Gestion de Déchets
Gestion de Déchets
Gestion de Déchets
Le travail que j’ai le plaisir de vous présenter ci-après est le résultat de plusieurs années
d’efforts commencés en juin 2000, par le Dr BADOLO Mathieu et moi-même. Comme
beaucoup d’entre vous, notre conviction est que le développement du Burkina et partant de
l’Afrique se fera à travers la maîtrise de la science et de la technologie. Malheureusement, le
constat de nos jours est que pour plusieurs pays dont le notre, cet objectif est encore bien
éloigné, nécessitant beaucoup plus qu’une simple prise de conscience, toute l’ingéniosité pour
y parvenir. Mais dit-on, le chemin le plus long commence toujours par le premier pas,
qu’heureusement beaucoup ont d’ailleurs déjà franchi. Le nôtre, très modeste du reste, a été
orienté vers la réalisation de travaux de recherche et de formations continues axées sur la
modélisation physico-mathématique des problèmes de société. Le Dr BADOLO a été rappelé
très tôt sur un autre front du même combat. Entre deux cours, pendant les congés et durant les
vacances, j’ai trouvé le temps pour poursuivre notre contrat. Conscients tout de même des
limites de notre œuvre, nous souhaitons qu’elle soit approfondie pour servir de base de
réflexion pour une communalisation intégrale et réussie du Burkina. Ainsi, les autorités
communales, les ONG et tous ceux qui travaillent dans le secteur, trouveront nous pensons,
un intérêt à parcourir ces lignes. Le cas particulier des petites localités doit être revu afin de
leur fournir des outils détaillés de gestion à leur portée. Dans les grandes localités, les
problèmes tels: le compostage, le recyclage des plastiques, l’enfouissement des déchets
toxiques et dangereux nous semblent être des sujets pertinents de recherche pour les
universités et les centres de recherche. Quant à la gestion prévisionnelle ou assistée par
ordinateur, elle doit être dorénavant systématiquement incluse dans tout plan de gestion de
déchets de n’importe quelle localité, grande ou petite.
2
REMERCIEMENTS
L’auteur remercie:
Le Dr BADOLO Mathieu, actuel Coordonnateur du Projet Appui aux Capacités d’Adaptation
aux Changements Climatiques au Sahel, en poste au Centre Régional AGRHYMET à
Niamey, avec qui, l’idée d’entreprendre un tel travail a germé en 2000.
La Mairie de Ouagadougou et l’Institut National de la Statistique et de la Démographie
(INSD) pour avoir fourni des données indispensables à la réalisation de ce travail.
Mes remerciements vont enfin, à Monsieur Coulibaly Ousmane, étudiant en Doctorat à
l’Unité de Formation et de Recherche en Sciences Exactes et Appliquées (UFR-SEA) de
l’université de Ouagadougou, dont les résultats d’enquêtes dans le cadre de son Mémoire de
Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) de Physique Appliquée et sa disponibilité ont permis
de terminer ce travail.
3
TABLE DES MATIERES
RESUME 7
ABSTRACT 7
I. INTRODUCTION 8
II. NECESSITE ET OBJECTIF DU P.D.GE 8
I. 1. Origine des Déchets Solides Urbains (DSU) 8
II. 2. Nécessité et objectif du Plan 9
III. GESTION QUOTIDIENNE 10
III. 1. MODULE 1 : SENSIBILISATION 11
III. 2. MODULE II. : LE CADRE DE VIE SAINE ET AGREABLE (CVSA) 12
III. 3. MODULE III : GESTION DU CSAV 14
III. 3. 1. Sous-module III-1 : Sources et conditions de production des DSU 14
III. 3. 2. Sous-module III-2 : Collecte des DSU 16
III. 3. 2. 1. Cas des grandes agglomérations 16
III. 3. 2. 2. Cas des petites agglomérations 19
III. 3. 2. 3. La collecte des déchets plastiques 19
III. 3. 3. Sous-module III-3 : Quantification des DSU 20
III. 3. 4. Sous-module III-4 : Caractérisation et tri des DSU 23
III. 3. 4. 1. Méthodologie de la caractérisation 24
III. 3. 4. 2. Formalisme statistique de la caractérisation 28
III. 3. 5. Sous-modèle III-5 : Traitement et valorisation des DSU 37
III. 3. 5. 1. Le recyclage 38
III. 3. 5. 2. Le compostage 40
III. 3. 5. 3. L’incinération 41
III. 3. 5. 4. L’enfouissement 43
IV. GESTION PREVISIONNELLE OU ASSISTEE PAR ORDINATEUR 48
IV. 1. MOTIVATION ET OBJECTIF GENERAL 48
IV. 2. OBJECTIFS SPECIFIQUES 48
IV. 3. FICHE TECHNIQUE DE LA VILLE DE OUAGADOUGOU 49
IV. 3. 1. Situation géographique 49
IV. 3. 2. Administration 49
IV. 3. .3. Démographie 49
IV. 3. 4. Economie 49
IV. 3. 5. Système de gestion des déchets en cours 50
IV. 4. FORMALISME DE LA SIMULATION 50
IV. 4. 1. Forme continue 50
IV. 4. 2. Forme discrète 51
4
IV. 4. 3. Données et hypothèses 51
IV. 4. 4. Formulation des quantités 51
IV. 4. 5. Estimation des quantités de déchets collectés 53
IV. 4. 6. Quelques retombées socioéconomiques 54
IV. 4. 7. Incidence du niveau de pauvreté sur les déchets collectés 55
IV. 4. 8. Influence du comportement sur les quantités de déchets 56
V. DIAGRAMME DE LA SIMULATION INFORMATION 56
VI. QUELQUES INPUTS DE LA SIMULATION 57
VII. ANALYSE, DISCUSSION ET PERSPECTIVES 58
VII. 1. COMPARAISON AVEC DES RESULTATS D'AUTRES MODELES 60
VII. 2. ETUDES DE SENSIBILITÉ 63
VII. 2. 1. Variation du taux de collecte des déchets 63
VII. 2. 2. Influence du taux de croissance de l’économie 64
VIII. CONCLUSION 65
IX. BIBLIOGRAPHIE 67
5
LISTE DES TABLEAUX, DIAGRAMMES ET FIGURES
6
RESUME
Il est présenté dans ce travail, un schéma de gestion des déchets solides urbains, appelé Plan
Directeur de Gestion assistée par ordinateur. Son objectif général est de mettre à la disposition
des municipalités, un guide pour la création d’un espace de développement intégrant
harmonieusement activités socioéconomiques et préservation de la qualité de vie. Le Plan est
subdivisé en deux grandes parties s’imbriquant logiquement. La première partie que nous
avons qualifiée de gestion quotidienne est de conception modulaire se déroulant en trois
phases dont: la sensibilisation, la conception du Plan, puis sa gestion. Il est en outre souple et
flexible, d’une mise en œuvre simple tenant compte du niveau de développement socio-
économique des localités concernées. Il est basé sur la création au sein de chaque
municipalité, d’une structure de coordination de lutte contre l’insalubrité et capable de mettre
au point des bases de données les plus complètes et les plus fiables sur les sources, la
production, la composition ainsi que la quantification et les méthodes de traitement des
déchets. La deuxième partie s’appuie sur les données précédentes pour prévoir par simulation
numérique, les problèmes de gestion que connaîtraient les localités dans le futur, du fait de
l’accroissement de la population ainsi que des activités socioéconomiques. Les municipalités
pourraient ainsi anticiper la recherche de solutions durables. Les équations et les résultats
d’un formalisme de simulation avec un horizon de vingt ans et reposant sur les données de la
ville de Ouagadougou, sont présentés en exemple.
Mots clés : Déchets solides, gestion quotidienne et prévisionnelle, municipalités, simulation
ABSTRACT
This work presents the results of an investigation of a computer oriented Municipal Waste
Management (MWM) scheme, dedicated to regulating the production and treatment of Solid
Municipal Wastes (SMW), in order to guaranty good, pleasant and healthy life to local
citizens. The Plan is divided in two main parts: The first part is modular and is concerned with
daily management operations. According to the size and economical standing, the Plan
advises municipal leaders on how to create a special office in charge of city wastes
management. This office must gather reliable and complete information on wastes sources,
their production and cost effective physical treatments. The second part, utilizes the above
database to formulate a computer simulation SMW management model capable of predicting
wastes management problems that a city may face in the future. Hence, the city council can
anticipate the search of sustainable solutions. As an example, a computer simulation model is
shown based on the city of Ouagadougou’s database. It predicts the population, the amount of
wastes, as long as the socioeconomic activities and benefits associated.
Key words: Management, Solid Municipal Wastes, Municipalities, simulation
7
I. INTRODUCTION
Ce travail, entièrement réalisé au Burkina Faso et qui concerne uniquement les déchets
solides, rentre dans le cadre de la modélisation et de la simulation numérique des problèmes
énergétiques et environnementaux. Son objectif est de mettre à la disposition des
municipalités, un mécanisme scientifique de création et de gestion d’un Cadre de Vie Saine et
Agréable (CVSA) afin de participer à l’éducation en environnement des populations. Le
modèle qui ne traitera pas des aspects juridiques, est divisé en trois (3) grandes parties.
La première partie que nous appelons Gestion Quotidienne est consacrée au
développement des grandes idées du modèle. Le travail commence d'abord par décrire les
déchets solides et les divers problèmes de santé publique et écologique qui leurs sont liés. Il
met ensuite en évidence la nécessité de l'élaboration d’un Plan de régulation de la production,
de la collecte et du traitement de ces déchets, dénommé PDGE. De conception modulaire, le
Plan tient compte du niveau de développement économique et industriel de chaque localité
pour proposer dans chacun des cas, un sous modèle alternatif. Ainsi, dans les grandes
localités, il est proposé de laisser l’entièreté du ramassage (gestion quotidienne) des DSU aux
entreprises et aux ONG de femmes et de jeunes, la gestion de l’ensemble étant coordonnée
par un organisme technique crée au sein des Mairies. Dans les petites et moyennes localités,
compte tenu des quantités de déchets à enlever et surtout des moyens disponibles, une collecte
mixte par les ONG et les entreprises d’un coté et de l’autre les Municipalités elles-mêmes
peut être envisagée. Dans tous les cas, la finalité est de créer une banque de données la plus
fiable et la plus complète possible qui sera utilisée dans la seconde partie pour asseoir une
gestion prévisionnelle à long terme des déchets produits dans les localités.
La deuxième partie que nous appelons Gestion Assistée par Ordinateur s’appuie sur
les banques de données fournies par la gestion quotidienne pour estimer par Simulation
Numérique, les charges que là dite localité aurait éventuellement à supporter dans le futur (10
à 20 ans par exemple) pour une gestion saine et continue du CVSA.
La troisième partie est consacrée à l’analyse des résultats du modèle et aux
perspectives.
8
pour des raisons diverses (défauts de fabrication et autres), donc sans valeur marchande
apparente. Se sont aussi des rejets du secteur informel, des ménages, des marchés, des
hôpitaux, des écoles… On y rencontre donc, des morceaux de fer, d’aluminium, de
caoutchouc, de bois, de paille, des résidus de récoltes, du papier, des restes de nourriture, du
plastique (polyéthylène, polystyrène, polyvinyle…), des emballages de produits dangereux
comme l’hexachlorobenzène, les insecticides etc. Tous ces déchets ont des propriétés physico-
chimiques de même que des propriétés thermodynamiques et de transport différentes (masse
volumique, conductivité thermique, pouvoir calorifique, taille…) permettant d’une part leurs
caractérisations et d’autre part le choix approprié de leurs modes de traitement.
II. 2. Nécessité et objectif du Plan
Dans la plupart des villages et même dans certaines villes moyennes, les déchets sont
pour l’essentiel bien intégrés dans l’organisation sociale. Compte tenu du faible niveau de
développement économique et industriel, les ordures sont des sous-produits de la biomasse
dont on sait sont biodégradable à l'opposée de la plupart des déchets provenant du secteur
industriel. De ce fait, les déchets représentent ici des fertilisants naturels de premier choix
pour les paysans. En effet, dans les villages, chaque quartier délimite à proximité des
habitations, une aire de dépôt d’ordure ou aire populaire de compostage artisanal. Pendant la
saison morte, les habitants y stockent les ordures provenant de leurs activités quotidiennes,
ménages, fabriques d’objets divers… A l’approche de la saison pluvieuse, chacun y prélève
des quantités de composte justes suffisantes pour fertiliser ses champs. Il y a donc comme une
sorte de régulation permanente de la quantité de déchets, chaque localité ne produisant juste
que ce dont elle a besoin pour perpétuer les activités champêtres. Il n’y a donc ni dispersion ni
accumulation de déchets pour ainsi dire et pour tout conclure, les DSU participent à
l’équilibre socio-économique de ces localités.
