Al-Mahdi - Bostani

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AU NOM DE DIEU, LE CLEMENT,

LE MISERICORDIEUX
PREMIERE EDITION

NOVEMBRE 1983

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation interdits


sans l'autorisation de la bibliotheque Ahl-Elbeit - Paris
MOHAMEDBAQEREGSADR

AL-MAHDI
AL-MAHDI
AL-MAHDI
AL-MAHDI
Traduit par
Abbas Ahmad Al-Bostani

BIBLIOTHEQUE AHL-ELBEIT · Paris


temps - fait l'objet de la croyance unanime de toutes
les ecoles juridiques islarniques - et non pas des chiites
seulement · et qu'elle est meme anterieure a la nais-
sance de l' lslam, ii note que !' incarnation de cette " idee"
dans la personne de l'lmam Al -Mahdi, (disparu depuis
plus de mille ans et toujours vivant - selon la croyance
des chiites imamites duodecimain(1l) souleve une serie
d'interrogations et certain septioisme chez beaucoup de
musulmans. Apres quoi, ii regroupe ces interrogations
~ous forme de sept questions principales et s'applique
a y repondre selon une methodologie scientifique qu 'au-
cun esprit rationnel ne saurai t contester, pour nous
montrer que ce qui sembler..ait ordinairement inconce-
vable - la longevite d'Al-Mahdi , plus de mille ans - peut
etre s'cientifiquement possible et logiquement plausible
lorsq_u'on procede par une analyse scientifique et un
examen approfondi du probleme.
L'interet de ce livre ne se limite done pas a la reponse
qu'il apporte aux interrogations des croyants, mais peut
s'etendre egalement aux materialistes, aux incredules et
aux inconditionnels de " la preuve sc ientifique", tout au
moins par sa methodolog ie, qui consiste a traiter scien-
tifiquement une question de la metaphysique, du pro-
dige et du surnaturel.

(1) qui croient a la legitimite exclusive des douze imams d 'ahl al-Bayt
a la succession du Prophete.

8
PREFACE
du Dr. Hamid Hafnl Daoud,
chef du departement de
la litterature arabe,
Faculte de linguistique,
Universite Ayn Chams,
Egypte.

Le Professeur Muhammad Baqir Al·Sadr est un sa·


vant erudit, et une personnalite brillante qui fait la fierte
de la pensee moderne. Ses livres, ses recherches et
ses articles se distinguent par une objectivite depouil·
lee de toute position partisane, passionnelle ou d'interet
personnel. De la les etudes dans tous les domaines
qu'il a abordes ont-elles valeur de valeurs intellectuelles,
si j'ose dire.

9
En effet, ii est l'un des rares savants a allier dans
son style les deux piliers de l'originalite de !'expres-
sion:
a - la peinture artistique
b - le style scientifique et de proces-verbal.
Lorsqu'il aborde un sujet aussi delicat que celui d'Al-
Mahdi, ii lui apporte sOrement un nouveau credit ; car
ce sujet releve du domaine du mystere et de la reve-
lation, tout comme "la descente de Jesus" (*), la " Sor-
tie d'Al-Dajjal " , !"'apparition de l'ane", ainsi que bien
d'autres questions dont l'idee ne peut etre traitee par
!'experience tangible dans les usines de la nature ou
les laboratoires de chimie, et qui doivent etre soumises
a un autre type de demonstration, approprie a leur na-
tur~ spirituelle; ou en d'autres termes les questions
dont la demonstration repose sur !'experience spiritu-
elle, si !'expression est exacte.
Si nous exceptons la premiere epoque de l' lslam -
jusqu 'a la fin du 3e siecle de l'hegire - les penseurs mu-
sulmans se sont divises en deux groupes face a la ques-
tion d'Al-Mahdi : un groupe qui croit fermement qu 'Al-
Mahdi reapparaitra, le moment venu. II fonde cette croyan-
ce sur des hadiths du Prophete, celui-ci etant un homme
veridique dont les paroles sont certitudes.
Les penseurs appartenant a cette categorie - qui tor-
ment la majorite de la umma - n'ont pas besoin de
preuves et d'arguments pour croire a al-Mahdi; car leur
foi en Al-Mahdi est telle qu'elle atteint le degre de cer-
titude, et ils ressemblent en cela a quelqu'un qui croit
aux mysteres comme s' ils se materialisaient sous ses
yeux.

(*) selon la doctrine islamique Jesus est monte au ciel et ii en redes -


cendra vers la fin des temps.

10
Cette foi, Dieu l'accorde a qui II veut parmi les fideles
de la Umma (*) du Maftre des Prophetes (Muhammad),
Umma que Dieu a distinguee des autres nations selon
le dire meme de notre Messager: "Aucune autre Umma
n'a reQU autant de certitude que la_mienne".
Le second group·e - tres minoritaire, Dieu merci - se
comporte comme s' il croyait a une partie du Livre en
en rejetant l'autre. II entend analyser les questions reli-
gieuses dans les limites de la log ique de sa raison,
comme si les mysyeres et les textes reveles devaient
se traiter de la meme maniere que les autres questions
de l'univers. II ne croit qu'a !'experience du laboratoire
et recuse tout -ce qui ne s'y rapporte pas.
On ne peut qualifier ces gens-la d'ignorants - car ii y
a parmi eux des hommes cultives et meme specialises
dans des cultures variees - ni de sots, car ils comptent
des esprits intelligents et doues. lls nous rappellent
plutOt cette priere du Prophete : "O Mon Dieu ! Je t'im-
plore de me proteger d'une science inutile". L'intelli-
gence dent ils sent dotes, !'experience et la science
qu'ils ont acquises ne leur servent a rien; car its ne
poi?sedent pas l'esprit de discernement ou la raison
capable de resoudre les questions intellectuelles et les
problemes de la vie : en un mot la raison que j'ai ten-
dance a qualifier de "raison canonique" a laquelle Dieu
a confere l'efficacite et la faculte de marier !'instrumen-
tal (1) et le rationnel.
Le niveau de ces gens-la - quel que soit le degre de
specialisation qu'ils ont atteint dans leurs connais-
sances - s'arrete la ou s'est arrete le niveau des mate-

( *)la nation islamique.


(1) scriptuaire, qui re/eve des textes sacres.

11
rialistes, et ils sont par consequent prives du bienta1t
de cet evenement extraordinaire (le pMnomene d' Al-
Mahdi) et de tous les faits religieux qui tiennent du pro-
dige.

En outre, la "raison philosophique" est incapable de


realiser les perceptions spirituelles alors que "la raison
canonique" y parvient, comme nous l'avons explique .

A l'epoque moderne, ce chaos s'est accentue et eten-


du lorsque les gens se sont eblouis par les progres des
sciences naturelles, et ont constate les grandes reali-
sations dans la voie de la decouverte des secrets en-
core inconnus de l'univers, et le progres enregistre par
les savants materialistes quant aux moyens des diffe-
rentes sciences, dont les applications sont devenues
si evidentes dans les domaines de la technologie que
l'homme se frouve a un niveau ou ii pourrait faire abou-
tir toutes ses revendications vitales et satisfaire avec
facilite tous les besoins de sa vie, en se contentant
d'appuyer sur quelques boutons pour obtenir ce qu'il
veut en temps de paix comme en temps de guerre.

Ayant vecu les applications de ces sciences naturelles


a la maison, a l'usine, dans la rue, l'homme moderne
en a s·ubi !'influence, laquelle, s'est manifestee sous
forme d'un doute obsedant a l'encontre de tout ce qui
n'est pas materialiste, doute qui a atteint son ame et
son cceur en le privant du bienfait de la certitude. C'est
pourquoi ii a renie tous ces prodiges, et est devenu in-
credule en ce qui concerne tous les miracles similaires.

Ainsi , parler de la metaphysique et des evenements


rapportes tantot par le Coran tantot par la sunna, est
devenu une question speculative que le savant - si eru-
dit et si competent soit-il - ne pourrait plus inculquer
dans !'esprit de cette minorite de contemporains.

12
Les anciens musulmans · aussi bien sunnites que
chiites · ont ete unanimes sur la verite d'Al-Mahdi, sur
le fait qu'il est de la famille du Prophete, qu'il est le
descendant d'Al-Hussain, que Dieu le reformera en un
jour ou en une nuit, qu'il fera regner la justice et l'equite
sur la terre a un moment ou celle-ci aura ete remplie
d'injustice et d' iniquite, qu'il gouvernera sur la terre ·
pendant sept ou neuf ans · selon les differents hadiths ·
qu'il conduira l'humanite au bonheur alors qu'elle aura
ete assombrie dans la misere, qu'il accueillera Jesus,
fils de Marie, a sa "descente" , que ce dernier priera
derriere lui. .. ainsi que bien d'autres indications et pre-
dictions mentionnees dans environ 39 hadiths · de sour-
ces sunnites · et 300 hadiths · de sources chiites ima·
mites.

Done le consensus chez les deux parties · sunnite et


chiite · sur !'existence d'Al-Mahdi, et sa reapparition
lorsque le monde se trouvera en crise et q·ue la situa-
tion des fideles sera troublee, n'est pas sujet a caution.
Mais la ou les deux parties divergent, c'est lorsque les
ch iites croient qu' Al-Mahdi, fils d' Abi Al-Hassan Al·
Askari, a disparu quelques annees apres sa naissance
benie, alors que les sunnites sans avoir des doutes sur
la verite d' Al-Mahdi, croient toutefois que Dieu le creera
le moment venu pour qu'il accomplisse les prodiges
dont les hadiths parlent.

C'est done a propos de la croyance selon laquelle


la verite d' Al-Mahdi (verite admise par tous les musul-
mans) se rapports bien a la personne de Muhammad
Al-Mahdi, fils de l'lmam Al-Hassan Al-Askari que son
Eminence le Professeur Muhammad Baqir Al-Sadr a.
choisi la methode scientifique pour demontrer au lecteur
musulman - quelle que soit la secte a laquelle ii appar-
tient - que cette croyance n'est pas en contradiction
avec le possible rationnel et le possible scientifique,

13
bien qu'elle s'oppose a ce qui est "pratiquement pos-
sible" .
Par consequent la demonstration de !'existence et
de la vie d'Al-Mahdi depuis le 3e siecle de l'hegire jus-
qu'a nos jours n'est pas inadmissible pour la raison,
notamment sur les plans philosophique et scientifique,
tout en etant difficilement concervable dans son appli-
cation.

Le differend entre les imamites et les sunnites ne con-


cerne pas l'essentiel, a savoir la venue d'un homme qui
reformera la Umma apres une longue periode de souf-
france et de persecution qui frappent durement les mu-
sulmans, et notamment les adeptes de la voie idealiste,
lesquels sont fa(fonnees par les mreurs et la conduite
des Ahl-al-bayt (la famille du Prophete) en s'attachant
aux ideaux mahometans et aux valeurs islamiques, au
mepris des philosophies realistes et materialistes qui
favorisent les interets personnels au detriment de l'in-
teret general de la Umma (la nation islamique).
Tous ces concepts qu'incarne la personnalite d' Al-
Mahdi font l'objet du consensus unanime des deux. par-
ties de la Umma et sont concordants chez toutes les
ecoles islamiques politiques et jurisprudentielles. Si
nous denombrions ici tous les hadiths rapportes par des
gens parfaitement credibles, et dignes de la confiance
de tous, concernant ce sujet, nous nous ecarterions de
l'objet de cette preface. II nous suffit, toutefois, de citer
Al-Majlici et Al-Touci parmi les chiites jafarites, Al-
Safarini parmi les Hanbalites, Al-Choukani parmi les
Zaydites, ainsi que Siddiq Hassan Khan et .Muhammad
lbn Al-Hussain Al-Abiri. Tout ce que ces hommes ont
rapporte sur la personnalite d' Al-Mahdi appartient aux
conclusions des imams de l'ijtihad absolu des huits
ecoles jurisprudentielles, et notamment des cinq les plus
adoptees d'entre elles, celles de l'lmam Jafar Al-Sadiq

14
(Ja'f arite), de ses deux disciples Malik (Mali kite) et Abou
Ranifa (Hanafite), d' Af-Chafi ' i (Chafi'ite), d'lbn Hanbal
(Hanbalite) : Quant aux fondateurs des trois autres eco-
les : Al-Imam Zayd (Zaydite), Aba.dh (Aba.dhite), Daoud
Al-Zahir (Zahirite), nous ne leur connaissons pas une
seule parole qui renie cette verite.
Meme ceux qui sont extremistes dans leur recherches
jurisprudentielles, tels que les Kharijites, lbn Hazm,
lbn Taymiyya et lbn Abdul Wahab la confirment unani-
mement. Or chacun d'eux est, a notre avis, considers
comme "mujtahid d' une ecole", bien qu' ils ne soient
pas au niveau de la premiere categorie de l'ijtihad ab-
solu.
Le differend entre les sunnites et les chiites sur cette
question est done purement formel et ne constitue pas
un veritable sujet de discorde. II se llmite a ceci que
les premiers (les sunnites) estiment que Dieu creera
Al-Madhi, le moment venu, a la fin des temps, lorsque les
crises se multiplient et deviennent aigu~s . qu'il est de
la famille du Prophete, qu'il descend de Fatima, et qu ' il
constitue l'un des grands signes de l' Heure, comma
l'affirme .le hadith prophetique; alors que les seconds
(chiites) croient qu' il s'agit de Muhammad lbn Al-Has- ·
san Al-Askari qu i entra dans le caveau de Sammara (*)
en l'an 255 de l'hegire, et que Dieu le fera reappa,raitre
a la fin des temps pour qu'il gouverne l'humanite salon
la voie sublime suivie ·par Ali lbn Abi Talib ef ses des-
cendants, De tels differends sont a notre avis formals,
car le prodige d'Al-Mahdi ne se iimite pas au fait qu'il
vit 1300 ans, mais reside surtout dans l'acceptatlon des
"gens des deux poids" (1) (la Umma) de se soumettre
a iui et de suivre sa vole, ses ideaux et ses valeurs he-

(*)vi/le irak/enne.
(1) Ahl-Al-Thaqa/ayn.

