Rapport Arne Ophtalmlo3 PDF
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OPHTALMOLOGIQUES EN FRANCE
Jean- Louis Arné*, au nom d’un Groupe de Travail ** - Commission IX
INTRODUCTION
A- Les circonstances à l’origine de ce Rapport.
- Chez l'enfant, la découverte d'une anomalie visuelle avant trois ans est
essentielle pour ne pas faire courir le risque d'une amblyopie définitive.
L'INSERM constate que 40 % des troubles visuels du jeune enfant ne sont pas
détectés faute de moyens suffisants.
2
difficultés rencontrées et de proposer des solutions pour pallier les problèmes
liés à l'insuffisance de soins.
C-Différentes personnalités ont été auditionnées pour éclairer les
membres du groupe de travail :
- Monsieur le Docteur Bertrand Arnoux, membre du bureau du Syndicat
National des Ophtalmologistes de France.
- Mme le Professeur Creuzot Garchet, chef du service d'ophtalmologie de
l'hôpital de Dijon et présidente du Collège des Ophtalmologistes
Universitaires de France.
- Mme le Docteur Suzanne Tartière, médecin au SAMU de Paris et
directrice médicale du SAMU social de Paris
- M. le Docteur Patrick Romestaing, président de la section santé publique
et démographie médicale du Conseil National de l'Ordre des Médecins.
Des évolutions importantes dans les modes de prise en charge des pathologies
sont repérables:
- Deux fois moins de glaucomateux sont opérés aujourd’hui qu’il y a15
ans, la prise en charge par traitement médical étant prédominante.
- On envisage que la cataracte, qui représente 65 % de l’activité
chirurgicale aujourd’hui, puisse se traiter au Laser Femto-seconde dans un
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avenir proche, sans pour autant que la composante chirurgicale disparaisse
totalement.
- Des transformations pourront également concerner le traitement de la
dégénérescence maculaire.
Cependant, on estime improbable que cela aboutisse à une réduction globale
des besoins de prise en charge par les ophtalmologistes, car si certains
segments de l’activité peuvent se réduire, d’autres vont croître. C’est
notamment le cas de la chirurgie réfractive, dont certaines analyses prédisent
qu’elle constituera autour de 35 % la croissance de l’activité dans les 15 ans à
venir.
4
Nombre de cataractes opérées de 1980 à 2009
5
poussant à solliciter une intervention précoce, dès que la baisse visuelle
apparaît gênante pour la vie quotidienne.
6
% rapporté à la population
Effectif et %< 65 ans
de moins de 65 ans
7
- La chirurgie rétino-vitréenne a connu aussi des améliorations et des
évolutions considérables. En volume d’actes, la chirurgie rétino-vitréenne a
augmenté de 36%, destinée surtout à la prise en charge des rétinopathies
diabétiques et des décollements de rétine.
En outre, la prise en charge des dégénérescences maculaires liées à l'âge
et aussi des occlusions veineuses et des maculopathies diabétiques par
injections intra-vitréennes est devenue une activité majeure et réclame de plus
en plus la réalisation de nombreux examens complémentaires.
8
constitue une thérapeutique soumise à la décision partagée du médecin et du
patient »
9
¤ Un solde migratoire positif de l’ordre de 100 000
- Un vieillissement de la population
L’indice de vieillissement (nombre de personnes âgées de 65 ans et plus
pour 100 personnes âgées de moins de 20 ans) est passé de 19 à 69 en 30
ans.
Dans les quinze prochaines années, la population des plus de 60 ans
augmentant de 50%, cela va nécessairement engendrer une croissance
importante des pathologies liées à l’âge, dont, en ophtalmologie, les
cataractes, les dégénérescences maculaires liées à l’âge, la rétinopathie
diabétique, les glaucomes et les pathologies de la surface oculaire par
insuffisance lacrymale.
