Cours de Microéconomie
Cours de Microéconomie
Cours de Microéconomie
Pré-rentrée de licence
Christelle Dumas
Table des matières
1 Le consommateur 3
1.1 Préférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Espace des objets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2 Relation de préférence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.1.3 Courbes d’indifférence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.4 Préférences rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.1.5 Préférences et utilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Ensembles de choix du consommateur . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.1 Ensembles de choix ou ensembles de consommation . . 8
1.2.2 Ensemble de budgets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Maximisation de l’utilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.1 Programme du consommateur . . . . . . . . . . . . . . 10
1.3.2 “Résolution économique” et TMS . . . . . . . . . . . . 11
1.3.3 Résolution (Kuhn et Tucker) . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Exercices sur le consommateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.4.1 Exercice sur l’écriture de contrainte . . . . . . . . . . . 13
1.4.2 Résolution de programme du consommateur . . . . . . 13
1.4.3 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.4.4 Arbitrage consommation-loisir . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.5 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2 Le Producteur 19
2.1 Technologie et ensembles de production . . . . . . . . . . . . . 19
2.1.1 Input, output, ensembles de production . . . . . . . . . 19
2.1.2 Propriétés des ensembles de production . . . . . . . . . 19
2.1.3 Fonction de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.1.4 Taux de substitution technique . . . . . . . . . . . . . 21
2.1.5 Rendements d’échelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
1
2.2 Maximisation du profit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.2.1 Définition et hypothèses fondamentales . . . . . . . . . 22
2.2.2 Programme du producteur . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2.3 Résolution du programme et conditions d’optimalité . . 23
2.2.4 Nature des rendements et solution de maximisation du
profit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.3 Minimisation du coût . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.3.1 Résolution du programme et conditions d’optimalité . . 25
2.3.2 Fonction de coût et demandes de facteur conditionnelles 26
2.3.3 La géométrie des coûts . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.3.4 Rendements d’échelle et fonction de coût . . . . . . . . 26
2.3.5 Maximisation du profit . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.4 Exercices sur le producteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.4.1 Fonction de production Cobb-Douglas . . . . . . . . . 27
2.4.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4.3 Production agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
2.4.4 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3 Équilibre et optimum 36
3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.1.1 Équilibre partiel et équilibre général . . . . . . . . . . . 36
3.1.2 La notion de concurrence parfaite . . . . . . . . . . . . 37
3.2 L’équilibre partiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 L’équilibre général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3.1 L’économie “Robinson Crusoe” . . . . . . . . . . . . . 39
3.3.2 Cas général . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.4 Équilibre et efficacité dans une économie d’échange . . . . . . 42
3.4.1 Critère de Pareto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.4.2 L’économie d’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.4.3 La boı̂te d’Edgeworth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4.4 Le programme de Pareto . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4.5 Théorèmes du bien être . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.5 Exercices sur l’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.5.1 Équilibre avec appareil productif . . . . . . . . . . . . 47
3.5.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.5.3 Économie d’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.5.4 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2
Chapitre 1
Le consommateur
1.1 Préférences
1.1.1 Espace des objets
Nous considérons un consommateur confronté à un ensemble X de paniers
de consommation possibles. Il s’agit de la liste complète des biens et des
services sur lesquels porte le problème de choix.
Rq :
– importance du terme “complet”. Quand on analyse un problème de
choix, il faut veiller à inclure tous les biens concernés dans la définition
du panier de consommation.
– pour avoir une analyse des choix du consommateur la plus générale
possible, il faut non seulement avoir une liste complète des biens que le
consommateur est susceptible d’acquérir, mais aussi une description de
l’époque, du lieu et des circonstances dans lesquelles il peut les consom-
mer (contexte statique : paniers de consommation x = (x1 , ..., xn ) ;
3
contexte temporel : suite de paniers de consommation ; incertitude :
perspective aléatoire)
– de façon générale, les quantités de biens sont supposées positives, mais
ce n’est pas nécessairement le cas.
Dans la suite, nous supposerons que le panier de consommation est com-
posé de deux biens (l’un des deux représentant l’ensemble des autres biens).
On note x1 la quantité de bien 1 et x2 la quantité de bien 2.
4
Ce troisième axiome est plus problématique. Il n’est pas évident qu’il
s’agisse là d’une propriété que les préférences devraient nécessairement avoir.
La transitivité est une hypothèse concernant les comportements de choix des
individus. La question est de savoir si elle correspond raisonnablement à la
façon dont les individus se comportent.
→ que penser d’une personne qui prétend préférer x à y et y à z et
en même temps déclarer préférer z à x ? Comment ce consommateur se
comporterait-il s’il était confronté à des choix entre les trois paniers x, y et z ?
Il lui serait difficile de choisir le panier qu’il préfère parce que, quel que soit
le panier choisi, il y en aurait toujours un autre préféré. Pour construire une
théorie dans laquelle les individus choisissent “ce qu’il y a de meilleur” (“com-
portement maximisateur” de l’homo-oeconomicus), les préférences doivent
satisfaire l’axiome de transitivité (ou une propriété similaire).
Rq :
– Si les préférences ne sont pas transitives, il existe des ensembles de
paniers parmi lesquels il n’y a pas de paniers préférés.
