Formulation Du Beton

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FORMULATION DU BETON

Y. BENNA*

*Chargé de recherche Département Matériaux et Composants (DMC)


CNERIB Souidania Alger

1. INTRODUCTION

Une formulation de béton consiste à trouver les proportions des différents constituants
permettant de satisfaire un cahier des charges, répondant à des critères techniques, à partir de
matériaux donnés. Il existe de nombreuses méthodes de composition (Bolomey, Faury, Joisel,
Vallette, Dreux-Gorisse, etc.); toutes ont pour but de déterminer la combinaison de matériaux
à utiliser pour produire le béton qui aura les propriétés recherchées et qui sera le plus
économique possible. La consistance, la résistance à la compression, et la durabilité sont des
propriétés systématiquement visées par une étude de formulation de béton. Les matériaux
fournis doivent répondre à un certain nombre de valeurs caractéristiques telles qu’elles ont été
spécifiées par le cahier des charges ou par le formulateur de béton. La formule, une fois
établie, doit être vérifiée en laboratoire par des essais liés à la particularité de l’ouvrage. Et en
fin, une épreuve de convenance doit être réalisée avec les moyens du chantier pour
expérimenter réellement la formule proposée.
Le document proposé décrit une démarche simplificatrice que doit entreprendre le formulateur
de béton pour composer un béton répondant à un cahier de charge et fournit les données
nécessaires pour un calcul approché des différents constituants.

2. PRINCIPAUX FACTEURS INTERVENANT DANS LA FORMULATION

L’ingénieur qui formule le béton doit réunir l’ensemble des données nécessaires auxquelles le
béton à formuler doit obéir à toutes les étapes de sa vie : nature et environnement de
l’ouvrage, caractéristiques imposées par la note de calcul, moyen de mise en œuvre etc. La
prise en compte de ces facteurs simplifie l’établissement de la formule du béton.

2.1 La nature et l’environnement de l’ouvrage

La connaissance de la nature de l’ouvrage est nécessaire : ouvrage massif ou au contraire


élancé et de faible épaisseur, faiblement ou fortement ferraillé, etc. Le béton n’est plus définit
par sa résistance à la compression à vingt-huit jours; il est défini, en plus, l’environnement
dans lequel l’ouvrage s’inscrit et les critères qui caractérisent la durabilité de l’ouvrage face à
cet environnement.

2.2 Densité du ferraillage

Il est nécessaire de connaître la densité du ferraillage des zones les plus armées.

2.3 Dimension maximale des granulats

Le Dmax doit être choisi de telle sorte qu’il puisse se frayer un passage entre les armatures,
ainsi qu’entre les armatures et les parois du coffrage.
2.4 Mode de mise en place

Le mode de mise en place du béton doit être prise en compte pour le choix de la formulation
du béton (béton pompé, coulé en place, transporté, etc.).

2.5 Durée du transport

Le béton frais doit rester homogène et conserver ses principales propriétés au cours du
transport et ce, jusqu’à sa mise en place dans l’ouvrage. Ainsi, la durée du transport est
limitée et fixée par les normes. Pour une durée plus longue, il faudra nécessairement faire
appel à un adjuvant (superplastifiant ou retardateur de prise).

2.6 Consistance du béton

La consistance du béton est définie comme étant son aptitude à occuper facilement sans
ségrégation, la forme des volumes des coffrages armés dans lequel il est mis en place pour
constituer l’ouvrage. Cette propriété dépend des facteurs énumérés ci-dessus.

3. FORMULATION DE BETON

La formulation d’un béton comporte trois volets : le choix et caractérisations des constituants
suivis d’un calcul approché des proportions, l’épreuve expérimentale de la formule retenue et
la vérification des performances atteintes. La démarche proposée énonce quelques paramètres
de bases qui interviennent dans la formulation et les règles permettant la détermination
séparée des différents composants du béton.

