Clasificarea Metodelor Didactice
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TABLE RONDE 1 : Mieux cerner les besoins de formation des
enseignants
QUELLES COMPETENCES EN NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION
ET DE LA COMMUNICATION POUR LES ENSEIGNANTS DU SUPERIEUR ?1
Résumé
L'objectif du groupe est d'établir une liste des savoirs et savoir-faire nécessaires aux
enseignants qui souhaiteraient intégrer les nouvelles technologies de l'information et de la
communication (NTIC) dans leurs enseignements universitaires. Ce référentiel de
compétences servira de base à un programme de formation continuée des enseignants à
mettre sur pied par le Centre des Technologies pour l'Enseignement.
Cet article place les compétences en NTIC dans le champ de compétences générales d'un
enseignant du supérieur et les décrit en tant que moyens au service de ses compétences
professionnelles. Il propose en outre un référentiel hiérarchique de compétences-cibles en
NTIC fondées sur une arborescence à quatre niveaux: (i) la sensibilisation / orientation,
(ii) "l'alphabétisation", (iii) les "usages et outils", et (iv) le perfectionnement.
1
In Actes du Congrès international francophone: "Apprendre et enseigner dans l’enseignement supérieur",
10-13/04/2000, Université Paris X - Nanterre (France) - Congrès ADMES - AIPU (Association pour le
Développement des Méthodes de formation dans l'Enseignement Supérieur - Association Internationale de
Pédagogie Universitaire). Cet article a fait l'objet d'une présentation au Colloque 4: Formation
pédagogique des enseignants du supérieur. Table ronde n° 1: "Mieux cerner les besoins de formation des
enseignants".
Introduction
1. Contexte de la contribution
Commentaires :
(i) Le champ des compétences du C.T.E. se trouve à l’intersection de deux ensembles. Le
C.T.E. n’est pas habilité à développer l’ensemble des compétences d’ordre pédagogique,
mais seulement celles liées à l’usage des TIC. Ceci pose le problème de la préparation
initiale des enseignants. Certains, de par leur formation ou leur expérience
d’enseignement antérieures, sont à même de conduire des projets pédagogiques intégrant
les NTIC. D’autres auront besoin d’un accompagnement en la matière. La tâche du C.T.E.
serait donc d’identifier ce besoin au début d’un processus de formation.
(ii) De manière parallèle, les projets axés sur des réalisations requérant des compétences
techniques, parfois avancées, au service de projets s’écartant d’une visée pédagogique
(création de banques d’images, de CD-ROM dans un domaine de spécialité et destinés à
des professionnels, par exemple), ne ressortent pas du champ d’action des formations
prises en charge par le C.T.E. Si ce type de projet paraissait judicieux, il pourrait être
délégué à d’autres services, voire sous-traités avec des entreprises spécialisées.
Dans le cadre de ces différentes activités, le CTE a initié, en décembre 1999, un groupe de
réflexion interne sur le thème "Quelles compétences en NTIC pour les enseignants du
supérieur ?". Pluridisciplinaire, le groupe a réuni des chercheurs du CTE, des
Bibliothèques de l'ULB (groupe « Formations ») ainsi que de la Faculté des Sciences
Psychologiques et de l'Éducation.
Le mandat de ce groupe était de définir un référentiel de compétences que devraient
posséder les enseignants de l'Université qui souhaitent intégrer les nouvelles technologies
à leur enseignement. Ce référentiel est destiné à servir comme base de travail pour
élaborer des programmes de formation continuée en TIC destinés aux enseignants de
l'ULB.
Les qualités attendues du référentiel déterminent dans une large mesure la méthodologie
utilisée lors de l'élaboration de celui-ci.
1° Capitalisation des expériences acquises lors des formations aux TIC déjà réalisées
par l’équipe du C.T.E.
2
"LEARN-NETT associe des chercheurs et enseignants belges de l'ULG, l'UCL, l'ULB, l'UMH, des
FUNDP et du EAD (Charlier, B., Daele, A., Donnay, J., Lebrun, M., Docq, F., d'Hautcourt, F., Lusalusa,
S., Denis, B., Peeters, R., Depover, C., Deschryver, N., Pirlet, M., Rouard, A.) ainsi que des partenaires
L'observation et l'évaluation de l'expérience de cours par visioconférence réalisées par S.
Lusalusa et A. Lammé (1997, p. 7) à l'ULB ont conclu
- à un besoin en formation technique minimale de l'enseignant exploitant ce
dispositif d'enseignement ou, tout au moins, à la nécessité de disposer d'un
guide pratique d'exploitation du dispositif de visioconférence en tenant compte
des possibilités mais aussi des contraintes techniques, et
- à un besoin de fournir des scénarios pédagogiques-types exploitant ce dispositif
d'enseignement.
Forts des fruits de ces expériences, nous avons orienté la méthodologie adoptée vers une
exploration de sources documentaires relatives aux compétences techniques-cibles, plutôt
que vers une nouvelle analyse de besoin, étant entendu que les observations déjà
enregistrées à cet égard restaient en toile de fond.
Il s'agit des référentiels à usage similaire déjà établis par d'autres auteurs.
européens (Université de Lancaster, Saunders, M., Folley, M. - Université de Barcelone, Quintana, J.,
Serrat, N., Willem, C. - Université de Genève, Peraya, D., Joye, F. - Centre Gate CNRS de Lyon,
Bonamy, J., Zeiliger, R. - Ecole de Management de Lyon, Esnault, L.). Coordonné par le Département
Education et Technologie des FUNDP (Bernadette Charlier), ce projet est soutenu par l'Enseignement
à Distance de la Communauté Française de Belgique (EAD) et par le programme SOCRATES
(http://tecfa.unige.ch/proj/learnett )
3
Par exemple : "apply technology resources to enable and empower learners with diverse
backgrounds, characteristics, and abilities", "model and teach legal and ethical practice related to
technology use".
Cette liste (B. Charlier et al., 1999), structurée et détaillée, constitue une excellente
référence que nous avons exploitée. Y sont distinguées des "compétences générales"
(utilisation générale de Windows ou du système Macintosh, utilisation de progiciels et
logiciels éducatifs dont les exerciseurs, les tutoriels, …) et des "compétences liées à
l’usage d’Internet" (concepts liés à l’usage d’Internet, courrier électronique, Web
(Netscape ou Internet Explorer), Composition Web, mIRC, Netmeeting). Le seul
problème est celui du public, puisque ce sont ici les étudiants qui sont visés; or les
compétences des étudiants en NTIC constituent clairement un sous-ensemble de celles
des enseignants (i.e. les enseignants devraient maîtriser ce que maîtrisent les étudiants,
plus une série d'habiletés spécifiques supplémentaires). En outre, certaines compétences
(utilisation de progiciels par exemple) devraient être davantage détaillés.
Au rang des programmes structurés, on peut citer par exemple le programme du diplôme
d'études spécialisées (DES) en "Informatique appliquée aux sciences de l'éducation" de
l'ULB (1999), l'orientation Technologie éducationnelle du DESS en éducation de
l'Université de Montréal (1999), ou encore la maîtrise en technologie éducative de
l'Université Laval (1999). Paradoxalement, ces programmes sont d'une aide très relative
pour l'élaboration d'un référentiel de compétences, et ceci pour les raisons suivantes:
l'intitulé souvent généraliste des cours proposés (Applications pédagogiques des NTIC,
Multimédia et éducation4...), et l'absence des détails des informations disponibles (on
dispose généralement de quelques mots sur les objectifs et/ou le contenu, sans plus).
S'interroger sur les types d'usages pédagogiques des NTIC que l'on rencontre dans la
pratique pour en inférer les compétences requises sous-jacentes est un autre moyen
d'approcher le problème de référentiel de compétences en NTIC des enseignants du
supérieur.
Plusieurs auteurs ont tenté de proposer des typologies d'usages. Judi Harris (02/1995)
identifie 16 types d'activités regroupées en 3 catégories : échanges interpersonnels,
collecte d'information et résolution de problèmes. P. Séguin (S.D.) s'inspire de cette
classification pour proposer 6 types d'usages des nouvelles technologies en éducation :
communication interpersonnelle, cueillette de données, travaux d'équipe, utilisation des
ressources, publication sur Internet et autoapprentissage. Desjardins et Bélair (04/2000)
distinguent communication, accès à l'information, production d'information et traitement
de l'information. Lebrun (1999, p. 175), quant à lui, ouvre une nouvelle piste en jetant un
pont entre les types d'outils d'une part, et les principaux paradigmes d'enseignement-
apprentissage tels qu'identifiés par Leclercq (1988). Toutes ces typologies et d'autres du
même genre ont servi à l'élaboration du niveau 3 du référentiel proposé infra.
3. Résultats provisoires
Remarques préliminaires
L'une des recommandations de notre groupe de réflexion est de tenir compte des projets
préalables des enseignants avant de leur proposer des formations en NTIC. Le but du
référentiel est de susciter des demandes ou de permettre une formation "sur mesure" en
vue d'accompagner les projets pédagogiques des enseignants. La prise en compte de ces
projets permet aussi de rejoindre les enseignants dans leurs tâches concrètes respectives
(la discipline ou matière, le niveau d'études, le niveau d'âge, le type d'étudiants, etc.) et de
se centrer sur ce qui est utile pour eux. C'est donc un élément accrocheur susceptible de
soutenir leur motivation et leur implication durant toute la durée de la formation.
1° Sensibilisation / orientation
Si certains enseignants s'inscriront à des formations avec un projet préalable (en gestation
ou en cours), d'autres auront vraisemblablement besoin qu'on leur indique, sans entrer
dans les détails techniques, quels sont les principaux outils disponibles et/ou qu'on leur
montre ce qu'il est possible d'en faire. La phase de sensibilisation / orientation permet
d'offrir un panorama des usages possibles des NTIC en éducation afin que chacun
puisse définir un projet concret.
Mcmillan (1996, cité par Larose & al., 1998) et bien d'autres auteurs contemporains
tendent à centrer la définition de l'alphabétisation informatique sur un nombre restreint de
compétences ou d'habiletés, identifiables en tant que comportements "ouverts" mais
mettant en jeu certaines habiletés cognitives ou conatives sous-jacentes.
4° Le perfectionnement
C'est la phase qui correspond à la recherche d'un approfondissement de ses connaissances
informatiques en vue de "créations" personnelles pointues. Il s'agit de chercher à réaliser
des objectifs pédagogiques ou de recherche spécifiques qui supportent des connaissances
techniques approfondies sans devoir les laisser faire par le technicien qualifié.
0. Sensibilisation / orientation
- Identifier des usages susceptibles d'être exploités dans un contexte visé
- Prendre connaissance d'un éventail d'usages possibles des TIC dans l'enseignement
supérieur
- Préciser ou aider à préciser un projet exploitant les TIC au service de l'enseignement.
- Préciser ou aider à préciser un plan de formation correspondant à ce projet.
Contenu : aperçu des usages avec nombreuses illustrations tirées de cas réels.
1. Alphabétisation
2. Usages et outils
2.1. Maîtriser les fonctions de base de logiciels standards (traitement de texte, tableur,
…) en vue de
- améliorer sa productivité
- produire des supports à l'enseignement
- traiter de tâches administratives
Prérequis : 1.1, 1.2
3. Perfectionnement
Références
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Principals (NASSP) Bulletin, Janvier 1997, pp. 23-32.