De villes moyennes il n’y a pas si longtemps, certaines localités ont grandi de manière
exponentielle et cela en un temps tellement bref que l’harmonie d’entant a été complètement
modifiée. Prises au dépourvu, les Autorités Municipales n’ont eu ni le temps ni les ressources
nécessaires à la mise en place de structures capables de gérer et de proposer des solutions à la
hauteur de la crise.
En effet, l’explosion, consécutive surtout aux arrivées massives de nouveaux migrants
en provenance des campagnes, a surtout pour conséquence la prolifération de bidons villes,
une surexploitation des rares infrastructures déjà mises à rude épreuve et le déversement
sauvage et quotidien de tonnes de déchets dans n’importe quel espace vide disponible. Ainsi,
dans la plupart des villes du Burkina, le problème des DSU est en passe de devenir une
préoccupation majeure. Il n’est même pas exagéré de dire à l’heure actuelle que les DSU
9
posent tout à la fois des problèmes écologiques et de santé publique. En effet, les ordures sont
l’une des principales causes de pollution de nos villes ; ils dégradent de manière continue et
souvent permanente l’environnement et causent des nuances diverses aux usagers. Ils
participent à la contamination de la nappe phréatique grâce aux infiltrations de produits
chimiques et des huiles de vidanges provenant des emballages ou des pièces usagers. Ces
mêmes produits sont également entraînés par les eaux de ruissellement dans les cours d’eau et
les barrages où ils détruisent en partie la flore, contribuant ainsi au déséquilibre de la
biodiversité. En matière de santé, il est coutume de voir des restaurants et autres bars
populaires proliférés à côté de tas d’ordures infestées de mouches tandis que dans les
bidonvilles, les nids de moustiques côtoient les habitations et les places publiques, marchés,
écoles … avec pour conséquences, la transmission à grande échelle du paludisme reconnu
comme étant l’une des premières causes de mortalité surtout infantile dans notre pays. Et que
dire des odeurs nauséabondes que dégagent ces déchets surtout pendant la saison pluvieuse et
des inondations qu’ils causent souvent parce qu’ils obstruent les quelques rares canaux
d’assainissement encore existants.
Tous ces éléments illustrent clairement l’urgente nécessité de la mise sur pied d’un
mécanisme de régulation de la production, de la collecte et du traitement des DSU afin de
protéger les populations et l’environnement. Ce mécanisme appelé P.D.GE, pour être efficace,
devra s’insérer harmonieusement dans l’organisation sociale des villes. Son objectif principal
est de créer et de maintenir un CVSA pour les habitants des cités. La mise en œuvre du Plan
aura en outre pour conséquence, la création de nouveaux emplois notamment par
l’intermédiaire des sociétés de ramassage et de traitement des DSU ainsi que dans les secteurs
du recyclage et des opérations de compostage. En plus, l’exécution correcte du Plan pourra
attirer à terme plus de visiteurs de même que certaines unités industrielles à la recherche de
cadre approprié pour leurs opérations ; le résultat sera évidemment donc un cadre sain et des
retombées économiques nettes pour les habitants.
10
Plan. Il y a finalement, une plus grande flexibilité pour ajuster les différents maillons avant et
pendant leurs mises en route définitive.
III. 1. MODULE 1 : SENSIBILISATION
Pour augmenter les chances de succès du CVSA, il est très important de comprendre
que sa mise en place doit requérir l’adhésion d’une majorité de la population. Il s’agit tout
d’abord donc, d’évaluer après enquêtes, le degré de compréhension et de réceptivité des
Autorités Municipales (AM) et de l’ensemble de la population par rapport aux problèmes que
posent les DSU ; ensuite, un programme de sensibilisation dont la durée et le contenu tenant
tout à la fois compte des résultats de ces enquêtes et aussi des moyens financiers de la dite
localité, pourrait être mis en œuvre. Concrètement donc, il s’agit d’organiser en direction des
AM et en cas de besoin, un Atelier de deux (2) jours environs animé par des experts dont :
un spécialiste en santé publique,
un spécialiste en éducation environnementale,
un spécialiste en développement urbain.
Pour les petites localités aux budgets bien limités, on pourrait se contenter du seul spécialiste
en éducation environnementale le cas échéant.
A l’endroit des populations, une au moins des méthodes de sensibilisation ci-dessous
énumérées devrait être obligatoirement envisagée quelque soit la taille de la localité, ce sont :
des rencontres directes dans les quartiers (de loin nos préférences),
des émissions radiotélévisées (langues nationales et africaines, langue française),
l’organisation continue ou périodique suivant les moyens, de concours de propreté.
Le but de l’atelier comme des rencontres avec les populations, est non seulement de faire
ressortir l’urgente nécessité du P.D.GE au regard des dangers réels que posent les DSU pour
la santé publique et l’environnement, mais de montrer également les avantages en terme de
bien être social et de retombées économiques pour les acteurs.
La réalisation de ce module doit être confiée à des personnes ressources.
I. DIAGRAMME INDICATIF DU MODULE I
11
III. 2. MODULE II. : LE CADRE DE VIE SAINE ET AGREABLE (CVSA)
Après la phase de sensibilisation, ce module vient définir pour les Municipalités ayant
optées pour le Plan, les modalités de la création, de la mise en œuvre et enfin, les principes de
gestion du CVSA.
Le CSAV peut être tout simplement défini comme étant l’ensemble des mesures
administratives et techniques pertinentes et cohérentes prises par une Municipalité donnée
pour réglementer la production, la collecte et le traitement des DSU au bénéfice des
populations et de leur environnement. Le Plan doit ainsi intégrer trois facteurs importants
dont : le respect de la réglementation locale et nationale en matière d’implantation d’unités
dans les sous-secteurs socio-économique et industriel, le respect des normes locales,
nationales et internationales en matière de protection de l’environnement et enfin, la prise en
compte des valeurs traditionnelles séculaires des populations.
Les Municipalités peuvent s’attacher les services d’un Bureau d’Etudes ou de
Personnes Ressources pour les aider à définir les termes de référence du CVSA.
Pour plus d’efficacité nous recommandons dans un premier temps que chaque
Municipalité crée en son sein un bureau administratif et technique appelé par exemple
Direction de la Gestion, du Traitement et de la Valorisation des Déchets pour exécuter et
approfondir les termes de référence qui seront définis. Cette structure dont les capacités
devront être tout à la fois fonction de l’importance des quantités de déchets à enlever et du
budget de la dite localité, aura justement pour rôle central de réunir les conditions devant
garantir la mise en place et la gestion du CVSA. Pour cela, la DGTVD doit être elle-même
dotée de moyens matériel et humain conséquents.
Rôle et taches de la DGTVD
Au niveau national
elle doit maîtriser les textes sur les normes de pollution. A cet effet, elle devra
travailler en étroite collaboration avec FASONORME.
Au niveau local
En fonction des normes nationales, elle doit définir les normes de propreté et le cadre
général de gestion
définir les normes de propretés spécifiques à la localité
définir un plan cohérent de collecte des DSU
définir le cadre et programme de traitement et valorisation des DSU
travailler en relation avec les services chargés de l’urbanisation
suivre l’évolution économique et démographique de la localité
12
rester à l’écoute de l’évolution technologique
Au titre de la Gestion Quotidienne : création de banques de données
rechercher les meilleures voies pour une sensibilisation continue de la population
veiller de manière continue au respect des normes de propreté
préparer les cahiers de charge pour les entreprises adjudicataires des travaux
tenir à jour les données statistiques de l’ensemble des activités socio-économiques
tenir à jour les quantités et la nature des déchets collectés par secteur d’activité
rechercher les meilleures voies de tarification
quantifier les retombées socioéconomiques
Au titre du traitement et de la valorisation des déchets
définir le cadre du programme de traitement et valorisation des DSU
définir des méthodes simples de caractérisations des déchets
définir des méthodes simples et applicables de traitement
définir des méthodes appropriées de valorisation
créer un cadre de promotion pour les acteurs du sous-secteur
Au titre de la Gestion prévisionnelle : Gestion Assistée par Ordinateur
prévoir la gestion à long terme du CVSA et opérer les ajustements nécessaires
Pour les grandes villes et pour plus d’efficacité, la Direction Générale peut être
scindée en deux pour donner : une sous-section « Gestion » et une sous-section « Traitement
et valorisation ». Nous recommandons en outre que la DGTVD ne participe pas directement
aux travaux de ramassage et autres confections d’ouvrages mais se contente uniquement d’un
rôle de conception, de supervision et de gestion. Ainsi, le parc de matériel devrait être
essentiellement composé (nous citerons les plus gros) :
- d’équipements de bureau et de gestion : ordinateurs, logiciels de gestion
- d’équipements de contrôle technique lié aux normes de propreté : analyseur de
fumées, testeur de bruit, compacteur…
Quant au personnel qui doit être recrutés sur les bases de termes de référence très rigoureux
et très précis, nous suggérons selon les dimensions des tâches, un personnel de conception
appuyé par un noyau de Techniciens Supérieurs (TS). Par exemple, l’équipe pourrait
comprendre :
* pour la ville de Ouagadougou : trois (3) Ingénieurs, appuyés par cinq (7) TS
* pour la ville de Bobo-Dioulasso : deux (2) Ingénieurs, appuyés par (4) TS
13
* pour les villes moyennes (Koudougou, Ouahigouya, Banfora …) et en fonction des
activités industrielles de la localité, on devrait s’attacher les services d’un Ingénieur plus deux
(2) TS ou de deux (2) TS seulement. Bien entendu, les situations sont évolutives.
Il faut souligner en outre que les DGTVD devraient commanditer des travaux d’expertise les
cas échéant auprès de Bureaux d’Etudes spécialisées, ce qui leur éviterait de se doter
d’équipements techniques très chers et à usage très spécifique.
En ce qui concerne les petites localités, bien que la mise en place d’une structure
complète en terme de moyens techniques, humains et financiers ne soit pas indiquée, ces
Municipalités veilleront cependant à créer des structures similaires qui devront être capables
de conduire toutes les tâches ci-dessus énumérées. Concrètement, il faut asseoir
progressivement la structure en recrutant au départ au moins un (1) TS.
II. DIAGRAMME INDICATIF DU MODULE II
CVSA
PETITES VILLES Niveau national : GRANDES VILLES
Maîtrise des normes nationales
DGTVD ou CELLULE Niveau local : DGTVD
Composition : - définir les normes de propretés Composition :
- 1 ingénieur et/ou - définir un plan/méthodes de collecte - 2 à 3 ingénieurs
- 1 à 2 Techniciens supérieurs - définir un cadre/méthodes de traitement - 4 à 7 Techniciens supérieurs
Equipement : - préparer les cahiers de charge/collecte Equipement :
-moyens techniques de control - préparer les bases de données - ordinateurs et logiciels
- ordinateurs - quantifier les retombées - moyens techniques de control
socioéconomiques
14
les DSU proviennent : (1) des ménages, (2) des institutions, (3) de l’industrie, (4) du
commerce, (5) du secteur informel, (6) des secteurs socio-économiques. L’ensemble des
sources et leurs productions sont présentées dans le tableau ci-dessous.
Tableau I : Sources de production des DSU
Compositions des sources /
Sources Activités DSU
La définition de DSU donnée ici diffère de celle donnée par George Tchobanoglous et al. [1]
en ce sens quelle inclus les déchets de l’industrie et quelques déchets de l’agriculture. Pour
l’instant en effet, il n’y a pas dans notre pays, de grosses industries produisant de grandes
quantités de déchets et/ou capables de mettre en œuvre leurs propres programmes de
traitement et de valorisation. La grande majorité est composée de petites unités de
transformation ne produisant pas plus de déchets que certaines surfaces commerciales. De
plus, très peu à l’exception de la SONABEL, de TAN-ALIZ, des hôpitaux et des industries
chimiques, produisent des déchets spéciaux méritant des traitements particuliers.
Sont classés comme déchets de l’agriculture, les feuilles et tiges de maïs, les restes des
épis de mil etc. dont la particularité est qu’ils ne proviennent pas seulement des ménages mais
aussi du secteur informel. Pendant les périodes de récoltes de ces céréales en particulier, leurs
déchets représentent une part importante de ceux du secteur informel. Il ne faut pas oublier
que certaines grandes villes (Ouagadougou par exemple) ont dans leurs limites
administratives, des villages et qu’à ce titre, leurs services techniques du genre DGTVD,
peuvent se trouver confrontées à des situations où ils devront faire face à des cas de
problèmes liés à des déchets de récoltes proprement dits. Il est vrai aussi que ces cas peuvent
15
être traités de rares, puisque comme souligné en introduction, les déchets sont en général bien
intégrés dans l’organisation sociale de ces villages.
