M209: Approximation Et Fractions Continues
M209: Approximation Et Fractions Continues
M209: Approximation Et Fractions Continues
3 Corps quadratiques 29
3.1 Corps quadratiques
√ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2 Entiers de Q( D) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.3 Eléments inversibles dans ZK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4 Arithmétique dans ZK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4.1 Divisibilité dans ZK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.4.2 Elements irréductibles dans ZK . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.3 Eléments premiers entre eux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.4.4 PGCD dans ZK quand ZK est euclidien pour la norme . . . . . . . . . . 34
3.4.5 Exemples d’anneaux euclidiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2
Chapitre 1
Introduction
Proposition 1.0.1. Tout nombre réel est limite d’une suite de nombres rationnels. (Q est dense
dans R).
Démonstration. Soit α ∈ R, ∀n ∈ N :
Le problème que l’on se pose est le suivant. Soit α ∈ R. Soit N un entier. Trouver la
meilleure approximation de α par un nombre rationnel ab tel que b ≤ N . Autrement dit, il faut
trouver le nombre rationnel ab le plus “proche” de α avec b ≤ N .
30 = 13 × 2 + 4
13 = 4 × 3 + 1
Sous forme de fractions :
30 4
=2+
13 13
3
4 Chapitre 1. Développement en fractions continues
13 1
=3+
4 4
Si on regroupe le tout :
30 1
=2+ 1
13 3+ 4
30
Notation. On note cette fraction : 13
= [2, 3, 4]
√
1+ 5
Exemple 1.0.2. Soit α = 2
le nombre d’or. On a : α2 = α + 1 ⇒ α = 1 + α1 .
1 1 1
α=1+ 1 =1+ =
1+ α
1 + 1+1 1 1+ 1+
1
1
α 1+ 1
1+ 1
..
1+ .
C’est une fraction continue infinie.
est appelée une fraction continue finie. On la note [a0 , a1 , a2 , ..., an−1 , an ]
– L’expression :
1
a0 + 1
a1 + a2 + 1
..
.
ak−1 + a1k
..
.
qu’on note [a0 , a1 , ..., ak , ...] est dite une fraction continue infinie.
Définition 1.1.2. La fraction continue est dite simple si tous les coefficients ai sont des entiers
(dans Z).
Définition 1.1.3. La fraction infinie continue est dite convergente si la suite des rationnels
(An )n→N définie pr :
An = [a0 , ..., an ]
converge dans R.
Définition 1.1.4. La fraction continue finie An = [a0 , ..., an ] est appelée la n-ième réduite de
la fraction continue.
Remarque. (i) On a :
1
[a0 , ..., an ] = a0 +
[a1 , ..., an ]
Chapitre 1. Développement en fractions continues 5
(ii) On a :
1
[a0 , ..., an ] = a0 , ..., an−1 +
| {z } an
n+1 coef | {z }
n coef
Proposition 1.1.1. Soient a0 , a1 , ..., ak une suite finie ou infinie d’entiers vérifiant :
ak ≥ 1 pour tout k ≥ 1
Soient (pn )n∈N et (qn )n∈N les suites d’entiers définies par :
pn
[a0 , ..., an ] = avec PGCD(pn , qn ) = 1, qn > 0
qn
Alors pour tout α ∈ R∗ et pour tout n ≥ 1 :
αpn + pn+1
[a0 , ..., an , α] =
αqn + qn+1
αpn + pn+1
Notons (Pn ) : ∀n ∈ R∗ , [a0 , ..., an , α] = et |pn qn+1 − qn pn+1 | = 1
αqn + qn+1
Démonstration. Par reccurence sur n. Remarquons d’abord que :
p0
[a0 ] = a0 =
q0
(a0 a1 )α + a0 p1 α + p 0
= =
a1 α + 1 q1 α + q 0
Mais il faut vérifier que :
|p1 q0 − q1 p0 | = 1
Or :
p 1 q 0 − q 1 p 0 = a0 a1 + 1 − a1 a0 = 1
On suppose que (Pn ) est vérifée. Remarquons d’abord que (Pn ) avec α = an+1
pn an+1 + pn+1
⇒ [a0 , ..., an , an+1 ] =
qn an+1 + qn+1
Or :
qn (an+1 pn + pn+1 ) − pn (qn an+1 + qn+1 )
= qn pn+1 − pn qn−1 = ±1 d’après(Pn )
6 Chapitre 1. Développement en fractions continues
1
[a0 , ..., an , an+1 , α] = a0 , ..., an , an+1 +
α
On pose : β = an+1 + 1
α
∈ R∗ . D’après l’hypothèse de réccurence, on a :
βpn + pn+1
[a0 , ..., an+1 , α] = [a0 , ..., an , β] =
βqn + qn+1
|pn+1 qn − qn+1 pn | = 1
p0 = a0 , p1 = a0 a1 + 1 ; ∀n ≥ 2, pn = an pn−1 + pn+2
q0 = 1, q1 = a1 ; ∀n ≥ 2, qn = an qn−1 + qn−2
De plus, on a :
1) pour tout n ≥ 1, pn qn−1 − qn pn−1 = (−1)n−1 ou :
pn pn−1 (−1)n
− =
qn qn−1 qn qn−1
3) On a :
qn+1 = an+1 qn + qn−1 ⇒ qn+1 ≥ qn
| {z } | {z }
≥qn ≥qn
pn
Proposition 1.1.2. Soit (ai )i∈N des entiers vérifiant ai ≥ 1 pour tout i ≥ 1. Soit qn n∈N
la
suite des véhicules associée à la suite (ai ). Alors on a :
p2n p2n+1
(i) les suites q2n n∈N
et q2n+1 n∈N
sont adjaçante et on a :
p0 p2 p2k p2k+1 p1
< < ... < < ... < < ... <
q0 q2 q2k q2k+1 q1
(−1)n an
bn − bn−2 =
qn qn−2
car pn qn−2 − qn pn−2 = (−1)n an (n ≥ 2).
pn pn−2 (−1)n an
− =
qn qn−2 qn qn−2
Le signe de bn − bn−2 est de signe (−1)n . Donc : la suite (b2n ) est croissante et la suite (b2n+1 )
est décroissante.
