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THÈSE
PRÉSENTÉE À
L’UNIVERSITÉ BORDEAUX I
ÉCOLE DOCTORALE DES SCIENCES CHIMIQUES
Par M. Adel F. Al Alam
POUR OBTENIR LE GRADE DE
DOCTEUR
Spécialité :
PHYSICO-CHIMIE DE LA MATIÈRE CONDENSÉE
————————————————–
Modélisation au sein de la DFT des propriétés des
structures électronique et magnétique et de liaison
chimique des Hydrures d’Intermétalliques
————————————————–
Après avis de :
-2009-
Modélisation au sein de la DFT des propriétés des
structures électronique et magnétique et de liaison
chimique des Hydrures d’Intermétalliques
par
Adel F. AL ALAM
Cette thèse est dédiée à la mémoire de :
Elias Léon El Zoghbi
Tony Léon El Zoghbi
Youssef Michel El Zoghbi
Elias Youssef El Hikri
Riyad Abi Khattar
et 10000 autres héros . . . Nous continuerons . . .
iii
“Fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra”
iv
Abstract
v
vi
Résumé
vii
viii
Préface
C ette thèse présente mes travaux de recherche en doctorat menés entre 2007 et
2009 à l’Institut de Chimie de la Matière Condensée de Bordeaux (ICMCB-
CNRS), de l’Université Bordeaux 1. L’objectif a été d’étudier, par modélisation
dans le cadre quantique de la fonctionnelle densité (DFT), différentes familles d’in-
termétalliques et leurs hydrures. En effet, cette thématique est connue à l’Institut
dans une mouvance expérimentale. L’originalité de l’approche que nous avons uti-
lisée réside dans le traitement théorique de ces systèmes compte tenu de deux effets
compétitifs : (i) l’effet magnétovolumique et (ii) l’effet de liaison chimique métal-H.
Les calculs ont été effectués en utilisant les moyens du Pôle M3PEC-Mésocentre
(Modélisation Microscopique et Mésoscopique en Physique dans l’Environnement
et en Chimie) de l’Université Bordeaux 1. Les travaux ont fait appel et bénéficié
de collaborations scientifiques avec des universités et des chercheurs à l’étranger
et localement. Nous apprécions les échanges scientifiques avec l’Université Saint-
Esprit de Kaslik (USEK) au Liban représentée par le Prof. Naïm Ouaïni (Doyen de
la Faculté des Sciences et de Génie Informatique) et l’Université Libanaise Faculté
des Sciences Section II représentée par le Dr. Michel Nakhl. Le groupe du Prof.
Rainer Pöttgen, à l’Institut für Anorganische und Analytische Chemie de l’Uni-
versité Münster en Allemagne, a synthétisé différents intermétalliques ternaires à
base de terres rares, notamment le cérium, dont nous avons calculé la structure
électronique et évalué les propriétés de liaison chimique. Il est important de si-
gnaler le travail effectué avec le Prof. Bernard Chevalier à L’ICMCB portant sur
les propriétés physiques de l’hydruration. Ces diverses collaborations ont engen-
dré une dizaine de publications parues en indexation ou en cours de production
dans des journaux scientifiques à comité de lecture. Ce manuscrit décrit, après
une partie introductive dans laquelle le concept physico-écologique des hydrures et
les bases théoriques utilisées sont exposés, les résultats obtenus sur la modélisation
des structures électroniques des différents systèmes. Les propriétés magnétiques des
systèmes à électrons itinérants d’une part et localisés d’autre part sont rapidement
apparues comme le point central de ces études.
ix
x
Publications dans des périodiques à comité de
lecture
xi
xii
Nomenclature
AF Antiferromagnétique (Antiferromagnetic)
APW Onde plane augmentée (Augmented plane wave)
ASA Approximation de la sphère atomique (Atomic sphere approximation)
ASW Onde sphérique augmentée (Augmented spherical wave)
B0 Module de compressibilité (Bulk modulus)
BC Bande de conduction (Conduction band)
BV Bande de valence (Valence band)
BZ Zone de Brillouin (Brillouin zone)
COHP Population hamiltonienne d’orbitales cristallines (Crystal orbital hamiltonian population)
COOP Population de recouvrement d’orbitales cristallines (Crystal orbital overlap population)
DFT Théorie de la fonctionelle de la densité (Density functional theory)
ec électrons de conduction (conduction electrons)
ECOV Critère de liaison de l’énergie covalente (Covalent bond energy criteria)
ELF Fonction de localisation électronique (Electron localization function)
EF Energie de Fermi (Fermi energy)
!xs Eclatement dû aux interactions d’échanges magnétiques (exchange splitting energy)
GGA Introduction d’un gradient à l’approximation LDA (Generalized gradient approximation)
GS Groupe d’espace (Space group)
FM Ferromagnétique (Ferromagnetic)
LDA Approximation de la densité locale (Local density approximation)
NM Non-megnétique (Non-magnetic)
NSP Spin non polarisé (Non spin polarized)
PAW Pseudo-potentiel et onde augmentée (Projector augmented wave)
PP Pseudo-potentiel (Pseudo-potential)
SP Spin polarisé (Spin polarized)
xiii
xiv
Remerciements
xv
xvi
Table des matières
Titre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ii
Dédicace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii
Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ix
Publications dans des périodiques à comité de lecture . . . . . . . . . . . . xi
Nomenclature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiii
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xv
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xx
Liste des figures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xxiii
Liste des tableaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xxvi
1 Introduction 1
1.1 Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Structuration de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
xvii
xviii TABLE DES MATIÈRES
Bibliographie 146
Table des figures
4.1 Structures cristallines des phases de Laves : MgZn2 (C14) (a), MgCu2
(C15) (b) et MgNi2 (C36) (c). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2 Energie en fonction du volume de ScFe2 dans les structures modèles
C15, C14 et C36 (a) et ScFe2 H2 dans la structure C14 (b). Une seule
unité formulaire est prise en compte pour faciliter la comparaison
entre modèles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
4.3 ScFe2 H2 : cartographie de la fonction de localisation électronique
(ELF) projetée suivant les plans z = 0,25 (a) et x = 0,77 (b). Tous les
atomes du sous-réseau Fe1 sont marqués afin de les différencier des
atomes Fe2. L’environnement tétraédrique [Sc2 Fe22 ] de l’hydrogène
est montré par des lignes pleines liées entre elles. . . . . . . . . . . . . 42
4.4 Calculs non-magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des
sites dans ScFe2 (a) et ScFe2 H2 (b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.5 Liaisons chimiques dans une configuration non-magnétique : ECOV
projetées pour les interations métal-métal dans ScFe2 (a) et ScFe2 H2
(b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
4.6 Calculs magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des sites
et pour chacune des deux orientations possibles du spin (↑ et ↓) dans
ScFe2 (a) et ScFe2 H2 (b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.7 Liaisons chimiques tenant compte de la polarisation du spin : tracés
ECOV des spins ↑ et ↓ des interactions atomiques Sc-Fe1 dans ScFe2 . 52
4.8 ScFe2 H2 : liaisons chimiques au sein du critère ECOV des interac-
tions metal-H des projections spin-↑ (a) et spin-↓ (b). . . . . . . . . . 53
xxi
xxii TABLE DES FIGURES
xxv
xxvi LISTE DES TABLEAUX
Sommaire
1.1 Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.2 Structuration de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
L
es carburants fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel) qui répondent en ma-
jeure partie à la demande d’énergie primaire dans le monde sont de plus en plus
épuisés. La conjoncture économique actuelle prend en considération cette crise qui
requiert des solutions rapides et efficaces. En outre, les produits de combustion de
ces carburants causent un changement global du climat en induisant des phéno-
mènes nocifs tels que l’échauffement global, l’élévation des vagues, l’épuisement de
la couche d’ozone, les pluies acides, la pollution, etc. Ce changement climatique
pose le plus grand danger pour l’environnement et par la suite pour l’existence de
la vie sur la Terre à plus ou moins long terme.
Il est fortement annoncé que l’hydrogène deviendra, dans les prochaines décen-
nies le moyen de stockage et de transport de l’énergie pour la plupart des véhicules
et des dispositifs portatifs [1]. Ce raisonnement est principalement basé sur deux
critères : (i) l’épuisement des ressources pétrolières, et (ii) la commodité relative de
la production de l’hydrogène par rapport aux autres sources d’énergie (hydroélec-
trique, solaire, éolienne, géothermique, nucléaire et thermonucléaire), avec l’eau
comme seule matière première requise. L’eau H2 O est le fournisseur primaire de
l’hydrogène par le biais de la réaction réversible d’électrolyse :
1
H2 O + Energie ⇌ H2 + O2 (1.1)
2
L’hydrogène est utilisé inter alia pour générer l’énergie électrique dans les piles à
combustible avec une efficacité double par rapport à celle des moteurs à explosion
1
2 Chapitre 1 Introduction
mal maîtrisés ;
● la proposition de contrôler les propriétés magnétiques en modélisant une oc-
cupation discrète des atomes H dans la matrice hôte ;
● la prédiction des stabilités structurale et magnétique par l’établissement
d’équations d’états permettant de trouver les paramètres d’équilibre décri-
vant le système (énergies, volume, module de compressibilité, etc.)d’une part
et l’analyse des densités d’états au niveau de Fermi d’autre part dans une
théorie du champ moyen dite de Stoner.
Sommaire
2.1 Familles d’intermétalliques et leurs hydrures . . . . . . 6
2.2 Optimisation des propriétés de stockage . . . . . . . . . 7
2.3 Intérêt fondamental des hydrures . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4 Application et potentialité des hydrures . . . . . . . . . 9
2.4.1 Machines thermodynamiques à hydrures . . . . . . . . . 9
2.4.2 Stockage de l’hydrogène et ses isotopes . . . . . . . . . . 10
2.4.3 Applications en électrochimie . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.4.4 Autres applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
L
e problème du stockage de l’hydrogène n’a pas été encore résolu de façon plei-
nement satisfaisante à ce jour. Les réservoirs à très haute pression soulèvent de
nombreux problèmes non négligeables (sécurité en cas de choc, coût et entretien des
compresseurs). L’hydrogène liquide semble également avoir un avenir peu promet-
teur, essentiellement en raison des pertes dues à la vaporisation. A court et moyen
terme, il apparaît que la possibilité de stockage à l’état solide, notamment dans
des intermétalliques, soit à envisager sérieusement. Ce chapitre décrit les grandes
familles d’intermétalliques à l’origine de nombreux travaux de recherche. Dans le
même esprit de concision, la démarche suivie pour améliorer les propriétés de sto-
ckage ainsi que les nombreux problèmes fondamentaux soulevés par l’insertion de
l’hydrogène dans la matrice métallique sont exposés. Par ailleurs, quelques appli-
cations à base d’hydrures connaissant une exploitation commerciale ou restreinte
encore à l’état de prototypes sont présentées pour conclure.
5
6 Chapitre 2 Composés intermétalliques et hydrures
Sommaire
3.1 L’approche de Hartree . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.2 Approximation de Hartree-Fock . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.2.1 Le principe d’exclusion de Pauli et l’échange . . . . . . . 16
3.2.2 Problème de la corrélation, trou de Coulomb . . . . . . . 17
3.3 Les débuts de la DFT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.4 Théorie de la fonctionnelle de la densité . . . . . . . . . 19
3.4.1 Note sur les équations de Kohn-Sham . . . . . . . . . . . 22
3.4.2 Formulation de l’échange-corrélation . . . . . . . . . . . . 22
3.5 Les fonctionnelles de la DFT . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.5.1 L’approche locale de la densité . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.5.2 L’introduction du spin dans l’approche locale de la densité 24
3.5.3 Implications de la LSDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.5.4 Schémas de paramétrisation de la LSDA . . . . . . . . . 26
3.5.5 Améliorations sur l’approximation locale . . . . . . . . . 27
3.6 Méthodes de calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
13
14 Chapitre 3 Aperçu sur le cadre théorique
L
es propriétés physiques d’un système solide, illustré par l’image d’électrons lé-
gers en mouvement autour de noyaux lourds, dépendent du comportement de
sa structure électronique. La mécanique quantique fournit le cadre idéal à cette
étude. Une description complète d’un système quantique à N électrons requiert le
calcul de la fonction d’onde correspondante : Ψ(r1 , r2 , ..., rN ) (le spin est omis ici
pour raison de simplicité). En principe ceci peut être obtenu à partir de l’équation
de Schrödinger indépendante du temps, HΨ = EΨ ; mais en pratique le potentiel
subi par chaque électron est imposé par le mouvement, non seulement des plus
proches voisins mais également par l’ensemble des autres électrons du système réel.
Ceci nécessiterait la solution d’une équation de Schrödinger avec ∼ 1023 équations
différentielles simultanées. En général, il n’est pas possible de résoudre cette équa-
tion et le recours à des approximations s’impose. Dans la suite du chapitre nous
nous efforcerons de suivre avec le lecteur le cheminement des différentes approches
conduisant in f ine à la formulation et la mise en oeuvre de la théorie de la fonc-
tionnelle densité -électronique- (DFT).
et de l’action des autres électrons. Ce dernier effet est plus délicat à prendre en
compte et dans l’approximation de Hartree on considère que les autres électrons
forment une distribution de charge négative ρ(r′ ). En outre, l’électron se déplace
dans un potentiel électrostatique moyen VH (r) provenant de l’ensemble des élec-
trons voisins exprimé par :
1
VH (r) = −e ∫ d3 r′ ρ(r′ ) (3.4)
∣r − r′ ∣
Il est important de signaler que le terme (3.3) est à un seul centre, en r, alors
que (3.4) est à deux centres, en r et r’. Nous en verrons la conséquence dans les
approches suivantes.
Les fonctions propres résultant de la solution de l’équation 3.2 permettent de
calculer une nouvelle densité électronique :
par rapport à l’échange des coordonnées de n’importe quels deux électrons menant
à décrire le système à N corps (électrons) par l’égalité
Ψ(r1 , ..., ra , ..., rb , ..., rN ) = −Ψ(r1 , ..., rb , ..., ra , ..., rN ) (3.8)
dans laquelle ont été interverties les positions de a et de b. Ψ(r1 , ..., rb , ..., ra , ..., rN )
est la fonction d’onde du système à N corps résultant du produit de fonctions
mono-électroniques. Ceci est parce que les électrons sont des Fermions (spin 12 ) et
obéissent à une distribution de Fermi-Dirac.
EHF étant toujours supérieure à l’énergie exacte, Ecorr est une quantité négative.
Donc tout comme on a postulé un trou d’échange (de Fermi) excluant les électrons
de spins parallèles (↑ ou ↓) dans une même région de l’espace, un trou de corrélation
doit être ≪ imaginé ≫ pour les électrons de spins opposés (↑, ↓) car les mouvements
de ceux-ci sont corrélés par des interactions Coulombiennes. Intuitivement le trou
de corrélation doit être plus petit que celui d’échange puisque la règle d’exclu-
sion de Pauli est déjà obéie mais on parlera d’un même trou d’échange-corrélation
dont on exclura les autres électrons de même spin ainsi que de spin opposé. Ayant
exposé que l’approximation de Hartree rend compte du système sans échange ni
corrélations, et en stipulant que l’on peut mettre toute l’information sur ces deux
dernières quantités dans un terme que l’on qualifiera de EXC (énergie d’échange
et de corrélation), on peut donner l’expression de l’énergie totale Eexacte que l’on
souhaite atteindre :
Eexacte = EHartree + EXC . (3.11)
Le terme monoélectronique vext (r) définit le potentiel obtenu par l’action des
noyaux et vee (r1 , r2 ) l’action électrostatique des électrons en r2 sur ceux en r1 . La
complexité de la solution de Thomas-Fermi provient du terme de répulsion inter-
électronique :
ρ(r2 ) 3
vee (r1 , r2 ) = ∫ d r2 (3.14)
∣r1 − r2 ∣
difficile à calculer. Thomas et Fermi ont tenté de résoudre ce problème en rem-
plaçant ce terme par une intégrale de Coulomb traduisant l’interaction de deux
densités électroniques :
1 1
J12 [ρ] = ∫ ∫ ρ(r1 ) ρ(r2 )d3 r1 d3 r2 (3.15)
2 ∣r1 − r2 ∣
C’est un pas de plus par rapport au terme direct de Hartree (cf. l’équation 3.4).
Néanmoins, cet astuce ne fournit pas une solution parce que J12 [ρ] ne tient pas
compte de l’influence réciproque de la position instantanée des électrons, i.e. les
effets d’échange-corrélation.
