2012-035 Igen Igaenr 217836
2012-035 Igen Igaenr 217836
2012-035 Igen Igaenr 217836
MINISTERE
DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET DE LA RECHERCHE
MINISTERE DE L’ÉDUCATION NATIONALE
______________
La pratique sportive
à l’école primaire
N° 2012-035
Mai 2012
Introduction ......................................................................................................... 1
4. L’encadrement du dispositif...................................................................... 32
4.1. Le pilotage national .............................................................................................. 32
4.1.1. Le ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative................... 32
4.1.2. Le ministère des sports....................................................................................................... 33
4.2. Les échelons déconcentrés.................................................................................... 33
4.2.1. L’académie......................................................................................................................... 33
4.2.2. Le département................................................................................................................... 34
4.2.3. La circonscription .............................................................................................................. 35
4.3. Les autres acteurs ................................................................................................. 39
4.3.1. La commune ....................................................................................................................... 39
4.3.2. L’USEP .............................................................................................................................. 42
4.3.3. L’UGSEL............................................................................................................................ 46
4.3.4. Les fédérations sportives .................................................................................................... 47
1- La Fédération française de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées
(FF Judo) ............................................................................................................... 47
2- La Fédération française de rugby (FFR)............................................................ 49
Annexes............................................................................................................... 61
Introduction
Les pratiques sportives peuvent être définies comme un sous-ensemble du vaste domaine des
pratiques physiques. Elles visent l’acquisition des mêmes connaissances, compétences,
capacités et attitudes mais s’exercent dans un cadre défini et codifié par les règles du sport
considéré.
Les programmes d’enseignement et la polyvalence des maîtres rendent cependant difficile
voire illusoire le choix d’une orientation de travail qui serait adossée à une définition trop
restrictive de la notion de « pratique sportive ».
Le contenu du préambule des programmes de 2008 plaide, au demeurant, en faveur d’une
acception assez large du terme dans la mesure où sa rédaction (« il faut également que chaque
élève puisse s’épanouir par une pratique sportive quotidienne. ») implique, en raison des
emplois du temps, une définition qui ne peut se réduire à la pratique du sport scolaire ni, a
fortiori, à l’activité physique et sportive des programmes de l’éducation physique et sportive.
Par commodité, et dans l’esprit de ce qui est écrit ci-dessus, nous considérerons donc la
pratique sportive comme relevant de toutes les formes de pratique physique sur le temps de
l’enseignement obligatoire de l’éducation physique et sportive (ci-après désignée EPS), du
sport scolaire et du volet « pratique sportive » de l’accompagnement éducatif.
L’étude de la mission d’inspection a consisté à rechercher les éléments de réponse aux
questions suivantes :
1) Au sein de la classe, dans le cadre de l’EPS, quelles sont les activités sportives
pratiquées par les élèves ?
2) Quelles activités sportives à caractère associatif (compétitions, rencontres, cycles de
préparation) sont-elles mises en œuvre sur le temps scolaire et hors temps scolaire
(cette question englobant également, sur les sites dédiés, le volet sportif de
l’accompagnement éducatif) ? Quel rôle jouent les associations et fédérations
sportives ? Peut-on en mesurer l’activité et les effets ?
3) Quelle est la relation de dépendance entre l’accès de l’élève à la pratique sportive et le
contexte au sein duquel se situe son école ?
Quel rôle joue le professeur des écoles ? Quelles sont les ressources mises à sa
disposition ? Quelles relations entretient-il avec les intervenants et les partenaires
extérieurs (spécificité et complémentarité des différents acteurs) ?
4) Quelles comparaisons peut-on établir avec nos voisins européens ?
1
1. De l’enseignement à la compétition : quelle offre de
pratique ?
2
À partir de 1981, le passage de l’EPS sous la responsabilité du ministre de l’éducation
nationale contribue à lever de nombreuses ambiguïtés. Des sports « activités privilégiées » des
Instructions officielles de 1967, aux sports « activités de références » puis « activités
support » des années 80-90, on assiste à un changement de vocable qui marque un
changement d’orientation. Les trajectoires du sport et de l’EPS se disjoignent sans se perdre
de vue. L’EPS retrouve une autonomie, condition nécessaire à son intégration véritable dans
le champ des disciplines d’enseignement à l’école.
Au cours des années 80, l’EPS n’échappera pas aux questions générales relatives à l’école et
aux évolutions des conceptions pédagogiques et didactiques, au centre desquels apparaît une
transition entre une centration sur les contenus et une meilleure prise en compte de
« l’apprenant » ce qui explique pourquoi, aujourd’hui, l’EPS est dotée d’objectifs spécifiques
à sa discipline et d’objectifs généraux et transversaux.
Notons enfin l’importance particulière des programmes de l’école primaire de 2008,
caractérisés par une rédaction fondée sur le concept de compétence à acquérir et sur une
matrice commune avec les programmes du second degré.
3
Il convient au demeurant de noter que cette architecture se retrouve dans les programmes du
collège.
Au sein de cet ensemble, le domaine des activités physiques et sportives nous intéresse plus
directement.
1
L’histoire, l’organisation et les objectifs de l’USEP sont développés au chapitre 4.
4
1.2.4. Le sport scolaire à l’UGSEL2
Concernant l’élève et ses pratiques, on note, entre USEP et UGSEL, de larges similitudes sur
le plan des objectifs et des modalités de réalisation : dans les deux cas, la marque d’identité
est la rencontre sportive au service de la pratique du sport scolaire et de la construction de la
personnalité de l’élève, dans ses dimensions individuelle et sociale.
Les dirigeants de l’UGSEL soulignent les effets bénéfiques du sport scolaire qui :
• à travers les rencontres, stimule élèves et enseignants et suscite le goût de la pratique
sportive, y compris individuelle ou familiale ;
• donne du sens à l’enseignement de l’EPS ;
• oblige les enseignants à se concerter ;
• offre une entrée non disciplinaire pour faire face à des enjeux particuliers (notamment
ceux de l’éducation prioritaire).
Cependant, ils soulignent l’importance de respecter des garde-fous :
• éviter les approches technicistes ;
• bien encadrer l’action des intervenants extérieurs ;
• veiller à l’équilibre entre le rôle de l’association et celui de l’enseignant qui doit
conserver son autonomie (principes de collaboration et de complémentarité).
2
L’histoire, l’organisation et les objectifs de l’UGSEL sont développés au chapitre 4.
3
Le sport scolaire dans le premier et le second degré, rapport de l’IGEN rédigé par Michel Leblanc ; mai 2001.
5
temps scolaire ;
• les activités pratiquées donnent lieu à des productions de documents et fiches
pédagogiques dont bénéficient les animateurs USEP ou UGSEL mais aussi les
enseignants qui peuvent y puiser d’utiles ressources pour leur enseignement de l’EPS.
Même s’il n’est guère aisé d’établir une distinction nette entre une rencontre USEP ou
UGSEL se déroulant sans compétition pendant le temps scolaire et une séance d’EPS, il
semble opportun de définir ce que ces deux activités recouvrent.
A cet égard, une activité d’EPS à l’école se définit, quelle que soit l’activité de référence
(athlétisme, gymnastique, danse, jeux collectifs, natation, etc.) par la conjonction de plusieurs
éléments.
a) Une mise en jeu du corps, la réalisation d’une action motrice qui procure des
sensations et des émotions diverses, variées, d’origine physique, cognitive, affective,
etc.
b) Cette action motrice n’est pas réalisée pour elle-même (sauf dans le cas d’une pratique
physique de mise en train ou d’échauffement – ex : étirer les muscles des jambes…–
ou d’une activité de découverte exploratoire chez le jeune enfant de maternelle). Elle
prend du sens pour l’enfant qui la pratique car elle s’insère dans une activité de
référence, par exemple :
– en athlétisme, on court, on saute, on lance. C’est d’abord pour éprouver le plaisir de
la vitesse, de l’envol, du « geste balistique » puis celui de « battre son propre
record »… avant de faire mieux que son « copain » ;
– quand on pratique des jeux de ballon (collectifs), on court et on lance et on saute
aussi, mais ce n’est pas dans le même but qu’en athlétisme ;
– en danse, on court parfois, on saute, et ce n’est pas non plus dans le même but.
c) Ces diverses expériences corporelles doivent absolument être vécues dans leur variété
et leur originalité, pour que l’enfant puisse, à travers elles, au cours de ses années
d’école, se constituer un répertoire d’actions motrices diverses et les utiliser dans des
formes de plus en plus complexes et efficaces.
d) En EPS, une activité physique est forcément intégrée dans un ensemble de pratiques
complémentaires destinées à procurer à l’enfant le goût de la pratique physique et les
éléments d’un choix futur.
L’éducation physique et sportive à l’école est donc indissociable des notions :
• de plaisir de l’action motrice ;
• de variété (multiplicité) des activités proposées ;
• de progressivité des apprentissages (pour construire des actions motrices de plus en
plus maîtrisées et complexes) ;
• de complémentarité des expériences (corporelles, affectives, cognitives et culturelles).
La construction de ce « répertoire moteur » et d’un « capital » de sensations, d’émotions, de
connaissances sur soi, sur les activités pratiquées, permet à l’élève de choisir, dans sa vie
présente ou future, une ou plusieurs activités en fonction de son goût ou de ce qui correspond
à ce qu’il réussit le mieux.
En outre, ces activités répondent à trois caractéristiques :
6
1. Elles se déroulent au sein du groupe classe (« on agit avec les copains » : c’est le
« vivre ensemble ») ;
2. Elles peuvent être le support d’un travail interdisciplinaire très enrichissant : acquérir
des connaissances sur le corps et son fonctionnement (gestion de l’effort etc.), sur des
règles de jeu, de vie, de sécurité, sur le matériel (réparer son vélo) ;
3. Elles permettent la conception, l’organisation, l’évaluation par les élèves (et
l’enseignant) de projets individuels et collectifs (performances, rencontres, échanges).
Mais en intervenant pendant le temps scolaire, le sport scolaire peut être perçu par les maîtres
comme tenant lieu d’enseignement d’EPS dans la mesure où tous les élèves (volontaires ou
non) sont alors concernés. Il devient dès lors tentant de considérer que le sport scolaire permet
de pallier l’insuffisance de l’horaire consacré à l’EPS.
A contrario, il est fort heureusement possible d’observer des situations dans lesquelles la
distinction et la complémentarité entre l’EPS, discipline d’enseignement obligatoire qui
s’adresse à tous les élèves, et les activités sportives volontaires sont clairement établies.
L’exemple ci-dessous en constitue une illustration.
7
L’intérêt d’une telle séquence est donc d’autant plus appréciable que le départ y est constamment
établi avec une pratique sportive du rugby.
Trois caractéristiques en effet l’en distinguent. La finalité première de l’activité n’est pas ici de
battre une équipe adverse mais de réussir à améliorer une compétence. La motivation
gagner/perdre contre quelqu’un n’est donc pas la principale motivation des élèves ; elle n’est
pas évacuée, mais elle devient relative à la tâche à accomplir : gagner, c’est atteindre l’objectif
fixé.
Par ailleurs, la non interchangeabilité, on le sait, est une des caractéristiques des sports
collectifs dans la mesure où on est amené, au cours de la même partie, successivement à attaquer
et à défendre. Au contraire, dans les exercices proposés par le maître, les enfants sont placés soit
en position d’attaque, soit en position de défense, mais jamais les deux en même temps. L’équipe
attaquante a cinq attaques à faire. Dès lors qu’une attaque échoue, la phase de jeu est arrêtée,
jusqu’à la cinquième attaque. Enfin, les équipes sont systématiquement mixtes, filles/garçons.
Nonobstant ces différences, il est patent que, quoique relevant pleinement de l’EPS, et non pas
d’une pratique sportive indûment effectuée à l’école, l’activité prépare bien, aussi, à une
pratique sportive du rugby extérieure à l’école. Le nombre important d’élèves de la classe qui
vont participer aux rencontres USEP de rugby l’atteste. Ce faisant, la séance à laquelle j’ai
assisté est un bel exemple de complémentarité et de continuité possible entre l’EPS à l’école et de
pratiques sportives extérieures à elle. On voit bien qu’à la différence d’une séquence qui eût été
encadrée, par exemple, par des animateurs municipaux, sa réussite tient au fait que le maître de
la classe est en même temps animateur USEP et qu’il a par ailleurs bien réfléchi sur les
différences et les continuités possibles des deux pratiques.
Cette interpénétration dessine un nouveau modèle qui sera présenté sous ses deux angles :
l’enseignement de l’EPS et les activités induites par cette offre nouvelle.
8
dans le chapitre précédent, champs que les élèves doivent rencontrer au cours de chaque
année scolaire.
La construction de ces compétences repose sur des activités visant deux objectifs majeurs : le
développement des capacités motrices et la pratique d'activités physiques, sportives et
culturelles.
Dans chaque département, une enquête sur ce thème des volumes horaires, croisant
discours et pratiques effectives, devrait donc constituer une priorité qui permettrait de poser
un diagnostic fiable.
Les observations réalisées par la mission permettent de dresser le tableau suivant.
Le nombre d’heures d’EPS, dans l’emploi du temps d’une classe, est variable d’une école à
une autre, la moyenne constatée étant proche de deux heures par semaine. Les trois heures
demandées sont très rarement effectives.
L’enseignant mobilise toutes les ressources qui lui sont proposées. Il utilise les différentes
structures mises à sa disposition, de la cour d’école au gymnase communal. La mise en place
de l’emploi du temps des élèves dépend donc du planning partagé des installations, les
enseignants optimisant leur enseignement en se partageant les créneaux des infrastructures
sportives de la collectivité considérée.