Or : d’après le Corollaire, on a : ∀n ≥ 1 :
pn pn−1 (−1)n−1
− =
qn qn−1 qn qn−2
(−1)n
Donc : bn − bn−1 = qn qn−1
. On en conclut que : b2n+1 − b2n > 0. On a :
1 1
b2n+1 − b2n = ≥
q2n+1 q2n (2n + 1)2n
Quand n → ∞ :
1
→0
(2n + 1)2n
Donc les suites (b2n ) est (b2n+1 ) sont adjaçantes. Donc elles convergent vers une même limite `.
Donc la suite (bn )n∈N converge vers `.
√
1+ 5
Exemple 1.1.1. α = 2
, (ai ) définie pour ai = 1 pour tout i :
pn
= [1, 1, ..., 1]
qn | {z }
n+1 fois
pn
qn
converge.
Proposition 1.1.3. Soient (ai )i∈N et (bj )j∈N deux suites d’entiers telles que ai ≥ 1 et bj ≥ 1
pour tout i ≥ 1 et j ≥ 1. Alors,
8 Chapitre 1. Développement en fractions continues
(i) si [a0 , ..., an ] = [b0 , ..., bm ] et an > 1 et bn > 1 alors n = m et ai = bi pour tout 0 ≤ 1 ≤ n.
(ii) si [a0 , ..., an , ...] = [b0 , ..., bn , ...] alors ai = bi pour tout i ∈ N.
Démonstration. (i) Remarquons que tout 1 ≤ i ≤ n :
Donc : β > 1 car ai > 1. Donc : E([a0 , ..., an , ...]) = a0 , de même E([b0 , ..., bn , ...]) = b0 .
Donc : a0 = b0 .
Supposons que pour tout 0 ≤ i ≤ n, on a bi = ai . On montre alors que an+1 = bn+1 .
Posons :
αn+1 = [an+1 , ...] βn+1 = [bn+1 , ..]
On a : [a0 , ..., an , αn+1 ] = [a0 , .., an , βn+1 ] par hypothèse de reccurence.
D’après Proposition 1.1.1., on a :
αn+1 pn + pn−1
[a0 , ..., an , αn+1 ] =
αn+1 qn + qn−1
pk
où qk
est la kième réduite associée à la suite a0 , ..., ak , 0 ≤ k ≤ n.
βn+1 pn + pn−1
[a0 , ..., an , βn+1 ] =
βn+1 pn + pn+1
Donc :
αn+1 pn + pn−1 βn+1 pn + pn−1
=
αn+1 qn + qn−1 βn+1 qn + qn−1
⇒ (pn qn−1 − qn pn−1 )(αn+1 − βn+1 ) = 0
⇒ |αn+1 − βn+1 | = 0
⇒ αn+1 = βn+1
⇒ E(αn+1 ) = E(βn+1 )
⇒ an+1 = bn+1
En appliquant le principe de reccurence, (ii) est vérifiée.
Chapitre 1. Développement en fractions continues 9
a1 ≥ 1 pour tout i ≥ 1
10 Chapitre 1. Développement en fractions continues
pn
Soit qn n∈N
la suite des réduites asociée à la suite (ai )i∈N . D’après la Proposition 1.1.2.,
la suite pqnn converge.
On a :
1 p0 p1
⇒
a0 < α < a0 +
<α<
a1 q0 q1
On peut montrer par reccurence que ∀n ∈ N, on a :
p2n p2n+1
<α<
q2n q2n+1
p2n+1
Les deux suites pq2n
2n
et q2n+1 n∈N
convergent vers une même limite. D’après le théo-
n∈N
rème des gendarmes :
pn
lim =α
n→+∞ qn
ii)
pn p
n pn+1 pn qn+1 − pn+1 qn 1
α − < − = =
qn qn qn+1 qn qn+1 qn qn+1
et
1 1
< 2 car qn+1 > qn
qn qn+1 qn
pn pn+1
Corollaire. Soit α un nombre réel irrationnel. Alors l’un des convergent qn
ou qn+1
vérifie :
pk 1
α − < avec k = {n, n + 1}
2q 2 k
qk
pn
Theorème 1.1.6 (Lagrange). Soit α un nombre irrationnel. Soit qn
le nième convergeant ç
α. Soient a, b des entiers premiers entre eux et 1 ≤ b ≤ qn alors :
a pn
α − ≥ α −
b qn
pn
C’est-à-dire qn
est le nombre rationnel de dénominateur inférieur ou égale à qn le plus proche
de α.
Notons que x 6= 0 (sinon qn+1 |bpn=1 or PGCD(pn+1 , qn+1 ) = 1 donc qn+1 |b or b < qn donc
x 6= 0). Si y est nul, on a : bpn − qa n donc ab = pqnn .
Dans ce cas :
a p
α − = α −
n
b qn
Le théorème est, dans ce cas, vérifiée.
Si y 6= 0, comme x 6= 0, x et y sont de signe opposée, en effet :
• Si y < 0, on a qn x = b − qn+1 y > 0. Donc : x > 0.
• Si y > 0, l’hypothèse nous dit : b < qn < qn+1 ⇒ b < yqn+1 ⇒ qn = 0 ⇒ x = 0.