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l'Association Internationale de Pédagogie Universitaire. Montréal, 25-28 mai 1999.
Stein, A., Craig, A. et Scollary, A. (1997): Preparatory IT practices and skills of transition
business students. Australian Journal of Educational Technology, 13(1), 40-53.
Jean-Louis RICCI
Responsable de l'UNÉED'IP
Unité d'évaluation de l'enseignement et d'insertion professionnelle de l'EPFL
J.-P. BECHARD
Le cas des innovateurs pédagogiques…………………………………………
L. LANGEVIN, M. BRUNEAU
La question, un outil pour enseigner…………………………………………..
N. REGE COLET
Des ateliers comme outils de formation……………………………………
E. DARRAS
Le prendre soin pédagogique……………………………………………………….
APPRENDRE A ENSEIGNER AU SUPERIEUR:
L'EXEMPLE DES INNOVATEURS PEDAGOGIQUES.
Résumé
Bon nombre d'universités de par le monde tentent de mettre sur pied des
formations consacrées à la pédagogie universitaire tant pour les doctorants
que pour les professeurs avancés en carrière. Ces initiatives fort louables sont
scrutées à la loupe par ceux qui les ont autorisées et ceux qui les conçoivent,
les implantent, les évaluent ou les diffusent. Cet article, écrit sous forme d'un
essai, tente de mettre en garde contre une institutionnalisation de ces
formations trop centrées sur le paradigme de l'enseignement. En partant des
travaux sur les innovateurs pédagogiques en milieu universitaire, l'auteur met
au jour une série de repères pouvant être utiles lors de l'élaboration des
formations à l'enseignement au supérieur.
Introduction
L’université exerce chez plusieurs d’entre nous une fascination bien légitime comme
institution dont les règles culturelles sont profondément enracinées dans l’époque
médiévale. Les changements de régimes politiques, les guerres et les multiples crises
économiques tant en Europe, en Asie qu’en Amérique n’ont pu éroder cette construction
humaine de type universel. Avec un tel passé, aucun observateur ne sera surpris
d’entendre que l’université est de nouveau en crise (Neilson, Gaffield 1986) puisque les
années 1990 ont apporté leurs lots de bouleversements tous aussi complexes les uns que
les autres (Dupont, Ossadon 1994).
C'est cette dernière piste que nous voulons explorer. En effet, l'analyse de la littérature sur
les innovations pédagogiques en milieu universitaire, construites à partir de sondages et
d'entrevues semi-structurées auprès des innovateurs pédagogiques et aussi auprès de
professeurs qui ont été honorés pour l'excellence de leur enseignement, permet de porter
un regard différent sur la formation pédagogique des enseignants du supérieur. Comment
apprendre la pédagogie par l'action et dans l'action, tout en introduisant de la nouveauté
pédagogique dans un contexte universitaire donné, voilà lancé le débat sur une façon
différente de s'approprier le métier de la pédagogie.
D'entrée de jeu, il importe de préciser ce que l'on entend par les termes innovation
et pédagogie. Cros et Adamczewski 1996, dans leur bouquin intitulé L'innovation en
éducation et formation, tentent de cerner le concept d'innovation en le comparant à
deux autres concepts périphériques: la novation et la rénovation. Alors que la
novation est un concept qui inscrit une idée sous la forme d'une nouveauté
objective de l'ordre de la connaissance ou objectivée de l'ordre de l'objet, de l'œuvre
ou du produit, le concept de rénovation cherche le retour à un état initial, une
récupération de l'équilibre par une réduction des écarts engendrés par certaines
dérives. Alors que dans le premier cas, on parle de découverte, d'invention et de
création, le second cas fait référence à une forme très usuelle en éducation et
formation, soit la réforme. Entre ces deux concepts, on peut parler d'innovation. Ce
qui est intéressant ici, ce n'est pas tant l'objet nouveau associé au concept de la
novation ni les critères d'efficacité et de rentabilité de la rénovation, mais
l'introduction de la nouveauté dans un contexte donné. On parle ici de processus,
d'application opérationnelle d'un projet mû par une intention de changement portée
par des acteurs qui font figure de passeurs, de traducteurs dans une vision de
changement et quelquefois de protestation.
L'innovation est une forme d'intervention humaine, audacieuse ou
prudente, dans les mouvements auto-organisés mais aussi auto-
destructeurs, des personnes, des groupes et des institutions. Une sorte
d'ingérence collaborative, propositive ou impositive. L'innovation est un
processus pluridimensionnel qui met en communication des auteurs et
des acteurs, dans une aventure, dans une incertitude collective; ce qui
vient et advient de cette incertitude est son objet, son inquiétude et sa
promesse (p. 20.)
Forts de ces précisions sémantiques, nous devons nous interroger sur ce qu'est une
innovation de nature pédagogique. Ici aussi, nous devons dégager le terrain pour
bien saisir l'objet d'étude. L'espace est dit pédagogique lorsque professeurs,
apprenants et contenus entrent en interaction et en interactivité dans un
environnement fermé tel la classe ou ouvert comme en situation de distance. Ce qui
nous fait dire que les innovations technologiques ou curriculaires ne sont pas
pédagogiques tant qu'elles n'entrent pas dans l'espace pédagogique. Elles peuvent
être porteuses d'innovations pédagogiques mais tant que les acteurs ne s'y sont pas
inscrits et appropriés le processus, l'apprentissage collectif ne se produit pas et le
sens n'est pas créé.
D'après Stoller 1995, la littérature sur les innovations en contexte universitaire peut
se diviser en quatre catégories: les études de cas d'innovations réussies, les
recherches qui analysent le rôle du leadership lors de la diffusion des innovations,
les travaux qui s'intéressent aux attributs des innovations et enfin, les modèles
théoriques. Ces résultats mettent en valeur plusieurs variables qui agissent en
réseau. On parle des acteurs innovateurs et adopteurs, des différents stades du
processus de diffusion de l'innovation, des contraintes locales et finalement des
caractéristiques réelles et perçues des innovations elles-mêmes. Mais, comme nous
nous intéressons plus spécifiquement aux innovateurs pédagogiques, cette vaste
littérature servira davantage de toile de fond.
En effet, depuis le début des années 1990, un certain nombre de recherches se sont
penchées sur les innovations pédagogiques. La première difficulté qu'elles ont
rencontrée fut d'identifier les innovateurs eux-mêmes. Trois stratégies de cueillette
de données ont été utilisées: des enquêtes auprès de tous les professeurs dont
certains se déclaraient innovateurs, des enquêtes auprès des innovateurs reconnus
par leurs pairs et finalement des enquêtes auprès des professeurs reconnus pour
l'excellence de leur enseignement.
1. Les innovateurs qui s'auto-déclarent
The broad view of education requires a shift from the traditional lecture
to active, student centred, self paced, self discovery methods of learning.
This shift requires a commitment to innovation and the ability and
opportunity to bring about change (Falchikov p 488).
Parmi les 83 énoncés qui faisaient parties de l'expérimentation, voici ceux où les
professeurs centrés sur les étudiants sont le plus en accord.
En plus des énoncés 2 et 5 décrits plus haut, les professeurs séniors sont d'accord
avec les énoncés suivants.
1. Il n'y a pas qu'une bonne façon d'enseigner. Les étudiants ont différentes
courbes d'apprentissage et leurs manières d'apprendre. Ainsi, la variété est la clé
d'un bon enseignement.
2. Le développement de cours est une activité intéressante, satisfaisante mais aussi
demandante.
3. Le but de notre enseignement devrait être d'aider les étudiants à comprendre
que toutes connaissances et valeurs sont contextuelles et relatives.
Cette première étude sur les innovateurs qui s'auto-déclarent est un bon point de
départ pour bien comprendre les conceptions pédagogiques de ces professeurs
(Richardson 1996). Faisons un pas de plus et comprenons les comportements des
innovateurs pédagogiques reconnus.
Les auteurs Hannan, English, Silver ont publié en 1999 la première partie d'une
vaste recherche sur les innovations pédagogiques dans l'enseignement supérieur en
Angleterre. Ils ont interviewé 221 professeurs de 15 universités britanniques durant
la période 1997-1998. Ces professeurs étaient soient des récipiendaires de prix reliés
aux innovations pédagogiques, soient des membres de programmes voués aux
innovations pédagogiques, soient des personnes identifiées par leur entourage
institutionnel comme des innovateurs pédagogiques. Les innovations qui ont fait
l'objet de cette enquête se regroupent en 11 catégories comme le présente le tableau
1.
Les innovations pédagogique les plus fréquentes sont les suivantes: 77 innovations
font référence à l'utilisation des ordinateurs, 45 innovations cherchent à développer
des habiletés particulières chez les étudiants et 40 innovations visent les projets
d'équipe et l'apprentissage coopératif. Il est important de mentionner que les
innovations pédagogiques ne sont pas le lot exclusif des professeurs. En effet, dans la
catégorie autre, bon nombre d'innovations ont été conduites soit par le management
central de l'institution ou soit par les responsables pédagogiques.
Mais ce qui est particulièrement intéressant est la mise au jour des raisons qui ont
poussé les professeurs à innover. Sur un total de 103 personnes, 34 d'entre elles
parlent du besoin de mettre à l'épreuve les apprentissages des étudiants (motiver les
étudiants, meilleure
Tableau 1
Types d'innovations pédagogiques
(Hannan, English, Silver 1999)
façon de faire, méthode précédente ne fonctionne pas, prépare mieux les étudiants
pour leur insertion socio-professionnelle, besoin d'aider les étudiants en difficulté,
désir de transférer la responsabilité des apprentissages aux étudiants), 31
professeurs disent que ce sont les changements chez les étudiants (augmentation des
effectifs des classes, diversité grandissante des étudiants, manque d'habiletés des
étudiants, besoin d'être plus efficace devant de grands groupes ou devant la baisse
du nombre d'étudiants). 21 professeurs mentionnent les demandes des agences
externes comme sources de motivation et 11 professeurs parlent de changements
curriculaires ou de réorganisations internes.
En Australie, les chercheurs Ballantyne, Bain, Packer 1999 ont mené une enquête auprès
de 708 professeurs reconnus pour l'excellence de leur enseignement. En partant de ces
études de cas auto-analysées, les chercheurs ont mis en lumière leurs conceptions des
étudiants, leurs compréhensions du processus de l'enseignement, leur vision de la
connaissance et des retombées attendues des apprentissages pour les étudiants. Il en
ressort une forte centration sur les étudiants et leurs apprentissages, une cohérence entre
le dire et le faire et un biais favorable aux innovations pédagogiques pouvant aider à
renforcer ces conceptions.
L'idée centrale de cet article est de prendre exemple sur ceux qui apprennent le métier de
professeur par l'action innovante et avec risques calculés. Quand on prend en compte la
multiplicité grandissante des initiatives de formations pédagogiques initiale et continue, il
devient essentiel de reconnaître que certains professeurs apprennent différemment et que les
stratégies d'amélioration ont relativement peu de prises sur eux. Il importe donc de ne pas
nuire à l'élan entrepreneurial des professeurs les plus innovateurs sur le plan pédagogique.
