GE354 Géologie Des Bassins

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Université Cheikh Anta Diop de Dakar

Faculté des Sciences et Techniques


Département de Géologie

LES BASSINS SEDIMENTAIRES DU SENEGAL

Professeur Raphaël SARR

Janvier 2017
Géologie des bassins sédimentaires du Sénégal – Professeur Raphaël SARR – FST/UCAD

Chapitre 1 - Le bassin de Madina Kouta


1. CADRE GÉOGRAPHIQUE ET GÉOLOGIQUE
Le bassin de Madina Kouta s’étend sur 30 000 km2 au NE de la Guinée Conakry et sur une
mince bande au SE du Sénégal. Il est limité au Nord par la boutonnière de Kédougou, au Sud
par la Dorsale de Léo, à l’Ouest par les Bassarides et les Rockellides et se raccorde au bassin
de Taoudéni à l’Est (figure 1). Au Sénégal le bassin s’étend sur environ 115 km de long et 10
km maximum de large entre Pélel Kindessa à l’Ouest et Guémédji à l’Est à la frontière
sénégalo-guinéo-malienne. Au plan géomorphologique la couverture sédimentaire forme un
escarpement haut de 150 m à 300 m au-dessus de la pénéplaine du Birimien et constitue les
contreforts du massif du Fouta Djalon.
C’est un bassin intracratonique post-birimien formé à la suite de distensions que les auteurs
situent entre le Calymnien et le Sténien, les phases principales intervenant à l’Ectasien. La
distension aboutit à la structuration du substratum en horsts et grabens et s’accompagne de
venues magmatiques, notamment la mise en place de dykes contrôlant la direction des failles.
La phase d’initialisation se termine vers 1115 Ma et la sédimentation débute vers 1100 Ma.
Les dépôts du bassin de Madina Kouta sont formés d’alternances gréso-silteuses parfois
carbonatées. Ils sont datés entre le Mésoprotérozoïque supérieur et le Néoprotérozoïque et
comprennent les groupes de Ségou et Madina Kouta. A Pélel Kindessa, le Groupe de Ségou
est surmonté en discordance par les groupes de Walidiala et de Mali qui appartiennent au
Supergroupe des Mauritanides. De sills et dykes de dolérite d’âge Paléozoïque à Jurassique
recoupent l’ensemble des dépôts.

2. LE SUPER-GROUPE DE MADINA KOUTA


La stratigraphie (figure 2) est établie selon la Notice explicative de la carte géologique du
Sénégal oriental de 2010. Les terrains ont une de pendage 7 à 8° vers le Sud. Les groupes de
Ségou et de Madina Kouta forment le Supergroupe de Ségou-Madina Kouta.

2.1. Le Groupe de Ségou

Il constitue l’essentiel de la couverture sédimentaire (250-300 m) et forme la falaise bordant


la frontière sénégalo-guinéenne. Il comprend les formations de Kafori, Pélel et Dindéfello.
2.1.1. La Formation de Kafori
Elle comprend des dépôts gréso-conglomératiques d’épaisseur variable (45 m maximum). La
matrice est gréso-silto-calcaire et les éléments sont plus ou moins hétérogènes (graviers,
galets et blocs). A Pélel Kindessa elle correspond au conglomérat de base constitué de blocs
et galets de granite dominants, de quartzites et de micaschistes à matrice gréso-silto-calcaire.
Le sommet correspond au passage graduel à des sédiments plus fins, gréso-silteux, puis
pélitiques et carbonatés. L’hétérogénéité du conglomérat, la rareté des sources et des
structures sédimentaires préservées (imbrication et litage oblique plan) suggèrent un dépôt
fluviatile. Les directions de paléo courants mesurées suggèrent des apports sédimentaires
venant du Nord et du Nord-Est. La présence d’un bloc de rhyolite remanié datant de 1764 Ma
± 15 Ma suggère que la formation date du Tonien (Mésoprotérozoïque supérieur).

2.1.2. La Formation de Pélel


Elle débute avec les derniers bancs gréso-conglomératiques de la Formation de Kafori, le toit
correspondant aux premières barres gréseuses de la Formation de Dindéfello. La base est

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dominée par des grès et des pélites calcaires (150 à 200 m) souvent oolithiques. Au sommet
(100 à 120 m) on trouve des siltites calcaires rouges à flute-casts à Pélel. Les structures
sédimentaires comprennent des lamines planes, des rides de tempêtes, des gouttières
d’érosion, des rides de vagues et de courant, des fentes de dessiccation. Le milieu de dépôt
évolue entre le domaine littoral et une plateforme moyenne. La formation a été datée par
Bassot et al. (1963) à 1022 ± 20 Ma, soit un âge Sténien sommital.

Figure 1 - Situation du bassin de Madina Kouta.

2.1.3. La Formation de Dindéfello


Elle est essentiellement gréseuse et constitue la falaise qui borde au Sud la pénéplaine
birimienne. Elle débute avec les bancs gréseux à rares et minces lits argilo-silteux. Le
sommet correspond au contact entre grès durs et argiles calcaires plus friables. L’épaisseur
est d’environ 80 à 100 m. Les structures sédimentaires sont variées : litage flaser et ondulé,
galets mous et copeaux de boues argilo-silteux remaniés, litage oblique (plan, arqué ou
sigmoïdal), ripple-marks nombreux (rides de vague, de courant, de clapot et d’interférence),
fentes de dessiccation et surfaces érosives internes abondantes.
Dans l’ensemble la succession des dépôts entre les formations de Kafori à Dindéfello
caractérise une séquence d’abord transgressive puis régressive. La séquence transgressive
correspond au passage des dépôts fluviatiles de la Formation de Kafori aux dépôts de

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plateforme interne à moyenne de la Formation de Pélel. La séquence régressive correspond


au passage de la Formation de Pélél aux dépôts fluvio-tidaux de la Formation de Dindéfello.

2.2. Le Groupe de Madina Kouta

Il est concordant sur le Groupe de Ségou et affleure sur le plateau de Fongolembi et au Sud
de Ségou. Il comprend les formations de Fongolembi, Kanta et Dira.

2.2.1. La Formation de Fongolembi


Elle est dominée par des argiles silteuses et des calcaires (100-150 m).
- L’ensemble inférieur (60-65 m) comprend une alternance de calcaires à rides de tempête et
d’argilites silteuses rouges-violacées parfois calcaires avec des figures sédimentaires
dominées par des rides de courant et de vague et des fentes de dessiccation. Les récurrences
gréseuses sont associées à des stromatolithes disposées en colonnes en position de vie. Le
sommet est constitué de calcaires silteux ou des siltites calcaire avec des structures
sédimentaires variées : rides de tempête, rides de vague et de courant, lamines planes et
figures de charge.
- Dans l’ensemble supérieur (50-60 m) les calcaires sont progressivement remplacés par une
alternance d’argiles silto-gréseuses souvent cornéifiées, de siltites gréseuses ou de grès fins
silteux. Les structures sédimentaires comprennent des lamines planes, courbes ondulantes en
rides de tempête, figures de charge, lamines planes peu pentées, rides de vague, structures
érosives à géométrie de gouttières ou d’auges, flaser-bedding, galets mous fréquents.
La base de la Formation de Fongolembi marque une nouvelle transgression. A la base le
milieu de dépôt est intertidal à supratidal peu profond avec des émersions fréquentes. Ensuite
il passe progressivement au domaine infralittoral. Au sommet l’enrichissement en éléments
détritiques et la richesse des structures sédimentaires suggère le début de la progradation d’un
vaste système fluviatile conduisant au grès de la Formation de Kanta.

2.2.2. La Formation de Kanta


Elle affleure au Sud de Fongolembi. Il débute avec les premiers bancs gréseux marquant une
légère rupture de pente. Le toit fixé par la topographie correspond à la base des argilites
cornéifiées de la Formation de Dira épaisses de 80 à 100 m au Sénégal.
Elle comprend des grès fins à moyens, silteux et jaunâtres. Les passages silto-argileux sont
très rares avec des passages de gravillons de quartz. Les litages sont plans et obliques, peu
inclinés et rarement arqués à sigmoïdal. Les figures sédimentaires comprennent des rides de
courant, de vague, de clapot et d’interférence, des fentes de dessiccation.
Ces faciès caractérisent le domaine littoral de haute énergie avec une faible tranche d’eau.
Cette sédimentation marque une nouvelle progradation qui débute au toit de la Formation de
Fongolembi et se poursuit dans la Formation de Kanta.
2.2.3. La Formation de Dira
Elle affleure mal au Sénégal, surtout en Guinée Conakry (280 m). Le sédiment originel
correspond à des argilites et siltites formant souvent des cornéennes à placages d’épidote.
- Ensemble inférieur (>50 m) : alternance de siltites violacées et de grès parfois calcaires ;
- Ensemble moyen (60 m) : grès grossiers plus ou moins argileux à intercalations silteuses
présentant des rides de courant et des fentes de dessiccation ;
- Ensemble supérieur : alternance de grès fins argileux et de siltites violettes.
Le milieu de dépôt est littoral peu profond avec des émersions fréquentes. Le Groupe de
Madina Kouta mal daté faute de données radiochronologiques. Les palynomorphes coloniaux
du genre Sphaerophycus présents dans la Formation de Fongolembi indiquent un âge

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Néoprotérozoïque sensu lato. Sa position entre le groupe Ségou et le Supergroupe des


Mauritanides permet de le rapporter au Cryogénien sensu lato.

Figure 2 - Le Supergroupe de Ségou-Madina Kouta : log sédimentologique, évolution des


environnements de dépôts et de la dynamique sédimentaire, stratigraphie séquentielle et
découpage lithostratigraphique.
2. LE SUPER-GROUPE DES MAURITANIDES

2.1. Le Groupe de Walidiala

Initialement rattaché à la base du Groupe de Mali (Formation de Hassanah Diallo), on le


rattache maintenant au Supergroupe des Mauritanides (figure 3). Les dépôts ne sont pas
plissés dans le bassin de Madina Kouta. Le Groupe de Walidiala est corrélé au Groupe de

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Jbeilat en Mauritanie et au Groupe de Koniakari au Mali. Les affleurements sont connus à


Pélel et en Guinée où le groupe est discordant sur les formations de Pélel et de Dindéfello.
Le groupe comprend 3 formations :

2.1.1. La Formation de Walidiala 1


Elle affleure à Népen Peul et comprend une alternance d’argiles silteuses et de grès fins.
2.1.2. La Formation de Walidiala 2 (ex membres de Pélel et de Diagoma)
Elle affleure à Pélel (10 m) et à Landiéné Peul à l’Ouest de Bandafassi avec 2 membres :
(i) Le Membre de Pélel correspond à un conglomérat matrice-support à clast-support. La
matrice est silto-argilo-calcaire avec des grains de quartz subanguleux. Les éléments sont
anguleux à subarrondis, hétérométriques et polygéniques (granite, gneiss, gabbros,
micaschistes, schistes, quartzites, cherts...). Localement on trouve des grès verts massifs à
grains très fins chloriteux et quartzo-feldspathiques dominants. Ils présentent des rides de
courant et des surfaces courbes suggérant des auges.
(ii) Le Membre de Diagoma comprend une alternance d’argilites plus ou moins silteuses
renfermant des galets lâchés parfois striés et des siltites gréseuses fines à rides de tempête.
2.1.3. La Formation de Walidiala 3 (ex Membre de Tanagué de la Formation de Nandoumari)
Elle affleure dans la vallée de Walidiala et plus au Nord à l’Ouest de Bandafassi où elle
forme à Landiéné Peul une falaise de grès conglomératique. A Pélél la formation correspond
à des grès massif (7 m) souvent grossiers, parfois conglomératiques avec une matrice
quartzo-feldspathique.
Les dépôts du Groupe de Walidiala sont interprétés comme une tillite.
-Walidiala 1 (conglomérats et siltites) correspond à la glaciation du Marinoéen du début de
l’Ediacarien.
-Walidiala 2 correspond à l’évolution des dépôts fluvioglaciaires (diamictites) vers des dépôts
marins de plateforme soumis à des tempêtes (siltites et grès fins à rides de tempête). La
sédimentation est partiellement alimentée par le relargage de blocs provenant de glaces
flottantes (argilites, siltites à galets lâchés).
-Walidiala 3 correspond à des dépôts fluviatiles dont le matériel vient du substratum birimien.
Elle est corrélée à la régression majeure reconnue mondialement et interprétée comme la
réponse au bond isostatique faisant suite à la fonte des glaces.

2.2. Le Groupe de Mali


Il regroupe des formations volcano-sédimentaires surmontant le Groupe de Walidiala (figure
3). C’est équivalent du Groupe de Téniagouri en Mauritanie et du Groupe de Nioro au Mali.
2.1.3. La Formation de Mali 1 (ex Membre de Bowal)
Elle est constituée de calcaire dolomitique et de dolomie, parfois phosphaté ou de schistes
graphiteux. A Pélel elle comprend des dolomies calcaires et des dolomies décrites dans la
littérature mondiale sous le terme de « cap carbonate/dolostone ». La dolomie est souvent
microcristalline, plus ou moins laminée et repose sur les grès de Walidiala 3. Les dolomies
montrent une géométrie variable : bancs sub-tabulaires à fines lamines planes ou bancs
démantelés, ondulés et chaotiques. Cette géométrie évoque des structures de déformation
synsédimentaires induites par une dynamique de tempête. Des variations de textures
(dolosparite ou dolomicrite) et d’apports détritiques importants s’observent également.

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2.2.2. La Formation de Mali 2 (ex Membre de Fougon)


Elle est bien connue à Pélel et en Guinée. La Formation de Mali 2 est corrélée en Mauritanie
avec les formations de Bouly (Groupe de Téniagouri, équivalent latéral de l’unité de base
CO2) et de Bthaat Ergil. Elle comprend des siltites argileuses en lamines (pélites) intercalés
de bancs de silexites à joints pélitiques qui surmontent la dolomie calcaire à barytine de la
« triade de Bassot » (1966). Les silexites montrent un faciès de jaspe finement lité à rubané
où alternent des bandes beige, jaune, rouge, brun, noir ou vert épaisses de un à trois mètres.

Figure 3 - Stratigraphie des groupes de Walidiala et de Mali.


2.2.3. La Formation de Mali 3
Elle est connue au Sénégal au sommet du massif de Bandafassi Peul, l’épaisseur dépassant
400 m en Guinée. Au Sénégal la formation est corrélée avec le Groupe de la Falémé. En
Mauritanie elle correspond à la Formation d’Ould-Yenye (Groupe de Téniagouri) et au Mali
à la Formation Ni3 du Groupe de Nioro.

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C’est une alternance d’argilites silteuses et feuilletées et de siltites à bancs de grès fins
massifs et rares lamines de silexites. Les figures et structures sédimentaires suggèrent un
dépôt de plateforme externe à faciès proches des turbidites. Les silexites sont datés la
formation de 615 ± 3 Ma par la méthode U-Pb (= Ediacarien).

3. LE PHANEROZOIQUE

Dans le bassin de Madina Kouta on trouve des intrusions de dolérite sous forme de sills, plus
rarement de dykes mis en place au Phanérozoïque. Ils se rencontrent entre Guémédji et Pélel
en passant par plateau de Fongolembi. Les sills se mettent en place préférentiellement entre
les contacts grès/argiles ou pélites. Les datations récentes au K/Ar donnent les âges suivants :
 Contact du substratum birimien avec la base du Groupe de Ségou : 356 ± 6 Ma ;
 Près du contact entre la Formation de Kafori et la Formation de Pélel : 375 ± 5 Ma ;
 Vers le sommet de la Formation de Pélel : 310 ± 4 Ma ;
 Contact entre la Formation de Dindéfello et la Formation de Fongolembi : 300 ± 4 Ma ;
 Vers le sommet de la Formation de Fongolembi : 279 Ma ± 4 Ma ;
 Vers la base de la Formation de Dira : 170 ± 3 Ma.
Ainsi la plupart des sills et dykes se sont mis en place au Paléozoïque supérieur (375-279 Ma)
entre le Dévonien supérieur (fin du Frasnien) et à la base du Permien (Artinskien). Le sill de
la Formation de Dira est daté du Jurassique moyen (Bajocien).