En général, les séances sont courtes, environ 45 minutes. Cette durée rassure les maîtres mais
il n’est pas certain, en revanche, que ce découpage soit pertinent dans la mesure où le bénéfice
physiologique des activités nécessite un temps de pratique effective que les contraintes des
déplacements viennent déjà amputer.
Les horaires d’EPS sont généralement répartis sur deux créneaux dans la semaine et
déterminés davantage en fonction des installations et des partenariats que du rythme de
l’enfant.
9
Un emploi du temps d’une classe de cours préparatoire :
10
2.1.1. Quelles activités et quel encadrement pédagogique ?
Le tableau ci-dessous est extrait du cahier de préparation d’un professeur exerçant au cycle 3.
Il est assez représentatif de ce que peut être une bonne pratique pédagogique, à travers le
respect des programmes, la construction de compétences motrices et la pratique d’APSA
(activités physiques, sportives et artistiques) variées.
11
EPS Période 1 Septembre – Octobre 2011
12
EPS Période 2 Novembre – Décembre 2011
13
Les activités
Le choix pédagogique, effectué en fonction de l’âge des enfants et des activités à conduire
dans les cycles différents, résulte principalement de trois paramètres :
• le premier est nettement guidé par les programmes et les orientations institutionnelles.
Les activités sont organisées à partir des quatre compétences ;
• le deuxième est sans conteste lié aux contraintes et ressources disponibles en termes
d’équipement et de matériel ;
• le troisième est lié aux compétences personnelles des enseignants, à leur âge, leurs
aptitudes physiques et leurs goûts plus affirmés pour telle ou telle discipline.
La nature du sport enseigné est aussi déterminée par les propositions des partenaires et la
« culture sportive » de certaines collectivités ou les ressources de l’environnement.
La programmation d’activités peut prendre appui sur l’organisation des rencontres proposées
par l’équipe de circonscription, à l’exemple du cross ou des parcours à vélo.
L’enquête a révélé que les activités les plus programmées sont : l’athlétisme, les jeux
collectifs, la danse et la natation.
La pratique régulière et optimale de l’EPS nécessite l’accès programmé aux équipements
intégrés ou de proximité (terrains, stades, gymnases), ainsi qu’aux équipements lourds
accessibles aux scolaires (piscine, patinoire, base nautique, golf, centre équestre). L’accès et
le transport ont un coût qui ne peut pas être reporté sur les familles. L’inscription de certaines
de ces activités au projet d’école, leur programmation et leur financement par la collectivité
de rattachement sont étroitement liés.
Les programmes de l’école primaire structurent le travail des enseignants. Mais chacun
s’attache, en EPS, à exploiter ce qui, pour lui, « fait sens », en fonction de sa formation, de ses
goûts et du regard qu’il porte sur l’école et de la demande plus ou moins forte de l’institution.
Les programmes d’EPS de l’école primaire s’inscrivent dans un cadre qui définit des
principes généraux : globalisation horaire, liberté et responsabilité du choix des méthodes
pédagogiques pour aider les élèves à apprendre.
Au cycle des approfondissements, l’autonomie et l’initiative personnelle, conditions de la
réussite scolaire, sont progressivement mises en œuvre dans tous les domaines d’activité et
permettent à chaque élève de gagner en assurance et en efficacité.
Les programmes spécifiques à l’EPS évoquent, enfin, deux aspects :
• au cycle 2, « le développement des capacités nécessaires aux conduites motrices » et
au cycle 3, « le développement des capacités motrices » ;
• la pratique fondée sur l’offre d’une « première initiation aux activités physiques et
sportives » (cycle 2) et la « pratique d’activités physiques et sportives et artistiques »
(cycle 3).
Ces orientations structurent l’action des différents acteurs, chacun investissant un espace en
accord avec ses compétences mais surtout la représentation qu’il a de ses missions. Une partie
des enseignants se retrouvent davantage dans la dimension « formation / développement de la
motricité » et se révèle soucieuse d’intégrer les moments de pratique dans des ensembles plus
vastes, de faire des « ponts » entre les disciplines. Cela est courant au cycle 1, mais est réalisé
aussi aux autres niveaux. Des enseignants sont « demandeurs d’objets plus scolaires par
14
rapport à une dimension plus sportive de l’USEP » ; un maître de cycle 3 dit « faire deux
heures d’EPS plus une demi-heure où l’on parle d’EPS » ; une enseignante utilise l’EPS pour
les pratiques d’écriture et de lecture (elle produit des albums avec des photos et des textes sur
les unités d’apprentissage et /ou les rencontres, les textes étant écrits selon la technique de la
dictée à l’adulte).
Les jeux collectifs, les activités athlétiques, les activités de danse et la natation sont qualifiés
« d’incontournables ». La pratique du vélo, parfois intégrée à la préparation de l’attestation de
première éducation à la route, connaît un développement important.
Les équipes départementales produisent elles-mêmes de nombreuses progressions souvent
appréciées des enseignants.
Une partie de ces derniers s’engagent d’autant plus facilement et régulièrement que l’activité
physique choisie offre des opportunités de réinvestissement à d’autres moments ou dans
d’autres disciplines.
À côté de cette offre institutionnelle, on constate que des accords de partenariats conclus avec
des ligues débouchent sur des pratiques plus « rares » et participent de l’initiation sportive
(exemple de l’introduction du hockey et de l’escrime dans une école du Pas-de-Calais) et
ouvrent le champ des possibles : golf, tennis, équitation, ski, voile, sont proposés au fil des
opportunités. Ils représentent souvent des déclinaisons locales de conventions de partenariats
signées au plan national entre le ministère de l’éducation nationale, les fédérations sportives,
l’USEP et l’UGSEL. Ces activités se déroulent pour partie sur le temps scolaire, encadrées
conjointement parfois par un intervenant et un professeur des écoles et pour partie hors temps
scolaire, les élèves n’étant alors pas tous concernés.
L’accompagnement éducatif
Le choix des activités tient souvent aux compétences des personnes qui encadrent et aux
locaux disponibles, mais un parti souvent adopté consiste à faire découvrir aux enfants des
activités peu pratiquées en temps scolaire. Par exemple, dans une école RAR (réseau ambition
réussite) visitée, 46 des 56 élèves du cycle 3 participent à l’accompagnement éducatif. Parmi
les activités sportives les plus prisées, le rugby a une place dominante. À l’échelle de la ville
dans laquelle cette école est implantée, des activités hors temps scolaire sont proposées par la
mairie pour les élèves qui déjeunent à la cantine : tir à l’arc, escrime, tennis de table. Ces
activités périscolaires ne concernent cependant que de 20 % à 30 % des élèves.
À l’analyse des pratiques, un constat positif se dessine : les activités ponctuelles (du type :
« aujourd’hui on fait basket ») sont devenues rares. L’examen du cahier-journal du
professeur et de la programmation des séances montre que l’enseignement est clairement
adossé aux quatre domaines de compétences spécifiques, bien organisés en unités
d’enseignement.
Il reste désormais à promouvoir un enseignement qui permettrait aux élèves d’être
confrontés à des situations leur permettant, chaque année, de construire chacun de ces
quatre domaines de compétences.
15
2.2. La pratique sportive : avec et au-delà de l’EPS
Le paysage des pratiques sportives scolaires recouvre l’enseignement obligatoire, le sport
scolaire, le volet sportif de l’accompagnement éducatif et les activités de la pause méridienne
proposées par les municipalités. On assiste à l’émergence d’un nouveau modèle, d’un espace
partagé que l’on espère être mis au service de la formation et de la réussite des élèves.
L’action des professeurs des écoles (titulaires de l’éducation nationale), des éducateurs
territoriaux des activités physiques et sportives (ETAPS), personnels titulaires de la fonction
publique territoriale, des intervenants spécialisés agréés issus de ligues sportives,
d’association, et des intervenants bénévoles dans le cadre associatif (souvent les enseignants)
est d’autant plus efficace qu’elle s’inscrit dans la politique éducative de l’école, formalisée ou
non par un projet explicite (les conseillers pédagogiques peuvent être utilement impliqués
dans la structuration des projets). Tous ces acteurs constituent un réseau souvent informel
dans lequel on doit veiller à ce que les fonctions ne se superposent pas et ne se confondent
pas. Mais leur action coordonnée permet, lorsque le dispositif est structuré, un utile maillage
d’une offre de pratique sur le temps scolaire, périscolaire, voire extrascolaire.
16
La place des professeurs, garants de la cohérence du projet éducatif et porteurs des valeurs de
l’école est évidemment centrale. Elle est définie par la loi.
Code de l’éducation
Article L. 312-3
L'enseignement de l'éducation physique et sportive est dispensé dans les écoles maternelles et
élémentaires et dans les établissements d'enseignement du second degré et d'enseignement
technique.
Il est assuré :
1° dans les écoles maternelles et élémentaires, par les enseignants du premier degré, réunis en
équipe pédagogique. Ceux-ci acquièrent une qualification pouvant être dominante en éducation
physique et sportive pendant leur formation initiale ou continue. Toutefois, un personnel agréé et
disposant d'une qualification définie par l'État peut assister l'équipe pédagogique, avec son accord et
sous la responsabilité de celle-ci […].
L’EPS constitue une épreuve facultative du concours de recrutements des professeurs des
écoles, que les candidats admissibles peuvent retenir au titre de la seconde partie de la
première épreuve d’admission qui concerne, au choix, les arts visuels, la musique ou l’EPS.
En EPS, les candidats sont évalués, à leur guise, soit sur une course de 1 500 m, soit sur une
séance de danse.
Les chiffres fournis par l’académie de La Réunion et les académies d’Île-de-France, avec
respectivement 50 % et 70 % d’admissibles optant pour l’EPS, semblent montrer que cette
discipline ne rebute pas les candidats.
La formation initiale est axée prioritairement sur la préparation du concours mais l’examen
des maquettes de formation montrent que l’EPS est prise en considération, sous un angle
généralement pédagogique (le développement psychomoteur de l’enfant) et didactique
(pratiquer les APSA), et d’une façon parfois innovante (ex : modules mathématiques-EPS et
sciences-EPS dans l’académie de Versailles ; module EPS et santé dans celle de Créteil).
La formation continue se résume, dans la plupart des départements, à quelques modules
optionnels proposés aux professeurs dans le cadre de leurs 18 heures annuelles d’animations
pédagogiques. La nécessité d’opérer des choix parmi d’autres priorités (maîtrise de la langue,
mathématiques, sciences, langues vivantes) explique en partie les orientations retenues sans
pour autant exonérer complètement les décideurs qui pourraient assez facilement renforcer la
formation en EPS et s’inspirer du modèle suivant, organisé en trois phases :
• un module obligatoire pour tous les professeurs, centré, dans l’esprit du socle
commun, sur les compétences transversales que l’EPS permet de développer ;
• un module obligatoire pour un professeur de chaque école, centré sur les APSA
auxquels les élèves de cette école peuvent accéder de manière effective ;
• un module optionnel réunissant professeurs et ETAPS dans un même atelier.
Tout au long de cette enquête, et dans l’ensemble des départements visités, la place du
professeur des écoles est posée comme essentielle. Elle induit, de façon directe ou non, le
volume et la qualité de la pratique physique et sportive à l’école.
17
L’enseignant est le responsable pédagogique de sa classe. Il est responsable de la formation de
ses élèves.
Cependant, les positionnements sont multiples : ils conduisent à identifier différentes
conditions d’exercice professionnel et de collaboration entre professeurs des écoles et ETAPS
et fondent ce qu’il est possible de qualifier de « nouveau modèle d’encadrement ».
Les professeurs enseignent généralement eux-mêmes (exception faite pour les activités à
risque) mais, de plus en plus, d’autres personnes prennent en charge les classes pour au moins
une partie de l’enseignement.
Ce mode de fonctionnement est généralement encadré : le volume des interventions des
personnels extérieurs à l’éducation nationale est fixé par des notes de service, académiques ou
départementales, précisant par exemple que cet horaire ne doit pas excéder 30 % du temps
total réservé à l’EPS.
On relève aussi une volonté d’encadrement plus strict des interventions pédagogiques, à
l’exemple d’un département où sont introduites quelques contraintes : « aucun nouvel
intervenant ne peut commencer ses interventions sans avoir eu un entretien ; une fiche
pratique présentant les situations concrètes sur l’atelier doit être présentée à l’enseignant ».
L’absence de cadrage peut favoriser une dévolution importante de l’EPS à des personnels
extérieurs à l’école, et l’enseignement de l’EPS « sous assistance extérieure », qui peut
devenir majoritaire dans certaines zones urbaines, constitue alors le seul modèle
d’enseignement.
Dans les communes ne pouvant disposer de l’apport d’intervenants, les professeurs doivent
prendre en charge la totalité de l’enseignement. Les ETAPS peuvent n’intervenir que dans les
activités à taux d’encadrement renforcé. Ainsi, dans un département de l’académie de Lille,
les deux intervenants de hockey assistent les enseignants sur la première séance puis la
quatrième pour régulation et à la fin de l’unité d’apprentissage.
Pour donner de la cohérence aux actions menées par ces différents intervenants, des
départements ont mis en place des instances de coordination. Le modèle du Rhône semble
intéressant en ce sens qu’il facilite une véritable collaboration en vue d’une production (des
documents ressources sont élaborés en commun par les ETAPS et les conseillers
pédagogiques).
Il convient, à cet égard, et d’une manière plus globale, de souligner le rôle d’interface, aux
multiples facettes, exercé par les conseillers pédagogiques de circonscription.
Ces deux acteurs principaux que sont les professeurs des écoles et les ETAPS se retrouvent
dans un autre cadre : celui de l’USEP ou de l’UGSEL lors d’animations et de rencontres
sportives organisées sur le temps scolaire, principalement, ou hors temps scolaire. Les
professeurs sont d’autant plus volontaires que l’USEP ou l’UGSEL prennent en charge
l’organisation et/ou produisent des documents préparatoires à la rencontre.