15
ritees du Pro·phete et des Imams "bien guides et bons
guides d'Ahl-Al-Bayt" .
Sans doute la doctrine adoptee par les lmamites dans
ce domaine est-elle plus revelatrice du prodige d'Al-
Mahdi et encore plus, de l' honorabilite et de la noblesse
de la posit ion qu ' il occupe dans la Umma, sans pour
a.utant avantager une des deux parties - les chiites et
les sunnites - par rapport a l'autre ; car le critere de la
doctrine se limite ici a !'essence du prod ige et au mes-
sage par lequel Dieu qualifie Al-Mahd i.
Le savant Muhammad Baqir Al -Sadr, lorsqu'il se pen-
che sur le second aspect de ce prod ige, veut en cou-
vrir tous les aspects essentiels et formels qui mettent
en evidence son auteur (de ce prodige), c'est-a-dire Al-
Mahd i. Et etant donne qu 'i l s'agit la d'une question qui
releve du domaine spirituel et dogmatique, sa demons-
tration s'avere des plus difficiles meme pour quelqu 'un
d'aussi enracine dans la science que l'erudit Al-Sadr.

Par demonstration , j'entends ici la demonstration


scientifique qui peut convaincre les penseurs contem-
porains, notamment les realistes, les experimentateurs,
les pragmat istes, ainsi que tous les adeptes du mate-
rialisme.
Avec l' habilete du veritable savant, son Eminence
Al-Sadr (auquel Dieu avait contere la disposition et !'ins-
trument - par disposition j'entends : le don naturel d'a-
nalyse des questions religieuses, et par instrument : le
tait de posseder et de reunir en lui, sous une torme en-
cyclopedique rarement egalee, les differentes parties
des sciences instrumentales et rationnelles, canoniques
et cosmogoniques) a pu traiter de ce prodige, d' une fa-
9on scientifique, exactement comme le fait le savant
naturaliste ou le ch imiste dans le laboratoire pour con-
vaincre ses adversaires ou detracteurs.

16
Je ne peux done que lui serrer. la main pour le feli-
citer du grand succes qu' il a realise dans !'interpreta-
tion de ce prodige d' Al-Mahdi , en expliquant aux cher-
cheurs logiciens les degres de la vraisemblance, en
etablissant, avec le doigte du savant chevronne, un do-
sage entre le possible reel , le possible scientifique et
le possible logique en ce qui concerne l'age d'Al-Mahdi
depuis le 3° siec le de l' hegire jusqu'a nos jours, et en
faisant valoir qu 'une telle longevite, si elle n'est pas
plausible sur le plan de la realite, est concevable sur
le plan philosophique, et que si la science refuse d'en-
visager une vie humaine qui s'etend sur 1300 ans, ii
n'est pas impossible scientifiquement que, dans des
cas exceptionnels, les cellules vivantes l'emportent sur
les facteurs de leur destruction et de leur aneantissement.
Je veux dire par la que les experiences des biologistes
effectuees sur certains animaux, pour etudier la pos-
sibilite de prolonger la vie au-dela de ses limites ha-
bituelles, montrent que les hypotheses avancees par
le savant Al-Sadr, sont scientifiques et possibles du
point de vue de la Science.

Mais ce succes remporte sur les detracteurs et les


adversaires de la rel igion sur leur propre terrain, est
aussi confirme .oar la ~cience instrumentale lie hadith
et le Coran). Ainsi , ce hadith prophetique rapport6 par
des sources concordantes : "Vous suivez les regles de
vos predecesseurs au point d'entrer dans le trou du le-
zard s' ils vous precedaient" , signifie que la Umma du
Prohete Muhammad incarne, en les resumant, tous les
prodiges et les miracles qui s'etaient produits deja chez
d'autres nations, et ne concerne pas seulement, comme
certains le croient, les peches et les malheurs. La preuve
en est que cette Umma n'a subi ni eclipse, ni dynami-
tage, ni camouflet, grace a la position privilegiee de son
Prophete aupres de Dieu. II s'agit done bel et bien des
prodiges semblables a ceux des missions prophetiques

17
precedentes, tels que le miracle des " Gens de la Grot-
te" (Ahl al-Kahf) et celui d'Al-Aziz.
De cette fa9on la demonstration scientifique de l'e-
rudit Al-Sadr se trouve confirmee par !' argument cora-
nique.
Si Al-Aziz et son a.ne ont pu etre morts pendant cent
ans puis ressuscites par la volonte de Dieu , et si les
Gens de la Grotte ont pu dormir, sans discontinuite
et sans boire ni manger pendant trois cents ans, pour-
quoi Dieu ne realiserait-t-il pas le meme miracle, en la
personne d'Al-Mahdi, pour la Umma de son bien-aime
Muhammad?
'
En outre, selon les ulemas qui reunissent en eux la
loi revelee, la verite et la nature, la vie ne prend pas
fin - legalement - avec la fin de la resistance du corps
aux facteurs de destruction internes et externes , mais
lorsque la Providence en fixe le terme.
A propos de ce mystere que ne connaissent que ceux
qui sont enracines ·dans la science, !' Imam Ali , gran-pere
des Imams a dit : " Ce qui conserve l' homme, c'est le
terme de sa vie", et non pas sa sante ou les facteu rs
constructifs qui resistent aux facteurs destructifs.
Je ne puis conclure ma preface qu 'en exprimant mes
vifs eloges pour la plaidoirie meritoire de sayyed Al-
Sadr en faveur du prodige de !'Imam Al-Mahdi, plaidoirie
formulae d'une fa9on scientifique conforme a !'esprit
de l'epoque contemporaine, car je ne pouvais pas ima-
giner qu' un savant musulman essaye un jour de conce-
voir ces miracles de la meme fa9on scientifique dont
j'ai traite, ii y a vingt ans, le miracle " d'Al-lsra' Wal
Mi'raj ". Je trouve done dans son essai un encourage-
ment ace que j'avais essaye de faire jadis ...

Dr. Hamid Hafni Daoud


Le Caire, 5/8/1978
AU NOM DE DIEU, LE CLEMENT,
LE MISERICORDIEUX

Al-Mahd i n'est pas seulement !'incarnation d'une


doctrine islamique a caractere religieux, mais aussi le
titre d' une aspirat ion a laquelle l'humanite a souscrit
dans ses differentes religion~ et doctrines, et la formu-
lation d'une inspiration innee a travers laquelle tous les
etres humains, malgre la diversite de leurs doctrines
et la divergence de leurs voies conduisant au mystere,
se rendent compte que l'humanite connaitra le Jour
Promis ou les messages divins, realiseront leur objectif
final et devoileront leur signification grandiose, et ou
la marche penible a travers l'histoire aboutira a la sta-
bilite et a la tranquilite, apres tant d'efforts.
La conscience de l'echeance imminente de ce jour
"metaphysique" et de cet avenir promis n'est pas le
propre de ceux qui croient religieusement au mystere ;
elle s'est etendue a d'autres categories et a trouve meme
un echo dans les ideologies et les cou-rants doctrinaux
les plus refractaires a la metaphysique et aux mysteres,
tel que le materialisme dialectique qui explique l'histoire
par les contradictions et croit a l'avenement d' un jour
promis ou disparaftront toutes ces contradictions pour
ceder la place a !'entente et a la paix.

19
Ainsi, nous constatons que !'experience ps_ychologique
que l'humanite a faite de cette conscience a travers
l'histoire est la plus grande et la plus generalisee des
experiences des etres humains. Lorsque la religion ap-
puie ce sentiment psychologique general de l'avenement
d'un jour ou la terre sera couverte de justice et d'equi-
te apres qu'elle aura ete pleine d' injustice et d' iniqu ite ,
elle lui confere une valeur objective et l'erige en une
croyance ferme en l'avenir de l' humanite, croyance qui
n'est pas seulement une source de consolation , mais
egalement une source de force et d' impulsion intaris-
sable, parce qu 'elle est une lueur de lumiere qui resi$te
au desespoir flambant dans le creur de l'homme, malgre
les tenebres des drames et le gigant isme de !' injustice,
car le jour promis montrera que la justice pourra affon-
ter un monde impregne d' injustice et d' iniqu ite et en
ebranler les piliers afin de le reconstruire sur une nou-
velle base, et que !' injustice, si tyrannique, si puissante
et si etendue soit-elle, ne represente qu 'une anomalie
condamnee a disparaftre.

Cette defaite cuisante et inevitable de !'injustice a un


moment ou elle se trouvera au sommet de sa gloire, r·e-
donnera a tout homme et a toute nation Vi l~i! m ~S d' in-
justice, un grand espoir de pouvoir modifier les equi-
libres etablis et de reequilibrer la situation .

Si l' idee d' Al-Mahdi est plus vieille que l'avenement


de !'Islam et depasse les limites de celui-ci, ses aspects
detailles que le message islamique a detinis sont en
revanche les plus aptes a satisfaire !'ensemble des as-
pirations liees a cette idee depuis l'aube de l'histoire
et les plus exaltants pour les sentiments des victimes
d' injustice et des damnes de la terre tout au long de
l'histoire. Car !'Islam a transforme l'idee du mystere en
une realite et l'a ramenee de l'avenir au present.

20
Alors qu'elle n'etait qu'une aspiration a un sauveur
que ce bas-monde engendrera dans un avenir lointain
et inconnu, l'lslam l'a transformee en une croyance a
!'existence effective du sauveur qui aspire, comme tout
le monde, au jour promis ou toutes les conditions ob-
jectives seront reunies pour lui permettre de jouer son
rOle determinant.
Al-Mahdi n'est plus done une idee dont nous atten-
dons la naissance, ni une prediction a la realisation de
laquelle nous aspirons, mais une realite que nous vou-
lons vivre et un homme en chair et en os, qui vit parmi
nous, qui nous voit et que nous croyons, qui vit nos es-
perances et nos douleurs, qui partage nos tristesses et
nos joies, qui assiste avec peine aux supplices des "sup-
plicies" , a la misere des miserables et a !'injustice, en
attendant impatiemment le moment propice qui lui per-
mettrait de tendre la main a toutes les victimes de !'in-
justice, a tous ceux qui vivent dans la privation, a tous
les miserables, et de venir a bout des injustes.
Dieu a voulu que ce guide attendu ne se manifeste pas
en public ni ne devoile sa vie aux autres, bien qu'il vive
parmi eux et attende avec eux le moment promis.
II est evident que "I' idee" (d' Al-Mahdi), reduit, par ses
aspects islamiques, le fosse metaphysique entre toutes
les victimes de !'injustice et le sauveur attendu, et rac-
courcit le pont qui les relie a lui, quelle que soit la lon-
gue duree de l'attente.