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Chapitre 2 - Le Paléozoïque au Sénégal


Les sédiments rapportés au Paléozoïque sont recoupés par les forages de Diana Malari 1
(DM-1), Kolda (Ko-1) et Diourbel-1. Ils correspondent en Casamance au prolongement nord
du bassin de Bové aui affleure en Guinée et en Guinée Bissau.

1. LE CAMBRO-ORDOVICIEN

Il affleure en Guinée Bissau (1250 m) avec les argiles schisteuses de Pirada, les argiles
schisteuses de Cantari et les grès de Caium qui appartiennent au Groupe de Pita.
Au Sénégal oriental ce groupe affleure dans le Parc National du Niokolo-Koba où il est
discordant sur le Groupe de Youkounkoun. Il y comprend des grès quartzitiques à litages
plans et obliques renfermant des niveaux conglomératiques au sommet. Ces grès
correspondent à des dépôts de plaine alluviale. L’âge cambro-ordovicien (445-443 Ma) est
déduit de sa position stratigraphique entre le Groupe de Youkounkoun et celui de Moussa Ya
Toumba daté du Silurien supérieur. Cette unité non métamorphisée présente des plis ouverts à
grands rayon de courbure, des chevauchements à faible pente le long des zones de
cisaillement et des failles inverses.
En Haute Casamance le forage de Diana Malari-1 a recoupé la Formation de Kindia sous
forme de grès quartzites fins très durs à rares argiles silteuses micacées vert-clair et des grès
fins gris-clair épais de 581 m (792-1373 m). Le Cambrien n’a pas été atteint.

2. LE SILURIEN

Il affleure en Guinée et Guinée Bissau où il correspond au Groupe de Télimélé (150-385 m).


Au Sénégal oriental le Silurien affleure mal dans le Groupe de Moussa Ya Toumba qui
surmonte les unités du domaine parautochtone des Mauritanides. Il comprend à la base des
bancs de grès et de quartzites à patine brune séparés par de minces lits riches en
Brachiopodes et Tentaculites datés du Silurien supérieur (Pridolien).
En Haute Casamance les forages de Diana Malari (DM-1) et de Kolda 1 (Ko-1) ont été
implantés près de la limite d’érosion du Silurien. Le forage DM-1 a recoupé 41 m (751-792
m) d’argiles schisteuses noires renfermant des spores du Silurien inférieur et des grès
quartzites gris foncé à noir. La présence au toit des grès quartzites d’un niveau rubéfié met en
évidence une lacune sédimentaire. L’ensemble est corrélé à la Formation argileuse inférieure
du Groupe de Télimélé. Le forage de Ko-1 a recoupé 157 m (441-598 m) d’argiles noires à
graptolites du Silurien supérieur et de palynomorphes du Silurien corrélées à la Formation
argileuse supérieure du Groupe de Télimélé.

3. LE DEVONIEN INFERIEUR

En Guinée Bissau le Dévonien comprend s’est déposée en milieu littoral et daté par les
Brachiopodes. Il comprend deux formations :
(1) Les grès de Cusselinta (150 m) datent du Dévonien inférieur (Gédinien) ;
(2) Les argiles schisteuses de Bafata (400 m) datent du Dévonien moyen à supérieur.
En Casamance le sondage de Diana Malari a recoupé le Dévonien sur 47 m (751-704 m) sous
forme de grès durs, feldspathiques, blancs, roses, bruns et mauves datés par les spores. Le
contact avec le Silurien paraît concordant, ce qui permet de le corréler à la Formation de
Bafata inférieur. Le forage de Kolda a recoupé 7 m (441-434 m) de grès quartzites roses du
Silurien supérieur au Dévonien indifférencié.

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4. LE DEVONIEN SUPERIEUR ET LE CARBONIFERE INFERIEUR

L’intervalle Dévonien supérieur-Carbonifère correspond à un hiatus sédimentaire dans les


sondages casamançais ayant recoupé le Paléozoïque. En Amérique du Nord le Carbonifère
n’est pas également connu dans le bassin homologue de Suwannee en Floride. C’est une
période d’érosion et de sédimentation continentale dans de petits bassins.

4.1. La sédimentation
Au Sénégal seul le sondage de Diourbel a recoupé le Carbonifère inférieur entre 4103-3750
m et le Carbonifère supérieur 3750-3700 m. Il comprend des silts bruns-rouges intercalés de
grès fins argileux brun-rouge ou gris-vert avec quelques passées de grès moyen à grossiers
quartziteux et calcédonieux à 3885 m et entre 4010 et 4050 m. A 3892 m on trouve un
microconglomérat à éléments très altérés et galets schisteux. Ces sédiments appartiennent au
bassin supérieur de Diourbel qui s’étendrait plus largement dans la région de Thiès, le Baol et
le Sine-Saloum.
Le niveau 3804 m a livré des empreintes de fougères Pecopteris cyathes, des rachis de
Phyllophorale et des pinnules de Rhacopteris inequilateralis, associées à des empreintes
proches des genres Cardiopteris, Sphenopteris et Adiantes (ou Aneinutes). Cette flore est bien
connue au Sahara au Carbonifère inférieur (Viséen supérieur).
Il existe une lacune du Carbonifère supérieur dans le sondage qu’on peut interpréter comme
un non dépôt ou comme une discordance majeure non visible.

4.2. L’orogenèse hercynienne


Au Carbonifère (330-270 Ma) le rapprochement de la Laurussia (Amérique du Nord et
Europe) avec le Gondwana provoqua la subduction des parties occidentales de l’Océan
Rhéique qui les séparait. La collision des deux continents donna naissance aux Appalaches
(Amérique du Nord) et aux Mauritanides (Afrique de l’Ouest) (figure 4). Les nappes externes
des Mauritanides chevauchent le Dévonien du bassin de Taoudéni au Nord alors qu’en
Guinée les dépôts du Cambro-Ordovicien et du Dévonien du bassin de Bové surplombent les
Bassarides et les Rockellides. Les dépôts du Carbonifère furent érodés et ne sont conservés
que là où le Paléozoïque était plus épais, comme à Diourbel.

5. LE PERMIEN

A l’Ouest de Diourbel on trouve une succession de réflecteurs sismiques en forme de piles


d’assiettes renversées en biseau sous la discordance de la base du Mésozoïque. Dans le
sondage de Diourbel (3700-3300 m) les siltites argileuses du niveau 3700 m ont livré des
palynomorphes datées du Permien inférieur. Elles sont surmontées par des grès jusqu’à 3300
m de profondeur. Le niveau 3300 m correspond à la discordance de base du Mésozoïque.

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Figure 4 – La formation des Appalaches et des Mauritanides au Carbonifère.

6. L’évolution fini-paléozoïque
6.1. Au Carbonifère
Durant le Tournaisien ou au début du Viséen (359-330 Ma) le premier évènement varisque en
rapport avec la collusion entre l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Nord aboutit à la
formations des chaînes plissées des Appalaches (du craton nord-américain au bloc sénégalais)
et des Mauritanides (entre le bloc sénégalais et le bassin de Taoudéni). A la fin du Viséen et
pendant le Carbonifère supérieur (330-300 Ma) on trouve plusieurs bassins sédimentaires
dans la région centrale du bloc sénégalais. Ces bassins ont été légèrement déformés par un
évènement tectonique varisque tardif qui n’a pas affecté le bassin de Bové.

6.2. Au Permien
Au début du Permien (300-270 Ma) des bassins sédimentaires peu profonds comme celui de
Diourbel supérieur (U2b) recouvraient une vaste zone entre les Appalaches et le bloc
sénégalais. Au Permien moyen (vers 270 Ma) les zones mobiles des Appalaches et des
Mauritanides ont été reprises l’épisode tectonique « Alléghanien » qui est inconnu dans le
bassin supérieur de Diourbel (Unité 2b).

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Chapitre 3 - Présentation du bassin sénégalo-mauritanien


L’histoire géologique du bassin du Sénégal est complexe et se divise en phases pré-rift
(Protérozoïque supérieur-Paléozoïque), synrift (Permien-Trias) et post-rift (Jurassique-
Actuel), cette dernière correspondant à la période d’océanisation de l’Atlantique.

1. PRESENTATION DU BASSIN

C’est le plus vaste (340 000 km2) bassin de marge passive de la côte atlantique africaine. Il s’étend sur
près de 1 400 km entre le Cap Barbas (Mauritanie) et le Cap Roxo (Guinée Bissau), à travers le
Sénégal et la Gambie. Sa largeur maximale est de 550 km à la latitude de Dakar et il couvre 3/4 de la
superficie du Sénégal (figure 5).

Figure 5 – Le bassins méso-cénozoïque sénégalo-mauritano-guinéen.

Ce bassin résulte de la séparation au Jurassique de l’Afrique et de l’Amérique du Nord. Sa marge


conjuguée du côté est-américain correspond au « Blake Plateau » et à la fosse des Carolines (figure 6).

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Figure 6 - Le bassin sénégalo-mauritanien et sa marge conjuguée nord-américaine.

Le bassin a une structure d’ensemble simple. Les terrains de remplissage mésozoïques et cénozoïques
forment un vaste monoclinal à faible pendage ouest (figure 7). Ils reposent en discordance sur le
substratum constitué au Nord par la Dorsale Réguibat (Mauritanie), à l’Est par les Mauritanides, au
Sud par le bassin paléozoïque de Bové (Guinée Bissau). Il est largement ouvert sur l’Océan
Atlantique à l’Ouest. Les données des forages pétroliers et de la géophysique montrent l’accentuation
du pendage du substratum à partir de Kolobane vers l’Ouest, mettant en évidence deux domaines
structuraux séparés par une zone de flexure (figures 7-8).
(i) Le domaine oriental à l’Est du méridien 15° 30’ W a un remplissage sédimentaire d’âge crétacé
supérieur et cénozoïque. Les sédiments peu épais (<1000 m) surmontent un socle peu incliné,
métamorphique et granitique.
(ii) La zone de flexure entre 15° 30’ W et 16° 30°’ W se caractérise par le plongement progressif du
socle vers l’Ouest. Elle est affectée par divers accidents de même direction. L’épaisseur de la
couverture sédimentaire s’accroît vers l’Ouest pour dépasser 4 200 m à Diourbel. Elle comprend des
terrains de plus en plus anciens vers l’Ouest : Cénozoïque, Crétacé supérieur puis inférieur et enfin
Jurassique supérieur à l’extrémité occidentale.
(iii) Le domaine occidental s’étend à l’Ouest du méridien 16° 30’ W jusqu’à la pente du talus
continental, le socle n’étant pas atteint. Il est recouvert par une pile sédimentaire méso-cénozoïque
d’épaisseur estimée à 8000 m à Dakar et de 10 000-12 000 m en Basse Casamance. Les terrains les
plus anciens connus en forages au Sud du Cap-Vert datent du Jurassique moyen (Bathonien-
Callovien). Il est découpé par des failles méridiennes N 20° E parallèles à la direction du littoral
Dakar-Saint-Louis. Les failles délimitent des blocs remontés ou affaissés qui sont interprétés comme
des horsts (Dakar et Diass) et des grabens (Rufisque). Ces failles sont souvent associées à du
volcanisme survenu entre l’Eocène supérieur et le Quaternaire. Des diapirs de sels du Trias-Lias
percent la couverture sédimentaire du plateau continental casamanço-guinéen et celle du talus
continental mauritanien.

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Figure 7 - Coupe schématique Est-Ouest à travers le bassin sénégalais.

2. LE SUBSTRATUM DU BASSIN

Le socle comprend des roches métamorphiques, plutoniques et volcaniques d’épaisseur


inconnue. Le substratum correspond à la série située sous la discordance de base du
Mésozoïque.

2.1. En Casamance
Le socle subaffleure à Soutouré dans le Département de Vélingara. Il correspond à des
rhyolites épi-métamorphiques (+17 m d’altitude) rencontrées à partir de 114 m de
profondeur. A Vélingara le socle est recoupé à plus de 200 m de profondeur et correspond à
une zone d’effondrement. Le forage Dabo-1 bis a recoupé à 230 m de schistes sériciteux vert
clair à veinules de calcite et de pyrite qui dateraient du Cambrien ou du Protérozoïque.

2.2. A l’Est du bassin


Le socle est formé de séries plissées et chevauchantes à l’Est qui affleurent au Sénégal
oriental dans les Mauritanides. Le forage de Tambacounda 2 (Ta-2), le plus oriental, a
recoupé un socle non métamorphisé à partir de 596 m, de sa lithologie n’est pas précisée.
Dans le Ferlo des schistes métamorphiques du Paléozoïque ou du Précambrien ont été
recoupés en forage à Ndiodori F1 (NiF-1) (910-898 m) et Linguère 2 (LiF-2) (945-830 m).
Des granites blancs non datés ont été recoupés à Korkol F1 (KrF-1) (628-613 m) et à
Dioumanan F1 (DiF-1) (624-615 m).

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Figure 8 - Les domaines structuraux du bassin sénégalo-mauritanien.

2.3. Dans le Sine-Saloum et le Baol


2.3.1. Le forage de Kolobane 1 (Kb-1)
Il a recoupé entre 2481 et 2560,8 m des cornéennes à biotite, apatite et tourmaline. Elles sont
datées du Birimien mais ont été rajeunies au Trias moyen (234 ± 8 Ma).
2.3.2. Le forage de Diourbel 1 (Dl-1)
Il a recoupé entre 4103 m et 4152,80 m des « diorites » bruns roses, autrefois attribuées au
socle. Des travaux ultérieurs montrent qu’il s’agit de brèches polygéniques et de pélites
sableuses à éléments de quartzite et de roches d’épanchement. Les marqueurs sismiques sous
la cote d’arrêt du sondage correspondent à des sédiments non recoupés en forage. Entre 3892
m et 4103 m Dl-1 recoupe des conglomérats et des microconglomérats. Ces niveaux seraient
largement représentés au Baol et au Sine-Saloum et appartiendraient à un bassin inférieur de
Diourbel d’âge Paléozoïque ou au Protérozoïque supérieur.

2.3.3. Le forage de Ndofane 1

Il a recoupé entre 3458 et 3547,50 m des basaltes sub-alcalins du Trias-Lias mis en place
pendant la phase synrift du Permo-Trias et sont recouverts de sédiments du Crétacé inférieur.

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Chapitre 4 - Le Mésozoïque
1. LE TRIAS ET LE LIAS

1.1. La phase rift et le magmatisme associé

La distribution des évaporites du Trias-Lias conduit à supposer l’existence de 2 fossés


subméridiens séparés par la ride du Cap-Vert qui jouait le rôle de seuil. La zone haute se
situait entre les embouchures des fleuves Sénégal et Gambie. Les fossés primitifs seraient
limités au Nord et au Sud par des accidents majeurs jouant en failles transformantes et
correspondent aux failles de Kane, du Cap-Vert, de Gambie et de Vema-Guinée.
La première phase de rifting initiant l’ouverture de l’Atlantique s’est déroulée entre la fin du
Permien et le début du Trias. La fracturation de la croûte terrestre a créé des failles normales
sensiblement parallèles à l’axe d’ouverture de l’Océan Atlantique. Les jeux de failles
normales, obliques et transverses ont donné lieu à des horsts et de grabens. L’orientation
Nord-Sud des grabens synrift est la même que celle des dômes de sel au large de la
Casamance-Guinée Bissau et de la Mauritanie. Les phases distensives intracontinentales ont
structuré les marges continentales africaine et nord-américaine et installé des bassins
évaporitiques. Ces derniers recevaient d’importants dépôts détritiques continentaux issus des
reliefs bordiers.
Du Permien supérieur au Crétacé inférieur et surtout au Trias-Lias (200-180 Ma) se mettent
en place des magmas doléritiques formant des sills et des dykes sur les bordures méridionales
du bassin et des régions limitrophes de la marge de l’Atlantique central.
Ce volcanisme est recoupé à Ndofane au Sine-Saloum. Certaines anomalies magnétiques sont
interprétées comme des intrusions magmatiques du début de la phase d’expansion océanique.
Elles se situent sous les sédiments dont le substratum a enregistré l’évènement thermique qui
leur est attribué. Le forage de Kolobane Fatick a recoupé à la base une cornéenne à biotite du
Birimien rajeunie à 234 ± 8 Ma (Ladinien : Trias moyen). Ce rajeunissement est corrélé avec
celui qui affecte des granites et des rhyolites au Maroc (240 Ma) et de roches effusives au
Mali (212 Ma). Ce volcanisme suggère une distension active au Trias.
Les dépôts salifères marquent la fin de la sédimentation dans le rift du Trias. Leur répartition
le long d’un couloir entre les méridiens 17° et 18° suggère l’existence de bassins isolés à la
fin du stade rift ou pendant la phase de scellement. L’accrétion océanique débute à la fin du
Lias avec un taux initial d’ouverture très lent.

