Cours 5 Geologie 2
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V.1. Définitions
La stratigraphie (du latin stratum, « couche », et du grec graphein, « écrire ») est la science
qui étudie la succession, dans l’espace et dans le temps, des couches de terrains ou strates et des
événements qu’elles ont enregistrés. Elle permet d’établir une chronologie stratigraphique relative
et a pour objectif de retracer l’histoire de la Terre.
On appelle strate une couche de terrain homogène possédant une individualité nette. Son
épaisseur peut varier de quelques centimètres à plusieurs dizaines de mètres. Les strates sont
séparées par des joints de stratification horizontaux. La strate est l’unité de base de la
stratigraphie.
La stratification désigne la disposition de dépôts successifs et horizontaux de sédiments
en couches ou strates.
Strates
Joints de stratification
Figure 1 : Schéma représentant des strates séparées par des joints de stratification horizontaux.
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V.2. Les principes de la stratigraphie
Le principe de l’uniformitarisme a été évoqué pour la première fois par James Hutton
(1726-1796), qui en étudiant des roches en Ecosse avait conclut que les mêmes processus
géologiques qui opèrent actuellement sur Terre sont ceux qui existaient dans le passé. Ce principe
est souvent résumé par la phrase célèbre : « le présent est la clé du passé ». Dans sa version
moderne, ce principe stipule que les lois de la nature n’ont pas varié au cours du temps, les lois
physiques et chimiques actuelles étaient valides dans le passé de la Terre.
Dans une succession de couches ou strates déposées à l’horizontale les unes sur les autres
et non déformées ou renversées par la tectonique, la couche la plus ancienne est à la base et la
plus jeune au sommet.
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V.2.3. Le principe d’horizontalité primaire
Une même couche a le même âge sur toute son étendue. Par exemple, les strates
horizontales exposées de part et d’autre d’une vallée fluviatile formaient des couches continues et
ont ensuite été érodées par la rivière (figure 3).
Les couches ou strates sont plus anciennes que les failles, dykes et roches qui les
recoupent.
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Dans l’exemple de la figure 4, le dyke
basaltique recoupe les couches de calcaire,
grès et argile. Sa mise en place est donc plus
jeune que le dépôt des trois couches. Le
dyke rhyolitique recoupe les couches de
calcaire et de grès mais ne recoupe pas la
couche d’argile. Il est donc plus jeune que la
couche de calcaire et de grès. La couche
d’argile est plus jeune que le dyke
Figure 4 : Premier schéma illustrant
rhyolitique.
le principe de recoupement
(cas de dykes).
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coulée de rhyolite contient en son sein des inclusions de basalte. Elle est donc plus jeune que la
coulée de basalte.
Le principe de l’inclusion peut être utilisé pour reconnaître si une couche de roche
magmatique interstratifiée est un sill ou une coulée. Dans l’exemple de la figure 7, la couche
basaltique contient des inclusions de grès sus-jacents et de rhyolite sous-jacente. Elle est donc
plus jeune que la coulée de rhyolite et la couche de grès. C’est donc un sill, qui s’est mis en place
entre la coulée de rhyolite et la couche de grès.
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V.2.7. Le principe d’identité paléontologique
Ce principe stipule que les organismes fossiles se succèdent dans le temps dans un ordre
défini et reconnaissable et que l'âge relatif des strates peut donc être
déterminé à partir de leur contenu en fossiles.
V.3.1. Définitions
Une discordance est une surface d’érosion ou de non-dépôt séparant deux ensembles de
strates. Elle représente l’intervalle de temps pendant lequel aucun sédiment n’a été conservé. Cet
intervalle de temps est appelé hiatus ou lacune.
a. Disconformité
Une disconformité est une discordance où les couches supérieures et inférieures sont
parallèles et séparées par une surface irrégulière d'érosion. Après le dépôt, l’érosion enlève des
couches, puis la sédimentation reprend sur la surface d’érosion (fig. 8).
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Figure 7 : Séquence d'événements conduisant à la formation d'une disconformité.
b. Non-conformité
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c. Discordance angulaire
d. Paraconformité
Discordance où les couches supérieures et inférieures sont parallèles et séparées par une
surface plane ne présentant aucune apparence d'érosion. Très difficile à reconnaître, la
discordance doit être établie par la différence d'âge des strates (figure 10).
Une bioturbation dans les couches situées juste au dessous de la surface de discordance peut
être un indicateur d’une paraconformité (figure 11).
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Figure 10 : Schéma montrant un exemple d’une paraconformité
Figure 10 : Schéma d’une paraconformité avec une bioturbation affectant les couches situées
juste au dessous de la surface de discordance.
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V.4. La datation absolue et méthodes radiochronologiques
P = P0 e-λ.t
On définit également la période d’un élément radioactif (T) ou demi-vie comme étant le
laps de temps pendant lequel se désintègre la moitié de l’isotope radioactif.
Ln2 0,693
T= =
Si on démarre avec 1 gramme de l'isotope parent, il ne restera que 0,5 gr après une période
d'1 demi-vie, 0,25 gr après une période de 2 demi-vie, et 0,125 gr après 3 demi-vie ... (figure 11).
Plusieurs méthodes radiochronologiques sont utilisées en géologie. Pour dater des matériaux
jeunes, on utilise la méthode du Carbone-14 qui possède une période ou demi-vie très courte (à
l'échelle des temps géologiques) : 5370 ans. Cette méthode est cependant limitée : elle ne peut pas
être utilisée pour des roches ou matériaux dont l'âge est supérieur à 70000 ans, car au bout de
cette période, pratiquement toute la quantité de l'élément père se sera transformée en élément fils.