D’autre part,
pn pn+1
<α<
qn qn+1
Donc : qn α − pn et qn+1 α − pn+1 sont de signes opposés. D’où : x(qn α − pn ) et y(qn+1 α − pn+1 )
sont de même signe : Donc :
ax2 + bx + c a, b, c ∈ Z
p0n−k − 1
[ak+1 , ..., an ] = 0
qn−k −1
Chapitre 1. Développement en fractions continues 13
p0n−k−2
[ak+1 , ..., an−1 ] = 0
qn−k−2
D’après la Proposition 1.1.1. :
Donc :
0 0
a2k+1 qn−k−1 + αk+1 (qn−k−2 − p0n−k−1 ) − p0n−k−2 = 0
0
qn−k−1 6= 0 donc αk+1 est quadratique. On a :
αk+1 pk + pk−1
α = [a0 , ..., an , ak+1 , ...] =
αk+1 qk + qk−1
!
pk
où la suite des réduits associées à la suite (ai )i∈N
qk
Or on a pk qk−1 + qk pk−1 = ±1. Donc d’après le lemme précédent, α est quadratique.
α = [a0 , a1 , ..., an ]
Donc :
α = [a0 , ..., an−1 , αn ]
Donc :
αn pn−1 + pn−2
α=
αn qn−1 + qn−2
pn
où est la suites des réduites associée à la suite (an )n∈N .
qn n∈N
Comme qn−2 pn−1 − qn−1 pn−2 = ±1, d’après le lemme précédent αn est périodique. Ecrivons
l’équation de α :
An αn2 + Bn αn + Cn = 0
avec :
2
An = ap2n−1 + bpn−1 qn−1 + cqn−1
Bn = 2apn−1 pn−2 + b(pn−1 qn−2 + qn−1 pn−2 ) + 2cqn−1 qn−2
Cn = qp2n−2 + bpn−2 qn−2 + cqn−2
2
= An−1
D’après le Lemme 1.2.1., on a : Bn2 − 4An Cn = b2 − 4ac. Montrons que {(An , Bn , Cn ), n ∈ N}
est finie : cet ensemble sera donc majorée. Posons :
pn−1
δn = −α
qn−1
Or :
1
|δn | ≤ 2
(d’après le Théorème 1.1.5.)
qn−1
Donc :
2 2
|An | ≤ |qn−1 [aα
|
+{zbα + c} +aδn2 + 2aαδn + bδn ]| ≤ |a| + |2aα| + |b|
0
14 Chapitre 1. Développement en fractions continues
Donc la suite (|Bn |)n∈N est majorée. Donc : {(An , Bn , Cn ), n ∈ N} est finie. Donc il existe
n1 , n2 , n3 ∈ N, n1 < n2 < n3 tel que :
α = [a0 , ..., an1 −1 , an1 , ..., an2 −1 , an1 , ...] = [a0 , ..., an1 −1 , an1 , ..., an2 −1 ]
Définition 1.2.3. Soit α un nombre réel quadratique (racine de ax2 + bx + c = 0). L’autre
racine qu’on note
√
αR s’appelle le √conjugé de α.
Si α = −b+2a ∆ alors αR = −b−2a ∆ .
Attention :. ici le conjugué n’est pas le conjugué au sens complexe. On note αR le conjugué.
Remarque.
−c −b
ax2 + bx + c = a(x − α)(x − α) ⇒ αα = et a + α =
a a
Définition 1.2.4. Soit α un nombre réel quadratique. On dit que α est purement périodique
si la décomposition de α en fraction continue est de la forme :
pi
Lemme 1.2.3. Soit (ai )i∈N une suite d’entiers ≥ 1 et soit qi i∈N
la suite des réduites assocée
à la suite (ai )i∈N . Alors ∀k > 1, on a :
pk
[ak , ..., a0 ] =
pk−1
qk
[ak , ..., a1 ] =
qk−1
Proposition 1.2.4. Soit α un nombre réel purement périodique dont le développement en frac-
tion continue s’écrit :
α = [a0 , ..., al−1 ]
Alors :
1
− = [al−1 , ..., a0 ]
α
Démonstration. On a :
α = [a0 , ..., al−1 , α]
Donc α vérifie l’équation :
Posons :
α0 = [al−1 , ..., a0 ] = [al−1 , ..., a0 , α]
Or d’après le Lemme 1.2.3., on a :
pl−1
[al−1 , ..., a0 ] =
pl−2
ql−1
[al−1 , ..., a1 ] =
ql−2
pl−1 α0 +ql−1
D’où [al−1 , ..., a0 , α0 ] = pl−2 α0 +ql−2
d’après la Proposition 1.1.1.. Donc :
pl−1 α0 + ql−1
α0 =
pl−2 α0 + ql−2
Donc :
pl−2 α02 + (ql−2 − pl−1 )α0 + ql−1 = 0
Donc : 2
−1 −1
−pl−2 + (−ql−1 + pl−2 ) × 0
− ql−1 × =0
α α0
Donc : − α1 vérifie la même équation que α (voir (∗)). D’où − α10 = α ou − α1 = α. Or − α1 < 0
donc − α10 = α donc α0 = − α1 . D’où :
1
− = [al−1 , .., a0 ]
α
Theorème 1.2.5 (Caractérisation des réels purement périodiques - Evariste Galois). Soit α
un nombre réel quadratique alors α est purement périodique ⇔ α > 1 et −1 < α < 0
16 Chapitre 1. Développement en fractions continues
Démonstration. (⇒) Si α est périodique, α = [a0 , ..., al−1 ]. On a α > 1 et d’après la Pro-
position 1.2.4., on a :
1 1
− = [al−1 , ..., a0 ] donc − > 1
α α
Donc :
−1 < α < 0
(⇔) Supposons que α est quadratique et :
Posons :
αn = [an , an+1 , ...], n ∈ N
On a : α = α1 . Donc : 1
α1
= α − a0 . Donc :
1
− = a0 − α R = α 0 − α
α1
1
E − = a0
α1
1
On montre par reccurence que E − αn+1 = an . C’est vrai pour n = 0. Supposons que
an−1 = E − α1n . Or on a : αn = an + 1
αn
. 1
Donc : − αn+1 = an − αn or −1 < αn+1 < 0 car
E − α1n ≥ 1. Donc :
!
