy spcial
I
l est bienloinle temps o, chaque
visite ltranger dHamid Karza,
onsbaubissait devant sonlgan-
ce vestimentaire. Ah! cette toque
dastrakanfourruredagneaugris-
noir enfonce sur le crne et, sur-
tout, ce cafetanstri de vert et de violet lui
drapant les paules. Ctait lpoque o le
prsident afghan tait lenfant chri de
lOccident. Une priode de grce ole pre-
mier chef dEtat delre post-talibanincar-
nait tous les espoirs de renaissance de cet
Afghanistan damn par lHistoire. Hamid
Karza, ctaitlAfghanistandmocratique,
libral et apais dont onrvait Washing-
ton, ParisouLondres. Unhommepleindal-
lantet dallurepour unbeausongeafghan.
Douzeansplustard, limageest chiffon-
ne. A lissue du scrutin de samedi 5avril,
HamidKarza quitteraunpalaisprsiden-
tiel transform en cimetire des espran-
ces. Le rve de 2002 a vir au cauchemar.
Le rgime est gangren par la corruption
et les mafias de tout poil. Les talibans
insurgs frappent au cur de Kaboul. Les
trangers se barricadent dans leurs bun-
kerstandisquenombredAfghansrepren-
nent le chemin de lexil, ceux du moins
qui ont les moyens.
Et M. Karza dfie hargneusement
Washington, fustig comme puissance
coloniale, tout enflirtant aveclIranet en
reconnaissantlannexiondelaCrimepar
la Russie. Douze ans dun investissement
colossal de lOccident en soldats tus et
en argent dvers pour en arriver l?
Stait-on tromp sur HamidKarza ? Ou
est-cepluttlui qui atdupparunego-
politique trouble semant les mines sous
ses pas?
Pour tenter de rpondre, il faut dabord
le voir dans son dcor familier, ce palais
dArgnich aucur de la zone verte de
Kaboul auxairs de forteresse imprenable.
Nous lavions rencontr le 7 dcembre
2013danslaileditedeGul Khana(mai-
son des fleurs), qui abrite son bureau. Il
faut longer des murailles grises crneles
et traverser des jardins pels par lhiver.
Au loin, on aperoit les crtes enneiges
des montagnes qui cernent Kaboul, irrup-
tioninsolitedecetAfghanistanrel ettour-
mentdans lenclave royale.
Dans lantre du Gul Khana, une porte
souvre. Bienvenue! : le prsident tend
une paume chaleureuse. Veste noire pas-
se sur un kameez (tunique sans col) vert,
crneluisantet barbeblanchetaille, sour-
cils noirs en arc coiffant un regard tantt
lgertanttsvre, il alairenforme. Il sen-
quiert, prvenant: Duth ouducaf?
Il croise les mains et les pose sur larte
desatabledetravail recouvertedunepla-
que de verre. Il attend les questions dun
air presque gourmand. Et voil que, de sa
voix grave exhalant le combat, il se met
discourir, se justifier, rcuser les criti-
ques. Hamid Karza est thtral, beau
parleur, lafoisonctueuxet premptoire.
Il appuie l oil sait quil convaincra sans
mal. Sa figure rhtorique: il interroge, il
ne cesse dinterroger.
Pourquoi les Afghans doivent-ils payer
le prix sanglant dune guerre fomente
partir de sanctuaires dinsurgs abrits
par un pays voisin (le Pakistan, quil ne
nomme pas) ? Pourquoi les Amricains
frappent-ils dans les villages afghans sans
sattaquer la racine du conflit (le Pakis-
tan, quil ne nomme toujours pas) ? Sont-
ils, ces Amricains, vraiment sincres et
honntesaveclepeupleafghan? Et cet-
te satane corruptiondont onaccable son
entouragesesfrresdeKandaharenpar-
ticulier , dovient-elle? Les milliards de
dollarsdverssparlacommunautinter-
nationale et sa chane de sous-traitants
cupides nont-ils pas perverti une socit
afghane mal prpare auchoc?
Lamertume du prsident transpire,
obsdante, toxique, une acrimonie dont
on devine quelle se nourrit autant dune
lecture paranoaque du monde que des
humiliations personnelles quil a subies
entraitantavecWashington. Il accuselad-
ministration de Barack Obama de mener
riendemoins! uneguerrepsychologi-
que contre son pays car il ne veut pas
signer enltat le texte dunaccordstrat-
giquesurlemaintienduneforceamricai-
ne rsiduelle aprs le grand retrait des
troupes de lOTANfin 2014. Pis, il laccuse
de comploter en secret avec les talibans
pourdiviserlAfghanistanensphresdin-
fluence. Il invoque le pass dun peuple
fier et rebelle, fossoyeur dempires. Et,
entre deuxsaillies indignes, il senquiert
nouveau, auxpetitssoins: Vousrepren-
drez ducaf?
Il yaquelquechosedefascinant dansla
scne. Voir et entendre ce Karza install
sur le trnede Kaboul par Washingtonfin
2001 fulminer aujourdhui dimprca-
tions antiamricaines tient dune vertigi-
neuse ironie. Il appartiendra bientt aux
historiens de pointer les mille et unpetits
glissements qui ont fini par prcipiter cet
boulement du thtre politique de
Kaboul, ce divorce entre le parrain et son
affid. Il faudra alors ces chroniqueurs
revenir la source du pari amricain sur
Karza. Et commencer par la prosaque
question: pourquoi Hamid Karza, g de
43ans au moment o les Twin Towers de
New York scroulent le 11 septembre
2001, a-t-il t choisi pour diriger lAfgha-
nistanpost-taliban?
Acette poque-l, Hamid Karza rside
Quetta, capitale provinciale du Balout-
chistan pakistanais. Il est connu des cer-
clesdiplomatiquesqui suivent lAfghanis-
tan dirig dune mainde fer, depuis 1996,
par les talibans du mollah Omar. Mais
sans plus. On sait de lui quil est issu du
clanPopalza de soucheroyale, quil atu-
di les sciences politiques Shimla, dans
les contreforts himalayens de lInde, et
quil aparticiplarsistanceantisoviti-
que (1979-1989) dans les rangs dun parti
modr bas Peshawar, au Pakistan. Il
ntait pas unmoudjahidinarm mais un
apparatchik anglophone distingu, char-
g des relations extrieures de son parti.
Il frquentait beaucoup les diplomates
amricains et britanniques, parfois sans
quon le sache, se souvient aujourdhui
lun de ses suprieurs de lpoque. De l
date sa premire connexion avec lOcci-
dent engnral, et la CIAenparticulier.
Fin 2001, le lien sera vite ractiv. De
Quetta, Hamid Karza orchestre alors
depuis plusieurs annes une petite agita-
tioncontrelergimetaliban. Il estundu
de ce mouvement ultraorthodoxe dont il
avait suivi au dbut lessor avec sympa-
thie, linstar de biendes Afghans dgo-
ts par la guerre fratricide entre factions
moudjahidin ayant suivi leffondrement
durgimecommuniste. Il avait mmet
pressenti pour reprsenter ces talibans
aux Nations unies aprs leur conqute de
Kaboul en1996. Mais latentationtalibane
de M. Karza nest jamais alle trs loin,
vitecontrarieparcequil voit demanipu-
lations trangres, en particulier pakista-
naise, autour du nouveau pouvoir. Aussi
devient-il unopposant.
Les Amricains lont bien sr repr et
le glissent dans leur jeu quand ils com-
mencent, aprs le 11-Septembre, assem-
bler les forces voues renverser le rgi-
me hte dOussama Ben Laden. En octo-
bre, Hamid Karza sintroduit moto en
Afghanistanavec une poigne dacolytes.
Il rve de soulever le Sudpachtoune. Il est
muni dun tlphone satellite de la CIA,
avec pour consigne dappeler la premi-
redifficult. Uncommandodesforcessp-
ciales amricaines ne tarde pas le rejoin-
dre. Et, au fil de lquipe, des chefs tri-
bauxfont allgeanceHamidKarza dont
le statut de chef du clan des Popalzai
depuis lassassinat de son pre par les
talibans en 1999 lui vaut une certaine
notorit. La petite troupe finit par obte-
nir la redditionde Kandahar.
Au mme moment, Bonn, une table
ronde de factions afghanes jette les bases
de lAfghanistan post-taliban. M. Karza
est dsign prsident par intrim. Les
Amricains en ont dcid ainsi. Il cumule
les atouts: il est unmodr, unPachtoune
de sang royal de surcrot et il est accep-
tpar les Tadjiks duNord. Quant auPakis-
tan, il y consent.
Karza, lhomme providentiel la
toque dastrakanet aucafetanvert-violet.
Son rgne commence dans leuphorie.
Puis les choses se gtent. Les Amricains
se dtournent de Kaboul pour Bagdad, les
petits seigneurs de la guerre reviennent,
lacacophonieembrouillelactioninterna-
tionale, les talibans se rveillent partir
du Pakistan. M. Karza peine imposer
son gouvernement central. On le moque
comme le maire de Kaboul .
S
i George Bushle gratifie dune visio-
confrence hebdomadaire, Barack
Obama, qui sinquitedune rechute
afghane, le snobe ds son entre en fonc-
tions. Etcommenceexplorerdesalterna-
tives. Le scrutin prsidentiel de 2009,
mailldefraudes, oleprsident sortant
est accul par Washington accepter un
second tour, marque la rupture.
HamidKarza levit commeuneinsuppor-
table trahison.
Ds lors, il consacre lessentiel de son
nergie survivre , commente Anwar
ul-Haq Ahadi, son ex-ministre des finan-
ces. Il loigne les technocrates, ces poids
lgers, et sentoure de durs, islamistes du
Hezb-e-Islami ou ex-seigneurs de la
guerredetoutesethnies. Quimportesi les
Occidentauxfont la moue.
Simultanment, Hamid Karza prche
avec ferveur la rconciliationavec les tali-
bans, quil appelle ses frres, et nargue
les Amricains, dont il ne veut plus tre la
marionnette. Il rve dentrer dans lhis-
toire en hros patriote ayant runifi son
pays subverti par les ingrences trang-
res. Il na pas dautre hritage possible
que celui de la paix, dcode lanalyste
Harun Mir. Mais cette paix se refuse,
introuvable. Ce nest pas simplement la
tragdie de lAfghanistan. Cest aussi celle
dHamid Karza, idole meurtrie qui aime-
rait tant se rinventer dans un combat de
lgende. p
portrait
Depuislescrutinde2009,
HamidKarza nargue
lesAmricains,
dontil neveutplustre
lamarionnette
HamidKarza Lerve
afghanbris
Hamid Karza, dans son
palais prsidentiel,
Kaboul, le 7dcembre 2013.
JOHNWENDLE POUR LE MONDE
Frdric Bobin
En2002, lhommelatoquedastrakan
incarnait lesespoirsdunpays libre
et pacifi. Douzeansplustard, leprsident
rebelle, qui nesereprsenterapasle5avril,
laisseunpaysexsangue, sous lamenacedes
talibans, cimetiredes illusionsoccidentales
20
0123
Jeudi 3 avril 2014
Socit ditrice duMonde SA
Prsident dudirectoire, directeur de lapublication Louis Dreyfus
Directricedu Monde, membre dudirectoire, directrice des rdactions Natalie Nougayrde
Directeur dlgu des rdactions Vincent Giret
Directeur adjoint des rdactions Michel Guerrin
Directeurs ditoriaux GrardCourtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann
Rdacteurs enchef ArnaudLeparmentier, Ccile Prieur, Nabil Wakim
Rdactriceenchef MLe magazine duMondeMarie-Pierre Lannelongue
Rdactriceenchef dition abonns duMonde.fr Franoise Tovo
Rdacteurs enchef adjoints Franois Bougon, Vincent Fagot, Nathaniel Herzberg, Damien Leloup
Chefs de service Christophe Chtelot (International), Luc Bronner (France), Virginie Malingre
(Economie), Aurliano Tonet (Culture)
Rdacteurs enchef dveloppement ditorial Julien Laroche-Joubert (Innovations Web),
Didier Pourquery (Diversifications, Evnements, Partenariats)
Chef dditionChristian Massol
Directeur artistique Aris Papathodorou
PhotographieNicolas Jimenez
Infographie Eric Bziat
Mdiateur Pascal Galinier
Secrtairegnrale du groupe Catherine Joly
Secrtairegnrale de la rdactionChristine Laget
Conseil de surveillance Pierre Berg, prsident. Gilles van Kote, vice-prsident
B
ravo. Nous disons bravoauxpetits gnies
deBercy, qui parviennent neriendon-
ner, oupresque, auxmarchs financiers.
En2013, lEtat napayque 51milliards deuros
dintrts sur unedette de1925milliards deu-
ros, rvlelInseedans sanotedulundi 31mars.
Soit untauxmoyende 2,7%. Bercynous a
remoulinle chiffre et tombe sur 3,2%. Peu
importe: Aceprix-l, cest lemoment de sen-
detter! , titreraient nos hebdomadairesdans
leurs lgendaires supplments immobiliers.
Revenons vingt ans enarrire, quand
EdouardBalladur succdait Pierre Brgovoy
pendant la rcessionde 1993. La France payait
lpoque 8,7%dintrts. Si ce tauxprvalait
aujourdhui, la France aurait verser prs de
120milliards deuros dintrts annuels. Pres-
que trois fois plus quaujourdhui. Prs de trois
fois le montant des conomies dupacte de res-
ponsabilitque Franois Hollande se montre
incapablede mettre enuvre.
Nous disons surtout merci auxmarchs
financiers et la Banque centrale europenne,
qui nous gratifient de tauxdintrt si bas.
Curieuxdiscours hexagonal, olonfustige
une hypothtiquedflationtout ensenfrot-
tant les mains pour continuer de faire mar-
cher la planche billets. Car la nouvelle de lun-
di, ce ntait pas la nominationde Manuel
Valls Matignonni lallocutiontlvise du
prsident avec une ralisationtlvisuelle
digne de lORTF. Non, ctait la fameuse note
de lInsee qui fait le point de lanne 2013.
La dette a atteint unnouveaurecordde
93,5%duproduit intrieur brut et les dficits
4,3%. Les dpenses de lEtat nont pas diminu,
contrairement audiscours de rigueur de Hol-
lande qui avait vendu 10milliards deuros
dconomies. Enralit, les dpenses ont aug-
mentde 23,5milliards deuros, 1 176mil-
liards deuros. Elles atteignent le recordde
57,1%duPIB.
La France continuedonc de driver inexora-
blement, endpit des hausses bienrelles
(20,6milliards deuros) des impts, qui attei-
gnent dsormais 45,9%duPIB. Bref, les efforts
des Franais ne se traduisent pas dans les rsul-
tats. Conjugus avec lenvole duchmage, les
ingrdients taient l pour nourrir la rvolte
fiscalede lautomnedernier et saper le consen-
tement limpt.
Il y a quelques mois, Jean-PierreChevne-
ment confiait quil faudrait parvenir undia-
gnostic partag sur les msaventures de la
zoneeurodepuis le trait de Maastricht. Onen
est loin. Le bonsens franais dnoncedeux
dcennies daustrit, de politiquerestrictive
de la Bundesbanktransforme enBCE. De
lautre ct duRhin, unautre discours pr-
vaut, celui dulaxisme et de largent facile.
Les chiffres sont implacables: envingt ans,
la dette franaise a t multipliepar cinq,
mais lardoise est reste stable par la magie de
la baisse des taux: 2,1%duPIB, rvle notre
ami de Bercy. La France fait ce qui lui plat, sub-
ventionnepar unloyer de largent ridicule-
ment bas. Onse frotte les yeuxpour trouver
les ravages duthatchrismeoules prtendues
squelles dunJean-Claude Trichet, ancien
patronde la BCE.
Phrase sibylline de Hollande
Aucungouvernement franaisna respect
les critres deMaastricht. DeLionel Jospin, qui
profitapour qualifier laFrancepour leurodela
baissedes tauxet dunversement exceptionnel
deFranceTelecomen1997, Jacques Chirac,
qui fit savoir aprs le 21avril 2002 quil nen
avait riencirerdupactedestabilit, com-
mele confia, afflig, lanciendirecteur dutrsor
Xavier Musca. Sans oublier Nicolas Sarkozy,
dont largument dcisif enjuillet2007 fut de
traiter degros conleministredes finances
allemandPeer Steinbrckqui negobait pas ses
explicationskeynsiennessur lacroissance
quil prtendait aller chercher avec les dents.
Hollandefut plus malin. Aunon deChirac
et aujai raison, tais-toideSarkozy, il prfre-
raleoui, oui, biensr. Mais nenfit qusa
tte. Certes, il vit le profit politiquequil pou-
vait tirer de lapertedutripleAdelaFrancesous
NicolasSarkozy, pour instruireleprocs de
lchecconomiquede sonrival. Il promit ainsi
defaireredescendreles dficits sous labarre
des 3%duPIBen2013tout ensachant quil ne
leferait pas. Pour cela, il et falludpenser
26milliards deuros demoins! Lacommission,
exprienceChirac oblige, prfraaccompagner
lemouvement enexigeant encontrepartiedes
rformes. Elle afini bafouepar lanon-rforme
des retraites deJean-MarcAyrault.
Tout celarisquedecontinuer. FranoisHol-
landeaprononclundi unephrasesibylline
dans sonallocution. Aprs avoir prsentses
pactes deresponsabilitet desolidaritqui pas-
sent par une baissedes dpenses nonmiseen
uvre et des impts nonfinance, il a
appellegouvernement Valls convaincre
lEuropequecette contributionde laFrancela
comptitivitet lacroissancedoit treprise en
comptedans lerespect de ses engagements. La
France, dans songnie, inventelereport perp-
tuel des engagements.