18
2.3. Les équipements et matériels
Selon un document récent de la DGESCO, la mise en œuvre du programme d’EPS dans le
premier degré suppose la réalisation d’activités qui, pour être organisées de façon optimale,
nécessitent des conditions particulières.
Ensemble complémentaire
Compétences propres à Ensemble commun Les installations
en fonction des
l’EPS d’activités nécessaires
ressources locales
Stade, piste d’athlétisme,
Activités athlétiques,
Réaliser une performance sautoir, aire de lancer,
natation
piscine
Adapter ses déplacements Bicyclette, équitation,
Activités de pleine nature,
à différents types escalade, ski, patinage, Parc, forêt, piste
course d’orientation
d’environnement roller, voile, aviron
Concevoir et réaliser des
Espace couvert, salle
actions à visées
Activités gymniques, danse Cirque spécialisée ou
expressive, artistique,
aménageable
esthétique
Coopérer ou s’opposer Jeux d’opposition, jeux Espace couvert, salle
individuellement ou collectifs, jeux de raquettes, Activités de combat, Tennis polyvalente, plateau
collectivement jeux traditionnels sportif
Source : DGESCO
Cour
Préau qui sert en cas de mauvais temps : 200 m2
Salle omnisport (partagée entre les écoles) et association avec terrains de hand et basket
Dojo
Centre aquatique
Terrain de hand (plateau)
Terrain en herbe pour le rugby
Stade de foot (1 fois par an pour la rencontre de masse USEP)
Un sautoir (10 m2)
Matériels
Matériel municipal mutualisé avec une autre école et le centre de loisirs (accueil périscolaire)
Agrès (poutre, cheval, tapis, espalier, anneaux, 2 tapis type dima)
Ballons (24 rugby, 20 handball et basket, 10 footsal et kinball)
Hockey: 30 crosses, 30 balles, 4 buts
Raquettes (tennis, badminton, jokari), 3 filets de badminton
30 chasubles, 80 plots, 12 country foot
6 lattes, 20 cerceaux, 12 anneaux
Élastique (pour sautoir)
Kit Golf pour 1 classe
10 frisbee
4 panneaux de basket mobiles
10 casques VTT
12 panneaux de sécurité routière
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2.3.1. Les équipements extérieurs
En matière de lieux d’enseignement, d’équipements fixes et de matériel pédagogique, l’EPS
est donc dans une situation différente de celle des autres disciplines. En effet, sa mise en
œuvre nécessite, à des degrés divers, l’accès à des installations spécialisées, rarement
présentes dans les écoles. Cependant, les besoins liés aux pratiques sportives scolaires
recoupent ceux des pratiques sportives organisées dans d’autres cadres : les clubs et
associations, les activités relevant des communes, centres aérés, écoles municipales du sport
et celles relevant des loisirs ou de la pratique individuelle. L’accès à ces équipements
collectifs, le plus souvent publics4, est partagé entre les activités scolaires du premier et du
second degré, public et privé, et les activités des autres utilisateurs.
L’organisation des plannings d’utilisation des équipements présente de ce fait une importance
considérable pour les écoles et établissements utilisateurs. La collectivité propriétaire ou, le
cas échéant, le gestionnaire délégué doit attribuer à chacun des créneaux d’accès dans le cadre
du temps disponible. C’est donc une contrainte déterminante pour la confection des emplois
du temps. La place des heures d’EPS dans les emplois du temps hebdomadaires d’une école
dépend parfois davantage des créneaux disponibles que d’une programmation rationnelle.
Les cas de figure sont très divers, en fonction du nombre d’utilisateurs de l’équipement et de
la nature des activités, occasionnelles, par cycles ou régulières qui s’y déroulent. Pour les
stades et les gymnases, les besoins des collèges et des lycées, très importants, sont
généralement prioritaires et ne laissent que peu de marge aux écoles. Signalons aussi que
chaque collectivité traite prioritairement les demandes d’accès des écoles et établissements
situés sur son territoire. La mission a pu constater, dans deux contextes fort différents (une
école rurale du Finistère et une école d’une des communes les plus défavorisées de Seine-
Saint-Denis) que les élèves ne recevaient pas l’enseignement de la natation qui leur est dû,
dans le premier cas parce que la seule piscine existante à une distance raisonnable relève
d’une autre communauté de commune qui en réserve l’accès à ses habitants, dans le second
cas, parce que les piscines situées dans les communes limitrophes sont saturées.
Les équipements sportifs ont une particularité évidente : leur coût. Ils nécessitent des surfaces
importantes (les stades et plateaux sportifs pour sports collectifs mais aussi les gymnases et
les salles polyvalentes) et leur mise aux normes entraîne des coûts de construction élevés.
Ainsi, c’est un ensemble de facteurs divers (population, ressources, intercommunalité,
situation urbaine, périurbaine, rurale, etc.) qui détermine la présence ou non de ces
équipements sportifs.
Ce sujet est important car la question de l’équité est une des principales problématiques de la
présente étude et les différences de situation des communes en matière de ressources
financières et d’accès des populations à des équipements sportifs sont considérables. Le
DASEN (directeur académique des services de l’éducation nationale) d’un département alpin
souligne le paradoxe suivant : « les écoles rurales qui disposent de moins d’installations sur
place doivent souvent payer pour se déplacer vers des lieux de pratique éloignés, en ayant
moins de possibilité d’encadrement que les écoles implantées en ville qui bénéficient de
subventions de déplacement tout en ayant des possibilités de pratique à domicile ».
Le ministère des sports s’est doté d’une base de données recensant les équipements sportifs
(RES)5 qui a permis de cartographier la répartition territoriale des équipements par catégories6
4
Les équipements sportifs privés utilisés par des écoles sont le plus souvent des piscines, ce peut être aussi des
terrains de tennis, des golfs etc.
5
http://www.res.sports.gouv.fr/
20
(Atlas des équipements sportifs français). Les données rassemblées par cet état des lieux
reflètent la disparité des équipements tant du point de vue de leur type et de leur qualité que
de leur implantation7.
6
Terrains de grands jeux, bassins de natation couverts et découverts, courts de tennis, salles de pratique
collective etc.
7
Il est à noter qu’un outil informatique destiné à optimiser l’utilisation des installations sportives par les collèges
et lycées est en cours de développement à l’initiative de la DGESCO
8
http://www.sports.gouv.fr/DossiersLourds/Feuillet_Étude_Piscine_MoyenneDef.pdf
9
idem
21
2.3.3. Des équipements d’école de niveaux très variables
Dans ce domaine également, des inégalités existent. En fonction de la commune, de
l’importance de l’école, de l’ancienneté de ses bâtiments etc., les possibilités d’organiser des
activités sportives sont différentes. Le tableau de la DGESCO relatif aux installations
nécessaires à la mise en œuvre des diverses activités sportives (cf. chapitre 2.3) indique des
activités qui peuvent se réaliser dans des locaux scolaires : les actions à visées expressive,
artistique, esthétique ne nécessitent pas d’équipements importants ; nombre de jeux
d’opposition, de jeux collectifs ne réclament qu’un peu d’espace et, éventuellement, des
tapis ; des jeux de raquettes ou de balle et une partie des activités relevant de l’athlétisme
peuvent, sous certaines conditions, se pratiquer dans les cours ou sous les préaux.
Les équipements internes aux écoles ne nécessitent donc pas, sauf exception, des
investissements lourds. Des aménagements relativement simples dans les cours ou les préaux,
des salles à la hauteur de plafond suffisante, l’utilisation de « kits » spécialisés, peuvent
suppléer l’absence d’équipements sportifs spécifiques et permettre une mise en œuvre
correcte des activités sportives. Il est peut-être, d’ailleurs, regrettable que des écoles préfèrent
consacrer du temps scolaire à des trajets pour rejoindre des sites extérieurs qui n’apportent
qu’une plus-value limitée, alors que l’investissement dans l’acquisition d’un équipement de
base bien adapté à l’école primaire serait plus efficient.
22
2.4. Le sport, un prolongement possible de l’EPS
23
2.4.2. L’interface avec les clubs
Quelles que soient la forme et la nature des intervenants extérieurs dans l’école, le lien entre
pratique sportive et réalité de l’offre sportive locale est fort.
Un moniteur sportif spécialiste d’un sport collectif ou individuel, qui intervient dans l’école
sur le temps scolaire ou en dehors de ce temps scolaire (atelier spécifique sur l’heure du
déjeuner, par exemple) est bien souvent lui-même impliqué dans le club sportif local de la
spécialité qu’il pratique. Dès lors, les élèves dont il a la charge auront de plus fortes chances
de pratiquer, au sein d’un club, le sport auquel ils auront été initiés.
Ce phénomène se vérifie en ville comme en secteur rural. Il se vérifie également si le
professeur des écoles pratique lui-même une activité sportive. Cette « imbrication » vaut pour
tous les intervenants sportifs, notamment ceux issus d’un partenariat avec une fédération, un
comité départemental ou un club. On note naturellement une orientation plus massive des
élèves vers les clubs et associations de la discipline pratiquée.
24
Il est à noter que seuls les élèves ayant passé avec succès un test de natation sont admis ce qui sous-
tend que les écoles doivent programmer le cycle d’activités nautiques après le cycle d’apprentissage
de la natation (ce qui est un élément de complexité compte tenu de la gestion des plannings des
piscines ; par ailleurs, il faut aussi tenir compte des saisons…).
La charte prévoit qu’un cycle d’enseignement ne doit pas avoir moins de 8 séances et que la durée des
séances ne doit pas être inférieure à 3 heures avec un temps effectif de navigation d’au moins 90
minutes. Les activités pratiquées sont la voile (83 %), le canoë-kayak (13 %) et le char à voile (4 %,
en progression).
Le conseil général finance ces activités en versant aux centres nautiques, une subvention de 15 à 18 €
par élève, après validation des listes par l’IEN et l’IA. La dépense s’est élevée en 2010-2011 à
288 000 €. Les communes (ou les communautés de communes) participent au financement. À titre
d’exemple, la commune de Carantec (3300 habitants) qui dispose d’un centre nautique sur place
(donc sans coûts de transport des élèves) verse 13,70 € par séance individuelle, soit une dépense de
11 220 € pour 2011.
Le maire de cette commune, comme celui de Plouescat, une autre commune littorale, souligne
l’importance de la pratique du nautisme dans les deux écoles de sa commune. Les activités scolaires
sont le socle de l’activité du centre nautique (« vraie richesse de la commune ») qui ne pourrait pas,
sans cette fréquentation, rester ouvert toute l’année et assurer 3 ou 4 emplois permanents. L’activité
scolaire permet donc de professionnaliser l’encadrement du centre. À Plouescat, le club de voile
municipal ne fonctionne que 8 mois sur 12, mais ses animateurs polyvalents encadrent les activités des
autres clubs sportifs et participent aux interventions dans les écoles (5 animateurs et un ETAPS
coordonnateur).
Il convient d’ajouter qu’aux activités nautiques organisées dans le cadre qui vient d’être décrit
s’ajoutent les classes de mer qui ont concerné en 2010-2011, 2 830 élèves d’autres départements et
1 383 élèves finistériens.
Les responsables de Nautisme en Finistère ont calculé que 850 emplois étaient directement liés au
fonctionnement des centres nautiques scolaires et étaient donc dépendants des activités nautiques
scolaires.
Le seul point négatif relevé par la mission concerne la quasi-disparition des rencontres sportives
nautiques (ne subsistent que quatre challenges locaux) et le rôle très limité de l’USEP, seulement
présente dans l’organisation d’un challenge entre les écoles brestoises.
25
3. Vers de nouvelles problématiques
Cette affirmation, contenue dans un ouvrage édité par l’INPES (Promouvoir l’activité
physique des jeunes, INPES, 201110), résulte d’un consensus international et est largement
partagée, elle ne sera donc pas davantage développée ici.
Soulignons cependant qu’une publication scientifique11 souligne la difficulté à mettre en
évidence une relation cohérente entre l’activité physique des jeunes et la santé, et le manque
d’études épidémiologiques à ce sujet, ce qui justifierait la mise en œuvre de véritables
expérimentations en milieu scolaire.
Les constats sur les effets bénéfiques de la pratique régulière d’une activité physique pendant
l’enfance et l’adolescence sont à la base des politiques publiques en France et à l’étranger.
Le préambule du rapport du 30 octobre 2007 du Parlement européen concernant la proposition
de résolution sur le rôle du sport dans l’éducation, 2007/2086(INI), éclaire bien l’importance
de l’EPS et du sport scolaire face aux enjeux de santé publique :
« A. considérant que l’éducation physique est la seule matière scolaire qui vise a préparer
les enfants a un style de vie sain et qui se concentre sur leur développement physique et
mental global, et à leur inculquer d’importantes valeurs sociales telles que l'honnêteté,
l’autodiscipline, la solidarité, l’esprit d’équipe, la tolérance et le fair-play,
B. considérant que la surcharge pondérale due à un style de vie sédentaire et a une
alimentation incorrecte, qui peut engendrer un mauvais état général et des troubles
psychosociaux, ainsi que des maladies dont les complications entrainent d'importantes
dépenses, comme par exemple l'hypertension, le diabète et les maladies cardiovasculaires,
touche une part de plus en plus grande de la population de l'UE, notamment un enfant sur
quatre,(…) »
La prise en compte de la relation entre les activités sportives et la santé a conduit plusieurs
pays à intégrer l’enseignement de notions relatives à la connaissance du corps et à la santé
dans l’EPS. C’est notamment le cas au Québec : le programme de formation de l’école
québécoise12 définit pour la discipline « éducation physique et à la santé », trois compétences
dont la troisième est « Adopter un mode de vie sain et actif ». En Suède, la discipline
s’intitule « Sport et santé » (cf. chap. 6). Dans d’autres pays, le lien est moins directement
10 http://www.inserm.fr/thematiques/sante-publique/dossiers-d-information/activite-physique
11
Dupont, Guinhouya, Hubert « Épidémiologie de l’activité physique appliquée aux enfants et adolescents
français : barrières et possibilités », dans Pratiques et Organisation des Soins volume 39 n° 2 / avril-juin 2008
12
http://www.mels.gouv.qc.ca/progression/educationPhysique/
26
affirmé mais des objectifs relatifs à la promotion de la santé sont inclus, à des degrés
variables, dans les programmes d’enseignement.