H = T +V +U avec (3.16)
T = − ∑ ∇2i
N
(3.17)
i=1
V = ∑ vext (ri )
N
(3.18)
i=1
U = ∑ vel−el (ri − rj )
N
(3.19)
i≠j=1
où
1 1
vel−el (ri − rj ) = = (3.20)
∣ri − rj ∣ rij
Les deux premiers termes (cinétique et potentiel) sont à un seul centre alors que le
troisième terme (interaction Coulombienne) est à deux centres.
où
Malgré le fait que Exc [ρ(r)] représente une petite partie de l’énergie totale,
elle regroupe néanmoins toute l’information manquante sur les interactions. En
outre, on peut lui attribuer l’important rôle de ≪ liant ≫ ou de ≪ colle ≫ [45] dans le
système physico-chimique réel qui est mal décrit dans l’approximation de Hartree.
Par conséquent, son évaluation est à la base même de la solution à une particule
dans un champ effectif des méthodes modernes de calcul ab initio de structure
électronique.
Ainsi, dans sa formulation la DFT est exacte, puisque tous les effets multicorps
sont sous-jacents dans le terme Exc [ρ(r)]. Mais nous n’avons pas encore l’outil pour
résoudre le problème tant qu’on n’a pas le moyen d’évaluer l’énergie Exc [ρ(r)] qui
devra être approchée. Un aspect essentiel du premier théorème est que l’énergie
totale et les propriétés physiques qui en découlent sont indépendantes de la base
de fonctions d’onde utilisée pour construire la densité.
C’est l’ensemble (pour tous les i) des équations dites de Kohn-Sham. La densité de
charge ρ est donnée par :
ρ(r) = 2 ∑ fi ∣ ψi (r) ∣
2
(3.25)
i
Ce couplage est alors inclus dans la solution obtenue d’une manière itérative. Pour
l’expansion d’orbitales en termes de base de fonctions d’ondes, différentes bases
peuvent être utilisées -en fait le choix de la base n’est pas aussi crucial que celui
de la fonctionnelle pour l’énergie d’échange-corrélation-. Une fois ce choix fixé, les
orbitales sont utilisées pour trouver une meilleure densité ρ au travers du cycle
auto-cohérent. Un premier exemple de base est un ensemble d’ondes planes. Son
efficacité n’est certes pas la meilleure car il y a un besoin d’un grand nombre
de fonctions planes pour l’expansion. Cela présente tout de même l’avantage de
permettre l’utilisation de transformées de Fourier rapides entre les espaces direct et
réciproque. Une base plus efficace serait bien entendu les orbitales de Kohn-Sham
elles mêmes mais elles présentent le grand inconvénient de ne pas être connues
au début du calcul . . . Une alternative est l’utilisation d’une combinaison linéaire
d’orbitales atomiques (LCAO) [41].
Dans l’équation (3.30) on reconnaît dans le premier terme un produit des den-
1
sités électronique. Ce dernier, multiplié par le terme ∣r1 −r 2∣
, peut être lié à l’inter-
action Coulombienne entre deux densités électroniques comme celle décrite dans
l’approximation de Thomas-Fermi. La nouveauté est dans le deuxième terme qui
de par sa formulation, traduit l’interaction d’une densité électronique avec celle
d’un trou appelé trou d’échange-corrélation. Tout en étant moins aisé à imaginer
que le premier terme, nous introduisons par là l’expression mathématique du trou
d’échange-corrélation. La matrice densité ainsi définie est normalisée pour les paires
d’électrons dont la désignation est généralisée à r et r’ de spins σ et σ ′ :
3 ′ ρ(r, r )
1 ′
Vee =
2∫ ∫
3
rd r (3.32)
∣r − r′ ∣
d
2∫ ∫ 2∫ ∫
3 3
rd r rd r (3.33)
∣r − r′ ∣ ∣r − r′ ∣
d d
= U + Exc (3.34)
Exc [ρ , ρ ] = ∫ d3 rρ(r)"hom
LSDA ↑ ↓
xc (ρ , ρ )
↑ ↓
(3.39)
[−∇2 + vef
↑
f (r) − "i ] ψi (r) = 0
↑
(3.40)
[−∇2 + vef
↓
f (r) − "i ] ψi (r) = 0
↓
(3.41)
Dans les équations 3.40 et 3.41 le potentiel effectif ne montre pas une dépen-
dance en spin pour ses composantes de potentiel extérieur et d’interaction électro-
statique, mais uniquement pour la contribution ≪ échange-corrélation ≫. On écrit
alors vef f (r) :
(↑,↓)
f (⃗
r ) = vext (r) + δEδρxc↓ (r)
↓ (↑,↓)
vef (3.43)
Il apparaît nettement que le moment magnétique est non nul si : n(↑) ≠ n(↓).
est suffisamment fiable. Il est important de signaler que l’obtention de "xc [ρ↑ , ρ↓ ]
ne fait pas appel à des paramètres externes empiriques dans la procédure de para-
métrisation.
plusieurs conditions de physique quantique dont la plus importante est celle appelée
self-interaction (SIC) 5 . La LDA représente à l’évidence une approximation grosso
modo de la DFT. Elle conduit parfois à une description médiocre des propriétés de
certains systèmes (ex. l’état fondamental du fer est obtenu pour la variété cubique
à faces centrées γ alors qu’il sagit en fait de la variété cubique centrée α connue à
l’ambiante), surtout pour les actinides et les lanthanides. Néanmoins, le but pour-
suivi est la modélisation des résultats obtenus des expériences. A cette fin, la théorie
reste outil tant qualitatif (propriétés de liaison chimiques) que quantitatif (moment
magnétiques, champs hyperfins, ordres magnétiques, etc.) assez performant, dont
l’amélioration des faiblesses restent un champ de recherche ouvert.
Sommaire
4.1 Généralités sur les phases de Laves . . . . . . . . . . . . . 30
4.2 Caractéristiques cristallographiques . . . . . . . . . . . . 32
4.3 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.4 Intérêt de l’étude de la phase C14 : ScFe2 . . . . . . . . 36
4.5 Résultats de l’optimisation géométrique . . . . . . . . . 37
4.5.1 Structure cristallographique : équilibre et stabilité . . . 37
4.5.2 Equilibre et stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
4.5.3 Analyse topologique de la localisation électronique : fonc-
tion ELF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
4.6 Résultats des calculs tous-électrons . . . . . . . . . . . . . 42
4.6.1 Calculs non-magnétiques en dégénérescence du spin . . 43
4.6.2 Calculs tenant compte de la polarisation du spin . . . . 46
4.6.3 Effets de l’expansion anisotrope due à l’hydrogène dans
ScFe2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
29
30 Chapitre 4 Les Phases Binaires de Laves et leurs Hydrures : AT2 − Hx
L
es phases binaires de Laves AT2 constituent une famille riche de composés inter-
métalliques. A est ici un élément électropositif tel un métal alcalin, un alcalino-
terreux, un lanthanide, un actinide ou un élément de transition des groupes IIIB
et IVB. Quant à T, il est un élément de transition moins électropositif que A, par
exemple les métaux des groupes VIIB et VIIIB ou un métal noble. Ces systèmes
cristallisent dans trois structures : hexagonale ou C14, cubique à faces centrées ou
C15 (majoritaires) et dihexagonale C36 (minoritaire). Leur étude montre un double
intérêt du point de vue structural : (i) la transformation de la structure C15 en
C14 par empilement de réseaux atomiques bidimensionnels, et (ii) la présence du
composant T, dans le cas C14, dans deux positions cristallographiques distinctes.
Compte tenu de ce dernier point, il devient important de comprendre par le biais
des calculs ab initio le comportement des structures électronique et magnétique des
sous-réseaux T de C14, lorsqu’il est question d’un métal de transition comme le
fer par exemple. Néanmoins, l’élément A peut être parfois responsable du magné-
tisme de ces intermétalliques : c’est le cas des composés T RFe2 (T R = terre rare).
Des calculs DFT effectués sur CeFe2 montrent un recouvrement fort entre les états
4f(Ce) et 3d(Fe) induisant une réduction du moment magnétique total dû aux spins
[56].
Par ailleurs, l’insertion de l’hydrogène dans des sites interstitiels des intermé-
talliques AT2 induit une expansion du volume de la maille et une modification du
magnétisme dont les propriétés doivent être mieux maîtrisées pour des applications
dans le domaine des hydrures, des aimants permanents, etc. Ce chapitre souligne
deux effets principaux intervenant dans ces intermétalliques et leurs hydrures : (i)
l’effet magnétovolumique apporté par l’expansion du volume de la maille, et (ii)
l’effet de liaison chimique de l’hydrogène avec les métaux voisins. Ces deux effets
peuvent être contraires ou complémentaires. Une attention particulière est donnée
à l’intermétallique ScFe2 qui montre un polymorphisme et reçoit l’hydrogène ato-
mique au sein de sa maille jusqu’à une composition ScFe2 H2 . La variante C14 est la
plus stable, expérimentalement et ici théoriquement, pour l’intermétallique pur et
son dihydrure. Ainsi les atomes d’hydrogène d’une part et l’expansion du volume
de la maille d’autre part introduisent des modifications aux caractères magnétiques
locaux des sous-réseaux de fer engendrant des propriétés intéressantes d’inversion
de l’ordre de grandeur pour les moments magnétiques et les champs hyperfins. Ces
aspects originaux sont relatifs à l’occupation électronique des bandes de valence
d’une part et à la polarisation des électrons du cœur d’autre part.
Table 4.1: Exemples des composés des phases binaires de Laves cristallisant dans les
structures C14, C15 et C36. a Ln = lanthanide et b Ac = actinide.
composés intermétalliques selon ces trois types de structures sont donnés dans le
tableau 4.1.
(a)
(c)
(b)
Figure 4.1: Structures cristallines des phases de Laves : MgZn2 (C14) (a), MgCu2
(C15) (b) et MgNi2 (C36) (c).
Ces tétraèdres se regroupent suivant l’axe c dans l’ordre [T13 T3] puis 2 ×
[T23 T3] puis [T13 T3] formant des chaînes parallèles reliées entre elles par
les sommets T1. Dans une même chaîne, les tétraèdres [T23 T3] sont reliés
aux tétraèdres [T13 T3] par les sommets T3 et entre eux par les faces 3T2
dans le plan ab, formant deux pyramides trigonales confondues apicalement.
A partir de cette description, la structure C36 est considérée comme une
compostion des deux autres structures, i.e. C14 et C15.
4.3 Applications
Les phases de Laves présentent de très bonnes propriétés mécaniques [60]. Par
exemple, des recherches en cours visent sur l’utilisation des précipités fins des
phases de Laves dans les turbines des métaux afin d’améliorer leur essai fatigue
4.3 Applications 35
l’expansion de la maille, l’énergie de liaison H-M entre autres sont des propriétés
mal maîtrisées.
Les études sur les phases de Laves et leurs hydrures ont bénéficié des avan-
cées technologiques tant au niveau expérimental que théorique. De nombreuses
méthodes de synthèse comme celles sous hautes pressions ont favorisé la fabrica-
tion de ces composés ainsi que de leurs hydrures avec un taux d’insertion toujours
plus élevé. Les techniques de caractérisation structurale (diffraction des rayons X,
diffraction des neutrons, . . . ) corrélées aux méthodes d’analyse (spectroscopie d’ab-
sorption X, magnétomètre à détecteur SQUID, spectroscopie Mössbauer, . . . ) ont
permis d’améliorer la description de ces matériaux. Ainsi, de nombreuses phases
(YFe2 [66], YMn2 [67], . . . ) ont dévoilé leurs propriétés physiques et l’effet de l’in-
sertion de l’hydrogène commence à être mieux compris. Néanmoins, il est apparu
très vite nécessaire de compléter ces études avec une approche théorique pour trai-
ter les problèmes électroniques. L’utilisation de différentes méthodes numériques
construites au sein de la DFT (VASP, LMTO, WIEN, ASW, . . . ) ont permis de-
36 Chapitre 4 Les Phases Binaires de Laves et leurs Hydrures : AT2 − Hx
puis les vingt dernières années de rendre compte des structures électroniques et
magnétiques non accessibles par l’expérience.
Aujourd’hui, les efforts se concentrent sur la compréhension des modifications
des propriétés électroniques apportées par l’insertion de l’hydrogène. On souhaite
notamment obtenir des informations plus précises sur les propriétés de liaison H-M.
Connaître parmi les sites d’insertion possibles lesquels sont occupés présente une
autre tâche intéressante. Ces renseignements permettront d’élucider la configura-
tion statique du réseau d’hydrogène. De même, des informations sur la dynamique
du système sont essentielles pour mieux cerner les phénomènes de diffusion de l’hy-
drogène au sein de ce matériau. En somme, on s’attache actuellement à établir
les facteurs qui contrôlent la stabilité, la cinétique et la capacité d’absorption de
l’hydrogène. Le but final étant de modifier ces composés (soit par changement de
la stœchiométrie soit par l’intermétallique avec d’autre éléments atomiques) afin
de les rendre les mieux adaptés aux différentes applications futures.
précédent) : 48,3, 40, 16,7 et 11,67 %. Pour simuler le dihydrure nous avons choisi
de remplir à 50 % deux sites 6h avec des coordonnées identiques aux positions 6h
du composé ScFe2 D2,5 . Il est important de signaler que l’optimisation géométrique
est faite dans le cadre de la méthode VASP à base de pseudo-potentiels (PP) en
utilsant des PP ultra-doux (cf. la section A.3 de l’annexe A) et en traitant les effets
d’échange-corrélation dans la LDA paramétrée par Perdew et Zunger [157]. Les
valeurs de départ des paramètres de maille a et c d’une part et des coordonnées
internes des différentes espèces atomiques sont données dans le tableau 4.3. Auprès
de la structure C14 de l’intermétallique pur, des modèles C15 [69] et C36 [76] sont
optimisés par VASP pour comparer leurs énergies et volumes d’équilibre à ceux
calculés pour C14 et établir par la suite les tendances de stabilité définies par
l’expérience dans l’ordre décroissant : C14 suivie de C36 puis C15.
(a)
(b)
Figure 4.2: Energie en fonction du volume de ScFe2 dans les structures modèles C15,
C14 et C36 (a) et ScFe2 H2 dans la structure C14 (b). Une seule unité formulaire est
prise en compte pour faciliter la comparaison entre modèles.
4.5.3 Analyse topologique de la localisation électronique : fonction ELF 41
4,5Å. Nous obtenons alors une valeur de E(H2 ) égale à −6,595 eV. Cette dernière
représente l’énergie totale de la structure électronique de H2 comprenant deux fois
l’énergie d’un atome H et une correction de l’énergie du point zéro (ZPE). En outre,
nous avons effectué des calculs pour un atome H placé dans une boîte de dimensions
similaires donnant une énergie de −0,95 eV. La somme de cette dernière et la
référence atomique de H définie dans le PP, i.e. −12,529 eV, est de −13,479 eV. Cette
énergie se rapproche de la valeur connue de −13,6 eV pour un atome H. L’énergie
du point zéro calculé dans VASP pour H2 prend la valeur 0,28 eV [77]. L’énergie
de liaison de H2 devient alors −4,42 eV (Eliaison = E(H2 ) − 2 × E(H) + ZPE). La
valeur absolue de cette dernière quantité s’approche de l’énergie de dissociation de
H2 (36118 cm−1 ou 4,48 eV), obtenue par des mesures spectroscopiques d’excitation
par fluorescence [78]. Par suite, ayant bien défini E(H2 ), nous calculons Estabilisation
qui prend la valeur −0,02 eV par u.f.. Cette dernière est trois fois plus petite par
rapport à celle calculée pour ZrFe2 H0,5 [79]. Ceci sous-tend un caractère de H plus
labile dans ScFe2 H2 .
(a) (b)
Å) par rapport à Fe1-H (dF e1−H = 2, 800 Å). Ceci sera vérifié dans l’analyse des
liaisons chimiques.
25 Sc
20 Sc Fe1
Fe1 Fe2
Fe2 20 H
15
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
15
10
10
5
5
0 0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 4.4: Calculs non-magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des sites
dans ScFe2 (a) et ScFe2 H2 (b).
sous-réseaux de fer avec une intensité prédominante pour Fe2. Quant aux états
de Sc à EF , une intensité faible est notée par rapport à Fe1 et Fe2. Le bas de la
BV, c’est-à-dire entre −6 et −2,5 eV, est marqué par l’allure identique des courbes
PDOS des espèces Sc, Fe1 et Fe2 permet de suggérer un recouvrement des états sp
de Fe2, Fe1 et Sc. La BC montre une intensité dominante des états d du scandium
due à leur occupation électronique. En outre Sc se trouve au début de la période
3d avec des états d presque vides.