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(orthoptistes, ophtalmologistes, opticiens) exerçant en secteur libéral et sur de
trop peu nombreux établissements spécialisés dans la rééducation lourde.
1- LES OPHTALMOLOGISTES
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L’ophtalmologie va, dans les vingt prochaines années, affronter les mêmes
problèmes que le reste de la médecine, avec cependant quelques
particularités. La principale est que l’ophtalmologie est en avance : en avance
sur la pénurie annoncée de médecins, sur l’augmentation de la demande de la
part de la population, aux effets du vieillissement de la population s’ajoutant
de nouvelles demandes créées par les progrès de la technique.
Au 1er janvier 2012, selon la source RPPS, 5 808 ophtalmologistes sont
recensés en France, 5309 selon l'ordre des médecins. Ils représentent
aujourd’hui 2,7 % des médecins, contre 3 % en 1990.
La différence entre les chiffres ADELI et ceux de l’ordre des médecins tient à ce
que ce dernier ne prend en compte que les médecins en activité régulière,
excluant les remplaçants ou les médecins en cessation temporaire d'activité.
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En revanche, si l’effectif total est resté identique entre 2007 et 2012, le nombre
d'ophtalmologistes exerçant une activité régulière à diminué de 1,4 % alors que
les retraités actifs ont augmenté de 241 %.
Retraité 1002
Remplaçant 250
14
Les prévisions démographiques actuelles du Conseil National de l'Ordre des
Médecins sont inquiétantes puisque elles font prévoir une diminution de 1,1 %
du nombre des praticiens ayant une activité régulière.
5383
5371
5358
5346
5334
5309
5297
5285
5272
5260
5248
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
L’âge moyen des ophtalmologistes (52,9 ans) est supérieur de 1,5 an à celui de
l’ensemble des spécialistes (51,4 ans).
La part des ophtalmologistes âgés de 55 ans ou plus est de 48,6 %, supérieure
de 5,3 % à la part correspondante pour l’ensemble des spécialistes (43,3 %).
Pyramide des âges des ophtalmologistes en 2010 .Atlas de la démographie médicale du CNOM 2012.
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La pyramide des âges est très différente de celle observée 20 ans plus tôt.
en 1990 (France métropolitaine)
65 ou + 123 22
60 à 64 ans 246 83
55 à 59 ans 255 76
Salarié; 15,2%
Libéral; 61,7%
Mixte; 23,1%
Réparation géographique
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En France la densité moyenne d’ophtalmologistes est de 8,8 pour 100 000
habitants. La région Ile-de-France, avec une densité de 12,5 ophtalmologistes
pour 100 000 habitants est la région la mieux dotée, avec la région PACA (12,1
praticiens pour 100 000 habitants).
La densité à Paris est de 25 pour 100000 habitants.
Parmi celles les moins bien dotées, on trouve un groupe de six régions dont
Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Centre, Nord-Pas-de Calais, Picardie, et
les DOM (Au-dessous de 6,7 médecins pour 100 000 habitants.)
C'est inégale répartition des ophtalmologistes a pour corollaire un éloignement
d'une partie de la population, avec des temps d'accès parfois importants.
Emmanuel Vigneron, Professeur d’Aménagement Sanitaire, considère
qu'aujourd'hui, plus de 2,3 millions d'habitants sont à plus d'une heure à aller-
retour de l'ophtalmologiste le plus proche.
Toutefois si l’on excepte quelques zones rurales limitées et semi-désertiques
dans les Alpes du Sud près de la frontière italienne, dans le Massif Central
(Lozère), en Champagne ou dans le Limousin, il est très difficile de trouver en
France deux ophtalmologistes distants de plus de 60 kms, ce qui paraît
acceptable en considérant qu’il n’y a pas d’urgence vitale dans cette spécialité.