3.1 Dosage optimal en fines en fonction de D

On désigne par « fines » l’ensemble des grains solides d’un béton passant au tamis de maille
63 micromètre (ciment, additions, fillers ou fines du sable). Le dosage en fines ne dépend que
de la dimension maximale des granulats, D. Le volume optimal de fines dans un béton, V, qui
conduit à la porosité minimale, est donné par l’équation suivante (Caquot et Faury) :

V (l/ m3) = 220


5
(D en mm) (1)
D
Cet optimum n’est cependant pas figé et une certaine tolérance est acceptable : une variation
de ± 20% du dosage en fines augmente peu la porosité. Le tableau 1 donne le volume des
fines pour différentes valeurs de D.

Tableau 1 : Volume de fines dans les bétons pour différentes valeurs de D

D (mm) 16 20 25 40
3
Volume optimal (l/m ) 125 120 115 105
Valeur maximale pour un
150 144 138 126
bon parement

Dans le cas où un béton renfermerait des fines apportées à la fois par le ciment, par le sable et
par des additions minérales, on calcule le dosage volumique en fines V (exprimé en l/m3) par
la relation suivante :
V= C + S + A (2)
mC mS mA
ou
C : dosage en ciment de densité m C ;
S : dosage en fines des sables de densité m S ;
A : dosage en additions minérales de densité m A .

Exemple de calcul des fines :


Soit un béton dosé à 350 kg/m3, (3.07 de densité) renfermant 650 kg/m3 de sable de
concassage calcaire contenant 12% de fines inférieures à 63µm.

V = C + S = 350 + 650x0.12 = 115 + 29 = 143 litres


mC mS 3.07 2.7

3.2 Détermination de la dimension maximale des granulats

La dimension maximale D des granulats d’un béton, correspond à la dimension maximale du


plus gros granulat déterminé par tamisage et sa valeur est telle définie par la norme EN 12620.
Il est évident que plus D est gros, plus faible est la surface à mouiller. Ainsi une augmentation
de la grosseur maximale du granulat diminue la quantité en liant du béton de telle sorte que,
pour une même consistance et un même dosage en liant, le rapport eau/liant peut être abaissé,
d’où une augmentation de la résistance.

3.3 Dosage en eau efficace et teneur prévisible en air

L’eau efficace est égale à l’eau introduite dans la bétonnière et l’eau totale apportée par les
granulats. La demande en eau nécessaire pour obtenir une consistance souhaitée et la teneur
en air prévisible sont données dans le tableau 2.

Tableau 2 : Relations entre consistance, demande en eau et teneur en air


(cas des granulats concassés)

Affaissement Eau (E) Vide (V)


Consistance
au cône (cm) (l/m3) (l/m3)
Ferme (F) 0–4 180 25
Plastique (P) 4–9 210 20
Très plastique (TP) 10 – 15 225 15

Dans le cas de l’emploi d’un adjuvant type plastifiant ou superplastifiant, les prescriptions de
dosage sont données dans la fiche technique du fournisseur.

3.4 Détermination des résistances à partir des valeurs caractéristiques imposées

Cette hypothèse reste valable même lorsqu’on introduit une addition minérale. La relation
entre la résistance caractéristique demandée f ck et la résistance moyenne f c qu’il faut viser lors
de l’étude est :
f c = f ck + 5 MPa si f ck ≤ 25 MPa (3)
f c = f ck + 6 MPa si f ck > 25 MPa (4)

La résistance du béton, à un âge donné, dépend de la résistance normale du ciment au même


âge et le rapport E/C.
La relation de Bolomey est utilisée pour un calcul approché de la résistance du béton à une
échéance quelconque j (jours). Elle s’écrit :

f cj = k b f mj [C /(E + V) – 0.5]
(5)

f cj : résistance du béton à l’échéance considérée ;
k b : coefficient dépendant principalement des granulats ;
f mc : résistance normale du ciment à la même échéance ;
C : dosage en ciment ;
E : volume d’eau
V : volume d’air

La valeur de k est estimée dans le tableau 3.