Quant a nous, lorsqu 'on nous demande de croire a


l'idee d'Al-Mahdi, en tant qu ' un homme precis et. vivant
qui vit comme nous vivons et qui attend comme nous
attendons, on veut nous suggerer que l' idee du refus
absolu de toute injustice et de toute tyrannie qu ' il re-
presente, est incarnee effectivement par le Guide con-
testataire attendu qui reapparaitra avec un easier blanc,

21
n'ayant pas prete serment d'allegeance a un injuste ·
comme mentionne dans le hadith ·et que croire en lui,
c'est croire et emboiter le pas a ce refus vivant qui existe
effect ivement.

Dans les hadiths, ii y a incitation Constante a l'attente


du Salut, et recommandat ion a ceux qui croient a Al·
Mahdi, d'attendre sa reapparition , car cette attente in·
came la liaison spirituelle ou le lien int ime entre eux et
lui. Un tel lien ou une telle liaison ne pourrait exister
si. le Mahd i ne se materialisait pas effectivement sous
sa forme d' homme vivant contemporain .

Ainsi , cette incarnation a donne une nouvelle impul·


sion a l' idee d'Al-Mahdi ·et en a fait une source de ge-
nerosite et de force plus puissante. En outre, tout con·
testataire se sent console, soulage et apaise des peines
et de !' injustice qu'il a subies, .lorsqu ' il voit que son
Imam et Guide eprouve et partage · c.n tant qu ' homme
contemporain vivant avec lui, et non comme une simple
idee future · ses douleurs.

Mais la personnification de I' idee d' Al-Mahdi a suscite


en meme temps chez certains individus qui avaient des
difficultes a concevoir cette idee, des attitudes negati·
ves. Ceux-ci se demandent en effet :
1). Si Al-Mahdi etait !'expression d'un homme toujours
vivant a travers des generations et generations et depuis
plus de dix siecles, et qu'il continuait ainsi jusqu'a sa
reapparition, comment expliquer une telle longevite et
comment pourrait-il echapper aux lois de la nature qui
imposent a tout homme de passer par l'etape de la vieil·
lesse et de la senilite en un laps de temps infiniment
plus court, etape qui le conduit immanquablement a la
mort ? Une telle longevite n'est-elle done pas possible
sur le plan de la rea lite?

22
2). Pourquoi Dieu prendrait-il tant de soins de cet
homme en particulier, suspendant pour lui la loi de la
nature? Pourquoi ferait-il I' impossible pour prolonger
sa vie et le garder pour le Jour Promis? !-'humanite
est-elle atteinte d'une sterilite qui la rendrait incapable
d'engendrer des dirigeants competents? Pourquoi Dieu
ne confierait·il pas le Jour Promis a un guide qui naf·
trait a l'aube de ce jour-la, qui grandirait comme tout
le monde et qui jouerait progressivement son rOle jus-
qu'a ce qu'il eat rempli la terre de justice et e_quite apres
qu'elle fut pleine d'injustice et d'iniquite.
3). Si "Al-Mahdi" est le nom d'une personne precise,
en l'occurence, le fils du 11° Imam d'Ahl-Al-Bayt (*), ·
ne en l'an 256 de l'hegire, quelques annees avant le
daces de son pere en l'an 260 h. · cela signifie qu'il etait
encore un enfant d'a peine cinq ans a la mort de son
pere, et qu'a cet Age, ii n'eQt pas le temps de recevoir
de son pere une formation religieuse et intellectuelle
complete ; comment aurait-il done pu completer sa for-
mation en vue de jouer intellectuellement, religieuse-
ment et scientifiquement son grand rOle ?
4). Si ce guide etait deja forme et qu'il etait pret a
assumer sa mission, pourquoi attendre des centaines
d'annees? Les calamites et desastres sociaux que le
monde a connus ne constitueraient-ils pas une raison
suffisante pour qu'il reapparaisse et fasse regner la
justice sur la terre?
5). Et meme si nous supposions qu' Al-Mahdi puisse
exister, comment pourrions-nous y croire? L'hoinme
peut-il se permettre de croire au bien-fonde d'une hy·
pothese de ce genre sans qu'il se base sur une preuve
scientifique ou legitime incontestable? Quelques ha·
diths attribues au Prophete et dont on ne connait pas

(*)"/es gens de la ma/son" = la familfe du Prophete.

23
la veracite, suffisent-ils pour admettre l'hypothese en
question?
6). Comment concevoir qu'on ait prepare pour Al-
Mahdi ce role colossal et determinant dans la vie du
monde, alors qu'un lndividu, si extraordinaire soit-il,
ne peut a lui seul faire l'histoire ni la mener vers une
phase nouvelle; etant donne que ce sont les circons-
tances objectives et leurs contradictions qui font mOrir
les graines et attisent le foyer du mouvement de l'his-
toire, et non pas la grandeur de l'individu, laquelle ne
peut que proposer celui-ci a etre la fa<;ade des dites
circonstences et !'expression pratique des solutions
qu'elles necessitent ?

De quelle fa<;on cet individu pourrait-il realiser la trans-


formation considerable et la victoire decisive de la jus-
tice et du message de la justice sur toutes les entites
de !'injustice, de l'iniquite et de la tyrannie, lesquelles
possedent tant de pouvoir et d'influence, disposent de
tant de moyens de destruction et d'aneantissement,
de tant de ressources scientifiques, de tant d'autorite
politique, sociale et militaire?
Ces questions pourraient se poser souvent et d'une
fa<;on ou d'une autre .. Leurs veritables motifs ne sont
pas uniquement d'ordre speculatif, mais aussi d'ordre
psychologique. Ce qui les suscite, c'est le prestige de
la realite qui prevaut dans le monde, et le sentiment
d'avoir peu de chance de pouvo!r I~ chancer. radic~le­
ment. Et autant cette realite qui domine notre monde
suscite en nous ce sentiment, autant les doutes se ren-
forcent et les interrogations se multiplient. Ainsi, le sen-
timent de detaite, d'effacement et de faiblesse conduit
l'homme au surmenage psychologique des qu'il se met
a penser au processus d'une grande transformation
en vue de depouiller le_monde de toutes les con.9iti9ns.
et de toutes les injustices qui sevissaient au long de

24
l'histoire, et de lui donner un contenu nouveau, base
sur le bon droit et la justice. Aussi, son surmenage l'in-
cite-t-il a douter de la possibilite de voir cette grande
transformation se materialiser, et meme a s'efforcer de
la recuser pour une raison ou une autre.
Nous allons repondre successivement et dans les
limites que nous impose ce bref expose (*) a chacune
de ces questions.

( *) rappe/ons que ce livret (Hait a l'origine, la preface d'une etude ex-


haustive sur Al-Mahdi.

25
COMMENT EXPLIQUER
LA LONGEVITE D'AL·MAHDI?
Ou en d'autres termes, est-ii possible qu'un homme
puisse vivre plusieurs siecles, comme ce grand Guide
dont on attend qu'il change le monde, et qui est cense
etre age de plus de 1140 ans, c'est-a-dire 14 fois plus
age qu'un homme ordinaire qui traverse toutes les pha-
ses normales de la vie, de l'enfance a la vieillesse?
Le mot possibilite peut signifier ici soit une possi-
bilite pratique (appliquee), soit une possibilite scientifi-
que, soit une possibilite logique ou rationnelle. Par pos-
sibilite pratique, j'entends : ce qui est realisable pour
des gens comme vous et moi ou pour tout homme or-
dinaire comme nous. Ainsi voyager a travers l'Ocean,
atteindre le fond de la mer, monter jusqu'a la lune ...
tout cela est devenu chose effectivement praticable,
car ii y a des gens qui le font effectivement, d'une fa-
9on ou d'une autre.
Par possibilite scientifique, j'entends les choses que
des gens, comme vous et moi, ne pourraient pas mettre
en application par les moyens dont dispose l'humanite
contemporaine, mais dont la possibilite de realisation -
dans certaines conditions et par des moyens speciaux -
ne peut etre ecartee par la science et ses orientations
changeantes.

26
Ainsi, rien dans la science n'autorise de recuser la
possibilite pour l'homme de monter vers la planete Ve-
nus. Au contraire, les indices scientifiques actuals mi-
litant en faveur d'une telle eventualite, bien qu'un ex-
ploit de ce genre ne soit pas a la portee de tout le monde.
Car, en fait, la difference entre I' ascension vers la lune et
!'ascension vers Venus n'est qu'une question de degre,
et ne represente que l'aplanissement de quelques dif-
ficultes supplementaires, dues au supplement de dis-
tance entre la premiere et la seconde planete. Done
monter a Venus est possible scientifiquement, bien qu'il
ne le soit pas effectivement. En revanche, atteindre le
Soleil, en plein ciel, n'est pas possible scientifique-
ment, c'est-a-dire que la science n'a pas l'espoir d'y
parvenir, puisqu'on ne peut concevoir scientifiquement
ni experimentalement la possibilite de fabriquer la cui-
rasse protectrice, capable de resister a la chaleur du
Soleil qui represente une fournaise parvenue au plus
haut degre que l'homme puisse imaginer.

Par possibilite logique ou philosophique, j'entends


celle que la raison ne peut recuser, selon les lois qu'elle
pen;;oit a priori. Ainsi on ne saurait diviser logiquement
trois oranges en deux parties a la fois egales et sans
fraction, car la raison pen;;oit prealablement a toute ex-
perience que le nombre trois est impair et non pas pair,
et qu'il ne peut etre divise en deux parties egales, une
tel le division necessitant que le nombre soit pair; au-
trement ce nombre serait a la fois pair et impair, ce qui
est contradictoire; or la contradiction est logiquement
impossible.

En revanche, ii n'est pas impossible, selon la logique,


que l'homme puisse traverser le feu ou monter au So-
leil sans se faire bruler par la chaleur, car ii n'y a pas de
contradiction dans la supposition que la chaleur ne

27
passe pas du corps le plus chaud vers le corps le moins
chaud ; alors que cette supposit ion est contraire a !'ex-
perience, laquelle a demontre la transmissibil ite de
chaleur du corps le plus chaud vers le corps le moins
chaud , jusqu'a ce que les deux corps dev iennent d' une
temperature egale.
De ce qui precede on peut conclure que la sphere de
la possibilite logique est plus large que celle de la pos-
sibilite sc ientif ique et cel le-c i est a son tour plus large
que celle de la possibilite pratique.

En ce qui concerne la possibilite d' une longevite s'e-


tendant sur plusieurs milliers d'annees, elle est sans
doute logiquement concevable, car du po int de vue rat-
t ionnel abstrait, elle n'est pas contradiction , car la vie,
en tant que concept, ne comporte pas une mort rapide,
et cela est indiscutable.

De meme, ii est indiscutable que cette longue vie n'est


pas possible sur le plan pratique, ni ne saurait etre iden-
tifiee a la possibilite de descendre au fond de la mer
oo de monter sur la lune ; car la science, au stade ou
elle se trouve actuellement, et par les moyens et les
instruments dont elle dispose effectivement jusqu 'a
present, ne peut prolonger la vie de l'homme de plu-
sieurs centaines d'annees. La preuve en est que les
gens les plus attaches a la vie et les plus qualifies pour
se servir des possibilites de la science, ne peuvent jouir
d'une vie plus longue que d'habitude.
Quant a la possibilite scientifique d' une telle longe-
vite , rien dans la science ne permet de la refuser theo-
riquement. En fait ii s'agit la d' un probleme en rapport
avec la qualite physiologique du phenomena de la se-
nilite et de la vieillesse chez l' homme : ce phenomene
traduit-il une loi naturelle qu i impose aux tissus et aux
cellules de l'homme une senescence progressive, et

28
une regression de fonctionnement, une fois qu'ils ar-
rivent au terme de leur developpement maximal, qui
mene a un arret total de toute activite, memes si on les
mettait a l'abri' de toute influence exterieure? Ou bien
cette senescence et cette regression dans les tissus et
les cellules du corps, decoulent-elles d' une lutte qui
oppose celui-ci a des facteurs exterieurs, tels que les
microbes OU l'empoisonnement qui l'atteindraient a la
suite d'une nutrition excessive, d'un travail excessif ...
ou de tout autre facteur?
On a la une question que la science se pose aujour-
d'hui et a laquelle elle se propose d'apporter des re-
ponses serieuses et nombreuses. Si nous nous en te-
nons au point de vue scientifique qui tend a interpreter
vieillesse et senilite comme le resultat d'une lutte ou
d'un contact entre le corps et des facteurs exterieurs
donnes, nous devons admettre qu' il est possible theo-
riquement que les tissus du corps puissent continuer
a vivre, a survivre au phenomene de la vieillesse, et a
le vaincre definitivement, si l'on parvenait a les mettre
a l'abri de ces facteurs.