Ce qui est fascinant dans l'étude des innovateurs pédagogiques, c'est le rappel de variables
fondamentales dans le développement du métier de professeur et leurs liens entre elles. Tout
ce que l'on voudrait enseigner aux professeurs qui suivent les formations sur la pédagogie
universitaire, ces innovateurs pédagogiques en ont l'intuition d'une part et l'énergie d'autre part
pour les mettre en pratique au travers de projets qu'ils ont conçus implantés, évalués ou
diffusés dans leur milieu respectif. Ils nous parlent d'eux, de leurs étudiants, de leurs
disciplines, de leurs collègues de département et de leurs institutions. Ces cinq groupes de
variables pourraient se présenter comme un réseau complexe d'interactions.(voir la figure 1)
qui se configure selon la nature des innovations pédagogiques (innovation de contenu ou de
processus), le niveau d'impact organisationnel (innovation isolée, guidée ou dirigée) et le
stade de développement de l'innovation (désirabilité et faisabilité, conception, implantation,
évaluation et diffusion).
Schéma 1
Les variables en interaction dans le
développement des innovations pédagogiques
Institution
Professeurs Discipline
Développement scientifiqu
des innovations e
pédagogiques
Étudiants Département
30
Si nous partons de l'idée que la pédagogie universitaire doit progresser vers le paradigme de
l'apprentissage, il nous semble opportun de tenir compte des récents résultats sur les
innovateurs pédagogiques. Le risque est grand de calquer les formations pédagogiques des
professeurs du supérieur sur celles des autres ordres d'enseignement, de retirer les professeurs
de leur discipline, de méta-pédagogiser ou décontextualiser les formations pédagogiques de
leurs disciplines et finalement de ne pas tenir compte des dynamiques départementales et
facultaires qui prévalent dans tous les enseignements. En effet, les derniers travaux
scientifiques issus du paradigme de l'apprentissage et du traitement de l'information tendent à
démontrer que ce ne sont pas les connaissances en soi qui sont pédagogiques mais c’est la
capacité à présenter ces connaissances aux étudiants pour qu’il y ait acquisition, application et
transfert sous formes de compétences (Tardif 1997). Ce qui particulièrement frappant, c'est
que les innovateurs pédagogiques ont naturellement tendance à suivre les pistes de la
psychologie cognitive. Leur sensibilité aux étudiants et leur créativité associées à une forte
motivation et une grande énergie de travail les prédisposent à une réflexivité pédagogique
souvent impressionnante. Quand ils lisent les résultats de recherche sur la pédagogie
universitaire, ils trouvent souvent confirmation de leurs actes innovateurs.
En guise de conclusion, nous présentons au tableau 3 quelques idées importantes qui émanent
des travaux sur les innovateurs pédagogiques et qui peuvent être utiles pour la mise sur pied
de formations sur la pédagogie universitaire. Se servir des innovateurs pédagogiques comme
exemples dans les formations, cibler les formations par niveau, faire rencontrer les
professeurs de même discipline, utiliser les mentors, dégager des professeurs pour le
perfectionnement, et produire un extrant après chaque formation sont autant de repères
pouvant être profitables lors de l'élaboration de formations pédagogiques au supérieur. De par
leur engagement sans pareil dans des projets innovateurs et par leur efforts sérieux de
réflexion, ces hommes et ces femmes valorisent la pédagogie universitaire dans et par l'action
(Charlier 1998). Ils sont un exemple pour l'ensemble de la communauté universitaire.
Tableau 3
Quelques repères pour la formation pédagogique au supérieur
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Nicole.RegeColet@rectorat.unige.ch
Depuis quelques années les Universités de Genève et de Lausanne ainsi que l’Ecole
Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) développent des approches formatives de
l’évaluation de l’enseignement (cf. contribution proposée par Jean-Louis Ricci, EPFL). Les
évaluations ayant pour principal objectif d’améliorer la qualité de l’enseignement, ces
démarches se devaient de proposer des mesures d’accompagnement à l’intention des
enseignants soucieux d’acquérir et de développer leurs compétences pédagogiques. Dès lors,
avant même de mettre au point les dispositifs d’évaluation, les institutions partenaires ont
décidé d’organiser des ateliers de pédagogique universitaire investissant ainsi d’abord dans les
mesures correctives avant l’instrument d’évaluation. Ces activités ayant pris de l’ampleur, le
programme de formation est désormais pris en charge par le Réseau romand de Conseil,
formation et évaluation pour l’enseignement universitaire (Réseau CFE) qui regroupe les trois
établissements (cf. contribution proposée par Jacques Lanarès, Université de Lausanne).
5
Dans les universités suisses, la fonction d’assistant est confiée à des étudiants diplômés qui, pour la plupart, font une
thèse. Il ne s’agit pas d’une fonction d’enseignement mais leur cahier des charges comprend des activités d’encadrement
des étudiants (exercices, répétitoire, permanence, etc.).
35
L’offre de formation se place dans une perspective de service. Il ne s’agit pas de gargariser les
enseignants de théories savantes sur la méta-cognition ou sur le transfert des apprentissages ni
sur l’émergence des compétences transversales. Tous les ateliers adoptent un point de vue
pragmatique et entendent fournir aux enseignants des repères et des outils pour la gestion du
quotidien pédagogique et, par ce biais, contribuer à l’appropriation progressive du métier
d’enseignant. Conscients que la construction d’une identité professionnelle relève d’un
processus à long terme, que nos interventions pédagogiques viennent ponctuer, nous ne
prétendons pas former et accréditer les enseignants. Il en résulte que les apports théoriques se
réduisent au minimum et que l’accent est mis sur les échanges, les exercices en groupe et une
appropriation directe des compétences visées. Ainsi, dans l’atelier sur la préparation et la
préparation d’exposé, tous les participants font un court exposé qui est filmé ensuite de quoi
l’ensemble du groupe fournit un feed-back sur la prestation selon une grille d’observation pré-
établie. L’enseignant-apprenant visionne ensuite sa performance et peut intégrer
immédiatement les commentaires qui lui auront été adressés.
A noter que nos ateliers sont de plus en plus fréquentés par les assistants qui seront sans doute
les enseignants de demain. Auprès de ce public nous pouvons développer pleinement notre
approche préventive en leur inculquant des rudiments de pédagogie et en leur donnant le goût
de se former. Les anciens qui n’hésitent pas à prendre du temps pour se former, alors que la
6
Cet atelier a été présenté par Jean-Louis Ricci lors du précédent congrès de l’AIPU à Montréal (1999).
36
retraite se profile à l’horizon, joue un rôle de mentor auprès de leurs équipes. L’argumentation
qu’ils avancent est que si eux viennent aux ateliers, d’autres, plus réticents, vont peut-être les
suivre. Les activités du Réseau CFE ont un caractère pionnier et bousculent les idées reçues
sur l’enseignement universitaire. Notre travail de conviction se fait directement sur le terrain
au quotidien en évitant de dispenser un discours utopique et idéaliste sur le comment il
faudrait faire. A chacun de trouver sa méthode, son style d’enseignement et son identité
d’enseignant. Nous œuvrons à travers les terrains universitaires comme des pèlerins et nous
nous réjouissons de voir quelques professeurs empoigner leur bâton et se joindre à nous.
A terme, pour rendre notre formation plus performante et plus ciblée, nous envisageons de
systématiser la formation des assistants et jeunes enseignants. Il s’agira d’investir dans une
formation complète aux compétences pédagogiques et de trouver une niche dans les
programmes de relève ou dans les écoles doctorales. D’habitude de tels programmes visent à
former les professeurs de demain en leur offrant une formation scientifique de pointe. Au vu
des responsabilités professorales et de la part de plus en plus importante consacrée à
l’enseignement, il serait peut-être judicieux d’inclure dans cette formation une introduction
solide aux activités d’enseignement et de miser également sur la partie enseignement de la
carrière. Cette volonté semble se dessiner dans certaines universités suisses où les
nominations professorales reposent également sur une appréciation des compétences
pédagogiques.
Reste à examiner dans quelle mesure nos ateliers modèlent l’identité enseignante. Après
examen des nombreuses compétences pédagogiques qui ont été inventoriés lors du mini-
colloque de Montréal, on est en droit de se demander si notre modeste contribution peut, à elle
seule, atteindre un tel objectif. Les retours que nous fournissent les enseignants ne suffisent
pas pour juger de la construction de cette identité. En l’état, nous nous contentons de constater
leur enthousiasme et de noter les nombreuses questions et doutes qui émergent, dès qu’on
s’intéresse à des concepts aussi évasifs et instable que celui de la qualité de l’enseignement.
L’appropriation du métier d’enseignant est un long chemin aux multiples étapes dont une
passe peut-être par une formation spécifique. Une autre est celle de l’appréhension de la
réalité et de la construction d’une pratique. Cette position nous incite, une fois de plus, à
multiplier nos interventions sur le terrain que ça soit dans le cadre des activités d’évaluation
de l’enseignement et de leurs mesures d’accompagnement ou lors du conseil pédagogique et
du pilotage de projets pédagogiques spécifiques comme l’enseignement NTIC. Dans cet esprit
les ateliers de pédagogie ne représentent qu’un élément de formation parmi d’autres et, à ce
titre, ne sont pas à considérer comme une fin en soi. Notre intention pédagogique à nous est
de susciter le questionnement chez les professeurs et enseignants. Finalement, que signifie un
enseignement de qualité ? Que suis-je en droit demander à mes étudiants ? Que faut-il pour
être un bon enseignant ? Que faut-il pour être un bon étudiant ? Peu importe comment les
enseignants en arrivent à se poser ce type de question, il nous paraît plus important qu’ils se
les posent et qu’ils avancent dans une remise en question de leurs pratiques enseignantes et
des traditions pédagogiques qu’ils traînent avec eux depuis le temps de leurs propres études.
La remise en question devient la pierre angulaire de la construction d’une identité
enseignante.
En guise de conclusion, nous souhaitons partager une préoccupation, celle de la formation des
prochains formateurs d’enseignants universitaires. Nous savons, d’une part, que la demande
de formation va s’accroître et nous savons, d’autre part, qu’il y a pénurie de personnes
capables d’assurer une telle formation. Au moment d’engager les conseillers à la qualité de
l’enseignement du Réseau CFE, nous avons découvert un manque considérable de personnes
37
Introduction
Le titre de cet exposé peut surprendre car l’on peut s'interroger sur sa pertinence pour
caractériser une attitude pédagogique. Il prend davantage sens quand il est précisé que le sujet
concerne des activités de formation de formateurs en soins infirmiers.
Mais au-delà de cette évidence au regard de la discipline concernée : les soins infirmiers, ne
faudrait-il pas se poser la question de la pertinence de cette dimension, ou attitude soignante,
prise dans son acceptation commune, dans toute action de formation ?
Mais revenons au cœur de notre préoccupation : la formation d’enseignants en soins
infirmiers.
Le contexte.
Le public concerné
Il s’agit d’infirmier(e)s diplômé(e)s, engagé(e)s dans la vie professionnelle, parfois déjà dans
l’enseignement. Nous sommes donc en plein dans la formation d’adultes.
Leur objectif est d’obtenir le titre requis pour enseigner dans l’enseignement supérieur et plus
particulièrement dans l’enseignement infirmier.