– Exemples de préférences non transitives : problème de choix parmi
différentes loteries, agrégation de trois points de vue dans le cas d’un
vote (Paradoxe de Condorcet).
Nous venons de voir les 3 propriétés qui sont quasi-systématiquement
supposées pour les préférences ; les suivantes sont moins nécessaires.
5
Axiome 6 La monotonicité forte, i.e. si x > y alors x y.
Preuve. Soient x, y et z trois paniers de biens tels que x soit situé sur une
courbe, y sur une autre et z à l’intersection des deux. Par hypothèse, les
courbes correspondent à des niveaux différents de satisfaction de sorte qu’un
des paniers, par exemple x est strictement préfére à y. Par définition des
courbes d’indifférence x ∼ z, y ∼ z d’où la contradiction.
Pour tracer les courbes d’indifférence, il suffit de partir d’un panier quel-
conque (x1 , x2 ) et de se demander “pour une variation donnée de consomma-
tion de bien 1, quelle est la variation de bien 2 nécessaire pour que l’individu
soit indifférent entre (x1 + ∆x1 , x2 + ∆x2 ) et (x1 , x2 )?”
Rq : la monotonicité implique que les courbes d’indifférence ont une pente
négative.
6
Définition 10 On définit ainsi le taux marginal de substitution entre le bien
1 et le bien 2 comme la quantité ∆x2 /∆x1 lorsque les variations sont infini-
ment petites :
dx2
T M S12 (x) = lim
dx1 →0 dx1
où dx2 et dx1 sont tels que (x1 , x2 ) ∼ (x1 − dx1 , x2 + dx2 ).
(Inserer graphiques)
x % y ⇐⇒ u(x) ≥ u(y)
7
Rq : la fonction d’utilité représentant la relation de préférence % n’est
pas unique. Elle est définie à une fonction monotone croissante près, i.e. l’uti-
lité est un concept ordinal. Notamment, si l’on écrit que U (x) = 2U (y), on
peut conclure que le panier de biens x procure plus de satisfactin que le
panier de biens y, mais pas 2 fois plus de satisfaction.
Application : la Cobb-Douglas
8
pour un individu de consommer une quantité négative de pain ou d’eau.
Définition 14 Un ensemble de consommation est un sous-ensemble de l’es-
pace des biens RL , noté X ∈ RL , dont les éléments sont les paniers qu’un
individu peut consommer connaissant les contraintes physiques imposées par
son environnement.
Exemples :
– Consommation de pain et de loisir dans une journée : les niveaux de
consommation des deux biens ne peuvent être négatifs et la consom-
mation de plus de 24 heures de loisir par jour est impossible.
– Consommation d’un bien parfaitement divisible et d’un bien ne pou-
vant prendre que des valeurs entières non négatives (bien durable, par
exemple).
– Possibilité de contraintes institutionnelles (maximum de 16 heures de
travail par jour, par exemple).
9
Définition 17 L’ensemble de budget Bp,w = {x ∈ X : p · x ≤ w} est l’en-
semble de tous les paniers qu’un consommateur faisant face à un niveau de
prix p et ayant un revenu w peut s’offrir.
Rq :
– la pente de la droite de budget donne le taux d’échange entre les deux
biens.
– si le prix d’un des biens diminue, l’ensemble de budget augmente puisque
le consommateur peut s’offrir plus de biens (grahique).
Rq :
– Le programme (1.1) a toujours au moins une solution. De plus, si U est
strictement quasi concave (i.e. si les préférences satisfont l’hypothèse
de stricte convexité), la solution est unique.
– La solution est indépendante du choix de la fonction d’utilité représentant
les préférences.
– Si l’on multiplie tous les prix et le revenu par une même constante
positive λ, la solution est inchangée.
– Le panier choisi sature la contrainte budgétaire
– Résolution graphique
(Inserer résolution graphique dans le cas de deux biens)
10
1.3.2 “Résolution économique” et TMS
Soit x∗ le panier solution de 1.1. Comme p · x∗ = R, l’une au moins des
composantes de x∗ , par exemple xl est strictement positive.
Soit k un bien quelconque. Considérons la transaction suivante : on re-
nonce à une “petite” quantité de bien l, soit dxl , pour acheter un supplément
dxk de bien k. La contrainte budgétaire impose
pk
dxl = · dxk
pl
Si dxl était inférieure à T M Skl · dxk , l’augmentation de xk compenserait, et
au delà, le consommateur de la perte dxl . La transaction augmenterait donc
strictement l’utilité de l’agent, ce qui est impossible si x∗ est la solution de
1.1. On a donc
pk
dxl = · dxk ≥ T M Skl · dxk
pl
Si xl est positif, on peut permuter k et l dans le raisonnement et l’inégalité
précédente devient une égalité.
∗ Uk (x∗ ) pk
T M Skl (x ) = ≤ pour tout k
Ul (x∗ ) pl
Si de plus x∗k > 0, alors
Uk (x∗ ) pk
T M Skl (x∗ ) = =
Ul (x )
∗ pl
A l’optimum, si tous les biens sont consommés, le rapport des utilités
marginales de deux biens est toujours égal au rapport des prix de ces biens.