Et si nous prenons en consideration un autre point


de vue scientifique, celui qui a tendance a supposer
que la vieillesse est une loi naturelle inherente aux cel-
lules et aux tissus vivants - c'est-a-dire que ceux-ci por-
tent substantiellement le germe de leur perissement
inevitable qui passe par la phase de la vieillesse et de
la senilite pour finir dans la mort - rien ne nous empe-
che d'exclure l'inflexibilite de cette loi. Si nous suppo-
sons que cette loi est coMrente, nous pensons du meme
coup qu 'elle est surement flexible. Car aussi bien dans
notre vie ordinaire qu'a travers les observations des
savants dans les laboratoires scientifiques, on peut re-
marquer que la vieillesse, en tant que pMnomene phy-
siologique, est atemporel : el le peut survenir prematu-
rement ou tardivement. Auss i n'est-il pas rare de voir

29
un homme age possedant des membres souples et en
etat de jeunesse, comme les medecins l'affirment eux-
memes. Les savants ont meme pu profiter de la flexi-
bilite de cette loi pour prolonger la vie de certains ani-
maux des centaines de fois leur longevite ordinaire, en
creant des conditions et des facteurs qui retardent l'effet
de la loi de la vieillesse.
II est done etabli par la science, que les effets de cette
loi peuvent etre scientifiquement retardes grace a la
creation de conditions et de facteurs particuliers, bien
que la science n'ait pu jusqu'a present en faire !'appli-
cation sur des etres aussi complexes que l'homme. La
difference entre la possibilite scientifique et !'applica-
tion effective, traduit dans ce cas une difference de
degre de difficulte entre !'application (de cette possi-
bilite) sur l' homme et son application sur d'autres etres
vivants. Cela veut dire que sur le plan theorique, la scien-
ce et ses orientations mobiles n'ont rien qui puisse per-
mettre de recuser la possibilite de prolonger l'age de
l' homme, et ce aussi bien si nous interpretons la vieil-
lesse comme etant le produit d'une lutte et de contacts
entre les cellules humaines et des facteurs exterieurs,
ou !'emanation d'une loi naturelle inherente a la cellule
elle-meme, loi qui condamne celle-ci a s'acheminer vers
l'aneantissement.

On peut done conclure que la prolongation de la lon-


gevite humaine de plusieurs siecles est possible logi-
quement et scientifiquement, bien qu'elle ne le soit pas
encore sur le plan de !'application, mais que !'orientation
scientifique s'achemine vers la realisation de cette der-
niere possibilite a long terme.
C'est a la lumiere de ces donnees que nous abor-
dons maintenant la question de l'age d'Al-Mahdi et l'e-
tonnement et !' interrogation qu'elle souleve . Ayant de-
montre la possibilite scientifique et logique d' une telle

30
longevite, ainsi que l'acheminement de la science vers ·
la traduction progressive de cette possibilite theorique
en une possibilite applicable et appliquee, ii nous sem-
ble que l'etonnement n'a plus de raison d'etre, sauf en
ce qui .concerne la difficulte d'admettre qu'Al-Mahdi ait
devance la science en transformant la possibilite theo-
rique en possibilite reelle, a travers sa propre personne
et avant que la science n'atteigne le niveau requis pour
pouvoir effectuer reellement cette transformation, car
c.e la equivaudrait a dire que quelqu'un a devance la
science dans la decouverte du cancer et de la menin·
gite.
Si le probieme reside dans la question de savoir com·
ment I' Islam - qui a planifie cette longevite d' Al-Mahdi ·
a pu devancer le mouvement scientifique en ce qui con-
cerne cette transformation (de la possibilite theorique
en possibilite reelle), la reponse est la suivante : l'lstam
n'a pas devance le mouvement scientifique seuiement
dans ce domaine, mais dans bien d'autres.
N'a-t-elle pas lance des slogans, qui ont servi de plans
d'action que la marche independante de l'humanite n'a
pu concevoir que plusieurs siecles plus tard ?
La Chari'a (la legislation islamique revelee), dans son
ensemble, n'a+elle pas devance de plusieurs siecies le
mouvement de la science et du deveioppement naturel
de la pensee humaine ?
N'avait-elle pas apporte des legislations pleines de
sagesse dont les secrets n'ont pu etre saisis que de-
puis peu de temps ? Le Message divin n'a-t-il pas de·
voile de secrets de i'Univers qui ne pouvaient effleurer
!'esprit de personne, et que la science a fini par recon-
naitre ? Si nous croyons a tous ces faits, pourquoi ex-
ciurions-nous que Dieu puisse devancer la science en
ce qui concerne la longevite d' un homme, en l'occurence
Al-Mahdi? II ne s'agit la que des manifestations de pres-
cience que nous pouvons percevoir directement. On

31
peut y ajoute~ d'autres cas que le Message divin nous
revele. Ainsi celui-ci nous revele que le Prophete fut
transporte pendant une nuit. de la Mosquee lnterdite {*)
~ la Mosquee Al-AQSA (*) ! Si nous voulons comprendre
cet evenement dans la cadre des lois naturelles, ii tra-
duit sOrement !'application de celles-ci plusieurs cen-
taines d'annees avant que la science n'ait pu y parve-
nir. Done la meme experience divine qui a permis au
Prophete de se deplacer si vite, bien avant que la science
ne soit parvenue a un tel exploit, a permis egalement
au dernier (* *) des successeurs Predesignes du Pro-
phete, d'a'.(oir une vie prolongee avant que la science
ne mette en application cette possibilite.
Certes cette longue vie que Dieu a accordee au Sau-
veur Attendu parait extraordinaire jusqu'a aujourd'hui ,
par rapport a la realite de la vie des gens et aux expe-
riences des savants. Mais le role transformateur decisif
auquel ce Sauveur est prepare n'est-i I pas aussi extra-
ordinaire en comparaison avec la vie familiere et ordi·
naire, et les diverses evolutions historiques que l'hu-
manite a vecues? N'est-il pas charge justement de
transformer le monde et de reconstruire sa structure de
civilisation sur des principes du bon droit et de la jus-
tice ? Pourquoi s'etonner du fait que la preparation de
ce role extraordinaire soit accompagnee de certains
phenomenes extraordinaires et inhabiturels, tel que la
longue vie de Sauveur Attendu? Si extraordinaire et
inhabituel que puisse paraitre ce phenomene (la longue
vie d'Al-Mahdi), ii n'est guere plus etrange que le role
extraordinaire lui-meme, que le Sauveur doit jouer le
Jour Promis. ·

(•) la Mosquee lnterdite (Al Haram) est a Medine en Arabie Seoudite,


a/ors que la Mosquee Al-Aqsa se trouve a Jerusalem, en Palestine.
Avec Jes moyens de transport (Jes chameaux) dont on disposait a
/'epoque, ce trajet necessitait un voyage de plusieurs jours.
(• •j /'Imam Al·Mahdi.

32
Si nous admettons la possibilite de ce rOle grandiose,
unique en son genre dans l' histoire de l'humanite, pour-
quoi n'admettrions-nous pas une longevite qui n'a pas
de semblable dans notre vie ordinaire?
Je ne sais pas si c'est par pure corncidence que les
deux seuls hommes charges de vider l'humanite de son
contenu corrompu et de la reconstruire soient dotes d'une
longevite sans commune mesure avec la nature ? Le
premier, c'est Noe qui a joue son rOle dans le passe de
l'humanite et dont le Coran dit qu'il a vecu "mille moins
cinquante ans" parmi sori peuple, et qu'il a pu, graee
au deluge, reconstruire le monde. Le second , c'est Al-
Mahdi, qui a vecu jusqu'a present plus de mille ans parmi
son peuple, et qui devra jouer son rOle de reconstruire
le monde, dans l'avenir de rhumanite, et le Jour Promis.
Pourquoi accepter Noe qui a vecu environ mille ans
et refuser Al-Mahdi ?

33
LE MIRACLE
ET LA LONGUE VIE

Jusqu'a present nous avons etabli que la longue vie


est scientifiquement possible. Mais supposons mainte-
nant qu'elle ne le soit pas (sur le plan scientifique) et
que la loi de la vieillesse et de la caducite se veuille
rigoureuse, que l' humanite ne puisse la modifier ni en
changer les conditions et les circonstances, ni aujour-
d'hul, ni a long terme. Dans ce cas, que signifie la lon-
gue vie d'Al-Mahdi?
Elle _signifie que la longue vie d'un homme - Noe ou
Al-Mahdi - etendue sur plusieurs siecles est un deti aux
lois naturelles dont la demonstration est faite par la
science et les moyens modernes de !'experience et de
I' induction.
II s'en suit que ce phenomene est considere comme
un miracle rendant caduque une loi naturelle dans un
cas particulier, afin de permettre de preserver la vie

34
d'une personne chargee de sauvegarder le message di-
vin, et que ce miracle n'est ni unique en son genre, ni
etranger a la doctrine musulmane emanant du texte
coranique ou de la Sunna. Car en fait, la loi de la vieil-
lesse et de la senilite n'est pas plus rigide que la loi
de la transmission de la chaleur d'un corps plus chaud
a un autre moins chaud jusqua ce que leur temperature
soit egale, loi qui fut mise en veilleuse pour proteger
la vie d' Abraham a un moment ou ce moyen etait le
seul adequat pour y parvenir.

Ainsi, lorqu' Abraham fut jete au feu : "Nous dfmes :


"O feu, sois sur Abraham, froidure et securite" ; et ii
en est sorti indemne. Beaucoup d'autres lois naturelles
ont ete suspendues pour proteger la vie des prophetes
et des apOtres de Dieu sur la terre. C'etait le cas lors-
que Dieu a fendu la mer pour Morse, ou lorsqu'll a fait
croire aux Remains qu'ils avaient arrete Jesus alors
qu'ils ne l'avaient pas fait, ou lorsqu'll a sorti le pro-
ohete Mohammed de sa mission a l'insu de ses enne-
mis Quraichites qui cemaient cette maison et le guet-
taient avec vigilance, en attendant le moment propice
pour l'attaquer.

Tous ces exemp1es traduisent la suspension des lois


naturelles en vue de proteger quelqu'un dont la Provi-
dence veut preserver la vie.
Que la loi de la vieillesse soit rangee parmi ces lois.
De tout ce qui orecede, nous pourrions deduire un
concept ou une regle gen~rale en vertu de laquelle cha-
que fois que la sauvegarde de la vie d'un envoye de
Dieu sur la terre depend de la suspension d'une loi na-
turelle, et que le maintien de la vie de cet indivtdu est
necessaire a la realisation d'une mission qui lui est con-
fiee, la Providence intervient pour suspendre cette loi
afin de permettre l'accomplissement de cette mission.

35
Et inversement, lorsque la mission d' un individu - a la-
quelle Dieu l'a predestine - est terminee, celui-ci passe
de vie a trepas et meurt naturellement ou en martyr, se-
lon les lois de la nature. A propos de cette regle gene-
rale, la question suivante pourrait se poser : comment
une loi peut-elle etre suspendue et comment la relation
necessaire qui s'etablit entre les phenomenes naturels
peut-elle etre coupee? Une tel le supposit ion ne contre-
dit-elle pas la science qui a decouvert la dite loi naturelle
et determine ladite relation necessaire, sur une base
experimentale et inductive?