Ce cours s'adresse donc à des infirmières qui ont des représentations bien ancrées sur
l’enseignement en général, et l’enseignement des soins infirmiers en particulier : enseigner :
transmettre des savoirs, à forte connotation médicale et technique et poursuit l’objectif de
former des professionnels en soins infirmiers, c’est-à-dire des praticiens infirmiers
susceptibles de développer, tout au long de leur carrière, des compétences professionnelles :
prendre soins, comme infirmiers, des Personnes qui leur seront confiés ou qui se confieront à
eux.
L’enjeu de la formation
L’enjeu de cette formation est bien d’amener des professionnels infirmiers, c’est-à-dire des
personnes dont les conceptions et les représentations des soins infirmiers et de l’enseignement
sont fort éloignées de nos intentions de formation, à développer des compétences nouvelles :
celles d’enseignants appelés à former de futurs infirmiers professionnels, compétents dans le
domaine du " prendre soin infirmier "
Je ne m'attarderais pas ici sur les méthodes utilisées pour développer les compétences (je vous
renvoie à la littérature très fournie à ce sujet) et préférerais partager avec vous quelques
réflexions et questionnements à propos du dispositif que j’ai mis en place pour intégrer dans
un contexte de bienveillance et de tolérance les exigences requises à la fois sur le plan de la
didactique que sur celui de la discipline infirmière.
Le dispositif s’inscrit dans le programme de l’agrégation qui a subi quelques adaptations pour
le rendre adéquat à la fois à notre public de professionnels et à celui des étudiants de
l’enseignement supérieur.
Celui-ci comprend 45 heures de cours et d’exercices et s’articule étroitement aux autres
activités, principalement les séminaires de micro-enseignement, d’observation de l’activité en
classe, d’accompagnement des stages et bien sûr les stages.
Une grande cohérence entre le cours d’épistémologie de la discipline infirmière, celui qui
s’intéresse à l’analyse des programmes infirmiers et le cours de didactique car j’assume ces 3
cours et m’efforce à mettre en application les principes enseignés par ailleurs donne aux
étudiants l’occasion de vivre pour eux-mêmes les principes enseignés.
Enfin, le partage informel et très riche avec les didacticiens généralistes permet une
actualisation permanente des concepts de référence. ( il est à souligner que le canevas à la
base du dispositif a été construit au cours d’une collaboration étroite avec un didacticien,
Léopold Paquay il y a déjà plus de cinq années)
40
Deuxième séquence : c’est quoi enseigner ? C’est quoi une leçon en soins infirmiers ? 6 / 9hrs
1. Première conceptualisation :
- le référentiel pour analyser le métier d’enseignant
- les modèles d’analyse d’une activité d’enseignement/ apprentissage en vue d’élaborer des
grilles d’observation.
2. Observation d’une leçon donnée en institut de formation
3. Discussion à propos d'éléments observés et mise en évidence des premiers éléments d’une
leçon
4. Analyse d’une préparation d’une leçon
- Notions de méthodes d’enseignement, des modes d’apprentissage, d’objectifs
- La transposition didactique
Rem : ces notions sont mises en lien avec la préparation et la micro – leçon qu’ils vont
donner. Les thèmes choisis, dans une liste donnée par le professeur , permettent de donner
des exemples différents et favorisent le transfert vers l’exercice à réaliser.
De plus, chaque étudiant ou groupe d’étudiants peut toujours demander un avis, un conseil
tant lors de la préparation de la leçon que par après.
42
1. La durée du cours est relativement limitée en raison de tout ce qui est à acquérir par
l’étudiant
2. La mise en œuvre reste une situation de laboratoire qui, si elle permet d’oser et
d’expérimenter, n’a pas le statut d’un exercice réel.
3. La conceptualisation didactique et pédagogique n’est pas toujours facile, à chaud, par un
non didacticien et manque parfois de structure et d’organisation. Cela impose le recours à
un référentiel.
4. Les limites de l’examen qui ne porte que sur une production écrite même si elle doit être
argumentée.
5. La distance, pour ne pas parler de rupture, entre les modèles d’enseignement et aussi de
soins infirmiers préconisés en formation et dans les réalités des institutions de formation.
6. L’intégration théorie – pratique devrait être encore renforcée par des aller / retour entre la
pratique dans la formation et la pratique du terrain.
7. L’élargissement de l’équipe de professeurs infirmiers est impératif pour donner plus
d’exemplarité.
8. Comment demander un comportement d ’expert à des novices?
9. Comment exiger rigueur et qualité dans un contexte d ’accompagnement, de facilitation,
de support
10. Difficulté de passer de l ’évaluation formative à l’évaluation certifcative
11. Il faudrait maintenant progresser vers un enseignement organisé autour de situations -
problème et de la méthode des cas
12. Il reste aussi à évaluer les effets de la formation sur les pratiques futures des enseignants
sur le terrain
Conclusion
L. LANGEVIN, M. BRUNEAU
Une expérience de formation pédagogique et de
recherche dans l'enseignement supérieur……………………………….
Ph. PARMENTIER, M. FRENAY, P. WOUTERS, E. BOURGEOIS
L'accréditation des compétences pédagogiques, un
processus de développement professionnel pour les
enseignants universitaires…………………………………………………………..
F. DUBREUIL, M.-C. LEBART, H. SUQUET
La formation des enseignants du module "techniques
de travail et de communication"…………………………………………………
C. VERRIER
La création d'un groupe de recherche comme élément
d'auto et de co-formation pédagogique dans
l'enseignement supérieur……………………………………………………………..
44
Introduction
Faut-il rendre cette formation obligatoire ? Pour tous les enseignants universitaires ?
Théoriquement, il paraît logique de rendre cette formation obligatoire. C'est sans aucun doute
la manière la plus efficace de s'assurer que toutes les personnes qui enseignent à l'université
disposent d'un bagage pédagogique minimal. De plus, il n'y a aucune raison de tolérer que les
professeurs d'université soient les seuls enseignants à ne pas recevoir de formation spécifique
dans ce domaine (Romainville, 1999).
Il faut bien reconnaître toutefois qu’il est irréaliste de vouloir imposer une formation à tous les
professeurs d’université, y inclus ceux qui enseignent depuis de nombreuses années. Sans
doute convient-il de former en priorité les enseignants “ novices ” (Piccinin, 1997). Mais,
peut-on réellement les y contraindre ? Tout d’abord, on forme difficilement les personnes sans
pleine adhésion de leur part. De plus, la charge de travail d'un professeur débutant à
l'université est telle qu'il est difficile d'exiger de lui d'investir une partie importante de son
temps dans une nouvelle formation. Et puis, finalement, pourquoi imposer une formation
obligatoire si les qualités pédagogiques d'un professeur d'université entrent peu (ou pas) en
ligne de compte dans l'évaluation de ses compétences professionnelles et dans ses promotions
éventuelles ?
Pour ces raisons, l’offre de formation doit être visible et soutenue, en particulier à l’intention
des nouveaux enseignants universitaires. Toutefois, il semble nécessaire, lorsque cette
formation n'est pas encore imposée (comme c’est souvent le cas dans les universités
francophones), de créer les conditions pour que son caractère obligatoire soit progressivement
perçu comme naturel et nécessaire.
45
Toutefois, en cas de formation non diplômante, il est difficile d'offrir une certaine
reconnaissance au parcours de formation suivi à l’initiative de l’enseignant. En outre, une telle
formule ne permet pas d'inscrire la formation pédagogique dans une logique de
développement professionnel. Par conséquent, à défaut de diplômer, il semble quand même
utile de pouvoir certifier les connaissances ou les compétences acquises. Cette certification
permet non seulement de (faire) reconnaître ces acquis sur un plan institutionnel, mais aussi
d’intégrer ces acquis comme composante (ou pré-requis) d’un projet de formation plus global
ou continu.
Bien sûr, un diplôme offre encore plus de visibilité au parcours de formation suivi et a sans
doute un plus grand pouvoir d’impact (Saroyan, 1997). Toutefois, en cas de formation
diplômante, il n'est pas simple d'identifier le niveau de formation qui doit être privilégié. Faut-
il proposer une formation de 3e cycle, comprenant un enseignement des fondements de
l'apprentissage et une activité d'expérimentation contrôlée (recherche) ? Faut-il, au contraire,
offrir un diplôme de 2e cycle (certainement moins attractif pour des professeurs d’université,
déjà titulaires d'un doctorat), plus directement centré sur l'acquisition de compétences
professionnelles ?
De toute manière, il n'est pas simple d'identifier les besoins prioritaires de formation (initiale
ou continuée) des professeurs d'université en matière de pédagogie. La définition d'un
référentiel de compétences offre des perspectives intéressantes à cet égard (voir, à ce sujet, le
rapport du mini colloque de l'AIPU, 1999), mais, s’il est sans aucun doute nécessaire de
cerner clairement les besoins de formation, il convient malgré tout de tenir compte également
des demandes exprimées par les enseignants universitaires.
Faut-il axer la formation (initiale et continuée) sur la demande exprimée par les
professeurs d’université ?
Toutefois, refuser d'y répondre, c’est aussi prendre le risque de ne former qu'un nombre réduit
de professeurs d’université. Stratégiquement, il est d’ailleurs opportun de répondre à ces
premières demandes (“ just in time ”), pour créer une ouverture à un travail de fond sur les
pratiques pédagogiques. De plus, il est légitime, pour un enseignant, de vouloir résoudre avant
tout les problèmes concrets qu’il rencontre régulièrement avant d’envisager d’autres formes
d’enseignement plus innovantes.
Pour l’enseignant lui-même, une telle approche peut d’ailleurs paraître suffisante. Par contre,
dans le cadre global du système universitaire, une formation strictement axée sur la pratique
paraît peu efficace. Elle permet aux enseignants de s’adapter aux pratiques pédagogiques en
vigueur, mais elle ne leur donne pas d’outils pour les appréhender comme chercheur ou pour
développer de nouvelles approches.
Quelle est la place d'un travail sur les représentations et les conceptions de son métier
d'enseignant universitaire ? Quelle place donner à l’enseignement des fondements
théoriques en éducation dans un cursus de formation à la pédagogie universitaire ?
Quelles sont les stratégies de formation à privilégier ? Qui doit être formateur ?
Il serait sans nul doute peu réaliste de ne proposer que des formations directement centrées sur
l’innovation pédagogique ou sur des fondements théoriques. Tenant compte de la culture
universitaire, il est même indispensable que les contenus traités et les méthodes développées
dans les formations prennent directement appui sur les réalités du terrain (“ isomorphisme ” et
“ contextualisation ”).
Dans cette optique, il est important que les formateurs aient un lien de proximité avec le
terrain de l’enseignement et avec l’institution. Ce lien de proximité est utile pour répondre
adéquatement à la demande (notamment en fonction des ressources et des contraintes du
terrain), mais aussi pour inscrire la formation dans une relation de confiance réciproque
(“ nous partageons les mêmes objectifs et les mêmes difficultés … ”).
Toutefois, pour susciter progressivement une réflexion critique par rapport aux pratiques en
usage et pour promouvoir de nouvelles approches, il semble nécessaire également que la
formation rende possible une certaine prise de recul sur ces mêmes pratiques. Cette prise de
distance réflexive n’est possible que par la confrontation à des modèles théoriques (qui
permettent de “ donner sens ” à sa propre pratique) ou par la connaissance de pratiques
alternatives (qui stimulent la mise en œuvre de dispositifs innovants).