Alors queles modrsduPSont tsanction-
ns (Michel Destot Grenoble, GrardCollomb
enfort recul Lyon), coutons ArnaudMonte-
bourg, qui adcellarbelliondupeuplede
gauche: Avec lechoixde Manuel Valls et dun
gouvernement decombat, nous avons lapossibi-
litde rorienter lEurope. Pour linstant, cest
ellequi nous roriente, dans unsens austritaire
et dogmatiquealors quil nous faut dupragma-
tisme. Attentiondanger! Nophyteencono-
mie, Manuel Valls vasefaireassaillir par les co-
nomisteslaxisto-keynsiensfranais. Vite, un
voyageBerlin. p
leparmentier@lemonde.fr
0123
EUROPE | CHRONI QUE
par Arnaud Leparmentier
EnvoyonsviteVallsBerlin
C
e dixime volume de notre
collectionHistoire&civili-
sations, prsente par Jac-
ques Le Goff, retrace la conqute
de la Mditerrane par Rome aux
III
e
et II
e
sicles av. J.-C., pope
scande par des batailles clbres
et des figures emblmatiques, les
Scipion ct romain, Hannibal,
Viriathe lIbre ou Jugurtha le
Numide ct vaincus.
Cest unmoment essentiel dans
laconstructiondelidentitromai-
ne, justifiparunemissioncivilisa-
trice contre les Barbares. Les trois
guerres puniques, menes contre
Carthage, jourent ce rle de rv-
lateur travers lopposition de
citoyens-soldats patriotes et de
mercenaires cupides et cruels.
Pourtant, Rome et Carthage
taient deux cits aristocratiques
du mme modle, et les paysans
romains durent devenir marins
pour pouvoir attaquer Carthage
en Sicile. Scipion eut le gnie
douvrir des fronts enEspagne, o
Carthage tait installe, et en Afri-
que. La conqute de la pninsule
Ibrique, celledelaGaulemridio-
nale et de lAfrica sont des cons-
quences gopolitiques de la
deuxime guerre punique, de
mmequeles premiresinterven-
tions enOrient.
En Orient, Rome se posa en
dfenseur de la libert des cits et
deleurtraditioncontrelesroishel-
lnistiques. Le royaume sleucide
futvaincu, celui deMacdoineabo-
li et celui de Pergame intgr. Le
philhellnisme de llite romaine
devaitquilibrerleprojethgmo-
nique: ce ntait pas ici un choc
de civilisations! Rome avait pro-
clamlalibertdes Grecs, mais, en
146, la destruction de Corinthe et
celle de Carthage, suivies de celle
de Numance en 132, donnent la
mesure de cet imprialisme, qui
marquelepaysagemditerranen
routes, aqueducs, villes nouvel-
les coloniales aux carrefours stra-
tgiques
Un nouveau modle politique
se construit, celui de la provin-
ce. Une administration romaine
et lapplicationdudroit romainse
superposent aux institutions des
cits et des peuples indignes. Des
fonctionnaires sont nomms
pour percevoir le tribut impos
auxvaincus et exploiter les terres,
mines et forts confisques. On
recourt non plus des indignes,
maisdesItaliens, lestrsimpopu-
laires publicains. Il est vrai que la
conqute avait cot cher Rome
enhommes et enargent. p
Marie-Franoise Baslez,
professeure laSorbonne
Jacques Le Goff est mort mardi 1
er
avril.
Lire pp. 16-17.
BULLETIN DABONNEMENT
A complter et renvoyer : Le Monde - Service Abonnements - A1100 - 62066 Arras Cedex 9
SOCIT DITRICE DU MONDE SA - 80, BOULEVARD AUGUSTE-BLANQUI - 75013 PARIS - 433 891 850 RCS Paris - Capital de 94 610 348,70

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21
0123
Jeudi 3 avril 2014
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DES COMPTES,
LTAT DOIT
FINANCER
MOINS
DE FILMS
LIRE PAGE4
Dficit:
lEurope
refuseun
nouveaudlai
laFrance
LIRE PAGE 5
RACHAT
DESFR:
BOUYGUES
APPELLE
LTAT
INTERVENIR
LIRE PAGE4
Le Don Quichotte
des Ticket Restaurant
Apartir dumercredi 2avril,
lestitresrestaurant seront
dmatrialiss. Loccasionpour
denouveauxentrantsdepntrer
cemarchjuteux. Parmi eux,
Emmanuel Rodriguez-Maroto,
fondateurdeRestoFlash, qui
tentedimposer, faceauxtnors
dumtier, leconcept du
paiement par tlphonemobile.
LIREPAGE2
CofcoNoble
C
e nest quun dbut.
Cofco, le gant chinois
de lagroalimentaire,
vient coup sur coup
demettre la main sur deux
entreprisestrangresdengo-
ce de matires premires
agricoles.
La pnurie de terres arables
contribue rendre cruciale la
scurisation de lapprovision-
nementalimentairedelaRpu-
blique populaire et de ses
1,35milliard dhabitants. Cest
dans ce but que la socit
dEtatCofcoaannoncmercre-
di 2avril avoir conclu la prise
de contrle de 51 % de Noble
Agri, une maisonde ngoce de
Hongkong.
Cre en 1998 par le conglo-
mrat Noble, cette socit pos-
sde directement, outre ses
activitsdecommerce, des raf-
fineries de sucre au Brsil, des
usinesdetriturationdesojaen
Argentine, au Paraguay ou en
Afrique du Sud, des silos de
crales en Ukraine, etc. Elle
ralise 15milliards de dollars
(11milliards deuros) de chiffre
daffaires.
Cette prise de contrle,
conclue auprixde 1,5milliardde
dollars pays comptant, inter-
vient moins de cinq semaines
aprs le rachat par Cofco de 51 %
dunerlandaisNidera. BasRot-
terdam, il ralise 17milliards de
dollarsdechiffredaffairesetpos-
sdedesolidespositionsdansles
crales enAmrique duSud, en
Russieet EuropedelEst.
Apptit insatiable
Car cest bienlaccs auxmar-
chs producteurs et une plus
grande visibilit sur les prix des
matires premires agricoles
que recherche Cofco. Davantage
que la constitution dun groupe
en tant que tel. Dans ce cas, il
naurait pas limit ses prises de
contrle 51%ducapital.
Cet apptit risque dtre insa-
tiable. En2004, les importations
de soja en Chine ont dpass la
production nationale. Depuis
2011, le pays est importateur net
derizet landernier, lesachatsde
mas, essentiellementamricain,
ont atteint des niveaux record
pourrpondreauxbesoinscrois-
sants de llevage.
Alors que le pouvoir dachat
des Chinois augmente, cette
dpendance exponentielle pr-
occupe Pkin. Onle comprend.
Mais Cofco a beau avoir lEtat
derrirelui, et donc uncarnet de
chques thoriquement illimi-
t, il nepourrapascontrlertout
le commerce mondial des pro-
duits alimentaires. Mme si son
ambitionest tous azimuts.
Le gant public de lagro-
alimentaire est par exemple
djimplantenFrance. Safilia-
le vinicole Great Wall a rachet
un vignoble bordelais, Chteau
de Viaud, ds 2011. Le rapport de
forces est clair, mais un tiage
devratre trouv.
Dans ce jeu de go plantaire,
Cofco devient un poids lourd
incontournable qui aura tou-
jours besoin dallis. Ces parte-
naires dun jour peuvent aussi
tre des concurrents. Comme
Noble, qui conserve 49% des
parts de Noble Agri.
Ou comme Danone, qui a
investi 486millions deuros en
fvrier dans Mengniu, le num-
ro un chinois des produits lai-
tiers. Le franais a dsormais
9,9%du capital de cette socit,
filiale duncertainCofco. p
jacquin@lemonde.fr
Tlvision:
Netflixvise
laFranceen
passant par le
Luxembourg
LIRE PAGE 4
Aluniversit, une vision
de lconomie domine
Troiscentsuniversitaires
sinsurgent contrelemanque
depluralismedansle
recrutement des professeurs.
LIREPAGE6
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Lagardresesparedelamoitidesesmagazines
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j TAUX FRANAIS 10 ANS 2,13 %
L
agardre a tranch. Mercredi matin,
sa branche mdias, Lagardre Active,
a annonc avoir retenu deux repre-
neurs pour ses dix magazines mis en
ventelautomne2013(Psychologies, Be, Pre-
mire, Pariscope, Maison &Travaux, Le Jour-
nal de la maison, Campagne Dcoration,
Mon jardin &Ma maison, Auto Moto et
Union).
Il sagit dunconsortiumformdugroupe
de presse belge Rossel, diteur du Soir
Bruxellesetdjprsentdanslapressequoti-
dienne rgionale franaise, et de Reworld
Media, unnouvel acteur nen2013et poss-
dant sept titres, dont Marie France. Rossel
met la main sur Premire et Psychologies, et
ReworldMediaacquiertleshuitautrestitres.
Le montant de la transaction na pas t
communiqu, ni lesengagementsdesrepre-
neurs, notamment en termes demploi.
Mais, selon plusieurs sources, les offres
reues par Lagardre taient toutes ngati-
ves: anticipant des cots de restructuration
levs, les candidats la reprise lui deman-
daient plusieurs millions deuros pour
acqurir ses titres. Au moins 240salaris
sont concerns par cettereprise.
La victoire de Reworld Media, alli Ros-
sel, tmoigne de lmergence de nouveaux
acteurs dans unsecteur de la presse magazi-
neencrise. Pour cegroupe, les frontirestra-
ditionnellesentrelerdactionnel et lapubli-
cit doivent tre attnues et les marques
mdia se diversifier, notamment dans le-
commerce. p
LIRE PAGE5
J PTROLE 105,73 $ LE BARIL
tGenomic Vision,
spcialise dans les
tests gntiques, a
fait ses premiers pas
enBourse mercredi
tDepuis janvier,
les biotechs cotes
ont vuleur valeur
senvoler de 50%
tEtudes cliniques
soignes, business
planaucarr,
communication
parfaitement
orchestre
Ce succs ne doit
rienauhasard
LIRE PAGE3
tLegroupe cde ses titres lditeur ReworldMedia et aubelge Rossel. Il conserve unedizaine de journaux
j DOW JONES 16533PTS +0,46 %
j EURO-DOLLAR 1,3806
Genomic Visionralise
des tests pour dtecter
les anomalies du
gnome impliques dans
certaines maladies
comme le cancer.
PASIEKA/SPL/PHANIE
Diffusion de la presse magazine
5 %
4,4 %
3,1 %
2 %
2013/2012 2012/2011 2011/2010 2010/2009
Jeudi 3 avril 2014
Cahier du Monde N 21526dat Jeudi 3avril 2014- Ne peut tre vendusparment
DonQuichottecontrelesTicketRestaurant
FondateurdeRestoFlash, Emmanuel Rodriguez-Marotoveut imposerlestitresrepassur tlphonesportables
C
e mercredi 2 avril, Emmanuel
Rodriguez-Maroto savoure son
moment de gloire. Radios et tls
sebousculentpourattraperlhom-
me qui a ouvert le march du titre restau-
rant. Il joue pourtant les modestes dans
son petit bureau parisien au cur du
Marais, deuxpasduBHV. Danscet ancien
atelier de chapelier sest installe lquipe
de Resto Flash, une dizaine de personnes
bien dcides convaincre les salaris de
rgler leur djeuner avec leur tlphone
portable. Une faon de se dmarquer des
concurrents, vieuxdfenseursdelantique
carnet de tickets repas, autoriss depuis ce
mercredi basculer sur la carte de paie-
ment. Un succs, cette dmatrialisation
des traditionnels chques, que la jeune
start-uprevendique.
Nous avons ft cette victoire le jour de
la parution du dcret, le 7mars, relve le
fondateur de RestoFlash, qui a t lundes
artisans, avecsonconcurrentMoneoResto,
de cette ouverture dunmarch trs renta-
ble tenu par quatre oprateurs: Edenred
(ex-Accor Services), Chque Djeuner,
Sodexo et Natixis. Une pre bataille qui a
durdeuxans. Tant ductdes oprateurs
que des pouvoirs publics, tous se souvien-
nentdunngociateurnerveux, tenace, par-
fois encolre, mais toujours la recherche
dunconsensus.
Rien pourtant ne prdisposait cet ing-
nieur volubile, toujours en mouvement,
sintresser auxtitres restaurant. Diplm
de lEcole nationale suprieure de techni-
ques avances (Ensta) en 1992, cet hidalgo
breton de 45ans, se voit tout naturelle-
ment dans la marineimaginer les hlices
du futur. Sa mre est originaire du Morbi-
han, sonpredeTolde.
Pourtant, aprs unpassage sur le porte-
avions Charles-de-Gaulle, il opte pour le
conseil en stratgie: A. T. Kearney, BCG et
Advancy, plutt Madridet Buenos Aires.
Il devient alors unadepte de la rupture
positive, consistant transformer radica-
lement une activit grce auxinnovations
pour lui donner unnouvel lan.
En 2006, quand il rejoint le cabinet de
conseil en stratgie Advancy, il se voit
confier la mission de redynamiser les Tic-
ketsRestaurantchezAccorServices, labran-
che qui gre cette activit dans le groupe
htelier. Il dcouvre alors que 3%des sala-
ris contribuent 70%des profits dAccor.
Il sera rapidement embauch et charg
de rflchir la dmatrialisationdes Tic-
kets Restaurant. Ce projet, frein en inter-
ne, naboutira pas. Il quitte alors le groupe
en 2010, emportant lide et dbauchant
ensuite quatre salaris. Avec lun dentre
eux, David Contour, un centralienaujour-
dhui g de 34 ans, il fonde en 2011 Octo-
plus, une start-upqui veut acclrer la dif-
fusiondupaiement mobile enFrance avec
pour premire application Resto Flash
pour les titres restaurant.
Maisauparavant, enpleinepidmiedu
virus H1N1, il est conquis par unautre pro-
jet, celui de crer un vaporisateur emp-
chant la propagation du virus dune per-
sonne lautre. Il lance alors Virstop, une
start-upphmre. Lide est gniale, ds
que je peux je la reprendrai , affirme celui
qui, aujourdhui, enseigne linnovation
lEcole centrale de Paris, avec pour credo:
ce qui importe nest pas tant davoir une
ide que de la raliser. Dans cet esprit, il a
aussi mont, au dbut des annes 2000,
la demande du gouvernement brsilien,
Investimage, une socit crant des Funci-
ne, des fonds favorisant linvestissement
dfiscalis dans le cinma, limage des
SoficaenFrance.
Cinma, lutte contre les virus, paiement
sur mobile, les ides fusent. Mon mtier
cest dimpulser, lerestejenesais pas faire,
reconnat Emmanuel Rodriguez-Maroto.
Quand jtais chez Accor Services, je le
recevais rgulirement dans mon bureau
pour voir comment avanait son projet de
dmatrialisation. Il fallait le brider car il
partait dans tous les sens, se rappelle Phi-
lippe Bertinchamps, alors son suprieur.
Il abesoinduncontrepoidspermettantde
raliser les oprationset il latrouvaujour-
dhui avec David Contour, ajoute M. Ber-
tinchamps, prsident de Global Prepaid
Exchange, qui vient de participer la nou-
vellelevedefonds deRestoFlash
Heureusementil yaDavid, etnousfonc-
tionnons comme unseul homme, recon-
nat lEspagnol breton. Dun ct les ides,
de lautre leur concrtisation. Notre duo
rassureles investisseurs, ajoute-t-il.
Il dbordednergieetcestcommunica-
tif, maisjelui ai souventditquil pouvaitfai-
re peur, tellement il parle vite, reconnat
Pierre Kosciusko-Morizet, le fondateur de
Price Minister, qui a investi ds le dpart
danssasocit. Sonidemaparulimpide,
on a tous un smartphone, alors pourquoi
sencombrer de papiers? Il ma convaincu
entrentesecondes et cest lepropredes bon-
nes ides, expliquePKM.
Les deux fondateurs dOctoplus ont
donc conuune applicationpour tlpho-
ne portable, allant mme jusqu dposer
unbrevetconcernantlepaiementinstanta-
n. Notresystmedoitmarcherpartouten
unclic. Or, unjour, nous nous sommes ren-
dus compte que cela ne fonctionnait pas
dans le Quick des Champs-Elyses, le signal
ne passait pas au sous-sol. Il nous a fallu
trouver une solution, raconte M. Rodri-
guez-Maroto.
Unefois lesystmeaupoint, RestoFlash
proposeunkit auxrestaurateurs compos
dunsupport enboisetmtal recycl, fabri-
qu en France. Il en va de mme pour le
rcepteur, untlphone portable rcupr
et reconfigur avec lapplicationncessai-
reaupaiement. Voici notreusinedassem-
blage, samuse Emmanuel Rodriguez-
Maroto en montrant les cartons sous les
tables et la vingtaine de tlphones instal-
lssur lesbureauxpour testerlesbatteries.
Tout cela dans une pice o tous tra-
vaillent, des dveloppeurs aux commer-
ciaux, fondateurs compris. Friandde sym-
boles, il aime donner les explications les
plusvaries. Le8dOctoplusportebonheur
en Asie, tout comme le rouge du pan de
murpeintdanslebureau. Lesdiffrentscer-
cles du logo Resto Flash peuvent symboli-
ser la croissance future. Il imagine une
PME mondiale prsente au Brsil, au
Venezuela, au Mexique en Italie, en Espa-
gne, en Turquie, en Chine. Cette dimen-
sion est dsormais dans tous les projets de
cration dentreprises, relve PKM, la
technologiepermettantdtreprsent par-
tout.
S
i le dveloppement est la hauteur
desonenthousiasme, il faudrarapi-
dement pousser les murs de cet
appartement parisien qui hberge
deuxautresstart-up, lunedanslescosmti-
ques bio, lautre dans le commerce quita-
bledelor.