1.2. Stratigraphie
Dans le bassin d’El Ayoun (Sahara occidental) des forages ont recoupé des sédiments synrift
du Trias composés d’évaporites, argiles continentales rouges, conglomérats, coulées de
dolérite et de basalte. Une séquence semblable est connue dans le bassin de Newark aux
USA. Au Sénégal les sédiments « post-rift » se sont déposés dans les sous-bassins du Cap-
Vert et de Casamance. Les dépôts synrift comprennent des sables continentaux et des argiles
lacustres du Permo-Trias qui comblent les grabens précédant l’ouverture de l’Océan
Atlantique.

1.2.1. Les dépôts évaporitiques


Les évaporites du Trias-Lias marquent la fin du cycle synrift et correspondent aux diapirs de
sel du large de la Casamance-Guinée Bissau et de la Mauritanie (figure 9). Ces dépôts sont
séparés par la ride du Cap-Vert. Les évaporites se sont formées en contexte de confinement
tectonique par suite de l’intrusion de la mer dans le proto-océan délimité par les grabens qui

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bordaient le rift au fur et à mesure de son ouverture. Le volcanisme et la position


subéquatoriale du bassin ont favorisé la précipitation des sels.
De nombreux forages pétroliers en Casamance, Guinée Bissau, et récemment au large de la
Petite Côte les ont recoupé. Le forage Casamance Maritime 5 (CM-5) a traversé 1135 m de
sel (1651-2786 m) sans en atteindre la base. C’est un sel massif translucide à intercalations
d’anhydrite, rares passées de dolomie cristalline siliceuse et d’argiles vertes. La couche mère
qui date du Trias-Lias serait épaisse de 2000 m. Au large de la Mauritanie, les couches de sel
sont épaisses de 2000 m, mais on ne connaît pas les dépôts détritiques de base. Sous l’effet de
l’halocinèse les sels recoupent les dépôts du Crétacé et du Cénozoïque en formant des diapirs.

Figure 9 – Les bassins évaporitiques du Sénégal-Guinée-Bissau et de Mauritanie.

1.2.2. La ride du Cap-Vert


La région du Cap-Vert est affectée par une tectonique complexe où se conjuguent le rejeux de
blocs basculés, un magmatisme polyphasé et des failles synsédimentaires associées à la paléo
pente. Le forage Dakar Marine 2 (DKM-2) implanté en mer à 40 km au Sud de Dakar a
recoupé 202 m (4252-4050 m) de calcaires et de dolomie à nodules fréquents d’anhydrite. Ils
dateraient du Lias et caractérisent un milieu intertidal.

1.2.3. Le Centre du bassin


Les dépôts synrift de Diourbel correspondent à des dépôts continentaux du Trias-Lias. Le
sondage de Gassane 1 (Ga-1) a recoupé à 726 m des granodiorites du Jurassique inférieur
(198-195 Ma : Sinémurien,) correspondant à une intrusion dans le bassin de Diourbel.

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2. LE JURASSIQUE MOYEN ET SUPERIEUR

Après la séparation de l’Amérique du Nord avec l’Afrique du Nord-Ouest la transgression


atteint le Sénégal au Jurassique moyen. Elle atteint son maximum au Jurassique supérieur et
édifie une épaisse plate-forme carbonatée sur la marge nord-ouest africaine jusqu’au Maroc.

2.1. Le Jurassique moyen


2.1.1. Stratigraphie
Le Jurassique marin est recoupé à DKM-2, partiellement à Diass (Ds-1). DKM-2 a traversé
394 m (4050-3656 m) de calcaires à passages de dolomie, avec de rares passages de minces
couches d’argiles et d’anhydrite. Les dépôts continentaux sont recoupés à Diourbel et peut-
être à Diana Malari. Le Bathonien et le Callovien sont datés à DKM-2 et Ds-1 par le
foraminifère benthique Pseudocyclammina maynci Hottinger.
2.1.2. Paléogéographie
Au Jurassique moyen un océan étroit à plancher océanique néoformé s’installe entre
l’Amérique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. Les dépôts de la marge entre le Maroc et la
Guinée Bissau caractérisent une plate-forme interne à littorale, parfois subrécifale. Au
Sénégal, les carbonates sont connus à l’Ouest (Cap-Vert) et les détritiques à l’Est du bassin.
La mer se limitait à la presqu’île du Cap-Vert et au plateau continental de Casamance.

2.2. Le Jurassique supérieur

2.2.1. Stratigraphie
(i) La marge occidentale du bassin
Dans le glacis continental au large de la Casamance, le forage DSDP-367 a recoupé la série
sédimentaire allant de l’Oxfordien au Quaternaire. Le sondage DKM-2 a recoupé 1422 m
(2234-3656 m) de calcaires fins à très fins, souvent bioclastiques et parfois oolithiques,
graveleux, dolomitiques, argileux ou silteux. Ils admettent au sommet des dolomies et de
rares niveaux de grès fins et renferment des gastropodes, lamellibranches, échinodermes,
annélides, bryozoaires, ostracodes, foraminifères et algues. Le forage de Diass recoupe à la
base 760 m (3250-4010 m) de calcaires ou dolomies souvent oolithiques et bio détritiques
renfermant des foraminifères benthiques et des algues.
Les foraminifères benthiques datés de l’Oxfordien supérieur au Portlandien comprennent
Audenusina fourcadei Bernier, Alveosepta jaccardi (Schrodt), Pseudocyclammina lituus
(Yokohama), Pseudocyclammina aff. virguliana Koechlin, Anchyspirocyclammina lusitanica
(Egger) et Trocholina gr. alpina (Leupold).
(ii) Le Centre du bassin
Il correspond au continent de l’époque et renferment des sédiments détritiques. A Diourbel le
Jurassique correspond à des silts brun-rouge intercalés de grès fins argileux à passées de grès
moyen à grossier quartzeux et calcédonieux (200 m). Plus à l’Est et au Sud, le Jurassique est
absent à Kolobane et Ndofane. En Haute Casamance la base des argiles et sables argileux
rouges de Diana Malari-1 (179 m) daterait du Jurassique ou du Crétacé inférieur.
2.2.2 Paléogéographie
L’anomalie magnétique de « Blake-Spur » connue côté nord-américain entre le Callovien et
l’Oxfordien n’est pas connue en Afrique de l’Ouest mais marque un changement
morphologique du socle et correspond à un accroissement du taux d’expansion océanique.
Dans l’ensemble les dépôts caractérisent une plate-forme interne à littorale, parfois
subrécifale. L’épaisseur du Jurassique moyen et supérieur (2500 m) au Cap-Vert implique

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une forte subsidence. Des faciès carbonatés similaires sont connus en forage ou par
géophysique au large de la Guinée Bissau et sous le talus continental mauritanien. Ils se
raccordent aux bassins d’El Ayoun-Tarfaya (Sahara occidental) et d’Agadir-Essaouira
(Maroc). Ils correspondent à la plate-forme carbonatée de la marge ouest-africaine.

3. LE CRETACE
3.1. Le Crétacé inférieur
3.1.1. Stratigraphie
(i) Le Néocomien sensu lato
A l’Ouest le Néocomien s. l. (Berriasien-Barrémien) présente des faciès carbonatés (calcaires,
dolomies, calcaires sableux) avec parfois des passages gréseux (DS-1 : 1150 m ; DKM-2 :
1200 m). Ces calcaires forment avec ceux du Jurassique la plate-forme carbonatée.
Le Barrémien et l’Aptien sont datés par les foraminifères benthiques Choffatella decipiens
Schlumberger et Pseudocyclammina hedbergi Maync.
Au Centre du bassin le Néocomien correspond à une partie des dépôts continentaux (silts
bruns rouge intercalés de grès fins argileux bariolées à passées de grès moyen à grossiers) de
Diourbel. A l’Est et en bordure du bassin les dépôts sont grossiers, deltaïques et continentaux.
En Basse Casamance les forages de Kafountine et Balandine montrent le passage progressif à
des faciès gréseux. La série est recoupée sur 1632 m à Kafountine (5395-3763 m) sans
atteindre le Jurassique. Au large de la Guinée Bissau le Crétacé inférieur est détritique
terrigène, cette partie de l’Afrique formant avec la Guyane la limite sud de l’Atlantique.

3.1.2. L’Aptien
Dans le Cap-Vert se déposent des argiles, des siltites et de grès. En Casamance se déposent
des calcaires, des argiles, des siltites et des grès à passages d’anhydrite. Les dépôts sont
sableux à Diourbel. Son épaisseur atteint 210 m à DS-1 et 502 m à CM-4. Au Cap-Vert la
lacune de l’Aptien est totale à DKM-2 et partielle à Rf-3 (Aptien terminal). Les sondages de
Mbour et de Casamance Maritime (CM1, CM4) livrent des Orbitolines et les espèces
Choffatella decipiens, Pseudocyclammina hedbergi de l’Aptien moyen et supérieur.

3.1.3. L’Albien
Sur la marge occidentale on trouve des calcaires, argiles, siltites et grès. Les dépôts sont
argilo-gréseux au Cap-Vert (CVM-1). La base comporte des passées conglomératiques au
Nord du Sénégal (TB-1). En Gambie (Sarakunda) et en Basse Casamance (Kafountine) on
trouve des traces d’anhydrite. Les épaisseurs sont plus fortes sur le plateau continental de
Casamance (CM-1 : 1148 m) puis diminuent au Cap-Vert (CVM-1 : 545 m) et au Nord du
Sénégal (TB-1 : 410 m). La lacune de l’Albien est totale dans certains sondages du Cap-Vert.
A Diourbel l’Albien (2500-1800 m) renferme des sables à intercalations de faciès
continentaux (argiles silteuses bariolées à lignite), lagunaires (gypse à 2250-2300 m et 2545-
2570 m) et marins marqués (grès blancs à ciment parfois calcaire et niveaux de calcaire
gréseux). L’Albien épais d’environ 100 m à Kolobane disparait à l’Est.
L’Albien inférieur est daté par Orbitolina texana (Roemer), l’Albien supérieur par les
espèces planctoniques Hedbergella planispira (Tappan) et Favussella washitensis (Carsey).

3.1.4. Paléogéographie du Crétacé inférieur


De la fin du Jurassique au Crétacé inférieur l’anomalie magnétique M2 suggère un net
ralentissement de l’expansion océanique Cette anomalie correspond approximativement au
changement d’orientation du mouvement de l’Afrique par rapport à l’Amérique du Nord. De
l’Aptien au Turonien, la réorganisation de la vitesse et de la direction des mouvements à

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l’échelle globale se traduit dans l’Atlantique central par l’accélération du taux d’expansion
océanique. Cette accélération fait suite à l’ouverture de l’Atlantique équatorial qui provoque
la rupture entre les boucliers africains et guyano-brésiliens. Des déformations transpressives
se produisent de part et d’autre des marges continentales avant la séparation des croûtes
continentales des deux plaques à la fin de l’Albien. L’ouverture du golfe de Guinée permet la
communication de l’Atlantique Central avec l’Atlantique Sud à la fin de l’Aptien (112 Ma).
La karstification des calcaires au Sud de Dakar (DKM-2) et la présence de lacunes entre le
toit de l’Albien et la base du Cénomanien dans le horst de Diass traduisent l’émersion de la
région. Sur le Dôme Flore de Casamance le Cénomanien est discordant sur l’Albien dont le
sommet est absent par suite d’ascensions de diapirs de sels. Sur le plateau continental de
Guinée Bissau une discordance angulaire sépare le Crétacé inférieur continental et gréseux du
Crétacé supérieur dont la base daterait du Cénomanien. Ces lacunes manifestent localement
la phase autrichienne plus connue en Afrique du Nord sous le nom d’« épisode intra aptien ».

3.2. Le Crétacé supérieur


La sédimentation est détritique avec des passages de calcaire à la base à l’Ouest du bassin.
3.2.1. Le Cénomanien
Il comprend une alternance d’argiles, argiles silteuses et calcaires, sable et grès. Il est
totalement recoupé au Cap-Vert (CVM-1 : 960 m), dans la région de Thiès (DS-1 : 630 m) et
en Basse Casamance (Kafountine : 1822 m). Des lacunes totales ou partielles sont connues au
Cap-Vert (DKM-2) et dans la région de Thiès (Diass, Gandoul). Au Centre se déposent des
argiles, des grès calcaro-dolomitiques, des argiles rouges, des niveaux dolomitiques et de fins
niveaux de lignite épais de 443 m (Diourbel) à 538 m (Ndofane). Au Ferlo (Ndiodori-F1) le
Cénomanien comprend des grès à passages argileux (240 m) et repose sur le socle.
Les foraminifères planctoniques Hedbergella planispira, Favussella washitensis se
poursuivent au Cénomanien inférieur, les Thomasinelles (Thomasinella aegyptia Omara) et
Heterohelix apparaissent au Cénomanien supérieur. A Thiénaba on trouve des foraminifères
arénacés dominés par Reophax texana (Conrad).
3.2.2. Le Turonien
C’est un bon repère lithologique avec un faciès argileux homogène. A l’Ouest le Turonien
correspond à des argiles noires bitumineuses à rares passées de calcaire argileux dont
l’épaisseur diminue vers le Sud (TB-1 : 180 m ; DS-1 : 40 m). Les lacunes d’érosion sont
fréquentes au Cap-Vert et en Casamance. Au Centre le Turonien est argilo-sableux et gréseux
versicolore avec des intercalations de calcaires gréseux et glauconieux à Thiénaba. Au Ferlo
les argiles deviennent versicolores avec des niveaux de grès de plus en plus grossiers.
La base du Turonien est datée à l’Ouest et au Centre par les foraminifères planctoniques :
Praeglobotruncana cf. helvetica (Bolli), Dicarinella cf. algeriana (Caron), Heterohelix
globulosa (Ehrenberg), H. moremani (Cushman) et H. striata (Ehrenberg). Au Centre ils sont
relayés par les espèces arénacés Ammobaculites coprolithiformis Schwager, A. fragmentarius
Cushman, A. subcretaceus Cushman & Alexander et Glomospira globulosa Ehrenberg. Au
Nord-Ouest (Toundou Besset) on trouve Gabonita levis (de Klasz, Meijer & Rérat).

3.2.3. Le Sénonien inférieur


Le Coniacien et le Santonien renferment des argiles à passages calcaires à la base et des
niveaux argilo-sableux sur la marge occidentale. L’épaisseur augmente au Sud (TB-1 : 475
m ; CM-7 : 1 000 m). Des lacunes d’érosion partielle ou totale sont connues au Cap-Vert
(RF-2) et au large de la Casamance où elles sont rapportées à la surrection de diapirs de sel.
Au Centre et à l’Est se déposent des argiles plus ou moins versicolores et des sables grossiers

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à niveaux de graviers, galets et débris de lignite par endroits. L’épaisseur des dépôts diminue
au Centre (Dl-1 : 497 m) et dans le Ferlo (Dioumanan-F1 : 100 m).
Le Sénonien inférieur est daté par les espèces planctoniques Dicarinella asymetrica,
Hedbergella holmdelensis Olsson, Whiteinella aprica et W. baltica Douglas et Rankin.
L’ammonite Texanites aff. bourgeoisi de Gross permet de dater le Coniacien moyen à Mbour.