L’inspection visuelle de la figure 4.4(b) montre des tendances dans le dihydrure
similaires à celle discutées dans l’intermétallique pur. Dans ce cas les pics de DOS
montrent une allure plus étroite, localisée et intense dans l’intervalle énergétique
[−5 eV; EF ]. Ceci correspond à la réduction du recouvrement des états p(Sc) d’une
part et d(Fe) d’autre part. Deux régions énergétiques distinctes sont observées dans
le bas de la BV : [−5; −8] eV et [−10; −12] eV. L’allure des PDOS dans ces deux
régions indique un mélange quantique entre Sc, Fe2 et H significatif des interactions
entre ces atomes. Ceci démontre a posteriori le caractère d’hydrure de ce composé
en accord avec la topologie ELF (voir la figure 4.3). Nous pouvons supposer à partir
de ce fait que le sous-réseau Fe1 aura un comportement magnétique dans l’hydrure
différent de celui dans l’intermétallique pur.
Table 4.4: Résultats des calculs magnétiques pour ScFe2 et son dihydrure. Les valeurs
du produit In(EF ) sont données pour les sous-réseaux Fe1/Fe2 respectivement. Erel
représente en eV les valeurs des énergies NSP/SP par u.f. de tous les modèles relatives
à celle de l’intermétallique pur obtenue par le calcul non-magnetique (E0 = −89859, 409
eV).Les moments magnétiques sont exprimés en µB . Le terme de contact de Fermi
HF C du champ hyperfin et sa contribution de cœur HFcœur C sont exprimés en kGauss.
donc s’attendre à l’apparition de moments magnétiques finis sur les deux sites de fer
(Fe1 et Fe2) dans les résultats des calculs SP. Les valeurs du produit In(EF ) pour
les modèles ScFe2 H2 sans H indique une tendance dans ces systèmes à s’ordonner
magnétiquement. Ceci souligne l’effet magnétovolumique apporté par l’expansion
de la maille. Ces tendances prédites par la théorie de Stoner seront vérifiées quan-
titativement dans les calculs SP où des quantités comme les moments magnétiques
et le remplissage des bandes 3d des sous-réseaux de fer seront extraites.
1000
Sc-Fe1 1500 Sc-Fe1
Sc-Fe2 Sc-Fe2
Fe1-Fe2 1000 Fe1-Fe2
500
500
ECOV
ECOV
0 0
-500
-500
-1000
-1500
-1000
-6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 4.5: Liaisons chimiques dans une configuration non-magnétique : ECOV pro-
jetées pour les interations métal-métal dans ScFe2 (a) et ScFe2 H2 (b).
tient pas compte de cette polarisation. Ceci est attendu parce que l’intermétallique
pur et son dihydrure manifestent, d’après l’expérience, un ordre ferromagnétique
[82, 83, 84]. Par ailleurs les valeurs de l’énergie Erel , qui est obtenue par la différence
entre l’énergie NSP ou SP d’un modèle d’une part et l’énergie NSP de l’intermétal-
lique pur (E0 = −89859, 409 eV) d’autre part, montrent que la configuration SP du
dihydrure est la plus stable parmi tous les modèles. Les modèles ScFe2 H2 exempts
de H sont instables du fait qu’ils sont des modèles hypothétiques qui considèrent
l’intermétallique pur avec un volume élargi permettant ainsi d’estimer les effets
magnétovolumiques.
Sc Sc
10 Fe1 10 Fe1
Fe2 Fe2
H
5 5
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
0 0
-5 -5
-10 -10
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 4.6: Calculs magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des sites
et pour chacune des deux orientations possibles du spin (↑ et ↓) dans ScFe2 (a) et
ScFe2 H2 (b).
énergétiques discutés dans la section 4.6.2.1 pour ScFe2 sont retrouvés ici avec une
région itinérante élargie, c’est-à-dire située dans un intervalle [−11; −6] eV, due aux
états s de l’hydrogène. L’allure similaire des courbes PDOS des espèces atomiques
présentes au sein de la maille indique un mélange quantique entre les états s, p
des métaux et s de l’hydrogène. D’une manière générale, les pics sont plus étroits
et plus pointus que ceux des PDOS de l’intermétallique pur (voir la figure 4.6(a)).
Ceci est significatif d’une localisation plus large dans le dihydrure. Celle-ci est par-
ticulièrement remarquée pour les deux sous-réseaux de fer dans la région entre −5
eV et EF . Néanmoins les PDOS de ces deux sous-réseaux montrent un comportent
différent au niveau de Fermi supposant un comportement magnétique différent de
Fe1 et Fe2.
structure pérovskite du composé Fe4 N−γ ′ , il a été observé que les atomes de fer aux
centres des faces, donc proches (à a2 ) de l’azote qui se trouve au centre de la maille,
manisfestent un ferromagnétisme faible (moment√magnétique de 2 µB ) alors que
les atomes de fer aux sommets du cube, loin (à a 2 3 ) de N, montrent un caractère
ferromagnétique fort avec un moment magnétique plus prononcé (3 µB ) [88]. Dans
ce sens, un caractère ferromagnétique fort est synonyme d’une bande d↑ entière-
ment remplie et à une PDOS basse au niveau de Fermi. Ceci est le cas de Fe1 dans
la figure 4.6(a). Par conséquent, l’hydrure montre deux comportements différents
des sous-réseaux de fer où Fe1 est ferromagnétique fort et Fe2 est ferromagnétique
faible. Ce comportement particulier caractérise une classe d’intermétalliques dits
INVAR comme Ni0,35 Fe0,65 ou encore les nitrures (Ni, Pd)Fe3 N [89].
400
spins majoritaires
spins minoritaires
300
200
100
ECOV
0
-100
-200
-300
-6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV)
Figure 4.7: Liaisons chimiques tenant compte de la polarisation du spin : tracés
ECOV des spins ↑ et ↓ des interactions atomiques Sc-Fe1 dans ScFe2 .
distinctes de Hef f [74], c’est-à-dire −239 et −300 kGauss, sans les attribuer à chacun
des sous-réseaux de fer. Néanmoins il est prioritaire de vérifier l’écart important de
23 % entre la théorie et l’expérience avant l’attribution des quantités expérimentales
(Hef f ) aux sites de fer. Commençons d’abord par la décomposition du terme HF C
en deux contributions majeures : (i) la contribution HFcœur C des électrons 1s, 2s et
3s du cœur, et (ii) la contribution HF C valence
des électrons 4s de valence [88]. HFcœur
C
est généralement proportionnel au moment magnétique alors que HFvalence C exprime
la contribution des atomes voisins. Comme Fe1 intéragit faiblement avec les autres
constituants atomiques dans ScFe2 H2 , il devient logique de retenir seulement HFcœur C
(−272 kGauss) pour ce sous-réseau. Par opposition, les contributions de cœur et de
valence doivent être retenues pour Fe2 qui montre une interaction forte avec ces
voisins et sera représenté par la valeur de HF C de −232 kGauss. En comparant ces
quantités (Fe1 : −272 kGauss et Fe2 : −232 kGauss) avec les résultats expérimentaux
(−239 et −300 kGauss), la valeur −300 kGauss se trouve à Fe1 et −239 kGauss à
Fe2. L’écart théorie/expérience est réduit à 9 % pour Fe1 et à 3 % pour Fe2.
L’aspect remarquable d’inversion de l’ordre de grandeur des champs pour les deux
sous-réseaux de fer est observé. En outre, les termes de contact de Fermi dans
l’intermétallique montrent une valeur absolue supérieure pour Fe2 par rapport à
Fe1. Dans le dihydrure Fe1 montre la quantité HF C supérieure en valeur absolue.
Cet ordre d’inversion de HF C est proportionel à celui des moments magnétiques
(cf. la section 4.6.2.5).
4.6.2.8 Liaison chimique résolue en spin 53
200 200
Sc-H Sc-H
Fe1-H Fe1-H
100 Fe2-H 100 Fe2-H
ECOV
ECOV
0 0
-100 -100
-200 -200
-6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 4.8: ScFe2 H2 : liaisons chimiques au sein du critère ECOV des interactions
metal-H des projections spin-↑ (a) et spin-↓ (b).
4.7 Conclusion
Ce chapitre a présenté une étude ab initio des effets de l’insertion de l’hydrogène
sur la structure magnétique et les propriétés de liaison chimique dans la phase de
Laves AT2 avec une attention particulière donnée au composé polymorphique ScFe2
et son dihydrure. Les calculs d’optimisation géométrique à l’aide de PP US dans le
code VASP sur les structures C14, C15 et C36 de l’intermétallique pur montrent par
comparaison des courbes E(V ) que la variété C14 est la plus stable énergétiquement
suivie par C36 puis C15. Ceci est conforme à l’expérience. Les volumes à l’équilibre
des trois variantes de ScFe2 sont proches des données expérimentales. Le lissage
des courbes E(V ) par l’équation de Birch donne les tendances de compressibilité
4.7 Conclusion 55
de ces variantes dans l’ordre décroissant C15 (B0 = 172 GPa) suivie par C14 (B0
= 173 GPa) puis C36 (B0 = 174 GPa). Dans le même cadre, le dihydrure ScFe2 H2 ,
stable dans la structure hexagonale C14, montre une compressibilité (B0 = 147
GPa) 18 % plus prononcée que l’intermétallique pur cristallisant dans la même
structure. Cette augmentation de la compressibilté est proportionnelle à l’expansion
volumique observée en passant de l’intermétallique pur au dihydrure. Les positions
de l’hydrogène dans le dihydrure, non disponibles par l’expérience, sont déterminées
ici à partir des résultats d’optimisation géométrique. Les atomes H sont agencés
dans deux sites tétraédriques ([Sc2 Fe22 ]) 6h avec des taux d’occupation de l’espace
de 50 % pour chacun d’eux. Par ailleurs les résultats des calculs PP ont permis
une analyse des localisations électroniques (ELF) par une cartographie des densités
dans l’espace direct. Cette analyse retrace l’image d’hydrure de ScFe2 H2 avec des
atomes H pseudo négatifs, c’est-à-dire avec une charge entre 0 et 1, dûs à la nature
covalente de ces systèmes.
La particularité de la structure C14 est d’accomoder les atomes de fer dans deux
positions cristallographiquement distinctes : Fe1 (2a) et Fe2 (6h). L’état de l’art de
ce système hexagonal fournit des mesures magnétiques et de spectroscopie Möss-
bauer du 57 Fe montrant l’apparition d’un moment magnétique moyen sur les sites
de fer et d’un champ hyperfin sans attribuer ces quantités aux deux sous-réseaux.
Les paramètres structuraux optimisés par VASP sont utilisés pour les calculs tous-
électrons dans le code ASW afin de différencier les structures électronique et ma-
gnétique des sous-réseaux de fer. Deux modèles supplémentaires ScFe2 H2 exempt
d’hydrogène, isotropes à l’intermétallique et au dihydrure respectivement sont mo-
délisés pour simuler l’expansion anisotrope du volume de la maille de ScFe2 induite
par l’insertion de l’hydrogène. La littérature fournit des études théoriques et ex-
périmentales de ce système qui expliquent son comportement magnétique par le
biais d’un modèle de décomposition de bandes rigides. Par opposition, les résultats
obtenus ici démontrent un comportement relatif au ≪ magnétisme covalent ≫ déjà
identifié pour d’autres systèmes. L’expansion volumique engendre un effet original
d’inversion de l’ordre de grandeur des moments magnétiques des sous-réseaux de fer
en passant de l’intermétallique pur au dihydrure. En outre, mF e2 est plus petit que
mF e1 dans ScFe2 contrairement au dihydrure où Fe1 porte un moment plus large.
Cette inversion est relative à l’effet magnétovolumique d’une part et à l’interac-
tion de l’hydrogène avec les sous-réseaux de fer d’autre part. En effet, l’interaction
Fe2-H est plus forte que celle Fe1-H engendrant un déséquilibre du remplissage des
bandes 3d des sous-réseaux de fer qui étaient occupées de manière équivalente dans
l’intermétallique pur. Ceci permet d’attribuer des caractères ferromagnétiques fort
et faible à Fe1 et Fe2 respectivement dans ScFe2 H2 dont la valeur moyenne des
moments magnétiques est proche de l’expérience. Notons aussi l’apparition d’un
moment négatif sur le site du scandium suggérant un ordre ferrimagnétique pour
ces systèmes. Les densités du spin des électrons profonds extraites des calculs ASW
permettent d’attribuer les valeurs du champ effectif Hef f mesurées par spectrosco-
56 Chapitre 4 Les Phases Binaires de Laves et leurs Hydrures : AT2 − Hx
Sommaire
5.1 Caractéristiques cristallographiques de l’intermétal-
lique pur et ses phases hydrurées . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Les calculs utilisant des pseudo-potentiels . . . . . . . . 61
5.2.1 Résultats de l’optimisation géométrique . . . . . . . . . . 61
5.2.2 Quantités à l’équilibre : énergie, volume et module de
compressibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
5.2.3 Analyse topologique de la localisation électronique : fonc-
tion ELF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
5.3 Résultats des calculs tous-électrons . . . . . . . . . . . . . 67
5.3.1 Calculs non-magnétiques en dégénérescence du spin . . 68
5.3.2 Calculs tenant compte de la polarisation du spin . . . . 71
5.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
57
58 Chapitre 5 Les Phases Binaires de Haucke et leurs Hydrures : AT5 − Hx
C
e chapitre s’inscrit dans la continuité de l’étude des intermétalliques binaires
et leur interaction avec l’hydrogène initiée au chapitre 4. Comme les phases
de Laves AT2 , les phases de Haucke représentent une famille d’intermétalliques bi-
naires de composition AT5 . Dans ce cas A est une terre rare et T un élément des
blocs p ou d. D’après la composition de ces phases, il apparaît nettement que les
intermétalliques AT5 sont plus complexes d’un point de vue structural vis à vis les
phases de Laves AT2 . Ces intermétalliques sont connus par leur capacité d’absorber
l’hydrogène jusqu’à une composition de six atomes H par u.f. aux conditions nor-
males de température et de pression (CNTP) [16], i.e. à 298 K et à ∼ 2 × 105 Pa. A
ce titre, ces intermétalliques deviennent importants pour des applications comme
les batteries rechargeables à base d’hydrures métalliques [90]. Parmi plusieurs in-
termétalliques isostructuraux, i.e. CaNi5 , YNi5 , LaNi5 et ThNi5 , nous avons choisi
de mettre en relief l’intermétallique LaNi5 pour sa capacité massique de stockage
de l’hydrogène à CNTP allant jusqu’à 1,38 %, c’est-à-dire 40 % de plus que l’hy-
drogène liquide. Néanmoins, cette capacité massique est inférieure à celle de MgH2 ,
l’archétype des hydrures, qui est de 7,6 %. D’ailleurs, les intermétalliques à base de
Y et Th n’absorbent pas l’hydrogène à CNTP [91]. Ces intermétalliques continuent
à bloquer les atomes H même à une pression élevée de 107 Pa. Quant à CaNi5 ,
il absorbe jusqu’à quatre atomes H par u.f. à CNTP et n’atteint la concentration
de 6 atomes H par u.f. qu’à la pression 25 × 105 Pa. Il est important de signaler
l’aspect remarquable de la cinétique rapide d’absorption et de désorption de l’hy-
drogène dans l’intermétallique LaNi5 [92]. L’expérience montre que l’hydruration
de LaNi5 conduit à la formation de deux solutions hydrogénées : d’une part une
phase primaire α de composition LaNi5 H0,5 et d’autre part une phase plus concen-
trée β de composition La2 Ni10 H12 (Z = 1) [93, 94]. L’hydrure α cristallise dans le
même groupe d’espace (GS) que l’intermétallique pur, i.e. P6/mmm. Quant à l’hy-
drure β, les caractérisations expérimentales de diffraction neutronique indiquent
qu’il adopte deux GS, notamment P63 mc et P31c. A cet effet, les mesures expéri-
mentales et les calculs ab initio antérieurs n’ont pas confirmé de manière décisive la
symétrie du GS de l’hydrure β. S’agissant de la structure magnétique, l’expérience
montre que l’intermétallique LaNi5 est paramagnétique [95]. A ce titre, des calculs
ab initio antérieurs ont été faits résultant en une configuration magnétique diffé-
rente de l’expérience. Par exemple, des calculs utilisant la méthode de l’onde plane
augmentée (APW), ont prédit que LaNi5 est un intermétallique ≪ ferromagnétique
très faible ≫ portant un moment magnétique total de 0,69 µB [96]. Des calculs
plus récents, ont convergé vers des moments magnétiques totaux de 1,15 et 1,25
µB utilisant la méthode ≪ linear muffin-tin orbital ≫ dans un schéma ≪ full poten-
tial ≫ (FP-LMTO) et dans l’approximation de la sphère atomique (ASA-LMTO)
respectivement [97]. Les auteurs de ces travaux ont expliqué leurs résultats en
attribuant l’anomalie de la valeur du moment magnétique total par rapport à l’ex-
périence à un problème délicat de calcul de l’énergie totale quand l’intermétallique
est dans un état de transition entre les configurations ferro- et paramagnétique.