Du ct des metteurs historiques, la
propositionestregardedehaut. Officielle-
ment, aucun des quatre oprateurs ne se
dit bouscul par ce nouvel entrant, chacun
indiquant avoir une offre de paiement par
mobiledans ses cartons. Sans que ce soit la
priorit. Si dans le 8
e
arrondissement de
Paris une telle offre peut convenir, ce nest
paslecaspartoutenFrance, cartoutlemon-
de nest pas quip de smartphone, estime
Jacques Stern, PDGdEdenred. Nous prf-
rons dvelopper la carte, car tous les com-
merants sont quips de terminaux de
paiement. Cest lemeilleur moyendavoir le
rseau le plus tendu. De son ct, Anna
Notarianni, directrice gnrale de Sodexo
en charge des Chques Restaurant, ajoute
la mfiance face au paiement par tlpho-
ne: Quandonproposeles deuxoffres por-
table et carte, la plupart des DRH disent je
veux que a marche, or, dans linconscient
collectif, la carte prsente une meilleure
scurit contre la fraude que le portable.
Quant Stephan Dixmier, directeur gn-
raldeNatixisIntertitres, il prfreunevo-
lutionplutt quune rvolution.
Des arguments balays dun revers de
mainparcepassionn, toutsadmonstra-
tion, mais bien conscient de lampleur du
dfi. Nous attaquons par la face nord,
assure Emmanuel Rodriguez-Maroto. Res-
te savoir si son avance sera suffisante.
Confiant, il estimequeles grandes structu-
ressadaptentmoinsvitequelespetites. Il
est prt aller jusquau bout , prvient
JeanLeCorreundeses amis, consultant au
BCG, Cest sonct espagnol, unDonQui-
chotte, qui se bat contre les grands moulins
que sont les oprateurs enplace, ajoute-t-il.
Et en plus ce nest pas pour lui dplaire.
Normal, cest sonhros prfr. p
Dominique Gallois
pleincadre
RIEN NE
PRDISPOSAIT
CET INGNIEUR
VOLUBILE,
TOUJOURS EN
MOUVEMENT,
SINTRESSER
AUX TITRES
RESTAURANTS
DU CT DES
METTEURS
HISTORIQUES,
LA PROPO-
SITION EST
REGARDE
DE HAUT
Emmanuel
Rodriguez-Maroto
et David Contour,
les deux fondateurs
de Resto Flash,
rglent avec
untlphone
portable dans
unrestaurant
parisien. WILLIAM
BEAUCARDET/PRISMAPIX
Lesnouvellesrglesdutitrerepasdmatrialis
DEPUIS mercredi 2avril, une entre-
prise peut proposer des titres repas
sous forme de chques papier, de
carte personnelle (type carte bancai-
re) oudapplicationsur mobile,
voire tous ces moyens la fois.
Les modalits Quel que soit le
support, les dpenses sont limites
19euros par jour, soit deuxtitres
restaurant. Les oprations seront
interdites le dimanche et les jours
de fte. Cela concerne aujourdhui
3,5millions de personnes, soit 15%
des salaris. Les titres restaurant
sont distribus par 120000entre-
prises et accepts par 160000pro-
fessionnels. Pour 97%des salaris
lutilisant, le titre restaurant est
lavantage le plus intressant aprs
la mutuelle.
SimplificationLentreprise naura
plus besoinde distribuer des car-
nets chaque collaborateur, ni de
compter chaque mois le nombre de
titres qui lui revient. La saisie et la
mise dispositionseront aussi sim-
ples que la gestiondes autres lignes
dubulletinde salaire.
Encas de vol, le salari pourra fai-
re opposition, ce qui ntait pas le
cas pour les titres papier. Le dlai
moyende paiement des restaura-
teurs par les socits mettrices
tait de trois cinqsemaines, il pas-
se quelques jours.
Deux ans de discussions Si ce pas-
sage progressif dupapier aunum-
rique semblelogique, pas moins de
deuxans de ngociations ont t
ncessaires pour aboutir. Car derri-
re cette transformationse cache
une bataille mene par RestoFlash
(smartphone) et MoneoResto(carte
de type bancaire) pour pntrer un
march ferm trs rentable de
5,5milliards deuros, tenupar qua-
tre groupes: Edenred(Ticket Restau-
rant), Sodexo(ChqueRestaurant),
Chque Djeuner et Natixis (Ch-
que de Table). Ces historiques, qui
pratiquent des tests depuis plu-
sieurs mois, passent loffensive et
prsentent aussi leur carte, comme
Apetiz pour Natixis. Dautres opra-
teurs devraient arriver.
Une volution progressive
Le passage autout-lectroniquese
fera de manire progressive, tant
les habitudes sont fortes pour les
tenants des titres papiers. Il a pris
untemps variable selonles pays. En
dix-huit mois, 40%des Belges ont
opt pour la dmatrialisation. En
revanche, depuis trois ans, seuls
12%des Italiens lont choisie.
Les conomiespotentielles
120000litres dencre conomiss
par an, dont 239litres de produits
toxiques, 30tonnes de matires
plastiques, 15500tonnes de papier
pour imprimer les titres restau-
rants, sans parler des 8000tonnes
de CO
2
rejets dans latmosphre
par les camions acheminant les
carnets vers les sites: telles sont les
estimations calcules par Resto
Flashpour convaincre des avanta-
ges cologiques dupassage du
papier aunumrique. p
D. G.
2
0123
Jeudi 3 avril 2014
conomie &entreprise
D
ans cet lgant restaurant
de lavenue des Champs-
Elyses, une vingtaine de
convives fixent le mur sur lequel
est projet llgant profil en noir
et blanc dAngelina Jolie. Une
reproduction de la une consa-
cre, en mai 2013, par le magazine
Time lactrice amricaine et sa
doubleablationdesseins, uneop-
ration destine prvenir un ris-
que lev de cancer.
Lorateur du jour est le docteur
Aaron, fondateur de Genomic
Vision, une start-upfranaise sp-
cialise dans les tests gntiques
dontlatechnologiedoit permettre
de mieux dtecter les anomalies
dugnomeimpliquesdanscertai-
nes maladies, et de mieux identi-
fier les populations risque. Il
compte bien surfer sur leffet
Angelina Jolie pour convaincre
sonpublicdanalystesetdejourna-
listes de miser sur sa socit.
Pari gagn. Genomic Vision a
fait ses dbuts mercredi 2avril la
Bourse de Paris. Les premires
actions se sont arraches, avec
prsdecinqfoisplusdedemandes
que de titres vendre. Leur prix
dintroductionatfix15euros,
valorisant la socit 64millions
deuros. Unjackpot pour cette bio-
tech comme onappelle les start-
up du secteur de la sant fonde
il y a dixans mais qui na encore
jamais gagn uncentime!
Largent lev servira financer
le dveloppement de sa technolo-
gie baptisepeignagemolculai-
requi suscitebeaucoupdespoirs
chez les mdecins et les patients.
Mais rien nest gagn. Le moindre
revers dans les essais cliniques ou
ppin lors de lhomologation du
test par les agences de sant peut
mettre fin cette belle histoire
scientifiqueet industrielle.
Comme Genomic Vision, Onco-
design sest lanc le 2avril. Et dans
les prochains jours, TxCell (thra-
pie cellulaire) et Genticel (vaccins
thrapeutiques), spin off respecti-
vement de lInsermet de lInstitut
Pasteur, ferontleurentresurlapla-
ceparisienne, rejoignantlaquaran-
tainedebiotechs djcotes.
CettecascadedIPOcommeon
appelledanslejargonlesintroduc-
tions en Bourse a pour toile de
fond une envole des cours.
Depuis le 1
er
janvier, lindice Next
Biotech, qui suit les principales
valeurs du secteur, a bondi de
50%! Ce succs ne doit rien au
hasard. Etudes cliniques soignes,
business plan au carr et commu-
nicationparfaitement orchestre:
pour sduire les investisseurs, les
start-up franaises ont adopt les
mthodesdeleursanesamricai-
nes, au point de sduire de puis-
sants fonds outre-Atlantique.
Comment convaincre particu-
lierset fonds dinvestissementsde
miser sur unesocitqui naenco-
re rien vendre, et opre dans un
domaineauquel personneoupres-
que ne comprend rien? Tout len-
jeu dune IPO russie se rsume
cette question. Finie, lpoque du
petit savant foufranais, plaisante
Emmanuel Huynh, cofondateur
deNewCap, uneagencedecommu-
nicationspcialisedans les intro-
ductions en Bourse: on a affaire
des scientifiques qui sont aussi des
managers aguerris, capables de
convaincre avec un business plan
solide.
Aujourdhui, les lettres de
noblessedumanagementfontpar-
tie intgrante de la valeur de la
socit. Fond par un ancien de
Novartis, Genticel qui dveloppe
un vaccin thrapeutique contre le
cancer ducol delutrussappuie
sur un docteur qui a particip au
dveloppement du Taxotere, lan-
ticancreux phare de Sanofi, et
unegyncologuerputequi atra-
vaill lAgence europenne des
mdicaments. Lesdirigeantsbn-
ficient aussi de la caution dun
conseil scientifique de haut vol,
dont une Amricaine qui a dj
conduitdesessaissurlesdeuxvac-
cins prventifs commercialiss.
Mmestratgiedenamedrop-
ping pour Genomic Vision, qui a
le soutien du clbre pdiatre et
gnticien Arnold Munnich et du
Prix Nobel de mdecine Paul Nur-
se. Il ne sagit pas de faire de la
retape, maisdtrecrdibles, insis-
te Emmanuel Huynh, qui prcise
que les intervenants nont aucun
intrt financier dans laffaire.
Autregagederespectabilit: les
biotechs sadossent des fonds de
capital-risque spcialiss dans les
sciencesdelavie, commeSofinno-
va, Auriga ou Truffle Capital. La
prsence de la banque publique
dinvestissement BPIfrance, qui a
des tickets dans plusieurs socits
comme Genticel et TxCell, est aus-
si vue comme unplus. Lensemble
est cautionn par les analystes.
Pourvaluerdessocits, lanalyse
desdonnescliniquesestprimordia-
le. Avec le temps, on apprend
reconnatre les chausse-trappes,
explique Rodolphe Besserve, ban-
quier spcialis dans les biotechs
laSocitgnrale.
Consquence de cette profes-
sionnalisation: la biotech est le
nouvel eldorado des investisseurs.
AuxEtats-Unis, les trente-sept bio-
techsintroduitesenBourseen2013
ont lev 2,7milliards de dollars
(1,95milliard deuros). Du jamais-
vu! Dans le mme temps, lindice
NasdaqBiotechnologya flamb de
60%. Aux Etats-Unis, les mon-
tants levs varient entre 100 et
200millions deuros, contre 15
30millions en France, prcise
RodolpheBesserve.
Selonlui, une mini-bulle sest
forme outre-Atlantique, ce qui
explique que les fonds amricains
viennent chercher les bonnes affai-
resenFrance, devenuelemarchde
rfrencepourlesbiotechsenEuro-
peavecdesniveauxdevalorisation
deuxtrois fois moins levs.
Une euphorie laquelle partici-
pent aussi les petits porteurs. Les
Franais ont toujours aim investir
dans les grands projets. Au XIX
e
si-
cle, ilssemballaientpourlecanal de
Suez, souligne Pierre-Olivier Goi-
neau, cofondateurdErytechet pr-
sident de lassociation profession-
nelleFranceBiotech.
Et les banques savent se mon-
trer raisonnables. Les analystes
veillent ce que le prix dintroduc-
tionlaisseunemargedeplus-value
aux investisseurs, souligne Alain
Lostis, qui conseille de nombreu-
ses biotechs. Ensuite, les dirigeants
doivent veiller communiquer sur
leurs avances, car le doute est le
pire ennemi dusecteur.
Dansnotresecteur, lesrsultats
financiers ne disent pas grand-cho-
se. Ce qui intresse les investisseurs,
cest laconsommationdecash, et le
newsflow [flux de rsultats
scientifiques] , assure Philippe
Archinard, leDGdeTransgne, une
biotechpositionne sur le crneau
trs la mode de limmunothra-
pie. Lavenir de cette socit
entre en Bourse en 1998 est
aujourdhui suspendulasignatu-
re dun accord avec le laboratoire
suisse Novartis. Un jackpot poten-
tiel de 507millions deurosp
Chlo Hecketsweiler
Le fondateur de Genomic Vision, spcialise dans les tests de dtectiondanomalies dugnome impliques
dans certaines maladies, compte surfer sur leffet Angelina Jolie pour promouvoir sa start-up. AP
INCONNUEdugrandpublic, Nano-
biotix, start-upspcialise dans la
nanomdecine, est pourtant lune
des stars de la Bourse de Paris
depuis sonintroductionen2012.
Soncours a flamb de prs de
200%depuis le dbut de lanne!
Aloriginede cettehaussespec-
taculaire, uneexcellentenouvelle
pour les investisseurs: sonproduit
phare, baptisNBTXR3, devrait
trecommercialisds 2016, au
lieude2017, avec unchiffredaffai-
res potentiel de50millions deu-
ros ds lapremireanne, selon
les analystesde Gilbert Dupont.
Lenthousiasmedes marchs
est la mesure de la rvolution
annonce par Nanobiotixdans les
traitements de certains cancers.
Sur les cancers des tissus mous
(muscles, tissus adipeux), les radio-
thrapies classiques nagissent de
faonoptimale que dans 10%des
cas environ, indique Laurent
Levy, cofondateur de la socit
il y a dixans.
Notre technologie consiste
injecter directement dans la
tumeur des nanoparticules qui
vont absorber les rayons Xet
dmultiplier localement leur puis-
sance. Objectif : dtruire avec
davantagedefficacitles cellules
cancreuses sans avoir changer
la dose de radiothrapiedonne
auxpatients.
Les premiers tests de scurit
ayant t passs haut la main, un
essai clinique devrait dmarrer
ds la finde lanne. Si tout se pas-
se bien, sonefficacit sur dautres
maladies cancer dufoie et de la
prostate, tumeur aucerveau
sera rapidement teste.
Alheure olonne parle plus
que de mdecine personnalise,
cette approche alimmense avan-
tage dtre gnralisabletous les
patients, souligneLaurent Levy,
qui cible dans unpremier temps
2millions de patients sur les
14millions de cas de cancers dans
le monde.
Les analystes estiment que son
traitement pourrait tre commer-
cialis entre 10000et
20000euros par patient. Une
affaire faceauxnouvelles mol-
cules mises sur le march par les
grands laboratoires, dont le prix
peut atteindre 80000euros.
Depuis ses dbuts, Nanobiotix
a lev 60millions deuros, dont
24millions lors dune augmenta-
tionde capital enmars. Prochaine
tape: les Etats-Unis. Nous com-
menons faire des road-shows
pour duquer le march, souli-
gne Laurent Levy, qui compte
biengalement signer unpartena-
riat outre-Atlantiquepour dve-
lopper sonpresqueclbre
NBTXR3. p
C. Hr
L
e rve amricaindevient ra-
litpourStallergenes. Lelabo-
ratoire franais spcialis
dans le traitement des allergies a
obtenu, mardi 1
er
avril, le feu vert
delagenceamricainedumdica-
ment, la FDA, pour commerciali-
ser son Oralair. Ce mdicament,
qui se prsente sous la forme dun
comprim laisser se dissoudre
souslalangue, apourbutdedsen-
sibiliser les patientsallergiquesau
pollende gramines.
Stallergenes commercialise
djsescomprimsdansuneving-
taine de pays, dont la France
depuis 2012. Mais son entre aux
Etats-Unis, premier march phar-
maceutique au monde, est une
tape majeure pour le groupe, a
soulign son nouveau directeur
gnral, ChristianChavy.
Lallergieauxgraminesconcer-
ne 30millions de patients outre-
Atlantique. Seuls 5%des patients
tous allergnes confondus sui-
vent un traitement dimmunoth-
rapie car les injections, seul traite-
ment approuvjusquici auxEtats-
Unis, dissuadent de nombreux
patients qui se contentent de soi-
gner leurs symptmes lors des cri-
ses, indiqueRobertoGradnik, qui
a pilot le dossier.
Oralair cibleles personnespour
lesquels ces traitements sympto-
matiques (antihistaminiques,
corticostrodes) savrent insuf-
fisants. Pour tre efficace, le mdi-
cament doit trepris quotidienne-
ment six mois par an pendant au
moins trois ans.
Stallergenes a confi sa com-
mercialisation aux Etats-Unis
lAmricain Greer, un laboratoire
basenCarolineduNordet spcia-
lis dans les allergies. Laccord lui
rapporterajusqu 120millions de
dollars (87millions deuros), sans
compter les royalties.
Nouveaux entrants
Le prix de vente dOralair aux
Etats-Unis est encours de ngocia-
tionmais il devrait tre suprieur
celui de lEurope, o une cure
annuellecote jusqu700euros,
prciseChristianChavy.
Dans la conqute du march
amricain, Stallergenesest aucou-
de coude avec son concurrent
danois ALK, qui a dvelopp un
comprim similaire (mais qui
nimmunise que contre une seule
gramine), dont lautorisation de
mise sur le march auxEtats-Unis
est imminente.
Stallergenes espre aussi
convaincre mdecins et patients
dutiliser les comprims en routi-
neaveclargumentdelasimplicit
et pour uncot global comparable
aux injections, un march estim
120millions deuros (880mil-
lionsdanslemonde, toutestechno-
logies confondues).
Oralair nest quune premire
tape pour Stallergenes, qui dve-
loppe maintenant sa technologie
pourtraiterdautresallergiesrespi-
ratoires, une affection qui concer-
ne, toutes causes confondues,
entre15%et 20%delapopulation.