Haute Picardie
Normandie
Basse
Champagne
Normandie Lorraine
Ardenne
Ile-de-France
Alsace
Bretagne
Pays-de
la-Loire Centre
Bourgogne Franche
Comte
Poitou-Charentes
Limousin Auvergne
Auteur : CNOM, G. Le Breton-Lerouvillois, 2012
Rhone-Alpes
Aquitaine
PACA
Midi Languedoc
Pyrenees Roussillon
Source : CNOM 2012
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Les ophtalmologistes libéraux sont inégalement répartis sur l’ensemble du
territoire. Au niveau national, la densité est de 7,5 pour 100 000 habitants en
2010 mais cette densité varie de 3,3 en Haute Saône à 18,3 à Paris. Les densités
sont globalement plus élevées dans les régions côtières, le sud de la France, la
vallée du Rhône et la région Parisienne et, d’une façon générale, dans les
départements où existe un CHU.
Chacun des ophtalmologistes de Charente a soigné en moyenne 5674 patients
différents en 2010, chacun de ceux du Var 3403.
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proviennent de la zone hors UE et ne sont pas inscrits à l’Ordre, 10 à 15 par an
voient leur exercice validé par la procédure d'autorisation d'exercice (PAE). Une
arrivée importante de médecins Roumains est observée dans la période
récente, dont il est difficile de dire si elle va se pérenniser dans le temps.
La prudence dans les installations des jeunes diplômés, qui est observable
aujourd’hui est mise en lien avec les investissements à assumer et la difficulté
de plus en plus fréquente à avoir accès à un plateau chirurgical offrant des
conditions satisfaisantes. Ceci explique les fréquents regroupements autour
des plateaux techniques.
2-LES ORTHOPTISTES
Entre 2000 et 2009 (source DREES), les orthoptistes ont vu leur effectif
augmenté de 864, passant de 2217 à 3081, soit un accroissement de 39%. Il est
de 3655 en 2012.
Cette augmentation a profité au secteur salarié, ce qui traduit un changement
important puisque jusqu’en 2000, seulement 1/3 des étudiants reçus avaient
choisi ce mode d’exercice. Les orthoptistes salariés exclusifs ont vu leur nombre
croître de 62% sur la période, et en 2009, environ 50% des orthoptistes avaient
un exercice salarié exclusif ou non.
En six ans, le nombre d’élèves orthoptistes pris en première année a plus que
doublé. Le nombre d’écoles est passé de 12 à 15.
Les études d’orthoptie vont évoluer dans le cadre de la séquence Licence-
Master-Doctorat (Rapport Hénart, Berland, Cadet, sur les nouveaux métiers de
la santé qui est sorti en janvier 2011).
3-LES OPTICIENS
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d’après la DREES, au 1er janvier 2010 ils étaient 20700, soit quasiment le
double.
4-LES OPTOMETRISTES
Ils sont entrés dans le paysage de l'ophtalmologie Française après les accords
de Maastricht puisque que la formation en optométrie n'existait pas
antérieurement en France.
• La formation s’effectue après l'obtention du BTS Opticien-Lunetier (Bac
+2), passage obligé pour accéder aux formations en optométrie.
• Il y aurait 3000 optométristes en France; en fait, le cursus complet
proposé par la faculté des sciences comprend 5 DU. Il s’agit d’une
formation purement scientifique. La majorité des étudiants s'arrête à 2
DU en raison du manque de reconnaissance de la profession et donc de
l'absence de retour sur investissement de ces études payantes. Le
nombre d'opticiens ayant les 5 DU ne dépasserait pas 300.
SYNTHESE
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La part de l’optique se réduit: cette part reste cependant nécessaire sinon
indispensable dans l’activité des ophtalmologistes, car elle demeure le seul
moyen d’aborder la prévention et le dépistage.
