Finances Publiques: Michel Bouvier Marie-Christine Esclassan Jean-Pierre Lassale
Finances Publiques: Michel Bouvier Marie-Christine Esclassan Jean-Pierre Lassale
Finances Publiques: Michel Bouvier Marie-Christine Esclassan Jean-Pierre Lassale
manuel
manuel
Cet ouvrage est devenu un classique. Il s’adresse tout autant aux
étudiants – en sciences juridiques, économiques, politiques, de gestion –
Michel Bouvier
qu’à tous ceux qui préparent des concours administratifs. Il donne une Marie-Christine Esclassan
vision à la fois pluridisciplinaire et dynamique des finances publiques
contemporaines et met l’accent sur leur environnement international. Jean-Pierre Lassale
Exposant les grandes doctrines financières, il offre les clefs
indispensables pour comprendre les grands enjeux auxquels sont
manuel
confrontés les systèmes financiers publics. Il décrit également de façon
concrète les mécanismes de fonctionnement des grands secteurs
des finances publiques : finances de l’État, finances locales, finances
sociales, finances de l’Union européenne.
À jour des dernières réformes, cette 20e édition constitue un instrument
d’information et de travail particulièrement utile pour tous ceux qui
souhaitent s’initier au champ des finances publiques ou approfondir
leurs connaissances.
Finances publiques
Michel Bouvier, professeur des universités, préside l’Association
pour la Fondation internationale de finances publiques-FONDAFIP
(www.fondafip.org) et dirige la Revue française de finances publiques.
Finances
Expert auprès d’organisations internationales (Fonds monétaire
international, Union européenne), il est également membre du Conseil
de normalisation des comptes publics. Ancien membre du Conseil
publiques
des prélèvements obligatoires, il est l’auteur de nombreux ouvrages et
articles en finances publiques et fiscalité.
Marie-Christine Esclassan, professeur des universités, assure les
fonctions de Secrétaire générale de l’Association pour la Fondation
internationale de finances publiques-FONDAFIP et dirige la Revue
française de finances publiques.
Jean-Pierre Lassale, professeur émérite de l’Université Jean-Moulin 20 e édition
M. Bouvier
M.-C. Esclassan
J.-P. Lassale
(Lyon III), ancien recteur d’académie, était directeur honoraire de
l’Institut de droit comparé et enseignait régulièrement dans plusieurs
universités américaines. Il est décédé prématurément en 2002. 2021-2022
ISBN 978-2-275-09080-1
www.lgdj-editions.fr 45 e
FINANCES
PUBLIQUES
20e édition
2021-2022
© 2021, LGDJ, Lextenso
1, Parvis de La Défense • 92044 Paris La Défense Cedex
www.lgdj-editions.fr
ISBN : 978-2-275-09080-1 • ISSN 0990-3909
À la mémoire de notre collègue
et ami Jean-Pierre Lassale
qui nous a quittés prématurément
en 2002.
Sommaire
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Introduction générale
Des finances publiques
dans un monde en transition
1. « Prendre position sur les affaires de la communauté et le faire du point
de vue de la rationalité » nécessite de « comprendre de quoi il s’agit et de pouvoir
apprécier ce qui est en jeu », faisait excellemment remarquer le philosophe
Éric Weil dans son ouvrage Philosophie politique1.
Confrontée aux finances publiques, une telle observation prend un sens particu-
lièrement fort tant il est peu de domaines dans les sciences de l’homme qui soient à
la fois aussi politiques et dont les mécanismes et les enjeux apparaissent aussi opa-
ques, rébarbatifs ou incompréhensibles aux profanes, et parfois même sur certains
points hermétiques aux spécialistes.
Cependant si la matière est bien hérissée d’écueils, l’image négative qui en
résulte est sans doute excessive et ne résiste pas à une approche soucieuse de met-
tre en avant la singularité scientifique des finances publiques. Il apparaît très vite
que la science financière ou science des finances publiques, lorsqu’elle se dote de
cadres d’analyse adaptés à sa spécificité et à la réalité des sociétés contemporai-
nes, se révèle comme un champ d’investigation très souvent passionnant.
En effet, parce qu’elles sont fondamentalement d’essence politique, qu’elles sont
issues d’une longue histoire traversée notamment par une préoccupation fonda-
mentale, celle de la transparence financière, et que cette dernière a toujours été
systématiquement liée à la qualité du lien social, les finances publiques se présen-
tent comme un instrument privilégié d’analyse et de création des sociétés politique-
ment organisées : non seulement elles permettent d’en lire les mécanismes mais
elles donnent naissance aussi à des conceptions et pratiques nouvelles.