11
où λ, µ1 , ..., µn sont des nombres positifs appelés multiplicateurs de Lagrange
associés à chacune des contraintes.
Intuition : on maximise l’utilité en ajoutant une pénalité à ne pas satisfaire
la contrainte. Une fois le programme résolu, le multiplicateur de Lagrange
correspond à l’utilité marginale procurée par le désserrement de la contrainte.
Théorème de Kuhn et Tucker :
– un vecteur x∗ est solution de 1.1 s’il existe des valeurs λ∗ , µ∗1 , ..., µ∗n non
négatives telles que
Ul (x∗ ) − λpl = 0.
d’où :
Uk (x∗ ) pk
<
Ul (x∗ ) pl
Et si µk = 0 alors :
Uk (x∗ ) pk
=
Ul (x∗ ) pl
.
12
1.4 Exercices sur le consommateur
1.4.1 Exercice sur l’écriture de contrainte
A inclure partiellement dans le cours.
1.4.3 Corrigé
1/2 1 1/2
U (y1 , y2 ) = 2y1 + y2
2
−1/2
∂U/∂y1 y
TMS1/2 = = 1−1/2
∂U/∂y2 1
y
4 2
r
y2
= 4.
y1
Allocation optimale
On égalise le TMS au rapport des prix :
p1 4
TMS1/2 = = =2
p 2
√ √2
d’où 2 y2 = y1
donc 4y2 = y1
13
La contrainte budgétaire s’écrit : 4.y1 + 2.y2 = 18, d’où :
y1 = 4 et y2 = 1
Le niveau d’utilité atteint vaut : U = 2.2 + 12 .1 = 92 .
14
donc en injectant dans la deuxième, on retrouve la formule donnée par le
TMS :
∂U/∂y1 p1
=
∂U/∂y2 p2
Cette façon de faire le calcul vous permettra de ne jamais vous tromper
dans le sens du TMS. La fin du calcul est exactement la même que celle
effectuée auparavant. Cette méthode permet aussi d’intégrer toutes sortes
de contraintes et de résoudre de façon systématique des problèmes plus
compliqués qu’avec le TMS (notamment lorsque les contraintes ne sont pas
nécessairement saturées). Il faut être capable de faire le calcul des 2 façons :
dans le cadre de l’exemple simple que nous venons de voir, il n’y a pas de
différence fondamentale entre les deux, mais dans certains cas une méthode
est plus appropriée que l’autre.
1.4.5 Corrigé
Interprétation de l’énoncé
1. On peut considérer que la satisfaction du consommateur augmente
lorsque sa consommation, son encaisse monétaire et son temps de loisir
15
augmentent ; donc a, b, d > 0. Cependant, on notera que la forme fonc-
tionnelle étant un log, l’utilité augmente de moins en moins vite lorsque
ces consommations augmentent (l’utilité marginale est décroissante).
2. On peut remarquer que si l’on compose la fonction d’utilité proposée
par la fonction exponentielle, qui est croissante, on obtient la forme
standard d’une Cobb-Douglas :
U2 = C a M b (l0 − l)d .
pC + M ≤ M0 + wl,
pC + w(l0 − l) + M ≤ M0 + wl0
Résolution du programme
La contrainte budgétaire sera saturée puisque l’utilité est croissante en
chacun de ses arguments. On va aussi considérer que le revenu disponible
est strictement positif et que, par conséquent, la consommation, la demande
de monnaie et le temps de loisir sont strictement positifs. Le programme du
consommateur s’écrit alors :
max U
sc : pC + w(l0 − l) + M = M0 + wl0
l≥0
16
Les conditions du premier ordre sont les suivantes :
∂L a
= + λp = 0
∂C C
∂L b
= +λ=0
∂M M
∂L d
= − − λw + µ = 0
∂l l0 − l
Il y a deux cas selon que µ = 0 (et l < 0, c’est une solution intérieure) ou
que µ > 0 (et l = 0, c’est une solution de coin).
Dans le premier cas, les CPO induisent :
a
pC = ·M
b
d
w(l0 − l) = ·M
b
et en réintroduisant dans la contrainte budgétaire, on obtient :
a
pC ∗ = · (M0 + wL0 )
a+b+d
b
M∗ = · (M0 + wL0 )
a+b+d
d
w(l0 − l∗ ) = · (M0 + wL0 )
a+b+d
Dans le deuxième cas, on a la même première CPO que précédemment et
en utilisant la CB et l = 0, on obtient :
a
pC ∗ = · M0
a+b
b
M∗ = · M0
a+b
l∗ = 0
L’individu ne travaille pas (et atteint sa consommation maximale de loisir),
le revenu est partagé entre monnaie et consommation.
Quand est-on dans quel cas ? La solution du premier cas est valide tant
que le temps de loisir ne dépasse pas l0 , i.e. :
d
· (M0 + wl0 ) ≤ wl0
a+b+d
a+b
⇔ M0 ≤ · l0
d
17
Lorsque le consommateur détient beaucoup de revenu sans avoir à travailler, il
souhaiterait consommer beaucoup de loisir (plus qu’il ne peut) et ne travaille
pas du tout.
18
Chapitre 2
Le Producteur
Définition 20 Un plan de production est défini par la liste des outputs nets
des différents biens. On le notera Y = (y1 , ..., yn , x1 , ..., xk ) où y contient la
liste des outputs et x celle des inputs ; par convention, les valeurs de x sont
négatives.