1 1
an < − < an + 1 ⇒ E − = an
αn αn+1
Theorème 1.2.6. Soit d un entier √ ≥ 1, non carré parfait. Soit l la longueur d’une période
minimale de la fraction continue de d. Alors on a :
√
d = [a0 , a1 , ..., al ]
où √
E( d) = a0 et al = 2a0 , al−i = ai , ∀i ∈ N∗
Chapitre 1. Développement en fractions continues 17
√ √ √
Démonstration. On pose a0 = E( d) et α = a0 + d. On a 1 < α et α = a0 − d donc
−1 < α < 0. Donc d’après le Théorème 1.2.5. α est purement périodique. Or : E(α) = 2a0
donc α = [2a0 , ..., al0 −1 ]. D’après la Proposition 1.2.4., on a :
1
− = [al0 −1 , ..., 2a0 ]
α
Or :
1 1 1
− =− √ =√
α a0 − d d − a0
Or : √ 1
d = α − a0 = 2a0 + − a0 = [a0 , a1 , ..., al0 −1 , 2a0 ]
[a1 , ..., al0 −1 , 2a0 ]
Donc : l0 = l. D’où :
1
− = [a1 , ..., al−1 , 2a0 ]
α
or :
1
− = [al−1 , ..., 2a0 ]
α
Donc : ∀i ∈ N∗ , ai = al+i .
√
Proposition 1.2.7. Soit d un entier non carré parfait, d = [a0 , a1 , ..., al ] avec al = 2a0 et
al−1 = ai pour 1 ≤ i ≤ l − 1 (l la période minimale).
√ √
Posons α = d, αn = [an , an+1 , ...] = bn + d
où bn , cn ∈ Z.
pn
cn √
On désigne par qn la nième convergente à α = d. Alors on a :
1) p2n−1 − dqn−1
2
= (−1)n cn (Equation de Pell-Fermat)
2) cn = 1 ⇔ ∃k ∈ N∗ tel que n = kl.
Démonstration. 1) On a :
pn−1 αn + pn−2
α= pour n ≥ 2 (∗)
qn−1 αn + qn−2
√
bn + d
αn =
cn
(∗) devient :
√ pn−1 √
!
bn pn−1 + bn
(∗) ⇒ |{z}
d qn−1 + qn−2 = d+ +pn−2
cn c n c n
6∈Q | {z } | {z } | {z }
∈Q ∈Q ∈Q
√
!
bn pn−1 pn−1 bn qn−1 d
⇒ |{z}
d qn−1 + qn−2 − = −pn−2 −
cn cn c
| {zn }
c
| {zn }
6∈Q | {z }
∈Q ∈Q ∈Q
q
n−1 bn + qn−2 cn = pn−1
pn−1 bn + pn−2 cn = qn−1 d
D’où :
p2n−1 − dqn−1
2
= pn−1 (qn−1 bn + qn−2 cn ) − qn−1 (pn−1 bn + pn−2 cn )
= cn (pn−1 qn−2 − qn−1 pn−2 = (−1)n cn
18 Chapitre 1. Développement en fractions continues
2) ⇐ :
1 1 √
α l = al + = al + (car l la période de d
αl+1 α1
1 1
= 2a0 + = 2a0 + √
α1 d − a0
√
bl + d
√
Or : αl = cl
= a0 + d ⇒ bl = a0 , cl = 1. Par périodicité, on a :
√
∀k ∈ N∗ , αkl = αl = a0 + d
√
Or : αkl = bklc+kl d . Donc : ckl = 1.
√ √
⇒ : Supposons que cn = 1 donc αn = bn + d d’où αn = bn − d. Or :
αn est
√ purement périodique.
√ D’après le Théorème 1.2.5., −1 < αn < 0. Donc −1 <
bn − d < 0 et √ bn < d < bn + 1. √
Donc : bn = E( d) = a0 , αn = a0 + d = αl et l étant la période minimale de la fraction
continue donc l|n.
√
Corollaire. Soit d un entier non carré parfait, l la période minimal de d. Alors on a :
1) Si l est pair, pour tout k ∈ N∗ , (pkl−1 , qkl−1 ) est une solution de l’équation appelée équation
de Pell-Fermat : x2 + dy 2 = 1, x, y ∈ Z.
2) Si l est impair, pour tout k ∈ N∗ , (p(2k+1)l−1 , q(2k+1)l−1 ) est une solution de l’équation x2 −
dy 2 = −1, x, y ∈ Z et (p2kl−1 , q2kl−1 ) est une solution de l’équation de Pell-Fermat.
∗
√ √ √ √ √
x × x0 = (a + b d)(a0 + b0 d) = aa0 + bb0 d + ab0 d + ba0 d = aa
|
0
+
{z
bb 0
d
}
+ (ba 0
+ b 0
a) d
| {z }
∈Z ∈Z
0
√
Donc : x.x
√ ∈ Z[ d]
Donc : (Z[ d], +, ×) est un sous-anneau de R.
√ √ √
Remarque. (Z[ d], ×) n’est pas un groupe car 3 ∈ Z[ d] mais 13 6∈ Z[ d] car 13 6∈ Z.
√ √
Notation. Soit x = a + b d. On note x = a − b d, le conjugué de x et on note la norme de x,
N (x) = xx = a2 − db2 ∈ Z.