Quant aux sources et conditions de production des déchets, elles sont liées d’un coté
aux habitudes culinaires des populations et à leur ouverture vers les autres cultures et de
l’autre, à la nature des unités de production et aux textes réglementant leurs implantations. On
sait en effet que certaines unités industrielles sont autorisées à ouvrir leurs portes sous réserve
de remplir des cahiers de charge plus ou moins exigeant selon la nature de leurs activités. Ces
données peuvent être complétées par des mesures pratiques sur le terrain. Mieux, il serait mal
indiqué d’implanter par exemple une usine de fabrique de pesticides à coté d’un lac ou
barrage qui alimenterait votre localité en eau potable, quel que soit par ailleurs la nature des
emballages prévus. De même, pour faciliter le dépôt et la collecte des déchets qui seraient de
nature hygroscopique par exemple, il serait tout indiqué que les unités qui les produisent
soient implantées loin des zones marécageuses.
III. 3. 2. Sous-module III-2 : Collecte des DSU
Ce sous-module qui concerne essentiellement la partie respect des normes de propreté,
est un point central du Plan de gestion. Par collecte nous entendons l’ensemble des mesures
allant du choix et conception des bacs et containers en passant par la centralisation
individuelle (habitations, grandes surfaces, unités industrielles…) et collective (marchés,
quartiers etc.) des déchets, les circuits de ramassage des déchets et finalement leur enlèvement
et acheminement d’abord jusqu’aux centres de dépôts puis jusqu’aux centres de traitement par
les entreprises et organismes agréés. Puisque nous produirons toujours des déchets, la clé dans
la réussite du CSAV est de mener une lutte continue contre leurs accumulations et
dispersions. Nous présentons ci-dessous, figure 1, un schéma d’ensemble de toute la chaîne
d’opérations. Nous analyserons séparément pour plus de clarté les méthodes et moyens
utilisés pour la collecte dans les deux cas de figures suivants à savoir, d’un coté les grandes
localités et de l’autre les petites et moyennes.
Il y a lieu de reconnaître d’entré de jeu que jusque-là, les campagnes de lotissements
de nos villes n’ont pas suffisamment intégré la dimension environnementale dans les plans.
Les seuls cas pouvant être valablement cités sont les rares espaces verts dans certaines villes.
Or l’efficacité des opérations de collecte est fortement tributaire de ce facteur : facilité de
stationnement de véhicules de collecte, circuit de collecte optimum et enfin facilité d'accès
des lieux de dépôts des déchets.
III. 3. 2. 1. Cas des grandes agglomérations
Ces localités sont caractérisées par des moyens relativement importants mais font en même
temps face à de grandes quantités de déchets à traiter. Pour les circuits de collecte, nous
16
suggérons de considérer au moins trois zones distinctes d’intervention à savoir, la zone
comprenant les unités industrielles à laquelle peuvent être rattachées toutes les activités socio-
économiques grosses productrices de déchets, la zone incluant le centre ville et la zone
commerciale et enfin la zone dite des ménages. Pour plus d’efficacité, ces zones peuvent
elles-mêmes être subdivisées en terme, de distance à parcours pour la collecte, de choix
postérieurs de méthodes de traitement et d'emplacements de centres de traitement. On pourrait
aussi se contenter d’épouser le découpage administratif de la localité donnée.
Dans la première zone, la collecte doit se faire en procédant par du porte à porte, les
déchets étant stockés sur place dans des bacs spécialement conçus pour faciliter non
seulement le ramassage et le tri mais surtout pour tenir compte de la nature (risques
environnementaux) des déchets produits par l’unité concernée. Les containers seront donc
dimensionnés en fonction de la nature et de la quantité de déchets produits par l’unité
industrielle. Si des déchets toxiques sont rejetés, des précautions particulières devront être
envisagées incluant au besoin l’emploi de deux types de containers pour séparer les déchets
toxiques des autres types de déchets le cas échéant. Les containers devront être disposés de
façon à minimiser le plus possible le temps des opérations.
Les contrats de ramassage doivent être réservés aux grandes entreprises. Celles-ci
disposent en effet, de moyens matériels et humains suffisants pour pouvoir respecter les
cahiers de charge mis au point par les DGTVD. En particulier, les véhicules devront être de
types bennes tasseuses ou camions lève-containers ou encore des modèles plus récents et
performants dont les services ne devraient cependant pas entraîner une hausse sensible des
taux d’abonnement des divers acteurs. Les déchets collectés dans ces conditions peuvent, soit
être directement transférés dans des centres de traitement soit subir des tris plus poussés selon
les besoins, figure 1.
La deuxième zone quant à elle comprend le marché central et les marchés
périphériques appelés yards en plus du centre commercial. On procèdera par la collecte
individuelle pour les grandes surfaces commerciales puis par la collecte groupée pour les
marchés et les petites boutiques. Pour ces cas, les déchets sont stockés dans des containers
pourvus par les Municipalités. Comme précédemment, les mêmes contraintes devront être
observées pour le ramassage et la qualité des bacs et containers. Là également, les contrats
devraient être passés avec les grandes entreprises de ramassage capables de mettre en jeu des
moyens matériels et humains à la hauteur des cahiers de charge. Les déchets collectés ici
devront être transférés dans des centres de dépôts où ils subiront des tris poussés avant les
traitements.
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Figure 1 : SCHEMA de Collecte - Centres de dépôts – Centres de Traitement et Valorisation
Industries-
Institutions
Transport individuel / collectif
Collectes :
individuelles Traitement
Physique-
Commerce – Combustion :
marchés-
Yards- Briqueterie
Individuelles
/ groupées Bac Centres
Individuel de
/ collectif Transport brut dépôt/tris Transport
Ménages Compostage
Collectif après tris
Collectes :
Individuelles
/ groupées Bac
Individuel
Secteur / Collectif
Informel
Collectes : Recyclage
groupées
20
produits dans une localité donnée. En effet, des déchets sont soit directement recyclés, soit
utilisés comme composte ou encore tout simplement brûlés en plein air. Par conséquent, la
quantification ne donnera qu’une figure approchée de la réalité sur le terrain. Il faudrait
éventuellement mener d’autres formes d’enquêtes complémentaires pour évaluer les quantités
soustraites mais même là, il n’y a aucune garantie que l’on parviendra à une figure complète.
Cela n’enlève cependant en rien l’importance de la quantification comme facteur important de
gestion.
Un autre point sensible par rapport à l’opération de quantification se trouve être le
choix de la méthode de mesure donc des unités à utiliser. De toutes les méthodes, la
quantification par le volume semble être la plus simple. Il suffit en effet, de déterminer au
préalable et une fois pour toute, le volume des containers, bacs ou encore des véhicules,
charrettes etc., et de tenir un compte rigoureux du nombre de collectes effectuées dans un
intervalle de temps donné au moyen de chaque source d’enlèvement. Mais cette forme de
quantification aussi simple soit-elle, reste très imprécise, car en effet, que vaut 25 m3 de
déchets, le contenu soit dit en passant d’une benne tasseuse, si ce chiffre n’est pas
accompagné d’une mention indiquant le degré de compactage des ordures ? Les déchets
peuvent en effet occuper un grand volume compte tenu uniquement de leurs dimensions, par
exemple des cartons d’emballages vides. Par conséquent, si le volume doit être utilisé, il est
nécessaire d’indiquer jusqu’où les ordures ont été tassées, en d’autre terme, cela revient à
déterminer au préalable leur masse par unité de volume.
Pour contourner cette difficulté, les déchets peuvent être quantifiés par leur masse. En
effet, la quantité de déchets reste invariable quelle que soit la méthode de pesée et
indépendant du degré de compactage. Il y a cependant lieu de reconnaître les difficultés
réelles en terme de moyens humains et techniques à surmonter pour la réalisation de cette
opération. Si elle peut être envisagée dans les cahiers de charge des grandes entreprises de
ramassage, il est complètement or de question dans les quartiers périphériques de même que
dans les petites et moyennes localités.
Dans la pratique, on fera appel à des méthodes mixtes le cas échéant en privilégiant
toutefois les mesures par le volume et en adoptant une forme standard de compactage assez
facile à mettre en ouvre par tous les acteurs. En réalité, en dehors de certaines opérations de
récupération de terre en ville pour le besoin de lotissement, le compactage des déchets solides
n’est pas courant dans nos localités. Même dans ces cas, c’est plutôt de la terre ferme qui est
employée, les déchets étant surtout utilisés pour le compostage ou pour combler des crevasses
ou rigoles naturelles et/ou artificielles sans besoin de compactage. Sur site, des méthodes
21
pratiques faisant beaucoup plus appel au bon sens seront développées pour les opérations de
compactage.
Une fois les méthodes de quantification définies et arrêtées à savoir par pesée ou par
volume ou encore les deux à la fois, le suivi de la quantification peut se faire en additionnant
la charge (masse) des ramassages par charrettes, bennes tasseuses, tracteurs remorques etc. ou
encore en additionnant le volume total des ramassages et multipliant ce volume par leur degré
de compactage. Il est alors aisé de dresser le tableau le plus complet et le plus détaillé de la
production de déchets d’abord de la journée, de la semaine, du mois et enfin de l’année puis
en fonction des sources et secteurs d’activité tel que définis dans le Tableau I ci-dessus. Ainsi,
on pourrait établir la production de déchets par unité industrielle (Qin) comme la Brakina, par
institution comme les écoles (Qec), les hôpitaux (Qho)..., par les ménages (Qme), par secteur
d’activités comme les unités de production d’électricité Qel),... et enfin la production totale
annuelle de déchets (QT) de la localité. Bien entendu, pour connaître le débit de production
d’ensemble ou la production moyenne journalière q de la localité, il suffit de diviser la
production annuelle par le nombre de jours de l’année:
q (kg / jour) = QT (donnée en kg) / (365 jours) (1)
Par contre, si l’on se ramène au cas d’une source de production spécifique, sa production
moyenne sera obtenue en substituant à QT, la production annuelle de la dite source. Par
exemple, la production moyenne journalière de la SONABEL vaut :
qs (kg / jours) = QS (en kg) / (365 jours) (2)
Si la source est composite c’est à dire composée de plusieurs petits producteurs comme le cas
d’une école ou encore le cas des ménages, il est alors plus utile de connaître la production
journalière de chaque petit producteur. Ainsi, la production moyenne journalière de déchets
par habitant d’une localité vaut :
qh (kg par jour et par habitant ou kg / (j . hbt) ) = Qme / (365 x nombre d’habitants) (3)
qme (kg par jour par ménage ou kg / (j . me) ) = Qme (kg) / (365 x nombres de ménages) (4)
D’une manière générale, lorsque la source est composite, la production journalière par
producteur est égale à la production totale de la source divisée par 365 jours et par le nombre
de producteurs.
Une exécution rigoureuse de la quantification permet de déterminer après un certain
nombre d’années, une corrélation entre par exemple, l’évolution de la production des déchets
et l’accroissement de la population ou encore entre la santé de l’économie et la production
totale de déchets. Ces notions seront développées ultérieurement.
Enfin, une troisième méthode [1] consiste à partir d’un site bien délimité appelé
système à étudier puis faire un bilan des masses de déchets entrant et sortant du système ainsi
22
que générées ou détruites à l’intérieur de celui-ci. Ce bilan se traduit mathématiquement par
la relation suivante :
dM (5)
M e Ms r g
dt
Par contre dans le cas du compost où on assiste à une dégradation des ordures, r g est alors
négatif. D’une manière générale, le bilan de masse s’applique parfaitement lorsque dans un
site (système) de stockage de déchets donné, on décidait de procéder à un tri de plusieurs
constituants des déchets en l’occurrence les déchets recyclables, les déchets combustibles, les
non ferreux,… Si l’on connaît l’apport journalier de déchets ( Me ) c’est à dire l’ensemble
des constituants des déchets entrants dans le système, la somme des constituants sortants (
Ms ) et éventuellement les quantités générées ( r g positif) ou détruites ( r g négatif),
alors les quantités accumulées journalières (vitesse d’accumulation ou plus concrètement
vitesse de remplissage du site) peuvent être établies et par conséquent, on peut évaluer
l’horizon temporel de remplissage du site et prendre des dispositions qui s’imposent à savoir,
accélérer le tri, diminuer ou augmenter l’apport de déchets ou encore envisager un
changement complet de site de stockage.
Après la quantification, il faut passer naturellement à la phase du tri proprement dit.
III. 3. 4. Sous-module III-4 : Caractérisation et tri des DSU
Pourquoi dépenser encore tant d’énergie et d’argent à caractériser et à trier les DSU
après les avoir rejetés comme encombrants et inutiles ? Tout d’abord parce que les rejeter en
l’état serait aller contre la raison d’être même du CVSA. Ensuite, on s’aperçoit qu’après tout,
certains déchets peuvent encore être utiles alors que d’autres par contre sont vraiment à
classer en prenant souvent des précautions. En effet, les déchets toxiques ou tout simplement
tous ceux dangereux pour la santé humaine et animale ainsi que pour l’environnement doivent
23
être placés dans des endroits aménagés en conséquence. Ainsi, la caractérisation pourrait se
dérouler en deux grandes étapes: la première consisterait à classer les déchets par type ou
catégorie à savoir: ménagers, industriels, médicaux, etc. tandis que la seconde serait plus
poussée et se ramènerait à trier les différentes catégories pour les séparer en sous catégories
formées par les déchets dangereux et spéciaux, les combustibles, les métaux, les plastiques et
les fermentescibles, compatibles avec les objectifs ultérieurs des méthodes de traitement.