19
– Y est non vide : i.e. il est toujours possible de ne rien produire
– Monotonicité ou libre disposition
∀y ∈ Y,et y 0 ≤ y,alors y 0 ∈ Y
i.e. on peut toujours produire moins avec les mêmes inputs ou autant
avec plus d’inputs (avec convention inputs comptés négativement)
– Divisibilité
Pour tout y ∈ Y et tout scalaire λ positif (ou nul) et inférieur ou égal
à l’unité, le plan y 0 = λy appartient à Y
i.e. le plan de production y est utilisable en réduisant les inputs et les
outputs dans la même proportion
– Additivité
Pour tout y ∈ Y et y 0 ∈ Y, le plan z = y + y 0 appartient à Y
– Convexité
Pour tout y ∈ Y et y 0 ∈ Y, le plan z = yx + (1 − λ) y 0 appartient à Y
pour tout scalaire λ positif (ou nul) et inférieur (ou égal) à l’unité
– Continuité
Pour tout y ∈ Y et tout voisinage Vy de y, il existe y 0 ∈ Vy tel que
y0 ∈ Y
Fonction de production
Dans la plupart des processus de production actuels, l’ensemble des biens
qui peuvent être produit est distinct de l’ensemble des inputs. Dans ce cas,
il peut être pratique de distinguer les inputs x des outputs y avec comme
convention que les inputs sont des quantités positives.
Si la firme produit un seul output, il est possible de définir la fonction de
production comme suit :
20
i.e. la fonction de production f (x) détermine le maximum d’output qui peut
être produit à partir d’une quantité d’input donnée.
Isoquantes
Pour un niveau d’output y donné, l’isoquante est la courbe de l’ensemble
des paniers d’inputs qui permettent de produire exactement ce niveau d’ou-
tuput.
Cas général
∂f (x)
∂xl
T STlk ≡
∂f (x)
∂xk
Le taux de substitution technique mesure l’ajustement de la quantité
d’un input nécessaire pour maintenir le niveau d’output constant lorsque
la quantité d’un autre output varie marginalement. Il est égale à la valeur
absolue de la pente de la fonction de production au point x.
21
2.1.5 Rendements d’échelle
Définition 23 Une technologie présente des rendements d’échelle constants
si f (tx) = t f (x) pour t ≥ 0, i.e. la fonction de production est homogène de
degré 1
22
dans les sections suivantes, les firmes seront supposées adopter un comporte-
ment de marché de “price taker” (considéré a priori ) comme le plus simple.
Chaque firme sera supposée prendre les prix comme donnés.
Pour finir, l’ensemble de production Y de la firme est supposé non vide,
fermé et vérifiant l’hypothèse de monotonicité ou libre disposition
23
– si la productivité marginale était au-dessus du prix, il faudrait aug-
menter cette quantité d’input (car sinon on néglige du profit), ce qui
réduirait sa productivité marginale.
– si la productivité marginale est au-dessus du prix alors le producteur
fait des pertes à utiliser cet input : il a intérêt à réduire la quantité
d’input, ce qui augmentera sa productivité marginale.
– on pourrait avoir des inégalités si la quantité d’input utilisée était sou-
mise à des contraintes (ex : contrainte de capacité).
Définition 28 On appelle fonction d’offre (d’output) la fonction qui à p
associe le niveau de production y qui maximise le profit.
Le système à résoudre est donc un système où la première équation (qui
est en fait un ensemble d’équations, chacune correspondant à un input)
détermine la demande en biens (inputs) et où la dernière détermine l’offre
en biens (l’output). La résolution d’un tel système pouvant être compliquée,
nous proposerons dans la partie suivante une autre méthode de résolution.
24
2.3 Minimisation du coût
On peut aussi considérer que le producteur cherche à résoudre son problème
en deux étapes : tout d’abord, à niveau d’output donné, il choisit la façon
dont il utilise ses inputs pour que cela lui coûte le moins possible ; ensuite, il
détermine son niveau d’output optimal, c’est-à-dire qui maximise son profit,
sans s’occuper de la façon dont il produit cet output (ceci a été déterminé
en première étape). On s’intéresse ici à l’étape qui consiste à minimiser la
fonction de coût du producteur, à niveau d’output donné. Le programme
s’écrit :
min px · x
x
sc : sc : y = f (x)
L(x, λ) = px · x + λ [f (x) − y]
On en déduit :
∂f (x)
∂xl px
T STlk ≡ = l
∂f (x) p xk
∂xk
Comme pour le programme de maximisation du profit, on a le taux de sub-
stitution technique égal au rapport des prix des facteurs
25
2.3.2 Fonction de coût et demandes de facteur condi-
tionnelles
Définition 29 On appelle fonction de demande conditionnelle de facteurs
la fonction qui associe à chaques valeurs de px et de y le choix xc (px , y) qui
minimise le coût de production de y unités d’output.
Définition 30 On appelle fonction de coût la fonction c(px , y) qui associe à
px et y le coût minimal correspondant.