Or précisément on assiste depuis plus de quarante ans à une mutation d’ampleur
des systèmes financiers publics et cette mutation, accélérée par les conséquences
de la Covid-19, se développe dans le monde, comme une onde de choc qui s’étend
progressivement. Toutes les sociétés, développées ou en développement, sont
confrontées à la réforme de leurs finances publiques et, par effet systémique, ces
réformes rétroagissent, se répercutent de pays à pays si bien que l’on peut consta-
ter un rapprochement progressif des dispositifs.
En même temps, et sur la base de cette refonte des institutions financières, c’est
en réalité une mutation d’ampleur de l’État qui s’opère. Les réformes financières
entreprises, contrairement à ce qui est parfois estimé, sont très loin de simples amé-
nagements techniques et c’est bien une forme tout à fait nouvelle de gouvernance,
prenant notamment modèle sur celle de l’entreprise, qui se dessine à travers elles.
Vis-à-vis d’un tel processus dont l’objectif affiché est la maîtrise des finances
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FINANCES PUBLIQUES
publiques, la question qui se pose est de savoir si les changements qui s’opèrent
sont eux-mêmes maîtrisés tant d’un point de vue théorique que concret.
En effet, dans le champ des finances publiques, et peut-être plus que dans d’au-
tres, on a affaire à des processus particulièrement enchevêtrés au sein desquels
interagit une très grande variété de facteurs nationaux et internationaux. Autre-
ment dit, on est en face d’un ensemble complexe et donc d’un système difficile à
piloter. Par conséquent, il est urgent, et même crucial compte tenu du contexte
actuel, de réfléchir à une doctrine de la gouvernance budgétaire ou, mieux encore,
de la gouvernance financière publique. Il y va, d’un point de vue économique
comme d’un point de vue politique et social, de la qualité de vie des générations
futures.
Il convient, plus généralement, de repenser les finances publiques dans le
contexte général qui est maintenant le leur2, on veut dire celui d’un monde en
transition ponctué de crises successives. Les finances publiques connaissent en
effet une succession de crises depuis plus d’une quarantaine d’années, la dernière
en date, la plus violente, étant celle qui a démarré en 2020. Liée à l’origine à l’« effet
de ciseaux » provoqué par la crise économique due aux chocs pétroliers de 19733 et
1979, une situation instable perdure depuis lors et a fini par s’installer durablement,
fragilisant tout le système économique et social. En dépit des mesures prises pour
rééquilibrer les budgets, les déficits publics et la dette publique n’ont fait que s’ac-
croître. Depuis plus de quarante ans, nous vivons en réalité une mutation de notre
société sur fond de crise des finances publiques. Cette crise, qui au début a surpris,
inquiété, a fini par s’imposer progressivement comme une situation quasi normale
notamment aux yeux des générations qui n’ont rien connu d’autre. Plus de quarante
ans d’une remise en question de nos modes de pensée, plus de quarante ans de
mondialisation, plus de quarante ans de développement des technologies d’informa-
tion et de communication, plus de quarante ans de chômage ininterrompu ou de
travail précaire, plus de quarante ans de transformations, d’un basculement, d’une
transition de nos sociétés vers un autre monde. Plus de quarante années pendant
lesquelles se sont conjugués, ce qui les a amplifiés, les effets de la mondialisation,
du développement du numérique et, depuis 2020, une crise sanitaire sans précé-
dent. Après tant d’années, les solutions pour l’après-crise ne sont toujours pas au
rendez-vous. Rien n’est stabilisé. Rien n’est résolu sur le fond et cela pour tous les
États. En d’autres termes, nous sommes en présence d’un basculement vers un
autre modèle, d’une remise en question de nos institutions qui semblent parfois à
bout de souffle, et la crise du Covid-19 ne fait qu’accélérer ce phénomène. Il faut le
souligner, les finances publiques occupent dans cette mutation une position
centrale.
2. Cf. M. Bouvier, « Repenser et reconstruire les finances publiques de demain » in Réformes des finances
publiques, démocratie et bonne gouvernance (sous la direction de M. Bouvier), LGDJ, 2004. Cf. également :
M. Bouvier, « Tradition et modernité de la science des finances publiques », RFFP no 41-1993 ; « Les ambiguï-
tés fatales du droit public financier », RFFP no 122-2013 ; « Science des finances publiques : le quiproquo »,
RFFP no 133-2016 ; « Face à la crise du Covid-19 pensons et construisons les finances publiques autrement »,
RFFP nº 152-2020 ; « Vers un ordre politique des autonomies relatives : une question de méthode », RFFP
nº 154-2021.
3. Le premier choc pétrolier est lié à la guerre du Kippour. Le prix du baril de pétrole est alors passé de 3 $
à 10 $ engendrant une inflation qui s’est généralisée dans le monde. Le second choc, celui de 1979, est lié à
la révolution en Iran, le prix du baril passant alors à 30 $.
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