√
Lemme 1.3.2. ∀x, y ∈ Z[ d], on a :
√ √
Remarque. Soit x = a + b d ∈ Z[ d] alors :
1. N (x) = 1 ⇔ a2 − b2 d = 1 ⇔ (a, b) solution de Pell-Fermat.
√
2. N (x) = 1 ⇔ x1 = a − b d = x
3. On a vu que l’équation de Pell-Fermat √ admet une infinité de solutions. Il y a donc une
infinité d’éléments inversibles dans Z[ d].
20 Chapitre 1. Développement en fractions continues
Theorème 1.3.5. Soit (x0 , y0 ) la solution fondamentale, toute solution de (E) s’exprime en
fonction de (x0 , y0 ) (solution fondamentale). C’est-à-dire soit (x, y) solution de E alors il existe
m ∈ Z tel que : √ √
x + y d = ±(x0 + y0 d)m
√ √ √
Démonstration.
√ m 1) Si (x, y)
√ vérifie x + y d = (x0 + y0 d)m , on a : N (x + y d) = √ N ((x0 +
m
y0 d) ) = (N (x0 + y√0 d) . Or (x0 , y0√) solution de Pell-Fermat donc N (x0 + y0 d) = 1.
Donc 1 = (N (x0 + y0 d)m ) = N (x + y d). Donc (x, y) solution de Pell-Fermat.
2) Réciproquement, soit (x, y) une solution de (E). Soit m le plus grand entier ≥ 0 tel que :
√ √
(x0 + y0 d)m ≤ x + y d
Donc : √ √ √
1 ≤ (x + y d)(x0 − y0 d)−m ≤ (x0 + y0 d)
√ √ −1 √ √ −m √ m
On a N (x0 +y0√ d) = 1. Donc (x
√ −m 0 +y 0 d)
√ = x 0 −y 0 d d’où
√ (x 0 +y0 d)
√ −m= (x 0 −y 0 d)
√
et donc (x + y d)(x0 + y0 d) ∈ Z[ d]. Posons (x + y d)(x0 + y0 d) = Xn − Yn d
On a : √ √ √
N (Xn − Yn d) = N ((x + y√ d)(x0 + y0 d)−m √)
= N (x + y √d) × N (x0 − y0 d)
= N (x + y d) = 1
car (x, y) est solution de Pell-Fermat ⇒ N (x0 + y0 )−m = (1)−m = 1 et (x, y) solution de
Pell-Fermat. Donc (Xn , Yn ) solution de (E) et :
√ √
1 ≤ X n + Y n d ≤ x0 + y 0 d
Chapitre 1. Développement en fractions continues 21
3) Soit (x, y) solution de (E) tel que x > 0 et y ≤ 0 donc (x, −y) est solution de E avec
x > 0, y ≥ 0. On déduit du cas précédent qu’il existe m ∈ N tel que :
√ √
x − y d = (x0 + y0 d)m
√ √ √ √
d’où x + y d = (x − y d)−1 = (x0 + y0 d)−m car N (x + y d) = 1.
4) Soit (x, y) solution de E tel que x < 0 et y ≤
√ 0 donc (−x,√ y) solution de E avec −x > 0,
−y ≥ 0. Donc il existe m ∈ N tel que −x − y d = (x0 + y0 d)−m . D’où :
√ √
x + y d = (x0 + y0 d)m
√
5) Soit (x, √
y) solution de E tel √que x < 0 et√y ≥ 0, il existe √
m ∈ N tel que −x + y d =
(x0 + y0 d)m . On a : −x − y d = (−x + y d)−1 = (x0 + y0 d)−m . Donc :
√ √
x + y d = −(x0 + y0 d)−m
√
Proposition 1.3.6. On note √ U d = {x + y d, x2 − dy 2 = 1}, (Ud , ×) est une groupe engendré
modulo {−1, 1} par x0 + y0 d (groupe monogène).
√
Démonstration.
√ (Ud , ×) est un sous-groupe de (R× , ×). Soit x, y et x0 , y 0 tel que x + y d ∈ Ud
et x0 + y 0 d ∈ Ud . √ √ √
(x + y d)(x0 + y 0 d) ∈ Z[ d]
√ √ √ √ √ √
Comme N ((x+y d)(x0 +y 0 d)) = N (x+y d)N (x0 +y 0 d = 1. Donc : (x+y d)(x0 +y 0 d) =
Ud . √ √ √
Soit (x + y d) ∈ Ud , N (x + y d) = 1, donc x+y1√d = x − y d ∈ Ud .
Theorème 1.3.8 (Legendre). Soit α un nombre réel. Soient p, q deux entiers tels que PGCD(p, q) =
1, q > 0. Si |α − pq | < 2q12 alors pq est un convergent de α.
Démonstration. Supposons que |α − pq | < 1
2q 2
donc p, q vérifient les hypothèses du Théorème
si α ≥ pq
1
1.3.6. Posons : α − pq = ε qθ2 avec ε = . Puisque |α − pq | < 2q12 , on a 0 < θ < 12 . On
0 si α < p
q
choisit un développment en fraction continue de pq tel que pq = [a0 , ..., an ] avec (−1)n = ε. Soit
pi
qi
la suite des réduites associées à la suites a0 , ..., an donc p = pn et q = qn . Soit β le nombre
réel tel que :
βpn − pn−1
α=
βqn − qn−1
On a :
θ θ p βpn + pn−1 pn
ε 2 =ε 2 =α− = −
qn q q βqn + qn+1 qn
Si l’on réduit au même dénominateur :
βpn + pn+1 pn qn pn−1 + pn qn−1 (−1)n ε
− = = =
βqn + qn+1 qn qn (βqn + qn + 1) qn (βqn + qn+1 qn (βqn + qn−1
qn 1 qn+1
Cela entraîne que θ = βqn +q ⇒ − > 1. Donc β > 1. D’après le Lemme 1.3.5., pq
n−1 θ
|{z} q n
| {z }
>2 >1
est une convergent de α.