3.2.4. Le Campanien
(i) Stratigraphie
En sondage, le Campanien est mal individualisé et souvent confondu dans le Sénonien s. s. ou
avec le Maastrichtien. Il est représenté à l’Ouest bassin par des argiles à intercalations de grès
(200-300 m). En Casamance les faciès sont plus argileux et se distinguent mal du Sénonien
inférieur. Au Centre et à l’Est du bassin, le Campanien comprend des argiles sableuses et
silteuses mal distinguées du Sénonien inférieur.
A l’Ouest les argiles renferment les foraminifères planctoniques Globotruncana lapparenti
Brotzen, G. globigerinoides Brotzen, G. caliciformis (de Lapparent), G. aff. calcarata
(Cushman), G. aegyyptiaca Nakkady, Rosita fornicata (Plummer), Rugoglobigerina
hexacamerata Brönnimann, R. macrocephala Brönnimann, Pseudotextularia costulata
(Cushman), Heterohelix carinata (Cushman), H. plummerae (Loetterle).
(ii) Affleurements
Le Campanien affleure sur le horst de Diass, notamment dans les carrières de Paki, à la base
de la falaise du Cap de Naze et du Cap Rouge. Ces affleurements sont rapportés à la
Formation de Paki qui constitue la base du Groupe de Diass. A Paki, les grès quartzeux sont
exploités dans les carrières de Toglou. Les grès alternent avec minces niveaux d’argiles. Ils
livrent une macrofaune de lamellibranches (avec des Inocérames), gastéropodes,
céphalopodes, échinodermes et restes d’un ptérosaurien géant. La macroflore comprend des
moules internes de fruits et de graines de spermaphytes.
Au Cap de Naze le toit du Campanien est fixé par la présence de G. aff. calcarata dans le
banc de calcarénite jaune bioturbé riche en dents et vertèbres de poissons et moules internes
de brachiopodes. Le passage du Campanien au Maastrichtien est continu et s’inscrit dans une
tendance progradante qui s’accentue au Maastrichtien.
(iii) Evolution géodynamique
A la fin du Campanien l’épisode fini-Santonien met en place du Dôme de syénite de Léona
au Sud de Saint-Louis. Sur le talus continental au large de la Gambie et de la Casamance, le
Sénonien supérieur repose sur le Crétacé inférieur. La lacune de la base du Crétacé supérieur
résulte soit de l’action de courants sous-marins ou de phénomènes gravitaires.

3.2.5. Le Maastrichtien
(i) Stratigraphie
Au Maastrichtien, la sédimentation terrigène se poursuit à l’Est et au Centre-Ouest avec des
dépôts sableux « les sables aquifères du Maastrichtien ». Elle se distingue du Cap-Vert où les
faciès silto-argileux sont connus en sondage. Les grès et sables argileux du Maastrichtien
affleurent dans le horst de Diass.
Les sables dominent à l’Est du horst de Diass avec des passages d’argiles, de lignite au
sommet et des passées conglomératiques en bordure orientale du bassin. A l’Ouest du horst
de Diass les sables passent à des sables argileux entre Diam Niadio et Sangalkam, puis à des
argiles au lac Retba. Les lentilles de sable de la base du Maastrichtien forment de petits
réservoirs d’hydrocarbures exploités entre Diam Niadio et Gadiaga (Mont Rolland). La
variation de faciès s’accompagne d’un épaississement des dépôts au lac Retba (1120 m) du
fait d’un jeu de failles synsédimentaires qui bordent le horst. Les dépôts sont épais dans le
plateau continental de Casamance (CM10 : 1020 m) et plus faibles en Basse Casamance

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(Kafountine : 522 m), au Nord du Sénégal (Toundou Besset : 480 m), dans la région de Thiès
(Mbour : 404 m), au Centre (Diourbel : 303 m) et dans le Ferlo (Ndiodori F1 : 20 m). En
bordure orientale du bassin le Maastrichtien est discordant sur le socle. Des lacunes partielles
sont connues au Cap-Vert, dans le horst de Diass et le Dôme Flore de Casamance.
Les argiles de l’Ouest du bassin livrent des foraminifères benthiques où dominent les
Buliminidés. L’association planctonique comprend des Globotruncanidés, Rugoglobigérines
et Guembelines : Globotruncana contusa (Cushman), Globigerinelloides subcarinatus
(Brönnimann), Guembelitria cretacea Cushman, Rugoglobigerina reicheli Brönnimann,
Heterohelix costulata (Cushman), Pseudotextularia aff. deformis (Kikoine), Abathomphalus
mayaroensis (Bolli). Les foraminifères benthiques caractéristiques sont Afrobolivina afra
(Reyment), Orthokarstenia bramletti (Cushman), O. ewaldi (Karsten), O. reticulata (Stone).
Dans la plage de Poponguine on a trouvé les ammonites Daradiceras gignouxi Sornay &
Tessier, Sphenodiscus corroyi Sornay & Tessier, Libycoceras sp. On trouve aussi des
polypiers, lamellibranches (avec Inocérames), gastropodes, bélemnites, crabes, échinides,
crinoïdes, os et dents de requins et des restes de tortues à Poponguine et au Cap de Naze.

(ii) Affleurements du Maastrichtien au Sénégal


Les sables et grès du Maastrichtien (Formation du Cap de Naze) affleurent sur le littoral entre
le Cap Rouge où ils forment de grands chenaux subtidaux divagants à fort comportement
avulsif et Toubab Dialaw. Ils constituent la partie supérieure de la falaise du Cap de Naze où
ils dessinent des séquences granocroissantes progradantes.

(iii) Le Maastrichtien en Mauritanie


Le Maastrichtien comprend des sables fins à grossiers et des argiles pyriteuses à lignite. On
observe changement de faciès de part et d’autre du lac R’kiz. A l’Est Dans les provinces de
l’Amechtil et du Brakna à l’Est (figures 10 et 11) les sables s’enrichissent à l’approche du
socle et diminuent d’épaisseur (50-10 m), tout comme au Nord (Idni : 60 m). A l’Ouest Dans
la province du Trarza à l’Ouest, les dépôts atteignent 230 m à 18 km du lac R’kiz.

Figure 10 - Localisation de la coupe Est-Ouest du Sud mauritanien.

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Figure 11 - Coupe Est-Ouest du Sud du bassin mauritanien (Légendes : 1 – socle Précambrien ; 2 –


Sénonien ; 3 – Maastrichtien ; 4 – Paléocène ; 5 – Eocène inférieur à moyen ; 6 – Mio-Pliocène ; 7 –
Quaternaire ; 8 - faille).

(iv) Evolution géodynamique du bassin au Maastrichtien


Le Maastrichtien s’achève par la phase laramienne avec des soulèvements, des lacunes et des
discordances. Elle entraine l’ascension de diapirs de sel (Casamance, Mauritanie). Les
mouvements de blocs faillés en distension structurent le horst de Diass, le graben de
Rufisque, le Dôme de Guiers et la Dorsale du lac R’Kiz. L’émersion suivie de l’érosion du
horst de Diass sont responsables de la lacune du toit du Maastrichtien et de la discordance du
Paléocène sur ce dernier.

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Chapitre 5 - Le Cénozoïque
1. LE PALEOGENE
1.1. Le Paléocène
1.1.1. Le Danien
(i) Stratigraphie
Il se dépose des sables glauconieux, argiles noires, lumachelles argileuses, marnes, calcaires
gréseux et calcaires argileux. Il y a une lacune de la base du Danien, notamment à Dakar et
Poponguine. L’épaisseur du Danien est faible (Poponguine-1 : 70 m ; Dakar-1 : <100 m).
Le Danien moyen et supérieur est daté par Parvulorugoglobigerina fringa (Subbotina),
Subbotina triloculinoides (Plummer), Globanomalina compressa (Plummer), Parasubbotina
pseudobulloides (Plummer), Praemurica inconstans (Subbotina), Morozovella cf.
trinidadensis (Bolli), Praemurica uncinata (Bolli), Planorotalites chapmani (Parr).
Les ostracodes caractéristiques comprennent Buntonia issabaensis Apostolescu, Hermanites
angulocostata Sarr, Reticulina sangalkamensis (Apostolescu), Soudanella laciniosa
triangulata Apostolescu, Xestoleberis senegalensis Sarr.
(ii) Affleurements
Ils sont connus à Dakar (Formation des Madeleines) et dans le horst de Diass (Formation de
Ndayane) qui constituent la base du Groupe du Cap-Vert (figure 12).
- La Formation des Madeleines affleure dans l’Anse des Madeleines, la Plage des Enfants
et le Port de Dakar. Elle comprend une succession de calcaires gris bioturbés à Zoophycos,
argiles noires bitumineuses, marnes et calcaires argileux noirs, marnes et argiles bariolées.
Elle livre des foraminifères planctoniques, ostracodes psychrosphériques, palynomorphes et
nannofossiles calcaires.
- La Formation de Ndayane affleure de Toubab Dialaw à Ndayane et Poponguine. Elle
comprend des calcaires gréseux, marnes grises à lentilles marno-calcaires, une alternance
marno-calcaire et des marnes à rosettes de calcite. A Nditakh (entre Yène et Toubab Dialaw),
elle correspond à des argiles noires datées par les foraminifères planctoniques.
(iii) Paléogéographie
Le Paléocène marque la reconquête marine du bassin et s’accompagne du ralentissement de
la subsidence. La transgression débute au Danien sur la marge occidentale et pénètre peu à
l’intérieur des terres. Elle s’amplifie pour envahir une grande partie du bassin au Thanétien.
Les argiles du Cap-Vert et les microfaunes associées caractérisent le domaine mésobathyal de
l’offshore inférieur. Au Sud du horst de Diass les marno-calcaires se déposent dans une
plateforme moyenne à externe. Au Centre-Ouest du bassin les dépôts caractérisent milieu
littoral et lagunaire. En bordure orientale du bassin, on trouve de minces dépôts terrigènes.

1.1.1. Le Sélando-Thanétien
(i) Stratigraphie
Dans la presqu’île de Dakar se déposent des argiles (300 m) à foraminifères planctoniques et
benthiques. Des calcaires zoogènes et des lumachelles (100 m) se déposent dans la région de
Thiès, le Baol et le Sine-Saloum. Les dépôts s’amincissent au Ferlo (70 m) avec des sables,
grès et conglomérats. Au bord du fleuve Sénégal (Matam) le Thanétien comprend des sables
fins à coprolithes et sables grossiers datés par les poissons sélaciens. Dans le forage CM2 les
calcaires dominent (50 m). En Moyenne Casamance le Paléocène supérieur est connu à
Bounkiling avec des sables argileux et à Boconta avec des calcaires lumachelliques.
Le Sélando-Thanétien est daté par Praemurica uncinata (Bolli), Morozovella angulata
(White), Irina fusilla (Bolli), Globanomalina pseudomenardii (Bolli), Subbotina velascoensis
(Cushman), Morozovella velascoensis (Cushman), Subbotina triangularis (White),

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Parasubbotina cf. varianta (Subbotina), Globanomalina ehrenbergi (Bolli), Morozovella cf.


aequa (Cushman & Renz). Les calcaires de Casamance Maritime et du Sine-Saloum livrent
une « nummulite cordelée » caractéristique, Operculinoides bermudezi Palmer.
Les ostracodes sont très diversifiés à l’Ouest et au Centre : Buntonia livida Apostolescu,
Buntonia sererina Sarr, Nucleolina tatteuliensis (Apostolescu), Protobuntonia warorei Sarr,
Leguminocythereis lokossaensis Apostolescu, Leguminocythereis roogseeni Sarr, Soudanella
laciniosa laciniosa Apostolescu, Soudanella ndiemanensis Carbonnel.
Le Paléocène supérieur livre des polypiers, lamellibranches, gastropodes, échinides
(Togocyamus seefredi Oppenheim). Les Sélaciens du Thanétien de Matam comprennent
Eotorpedo hilgendorfi, E. jackeli et Scyliorhinus cabindensis.
(ii) Affleurements du Sélando-Thanétien
Il affleure à Dakar et dans la région de Thiès et forme le toit du Groupe du Cap-Vert.
- La Formation de l’Hôpital comprend des argiles silteuses altérées et constitue les falaises
littorales au Sud de Dakar. Elle affleure aussi au NW de l’île de Gorée.
- La Formation de Poponguine affleure à Poponguine, à Pantior, au pied de la falaise de
Thiès (Fouloum, Pout, Bandia) et dans la région de Mbour (Fallock, Mbaling, Tiémassas au
Sud de Nianing). Dans la carrière nord de Poponguine et sous la Basilique elle débute par un
calcaire grossier brèchique à débris coquilliers riches en Turritelles discordant sur la
Formation de Ndayane. Dans l’îlot de Poponguine (15 m) se succèdent des calcaires grossiers
coquilliers, à stratifications croisée et intercalés d’argileux à microfaunes du Thanétien.
(iii) Paléogéographie
La chute du niveau marin à la base du Sélandien se marque une discordance à Poponguine et
dans le forage de Sangalkam. Elle est suivie d’une transgression au Sélando-Thanétien. La
presqu’île de Dakar reste en domaine de plateforme externe. Une plateforme carbonatée à
tendance récifale couvre les régions de Thiès, du Baol et du Sine-Saloum. A la bordure
orientale du bassin les dépôts s’amincissent et s’enrichissent en éléments terrigènes.
Le Paléocène s’achève par le soulèvement des horsts de Dakar, de Diass, de la zone haute de
Mbour. Une ascension de diapirs de sel se produit dans le Dôme Flore de Casamance. Au
Nord le bombement du Dôme de Guiers s’accentue et amincit les dépôts à Dagana. Dans les
régions de Thiès, Diourbel et Fatick la plate-forme carbonatée émerge à la fin du Thanétien
avec un début de karstification des calcaires.
1.1. L’Eocène inférieur (Yprésien)

1.2.1. Stratigraphie
Dans le Cap-Vert les faciès sont argilo-marneux et très épais (Dakar-2 : 200 m ; Retba-1 :
500 m ; Kabor 1 : 387 m). Dans la région de Thiès et au Centre se succèdent des argiles
feuilletées à attapulgite, des horizons silicifiés et phosphatés, des marnes et des marno-
calcaires (120 m) riches en foraminifères, ostracodes, mollusques et oursins. En Casamance
se déposent calcaires argileux peu épais. Cet amincissement s’accentue au Ferlo et à Matam
où l’Yprésien passe aux argiles sableuses de la Formation de Gorgol.
L’Yprésien est daté par les planctoniques Acarinina angulosa (Bolli), Morozovella
subbotinae (Morozova), Morozovella cf. gracilis (Bolli), Morozovella aragonensis (Nuttal),
Acarinina bulbrooki (Bolli), Acarinina collactea (Finlay), Acarinina pentacamerata
(Subbotina), Parasubbotina inaequispira (Subbotina), Subbotina eocaena (Gümbel). Les
foraminifères benthiques de l’Yprésien terminal / Lutétien basal comprennent Discocyclina
senegalensis Abrard et Asterocyclina stella Gümbel.
A l’Yprésien on assiste au renouvelleent des ostracodes avec Buntonia carbonneli Sarr, B.
pulvinata Apostolescu, Cytherelloidea brancarti Sarr, Evisceratocythere glabella

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Apostolescu, Leguminocythereis senegalensis Apostolescu, Paracosta culcitosa


(Apostolescu).
Les lamellibranches, gastropodes, céphalopodes, échinides, poissons sélaciens sont fréquents.