L'architecture d’un projet global de formation pourrait tenir compte de ces différentes
orientations en proposant une offre de formation à trois niveaux, chacun pouvant répondre
adéquatement aux besoins des enseignants universitaires.
Par accréditation, il faut entendre - ici - une procédure de reconnaissance externe des
démarches effectuées par un enseignant pour développer ses compétences
professionnelles (et, en l'occurrence, pédagogiques). L’accréditation est donc un moyen
pour faire reconnaître (et donc, valoriser), à un moment donné, les démarches de
formation (ou d’auto-formation) entreprises par une personne, dans une perspective de
développement professionnel.
• Volonté de se centrer sur une évaluation du processus et non pas exclusivement sur un
produit fini, en d’autres termes, ce qui est important c’est d’accréditer le fait que la
personne progresse dans la construction de compétences (en regard d’activités auxquelles
elle participe, de productions qu'elle réalise ou de la réflexion qu’elle fournit) et non pas
uniquement d’évaluer la maîtrise de ces compétences en situation.
• Construction par la personne de son propre portfolio qui constitue un ensemble de
documents (syllabus, CD-rom, site Internet, enquêtes pédagogiques, diplômes, certificats,
attestations, publications, etc.) qu’elle produit et/ou sélectionne en regard des compétences
qu’elle souhaite voir accréditer. Il s’agit donc de l’ensemble des traces que la personne
souhaite garder de ce processus de construction.
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Structures d’accompagnement
Ce travail de construction du portfolio serait réalisé par la personne elle-même, mais il serait
important de prévoir, pour l’y aider, une structure d’accompagnement individualisée.
L’accompagnement pourrait prendre diverses formes et devrait être défini à la carte,
notamment en fonction des besoins et des caractéristiques des personnes.
• Accompagnement individuel, par un conseiller
• Tutorat/Mentorat par un professeur plus “ chevronné ”
• Groupes de discussion entre enseignants engagés dans ce même processus de
construction du portfolio
• Etc.
En guise de conclusion …
Les pistes évoquées dans les lignes qui précèdent traduisent la volonté de tenir compte de
nombreux paramètres, parfois en tension, susceptibles d’inférer sur la conception et la mise en
œuvre d’un programme de formation à l’attention des professeurs d’université. Les besoins
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tels que définis par des experts, les demandes exprimées par les enseignants eux-mêmes, la
disponibilité réelle des personnes en formation, les compétences et les ressources nécessaires,
le soutien et les exigences de l’institution sont autant d’ingrédients dont il convient de bien
évaluer l'importance respective avant d'envisager la mise en oeuvre d'un tel projet.
Ce projet, aussi interpellant qu'il puisse paraître dans le contexte européen francophone,
rejoint des pratiques développées depuis un certain nombre d'années dans certaines
institutions nord-américaines. Ainsi, à l'Université McGill (1999), une telle politique a été
institutionnalisée voici 7 ans et est inscrite dans les obligations du personnel académique,
notamment lors de la demande de permanence. Il est demandé à chaque enseignant de
constituer un dossier d'enseignement décrivant :
1. les activités qui témoignent de son investissement et de ses responsabilités pédagogiques
(ex. cours donnés, supervisions d'étudiants, encadrement de jeunes assistants, etc.);
2. des éléments d'informations démontrant son "efficacité" pédagogique (ex. résultats aux
évaluations de l'enseignement, matériaux de cours créés, performance des étudiants aux
examens standardisés, etc.);
3. les activités suivies pour son développement professionnel en tant qu'enseignant (ex.
formations suivies, projets menés en collaboration avec des collègues, fonds reçus pour le
développement d'initiatives pédagogiques, etc.)
Les questions posées et les pistes dégagées dans cette communication constituent sans aucun
doute une manière d'inscrire résolument la formation pédagogique des enseignants
universitaires dans une logique de développement professionnel et par là, de réaffirmer
l'importance de soutenir et de valoriser la fonction enseignante au sein des universités.
Bibliographie succincte
∑ De Ketele, J.M. (1996). Entre des logiques personnelles et des logiques institutionnelles.
Chapitre 5, 85-112, In Donnay, J., Romainville, M. (1996). Enseigner à l’université : un
métier qui s’apprend ? Bruxelles, De Boeck.
∑ McGill University (1999). Guidelines for Developing A Teaching Portfolio, Handbook
of Regulations and Policies for Academic Staff
∑ Mini colloque sur la formation pédagogique des nouveaux enseignants à l’université, actes
du colloque de l’AIPU, mai 1999, Montréal.
∑ Piccinin, S. (1997). La préparation des professeurs d’université. Res academica, n°15, 7-
32.
∑ Romainville, M. (1999). Enseigner à l’université : un métier qui s’apprend ? Actes du
colloque des centres d’initiation à l’enseignement supérieur, juin 1999, Toulouse.
∑ Saroyan, A. (1997). De la reconceptualisation de l’évaluation de l’enseignement
universitaire. Res academica, n°15, 97-116.
∑ Saroyan, A., Amundsen, C. & Li, C. (1997). Incorporating Theories of Teacher Growth
and Adult Education in a Faculty Development Program. In DeZure D (Ed.), To Improve
the Academy (pp.93-116), Stillwater, New Forums Press and the Professional and
Organizational Development Network in Higher Education.
Adresse de contact
Historique
En 1990, un premier enseignement de six heures sur les techniques de travail a été créé
par Hélène SUQUET, en DEUG première année. Après une année d'expérimentation, en
1991, cet enseignement facultatif a pris le nom de "Techniques de Travail et de
Communication" (TTC) ; sa durée a été portée à 30h et une équipe d'enseignants a été
recrutée. A l'occasion de la réforme du DEUG de 1994, TTC est devenu un module optionnel
de 50h, validé dans l'enseignement de première année. Depuis 1991, le module est ouvert aux
étudiants des trois filières scientifiques MIAS, SCM et SCVT. En 1999-2000, il concerne
environ 300 étudiants répartis en 17 groupes de 18 étudiants. Seize enseignants d'origines
professionnelles variées assurent les TD : maîtres de conférence en informatique, physique,
chimie, sciences de la vie, sciences de la terre, lettres et sciences humaines ; intervenants
extérieurs spécialisés en communication et méthodologie ; une conseillère du CAIO.
Le module TTC est l'une des vingt-deux unités d'enseignement de "méthodologie du
travail universitaire" optionnelles offertes à la rentrée 1999 aux étudiants de première année
de DEUG de Paris 6.
Les enseignants se réunissent pour faire le point, au moins trois fois par an :
En septembre, pour une journée de formation assurée le plus souvent par un intervenant
extérieur à l'université,
En janvier, pour une demi-journée de bilan à la mi-parcours, et d'échanges sur les
activités du premier semestre,
En juillet, pour une demi-journée de bilan / prospective et une demi-journée de
formation.
Le bilan de juillet comporte deux temps :
- La mise en commun du compte-rendu des activités des différents groupes de TD, des
difficultés rencontrées, des innovations intéressantes, des supports de formation créés,
des évolutions souhaitées. La base de ce travail est la réalisation préalable par chaque
enseignant, d'un document dactylographié dans lequel il décrit le contenu de ses 16
séances de TD. L'ensemble des documents est distribué à tous les enseignants.
- Un compte-rendu du dépouillement des questionnaires d'évaluation de
l'enseignement remplis par tous les étudiants lors de leur dernière séance de TD et un
bilan de leurs suggestions pour améliorer la qualité de l'enseignement.
Ce compte-rendu est réalisé par Hélène SUQUET, responsable du module.
L'autre demi-journée de fin d'année est consacrée à la formation et celle-ci est en
général assurée par l'un des enseignants du module, sur un thème choisi au préalable.
52
Au cours des huit années d'existence de TTC, des objectifs communs, des approches,
activités et modalités d'évaluation communes ont été définis. Aucun cadre précis n'est pour
autant imposé pour le contenu et le détail des activités de chacune des séances de TD. Les
séances de TD peuvent varier pour tenir compte des besoins particuliers de tel ou tel groupe
d'étudiants, mais ils sont aussi fonction des parcours de formation des enseignants, de leur
expérience professionnelle, ou de leur volonté d'expérimenter telle ou telle pratique
innovante. Cela dit, une harmonisation des approches se fait, d'une part, grâce aux rencontres
trimestrielles, mais aussi sur la base des différents supports de formation et d'évaluation
élaborés par l'équipe depuis 1991. Ces documents sont disponibles pour tous dans une salle
dédiée à TTC (responsable : M. T. VANDENBORRE). Les enseignants peuvent y consulter :
les deux cahiers des charges du module rédigés par H. SUQUET, M.C. LEBART,
F. DUBREUIL (l'un pour la conception en équipe d'un poster scientifique et l'autre
pour la rédaction individuelle d'un mémoire sur le projet professionnel), le détail des
critères de notation du module, le questionnaire d'évaluation de l'enseignement, des
exercices, des descriptifs d'activités, des grilles d'analyse (d'un poster, d'un exposé
oral), la liste des mémoires et des posters sur plusieurs années, divers documents sur
les différents aspects de la formation conçus par les uns et les autres;
une centaine de livres réunis au fil des années en fonction des demandes et traitant des
différents aspects de la formation;
certains travaux des étudiants des années précédentes (posters, mémoires).
Les pages qui suivent présentent les formations suivies par les enseignants du module
sur l'ensemble des aspects de la formation : élaboration du projet professionnel, animation de
groupe, méthodes d'étude, communication écrite et orale.
Bilan des formations suivies par les enseignants entre 1991 et 1999
Conclusion
Christian VERRIER
Université Paris 8
est fondamentalement un ouvrier solitaire, seul a prendre parfois des décisions relevant d’une
responsabilité maximale engageant le sort des personnes transportées, comme l’est en
définitive tout pédagogue (à tous les niveaux de l’enseignement) assumant toujours une part
de responsabilité dans le devenir de ses élèves ou étudiants, aussi infime et imperceptible soit-
elle. L’accoutumance à cette solitude fait partie de l’apprentissage de son métier pour tout
nouvel enseignant, et curieusement, je peux estimer, au moins en partie, qu’une profession
tout à fait différente, par transposition, m’a permis en partant de gestes professionnels ici
comme là solitaires, de « trouver mes marques » sans me heurter à des difficultés
existentielles insurmontables, et peut-être de délivrer sans trop de retard un style pédagogique
dont quelques étudiants ont pu bénéficier.