La reponse a ces interrogations est fournie par la


science elle-meme qui a renonce a l'idee de la neces-
site dans la loi naturelle. Expliquons-nous la-dessus :
la science decouvre les lois naturelles sur la base de
!'experience et de !'observation reguliere. Lorsque l'a-
venement d' un phenomene est toujours suivi d' un autre
phenomene, on deduit de cette success ion reguliere
une loi nature lle st ipulant que chaque fois qu 'un phe-
nomene apparait, un autre doit le suivre. Mais la science
ne suppose pas !' ex istence, dans cette loi , d' une rela-
tion necessaire entre les deux phenomenes et inMrente
a l' un et a l'autre ; car la necessite est un etat meta-
physique que ne peuvent deceler ni !'experience ni les
moyens d' investigations induc::tives et scientifiques .
Aussi , la logique scientifique moderne affirme-t-elle que
la loi naturelle - en question - telle qu 'elle est definie
par la science, ne stipule pas !'existence d' une relation
necessaire, mais seulement d' une concomitance cons-
tante entre deux phenomenes.

C'est pour.quoi si un miracle se produit qui separe


le.s deux phe11omenes d,'.1,m e lo i naturelle, ii ne s'agit
pas la d'une rup.ture (l ' une relation necessaire entre
les deux phenomenes . ~:-

36
En realite, le miracle ·dans son acception religieuse
est devenu plus comprehensible a la lumiere de la lo-
gique scientifique moderne que selon le point de vue
classique des relations causales. Car le dit point de vue
classique supposait que chaque fois que la concomi-
tance entre deux phenomenes est constante ii y a for-
cement une relation de necessite entre eux. Or la ne-
cessite signifie ici l'impossibilite de separer les deux
phenomenes l'un de l'autre. Mais cette relation s'est
transformee, dans la logique scientifique moderne, en
loi de concomitance ou de succession constante entre
les deux phenomenes, qui ne suppose pas !'existence
de la necessite metaphysique.
De cette facton, le miracle devient un cas exception-
nel a cette constance dans la concomitance ou la suc-
cession , sans se heurter a une necessite ni conduire
a une impossibilite.
Mais a la lumiere des fondements logiques de !' in-
duction, nous sommes d'accord avec le point de vue
scientifique moderne, suivant lequel !' induction ne de-
montre pas une relat ion de necessite entre les deux
phenomenes ; toutefois nous estimons qu 'elle indique
I' existence d' une explication commune. a la constance
de la concomitance ou de la succession continuelle
entre les deux phenomenes. Cette explication commune
peut etre formulae aussi bien sur la base de la suppo-
sition d'une necessite intrinseque que sur celle d' une
sagesse ayant conduit le Regulateur de l' univers a re-
lier continuellement certains phenomenes a d'autres,
et qui necessi te parfois !'exception ; auquel cas le mi-
racle se produit.
VE NUS
Bolte Postale n• 48
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37
POURQUOI VOULOIR TANT
PROLONGER SA VIE?

Nous abordons maintenant la seconde question : pour-


quoi Dieu tient-11 tant a cet homme en particulier, au
point de suspendre pour lui les lois de la nature? Pour-
quoi la direction du Jour Promis ne serait-elle pas con-
fiee a un individu que l'avenir engendrerait et que · 1es
circonstances preludant ace jour rendraient assez mar
pour surgir sur la scene et jouer le role qu'on attend
de lui ? En un mot : pourquoi cette longue disparition
et quelle est sa justification?
Beaucoup de gens posent ces questions et ne veulent
pas entendre une reponse qui releve de la metaphysi-
que. Certes, pour nous la reponse est evidents : nous
croyons que les douze imams - auxquels nous croyons -
constituent un ensemble soude dont aucune partie ne

38
peut etre remp lacee (1) . Mais les interrogateurs, eux,
rec lament une explication sociologique de cette ques-
tion , explication basee sur les verites tangibles de la
grande operation de changement qu' Al-Mahdi devra me-
ner le Jour Promis et sur les exigences concretes de
celui-ci.
Aussi, pour les satisfaire, laissons-nous de cote , pro-
visoirement, notre croyance aux caracteristiques de cet
ensemble de douze imams infaillibles - dont fait partie
Al-Mahdi - et abordons la question de la fa9on suivante :
dans la mesure ou ladite operation de changement peut
s'expliquer elle-meme a la lumiere. des lois et des ex-
periences de la vie, ii nous reste a savoir si le prolon-
gement de l'age du dirigeant qui devra la condui re cons-
titue un des facteurs de son succes et de son bon de-
roulement? (c'est ce qui nous permet de rester dans
le domaine du concret) (*).
Nous repondons par !'affirmative a cette question, et
cela pour plusieurs raisons : le grand changement ra-
dical necessite que son dirigeant soit dans un etat psy-
chologique exceptionnellement favorable dans lequel·
ii eprouve un sentiment de superiorite vis-a-vis des en-
tites orgueilleuses que Dieu l' a prepare a detruire et a
remplacer par une civilisation nouvelle et un monde
nouveau. Car plus la civilisation que le guide combat,
lui parait banale, et plus ii est conscient qu'elle ne for-
me qu ' un point infime sur la longue trajectoire de la
civilisation humaine, plus ii se sent psychologiquement
apte a l'affronter, a lui resister et a poursuivre sa lutte
contre elle jusqu'a la victoire.

(1) par consequent, Al-Mahdi, douzieme imam de cet ensemble soude


et indissociable, est irremplar;able et doit jouer le r61e que la Volante
divine lui a fixe, le Jour Prom is. N.D. T.
' (•) N.D. T.

39
II est evident que la force de ce sentiment doit etre
proportionnelle a celle de l'entite et de la civilisation
qu'on veut changer: plus cette entite est solide et plus
cette civilisation est enracinee et orgueilleuse, plus ce
sentiment doit etre fort. Etant donne que le message
du Jour Promis vise a changer radicalement un monde
impregne d'injustice et d'iniquite, ainsi que toutes ses
valeurs de civilisation et ses differentes entites, ii est
nature! qu'il (ce message) exige un executant dont la
volonte de changement soit plus forte que le monde
a changer, et qui ne soit pas ne sous la civilisation qu'on
veut juguler et remplacer par une civilisation de justice
et de bon droit. Autrement, un executant qui a grandi
au sein d'une civilisation enracinee et couvrant le monde
de son pouvoir, de ses valeurs et de ses idees, eprouve
envers elle un sentiment d'inferiorite, etant donne qu ' il
est ne sous son regne, qu'il la voyait tres grande de-
puis qu'il etait tout petit, et qu'il ne voyait que ses dif-
ferents aspects depuis qu'il avait ouvert les yeux. En
revanche la situation est tout autre pour quelqu'un -
comine Al-Mahdi - qui s'est enfonce dans les profon-
deurs de l'histoire et a vecu le monde avant que cette
civilisation n'ait vu la lumiere, quelqu'un qui a regarde
les grandes civilisations regner sur le monde l'une apres
l'autre avant de s'ecrouler chacune a son tour; quel-
qu'un qui, apres avoir vu tout cela de ses propres yeux
et non a travers les livres d'histoire, et vecu toutes les
phases de formation de cette civilisation (que le sort a
voulu faire le dernier chapitre de l'histoire de l'homme,
laquelle doit s'achever sur l'avenement du Jour Promis)
puisqu'il a assiste a sa naissance sous forme de petits
germes presque invisibles, a sa premiere phase de for-
mation dans les entrailles de la societe humaine ou elle
guettait !'occasion pour en sortir et se developper, a sa
phase de developpement lorsqu'elle commenga a gran-
dir et a essayer de ramper en trebuchant, et enfin a sa
phase de redressement alors qu'elle prosperait et ten-

40
dait vers le gigantisme et la domination sur le sort du
monde entier. Oui, un tel individu qui a vecu avec une
sagacite et une lucidite parfaites toutes ces phases,
envisage ce geant - qu ' il veut combattre - en homme
qui a vecu tangiblement et non a travers les livres d'his-
toire, cette longue etendue historique. II ne considere
ce geant ni comme ineluctable ni a la maniere dent J.J :
Rousseau regardait la monarchie en France. (En effet,
on dit de Rousseau qu' il se sentait horrifie a l'idee d'une
France sans roi, bien qu'il fOt l'un des grands penseurs
et philosophes qui appelaient a developper la situation
politique en vigueur a cette epoque-la; et ce parce qu'il
avait vecu et grandi sous la monarchie). Contrairement
a Rousseau, l'homme dont les racines s'enfoncent dans
l'histoire, a le prestige et la force de celle-ci , et a le net
sentiment que l'entite et la civilisation qui l'entourent,
sent les produits d'un jour de l' histoire ou des circons-
tances propices ont favorise leur naissance, qu'un autre
jour viendra ou d'autres circonstances les rayeront de
la carte et effaceront toutes leurs traces du passe pro-
che et lointain, et que l'age historique des civilisations
et des entites, si long soit-il, ne constitue que des jours
comptes par rapport a la longue vie de l'histoire.
Avez-vous lu la sourate de la " Grotte" qui relate l'his-
toire de ces jeunes gens a qui Dieu "a accru la guidee"
apres qu'ils avaient cru en LUI?
Savez-vous ce que Dieu leur a fait lorsqu'ils sent tom-
blls dans le desespoir et la lassitude, apres qu'ils s'e·
taient heurtes a une entite gouvernante parenne, impi-
toyable et determinee a etouffer toute graine d' unicite,
et qu' ils se sont refugies dans la grotte pour implorer
Dieu de resoudre leur probleme, desesperes qu'ils etaient

( •) Chapitre du Coran .
{ ..) la fa it d '~tre place dans le Droit Chemin, d '~tre bien guide.

41
d'y trouver eux-memes une solution, et indignes de voir
le Faux continuer a gouverner, a persister dans !'injus-
tice, a avoir raison du Bon Droit et a eliminer quicon-
que etait epris du Vrai ? Dieu les a endormis pendant
339 ans dans cette grotte ; puis ii ies a reve illes et les
a rendus a la vie, apres que l'entite qui les avait impres-
sionnes de sa force et de son injustice, s'etait ecroulee
et etait deveriue un souvenir historique qui n'emeut ni
n'effraie personne ; et tout cela, pour que ces jeunes
gens assistent a !'eli mination de ce Faux dont ils ne
supportaient pas l'etendue, la force et la continuation ,
et pour qu' ils voient de leurs propres yeux sa fin et cons-
tatent eux-memes sa banalite.
Si les jeunes de la grotte ont pu assister a cette sce-
ne - qui a suscite en eux tant d' impulsion et de fierte -
a travers cet evenement exceptionnel qui a prolonge leur
vie de 300 ans, la meme chose peut se realiser pour
le Guide Attendu, a travers une longue vie qui lui per-
mettra de voir le geant alors qu ' il n'etait qu ' un nain,
l'arbre colossal , alors qu ' il n'etait qu' une graine, le cy-
c lone lorsqu' il n'etait qu' un scuffle.
En outre, !'experience que le Guide du Jour Promis
acquiert en assistant a la procession de tant de civi -
lisations successives et en observant directement leu r
mouvement et leur developpement, joue un role impor-
tant dans la formation intellectuelle de ce Guide ains i
que dans !'experience future qu ' il doit mener, puis-
qu'elle le met au contact de beaucoup de situations qui
comportent des points forts et des points faibles , des
erreurs et des pertinences, et lui conferent une plus
grande capacite d'apprecier les phenomenes soc iaux,
etant parfaitement conscient de leurs causes et de leurs
enchevetrements historiques.
L'operation de changement assignee au Guide At-
tendu, repose sur un message determine, en l'occurence,
I' Islam.

42
II est done naturel que cette operation exige un diri-
geant proche des premieres sources de l'lslam et ayant
une personnalite forgee independamment et a l'abri de
toutes les influences de la civilisation qu'il est destine
a combattre. Car un individu qui naft et grandit au sein
de ladite civilisation et dont les idees et les sentiments
se ferment dans son cadre, ne saurait generalement se
debarasser des sequelles et des impacts qu'elle laisse
sur lui, meme lorsqu'il est decide de mener un combat
de changement centre elle.
Pour qu'un leader destine amener une bataill de chan-
gement dans une civilisation, ne soit sous !'influence
de celle-ci, ii faudrait que sa personnalite soit comple-
tement formee dans une phase de civilisation anterieure
et plus ou moins proche - dans l'esprit general et dans
le principe - de celle qui doit etre instauree sous sa di-
rection , le Jour Promis.