13
Circulaire n°2010-125 du 18-8-2010 « Développement du sport scolaire »
14
Circulaire 2011-216 du 2-12-2011
27
nutritionnelle et promouvoir les activités physiques (intégrant la prévention du surpoids et de
l'obésité) »
À ce stade, il apparaît donc clairement qu’au niveau des références officielles, le rôle des
pratiques sportives dans la mise en œuvre d’une politique de santé publique passant, d’une
part, par l’apprentissage à l’école de connaissances et de pratiques en matière d’hygiène et de
santé et, d’autre part, le développement physique des enfants, n’est pas véritablement pris en
compte si ce n’est par des formules incantatoires telles que « promouvoir les activités
physiques »).
En outre, on observe, et ce n’est pas propre à la France, une focalisation presque exclusive sur
la prévention de l’obésité juvénile et des risques liés à la sédentarité des jeunes. La promotion
des activités physiques est, de ce fait, souvent présentée comme le complément d’actions
d’éducation nutritionnelle. Cette politique de prévention qui s’inscrit notamment dans le cadre
du PNNS15 est incontestablement très importante mais l’intérêt de la pratique d’activités
physiques et sportives pour la santé des enfants et des futurs adultes ne peut être réduit à cela.
Au-delà de l’affichage des politiques publiques, qu’en est-il de la perception par les acteurs de
l’impact de l’EPS et du sport scolaire sur la santé des élèves ?
Le questionnaire préparé par la mission pour les enquêtes de terrain comportait une question
simple : « quel est, pour vous, le principal objectif visé par les pratiques sportives proposées à
vos élèves ? ». Très peu d’interlocuteurs (IEN, directeurs d’école, enseignants) ont cité la
santé des élèves. Il ne faut pas en tirer de conclusion excessive car beaucoup ont cité des
objectifs conformes au préambule du programme d’EPS, ce qui n’exclut pas qu’ils aient
conscience des bénéfices sanitaires qui découlent de ces pratiques.
15
PNNS : plan national nutrition santé
16
UNSS et l’USEP, ARS, DRAAF, DRJSCS, Mutualité Française, observatoire Régional de la Santé, Instance
Régionale d’Éducation et de promotion de la santé.
28
les familles à adopter des comportements plus favorables à leur santé ». Des écoles de la
trentaine de villes participantes sont impliquées. Ce projet prolonge le programme
EPODE (Ensemble prévenons l’obésité des enfants) connu en particulier par l’importante
opération conduite pendant une quinzaine d’années à Fleurbaix et Laventie, deux
communes du Pas-de-Calais17
• Le programme ICAPS (Intervention auprès des collégiens centrée sur l’activité physique
et la sédentarité) est, comme son nom l’indique, plus particulièrement destiné aux collèges
mais la méthodologie développée dans ce cadre peut être utilisée dans le cadre des écoles
primaires. L’ouvrage, déjà cité, de l’INPES (Promouvoir l’activité physique des jeunes –
Élaborer et développer un projet de type ICAPS) contient des informations scientifiques et
théoriques, méthodologiques, pratiques etc. qui en font l’ouvrage de référence en la
matière.
Toutes ces expériences s’inscrivent dans le champ de la prévention de l’obésité et de la lutte
contre la sédentarité. Il est donc intéressant de signaler que certains des interlocuteurs de la
mission ont développé des analyses qui traduisent une conception plus globale de la place des
pratiques sportives ainsi que le souligne le rapporteur qui a enquêté dans l’académie de Lille :
« Du côté des CPD (conseillers pédagogiques départementaux) comme du côté des
professionnels de santé, un même message est exprimé : il faudrait faire davantage de
promotion des activités physiques et sportives dont l’intérêt n’est trop souvent mis en
évidence qu’en relation avec la santé et la citoyenneté ; c’est, d’une part, un équilibre
global des enfants qu’il conviendrait de valoriser à côté de la recherche de l’efficacité
scolaire vue seulement au filtre des résultats en français et en mathématiques et, d’autre
part, la promotion de l’effort voire du dépassement de soi en opposition au modèle de
compétition comme comparaison à l’autre. »
L’opinion de ces CPD est proche de celui du médecin conseiller technique d’une DASEN qui
rappelle que l’enfant doit avoir une activité physique quotidienne, structurée dans le cadre de
l’EPS ou du sport scolaire ou extrascolaire, mais aussi dans un cadre informel, celui des jeux,
des récréations, des déplacements. Elle précise qu’un minimum de 60 minutes d’activités
physiques quotidiennes procure une meilleure oxygénation, améliore le développement
musculaire et la qualité du sommeil mais aussi l’estime de soi et la prévention du stress. Il
faut donc « donner aux enfants le goût de bouger ».
Cette affirmation est confirmée par les études scientifiques18 et reprise par l’OMS qui a retenu
cette durée de 60 minutes par jour d’activités physiques dans ses recommandations pour les
jeunes de 5 à 17 ans19. Il est précisé qu’une activité renforçant l’endurance devrait être
pratiquée quotidiennement et que les activités renforçant le système musculaire et osseux
devraient être incorporées au moins trois fois par semaine pendant une durée minimum de 20
minutes. Les recommandations mettent l’accent sur la nécessité pour les jeunes d’avoir accès
à une palette d’activités physiques attrayantes répondant à ces critères.
Or, d’après une étude un peu ancienne (étude HBSC 2001-2002 publiée par l’OMS en 2004),
sur l’ensemble des enfants scolarisés en France âgés de 11 ans, seulement 11 % des filles et
25 % des garçons ont une activité conforme aux recommandations.
17
cf. L’évaluation du dispositif d’éducation à la santé à l’école et au collège, rapport IGEN-IGAENR-IGAS
2004-03
18
INSERM, Activité physique : contextes et effets sur la santé. Paris 2008 ; Evidencebased physical activity for
school-age youth. The Journal of Pediatrics, 2005, vol 146, n°6 ; Physical Activity Guideliness Advisory
Committee Report, Washington DC, US Department of Health and Human Services, 2008.
19
Cf. http://www.who.int/dietphysicalactivity/factsheet_young_people/fr/index.html
29
Les politiques éducatives de santé se développent difficilement, peut-être en raison du
caractère interdisciplinaire des actions sur lesquelles elles reposent. Plutôt que de
multiplier les consignes et les messages de prévention, il apparaît qu’augmenter
significativement la durée réelle d’exercice physique des élèves des écoles apporterait un
bénéfice réel en termes de santé publique.
30
La présentation du travail réalisé par une classe sur le champion paralympique local a permis d’apporter
quelques éléments de réponse.
La sarbacane
Un enfant tire en position assise avec un seul bras valide (au moyen d’un trépied support). La sarbacane, une
activité riche et éducative (notamment au cycle 2), permet de travailler le souffle et la concentration. La mise en
place d’ateliers permettant de vivre un sport en situation de handicap est facilement réalisable : position assise,
un ou deux bras immobilisés. On peut aussi pratiquer le tir « en aveugle » en étant aidé par un camarade.
Dans le prolongement du basket-fauteuil et en lien avec les travaux réalisés autour d’un champion paralympique
d’escrime handisport, la manifestation a permis aux enfants de mieux appréhender les problèmes qui se posent à
une personne en situation de handicap soucieuse de pratiquer un sport alors qu’elle ne peut se déplacer qu’en
fauteuil.
Ils ont été informés sur la diversité des sports pouvant être pratiqués par des athlètes handicapés et sensibilisés
à l’existence des jeux paralympiques.
Les élèves ont compris que les enfants en situation de handicap sont des enfants comme les autres avec leurs
singularités…
La journée a constitué une belle occasion de mieux connaître l’autre, se connaître et se reconnaître un parmi les
autres et ce pour tous les enfants qu’ils soient ou non porteurs de handicap, et quelle que soit la nature et le
degré du handicap :
- « pas facile d’arbitrer lorsque l’on ne dispose pas de la parole !
- pas facile pour un enfant non-voyant d’emporter un objet à un endroit précis dans le jeu du déménageur ou
courir sur un parcours naturel parsemé d’obstacles ! Et pourtant il y parvient s’il est guidé par la voix ou au
moyen d’un contact tactile ! ».
31
4. L’encadrement du dispositif
4.1. Le pilotage national
32
• un vade-mecum sur la pratique sportive à l’école, dont le statut « d’infra-norme »
devrait faciliter et guider le pilotage académique ;
• une action nationale de formation visant l’encadrement pédagogique.
4.2.1. L’académie
La circulaire annuelle sur l’EPS de l’académie de Paris, sans équivalent dans d’autres
académies, illustre l’importance accordée par les autorités académiques à cet enseignement.
Elle remplit plusieurs fonctions : rappeler les priorités pédagogiques et éducatives en matière
d’enseignement de l’EPS et fixer le cadre des nombreuses procédures administratives
concernant tous les acteurs de cet enseignement. Elle est constituée de neuf dossiers
thématiques : programmation et horaires en EPS, programmation et emploi du temps, natation
et activités aquatiques, formation en EPS, plan académique des actions en EPS, documents
pédagogiques et outils pour l’EPS, le réseau EPS, l’agrément des intervenants extérieurs.
Ailleurs, le pilotage rectoral fait défaut, pour des raisons qui tiennent souvent à une attente de
cadrage national.
Tout au plus convient-il de noter ici où là quelques éléments d’une politique en faveur de la
pratique sportive :
• à Rennes, l’axe « responsabilisation » du projet académique indique : « la pratique au
sein des associations sportives d’activités physiques, sportives et artistique… aide les
élèves à construire des connaissances et des compétences pour la gestion de leur vie
future. Cela permet donc d’agir sur la sécurité et la santé. ». Il ne comporte cependant
aucune action explicite en ce sens ;
33
• à Versailles, les IEN chargés de la mission départementale EPS sont invités à se
rencontrer en coordination académique ;
• à La Réunion, les IA-IPR d'EPS sont mobilisés pour initier une dynamique en faveur
de la liaison école-collège mais aucune action concrète n’a été engagée à ce jour.
La circulaire ministérielle du 18 août 2010 relative au développement du sport scolaire invitait
les recteurs à « intégrer au projet académique un plan de développement du sport scolaire ».
Or, dans les académies visitées, la mission a constaté que cette directive est restée lettre
morte.
4.2.2. Le département
Parmi les départements visités, seuls deux portent une politique lisible dans sa cohérence.
Dans l’un d’eux (Paris), déjà cité, cette politique est explicite et affichée. Dans l’autre
département, elle ne s’affiche pas en tant que telle mais repose néanmoins sur des choix
assumés, visant à concéder largement l’enseignement de l’EPS et, naturellement, la pratique
sportive, au partenariat extérieur. Cette « délégation » est, au demeurant, tellement marquée
qu’une élue municipale découvre au cours d’un entretien que « les professeurs des écoles sont
obligatoirement tenus par les textes officiels d’enseigner l’EPS ».
Dans ces deux départements, la satisfaction semble générale et les résultats probants.
Nonobstant le caractère singulier de ces départements, cela plaide en faveur de choix
politiques adossés à un véritable projet, qu’il soit implicite ou explicite.
Ailleurs, au-delà de la variété des situations, la configuration de la politique départementale
répond au schéma général suivant : un groupe départemental élabore un projet définissant les
termes du partenariat et proposant des actions de formation et des outils pédagogiques.
Ce groupe départemental, composé essentiellement du ou des conseillers pédagogiques
départementaux (CPD) et des conseillers pédagogiques de circonscription (CPC), travaille
dans un certain flou, selon ses propres priorités, et peine à alimenter véritablement les écoles.
Le directeur académique des services de l’éducation nationale (DASEN) ne s’en désintéresse
pas mais, absorbé par de multiples tâches, il ne le préside pas (au mieux, il y délègue un IEN
chargé de mission pour l’EPS) et ne donne pas les impulsions nécessaires. La mission des
inspections générales a incité certains d’entre eux à réaliser une enquête auprès des écoles et a
provoqué ainsi une certaine prise de conscience : « on ne sait pas vraiment ce qui se fait de
bien » ; « les demandes gagneraient à être mieux ciblées ».
Sur quelques aspects, la qualité de certains projets mérite d’être d’autant plus signalée :
• une conception articulant bien l’enseignement de l’EPS et la pratique sportive hors
temps scolaire ;
• une rédaction matérialisant une véritable démarche de projet : objectifs → actions →
éléments d’évaluation ;
• une composante pédagogique pertinente : « couvrir les quatre domaines de
compétence » ; « densifier le temps d’engagement moteur » ; « faire connaître la
notion d’unité d’apprentissage ».
Plusieurs documents expriment une volonté d’encadrer très strictement l’intervention des
animateurs sportifs. Au-delà de la légitime préoccupation de ne pas déresponsabiliser les
enseignants, cette approche, qui traduit une certaine réticence vis-à-vis d’intervenants
désormais bien formés et qualifiés, mérite d’être interrogée. En effet, cette montée en
34
puissance des animateurs n’est-elle pas le reflet d’une insuffisante formation des maîtres et
d’une certaine perte d’influence de l’USEP ?