Au cur de la prochaine
bataille: lallergieauxacariens, ces
millions de petites btes tapies
dans les moquettes oules matelas
qui empoisonnent la vie des asth-
matiques. Stallergenes dveloppe
un comprim spcifique baptis
Actair, pour dsensibiliser les
patients pour lesquels il nexiste
actuellement aucun traitement.
Un essai clinique est en cours en
Europe, etlestestspourraientcom-
mencer aux Etats-Unis la fin de
lanne.
Lensemble des comprims
sont produits Antony(Hauts-de-
Seine), le pollen utilis pour pro-
duireleprincipeactif tant rcolt
dans le Loiret, Amilly. Le groupe
devrait dcider cette anne dun
ventuel agrandissement du site
oudune nouvelle implantation.
Crneau trs porteur, le busi-
nessdelallergieattireaussi denou-
veauxentrants, commelebritanni-
queCircassia. Lorsdesonintroduc-
tionenBourse, cette biotecha lev
mi-mars 330millions de dollars
(un record en Europe dans ce sec-
teur!) pour financer le dveloppe-
mentdevaccinsqui rduquent
le systme immunitaire des per-
sonnes allergiques pour le rendre
tolrant aux allergnes courants.
Une technologie que Stallergenes
regarde trs attentivement. p
C. Hr
Unemini-bulle
sestforme
outre-Atlantique,
cequi expliqueque
lesfondsamricains
viennentchercher
lesbonnesaffaires
enFrance
Unsecteur qui joue parfois
sur lmotion
Lesbiotechsfranaises, starsdelaBourse
GenomicVision, start-upspcialisedanslestestsgntiques, afait sesdbutsmercredi sur laplaceparisienne
Nanobiotix, leroi delananomdecine
LechampionfranaisdelaluttecontrelesallergiesdbarqueauxEtats-Unis
Stallergenes aobtenulefeuvert des autorits amricaines pour commercialiser soncomprimdedsensibilisationaupollendegramines
Emouvoir le petit porteur. Rien
de plus facile dans un secteur
qui surfe sur les maladies incura-
bles. Des socits comme Med-
tech, en novembre2013, ou The-
radiag, en dcembre2012, ont
puboucler leur opration en fai-
sant un large appel aux petits
porteurs qui ont apport plus de
50%des montants levs. Les
oprations peusuivies par les ins-
titutionnels et dont le succs
repose sur la demande des petits
porteurs au-del des 10%qui
sont rservs cette tranche
doivent parfois alerter sur la cr-
dibilit du projet sous-jacent,
insiste Rodolphe Besserve,
analyste la Socit gnrale.
3
0123
Jeudi 3 avril 2014
S
i les administrateurs de
Vivendi navaient pas encore
en tte une analyse prcise
des offres de Numericable et
Bouygues sur loprateur mobile
SFR, le groupede BTPsenest char-
g. Adeux jours duconseil de sur-
veillance de Vivendi, vendredi
4avril, le challenger a, selon nos
informations, adressmercredi au
groupe de mdia et tlcoms un
document qui compare point par
point les offres des deuxcamps.
Dans un communiqu,
Bouygues prcise que, pour
rpondre aux souhaits de certains
actionnaires de Vivendi , il main-
tienteneffetsesdeuxoffres, dpo-
ses le 12 et le 20 mars, la seconde
offrant plus de cash et moins de
titres que la premire.
Inutile de prciser que, selon
Bouygues, sonprojet est plus int-
ressant que celui de son concur-
rent. Dautant que, pourlapremi-
refois, leprtendantpointeunobs-
tacle rglementaire qui pourrait
fragiliser la candidaturede Nume-
ricable.
Selon Bouygues, le rachat de
SFRpar le cblo-oprateur, dtenu
par le luxembourgeois Altice,
devrait tomber sous le coup de la
rglementation sur les secteurs
stratgiques, qui permet lEtat de
sopposer un changement du
contrle du capital de certaines
entreprises franaises et ncessi-
ter, cetitre, uneautorisationpra-
lable de Bercy.
En2005, aprslafausseattaque
sur Danone par Pepsi, la France
avaitmusclsonarsenal rglemen-
taire afin de protger les secteurs
ditssensiblesdesprdateurstran-
gers. LEurope tait intervenue
pour que les entreprises de lespa-
ce communautaire soient moins
entraves dans leurs acquisitions
en France que les autres, mais
Paris na pas cd, conservant son
droit de regard sur tout rachat
concernant des activits exerces
par les entreprises dpositaires de
secrets de dfense nationale,
selonunarticleducodemontaire
et financier.
Secret dfense
Cest loin dtre une formalit.
Compte tenu des alliages stratgi-
ques fabriqus par Pechiney, le
rachat dugant delaluminiumen
2003 par le canadien Alcan avait
ainsi t examin de prs par le
ministre de la Dfense.
Et quand Cegelec avait t
reprisen2009par unfondsqatari,
lEtat franais stait pench sur la
transaction, compte tenu des acti-
vits dentretien de centrales
nuclairespratiquesparlespcia-
liste du gnie lectrique. Quant
loprateur de satellite Eutelsat,
lentre au capital en 2004 de
fonds dinvestissement amri-
cains avaient suscit lmoi au
seindugouvernement franais. La
lgislation anti-OPA nexistait
alors pas, mais les fonds ntaient
pas rests longtemps.
Ces lgislations protectrices
existent dans tous les pays du
monde. Aux Etats-Unis, les efforts
dEDF pour mettre la main sur les
centrales nuclaires de Constella-
tiontaient contraints par la lgis-
lation CFIUS, qui interdit un
tranger de prendre la majorit
dun oprateur de centrales
nuclaires. Lors de la fusion en
2006 entre Alcatel et Lucent, le
prestigieux laboratoire de recher-
chedelamricain, les Bell Labs,
avait bnfici dunstatut part.
Loprateur de tlcoms SFR
pourrait rentrer dans cette catgo-
rie dentreprises dites sensibles
comptetenudesactivitsdinter-
ceptiontlphoniques de scurit
pratiquespar touslesoprateurs.
Mais aussi de limportance vitale
des infrastructures mobiles pour
la scurit du territoire, une va-
luation qui par dfinition ne rel-
ve pas de critres publics: la liste
de ces quipements civils ou mili-
taires jugs dimportance vitale
par la dfense et donc assortis de
mesures de protection particuli-
res enliaisonavecles prfets, reste
couvertepar le secret dfense.
Dans le cas des interceptions
tlphoniques, cela concerne des
personnels habilits secret dfen-
se qui se chargent de mettre sur
couteouderelever les communi-
cations des personnes suspectes
dactivits terroristes ou de grand
banditisme. Desactivitsqui pour-
raient facilement treisoles pour
assurer une gouvernance corres-
pondant aux exigences de scuri-
t des pouvoirs publics.
Les infrastructures sont plus
compliques grer part, car il
sagit du cur mme de lopra-
teur. Cest entout casunpavdans
la mare que Bouygues jette alors
quelespouvoirspublics, dArnaud
Montebourg, lex-ministre du
redressement productif, Emma-
nuel Macron, secrtaire gnral
adjoint de lElyse, affichent leur
prfrence pour Bouygues. Si elle
se confirme, lanalyse de
Bouyguesdevrait leurdonner tou-
te lgitimit pour intervenir. p
SarahBelouezzane,
Isabelle Chaperon
etCdric Pietralunga
SFR: Bouyguesinvoqueunobstacle
rglementairepourfragiliserNumericable
LegroupedeBTPpointelaloi sur laprotectiondes secteurs sensibles
C
ette fois-ci, on na pas fait
laddition, sourit un
conseiller de la Cour des
comptes. Comprendre: il nest pas
question de chiffres chocs sur le
cot du cinma franais dans le
rapport que linstitution de la
RueCambon a rendu public mer-
credi 2avril. Son titre, aux accents
modestes Les soutiens la pro-
duction cinmatographique et
audiovisuelle. Des changements
ncessaires, est lpourenattes-
ter.
Dans une version non acheve
du rapport, dont Le Journal du
dimanche avait publi des
extraits, le 8dcembre 2013, la
Courdes comptesavait aucontrai-
re agit la facture, et calcul que
leffort publicenfaveur ducin-
ma et de laudiovisuel slve
1,6milliard deuros. Trop dar-
gent auregarddelarentabilitdes
films, tel tait le verdict.
Ce chiffrage, contest par les
professionnels du cinma, avait
t obtenu en additionnant des
donnes diverses, telles que les
taxes prleves sur les diffuseurs,
et affectes au Centre national du
cinma et de limage anime
(CNC), mais aussi les aides des
rgions, les crdits dimpt, etc.
Danslerapportdfinitifet dul-
cor de la Cour des comptes, le ton
estplusnuanc. Etlecinmanette-
ment plus pargn que laudiovi-
suel.
Il faut dire que le secteur du
cinma franais nen finit pas
dtre auscult, aprs les rapports
de Pierre Lescure (mai 2013) et de
Ren Bonnell (janvier2014) sur le
financement du cinma (et de la
culture) lre numrique.
Pour cette raison, certaines
recommandations de la Cour des
comptes sont dj dans lair du
temps, commecelledeplafonner
la prise en charge par le soutien
public des rmunrations les plus
leves afin de limiter lenvole
des cachets des stars.
Enrevanche, uneautreproposi-
tionbrise un tabou: il faut limiter
la productionde films. Celle-ci est
en hausse quasi constante, avec
209 films dinitiative franaise en
2013(comprenant unemajoritde
capitaux franais), et 270 au total.
Lanne 2014 a toutefois dmarr
avec une baisse duntiers des dos-
siersprsentspour unedemande
dagrment, en janvier et fvrier,
selonle CNC.
Besoin dun coupde balai
Est-ce que lon ne produit pas
trop duvres, lesquelles ensuite
ptissent dune mauvaise exposi-
tion en salles?, sinterrogent les
magistratsdelaCour descomptes.
Le remde propos est radical : il
faut, lavenir, valuer les
besoins du secteur , puis tablir
une trajectoire pluriannuelle des
dpenses duCNC.
Aujourdhui, en schmatisant,
les diffrentes taxes approvision-
nant lebudget duCNCpermettent
deproduireautant defilms, enfai-
sant le pari que certains dentre
euxrencontreront unsuccs com-
mercial, et/ou rvleront de nou-
veaux talents. La Cour des comp-
tes recommande de rduire le
nombre de projets ligibles afin
daugmenter le montant unitaire
pour chacundes projets retenus.
Demme, lesoutiendescollecti-
vits locales doit tre revu: actuel-
lement, laide dune rgion un
filmdclenche automatiquement
le soutien du CNC. Il faut mettre
fin cet abondement automati-
que, au profit dun convention-
nement aucas par casdesprojets
les plus innovants . Le crdit
dimpt domestique? Il na pas
faitsespreuvesentermedereloca-
lisation des films, assurent les
magistrats.
Cebesoinduncoupde balai est
encore plus vif dans le secteur de
laudiovisuel. Commentaire dun
magistrat: Vu la force de frappe
financiredont bnficielesecteur,
le compte ny est pas ! Mme si
des signes de redressement sont
perceptibles, avec de meilleures
performances lexport, cela ne
suffit pas.
En2012, selonlaCourdescomp-
tes, la production audiovisuelle a
mobilisprsde800millionsdeu-
ros dinvestissement des chanes
de tlvision, et 332millions deu-
ros daides publiques. Mais les
leviersonttorientsversunsou-
tien quantitatif la production,
davantagequ la cration.
Pour amliorer la qualit, il
faut consacrer une part plus
importante des aides slectives du
CNC la phase dcriture et de
dveloppement des projets. Il
faut aussi durgence lutter contre
la fabricationde documentaires
bas cot, et resserrer les critres
dedfinition unerformeest en
cours. Toutes ces mesures visent
prserver un modle original,
plutt essouffl, assure-t-on Rue
Cambon. Mais il ne sagit pas de
casser la baraque en petits mor-
ceaux. p
Clarisse Fabre
I
l y a une version on et une ver-
sion off des changes quont
euslesdirigeantsamricainsde
Netflixavec des acteurs de laudio-
visuel franais et la ministre de la
culture Aurlie Filippetti, la semai-
nedu24mars. Selonlaversionon,
raconte une source gouvernemen-
tale, Netflix valancer sonservice de
vidola demande enFrance et on
esprequils sinstallerontParisen
participant au systme franais de
financement de lacration. Dans la
versionoff, ils semblent au contrai-
re prts oprer depuis le Luxem-
bourg, sans obligations.
Les dirigeants de Netflix nont
jamais srieusement envisag de
stablir en France, estime mme
uneautre source. Laquestiondela
ville o sigera le service amri-
cain de vidos par abonnement a
pris une dimension symbolique
forte. Netflixa conquis 33millions
dabonnsauxEtats-Unis avecson
offredefilms et sries. Sinstaller
Parisestdevenusynonymedebon-
ne volont envers la rglementa-
tion franaise, que le gouverne-
ment aimerait voir respecter :
Netflixdoit tre unacteur suppl-
mentairedusystme, pasunpassa-
ger clandestin qui profite sans
abonderlacrationfranaise, pr-
venait ainsi Aurlie Filippetti en
janvier dans Le Journal du diman-
che.
Cette dclaration menaante
trancheavec letonfatalistede cer-
tains interlocuteurs aprs le der-
nier passagedes dirigeants deNet-
flix Paris, o ils ont notamment
rencontr le prsident du Conseil
suprieur de laudiovisuel, Olivier
Schrameck, et des producteurs.
Les nouveaux entrants amri-
cains ont donn limpression
dtre sceptiques sur leur intrt
jouer le jeu de la rglementation
franaise: par exemple, raconte
une source gouvernementale, ils
nont pas sembl vouloir cotiser
au Centre national du cinma,
bien quon leur ait expliqu que
cela leur permettrait en retour de
recevoir des aides sils finanaient
des fictions ou documentaires
franais.
Pour convaincre Netflix, les
pouvoirs publics franais nex-
cluaientpasdeproposerunemodi-
ficationdudcret SMAD, qui rgit
les obligations des services audio-
visuels la demande: lassouplis-
sementdelobligationdepromou-
voir dans son catalogue 60%
duvres europennes et 40%
pour les uvres franaises. Mais
face la ministre, la discussion a
plutt port sur le sens mme du
systme qui contraint galement
lesservicesconsacrer15%deleur
chiffre daffaires des uvres
fabriques par des producteurs
europens. Ils avaient du mal
comprendre lesprit du systme,
raconte un interlocuteur, qui pr-
fre retenir que formellement,
les dirigeants de Netflix se sont
montrscurieux, mmesi ctait
peut-tre de la pure politesse. De
plus, une installation au Luxem-
bourgneserait pasforcmentirr-
versible, plaide ce conseiller.
Il nempche: que se passe-t-il
si la socit amricaine brave les
menaces hexagonales et reste
sourde aux incitations de Paris?
On est dans la merde, rsume
une source gouvernementale. En
effet, un dcret anti-contourne-
mentexiste, maisil nestpasjug
applicable car il ncessite notam-
ment laccordde Bruxelles.
Dsormais, la seule voie possi-
ble est de tenter dagir au niveau
europen, explique un acteur du
secteur. Il faut rendre les services
delaCommissionplus comprhen-
sifs et obtenir une modification de
ladirectiveSMAD, qui rgitlesservi-
ces audiovisuels. Ce sera au mieux
fin 2015 et avec une base politique
incertaine car beaucoup de pays
prfrent un libralisme pur et dur
enmatire culturelle.
Langle dattaque principal de
Paris est de demander lapplica-
tion de la rgulation du pays de
destination, o le service est
consomm, et non plus celle du
pays dorigine. Un principe dj
acquis pour la TVA, a soulign
AurlieFilippetti. Laministredela
culture ou son successeur
devraitinsistersurcetterevendica-
tion vendredi 4 et samedi 5avril
lors du Forum de Chaillot, auquel
sont invits des ministres euro-
pens de la culture.
En parallle, certains acteurs
franais dusecteur rflchissent
des solutions complmentaires:
les producteurs discutent par
exemple de lide de modifier la
chronologie des mdias mais uni-
quement pour les distributeursde
services qui respectent les obliga-
tions de soutien la cration, ce
qui exclurait Netflix ou YouTube.
Ces services vertueux auraient
ainsi le droit de diffuser des films
sans attendre 36 mois aprs leur
sortie en salles, le dlai actuel.
M
me
Filippetti avait, elle aussi, vo-
qu des systmes de bonifica-
tion. Mais offrir des contrepar-
ties sduisantes nest pas vident.
Lide ventuelle de proposer un
meilleur dbit Internet aux servi-
ces de bonne volont est vue com-
me une remise en question du
principe de neutralit du Net .
On ne peut pas donner limpres-
siondefairecommelepouvoirturc
qui bloque YouTube, dit un
conseiller.