Corollaire. Soit d un entier > 4 non carré. Alors :
1) Si (x, y) est solution de l’équation de Pell-Fermat (E) : x2 − dy 2 = 1, x > 0, y > 0 alors xy
√
est un convergent de d.
√ √
2) Soit l la période (minimale) de d. On note pqnn le nième convergent de d. Si l paire,
(pl−1 , ql−1 ) est solution fondamentale de Pell-Fermat. Si l est impaire, (p2l−1 , q2l−1 ) est la
solution fondamentale de Pell-Fermat.
Démonstration. 1) Soit (x, y) √
solution de (E) avec PGCD(x, y) = 1, x > 0, y > 0. On a
x − dy = 1. Donc : |x − y d| = x+y1√d . Donc :
2 2
√
x 1 1
− d = √ < √
y y|x + y d| y2 d
car x > 0, y > 0. Comme d > 4, on a :
√
x 1
− d < 2
y 2y
x
√
Donc : d’après le Théorème 1.3.6., y
est un convergent d.
√
2) Soit l la période du développement en fractions continues de d, si l est pair, on a vu que
(pl−1 , ql−1 ) vérifie l’équation x2 −dy 2 = 1 (d’après le dernier Corollaire de la Section 1.2.).
Si 0 < i < l − 1, (pi , qi ) n’est pas soltuion de Pell-Fermat, si i ≤ l, (pi , qi ) est solution de
Pell-Fermat. si l|i donc dans ce cas, on a :
√ √
pi−1 + dqi−1 > pl−1 + dql1
donc (pl−1 , ql−1 ) est solution fondamentale.
3) Si l impaire, on a vu que (p2l−1 , q2l−1 ) est une solution de (E), x2 − dy 2 = 1. Si (pk−1 , qk−1 )
est solution de Pell-Fermat alors 2l|k d’après la Proposition 1.2.7.
Chapitre 2
23
24 Chapitre 2. Approximation d’un nombre réel par des rationnels
Corollaire (Critère d’irrationnalité). Soit α un nombre réel, soient ν un nombre réel > 1 et
c > 0. S’il existe une infinité d’irrationnels pq tel que |α − pq | < qcν alors α 6∈ Q.
Démonstration. Si les hypothèse du Corrolaire sont vérifiés, α est approximable à l’ordre ν
avec ν > 1, donc α 6∈ Q.
Application 2.1.1.
∞ N
X 1 X 1
α= n!
= lim n!
n≥0 2 n=0 2
N →+∞
N
X 1
Cette limite existe. En effet, posons uN = n!
, (uN ) est une suite croissante. On peut
n=0 2
montrer que α est approximable à l’ordre 2.
Theorème 2.1.2 (Dirichlet). Tout nombre réel irrationnel est approximable à l’ordre 2.
Démonstration du Théorème 2.1.2.
Lemme 2.1.3 (Dirichlet). Soit β un nombre réel irrationnel. Soit Q un entier ≥ 1. Il existe
au moins un nombre irrationnel pq tel que q ≤ Q et |β − pq | < qQ
1
.
Démonstration du Lemme 2.1.3.
Notation. pour x ∈ R, (x) = x − E(x), 0 ≤ (x) < 1.
On considère les nombres 0, (β), (2β),...,(Qβ). Ces nombres sont deux à deux distincts, en
effet, s’ils étaient distincts, il existerait k, k 0 , 0 ≤ k ≤ Q, 0 ≤ k 0 ≤ Q, k 6= k 0 tel que (kβ) = (k 0 β)
donc kβ − E(kβ) = k 0 β − E(k 0 β) ⇒ (k − k 0 )β = E(kβ) = E(k 0 β) :
E(kβ) − E(k 0 β)
⇒β= ∈Q
k − k0
or β ∈ Q. On a :
" " " " Q " " " "
1 1 2 Q−1 [ k−1 k
[0, 1[= 0, ∪ , ∪ ... ∪ ,1 = ,
Q Q Q Q k=1 Q Q
E(kβ) − E(k 0 β)
1
⇒ β
− 0
<
k−k (k − k 0 )Q
On pose : p = E(kβ) − E(k 0 β) et q = k − k 0 . On a bien |β − pq | < 1
qQ
.
Grâce au Lemme 2.1.3., nous pouvons démontrer par l’absurde le Théorème 2.1.2.. Sup-
posons qu’il existe un nombre fini de rationnels
p1 pm pi 1
, ..., tel que β − < 2 , i = {1, ..., m}
q1 qm qi qi
On pose :
1
Q= +1 ≥1
pi
min β −
1≤i≤m qi
Chapitre 2. Approximation d’un nombre réel par des rationnels 25
p
D’après le Lemme 2.1.3., il existe un rationnel q
tel que q ≤ Q et
p 1 pi
β − < < min β −
q qQ 1≤i≤m qi
donc : ( )
p p1 pm
6∈ , ...,
q q1 qm
Or q ≤ Q donc β − pq < q12 . CONTRADICTION !
Donc : β est approximable à l’ordre 2.
Theorème 2.1.4. Soit α un nombre réel quadratique. Alors α n’est pas approximable à un
ordre supérieur à 2.
pn0 +1 c c
α − ≤ ≤ 2
2
qn0 +1 qn q
1
donc q ν−2 < 1
donc : q < . Or | pq | − |α| ≤ | pq − α| < 1 ⇒ | pq | < |α| + 1. Donc |p| <
c 1
c ν−2
(α + 1) p
(α + 1)q < 1 . Donc : il n’y a qu’un nombre fini de rationnels q
tels que |α − pq | < 1
qν
. α
c ν+2
n’est pas approximable à l’ordre ν si ν > 2.