La diminution de la démographie des ophtalmologistes et les délais qui peuvent
être imposés ne sont sûrement que rarement préjudiciables pour la prise en
charge des pathologies médicales ou chirurgicales lorsqu'elles ont été
diagnostiquées. Par contre, un véritable problème se pose quant au dépistage
des affections insidieuses. Ainsi, les difficultés à obtenir un rendez-vous
amènent de nombreux patients presbytes à s'équiper de systèmes grossissants
achetés dans des pharmacies ou des commerces de grande diffusion; ils ne
feront pas l'objet d'une consultation ophtalmologique et risquent ainsi de
laisser évoluer à bas bruit des affections au début asymptomatiques et dont le
diagnostic précoce est essentiel pour éviter une dégradation visuelle
irréversible.
Actuellement, seuls sont formés des internes qui suivent la maquette du DES :
21
Entre 2007-2008 et 2010-2011, les effectifs d’internes inscrits en 3ème année
de DES d’ophtalmologie ont diminué de 16%.
De 1999 à 2009, le Numérus Clausus à l’entrée des Etudes Médicales a été
multiplié par 2. De même, le nombre de postes d’internes à l’ examen classant
national (ECN) a progressé de 94 % de 2004 à 2011.
Dorénavant (article 43), existe une filiarisation par spécialité et par subdivision
d’Internat. Les besoins en postes formateurs doivent être évalués par période
de cinq ans depuis de 2010.
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Analyse des postes d’ophtalmologie à l’ECN en 2012
postes postes
postes postes postes ECN différence ECN
REGIONS ECN ECN ECN 2012 2012 ECN 2012 2012 objectif
(arrêté proposés
prévus juillet par AFO
2010 2011 2012 2012) réel/prévu l'AFO Ministère final
Alsace 3 4 5 4 -1 5 1 5,6
Aquitaine 5 5 5 5 0 8 3 11,0
Auvergne 4 4 5 5 0 4 -1 4,1
Basse-Normandie 1 1 1 3 2 3 0 4,0
Bourgogne 3 4 5 5 0 4 -1 4,4
Bretagne
(Brest+Rennes) 6 5 6 6 0 8 2 9,3
Centre 3 3 3 2 -1 5 3 7,2
Champagne-
Ardennes 2 2 2 4 2 3 -1 3,9
Franche-Comté 3 3 3 3 0 3 0 3,5
Haute-Normandie 3 3 2 3 1 4 1 4,8
Ile de France 20 20 20 20 0 35 15 43,9
Languedoc-
Roussillon 3 3 3 4 1 6 2 10,6
Limousin 1 2 1 1 0 2 1 2,3
Lorraine 3 5 5 5 0 6 1 6,5
Midi Pyrénées 3 3 3 4 1 6 2 10,5
Nord Pas de Calais 10 10 10 10 0 10 0 10,2
Pays de Loire
(Angers+Nantes) 6 6 6 4 -2 8 4 10,3
Picardie 2 2 2 3 1 4 1 5,5
Poitou Charentes 3 1 3 3 0 4 1 5,3
PACA + Corse
(Marseille+Nice) 5 7 7 8 1 14 6 20,1
Rhône Alpes
(Lyon+Grenoble+St
Etienne) 15 16 17 18 1 18 0 21,1
Antilles-Guyanne 2 2 3 3 0 4 1 6
TOTAL 106 111 117 123 6 164 41 210
23
La demande formulée est d’atteindre rapidement 160 postes à l’ECN, c’est-à
dire en 2 à 3 ans. La variation du nombre de poste devra se faire en fonction
des changements de la population du pays pour maintenir le chiffre de 8
praticiens pour 100000 habitants. Il apparaît surtout essentiel que la répartition
se fasse en faveur des régions dans lesquelles la démographie médicale et la
plus sinistrée.
Il existe des difficultés pour organiser la formation en particulier chirurgicale
des D.E.S. Elle n’est envisageable que par une augmentation du nombre de
terrains de stages, insuffisant dans les seuls centres hospitalo-universitaires.
Ceci peut se faire avant tout par une collaboration avec les hôpitaux généraux.