En attendant, Netflix discute
avec des producteurs franais, car
il a besoin doffrir des sries et
films nationaux pour sduire un
public qui en est plus friand que
sesvoisins. LarrivedeNetflixest
une opportunit, sans tre non
plus uneldorado, rsumeunpro-
ducteur, notant que les prix
dachat proposs sont bas (labon-
nement devrait lui coter 7euros
par mois). Pour ceproducteur, une
vraiesolutiondavenirrestedefai-
renatreenFranceuneplateforme
alternativede vido la demande,
vieux projet jusquici avort. Les
chanes savent sunir pour rler,
pas pour construire, tacle-t-il. p
Alexis Delcambre
etAlexandre Piquard
conomie &entreprise
Netflixveut
selancerenFrance
vialeLuxembourg
Leserviceamricaindevidopar abonnement
chercheviter larglementationfranaise
LaCourdescomptesconseillelindustrie
ducinmadeproduiremoinsetmieux
Dansunrapport publimercredi, lesmagistratsmilitent aussi
pourunediminutiondelaproductionaudiovisuelle
Langledattaquede
Parisestdedemander
lapplicationde
largulationdupays
dedestination, ole
serviceest consomm
AuxEtats-Unis, la srie amricano-norvgienne Lilyhammer est diffuse enexclusivit sur Netflix. RUBICON TV/SEVENONE INTERNATIONAL
4
0123
Jeudi 3 avril 2014
conomie &entreprise
Sant
7,1millions
Cest le nombre dAmricains qui ont souscrit unecouverture
maladiedans le cadre de la rforme controverse de la sant, sur-
nommeObamacare. Dvoilant ces chiffres mardi 1
er
avril, le
prsident des Etats-Unis, BarackObama, a soulign que la rfor-
me dpassait ainsi ses objectifs, fixs initialement 7millions
dinscrits, et ce malgr les dbuts catastrophiques dusite Inter-
net Healthcare.govenoctobre2013, sur lequel les Amricains
peuvent souscrire une assurance. (AFP.)
SPIRITUEUX
Unnouveaudirecteurgnral
pourBelvdre
Le groupe de spiritueuxBelvdre, connupour sa vodka Sobies-
ki, sonwhiskyWilliamPeel ousa liqueur Marie Brizard, aura un
nouveaudirecteur gnral compter du5mai. Larrive de Jean-
Nol Reynaud, actuel directeur gnral adjoint de Lactalis Euro-
pe, a t annonce, mardi 1
er
avril. Il remplace Krzystof Trylinski,
qui reste administrateur et prsident duconseil dadministra-
tionjusquchance de sonmandat. M. Reynaud, qui a travaill
pour Rmy Cointreau, doit donner unnouveaudpart Belvd-
re. Lentreprise, lourdement endette, a souffert pendant plu-
sieurs annes dunaffrontement violent entre ses cranciers et
ses fondateurs. Il sest achev, finfvrier2013, par la prise de
contrlede Belvdre par ses cranciers, dont Oaktree, qui est
sorti ducapital avec une belle plus-value, enseptembre2013. p
Athnes, Berlin
Correspondants
M
anuel Valls est prvenu:
lEurope nentend pas
accorder de nouveaux
dlais la France pour quelle tien-
ne ses objectifs budgtaires, et
rforme son conomie. Avant
mme la dsignation du nouveau
gouvernement dans lequel
Michel Sapin devient ministre des
finances et des comptes publics, et
Arnaud Montebourg, ministre de
lconomie, du redressement pro-
ductif et du numrique , les res-
ponsables europens ont lanc u-
ne srie davertissements au nou-
veaupremier ministre de Franois
Hollande, en marge dune runion
deministredesfinancesAthnes.
PierreMoscovici, leministresor-
tant de lconomie, tait absent
pour cause de remaniement
Paris. MaisOlli Rehn, lecommissai-
rechargdesaffairesconomiques
et montaires, ne sest pas gn
pourrecadrerparavancetoutchan-
gement de ligne conomique. Sou-
haitant rafrachir les mmoires,
il a rappel que le dlai accord
Paris pour tenir ses engagements
budgtaires europens avait dj
t prolongdeuxfois.
Jai htederecevoirleprogram-
medestabilitet derformesdela
France dici la mi-avril, a-t-il dit,
jugeant essentiel que le pays agis-
se de manire dcisive pour assurer
la soutenabilit de ses finances
publiques long terme, et pour
rsoudre les entraves bien connues
la comptitivit et la croissan-
ce. LaFranceest conscientedeses
engagements, elle adjobtenudu
temps et doit fournir davantage
defforts, a renchri ses cts
Jeroen Dijsselbloem, le prsident
de lEurogroupe. Pour les deux
hommes, Manuel Valls et sonnou-
veau gouvernement doivent tout
fairepour ramener ledficit public
endedes3%duproduitintrieur
brut (PIB) dici la fin2015, comme
convenu en juillet 2013 avec les
autoritsfranaises.
Lesresponsableseuropenssin-
quitent de voir Franois Hollande
lui-mme caresser lide dunnou-
veau dlai, dans la feuille de route
fixlundi soirsonpremierminis-
tre: Le gouvernement aura
convaincrelEuropequecettecontri-
bution la comptitivit, et la
croissancedoit tre prise encompte
dans le respect de nos engage-
ments, a plaid le prsident de la
Rpublique, dans sonintervention
tlviselundi soir.
Sil a confirm son intention de
rduire les dpenses publiques de
50milliards en trois ans, le chef de
l'Etat sest biengard de confirmer
lamoindredatepour unretour des
dficitsendedes3%: Jeneveux
surtout pas fragiliser la croissance
qui repart.
Or les responsables europens
constatent que le dficit franais a
drap lan dernier pour atteindre
4,3%duPIB, contre 3,9%escompt
Bruxelles. Dbutmars, laCommis-
sion europenne a dj demand
augouvernement Ayrault de corri-
ger le tir ds cette anne, enaccl-
rant les coupes dans les dpenses
publiques, et a plac la France sous
surveillancerenforce. Bruxelles
regretteaussi quelercent dlai ne
se soit pas accompagn de rfor-
mes plus profondes du march du
travail, oudes rgimesde retraite.
Trs ferme, lavertissement est
aussi venu dAllemagne de la part
de Sigmar Gabriel. Personnelle-
ment et au nom du Parti social
dmocrate dAllemagne, je te flici-
te de tout cur pour ta nomina-
tion, crit le prsident du SPD
dans un message son cher
Manuel . Mais ds le deuxime
paragraphe, Sigmar Gabriel endos-
se son costume de vice-chancelier
et de ministre de lconomie. Les
dfis auxquels nos pays et lEurope
doivent faire face sont normes. Il
sagit avant tout dans les annes
venir de renforcer les moteurs de la
croissance et de la comptitivit de
lEurope et de veiller ce quil y ait
plus demplois, particulirement
pour les jeunes, dit-il.
On chercherait en vain dans ce
message la moindre allusion un
desserrement des contraintes bud-
gtaires dont pourrait bnficier la
France. Bien au contraire. Pour le
SPD, la seule issue possible passe
par lacomptitivit. Dailleurs, Sig-
mar Gabriel na pas un mot pour
Jean-MarcAyrault et nvoquenul-
lepart lapoursuitedutravail enga-
g. Il semblemmetournerlapage.
Je suis fermement convaincu
quavec toi la tte du gouverne-
ment, laFrancesattaqueraavecsuc-
cs auxdfis venir.
Cettesriedemises engarderis-
quedecrerdestensionsauseindu
nouveaugouvernement, ocertai-
nes personnalits, comme Arnaud
Montebourg, ou Benot Hamon,
nouveau ministre de lducation,
plaident pour un rapport de for-
ceaveclesautoritseuropennes.
Ds mardi, M. Montebourg a
dailleursplaidpourunerorien-
tation de lEurope. Pour linstant,
cest ellequi nous roriente, dans un
sens austritaire et dogmatique
alors quil nous faut du pragmatis-
me. Voil qui promet des semai-
nes detensions avec Bruxelles. p
Frdric Lematre
etPhilippe Ricard
L
agardre a enfin tranch.
Prs de six mois aprs avoir
annonc la mise en vente
dunepartiedesesmagazines(Psy-
chologies, Be, Premire, Pariscope,
Maison&Travaux, Le Journal de la
Maison, Campagne Dcoration,
MonJardin Ma Maison, Auto Moto
et Union), le groupe de mdias a
annonc, mercredi 2avril, quil
retenait loffre de rachat ferme et
irrvocable de deux acheteurs. Il
sagit dugroupe ReworldMedia et
de lditeur belge Rossel, associs
dans unconsortium, 4BMedia.
Le groupe Rossel exploitera le
magazine de cinma Premire et
Psychologies, dont il dtient djla
licence pour la Belgique. Reworld
Media rcuprera les huit autres
titres. Selon Lagardre Active (la
branche mdias du groupe), lof-
fre inclut le transfert de lensemble
des salaris des rdactions et des
fonctions ddies aux titres. Il est
prvuque la transactionsoit rali-
se, auplus tard, le 31 aot.
Faible niveau des offres
PourLagardreActive, cetteta-
pe constitue un soulagement. A
lautomne 2013, son prsident,
Denis Olivennes, a choisi de se
sparer de magazines dont la
taille est insuffisante , pour
conserver une dizaine de titres
qui sont leaders deleur catgorieet
ont une forte capacit de dvelop-
pement numrique (Elle,
Paris Match). Lensemble mis
en vente comprend 240salaris
dont environ 120journalistes et
pse environ 50millions deuros
de chiffre daffaires, dont 15
20millions pour Psychologies,
seul titre vraiment rentable.
Mais des cueils sont apparus.
Dune part, la rsistance des sala-
ris concerns, opposs une ces-
sionsynonymederductionsdef-
fectifs. Dautre part, le faible
niveaudes offres reues.
Selonplusieurs sources, cest en
effet Lagardre qui verserait plu-
sieurs millions deuros aux deux
acqureurs, etnonlinverse. Encau-
se, la brutale dtrioration de la
sant de la presse magazine, dont
lensemble du segment a diminu
de 5,4%en2013. Le dossier ntait
pasgnial, dvoileunacteurdusec-
teur, qui na pas dpos doffre.
Mme pour Psychologies, la dt-
rioration sur les trois dernires
annes est spectaculaire. Le titre
lancparJean-LouisServan-Schrei-
ber, en 1997, a longtemps fait figu-
rede success story.
Dsormais, les transactions
danslesecteur delapressemagazi-
ne anticipent une dette sociale, qui
est le cot venir des restructura-
tions ncessaires pour relancer les
titres , explique Jean-Clment
Texier, banquier conseil. De fait,
les offres retenues par Lagardre
taient toutes ngatives, les candi-
dats lui demandant des montants
allant, selon lAFP, de 5 20mil-
lionsdeuros, pouraiderfinancer
lareprise, enparticulierunplande
dpart des journalistes.
Les journalistes concerns res-
tent trs inquiets. Lundi 31 mars,
ils ont publi un communiqu,
dans lequel ils regrettent de ne
pas avoir t tenus directement au
courant de lensemble des offres
(totales oupartielles), ni davoir t
informs des propositions prcises
des trois derniers repreneurs en
lice. Selon Lagardre, les instan-
ces reprsentatives du personnel
concernes au sein de Lagardre
Active seront prochainement
consultes afin dmettre leur avis
sur lopration.
Atypique
Si Rossel estunacteurtradition-
nel de la presse (Le Soir, en Belgi-
que et, en France, La Voix du Nord,
Nord Eclair, Nord Littoral, Le Cour-
rier picard, LUnion lArdennais,
LEst Eclair et LAisne Nouvelle), le
profil de Reworld Media est atypi-
que. Le jeune groupe, cr dbut
2013 par Pascal Chevalier, possde
dj sept magazines dont Marie
France, rachet pour uneurosym-
bolique auprs du groupe Marie
Claire, dbut 2013, et les titres
grand public dAxel Springer en
France, acquis lt 2013, dont
Gourmandet Tl Magazine, ainsi
quun rseau de distribution aux
caisses des grandes surfaces. Fort
de 40millions deuros de chiffres
daffaires, il emploie au total
170personnes, dont seulement
14journalistes.
Ambitieux (il vise 300millions
deuros de chiffre daffaires en
2017), Pascal Chevalier a une
conception trs large des ressour-
ces qui doivent alimenter ses
marques-mdias: la vente de
presse papier, le numrique, le
hors-mdiamais aussi lecommer-
ceenligne. Il necachepasquil esti-
melasaintefrontireentrepublici-
t et rdactionnel un peu dpas-
se, notamment dans le domaine
de la mode. Ainsi, dans songrou-
pe, on a quasiment fusionn les
rdactions avec les rgies, mais
cest la rdaction qui pilote et
lessentiel pour les lecteursest que
nous gardions notre ton, selon
M. Chevalier.
Ce net-entrepreneur, qui se dit
trs impatient de rencontrer les
quipes, entend btir un groupe
mdiadotduneapprochediff-
rente , qui accompagne le
consommateur jusqu lacte
dachat. Reste savoir jusquo
les journalistes issus de Lagardre
adhreront cette dmarche. p
Al. D. etAl. P.
Dbutmars,
laCommission
adjdemand
augouvernement
Ayraultdecorriger
letirdscetteanne
E
ngrve depuis le 26mars, les
salarisdelaSocitnationa-
le Corse Mditerrane
(SNCM), qui rclamaientdesgaran-
ties sur lavenir de la compagnie
endifficult, ont suspendu, mardi
1
er
avril, leur mouvement.
Nous avons obtenulassurance
que la SNCM ne serait pas mise en
redressement judiciaire dans les
mois venir, et lEtat sest engag
suruncalendrierdefinancementde
nouveaux navires et de recherche
de nouveaux actionnaires, dit
MauricePerrin, dlguCFE-CGC.
Pour mettrefincettenouvelle
grve, aprsunconflit dedixjours
en janvier, Jean-Marc Janaillac, le
PDGde Transdev, qui dtient 66%
de la compagnie, aux cts de
lEtat (25%) et des salaris (9%),
sest engag ne pas demander le
dpt debilandelaSNCM, comme
les syndicats de lentreprise le
souponnaient de vouloir le faire.
LEtat se mobilise
Dansuncourrieradressdiman-
che 30mars Frdric Cuvillier,
ministredlguauxtransports, ce
proche de Franois Hollande assu-
requeriendanslasituationfinan-
ciredelentreprisenejustifiequun
processus [de procdure collective]
soit mis enuvre.
Desonct, M. Cuvillierpromet
dans une lettre envoye lundi
31marsauxsyndicatsquuneru-
nion sur lvolution de lactionna-
riat sera organise dans les semai-
nes prochaineset que, ds pr-
sent, lEtat se mobilise pour trou-
ver, dici la fin de 2014 un action-
nariat industriel portant le redres-
sement de lentreprise.
Ces engagements suffiront-ils
dgager durablement lhorizonde
la compagnie? Depuis des mois,
Veolia Environnement, qui
dtient Transdev parit avec la
Caisse des dpts, soppose la
direction de la socit marseillai-
se, dans laquelle elle dit en priv
ne plus avoir confiance.
Le gant de leauet de la propre-
testimequeleplanderestructura-
tionde la SNCMmis en uvre par
son prsident, Marc Dufour, qui
prvoit la commande de quatre
nouveaux navires, plus rapides et
plus conomes en carburant, une
haussedutempsdetravail etlasup-
pression de 500 postes sur 2600,
serainsuffisant.
Dans un communiqu du
25mars, Transdev indiquait ainsi
que le plan propos par la direc-
tion () entranerait de nouvelles
pertes suprieures 50millions
deuros pour les deux premires
annes de samise enuvre.
Deplus, explique-t-onchezVeo-
lia, la SNCM a t condamne par
Bruxelles rembourser 440mil-
lions deuros daides publiques
indues. Or, la compagnie na pas
lesmoyensdepayerunetellesom-
me, estime la multinationale.
En attendant une issue cet
imbroglio financier, M. Janaillac
sest mis en qute de nouveaux
investisseurspour laSNCM. Lundi
31 mars, il a pour la premire fois
rencontr, Paris, des reprsen-
tants du norvgien SIEM Indus-
tries. Prsent dans les services
ptroliers offshore et le transport
maritime, ceconglomrat semon-
trerait intress par une reprise,
sous certaines conditions, de la
SNCM. Interrog par Le Monde,
Transdev sest refus tout com-
mentaire sur cette rencontre. p
Cdric Pietralunga
Mines BHPBillitonenvisage de se scinder endeux
Legant BHPBillitonenvisagede placer dans uneentitspare
ses activits aluminium, bauxiteet nickel, afinde seconcentrer
sur ses activits les plus rentables, selonlapresseaustralienne.
BHPgarderait lefer, le charbon, leptroleet le cuivre. (AFP.)
Mcanique Le groupe finlandais Metso convoit
Le fabricant cossais de pompes Weir a annonc, mardi 1
er
avril,
avoir propos une fusion lquipementier industriel finlandais
Metso, qui a indiqu tudier cette offre nonsollicite. Lopra-
tionvaloriserait Metso plus de 4milliards deuros.
ConjonctureAccord sur les salaires
Le gouvernement allemandet les syndicats de la fonctionpubli-
quese sont mis daccord, mardi 1
er
avril, sur des hausses de rmu-
nration. Apartir de mars, les agents des services publics rece-
vront une augmentationde 3%(et daumoins 90euros par mois
pour les plus bas salaires), et de 2,4%en2015.
SNCM: lamenacedudpt
debilansloigne, les
salarisarrtentleurgrve
Unnorvgienaouvert des discussions
aveclacompagniedetransport maritime
LEuroperefuseFranoisHollande
unnouveaudlai pourrduireledficit
Michel Sapin, ministredes finances et descomptes publics, seralinterlocuteur deBruxelles
Lensemble mis envente pse environ50millions deuros de chiffre
daffaires, dont 15 20millions pour Psychologies . THOMAS COEX/AFP
Lagardrecdelamoitidesesmagazinesunconsortium
Legrouperetient loffredubelgeRossel et deReworldMedia. Il conservedixtitres dont Elle
5
0123
Jeudi 3 avril 2014
universits&grandes coles
L
enseignement de lconomie
dans les universits est-il
condamn la pense uni-
que? Les rsultats de lenqute,
publie fin mars par lAssociation
franaise dconomie politique
(AFEP), qui regroupe 600cher-
cheurs, sont sans appel : 84,2%des
209recrutements de professeurs
derangA(paroppositionaurangB,
les matres de confrences) par la
voieduconcoursdelagrgationdu
suprieur oudcids par le Conseil
national des universits (CNU),
entre2000 et 2011, sont du mme
courant depenseconomique.