III. 3. 4. 1. Méthodologie de la caractérisation
En général, la caractérisation se fait avec des objectifs préétablis. L’absence jusque-là
de grosses sources de déchets toxiques dans notre pays nous amène à privilégier l’aspect
valorisation qui consiste essentiellement à transformer les déchets en matières premières pour
le développement durable. Ainsi, la caractérisation devra permettre une évaluation plus
précise des quantités de déchets recyclables, des quantités pouvant être destinées au
compostage et à l’enfouissement et dans certains cas comme dans les grandes agglomérations,
les quantités pouvant servir de combustible. La définition de ces grandes orientations dicte du
même coup les constituants à rechercher lors du tri. Elle fixe également certaines normes de
propreté telle par exemple l’interdiction de brûler en plein air parce que les déchets peuvent
servir de combustibles. Pour revenir à une idée évoquée en introduction, le tri est
essentiellement fait en comparant les catégories de déchets sur la base de leur origine
(médicaux et/ou chimiques) et/ou sur la base de leurs propriétés physico-chimiques,
thermodynamiques et de transport. Pour les besoins spécifiques de la valorisation, ils peuvent
en effet être comparés en fonction de leurs tailles donc par granulométrie, en fonction de leurs
pouvoirs calorifiques pour rechercher les combustibles ou encore en fonction de leurs
conductibilités thermiques pour isoler les métaux des autres. Concrètement, l’opération de
caractérisation sera efficace lorsqu’elle permet une bonne quantification des différentes
catégories en vue d’une meilleure planification des investissements, soit pour la conception
des sites d’enfouissement, soit pour l’évaluation des tailles des unités de combustion à mettre
en place ou encore pour évaluer les retombées économiques du recyclage ou du compostage.
Dans ces conditions, l’opération de caractérisation comme celle de la collecte devrait s’étaler
sur une période de référence de une (1) année et comprend les différentes étapes suivantes:
choix de la source,
choix de la période,
définition des objectifs,
collecte d’informations brutes:
- emplacements des dépôts d’ordures, leurs sources et les circuits de collecte
- revue de littérature, enquêtes
24
préparation des échantillons
analyses physico-chimiques, thermodynamiques et de transport
caractérisation proprement dite
a. choix de la source
Pour être vraiment représentative et efficace, la caractérisation doit concerner
séparément les différentes sources de production définies en Tableau II. Concrètement, l’on
choisira de caractériser les déchets ménagers, ceux de l’industrie ou encore les déchets du
secteur commercial. Il devient parfaitement évident que si la collecte et la quantification sont
bien exécutées en amont, une bonne caractérisation permettrait à une localité donnée, de faire
en aval une meilleure estimation des différentes catégories de déchets à traiter.
b. du choix de la période de caractérisation
Il a été noté précédemment que la composition des déchets solides pouvait varier d’un
mois à l’autre, d’une saison à l’autre etc. L’idéal serait donc une opération de tri tous les mois
à travers par exemple une campagne d’une durée d’une semaine environ. Dans la pratique, on
pourrait se contenter en fonction des moyens et des besoins, de trois (3) tris annuels, répartis
en un (1) tris par quart de l’année (février-mai, juin-septembre, octobre-janvier). Ce
découpage a le mérite d’épouser la variabilité des saisons qui sont l’hivernage (juin-
septembre), la saison sèche-chaude (février-mai) et la saison sèche-froide (octobre-janvier).
Elles se caractérisent respectivement par une très forte, une très faible et une production
moyenne de biomasse. Dans les petites et moyennes localités, un (1) à deux (2) tris annuels
pourraient être suffisants pour la recherche des premières informations. Maintenant, pour
pouvoir tirer de ces campagnes de tris des informations pouvant servir à la gestion
prévisionnelle (10 à 20 ans), il faut que celles-ci se répètent dans le temps par exemple tous
les deux ou trois ans.
c. définition des objectifs
Dans les grandes localités, la caractérisation pourrait avoir pour objectifs un meilleur
dimensionnement des installations de traitement pour le recyclage, le compostage, la
combustion et l’enfouissement. Dans les petites et moyennes localités, la combustion et
l’enfouissement seront d’un enjeu moins important que les deux autres méthodes de
traitement.
d. collecte d’informations brutes
C’est une forme de pré-campagne indispensable pour recueillir le maximum
d’information pouvant aider à la réussite de l’opération. Les données brutes fournies par les
Municipalités ou les compagnies de ramassage peuvent en effet aider à orienter les opérations
de tri tout comme les rapports et travaux divers de terrain. On s’attachera plus
25
particulièrement dans ce chapitre à inventorier les sources de production des déchets, les
moyens utilisés pour la collecte ainsi que les circuits de collecte et les lieux de décharge des
déchets. Dans l’industrie, le commerce et les institutions, les informations liées aux stocks de
commandes, aux ventes etc. peuvent s’avérer utiles.
e. préparation des échantillons
Il y a lieu de distinguer au moins deux cas de figure selon les sources de provenance
des déchets. Si l’on choisit de caractériser les déchets d’une unité de production donnée, la
SONABEL par exemple, alors la préparation de l’échantillon ici ne peut être identique à la
préparation dans le cas par exemple des déchets ménagers ou encore des déchets du secteur
commercial. Dans ce cas particulier, l’homogénéité de l’échantillon est très difficile à éviter.
On veillera tout au plus à ce que l’échantillon ne provienne pas uniquement de la collecte
d’une journée particulière telle les jours de maintenance des installations. Dans le cas général,
l’homogénéité peut être évitée comme par exemple en écartant les déchets collectés
uniquement dans un seul ou dans un nombre très réduit de ménages ou encore procéder à
l’échantillonnage des déchets d’un seul centre commercial et tenir ce résultat comme étant
celui de tout le secteur d’activité. En conclusion on évitera dans tous les cas, de faire
l’échantillonnage à partir des déchets collectés uniquement durant des jours ou périodes
particulières à savoir, fêtes et week-ends.
Ensuite, vient le problème de la taille de l’échantillon, du temps de l’échantillonnage
et enfin du nombre minimal d’échantillons pour des comparaisons statistiques. Si le problème
de l’homogénéité est bien pris en compte, la taille de l’échantillon quoique importante ne peut
cependant être à elle seule un facteur déterminant dans l’opération de tri puisque la proportion
de chaque catégorie de déchets est obtenue en divisant sa masse par la masse totale de
l’échantillon trié. Dans la pratique par contre, on fixera une masse minimum de 10 kg par
échantillon. Quant au temps de l’échantillonnage il ne devrait pas dépasser une journée et dix
(10) échantillons pourraient être triés séparément à la fois, soit un total de 100 kg de
prélèvement à faire sur un container ou sur un site donné. Concrètement, il s’agit de prélever
au niveau du site de décharge ou du contenu d’une benne ou encore de la charge d’une
charrette le cas échéant, les dix échantillons de 10 kg minimum chacun. La règle générale ici
est de faire le prélèvement à partir d’une source non seulement hétérogène mais contenant une
grande quantité de déchets c’est à dire largement supérieure à la quantité nécessaire pour
l’échantillonnage.
f. la caractérisation proprement dite
Les déchets peuvent être caractérisés premièrement en fonction de leurs tailles. C’est
la granulométrie dont l’importance est manifeste lorsqu’il s’agit de procéder à certaines
26
méthodes de traitement comme le compostage ou la combustion. Ici en effet, les déchets
doivent avoir une certaine uniformité de taille avant leur entrée dans la chambre de
combustion ou en début de compostage. Cette opération est généralement effectuée au moyen
de géants tamis appelés cribles : les déchets sont alors séparés en gros, moyens et fines. Avant
leur traitement, les gros peuvent donc subir des opérations mécaniques de réduction qui les
ramènent par exemple à des tailles moyennes. Ensuite, les déchets peuvent aussi être triés en
fonction de leur nature et origine comme les déchets médicaux. Cette catégorisation est bien
entendue fonction de la source et des activités qui lui sont liées. Concrètement, nous allons
rechercher les morceaux de fer, d’aluminium, de cuivre etc. pour le recyclage, les morceaux
de carton, de papier et de bois pour la combustion et les matières organiques ou dégradables
d’une manière générale pour le compostage. Nous présentons dans le Tableau ci-dessous, les
différentes catégories et types de déchets couramment rencontrés dans nos localités.
Autres -
------------------------------------------------------------------------------------- ----------------------------
* Biomasse : morceaux de bois, feuilles d’arbres, restes de charbon de bois, herbes et résidus
de récoltes (feuilles et tiges de maïs, de mil et d’arachide, coques diverses … )
27
III. 3. 4. 2. Formalisme statistique de la caractérisation
Pourcentage de catégories de déchets
Supposons que toutes les étapes initiales précédemment décrites aient été respectées
avant le début d’une campagne de caractérisation au cours de laquelle, N échantillons de dix
(10) kg chacun de masse totale égale à 100 kg, ont été préparés. Chaque échantillon est
composé de K constituants (paille, fer, etc.) de déchets.
Posons donc, M = 10 kg, MT = 100 kg et mij la masse du constituant j dans l’échantillon i.
Définitions
Le pourcentage d’un constituant j de déchets dans un échantillon i, est obtenu en
divisant sa masse par la masse totale de l’échantillon trié, le tout multiplié par 100.
m ij
pj = x 100 (8)
M
Le pourcentage d’un constituant j de déchets lors d’une campagne, est égal à la somme
des masses de la dite catégorie prise individuellement à travers les échantillons, divisée par la
masse totale des échantillons triés, multiplié par 100.
N
m ij
i 1
Pj = (9)
MT
Nous admettrons que le pourcentage d’un constituant (verre, métaux etc.) lors d’une
campagne est le pourcentage pour le type de déchets concernés (ménager, industriel etc.) et
reste constant entre deux campagnes de tri. Ensuite, il est trivial que la somme des
pourcentages des différents constituants dans un échantillon ou d’une campagne entière de tri,
est égale à un (1).
Définissons maintenant un échantillonnage idéal, comme étant tel qu’un constituant j
donné de déchets ait la même masse dans les N échantillons. C’est à dire (équations 10):
28
……………………………………………….
Pour j = k m1K = m 2K = …. = m10
K (c)
Ainsi, tous les P ij seraient égaux pour un constituant j donné ; pour j = 2 par exemple, on a :
m12 m 22 m 62 m10
P12 = x 100 = P 22 = x 100 …= P 62 = x 100 … = P10
2 = 2
x 100 (11)
M M M M
Dans la pratique cependant, les échantillons ne sont pas idéaux et ainsi, les mij sont différents.
De même, les P ij sont différents. Ce qui nous intéresse en fait, c’est de savoir quelle est la
composition réelle des déchets à caractériser. Elle ne sera peut être jamais connue, mais
seulement approchée puisque les seuls éléments de rationalité dans l’échantillonnage tiennent
au fait que l’opérateur s’est seulement attaché à éviter l’homogénéité des échantillons tout en
leur donnant la même masse. Ainsi, les masses mij des diverses catégories dans les
échantillons sont purement aléatoires.
Validation d’une campagne de tri
Assurément, il n’est pas facile de s’accorder sur un critère unique de validation d’une
campagne de caractérisation. On peut tout de même estimer que dans un premier temps, tous
ou presque totalité des conditions de pré-campagne doivent nécessairement être réalisées pour
que l’opération soit digne de considération. Ensuite, l’on pourrait penser que le critère de
validité le plus important est l’hétérogénéité des échantillons. Cependant, cette notion quoique
capitale, n’en demeure pas moins purement qualitative. Ainsi, essayons de définir des normes
plus ou moins arbitraires en guise de conditions.
Critères sur le nombre de constituants dans un échantillon
1. Un échantillon donné ne peut contenir un et un seul constituant.
2. l’échantillon parfait est celui qui contient tous les constituants de déchets telles que définis
dans les objectifs de pré-campagne ou de traitement
3. L’échantillonnage est parfait lorsque tous les échantillons sont parfaits
4. Un échantillon est supposé valide donc hétérogène lorsqu’il contient au moins la moitié des
constituants de déchets définis en (2), sinon un autre échantillon est préparé.
Critères sur la masse des constituants
Pour des conditions très orthodoxes, aux critères sur le nombre des constituants pourraient
s’ajouter un autre critère sur leur masse. On voudrait ici s’assurer qu’un constituant de
déchets donnés n’a pas de masses totalement différentes dans les N échantillons d’une
29
campagne. En d’autres termes, ce critère veut éviter qu’un même constituant ne soit tantôt
sous forme de fine, moyen et gros dans le même échantillon. Concrètement, nous allons
N m ij
mj = (12)
i 1 N
Formons les écarts entre cette moyenne et la masse du constituant j dans un échantillon i
Δ mi = m j
- mij (13)
0 mi (14)
où
= 1 mi
N
(15)
N i 1
La condition de validation énoncée ci-dessus stipule que pour un constituant j donné, les
écarts successifs entre ces différentes masses dans les N échantillons et la moyenne m j , doit
être inférieure ou égale à la moyenne arithmétique des écarts du même constituant. Les
échantillons qui ne remplissent pas cet autre critère seraient écartés et d’autres préparés. Pour
un échantillon idéal, ces écarts sont nuls.