La fonction de coût est définie par :
c(px , y) ≡ px · xc (px , y)
max py y − c(px , y)
y
26
2.4 Exercices sur le producteur
2.4.1 Fonction de production Cobb-Douglas
Soit une entreprise qui produit un bien Q à partir de deux facteurs de
production, le travail N et le capital K. La quantité d’ouptut produite est
donnée par la fonction de production Q = F (N, K). Le prix du bien Q, le
taux de salaire et le coût d’usage du capital sont notés respectivement p, w
et r.
On suppose dans un premier temps que la fonction de production est
donnée par Q = Q0 N α K β avec Q0 , α et β des paramètres strictement positifs.
1. Représenter dans le plan (N, K) l’ensemble des combinaisons d’inputs
qui permettent de produire une même quantité de Q donnée. A quelles
conditions, portant sur α et β, les rendements d’échelle sont-ils crois-
sants ? décroissants ? constants ?
2. a) Calculer les productivités marginales du travail, du capital et le taux
marginal de substitution technique du travail au capital.
b) Si l’entrepreneur a un comportement concurrentiel sur les marchés
des inputs, montrer que le taux marginal de substitution technique
calculé précédemment est égal au rapport r/w du prix des inputs. En
déduire en fonction de r/w le capital par tête utilisé dans l’entreprise.
3. Calculer la fonction de coût C(Q, w, r) d’une entreprise concurrentielle
sur les marchés des inputs, et qui utilise cette technologie. A quelle
condition, portant sur α et β, cette fonction de coût est-elle concave
(respectivement convexe) par rapport à Q ?
4. Calculer la fonction d’offre de la firme et les demandes de facteurs.
27
2.4.2 Corrigé
Ensemble des combinaisons d’input et rendements d’échelle
X2
X1
F (N, K)
πN = αQ0 N α−1 K β = α
N
De même, la productivité marginale du capital s’écrit :
F (N, K)
πK = αQ0 N α K β−1 = β
K
Si, à un point donné, on veut diminuer légèrement l’utilisation de l’un des
inputs, on se demande de quelle quantité il faudra augmenter l’autre input
pour obtenir la même production. Ce rapport entre les quantités des 2 in-
puts s’appelle le taux marginal de substitution technique. On peut retrouver
28
aisément sa formule en écrivant que la variation d’output est nulle. Le taux
marginal de substitution technique du travail au capital a pour formule :
πK βN
T ST = =
πN αK
Si le producteur a un comportement concurrentiel sur le marché des in-
puts, il égalisera la productivité marginale des inputs à leur prix réel. On
peut le redémontrer brièvement en écrivant qu’il maximise son profit :
max pQ − wN − rK = pQ0 N α K β − wN − rK
N,K
αpQ0 N α−1 K β = w
⇒
βpQ0 N α K β−1 = r
On obtient donc que :
r
T ST =
w
On obtient donc immédiatement le capital par tête utilisé dans l’entre-
prise :
K βw
=
N αr
Fonction de coût
On déduit de la relation précédente l’expression du capital optimal en
fonction de la quantité de travail optimal :
βw
K= N
αr
Donc la production totale peut s’exprimer en fonction de N :
β
βw
Q = Q0 · N α+β
αr
Ceci nous permet donc de donner l’expression des demandes en chaque bien
conditionnelles (en fonction du niveau de production à atteindre) :
" β # α+β
1
Q αr
N∗ = ·
Q0 βw
α α+β
1
∗ Q βw
K = ·
Q0 αr
29
On en déduit la fonction de coût :
α+β
1
" β α #
Q αr α+β βw α+β
C(w, r, Q) = · w +r
Q0 βw αr
α+β
1
" α+β α+β
β α
#
Q α β 1
= · + · wα rβ α+β
Q0 β α
Q = Q0 N ∗α K ∗β
β
α βw
= Q0 N Nβ
αr
h αp iα+β βw β
= Q0 Q
w αr
30
premier ordre du programme de maximisation du profit :
αp
N = ·Q
w
" # 1
αp α α β β 1−(α+β)
= Q0 · pα+β
w w r
βp
K = ·Q
r
" # 1
βp α α β β 1−(α+β)
= Q0 · pα+β
r w r
31
2.4.4 Corrigé
Ensemble de productions
Les deux ensembles de production sont représentés comme suit :
Y E2
E1
32
duction s’écrit en toute généralité :
D’où :
f10 (X1∗ ) = f20 (X2∗ )
On a bien égalisation des productivités marginales.
Dans le cadre de l’exercice, ces équations donnent :
1 1
p ∗ =p ∗
2 X1 X2
∗ ∗
⇒ X2 = 4X1
1 4
⇒ X1∗ = X, X2∗ = X
5 √ 5 √
X X √
⇒ Y = Y1 + Y2 = √ + 2 · 2 √ = 5X
5 5
Technologie globale
√
La technologie globale s’écrit donc : Y ≤ 5X. Elle est donc plus efficace
que la technologie 1 ou 2 isolée.