5.1 Caractéristiques cristallographiques de l’intermétallique pur et ses phases
hydrurées 59
Dans ce chapitre, nous présentons une étude ab initio des structures électronique
et magnétique de l’intermétallique LaNi5 et son hydrure β. Comme précédemment,
les calculs sont effectués au sein de la DFT en utilisant deux méthodes complé-
mentaires :VASP et ASW. La méthode VASP, basée sur des PP sert à revisiter la
symétrie de l’hydrure β afin de déterminer par la comparaison de l’énergie totale
à l’équilibre le GS le plus stable. Par ailleurs, une analyse de l’énergie de stabili-
sation de l’hydrogène ou la liaison de l’hydrogène dans la maille est présentée. A
ce titre, des modèles d’hydrures intermédiares de composition LaNi5 H3 aux symé-
tries des GS de l’intermétallique pur et de l’hydrure β sont simulés. Quant à la
méthode ASW du type tous-électrons, elle apporte une analyse approfondie de la
structure magnétique compte tenu de sa prise en compte des électrons de cœur. De
la sorte, l’état fondamental de l’intermétallique LaNi5 est évalué en fonction des
remplissages des bandes dans les configuration NSP et SP. Ceci est important dans
la mesure où la théorie n’a pas encore réussi à établir un accord avec l’expérience
qui décrit LaNi5 comme un intermétallique paramagnétique. Il devient donc inté-
ressant d’indiquer théoriquement la stabilité d’une configuration paramagnétique
afin de mieux comprendre le mécanisme à la base de l’ordre des spins. Par ailleurs,
l’absorption de l’hydrogène dans la maille est contrôlée par des facteurs de taille et
électonique. Par suite, il devient nécessaire de compléter notre l’étude par l’évalua-
tion de l’effet magnétovolumique dû à l’expansion de la maille lors de l’absorption
de l’hydrogène. A cet effet, les électrons des états itinérants 3d(Ni) sont examinés
afin de vérifier, comme dans les cas des sous-réseaux de fer de ScFe2 (cf. le chapitre
4) si des moments magnétiques apparaîtront sur les sites atomiques du nickel. Dans
un deuxième temps, l’apport des effets de liaison chimique de l’hydrogène avec les
espèces atomiques, notamment le nickel, est examiné.
les atomes d’hydrogène occupent souvent les sites 3f et/ou 12n [93, 98, 99, 100].
Ceci est dû à l’environnement atomique des atomes H dans le site octaédrique 3f
(voir la figure 5.1(b)). Par ailleurs, le site tétraédrique 12n montre empiriquement
un trou de rayon 0,408 Å. Dans ce cas, le critère de Westlake imposant un rayon
minimum de 0,400 Å pour le trou d’insertion est respecté [101]. Par conséquent, le
site 6m montrant un trou de rayon 0,551 Å peut être occupé par H [99].
(a)
(c)
(b)
maille primitive répartis dans les trois sites suivants : H1 dans le site octaédrique
6c ([La2 Ni12 Ni2Ni3]), H2 et H3 dans les sites tétraédriques 2b ([Ni13 Ni2]) et 6c
([La2 Ni12 ]). Par ailleurs, la différence entre les deux GS, i.e. P63 mc et P31c, est
due au plan miroir du site 6c dans P63 mc conduisant à la position particulière (x,
x̄, z) au lieu de (x, y, z) dans P31c. Par exemple, les atomes Ni dans l’hydrure β
à symétrie P63 mc sont dans les mêmes positions que le GS P31c à l’exception de
Ni1 occupant une position qui diffère de celle de son homologue dans P31c par une
translation miroir suivant l’axe y. Dans la suite de ce chapitre, les nomenclatures
β1 et β2 seront relatives aux hydrures β adoptant les symétries P63 mc et P31c
respectivement. Dans nos calculs, nous avons considéré des modèles β saturés, i.e.
avec un remplissage complet des sites d’hydrogène afin de ne pas briser la symétrie,
correspondant à une composition La2 Ni10 H14 (Z = 1). La figure 5.1(c) montre le
modèle β1 avec les différents sites d’insertion de l’hydrogène.
Dans un premier temps une optimisation géométriques est faite pour LaNi5 dans
le code VASP basé sur des potentiels PAW construits dans la GGA (cf. la section
A.4 de l’annexe A). Au début des calculs, les paramètres internes (cf. la section 5.1)
et de maille (a = 5, 017 Å et c = 3, 986 Å) utilisés sont ceux de l’expérience [16]. La
structure optimisée possède la même symétrie décrite dans l’expérience. Les valeurs
des paramètres de maille obtenus sont : a = 5, 001 Å et c = 3, 963 Å. Ces valeurs
sont moins de 1% inférieures à l’expérience. Ceci montre la validité du schéma
5.2.2 Quantités à l’équilibre : énergie, volume et module de compressibilité 63
(a)
(b)
Figure 5.2: Tracés des courbes E(V ) de : LaNi5 et l’hydrure intermédiaire LaNi5 H3
(Z = 1) (a) et les hydrures β1 et β2 ainsi que les hydrures intermédiaires aux symétries
de l’intermétallique pur (P6/mmm) et du modèle β (P63 mc) (b).
5.2.3 Analyse topologique de la localisation électronique : fonction ELF 65
charges entre les différentes espèces atomiques illustré par les pentagones distordus
de contour jaune. La couleur rouge autour des atomes de lanthane (sphères bleues)
est due au caractère de ses bandes f prises en compte dans les pseudo-potentiels
du type PAW utilisés ici. La couleur verte observée entre les atomes indique que la
distribution des densités électroniques dans ces modèles est similaire à celle d’un
réseau métallique, i.e. elle ressemble au caractère d’un gaz d’électrons libres. Ceci
est montré dans la figure 5.3(b). Dans un deuxième temps, les fonctions ELF de
l’hydrure β1 sont illustrées dans la figure 5.3(c). La normalisation de ces fonctions
est présentée suivant le plan (1 1 0). Nous observons une localisation forte autour
des atomes H (contours rouges). Ceci est en accord avec l’image chimique d’hydrure
du système représentant un hydrogène chargé négativement. Il est important de
signaler que le système étudié n’est pas ionique. A cet effet, l’hydrogène porte une
pseudo-charge négative, c’est-à-dire que les charges transférées vers les atomes H
sont entre 0 et 1.
(a)
(c)
(b)
Par ailleurs, des calculs supplémentaires sont effectués sur des modèles β1
exempts de H. Ceux-ci sont importants pour simuler les effets de l’expansion de
la maille, i.e. les effets de pression négative, sur le comportement magnétique des
atomes. De tels effets sont importants dans cette classe d’intermétalliques pour au-
tant que l’apparition d’un moment magnétique soit due à la polarisation interbande
du spin. En outre le magnétisme est porté par le gaz d’électrons dans une approche
d’électrons collectifs. Ce comportement est en opposition avec d’autres systèmes
tels les oxydes isolants où le magnétisme a un caractère intrabande indépendant
des variations de volume [80].
68 Chapitre 5 Les Phases Binaires de Haucke et leurs Hydrures : AT5 − Hx
L’un des intérêts d’effectuer des calculs NM est l’analyse des PDOS qui est
important à différents apports : d’une part l’étude de la liaison chimique liée aux
recouvrements orbitalaires et d’autre part la discussion des densités d’états au
niveau de Fermi qui peuvent donner une idée de la stabilité du modèle dans une
configuration magnétique. Les tracés PDOS de l’intermétallique pur LaNi5 et de
l’hydrure β1 sont montrés dans les figures 5.4(a) et 5.4(b) respectivement. Les
énergies sont rapportées au niveau de Fermi EF . L’allure générale des PDOS de
l’intermétallique pur (voir la figure 5.4(a)) montre que les densités d’états des
atomes de nickel, dans les deux positions 2c et 3g, traversent le niveau de Fermi
sous forme de pics. Ces dernières montrent une intensité plus forte pour la position
3g par rapport à 2c. Ceci peut être expliqué par la multiplicité relative à chacun
des sites correspondant à un rapport d’occupation 2 ∶ 3 entre Ni(2c) et Ni(3g)
respectivement. L’allure similaire des courbes PDOS, dans la fenêtre énergétique
[−6; −2, 5] eV de la BV, est synonyme d’un recouvrement entre les états sp de Ni
et La. Ce recouvrement est conservé dans le haut de la BV, i.e. entre −2,5 eV et
EF . Dans ce cas les états d en sont responsables. Quant à la BC, elle est dominée
par les états f du lanthane compte tenu de leur faible remplissage, i.e. 4f 0 ,47 .
Dans un deuxième temps, les tracés PDOS de l’hydrure β1 sont montrés dans
la figure 5.4(b). Il apparaît nettement que la BV est de 2 eV plus large que celle de
l’intermétallique pur. Ceci peut être lié aux états s de l’hydrogène qui apportent
des électrons supplémentaires dans cette bande. La fenêtre énergétique [−10; −4, 7]
eV montre les états s de l’hydrogène, du lanthane d’une part et sp du nickel d’autre
part. S’agissant des atomes d’hydrogène H1 et H3, ils exhibent des intensités de
PDOS plus fortes que celle de H2 dans cette région. Ceci est relié à la multiplicité
plus grande des sites H1 et H3, i.e. égale à 6, par rapport à celle de H2 (égale à
2). Par ailleurs, les atomes Ni1 montrent une densité spectrale importante due à
la participation de Ni1 à la composition des trois sites d’insertion de l’hydrogène
(voir les figures 5.1(c) et 5.3(c) et cf. la section 5.1). Ce n’est pas le cas pour les
atomes Ni2 et Ni3 qui participent à la composition de deux et d’un site d’insertion
de H respectivement. A cet effet, il est possible de prédire une interaction Ni1-H
de caractère fort et dominant par rapport aux autres interactions nickel-H. Ceci
sera vérifié dans le cadre de l’étude des liaisons chimiques par le critère ECOV.
L’allure similaire des pics des PDOS dans cette région du bas de la BV indique
un recouvrement orbitalaire des différents états. Examinant la partie itinérante de
la VB, i.e. entre -4 eV et EF , il apparaît nettement que les PDOS des états 3d
du Ni1 dominent en termes d’intensité. Un autre aspect remarquable est celui des
faibles PDOS des états 3d de Ni2 et Ni3 au niveau de Fermi. Ceci est synonyme
d’une stabilité du système dans cette configuration NM pour autant que les atomes
5.3.1.2 Analyse de n(EF ) dans la théorie du champ moyen de Stoner 69
La La
25 Ni(2c) 60 Ni1
Ni(3g) Ni2
50 Ni3
20 H1x10
H2x10
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
40 H3x10
15
30
10
20
5 10
0 0
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 5.4: Calculs non-magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des sites
dans LaNi5 (a) et son hydrure β1 (b). Dans le cas du modèle β1 les PDOS des atomes
H sont artificiellement multipliés par un facteur de 10 pour une illustration plus claire.
Dans la mesure où les états 3d du nickel ont été considérés comme des états de
valence dans les calculs, la théorie de Stoner du ferromagnétisme de bande peut
expliquer la polarisation du spin (cf. la section 4.6.1.2 du chapitre 4). La valeur de
l’intégrale d’échange I trouvée dans la littérature [137] pour les états 3d (Ni) est 0,5
eV [81]. S’agissant de l’intermétallique pur, les densités au niveau de Fermi n(EF )
des états 3d du nickel dans les positions 2c et 3g sont de 1,55 et 1,86 eV−1 respec-
tivement. Ceci résulte en des valeurs du produit In(EF ) de 0,78 et 0,94 pour les
sites 2c and 3g respectivement. Nous rappelons ici, si besoin était, que la condition
de passage d’une configuration fondamentale NM vers une polarisation du spin est
remplie lorsque le produit In(EF ), dit de Stoner, est supérieur à 1. A ce titre, les
valeurs de ce produit indiquent que le site 3g du nickel dans l’intermétallique pur
peut être instable dans la configuration NM. Par suite, les calculs tenant compte
de la polarisation du spin conduiront a priori à l’apparition d’un moment magné-
70 Chapitre 5 Les Phases Binaires de Haucke et leurs Hydrures : AT5 − Hx
tique fini sur Ni occupant le site 3g. Ceci est en opposition à l’état fondamental
paramagnétique de LaNi5 identifié par l’expérience et sera vérifié par les calculs
SP. Par ailleurs, les valeurs de n(EF ) pour l’hydrure β1 sont de 1,52, 0,59 et 0,71
eV−1 pour Ni1, Ni2 et Ni3 respectivement. Ceci résulte en un produit de Stoner de
0,76, 0,29 et 0,36 pour Ni1, Ni2 et Ni3 respectivement. A partir de ces valeurs il
est possible de prédire que l’hydrure est stable dans la configuration NM.
20000
6000
La-Ni(2c) La-Ni1
La-Ni(3g) 15000 La-Ni2
4000 Ni(2c)-Ni(3g) La-Ni3
Ni1-Ni2
10000 Ni1-Ni3
2000 Ni2-Ni3
ECOV
ECOV
5000
0
0
-2000 -5000
-4000 -10000
-8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 5.5: Liaisons chimiques dans une configuration non-magnétique : ECOV pro-
jetées pour les interations métal-métal dans LaNi5 (a) et son hydrure β1 (b).
2000
ECOV La-H1
-2000 La-H3
Ni1-H1
Ni1-H2
-4000 Ni1-H3
Ni2-H1
Ni2-H2
Ni3-H1
-6000
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV)
Figure 5.6: Liaisons chimiques au sein du critère ECOV pour les interactions metal-
H de la configuration NM de l’hydrure β1.
sités d’états au niveau de Fermi, obtenues de nos calculs NSP, dans le cadre de la
théorie de Stoner (cf. la section 5.3.1.2). Par conséquent, les calculs SP montrent
après convergence un moment magnétique total nul. Néanmoins, il est important
de vérifier l’apport de l’effet magnétovolumique dû a l’expansion de la maille par
l’insertion de H. A cet effet un modèle β1 exempt de H ainsi qu’un modèle LaNi5
au volume de l’hydrure β sont simulés. Ce dernier modèle est obtenu en considérant
une maille double suivant l’axe c à la symétrie du groupe d’espace de l’intermé-
tallique pur. Ceci permet de réduire les problèmes de recouvrement orbitalaire
rencontrés lors de l’expansion de la maille de l’intermétallique LaNi5 . D’ailleurs,
l’hydrure β cristallise dans une maille double (cf. la section 5.1). Ceci appuie le
choix d’une maille double pour rester homogène avec la compléxité structurale de
l’hydrure saturé. La convergence des charges et des moments magnétiques a donné
un moment de 3 µB pour les deux modèles. Ceci est en opposition à l’hydrure sa-
turé qui adopte une configuration NM. L’absence d’un moment magnétique dans
l’hydrure est fortement lié à l’interaction de l’hydrogène avec les différentes espèces
atomiques. Celle-ci est illustrée par les tracés ECOV de la figure 5.6. L’analyse de
ces tracés montre que les interactions dominantes dans la BV sont de caractère liant
et occupent la fenêtre énergétique [−8; −4] eV. Dans cette région, les interactions
impliquant Ni1 avec l’hydrogène dans ces trois sites d’insertions sont les plus fortes.