Ainsi, la fusion des deux types de critères donne le critère unique de validation d’un
échantillon i comme suit : un échantillon n’est homologué que si et seulement si, il contient
au moins la moitié des constituants préalablement définis et s’il remplit en plus la condition
arbitraire ci-dessus énoncée. Pour conclure enfin, la campagne de tri n’est validée que si et
seulement si tous les échantillons sont validés. Dans la pratique cependant, le seul critère
d’hétérogénéité serait suffisant.
Détermination de la quantité totale de déchets produits
Ne perdons pas de vue que la détermination des pourcentages des divers constituants des
déchets a pour but essentiel, de quantifier les masses totales des déchets d’une localité pour un
intervalle de temps fixé. Pour cela, il suffit d’abord de multiplier le pourcentage des divers
30
constituants de déchets par la masse totale de types de déchets collectés puis l’on fait la
somme des masses partielles. Par exemple, supposons que l’analyse des déchets ménagers
donne les pourcentages en composition suivante : reste de nourriture 10 %, brindilles, cartons,
feuilles etc. (en gros les combustibles) 20 % etc. Pour estimer la masse totale des déchets
combustible Qco,, on multiplie la masse totale des déchets ménagers Qme (kg) par leur
pourcentage (0.20) et ainsi de suite :
31
Le tableau III montre clairement que même aux USA, la composition des déchets est marquée
pourcentage important des déchets des «yard» formés surtout de feuilles d’arbres et de veilles
Papiers
Cartons
Textiles
Textiles sanitaires
4%
18%
39% Plastiques
4%
Métaux
2% 10% 5% 4% 5%
Verre
3%
4%
Spéciaux
2%
Combustibles N.C.
Incombustibles N.C.
Composites
Remarquer que proportionnellement, il semble que nous utilisons plus de matière plastique,
cependant constituée essentiellement ici de sachets.
g. Propriétés physico-chimiques
Ce paragraphe est examiné en dernier parce que le formalisme introduit précédemment
pourrait s’appliquer au calcul de certaines propriétés. Il est bien connu que les propriétés
physico-chimiques, thermodynamiques et de transport peuvent être utilisées pour prévoir les
méthodes de traitement les plus appropriées. Les propriétés les plus importantes des déchets
solides rentrant dans leur traitement sont : la composition (analyse centésimale), la teneur en
eau, pouvoir calorifique, le degré de compactage.
32
Humidité
L’humidité des diverses catégories et partant de l’ensemble des déchets, joue un rôle
très important dans leurs comportements vis à vis des méthodes de traitement. Relativement
faible en saison sèche, elle peut devenir assez importante en saison des pluies ou par temps
couvert prolongé. L’humidité influence d’une part la décomposition et d’autre part le pouvoir
calorifique des déchets. En effet, lorsqu’elle est importante, elle accélère leur décomposition,
entraînant des rejets considérables de gaz dont surtout le méthane et des odeurs souvent très
nauséabondes. Gaz à Effet de Serre (GES), la production de méthane dans les décharges
incontrôlées participe de la dégradation de l’environnement. Par contre, lorsque ce rejet est
contrôlé, il peut être une source renouvelable d’énergie à multiples usages : cuisine,
chauffage, production de froid ou encoure d’électricité. Quant aux odeurs, elles causent des
nuances diverses aux riverains et aux passants. Il faut rappeler également, la dégradation
souvent permanente de la chaussée et des égouts par les dépôts prolongés des déchets
sauvages et humides.
Définissons comme précédemment, l’humidité à base humide Huj d’un constituant j de
déchets dans un échantillon i par la relation suivante :
m jhu m jsec
Huj (%) = x 100 (18)
m jhu
Où mjhu et mjsec sont respectivement, les masses des déchets humides et secs, cette dernière
étant généralement obtenue en séchant les déchets dans une étuve. On pourrait bien se
contenter d’un séchage à l’air ambiant contrôlé. la relation ci-dessus peut être également
écrite sous la forme suivante :
m H20
Huj (%) = x 100 (19)
m H20 m jsec
Où, mH20 est la masse d’eau évaporée. De même, l’humidité de l’échantillon i est donnée par :
L’humidité de l’ensemble des DSU est alors donnée par la relation suivante :
m huDSU secDSU
HuDSU = x 100 (21)
m huDSU
NK N K
Avec m huDSU = m ijhu m secDSU = m ijsec
i j i j
33
Le constat général qui peut être fait est qu’au Burkina, à cause de la température moyenne
annuelle relativement élevée, la teneur en eau des déchets serait faible exceptée pendant la
saison des pluies (juin-septembre).
Le pouvoir calorifique
La seconde propriété la plus importante des DSU est le Pouvoir calorifique. Défini comme
étant l’énergie libérée par la combustion complète de l’unité de masse (ou de volume), il est
fortement influencé par deux paramètres qui sont : l’humidité et la composition du
combustible. Pour un combustible donné, le pouvoir calorifique est effectivement fonction de
sa teneur en eau puisque cette eau contenue dans le produit absorbe de l’énergie pour
s’échauffée et se vaporisée. Ainsi, plus la teneur en eau est élevée plus grande sera l’énergie
absorbée par unité de masse de combustible lors d’une combustion. Lorsque la vapeur d’eau
formée au cours d’une réaction de combustion quitte le milieu réactionnel à l’état gazeux, le
Pouvoir Calorifique est qualifié d’Inférieur (PCI). Il est caractérisé de Supérieur (PCS)
lorsque la vapeur d’eau restitue sa chaleur en se condensant. Ils sont liés par la relation
simplifiée suivante :
34
Tableau V : Comparaison de la composition centésimale et du PCS du bois et des DSU
35
définitivement les produits à isoler soit en procédant directement à la séparation au moment
du ramassage. Les déchets jugés toxiques sont ensuite mis ensemble pour un confinement
ultérieur.
Les plastiques : Les spécialistes dénombrent à ce jour sept (7) catégories de plastiques à
savoir : polyéthylène, polystyrène, polychlorure de vinyle, polyéthylène, téréphtalate,
polyuréthane, plastiques techniques [2]. Les plastiques sont taxés de dangereux surtout à
cause de leurs effets néfastes sur l’environnement. Grâce aux avantages économiques
comparés et à leur versatilité, les plastiques se sont substitués aux matériaux traditionnels tels
les métaux, le verre et le papier. Ils sont utilisés dans tous les secteurs de la vie courante :
dans l’industrie, dans les ménages ainsi que dans l’agriculture. Le type le plus répandu dans
nos localités est le sachet. Si dans les pays développés leurs bienfaits sont comptés (industrie,
agriculture etc.), dans nos pays par contre, ils sont devenus en l’espace de quelques années,
une grande catastrophe écologique surtout dans les grandes agglomérations et si rien n’est fait
d’ici là, ils s’étendront inexorablement à toutes nos campagnes. En effet, le plastique a une
grande stabilité et une longue durée de vie comparée aux autres types de déchets notamment
d’origine végétale. Ainsi, lorsqu’ils sont déchargés ou tout simplement rejetés dans la nature,
ils tuent la végétation qu’ils recouvrent en les desséchant. En outre, très souvent enfouis dans
les herbes des pâturages, ils deviennent de véritables poisons lorsqu’ils se retrouvent dans les
estomacs des animaux.
Déchets spéciaux
Par déchets spéciaux nous indexons surtout ceux radioactifs. Pour l’instant, l’auteur n’a pas
d’indication de l’existence de ce type de déchets au Burkina. Signalons que les sources
potentielles sont : les centrales nucléaires, les usines d’armements spéciaux, les grands
Laboratoires, soit universitaires ou particuliers, les hôpitaux et même le commerce. Il est tout
de même important de ne pas baisser la garde compte tenu du grand danger que représente ce
type de déchet.
Déchets à valoriser
Nous distinguerons d’abord ceux qui sont ramassés individuellement auprès des unités
industrielles. Ils peuvent être directement acheminés vers les centres de traitement si le tri
grossier est jugé suffisant ou subir un deuxième tri plus poussé. Pour les déchets ramassés en
vrac dans les ménages ou les marché, ils subiront un deuxième tri plus poussé dans les centres
de tri pour isoler les déchets pour des traitements ultérieurs en l’occurrence le recyclage, le
compostage et la combustion, figure 1. Concrètement, le tri peut se faire ici de manière
mécanique ou manuelle. Le tri mécanique consiste par exemple à faire passer les déchets sur
des surfaces aimantées ou séparateurs magnétiques de nature à retenir tous les déchets
36
ferreux. Les déchets peuvent être aussi réduits en taille mécaniquement par cisaillement. Ils
peuvent aussi être triés en les faisant passer sur un ou plusieurs tamis à mailles différentes. Le
tri par tamis et le tri manuel sont de loin les plus conseillés dans nos localités parce que non
seulement très peut coûteux mais procurent également des emplois. Le tri manuel consiste
tout simplement à séparer à la main en se basant sur des propriétés bien définies, les déchets
entreposés dans des sites de stockage.
III. 3. 5. Sous-modèle III-5 : Traitement et valorisation des DSU
Ce sous module est la dernière étape de la gestion quotidienne du CSAV. En effet,
après la collecte et la caractérisation, il reste à mettre en place des méthodes de traitement
simples et efficaces, peu coûteuses, prenant en compte le manque de moyens humains,
matériels et financiers de nos localités. En se basant sur les résultats fournis par les opérations
de caractérisation, les méthodes de traitement les plus appropriées qui préservent
l’environnement et qui ont des retombées économiques et sanitaires directes pour les
populations sont les suivantes: l’enfouissement, le recyclage, l’incinération et le compostage.
Seront recyclés: les plastiques d’un coté, et de l’autre, le fer, l’aluminium, les alliages. Les
combustibles s’entendent: la biomasse, le papier, les cartons, le caoutchouc et le cuire tandis
que les déchets à composter seront surtout les restes de nourriture ( peaux ou fruits avérés de
bananes, pastèques etc.) et autres déchets organiques, en somme les fermentescibles. Ces
méthodes peuvent être regroupées en deux grandes classes que sont : la classe des méthodes
dites de valorisation et la classe des méthodes d’enfouissement. Ce nouveau regroupement
des différentes catégories des déchets est présenté dans le tableau ci-après:
Méthodes de valorisation
Incinération Biomasse, papier, cartons, caoutchouc, cuire
Compostage Reste de nourriture et autres déchets organiques
Recyclage 1 Fer, aluminium, argent, cuivre et alliages
Recycler 2 Toutes les catégories de plastique
Méthode d’enfouissement
Enfouissement Déchets dangereux (médicaux et chimiques)
Déchets spéciaux (radioactivités et autres)
37
LA VALORISATION DES DECHETS
La valorisation consiste en somme, à redonner une valeur marchande à certaines
catégories de déchets, considérés au départ comme inutiles, encombrants et même nuisibles.
Au nombre des méthodes de valorisation des déchets nous avons retenu les plus importantes
qui sont: le recyclage, l’incinération et le compostage.
III. 3. 5. 1. Le recyclage
Le recyclage a un double objectif; d’abord redonner une valeur sociale puis marchande
à des déchets qui les avaient perdues auparavant. Ainsi, les morceaux de fer, de tôle
d’aluminium etc. qui auraient été tout simplement enfouis dans le sol, sont récupérés et
transformés en produits socialement utiles tels des ustensiles de cuisine, des équipements de
jardinage, procurant en même temps au fabricant un revenu monétaire. Nous avons
singularisé deux types de recyclage, celui des métaux (Qrm) et celui du plastique (Qrp). Si la
quantification et la caractérisation sont bien menées, il est alors possible d’estimer le potentiel
des déchets à recycler donc leur apport monétaire à la communauté.
Recyclage des métaux et des alliages
Il suffit de faire un tour des grands centres urbains du Burkina et particulièrement de la ville
de Ouagadougou pour se convaincre de l’importance du recyclage de cette classe de déchets.