1.2.2. Affleurements
Ils se trouvent dans le Cap-Vert, Thiès (figure 12) et Matam avec des argiles, des marnes et
des calcaires à passages de silex et phosphates de chaux.
A Dakar l’Yprésien affleure sur la Plage de Rebeuss avec les argiles feuilletées blanches de la
Formation de Rebeuss. A Thiès les affleurements appartiennent à la Formation de Thiès.
Les formations de Rebeuss et de Thiès forment la base du Groupe de Mboro.
La Formation de Thiès comprend 5 membres :

(i) Le Membre de Yène


C’est une calcarénite phosphatée, glauconieuse et silicifiée discordante sur la Formation de
Poponguine. Il affleure dans le marigot de Pantior, le diatrème du Cap de Naze, les marigots
de Mbaling et de Tiémassas.

(ii) Le Membre de Tiémassas


Il comprend des argiles feuilletées blanches à attapulgite et horizons silicifiés. Il affleure au
Sud-Est de Mbour (Tiémassas, Rof) et au pied de la falaise de Thiès.

(iii) Le Membre de Pointe Sarène


C’est un banc de calcaire silicifié à Discocyclines affleurant au Sud-Est de Mbour (Pointe
Sarène), près de Sébikhotane et au pied de la falaise de Thiès.
(iv) Le Membre du Ravin des Voleurs
Il comprend des marnes feuilletées blanches à attapulgite et de lits fins de calcaire en
plaquettes. Il est fossilifère dans sa partie supérieure (mollusque, oursins, foraminifères,
ostracodes) et affleure sur la falaise de Thiès entre Mont Rolland et Ngolfagnig.

(v) Le Membre de Ngazobil


Il comprend des marnes et calcaires noduleux riches en foraminifères, ostracodes,
mollusques, oursins. Il affleure dans les falaises de Ngazobil, de Thiès et au lac Tanma.
L’Yprésien affleure à Simenti au bord du fleuve Gambie (région de Tambacounda).

1.2.3. Paléogéographie
La mer atteint son extension maximale à l’Est du bassin. La presqu’île de Dakar reste dans
une plateforme externe proche du talus continental. La région de Thiès et le Centre du bassin
sont occupés par une plateforme externe à moyenne. A Matam les argiles et sables de la
Formation de Gorgol caractérisent un milieu littoral. En Casamance la dépression qui jouera
le rôle d’un dépôt-centre commence à s’esquisser.

1.3. L’Eocène moyen


1.3.1. Stratigraphie
Dans le Cap-Vert les dépôts se composent de calcaires argileux, de marno-calcaires, de
marnes et d’argiles de la Formation l’Anse Bernard. L’Eocène moyen (Lutétien et Bartonien)
est plus épais au lac Retba (Wayambam-1 : 389 m ; Retba-1 : 252 m). La base des Argiles de
Yoff (Dakar-2) formées d’argiles beiges (108 m) à Uvigérines date de l’Eocène moyen.
Dans le Plateau de Thiès, il comprend des alternances marno-calcaires à lits de phosphate à
silex et discocyclines, ainsi que des marnes à débris osseux phosphatés. Les calcaires sont

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parfois sableux, argileux et karstifiés entre Bambey, Louga et Linguère. Des dolomies et
calcaires dolomitiques sont connus au Sud du Lac de Guiers.
Les calcaires à nummulites sont connus à Louga, dans le Baol et le Sine-Saloum en sondages
hydrauliques. Ce faciès dessine un golfe qui s’élargit en Gambie et en Casamance.
L’Eocène moyen plus épais à CM2 (250 m) s’amincit vers Diogué (DgF1 : 114 m) à l’Est et
livre des foraminifères planctoniques du Lutétien-Bartonien.
Dans les phosphates de Matam, le Lutétien correspond à la partie supérieure de la Formation
de Matam constituée de dolomie calcaire, d’argile et de calcaire à Thersitées.
Le Lutétien et le Bartonien sont datés par les planctoniques Clavigerinella akersi Bolli,
Loeblich & Tappan, Globigerinatheka index (Finlay), G. kugleri (Bolli, Loeblich & Tappan),
Morozovella lehneri (Cushman & Jarvis), M. renzi (Bolli), M. spinulosa (Cushman),
Orbulinoides beckmanni (Saito), Truncorotaloides rohri (Brönnimann & Bermudez).
Les nummulites comprennent Nummulites curvispira Savi & Meneghini, N. curvispira
vasseuri Douvillé, N. distans Deshayes, N. heeri de la Harpe, N. murchisoni Brunner, N.
irregularis Deshayes. On y trouve une « daucine » caractéristique, Klaszia gofasi Volat.
Les ostracodes du Lutétien comprennent Asymmetricythere semoupathei Sarr A. cinqua
Carbonnel, Loxoconcha lagosensis Reyment dans la région de Thiès et le Sine-Saloum. En
Casamance les espèces comprennent Poularia koldaensis Carbonnel, Asymmetricythere sp. 4
sensu Carbonnel, A. cinqua Carbonnel, Loculicytheretta aff. gortanii Bismuth et al.
La macrofaune comprend des bryozoaires, lamellibranches et gastropodes. Chez échinides on
note la disparition du genre Echinolampas. Des poissons et des restes de Mammifères
siréniens ont été découverts à Taïba et dans le Sine-Saloum.

1.3.2. Affleurements
L’Eocène moyen affleure les régions du Cap-Vert, Thiès (figure 12), le Ferlo et Matam

(i) Au Sud-Est de Dakar


La Formation de l’Anse Bernard dans l’Anse Bernard comprend des calcaires argileux et
marno-calcaires (20 m) de l’Yprésien terminal à la base du Lutétien, surmontés par des
argiles et marnes jaunes (12 m) de la partie supérieure du Lutétien.

(ii) Dans le secteur de Rufisque-Bargny


La Formation de Bargny débute par le Membre du Cap des Biches (marno-calcaire
phosphatés, silicifiés et discocyclines de l’Yprésien terminal/base du Lutétien) suivi par le
Membre de Rufisque (marno-calcaires à foraminifères, ostracodes et poissons).

(iii) Dans la région de Thiès


Les affleurements sont mal connus sur le plateau de Thiès. Au lac Tanma on observe le
contact abrupt dles calcaires noduleux du Membre de Ngazobil avec une biocalcarénite
ruditique à bryozoaires et mollusques (huîtres), échinidés, débris de poisson et pellets
phosphatés, encroûtements algaires et discocyclines.
L’Eocène moyen est connu entre Lam-Lam et Taïba par les puits et carrières de phosphates.
La Formation de Lam-Lam marno-calcaire et phosphatée (20 m) comprend :
- les calcaires à algues et argiles phosphatées de Pallo (base du Lutétien) ;
- les marnes de Lam-Lam passent à des argiles feuilletées à Taïba (Lutétien) ;
La Formation de Taïba comprend des calcaires et marnes phosphatées à nummulites, gros
silex, argiles bariolées et silex à « daucines » (Klaszia gaufasi).

(iv) Dans les régions de Louga, au Sine-Saloum et en Casamance


L’Eocène moyen comprend des calcaires à nummulites et des lumachelles à huîtres.

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Figure 12 - Carte géologique du Sénégal occidental (Cap-Vert et Thiès) (Roger et al, 2009 ; modifié).

(v) Dans le Ferlo et la région de Matam


Les affleurements sont connus à Mérinaghène, Guéléfoul, Dakar Ndoye et Yang-Yang.
Dans la vallée du fleuve Sénégal l’Eocène moyen correspond à la partie supérieure de la
Formation de Matam qui affleure entre Kanel et Semmé.

1.3.3. Paléogéographie
(i) Au Lutétien
La région entre Dakar et Saint-Louis est le siège d’une sédimentation marine profonde et
subsidente. Les dépôts marno-calcaires de Rufisque-Bargny caractérisent une plate-forme
externe. Dans la région de Thiès, le passage progressif au Lutétien traduit la réduction de la
tranche d’eau océanique avec l’installation d’une plate-forme interne à discocyclines,
mollusques variés et oursins. Dans les hauts fonds du Nord du Plateau de Thiès (Lam-Lam,

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Taïba), de la Haute Casamance et de la région de Matam, se déposent des séries condensées


de phosphates. L’émersion de l’anticlinal de Guiers au Lutétien s’accompagne du dépôt de
marnes. Dans les confins sénégalo-mauritaniens les dépôts sont littoraux.
(ii) Au Bartonien
Le domaine océanique persiste à Dakar où se déposent la base des « Argiles de Yoff »
discordantes sur l’Yprésien. Au Baol et au Sine-Saloum la plate-forme carbonatée s’enrichit
en nummulites et lumachelles d’huîtres. Le passage du Bartonien au Priabonien est marqué
par une nouvelle ascension de diapirs de sels dans le Dôme flore de Casamance.

1.4. L’Eocène supérieur (Priabonien)

1.4.1. Stratigraphie
Les affleurements ne sont pas connus, cette période n’étant connue qu’en sondage et en
carrière à Dakar et dans le Plateau de Thiès. Il est mieux connu en Casamance, en bordure de
mer jusqu’en Mauritanie, et par endroits jusqu’au Ferlo.

(i) Dans le Cap-Vert et le Plateau de Thiès


La partie supérieure des Argiles de Yoff recoupées par Dk-2 est attribuée au Priabonien. Elles
renferment des foraminifères benthiques (Siphonodosaria, Bolivines, Uvigérines) et
planctoniques comme Globigerina yeguaensis Weinzerl & Applin, Globorotalia rotundata
jacksonensis Bandy, Globorotalia aff. centralis Cushman & Bermudez, Catapsydrax
unicavus, Bolli, Loeblich & Tappan et Clavigerinella eocenica (Nuttall).
Sur le Plateau de Thiès l’Eocène supérieur correspond aux argiles altérées à phosphates
alumino-calciques (5 m) de la carrière de Lam-Lam. Elles renferment 2 associations de
foraminifères planctoniques du toit de l’Eocène supérieur (zone à Globigerina cocoaensis) et
de la base de l’Oligocène (zone à Globigerina ampliapertura. Dans cette carrière il y a une
lacune de la base de l’Eocène supérieur.

(ii) Casamance, Sénégal oriental et Ferlo


- En Casamance les dépôts sont argileux ou argilo-sableux et datés par les foraminifères
planctoniques la partie supérieure du Priabonien et la base de l’Oligocène. Sur le plateau
continental (CM-2) et en Basse Casamance il comprend des calcaires, marno-calcaires et
marnes souvent phosphatées. En Moyenne Casamance le sondage de Diana Malari a recoupé
des marnes grises à intercalations calcaires (Formation de Diana Malari).
- L’Eocène supérieur passe à des argiles et calcaires à Tambacounda et des argiles à
foraminifères planctoniques au Ferlo.

(iii) Biostratigraphie
- L’Eocène supérieur est daté par les foraminifères planctoniques (Lam-Lam, Basse
Casamance, Ferlo) : Catapsydrax cf. dissimulis (Cushman & Bermudez), C. unicavus Bolli,
Loeblich et Tappan, Clavigerinella akersi Bolli, Loeblich & Tappan, Globigerinatheka barri
Brönnimann, Globigerina praesaepis, G. semiinvoluta (Keijzer), G. mayeri Cushman &
Ellisor, G. opima nana Bolli, Globorotalia cf. aspensis, Globigerina cf. danvillensis,
Hantkenina alabamensis Cushman, Porticulasphaera mexicana (Cushman).
- Les Argiles de Yoff livrent les espèces benthiques Siphonodosaria nuttali gracillima
(Cushman & Jarvis), S. nuttali aculeata (Cushman & Renz), S. subspinosa (Cushman), S.
verneuili (d’Orbigny), S. cf. curvatura spinea (Cushman), Uvigerina yazoensis Cushman, U.
aff. costellata Moroxowa, U. aff. acutocostata Hagenow, U. aff. chirana Cushman & Stone
et des Bolivines.

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- Les ostracodes sont connus en Casamance : Asymmetricythere cinqua, Loculicytheretta aff.


gortanii.
1.4.2. Paléogéographie
La mer se retire de la plus grande partie du bassin à la fin de l’Eocène moyen. Les dépôts
marins se limitent aux golfes marins de Casamance et du Cap-Vert. Le golfe de Casamance
s’étendait jusqu’à Tambacounda et au Ferlo. Le golfe du Cap-Vert couvrait la presqu’île de
du Cap-Vert et le Plateau de Thiès. Les premières manifestations volcaniques surviennent
dans la région de Thiès avec la mise en place du filon de néphélinite de Bandia à la fin de
l’Eocène supérieur (35,5 ± 1,5 Ma).

1.5. L’Oligocène
L’extension des faciès marins est voisine de celle de l’Eocène supérieur, avec un golfe marin
de Casamance plus réduit. La mer s’est retirée de la plus grande partie du bassin qui est
soumise à l’altération continentale. On ne connaît pas d’affleurement de sédiment en place à
l’époque. Le volcanisme gagne la presqu’île du Cap-Vert.
Les foraminifères planctoniques (Basse Casamance, Lam-Lam) caractérisent le Chattien :
Turborotalia opima nana (Bolli), Globigerina ampliapertura Bolli, G. angustiumbilicata
Bolli et G. ciperoensis Bolli. Les foraminifères benthiques comprennent Lepidocyclina
dilatata Michelotti, L. cf. schlumbergeri Lemoine & Douvillé, Nephrolepidina marginata
(Michelotti), N. praetournoueri Douvillé, N. tournoueri (Lemoine & Douvillé) et Nummulites
tournoueri de la Harpe. On trouve aussi des algues et des lamellibranches dont Chlamys
deleta Michelotti.
1.5.1. Stratigraphie
Sur le plateau continental entre Saint-Louis et Cayar, l’Eocène supérieur et l’Oligocène sont
absents des sondages pétroliers CO-1 et NSO-1. Le sondage de Toundou Besset-1 (5 m) a
recoupé des calcaires gréseux lumachelliques à phosphates avec une microfaune remaniée de
l’Eocène supérieur à l’Oligocène.
A Dakar l’Oligocène correspond aux calcaires à Lépidocyclines des tufs volcaniques
miocènes de l’Anse Bernard et de la Plage Pasteur. Ils renferment des algues, des
lamellibranches, des lépidocyclines et de petites nummulites. Dans la région de Thiès il est
représenté à Lam-Lam par une partie des grès et sables à phosphate alumino-calcique lité (0-4
m) à foraminifères planctoniques.
En Casamance, la lacune de la base de l’Oligocène est de plus en plus importante vers l’Est.
Dans le plateau continental (CM-4, CM-5, CM-10) et jusqu’à Ziguinchor, l’Oligocène
comprend des calcaires à Lépidocyclines qui forment la base de la Formation de
Ziguinchor. A l’Est de la ville, les calcaires passent à des sables et des argiles peu épaisses.

1.5.2. Le volcanisme oligocène


Le volcanisme gagne la presqu’île de Dakar où se met en place le sill de pyroxénolite de
l’Anse des Madeleines daté de 30,7 ± 2 Ma. Les basaltes incorporés dans les calcaires à
Lépidocyclines de l’Anse Bernard et de la Plage Pasteur datent aussi de l’Oligocène.

1.5.3. Paléogéographie
A l’échelle mondiale l’Oligocène correspond à une baisse générale du niveau marin en
relation avec les premières glaciations survenues dans l’Antarctique. Les dépôts marins sont
donc absents à terre dans la plupart des bassins de la marge atlantique africaine.
- A partir de l’Oligocène le sous-bassin de Casamance s’individualise et devient plus
océanique avec des microfaunes planctoniques caractéristiques. Après une lacune de dépôt au

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passage Eocène supérieur-Oligocène, la sédimentation marine reprend à la fin de l’Oligocène


en Casamance maritime (CM-2) où se déposent des calcaires bioclastiques sableux à
foraminifères planctoniques jusqu’à l’Aquitanien. En Basse Casamance (Diogué, Ziguinchor)
se déposent des argiles plus ou moins sableuses à lits calcaires et grands foraminifères
benthiques (Hétérostégines et Amphistégines) de mer peu profonde et ouverte. En Haute
Casamance, il y a une lacune de l’Oligocène et du Miocène inférieur.
- Dans le Cap-Vert un golfe marin réduit se met en place avec une des dépôts carbonatés. La
mer s’étendait au Plateau de Thiès où elle dépose une série phosphatée condensée dans le
haut-fond marin de Lam-Lam. A la même époque le volcanisme débute à Dakar dans l’Anse
des Madeleines.
- A Saint-Louis les dépôts sont littoraux à Toundou Besset.
- Dans le reste du bassin déjà émergé, l’altération se fait sous un climat tropical humide.