26 Chapitre 2. Approximation d’un nombre réel par des rationnels
∞
1 1 1 1
X X
= + + ... ≤ (∗)
n=N +1 2N +1! 2N +2! 2N +1! 2n
P 1 2
Or 2n
= 2. Donc : (∗) ≤ 2N +1!
. Pour ν fixé, ∀N > ν, on a : N + 1 ≥ νN !. Donc :
2 2 2
(∗) ≤ ≤ ≤ 2
2N +1! 2νN ! qN
Définition 2.1.2. On dit que α est algébrique s’il existe un polynôme P (X) non nul à coefficient
dans Q tel que P (α) = 0, c’est-à-dire il existe a0 , a1 , ..., an ∈ Q non tous nuls tel que
a0 + a1 α + ... + an αn = 0
Exemple
√ 2.1.1. • nombres
√ quadratiques
• √2 est algébrique car 2 est racine de X 3 − 2
3 3
Theorème 2.1.5 (Théorème de Liouville). Soit α un nombre algébrique de degré d > 1 alors
il existe un réel c > 0 ne dépendant que de α tel que pour tout rationnel pq , PGCD(p, q) = 1,
q > 1, on ait :
p c
α − ≥ d
q q
p
Démonstration. Soit α un nombre algébrique de degré d > 1. Soit q
∈ Q, si |α − pq | > 1, on a
p 1 p
α− > . Si α − ≤ 1, soit P (X) le polynôme de Q[X] de degré d tel que P (α) = 0. On
q qd q
a: ! !
p p
P =P − P (α)
q q
D’après le théorème des accroissements finies, on a :
!
p p p
P − P (α) ≤ − α × pmax |P 0 (θ)| ≤ − α × max |P 0 (θ)| (∗)
q q
q
<θ<α q θ∈[α−1,α+1]
!
1 p p
P − P (α) ≤ − α
c0 q q
On pose aussi :
P (X) = a0 + a1 X + ... + ad X d , ai ∈ Q, ad 6= 0
On a : ! ! !d
p p p p
P − P (α) = P = a0 + a1 + ... + ad
q q q q
a0 q d + a1 pq d−1 + a2 p2 q d−2 + ... + ad pd
=
qd
p
Or : P q
6= 0 donc a0 q d + a1 pq d−1 + a2 p2 q d−2 + ... + ad pd est un entier non nul. Donc :
!
p 1
P
− P (α) > d
q q
d’où | pq − α| ≥ 1
c0 q d
. On pose c = 1
c0
, on a : | pq − α| > c
qd
.
Corollaire. Soit α un nombre algébrique de degré d > 1. Alors α n’est pas approximable à
l’ordre ν > d.
Démonstration. Soit c00 un nombre réel > 0 et ν un nombre réel > d. On montre que le nombre
de rationnels pq tels que :
p c00
α − ≤ ν
q q
p
est fini. Soit q
un rationnel tel que :
p c00
α − ≤ (∗)
q qν
28 Chapitre 2. Approximation d’un nombre réel par des rationnels
c c00
<
qd qν
c00
D’où q ν−d ≤ c
. Donc :
1
c00
!
ν−d
q≤
c
c00 c00
Or |α − pq | ≤ qd
donc | pq − α| ≤ qν
d’où :
c00
p
≤α+ < |α| + c00
ν
q q
Donc : 1
c00
!
ν−d
00
|p| < q(|α| + c ) ≤ (|α| + c00 )
c
1 1
c00 c00 ν−d
!
ν−d
Donc si p
q
vérifie (∗) alors q ≤ et |p| ≤ (|α| + c00 ). Donc il n’y a qu’un nombre
c c
p c00
finis de rationnels q
tels que |α − pq | ≤ qν
pour ν > d.
Corps quadratiques
√ q
Rappel. si D < 0, D = i |D|.
√
Proposition 3.1.3. Soit α ∈ Q( D) alors ou bien α ∈ Q ou α est quadratique.
29
30 Chapitre 3. Corps quadratiques
√ √
Démonstration. Soit α ∈ Q( D), α = a + b D, a, b ∈ Q. Si α 6∈ Q, on a b 6= 0.
√
α − a = b D ⇔ (α − a)2 = b2 D
d’où :
α2 − 2aα + α2 − b2 D = 0
Donc α est racine de :
X 2 − |{z}
2a X + a 2
− b2 D = 0
| {z }
Q Q
Tr(α) = α + α (Trace de α)
N (α) = αα (Norme de α)
√
Proposition 3.1.4. Soit α ∈ Q( D) alors :
Tr(α) ∈Q
N (α) ∈Q
√ √ √ √
Démonstration. Soit α = a + b D ∈ Q( D) et α = a − b D ∈ Q( D).
Tr(α) = α + α = 2a
N (α) = αα = a2 − b2 D
Donc : Tr(α) ∈ Q et N (α) ∈ Q.
√
3.2 Entiers de Q( D)
√ √
Définition 3.2.1. Soit α ∈ Q( D) on dit que α est un entier de Q( D) si et seulement si
Tr(α) ∈ Z et N (α) ∈ Z.
√ √
Proposition 3.2.1. Soit α ∈ Q( D), α est un entier de Q( D) si et seulement si α est racine
d’une équation de la forme X 2 + cX + d = 0 avec c, d ∈ Q.