Notamment, l’interaction entre Ni1 et H3 situé dans le site tétraédrique 6c (cf. la
section 5.1). Ceci est dû à l’environnement atomique de ce site, i.e. [La2 Ni12 ],
composé seulement par Ni1 parmi les deux autres sites possibles du nickel (Ni2
et Ni3). En outre, les autres sites d’insertion de l’hydrogène sont aussi composés
74 Chapitre 5 Les Phases Binaires de Haucke et leurs Hydrures : AT5 − Hx
par Ni1 mais Ni2 et Ni3 sont aussi présents, i. e. H1 et H2 sont dans les sites
octaédriques [La2 Ni12 Ni2Ni3] et tétraédrique [Ni13 Ni2] respectivement. De plus,
les distances interatomiques calculées montrent une séparation Ni1-H3 (1,603 Å)
plus courte que les séparations Ni1-H2 (1,672 Å) et Ni1-H1 (1,666 Å). Ceci fournit
une autre preuve du caractère et de la force des liaisons entre Ni1 et l’hydrogène
pour autant que la liaison la plus forte correspond à la distance interatomique la
plus courte. Ici Ni1-H3 est la liaison la plus forte due à sa densité spectrale deux
fois plus intense que les autres liaisons (voir la figure 5.6). Ceci peut être lié aux
résultats de l’analyse topologique des fonction ELF (voir la figure 5.3(c)) montrant
une localisation plus forte autour de H3 par rapport à H1 et H2.
5.4 Conclusion
Dans ce chapitre, l’intermétallique LaNi5 et son hydrure saturé ont été étudiés
dans le cadre théorique de la DFT. Des modèles hypothétiques d’hydrures aux sy-
métries des GS de l’intermétallique pur, i.e. [LaNi5 H3 (Z = 1), La2 Ni10 H6 (Z = 2)], et
de l’hydrure saturé, i.e. [La2 Ni10 H6 (Z = 1)], sont simulés. Des réponses sont four-
nies s’agissant de (i) la nature du GS de l’hydrure β pour autant que l’expérience et
les calculs antérieurs ont été incapables de décider entre deux symétries, i.e. P63 mc
et P31c, (ii) la configuration magnétique de l’intermétallique LaNi5 défini comme
paramagnétique par l’expérience en opposition aux calculs théoriques antérieurs où
il est ferromagnétique, et (iii) l’apport des effets magnétovolumiques et de liaison
chimique de l’hydrogène dans la maille. A ce titre des calculs PP ont donné des
courbes quadratiques E(V ) des différents modèles dont le traitement par l’équation
de Birch du second ordre résulte en des quantités à l’équilibre comme l’énergie, le
volume et le module de compressibilité. Les valeurs des énergies indiquent que l’hy-
drogène est plus lié dans l’hydrure saturé par rapport aux hydrures intermédiaires.
D’ailleurs, le modèle de l’hydrure intermédiaire de composition La2 Ni10 H6 (Z = 1)
est énergétiquement plus stable que les modèles LaNi5 H3 (Z = 1) et La2 Ni10 H6 (Z
= 2). Ceci peut expliquer le dédoublement de la maille observé lors de l’absorp-
tion de l’hydrogène ainsi que la symétrie du GS P63 mc adoptée par l’hydrure β.
Par ailleurs, les deux modèles de l’hydrure saturé, i.e. aux GS P63 mc pour β1 et
P31c pour β2, sont énergétiquement indiscernables. En effet, l’énergie totale du
modèle β1 est de 0,015 eV plus négative que celle de β2. Ceci signifie que β1 est
légèrement plus stable que β2, mais cette différence énergétique reste insuffisante
pour signaler que P63 mc est le GS de l’hydrure saturé. Par suite, les paramètres
structuraux obtenus par l’optimisation géométique des calculs PP sont insérés dans
les calculs tous-électrons ASW. Dans ce cas, l’énergie totale du modèle β1 est de
1,65 eV plus négative que β2. Ceci lève le voile sur l’ambiguïté du GS de l’hydrure
saturé en désignant P63 mc comme la symétrie la plus plausible. Dans un deuxième
temps, l’analyse de la configuration NM de l’intermétallique pur dans le cadre de la
5.4 Conclusion 75
théorie de Stoner, du type champ moyen, prédit l’apparition d’un moment magné-
tique sur le site 3g du nickel. Les calculs SP ont convergé vers une valeur nulle du
moment magnétique du nickel en 3g et par suite du moment magnétique total. En
liant la prédiction d’instabilité magnétique de la configuration SP et les moments
nuls convergés dans le cas SP, nous pouvons conclure que la structure magnétique
de l’intermétallique pur adopte un ordre intermédiaire aux configurations NM et
ferromagnétique. De la sorte, LaNi5 est paramagnétique conformément à l’expé-
rience. Par ailleurs, l’expansion de la maille par hydruration induit l’apparition
d’un moment magnétique. Néanmoins, l’interaction de l’hydrogène avec les diffé-
rentes espèces atomiques, notamment le nickel, bloque cette magnétisation. Ceci
nous permet de considérer l’hydrure β comme un système non-magnétique.
76 Chapitre 5 Les Phases Binaires de Haucke et leurs Hydrures : AT5 − Hx
CHAPITRE 6
Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs
hydrures
Sommaire
6.1 Propriétés physiques des intermétalliques à base de
cérium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
6.2 Changement des propriétés physiques apporté par
l’insertion d’hydrogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
6.3 Compétition entre interactions de type Kondo et
RKKY : diagramme de Doniach . . . . . . . . . . . . . . . 80
6.4 Classification des intermétalliques et leurs hydrures
dans le diagramme de Doniach . . . . . . . . . . . . . . . 81
6.5 Structure et propriétés physico-chimiques . . . . . . . . 83
6.5.1 L’intermétallique CeRhSn et son hydrure . . . . . . . . . 83
6.5.2 L’intermétallique CeRuSn . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
6.6 Remarques sur le traitement calculatoire des systèmes
aux électrons fortement corrélés . . . . . . . . . . . . . . . 86
6.7 Résultats de l’optimisation géométrique : CeRhSn-Hx 87
6.7.1 Analyse topologique de la densité électronique : isosurfaces 89
6.8 Calculs tous-électrons des modèles CeRhSn-Hx . . . . . 90
6.8.1 Calculs non-magnétiques en dégénérescence du spin . . 90
6.8.2 Configurations tenant compte de la polarisation du spin 95
6.9 Calculs tous-électrons de CeRuSn . . . . . . . . . . . . . 96
6.9.1 Calculs non-magnétiques en dégénérescence du spin . . 97
6.9.2 Calculs en polarisation du spin : trivalence et valence
intermédiaire du cérium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
6.10 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
77
78 Chapitre 6 Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs hydrures
D epuis plus de cinq décennies, les intermétalliques à base de cérium sont in-
tensivement étudiés compte tenu de leurs propriétés physiques diverses. Ces
dernières sont gouvernées par le recouvrement entre les orbitales électroniques des
sous-couches ouvertes (responsables du magnétisme), i.e. les états 4f(Ce) d’une
part, et la bande des électrons de conduction (ec) d’autre part. A basse tempéra-
ture, cette interaction devient dans certains cas très importante attribuant à ces
composés l’appelation : systèmes à électrons fortement corrélés. La configuration
de valence du cérium est : 4f 1 5d 1 6s 2 . Dans les intermétalliques les électrons 6s et
5d sont généralement considérés comme des électrons de conduction. Ces derniers
ne sont plus localisés sur le cérium dont la valence présente un caractère trivalent
(Ce3+ ) relatif au remplissage 4f 1 ou tétravalent (Ce4+ ) lorsqu’il cède son électron,
i.e. 4f 0 (Ce). Toutefois, la valence du cérium peut être comprise entre ces deux états
extrêmes, nous parlons alors d’une valence intermédiaire.
Les intermétalliques équiatomiques ternaires CeTX (1 ∶ 1 ∶ 1), où T est un
métal de transition de la première, deuxième ou troisième période et X est un
élément p constituent une famille riche [111]. Ces intermétalliques montrent des
propriétés magnétiques et électriques originales. Celles-ci sont observées au niveau
du caractère de valence du cérium. Par exemple, CeRhSn est un intermétallique où
le cérium présente une valence intermédiaire [112]. Dans l’intermétallique CePdSn
le cérium est trivalent [113]. Quant à CeRuSn, il est composé à la fois d’atomes Ce
trivalent et de valence intermédiaire [114].
Par ailleurs, plusieurs composés 1 ∶ 1 ∶ 1 ont la capacité d’absorber l’hydrogène
[11, 115, 116]. L’hydruration modifie les propriétés physiques des intermétalliques
purs compte tenu de deux effets : (i) l’expansion de la maille conduisant à des états
4f(Ce) plus localisés dûs au recouvrement f-f réduit comme dans CeNiIn où Ce de
valence intermédiaire devient trivalent après l’hydruration [130], et (ii) l’interaction
chimique des états de valence de Ce, T et X avec H induisant parfois une diminution
de polarisation magnétique et par suite une perte de l’aimantation comme dans le
cas de CeCoSiH [9] et CeCoGeH [11].
Malgré l’étude étendue de ces systèmes, peu d’information existe sur leur inter-
action avec l’hydrogène surtout dans la famille des stannures. Dans ce contexte, ce
chapitre présente une étude du magnétisme de ces systèmes dans le cadre d’une ap-
proche modélisatrice au sein de la DFT. Dans la famille des stannures, des calculs
sont effectués sur les composés CeRhSn et CeRuSn. Dans un premier temps, une
attention particulière est donnée à CeRhSn, où Ce est de valence intermédiaire,
dans la mesure où une étude expérimentale récente rapporte la formation d’un hy-
drure CeRhSnH0,8 dans lequel Ce est au seuil d’être trivalent [116]. Il s’est avéré
important d’explorer cet intermétallique pour comprendre le changement de la va-
lence de Ce en fonction du taux de H dans la matrice hôte. De plus, l’expérience
ne présente pas de caractérisation des positions de H dans ce système. A cette
fin, une optimisation géométrique est menée afin de présenter une vision cristal-
lographique complète. Dans le cas de l’étude de CeRuSn, réside un double intérêt
6.1 Propriétés physiques des intermétalliques à base de cérium 79
relatif à : (i) sa structure monoclinique peu commune de GS C2/m (No 12) dans
la mesure où la littérature ne rapporte que l’existence de quatre phases : SrAgGe,
YbFeGe, CaAuGe et CeCoAl [117], et (ii) l’accomodation au sein de sa matrice
hôte d’atomes Ce trivalent et de valence intermédiaire [114].
et métal-H.
Système Système
Système magnétique
magnétique non-magnétique
Température d’ordre
RKKY
Kondo Kondo
TK
TRKKY
CePdSn CeNiSnH1,8
CePdSnH CeNiInH1,8
CePdInH
CePdIn
CeNiSn CeNiIn
(Jcf )c
Jcf
Figure 6.1: Diagramme de Doniach : positions expérimentales d’intermétalliques
CeTX et leurs hydrures. Ici T = Ni, Pd et X = In, Sn (cf. le texte pour de plus amples
détails).
(a) (b)
(c) (d)
Dans le cadre de la DFT, la LDA est une des approximations les plus utilisées ;
elle fournit avec succès l’énergie de l’état fondamental et la structure de bande d’un
nombre important de matériaux où les corrélations sont faibles, i.e. descriptibles
dans le cadre du gaz d’électrons homogène. En effet, le mouvement d’un électron
se trouvant à ri est indépendant des autres électrons, i.e. l’électron se déplace
dans une densité moyennée sur le temps, ρ (ri ) des autres électrons. A ce titre, le
problème est réduit à la résolution de l’équation de Schrödinger monoélectronique.
Un tracé DOS-LDA, de principe, de ces systèmes est montré dans la figure 6.6
où la région hachurée représente les DOS de la BV. Néanmoins, la LDA traite
avec moins de succès d’autres classes de matériaux comme les oxydes des métaux
de transition (où nd est l’orbitale de valence) et les systèmes à fermions lourds
(où nf est l’orbitale de valence). Dans ces matériaux, la distance ∣ri − rj ∣ séparant
deux électrons des orbitales nd ou nf est petite induisant ipso facto des corrélations
électroniques fortes. A cet effet, la répulsion locale coulombienne U décompose les
bandes obtenues par les calculs utilisant l’approximation LDA en deux bandes de
Hubbard (voir la figure 6.6). La bande des énergies basses (couleur rouge dans la
figure 6.6) contient les états où un seul électron (de spin ↑ ou ↓) occupe la case
orbitalaire. L’autre bande (couleur blanche dans la figure 6.6) regroupe les états
où deux électrons (un de spin ↑ et un autre ↓) occupent la case orbitalaire. La
mise en place de ce dernier cas de figure nécessite une énergie U. Ceci explique les
caractères vides de la bande (blanche) et rempli de la bande (rouge) séparées par
un gap énergétique de largeur U.
E E
ou
Figure 6.3: Schéma de principe mettant en relief les tracés des densités d’états
obtenus de : (a) un modèle utilisant LDA, où la corrélation électronique est faible, et
(b) un modèle utilisant LDA+U, où la corrélation est forte.
c/a de CeRhSnH0,8 fourni par l’expérience [116], i.e. c/a = 0, 547, est conservé pour
tous les modèles permettant de simuler une expansion isotrope de leurs mailles. Il
est important de signaler que la symétrie hexagonale est conservée dans tous les
modèles après la convergence des calculs. Les positions particulières et paramètres
de maille obtenus de l’optimisation géométrique sont montrés dans le tableau 6.2.
A partir de ces résultats, il apparaît nettement que les positions xCe et xSn sont
proches des valeurs de départ. Quant aux quantités xH , la valeur 0,028 du modèle
CeRhSnH0,33 attire l’attention parce qu’elle s’approche de 0. Par suite, il devient
possible de supposer que les atomes H dans CeRhSnH0,33 se trouvent dans la posi-
tion 2c à (1/3, 2/3, 0).
Dans un deuxième temps, nous commenterons les énergies totales (E) par maille
obtenues à partir des calculs PP (cf. le tableau 6.2). Afin d’avoir un aperçu de la
stabilité du modèle CeRhSnHx dans sa composition d’hydrogène donnée, la quan-
tité n2 EH2 est soustraite de E. Ici n est un entier, allant de 0 à 4, lié à x par
6.7.1 Analyse topologique de la densité électronique : isosurfaces 89
(a) (b)
la relation : n = 3x. E(H2 ) est l’énergie du dihydrogène, dans une boîte cubique
d’arête 4,5 Å, ayant une valeur de -6,595 eV calculée dans VASP (cf. la section 4.5.2
du chapitre 4). A partir des quantités E − n2 EH2 , il apparaît nettement que le mo-
dèle CeRhSnH est le plus stable. Ceci est en accord avec l’expérience où l’hydrure
formé a une composition CeRhSnH0,8 proche de cette dernière [116]. En outre, le
modèle CeRhSnH0,66 montre une valeur E − n2 EH2 (-59,024 eV) moins négative que
celle de l’intermétallique pur (-59,16 eV). Il devient alors possible de prédire qu’il
est difficile d’obtenir cet hydrure expérimentalement.
DOS (1/eV)
15 15
10 10
5 5
0 0
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 6.5: Calculs non-magnétiques : Densités d’états projetées sur chacun des sites
dans CeRhSn (a) et CeRhSnH1,33 (b). Les PDOS des sites de H sont artificiellement
multipliées par 5 pour améliorer la présentation.
par les atomes H induisent l’apparition de nouveaux états entre −12 et −8 eV. A
cette effet, la BV est élargie montrant deux régions énergétiques distinctes : (i)
[−12; −7]eV comprenant les états 5s(Sn) et 1s(H), et (ii) [−6 eV; EF ] comprenant
les états itinérants du cérium, 4d du rhodium et 5p(Sn). Dans cette dernière région,
les différents états montrent un mélange quantique dû aux allures similaires de leurs
pics. Les états 4f(Ce) sont dominants au niveau de Fermi ainsi que dans la BC. Ces
états sont plus localisés dans l’hydrure par rapport à CeRhSn. Cet aspect est illustré
par leur pic plus étroit et intense. Les densités des états 4f(Ce) de CeRhSnH1,33 au
niveau de Fermi présentent alors une valeur (8,469 eV−1 ) plus grande que celle de
l’intermétallique pur (2,525 eV−1 ). Cette densité d’états importante à EF permet
de prédire une instabilité de l’hydrure saturé dans la configuration NM qui sera
vérifiée dans la section suivante dans le cadre d’une théorie du champ moyen, dite
de Stoner.