Relativement à l’antériorité, le second facteur d’aide à ma formation pouvant être mentionné
est beaucoup plus classique, puisqu’il relève de mon ancienne fonction de chargé de cours
datant de plusieurs années avant mon élection au poste de maître de conférences. Cette
fonction continue d’être en fait pour beaucoup la seule véritable formation à l’enseignement
supérieur, qui consiste à apprendre à faire sans savoir précisément ce qu’il faut faire ni
comment le fairevii, en une quasi autoformation ou même autodidaxie viii pédagogique. Pas plus
que celle des maîtres de conférences la formation des chargés de cours n’est pensée ni
dispensée, elle a lieu dans une sorte de vide de l’organisation et de l’institution. Aussi doivent-
ils se former expérientiellement, « sur le tas », trop souvent en l’absence de ce qui pourrait
être une sorte de compagnonnage des plus précieux. C’est fréquemment par intuition, par
correction et adaptation d’essais-erreurs successifs, par une imitation plus ou moins
consciente avec ce qu’il aura lui-même vécu d’enseignement universitaire, que le nouveau
chargé de cours deviendra peu à peu enseignant, mettant ainsi en œuvre une filiation ignorée
parfois, tant opère sur notre pédagogie, même à notre insu, l’influence de certains enseignants
ayant exercé la leur sur nousix. Ma formation à la pédagogie universitaire est donc à la fois
originale en ce sens que quelques-unes de ses caractéristiques - que j’espère rigoureuses et
adaptées aux étudiants qui choisissent de suivre mes cours - trouvent une partie de leurs
ressources dans un passé personnel et professionnel se situant aux antipodes de l’université,
mais aussi très classique dans la mesure ou la fonction de chargé de cours y joua d’évidence
un rôle de premier plan.
Dans le même temps, le parcours très rapidement décrit suscitait évidemment des
interrogations nombreuses sur ce mode particulier d’intégration professionnelle et sociale,
mais aussi sur la genèse de cette pédagogie à laquelle je tentais de m’accoutumer. D’où venait
cette tradition enseignante, qu’elles avaient été ses évolutions successives, serait-il possible de
déterminer les orientations qui seraient les siennes demain ? Si mon ancien métier bénéficiait
d’une identité de corporation très forte, liée à une histoire technique, industrielle et plus
largement sociale, qu’elles étaient les caractéristiques historiques du nouveau ? Le creusement
plus avant des racines historiques et sociales de ma nouvelle situation, l’étude de l’histoire de
la pédagogie universitaire, contribuèrent à renforcer mon insertion, à en mieux examiner
chemin faisant les implications socio-historiques. Les cours que je donnais sur l’histoire du
système enseignant (où je m’efforce toujours de donner une assez large place à l’histoire de
l’université)xiv allaient tout à fait dans ce sens. De plus, l’évolution pédagogique ainsi entrevue
permet de relativiser nos « audaces » pédagogiques, de les mettre en perspective, de les
apprécier à leur juste dimension. Elle permet en tout cas de nous situer dans un processus
temporel évident dont il s’agit de prendre conscience pour évaluer un ici et maintenant
pédagogique déterminé par ce qui fut, certes, mais également tendu vers ce qui pourrait être.
Ce besoin d‘élucidation historico-social de mon nouveau milieu professionnel aida et aide
encore largement mon action pédagogique à se placer dans un devenir plutôt que dans un
unique présent limité à son horizon immédiat. Mon en-devenir enseignant se situe ainsi au
regard d’un continuum historique, dont je n’occupe qu’un moment très restreint. Cette
formation à la pédagogie universitaire va donc directement s’ancrer dans le collectif, contre
l’effet-solitude, et l’apport de l’histoire vient lui donner une épaisseur historique que je crois
importante, dans la mesure où elle permet de replacer le geste enseignant dans une évolution
séculaire, lui donnant du même coup un sens pouvant être qualifié de politique puisque cette
histoire montre qu’il n’est pas d’évolution de l’université qui ne soit grandement conditionnée
par ce politique (domination de l’Eglise, des Royautés, de l’Etat), mais également par des
paradigmes pédagogiques successifs dont la valeur et la portée, au final, ne peuvent
s’apprécier que sur le long terme.
ses effets de ‘’platitude’’ parfois évidents - pas plus que ceux d’une subjectivité réflexive des
plus indispensables - tout en connaissant les risques d’enlisement éventuels liés à ce qui serait
une auto-centration ne trouvant pas de solution. C’est pour l’instant à cet exercice dialectique
que nous nous livrons, en conservant à l’esprit l’indispensable objectif de production de
connaissances qui est le nôtre xix.
6) Conclusion
J. LANARES
Présentation du réseau romand de conseil pour
l'enseignement universitaire…………………………………………………………
A. LALOUX, J. DRAIME, P. WOUTERS, M. LEBRUN,
Ph. PARMENTIER
Repenser la formation pédagogique des
nouveaux enseignants……………………………………………………………………..
D. USACI, M. LUCA, D. DIMA et al.
Stratégies de formation initiale et continue des
enseignants pour l'enseignement supérieur……………………………….
L. AGUIRRE
La formation des enseignants de niveau supérieur
au Mexique…………………………………………………………………………………………
63
Il donnait pour mission aux facultés d'examiner dans quelle mesure les programmes de
formation qu'elles dispensent permettent :
- de construire des motivations qui rendent les étudiants acteurs de leur formation;
- de privilégier la construction de références plutôt que la transmission d'un savoir unifié et
encyclopédique;
- de construire des aptitudes dont la maîtrise sera essentielle dans la suite du curriculum.
"dont le rôle sera autant d'aider les professeurs à pratiquer une meilleure pédagogie que
d'évaluer avec les facultés l'efficacité de la formation …".
D'autres mesures allaient se succéder comme par exemple la création des Fonds de
développement pédagogique (FDP) qui devaient permettre aux enseignants de l'université de
compléter ou de renouveler leurs équipements didactiques, de développer leurs projets
pédagogiques, leurs outils technologiques. Un lieu, des moyens, certes, mais aussi et surtout
une équipe multidisciplinaire pour accompagner les enseignants sur leur terrain, les aider dans
le développement de leurs projets technologiques, les former à différentes méthodes et
techniques, les sensibiliser au renouveau pédagogique attendu7.
7
Lebrun, M., Laloux, A. (1999). Comment faire accéder les enseignants et les étudiants à "l'autrement" dans
l'enseignement et l'apprentissage par l'utilisation des NTIC ? Communication au colloque de l'A.I.P.U., mai 1999,
Montréal.
64
1. INTRODUCTION
Nous allons dans la suite de ce document illustrer différents types de formation mis en place
progressivement à l'IPM. Elles seront organisées le long d'un fil historique qui illustrera un
mouvement vers la réalisation de plus en plus marquée des quatre principes énoncés8 par
Jean-Marie De Ketele au colloque AIPU de Montréal de 1999 (il s’agissait bien là de dégager
quelques éléments-clés d’une stratégie pédagogique à déployer dans la formation des
enseignants universitaires) : le principe d'isomorphisme ("enseigner aux enseignants comme
vous voulez qu'ils enseignent"), celui de contextualisation ("partir du terrain, du besoin, des
projets des enseignants qui s'adressent à vous"), celui du "juste assez … juste à temps"
("respecter le rythme propre, les attentes, ne pas vouloir court-circuiter le processus de
développement"), et finalement le principe de variété. Il ne faudrait pas croire, à la lecture de
ce qui suit, largement influencé par la linéarité et la structure propres au discours et à la
nécessité de la clarté du propos, que certaines formations des débuts (en grand groupe, plus
expositives) se sont vues impitoyablement remplacées par d'autres (individuelles, plus
interactives ou proactives). C'est en termes de majeures qu'il faut comprendre ce
développement. Les premières restent utiles lorsque de nouveaux thèmes, de nouveaux outils
voient le jour … elles constituent une sensibilisation nécessaire afin de faire découvrir aux
enseignants des domaines encore méconnus ; elles sont finalement adaptées à certains thèmes
dont le contenu est plus informatif (une information sur les droits d'auteurs, par exemple). Les
secondes s'avèrent plus utiles et plus efficaces pour le développement des compétences, pour
le transfert dans des situations individuelles, pour le suivi des projets pédagogiques, pour
l'évaluation des enseignements et des dispositifs mis en place. En bref, ce sont surtout ces
dernières qui permettent de rencontrer les principes énoncés plus haut.
Évaluer, c’est réguler son enseignement de séance en séance, certifier les progrès de
l’étudiant, porter un regard critique sur son enseignement, apprécier les résultats des
innovations pédagogiques.
Trois types de formation seront décrits ci-dessous : (1) les formations en grand groupe, (2) les
ateliers plus spécifiques, (3) l’accompagnement individualisé ou d'équipe.
Par rapport à nos intuitions de 1997, nous pouvons dès à présent tracer le tableau ci-dessous
qui montre les modes principaux, les accents de ces différentes formations.
Ce tableau sera corroboré, dans la conclusion, par les cinq macro-compétences énoncées lors
du mini-colloque de Montréal (1999) sur la formation des enseignants (voir référence 2).
Nous l'avons dit, leurs rôles spécifiques sont d'informer et de sensibiliser les enseignants.
Elles ont souvent une fonction attractive en étant l'occasion, sous le couvert d'un "show" bien
organisé, d'un éveil à d'autres questions de nature plus profonde. Ainsi les formations plus
techniques aux multimédias comportent toujours quelques volets liés à l'enseignement et à
l'apprentissage : Comment enrichir l'environnement pédagogique avec ces outils ? Comment
les intégrer à l'apprentissage ? Comment les associer à certaines méthodes pédagogiques
actives ? Comment faire en sorte qu'ils apportent une valeur ajoutée à l'enseignement et à
l'apprentissage ?
Ces formations se déclinent suivant plusieurs modes qui vont de la conférence ponctuelle de
quelques heures sur un thème donné (l'ABC du multimédia) à la journée consacrée aux
"Nouvelles Pratiques Pédagogiques" composée d'activités diverses : une activité de
questionnement de sa propre pratique, une présentation d'une typologie de modes
d'enseignement fortement contrastés (réactif-transmissif, proactif-incitatif, interactif) et
finalement un partage de pratiques issues des différentes facultés. Ces formations se sont
également étendues sur des périodes plus longues. Un cycle de formation portant sur les
différentes méthodes actives s'est développé : une conférence introductive en grand groupe,
des ateliers thématiques plus restreints (apprentissage par résolution de problèmes,
apprentissage coopératif, …) d'approfondissement et de contextualisation (ce qui existe déjà,
ce qu'on peut améliorer, faire évoluer, …), une conférence terminale de synthèse et de clôture.
C'est ainsi qu'une grande variété d'activités de formation sont proposées à l'ensemble des
enseignants (près de 250 heures d'activités de formation pour environ 900 participations, en
1998-1999), en fonction des besoins rencontrés ou exprimés. La plupart de ces formations
(organisées sous forme d'ateliers, de partages de pratiques, de séminaires ou d'exposés) visent
à approcher et, dans certains cas, à approfondir diverses thématiques (par exemple, l'examen
66
oral, la motivation, les grands groupes, etc.) ou à développer des compétences plus
instrumentales (publier sur le Web, développer des animations, scénariser un multimédia,
etc.). Ces formations plus techniques sont souvent le point de départ ou l'occasion d'un
questionnement plus approfondi sur les conditions d'utilisation pédagogique des nouveaux
outils ou sur le développement de pédagogies plus actives.