Dans l’enseignement catholique, tel qu’il a pu être interrogé dans deux départements, le
niveau départemental reconnaît à la pratique sportive une grande importance sans, pour
autant, la traduire en une politique matérialisée par un projet explicite.
Au niveau des écoles, le constat est, en revanche, plus positif. Cela s’explique sans doute par
le fait que les directions diocésaines disposent, à travers l’UGSEL, d’un véritable « bras
armé » capable de faire éclore au niveau local les intentions départementales.
L’efficacité de l’UGSEL repose sur au moins quatre facteurs ;
• elle constitue une véritable composante de l’enseignement catholique ;
• elle s’affiche sans détour comme « fédération sportive » ;
• elle affiche une identité fondée sur un objectif prioritaire, la formation, dont elle est
elle-même un opérateur essentiel ;
• elle repose sur l’engagement de petites équipes très réactives et organisées qui savent
irriguer de façon structurée le réseau des écoles catholiques.
4.2.3. La circonscription
Le pilotage
La place de la pratique sportive dans le projet de circonscription et dans les indicateurs du
tableau de bord de l’IEN (inspecteur de l’éducation nationale) est quasi nulle. Lorsqu’elle est
évoquée, elle l’est généralement au titre d’une déclinaison du projet départemental qui voit
alors son intérêt validé.
Quand elle existe, la politique de l’IEN se manifeste de deux façons non exclusives :
• l’IEN exige que le projet d’école comporte obligatoirement un volet EPS : constats et
ressources ; objectifs et moyens ; contenus d’enseignement, emplois du temps,
programmations ; relations avec la commune ;
• l’IEN affiche, à son propre niveau, une véritable politique que l’exemple ci-dessous,
emprunté à une circonscription de l’académie de La Réunion, permet d’illustrer.
Exemple de bonne pratique : un plan d’actions de circonscription inscrit dans un plan départemental.
L'IEN dispose d'un contrat de performance signé par l'IA, au sein duquel figure un axe intitulé « renforcer la
cohérence et la continuité des apprentissages ». Il se décline en plusieurs objectifs, au titre desquels « dynamiser
les pratiques de classes par des actions ciblées afin de renforcer le sens donné aux apprentissages ».
Le volet « actions culturelles et EPS » en est partie prenante.
Outils créés par la circonscription
La circonscription dispose :
- d'un plan d'action EPS décliné en 3 objectifs visant à inscrire l'ensemble des acteurs de l'école dans une
culture de l'EPS. Chaque objectif comprend des actions (ex : partenariat avec la commune), des modalités de
réalisation, des effets attendus, une évaluation et un bilan. 22 des 24 écoles participent au moins à une action de
ce plan ;
- d’un site web doté d’un onglet EPS qui donne accès à des documents pédagogiques (programmation
d'activités, ateliers EPS, règlement, calendrier et règles des rencontres EPS) ;
- d’un partenariat avec :
35
. l’USEP (1 professeur des écoles détaché par l'IA pour l'animation du bassin sud, qui recouvre 6
circonscriptions)
. 7 clubs sportifs (conventions établies selon le modèle académique)
. l’office municipal des sports de la commune, qui fournit 4 intervenants agréés et facilite l'accès à la piscine
dans un contexte très concurrentiel pour l'accès aux installations.
Orientations pédagogiques
Le travail prend appui sur l'organisation de rencontres EPS, organisées par l'équipe de circonscription sur le
temps de classe. Ces rencontres donnent du sens et recouvrent l'enseignement de l'EPS, organisé en unités
d'enseignement balisées selon les 4 grandes domaines du programme.
Ce dispositif monte en puissance : sur les 221 classes de la circonscription, 69 en 20009-2010 puis 76 en 2010-
2011 et 111 en 2011-2012 sont engagées dans ce programme qui repose sur 10 disciplines : enduro, danse,
handball, basketball, football, rugby, voile, athlétisme et « maternathlon » (athlétisme pour élèves de
maternelles).
En complémentarité et en prolongement de ces actions, l'USEP organise son propre programme de rencontres
sur ou hors temps scolaire. Outre l'élargissement du spectre des activités qu'elle propose ainsi, les adhérents
USEP jouent un rôle spécifique fondé sur le principe de la responsabilité (organisation, rédaction des feuilles de
match, aide à l'arbitrage).
Le cahier EPS
Il s'agit d'un outil individuel pour chaque élève. Il prend la forme d'un dossier que l’enfant va renseigner en y
inscrivant, pour chaque séance, ses objectifs d'apprentissage et ses progrès. Le cahier a trois fonctions :
- une fonction mémoire : on écrit pour conserver des traces ;
- une fonction de structuration : on écrit pour mettre sa pensée en forme ;
- une fonction communication : on écrit pour communiquer sur l'activité, sur ses émotions...
Le cahier comprend 4 rubriques par activité, rattachée à une compétence spécifique de l'EPS :
- les représentations initiales de l'élève ;
- les règles de jeu et de sécurité ;
- une fiche d'autoévaluation (mesure des progrès en référence à plusieurs niveaux de réalisation ;
- le parcours d'apprentissage (résultats, réussites, difficultés).
Le volet sportif de l'accompagnement éducatif.
- 46 % des écoles (soit le tiers des élèves) sont en dispositif ECLAIR. ;
- 16 % des élèves concernés pratiquent une activité sportive sur le temps de l'accompagnement, soit 45 mn
pendant la pause méridienne ou après les cours.
- 42 % des écoles offrent un volet sportif. 20 % des intervenants de l'accompagnement sont positionnés sur le
sport : il s'agit de professeurs, de parents, des responsables associatifs ou de clubs.
Démarche : l'équipe de circonscription ventile les heures d’accompagnement entre les différentes écoles
éligibles, recherche des intervenants et établit la correspondance entre écoles et personnel de façon à présenter
à chaque école un programme d'activités « ficelé ».
L'école informe ensuite les familles des possibilités offertes aux enfants. Les enfants s'inscrivent (tous les
volontaires sont acceptés) et chacun pratique trois sports différents chaque année.
Il n'existe pas, à ce jour, de liaison avec le collège mais les IA-IPR d'EPS sont mobilisés pour initier une
dynamique en ce sens.
36
impulser, réguler ou organiser des activités sportives en faveur des élèves, en partenariat avec
les collectivités territoriales, les associations et les clubs sportifs,.
Disons-le sans réserve : la pratique des élèves leur doit beaucoup.
L’autre relais possible pour l’IEN est l’USEP mais l’interdépendance historique entre USEP
et conseiller pédagogique de circonscription tend aujourd’hui à se dissoudre et il n’est pas rare
de constater un fonctionnement local répondant au principe des vases communicants : une
implication forte et efficace du conseiller pédagogique de circonscription peut assoupir
quelque peu l’USEP tandis que celle-ci sait a contrario investir les interstices laissés libres
par un CPC moins actif.
Deux constats sont clairement établis :
• l’organisation de rencontres inter-écoles, traditionnellement portée par l’USEP, peut
aujourd’hui se passer d’elle ;
• la valeur ajoutée apportée par l’USEP est mal identifiée. Elle se limite parfois à une
simple commodité juridique ou à la réalisation ponctuelle d’activités sportives au sein
desquelles l’USEP s’est spécialisée.
La formation continue
La formation continue repose matériellement sur la mobilisation d’une partie des 18 heures
annuelles d’animation pédagogique.
Compte tenu des priorités nationales, académiques et départementales, au titre desquelles ne
figure pas l’EPS, cette dernière discipline n’apparaît jamais dans la liste des actions
obligatoires à public désigné. Lorsqu’elle existe, la formation est adossée à des choix
optionnels à opérer au sein d’un « catalogue » d’actions généralement portées par le conseiller
pédagogique de circonscription et consistant à proposer chaque année un, deux ou trois
ateliers de trois heures pouvant accueillir jusqu’à une trentaine de maîtres.
Si de tels modules sont trop rares, leur contenu peut, en revanche, se révéler très pertinent.
Citons, à titre d’exemple, le déroulement d’une séance de trois heures dans une
circonscription de l’ouest de la France :
• apports techniques sur le sport considéré (rugby, course d’endurance) ;
• conception d’un cycle d’enseignement sur ce sport ;
• préparation d’une rencontre inter-écoles destinée à finaliser ce cycle et à proposer aux
élèves des ateliers sur la santé (alimentation, hygiène, sommeil).
L’inspection
21 % des rapports d’inspection d’un IEN de l’académie de Lyon traitent de l’EPS.
Dans toutes les autres circonscriptions visitées, le constat est assez affligeant : « aucun rapport
sur l’EPS » ; « six rapports portant sur l’EPS sur une période de trois ans » ; « un rapport sur
dix mentionne l’EPS, à travers un simple rappel des horaires obligatoires et de la nécessaire
programmation » ; « aucune inspection en EPS depuis 2009 »...
La mission a été si surprise par une telle carence au sein d’une profession généralement
exemplaire en matière de loyauté institutionnelle et de culture professionnelle, qu’elle a, au-
37
delà du protocole d’enquête, souhaité rechercher de plus amples informations en étendant ses
investigations à l’examen de l’ensemble des rapports d’un département.
Dans un département de l’académie de Rennes, les services de l’inspection académique se
livrent chaque année à une exploitation administrative et pédagogique des rapports
d’inspection.
L’analyse des 808 bulletins de l’année scolaire 2010-2011 révèlent que 18 % des rapports des
enseignants de cycle 1 abordent le domaine « agir et s’exprimer avec son corps », ce qui
paraît faible eu égard au rôle absolument essentiel de cet enseignement à l’école maternelle.
Mais que dire alors des observations sur les cycles 2 et 3, où seuls 2 % et 1 % des bulletins
évoquent l’enseignement de l’EPS ?
Il serait injuste d’imputer la responsabilité de ce phénomène aux seuls IEN, toujours loyaux et
constamment mobilisés par la réalisation de multiples tâches, mais il faut sonner l’alarme, et
cela pour au moins deux raisons :
• les maîtres ne sont pas inspectés dans la discipline qui, en nombre d’heures
d’enseignement par semaine, est pourtant la troisième après le français et les
mathématiques ;
• cette carence porte en elle le risque d’accréditer l’idée que l’EPS est une discipline
mineure dans laquelle il est peu rentable de s’investir.
Outre la question du contrôle des enseignements, il est tout aussi regrettable que l’EPS ne soit
pas mise à profit au titre de ses intérêts pédagogiques et didactiques qui en font une discipline
électivement propice à l’illustration pratique de propos récurrents tels que « conduire les
élèves à construire leurs apprentissages » ; « favoriser les interactions entre pairs » ;
« formaliser le contrat didactique »…
Ces constats doivent également conduire l’institution à s’interroger sur son bilan en matière
de formation initiale et continue de ses IEN qui, à l’instar des enseignants qu’ils forment et
évaluent, sont eux-mêmes polyvalents. Un IEN ayant acquis des compétences spécifiques en
matière d’EPS et de pratiques sportives sera, à l’évidence, davantage porté à inspecter en EPS
et à y conduire une expertise de qualité, comme peut l’attester l’extrait du rapport d’inspection
ci-dessous, rédigé par un IEN, ancien conseiller pédagogique de circonscription spécialisé en
EPS.
38
spectateurs qui n’ont pas de consignes particulières et que l’enseignant laisse crier pour encourager leurs
camarades.
Une première pause est consacrée au comptage des points des deux équipes avant une reprise de l’activité selon
les mêmes modalités. Le jeu s’achève lorsque chaque élève est passé une fois.
Les élèves en situations de spectateurs n’ont pas de mission d’observation des stratégies utilisées, des attitudes
efficaces.
La séance se termine par un moment où les élèves sont allongés sur le dos pour un retour au calme.
L’ensemble de la séance se déroule dans une grande agitation et dans un niveau sonore élevé. Aucune consigne
de sécurité n’a été donnée et peu de remarques ont été adressées aux élèves perturbateurs.
Analyse, conseil
Les situations d’apprentissage en EPS doivent se concevoir en plaçant l’élève en situation d’acteur. Son temps
d’activité doit être important. Dans le cas de la séance observée, les élèves devraient être tous en situation de
duel de manière simultanée. Un élève peut se trouver en situation d’observateur mais avec un rôle identifié :
arbitre ou observateur d’une attitude avec un critère précis.
La répétition des actions se conçoit avec des variables : main droite ou gauche dans le dos, départ assis,
accroupi… Plusieurs jeux devront être prévus pour une séance lors de laquelle les élèves seront informés de ce
qu’ils apprennent. Enfin, la fin de la séance doit faire état d’un retour (bref mais précis) sur l’activité qui
précisera ce qu’on a fait ou appris, des difficultés rencontrées, des progrès réalisés.
Pour conclure, la gestion de la classe en particulier en EPS doit se faire en fixant les règles et les limites aux
élèves. L’enseignant reste le garant de celles-ci
4.3.1. La commune
Le rôle de la commune dans la mise en œuvre de l’EPS et du sport scolaire à l’école primaire,
service municipal, dépasse la notion de partenariat. L’apport de la commune concerne :
• les locaux de l’école et leur adaptation à l’exercice des activités sportives (salles de
motricité pour l’école maternelle, salles de sport ou polyvalentes, aménagement des
cours et des préaux etc.) ;
• les équipements extérieurs mis à la disposition des écoles (terrains de sports et
plateaux, salles spécialisées ou polyvalentes etc.) ;
• l’accès aux piscines ;
• le matériel pédagogique spécialisé (raquettes, balles, tapis, buts etc.) ;
• le transport nécessaire pour rejoindre les équipements éloignés et pour l’organisation
de rencontres sportives inter-écoles ;
• la mise à disposition de personnels intervenants de statuts divers.