Tableau 3 : Valeurs estimées de k b

Nature pétrographique D (mm)


des granulats 10 à 16 20 à 25 30 à 40
Siliceux, légèrement altérés 0.45 0.50 0.55
Siliceux, roulés 0.50 0.55 0.60
Calcaires, durs 0.55 0.60 0.65

Dans le cas le béton renferme des fillers calcaires apportés par le sable et que l’ensemble des
fines (ciment + fillers ) dépasse le volume optimal des particules inférieures à 63 µm tel que
mentionné dans le tableau 1. On peut diminuer le dosage en ciment en substituant une partie
du ciment par ces fillers calcaires. Ce qui revient à remplacer C par L éq. (liant équivalent),
défini comme la somme d’une quantité C’ d’un ciment et d’une quantité f (fines du sable)
pondérée d’un coefficient k d’équivalence soit :

L éq. = C’+ kf (6)



L éq. , C’ et f sont exprimés avec les mêmes unités en kg ou en kg/m3.
k : coefficient d’équivalence égal à 0.25 dans le cas des filler calcaires ;

3.5 Granularité optimale de l’ensemble solide

La courbe est légèrement modifiée (figure 1); l’origine des abscisses est ramenée à 63 µm afin
de tenir compte de la nouvelle définition des fines (au lieu de 80 µm pour la courbe originale).
La courbe se compose de deux segments OA et AB.
Le point O est défini par : X O = 63 µm
Y O = 0%
Le point A est défini par : X A = D/2
Y A = 50 -√D + termes correcteurs
Le point B est défini par : XB = 0
Y B = 100%

Termes correctifs de Y A :
- majoration de 3 % pour les granulats concassés ;
- majoration de 5 % pour les bétons armés où le ferraillage ≤ 80 kg/m3 ;
- majoration de 10 % les bétons destinés à être pompés ou les bétons armés avec un taux de
ferraillage > 80 kg/m3 .

Tamisats %
100 B

50 A

Log D (mm)
O
O 0.063 D/2 D
Figure 1 :Tracé de la courbe optimale

3.6 Dosage des granulats

La courbe de référence OAB doit être sur le même graphique que les courbes
granulométriques des granulats composants. On trace les lignes de partage entre chacun des
granulats, en joignant le point à 95% de la courbe granulaire du premier, au point de 5% de la
courbe du granulat suivant et ainsi de suite. On lira alors sur la courbe de référence, au point
de croisement avec la ou les droites de partage, le pourcentage en volume absolu de chacun
des granulats S, G1, G2 comme le montre la figure 2.

95%

% gravillon 2

% gravillon 1

% sable

5%
Figure 2 : Courbes granulométriques de référence et détermination des proportions de
sables et des gravillons
La teneur volumique en granulats (sable et gravillons) se déduit par différence des autres
constituants (ciment, eau, air et adjuvant) sur un mètre cube de béton. Le volume absolu en
litres, des granulats est :

Gravillons + Sable = 1000 – (Ciment + Eau + Air + Adjuvant) (6)

4 EXEMPLE THEORIQUE DE FORMULATION DE BETON

Béton courant f ck = 25 MPa , de consistance très plastique, D = 25 mm. Les granulats sont de
natures calcaires et issus de concassage. Deux classes de gravillons 5/15 et 15/25 et un sable
sont utilisées. La teneur en fines du sable est de l’ordre de 13%. Le ciment disponible est un
CPJ 42.5 de résistance vraie égale à 48 MPa. La densité du ferraillage est inférieure à 80
kg/m3. Les masses volumiques respectivement pour le ciment, le sables et les gravillons sont
3.1, 2.56, 2.61 et 2.67 t/m3.

Solution :
3
Etape 1 : Dosage optimal en fines en fonction de D. V (l/m béton) = 220 / D0.2
3
Pour un D = 25 mm, la teneur en fines V = 115 (l/m ). On visera la valeur plafond (tableau 1)
égale à 138 l/m3. Pour optimiser le volume de fines,

Etape 2 : Dosage en eau et teneur en air prévisible : E = 225 l/m3 et V = 15 (tableau 2 ).

Etape 3 : Détermination des résistances à partir des valeurs caractéristiques imposées


k b = 0.60 (tableau 3) ; f ck = 25 MPa. En reportant ces valeurs dans la relation de Bolomey :

25+5= 48x06( C −0.5)


225+15
Nous aurons C = 370 kg/m3.