Le fer, l’aluminium et l’argent servent surtout à la fabrication des ustensiles de cuisine, de
matériel de jardinage, à la confection de parures, d’ornements etc.: on rencontre donc, des
marmites, des louches, des fourneaux de divers types, des seaux, des arrosoirs, des bracelets,
des ornements pour chevaux etc. Quant au travail du cuivre et du bronze, ils confèrent à
l’artisanat local une renommé qui dépasse les frontières du pays. L’acquisition de cet alliage
fait de cuivre, de zinc et d’étain est pour l’essentiel le produit de la récupération. Il s’agit de
certaines pièces usées de moteurs, de vieux robinets, de fils de cuivre usagés de la
SONABEL. Ces déchets sont retirés des décharges publiques ou directement aux endroits où
ils sont produits à savoir les garages ou dans les bacs individuels de déchets. Cette pratique
qui du reste aide les Municipalités à se débarrasser gratuitement d’une partie des déchets, ne
permet cependant pas une bonne quantification de cette catégorie de DSU. Pour ceux-ci en
effet, le seul moyen de mesurer leur importance est de faire des investigations auprès du
secteur informel. Quant à la fabrication des objets proprement dite, elle procède de plusieurs
techniques [6] dont:
* Le martelage qui consiste à marteler à froid ou à chaud le métal pour lui donner la forme
désirée ; ce procédé s’applique aussi bien au travail du fer, du cuivre que du bronze.
* Le moulage à vif : cette technique qui s’applique à de petits exemplaires calcinables
consiste d’abord à la récupération de certains petits animaux morts tels que les lézards, les
38
oiseaux, les insectes et autres branchages. L’objet à reproduire est ensuite immobilisé par des
aiguilles et des pointes et recouvert d’une couche d’argile, le canal servant à conduire l’alliage
liquide pendant la coulée, est façonné et déposé au soleil. Le moule et son modèle sont mis au
feu pendant quelques heures pour tour à tour extraire l’eau et calciner complètement le
prototype. Finalement, intervient l’évacuation des cendres, le coulage et l’enlèvement de
l’argile pour libérer le modèle en bronze.
* Le moulage à la cire perdue qui s’apparente à la technique précédente et n’en diffère
essentiellement que par l’introduction de la cire.
Toujours selon la même source [6], le travail du bronze qui est de plus en plus populaire de
nos jours, était autrefois réservé à certaines familles telles que les Touré, les Dermé et les
Sanfo. Aujourd'hui encore, le quartier Youngsé de Ouagadougou, habité traditionnellement
par les Dermé, reste le centre du bronze.
Cette partie du secteur informel est très dynamique et occupe une frange importante de la
population de nos agglomérations. Alors que le bronze est essentiellement destiné aux
acheteurs étrangers à travers des vitrines marchandes et pendant les foires et expositions
internationales comme le Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou ( SIAO), les
autres sous produits alimentent quant à eux la consommation interne. En effet, des habitudes
culinaires auxquelles s’ajoutent les prix de nos jours, obligent encore beaucoup de familles à
se tourner vers les ustensiles de cuisine fabriqués par les fondeurs des quartiers, sans oublier
les outils de labour et de jardinage.
L’apport réel de ce secteur d’activités en termes de devises et de bien être social est très
considérable et certainement sous évalué. Des enquêtes minutieusement préparées et
exécutées pourraient permettre de cerner le sous secteur dans toute sa diversité, son état de
développement, le nombre et l’ingéniosité de ces acteurs. On pourrait ensuite rechercher en
collaboration avec les premiers intéressés, des perspectives durables pour non seulement sa
propre survie mais également pour sa compétitivité face à la globalisation de l’économie.
Dans ce cadre, une place importante devrait être laissée à l’initiative individuelle mais aussi à
des stages de formation liant la créativité au savoir-faire et techniques modernes de soudure,
polissage et à la connaissance des propriétés physico-chimiques des matériaux utilisés.
Il faut noter enfin qu’en plus du recyclage direct sur place, de grandes quantités de métaux
récupérées sont exportées offrant ainsi une voie supplémentaire de rentrée de devises.
Recyclage des plastiques
Par plastique nous entendons toute la famille des plastiques. Par leur versatilité, le
plastique a bousculé toutes les habitudes pour s’imposer comme emballage et cela à tous les
niveaux. Beaucoup de solutions ont été proposées pour lutter contre le fléau mai il faut
39
l’avouer avec des succès qui nous laissent encore entre les mains de grandes quantités de
déchets non traités. En effet, leur recyclage tourne surtout autour de la confection de quelques
jouets, d’objets de décoration et de sacs, par des associations de femmes et d’ONG. A leur
crédit, il faut souligner que certains acteurs maîtrisent parfaitement de nos jours, leur sujet.
Cependant, en plus du fait que ces transformations consomment de petites quantités, il n’est
pas exclu que les plastiques utilisés aient été préalablement en contact avec des produits
dangereux, les rendant alors impropres à une manipulation humaine. S’il faut encourager de
telles activités qui somme toute procure des revenus, il y a lieu donc de s’assurer qu’elles ne
mettent pas en danger la vie des acteurs eux-mêmes ainsi que celle des autres citoyens . Si de
telles précautions sont prises, nous proposons d’associer à ces voies de recyclage, la
fabrication de matériaux de construction à partir du plastique. Ces produits auront deux
destinations principales à savoir : le pavement des routes et fournir la matière première pour
l’isolation par exemple dans la construction de fosses septiques, de caniveaux, de puits perdus
et de puits d’enfouissement de déchets. Pour développer ce savoir-faire, il suffit que les
municipalités commanditent des travaux de recherche-développement auprès de certains
Laboratoires de nos universités ou instituts de recherche. Utilisant des déchets comme
combustibles, le plastique pourrait être fondu dans un premier temps jusqu’à l’obtention
d’une patte qui serait ensuite coulée dans des moules de divers formats et dimensions selon la
destination du produit fini. Les temp ératures de fonte seraient convenablement choisies pour
éviter la combustion du plastique, de sorte à minimiser la production de gaz polluants surtout,
les NOx, le CO2 et les POPs. Des précautions supplémentaires doivent être prises pour éviter
de mettre les travailleurs et les chercheurs en contact direct avec le plastique à tous les stades
de leur manipulation et/ou de la recherche.
III. 3. 5. 2. Le compostage
Le but recherché ici est la fabrication de compost, un fertilisant naturel à base de la
composante purement organique des déchets. La technique traditionnelle de compostage est
dans l’ensemble assez bien connue, même dans toutes les petites localités. Il suffit d’y
apporter la touche scientifique indispensable pour le rendre plus efficace et plus attrayant
surtout pour les citadins. Les aires de compostage doivent être dimensionnées en fonction des
quantités de déchets à traiter et de la fourchette de temps prévu pour un cycle complet. Elles
doivent en outre être situées à des emplacements très accessibles aux populations et aux lieux
d’utilisation. Des expériences pilotes doivent être menées avec les premiers intéressés tout en
tirant parti des résultats obtenus ailleurs. Ces expériences pourront être qualifiées de
scientifiques si seulement elles sont entourées de précautions requises à savoir, tout le cycle
doit faire l’objet de suivi-évaluation-contrôle avec des équipements proprement étalonnés et
40
des campagnes de mesures suivant des plages de temps et de fréquences appropriées. Le
CREPA [7] fait état d’une expérience de compostage ayant lieu en mai au Burkina, avec des
ordures ménagères composées de 60% de matières organiques, un taux moyen d’humidité de
30% et un rapport C/N de 23. Deux andins de 6 x 3x 1.5 m ont été confectionnés à cet effet.
Les retournements ont été opérés deux fois par semaine pendant un mois. Après quarante-cinq
jours, le rapport C/N est passé de 23 à 15 pour atteindre 11 au 75 ème
jour et s’est stabilisé à
cette valeur au 90ème jour. Les températures elles passent de 54 oC au premier jour à 98 au
12ème
Malheureusement, une synthèse d’expériences entreprise par le même organisme conclut à la
nécessité de mener plus de travail parce que les résultats disponibles ne permettent pas de tirer
des tendances définitives par exemple quant à la teneur des métaux lourds ou aux risques de
contamination bactérienne. Ainsi, le constat est que très peu d’évaluations de la qualité
physico-chimiques du compost ont été faites dans les pays au Sud du Sahara.
De l’avis de l’auteur cependant, le compostage et le recyclage des métaux et des alliages
constituent les deux pôles d’activités les plus producteurs d’emplois et de revenus aux
citadins, le compostage étant par comparaison, le seul à pouvoir traiter de grandes quantités
de déchets organiques. D’où l’urgente nécessité d’entreprendre diligemment la recherche-
développement dans le domaine.
III. 3. 5. 3. L’incinération
Lorsqu'ils sont produits en grandes quantités comme dans les grandes agglomérations,
les DSU constituent une source non-négligeable d'énergie renouvelable puisqu’il a été montré
que malgré leur composition qui est fonction de plusieurs paramètre dont l'origine, la saison
etc., leur pouvoir calorifique n’est pas très éloigné de celui du bois-énergie. Pour plus de
clarté, nous classerons les techniques thermiques de traitement en méthodes modernes et
traditionnelles:
Méthodes modernes de traitement thermique
Au nombre de ces méthodes il faut citer la combustion directe et la gazéification.
La combustion directe: Les DSU peuvent être brûlés directement dans des lits fixes ou
fluidisés d’incinérateurs pour la production d’eau chaude, d’électricité ou des deux à la fois.
Ils peuvent être brûlés directement après leur ramassage ou subir au préalable un tri poussé
qui les débarrassent des non-combustibles, ce qui permet d’obtenir un combustible plus
homogène à pouvoir calorifique élevé; ce combustible peut être en outre brûlé seul ou en
combinaison avec d’autres combustibles comme le bois [8] ou les déchets agricoles (pour le
cas du Burkina) ou encore avec du charbon naturel. Ces incinérateurs, qui s’appuient sur les
connaissances accumulées depuis longtemps sur les chaudières à charbon, sont fonctionnels à
41
travers le monde (USA et Europe notamment) et doivent être équipés de systèmes
d’abattements de rejets gazeux pour un respect des normes environnementales.
La gazéification : Composante de la conversion thermochimique qui comprend en outre la
pyrolyse/carbonisation et la densification, la gazéification consiste en une oxydation
incomplète des déchets à une température comprise entre 900 et 1500 oC. Le procédé est
pratiquement identique à celui de la combustion directe mais on délivre ici moins de
combustible et généralement, il se fait en présence de vapeur d’eau sous pression qui en
réagissant directement avec le combustible lui-même et/ou avec les gaz formés (CO en
l’occurrence) produit plus de produits gazeux que la combustion directe, ce qui est justement
recherché. Le gaz obtenu, de composition généralement connue (CO, H2, CO2, CH4 et N2) doit
encore être purifié avant son utilisation courante ou dans des turbines à gaz.
Ces deux procédés qui ne sont pas recommandés à présent, nécessitent non seulement
des fonds d’investissements hors de portée de nos villes mais nécessite également des moyens
humains et techniques importants pour leur mise en œuvre et leur gestion.
Méthodes traditionnelles de traitement thermique
A coté des moyens financiers énormes à mobiliser pour la mise en œuvre des Centrales
Thermiques à déchets, il serait plutôt plus avantageux d’utiliser des méthodes simples de
conversion à la portée des utilisateurs locaux. Pour ne prendre aucun risque de contamination
des aliments, nous déconseillons totalement l’utilisation des déchets combustibles pour la
cuisson directe des mets, que ce soit dans les foyers trois pierres ou dans les fours à viande ou
encore pour la fabrique du pain. Nous préconisons plutôt la cuisson de la céramique et des
briques dans les fours traditionnels.
Cuisson de céramique
Une investigation menée par une équipe de chercheurs de l’université de Ouagadougou a
classé les fours traditionnels de cuisson de céramique en trois types [9] ; le type I est constitué
d’une aire dégagée où les pièces à cuire sont disposées directement à même le sol puis
entièrement recouvert de combustibles faits de pailles, tiges de mil, bouse de vaches etc. Le
type II est similaire au premier sauf qu’une fosse de quelques centimètres de profondeur est
creusée pour recevoir la fournée, l’ensemble étant ensuite recouvert de combustibles. Le type
III est de section cylindrique rappelant les maisons en toit de chaume très populaire en pays
Mossi. Il est muni à sa base de quatre tuyères servant à la fois d’entrée d’air et d’alimentation
en combustible. Des trois fours, l’équipe a retenu le type III comme étant la plus performante
et recommandé sa vulgarisation. Il reste que pour conduire à terme ces genres de cuisson, il
est nécessaire de redimensionner les fours eux-mêmes en fonction des propriétés spécifiques
liées aux combustibles ainsi qu’à la nature des cuissons. En effet, en plus de la faiblesse de
42
leur pouvoir calorifique comparée à ceux des tiges de mil et du bois, les déchets sont
généralement en vrac, ce qui doit conduire à la recherche de voies originales de conduite de
cuisson. Concrètement, tout laisse à croire qu’ici, les tuyères ne peuvent servir uniquement
que d’entrée d’air, le combustible devant être alimenté par le haut, les fours étant dits alors
être à contre courrant parce que l’air et le combustible sont introduits dans le four en sens
inverse. Deux autres types de four [9], classés types IV (à voûte) et V (préindustriel) ont été
également recensés, mais du fait qu’ils ont été introduits récemment, leur technique de
construction n’est maîtrisée que par quelques initiés, accroissant ainsi les investissements.