La mission a constaté chez tous les élus rencontrés dans les visites de terrain ainsi qu’à
l’association des maires de France, une attitude très positive en faveur de la mise en œuvre
des activités sportives scolaires. Cependant, les maires soulignent à juste titre le coût élevé
des interventions municipales avec, dans l’ordre, le coût des équipements sportifs, celui des
transports d’élèves et, pour une partie d’entre eux, la charge salariale des intervenants sportifs.
Les locaux et équipements
L’état des lieux de l’action des communes (et des intercommunalités) en matière
d’équipements sportifs est présenté au chapitre 3.
39
Les transports
La pratique de la natation est la principale cause de recours aux transports collectifs mais
ceux-ci sont aussi nécessaires pour se rendre sur des lieux d’activités particulières (tennis,
golf, centre nautique, ski) ou même, parfois, plus communes (stade, gymnase). Ils sont aussi
utiles lors des rencontres inter-écoles que ce soit dans le cadre de l’USEP (ou l’UGSL) ou
dans le cas de rencontres organisées par les conseillers pédagogiques départementaux et de
circonscription. Afin de limiter les pertes de temps et les coûts financiers, ceux-ci ont de plus
en plus tendance à privilégier des rencontres de proximité, soit à l’intérieur de la
circonscription, soit à l’intérieur d’une même commune dès lors que le nombre d’écoles est
suffisant.
Les intervenants
Les 420 professeurs de sport de la ville de Paris constituent un cas unique en France,
d’intervention systématique de fonctionnaires territoriaux dans la mise en œuvre de
l’enseignement obligatoire public, prérogative de l’État. Au-delà de cette situation
particulière, l’intervention, pendant le temps scolaire, de personnels payés par les communes
pour contribuer à la mise en œuvre des activités sportives scolaires, n’est pas une question
marginale. Il est connu que les intervenants municipaux sont nombreux dans les villes
importantes et suffisamment riches (en particulier dans le département des Hauts-de-Seine, en
raison des ressources de ses communes mais aussi du fait de l’héritage, partagé avec la ville
de Paris, des moniteurs municipaux de l’ancien département de la Seine).
L’enquête réalisée par la mission montre que, à des degrés divers, de très nombreuses
communes, de toutes tailles, rémunèrent des intervenants sportifs. Le plus souvent, ces
intervenants relèvent du cadre d'emploi d'éducateur territorial des activités physiques et
sportives, cadre d’emploi sportif de la catégorie B de la fonction publique territoriale.
Une situation qui semble assez commune est une intervention d’une heure par semaine pour
toutes les classes des cycles 2 et 3.
40
Un exemple de budget communal consacré au sport à l’école
Les situations des communes sont tellement différentes qu’il serait illusoire de chercher à établir
une dépense moyenne. Il a été jugé préférable de donner à titre d’illustration le budget d’une
commune de 2 600 habitants située en Île de France qui a entrepris la démolition-reconstruction
d'un complexe sportif et le réaménagement du site sportif des écoles. Elle possède une école
maternelle (72 élèves) et une école primaire (128 élèves).
1. Nature de l’équipement :
⋅ Grande salle: Multisports (basket, hand-ball, volley…)
⋅ Petite salle : Arts martiaux (dojo) + activités scolaires et périscolaires
⋅ plateaux extérieurs : Multisports loisirs + activités scolaires et périscolaires de plein air
2. Surfaces
⋅ grande salle : 44 x 23.5 m
⋅ dojo : 18 x 14 m
⋅ plateau 30 x 18 m
3. Utilisateurs :
• écoles
Grande salle Petite salle
élémentaire 12,5 h 6h
maternelle 1h 2,5 h
Périscolaire (ALSH) 8h Le midi
8h
2h Le mercredi
• clubs sportif
Grande salle Petite salle
ASC Basket 18,5 h 3 soirs et le WE
Badminton 1,25 h 1 soir
Karaté 5h 2 soirs
Judo 10 h 2 soirs
Taiso 2,5 h WE
On constate que les salles sont utilisées pour une durée équivalente par les élèves des écoles et les
membres des clubs
4. budget prévu
⋅ travaux grande salle (hors démolition) : 1 543 228, 57 € HT
⋅ travaux dojo : 230 356.55 € HT
Le montant total de la dépense (avec démolition, TTC travaux et prestations intellectuelles incluses)
s’élève à 2 500 000 €.
Cette dépense sera financée par le fonds de compensation de la TVA, et des subventions du conseil
régional et du conseil général à hauteur de 54,33 %, le reste étant financé par un emprunt (29,75 %) et
par autofinancement de la commune (15,92 %), soit une charge pour la commune de 1 141 750 €
(45,67 %).
5. L’intervenant sportif :
Un ETAPS recruté en 1995 effectue 8 heures de services hebdomadaires à raison d’une heure ou une
heure et demie par chacune des classes pour une charge salariale totale de 10 492 € (coût 2011).
41
4.3.2. L’USEP
Une mission de service public
C’est en 1939 qu’est créée l'USEP, commission sportive scolaire de l'UFOLEP, Union
française des œuvres laïques d’éducation physique, secteur plein air et sport de la Ligue de
l'enseignement, conséquence de la structuration des activités sportives impulsée par Jean Zay,
ministre de l’éducation nationale et des Beaux-arts. En 1955, l'USEP reçoit l’habilitation à
intervenir au sein des écoles primaires publiques pour développer, en leur sein, l'enseignement
de l'éducation physique et sportive.
La loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités
physiques et sportives (Loi Avice) donne un cadre juridique aux associations sportives
scolaires et, l'USEP est officiellement reconnue comme la fédération sportive scolaire des
écoles publiques de l'enseignement du premier degré. L’USEP et les associations qui y sont
affiliées reçoivent une aide du ministère de l’éducation nationale, essentiellement sous forme
de mise à disposition de personnels dont le retrait progressif et la transformation partielle en
détachements est compensée par une subvention annuelle. En 1999, une première convention
entre le ministère de l'éducation nationale et l'USEP est signée. Cette convention, qui a été
renouvelée en 2003 et 2006, encadrait le versement d’une subvention annuelle et la mise à
disposition de trois personnels, membres de la direction nationale.
Au sein de la Ligue de l’enseignement, la structuration des activités a progressivement séparé
l’UFOLEP (fédération sportive affinitaire et multisport) et l’USEP. Depuis 2004, l'USEP est
dotée de son propre président, élu par l'assemblée générale nationale de l’association20, mais
des liens statutaires et fonctionnels21 forts continuent à lier l’USEP à la Ligue de
l’enseignement.
Cette proximité a été confirmée par la signature, le 30 octobre 2009, d’une convention
tripartite entre le ministre de l’éducation nationale, l’USEP et la Ligue de l’enseignement. Ce
document souligne d’abord les objectifs qui sont communs aux trois signataires (rôle actif de
l’enfant dans ses apprentissages, complémentarité entre l’EPS, l’instruction civique et morale
et la pratique sportive volontaire, cohérence entre les valeurs mises en œuvre dans le cadre
scolaire et dans le cadre associatif, volonté commune de développer un projet éducatif et
sportif) ; il définit ensuite la mission de service public confiée par le ministère « à l’USEP, au
sein de la Ligue de l’enseignement ».
C’est l’article 1er de la convention qui définit l’objet des associations USEP :
• organiser des rencontres sportives scolaires et périscolaires (l’article 4 apporte ensuite
des assurances de nature juridique sur la capacité de l’USEP à intervenir pendant le temps
scolaire dans le cadre de rencontres sportives) ;
• contribuer à l’acquisition de connaissances et de compétences sportives, sociales,
civiques et culturelles par les enfants, en assurant la cohérence entre les rencontres
sportives et les apprentissages de l’EPS ;
• permettre aux enfants d’assumer un rôle actif dans leurs apprentissages, en accordant
une place majeure à la diversité des rôles qui leur sont dévolus (joueurs, arbitres,
organisateurs etc.).
20
Jusqu’à cette date, une même personne présidait l’UFOLEP et l’USEP.
21
Le directeur de l’USEP est également directeur d’un service de la Ligue de l’enseignement
42
Les articles suivants de la convention définissent les engagements des parties pour la
réalisation de ces objectifs. Ils définissent notamment les modalités du partenariat et en
particulier, le rôle des conseillers pédagogiques.
Enfin, le ministère de l’éducation nationale s’engage « à soutenir l’USEP sous forme de
moyens financiers, précisés chaque année par un avenant à la présente convention ».
En conséquence, depuis 2010, la totalité des moyens financiers accordés par le ministère de
l’éducation nationale à l’USEP sont inclus dans la convention pluriannuelle d’objectifs (CPO)
conclue entre le ministère et la Ligue de l’enseignement. L’USEP n’est donc plus directement
partie prenante dans le conventionnement qui détermine une partie substantielle de ses
revenus. Le dispositif financier qui résulte de cette nouvelle procédure est caractérisé par une
certaine opacité, d’autant plus que les fonds provenant des adhésions sont en partie reversés à
la Ligue de l’enseignement au titre des moyens, essentiellement humains, mis à la disposition
de l’USEP par la Ligue.
Il est à noter que le ministère des sports subventionne directement l’USEP dans le cadre d’une
convention pluriannuelle d’objectifs (CPO) bipartite.
L’appartenance de l’USEP à la Ligue de l’enseignement entraîne un positionnement de
l’USEP autour des valeurs fondatrices de la Ligue (laïcité, citoyenneté, responsabilité de
l’enfant, accès de tous à l’éducation, la culture, les loisirs ou le sport). Cela ressort clairement
des objectifs cités dans l’article 1er de la convention du 30 octobre 2009. D’ailleurs, dans
certains documents, la pratique sportive semble réduite à la fonction de vecteur d’objectifs
s’inscrivant dans le cadre des piliers 6 et 7 du socle commun. Au sein de l’USEP, certains
responsables, tout en réaffirmant l’importance de ces objectifs, souhaitent promouvoir une
politique de partenariat avec les fédérations sportives qui donnerait la priorité à la pratique
sportive effective.
22
Il existe généralement une association par école mais certaines associations regroupent plusieurs écoles, il y a
aussi quelques associations de circonscription.
23
Statistiques USEP 2009-2010 France + DOM. L’USEP a également des comités en Polynésie, en Nouvelle-
Calédonie, à Mayotte et au Maroc.
43
D’après ces statistiques, l’association a enregistré entre les années scolaires 2008-2009 et
2009-2010, une perte de :
• 10 655 élèves ;
• 1582 adultes ;
• 24 écoles ;
• 162 associations USEP.
24
Ainsi, pour les deux premières lignes du tableau, le département de l’Ain a vu le nombre d’écoles affiliées
passer de 169 à 30, à l’inverse, l’Aisne passe de 30 à 68 ; le taux d’implantation de l’USEP dans le
département de la Vienne aurait bondit de 38,92 % à 77,84 % !
25
Les moyens de l’association départementale USEP de la Seine étaient restés concentrés à Paris.
26
DASEN depuis février 2012
44
écoles). Dans ce dernier département, l’USEP a la possibilité de diffuser systématiquement sa
documentation (programme d’activité annuelle et outils pédagogiques) dans toutes les écoles
et même de procéder, en début d’année scolaire, à un rappel de la campagne d’adhésions par
l’utilisation du serveur de l’inspection d’académie.
Le ministère de l’éducation nationale doit pouvoir continuer à s’appuyer sur le réseau des
associations USEP pour la mise en œuvre du sport scolaire à travers les rencontres
sportives. Cependant, l’inégale présence de l’association sur le territoire ne doit pas faire
obstacle à un traitement équitable de tous les élèves. Dans de nombreux départements, les
conseillers pédagogiques de circonscription et départementaux organisent directement les
rencontres. Cependant, l’affichage, notamment à travers la convention, d’une sorte de
« monopole » de l’USEP sur les rencontres sportives a conduit certains DASEN à imposer
l’adhésion à l’USEP comme préalable à toute participation à une rencontre sportive, même
dans le cas où cette rencontre est organisée par une fédération sportive et des conseillers
pédagogiques de circonscription. Cette position n’est pas acceptable.
Par ailleurs, il paraît souhaitable que cette association cherche en son sein, et avec l’aide
du ministère de l’éducation nationale, les moyens de retrouver un plus grand dynamisme
au bénéfice du développement du sport scolaire.
45
4.3.3. L’UGSEL
Historique
L’association a été créée en 1911 par la Fédération gymnastique et sportive des patronages de
France (FGSPF), elle a acquis une dimension nationale en 1932 et pris son titre actuel en
septembre 1944.
Des rencontres sportives départementales, puis nationales ont été organisées à partir de 1935.
Progressivement, d’abord par l’organisation de stages destinés aux enseignants pendant le
temps de vacances pour perfectionner leur pédagogie et leur permettre de faire entendre leur
action éducative au même titre que leurs collègues des autres disciplines, puis, après la guerre,
avec la mise en place de structures spécialisées, l’UGSEL a affirmé son rôle dans la formation
des enseignants.
En 1985, conséquence de la loi Avice, l'UGSEL est reconnue « fédération sportive scolaire
nationale de l'enseignement catholique ».
Les missions de l’UGSEL sont :
• de promouvoir, orienter et coordonner l'éducation physique et la pratique des sports,
d'activités de loisirs et de culture dans les établissements de l'enseignement
catholique ;
• de collaborer avec les instances et instituts spécialisés à la formation initiale et
continue en EPS des maîtres ;
• d'organiser toutes compétitions sportives, du niveau départemental au niveau national,
d'organiser tous stages, séjours et manifestations aptes à développer la pratique des
sports et des loisirs ;
• d'assurer les relations nécessaires à ces objets avec toutes les instances politiques,
administratives, sportives, internes et externes à l'enseignement catholique.