Ce courant dominant (le
mainstream), cest la thorie
noclassiquequi sappuiesurlana-
lysedumarch, rgi par loffreet la
demande, m par des acteurs
rationnels. Ce courant soppose
lhtrodoxie, qui considre les
faits conomiques comme des
faits sociaux et culturels et laisse
place lhistoire de la pense co-
nomique. Cest une approche qui
confronte les dogmes du jour aux
autressciencessociales, sociologie,
ethnologie, psychologie alors
quelemainstreamrestequanti-
tativiste, autrement dit, trs ax
sur les statistiques et les modles
mathmatiques.
La rarfaction des htrodoxes
parmi les professeurs dconomie,
en France, sest accentue partir
de 2006. Entre2000 et 2005, ils
constituaient encore 18% des pro-
motionset sont tombs 5%par la
suite. Soit six nominations sur
120recrutements. Si la tendancese
poursuit, ilsauronttotalementdis-
paru des cohortes dici 2020.
Cest un appauvrissement de la
pense, une rduction une seule
visiondelconomie, trsthorique,
qui na, notamment, pas t capa-
ble de prvoir ni dexpliquer lacrise
actuelle! , estime Nicolas Postel,
de lAFEP. Ce scientifique propose
mme de crer une nouvelle sec-
tion du CNU, baptise Economie
etsocit, poursauvercecourant.
Le corps des matres de conf-
rences est, certes, plus diversifi,
mais celui des professeurs a un
poids prpondrant dans luniver-
sit. Ils sont dcisionnaires cha-
que tape de la carrire des ensei-
gnants-chercheurs. Ce sont eux
qui dirigent les masters, les coles
doctorales, leslaboratoires, qui pr-
sident les jurys de thses et de
concoursdagrgation, composent
les comits de slection de leurs
pairs, supervisent les sections par
discipline du CNU et dcident des
promotions. Deplus, lararfaction
des postes rend la comptition
froce au point quil nest pas rare
de voir entre 60et 80candidats se
disputer unposte.
Philippe Batifoulier, spcialiste
delconomiedelasantaulabora-
toire EconomiX de luniversit
Paris-X-Nanterre, membredesEco-
nomistes Atterrs (un collectif n
en 2010 qui conteste la doctrine
nolibrale et la financiarisation
delconomie), a, en2011, postul
un poste de professeur ouvert par
luniversit duHavre. Le jury local
de slectionla plac numrodeux
parmi une soixantaine de candi-
dats, mais sa qualification au titre
de professeur par la section5 du
CNU (dont relvent les conomis-
tes), qui est unssame indispensa-
blepourtrerecrutpar luniversi-
t, a t rejete.
En effet, le 5septembre 2011,
une voix prs, le CNUlui a prfr
un candidat moins bien plac. Il
ne sest pas dgag de majorit sur
le cas de M. Batifoulier, qui na t
examinqueselondescritresscien-
tifiques, car ses travaux ntaient
notamment pas publis dans des
revues de premier ordre, se sou-
vient Didier Laussel, prsident
lpoque de cette section, qui assu-
re traiter galit les deux appro-
ches orthodoxe ouhtrodoxe.
La bibliomtrie, cest--dire le
nombre et limpact des publica-
tionset descitationsdesarticlesdu
candidat, est dterminante. Les
revues scientifiques sont elles-
mmes savamment classes par le
CNRS en quatre catgories, dont la
plus prestigieuseest nomme1,
voire 1* . On ny trouve que des
revues de pense noclassique. Il
faut publier dans des revues co-
nomtriques que personne ne lit,
alorsquelcrituredunlivre, mme
sil a un retentissement important,
ne compte pour rien, dplore
M. Batifoulier, qui a choisi de
mdiatiser son cas et de le porter
en justice. Dans sa dcision du
28novembre2013, leConseil dEtat
a rejet sa requte en annulation,
estimant que, le formalisme de la
procdure ayant t respect, il
nappartient pas aujuge de contr-
ler lapprciation faite par un jury
de lavaleur des candidats.
Florence Jany-Catrice, de luni-
versit Lille-I, spcialiste reconnue
delconomiesocialeet auteurede
ltudedelAFEP, avcudouloureu-
sementsesdeuxrefusdequalifica-
tionpar le CNU. Vos travaux sont
nis et des sujets comme celui sur
lequel je travaille lconomie des
services la personne nont aucu-
ne reconnaissance ni aucune chan-
ce dtre publis dans les revues de
rang1, a fortiori anglo-saxonnes.
Quant aux autres revues, en raison
de leur mauvais classement, elles
sont moins sollicites par les
auteurs et finissent par sappau-
vrir, constate-t-elle.
M
me
Jany-Catrice est pourtant
rgulirement auditionne pour
son expertise lAssemble natio-
nale, au Conseil conomique,
social et environnemental ou la
Cour des comptes. Produire un
savoir utile aux dcideurs ou la
collectivit naurait donc aucune
valeur auxyeuxdes jurys acadmi-
ques! , sinsurge-t-elle.
En outre, dans les critres pris
en compte par le CNU, lencadre-
ment des tudiants, lactivit den-
seignement, lanimationdunmas-
ter ou les responsabilits prises
dans luniversit sont trs secon-
daires. Lapdagogienecompterait
donc pour presque rien dans la
nominationdunprofesseur?
David Flacher, matre de conf-
rences luniversit Paris-Nord-
XIII, a rcemment chou pour la
cinquime fois au concours de
lagrgation, autre voie daccs au
titre de professeur. Pourtant, ses
tats de services, tant enrecherche
quen enseignement, sont exem-
plaires. Il a remport, en2012, lap-
pel doffres europenpour crer et
piloter, depuis la France, lun des
rares masters Erasmus Mundus,
financs par lUnioneuropenne.
Lopposition entre orthodoxes
et htrodoxes ne se rsume pas
lantagonismegauche-droite, dans
lequel les plus simplistes aime-
raient lenfermer, mais bien une
approche diffrente de la discipli-
ne.
Sensiblecescritiques, laminis-
tre de lenseignement suprieur et
delarecherche, GeneviveFioraso,
a, en octobre2013, confi Pierre-
Cyrille Hautcur, spcialiste de
lhistoire financire et montaire,
une mission danalyse et de
rflexion sur lenseignement de
lconomie, en vue dune rforme.
Sans attendre les rsultats, lAFEP
propose de crer une nouvelle sec-
tion du CNU, Economie et soci-
t pour quilibrer les recrute-
ments.
Dores et dj, 300universitai-
ressontprtssyrallier. Jeparta-
ge le diagnostic de lAFEP mais pas
ses solutions, rpondAlainAyong
LeKama, actuel prsident delasec-
tion5duCNU, successeurdeDidier
Laussel. Je prfre rformer lasec-
tion quen ouvrir une nouvelle. Jai
djcr ungroupe de travail pour
rflchir lintroductiondune plus
grande diversit dans les critres et
revues prises encompte.
Enattendant, quelquesuniversi-
ts ragissent en introduisant des
sciences sociales dans lenseigne-
mentdelconomie. Ainsi, luniver-
sit Paris-Diderot va, en septem-
bre2015, ouvrir une quarantaine
de candidats tris sur dossier une
double licence Sciences conomi-
ques et sociales et Sociologie. Elle
proposera2250heures decours en
trois ans, contre 1 500 pour une
licence classique. Notre objectif
est clairement de concurrencer les
classes prparatoires aux grandes
coles, notamment les khgnes BL,
et dinciter nos tudiantspoursui-
vre en master professionnalisant,
pourquoi pas en apprentissage,
annonce Renauddu Tertre, matre
de confrences charg de ce projet.
Luniversit Lille-I en fait
autant, ds septembre: Cela per-
met des tudiants qui ne souhai-
tent pas se spcialiser trop vite de
suivre un parcours personnalis,
bienencadr, petits effectifs, avec
une dynamique de promotion,
dtaille Anne Fretel, matre de
confrences en sciences conomi-
ques. p
Isabelle Rey-Lefebvre
Avec Aix-Marseille
Universit
je ralise mes rves
www. uni v-amu.fr
Economistes approche
mathmatique
Autres
Economistes
approche
sociale
Historiens
de la pense
conomique
Le recrutement des professeurs dconomie
ALUNIVERSIT, ENTRE 2000 ET 2011, RPARTITION EN %
84,2
15,8
10,5
5,3
SOURCE : ASSOCIATION FRANAISE DCONOMIE POLITIQUE
Profsdconomie: noclassiques1htrodoxes0
Troiscentsuniversitairessinsurgent contrelemanquedepluralismedanslerecrutement et lenseignement
Cestun
appauvrissement
delapense, une
rductionuneseule
visiondelconomie
Nicolas Postel
AFEP
Lescolesdegestionentranesparlecourantdominant
Le parcours dobstacles
pour le titre de professeur
ROCCO
LES COLES DE GESTIONet de
commercene sont, a priori, pas
friandes des conomistes dits
orthodoxes, quelles jugent bien
thoriques et loigns de leur
enseignement. Les travauxortho-
doxes parlent toujours dumar-
ch comme dune entit abstrai-
te: les entreprises, leur logique,
leur culture, leur stratgie, leur his-
toire, leur diversit ensont absen-
tes, estime Olivier Passet, direc-
teur des synthses conomiques
dubureaudtudes Xerfi, conseil
de nombreuses entreprises. Or,
nos coles sont plus demandeuses
dune approche empirique, dco-
nomie applique, de monogra-
phies, que de modles acadmi-
ques qui, mme auxEtats-Unis,
commencent devenir obsoltes.
Lalogiquedune colede com-
merceest diffrentede celledune
universit, renchrit PierreAlary,
qui aenseigndeuxans lESGet
est aujourdhui matredeconf-
rencesluniversitLille-I. Ces co-
les prives sont soucieuses dun
retour de lapart des tudiants, les
cours doivent leur plaire, les intres-
ser. Or, lconomieexpliquepar
des modles mathmatiques les
ennuieet il nyariende tel pour
vider les amphis!
Mais les coles decommerce,
surtout les prestigieuses, soumises
auxclassements internationaux,
ont tendance, pour tenir leur rang,
recruter de trs bons chercheurs,
qui connaissent trs mal lemonde
delentreprise, observe, dans un
entretienlarevueEsprit en
juillet2012, EveChiapello, sociolo-
gue, qui aenseignHECde1994
2013et est dsormais directrice
dtudeslEcoledes hautes tu-
des ensciences sociales.
Conformisme
Ces quantitativistes font untra-
vail trs norm et nesont gure
amens connatrelemondede
lentreprise, ils nont pas le temps
dyaller, dymener des enqutes
qualitativesCettevolutionnest
pas sans poser des questions sur
laccroissement dufossentreensei-
gnement et recherche, sinqui-
te-t-elle. Tout concourt donc cet
alignement sur le courant domi-
nant delapenseconomique:
Les tudiants sous pressioncono-
mique, souvent endetts pour
payer les frais de scolarit, antici-
pent les contraintes dumarchdu
travail, ce qui les pousse auconfor-
mismeLoffrepdagogiqueest
tropfrquemment pensede faon
mimtique, par alignement sur les
programmesconcurrents, dplo-
reM
me
Chiapello. p
I. R.-L.
Les 1700enseignants-cher-
cheurs en conomie, dont 600
sont professeurs (rang A) et
1100matres de confrences
(B), relvent de la section5 du
Conseil national des universits.
Le CNUest divis en 71sections,
par disciplines, dont la 5
e
sint-
resse lconomie et la 6
e
la
gestion. Elle compte 36mem-
bres rpartis en deux collges,
celui des matres de confren-
ces et celui des professeurs.
Chacune se compose de deux
tiers duniversitaires lus, et
duntiers de personnes nom-
mes par le ministre.
Pour devenir matre de confren-
ces, il faut avoir soutenu une th-
se et obtenu un poste. Progres-
ser dans la hirarchie exige dob-
tenir son habilitation diriger
des recherches (HDR), dlivre
par le CNU. Pour tre promupro-
fesseur, deux voies sont ouver-
tes: lagrgation et la voie lon-
gue. Les deux tiers des postes
sont pourvus par le concours
annuel national de lagrgation
dusuprieur. La voie longue est
accessible aux matres de conf-
rences titulaires dune HDR,
avec dix ans danciennet, dont
la candidature a t classe par
une universit qui recrute. Le
CNUcontrle ces nominations
locales a posteriori.
6
0123
Jeudi 3 avril 2014
universits&grandes coles
Ouverture des inscriptions : du 1
er
au 30 avril 2014
Epreuves crites :
19, 20 et 21 aot 2014
22 aot 2014 : preuve doption de la spcialit Archives
Epreuves orales dadmission :
du 27 octobre dbut dcembre 2014
Pendant la priode des inscriptions,
les dossiers de candidature pourront tre obtenus :
Par tlchargement, ou sur demande crite, ou retirs
lInstitut national du patrimoine, 2, rue Vivienne, 75002 Paris
Tl : 01 44 41 16 41, ou au Centre national de la Fonction publique
territoriale, 80, rue de Reuilly, CS 41232, 75578 Paris cedex 12
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INP, 2 rue Vivienne, 75002 Paris www.inp.fr
A
prs les littraires, les scien-
tifiques. Pour sa huitime
dition, lopration Phnix
a dcid douvrir ses procdures
derecrutementnonplusauxseuls
tudiants en lettres et sciences
humaines, mais aussi ceux qui
fontdesmathmatiques, delaphy-
sique ouencore de la biologie.
Cr en 2007, ce dispositif, qui
associe des entreprises onze en
2014 et potentiellement toutes
les universits franaises, a mis en
place une procdure de recrute-
ment spcifique afin de favoriser
lembauche de jeunes dont la for-
mationest trs loigne de postes
plutt dvolus aux profils issus
dcoles de commerce ou ding-
nieurs. Pour y accder, il suffit de
prparer un master2 ou davoir
obtenu son diplme deux ans au
maximumauparavant.
En fait, les scientifiques ont le
mme type de problme que les lit-
traires, souligneBernardDeforge,
coordinateur de lopration Ph-
nixet associchezPwC, uncabinet
deconsultants. Lemondedelentre-
prise ne les recherche pas. Depuis
plusieurs annes, cet ancien pro-
fesseur de grec et ex-doyen de la
facultdelettresdeCaentaitrgu-
lirement contact par lInstitut
de mathmatiques de Jussieu, qui
stonnait que les matheux
soient exclus de Phnix alors que,
comme les littraires, les dbou-
chslespluslogiquespourcestu-
diants sont la recherche ou le pro-
fessorat. Rarement lentreprise.
Mais ds lors, pourquoi, aprs
les scientifiques, ne pas ouvrir ce
programmetousles tudiants?
Avec le risque que les littraires
soient totalement noys dans le
systme. On ma effectivement
dit : Mfie-toi ! Je serai trs vigi-
lant, assureM. Deforge, qui prci-
se que Phnix ne souvrira jamais
aux tudiants qui sont dans des
filires professionnalisantes, de
type conomie, gestionoudroit.
Concrtement, en 2014, vingt-
troispostessont proposs: chef de
produit chez LOral, acheteur
chez Vinci Constructionouencore
responsable logistique chez Leroy
Merlin, les deux dernires recrues
duprogramme Phnix.
Unforumest prvule8avril la
Cit internationale universitaire
deParis. Lestudiantsdoiventpos-
tuler avant le 11 mai minuit
trois postes au maximum. Une
fois slectionns, ils sont recruts
en contrat dure indtermine
(CDI) au niveau cadre. Et suivra
une formation en alternance de
350heureslenvironnementco-
nomiqueet laviedes entreprises
master professionnel mtiers de
lentreprise , dispense par luni-
versit Paris-IV-Sorbonne. Depuis
2011, cette formation est
diplmante.
Au total, depuis 2007, 180jeu-
nes ont t recruts: une titulaire
dun master 2 histoire de lart et
archologie a trouv un poste de
chef de produit chez LOral ; une
diplme de philosophie politi-
queet thiqueest chargedeveille
rglementaire-gestionnaire de
documentation chez Eiffage; ou
encore une titulaire dun master2
recherche en lettres classiques est
aujourdhui auditrice chez PwC. A
lorigine de lOpration Phnix,
PwC se doit de donner lexemple:
il a embauch60candidats.
Mais, au fil des ans, le nombre
dtudiants recruts a beaucoup
fluctu: deplus dunetrentainede
postes au dbut, il est pass qua-
torze en 2012. Les annes qui ont
suivi lacriseont sansdouteunpeu
nui au dveloppement du pro-
gramme. Certaines entrepri-
sesplus touches que dautres en
sont mme sorties. Avec la crise,
jai bien vu quelles recrutaient
moins: cestcemoment-lqueSie-
mensetlaSocitgnralesontpar-
ties, se souvient M. Deforge.
Dautres nauraient sans doute
pasdenfairepartie, commeTha-
les. Uneerreur decasting, eneffet,
car trs tourn vers les mtiers de
lingnierie. Enfin, pour la ses-
sion2014, il alui-mmeprisladci-
sion dexclure Renault. Depuis
trois ans, il ne recrute plus mais
tenait rester partenaire ce qui
navait pas de sens.
Quant aux universits, la situa-
tion est identique. Certaines sont
proactives, comme Paris-IV-Sor-
bonne: autotal, 70desestudiants
ont t recruts depuis 2007.
Dautres moins. Le 27mars, lors de
la runionde prsentationde Ph-
nix dans les locaux de Paris-I-Pan-
thon-Sorbonne, ils ntaient pas
une dizaine dtudiants. Pas vrai-
ment une surprise pour Franois
Roux, conseiller professionnel
pour linsertiondes tudiants. Il y
a comme une indiffrence depuis
quelques annes, dit-il, regrettant
de ne plus avoir les moyens den-
voyer un courrier aux 1 200tu-
diants susceptibles dtre intres-
ss. Il y a des rsistances de la part
desprofesseursmaisaussi deleurs
lves, qui ont parfois voire sou-
vent quelquesrticencesenten-
dre parler dentreprise et dargent.