Dans la mesure où la densité des états 4f(Ce), traités comme des états de
valence dans les calculs, montre de fortes valeurs à EF , la polarisation du spin
peut être étudiée dans le cadre de la théorie de Stoner (cf. la section 4.6.1.2 du
chapitre 4). La valeur de l’intégrale d’échange trouvée dans la littérature [137]
pour les états 4f (Ce) est de 0,272 eV. Les valeurs calculées du produit In(EF ) des
différents modèles sont données dans le tableau 6.3. A partir de ces quantités, les
modèles CeRhSnH et CeRhSnH1,33 sont instables dans la configuration NM, ayant
des produits In(EF ) supérieurs à 1, i.e. 1,05 et 2,30 respectivement. Dans ce cas,
il est possible de prédire la tendance de ces deux modèles à se stabiliser dans une
92 Chapitre 6 Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs hydrures
Table 6.3: Résultats des calculs ASW de CeRhSn et des modèles CeRhSnHx :
N SP
Erelative représente l’énergie totale d’un modèle rapportée à celle de CeRhSn dans
le cadre des calculs NSP. Erelative
SP
est l’énergie totale d’un modèle obtenue des calculs
SP rapportée à l’énergie totale NSP de l’intermétallique pur. Les quantités In(EF ) et
In(EF )∣exempt de H représentent les produits de Stoner des modèles CeRhSnHx avec et
exempt de H respectivement. Les termes mCe représentent les moments magnétiques
portés par Ce.
2 2
1 1
COOP (1/eV)
COOP (1/eV)
0 0
-1 Ce-Rh -1 Ce-Rh
Ce-Sn Ce-Sn
Rh-Sn Rh-Sn
-2 -2
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
0.3
0.2
0.1
COOP (1/eV)
-0.1 Rh2-H
Ce-H
Sn-H
-0.2 Rh1-H
-0.3
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
(E - EF) (eV)
(c)
Figure 6.6: Liaisons chimiques dans une configuration non-magnétique : COOP des
interactions métal-métal de CeRhSn (a), CeRhSnH1,33 (b) et des liaisons H-métal de
CeRhSnH1,33 (c).
plus petite que celle entre Ce et Rh2 (dCe−Rh2 = 3, 116 Å) conduit à supposer une
liaison Rh1-Sn plus forte. Ceci est contredit par le caractère antiliant de l’interac-
tion Rh1-Sn visible dans la fenêtre énergétique [−2 eV; EF ] de la BV (voir la figure
6.6(b)). Ce-Rh2 reste alors la plus forte des liaisons, comme dans l’intermétallique
pur , stabilisant l’hydrure. La contribution majeure dans cette dernière provient
du cérium compte tenu de la multiplicité de la maille d’une part, i.e. 3 atomes Ce
pour 2 atomes Rh2, et de l’interaction forte Rh2-H d’autre part.
A cet effet, nous commenterons les tracés COOP des interactions H-métal du
modèle CeRhSnH1,33 montrés dans la figure 6.6(c). La liaison Rh2-H liante domine
la BV suivie par Ce-H. Les valeurs des distances interatomiques (cf. le tableau 6.2)
confirment ces tendances attendues compte tenu de la composition de l’environne-
6.8.2 Configurations tenant compte de la polarisation du spin 95
ment tétraédrique [Ce3 Rh2] des atomes H. Ceci peut être lié à la figure 6.4(b) qui
montre une projection des isosurfaces continues illustrant l’allure de la densité des
charges des deux atomes H entourant Rh2. Cette analyse des liaisons H-métal dans
CeRhSnH1,33 peut être généralisée pour tous les autres modèles d’hydrures compte
tenu des tendances similaires obtenues pour les séparation H-métal (cf. le tableau
6.2). Il est important de signaler que les interactions H-métal, toutes liantes, sont
10 fois moins intenses que les liaisons métal-métal. Ceci indique un rôle stabilisant
des atomes H dans la maille. Les valeurs Erelative , représentant l’énergie totale d’un
modèle CeRhSnHx rapportée à celle de l’intermétallique pur, confirment cette dé-
duction en montrant des quantités plus négatives des compositions plus élevées en
H (cf. le tableau 6.3).
20 20
Ce Ce
15 Rh1 15 Rh1
Rh2 Rh2
10 Sn 10 Sn
Hx5 Hx5
5 5
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
0 0
-5 -5
-10 -10
-15 -15
-20 -20
-12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -12 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
L’analyse des densités d’états au niveau de Fermi des calculs NSP dans le cadre
de la théorie de Stoner (cf. la section 6.8.1.3) montre que la configuration NM est
instable pour les compositions en hydrogène x égales à 1 et 1,33. Ceci indique la
possibilté d’un ordre magnétique (FM ou AF) pour ces modèles. Par conséquent,
des calculs tenant compte de la polarisation du spin sont effectués dans le code
ASW afin de vérifier cette hypothèse. L’analyse des quantités énergétiques Erelative ,
extraites des calculs, montre que les configurations SP sont énergétiquement plus
stables que NSP seulement pour les modèles CeRhSnH et CeRhSnH1,33 (cf. le ta-
bleau 6.3). Ceci indique que l’état fondamental de ces modèles est magnétique,
96 Chapitre 6 Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs hydrures
et Erelative
SP
des autres modèles, il devient possible de leur attribuer un état fonda-
mental NM. En outre, les calculs SP ont convergé vers des moments magnétiques
finis de 0,173 et 0,377 µB pour les modèles CeRhSnH et CeRhSnH1,33 (cf. le ta-
bleau 6.3). Ces moments, portés principalement par les états 4f(Ce), indiquent un
Ce trivalent de ces modèles. Dans le cas de CeRhSnH ayant une composition de H
légèrement supérieure à celle de l’hydrure expérimental CeRhSnH0,8 , l’attribution
d’un caractère trivalent à Ce vient comme une suite logique des résultats expéri-
mentaux indiquant que Ce est sur le seuil d’être trivalent [116]. Les tracés PDOS
des calculs SP sont montrés dans la figure 6.7(a) représentant le modèle de l’hy-
drure saturé. L’allure des pics pour les orientations ↑ et ↓ du spin sont identiques à
celle de la configuration NSP (voir la figure 6.5(b)). Nous observons aux alentours
de EF l’éclatement dû aux interactions d’échanges magnétiques "xs de ce modèle
ayant une valeur de 0,218 eV. Cette quantité énergétique est la valeur absolue de la
différence des énergies des centres des bandes 4f(Ce) des deux populations du spin
représentées dans la méthode ASW par les fonctions sphériques de Hankel. Par
ailleurs, les calculs simulant une configuration AF sont représentés par les tracés
PDOS de CeRhSnH1,33 montrés dans la fig 6.7(b). L’allure des pics montre une
similarité générale à la configuration FM (voir la figure 6.7(a)). Une compensation
totale entre les populations des spins ↑ et ↓ est observée, i.e. aucun déplacement
rigide de leurs énergies de bandes. Le moment magnétique calculé des atomes Ce
de valeur± 0,336 µB est plus petit que celui de la configuration FM (0,377 µB ). La
différence des énergies totales FM et AF par maille (EF M − EAF ) est de −0,187 eV
favorisant l’ordre FM. Ces différents résultats nous permettent de conclure que le
seuil du caratère trivalent de Ce des modèles d’hydrures CeRhSnHx correspond à la
composition x égale à 1 avec un ordre ferromagnétique. Cette dernière proposition
renforce les résultats expérimentaux où l’hydrure CeRhSnH0,8 est au seuil d’être
trivalent [116].
Par ailleurs, une configuration AF est simulée afin de déterminer l’état fondamental
(AF ou FM).
60 30
Ce1 Ce1
50 Ce2 20 Ce2
Ru1 Ru1
Ru2 Ru2
40 Sn1 10 Sn1
Sn2 Sn2
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
30 0
20 -10
10 -20
0 -30
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 6.8: Tracés des densités d’états projetées par site (PDOS) de CeRuSn :
configurations NSP (a) et SP (b).
Les tracés PDOS de CeRuSn, obtenus par les calculs NSP, sont montrés dans
la figure 6.8(a). Les pics des états 4f(Ce1) se trouvent principalement au-dessus de
EF dans la fenêtre énergétique [0; 2] eV. Cette allure est en opposition à celle des
états 4f(Ce2) localisés au niveau de Fermi en montrant des pics plus intenses et
une bande moins large que Ce1. En outre, les pics 4f(Ce2) montrent de grandes
similitudes à ceux de Ce dans CeRhSn (voir la figure 6.5(a)). D’ailleurs, une valeur
de 7,206 eV−1 de la densité des états 4f(Ce) est observée à EF . Cette densité d’états
est supérieure à celle de CeRhSn (2,525 eV−1 ) et proche de celle de CeRhSnH1,33
(8,469 eV−1 ). Ce dernier est démontré stable dans une configuration FM (cf. la
section 6.8.2). A ce titre, l’analyse des densités d’états, notamment de Ce2, dans le
cadre de la théorie de Stoner confirmera les résultats expérimentaux indiquant un
Ce2 trivalent. Par ailleurs, les allures similaires des pics de Ce, Ru et Sn dans la
région énergétique [−6; −1] eV indiquent un recouvrement entre les états 5d(Ce),
4d(Ru) et 5s-5p(Sn).
Dans un deuxième temps, l’analyse des densités d’états au niveau de Fermi par
la théorie de Stoner montre un produit In(EF ) de 0,22 et 1,96 respectivement pour
Ce1 et Ce2. Ceci est synonyme d’une instabilité du sous-réseau Ce2 dans la confi-
guration NM indiquant la tendance de ce dernier à être trivalent. Ce comportement
sera confirmé dans les calculs SP où un moment magnétique fini est attendu sur le
site Ce2.
98 Chapitre 6 Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs hydrures
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
COOP (1/eV)
COOP (1/eV)
0.2 0.2
0 0
-0.2 -0.2
-0.8 -0.8
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
par maille, favorisant SP. Les valeurs des moments magnétiques convergés des diffé-
rentes espèces atomiques sont : mCe1 = 0, 005 µB , mCe2 = 0, 44 µB , mRu1 = −0, 015 µB
et mRu2 = −0, 041 µB . Le moment magnétique fini de Ce2 est en accord avec son ca-
ractère trivalent indiqué par l’expérience [114]. La valeur infiniment petite (proche
de zéro) du moment calculé de Ce1 n’est pas en désaccord avec sa valence intermé-
diaire expérimentalement définie. Quant aux moments négatifs des sites Ru, leurs
modules petits et signes montrent qu’ils sont induits par le recouvrement entre les
états 5d(Ce) et 4d(Ru) dans la région itinérante de la BV (cf. la section 6.9.1).
Ceci est en accord avec l’allure des pics PDOS de la configuration SP, notamment
dans la fenêtre énergétique [−4; −1] eV (voir la figure 6.8(b)). Dans ces tracés, nous
remarquons aussi la compensation entre les spins ↑ et ↓ des états 4f(Ce1) de la
BC soulignant l’absence d’aimantation sur leurs sites. Les pics des orientations ↑
et ↓ des spins de Ce1 montrent une déplacement rigide de leurs bandes 4f dans la
BC, due au caractère trivalent de Ce1. Par ailleurs, des calculs AF sont effectués
en considérant une orientation de spin de préférence dans chacune des deux sous-
structures de CeRuSn, i.e des spins ↑ dans l’une et ↓ dans l’autre. La différence
des énergies totales FM et AF par maille (EF M − EAF ) est de 0,023 eV favorisant
l’ordre AF. Ceci est en accord avec l’expérience indiquant un ordre AF [114]. Le
moment magnétique calculé de Ce2 prend la valeur ±0, 39 µB .
6.10 Conclusion
Ce chapitre représente une étude théorique au sein de la DFT des intermé-
talliques CeTX. Ces systèmes connus par les fortes corrélations électroniques au
niveau des états 4f(Ce) et de la bande des électrons de conduction (ec). Les recou-
vrements 4f-ec contrôlent alors leurs propriétés électriques et magnétiques diverses,
notamment la valence de Ce (trivalent ou de valence intermédiaire) qui est à la base
de notre étude. Ces recouvrements sont réduits par différentes contraintes dont l’in-
sertion de H dans la matrice hôte conduisant à l’expansion de la maille. Dans ce
contexte, il s’est avéré intéressant d’étudier les propriétés magnétiques liées au ca-
ractère de valence de Ce suivant deux facteurs : (i) l’effet magnétovolumique, et (ii)
l’apport des interactions H-métal. A cette fin une attention particulière a été don-
née à la famille des stannures (CeTSn) dont les systèmes manifestent des propriétés
magnétiques diverses et peu étudiées.
Dans un premier temps, nous avons considéré CeRhSn contenant un Ce de va-
lence intermédiaire qui devient au seuil d’être trivalent à l’essort de son hydruration
expérimentale en CeRhSnH0,8 . L’approche adaptée, afin de chercher le seuil de la
trivalence, est de calculer des modèles CeRhSnHx (x = 0, 33; 0, 66; 1; 1, 33) en utili-
sant deux méthodes complémentaires dans leurs apports respectifs. : VASP et ASW.
L’optimisation géométrique et la proposition de nouveaux modèles CeRhSnHx sont
effectuées dans un schéma PP (VASP). La simulation du magnétisme et des pro-
100 Chapitre 6 Intermétalliques ternaires à base de Ce et leurs hydrures
priétés de liaison chimique est menée dans une méthode tous-électrons (ASW) per-
mettant d’accéder à des régions énergétiques profondes de la BV où interagissent
les électrons des états s(H). Il est important de signaler que l’expérience ne founit
aucune information sur les positions particulières des atomes H qui sont proposées
ici par les calculs PP. Les calculs tous-éléctrons NM ont dans un premier temps
prédit le magnétisme par l’analyse des densités des états 4f(Ce) dans la théorie
de Stoner annonçant un caractère trivalent du cérium à partir de la composition
CeRhSnH. Ce seuil de trivalence fut confirmé par les calculs ASW tenant compte
de la polarisation du spin où un moment fini apparaît sur les sites de Ce à partir
de la même composition. Quant à l’effet magnétovolumique, l’analyse des modèles
CeRhSnHx exempts de H dans la théorie de Stoner montre que l’expansion de la
maille induit une tendance au magnétisme à partir de la composition CeRhSnH.
Néanmoins, cette dernière reste faible par rapport aux interactions H-métal, notam-
ment H-Rh2 (où Rh2 appartient au site tétraédrique d’insertion de H ([Ce3 Rh2]).
A cet effet l’interaction Ce-Rh dominante dans l’intermétallique pur devient moins
forte dans les modèles d’hydrures soulignant la réduction des recouvrements 4f-
ec et par suite l’apparition de l’aimantation. Un ordre ferromagnétique est alors
attribué à ces systèmes à partir du seuil de la trivalence de Ce.
Par ailleurs, loin de l’effet d’insertion des atomes H, l’intermétallique CeRuSn
est étudié compte tenu de la présence de deux sous-réseaux Ce1 de valence inter-
médiaire et Ce2 trivalent dans sa structure monoclinique rare. Les tracés PDOS
de CeRuSn montrent des états 4f(Ce1) ayant un comportement particulier dans
la BC dû à leur caractère de valence intermédiaire. Quant aux pics 4f(Ce2), ils
montrent des allures similaires au modèle CeRhSnH1,33 . Les calculs SP indiquent
une configuration fondamentale AF de CeRuSn conformément aux résultats expé-
rimentaux. L’analyse des liaisons chimiques dans les deux sous-structures indique
des interaction Ce1-Ru1 plus importante que Ce2-Ru2. Les interactions Ru-Sn sont
aussi importantes compte tenu de leur participation à la stabilité des réseaux tri-
dimensionnels [RuSn] constituant la structure.
CHAPITRE 7
Intermétalliques ternaires à base de U et leurs
hydrures
Sommaire
7.1 Structure cristalline et propriétés physico-chimiques . 103
7.2 Résultats des calculs tous-électrons . . . . . . . . . . . . . 105
7.2.1 Calculs non-magnétiques en dégénérescence du spin . . 105
7.2.2 Calculs tenant compte de la polarisation du spin et ordres
magnétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
7.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
101
102 Chapitre 7 Intermétalliques ternaires à base de U et leurs hydrures
ces derniers d’une part et ceux des ligands T et X d’autre part. La réduction de
ces recouvrements, du type 5f(U) et d(T) essentiellement, est responsable de l’ap-
parition des moments finis sur l’uranium et par suite de la possibilité d’un ordre
magnétique. Nous citons, à titre d’exemple remarquable, les mesures magnétiques
effectuées par De Boer et al. sur une série d’intermétalliques U2 T2 X2 (T = Co,
Ni, Rh, Pd, Ir, Pt ; X = In, Sn) [144]. Ces mesures montrent d’une part un com-
portement paramagnétique dans les intermétalliques U2 Co2 In, U2 Rh2 In, U2 Ir2 In,
U2 Pt2 In, U2 Co2 Sn et U2 Ir2 Sn et d’autre part un ordre antiferromagnétique (AF)
pour U2 Ni2 In, U2 Pd2 In, U2 Ni2 Sn, U2 Rh2 Sn, U2 Pd2 Sn et U2 Pt2 Sn.