Il nous semble que ce type de formation remplit bien le critère de variété dont nous avons
parlé et également celui du "juste assez … juste à temps". En effet, au début de l'IPM, au
moment où ces formations larges étaient encore fortement représentées, s'interroger sur sa
pratique pédagogique était encore une question peu fréquente et plus encore, dans certains
cas, taboue. Il s'agissait donc de faire connaître l'IPM au travers des services très concrets qu'il
était amené à rendre et de ne par heurter les enseignants de plein fouet avec des considérations
qu'ils n'étaient pas à même de contextualiser. Il était important aussi d’offrir des formations
directement utilisables par les professeurs : Comment réaliser des transparents efficaces,
rédiger des questions d’examen, prendre la parole dans un grand local …
Cependant la situation était quelque peu différente pour les enseignants nouvellement
nommés à l'UCL. L'inquiétude par rapport à l'importante matière à enseigner, aux contacts à
établir avec les étudiants, à la difficulté de l'évaluation (à l'UCL, les enseignants sont nommés
quelques mois avant le début des cours), la motivation liée à ce nouvel emploi, à cette
nouvelle fonction, à cette nouvelle mission faisaient de ces nouveaux enseignants une cible
particulière.
C'est dans le cadre de l'élaboration du programme de formation, conçu par une équipe
pluridisciplinaire, qu'un module de formation destiné prioritairement aux nouveaux
enseignants a vu le jour : cinq ateliers de travail consacrés à la construction et à la planification
d'un cours. L'enjeu est de provoquer la réflexion pédagogique et par là de viser la mise en
oeuvre de dispositifs, qui amènent les étudiants à construire leur savoir.
Il est important de préciser que ces ateliers sont “ initiés ” par une journée d’accueil spécifique
pour les nouveaux enseignants. Les objectifs de cette journée, introduite par le recteur, sont
de : présenter l’IPM, les services généraux et facilités offerts aux enseignants par l’institution
(réservation des auditoires, matériel audiovisuel, …), insuffler la vision de l’enseignement que
nous souhaitons développer, présenter les ateliers, …
Derrière le défi d'un nouveau cours à donner, se cache un foisonnement de questions ...
Comment allier attentes des étudiants et exigences du programme ? Comment intégrer telle
quantité de matière dans 30 ou 45 heures de cours ? Comment s'assurer de la pertinence et de
la validité des évaluations menées ? ... Avec l'appui d'une équipe d'experts, issus
principalement du Département des Sciences de l'Education, mais aussi d'enseignants
chevronnés d'autres facultés, toutes ces questions sont exploitées et traitées en rapport avec les
situations d'enseignement et d'apprentissage, que les enseignants construisent progressivement
67
dans le cadre des nouveaux cours pour lesquels ils ont été nommés. Les ateliers sont organisés
de manière à laisser une place importante aux échanges où les différentes cultures facultaires
ne manquent d'ailleurs pas de s'exprimer. Les apports d'informations sont structurés sur la base
des questionnements des enseignants et cherchent à leur donner des repères pour la
planification de leur cours : définition des objectifs, choix des méthodes, des supports et de
l'évaluation ... c'est ainsi qu'en filigrane le thème fonctionnel du "plan de cours" apparaît.
Le “plan de cours”, idéalement distribué et présenté par l'enseignant au début d'un cours, fixe
les termes du contrat pédagogique entre enseignant(s) et étudiants ("ce que l'étudiant peut
attendre du cours, ce qu'on peut attendre de lui"). A ce titre, il s'agit d'un véritable outil
d'interactions entre enseignant et étudiants : le “plan de cours” précise les objectifs du cours,
son contenu, les dispositifs qui seront mis en oeuvre pour favoriser l'appropriation des
savoirs, les supports qui accompagneront le cours, les moments et les modalités d'évaluation
des acquis des étudiants. Mettre à plat les choix pédagogiques posés permet à l'enseignant une
gestion et une régulation pertinentes des apprentissages des étudiants. Rendre ces
informations explicites dès le début du cours permet aux étudiants de réellement s'impliquer
dans leurs démarches de formation. C'est en ce sens, que le “plan de cours” constitue un bon
fil conducteur pour ce module de formation pédagogique.
Depuis cinq ans, plus de cinquante enseignants, ont participé à cette formation. Les acquis
réalisés permettent à l'enseignant d'analyser finement la planification prévue, de s'outiller
pour les situations complexes auxquelles il sera confronté, de se sensibiliser aux résultats des
recherches en éducation. Tout ce matériau donne aux enseignants la possibilité de poser un
regard critique sur leur pratique.
A l'issue de cette formation, ils cherchent non seulement à améliorer leurs prestations
pédagogiques mais aussi à formuler des projets pédagogiques dynamiques et créatifs : mettre
en place un forum d'évaluation formative dans un cours de critique littéraire, élaborer en
équipe d'enseignants une grille d'évaluation critériée pour un stage, sensibiliser activement
leurs collègues à échanger leur “plan de cours” pour plus de cohérence au sein d'un
programme d'études, mettre sur pied un dispositif d'apprentissage par problème, demander
une observation et une évaluation de son cours dans le but de s'améliorer, …
Tous ces nombreux projets débouchent le plus souvent sur une demande d'accompagnement
individualisé ou d'équipe que nous décrirons ci-dessous.
On le voit, si cette formation continue à satisfaire les critères énoncés précédemment pour les
formations générales à plus large public, elle permet d'en rencontrer un autre : le principe de
contextualisation qui est fortement lié à la nouvelle situation que vivent les enseignants et
c’est ainsi que, afin de les accompagner au mieux, les différents ateliers s'égrènent tout au
long des premières semaines d'enseignement.
C'est un chemin que suivent également les formations plus “ techniques ” dont nous avons
parlé plus haut : elles prennent, en effet, souvent et de plus en plus la forme d'ateliers ("les
doigts sur le clavier") dans lesquels les enseignants-concepteurs viennent trouver des réponses
à leurs questions et partager leurs trouvailles.
68
Sans exclure les autres compétences du référentiel proposé à Montréal (référence 2), nous
pouvons souligner ici la mise en évidence des compétences (2) et (3) qui visent la
planification et la gestion des activités d’enseignement et d’évaluation des apprentissages. Les
dimensions institutionnelles et socio-professionnelles de ce référentiel sont également
abordées lors de la journée d’accueil et lors des échanges toujours encouragés dans ces
ateliers.
Si un des objectifs des propos fondateurs cités au début de ce document était de rendre les
étudiants davantage actifs, davantage auteurs de leur formation, il était important que la
formation des enseignants se préoccupe également de "l'activité" pédagogique des
enseignants. Nous l'avons dit plus haut, des ressources humaines, matérielles et financières
(les FDP) ont été mis à la disposition des enseignants ou d'une équipe pour qu'ils puissent
déployer leurs initiatives pédagogiques. Il est important de situer ces initiatives pédagogiques
à la fois en aval de nos différentes actions (l'initiative étant parfois une actualisation, un
résultat des formations) et en amont (ces initiatives pédagogiques constituent un terrain, des
exemples sur lesquels les formations peuvent se construire). Le développement important
qu'ont connu les FDP et le nombre grandissant des initiatives ont conduit à une évolution de la
demande adressée à l'IPM en matière de formation. Cette évolution se traduit par des
demandes à la fois au niveau de la conception du projet, de son accompagnement, de son suivi
et de son évaluation. Cet accompagnement pédagogique de plus en plus personnalisé (à
l'intention d'un enseignant seul ou d'une équipe) permet d'offrir une réponse souvent plus
pertinente (et donc sans doute plus efficace) aux demandes exprimées par les enseignants.
Toutefois, la question de l'efficience d'un tel accompagnement pédagogique se pose en termes
de temps et de moyens à investir et aussi en termes d'impact sur le terrain.
Nous voyons ici poindre le dernier critère de Jean-Marie De Ketele (énoncé par lui en
première place), celui de l'isomorphisme. Il est important que la formation des enseignants ne
reste pas cantonnée dans des modes expositifs ou même de partage de pratiques. Ils doivent
eux aussi mettre la main à la pâte, se former de manière plus active.
Dans les demandes des enseignants interviennent bien souvent des préoccupations quant aux
nouveaux dispositifs à mettre en place et surtout aux nouveaux rôles que les enseignants sont
amenés à tenir. C’est ainsi que nous associons à ce type d’activité plus individualisée
principalement les compétences (5) et (6) du référentiel de Montréal (référence 2) : elles
touchent en effet l’animation et la gestion des interactions dans les groupes et les (nouvelles)
formes d’accompagnement des étudiants dans leurs apprentissages.
3. Conclusions.
Nous souhaitons à nouveau souligner que l'évolution que nous avons décrite au point
précédent s'inscrit dans une perspective dynamique dans laquelle les formations
individualisées les plus récentes ne remplacent pas nécessairement les formations en grand
69
groupe plus anciennes mais qu'elles se complètent et s'initient l'une l'autre. Les formations
plus informatives restent utiles pour "contacter" de nouveaux publics, pour tenir compte de
nouveaux développements (une des dernières formations en grand groupe porte sur WebCT,
un intégré - informations et cours, exercices, communications - pour la création de sites
Internet).
Il est important de souligner que l'évolution manifeste dans les priorités de formation des
enseignants de l'UCL semble être due principalement au développement des initiatives
pédagogiques soutenues par les FDP qui constituent comme nous l'avons dit une conséquence
de la politique de formation entreprise (au sens très large comme nous l'avons vu) et un
réservoir de pratiques concrètes, d'exemples locaux sur lequel peuvent s'appuyer nos
formations.
70
On peut considérer comme axiomatique l’assertion que l’Université, plus que d’autres
structures institutionnelles de l’enseignement, fonctionne comme un système fermé qui
conserve son identité, en reproduisant ses modèles traditionnels à l’intérieur desquels le
discours prévaut et se substitue à la pratique jusqu’ à se transformer dans un but en soi.
Le besoin de changement ne provient pas du dedans de l’école, mais bien de l’extérieur, des
multiples exemples d’inadaptation des absolvents et d’incapacité de répondre à des taches
pour lesquelles l’école n’a pas créé des modèles d’action et, surtout, de la difficulté de
s’impliquer, communiquer et coopérer.
Le déroulement de la formation dans les dispositifs actuels a un vice fondamental: le manque
d’une conception claire, bien structurée et intégrée sur la finalité pratique de la formation,
conception de laquelle il dérive un profil de compétence fonctionnel et flexible. La formation
des enseignants de tous degrés met le problème d’un assemblage harmonieux des
compétences pédagogiques et de spécialité. Si, dans la formation continue, le sollicitant de
formation a des besoin de formations déduits directement de son activité courante, la
formation initiale soulève toute une série de questions concernant l’instruction et le statut des
sollicitants de formation a l`entrée dans le dispositif de formation.
Dans l’enseignement roumain, l’université a le rôle d’assurer la formation initiale et continue
des enseignants de tous les niveaux du système: la formation initiale pour les maîtres de
l’école élémentaire s’accomplit par les collèges universitaires d’instituteurs (enseignement
universitaire de courte durée – 3 ans); la formation initiale des enseignants pour le secondaire
est réalisée par un module pédagogique durant 226 heures.
La loi roumaine de l`éducation nationale oblige chaque futur enseignant n`importe pas le
niveau du poste (enseignement secondaire, professionnel ou supérieur) de parcourir un
module de formation initiale diplômé. Des modalités de formation initiale sont offerts aux
étudiants du supérieur pendant les études ou en stages de formation post-universitaires.
Conformément à la législation, la structure et la durée du module sont les suivantes:
ELEVES ETUDIANTS
Compétences
differenciées 2ème niveau de
différenciation
Compétences Formation
communes initiale
1er niveau de différenciation
La formation initiale pour l’enseignement supérieur est réalisée d’une manière implicite dans
le cadre du module pédagogique déjà mentionné, ceci étant un sujet auquel on reviendra dans
cet ouvrage.