Cest dommage, car ils sont vrai-
ment embauchs dans dexcellen-
tes conditions, ajouteM. Roux.
Rsultats: Phnix souffre dun
manque de volontaires. Nous
narrivons pas dpasser les
300-350candidats. Lesystmenin-
citepasles tudiants seprsenter.
Pour que cela fonctionne, il fau-
drait que le dispositif soit bien
ancr dans la tte des familles et
des tudiants et que, ds lapremi-
re anne, les universits les infor-
ment, insiste M. Deforge. p
Nathalie Brafman
C
est un dossier potentielle-
ment explosif. Les modali-
ts de contrle des connais-
sances inquitent les prsidents
duniversitdepuisqueletribunal
administratif de Strasbourg a
condamnsur cesujet luniversit
de la ville face lUNEF.
En juillet 2013, le syndicat tu-
diant dpose un recours contre
luniversit de Strasbourg pour
son refus dorganiser une session
de rattrapage, au motif quelle a
mis enplacele contrlecontinuet
intgral.
Finjanvier2014, letribunal don-
neraisonlUNEFetenjointlta-
blissement de modifier ses rgles
gnrales relatives aux modalits
dvaluationdestudiantsenlicen-
ceet de mettre enplaceune session
de rattrapage pour lensemble de
ces formations de licence comp-
ter de lanne universitaire
2014-2015.
Luniversitde Strasbourgdci-
de, le24mars, defaireappel decet-
tedcision. En2010, lorsquenous
avonsoptpour lvaluationconti-
nue intgrale sur la priode
2013-2017, nous avons vrifi que
cette rforme avait le soutien du
ministre. Il nousavaitalorsrpon-
du que, selon toute logique, les
deux dispositifs ntaient pas
cumulatifs, explique Franois
Gauer, vice-prsident dlgu aux
pratiques pdagogiques. En atten-
dant, elle va organiser une session
derattrapagepour lanneuniver-
sitaire 2014-2015.
La Confrence des prsidents
duniversit (CPU) est venue son
secours. Son discours pourrait se
rsumer : sil y a contrle conti-
nu, il ne peut y avoir examen ter-
minal. Le27mars, linstancerepr-
sentative des prsidents a adopt
une motion estimant quil y avait
eneffetunecontradictionsman-
tiquedanslapositiondujugeadmi-
nistratifdeparlerdecontrleconti-
nu intgral et dimposer, dans le
mmetemps, unesessionderattra-
page qui correspond lorganisa-
tiondunexamenterminal .
Les prsidents estiment mme
que, si une session de rattrapage
est impose, les adhrents de la
CPU devront renoncer pratiquer
lepluslargementpossiblelecontr-
le continu.
Les textes sont clairs: le rattra-
page est undroit depuis un arrt
dit Bayrou de 1997. Depuis
2002 et la rforme LMD (licence-
master-doctorat), les ministres
successifspoussentpourlagnra-
lisation du contrle continu.
Enfin, larrt licence daot 2011
prvoit la fois que les aptitudes
et lacquisition des connaissances
et des comptences sont appr-
cies soit par un contrle continu
et rgulier, soit par unexamenter-
minal, soit par ces deux modes de
contrle combins. Et larticle17
note quil y a deux sessions, une
initiale et une de rattrapage.
Dans le cas de luniversit de
Strasbourg, lejugeaeuunelecture
littrale de la loi et estim que le
contrle continu tait assimil
unesessioninitiale. LaCPUamani-
festement une autre interprta-
tiondecetarticleetsouhaitelar-
criture de larticle17 qui prvoirait
quen cas dvaluation continue
intgraleil nyait pasdesessionde
rattrapage.
Pas question!, rplique-t-on
au ministre de lenseignement.
Nous avons pris acte de la dcision
du tribunal et des rticences de la
CPU, mais la rcriture de larrt
licence et du cadre rglementaire
desexamensnest pasdactualit.
En 2013, lUNEF a dpos trois
autres recours contre les universi-
tsdeNantes, Aix-Marseilleet Bor-
deaux, lesquelles ont dcid, com-
meStrasbourg, denepas proposer
leurs tudiants de sessionde rat-
trapage. Un autre recours a t
dposcontreToulouse-I-Capitole
qui, elle, a instaur dans la filire
droit unenoteseuil (8sur 20) pour
accder aurattrapage. p
N. Bn.
Contrlecontinu
ourattrapage:
lesdeux, jugeletribunal
LuniversitdeStrasbourgfait appel dune
dcisionsur lecontrledes connaissances
O
n est la fin dune re. Etes-
vous prts pour le monde
daprs? Stephen Friend
est du genre frontal. Elu cham-
pionduchangementpar lquipe
du prsident Barack Obama, ce
gnticienamricainpropulse son
auditoire vers le futur. Il lui suffit
dequelquescrans pour fairecom-
prendrelavitesselaquelleavance
la recherche scientifique, et sugg-
rer que celui qui ny accroche pas
son enseignement dune manire
oudune autre sera vite larguSa
dmonstrationne surprendaucun
des 25universitaires venus assis-
ter, jeudi 27mars, unatelier orga-
nis par le Centre de recherches
interdisciplinaires(CRI).
Onnest pasdansuneuniversit
de la Cte ouest des Etats-Unis,
mais au cur du vieux Paris, au
fond dune cour pave du quartier
duMarais. Danslasalle, tous parta-
gent une mme envie dinventer
dautresfaonsdenseignerlascien-
ceet, surtout, dedonner legot des
tudesscientifiques. Il sagitdepar-
tager des recettes, mais aussi den
inventer de nouvelles, avec deux
ingrdientsdebase: larechercheet
la pdagogie. Cet vnement est
unique au monde. Il nexiste nulle
part ailleurs de lieu de rflexion
structur liant recherche et duca-
tion. Pourtant, plus javance, plus je
suis persuadqueces deuxactivits
se nourrissent mutuellement et
quonserasauvs par ce mariage,
se rjouit Jrme Waldisphl, un
mathmaticien franais install
Montraletenseignantluniversi-
tMcGill. Jaimecettefacettedela
France. Luniversityest hyper-clas-
siqueet, soudain, quelquunoseune
vraie rflexion quaucune universi-
tinnovantenaurait jamaisouver-
te, serjouit-il.
Patrick Rickles, qui travaille
dansuncentrederecherchesinter-
disciplinaires lUCL auRoyaume-
Uni, rsumelaproblmatiquedece
sminairehorsdessentiersbattus:
Ici, on sintresse aussi bien aux
apports de lenseignement dans la
recherche qu ce que pourrait tre
un enseignement qui sappuie sur
la recherche scientifique. Autre-
ment dit, lelienentrecesdeuxacti-
vitsest tudisoustoutes sescou-
tures avec lide sous-jacente quil
faut redonner au public limage
dune science comme espace de
libert, decration, ollveestun
chercheur enpuissance.
Mme la Chine est venue tra-
vailler sur le sujet! En France, on
pensevolontiersquenotreenseigne-
ment dveloppe peulacrativit. Je
suis l pour travailler cette dimen-
sion, parcequecest uneproccupa-
tion importante aujourdhui pour
notrepays, rappelleLupingXu, de
luniversit de Tsinghua, Pkin.
Ce professeur a dvelopp un
rseaude ressources pour innover
dans lenseignement. Prs de lui,
unenseignant de Crteil partage la
mmeproblmatique.
Si le biochimiste Christophe
Morindevait rsumer lascienceen
trois mots, il dirait innovation,
cration, folie. Monpariauquoti-
dien, cest defairecohabitercestrois
substantifsaveclenseignementdes
bases dont ont besoin nos tu-
diants. Je crois quil faut imaginer
des voies denseignement radicale-
ment nouvelles pour les aider
entrer dans cet univers, rappelle
lenseignant-chercheur. Ce qui est
intressant ici, cest de piocher des
idesdanstoutescesapprochesludi-
ques ou grce la collecte de don-
nes qui intgre le donneur dans le
processus.
Jeudi matin, Melanie Stegman,
de la National Science Foundation,
est venue prsenter Immune
Attack, un jeu vido o il sagit de
menerattaqueet dfenseimmuni-
tairescommeonmneraituncom-
bat. Mes annes dvaluation des
vertus pdagogiques montrent que
les adolescents retiennent mieux
avec le jeu que dans les classes o
lon a enseign la biologie de faon
classique, rappelle-t-elle. Et enco-
re, MelanieStegmanauraitminimi-
slesacquissi lonencroitsonaudi-
toire! Eneffet, elle na pas compta-
bilis les lves qui navaient pas
intgrlevocabulaireexact
La veille, Jrme Waldisphl a
expliqu son jeu Phylo, quil a
co-invent pour que le grand
public lves compris apporte
sa pierre au squenage du gno-
me (Le Monde du5mars2013). On
sent bienquil faut exploiter larela-
tion homme-machine en matire
de pdagogie, insiste-t-il. Ce qui
est important, cest ce qui sortiraen
projets de ces journes , estime
Ariel Lindner, lorganisateur de ces
journes. a fait deux ans quon
mrit leprojet, prcise-t-il .
Derrirecetteaudace, il yadonc
ce chercheur de lInstitut national
de la sant et de la recherche mdi-
cale, mais aussi Franois Taddi, le
patronduCRI. Cest lui qui acr la
licenceauxfrontiresduvivant,
qui plongedans larecherchescien-
tifique des jeunes tout juste sortis
dulyce. SonCRI vient dobtenir la
chaire innovation en enseigne-
ment. Une reconnaissance bien
mrite si lon en croit les partici-
pants internationaux de son pre-
mier mondial sur lesujet. p
Maryline Baumard
AParis, uncolloqueexploredesvoiesdenseignementnouvellespourlascience
LeCentrederecherches interdisciplinaires aruni 25universitaires venus dumondeentier pour mener unerflexionliant rechercheet pdagogie
Lestudiantsdoivent
postuleravant le
11mai minuittrois
postesaumaximum
En2013, lUNEFa
dposunrecours
contreluniversitde
Strasbourgpourson
refusdorganiserune
sessionderattrapage
Jaimecettefacettede
laFrance. Luniversity
esthyperclassiqueet,
soudain, quelquunose
unevraierflexion
Jrme Waldisphl
mathmaticien
Ldition2013 de Phnix. Le forum2014 est prvule 8avril la Cit universitaire de Paris. PWC
Uneporteverslentreprisepour
lesmatheuxdiplmsdeluniversit
LoprationPhnix, qui met enrelationdes tudiants et des socits, souvreauxscientifiques
7
0123
Jeudi 3 avril 2014
8
0123
Jeudi 3 avril 2014
LE LIVRE
Lecolbertismenestpasmort
L
e 12septembre2013, legouver-
nement lanait trente-quatre
plans de reconquteindus-
trielle, avec lavolontderinven-
ter lercit industriel delaFrance.
Dolintrt dulivredAlainBou-
blil, ancienconseiller techniquedu
prsident de laRpubliqueFranois
Mitterrand, de1981 1988, puisdirec-
teur decabinet dePierreBrgovoy
auministredes finances. Dans cet
ouvrage, lauteur revient sur lebilan
detrenteannes depolitique ou
dabsencedepolitique industrielle.
Quepeut-onattendrede lEtat?
Cest une tartela crmede rappe-
ler le peude marges de manuvredes gouvernants, dufait
delamondialisation, deladette, des contraintesenvironne-
mentales, etc. Le problme, dit M. Boublil, est que, dans nos
dmocraties, lersultat des lections traduit de plus en
plus une ruptureentrelepeupleet ceuxqui les gouver-
nent. Attentes enhausse, rsultats enbaisse: le cocktail est
explosif. Lacolremonte, observelauteur.
Entreprendre et protger
Lomniprsencede lEtat enFrancersultedunconsen-
sus national ambigu, souligneM. Boublil. LEtat doit
entreprendreet protger. LaFranceest confronte une
doubledifficult, relve-t-il. Elle nassumepas sonpasscol-
bertiste, et des pans entiers de sonindustrie sont menacs,
alors quil yades opportunits de dveloppementLEtat
est devenuspectateur. Avec une certainenostalgie, lan-
cienconseiller duprincevoqueles annes 1980, les natio-
nalisationsde 1982, unepoquequi marquelapoge de
lEtat stratge. Depuis les annes 1990, linvestissement
financier apris le pas sur ledveloppement oulamodernisa-
tiondes outils de productionenFrance, crit-il.
Lauteur de Keynes, reviens! Ils sont devenus fous (Le
Rocher, 1996), appellede ses vuxunnouvel Etat stratge,
qui devrarompreavec deuxadversaires redoutables:
lEtat spectacleet lEtat guichet. Le premier senourrit def-
fets dannonce, privilgiele tape--lil lastratgie; le
secondrenddifficilelacohrencede lactionpublique.
Ses arguments sont auxantipodes de ceuxdAugustin
Landier et de DavidThesmar, auteurs de Dixides qui cou-
lent laFrance(Flammarion, septembre2013), pour qui un
Etat stratgeluttant contrela dsindustrialisationest une
absurdit(Le Mondedu19septembre2013).
Sur unsujet aussi capital, untel cart tmoignedune
perplexitthoriquequi nest peut-trepas trangre la
paralysiede politiques devenus incapables de trancher. p
Philippe Arnaud
Le Nouvel Etat stratge. Que peut-on attendre de lEtat
aujourdhui ? Alain Boublil, LArchipel, 350 pages, 19,95 euros
A
uSalondes seniors, qui se tient
dujeudi 3audimanche6avril
Paris, les associations seront
nombreuses, sans doute plus
que les entreprises. Faut-il
pousser cette catgorie dactifs vers les
associations ou les ramener vers lentre-
prise? Deuxessais sur la place quils occu-
pent sur lemarchdutravail, 60+actifs et
Tant quil yaurades seniors, posent lepro-
blme, avec pour intention premire
danalyser la valeur relle des plus de
50ans dans lconomie.
Etre actif au-del de 50ans, considrer
les seniors comme une gnration-cl,
amliorerlimagequelentreprisesefaitde
cette catgorie de salaris telles sont les
recommandations communes ces deux
ouvrages, crits par des acteurs de lentre-
prise et un universitaire, pour lesquels la
France qui vieillit nest pas synonyme de
dclin. Ils affirment que, dans lintrt
gnral, la place des seniors est au travail.
AuJaponouaux Etats-Unis, les directions
des ressources humaines lont compris
depuis longtemps, soulignent Caroline
Young, Gilles Effront et lconomiste Jean-
Yves Ruaux, les trois auteurs de 60+actifs.
Le constat initial, dans les deux ouvra-
ges, est lafaibleprsencedes50ansetplus
sur le march dutravail. Les derniers chif-
fres duchmage concernant cette catgo-
rie rvlent une hausse de 145% depuis
2008! Loriginedelasituationest connue.
Les seniors, souvent assimils unevaria-
ble dajustement dans les politiques des
ressources humaines depuis les
annes1970, nont pas atteint, loindel, le
taux demploi fix 50% par le trait de
Lisbonne. La France joue, sur ce sujet, le
rle de mauvais lve: En2011, 41,5%des
personnes ges de 55 64ans sont en
emploi (), loin de la moyenne de lUnion
europenne 27 (47,4%) , rappelle Jean-
PierreWiedmer, prsident de lInternatio-
nal Longevity Center-France et auteur de
Tant quil y aura des seniors. Cest au-del
de60ansquelcartsecreuseleplus, puis-
que, jusqu la rforme de 2010, ctait
lge lgal de dpart la retraite.
Mais la sortie des seniors dumarch du
travail se prpare bien en amont. Dune
part, enraisondesfreinspossleurmobi-
lit interentreprises. Puisque les plus de
50ans qui veulent changer de socit se
voient proposeressentiellement desCDD.
A lembauche, les seniors forment la
deuxime catgorie de travailleurs en
CDD, derrire les moins de 30ans, souli-
gne M. Wiedmer. Dautre part, en termes
de maintien de lemployabilit: Les
employeurs se montrent gnralement
rticents investir dans la formation de
leurs salaris aprs 45ans, et encore plus
partir de 55 , prcise M. Wiedmer, qui
notequeseuls 31 %des 50-54ans ont accs
la formation continue, et seulement
20%pour les plus de 55 ans.
Or, paralllementlasortieprogressive
des seniors de lentreprise, leur prsence
augmente dans les associations et, dans
une moindre mesure, dans la cration
dentreprise. Les plus de 60ans veulent
rester intgrs, expliquent les coauteurs
de 60+actifs, et pas seulement pour des
raisons financires. Prs dun senior sur
deux indique que sa reprise dactivit
rpond au souhait de mettre ses comp-
tences auservice de lasocit.
Les seniors constituent la catgorie de
populationlaplusinvestiedanslebnvo-
lat: 26%des 50-64ans et 38%des plus de
65ans sont bnvoles dans une associa-
tion, contre23%enmoyennedanslensem-
ble de la population, indique M. Wied-
mer. Et leur nombre dheures travailles
augmente avec lge Les associations y
trouvent leurcompteenprofilstrs quali-
fis: directiongnrale, ressourceshumai-
nes, communication, gestion, finance,
coordination de projets. Les seniors
constituent prs de la moiti des effectifs
bnvoles au sige des plus grandes asso-
ciations et assument la moiti des man-
dats de dirigeant associatif, poursuit-il.