L’ouverture de stages mixtes libéral-hôpitaux ou cliniques est envisagée
positivement sous la réserve impérative, pour les professionnels, que leurs
agréments ainsi que ceux des formateurs, répondent à des critères
pédagogiques identiques à ceux qui prévalent en secteur hospitalier. Toutefois,
de nombreuses structures privées susceptibles d'accueillir des internes pour un
stage refusent cette éventualité.
Différents partenaires pour le travail aidé ont été envisagés, afin de mettre en
place une démarche de collaboration pour réorganiser la prise en charge des
patients.
24
assurer le suivi de certains patients médicaux. Néanmoins, la grande majorité
des médecins généralistes est déjà largement occupée par les besoins de leurs
malades et peu d'entre eux apparaissent tentés par une telle collaboration.
2- les orthoptistes
L’évolution législative et réglementaire de l’orthoptie s’est donc faite très
clairement en France depuis 2001 dans le sens d’une complémentarité entre
l’orthoptie et l’ophtalmologie afin de dégager du temps aux ophtalmologistes,
les orthoptistes pouvant intervenir soit dans le même temps que
l'ophtalmologiste, soit en aval sur prescription médicale.
25
rétinienne (sans l’injection), la biométrie oculaire et la pose de lentilles de
contact. La spécificité des examens concernés fait qu’en pratique, seul
l’ophtalmologiste peut prescrire ou demander ces examens. Certains peuvent
être réalisés en l’absence d’un médecin, d’autres nécessitent sa présence plus
ou moins proche pour qu’il puisse éventuellement intervenir en cas de besoin.
Dans le cadre de la loi HPST et de son article 51 sur les nouvelles coopérations
entre professionnels de santé, des délégations complémentaires sont à l’étude
pour les orthoptistes ; ont été retenues :
- la délégation de l’adaptation des lentilles auprès de l’orthoptiste lors de
la première demande, sous contrôle d'un ophtalmologiste.
- le transfert du suivi des glaucomateux, une visite sur deux
- le transfert du suivi des diabétiques deux fois sur trois; les clichés du
fond d'œil seraient pris, par des orthoptistes formées puis télétransmis, en
mode sécurisé et anonyme, à un centre de lecture où ils seraient interprétés
par un ophtalmologiste spécialisé adhérent.
- la délégation du contrôle visuel des enfants entre 6 et 16 ans, après
une consultation initiale par un ophtalmologiste.
26
Les études d’orthoptie vont évoluer dans le cadre de la séquence Licence-
Master-Doctorat (LMD). Le rapport de Laurent Hénart sur les nouveaux métiers
de la santé sorti en janvier 2011, demande la création de Licences
universitaires pour les professions paramédicales existantes en consolidant leur
formation actuelle. La plupart des formations actuelles s’effectuent bien en
trois ans, mais ne sont reconnues au niveau diplôme qu’à Bac+2 (niveau III)
alors qu’une licence correspond à un niveau II. Le passage à une licence
correspond donc à une promotion. Ce niveau licence doit permettre, d’après la
mission Hénart, l’exercice plein et entier de chaque profession paramédicale. Il
devrait suffire pour faire face à la grande majorité des besoins à venir en
réajustant la formation et les effectifs. Dans certains cas, des enseignements
complémentaires (en six mois ou un an) pourraient être requis pour certaines
missions particulières. Les nouveaux métiers de soins au niveau Master
devraient être peu nombreux et limités en effectifs.
La réingénierie du diplôme d’orthoptiste vient de démarrer au ministère de la
santé.
3- les opticiens
La délégation de tache vers les opticiens n'apparait pas à certains comme une
solution satisfaisante. Outre que ceux-ci se trouveraient dans la position de
"prescripteurs-vendeurs", il est vrai que la grande majorité des patients sur les
listes d’attente des ophtalmologistes n’y sont pas pour un motif réfractif mais
bien pour la prise en charge de pathologies oculaires, parfois graves pouvant
conduire à la malvoyance, voire à la cécité non curable.