43
COMMENT S'EST
PARACHEVEE LA FORMATION
DU GUIDE ATTENDU?
II s'agit de repondre maintenant a la troisieme ques-
tion de la serie : Comment la formation du Guide At-
tendu a-t-elle pu se parachever alors qu'il n'avait vecu
aupres de son pere, l'lmam Al-Askari, que jusqu'a l'age
de cinq ans a peine, done pendant la premiere enfance,
ce qui ne saurait suffire normalement a la maturation
de sa personnalite ?
La reponse en est qu'Al-Mahdi est devenu imam des
musulmans en succedant a son pere, a un age tres jeune.
Or ii ne pouvait acceder a cette dignite (l'imamat) que
s1 il jouissait des qualites intellectuelles et spirituelles
requises.
Notons a cet egard que l'imamat premature etait un
phenomena courant chez ses grands parents, puisque
plusieurs d'entre eux l'ont connu avant lui. Ainsi, l'imam
Mohammed lbn Ali-Al-Jawad s'est charge de cette di-
gnite a l'age de 8 ans, l'imam Ali lbn. Mohammed Al-
Hadi a l'age de 9 ans, l'imam Abu Mohammed Al-Hassan
Al-Askari, le pere du Guide Attendu, a l'age de 22 ans.

44
Nous disons "Phenomene" de l'imamat, car l'imamat
avait pris, sous quelques-uns des grand'parents d'Al-
Mahdi, une signification concrete et pratique que les
musulmans ont vecue dans leur experience avec ces
imams. Aussi est-ii absurde de chercher la preuve ou
la demonstration d'un ph8nomene aussi evident et clair
que !'experience de toute une nation.
Nous nous expliquons la-dessus, a travers les points
suivants
A. - L'imamat des imams d'Ahl-Bayt ne constituait
pas un centre de pouvoir et d'influence transmis Mre-
ditairement, de pare en. fils, et soutenu par un gouver-
nement, comme c'etait le cas des Fatimides et des Ab-
bassides. Loin de la. L'lmam obtenait l'allegeance des
bases populaires en les penetrant spirituellement et en
les convainquant intellectuellement du merite de son
lmamat et de son aptitude a guider et a diriger la Umma
sur des bases spirituelles et intellectuelles.
B. - Ces bases populaires se sont formees depuis la
premiere epoque de l'lslam, et elles se sont epanouies
et elargies sous les imamats d'Al-Baqir et de son fils
Al-Sadiq. L'ecole que ces deux imams ont patronne
parmi ces bases constituait un courant intellectuel lar-
gement repandu dans le monde islamique et compre-
nant des centalnes de faqihs, de theologiens, d'exe-
getes et de savants specialises dans les divers domaines
du savoir islamique et humain, connus a l'epoque. A
ce propos Al-Hassan lbn Ali Al-Wacha a dit " je suis
entre dans la mosquee d'Al-Kufa et j'ai vu neuf cents
cheiks qui citaient tous Jaafar lbn Muhammed".
C. - Les conditions que cette ecole representative
des bases populaires de la societe islamique posait a
la nomination d'un imam et afin de s'assurer de sa qua-
lification et de sa competence pour un tel poste, sont
tres severes, car elle croyait qu ' un imam ne meritait

45
ce titre que s'il etait le plus savant des savants de son
epoque (*).
D. - L'ecole et ses bases populaires ont offert de
grands sacrifices pour pouvoir defendre sa foi en l'ima-
mat, car celui-ci representait, pour le cal if at (* *) de l'epo-
que, un danger mena~ant sa conception, tout au moins
sur le plan ideologique; et c'est ce qui a conduit les
autorites a organiser regulierement des campagnes de
liquidation et de persecution contre les adeptes de cette
ecole, lesquels seront assassines, emprisonnes ou
eteints par centaines dans les tenebres des geOles. Cela
signifie que croire a l'imamat d'Ahl-Bayt coOtait cher
a ces adeptes et ne leur offrait comme recompense
que le rapprochement suppose de Dieu.
E.- Les lr,1ams auxquels ces bases ont prete serment
d'allegeance n'etaient pas a l'ecart de leurs partisans,
ni cloitres dans des tours d'ivoires comme le font les
sultans avec leurs peuples. lls ne s'en separaient que
lorsque les autorites les en eloignaient, en les mettant
en prison ou en les bannissant. On peut constater !'exis-
tence de ces contacts permanents entre les imams et
leurs adeptes, a travers leurs correspondances, a tra-
vers les visites que les fideles rendaient aux Imams
lorsqu'ils venaient a Medine pendant la saison du pele-
rinage, a travers les voyages que les Imams effectuaient,
a travers les representants qu'ils envoyaient aux qua-
tre coins du monde islamique. Un grand nombre de rap-
porteurs et de transmetteurs de hadith font etat des
divers contacts qui montrent qu'il y avait un echange
constant entre chaque Imam et ses bases ramifiees
a travers les differentes regions de la nation islamique
et les differentes categories soclaies.

(*) Rappelons que le mot imam signifie etymologiquement : Celul qui


marche devant, et par extension le guide que /'on imite. N.D. T.
(**)le Califat eta it le pouvoir officiel.

46
F. · Le Califat contemporain des imams conside-
rait ceux-ci et leur autorite spirituelle comme une source
de danger pour son entite et son pouvoir. C'est pour-
quoi, ii a tout fait pour entamer cette autorite et etait
conduit meme a commettre des bavures, a se montrer
cruel et tyrannique, lorsque la necessite de renforcer
ses positions se faisait sentir. Les campagnes d'empri·
sonnement et de persecution contre les imams eux-
memes, n'ont jamais cesse; bien que de tels agisse-
ments aient suscite le mecontentement et !'indignation
des mulsulmans et des partisans des imams, de tous
niveaux.
Si nous tenons compte de ces six points, lesquels
constituent des verites historiques incontestables, nous
pouvons aboutir a la conclusion suivante : le phenomena
de "l'imamat premature" est un phenomena bien reel
et n'a rien de f ictif; car lorsqu'un imam monte sur la
scene de la vie publique alors qu'il est tout jeune, et
s'annonce comme l'imam spiritual et intellectual des
musulmans, et q.u'il parvient a constituer un mouve·
ment suivi par tant d'adeptes, ii doit necessairement
faire preuve d'une connaissance remarquable dans le
domaine de la science et du savoir, et de largeur d'es-
prit et de competence dans le domaine du Fiqh (juris·
prudence islamique), de l'exegese et des doctrines ; si·
non les bases populaires de l'imamat (qui etaient comme
nous l'avons indique, en contact permanent avec leurs
imams, et pouvaient par consequent connaitre les de·
tails de leur vie et de leur personnalite) ne l'auraient pas
· accepte comme Imam.
Comment peut-on, en effet imaginer que les masses,
dont se composaient ces bases populaires, soient ac-
quises a un "imam-enfant" qui s'annon~ait devant elles,
et au vu et au su de tout le monde, comme etant l'lmam
des mulsulmans et l'Etendard de l'lslam, et acceptent
de sacrifier pour lui leur securite et leur vie, sans se

47
donner la peine de verifier de quoi ii etait capable et
sans qu'elles soient suffisamment frappees par son
imamat premature pour etre tentees de sonder la rea-
lite de ses qualifications et d'evaluer sa personnalite?

Meme si l'on suppose que ces masses n'aient rien


tente pour sonder sa situation, aurait-il ete possible
qu'elles n'aient pas fini par connaftre la verite apres des
mois ou des annees pendant lesquels elles etaient en
contact permanent avec cet " enfant-imam " ? Celu i-ci
aurait-il pu dissimuler sa pensee et son savoir d'enfant,
malgre les contacts frequents qu' il avait avec les fideles,
si sa pensee et son savoir etaient vraiment ceux d' un
simple enfant? A supposer que les bases populaires
de l'lmamat d'Ahl-Bayt n'aient pas eu !'occasion de de-
couvrir la verite de la situation (le fait que l'enfant tot
reellement un enfant et rien de plus, et qu ' il n'eQt pas
les qualites d'imam), pourquoi le califat de l'epoque
(pour qui l'imam representait un veritable danger) s'est-
il tu sur cette verite et ne l'a-t-il pas exploitee a son pro-
fit? Pourtant, cela aurait ete tellement facile pour les
autorites de l'epoque - le califat - si l' lmam Al-Mahdi
avait ete reellement un enfant dans sa pensee et sa
culture, comme tout enfant ordinaire de cet age ! Quelle
meilleure denonciation que de montrer aux chiites et
aux autres que le pretendant a l'i mamat aurait ete un
enfant et rien de plus, et de demontrer ainsi son incom-
petence pour le leadership spirituel et intellectuel des
musulman~?

S' il etait difficile de convaincre les gens de !' incom-


petence - pour l' imamat - d' un homme de quarante ou de
cinquante ans, imbu de la culture de son epoque, une
telle difficulte ne se tot pas presentee, s' il s'etait agi
de les convaincre de l' incapacite d' un enfant - quelles
que fussent son intelligence et sa sagacite - d'assumer
la responsabilite d' un imamat si exigeante et si lourde

48
chez les chiites imamites !
Cela aurait ete beaucoup plus facile, en tout cas, que
les methodes compliquees et risquees que les autorites
de l'epoque ont adoptees pour combattre l'imamat.
La seule explication de !'abstention du califat de l'e-
poque de jouer cette carte, est qu'il savait que "l'imamat
premature" etait une realite et n'avait rien d'artificiel.
En fait, ii est arrive a cette conclusion apres avoir es-
saye vainement de le discrediter.
L'histoire nous relate des tentatives de ce genre,
vouees toutes a l'echec, sans mentionner aucune situa-
tion dans laquelle "l'imamat premature" eat ete ebranle
ou inquiete, ni aucun cas ou "l'enfant-imam" eat ren-
contre une difficulte depassant sa competence ou en-
tamant la confiance des fideles.
Ainsi s'explique notre affirmation que "l'imamat pre-
matur.e" etait un phenomene reel dans la vie d'Ahl-Al-
Bayt et non une simple supposition.
Rappelons, en outre, que ce phenomene reel n'est
pas un fait sans precedent : On lui retrouve des racines
et des cas similaires dans le patrimoine divin apparu
a travers les differents messages celestes, Yahya (Jean)
en est un exemple.
(... "O Jean, Tiens le Livre avec force!" - Et Nous lui
apportames la sagesse, tout jeune qu'il etait...").
Coran IXX, 12.
Ayant etabli que "l ' imamat premature" etait un phe-
nomene qui a existe reellement dans la vie d'Ahl-Al-
Bayt, ii ne nous reste aucune objection a l'imamat pre-
mature d'Al-Mahdi et au fait qu'il soit scuccede a son
pere des son enfance.

49
COMMENT CROIRE
QU'AL·MAHDI A EXISTE
REELLEMENT?
Nous voila devant le 4eme probleme : meme si l'on
admet que l'hypothese du "Guide Attendu" est plausible
avec tout ce qu'elle comporte de longevite, d'imamat
premature et d'absence silencieuse (*), ii reste que cette
plausibilite ne suffirait pas pour que l'on acquiere la
conviction de I' existence effective d' Al-Mahdi. Que faire
done pour avoir cette conviction ? Les quelques hadiths
attribues au Prophete et rapportes par des sources 11-
vresques suffisent-ils a nous persuader parfaitement
de !'existence effective d'Al-Mahdi? Comment prouver
qu' Al-Mahdi avait une existence historique reel le et que
ce n'etait pas une simple supposition erigee en realite
dans l'esprit d' un grand nombre d'individus, a la suite
des circonstances psychologiques particulieres?

(*) le fait qu 'on n'a pas de nouvel/es de /'Imam Al-Mahdi depuis sa


disparition volontaire, bien qu 'il soit toujours vivant et qu 'il assiste
au deroulement des evenements de l'humanite, selon la doctrine
des chiites lmamites duodecimains. N.D, T.