√ √
Démonstration. (⇒) Soit α un entier de Q( D) donc α = a + b D, on a :
Tr(α) = 2a ∈ Z
N (α) = a2 − b2 D ∈ Z
2
Or α est racine de X 2 − |{z}
2a X + a − b2 D .
| {z }
Q Q
Chapitre 3. Corps quadratiques 31
√
(⇐) Soit α ∈ Q( D), supposons que α est racine d’une équation de la forme :
X 2 + cX + d = 0 c, d ∈ Z
√ √
α = a + b D. On vérifie que α = a − b D est racine de X 2 + cX + d = 0. Donc :
X 2 + cX + d = (X − α)(X − α)
√
Notation. K = Q( D), on note : ZK l’ensemble des entiers de K.
√
Proposition 3.2.2. Soit D entier sans facteur carré et α ∈ ZQ(√D) (α = a+b D). Si D ≡ 2[4]
0 0
ou D ≡ 3[4] alors a ∈ Z et b ∈ Z. Si D ≡ 1[4] alors a = a2 et b = b2 avec a0 et b0 entiers de
même parité.
√ √
Démonstration. Soit α = a + b D un entier de Q( D). On pose
a1
a= PGCD(a1 , a2 ) = 1
a2
b1
b= PGCD(b1 , b2 ) = 1
b2
Tr(α) = 2a = 2 aa12 ∈ Z. Donc a2 |2a1 et comme PGCD(a1 , a2 ) = 1 alors a2 |2. Donc a2 = 1 ou
a2 = 2.
b2 b2
1) Si a2 = 1, N (α) = a2 − b2 D ∈ Z ⇒ a21 − b12 D ∈ Z ⇒ b12 D ∈ Z. Donc : b22 |b21 D et comme
2 2
PGCD(b2 , b1 ) = 1 alors b22 |D. Or D est sans facteur carré donc b2 = 1. Dans ce cas, a, b ∈ Z.
a21 b21
2) Si a2 = 2, N (α) = 4
− b22
D ∈ Z donc
Donc : 4|b22 a21 − 4b21 D ⇒ 4|b22 a21 . Or PGCD(a1 , a2 ) = (a1 , 2) = 1. Donc b2 = 2b02 . Donc
a2 b2 D b2 D b2 D 0
N (α) = 41 − 4b1 2 ∈ Z d’où a21 − b10 ∈ Z. Donc b10 ∈ Z. D’où b22 |b21 D. Or PGCD(b1 , b2 ) = 1
2 2 2
0
donc b22 |D or D est sans facteur carré donc b02 = 1. Dans ce cas, on a : a = a1
2
et b = b1
2
(avec
a2 −b2 D
a1 6 |2 et b1 6 |2). or 1 4 1 ∈ Z donc a21 −b21 D ≡ 0[4], comme a1 ≡ 1[2] et b1 ≡ 1[2] ⇒ a21 ≡ 1[4]
et b21 ≡ 1[4] donc : 1 − D ≡ 0[4] donc D ≡ 1[4].
√
Corollaire. Soit K = Q( D). Si D = 2 ou 3[4] :
√
ZK = {a + b D, a, b ∈ Z}
Si D ≡ 1[4] : √
a+b D
ZK = { , a, b entiers de même partié}
2
(ZK , +, ×) est un sous-anneau de K.
Démonstration. Il suffit de montrer que ZK est stable par multiplication et par addition.
32 Chapitre 3. Corps quadratiques
Tr(α) = α + α ∈ Z
N (α) = αα ∈ Z
Cela entraine que α ∈ ZK . Or N (α) = 1 ou −1 ⇒ αα = 1 ou −1, donc α est inversible
dans ZK et son inverse est : α si N (α) = 1 ou −α si N (α) = −1.
√
Remarque. • Si D < 0 α = a + b D est inversible dans ZQ(√D) si et seulement si N (α) =
a2 − b2 D = 1. √
∗ Si D = −1, K = Q( −1) = Q(i)
ZK = {a + bi, a, b ∈ Z}
x = u × pe11 ...pekk
avec u ∈ U (ZK ), p1 , ..., pk irréductibles dans ZK et e1 , ..., ek ∈ N. Cette décomposition est unique
à l’ordre des facteurs près et à éléments inversibles près.
Theorème 3.4.4. Z[i] est euclidien pour la norme, c’est-à-dire ∀x ∈ Z[i], ∀y ∈ Z[i]\{0},
∃(q, r) ∈ Z[i]2 tel que x = yq + r avec r = 0 ou N (r) < N (y).
2iπ
2) Soit j = e 3 :
Z[j] = {a + bj, a ∈ Z, b ∈ Z}
2
1 3
2 2 2 2
N (a + bj) = (a + bj)(a + bj) = a + b jj + ab(j + j) = a + b − ab = a − b + b2
2 4
Theorème 3.4.5. Z[j] est euclidien pour la norme.
x2 + y 2 = N
Chapitre 3. Corps quadratiques 35
(x + iy)(x − iy) = 13
dans Z[i]
13 = 22 + 32 = (2 + 3i)(2 − 3i)
(x + yi)(x − yi) = (2 + 3i)(2 − 3i)
On a :
N (2 + 3i) = 13 nombre premier
donc 2 + 3i est irréductible dans Z[i] et N (2 − 3i) = 13 donc 2 − 3i irréductible dans Z[i].
Or Z[i] est euclidien pour la norme : le théorème fondamental de l’arithmétique est vérifié
(décomposition en facteurs irréductibles). Donc : ∃u ∈ U (Z[i]) tel que x = yi = u(2 + 3i) ou
∃v ∈ U (Z[i]) tel que : x + yi = v(2 − 3i).
u = a + bi ∈ U (Z[i]) ⇔ N (u) = a2 + b2
⇔ a = ±1 et b = 0 ou a = 0 et b = ±i
⇔ u ∈ {−1, 1, i, −i}
donc x + yi = ±(2 + 3i) ou x + yi = ±i(2 + 3i). Les solutions sont donc : (2, 3), (−2, −3) (−2, 3),
(2, −3).