III. 3. 5. 4. L’enfouissement
Il y a lieu de distinguer au moins trois (3) types d’opérations : l’enfouissement des
déchets toxiques et radioactifs et enfin, l’enfouissement des déchets ordinaires dégradables.
Déchets dangereux : médicaux, restes de produits chimiques etc. : L’opération est de
nature hautement technique et donc doit être exécutée par des spécialistes. En effet, les
déchets préalablement caractérisés et stockés selon les indications définies aux paragraphes
précédents doivent être ensuite enfouis de manière à éviter la contamination de la nappe
phréatique. Les techniques dans ce cas ressemblent dans une certaine mesure aux techniques
de confinement utilisées pour isoler les déchets radioactifs. Des prospections géophysiques
seront entreprises pour choisir les sites d’enfouissement appropriés. Ensuite, il faut procéder à
la pose de revêtements spéciaux non perméables accompagnés dans certains cas de matériaux
spécifiques de construction. Dans tous les cas, on s’attachera les services d’institutions
spécialisées de géophysique et de génie sanitaire. L’ensemble de l’opération aura un coût
d’investissement relativement élevé qui devra comprendre outre le montant des prestations
des deux unités citées précédemment, le prix des matériaux de construction du site ainsi que
la réalisation de l’ouvrage. Il faut également noter que les ressentiments des populations
riveraines envers ces sites deviendront de plus en plus grande avec le temps. Les structures
municipales en charge de ces dossiers devraient donc se préparer en conséquence pour
affronter à l’avenir ce problème de nature sociale, juridique et économique. .
Pour un dimensionnement brut du site, supposons connu le masse totale QPT (kg) des
déchets toxiques à enfouir, leur volume QVT (m3) est donné par :
43
dimensions, Longueur (L), Profondeur (P), largeur (l) ; en d’autres termes si χ est la valeur
de la largeur en mètre (m), on a :
44
pour des installations expérimentales composés respectivement des équipements suivants : 3
cuveries de 5 m3 chacune, 3 couvercles, gazomètre et installations d’utilisations et de l’autre,
2 cuveries de 5 m3 chacune, 2 couvercles et le reste inchangé. Il a été observé une plus value
avec l’apport du compost sur des cultures n’ayant reçues aucune fumure minérale: + 52 %
pour le sorgho grain et + 66 % pour l’arachide.
Déchets radioactifs : Il n’existe ni de centrale nucléaire ni d’usine d’armements
nucléaires et en principe pas de sites de dépôt tant à l’intérieur que dans la sous région. Les
déchets radioactifs qui pourraient exister proviendraient soit de centres de recherche, soit
d’hôpitaux ou du commerce. Ils seraient donc de faible radioactivité dont essentiellement des
gants, des tissus de nettoyage, des blouses, des eaux usées etc. Dans les villes où ces déchets
existent ou sont susceptibles d’exister, il y a lieu de faire appel à des spécialistes pour la
recherche et pour le traitement.
45
III. DIAGRAMME INDICATIF DU MODULE III
MODULE III-1
46
IV. DIAGRAMME COMPLET DE LA GESTION QUOTIDIENNE
GESTION QUOTIDIENNE
MODULE I
PETITES VILLES GRANDES VILLES
SPECIALISTES SPECIALISTES
- SANTE PUBLIQUE SENSIBILISATION - SANTE PUBLIQUE
-EDUCATION ENVI- 1. AUTORITES / MAIRIES - EDUCATION ENVR.
RONNEMENTALE 2. POPULATIONS - DEVEOP. URBAIN
MODULE III
GESTION DU
CSAV
MODULE III-1
SOURCES ET
PRODUCTION
DE DSU
47
IV. GESTION PREVISIONNELLE OU ASSISTEE PAR ORDINATEUR
48
* le nombre d'unités économiques attirées par le CVSA et les apports en terme de création
d'emplois et d'impôts payés aux caisses des Municipalités
* les économies réalisées par rapport à l’amélioration de la santé de la population
* les capitaux à rechercher pour les divers investissements
* etc.
IV. 3. FICHE TECHNIQUE DE LA VILLE DE OUAGADOUGOU [11, 12]
IV. 3. 1. Situation géographique
Ouagadougou, capitale du Burkina est le chef lieu de la province du Kadiogo. La ville est
située au centre du plateau Mossi à une altitude moyenne de 300m avec un relief très peu
prononcé. Sa superficie est de 502 km² dont : 217,5 km² de zone urbaine et 302,5 km² de zone
périurbaine.
IV. 3. 2. Administration
La ville compte 30 secteurs organisés en 5 arrondissements dont:
L’arrondissement de Baskuy qui regroupe 12 secteurs
L’arrondissement de Nongremasson qui regroupe 6 secteurs
L’arrondissement de Bogodogo qui compte 5 secteurs
L’arrondissement de Boulmiougou avec 4 secteurs
L’arrondissement de Signonghin composé de 3 secteurs
IV. 3. 3. Démographie
Ouagadougou connaît une croissance accélérée depuis 1960 en raison de l’exode rurale. En
2002, 40% de sa population était des migrants. Sa population est passée de 600 000 à 1 000
000 d’habitants entre 1985 et 1995. La ville s’étend sur 22 000 ha, soit une densité moyenne
de 60 hbts/ha. Le taux de croissance de la population est estimé à 4.3% selon l’U.E.R.D et
celui de l’urbanisation qui était de 14% en 1991 devrait atteindre les 24% en 2010.
IV. 3. 4. Economie
L’économie de la ville est principalement axée sur le secteur informel avec pour principales
composantes :
* l’artisanat : artisanat traditionnel (habillement, sculpture, poterie), produits du recyclage
(ustensiles, jardinage, décoratifs etc.), artisanat moderne (reproduction d’objets modernes)
* la restauration : ventes individuelles aux abords des rues ou marchants ambulants, petits et
restaurants moyens servant toutes sortes de mets (nationaux et de la sous région)
* petits commerces de détails et de réparations (vélos, vélomoteurs et automobiles)
* menuiserie et ébénisterie
A ce secteur se juxtapose un autre moderne celui-là, fait d’industries moyennes de
transformation agroalimentaire surtout, d’hôtels et des surfaces de vente.
49
Ouagadougou comptait en 2003 environ 154 000 ménages de taille moyenne de 5.6
personnes. Selon les normes du gouvernement, la ville est classée en trois types de standings
(Bas, Moyen et Haut). Ce classement est fonction du type de matériaux de construction, du
revenu des ménages et au raccordement ou non de l’habitat à l’électricité et à l’eau potable.
IV. 3. 5. Système de gestion de déchets en cours [13]
La ville a mis en place récemment, un Schéma Directeur de Gestion (SDG) reposant sur trois
volets dont :
- la collecte des déchets solides au niveau des centres de transfert.
- Le transport vers le Centre d’Enfouissement Technique (C.E.T) situé à la périphérie
- L’enfouissement au niveau de la décharge contrôlée.
IV. 4. FORMALISME DE LA SIMULATION
La production de déchets est une fonction complexe dépendant de plusieurs paramètres dont
les plus importants sont :
* La population (P) qui est fonction elle-même des taux de croissance (Tc), de mortalité (Tm),
de natalité (Tn), du taux de migration ( Tmg) etc.
* L’économie (E) fonction du taux de croissance (Tc) ou de décroissance (Tdc), du taux
d’inflation (Ti), de l’organisation de l’économie elle-même, etc.
* Le niveau d’éducation/alphabétisation (NED)
* Le degré et la forme d’urbanisation (DU)
* Le comportement et le changement de comportement des populations (CCC)
* etc.
IV. 4. 1. Forme continue
Supposons que nous puissions construire une fonction appelée fonction production de déchets
(PD) exprimée en m3, se traduisant par la relation mathématique suivante :
PD = f (K1[ P α (tc, tm, tn, tmg)]1, K2[ E β (tc, tdc, ti, org)]2, K3[ (DU)γ ]3, K4[ (NDU)χ ]4, K5[
(CCC) κ ]5) (25)
Relation dans laquelle P, E, DU, NDU, et CCC sont des variables dépendantes tandis que les
autres sont dites indépendantes. Les Ki sont des constantes fonctions des variables
correspondantes et les valeurs des exposants: α , β , γ , χ et κ sont liées à la force de la
dépendance des variables respectivement à la fonction (PD). Admettons ensuite que nous
puissions définir Ω [tc, tm, tn, etc.] (kg/m3), le taux de compactage moyen des déchets ou leur
distribution sur l’étendu du territoire municipal et d Ω son élément différentiel. On peut alors
définir la quantité totale de déchets Q (kg) produite par la dite localité à l’aide de l’intégrale
suivante :
50
Q (kg) = f(P,E,DU,NDU,CCC) d Ω (26)
Dans la pratique, la fonction (PD) peut être obtenue par corrélation après de minutieuses
investigations qui permettraient de définir l'influence des divers paramètres sur la production
des déchets. Concrètement cependant, beaucoup de difficultés devraient être surmontées si
bien que nous allons nous contenter à l'occasion de cette étude, d’un modèle simplifié discret
basé sur la composition des déchets établie aux Tableaux I et VI.
IV. 4. 2. Forme discrète
Cette méthode par du principe que la quantité totale Q (kg ou m3) de déchets produits dans
une localité, est égale à la somme des différents types de déchets indépendamment produits et
quantifiés.
IV. 4. 3. Données [12, 13] et hypothèses
Horizon temporel de la simulation : 20 ans à partir de 2005.
Population Po en 2005 = 1 144 535 habitants
Taux de croissance de la population, Tcp = 4.3%
Taux de croissance de l’économie du Burkina, Tce = 3%
En l’absence de données, on assimile ici le taux de croissance du pays à celui de la ville de
Ouagadougou.
Taux de collecte Tcol = 60 % en 2005
Nous supposons que Tcol atteindrait 90% d’ici 2025, soit une croissance moyenne Tccol = 1.5%
Quantités de déchets ménagers et assimilés collectés en 2005 Qme-0 = 300000 tonnes.
Quantités de déchets industriels spéciaux et biomédicaux collectés en 2005 Qind-0 = 10000
tonnes. Ainsi, le taux annuel moyen de croissance des déchets industriels spéciaux et
biomédicaux est de Tcind = 2.4%
IV. 4. 4. Formulation des quantités
Les données fournies par la Municipalité de Ouagadougou en 2005 impliquent uniquement
deux types de déchets à savoir les déchets ménagers et assimilés et les déchets industriels
spéciaux et biomédicaux. Nous nous en tiendrons à ces résultats sans perdre de vue que dans
le processus de comptabilisation intégrale, tous les types de déchets devraient être concernés.
Déchets ménagers et assimilés Qme(n)
n
Qme(n) = Qme-0
i 1
(1+εi) (27)
51
Q
Q P me 0
(28)
n
P n
0
x L
n
P(x) = f(x0)Ln,o(x) +……f(xk)Ln,k(x) = f k n,k
(x) (32 a)
k 0
A partir des données sur la population de Ouagadougou à savoir: P1985 = 441 514, P1996 = 709
736 et P2005 = 1 144 535, calculons le polynôme de Lagrange correspondant.
Détermination du polynôme :
x0 = 0 correspond à 2005
x1 = 1996-2005 =-9
QQ n n1
εpopulation = (34)
Q n
53
IV. 4. 6. Quelques retombées socioéconomiques
Les retombées socioéconomiques consécutives à la mise en place du CVSA peuvent être
regroupées en deux en grandes catégories qui sont :
Premièrement : l’amélioration de la santé et du bien être des populations, l’implantation de
nouveaux services (usines, commerces etc.) et l’accroissement du nombre de touristes ainsi
que des activités liées : La quantification chiffrée de telles retombées nécessite d’une part, des
banques de données (cf. module II) de toutes les activités se déroulant à l’intérieur de la
localité plus des campagnes d’enquêtes de proximité à l’endroit des institutions concernées.
Deuxièmement : les retombées directement quantifiables et liées aux méthodes de traitement
retenues à savoir : la cuisson de céramique et de briques, le compostage, le recyclage et
l’enfouissement. Si pour le premier groupe il n’est pas nécessaire de formuler un modèle
particulier, ici par contre il est plutôt utile de fournir des pistes de calculs pour chaque cas:
● Cuisson de céramique et de briques
D’abord si des données sur les cuissons avec les déchets existent à savoir : le PCIdéchet et la
quantité d’énergie moyenne nécessaire pour cuire un canari Emc(n) ou une brique Emb(n), alors
le calcul du nombre de canaris Nc(n) et de briques Nb(n) susceptibles d’être cuit à partir des
déchets combustibles collectés Qcomb(n) est relativement simple:
Nc(n) = Qcomb(n) PCIdéchet η / Emc(n) (41 a)
Nb(n) = Qcomb(n) PCIdéchet η / Emb(n) (41 b)
Où η est rendement de la combustion. Si le prix moyen de ces objets est connu, on peut alors
estimer les revenus attendus par les populations. On peut aussi estimer, l’équivalent bois
Qbois(n) des déchets combustibles collectés pour se rendre à l’évidence de leur incidence sur la
lutte contre la déforestation. Pour cela, on a :
Qbois(n) [kg] = [Qcomb(n) PCIdéchet η ] / PCIbois. (42)
Quant aux briques, elles peuvent servir à deux fins : construction de maisons ou pavements
des chaussées. Dans les deux cas, l’estimation du nombre moyen de maisons et la superficie
moyenne de pavement peuvent être facilement obtenus.