50
Notons tout d'abord, en guise de reponse, que l'idee
d'Al-Mahdi, en tant que Guide Attendu pour le change-
ment du monde vers le meilleur, est tiree des hadiths
du Prophete en general, des Imams d'Ahl-Al-Bayt en
particulier, et confirmee dans beaucoups de textes ·in-
soup9onnables.
Ainsi on a decompte 400 hadiths prophetiques eta-
blis a ce sujet par des chafnes (*) sunnites (1), et plus
de six mille par des chafnes chiites et sunnites con-
fondues (2). II s'agit la d'un chiffre record par rapport
a beaucoup de questions islamiques evidentes sur les-
quelles les mulsulmans n'ont pourtant pas de reserves
normalement.
Quant a !'incarnation de cette idee par le douzieme
Imam en personne, ii y a suffisamment d'arguments
solides qui la rendent tout a fait convaincante et qu'on
peut ramener a deux types de preuves : la preuve is-
lamique et la preuve scientifique. La premiere nous per-
met de demontrer !'existence du Guide Attendu, et la
seconde doit nous conduire a constater qu'Al-Mahdi
n'est pas un mythe, ni une pure vue de !'esprit, mais
une verite etablie par la realite historique.
La preuve islamique consiste en des centaines de
hadiths attribues au Prophete et aux Imams d'Ahl-Al-
Bayt et qui indiquent qu' Al-Mahdi fut predesigne (3),
qu'il etait de la famille d'Ahl-Al-Bayt, descendant de
Fatima, de la lignee d'Al-Hussain et le neuvieme des-

(*) chaine de transmetteurs des hadiths du Prophete


(1) voir a ce propos le tres serieux ouvrage de Sayyed Sadr Al·Dine
Al·Sadr : "Al·Mahdi".
(2) voir "Muntakhab Al-Athar Fil Imam Al- Thani Achar", de Cheikh
Lutfallah Al-Safi.
(3) designe par le texte (nass).

51
cendant de celui-ci, et que les Imams successeurs du Pro-
phete etaient au nombre de douze. Ces hadiths preci-
saient done "l'idee generale" d'Al-Mahdi, la materiali-
saient en la personne du douzieme Imam d'Ahl-Al-Bayt.
lls etaient nombreux et repandus, malgre la prudence
des Imams d'Ahl-Al-Bayt et leur souci de ne pas trop
divulguer en public la predestination du futur Guide
Attendu, pour lui eviter toute tentative d'assassinat OU
d'elimination.
Le grand nombre de hadiths concordants n'est pas
le seul critere de leur credibilite. D'autres indices et
caracteristiques militent egalement en faveur de leur
veracite. Ainsi prenons l'exemple de ce hadith propM-
tique qui parlait de futurs imams (califes, ou princes ,
selon les differentes chaines de transmetteurs) et qui
precisait qu'ils seraient au nombre de douze (a quelques
nuances pres dans le texte du hadith, selon la source
de transmission). II est rapporte , selon certains auteurs,
par plus de 270 Riwaya (chafne de transmission) qui
sont citees dans les plus celebres recueils de hadiths,
sunnites et chiites, dont ceux d'Al-Bukhari, de Muslim ,
d'Al-Tarmadhi , d'Abi Daoud, ainsi que dans Masnad
Ahmad, Mustadrak Al-Hakim Ala Al-Sahihayn. Ce qu ' il
taut surtout retenir, ici, de ce hadith, c'est le fait qu'il
est transmis par Al-Bukhari, un contemporain de l' lmam
Al-Hadi et de l'lmam Al-Askari, ce qui signifie qu' il etait
rapporte du Prophete avant que son contenu ne se rea-
lisat et avant que l'idee de douze imams ne tat com -
pletement materialisee. Cela signifie aussi qu'on ne
peut soup9onner ce hadith d'etre transmis - et done
formula - sous !'influence de la realite imamite duo-
decimaine (*), ou le reflet de cette realite. Car les faux
hadiths attribues au prophete n'etaient guere anterieurs,
dans leur apparition et enregistrement, a la realite dont
ils sont le reflet ou la justification. Etant donne qu'il

(*)/es /oyalistes des douze imam d'Ahl-Al-Bayt.

52
est materiellement etabli que le dit had ith fut enreg1s-
tre avant que la prediction de l'avenement de douze
imams ne soit encore completement realisee, on peut
s'assurer qu' il n'est pas le reflet d' une realite, mais !'ex-
pression d' une verite divine, prononcee par quelqu'un
dont les paroles etaient des revelations et qui a dit :
" les califes qui me succederont sont au nombre de
douze" . La realite duodecimaine, commencee avec l'lmam
Ali et achevee par Al-Mahdi etait la seule incarnation
raisonnable de ce hadith prophetique.
Quant a la preuve scientifique, elle consiste en une
experience que les gens ant vecue pendant une periode
d'environ 70 ans : la Petite Absence (* *). Avant d'en-
trer dans les details de cette question, ii convient d'ex-
pl iquer schemat iquement ce qu 'est la Petite Absence.
La petite Absence traduit la premiere etape de l'ima-
mat du Guide Attendu . En effet, la Providence a voulu
que cet Imam s'efface de la scene publique des qu ' il
a re9u la charge de l'imamat, et qu'il gardAt l'anonymat
vis-a-vis des evenements, bien qu ' il en soit toujours
proche, de creur et d'esprit. Mais si cette disparition
avait ete subite, elle aurait provoque un grand choc chez
les bases populaires de l' imamat dans la Umma ; car
ces bases etaient habituees a avoir des contacts avec
leur Imam a toutes les epoques, a nouer des rapports
mu tuels avec lui , a faire appel a lui pour resoud re leurs
differents prob lemes. Si l'lmam etait done disparu a
l' improviste de la vue de ses chiites et que ceux-ci s'e-
taient sentis coupes de leur direction spirituelle et in-
tellectuelle, une telle disparition subite aurait cree un
grand vide impromptu qui aurait pu moissonner et ef-
friter l'entite chiite. II a done fallu preparer les bases
a cette absence afin qu'elles s'y habituassent et s'y
adaptassent progressivement. De la l'avenement de la

(** ) a/-ghayba a/-Sughra = la premiere occultation d 'A/-Mandi.

53
Petite Absence pendant laquelle l'lmam a disparu de la
vie publique, tout en continuant a communiquer avec
ses bases et ses chiites par l'intermediaire de ses re-
presentants, ses lieutenants et ses hommes de con-
fiance qui constituaient ainsi le trait d'union entre lui
et les gens qui croyaient a sa ligne imamite. Les re-
presentants de l'lmam pendant cette periode, etaient
au nombre de quatre. Les bases qui les frequentaient
en permanence etaient unanimes pour constater leur
piete, leur integrite et leur probite. Ces representants
sont:
1. - Othman lbn Sai'd Al-Omari
2. - Muhammad lbn Othman lbn Sai'd Al-Omari
3. - Abul Qacim Al-Hussain lbn Rouh
4. - Abul Hassan Ali lbn Muhammad Al-Samri.

lls ont rempli la tAche de representant de l'lmam suc-


cessivement et dans l'ordre etabli ci-dessus. Chaque
fois que l'un d'eux mourait, un autre lui succedait par
ordre de l'lmam. Leur IAche consistait a prendre con-
tact avec les chiites, a transmettre leurs questions a
l'lmam et a leur en rapporter les reponses tantot ora-
lement tantot par ecrit. Les masses qui etaient cha-
grinees par la disparition de leur Imam, trouvaient dans
ces correspondances et contacts indirects, assures par
les "representants", une compensation et une consola-
tion. On a remarque que toutes les signatures et lettres
provenant de l'lmam pendant le mandat des quatre re-
presentants, qui a dure environ 70 ans, decelaient une
meme ecriture et les memes caracteres, et sont done
graphologiquement uniformes.

C'etait Al-Samari, le dernier des quatre representants,


qui a annonce la fin de la phase de la Petite Absence
qui se caracterisait par la presence d' uri representant
nomme. A partir de la Grande Absence ii n'y a plus de

54
representants nommes et charges de servir d' interme-
diaire entre l'lmam-Guide et les chiites. Le passage de
la Petite Absence a la Grande Absence exprime la fin
des missions de la premiere, puisque celle-ci, par son
caractere progressif et transitoire, a permis de premunir
les chiites contre le choc et le sentiment de grand vide
qu'ils auraient pu eprouver par suite de la disparition de
l'lmam, de les adapter au fait de !'Absence, et de les pre-
parer progressivement a !'acceptation de l'idee de " la
representatiQn generale", qui signifie que la represen-
tation de l'lmam n'est plus assuree par des individus
nommement designes, mais par une ligne generale, la
ligne du mujtahid (*) Juste (* *) et connaissant parfaite-
ment les questions de la vie temporelle et de la religion,
conformement au passage· de la Petite a la Grande Ab-
sence. ..
Cela dit, on peut se rendre clairement compte, a la
lumiere de ce qui precede, qu'Al- Mahdi etait une verite
vecue par toute une communaute musulmane et expri-
mee par des ambassadeurs et des representants (de
l'lmam) tout au long de 70 ans, a travers les rapports
qu'ils ont etablis avec les gens. Pendant cette periode
personne n'a pu remarquer la moindre inexactitude dans
les paroles des dits representants, ni le moindre indice
de tromperie dans leur conduite, ni la moindre erreur
dans leur transmission de messages. Peut-on done con-
cevoir qu 'un " mensonge" puisse survivre pendant 70
ans et etre entretenu tel quel, successivement par 4 per-
so nnes qu 'aucune relat ion particuliere et privilegiee, -
de nature a les rendre complice, - ne lie, et qui le trai-
tent comme s' il s'agissait d' une verite vecue par eux-
memes et vue de leurs propres yeux, sans que rien d'a-
normal ou de suspect n'apparaisse dans tout cela, et
(*) mujtah id : docteur de la loi islam ique, parvenu a un niveau oil ii
peut dedu ire des statuts a partir des sources de la legislation.
(* *) mujtah id j us te : express ion employee pour distinguer le mujtahid
j uste (equ itable, integre) de ce lui qui ne /'est pas fo rcement.

55
a
alors qu'ils parviennent obtenir, par la credibilite de
leur attitude, la confiance de tout le monde en la cause
qu'ils pretendent vivre et sentir concretement?
On disait jadis ·que "la corde du mensonge est cour-
te " ! Aussi la logique de la vie montre-t-elle qu 'i l est
pratiquement impossible, si l'on s'en tient au calcul des
probabilites, qu'un mensonge puisse se maintenir de
cette fa~on , pendant si longtemps, et dans de telles
conditions, sans attirer la mefiance de ceux qui le su-
bissent.
Ainsi, le phenomene de la Petite Absence peut etre
done considere comme une "experience scientifique"
et une realite objective vecue, qui nous permet de croire
a !'existence reelle de l'lmam-Guide, a sa naissance, a
sa vie, a sa disparition, a l'annonce generale qu' il a faite
de la Grande Absence, qui marque sa disparition de la
scene publique et de la vie de tout le monde.

56
POURQUOI LE GUIDE
N'EST·IL PAS REAPPARU?

Pourquoi le Guide n'est-il pas reapparu pendant toute


cette longue periode, s'il etait vraiment deja forme et
prepare a !'action sociale? Qu'est-ce qui l'aurait em-
peche de reapparaitre sur la scene publique pendant
ou a la fin de la Petite Absence, et d'annoncer la
Grande Absence, surtout qu 'a cette epoque-la, les cir-
constances relatives a !'action sociale et au changement
etaient beaucoup plus faciles et moins complexes, et
que ses contacts reels avec les gens lui auraient per-
mis, grace aux organisations de la Petite Absence, de
rassembler ses bases en vue de commencer solidement
son action , a un moment ou les forces du pouvoir en
place n'avaient pas atteint le niveau auquel est parve-
nue l' humanite par la suite, grace au developpement
scientifique et industriel?
La reponse est que le succes de toute operation de
transformation sociale depend des circonstances et des
conditions objectives, et qu'elle ne pourrait realiser ses
objectifs que lorsque celles-ci se presentaient.