La formation continue se réalise par des modules spécialisés, destinés au perfectionnement
des maîtres de l’enseignements secondaire et élémentaire imposés par la loi déjà invoquée et
par le statut des cadres didactiques, mais pour le perfectionnement des enseignements du
supérieur n’existe pas de modalités de formation continue. Dans les grands universités on a
créé des départements pour la formation des enseignants, dont la mission est d’organiser la
formation initiale des maîtres du secondaire et du supérieur et la formation continue des
maîtres d’élémentaire et du secondaire. Malgré le cadre législatif et institutionnel favorable, la
formation de enseignants a, aujourd’hui, beaucoup d’inconvénients parce que l’attention est
focalisée sur les contenus en soi et pas sur les finalités.
Dans le système universitaire de formation pour le métier d’enseignant, les candidats sont les
étudiants qui suivent le module pédagogique en régime facultatif, sans avoir une perspective
précise de leur insertion ultérieure (dans le secondaire ou le supérieur). A cette manque de
perspective viennent s’ajouter les particularités qui découlent de leur âge, instruction et
motivation. L’accès dans ce module se produit à 19-20 ans environ (pendant la deuxième ou la
troisième année d’étude, moment ou l’orientation vers la spécialisation s’appuie plutôt sur
l’attraction exercée par les disciplines psycho-pédagogiques, que sur une conception bien
claire d’un futur métier. De plus, le statut d’enseignant est envisagé seulement comme une
alternative pour éviter le chômage étant donné l’offre assez limité sur la marché du travail
(des poste dans la spécialité). Durant les premières années dans l’université, les étudiants
manquent l’expérience de vie et la maturité nécessaire pour s’impliquer pleinement dans
l’auto-formation.
A l’encontre, les candidats du module post-universitaire sont déjà des personnes adultes,
embauchées comme suppléants dans l’enseignement, qui ont besoin de qualification pour
pouvoir être titularisé. Confrontés aux exigences concrètes de l’activité quotidienne de travail,
ces candidats ont une conception plus claire de leur rôle professionnel et les compétences
nécessaires, ils ont des attentes et des besoins de formation bien précisés. A cause de leur
implication active dans l’auto-formation, ils devient des partenaires beaucoup plus exigeants
et stimulants pour les formateurs.
Quoi que soit le dispositif de formation, les curricula développés aujourd’hui visent les
compétences communes aux enseignants qui vont activer dans le secondaire et le supérieur.
Mais, en dernière analyse, on constate qu’elles répondent surtout aux exigences du
secondaire, et par conséquence, elle sont complètement insatisfaisantes pour le supérieur.
D’autant plus, parmi les maîtres plus âgés du supérieur existe une attitude réservée, sinon un
rejet, à l’égard de la formation pédagogique, en considérant que la compétence scientifique,
elle seule, est la garantie d’une bonne prestation didactique. Dans ces conditions, les candidats
du module post-universitaire, qui ont déjà un poste dans le supérieur, sont confrontés avec
deux tendances bien incompatibles: d’une part, la conscience de leur besoin de formation
spécifique pour l’activité didactique et, d’une autre part, la vague et persistante pression
psychologique exercée par les collègues plus anciens pour nier l’importance de la formation
des compétences pédagogiques par un dispositif spécialement construit.
Les suivants principes ont constitué le profil de compétences (le référentiel) par
rapport auquel nous avons élaboré une stratégie différentielle pour la formation des
enseignants du supérieur.
73
Ce domaine contient:
1. Les compétences psychologiques
1.1. La compétence d’aborder différemment les élèves en fonction du profil psychologique
de leur âge et du niveau du développement des fonctions et processus psychiques.
1.2. La compétence de structurer d’une manière adéquate les démarches d’apprendre en
fonction de l’âge des élèves, des caractéristiques de la tâche et du contexte de la
situation.
74
L’ensemble des problèmes concernant le “savoir être” et le “savoir devenir” a été abordé par
les quatre suivante dimensions:
Il est nécessaire que l’ébauche du référentiel présenté jusqu’ici fasse l’objet de l’analyse par
un échantillon représentatif composé des maîtres du secondaire et du supérieur, dont l’objectif
est d’évaluer l’importance de chaque compétence pour l’activité professionnelle.
En vue d’une analyse statistique corrélative, on a synthétisé ci-dessous les principales facettes
de la personnalité du maître, dans lesquelles s’amalgament les compétences déjà énumérées:
75
D’abord nous allons apporter une synthèse du contexte général sur l’éducation
supérieure au Mexique, et ensuite nous allons analyser les expériences particulières que nous
avons eu au long de la dernière décennie du siècle, dans le cadre des diverses universités,
publiques et privées, dans la formation pédagogique des enseignants.
Celui-ci est une vision critique. L’ autosatisfaction est le pire ennemi de la qualité.
Alors, un critère général pour évaluer et améliorer la formation des enseignants est la capacité
critique pour voir et reconnaître les problèmes. (Scmelkes, 1995). Ceci dit il faut tenir compte
de ce que le professorat est un devoir délicat, complexe et multidimensionnel (Ramirez, 1994)
Pays des pyramides, le Mexique les reproduit dans l’exercice du pouvoir autoritaire,
dans la distribution de ses groupements d’âge, dans l'accès inéquitable aux revenus, et, bien
sûr, dans ses opportunités éducatives. Seul 5.0 % parmi ceux qui commencent leurs études
arrivent au niveau supérieur. Uniquement 1 % obtienne un degré de maîtrise au doctorat.
(Ornelas, 1998) Ceci dit, il est facile de comprendre le grand effort que le système doit faire
pour améliorer la qualité de ses études universitaires, et sa capacité. Le rôle des enseignants
devient prioritaire, et sa formation est perçue comme un des piliers sur lesquels on peut bâtir
la modernisation de l’éducation universitaire (O.C.D.E., 1991).
Plus de 90 % des professeurs universitaires sont des professionnels qui n’ont jamais
fait des études dirigés a la capacité pour l’ enseignement (Zarzar Charur, 1996).
En accord avec l’information des documents qui ont servi de base pour le programme
d’ amélioration du professorat (ANUIES, CONACyT y SEIT, 1997), 5.4% des enseignants du
niveau supérieur avait obtenu le degré de docteur, tandis que 19.5% étaient au niveau de
maîtrise. Le reste comptait uniquement avec la licence, et parfois même pas finie. Les
universités se trouvent ainsi avec un double devoir: enseigner aux étudiants, mais aussi
former les professeurs.
Dans l’ effort d’ actualisation de l’ éducation supérieure il y a une coïncidence
d’auteurs des divers courants théoriques, sur l’importance de la formation des enseignants.
Celle-ci relève les dimensions suivantes : actualisation dans la branche professionnelle
spécifique; formation didactique et pédagogique, absent parmi la plupart des professeurs au
niveau supérieur; aussi il s’avère nécessaire des considérer le progrès des capacités
d’utilisation de la nouvelle technologie, et, en plus, il faut remarquer l’importance des
77
attitudes et valeurs face aux étudiants, et une certaine dose d’engagement social (Colín,
1994).
L’évolution du champ chez nous a passé par différentes étapes qui vont de ne rien faire
ou programmer des cours isolés à propos des quelques sujets considérés prioritaires, jusqu’ au
développement des programmes de spécialité en éducation, et ensuite, d’études formelles de
maîtrise ou doctorat dans les sciences de l’éducation.. Sans doute, il n’est pas possible
d’imaginer l'avenir de la formation des enseignants au niveau supérieur sans l’éducation
permanente. À présent, il y a une co-existence de ces diverses modalités. (Díaz Barriga, 1996;
Hirsch, 1998; Reyes, 1997).
Depuis 1990, sous l’influence des organismes internationaux, il s’impose une culture
de l’évaluation qui tient compte de la stimulation économique: par cette voie, de plus en plus,
les aspects considérés comme relevants dans l’évaluation, se rendent normatifs dans le travail
des professeurs.
Le rythme du travail intensifié et les salaires exigus, sont cause de malaise chez les
professeurs, qui considèrent que le temps, l’argent et l’énergie physique, intellectuelle et
émotionnelle, représentent les limites des ses possibilités de formation académique.
( Cordié, 1998; Hargreaves, 1996)
Ne rien faire. Il existe encore des professeurs qui après un semestre ou une année de
permanence à l’université n'ont même pas eu une réunion avec les autres professeurs afin
d’aborder des questions aussi générales que la mise en pratique du curriculum, ou la
philosophie universitaire. Il y en a un certain nombre qui vivent à l’université absolument
isolés des leurs collègues et de l’administration. Ils ont à peine un faible rapport avec leurs
élèves. Ce sont les plus difficiles à toucher, puisque la manière de s’insérer à l’université
est partielle, souvent partagée avec d’autres universités, et parfois ils préfèrent les horaires
extrêmes, très tôt le matin ou tard , la nuit. Souvent, ce qui se passe dans leurs cours est un
78
mystère jusqu’au moment de l’évaluation des étudiants, quand c’est déjà tard pour porter
une amélioration au cas où nécessaire. (Schmelkes, 1990).
Les journées d’induction à l’ université. Même si elles sont bien loin de proportionner
les outils pédagogiques nécessaires, elles représentent un espace de sensibilisation à la
problématique de l’enseignement universitaire et elles fournissent les liens avec des
collègues qui peuvent favoriser l’échange des expériences.
Les cours intensifs entre les semestres. Ici, il faudrait faire une distinction entre ceux
dirigés à la formation pédagogique initiale et ceux qui visent l’actualisation. Dans le
premier cas ils ont une portée limitée, ils aident à sensibiliser à la problématique des
études universitaires, ils peuvent déclencher un processus de développement ou bien, si ils
ne sont pas assez motivants et significatifs, ils courent le risque de dommager la
croissance des professeurs dans les aspects pédagogiques. Plusieurs dangers y sont
présents: la banalisation ou trivialisation des savoirs, pour les rendre plus populaires;
l’utilisation des techniques d’enseignement qui tombe toujours dans l’exposition; le choix
des dynamiques groupales qui ne sont pas en accord avec les apprentissages
andragogiques. Encore il faudrait souligner que certains des ces ateliers portent sur des
matières très partielles qui risquent de “morceler” la pédagogie. Ils ont eu un meilleur
pronostic quand ils ont continué au long du semestre, pour favoriser l’accompagnement;
ils apportent l’espace idéal pour partager les expériences et les incertitudes présentes dans
le procès d’innovation. Dans le deuxième cas, l’actualisation, ils représentent une formule
très utile pour “se mettre au courant” dans un domaine particulier.
certaine apparence critique qui n’a pas trop de pédagogique. (López Calva, 1999). En plus, il
faut souligner que ses applications sont présentes seulement chez les initiés.
Bien sûr, chaque courant a eu une contribution intéressante au développement de la
pédagogie universitaire, mais il faut reprendre l’effort d’une synthèse cohérente, qui puisse
mettre en place les apports de chacune de ses étapes du désarroi pédagogique.
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES.
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iii
iv
vi
.
vii
viii
ix
x
xi
xii
xiii
xiv
xv
xvi
xvii
xviii
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