Étape 4 : Granularité optimale de l’ensemble solide

Connaissant C, E et le volume des vides V, la teneur volumique en granulats g se déduit par


différence, l’ensemble faisant un mètre cube :

g = 1000 – (119 + 225 + 15) d’où g = 641 l/m3

Etape 5 : Proportion de sables et des gravillons :

Les proportions de sable de gravillons seront déterminées graphiquement (figure 3).


X = D/2 = 12.5
Y A = 50 -√25 + 3 (granulats concassés) + 5 (densité du ferraillage < 80kg/m3).
Y A = 48

On trace les lignes de partage entre chacun des granulats, en joignant le point à 95% de la
courbe granulaire du sable, au point de 5% de la courbe du gravillon de classe 5/15 et ensuite
ainsi de suite. On lira alors sur la courbe de référence, au point de croisement avec la ou les
droites de partage, le pourcentage en volume absolu de chacun des granulats Sable, Gravillon
1, Gravillon 2 comme le montre la figure 3.

Figure 3 : Courbe granulométrique de référence et détermination des proportions de


sables et des gravillons

La formulation donne les proportions suivantes, à savoir : 42% sable, 22% gravillon 5/15 et
36% de graillon 15/25. Connaissant les masses volumiques du sable et des gravillons ; on
détermine le dosage massique en granulats.

Sable : 641 x 0.42 x 2.56 = 689 kg/m3


Gravillon 5/15 : 641 x 0.22 x 2.61 = 368 kg/m3
Gravillon 15/25 : 641 x 0.36 x 2.67 = 616 kg/m3

Étape 6 : Vérification de la teneur en fines

Le sable utilisé a une teneur en fines de 13%, soit 90 kg/m3. En supposant que la masse
volumique des ces fines est égale à 2.7 t/m3. L’ensemble de d’éléments inférieurs à 63 µm
(apportée à la fois par le ciment et les fines du sable) vaut :

119+ 689x0.13 =119+33=152 l/m3


2.7

Nous constatons que nous avons un dosage en fines supérieur au volume optimal. Dans ce
cas, nous déterminons le dosage en ciment en substituant une partie de ce ciment par les fines
du sable. L’ équation à résoudre est alors :
C’ + 0.25 f = 370 kg/m3 f = 90 kg/m3.

La solution de cette équation donne C’= 350 kg/ m3

Étape 7 : Formulation proposée

Masse
Constituants Volume
(kg/m3)
Ciment 350 0.115
Eau 225 0.225
Sable 689 0.269
Gravillon 5/15 368 0.141
Gravillon 15/25 616 0.231
Air 15 0.015
Masse volumique
2263 0.996
du béton

5 Conclusion

Une formulation d’un béton correspond à un processus de sélection des constituants et leurs
proportions pour fabriquer un matériau aussi économique que possible possédant certaines
propriétés minimales précises, notamment, la consistance, la résistance et la durabilité. La
formulation d’un béton comporte trois volets : le choix et caractérisations des constituants
suivis d’un calcul approché des proportions, l’épreuve expérimentale de la formule retenue et
la vérification des performances atteintes.

BIBLIOGRAPHIE

NF P 18-501. Additions pour béton hydraulique. Les fillers, septembre 1992

NF P 18-508. Additions pour béton hydraulique. Additions calcaires, spécifications et critères

ENV 206. Béton - Partie 1 : spécification, performances, production et conformité, février


2002

J.Baron. Emploi des additions en substitution du ciment : la notion de liant équivalent, dans
les bétons. Bases et données pour leur formulation, sous la direction de J. Baron J.P Ollivier.
Édition Eyrolles 1997.

J.M Torrenti et V.Baroghel-Bouny. Le béton durcissant, dans Construire en béton, sous la


direction de F. de Larrard Presse de l’école nationale des Ponts et Chaussées 2002.

Dreux et J. Festa. Nouveau guide du béton. Édition Eyrolles 1995.

J.Baron et J.P Ollivier. La durabilité des bétons. Presse de l’école nationale des Ponts et
Chaussées 1992.

V.Baroghel-Bouny et J.M Torrenti. Durabilité des bétons, dans Construire en béton, sous la
direction de F. de Larrard. Presse de l’école nationale des Ponts et Chaussées 2002.

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