57
Les operations de transformation sociale que la Pro-
vidence . declenche sur la terre ont ceci de caracte ri s-
tique qu'elles ne dependent pas, quant aux messages
qu'elles comportent, des circonstances objectives, et
ce parce que leurs messages sont divins et non le fruit
des dites circonstances. En revanche leur execution est
subordonnee aux conditions objectives de la situation
a changer ; c'est dire que celles-ci determinent leur mi-
nutage et leur succes (de ces operations) . C'est pour-
quoi, si le Ciel a laisse passer cinq siecles de regne
anteislamique et obscurantiste (jahil iyya) avant de re-
veler son dernier Message a travers le Prophete Muham-
mad (alors que la terre avait besoin de ce Message bien
avant), c'est parce que les circonstances objectives dont
dependait cette revelation exigeaient une telle attente.
Les conditions objectives qui influent sur toute ope-
ration de changement sont de deux categories : la pre-
miere categorie cree le terrain propice et !'ambiance
generale favorisant !'operation de changement, la se-
conde a trait au mouvement de changement et aux tour-
nants secondaires qu'il prend. Prenons l'exemple de
!'operation de changement que Len ine avait conduite
avec succes en Aussie : elle etait liee d' une part au de-
clenchement de la Prem iere guerre mondiale et a l'e-
branlement de l'empire tsariste - ce qui a contribue a
la creation du terrain propice au changement - et d'au-
tre part, a quelques facteurs secondaires et accessoires,
tels que l'arrivee de Lenine sain et sauf en Aussie, a-
pres le voyage qui lui a permis de rentrer dans son pays
pour y conduire la Revolution . L' importance secondaire
de ce facteur reside en ceci que s'il etait arrive un ac-
cident quelconque a Lenine, susceptible de l'empecher
de rentrer en Aussie, la Revolution aurait probablement
perdu la possibilite de s'imposer aussi vite sur la scene.
· La Voie divine que rien ne peut affecter, quant aux
operations de changement qu ' Elle decide, veut que

58
celles-ci soient tributaires, quant a leur execution, des
conditions objectives qui creent le terrain propice et
!'ambiance generale qui favorisent leur succes. C'est
dans ce sens qu'il taut comprendre pourquoi l'lslam
ne fut revele qu'apres une periode de vide penible, lon-
gue de plusieurs siecles et caracterisee par !'absence
d'apOtres. Certes la Toute-Puissance divine etait en
_mesure d'enlever toutes les entrave~ et d'aplanir toutes
les difficultes qui se seraient dressees devant le Mes-
sage, de lui creer prealablement et miraculeusement
le terrain favorable necessaire a son succes, s'il avait
ete revele avant. Mais si Dieu n'a pas juge bon d'uti-
liser ce moyen, c'est parce que l'epreuve, le calvaire
et la souffrance par lesquels l'homme complete sa per-
sonnalite imposent a l'action de changement (voulue
par Dieu) d'evoluer naturellement et objectivement (ce
qui n'empeche pas Dieu d'intervenir parfois et lorsque
cela s'avere necessaire pour la sauvegarde du Message,
dans quelques details relatifs, non a !'atmosphere ge-
nerale elle-meme, mais a certains mouvements qui en
decoulent). L'illustration de cette intervention se trouve
dans le secours et l'appui surnaturels que Dieu appor-
tait quelquefois a ses bons serviteurs, lorsqu'ils se heur-
taient a des difficultes insurmontables; et lorsqu'il y .
allait de l' interet vital du Message. Ainsi, c'est gra.ce
a !'intervention divine g_ue "le feu de Namroud devint
fraicheur et paix sur Abraham" ; que la main trai tresse
du Juif qui levait l'epee sur la tete du Prophete, fut pa-
ralysee et immobilisee; que le cyclone violent envahit
les campements des infideles et des polytheistes qui
encerclaient Medine le jour de Khandaq, et les effraya.
Toutes ces interventions divines ne representaient .que
des secours apportes a des moments decisifs, aux pe-
ripeties des operations de changement et non a leur
terrain propice, lequel s'est consitue d'une fa~on natu-
relle et grace aux conditions objectives.
En examinant !'attitude d'Al-Mahdi , a la lum iere de

59
ces donnees, nous constatons que !'operation de chan-
gement a laquelle ii est prepare, se trouve liee, quant
a son execut ion, tout comme n' importe quelle autre
operation de changement social, a des conditions objec-
tives qui contribuent a creer le terrain favorable a sa
real isation .

Aussi est-ii naturel que le minutage de cette operation


en tienne compte. On sait qu 'Al-Mahdi n'est pas for-
me pour operer une action sociale limitee, ni pour rea-
liser un changement local dans telle ou telle autre partie
du monde. La mission a laquelle Dieu l'a reserve vise
a changer le monde radicalement et a conduire l' hu-
manite, toute l' humanite, des tenebres de !' injustice
vers la lumiere de la justice. Pour reussir une operation
de changement d' une telle ampleur, ii ne suffit pas de
faire reappaitre le Guide et son message sur la scene ;
au.trement elle aurait pu etre accomplie a l'epoque du
Prophete· (puisqu ' il y avait deja un guide - le Prophete -
et son message - l'avenement de l' lslam). Ce qu ' il lui
taut, c'est une atmosphere planetaire propice et une
ambiance generale favorisant la reunion des conditions
requises pour la realisation d'un changement plane-
taire. Or une telle atmosphere planetaire se presenterait
mieux a mesure que l'on progresse dans le temps .

Ainsi , sur le plan humain , le sent iment d'epuisement


qu'eprouve l' homme de civilisation, est considere comme
un facteur essentiel de cette atmosphere favorable a
!'acceptation du nouveau message. Ce sentiment d'e-
puisement nait et prend rac ine chez l' homme (de civi-
lisation), lorsque celui-ci ressort de differentes expe-
riences de civilisation qu " il traverse, accable par les
resultats negatifs de tout ce qu'il y aurait edifie, et e-
prouvant un besoin de salut qui l'amene a se tourner
instinctivement vers la metaphysique ou l'inconnu.

60
. Sur le plan materiel, les conditions objectives de la
vie materielle moderne pourraient etre plus propices que
celles de l'epoque de la Petite Absence, a la realisa-
tion du message a l'echelle planetaire, en raison du
raccourcissement des distances, de la large possibilite
d'interaction entre les peuples, de la disponibilite des
moyens et des instruments necessaires a la creation
d'un organe central dont le but serait de sensibiliser
les peuples du monde au nouveau message et de les
acculturer a cet effet.
Certes, ii est ifldeniable que les forces et les instru-
ments militaires auxquels le Guide devrait faire face,
se developpent a mesure qu'il reporte le jour de sa reap-
parition. Mais cela dit, a quoi sert le developpement
de la forme materielle de la force, s'il est associe a une
defaite psychologique interieure et a l'eclatement de
la structure spirituelle de l'homme qui les possede?
Combien de fois une structure de civilisation dressee
orgueilleusement, ne s'etait-elle pas ecroulee sous le
premier coup d'un envahisseur, parce qu'elle etait deja
interieurement effondree, ayant perdu la confiance en
son existence, la conviction de son entite et !'assurance
de sa realite? !

61
UN SEUL INDIVIDU PEUT-IL
JOUER UN SI GRAND ROLE?

Venons-en a l'avant-derniere question de la serie : un


individu, si grand soit-il, est-ii capable de jouer ce rOle
extraordinaire? Le grand homme en question serait-il
autre que l'individu que les circonstances choisissent
comme fa9ade pour realiser leur mouvement ?
L'idee que comporte cette question est liee a une con-
ception precise de l'histoire, conception selon laquelle
l'homme est un facteur secondaire dans l'histoire alors
que les forces objectives qui l'entourent en constituent
le facteur essentiel. Dans ces conditions, l'individu ne
serait, au mieux, que !'expression intelligente de !'ori-
entation de ce facteur essentiel.
Quant a nous, nous avons explique dans nos autres
ouvrages que l'histoire a deux pales: d'un cote l'homme,
de l'autre, les forces materielles qui l'entourent, que
de meme que les forces materielles, les conditions de
la production et la nature affectent l'homme, de meme
celui-ci affecte a son tour celles-la, et qu'il n'y a aucune

62
rais_on de supposer que le mouvement commence par
la matiere et finit par l'homme, sans supposer du meme
coup le contraire_ L' homme et la matiere se trouvent
a la longue en interaction. Aussi l' homme peut-il etre
plus qu 'un perroquet dans le cours de l' histoire, sur-
tout lorsqu 'on tient compte de son lien avec le Ciel ,
lequel lien intervient comme une force orientant le mou-
vement de l'histoire. C'est du mains ce qui s'est pro-
duit deja a travers l'histolre des missions prophetiques
en general , la mission prophetique finale en particulier,
ou le Messager Muhammad, en vertu de son lien de
missionnaire avec le Ciel , a detenu lui-meme les renes
du mouvement historique, et fonde une montee de civi-
lisat ion que les conditions objectives qui l'entouraient
n'auraient pu en aucun cas produire, comme nous l'a-
vons explique dans la seconde introduction de notre
ouvrage " Al-Fatawa Al-Wadh iha" (les decrets religieux
clairs).
Ce qui s'est produit avec le Grand Messager, pourra
se produire avec son descendant, le Guide Attendu dont
ii a annonce, lui-meme, la venue et le grand role.

63
QUELLE SERA LA METHODE
DECHANGEMENTLEJOUR
PROMIS?

Nous voila enfin devant la derniere question de la


serie : de quelle fa9on c_et homme pourra-t-il remporter
la victoire ·decisive de la justice sur les entites injus-
tes?
Une reponse precise a cette question dependrait de
la connaissance de la periode ou de la phase histori-
que ou !'Imam Al-Mahdi reapparaitra sur la scene de
la vie, etde la possibilite de concevoir ou de supposer
les caracteristiques et les peripeties de cette phase,
afin que l'on puisse 'se faire une idee de la forme que
prendrait !'operation de changement et de la voie qu'elle
emprunterait. Tant qu.e nous ignorons tout de cette
phase, de ses circonstances et peripeties, nous ne pour-
rons prevoir scientifiquement ce qui se passerait le
Jour Promis ; et si nous le faisons, ce serait de la spe-
culation basee plutOt sur des operations purement in-
tellectuelles que sur des fondements reels et concrets.

64
La seule supposition qu'on puisse admettre a la lu-
miere des hadiths relatifs a ce sujet, et des experiences
de grandes operations de changement qui se sont pro-
duites a travers l'histoire, c'est celle selon laquelle Al-
Mahdi reapparaftrait a la suite d'un grand vide du a un
revers et a une crise aigue de civilisation, que l'huma-
nite subirait. C'est ce vide-la qui permettra au nouveau
message de voir le jour; et c'est ce revers qui creerait
!'ambiance (ou le terrain) propice a son acceptation .
Mais le revers en question ne se produirait pas acci-
dentellement par un pur hasard de l' histoire de la civi-
lisation humaine. II serait plutot le resultat natu re! des
contradictions historiques (dans lesquelles ii n'y aurait
pas d'intervention divine), qui, ne pouvant pas conduire
a une solution decisive, declencheraient le feu qui ane-
antirait tout, avant que ne jaillisse la lumiere qui per-
mettrait d'eteindre ce feu et d'etablir la justice celeste
sur la terre. ·

• •
Je me contente de ce bref expose des idees qui sont
detaillees dans l'ouvrage meritoire et encyclopedique
sur Al-Mahdi, ouvrage pour lequel j'ai redige cette pre-
face et qui est ecrit par l'un de nos chers fils et disci-
ples, le savant chercheur, Sayyed Muhammad Al-
Sadr (*). II s'agit d'une encyclopedie inegalee dans l'his-
toire de la bibliographie chiite sur Al-Mahdi, quant a son
integralite, aux connaissances etendues qu'elle renfer-
me, a la largeur d'esprit, et la longue haleine scientifique
dont elle temoigne, et quant aux mots adequats et aux
observations pertinentes qu'elle contient ; c'est dire com-
bien d'efforts louables !'auteur a deployes pour realiser
cette ceuvre unique en son genre. Je ne peux qu'etre

a ne pas contondre avec /'auteur, Ayatollah Sayyed Muhammad


(*)
Baqir Al·Sadr dont ii est parent.

65
comble de bonheur en pensant au vide que son ouvrage
remplira, au service inestimable qu'il rendra et a l'auteur
brillant et intelligent qu'il revelera. J'implore Dieu de me
donner le plaisir de voir celui-ci devenir l'une des cele-
brites de l'lslam. Louange a Dieu, Seigneur des mondes.
Que le Sa1ut soit a Mohammad et aux membres puri-
fies de sa famille. J'ai commence la redaction de ces
quelques pages le 13 Jamad Al-Thaniya 1397 de l'he-
gire, et je l'ai terminee l'apres-midi du 17 du meme mois.
Que Dieu me guide sur le droit chemin .

Mohamed Baqer El-Sadr


Najaf- IRAQ

66
IMPRIME E'.N BELGIQUE
TYPO-OFFSET IMPRIMERIE LAURENT
Rue de Plturages • B. 7200 COLFONTAINE (WASMES)

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