L'UGSEL, qui est une association indépendante du Secrétariat général de l’enseignement
catholique27, est un des piliers institutionnels de l’enseignement catholique. Elle dispose d’un
budget propre et elle est l’interlocuteur de la direction des affaires financières du ministère de
l’éducation nationale avec lequel elle est liée dans le cadre d’une convention pluriannuelle
d’objectifs entrainant le versement d’une subvention annuelle. Elle est également liée au
ministère des sports par une convention pluriannuelle d’objectifs et a reçu une subvention
nationale.
Elle comporte des organes nationaux, régionaux (pour le moment, un seul, en, Bretagne) et
départementaux. Les unions régionales et départementales sont constituées sous la forme
d'associations qui adhèrent directement à l'Union nationale. Elles ont adopté des statuts types
préparés par l'union nationale. On retrouve donc à ces niveaux le même type de structures et
d'objectifs qu'au niveau national où cinq commissions nationales ont été constituées, chargées
de l'animation pédagogique du premier degré, de l'animation pédagogique du second degré, de
la pastorale ainsi qu'une commission médicale et une commission sportive du second degré.
27
Cependant son siège est abrité par le secrétariat général de l’enseignement catholique.
46
La commission chargée de l’animation du premier degré dispose d’une certaine autonomie
pour soutenir l’activité des enseignants par la diffusion de documentation, d’outils
pédagogiques et une contribution à l’organisation des rencontres sportives.
Les commissions sont animées par des personnes bénévoles. L’UGSEL ne compte qu’un
nombre réduit de salariés.
Dans le premier degré, les écoles sont généralement directement affiliées aux associations
départementales (mais la création d’associations d’écoles est encouragée).
L’UGSEL est présente dans les écoles de l’enseignement catholique de 68 départements. Le
nombre total d’élèves licenciés est de 813 000 (1er et 2nd degré).
Des conventions bilatérales lient l’UGSEL à une quinzaine de fédérations sportives (il n’a pas
été possible d’associer l’UGSEL aux conventions quadripartites MEN-USEP-fédérations-
CNOSF). Ces conventions « bâties sur le principe de relations gagnants-gagnants » avec les
fédérations visent à donner du sens à la pratique sportive à l’école et à générer des activités
sportives. Elles comportent des plans d’actions portant notamment sur le développement des
compétences techniques (formation continue des enseignants) et la diffusion d’outils
pédagogiques.
47
Le judo n’a pas connu le même développement en milieu scolaire que d’autres disciplines en
raison de la nécessité pour encadrer l’enseignement du judo d’être titulaire du grade de
ceinture noire28.
Cependant, la fédération développe une politique de rapprochement avec l’éducation
nationale qui s’est traduite par la signature d’une convention entre le ministère, la fédération,
l’USEP et l’UNSS, et par la production et la diffusion d’un ensemble d’outils destinés au
public scolaire. Les objectifs de la convention sont présentés ainsi dans le « guide du judo à
l’école », plaquette largement diffusée et présentée sur le site de la fédération :
• faire connaître et faire pratiquer le judo en milieu scolaire ;
• favoriser les actions communes entre les clubs de judo et les établissements scolaires ;
• intégrer le judo à l’école comme une méthode d’éducation physique, intellectuelle et
morale, pouvant s’inscrire dans une démarche de citoyenneté ;
• établir des relations privilégiées et favoriser les partenariats entre les clubs de judo, les
établissements scolaires et les associations sportives scolaires.
La convention souligne que « parmi les moyens dont dispose l’éducation nationale, la
pratique du judo peut servir de support aux objectifs qu’elle se fixe dans l’enseignement de
l’EPS et dans le sport scolaire », et affirme la conformité des objectifs avec le socle commun
de connaissances et compétences et les programmes. Elle précise les différents cadres dans
lesquels le partenariat doit se concrétiser en faisant une large place à la pratique sportive, EPS,
rencontres sportives, accompagnement éducatif, loisirs sportifs etc. Elle évoque aussi le rôle
de la pratique du judo pour l’accueil et l’intégration des élèves qui rencontrent des difficultés.
La convention fixe pour objectif le développement de la participation des élèves aux
rencontres sportives organisées par l’USEP et le partenariat entre les clubs affiliés et les
associations USEP locales.
Une autre convention lie la fédération à l’UGSEL avec des objectifs similaires, mais dans la
forme d’une « convention de coopération interfédérale », avec des termes moins généraux et
des dispositions plus directement opérationnelles.
Les actions :
• le guide du judo à l’école : ce document donne des conseils pratiques pour
l’élaboration d’un projet « Judo à l’école » avec les prolongements souhaitables vers la
pratique sportive dans le cadre de l’USEP ou de l’UGSEL mais propose aussi,
illustration de la particularité de la « culture Judo », des pistes pour la mise en œuvre
d’un projet interdisciplinaire autour du Japon et des samouraïs. En annexe, le guide
fournit des grilles de relations avec les compétences du socle commun et des modèles
de programmation, de fiches pédagogiques et d’évaluation ;
• des mallettes pédagogiques qui contiennent des ouvrages (livres jeunesse, BD,
ouvrages documentaires) sur le judo et le Japon ;
• l’arbre à Hayku était une opération organisée à l’occasion des championnats du monde
de judo à Paris en 2011 ;
• les conseillers techniques fédéraux proposent des modules de formation pour préparer
les professeurs de judo aux interventions dans les écoles et, dans certains cas,
développent des outils en collaboration avec les services de l’éducation nationale
28
Le grade de ceinture noire 2ème DAN est une condition pour l’obtention du BEES 1.
48
comme, dans le département de Seine-Maritime, « un outil de formation définissant
les rôles complémentaires du professeur des écoles et du professeur de judo29» ;
• la fédération a un programme de fourniture aux clubs de kits (60 m2 de tapis) qui
peuvent être, dans certains cas (dans les ZUS, en Guyane…), installés dans des écoles,
ce qui permet de lever les barrières culturelles et de favoriser la pratique sportive par
des publics défavorisés.
Il convient d’ailleurs de souligner l’engagement actif de la fédération sur le thème « éducation
et insertion » avec la mise en œuvre de plusieurs programmes dont certains impliquent
directement les écoles. Un guide méthodologique spécifique est disponible. Ces actions
peuvent s’intégrer à l’accompagnement éducatif avec des activités judo en fin d’après-midi,
ou à l’école, ou dans des clubs, ou dans des centres sociaux. Les évaluations montrent
qu’après un trimestre de pratique, on constate chez les élèves des progrès scolaires, un
comportement plus calme, une meilleure image de soi.
Les responsables de la Fédération française de Judo tirent un bilan très positif du partenariat
avec le ministère de l’éducation nationale, tant avec les services centraux pour la production
de documents (DGESCO) qu’avec les services déconcentrés et les écoles. Le seul regret
concerne le manque d’engagement de l’USEP dans certains départements.
29
http://www.ia76.ac-rouen.fr/medias/fichier/animation-pedagogique-judo-diaporama_1323184498566.pps
49
Or, la structuration est un marqueur des projets conduits pas la FFR : la volonté
d’identification et de labellisation est manifeste. Elle passe par des « produits » lisibles :
« scolarugby » avec l’USEP et « graine d’ovalie » avec l’UGSEL.
Le modèle de partenariat repose sur une dualité : convention nationale et réalisations locales.
La convention précise le protocole d’accompagnement, le mode de réalisation, le mode de
suivi par la commission mixte départementale et l’évaluation du projet. Elle donne lieu à une
aide financière et matérielle axée sur un projet particulier (ex : « à l’école du rugby ») qui
définit toujours les modalités précises de réalisation dans la durée et les modalités
d’évaluation. Ces projets concernent les cycles d’apprentissages et les rencontres sportives,
les opérations « scolarugby » et « graine d’ovalie », l’accompagnement éducatif et la liaison
CM2-6e.
La fédération mobilise à cet effet des moyens financiers (salaires, matériel, déplacements,
aide aux projets) et humains (54 techniciens d’État rémunérés par les DDJS, directions
départementales de la jeunesse et des sports, et 100 conseillers territoriaux rémunérés par la
fédération).
Ces techniciens et conseillers apportent leur savoir : ils passent l’essentiel de leur temps sur le
terrain pour faire pratiquer les élèves et pour former les enseignants. L’objectif final est de
mailler le territoire et d’installer des projets dans la durée. Cela passe par l’appropriation de
l’activité par les enseignants eux-mêmes qui, une fois formés, doivent prendre le relai.
Il est difficile de comptabiliser le nombre total d’élèves bénéficiaires.
Sur les opérations partenariales avec l’USEP et l’UGSEL, on dénombre environ,
respectivement, 160 000 et 50 000 élèves pris en charge très majoritairement sur le temps
scolaire (pour l’USEP : 138 000 sur le temps scolaire et 22 000 hors temps scolaire).
La FFR se félicite du beau et durable succès dans la promotion de son sport, l’augmentation
du nombre d’élèves concernés et la transmission des valeurs éducatives, culturelles et morales
du rugby.
Elle note cependant que la qualité et le nombre de projets ne suffisent pas : « il faut des
hommes et des femmes pour les mettre en œuvre » ce qui pose la question de la formation des
enseignants pour que ceux-ci puissent prendre le relais des techniciens fédéraux qui doivent
assurer d’autres tâches. Or, les enseignants s’avèrent peu disponibles pour des formations et
les autorités académiques sont encore peu mobilisées autour de cet objectif.
50
5. Chez nos voisins européens
5.1. Un panorama de la pratique sportive scolaire en Europe30
Ces dix dernières années ont vu fleurir d’innombrables communiqués, rapports, conclusions,
recommandations, résolutions, prises de position, etc. plaidant tous, tant au niveau européen
qu’international, pour un renforcement des pratiques sportives scolaires. Pourtant, les
enquêtes disponibles, à tous les niveaux, traduisent unanimement des préoccupations
persistantes, dont les principales sont relatives :
• à l’insuffisance du temps consacré à la pratique sportive à l’école (tant dans la
réglementation que dans la réalité) ;
• à l’application pour le moins inégale des prescriptions réglementaires relatives à la
pratique sportive scolaire ;
• à la médiocrité des équipements sportifs, notamment dans les pays les moins
développés ;
• à la difficulté de recruter des enseignants d’EPS en nombre et en qualité suffisants ;
• à la faiblesse du curriculum en EPS, surtout dans les pays où la performance et la
compétition sportives sont survalorisées ;
• aux inégalités persistantes dans l’accès aux pratiques sportives à l’école ;
• à la dégradation de la santé des jeunes (obésité et surpoids) ;
• au désengagement croissant des jeunes des pratiques sportives, etc.
C’est dans ce cadre général qu’il importe de faire, brièvement, le point sur la pratique sportive
scolaire en Europe.
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Références utilisées : Rapport sur le rôle du sport dans l’éducation (A6-0415/2007), rapport du Parlement
européen, adopté le 30 novembre 2007 ; Hardman, (K.) et Marshall (J. J.), World-wide Survey of School
Physical Education. Final Report, Berlin, ICSSPE, 2009 ; Klein (G.) et Hardman, (K.) dir., L’éducation
physique et l’éducation sportive dans l’Union européenne, Paris, Éditions Revue EPS, 2007
51
qu’elle bénéficie d’un moindre prestige et qu’on y renonce plus facilement qu’aux autres
disciplines. D’ailleurs, dans un pays sur 5, l’enseignant d’EPS est perçu comme statutairement
inférieur aux autres enseignants.
52
du premier degré soit assez mal formé à l’EPS, faute d’un nombre suffisant d’heures de
formation initiale.
Dans 63 % des pays européens, les professeurs d’EPS sont astreints (ou conviés) à des stages
de formation continue, dans ou hors leur temps de service, mais les chiffres sont tellement
différents d’un pays à l’autre qu’aucune généralisation n’est possible.
Le financement
Dans un contexte de crise, le financement de la pratique sportive, et notamment des
équipements et du matériel qu’elle exige, est problématique. En Europe, ce financement
provient de sources multiples : le pouvoir central ; les pouvoirs régionaux, provinciaux ou
locaux ; la combinaison des uns et des autres ; le secteur privé. Pareille complexité rend
difficile toute appréciation d’ensemble.
Pour autant, une ligne de force se dégage : plus de la moitié des pays européens a, dans la
période récente, réduit son effort financier en faveur de la pratique sportive scolaire. Les
causes invoquées sont variées : modestie du statut de l’EPS en comparaison d’autres champs
disciplinaires ; transfert de ressources au profit d’autres secteurs éducatifs ; coût élevé de la
maintenance ; image de la pratique sportive comme activité de loisir inessentielle pour le
développement personnel et le progrès social, etc.
Ces coupes budgétaires ont eu, et ont encore, un impact sur la pratique sportive scolaire et cet
impact est particulièrement marqué dans les pays d’Europe orientale : mauvais entretien, voire
abandon, des équipements existants ; médiocre formation des enseignants ; recours à du
personnel sous-formé et/ou sous payé ; fuite des personnels vers des métiers plus
rémunérateurs ; diminution du temps d’enseignement de l’EPS et des activités connexes ;
mauvais respect des programmes…
5.1.5. Conclusion
Le tableau qui vient d’être dressé peut sembler sombre. Il ne doit toutefois pas faire oublier
que la situation de l’Europe reste bonne, comparée à celle du reste du monde : les exemples
de bonnes pratiques y sont encore nombreux.