2. LE NEOGENE

2.1. Le Miocène
Le Miocène dure de 23,03 Ma à 5,333 Ma et se divise en Miocène inférieur (Aquitanien,
Burdigalien), moyen (Langhien, Serravallien) et supérieur (Tortonien, Messinien).
De l’Oligocène supérieur au Miocène inférieur, la mer revient avec une extension plus
limitée. Elle envahit le golfe casamançais et le secteur compris entre le Cap-Vert, le plateau
de Thiès et Saint-Louis. Une grande partie du bassin est le siège d’un régime continental avec
une altération intense. Le volcanisme s’intensifie dans le Cap-Vert et la région de Thiès.
- Le Miocène inférieur et moyen est daté en Basse Casamance par les foraminifères
planctoniques. Au Burdigalien on trouve Globorotalia continuosa Blow, G. gr. fohsi
Cushman & Ellisor, G. kugleri Bolli, G. obesa (Blow), Globigerinoides trilobus (Reuss),
Globoquadrina altispira globosa Bolli. Au Langhien s’ajoutent Globorotalia siakensis Le
Roy, Globigerina nepenthes Todd, Globigerinoides sicanus de Stephanus, G. quadrilobatus
trilobus (Reuss), Hastigerina siphonifera d’Orbigny, Orbulina bilobata d’Orbigny et O.
suturalis Brönnimann.
- Les foraminifères benthiques comprennent Amphistegina lessonii d’Orbigny, Heterostegina
gr. complanata Meneguini, H. costata d’Orbigny, H. depressa d’Orbigny, H. granulatatesta
Papp & Küpper, H. heterostegina Sylvester, Operculina gr. ammonoides Gronovius & O.
gomezi Colom & Bauza.
- Les ostracodes sont connus Miocène moyen et supérieur à Bignona et Badion avec
Aglaiocypris schweyeri ? (Van den Bold), Anomocytheridea tropicalis Carbonnel,
Casamancea lougaensis Carbonnel, Chrysocythere cataphracta Ruggieri, C. foveostriata
(Brady), Dahomeya aff. robusta Omatsola, Loxocorniculum antillea Van den Bold,
Neomonoceratina bignonaensis Carbonnel et Soudanella bissauensis Carbonnel.
- On trouve des moules internes de mollusques ferruginisés du Miocène moyen et supérieur
en sondage à Ziguinchor avec Corbula carinata Duj., Turritella (Archimedialla) turris Bast.,
T. (A.) cf. pythagoraica Hilb.
- Le Miocène moyen et supérieur est daté en Casamance et à Tambacounda par palynoflores.

2.1.1. En Casamance
(i) La Miocène marin (Formation de Ziguinchor)
Dans le plateau continental on trouve des argiles à fins débris coquilliers (CM-10 : 348 m),
qui passent à des sables puis à des calcaires argileux et sableux à lignite (CM-2 : 182 m).
Le Miocène moyen comprend des calcaires argileux, marnes, calcaires argileux et sableux à
lignite qui diminuent d’épaisseur à l’Est (CM-10 : 98 m ; CM-2 : 62 m).

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En Basse Casamance le Miocène inférieur est connu en sondage (CM-2 : 182 m) et à


Ziguinchor (70 m) avec des sables et argiles à lignite dont l’épaisseur diminue vers l’Est. Le
Miocène moyen comprend des calcaires sableux glauconieux et des sables à Amphistégines
et Hétérostégines (60-30 m). Il se termine par des sables et des argiles (30-40 m) à rares
calcaires et granules glauconieux ou phosphatés (Formation de Ziguinchor).

(ii) Le Miocène moyen et supérieur altéré


En Basse Casamance, le Miocène supérieur comprend des sables et argiles contenant des
moules internes de mollusques et d’oursins du Burdigalien supérieur.
En Haute Casamance (Kolda) il existe une lacune de l’Oligocène et du Miocène inférieur.

2.1.2. Gambie et Sine-Saloum


A Nioro dans le Rip et en Gambie, le Miocène moyen et supérieur comprend des grès
bioturbés, argiles sableuses kaoliniques à terriers et mollusques et une cuirasse ferrugineuse.
Ils contiennent des fossiles épigénisés comme ceux du Burdigalien supérieur de Basse
Casamance : lamellibranches, gastropodes, décapodes, cirripèdes, échinodermes marins
(Rotuloidea vieirai Dartevelle). Ces ont servi à définir la Formation du Saloum, qui remplace
au Sénégal le terme de « Continental Terminal ». Cette formation gréseuse couvre la
Casamance, le Saloum et jusqu’au fleuve Sénégal en rive droite du lac de Guier.

2.1.3. Sénégal oriental et Ferlo


Dans le forage de Tambacounda, le Miocène moyen et supérieur correspond à des sables et
des argiles altérées dans lesquels les fossiles marins ont disparu. Ils renferment à la base des
Hystrichosphères et des pollens identiques aux espèces des faciès coquilliers de Ziguinchor.
Au Ferlo, la Formation du Saloum comprend des alternances de grès bariolés clairs et
d’argiles bariolées (150 m au Sud du Ferlo) qui couvre de vastes étendues.

2.1.4. Vallée du fleuve Sénégal


Les grès argileux de la Formation du Saloum sont présents tout au long du fleuve Sénégal
entre Semmé et la rive droite du lac de Guier. Ces grès (10-20 m) affleurent dans les collines
et sont recouverts par une cuirasse ferrugineuse recouvrant le plateau du Ferlo. Les grès sont
connus en sondage entre Podor et Matam (80 m à Yaré Lao et Loumbol).
Dans la région de Matam la Formation du Saloum comprend 2 membres :
- Le Membre de Kaédi est formé d’argiles kaoliniques sableuses ocre jaunes à galets de
cherts et lumachelle à Ostrea multicostata Deshayes. Il correspond à la « Formation jaune »
de Baud (1936) et constitue un bon repère lithologique régional. Les affleurements sont
connus à Diamounguel, Aouré et Semmé ;
- Les grès bioturbés peu indurés avec des intercalations argileuses kaoliniques contiennent
des terriers et de rares mollusques. Au Nord de Semmé on trouve de petits chenaux avec des
concentrations de coquilles (Ostrea multicostata) et de moules internes de Thersitées qui
indiquent une origine marine. Les affleurements sont connus entre Ourossogui, Kanel,
Orkadiéré et Semmé. Ces grès argileux se seraient déposés entre un milieu marin côtier de
replat de marée et une frange laguno-lacustre à influence continentale.

2.1.5. Saint-Louis et Dôme de Guier


Sur le plateau continental (sondage CO-1) le Miocène inférieur est représenté par une
alternance de marnes à foraminifères et d’argiles plastiques verdâtres à passages calcaires
(134 m). Dans le delta du fleuve Sénégal, le sondage de Toundou Besset a recoupé des sables
à passées argileuses et lumachelliques (89 m) surmontés par des calcaires gréseux à
Amphistégines, des sables et des argiles (25 m). L’ensemble daterait partiellement du
Miocène au Quaternaire. Ces dépôts caractérisent un Miocène marin très littoral.

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Au Sud-Est de Saint-Louis les grès argileux blanc-rouilles (3,40 m) de la Formation du


Saloum sont connus dans les puits de Baré Banta et Niassène.
Dans le Dôme de Guier le sondage de Richard-Toll a recoupé des nodules de grès calcaires,
silex et phosphate de chaux. Ils correspondant à un mélange de Miocène remanié et
d’éléments issus de l’érosion de niveaux supérieurs de l’Eocène. La Formation du Saloum est
absente au bord du lac de Guier.

2.1.6. Cap-Vert et région de Thiès


Le sondage de Cayar-1 au Sud du canyon a recoupé des argiles sableuses (166 m), gris-bleues
à la base, jaunâtres au sommet. Elles sont rapportées au Mio-Pliocène car elles reposent sur
l’Eocène moyen et surmontées par le Plio-Quaternaire. Le Miocène marin n’est pas connu de
façon certaine dans la région du Cap-Vert.
Dans la carrière de Lam-Lam, le Miocène est discordant sur les phosphates d’alumine. Il
comprend des grès rouges à blanchs à stratifications croisées et des grès argileux mal
stratifiés (10-12 m). A Taïba, les grès (0-4 m) sont ferrugineux, rouge ou bariolés.
La découverte récente d’os et de dents de mammifères terrestres dans des conglomérats à la
base de la cuirasse ferrugineuse de Taïba et la présence de chenaux dans les grès de Lam-
Lam suggèrent une origine fluvio-deltaïque.
2.1.7. Le volcanisme miocène
Le volcanisme s’intensifie dans les régions de Dakar et de Thiès, les âges s’étendant entre
21,50 Ma (Diokoul à Rufisque) et 5,30 Ma (Pointe de Fann).
- Thiès : Diack, Bandia, Thiéo, Keur Mamour, Ravin des Voleurs, Lam-Lam, Taïba ;
- Horst de Diass : Seune Sérère, Khazabe, Toubab Dialaw, Cap de Naze ;
- Cap-Vert : tufs de Bel Air et du Cap Manuel, Rufisque (Diokoul), Cap Manuel, îles des
Madeleines et Pointe de Fann, sills de l’Anse des Madeleines et du Cap des Biches.
2.1.8. Paléogéographie
Le golfe miocène de Casamance s’étend au Saloum, à une partie du Sénégal oriental, du
Ferlo et à la vallée du fleuve Sénégal jusqu’en Mauritanie.
La Basse Casamance est le siège d’une sédimentation marine peu profonde mais de milieu
ouvert. A l’Est et au Nord, la sédimentation est littorale et lagunaire, avec des influences
continentales. Si dans le Saloum vit une riche faune de mollusques et de sélaciens, la faune de
Matam est appauvrie (Ostrea multicostata et Thersitées) et les sédiments comportent des
bioturbations et des horizons argileux à kaolinite provenant de profils d’altération anté-
miocènes démantelés.
A la fin du Miocène la baisse du niveau marin jusqu’à environ -200 m creuse profondémeent
les vallées le long des failles actives. Dans le Cap-Vert et la région de Thiès, un puissant
réseau hydrographique dirigé dans l’axe de drainage du canyon de Cayar. Il entaille les
sédiments de l’Eocène et du Paléocène. Le marigot de Sangalkam, dont la vallée fossile passe
sous le lac Retba, serait un affluent d’un ancien fleuve qui se jetait dans le canyon de Cayar.
Ces vallées sont comblées par des dépôts continentaux et littoraux allant du Quaternaire au
Miocène supérieur.
Le volcanisme est très actif dans la région de Thiès, le Cap-Vert et la marge océanique du
bassin. Il est corrélé au volcanisme des îles du Cap Vert et des îles Canaries. Ce volcanisme
résulte de la réactivation de failles consécutive à la collision des plaques africaine et
européenne en Méditerranée à la fin du Bartonien (38 Ma). Après le Miocène moyen de
nouvelles ascensions de diapirs de sel se produisent dans le Dôme Flore de Casamance.
Le bassin sénégalais évolue à la fin du Miocène en régime continental avec une altération et
une érosion sous un climat tropical très humide.

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2.2. Le Pliocène
Le Pliocène couvre l’intervalle 5,333-2,588 Ma et comprend le Zancléen et le Plaisancien. Au
Sénégal, aucune formation n’est attribuée de façon certaine à cette période. On y rattache des
dépôts connus en sondages et des cuirasses ferrugineuses.

2.1.1. La sédimentation
(i) Dans le plateau continental le sondage de Cayar-1 recoupe des sables fins rarement
coquilliers (57 m) qui dateraient du Pliocène au Quaternaire ancien. Le sondage CO-1
recoupe au Pliocène des marnes et des argiles marines (10 m).
(ii) Dans le Cap-Vert le sondage S7837 (lac Tanma) implanté dans une vallée fossile a
recoupé des grès coquilliers à patine rouille (5-6 m) du Pliocène au Quaternaire ancien.
(iv) Dans la carrière de sable au Nord de Louga (6 m) on trouve des sables coiffés par des
niveaux carbonatés, des sables à concrétions calcaires et traces de paléosols vers le sommet.
Les sables à niveaux carbonatés de la base (1,50 m) renfermant des foraminifères, ostracodes
de milieu lagunaire, ainsi que des oogones de charophyte. Ils sont attribués au Pliocène à
Pléistocène inférieur.

2.2.2. Les cuirasses ferrugineuses


Ces cuirasses correspondent à des niveaux détritiques plus ou moins grossiers, peu épais (1-5
m) et riches en oxydes de fer. Elles fossilisent une surface d’érosion modelée entre le
Miocène supérieur et le Pliocène.
A la Pointe de Fann, la cuirasse primaire surmonte les coulées volcaniques du Cap Manuel
dont la plus récente date de la fin du Miocène à 5,30 ± 0,30 Ma. Elle est surmontée par les
coulées volcaniques des Mamelles dont la plus ancienne date de 1,50 ± 0,10 Ma. Ces
indications situent les cuirassements entre le Miocène terminal (Messinien) et le Pléistocène
moyen (Zancléen).
Les affleurements couvrent une grande partie du bassin sénégalais, souvent au toit de la
Formation du Saloum : Dakar (Plateau, Pointe de Fann), massif de Diass, plateau de Thiès,
butte de Gandigal (Mbour), Saloum, Baol, Ferlo, Sénégal oriental et Casamance.

2.2.3. Paléogéographie
Les dépôts littoraux et lagunaires entre Saint-Louis, Louga et le lac Tanma témoignent
d’incursions marines limités dans la période.
La continentalisation de la région du Cap-Vert est attestée par les cuirasses ferrugineuses, Le
bassin du Sénégal largement émergé subit une altération latéritique en climat tropical humide.
On ne connaît pas d’activité volcanique au Pliocène.

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Chapitre 6 - Le Quaternaire au Sénégal


Le Système du Quaternaire couvre l’intervalle entre 2 588 000 ans B. P. et le Présent. Il est
marqué des changements climatiques fréquents se traduisant en Afrique tropicale par des
variations de température et de pluviométrie. Les variations du niveau marin liées aux
successions de périodes glaciaires et interglaciaires ont affecté le tracé de la ligne de rivage et
le réseau hydrographique. Au Sénégal la sédimentation est surtout détritique avec des faciès
continentaux liés aux vents. Sur la bordure atlantique et dans les deltas et estuaires, elle est
entrecoupée de temps à autre par des dépôts margino-littoraux. Des mouvements tectoniques
ont affecté notamment le delta du Sénégal, le Cap-Vert et la Basse Casamance.
Le découpage stratigraphique du Quaternaire du Sénégal est donné dans le tableau 1.
1. LE PLEISTOCENE

1.1. Le Pléistocène inférieur

Le Pléistocène inférieur comprend les étages du Gélasien et du Calabrien.

1.1.1. Le Gélasien (2 588 000–1 806 000 ans B. P.)


Aucune donnée géologique n’est disponible sur le Gélasien. Il est possible que la base des
« Sables infrabasaltiques » ait commencé à se déposer à l’époque.