Une approche phénoménologique montre que les moments magnétiques dans
ces systèmes ternaires à base d’uranium s’alignent, d’une manière systématique,
orthogonalement aux directions des paires U-U ayant la plus courte séparation.
Ceci indique un recouvrement fort entre les états 5f suivant la même direction
des moments. Par suite les recouvrements f-f suivant la direction des paires U-
U les plus proches sont réduits. Dans les intermétalliques à base d’uranium, le
mécanisme de polarisation intra-bande du spin des états 5f dépend de la distance
de Hill séparant deux atomes U prenant une valeur de 3,5 Å [145]. En deça de
cette distance critique, un recouvrement direct entre les fonctions d’onde 5f prend
place induisant une disparition de la polarisation intra-bande du spin. Plusieurs
intermétalliques ayant une structure quadratique de composition U2 T2 X montrent
une séparation U-U plus courte suivant l’axe c [138, 139, 140, 141]. En se basant
sur l’approche phénoménologique présentée ci-dessus, les directions des moments
magnétiques portés par les atomes d’uranium appartiendront au plan ab. Cette
prédiction est expérimentalement vérifiée par l’analyse des intensités des spectres
de diffraction neutronique [138, 142].
Les intermétalliques U2 T2 X2 sont capables d’absorber l’hydrogène atomique
avec des taux variant en fonction de la nature chimique de l’élément T [142, 143].
L’expérience enregistre que la composition la plus élevée en hydrogène correspond
à l’intermétallique U2 Ni2 Sn agençant deux atomes H par unité formulaire. Dans ce
cas, la capacité massique de stockage de l’hydrogène est de 0,3 %. Cette dernière est
faible devant la valeur de 7,6 % de l’hydrure MgH2 suggérant l’utilisation de ces
hydrures dans les applications stationnaires. Néanmoins, un intérêt fondamental
réside dans leur étude.
Dans ce chapitre, nous avons choisi d’étudier inter alia l’intermétallique
U2 Ni2 Sn dû à sa particularité d’avoir les plus proches U-U voisins dans le plan
ab. Par ailleurs, les mesures de diffraction neutronique [142] attribuent à ce sys-
tème un ordre AF avec des moments magnétiques appartenant au plan ab. De par
son absorption de H la plus élevée dans la série U2 T2 X, i.e. deux atomes H par u.f.,
l’intermétallique pur montre une expansion de la maille de 7 % due à l’hydruration.
Cette expansion est de 2,5 % suivant les axes a et b d’une part et de 1,8 % sui-
vant l’axe c. A cet effet, les distances U-U les plus proches dans le dihydrure sont
suivant l’axe c comme dans l’intermétallique pur. D’ailleurs, les spectres de dif-
7.1 Structure cristalline et propriétés physico-chimiques 103
Table 7.1: Paramètres structuraux de U2 Ni2 Sn et U2 Ni2 SnH2 : a (xU = 0,1739) ; b (xU
= 0,1788) ; c (xN i = 0,3750) ; d (xN i = 0,3747) ; e (xH = 0,3859 et zH = 0,5338).
et valeurs particulières des paramètres internes des positions des atomes U, Ni,
Sn et H sont fournis dans le tableau 7.1. Les atomes H se trouvent dans les sites
tétraédriques 8k où l’environnement atomique prend la composition [U3 Ni]. Ces
tétraèdres forment des chaînes parallèles à l’axe c, reliées entre elles par les atomes
U au niveau du plan ab (voir la figure 7.1(a) du dihydrure). Ces derniers forment
des carrés dans les plans parallèles à (0 0 2) (voir la figure 7.1(b)). Dans une
même chaîne, les tétraèdres [U3 Ni] partagent alternativement une face 3U (située
dans le plan ab) et un sommet Ni. Ainsi ces tétraèdres forment suivant l’axe c
des chaînes parallèles constituées de pyramides trigonales (voir la figure 7.1(a)).
Dans ce contexte, l’occupation en H de deux sites [U3 Ni] partageant une face 3U
sera discuté en considérant les atomes d’hydrogène marqués par les chiffres 1 et
2 (voir la figure 7.1(a)). Ces derniers, séparés par le plan (0 0 2) parallèle à ab,
sont situés dans les positions (xH , xH + 1/2, zH ) et (xH , xH + 1/2, 1-zH ) pour 1
et 2 respectivement. Leur séparation interatomique est de 0,254 Å. Cette dernière
est trop courte par rapport à la séparation minimale entre deux atomes H de 2,1
Å calculée empiriquement par le critère de Switendick [146]. En outre, la distance
de 2,1 Å est définie comme la séparation minimale observée entre deux atomes H
dans un hydrure. Ceci explique le remplissage à moitié des sites 8k par les atomes
d’hydrogène résultant en une composition U2 Ni2 SnH2 . En effet, l’un des deux sites
1 et 2 est occupé par un atome H tandis que l’autre reste vide. Ce principe de
remplissage est suivi pour tous les sites 8k partageant une face 3U dans les systèmes
U2 T2 X.
(a) (b)
partir des atomes U. Ce transfert faible n’est pas synonyme d’un caractère ionique
dans le dihydrure. D’ailleurs il indique une redistribution des deux electrons s de
l’uranium sur ses trois bases de valence résultant en des caractères p et d. Cette
supposition sera vérifiée dans le cadre de l’étude des PDOS et des COOP. Par
ailleurs, un comportement similaire a été rapporté pour l’intermétallique pur dans
le cadre d’un travail théorique de Matar et Mavromaras sur les systèmes 2 ∶ 2 ∶ 1 à
base d’uranium et de cerium [137]. L’insertion de l’hydrogène dans la matrice hôte
de l’intermétallique pur apportera une amélioration à cette redistribution avec un
caractère s plus large dans la BV. A cet effet, il devient possible de prédire que les
interactions entre les espèces atomiques constitutives, dans l’intermétallique pur et
son dihydrure, sont essentiellement dues aux recouvrements orbitalaires entre les
différents états de ces espèces dans la BV.
60 U 60 U
Ni Ni
Sn Sn
50 50 Hx5
40 40
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
30 30
20 20
10 10
0 0
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 7.2: Calculs non-magnétiques : tracés PDOS pour U2 Ni2 Sn (a) et U2 Ni2 SnH2
(b).
dans la région énergétique [−4; −2] eV de la partie itinérante de la BV. Ces pics
sont un peu plus proches du niveau de Fermi que ceux de l’intermétallique pur.
Cet aspect et celui des états 5f(U) sont dûs à l’hydrogène apportant des électrons
supplémentaires au système. D’ailleurs, le changement est particulièrement observé
pour les états 5f(U) et 3d(Ni) dû à la participation des atomes U et Ni dans la com-
position de l’environnement atomique [U3 Ni2 ] de l’hydrogène (cf. la section 7.1).
Les tracés PDOS de l’hydrogène sont artificiellement multipliés par un facteur de
5 afin d’améliorer la visualisation des courbes. En effet, les pics H sont retrouvés
dans la fenêtre énergétique [−5; −9] eV. Dans cette région, un mélange quantique
est observé entre H, U et Ni dû aux allures similaires de leurs pics. Les tracés PDOS
de Sn dans la BV montrent d’une part le caractère 5p dans l’intervalle [−5 eV; EF ]
et d’autre part les bandes 5s sous forme d’un pic centré à -7,5 eV.
3 3
U-Ni U-Ni
U-Sn U-Sn
2 Ni-Sn 2 Ni-Sn
1 1
COOP (1/eV)
COOP (1/eV)
0 0
-1 -1
-2 -2
-3 -3
-6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
0.6
0.3
0.2
0.4
0.1 0.2
COOP (1/eV)
iCOOP
0 0
-0.1 -0.2
U-H U-H
Ni-H Ni-H
-0.2 Sn-H -0.4 Sn-H
-0.3
-0.6
-6 -4 -2 0 2 4 6 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 7.4: Calculs non-magnétiques pour U2 Ni2 SnH2 : tracés COOP des interac-
tions métal-H (a) et iCOOP mettant en relief les surfaces intégrées des COOP pour
les interactions U-H et Ni-H (b).
liant dans la BV où Ni-H est la plus liante, suivie par U-H puis par Sn-H. Cette
dernière est la plus faible des interactions métal-H. D’ailleurs, la figure 7.4(b) mon-
trant les tracés iCOOP des interactions Ni-H et U-H exhibe une surface délimitée
par les pics Ni-H 1,4 fois plus large que celle délimitée par U-H. Ce point confirme
la dominance des liaisons Ni-H. Les distances interatomiques calculées sont de 1,76
Å pour Ni-H et de 2,18 et 2,24 Å pour U-H. Ces valeurs montrent que la liaison
Ni-H est plus liante que U-H conformément aux tracés COOP. Il est important de
signaler que les interactions métal-H montrant un caractère liant dans la BV sont
responsables de la stablisation de l’hydrure bien que leurs pics sont 10 fois moins
intenses que ceux des interactions métal-métal.
tés par les atomes U, notamment leurs états 5f compte tenu de leur remplissage
électronique. D’après les mesures expérimentales, U2 Ni2 Sn et son dihydrure ex-
hibent un ordre AF. Néanmoins, la ou les configurations correspondantes à leurs
états fondementaux seront vérifiées dans nos calculs en comparant les énergies to-
tales obtenues pour les configurations FM et AF. Par ailleurs, des calculs FM et
AF sont aussi effectués pour un modèle U2 Ni2 SnH2 exempt de H afin de simuler
l’apport de l’effet magnétovolumique sur l’ordre magnétique. Les quantités calcu-
lées comme les énergies totales (NSP, SP et AF) et moments magnétiques (SP et
AF) des différents modèles sont montrés dans le tableau 7.2. Ces résultats seront
commentées et discutés dans les prochaines sections.
Table 7.2: Résultats des calculs pour les modèles U2 Ni2 Sn, U2 Ni2 SnH2 et U2 Ni2 SnH2
exempt de H : la quantité ∆E représente la différence entre l’énergie totale d’une
configuration SP ou AF et l’énergie totale NSP pour un modèle. L’éclatement dû aux
interactions d’échanges magnétiques !xs est donné pour la configuration SP des diffé-
rents modèles. Les moments magnétiques totaux M et partiels m sont aussi rapportés
pour les configurations SP et AF. Dans le cas AF, les moments totaux sont différen-
ciés entre les spins-↑ et les spins-↓. Le terme mLS correspond au moment magnétique
dû au couplage spin-orbite.
pour les valeurs calculées des moments magnétiques totaux (cf. le tableau 7.2).
20
30 U U
Ni 15 Ni
20 Sn Sn
Hx5 10 Hx5
10 5
DOS (1/eV)
DOS (1/eV)
0 0
-10 -5
-10
-20
-15
-30
-20
-10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6
(E - EF) (eV) (E - EF) (eV)
(a) (b)
Figure 7.5: Calculs tenant compte de la polarisation du spin dans U2 Ni2 SnH2 :
tracés PDOS des configurations ferromagnétique (a) et antiferromagnétique (b).
(a) (b)
(c) (d)
(e) (f)
Figure 7.6: Projections sur le plan ab des six sous-groupes de Shubnikov pour
U2 Ni2 Sn : les figures (a) et (b) illustrent les deux sous-groupes décrivant un arrange-
ment colinéaire des moments magnétiques dans des ordres FM et AF respectivement ;
les figures (c), (d), (e) et (f) illustrent les sous-groupes décrivant un arrangement non-
colinéaire des moments magnétiques dans un ordre AF. Les moments magnétiques
sont représentés par des vecteurs sur les atomes U occupant les sites 4h. Les sym-
boles ● et × indiquent un vecteur normal au plan ab entrant et sortant de ce plan
respectivement.
116 Chapitre 7 Intermétalliques ternaires à base de U et leurs hydrures
[137]. Pour les systèmes à base de U, cette valeur est de -2,7 µB . Dans le cas de la
configuration AF du dihydrure par exemple, nous observons après la convergence
des charges un remplissage de 2,75 électrons dans les états 5f. Ce dernier chiffre est
proche de la valeur mU L de -2,7 µB et justifie par suite son utilisation. De plus, cette
valeur de mU L s’approche de la valeur 3 µB correspondant à une orbitale atomique
compte tenu de la seconde règle de Hund. Ce comportement indique un caractère
atomique de la bande 5f(U) conformément à l’observation de la section 7.2.1.1. En
outre, ce remplissage des états 5f(U) conduit, d’après la troisième règle de Hund
pour une couche moins qu’à demi remplie, à un alignement opposé des moments de
spin et orbital dont la somme correspond au moment mLS (U) donné dans le tableau
7.2 pour les différents modèles. Pour les configurations FM, les valeurs obtenues
sont de -1,203 et -1,295 µB pour l’intermétallique pur et son dihydrure respecti-
vement. Dans le cas AF, les valeurs sont de ±1, 030 et ±1, 022µB pour U2 Ni2 Sn et
son dihydrure. Ces dernières quantités sont les plus proches des moments expéri-
mentaux de 1,05 et 0,83 µB mesurés pour l’intermétallique pur et son dihydrure
[142]. Le moment magnétique de l’intermétallique pur est plus grand que celui du
dihydrure dû à sa température de l’ordre AF, dite de Néel, plus basse que celle de
U2 Ni2 SnH2 , i.e. 26 et 87 K pour l’intermétallique pur et son dihydrure repsective-
ment. Dans le cas de la configuration AF, les valeurs absolues des moments mLS (U)
des différents modèles adoptent l’ordre croissant suivant : U2 Ni2 SnH2 exempt de
H suivi par le dihydrure puis par l’intermétallique pur. Cet ordre montre que l’in-
teraction U-H conduit à un moment plus prononcé. Par suite son apport dans le
magnétisme est plus important que celui de l’effet magnétovolumique.
7.3 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons présenté une étude modélisatrice de l’influence de
l’insertion de l’hydrogène sur les propriétés physiques des intermétalliques U2 T2 Sn.
Une attention particulière a été donnée au système U2 Ni2 Sn de la famille riche des
stannures. La particularité de ce système, AF expérimentalement, est d’avoir les sé-
parations U-U les plus courtes suivant l’axe c. Cet aspect conduit à un arrangement
des moments magnétiques portés par les atomes U dans le plan ab. L’expérience
montre que l’hydruration n’induit aucun changement à cette règle phénoménolo-
gique de l’arrangement des moments portés par l’uranium. Les calculs des structures
électronique et magnétique par la méthode ≪ tous-électrons ≫ ASW a montré par
l’analyse des densités d’états que le magnétisme est dû principalement à la réduc-
tion des recouvrements 5f-5f. Par ailleurs, une compétitivité a été établie entre les
effets magnétovolumique et de liaison chimique. Ce dernier effet est plus impor-
tant dans la mesure où le moment magnétique porté par U dans l’hydrure est plus
prononcé que celui d’un modèle U2 Ni2 SnH2 exempt de H. Ceci est en accord avec
les résultats du chapitre précédent couvrant une série d’intermétalliques ternaires
7.3 Conclusion 117
à base de Ce et leurs hydrures. Par suite nous pouvons généraliser nos résultats sur
les systèmes ternaires à base d’éléments f où le magnétisme localisé dépend forte-
ment de l’interaction de l’hydrogène avec l’élément f. A partir des énergies totales
extraites des calculs ASW convergés, la configuration AF est retrouvée plus stable
que FM conformément à l’expérience. Les remplissages observés pour les états 5f
de l’intermétallique pur et son dihydrure respectent la troisième régle de Hund. Par
suite, il faut tenir compte de la contribution du moment orbital dans les moments
magnétiques portés par U dans les différents modèles. Cet ajustement corrige les
valeurs calculées des moments de spin devenant ainsi plus proches des résultats
expérimentaux. Il est important de signaler que l’interaction Ni-H liante est la plus
dominante des interactions métal-H et par suite responsable de la stabilisation du
système. Ceci permet de proposer un mode de contrôle de la cinétique d’absorption
et de désorption de H par substitution de l’élément T par un métal de transition 3d
ou 4d. Au niveau du formalisme, cette étude peut être améliorée en considérant des
schémas non-colinéaires de l’arrangement des moments U. Ce travail calculatoire
devient possible par la prise en compte du modèle de Heisenberg dans l’hamilto-
nien au sien de la méthode ASW. Dans la littérature, rares sont les travaux qui
ont abordé ce sujet. Nous citons à titre d’exemples, les travaux de Uhl et. al intro-
duisant l’approche des spins non-colinéaires dans ASW afin d’étudier des systèmes
binaires ferromagnétiques, dits INVAR, comme Fe3 Pt et Mn4 N [151, 152].