33
E1+2
Y E2
E1
Deuxième technologie
Ceci donne que l’utilisation des deux technologies mène à une fonction
de production : r
√ 8 8
Y = 5 X− si X ≥
5 5
Le plus simple, pour déterminer la technologie optimale, est de dessiner
les ensembles de production :
34
E1+2
E2
Y
E1
2 X
35
Chapitre 3
Équilibre et optimum
3.1 Introduction
On a vu jusqu’à maintenant comment consommateurs et producteurs
prenaient leur décision, en fonction du système des prix qu’ils observent. Il
s’agit maintenant d’étudier la compatibilité de ces décisions, c’est à dire de
déterminer le ou les systèmes de prix tels que l’offre des producteurs à ces
prix égalise la demande des consommateurs.
36
3.1.2 La notion de concurrence parfaite
La notion de marché
On supposera que le fonctionnement d’un marché de concurrence pure et
parfaite repose sur des échanges volontaires, effectués à un prix donné.
37
3.2 L’équilibre partiel
Soit le marché d’un bien donné, de prix p. La demande agrégée pour
P
H
le bien est notée xg (p) = xh (p), et l’offre agrégée pour le bien yg (p) =
h=1
P
F
yf (p).
f =1
38
3.3.1 L’économie “Robinson Crusoe”
En agrégé
Modèle comportant une entreprise, un consommateur et deux biens dans
lequel firme et consommateur sont en fait la même personne. Le choix de
l’agent est double :
– en tant que producteur, son travail lui permet de fabriquer un bien
qu’il peut consommer ensuite,
– en tant que consommateur, son choix concerne le nombre d’heures de
travail qu’il doit fournir.
⇒ plus il travaille, plus il peut consommer, mais moins il a de loisir.
(Inserer graphique)
En désagrégé
Supposons à présent que l’agent distingue ses activités de producteur
de son activité de consommateur et que l’agent-producteur paie un salaire à
l’agent-consommateur, qui avec ce salaire achète le bien à l’agent-producteur.
39
Programme de l’agent-consommateur Le consommateur reçoit un sa-
laire w de la firme et lui achète le bien au prix p. De plus, il reçoit le profit
versé par l’agent-producteur, qu’il suppose indépendant de son propre choix
d’offre de travail. En conséquence, même lorsqu’il décide de n’offrir aucun
travail, il pense obtenir un revenu sous forme de profit (cette situation ne
sera bien sûr pas un équilibre).
Le choix de l’agent-consommateur se situe au point de tangence entre sa
contrainte budgétaire et une des ses courbes d’indifférence.
Loi de Walras L’équilibre général walrasien est réalisé lorsque tous les
marchés sont en équilibre : c’est-à-dire lorsque toutes les demandes excédentaires
(demande - offre d’un bien) sont nulles.
Ainsi, si le marché du bien est en équilibre alors, en sommant les contraintes
budgétaires de tous les agents, on observe que le marché du travail est aussi
en équilibre.
40
Les consommateurs
On suppose que chaque consommateur h détient une part θhf de l’entre-
P
prise f qui lui donne droit à une partie des profits. On a Hh=1 θhf = 1 pour
tout f.
Le programme du consommateur h est donné par :
max uh (xh )
xh
X
sc : p (xh − eh ) = θhf πf (p)
f
L’équilibre
Définition 37 Un équilibre concurrentiel est un vecteur de prix p∗ est une
allocation (x∗ , y ∗ ) ∈ RCH CF
+ × R+ tels que :
Proposition 38 Seuls les prix relatifs sont déterminés, les prix absolus ne
le sont pas : on peut multiplier tous les prix par une même constante et
l’équilibre reste inchangé.
41
Conditions d’existence de l’équilibre
42
Définition 43 On dit qu’une allocation réalisable (x1 , x2 ) est un optimum
de Pareto (ou est Pareto Optimale) s’il n’existe pas d’allocation réalisable
(e
x1 , x
e2 ) telle que
u1 (e
x1 ) ≥ u1 (x1 )
et
u2 (e
x2 ) ≥ u2 (x2 )
avec une inégalité stricte au moins.
– L’allocation x est donc Pareto-optimale (ou efficace) s’il n’est pas pos-
sible d’augmenter l’utilité d’un agent sans diminuer celle de l’autre.
– Le concept d’optimalité au sens de Pareto est totalement indépendant
de celui d’équilibre (il n’est jamais fait référence à un prix ou à la
maximisation de l’utilité par les agents).
– A l’optimum de Pareto, il n’existe plus d’échanges mutuellement avan-
tageux.
– La notion d’optimum de Pareto est indépendante de la répartition des
dotations initiales.
– Ce concept ne comporte aucune notion de justice ou d’équité (tout ce
que ce concept dit c’est qu’à une allocation optimale, il n’existe aucun
gaspillage dans l’économie).
– Ce concept ne permet pas de comparer (ou d’additinner) des bien-être
de différents individus.
(Inserer graphique)
43
3.4.3 La boı̂te d’Edgeworth
La somme des dotations initiales étant indépendante des actions des
agents (puisqu’il n’y a pas de production), l’économie peut être représentée
sous forme d’un rectangle de côtés (e11 + e12 ) et (e21 + e22 ) , c’est à dire respec-
tivement la dotation initiale globale en bien 1 et celle en bien 2.
Le système d’axes correspondant au premier agent trouve son origine dans
le coin en bas à gauche de la boı̂te, celui du second agent est inversé. Dans
la boı̂te d’Edgeworth, les deux droites budgétaires sont confondues, mais les
ensembles budgétaires sont différents.