1.1.2. Le Calabrien (1 806 000 - 781 000 ans B. P.)


Le Calabrien supérieur correspond au Sénégal au Tafaritien qui couvre l’intervalle
1 000 000 ?-300 000 ? ans B. P. La mer se situe au-dessus du niveau actuel, mais avec des
limites imprécises. C’est une mer chaude et peu profonde qui renferme une faune littorale.
Dans la presqu’île du Cap-Vert débute l’activité volcanique des Mamelles (1 500 000 ans B.
P.) périodiquement interrompue par des pauses où s’accumulent des lentilles de sable.
On situe le début de la formation du haut glacis et des hautes terrasses alluviales des fleuves
Sénégal et Gambie aux premiers débuts du volcanisme des Mamelles. Suite à l’assèchement
du climat après une glaciation, les cours d’eau entaillent profondément leur lit et déposent des
galets et des graviers qui forment la nappe alluviale de la haute terrasse des fleuves Sénégal et
Gambie. La période sèche se serait achevée vers 780 000 ans B. P. au début de l’Ionien.

1.2. Le Pléistocène moyen ou Ionien

Il correspond à l’Ionien (781 000–126 000 ans B. P.) et comprend le Tafaritien supérieur et le
Saalien (qui remplace l’Akcharien : 380 000 ?-126 000 ans ? B. P.).
Au cours d’une période humide qui duré jusque vers 530 000 ans B. P., les roches découpées
par le haut-glacis subissent forte altération latéritique qui cimente les galets de la haute
terrasse en poudingue. Au Nord du Ferlo, les épandages sur le glacis sont cimentés en
cuirasse secondaire conglomératique ou gravillonnaire. Les dernières éruptions volcaniques
des Mamelles surviennent à l’Ionien inférieur vers 570 000 ans B. P.
Au Quaternaire ancien (700 000–100 000 ans B. P.) la subsidence affecte le bassin et
provoque son affaissement progressif à l’Ouest.

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Tableau 1 – Découpage stratigraphique du Quaternaire du Sénégal d’après l’échelle de Gradstein et al. (2012).

SERIE SOUS-SERIE Super-Etage Etages et chronostratigraphie Europe du Nord-Ouest Chronostratigraphie du Sénégal


HOLOCENE

Subatlantique
Subactuel-Actuel – Dunes littorales actuelles (Dunes Blanches)
Sub-Boréal
Tafolien (4200-2000 B. P.) – Dunes Jaunes du littoral Nord
Atlantique
Nouakchottien (6500-4200) – Amas coquilliers
Boréal
Tchadien (11 800-6500) –Tourbes et sols noirs des Niayes
Pré-Boréal

Ogolien – Dunes Rouges


Weichsélien (110 000 – 11 800 B. P.)
SUPERIEUR Tarantien Inchirien - Grès de plage (beachrock) = Yoff, Cap des Biches

Eémien (126 000 – 110 000 B. P.) Aïoujien - Bas glacis et basse terrasse des fleuve Sénégal et Gambie

Saalien (380 000 - 126 000 B. P.) Akcharien - Cuirassement du Moyen glacis

Holsteinien (400 000 – 380 000 B. P.)

P Elstérien (480 000 – 400 000 B. P.)


L
E Interglaciaire IV
MOYEN

I
Ionien Glaciaire c Subsidence du bassin
S
T Dernières éruptions des Mamelles (570 000 B. P.)
O Complexe Cromérien Interglaciaire III Cuirasse secondaire
C (781 000 – 480 000 B. P.) Moyen glacis et moyenne terrasse des fleuves Sénégal et Gambie
E Glaciaire b Tafaritien (1 000 000 – 300 000 ?)
N
E Interglaciaire II

Glaciaire a

Sicilien (1 200 000 – 781 000 B. P.) Interglaciaire I


INFERIEUR

Calabrien Début du volcanisme des Mamelles


Emilien (1 500 000 – 1 200 000 B. P.)
Haut glacis et haute terrasse des fleuves Sénégal et Gambie

Santernien (1806 – 1 500 000 B. P.) Sables infrabasaltiques de Dakar


1.2.1. Le Tafaritien supérieur
(i) Dépôts marins
La transgression se serait produite à la fin de la période humide. Un vaste golfe marin couvre
le Sud-Ouest de la Mauritanie qui se couvre de lacs et de sebkhas. Il se dépose des grès fins à
végétaux et des calcaires. Au Sénégal aucun dépôt marin n’a connu à cette période.
(ii) Dépôts fluvio-lacustres
Une longue période sèche suit l’abaissement du niveau marin entre 530 000 et 380 000 ans B.
P. Les lits des fleuves Sénégal et Gambie se creusent et déposent les graviers de la moyenne
terrasse. Au maximum d’aridité, les alizés continentaux édifient des ergs dunaires au Nord du
fleuve Sénégal, mais ils ne sont pas connus.
1.2.2. Le Saalien (Akcharien)
Une période humide s’installe entre 380 000 et 126 000 ans B. P. à la fin du Tafaritien et au
Saalien. L’altération des roches du moyen glacis et les oxydes de fer cuirassent et cimentent
les galets de la moyenne terrasse. Des calcaires lacustres se forment dans le cours inférieur du
fleuve Sénégal et la vallée du Ferlo septentrional.
On a trouvé des restes d’une industrie préhistorique de l'Acheuléen moyen sur un affluent de
la rive droite du fleuve Sénégal en Mauritanie, dans le bassin de la Kolinbiné.
1.2.3. Le volcanisme pléistocène
Le volcanisme occupe à terre 50 km2 de la tête de la presqu’île du Cap-Vert. Les produits
sont constitués de tufs stratifiés et grossiers, d’hawaites aphanitiques et doléritiques.
A la Pointe de Fann, les dolérites recouvrent la cuirasse latéritique qui surmonte la coulée de
basanite miocène des îles des Madeleines. Les coulées des Mamelles reposent aussi sur les
sables aquifères « infrabasaltiques » du Pléistocène. On distingue 3 épisodes volcaniques
interstratifiés dans des sables au Pléistocène.
(i) L’ensemble volcanique inférieur
Il est recoupé en sondages entre 85 et 94 m et comporte des tufs et des laves très altérés. Il
repose sur les sables de base à gravillons ferrugineux et débris coquilliers (10-60 m). La
coulée de dolérite du Point K est datée de 1 500 000 ± 100 000 ans B. P.
(ii) L’ensemble volcanique moyen
Il surmonte la partie moyenne des sables (15 m) avec 4 coulées de basanite surmontées par
une coulée de dolérite. Les coulées sont séparées par de minces niveaux de tufs et de sable à
graviers. Il affleure à Mermoz et Ouakam où elle est datée 1 400 000 ± 200 000 ans.
(iii) L’ensemble volcanique supérieur
C’est le volcanisme des Mamelles dont la plus ancienne coulée date de 1 000 000 d’années et
la plus récente à Mermoz de 570 000 ± 0,04 ans B. P. Ce sont des coulées de basanite et de
basanite doléritique (50 m) qui reposent sur des tufs stratifiés contenant des fossiles de
végétaux. Elle affleure entre Ngor et Yoff jusqu’à la baie de Soumbédioune et la Patte d’Oie.

1.3. Le Pléistocène supérieur ou Tarantien

Il s’étend entre 125 000 et 11 800 ans B.P. Dans le bassin sénégalais il couvre l’Eémien et le
Tarantien (Inchirien + Ogolien) correspondant au Würm récent d’Europe (tableau 2).

1.3.1. L’Eémien
L’Eémien (125 000-110 000 ans B. P.) remplace l’Aïoujien et correspond à l’interglaciaire
Riss-Würm, ou Terminaison 2 du stade isotopique EI 5e.
(i) Les dépôts marins
La transgression succède à une période humide et amène le niveau marin au voisinage de la
cote actuelle. Les dépôts s'échelonnent entre +1 m sur la ôte actuelle et +7 m à 60 km à
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l'intérieur des terres, ce qui implique une flexuration du bassin. En Mauritanie, l’Eémien
comprend des grès calcaires à stratifications entrecroisées et des calcaires fossilifères qui
passent à des grès fins à débris coquilliers.
Dans le delta du Sénégal et à Yoff les dépôts renferment des faunes (huîtres, moules, balanes,
bryozoaires) et des microfaunes (foraminifères) littorales ou lagunaires. Dans le Cap-Vert les
beachrocks sont connus au lac Retba, à Yoff, au Cap des Biches (100 000 B. P.), à Bargny, à
Sendou et à Toubab Dialaw. Les grès de Yoff reposent sur les dolérites des Mamelles.
(ii) Dépôts fluvio-lacustres et altération continentale
Les cours d’eau entaillent le moyen glacis suite à une période aride avec un bas niveau marin.
Des déformations tectoniques au Nord-Ouest du fleuve Sénégal dévient son cours inférieur
qui se dirige vers l’Ouest en aval de Boghé. Les rivières déposent la nappe de graviers de la
basse terrasse. Un erg dunaire recouvre le Nord du plateau du Ferlo et le Cayor. Dans le
Ferlo, le Djolof et le Cayor il se forme des calcaires lacustres au cours d’une période humide.

1.3.2. Le Weichsélien inférieur et moyen (110 000–31 000 ans B. P.)


En Mauritanie l’Inchirien comprend des grès lumachelliques à faune médio ou infralittorale.
Cinq pics d’aridité climatique sont connus entre 57 000 et 15 000 ans B. P., respectivement à
49 000, 41 000, 31 000 (Inchirien), puis à 19 000 et 13 000 B. P. (Ogolien). Les pics ogoliens
coïncident avec les stades isotopiques H2 et H1 de Heinrich et avec le Dryas Récent.

(i) Les dépôts marins


Les faciès margino-littoraux sont connus dans le delta du Sénégal et le Cap-Vert. Dans le
delta du Sénégal ils comprennent des sables graveleux formant les graviers sous berge. Ces
derniers passent à des vases et sables coquilliers (10 m), sables coquilliers à intercalations de
beachrock (-30 à -10 m) et sables fins fluviatiles. Ces dépôts renferment des faunes et des
flores variées de milieu littoral ou lagunaire : foraminifères planctoniques et benthiques,
ostracodes, algues characées, bryozoaires, lamellibranches (Donax rugosus Linné, Dosinia
isocardia Dunker, Chlamys flabellum Gmelin).
A Bargny on trouve des beachrock de 32 000 B. P. En Basse Casamance la mer envahit les
dépressions des vallées entre 35 000 et 31 000 ans B. P. et dépose des sables marins clairs.
(ii) Les dépôts fluviatiles
Au début de la glaciation du Würm, le niveau de la mer baisse et le fleuve Sénégal entaille
son lit pour déposer les graviers sous berge entre Boghé, Matam et Maghana. Le réseau
hydrographique du Ferlo devient fonctionnel et se jette dans le fleuve Sénégal. La Casamance
et ses affluents entaillent le plateau de grès de la Formation du Saloum.
Le climat devient humide entre 40 000 et 30 000 ans B. P. au Sud du Sahara. Les dunes de
l’erg septentrional du Ferlo s’aplatissent et sont affectées par une pédogenèse. Des outils
préhistoriques moustéroïdes du Paléolithique moyen sont connus dans la basse vallée du
Sénégal et près du lac de Guier. A Thiaroye, le Pléistocène correspond à des sables grossiers
et des graviers alluvionnaires qui reposent en discordance sur l’Eocène, sur la cuirasse
latéritique et sur les sables infrabasaltiques.

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Tableau 2 – Chronostratigraphie marine et continentale des 150 000 dernières années du


Quaternaire (Gradstein et al, 2012) et unités correspondantes au Sénégal.
1.3.3. Le Weichsélien supérieur ou Ogolien (31 000–11 800 ans B. P.)
Il correspond à l’Ogolien en Mauritanie et au Sénégal. Le climat devient désertique avec la
baisse du niveau marin jusqu’à -120 m. Cette baisse du niveau marin correspond au stade
isotopique EI2 de la Terminaison I (25 000 à 18 000 ans B. P.) et à la glaciation du Würm
récent d’Europe (tableau 2). De vastes épandages de sable dunaire orientés de direction NE-
SW couvrent la Mauritanie et la moitié Nord du Sénégal jusqu’au Nord de la Gambie et
forment les Dunes Rouges de l’Ogolien.

(i) La vallée du fleuve Sénégal et le Ferlo


Les dunes couvrent la basse vallée du Sénégal et l’Ouest du lac de Guier. Elles finissent par
barrer la vallée du Sénégal entre Kaédi et Podor et le fleuve Sénégal devient endoréique.
Dans le Ferlo il se forme de petits massifs dunaires isolés qui finissent par fermer le réseau
hydrographique du Ferlo au lac de Guier et au fleuve Sénégal.

(ii) Le Cayor, la région de Thiès et le Sine-Saloum


Les dunes couvrent le Cayor, la région de Thiès, le Sine-Saloum et le Nord de la Gambie.

(iii) La presqu'île du Cap-Vert


On trouve 6 ergs dunaires au Cap-Vert : Pikine, Keur Massar-Bambilor, Sangalkam, Noto,
Tivaouane et Lompoul. Un vent puissant balayait ces surfaces sur le plateau de Bargny pour
former des regs aux cailloux éolisés. On connaît des limons argileux à poupées calcaires à la
Pointe de Fann (16 950 ± 250 ans à 15 740 ± 260 ans B. P.).
Vers 15 000 ans B. P., suite à la fin de la glaciation, la mer remonte lentement à partir de la
cote -100 m. Les réseaux hydrographiques du fleuve Sénégal, du Sine, du Saloum, de la

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Gambie et de la Casamance redeviennent fonctionnels. Les grès littoraux retrouvés en mer au


large de Mboro (entre -21 m et -6 m) sont des témoins de la remontée du niveau de la mer.

2. L’HOLOCENE
L’Holocène l’intervalle entre 11 800 ans B. P. et l’Actuel. C’est un interglaciaire accompagné
de la remontée du niveau marin. En Afrique subsaharienne il s’accompagne d’une succession
de climats humides et secs.

2.1. Le Pré-Boréal et Boréal (Tchadien)


2.1.1. Les dépôts marins
Le Tchadien (11800-7000 ans B. P.) est une période humide correspondant
approximativement au Pré-Boréal et au Boréal. La mer remonte jusqu’à -20 m et déborde les
lagunes. Une végétation ligneuse de climat guinéen se développe dans les lagunes où se déposent
des vases silteuses et des tourbes (10 000 - 8000 B. P.).
La mer remonte progressivement, passant de -5 m vers 7000 ans B.P. à 0 m vers 6000 ans B. P.

2.1.2. Les dépôts fluvio-lacustres


(i) La région du fleuve Sénégal
Avec le climat humide, le fleuve Sénégal entaille les cordons de dunes pour se jeter dans
l’Océan Atlantique. Le réseau hydrographique du Ferlo envahit le lac de Guier et atteint le
fleuve Sénégal. Dans le delta du Sénégal se déposent des sables azoïques, des tourbes noires et une
vase argilo-sableuse qu’on retrouve entre -15 et -30 m de profondeur.
A partir de 8000 ans B. P., le climat devient aride. Les dunes ogoliennes sont remaniées avec une
rubéfaction du sable. Dans la basse vallée du fleuve, en rive ouest du lac de Guier et dans le Ferlo la direction
des dunes est modifiée suivant la direction NNE-SSW.

(ii) Le littoral Nord


Il est recouvert par plusieurs systèmes dunaires séparés par les dépressions humides des Niayes.
Des sols noirs riches en matière organique et en argiles se forment dans les dépressions, ainsi
que des tourbes d’eau douce à partir de la végétation guinéenne. Les tourbières les plus
connues sont celles de Mboro, Fass Boye et Diogo.

(iii) La presqu’île du Cap-Vert


Le climat de plus en humide devient guinéen vers 9000-8000 ans B. P. et se traduit par le
dépôt de vases d’embouchure de fleuve et la présence de mangroves connus à -20 m en mer.
La mer envahit la rivière de Sangalkam et le lac Retba qui devient un golfe marin.
De cette période datent les nodules calcaires des sables fins à ciment argileux des « limons du
Champ de tir » de Dakar Yoff (9780 ± 140 ans B. P.) ainsi que les joints de calcite entre les
boules de dolérite de Toundoup Riya à Yoff (8950 ± 145 ans B. P.).