118 Chapitre 7 Intermétalliques ternaires à base de U et leurs hydrures
CHAPITRE 8
Conclusions générales et perspectives
L ’objetif de cette thèse a été de présenter une étude théorique au sein de la DFT
de différentes classes d’intermétalliques et leurs hydrures en tenant compte de
deux majeurs aspects : (i) l’effet magnétovolumique dû à l’expansion de la maille,
et (ii) le caractère de l’interaction métal-H. Dans ce contexte, nous avons examiné
les phases binaires de Laves (ex. ScFe2 ) et de Haucke (ex. LaNi5 ) et les systèmes
ternaires à base de cérium (ex. CeRhSn, CeRuSn) et d’uranium (ex. U2 T2 X). D’un
point de vue électronique, les deux premières phases sont caractérisées par leurs
électrons itinérants 3d(Fe, Ni) alors que les autres présentent des systèmes à élec-
trons localisés 4f(Ce) et 5f(U). Ces derniers aspects ajoutent à la fois diversité et
originalité à notre étude. Des conclusions sont dégagées à la fin des différents cha-
pitres. Dans un premier temps, nous avons réussi à obtenir des résultats en accord
avec l’expérience qui en est le crible. Mais, il est apparu rapidement que les données
expérimentales sont parfois insuffisantes pour comprendre le phénomène physique
sous-jacent. Par exemple, notre traitement théorique en distinguant les deux sous-
réseaux de fer de ScFe2 (chapitre 4) nous a permis de rendre compte d’une inversion
dans les amplitudes des moments magnétiques et HF C en passant de l’intermétal-
lique pur au dihydrure. Cette inversion est principalement due à l’expansion de la
maille alors que l’hydrogène vient la renforcer. L’examen de cet aspect, inhérent aux
électrons profonds de cœur, est devenu possible grâce à la méthode tous-électrons
(ASW). Quant à l’apport des calculs pseudo-potentiels (VASP), il est souligné dans
le chapitre 5 où la simulation de modèles d’hydrures intermédiaires a expliqué le
changement dugroupe d’espace observé en passant de LaNi5 à son hydrure saturé
La2 Ni10 H14 (Z = 1).
En résumé, les résultats obtenus pour les phases binaires, notamment de Laves,
montrent que l’effet magnétovolumique joue un rôle plus important que l’interaction
H-métal dans le magnétisme itinérant. Ceci est en opposition aux résultats obtenus
des systèmes ternaires où la liaison chimique de l’hydrogène au sein de la matrice
hôte module les propriétés magnétiques. A ce titre, une absorption discrète en H
est proposée dans le chapitre 6 pour chercher le seuil de l’ordre ferromagnétique des
modèles CeRhSnHx . Dans le chapitre 7, la validité de la théorie dans la recherche
de l’état fondamental est de nouveau démontrée où le protocole calculatoire utilisé
dans cette thèse a permis la prise en compte des effets relativistes de couplage spin
119
120 Chapitre 8 Conclusions générales et perspectives
Sommaire
A.1 Théorème de Bloch et ondes planes . . . . . . . . . . . . 122
A.2 Approximations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
A.3 Les pseudo-potentiels ultra-doux . . . . . . . . . . . . . . 123
A.4 Pseudo-potentiel et onde augmentée : PAW . . . . . . . 125
L ’approche par pseudo-potentiels (PP) utilise une description quantique des in-
teractions électroniques, dans le cadre de la DFT. Elle consiste en un couplage
d’ondes planes et de PP au moyen d’une technique de transformée de Fourier. Cette
méthode est extrêmement précise, et raisonnablement rapide (faisant abstraction
aux électrons de cœur) pour la modélisation des matériaux. Dans les méthodes PP,
les forces agissant sur les atomes au sein de la maille peuvent être calculées une fois
que la description des interactions électroniques est achevée. L’état fondamental
du système est alors déterminé. Cette caractéristique est utilisée de manière sys-
tématique dans cette thèse pour optimiser la géométrie des structures. Plusieurs
méthodes ont été construites dans ce cadre telles que CASTEP [153], SIESTA [154],
ABINIT [155], . . . et la méthode VASP [156] utilisée dans cette thèse.
La méthode VASP Vienna Ab initio Simulation Package est basée sur un code
académique construit dans l’équipe de Prof. Jürgen Hafner (Université de Techno-
logie de Vienne en Autriche). Nous l’avons utilisé afin d’optimiser les géométries des
différents modèles, de rechercher leurs stabilités relatives et d’établir des équations
d’état permettant de calculer des constantes mécaniques comme le module de com-
pressibilité. Les calculs sont basés sur des PP dits ultra-doux et PAW construits
dans le cadre des deux fonctionnelles principales de la DFT : LDA et GGA. Le
formalisme général des méthodes PP est détaillé dans cette annexe.
121
122 Annexe A Les méthodes de calcul à base de pseudo-potentiels
pouvons alors les considérer comme inertes. Cette approximation est dite de coeur
gelé (frozen core approximation). Par ailleurs, la méthode à base de PP respecte
les approximations suivantes :
1. le potentiel fort de cœur est remplacé par un PP dont la fonction d’onde
de l’état de base ψ P S , reproduit la fonction d’onde tous-électrons en dehors
d’un rayon de cœur rc choisi. Ceci permet d’éliminer les états de cœur et
l’orthogonalisation dans les fonctions d’ondes de valence.
2. les pseudo-fonctions d’ondes résultantes ψ P S sont suffisament lisses pour de
nombreux éléments, et peuvent donc être décrites en utilisant des ondes planes
à faibles G. Les ondes planes deviennent ainsi une base simple et efficace de
ψP S .
3. les PP nécessitent d’être générés, ce qui est la partie la plus complexe de la
méthode.
1 ρ (r) ρ (r′ )
∫ d 3 r d 3 r′ + Exc [ρ] + Eii (A.4)
2 ∣r − r′ ∣
124 Annexe A Les méthodes de calcul à base de pseudo-potentiels
V N L = ∑ Dnm
0
∣βn ⟩ ⟨βm ∣ , (A.5)
mn
les formules précédentes. Les termes βm sont exprimés dans une représentation an-
gulaire, par des produits d’harmoniques sphériques et de fonctions radiales, faisant
disparaître rc de l’équation. La densité de pseudo-charge ρ est donnée par le carré
des pseudo-fonctions d’ondes et par l’augmentation dans les sphères :
ρ (r) = ∑ [ψj∗ (r) φj (r) + ∑ Qmn (r) ⟨ψj ∣βn ⟩ ⟨βm ∣ψj ⟩] (A.6)
occ mn
Le terme Qmn (r) représente les fonctions locales déterminées pendant la génération
des PP. Le principe variationnel appliqué aux équations A.4, A.5 et A.6 permet
d’exprimer le déterminant séculaire :
avec
H = T + Vxc (r) + VH (r) + V L (r) + ∑ Dnm ∣βn ⟩ ⟨βm ∣ (A.8)
mn
et
S = 1 + ∑ qnm ∣βn ⟩ ⟨βm ∣ (A.9)
mn
avec l’intégration sur la sphère définie par rc . Les termes Dnm sont la somme de
(0)
Dnm et d’un terme représentant l’écrantage :
Sommaire
B.1 La méthode ASW . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
es méthodes KKR (selon ses auteurs Korringa, Kohn et Rostoker) [164] en 1954
L et de l’onde plane augmentée (APW) [163] en 1965 sont parmi les premières
dédiées au calcul des structures de bandes. Ces dernières étaient connues pour
leur coût en temps prohibitif essentiellement dû à leurs dérivations. Une solution
à cette difficulté contextuelle a été apportée par les méthodes dites linéairisées
dont l’importance est devenue prédominante dans la communauté des physiciens.
L’analyse de systèmes plus réalistes et plus complexes est alors devenue possible
avec les moyens de calcul existants. La méthode de l’onde sphérique augmentée
ASW (Augmented spherical wave) entre autres fait partie de cette catégorie de
méthodes linéairisées. En effet, la dépendance en énergie de la fonction d’onde est
augmentée en l’exprimant comme le produit de coefficients dépendant de l’énergie
a(k), sur lesquels la procédure variationnelle est appliquée, et d’une fonction radiale
χ(r) indépendante de l’énergie. La méthode ASW est utilisée dans cette thèse
pour effectuer les calculs tous-électrons permettant (supplément aux méthodes PP)
de rendre compte des propriétés physiques inhérentes aux électrons profonds de
cœur comme, par exemple, le terme de contact de Fermi du champ hyperfin. Cette
méthode est détaillée dans la suite de cette annexe.
127
128 Annexe B Les méthodes tous-électrons
4
∑ Ωi ∶= ∑ πSi3 = Ωc
!
(B.1)
i i 3
Ici Si est le rayon de la ıème sphère et Ωc le volume total de la maille unitaire. Une
autre considération est implicite dans l’ASA : le potentiel et la densité électronique
sont moyennés sphériquement. Ceci induit un défaut lorsqu’il s’agit d’étudier un
gradient de champ électrique ou une carte de densité électronique.
B.2.0.4 Solution de la fonction d’onde 129
où les termes Rν sont les positions des noyaux et CLν (") représentent les coefficients
de développement dépendants de l’énergie. Les fonctions atomiques HL (r) sont des
ondes sphériques :
1 ∂2 l(l + 1)
(− rν + + V (rν + Rν ) − "lν ) h̃l (rν ) = 0,
(H)
2 2
(B.9)
rν ∂rν rν
et V (rν +Rν ) est postulé comme ne dépendant que de rν pour rν < Sν . La continuité
et la dérivabilité sur la surface de la sphère atomique (à rν = Sν ) est assurée par la
possibilité de choisir h̃l (rν ) et "lν ,
(H)
∂ n
( ) [h̃l (rν ) − k l+1 h+l (krν )]rν =Sν = 0, n = 0, 1. (B.10)
∂rν
B.3.0.5 Le processus mathématique d’augmentation 131
où :
JL (r) = il k −l YL (r̂)jl (kr) (B.12)
Ici jl (kr) est la fonction sphérique de Bessel. Le terme BL′ L (R) représente les
constantes de structures développées dans la méthode KKR [164] :
BLL′ (R) = 4π ∑ ILL′ L′′ k l+l −l HL′′ (R)
′ ′′
(B.13)
L′′
où :
J˜L (rν ′ ) ≡ il YL (r̂ν ′ )j̃l (rν ′ ) (B.16)
et j̃l (rν′ ) est la solution de l’équation de Schrödinger radiale relative à la sphère
centrée en Rν′ , soit :
1 ∂ 2 ′ l(l + 1)
(− r + + V (r′ν + Rν′ ) − "lν ′ ) × j̃l (rν′ ) = 0,
(J)
(B.17)
rν′ ∂rν2′ ν rν′2
ce qui rejoint de manière continue la fonction de Bessel sphérique pour rν′ = Sν′ .
n
( ′ ) [j̃l (rν′ ) − k l jl (krν′ )]r′ν =S′ν = 0, n = 0, 1
∂
(B.18)
∂rν
De la même manière, et comme pour l’augmentation de h+l (kr), la condition de
continuité précédente détermine la normalisation de j̃l (kν ′ ) et de l’énergie "lν ′ . Les
(J)
ondes sphériques augmentées H̃L (r − R) sont alors définies pour toutes les régions
et sont continues, continuement dérivables et indépendantes de l’énergie. Avec une
telle base de fonctions, il devient possible de développer les solutions de l’équation
de Schrödinger :
Ψ(r, ") = ∑ CLν (")H̃L (Rν ) (B.19)
L,ν
132 Annexe B Les méthodes tous-électrons
Afin d’augmenter la convergence des calculs numériques 1 cette équation est modi-
fiée de la manière suivante :
et
⟨ν L̃∣H∣L̃′ ν ′′ ⟩ν ′′ = "l′ ν ′′ ⟨J˜L′ ∣H̃L′ ⟩ν ′′ BLL′ (Rν − Rν ′′ )
(H) †
(B.27)
où
′ (Rν − Rν ′ ) ≡ BLL′ (Rν − Rν ′ ).
† ∗
BLL (B.28)
(iv) les contributions à trois centres (ν ≠ ν ′ ≠ ν ′′ ) où seules les fonctions de Bes-
sel augmentées sont utilisées. Aucune des ondes sphériques augmentées utili-
sées pour les éléments de matrice n’est centrée sur la région intra-atomique
où l’intégration porte.
⟨ν L̃∣H∣L̃′ ν ′ ⟩ν ′′ = ∑ BLL′′ (Rν −Rν ′′ )"l′′ ν ′′ ×⟨JL′′ ∣JL′′ ⟩ν ′′ BL′′ L′ (Rν ′′ −Rν ′ ) (B.29)
† (J) ˜ ˜
L′′
Sommaire
C.1 Les critères COOP, COHP et ECOV . . . . . . . . . . . . 136
C.2 Les fonctions de localisation électronique : ELF . . . . . 137
C.3 Mesure de la résistance au changement de volume
pour un solide : Module de compressibilité . . . . . . . . 138
L
es résultats obtenus des calculs DFT fournissent des indications précises de dif-
férentes quantités physiques comme les moments magnétiques, la nature et la
position énergétique des états électroniques par rapport au niveau de Fermi, la
configuration de l’état fondamental à partir des énergies relatives, etc. Néanmoins,
le chimiste de l’état solide a besoin d’outils pour illustrer les informations portant
sur la nature de l’interaction entre deux espèces atomiques du système étudié. A
cette fin, différents schémas se trouvent à sa disposition : la population de recou-
vrement d’orbitales cristallines COOP (Crystal orbital overlap population) [171], la
population hamiltonienne d’orbitales cristallines COHP (Crystal orbital hamilto-
nian population) [172] et le critère de liaison de l’énergie covalente ECOV (Covalent
bond energy criteria) [173]. Auprès de la caractérisation de la liaison chimique par
les critères COOP, COHP et ECOV, une question complémentaire peut se poser
quant à la localisation des électrons autour et entre les atomes : ≪ où sont les élec-
trons ? ≫ (question posée par Roald Hoffmann lors de l’implémentation des COOP
[171]). La réponse provient des calculs à base de PP où une cartographie des élec-
trons dans la maille peut être obtenue par le biais de la fonction ELF (electron
localisation function) [174, 175]. Par ailleurs, l’aspect thermodynamique (bien qu’il
ne soit pas le sujet central de notre étude) peut être examiné par l’établissement
des équations d’état permettant de calculer des quantités relatives à l’équilibre du
135
136 Annexe C Analyse des liaisons chimiques et des propriétés mécaniques
système : volume, module de compressibilité, etc. Cet aspect est assuré en lissant
les courbes E(V ) obtenues des calculs PP par une équation de type Birch au second
degré [176].
Dans cette thèse, les critères ECOV et COOP sont utilisés pour analyser les
liaisons chimiques. La fonction ELF cartographie la localisation électronique dans
un système. Les propriétés mécaniques sont examinées en se basant sur l’équation
de Birch. Ces différents outils sont exposés dans la suite de cette annexe.
c∗ni (k)Sij cnj (k) = c∗ni (k)⟨χki (r)∣χkj (r)⟩cnj (k), (C.1)
Ici ΩBZ est le volume de zone de Brillouin et δ est la fonction peigne de Dirac
utilisée pour compter les états. Le terme Cij (E) peut être considéré comme une
fonction des densités des états (DOS), modulée par la population de recouvrement.
L’interaction chimique est alors qualifiée de liante, antiliante ou non-liante selon le
signe de la quantité c∗ni (k)Sij cnj (k), i.e. respectivement positif, négatif ou nul.
Bien qu’une description précise de l’interaction chimique soit en effet obtenue,
les états antiliants sont parfois surestimés. Une alternative possible est la popula-
tion basée sur l’hamiltonien COHP qui exprime la contribution de l’interaction à
l’énergie totale en introduisant l’élément de l’hamiltonien :
Dans ce cas nous obtenons une expression similaire à celle des COOP :
1
COHPij (E) = ∑ d3 kReal{c∗ni (k)Hij cnj (k)}δ(E − "nk )
ΩBZ n ∫BZ
(C.6)
C.2 Les fonctions de localisation électronique : ELF 137
3
Dh (r) = (3π 2 )3/2 (ρ(r))5/3 , (C.8)
10
avec
139
140 BIBLIOGRAPHIE
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