Le cas où les données sur les cuissons des déchets ne sont pas disponibles, en particulier
Emc(n) et Emb(n), il faut alors utiliser les résultats sur les cuissons avec les tiges de mil,
expériences déjà réalisées à l’université de Ouagadougou. Soit Emmc(n) et Emmb(n) les valeurs
correspondantes pour les tiges de mil. On retrouve :
Emc(n) = Emmc(n) [PCIdéchet / PCImil] (43 a)
Emb(n) = Emmb(n) [PCIdéchet / PCImil] (43 b)
Le reste des calculs est identique au précédent.
● Compostage
54
En considérant un rendement moyen de compostage égal à 50% [16], on estime la quantité du
composte fabriqué à:
Qcompf(n) = Qcomp(n)/2. (44)
Connaissant le prix du kg, on détermine directement le revenus monétaire lié.
● Le recyclage des métaux
Un modèle estimatif peut être conçu mais ici, les meilleurs résultats sont obtenus après des
enquêtes minutieuses auprès des artisanats. Prenons l'aluminium comme matériaux de
récupération pour la fabrication de marmites et de sceaux et supposons qu'il représente une
fraction Fral = = 30% des matériaux recyclables Qrecy1. Les enquêtes montrent que les
artisans confectionnent des marmites ( i
) et des sceaux ( i ) de différentes masses. Le
Ensuite, la valeur monétaire des produits fabriqués est égale aux quantités produites
multipliées par leur prix unitaire.
● Calcul du nombre et dimensionnement des zones ou cellules d’enfouissement
Il faut recourir ici à des spécialistes pour de telles opérations. Prenons les dimensions
suivantes pour une zone: Longueur = 10 m x Profondeur = 20 m x Largeur = 10 m et
supposons qu'un volume de 425 000 m3 correspond à 290 235 tonnes de déchets (OPINION,
No 384, 2005). On a donc:
Nenf(n) = Qenf(n)/Cenf (46)
Où Cenf est la capacité d’enfouissement d’une cellule.
IV. 4. 7. Incidence du niveau de pauvreté sur les déchets collectés
Ces données sont importantes parce quelles peuvent influer à long terme sur les résultats du
modèle. En 2003, INSD [11] donne comme seuil de pauvreté la somme de : 82 672 F CFA.
Le Tableau suivant en donne la répartition par tranche de population :
Tableau VII : Incidence du niveau de pauvreté
Niveau de vie N1 N2 N3 N4 N5
Pourcentage de la population(%) 10,3 9,2 12,7 20,1 47,8
55
N4 : Non –pauvreté : de 104 512 à 162 512 F CFA
N5 : Non-pauvreté extrême : plus de162 512 F CFA
Posons : qm (kg/habt) = Qme(n) / Pn , la quantité de déchets par habitant où le modèle Pn de
l’INSD sera retenu. On a :
Tableau VIII : Influence de l’indice de pauvreté sur la production de déchets
Niveau de vie N1 N2 N3 N4 N5
56
(Qcol(n) et finalement on évalue les retombées socio-économiques qu’occasionnent les
différentes activités de traitement.
57
V. DIAGRAMME COMPLET DE LA SIMULATION NUMERIQUE
Pn = P0(1+ tcp)n n
(1+εi) Qcol(n) =
P(x) = f(x0) Ln,o(x) + …
Qme(n) = Qme-0
i 1 Tcol(n).Qpro(n)
Qind(n) = Qind-0(1+Tcind)n
Qpro(n) = Qme(n)+Qind(n)
Comportement
qm = Qme (n)/Pn
Cadre de Vie
Saine et Agréable
58
en dépend. A ce sujet, nous avons suggéré la création dans chaque localité, d’un organisme en
charge exclusivement du dossier de gestion des déchets, convaincu que la solution du
problème est beaucoup plus tributaire du degré d’organisation que de la disponibilité des
moyens. Cette structure a un double rôle de conseiller des autorités municipales et
d’exécution des tâches liées au CVSA.
A l’heure du processus de communalisation intégrale du Burkina, il est dès à présent très
important d’inscrire la lutte contre l’insalubrité dans les plans de développement local. Plutôt
cela sera et mieux sera la réussite à long terme, évitant aux populations, les casses têtes que
connaissent nos villes actuellement, tout en leur garantissant un cadre de développement
durable.
Deux autres aspects importants tant du point de vue théorique que pratiques ont été soulevés.
Le premier est la définition de l’unité de mesure des déches collectés tandis que l’autre se
rattache à la notion de fermeture des opérations de tris des échantillons. Concrètement, il
s’agit d’une part, de comment quantifier les déchets et d’autre part, comment valider une
campagne d’échantillonnage ? Dans le premier cas, nous avons estimé que la méthode qui
nous paraît la plus pratique et en même temps la moins chère est de déterminer d’abord le
volume (m3) des déchets puis de définir un taux de compactage moyen (kg/m3) unique pour
tous les déchets ou par catégorie de déchets. Cette dernière norme peut être tout simplement
obtenue en fabriquant un cube étalon de un (1) mètre de coté, de masse connue, puis de le
remplir successivement de déchets ou de catégories de déchets, de le tasser moyennement et
de le peser. On n'en déduit ensuite la norme. Par contre, la validation de la campagne de tri est
moins évidente et la piste présentée ci-dessus est plus théorique que pratique. Pour l’heure,
nous suggérons de veiller surtout à l’hétérogénéité des déchets à échantillonner.
Pour la seconde partie du modèle, sa nécessité réside au fait qu’elle est un outil moderne et
indispensable de gestion prévisionnelle qui permet de nos jours d’anticiper les problèmes,
rendant leurs solutions plus faciles au double sens de leur complexité et de leur coût. Le
formalisme de simulation présenté ci-dessus est de nature quasi-statique, c’est à dire que les
équations n’incorporent pas explicitement le temps comme variable. De ce point de vue et du
fait que plusieurs paramètres ont été considérés comme constant (les taux de croissance, les
fractions massique etc.), le modèle est simple et donc à la portée du niveau de qualification
attendu du personnel de la DGVTD. Il permet malgré tout, de prendre en compte plusieurs
variables liées à la production des déchets à l’exception du changement de comportement de
la population, indicateur capital mais complexe à quantifier.
Au regard des résultats, on se convint que le modèle permet effectivement de projeter
toutes les quantités formulées et qui sont déterminants pour la réussite de la gestion
59
prévisionnelle. Il reste à convaincre le lecteur, donc le potentiel décideur que les résultats
obtenus reflètent assez bien la situation qui va se présenter à l’horizon temporel retenu c’est à
dire en 2025. Pour ce faire, nous ferons deux argumentaires l’un lié à des résultats obtenus
indépendamment par d’autres structures tandis que l’autre s’appuie sur une analyse de
sensibilité.
VII. 1. COMPARAISON AVEC DES RESULTATS D'AUTRES MODELES
S’agissant de la population, on constate d’abord une cohérence entre les résultats des
deux modèles qui donnent à l’orée 2025 des chiffres respectivement de 2 656 000 et 2 805
000 habitants. On retrouve en particulier, les mêmes chiffres que l’I.N.S.D. En effet, l’institut
prévoie en 2015 une population de 1 671 897 habitants tandis que le premier modèle projète
un chiffre de 1 743 000 habitants, soit une erreur relative de 4.50% et d’environ 10% pour le
second modèle. Le schéma directeur de gestion des déchets de la ville de Ouagadougou et le
premier modèle prévoient en 2010 respectivement une population de 1 373 042 et de 1 412
700, une erreur relative de 3% environ. Il faut souligner d’une manière générale que les
projections de populations fluctuent toujours d’une institution à une autre en fonction des
appréciations des différents paramètres. Malheureusement, les quantités de déchets ne
peuvent être comparées parce que le schéma directeur de gestion utilise en 2005, une masse
de 213 958 tonnes tandis que la même source nous a fourni une masse de 300 000 tonnes pour
la même année. De plus, la croissance de l’économie et donc le niveau de vie a été pris en
compte dans notre modèle, ce qui n’est pas le cas dans le modèle de la commune de
Ouagadougou.
Le modèle n’a pas pris en compte un certain nombre d'activités économiques et leurs
retombées: ce sont, l’accroissement probable du tourisme, l’amélioration de la santé des
populations, l'implantation de nouvelles unités et partant les emplois associés et les impôts
payés etc. Des enquêtes ciblées (hôtels, articles touristiques d’une part et maladies liées à
l’insalubrité d’autre part) pourraient aider à quantifier ces types de données.
60
Quelques résultats du modèle [20]
5
x 10
4.5
4
Qenfoui(i)
Qcomb(i)
3.5 Qrecy1(i)
Qrecy2(i)
Qcompost(i)
3
quantités de déchets
2.5
1.5
0.5
0
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026
années
5
x 10
5
4.5
Qenfoui(i)
4 Qcomb(i)
Qrecy1(i)
Qrecy2(i)
3.5
Qcompost(i)
quantités de déchets
2.5
1.5
0.5
0
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026
années
61
Tableau IX: Retombées économiques: nombres de canaris, de briques et revenus liés
Années Qmil Qbois Nca Nbr Smil Sbois Sca Sbr Superficie
(106kg) (106kg) (106) (106) (109F) (109F) (109F) (109F) (103 m²)
2006 27.05 25.73 3.66 2.44 1.89 1.15 3.66 0.25 33.96
2007 29.69 28.24 4.02 2.68 2.07 1.27 4.02 0.28 37.27
2008 32.57 30.99 4.41 2.94 2.28 1.39 4.41 0.30 40.89
2009 35.72 33.98 4.84 3.22 2.50 1.52 4.84 0.33 44.84
2010 39.15 37.24 5.30 3.53 2.74 1.67 5.30 0.37 49.15
2011 42.89 40.80 5.81 3.87 3.00 1.83 5.81 0.40 53.84
2012 46.97 44.68 6.36 4.24 3.28 2.01 6.36 0.44 58.96
2013 51.41 48.91 6.97 4.64 3.59 2.20 6.97 0.48 64.54
2014 56.26 53.52 7.62 5.08 3.93 2.40 7.62 0.53 70.63
2015 61.54 58.54 8.34 5.56 4.30 2.63 8.34 0.58 77.25
2016 67.29 64.01 9.12 6.08 4.71 2.88 9.12 0.63 84.44
2017 73.55 69.96 9.97 6.64 5.14 3.14 9.97 0.69 94.33
2018 80.36 76.45 10.89 7.26 5.62 3.44 10.89 0.76 100.89
2019 87.79 83.51 11.90 7.93 6.14 3.75 11.90 0.83 110.21
2020 95.87 91.20 12.99 8.66 6.71 4.10 12.99 0.91 120.39
2021 104.66 99.56 14.19 9.46 7.32 4.48 14.19 1.01 131.39
2022 114.22 108.66 15.48 10.32 7.99 4.88 15.48 1.08 143.39
2023 124.62 118.55 16.89 11.26 8.72 5.33 16.89 1.18 156.46
2024 135.94 129.32 18.43 12.28 9.51 5.81 18.43 1.29 170.66
2025 148.24 141.02 20.10 13.40 10.37 6.34 20.10 1.40 186.11
Ca = Canaris ; br = briques ; Superficie pouvant être pavée avec les briques (2.5 x 5.5 x 22)
Tableau X: Quantités et revenus liés au compost, aux marmites et aux nombres de fosses
62
2010 0.50 0.66 0.82 0.92 1.30
2011 0.52 0.68 0.85 0.95 1.34
2012 0.53 0.70 0.87 0.97 1.38
2013 0.55 0.72 0.90 1.00 1.41
2014 0.56 0.74 0.93 1.02 1.46
2015 0.58 0.76 0.95 1.06 1.50
2016 0.60 0.78 0.98 1.09 1.54
2017 0.62 0.81 1.01 1.12 1.58
2018 0.63 0.83 1.04 1.15 1.63
2019 0.65 0.85 1.07 1.19 1.68
2020 0.67 0.88 1.10 1.22 1.73
2021 0.68 0.90 1.13 1.25 1.78
2022 0.71 0.93 1.16 1.29 1.83
2023 0.73 0.96 1.19 1.33 1.88
2024 0.76 0.98 1.23 1..37 1.93
2025 0.77 1.01 1.26 1.41 1.99
63
5
x 10
9
8
tc0=0,5 (tc0:taux de collecte
tc0=0,4 en 2005)
7
quantités de déchets collectés
tc0=0,6
1
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026
années
64
4
x 10
4
3 tcind=-0,03
2.5
1.5
0.5
2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 2022 2024 2026
années
66
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