(iv) La Petite Côte


Au large de Mbour on a trouvé un niveau de tourbe marine intercalé d’huîtres (Gryphaea
gasar) à -20 m. La faune est datée entre de 8400 ± 180 et 8150 ± 180 ans B. P. et les huîtres
montrent la présence d’une mangrove à l’époque.

(v) Le delta du Saloum


Les réseaux hydrographiques du Sine (avec son affluent de Khombole) et du Saloum se
forment pendant la seconde phase d’entaille entre 13 000 et 8 000 ans B. P. Le niveau de la
mer passe de -50 m à -15 m. le climat humide rend les cours d’eau fonctionnels et ces
derniers entaillent le bas plateau cuirassé en amont des dunes ogoliennes rubéfiées.

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Géologie des bassins sédimentaires du Sénégal – Professeur Raphaël SARR – FST/UCAD

Le delta du Saloum formait une vaste dépression où s’accumulent les alluvions. On trouve
des vases sableuses et des sables argileux entre -10 et -9 m qui forment le soubassement
actuel du delta. Les plus anciens sont datés de 6130 à 6070 ans B. P. Il se forme des tourbes
de mangrove salée, peu épaisses. Les vases se déposent rapidement dans la zone abritée de
l’embouchure et au fond du golfe. Le chenal du Diomboss, à la limite entre les deltas du
Saloum et de la Gambie, se met en place dès la formation du delta du Saloum,

(vi) La Casamance
Le niveau marin est encore très bas vers 12 000 ans B. P. (-55 m) à cause de l’enfoncement
cette partie du bassin. La Casamance creuse et élargit sa vallée alors que des vases et des
sables argileux à tourbe de mangrove s’accumulent.

2.2. Le Flandrien ou Nouakchottien


Le Nouakchottien (6800-4200 ans B. P.) correspond à la formation de dépôts marins étendus
sur les côtes de la Mauritanie et du Sénégal. Il est corrélé à l’Atlantique et à une partie du
Sub-Boréal. Les dépôts marins se rencontrent à des altitudes pouvant atteindre +1 à +2 m. Le
climat est humide et la surface d'inondation maximale est atteinte vers 5500 ans B. P.
Le Nouakchottien se caractérise par des accumulations de coquilles de mollusques enrobées
dans une matrice argilo-sableuse. Les espèces dominantes sont Anadara senilis, Dosinia
isocardia et Cerastoderma edule. Cette faune caractérise la zone médiolittorale de fond
sableux. Leur accumulation résulte de tempêtes qui sont à l'origine du remaniement des
mollusques et de leur épandage sur la haute plage. On trouve aussi des foraminifères et des
ostracodes de milieu laguno-marin.

2.2.1. Le delta du Sénégal


La mer envahit progressivement le fleuve Sénégal jusqu’à Bogué, à 250 km de la côte. La
basse vallée se transforme en lagune puis en ria. Le climat humide permet l’installation d’une
végétation guinéenne ou sud-soudanienne aux bords du fleuve. Les dépôts sont constitués de
sables, de sables vaseux carbonatés et de grès calcaires plus ou moins indurés. Les terrasses
marines sont connues au pied des dunes ogoliennes entre Fanaye Diéri (Est de Dagana) et
Saint-Louis. Les âges mesurés varient entre 6740 ± 130 ans B. P. et 5470 ans B. P.

2.2.2. La presqu’île du Cap-Vert


Au maximum de la pénétration marine (5500 ans B. P.) la mer envahit les lacs Malika, Retba,
Tanma et Mbawane (Sud de Cayar) pour former un vaste golfe marin. Le lac Retba se forme
dans l’entaille de la rivière de Sangalkam entre son delta et les cordons littoraux
nouakchottiens (5500 ans B. P.). Au Sud, la mer pénètre entre les dunes et remonte le cours
inférieur des marigots de Mbao et de Bargny pour former de petits golfes marins. Le
raccordement du littoral nord à la baie de Hann entre Pikine et Thiaroye transforme Dakar en
île (Elouard et al, 1978). Les golfes marins du Cap-Vert sont bordés de mangrove
(Rhizophora, Avicenia) et de palmiers (Elaeis guineensis Jacquin).
Les dépôts sont formés de sables coquilliers riches en mollusques : Anadara senilis (Linné),
Dosinia isocardia Dunker, Gryphaea gasar Adanson, Ostrea stentina, Tagelus angulatus
Sowerby, Tellina nymphalis Lamarck, Tympanotonus fuscatus, T. radula.
Le forage SASSIF-1 de Thiaroye a recoupé des argiles sableuses. Dans la baie de Hann un
sondage en mer a livré des coquilles de Patella safiana Lamarck datées de 4280 ± 160 B. P.

2.2.3. La Petite Côte


De plages soulevées à coquilles et terrasses de sable coquillier sont connus au Sud de Mbour :
Mbaling Nianing, Tiémassas, Mbodiène (5680 ± 110 ans B. P.) et Joal-Fadiouth.

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Au Nouakchottien la mer envahit les lagunes de Mbodiène et de Joal-Fadiouth et pénètre les


marigots qui s’y déversent. Les mollusques sont dominés par Anadara senilis, Gryphaea
gasar et Tympanotonus radula.

2.2.4. Le delta du Saloum


Au maximum de l’invasion marine les alluvions fluviatiles continuent à combler le fond du
golfe. La terrasse marine de Djirnda émerge vers 5528 ± 150 ans B. P.

2.2.5. La Casamance
La mer envahit la Basse Casamance et pénètre jusqu’en Moyenne Casamance. Des sables
marins se déposent et forment des terrasses.

2.3. Le Sub-Boréal supérieur à Subatlantique inférieur (Tafolien)


Le Tafolien (4200-2000 ans B. P.) est corrélé avec la Sub-Boréal supérieur et le
Subatlantique inférieur. Il correspond à une période aride interrompue au Dakarien entre
3500 - 3000 ans B. P. L’aridité du climat débute vers 4200 ans B. P. La dérive littorale
engendrée par la houle érode les dunes de Mauritanie et dépose le sable sur le littoral. Ce
processus finit par fermer les golfes hérités du Nouakchottien.

2.3.1. Le delta du fleuve Sénégal


Des cordons littoraux se forment dans le delta (4000-1880 ans B. P.) et font reculer le littoral
vers l’Ouest de Saint-Louis. Le sable remanié forme les Dunes Jaunes sur les cordons
littoraux et certaines plages nouakchottiennes. L’ancien golfe de la basse vallée devient une
lagune qui communique par quelques passes avec l’océan. Le fleuve Sénégal construit de
hautes levées (appelées « fondé ») entre Bakel et Boghé et des levées fluvio-deltaïques à
l’Ouest. Les hautes sont constituées de sable fin et de limon compacts, de couleur jaune ou
brun-jaune. La salinité des terres augmente à partir de Richard-Toll vers l’océan.

2.3.2. Le littoral nord


Les Dunes jaunes souvent riches en minéraux lourds (ilménite, zircon) se mettent en place sur
la Grande Côte et la Petite Côte du Sénégal jusqu’en Casamance. Ces dunes finissent par
fermer les golfes marins du littoral nord. Les dunes se fixent partiellement et des sables
humifères s’accumulent au fond des dépressions des Niayes.

2.3.3. La presqu’île du Cap-Vert


L’île de Dakar formée depuis le Nouakchottien persiste jusqu’autour de 3000 ans B. P. Elle
se raccorde au continent durant le Tafolien lors de la régularisation de la côte. Des plages
soulevées à coquilles de Patella safiana et galets sont connues au Cap Manuel (2880 ± 80 ans
B. P. à 2470 ± 70 ans B. P. ; cote +1 m et +2,50 m) et à la Pointe des Almadies (3130 ± 140
ans B. P. ; +4 m). La faune de mollusques comprend des espèces de fonds marins sablo-
vaseux (Anadara senilis, Dosinia spp.). Sur la côte rocheuse on trouve Patella safiana
Lamarck, Thaeis haemastoma (Linné) et Vermetus adansoni Daudin.

2.3.4. Le delta du Saloum


Le Saloum évolue progressivement en estuaire inverse par déficit d’apport d’eau douce en
raison de l’aridification du climat. Les apports fluviatiles reprennent au Nouakchottien pour
atteindre 20 m entre 4500 et 4100 ans B. P. Sur ces vases prodeltaïques se mettent en place
des unités plus récentes. La construction du soubassement cesse entre 4500 et 4000 ans B. P.
et de nombreux abris se forment derrière les cordons littoraux. Des bancs d’embouchure se
forment suivant la direction NE-SW du Saloum, puis des vasières s’installent derrière les

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bancs pour les fixer. La flèche littorale de Sangomar commence à se former à partir de 4800
ans B. P. avec la dérive littorale.
Les étapes du retrait de la mer sont jalonnées par des cordons littoraux successifs à partir de
4000 ans B. P. L’adjonction de cordons littoraux et le comblement des lagunes sont à
l’origine de la formation des îles du Saloum. Cette formation initiée au Nouakchottien à
Djirnda (5530 ± 150 ans B. P.) s’accentue au Tafolien (Sangomar : 2695 ± 100 ans B.
P. ; Dionewar : 2550 ± 100 ans B. P.).
Les installations humaines débutent vers 2576 ans B. P. sur les lagunes (Joal-Fadiouth,
Famboura) et les îles du Saloum. Elles correspondent à des amas coquilliers appelés
« kjokkenmödding », associés à des poteries et des ossements humains. L’île de Fadiouth est
construite sur un amas coquillier artificiel formé à partir de 1357 ± 135 ans B. P.

2.3.5. La Casamance
Des cordons littoraux et des vasières à mangrove se forment en Basse Casamance,
notamment à Elinkine et Niomoune.

2.4. Le Subactuel et l'Actuel


Ils correspondent au Subatlantique supérieur et se poursuit à nos jours. Au cours des 2000
dernières années, le littoral sénégalais s’est modifié au rythme des marées, des tempêtes, des
saisons, de la pluviométrie et des actions anthropiques.
Le Saint-Louisien (2 000 - 1 000 ans B. P.) est un épisode humide au cours duquel la mer
dépose des cordons littoraux coquilliers à Saint-Louis, au lac Retba, à la Pointe de Fann et sur
la Petite Côte (Siendou, Joal-Fadiouth). A partir de 1180 ans B. P. des vasières tourbeuses
renfermant parfois des coquilles d’huîtres et d’arches se mettent en place.
Les tannes se forment par la dégradation de cordons littoraux et d’anciennes vasières. Ils
couvrent les vallées du delta du Sénégal, les dépressions des lacs de Pikine, Retba, Tanma et
Mbawane, ainsi que les deltas du Saloum, de la Gambie et de la Casamance.
Au du 20ème siècle, le déficit sédimentaire combiné aux actions anthropiques s’est traduit par
des érosions chroniques.

2.4.1. La région du fleuve Sénégal


Sur la côte, les Dunes Blanches semi-fixées qui chevauchent les anciens cordons littoraux
témoignent d’une action éolienne qui fait suite à l’assèchement du climat. L’avancée des
sables éoliens ferme progressivement l’embouchure du Sénégal au Sud du delta. Le fleuve se
détourne vers le SSW pour déboucher en mer. A Saint-Louis le fleuve est séparé de l’océan
par la flèche littorale de la langue de Barbarie qui s’étire au Sud. Le détournement du fleuve
vers Saint-Louis est lié à un assèchement du climat survenu durant les premiers siècles de
notre ère. Des bourrelets de berge se forment et donnent à la vallée alluviale un microrelief
qui joue un rôle important dans la submersion des terres par la crue annuelle. Il se forme des
cuvettes argileuses de décantation appelées « hollaldé » et qui servent aux cultures de
décrue.
Jusqu’en 2003 avant l’ouverture de la brèche sur la langue de Barbarie, l’embouchure du
fleuve se situait à 30 km au Sud de Saint-Louis à Taré. La construction et la mise en service
des barrages de Diama et de Manantali à partir de 1987 ont eu des incidences
morphologiques et sédimentologiques qui ne sont pas encore évaluées. La brèche artificielle
ouverte en 2003 sur la langue de Barbarie s'est élargie très rapidement.

2.4.2. Le littoral nord


Le sable de la haute plage balayé par le vent forme des Dunes Blanches du littoral actuel. Les
plages du littoral nord ont une morphologie plus rectiligne que celles du Sud de Dakar.

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2.4.3. Le lac Retba


Entre 2000 et 1000 ans B. P. la mer envahit la lagune comme en témoigne un niveau de sable
coquillier d’un sondage (390-320 cm) daté entre 1420 et 1250 ± 40 ans B. P. Le lac Retba
formait un golfe marin bordé de mangrove avec un climat plus humide. Un épisode aride lui
succède entre 1000 et 700 ans B. P. et fait disparaître la mangrove. Une connexion marine
plus faible survenue entre 700 et 250 (50-10 cm) installe une lagune salée à microfaune
remaniée (foraminifères planctoniques et benthiques, ostracodes) et des diatomées. Le lac
Retba se ferme ensuite progressivement et évolue en bac évaporatoire. Le processus aboutit à
la précipitation du sel après la sécheresse des années 1970. Le plan d’eau baisse et passe de -
2,40 m en 1956 à -6 m en 2010. Les faunes et les microflores disparaissent et il ne subsiste
que des bactéries sulfato-réductrices qui donnent au lac sa couleur rose L’exploitation du sel
débute à partir des années 1980.

2.4.4. La presqu’île du Cap-Vert


Dakar se raccorde au continent. Des plages soulevées consécutives à l’incursion marine du
Saint-Louisien sont connues entre 2000 et 1000 ans B. P., ainsi que des vestiges d’occupation
humaine. A la Pointe de Fann on trouve une plage fossile de galets de basalte à coquilles de
Patella safiana et vermets située +1 à +2 m et datée de 1910 ans B. P. A Sendou des
coquilles d’Anadara senilis associées à des ossements humains ont été datés à 1421 ± 124 ans
B. P. Ce sont les plus anciens squelettes humains trouvés au Cap-Vert.
Durant le 20ème siècle l’urbanisation croissante a fortement modifié les paysages naturels et
favorisé l’érosion littorale, notamment entre et la baie de Hann, Mbao, Rufisque et Bargny.

2.4.5. La Petite Côte


Elle présente un estran sableux en arc de cercle ouvert au Sud-Ouest et protégé de la grande
houle atlantique du Nord. Des plages à galets sont connues au pied des affleurements rocheux
de Dakar, Rufisque et Poponguine. L’érosion due au déficit sédimentaire et à l’action de
l’homme est bien sensible à Poponguine, Ngaparou, Saly, Nianing, Joal et Palmarin.

2.4.6. Le delta du Saloum


Vers 2000 ans B. P. la flèche de Djifère se développe vers le Sud et contribue à fixer les
rivages des cordons dunaires. Elle dévie le cours du Saloum vers le Sud et construit des
barres d’embouchure dont l’île de Sangomar est la principale. Après colmatage du chenal
principal l’île se raccorde à la flèche de Djifère.
Dans la période récente de nombreux changements ont affecté le delta du Saloum. Des
cordons inverses se forment à Niodior sous l’action de la houle. Les vasières évoluent en
barres de méandres par accrétion dans des chenaux. Les vasières se dégradent avec
l’évolution pédogénétique qui rend les sols plus acides et plus salés. Les îles aux Oiseaux se
scindent en 3 à partir de 1954. L’île aux Bœufs s’allonge au Sud-Est et s’amincit au Nord. La
Pointe de Sangomar s’allonge et rompt périodiquement. La dernière rupture le 27 févier 1987
a fait suite à forte houle de tempête.

2.4.7. La Casamance
La baisse du niveau marin et l’apparition d’importants courants forment des cordons littoraux
qui ferment les golfes font apparaître de grandes lagunes. La réduction des apports détritiques
de la Casamance n’a pas permis la construction d’un delta. Il se forme une ria formée qui est
ensuite colmatée par des vases et des sables marins remaniés fixés par la mangrove. Sur la
côte les cordons littoraux et les dunes de Nikine-Diembéring et de la presqu’île aux Oiseaux
(Kafountine) sont les témoins de ces évènements.

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