En adjoignant les représentations des préférences et des contraintes budgétaires,
on peut représenter les demandes des consommateurs.
44
après avoir substitué les contraintes sur les biens.
Les conditions du premier ordre s’écrivent donc :
∂Uh ∂Uk
= λ
∂x1h ∂x1k
∂Uh ∂Uk
2
= λ 2
∂xh ∂xk
Le rapport des deux induit l’égalité entre les TMS des deux agents :
T M Sh = T M S k .
45
Second théorème du bien être
Théorème 45 Soit x∗ un optimum de Pareto avec x∗h > 0 pour tout h. Sup-
posons que les fonctions d’utilité des agents sont quasi-concaves, continues et
strictement croissantes. Alors x∗ est une allocation d’équilibre de l’économie
dont les dotations initiales sont eh = x∗h .
46
3.5 Exercices sur l’équilibre
3.5.1 Équilibre avec appareil productif
On considère une économie à 2 biens : un bien de consommation X et le
travail T , et qui comprend deux consommateurs et une entreprise. Chaque
consommateur dispose d’une unité de temps, dont il peut vendre une fraction
à l’entreprise sous forme de travail et utiliser le reste comme temps de loisir.
Les fonctions d’utilité des deux consommateurs s’écrivent :
U1 (X1 , L1 ) = X1 L1
U2 (X2 , L2 ) = X2
47
3.5.2 Corrigé
Contraintes de revenu et profit de l’entreprise
Compte-tenu des notations de l’énoncé, les contraintes de revenu des
consommateurs et le profit π de l’entreprise s’écrivent :
pX1 ≤ T1
pX2 ≤ T2 + π
π = pX − T
Le bien X est désiré par les deux consommateurs, leurs contraintes de revenu
sont donc des contraintes d’égalité. Compte-tenu de ces 3 relations, on aboutit
à l’égalité :
p(X1 + X2 − X) = T1 + T2 − T
Cette égalité montre que si la somme des emplois en bien X X1 et X2 est
égale à la ressource X, il y a nécessairement égalité entre les emplois et les
ressources en bien T . Ces égalités comptables signifient que l’unique marché
est en équilibre (identité de Walras).
48
Cette fonction
√ est strictement décroissante en p. Elle est positive si p est plus
petit que 6 et négative sinon. Il y a donc excès de demande en bien X si
son prix est trop bas, excès d’offre sinon. La seule valeur√ du prix p qui réalise
égalité entre l’offre et la demande concurrentielle est 6.
L’unique équilibre
√ concurrentiel de cette économie est donc constitué du
vecteur prix (1, 6) et de l’allocation (X1 , X2 , T1 , T2 , X, T ) égale à :
√ !
1 5 1 6 3
√ , √ , , 1, ,
2 6 2 6 2 2 2
49
optimum de Pareto. Calculer les allocations de cet optimum en fonction
de U20 et en déduire l’ensemble des optima de Pareto obtenus lorsque U20
varie. En chacun de ces points, calculer le taux marginal de substitution
entre les deux biens de chacun des deux agents.
b) Représenter dans l’espace des utilités l’ensemble des points (V1 , V2 )
qui décrivent les niveaux d’utilité atteints par les deux agents en cha-
cun des optima de Pareto. Dessiner dans le diagramme d’Edgeworth
l’ensemble de ces optima.
3. a) Montrer que pour toute allocation initiale, l’équilibre concurrentiel
est un optimum de Pareto.
b) Inversement, quel prix faut-il imposer aux agents, et quels reve-
nus faut-il leur donner pour que le mécanisme concurrentiel conduise à
l’optimum de Pareto pour lequel les niveaux d’utilité U1 et U2 valent
respectivement 94 XY et 91 XY ?
3.5.4 Corrigé
Équilibre concurrentiel
Revenu et fonctions de demande des consommateurs Le consomma-
teur i dispose du panier de ressources initiales (Xi , Yi ). Son revenu Ri vaut
donc :
Ri = p X Xi + p Y Y i
Il égalise le TMS au rapport des prix, donc :
Yi pX
=
Xi pY
pX
⇒ Yi = Xi
pY
⇒ p X Xi + p X Xi = R i
Ri Ri
⇒ Xi (pX , pY , Ri ) = et Yi (pX , pY , Ri ) =
2pX 2pY
50
Par ailleurs, les contraintes de revenu des deux agents sont des contraintes
d’égalité (car si la contrainte n’est pas saturée, le consommateur pourrait
augmenter son utilité). Donc si l’on somme les deux contraintes de revenu,
la somme des valeurs des demandes totales pX (X1 + X2 ) + pY (Y1 + Y2 ) est
égale, à l’équilibre, à la somme des valeurs des offres totales pX X + pY Y .
Compte-tenu de la stricte positivité des prix, cette dernière condition est
incompatible avec la destruction de l’un des biens : l’allocation d’équilibre
est donc nécessairement réalisable sans destruction.
Un équilibre concurrentiel est défini par la donnée d’un vecteur des prix
(pX , pY ) et d’une allocation réalisable sans destruction (X1 , Y1 , X2 , Y2 ) tels
que pour chaque consommateur i le panier (Xi , Yi ) maximise l’utilité Ui (Xi , Yi )
sous la contrainte pX Xi + pY Yi = Ri .