Lauteurdcrit comment lescompten-
ces des seniors glissent progressivement
de lentreprise aux associations. Dune
part, lamiseenplacedeplansseniorsdans
les grandes entreprises, avec lobligation
daccompagner les salaris dans la transi-
tion du travail vers la retraite, conduit
une hausse des temps partiels et favorise
la mise en place de partenariats avec les
associations. Dautre part, les structures
associatives, dont lactivit augmente
avec la hausse des besoins dans le social,
lenvironnement ou la sant, ont besoin
de toujours plus de bnvoles.
Ladifficultrendresolvableladpen-
se appelle une professionnalisation du
bnvolat , estiment pour leur part les
auteurs de 60+actifs. Parce que lagestion
rigoureuse des ressources humaines per-
met de gagner en efficacit et de rduire
les cots. Cette professionnalisation est
en cours. Certaines associations ont mis
enplacedespartenariatsavecdes entrepri-
ses pour favoriser le recrutement des
seniors et faciliter leur insertion dans le
monde associatif, note M. Wiedmer.
Toujours plus nombreux remplir des
activits sociales dont la valeur financire
est souvent difficile estimer, les seniors
sont en consquence moins nombreux
crer la richesse mesure dans le produit
intrieur brut (PIB). Dans ces deux essais,
lactivitdesseniors est prsentecomme
une source de richesse. M. Wiedmer en
escompte quelques points de croissance
en amliorant la place et lactivit des
seniors au sein de notre socit , les
auteurs de 60 +actifs multiplient les
tmoignages de seniors en emploi , en
Finlande, en Allemagne, aux Etats-Unis,
en Australie, comme pour donner des
exemples suivre pour la France.
Promouvoir un emploi de qualit aux
seniors est indispensable pour relancer la
croissance et assurer lquilibre financier
des systmes de retraite, recommandait
lOrganisationde coopration et de dve-
loppement conomiquesdansunrapport
publifinjanvier. Lesauteursdecesessais
ne disent pas autre chose. Ils tracent deux
pistes: sattaquer auxdiscriminationsdes
seniors en entreprise, notamment au
niveaudelaformationet durecrutement,
et poursuivrelestravauxsurllaboration
de nouveaux indicateurs de richesse lan-
cs par la commissionStiglitz en2008. p
Anne Rodier
LIRE AUSSI
Les coutures dchires de la finance
Prfac par BertrandBadr, directeur gnral de la Ban-
que mondiale, cet ouvrage clair permet de mieuxcom-
prendre les enchanements de la crise financiredepuis
2007 et les perspectives qui endcoulent: les bombes
retardement encore prsentes dans le systme financier,
les crises de change, la relationentre les Etats et les mar-
chs... Exposant les expriences historiques dont on
devrait tirer les leons et analysant les basculements
macroconomiques comme la monte enpuissance de la
Chine, lauteure, analyste-financier indpendante, russit
unbeaupanorama utile notre comprhension. A. de T.
LAprs-crise en 60leons, de Sandrine Voizot. Prface de Ber-
trand Badr. Michalon. 336 pages. 19,50 .
publications
LCO DE LA TOILE
Comprendreensamusant
A
ttribue Alphonse Allais comme Frdric Chopin, la
maxime selonlaquelle les gens qui nerient jamais nesont
pas des gens srieux vaut aussi en conomie. Pour sloi-
gnerdelascheressedeschiffresetdesargumentsdautorit, dela
langue de bois et des discours pontifiants, il existe des ressources
utileset amusantesqui nensont pasmoinsdesplusvalables. Ain-
si dusiteEconoclasteet desonslogan, lconomiepour les nuls et
les autres , qui a le bon got de proposer une rubrique
humour, avec des blagues sur les conomistes et leur matire.
Ou encore de Captain Economics et sa devise : Au boulot, on a
unecrisersoudre! , qui, sursapagedaccueil, dclinetouteres-
ponsabilitencasdanalysesstupidesentranantunecrisefinanci-
re interplantaire.
Letonest donnet permet desattaquer dansunlangagedirect
des sujetsrputscomplexes(et qui nelesont gureplus, enra-
lit, que les rgles du rugby). Les factieux enseignants-cher-
cheurs Alexandre Delaigue et Stphane Mnia (Econoclaste) et
ThomasRenault (CaptainEconomics) animent ces sites. Ils propo-
sent desdcryptagesdelactualitoududbatpublic(lesmarchs
facelacriserusse, lapolitiquedelaconcurrence, laprotectionde
lemploi...). Et aussi laccs des ressources : un glossaire et des
commentairesdelivres(Econoclaste); unquizzcoenligneet une
rubriqueUnpeudethorieconomique?(CaptainEconomics),
dbutant par: Bravo! Vous avez dj franchi la premire tape
consistantcliquersur unliencontenantlemotthoriesansfaire
decrised'urticaire. Quelonsoit allergiqueoupassionn, lavisite
de ces sites impertinents et stimulants est recommande! p
Adriende Tricornot
http://econoclaste.org.free.fr/econoclaste/
http://www.captaineconomics.fr/
L
e passage du statut de pays en dve-
loppement celui de pays mergent
est indissociable de lurbanisation.
DansunlivrercemmentparuUrbani-
sation in India. Challenges, Opportunities
and the Way Forward (lurbanisation en
Inde. Dfis, opportunits et avenir), Sage
Publications, 360p., 54euros, les cono-
mistesindiensIsherJudgeAhluwalia, Ravi
Kanbur et Pradeep Kumar Mohanty ras-
semblent des contributions clairantes
sur les villes de leur pays. Cet ouvrage
alavantage dtre la fois prcis dans la
descriptionet riche dans lanalyse.
Quiconque a visit les mgapoles du
sous-continentnepeutmanquerderemar-
quer la congestion, linsuffisance des
infrastructures, limpritie des services
publics (dont ne bnficie quune moiti
de la population urbaine en moyenne), la
pnuriedelogementsdcents, lapauvret
et la sant prcairedes populations.
LInde est toutefois encore relative-
ment peuurbanise. Les habitants des vil-
les ny reprsentaient, en2011, que 31%de
la population du pays, contre 45 % en
Chine, 54%enIndonsie ou87%auBrsil.
Lexode rural na contribu qu hauteur
de20%la croissance des grandes cits.
Mais les auteurs soulignent que le pro-
cessusdurbanisationest appelsaccl-
reretquil estindispensablelacroissance.
Ils montrent comment les villes peuvent
improviser et innover, et appellent un
effort majeur de planificationurbaine.
Planification
Lagglomrationde la populationgn-
re la fois des bnfices et des cots qui
apparaissent au fur et mesure. Or larbi-
trage cots-bnfices qui en rsulte nest
pas le mme pour lindividu que pour la
socit; le rle dela politiquepubliqueest
derduire cet cart.
La planification urbaine doit grer les
externalits et les dfaillances de march,
comme la congestion ou les problmes
dassainissement, car lorganisationspon-
tane conduit une rpartitioningalitai-
redes revenuset des pochesde pauvret.
Les auteurs soulignent que, pour mas-
sifs quils soient, les investissements dans
les infrastructures urbaines reprsentent
moins que ce que New Delhi dpense en
subventions pour les produits ptroliers
ou les engrais (2% du produit intrieur
brut). Pour les financer et les mettre en
uvre, il faut une organisation adquate
de la fiscalit et dimportantes rformes
dans les institutions et la gouvernance,
bienau-delde lalutte contreunecorrup-
tionomniprsente.
Deux conditions sont essentielles: le
renforcement de la dmocratie locale, qui
aujourdhui ne donne pas assez despace
lexpression des divers intrts, notam-
ment ceux des plus pauvres; et lacquisi-
tionpar les gouvernants des comptences
ncessaires pour analyser, grer et mettre
enuvrelespolitiquespubliques, delacol-
lecte et la diffusion de linformation la
planification de lespace et des transports
en passant par la gestion de partenariats
public-priv.
Certes, comme le notait la philosophe
dufait urbainJaneJacobs(1916-2006), lur-
banisationspontane des villes indiennes
enfait uncreuset de diversit. Mais seules
dimportantes rformes de planification
permettront dexploiter cet atout. p
Pierre Jacquet

Pierre Jacquet
est prsident de
Global
Development
Network,
NewDelhi
LIndenepeutplussesatisfairedelurbanisationspontane
LecturestrangresTroisconomistes plaident pour quececreuset dediversitsoit mieuxvaloris
Lesseniorsconstituent
lacatgoriedepopulation
laplusinvestie
danslebnvolat

Tant qu il
y aura
des seniors,
Jean-Pierre
Wiedmer,
Editions
Nouveaux Dbats
publics,
234pages, 18

60 + actifs.
Pourquoi
le travail
post- retraite
est
indispensable,
Caroline Young,
Gilles Effront et
Jean-Yves Ruaux,
Hartpon
ditions,
208pages, 17
Lacroissanceconomique
abesoindelemploi desseniors
Deuxessais appellent unerevalorisationdelacrationderichessepar les plus de50ans
Face aux rumeurs et intox, les dcodeurs
vous donnent toutes les cls pour
comprendre lactualit au quotidien.
Rendez-vous sur LeMonde.fr/lesdecodeurs
LeMonde.fr/lesdecodeurs
A
utour de la chronologiedes mdias sest
nou undialogue transatlantiqueinvo-
lontaire, auhasarddes calendriers
mdiatiques et institutionnels. Ct Europe,
laCour des comptes franaisea rendu,
mercredi 1
er
avril, unrapport sur les aides
publiques aucinmaet laudiovisuel. Ct
Amrique, unarticle dunouveauchroniqueur
techno duNewYork Times, FarhadManjoo,
parule 27mars.
Enfranais dans le texte: Afinde maximi-
ser les perspectives de recettes pour chaque par-
tie prenante aucofinancement dunfilm, les
conditions dexpositiondeluvre sont assujet-
ties aurespect de lachronologiedes mdias.
Enamricain, sous la plume dundes chan-
tres de lge numrique, pass de Slate auNew
York Times via le Wall Street Journal : Laprin-
cipale raisonpour laquelle vous ne trouverez
pas de si tt une offre exhaustive, de type buf-
fet volont, proposant tous les films disponi-
bles est unphnomne nomm fentrage
[windowing], le terme quutilise lindustrie du
divertissement pour dcrire lchelonnement
de lasortie desfilms sur diffrents supports.
Car, fait remarquer FarhadManjoo, Internet
atrouv aussi fort que lui : Hollywood.
CequelaCour des comptes dcrit comme
uneconstructionrglementairefranaise un
ensemblede rgles [qui] vise dlimiter dans
le temps plusieurs fentres dexploitationsucces-
sives, lies unsupport particulier (salle de cin-
ma, tlvision, vidophysique, vidodmatria-
lise) correspondant unconsentement payer
dcroissant de lapart duconsommateur, le
journalistetechnole voit commeuncycle de
vierigide, organispar unoligopolesoucieux
demaintenir ses tauxde profit, et qui empche
lepauvreconsommateur de pouvoir jouir de
tous les films, tout de suite, sur tous les sup-
ports, pour unabonnement modique.
Dsir pour la raret
Cest--direque la chronologiedes mdias
franaise souvent moque comme undes
excs de linterventionnismede lEtat a t
gnre presque lidentique par le pur capita-
lisme hollywoodien. Cette stratgie dchelon-
nement nest pas ne de la dernire rvolution
numrique. Elle est aussi vieille que lexploita-
tionensalles, autemps oles films passaient
daborddans les cinmas dexclusivitavant
de progresser vers les petites salles de ban-
lieue oude campagne.
La diversificationdes supports a commenc
avec lapparitionde la tlvisiongratuite, puis
payante, des cassettes, des DVD, pour arriver
enfin la dmatrialisationcomplte que per-
met le streaming. L odautres secteurs ont
t touchs de pleinfouet par ces innovations
technologiques (la musique dans le monde
entier, lditiondans les pays anglo-saxons),
lecinmaleur a plutt bienrsist.
Augranddamdes tenants de lconomie
numrique, qui comptent ennombre de clics
et de clients plus quendollars oueneuros.
Dans sonarticle, intitul Pourquoi loffre
cinmaenstreamingne parvient pas satisfai-
re la demande, FarhadManjoorve donc
dunmonde ounsite comme le trs phm-
re PopcornTime (qui, avant que les ayants-
droit des producteurs enobtiennent la ferme-
ture, fonctionnait unpeucomme Netflix,
sauf quony trouvait des films quona envie de
regarder, comme AmericanBluff ou12 Years a
Slave, dit Manjoo) nenfreindrait pas la loi et
ne sattirerait pas le courrouxdes studios.
Mais les studios amricains et les modestes
(par leur chiffredaffaires) acteurs ducinma
franais ne sont pas prts dabandonner cesys-
tme. Cest quil prservececonsentement
payer dcroissantrelevpar laCour des comp-
tes, unedcisionconomiqueassez peucompa-
tibleavec lemarchcompltement ouvert qui
peut sedvelopper sur laToile. Ledsir que sus-
citent certains films, quils soient annoncs par
degigantesques campagnes commerciales
commeSpider-Man2 ouadoubs par uneslec-
tiondans ungrandfestival international, tient
aussi leur raret. Onnenest plus autemps o
BenHur ne sortait enFrancequesur le seul
(mais gigantesque) cranduGaumont-Palace,
et les blockbustersoccupent simultanment
des milliers de salles de par le monde. Reste
quil faut serendrejusquaumultiplexafinde
partager moyennant finances lexprience
avec dautres, mus par lammepulsion.
FarhadManjoodcrit avec une exaspra-
tionmanifestelaversionamricainedela chro-
nologiedes mdias, qui voit HBOet dautres
chanes premium accepter de payer des mil-
liards de dollars pour le droit de diffuser en
exclusivitles longs-mtrages des grands stu-
dios. Car, selonlui, quelle que soit lapopulari-
tdes sries, les films restent unargument
dcisif dans ladcisionde sabonner une cha-
neplutt qu uneautre, et HBOa achetenvi-
ronlamoiti des films distribus par les majors
jusquaprs 2020. Cet investissement long
termebloqueles vellits de compagnies com-
me Neflix, qui rvent de briser une fois pour
toutes cettechronologie. Les dirigeants de lex-
vido-clubdevenugant de ladiffusionen
lignede fictions (films et sries) savent dores
et dj quils ne pourront pas tendre leur
offreau-delde ses limites actuelles.
Biensr, les tenants de ladrgulation
(aunomdudroit duconsommateur satisfaire
immdiatement ses envies) regrettent cet tat
dechoses. Mais onne les entendjamais, quels
quesoient leurs gots (plutt Avengers ouplu-
tt 12 Years aSlave, plutt Eyjafjallajkull ou
plutt LaVie dAdle), sinquiter de lamanire
dont onproduirait leurs films si ce bel difice
temporel qui abritele cinmadepuis plus dun
siclevenait seffondrer. p
sotinel@lemonde.fr
L
ubiquitoulomniprsence
est, par dfinition, la capaci-
t dtre prsent entout lieu
ouenplusieurs lieuxsimultan-
ment. Si lubiquit est lattribut
denombreuses divinits, elle est
la porte de lhomme connect
qui peut sentourer dinterfaces
lui permettant dtre la fois ici et
l-bas. Google Street View
estlune des bottes secrtes de lin-
ternautequi, bienque tapi derri-
re soncran, peut se transporter
instantanment mille lieues de
sonclavier et sa souris, pour
explorer 360degrs de nom-
breuxpoints duglobe.
Prendre la poudre descampet-
te tout enfaisant semblant dtre
absorb(e) par unpineuxdossier
autravail ? Parcourir des kilom-
tres sans craindre le dcalage
horaire? Il suffit pour cela de
poser olonveut sonPegman,
ce personnage enforme de pince
linge qui symbolise la position
de lutilisateur. Sur la page Google
Street ViewenFrance, je jette le
mienaupetit bonheur la chance,
et atterris chemindes Meillires,
Vence (Alpes-Maritimes). Je fais
quelques pas le long de cette paisi-
ble artre borde de lauriers roses,
avant de me retrouver, dunseul
bondde ma souris de 7 lieues, rue
de Rohan, Saint-Brieuc.
Depuis juin2013, Google Street
Viewoffre aussi des visites virtuel-
les de lintrieur de plusieurs
btiments, dont le premier en
date a t la tour Burj Khalifa
Duba. Aussitt crit, aussitt sur
place, auxEmirats arabes unis
(lemde.fr/1heXL0L)
Plus rcemment, ce sont
leshauteurs de la tour Eiffel
(lemde.fr/1gXyYnI) oules
coulisses de lOpra de Paris
(lemde.fr/1jTFRZa) qui ont t
ouvertes la visite. Ces deux
prouesses sinscrivent enmarge
duArt Project duGoogle Cultural
Institute, qui offre tout uncha-
cunles dtails de plus de
45000uvres enhaute rsolu-
tion, issues de plus de 250muses
et lieuxdexpressionartistique
(lemde.fr/PdIZRP).
Dautres pistes insolites
souvrent auxcrans des explora-
teurs: onpeut ainsi voir des fous
pieds bleus parader auxGalapa-
gos (lemde.fr/1dK9Yjs), explorer
les abords duchteaude Nijo-jo,
rsidencedes shoguns Tokugawa,
Kyoto(lemde.fr/1fkzYQw), tout
aussi dserts que les ruelles du
Cheminde Traverse, rue commer-
ante pour sorciers de la saga
Harry Potter (lemde.fr/1mHIJZh).
Ougoter la quitude de la caba-
ne de lexplorateur irlandais
Ernest Shackleton(1874-1922),
situe aubeaumilieude lAntarc-
tique (lemde.fr/1gXL1RL). Loin, si
loinduMonde p
duretz@lemonde.fr
0123
CEST TOUT NET ! | CHRONI QUE
par Marlne Duretz
Lointainshorizons
CONOMIE DE LA CULTURE | CHRONI QUE
par Thomas Sotinel
Lecinmalabri dutemps
LA CHRO-
NOLOGIE
DES MDIAS
NEST PAS
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