Jusqu’en 2007, les opticiens ne pouvaient pas manier « des appareils servant à
déterminer la réfraction ». L’arrêté du 13 avril 2007 a supprimé de la liste des
actes ne pouvant être réalisés que par des médecins «le maniement des
appareils servant à déterminer la réfraction oculaire ».
Les opticiens-lunetiers peuvent adapter, dans le cadre d'un renouvellement, les
prescriptions médicales initiales de verres correcteurs datant de moins de trois
ans dans des conditions fixées par décret, à l'exclusion de celles établies pour
les personnes âgées de moins de seize ans et sauf opposition du médecin
précisées par une recommandation de l’HAS.
L'opticien-lunetier informe la personne appareillée que l'examen de la
réfraction pratiqué en vue de l'adaptation ne constitue pas un examen médical.
Il est tenu d’informer le médecin prescripteur lorsque la correction est
différente de celle inscrite dans l’ordonnance initiale.
Le décret n° 2007-551 du 13 avril 2007 a permis le remboursement des verres
correcteurs délivrés par un opticien-lunetier dans le cadre d'un renouvellement
en cas de prescriptions médicales initiales datant de moins de 3 ans.
27
La HAS vient d'élaborer des recommandations sur le thème de la délivrance de
verres correcteurs par les opticiens dans le cadre d’un renouvellement.
Les recommandations visent à répondre aux questions suivantes :
• -Dans quelles situations cliniques est-il recommandé qu’un
ophtalmologiste s’oppose à l’adaptation de la prescription
médicale initiale de lunettes par un opticien dans le cadre d’un
renouvellement ?
L'ophtalmologiste peut s'opposer ou limiter dans le temps, en le précisant sur
l'ordonnance, le renouvellement avec adaptation, dans les situations ou
circonstances associées qui nécessitent un suivi ophtalmologique rapproché.
Cette liste de situations ou circonstances associées n’est ni exhaustive, ni
impérative et elle ne remplace pas le jugement clinique de l'ophtalmologiste.
Celui-ci décide au cas par cas s’il y a lieu de limiter le renouvellement avec
adaptation en l’expliquant à la personne.
Il est recommandé que le médecin prenne en compte le degré de
compréhension de la personne et son implication dans sa prise en charge
ophtalmologique.
Il est recommandé d’inscrire l’acuité visuelle corrigée dans le dossier optique
partagé quand celui-ci sera mis en place.
Les situations ou circonstances associées pour lesquelles il est recommandé
que le médecin prescripteur limite le renouvellement avec adaptation sont :
les troubles de réfraction suivants :
- myopie supérieure ou égale à - 6 dioptries et/ou longueur axiale
supérieure ou égale à 26 mm,
- changement d'axe supérieur ou égal à 20° chez un patient ayant un
astigmatisme supérieur à 0,75 dioptrie, pour toute amétropie,
- modification d’1 dioptrie ou plus en 1 an,
les troubles de réfraction associés à une pathologie ophtalmologique :
- glaucome,
- hypertension intraoculaire isolée,
- pathologies rétiniennes (dont DMLA, rétinopathie diabétique...),
- cataracte et autres anomalies cristalliniennes,
- tumeurs oculaires et palpébrales,
- antécédents de chirurgie réfractive,
- antécédents de traumatisme de l’œil sévère et datant de moins de 3
ans,
- anomalies cornéennes (notamment greffe de cornée, kératocône,
kératopathies, dystrophie cornéenne...),
- amblyopie bilatérale,
- diplopie récente et/ou évolutive.