Cherchons un vecteur des prix (pX , pY ) qui réalise l’équilibre. La demande
en bien X du consommateur i a été calculée à la question précédente. Ceci
nous permet de calculer la demande totale en bien X. Elle vaut :
X 1 + X 2 pY (Y1 + Y2 ) X pY Y
X= + = +
2 2pX 2 2pX
Xi X · Y i
Xi = +
2 2Y
Y i Y · Xi
Yi = +
2 2X
associée au vecteur des prix (pX , pY ) qui vérifie l’égalité précédente constitue
l’équilibre concurrentiel de cette économie.
Dans cet exemple, on remarque que les prix d’équilibre ne dépendent pas
de la répartition des ressources initiales. Cette particularité est due au fait
51
que les agents ont les mêmes préférences et que leurs fonctions d’utilité sont
homogènes.
Pour l’agent i, le taux marginal de subsitution du bien Y au bien X s’écrit
Yi /Xi en tout point (Xi , Yi ) intérieur à son ensemble de consommation. En
un équilibre intérieur, ce taux vaut Y /X. Il est donc identique pour les deux
agents. Pour un équilibre intérieur, le taux marginal de substitution est égal
au rapport des prix qui est le même pour les deux agents ; donc en équilibre
intérieur, les taux marginaux de substitution des deux agents sont égaux.
Y 2
Ui = Xi
X
puisque l’allocation d’équilibre vérifie Yi = (Y /X)Xi . Par conséquent, on a
l’égalité :
s
p p Y p
U1 (X1 , Y1 ) + U2 (X2 , Y2 ) = (X1 + X2 ) = XY
X
Lorsque la distribution des ressources varie, les niveaux d’utilité des agents
se modifient mais vérifient la relation précédente. Les figures suivantes montrent
respectivement les niveaux d’utilité atteints par les deux agents en chacun
des différents équilibres et le lieu de ces équilibres dans le diagramme d’Ed-
52
geworth.
53
par U20 est le suivant :
maxX1 ,Y1 ,X2 ,Y2 X1 Y1
X2 Y2 = U20
X1 + X2 = X et Y1 + Y2 = Y
Xi ≥ 0 et Yi ≥ 0 pour i = 1, 2
Les contraintes de positivité ne sont pas actives lorsque U20 est dans l’in-
tervalle ]0, XY [. En effet, dans cet intervalle, le niveau d’utilité du second
consommateur est non nul et par conséquent les variables X2 et Y2 sont stric-
tement positives. Puisque U20 est inférieur à XY , il existe des allocations qui
assurent au premier agent un niveau d’utilité strictement positif. En parti-
culier, au maximum de son utilité, les variables X1 et Y1 sont strictement
positives.
En chaque optimum intérieur, les conditions du premier ordre montrent
que le taux marginal de substitution entre les deux biens est le même pour
les deux agents. Le lieu de ces optima est alors défini par l’égalité :
Y1 = (Y /X)X1
Les allocations des agents s’écrivent donc :
q q
X1 = X − X · U 0
2 X 2 = X
· U20
q Y qY
Y Y
Y1 = Y − X · U20 Y2 = X · U20
L’ensemble des optima de Pareto est obtenu lorsque U20 varie entre 0 et XY .
Les cas limites, pour lesquels l’utilité d’un des deux agents est nulle, vérifie
aussi les égalités précédentes. Ces dernières définissent donc l’ensemble des
optima de Pareto quand U02 décrit l’intervalle [0, XY ]. À partir des allocations
ainsi définies on vérifie qu’il n’existe pas de possibilité d’échange mutuelle-
ment avantageux pour les deux agents.
Lieu des optima de pareto Les égalités précédentes montrent qu’en cha-
cun des optima de Pareto, l’égalité suivante est vérifiée :
p p p
U1 (X1 , Y1 ) + U2 (X2 , Y2 ) = XY
Par conséquent, les figures précédentes représentent aussi l’ensemble des uti-
lités accessibles de l’économie et le lieu des optima de Pareto dans le dia-
gramme d’Edgeworth.
54
Équilibre concurrentiel et optimum de Pareto
Tout équilibre est un optimum de Pareto Dans la première question,
nous avons déterminé l’ensemble des allocations d’équilibre concurrentiel ob-
tenu lorsque la distribution des ressources initiales varie. La seconde ques-
tion nous a montré que ces allocations sont optimales au sens de Pareto. Par
conséquent, dans cette économie, toute allocation d’équilibre est optimale au
sens de Pareto.
pX Y
=
pY X
et supposons que les agents disposent de ressources initiales telles que leurs
revenus soient :
2pX X 2pY Y
R1 = +
3 3
pX X pY Y
R2 = +
3 3
La somme des revenus vaut alors pX X + pY Y et l’allocation (X̃1 , Ỹ1 , X̃2 , Ỹ2 )
associée au vecteur prix (pX , pY ) définit l’unique équilibre concurrentiel de
l’économie. Par conséquent, si on fixe les prix des biens au niveau (pX , pY )
et si on donne aux agents les revenus définis précédemment, le mécanisme
concurrentiel conduit à l’optimum de Pareto recherché.
55