En outre, le Parlement européen a adopté, en 2007, une résolution relative au rôle du sport
dans l’éducation dont la dimension politique, assez inédite, doit être soulignée. Cette
résolution comporte 62 articles, dont beaucoup sont relatifs à l’EPS et dessinent de véritables
lignes de force éducatives. On soulignera, entre autres, l’accent mis sur les finalités de
l’éducation sportive (article 1), l’insistance sur sa dimension de santé publique (articles 4 à 7
53
et 32), l’appel à une meilleure coordination entre les différents moments (scolaires et
extrascolaires) des activités physiques (art. 19) et la référence à un « minimum » requis de
trois séances hebdomadaires d’EPS à l’école (article 10).
Reste à savoir, évidemment, dans quelle mesure ces préconisations pertinentes seront mises
en œuvre ou resteront lettre morte.
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• natation ;
• gestion d’une situation d’urgence en milieu aquatique ;
• communication ;
• respect de la nature ;
• orientation ;
• sécurité.
Les objectifs relatifs à la santé n’apparaissent pas formellement dans ce programme mais ils
irradient tous les contenus d’enseignement à travers une éducation et une prévention dans
trois domaines : la santé physique (activités motrices, hygiène de vie), la santé psychologique
(veiller à un bon équilibre personnel) et la santé sociale (être bien au sein d’un groupe).
Il convient de noter l’importance du « savoir nager » – en Suède, tous les enfants de 11 ou 12
ans savent nager – et la place accordée à l’utilisation responsable des espaces naturels
(activités de pleine nature, ski, patinage, orientation, etc.).
Au-delà de ce programme de base, certaines écoles choisissent de développer une option qui
confère à l’établissement un profil particulier et qui peut être orientée sur le sport. Une classe
peut même avoir un profil de « sport d’élite », les élèves ayant alors la possibilité de choisir
leur sport favori comme matière scolaire et de disposer, le cas échéant, de leur entraîneur
comme enseignant.
Signalons, cependant, que le programme national de base se réfère bien davantage aux
activités physiques qu’au sport proprement dit et que la moyenne horaire hebdomadaire ne
dépasse guère deux heures.
Les écoles pratiquent aussi, à l’occasion, des rencontres sportives, en veillant à contenir
l’esprit de compétition dans des limites raisonnables (par exemple : un tournoi de football
opposera des équipes mixtes dont la composition aura été tirée au sort).
Le volontarisme de l’État se manifeste également à travers une politique de formation visant à
élever le niveau de qualification des professeurs.
À l’école primaire ils sont monovalents ou bivalents, la doctrine en la matière étant en
constante discussion. La formation initiale se déroule en institut spécialisé mais aussi, de plus
en plus fréquemment, à l’université. La formation continue, organisée en grande partie en
dehors du temps scolaire (car il est difficile de recruter des remplaçants), peut prendre la
forme d’un congé de formation de six mois. Cette formation continue repose sur des objectifs
de spécialisation (en musculation, par exemple).
5.2.2. Le « fritids »
Il s’agit d’une véritable institution, sorte de centre de loisirs destiné à accueillir les enfants
jusqu’à environ 12 ans, pendant la période scolaire, la journée scolaire s’achevant à 14 h 20
alors que les parents travaillent, en règle générale, jusqu’à 17 h, et pendant les vacances. Leur
véritable nom, fritidshem, signifie « maisons du temps libre ». Leur statut juridique est divers
et ils peuvent être installés dans l’école ou en dehors. Les fritids, comme les écoles, sont
financés par les communes.
Les activités ont certes quelques objectifs éducatifs (tels que la socialisation ou
l’apprentissage de la démocratie) et pédagogiques (par exemple : réinvestir dans un projet
socialisé des apprentissages scolaires), mais elles sont essentiellement orientées sur le loisir.
Les centres de loisirs collaborent souvent avec des organisations et associations extérieures
55
pour permettre aux enfants de participer à d'autres activités récréatives telles que les sports et
la musique.
Les activités sportives représentent environ 30 % des thèmes proposés. Il s’agit bien plus
d’activités physiques que d’activités sportives, sauf lorsque l’animateur, non diplômé en
général, dispose de compétences particulières.
56
Conclusions et propositions
Les élèves de l’école primaire bénéficient d’une réelle pratique sportive fondée, pour
l’essentiel, sur l’enseignement de l’EPS mais aussi sur des rencontres sportives.
Cette pratique pâtit d’une incontestable hétérogénéité territoriale, mais de nombreuses
initiatives et un réel volontarisme parviennent souvent à surmonter les inégalités structurelles.
On peut regretter que le volume horaire réservé à l’enseignement de l’EPS soit inférieur à
celui indiqué dans les textes officiels. On doit, en revanche, apprécier le fait que, malgré un
pilotage institutionnel perfectible, les orientations pédagogiques et didactiques mises en
œuvre sont assez fidèles aux prescriptions des programmes.
Le partenariat avec les collectivités territoriales et les clubs sportifs se développe et il conduit
fréquemment les élèves à pratiquer, hors temps scolaire, un sport qu’ils ont découvert à
l’école.
C’est un nouveau modèle qui se dessine aujourd’hui. Ce schéma se caractérise par une
interpénétration temps scolaire - hors temps scolaire provoquée par l’évolution des modes
d’intervention de l’USEP et de l’UGSEL mais aussi, et surtout, par l’intervention croissante
d’animateurs sportifs formés et qualifiés, capables d’agir en parfaite synergie avec des
professeurs qu’ils contribuent même à initier et former.
Les objectifs de santé publique, les problématiques du bien-être, du « vivre ensemble », du
loisir, de la compétition, renforcent la visibilité de la pratique sportive en tant qu’activité
sociale de référence.
Ainsi que l’a révélé l’analyse de la pratique du nautisme dans le Finistère, la coordination des
divers acteurs concernés produit un effet très bénéfique sur l’activité physique et sportive des
élèves.
Un potentiel existe. Il s’agit désormais d’en provoquer une réalisation plus aboutie.
À cet effet, la mission a jugé opportun de présenter deux propositions majeures, déclinées en
mesures simples et concrètes, dont la mise en œuvre ne paraît pas hors d’atteinte :
• tendre autant que possible vers les trois heures hebdomadaires d’enseignement de
l’EPS ;
• passer d’une pratique sportive actuellement fondée sur l’offre à une logique
d’objectifs.
57
Proposition n° 1 :
Vérifier que l’enseignement effectif d’EPS ne soit pas inférieur à 2 h 45 par semaine, en
rappelant que cet horaire peut-être globalisé afin de mieux surmonter certaines contraintes
(notamment météorologiques) et de conduire plus aisément certains projets (natation, par
exemple).
Proposition n° 2 :
Structurer la séance d’EPS en veillant à ce que le temps effectif de pratique physique ne soit
pas inférieur à 80 % de la durée totale de l’activité proprement dite (c’est-à-dire en dehors du
temps nécessaire aux déplacements et au vestiaire).
Cette reconquête des trois heures hebdomadaires exige un strict contrôle des emplois du
temps mais elle repose aussi sur une meilleure reconnaissance de cette discipline, en lui
accordant – en matière de pilotage – la place qui lui revient (l’EPS représente 12 % des
horaires).
Le statut de l’EPS
Proposition n° 3 :
Consacrer à l’EPS 12 % du total des actions de formation initiale, de formation continue et
des programmes d’animations
Proposition n° 4 :
Construire les programmes annuels d’inspection des IEN en tenant compte du fait qu’une
inspection sur huit devrait logiquement être adossée à l’observation et à l’analyse d’une
séance d’EPS. En outre, chaque visite devrait donner lieu à une vérification systématique de
l’emploi du temps de la classe et du cahier-journal du professeur.
Proposition n° 5 :
Généraliser la définition par les DASEN de plans de développement du sport scolaire et la
mise en œuvre de programmes annuels de rencontres sportives dans les écoles publiques de
chaque circonscription. Celles-ci pourront être organisées soit par l’USEP, soit directement
par les conseillers pédagogiques qui pourront s’appuyer sur les partenariats avec les
fédérations sportives. Dans l’enseignement catholique, une telle initiative relève du directeur
diocésain et de l’UGSEL.
Proposition n° 6 :
Inciter fortement les écoles à concevoir et réaliser un projet comportant un volet consacré à la
pratique sportive :
• programmation de l’enseignement de l’EPS ;
• programmation des activités liées au sport scolaire et, le cas échéant, à celles se
rapportant au volet sportif de l’accompagnement éducatif ;
• articulation avec les activités sportives offertes par les clubs de la commune.
58
Construire, pour chaque élève, un parcours sportif personnel
L’école doit être le lieu privilégié de l’analyse des besoins des élèves. Ces besoins doivent
trouver une réponse soit à l’école soit hors de l’école, dans le cadre d’une articulation des
activités impliquant une identification précise du rôle de chacun des responsables concernés et
une coordination particulièrement structurée de leurs actions.
Proposition n° 7 :
Faire procéder par les IEN et les conseillers pédagogiques au recensement de toutes les
ressources sportives à l’échelle de la commune ou à celle du canton.
Proposition n° 8 :
Susciter la création d’un comité de coordination dans les communes ou les intercommunalités
réunissant les représentants des collectivités concernées, l’IEN, le conseiller pédagogique, les
directeurs d’école, les responsables associatifs et sportifs. Ce comité élaborera, pour chaque
école, un schéma directeur de pratiques possibles basé sur un partage équitable des ressources
identifiées.
Proposition n° 9 :
Veiller à la présentation aux familles, par les écoles, des parcours possibles (pratiques
physiques et sportives de l’EPS, rencontres sportives associatives et, le cas échéant, pratique
sportive fédérale) afin de permettre la construction pour chaque élève d’un parcours sportif
personnel en fonction de ses besoins, de ses goûts et de ses aptitudes.
Proposition n° 10 :
Matérialiser ce parcours par une fiche dédiée (objectifs, activités, évaluation, remédiations),
qui sera insérée dans le livret scolaire.
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Annexes
Protocole d’enquête
Niveau national
1) Recherches bibliographiques
2) Rencontres :
- Ministère des sports
- DGESCO
- Association des Maires de France
- CNOSF
- Ligue de l’Enseignement
- USEP
- UGSEL
- Fédérations sportives : judo et rugby
3) Recueil de maquettes de formation des étudiants
4) Visite professionnelle en Suède
Niveau académique
Recueil de documents : demander, dans les académies concernées par l’enquête, les textes
produits au niveau rectoral (ex : circulaire académique, actualisation du projet académique,
nouvelles conventions partenariales…).
Niveau départemental
1) Schéma de travail
Chaque binôme IGEN+IGAENR rencontre l’IA-DSDEN (et, le cas échéant, le directeur
diocésain de l’enseignement catholique). Il rencontre deux IEN et se rend, avec chacun
d’entre eux dans une école. Chacun de ces IEN se rend ensuite, seul, dans deux autres
écoles pour appliquer le même protocole.
2) Rencontres :
- IA-DSDEN (+ directeur diocésain)
- CPD EPS
- Responsable départemental USEP (ou UGSEL)
- Service de santé scolaire
3) Documents à recueillir :
- textes d’orientation (projets, conventions…)
- rapport d’activités USEP (UGSEL) : nombre et pourcentage d’élèves concernés
(évolution dans le temps), moyens engagés, liste des manifestations et rencontres
sportives, niveau de l’adhésion à l’association (la classe ? l’école ?), activités sur
temps scolaire / hors temps scolaire
- plan de formation des PE stagiaires
- volet départemental de PAF 1er degré
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- Tableau des moyens mis à disposition de l’USEP et de l’UGSEL (CPD, CPC, PE …
en quotité de TP ; indemnités ; subventions…)
- Notes relatives à l’accompagnement éducatif (le volet sportif est-il pris en compte ?)
Niveau circonscription
Rencontre avec l’IEN et ses conseillers pédagogiques
Recueil d’informations et de documents sur les orientations générales de la circonscription :
- le partenariat avec les collectivités territoriales (ex : accès aux équipements
municipaux, en particulier organisation des plannings de piscine)
- les manifestations et rencontres sportives : articulation CPC-USEP ; articulation entre
le temps scolaire et le hors temps scolaire
- le plan d’animation pédagogique
- la place de l’analyse des pratiques sportives lors des inspections : recueillir les 10
derniers rapports d’inspection de PE de C2 ou C3 + discussion avec l’IEN sur les
informations complémentaires qu’il souhaiterait apporter
- les documents éventuels relatifs à l’accompagnement éducatif (le volet sportif est-il
pris en compte ?)
- sur les sites ECLAIR, comment est conçue, le cas échéant, la liaison école - collège ?
Niveau école
Entretiens
1. Le directeur d’école : quels équipements sportifs ? quels matériels ? quels
partenariats ? des transports d’élèves sont-ils nécessaires ? projet d’école ;
manifestations organisées et pourcentage d’élèves concernés ; informations et
implication éventuelles sur le volet sportif de l’accompagnement éducatif.
Questions aux PE :
→ « Quel est le principal objectif visé par les pratiques sportives proposées à
vos élèves ? »
→ « Le choix des activités sportives pratiquées résulte-t-il d’un choix
pédagogique, des compétences personnelles des enseignants concernés ou des
contraintes et des ressources (équipements disponibles, environnement) ? »
→ « Lors des séances de pratique sportive, les élèves disposent-ils d’une tenue
vestimentaire adaptée (chaussures de sport, short, survêtement, etc.) ?
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Liste des inspecteurs généraux ayant réalisé l’enquête
IGAENR
Joël Sallé, rapporteur
Gérard Broussois
Christian Florek
Jean-François Raynal
IGEN
Groupe de l’enseignement primaire
Christian Loarer, rapporteur
Philippe Claus
Viviane Bouysse
Roger Chudeau
Jean-Pierre Delaubier
Jean-Louis Durpaire
Alain Houchot
Pascal Jardin
Marie Mégard
Gilles Pétreault
Jean-Pierre Villain
Henri-Georges Richon
63
Liste des circonscriptions visitées
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