Par ailleurs, elle n'est applicable que pour des matériaux et roches contenant de la matière
organiques. Pour dater des roches anciennes, on utilise des méthodes où la demi-vie de l'isotope
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père est grande. Cependant, ces méthodes ne peuvent être utilisées pour des matériaux très
jeunes, car la quantité de l'élément fils accumulée durant une courte période sera négligeable et
non mesurable avec les instruments. Par exemple, la méthode Rubidium 87 - Strontium 87 a une
demi-vie de 47 Ga : elle ne peut pas être utilisée pour des roches dont l'âge est inférieure à 10
millions d'années.
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Isotopes Demi-vie ou Intervalle de temps Type de
Parent Fils période du daté par la méthode matériel daté
parent (en
années)
238 206
U Pb 4,5 Ga 10 Ma - 4,6 Ga Roches
40
K 40
Ar / 40Ca 1,3 Ga 50000 ans - 4,6 Ga magmatiques et
87
Rb 87
Sr 47 Ga 10 Ma - 4,6 Ga minéraux
14 14
C N 5730 ans 100 ans - 70000 ans Matière
organique
Au cours des deux derniers siècles, les géologues ont réussi à réaliser des corrélations
stratigraphiques de roches qui se sont accumulées tout au long des temps géologiques à travers le
monde. Les résultats de ces études ont permis d'établir la colonne de l'échelle des temps
géologiques (figure 12). Les géologues divisent les temps géologiques en unités. Tout comme
une année est divisée en mois, les mois en semaine, et les semaines en jours, les unités des temps
géologiques sont divisées en petits intervalles.
La plus grande unité des temps géologique est l'éon, qui est divisé en ères. Les ères sont
subdivisées, à leur tour, en périodes, qui sont subdivisées en époques. La colonne de l'échelle
des temps géologiques est basée sur des âges relatives. Lorsque les méthodes de datation
géochronologiques ont été mises au point, les âges absolus ont été ajoutés à l'échelle des temps
géologiques.
Les éons sont divisés en 4 parties (du plus ancien au plus récent) :
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Les trois divisions précédentes sont souvent regroupées sous le terme de : Précambrien (car elles
précédent la période du Cambrien où les formes de vie se sont diversifiées et les fossiles ont été
bien conservés dans les roches).
Notons que le phanérozoïque, qui représente les dernières 538 millions d'années de l'histoire de la
Terre contient la plupart des subdivisions de l'échelle des temps géologiques. Le Précambrien, qui
représente plus de 4 milliards d'années de l'histoire de la Terre, 8 fois plus long que le
Phanérozoïque, ne présente pratiquement aucune subdivision. Ceci est du au fait que les
subdivisions des temps géologiques sont basées principalement sur les fossiles trouvées dans les
roches. Ces derniers sont très rares dans les roches du Précambrien, et ne permettent pas de
réaliser des subdivisions en son sein.
La subdivision des éons en ères ne concerne, sur l'échelle des temps géologiques, que le
Phanérozoïque. On distingue, de la plus ancienne et à la plus récente :
Le Cambrien.
L'Ordovicien (qui a vu l'apparition des premiers organismes vertébrés : les poissons)
Le Silurien (qui a vu l'apparition des premières plantes sur la terre ferme)
Le Dévonien (apparition des premiers amphibiens)
Le Carbonifère (apparition des premiers reptiles).
Le Permien.
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Le Cénozoïque comprend les périodes suivantes:
Le Tertiaire.
Le Quaternaire.
Les subdivisions des périodes sont appelées : époques. Sur la colonne de la figure 12, seules les
époques du Cénozoïque ont été indiquées (figure 12).
La période est l'unité de temps la plus utilisée par les géologues. Le nom des périodes fait souvent
référence à la localité ou la région où les roches de cette période ont été décrites pour la première
fois (exemple, le Jurassique qui fait référence au Jura, région de France). Elle peuvent faire
référence aussi à une roche abondante de cette période (exemple, le Crétacé qui fait référence à la
craie qui est abondante durant cette période, le mot Creta veut dire craie en latin).
Notons enfin que l'échelle des temps géologiques est régulièrement révisée et mise à jour.
Les plus anciennes roches sur Terre ont été datées à 4 milliards d'années (le gneiss d'Acasta,
situés dans les Territoires du Nord-Ouest au Canada, est daté à 4,03 milliards d’années).
Des grains minéraux de zircons trouvés en Australie sont encore plus anciens. Ils proviennent de
la formation de Jack Hills et ont été daté à 4,404 milliards d’années. Il s’agit du plus ancien
matériel daté sur Terre. Mais il s’agit là de minéraux et non pas de roches : les roches mères qui
contenaient ces zircons ont été probablement détruites.
Il est peu probable de trouver sur Terre des roches plus vieilles que 4 milliards d'années. Pour
remonter à l'âge de la Terre, on utilise les météorites, qui sont les matériaux de base à partir
desquels se sont formées les planètes du Système solaire. La majorité des météorites qui tombent
sur Terre proviennent de la ceinture des astéroïdes, située entre les planètes Mars et Jupiter. L'âge
le plus ancien obtenu sur des minéraux de météorites est de 4,566 milliards d'années. Cet âge
est considéré comme celui de la formation du Système solaire et de la Terre.
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Figure 12 : L'échelle des temps géologique
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