28
les troubles de réfraction associés à une pathologie générale :
- diabète,
- maladies auto-immunes (notamment Basedow, Sclérose en plaques,
Polyarthrite rhumatoïde, Lupus, Spondylarthrite ankylosante),
- hypertension artérielle mal contrôlée,
- SIDA,
- affections neurologiques à composante oculaire,
- cancers primitifs de l’œil ou autres cancers pouvant être associés à
une localisation oculaire secondaire ou à un syndrome
paranéoplasique.
les troubles de réfraction associés à la prise de médicaments au long
cours, notamment :
- corticoïdes,
- antipaludéens de synthèse,
- tout autre médicament qui, pris au long cours, peut entraîner des
complications oculaires.
29
Le compte-rendu doit préciser :
- le nom de l'opticien ;
- la date et la correction mentionnées sur l’ordonnance initiale ;
- la date de l'examen par l’opticien ;
- les résultats de la réfraction et de l’acuité visuelle obtenus;
- toute autre information utile dans le respect du secret professionnel.
Il est recommandé qu’une copie du compte rendu soit archivée par l’opticien et
incluse dans le dossier optique partagé quand celui-ci sera mis en place. Il serait
souhaitable que ceci soit obligatoire.
4- les optométristes
30
Actuellement, l’optométrie est pratiquée illégalement en France dans
le cadre de la profession d’opticien-lunetier pour ce qui est de
l'adaptation en lentilles de contact (qui est un acte médical et du
domaine exclusif des médecins compétents en ophtalmologie et
l'entraînement visio-moteur (qui est du domaine de compétence
exclusif des orthoptistes). Seul l'examen de vue des sujets âgés de
plus de 16 ans est autorisé aux opticiens lunetiers.
31
Il est important de souligner que la formation purement scientifique
et nullement médicale des optométristes, qui n’effectuent durant leur
cursus de formation aucun stage hospitalier, ne possèdent aucune
compétence pour un dépistage de pathologies oculaires.
Un projet, prévu pour se mettre en place dans l’année 2013 prévoit que,
dès l'été 2013, l'accent sera mis sur « les transferts de compétences
entre ophtalmologistes et orthoptistes voire opticiens ». L'application
de la mesure se fera en deux temps :
- 1er semestre 2013 : élaboration des protocoles, des modèles
économiques, concertation,
32
- 2ème semestre 2013 : plan de déploiement par les ARS sur les
territoires les plus concernés par les délais d'attente.
33
Faire du renforcement de cette filière de soins un projet prioritaire en
sachant que les solutions existent qui peuvent permettre d'arrêter le
processus et d'autoriser notamment la prise en charge de pathologies
dont le nombre augmente du fait du vieillissement de la population.
Augmenter rapidement le nombre des ophtalmologistes pour atteindre
une cible de 9 pour 100 000 habitants et ceci dans l'ensemble du
territoire. Ceci représenterait environ 5800 praticiens pour la population
actuelle.
Pour cela faire de l'ophtalmologie une filière prioritaire à l'Examen
Classant National en visant un chiffre de 210 D.E.S. par an dans les 5ans à
venir, la répartition devant se faire en priorité dans les régions où la
pénurie est la plus marquée.
Adapter la maquette d’études des D.E.S. de façon à leur permettre
d'obtenir une formation notamment chirurgicale pendant leur internat
par une ouverture de postes dans les Centres Hospitaliers Généraux ou
par la généralisation d'un poste d'assistant partagé.
Proposer de façon rapide des mesures incitatives fortes pour favoriser
l'installation dans les zones à faible densité médicale.
Poursuivre et développer le travail aidé à destination des orthoptistes en
visant une cible de 80 % d'ophtalmologistes exerçant selon cette
modalité. Ceci implique d’apporter une aide aux écoles d’orthoptie afin
de leur permettre la formation d'un nombre suffisant d’élèves.
Accroître la collaboration entre les différents secteurs hospitaliers ainsi
qu'avec le secteur libéral pour la prise en charge des urgences et
l'organisation des stages de formation pour les D.E.S. et les élèves
orthoptistes
34
Documentation
35