Chapitre 1

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Chapitre premier

NOTION D’IMPOT
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Objectifs spécifiques

Après avoir lu ce chapitre, l’étudiant (e) doit être en mesure de :


• Définir l’impôt ainsi que les notions voisines;
• Saisir les fondements et les limites du prélèvement fiscal;
• Connaître les différentes fonctions de l’impôt.
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1- CARACTERES GENERAUX DE L’IMPOT


2- REGIME GENERAL DU PRELEVEMENT
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Nous présenterons successivement les caractères généraux de
l’impôt (définition de l’impôt et les autres formes de prélèvement) et
le régime général correspondant (fondement et fonction du
prélèvement).

1- CARACTERES GENERAUX DE L’IMPOT

L’impôt est un prélèvement fiscal. Il convient d’abord de le définir et


ensuite de préciser les notions voisines telles que taxes, redevances
et taxes parafiscales.

1.1 – Définition et caractéristiques

Plusieurs définitions ont été avancées par des auteurs; la plus

3
célèbre a été donnée par Gaston JEZE[1] qui définit l'impôt comme
étant "une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie
d'autorité à titre définitif et sans contrepartie en vue de la
couverture des charges publiques".

Mais la notion utilisée par Gaston JEZE est incomplète et en tout


cas inadaptée à l’Etat moderne qui, lui, intervient dans le domaine
économique et social. Et parfois l’impôt ne joue pas uniquement le
rôle de pourvoyeur du trésor mais aussi celui de promouvoir
l’investissement. C’est pourquoi Lucien MEHL (1959), tout en
reprenant la définition proposée par G. JEZE, précise que l’impôt
sert à la couverture des charges publiques de l’Etat et des autres
collectivités territoriales ou de l’intervention de la puissance
publique. Ainsi, il se dégage les caractéristiques essentielles
suivantes de l’impôt.

A - L'impôt est un prélèvement

Ce prélèvement est pécuniaire et définitif. Il s'oppose en cela aux


prélèvements en nature de « l'ancien régime » et aussi à l'emprunt
qui constitue un autre moyen de couverture des dépenses
publiques. Sur le plan économique, le prélèvement fiscal[2] joue un
rôle important en tant qu’instrument d’intervention et de régulation
économique et sociale puisqu'il affecte aussi bien le revenu
disponible des ménages que le budget de l'Etat.
B- L'impôt est obligatoire

1
Gaston JEZE (1935): cours de Finances publiques 1934-1935. LGDJ.
2
Le mot fisc provient du latin « fiscus » qui signifie petite corbeille d’osier destinée à recueillir de l’argent.

4
Ce caractère obligatoire est lié à la légitimité de la puissance
publique et au principe du consentement à l'impôt. La forme
classique du consentement[3] se trouve concrétisée par le vote des
lois fiscales par les représentants du peuple (le parlement ). Les
contribuables sont tenus à l'obligation de s'acquitter de l'impôt sous
peine de sanctions prévues à cet effet. Il s’oppose dans ce cas à
l’emprunt qui, lui est un acte volontaire. On n’oblige pas en effet
quelqu’un à souscrire un emprunt.

C- L'impôt ne comporte pas de contrepartie

Etant lié à l’existence même de l’Etat, l’impôt n’a pas de


contrepartie directe. L’absence de contrepartie signifie qu’il n’existe
pas de corrélation entre l’impôt payé par le contribuable et les
prestations dont celui-ci bénéficie de la part de l’Etat. Et cela le
distingue :

- des redevances, qui sont réclamées en contrepartie d'un service


public rendu et généralement à un niveau proportionnel au montant
de ce service.
- des taxes qui, en principe, rémunèrent également un service mais
sans lien de proportionnalité avec le service rendu.
L’impôt est un prélèvement opéré par la puissance publique mais il
n’est pas le seul. Il convient donc de le situer parmi les
prélèvements forcés ou non et de le distinguer des notions voisines,
car des règles juridiques différentes s’appliquent à chaque catégorie

3
CADOUX C. (1961) ; "Du consentement de l'impôt", RSF; p:449. Le consentement à l'impôt n'a de fondement que sur le plan
théorique. "La légitimité de l'impôt réside non plus dans un consentement populaire ou parlementaire, mais seulement dans un
acte de confiance: confiance des contribuables.... dans le civisme et capacités de ceux qui ont la charge redoutable de définir et
de diriger l'économie..."

5
de prélèvement.

1.2 – Autres formes de prélèvement

Outre l’impôt, Les prélèvements fiscaux comprennent la taxe, la


redevance et les taxes parafiscales. Le critère de distinction entre
l’impôt et les autres prélèvements est l’existence ou non d’une
contrepartie. En effet, ces prélèvements sont réclamés en
contrepartie de certains services rendus ou mis à la disposition des
citoyens. En tant que gage de citoyenneté, l’impôt est dû sans
aucune contrepartie.

A- La taxe et la redevance

Ce sont des prélèvements opérés par voie de contrainte sur certains


individus au profit des personnes morales de droit public ou privé à
l’occasion du fonctionnement d’un service public : - sans corrélation
nécessaire avec le coût du service s’il s’agit d’une taxe (exemple des
droits d’inscription des étudiants) - en corrélation avec ce coût, s’il
s’agit d’une redevance.

B- Les taxes parafiscales

Elles présentent quelques différences par rapport aux taxes


ordinaires. Outre qu’elles ne sont pas toujours prélevées à
l’occasion de services rendus, leur caractéristique essentielle tient
de ce qu’elles sont affectées à des organismes publics ou privés autre
que l’Etat, les collectivités locales et les établissements publics

6
administratifs[4].

Quel type de prélèvement doit-on retenir ?


- Si l’on cherche le rendement, la taxe ne peut constituer qu’un
procédé de financement secondaire. En effet, alors que tous les
services peuvent être financés par l’impôt, seuls peuvent l’être
par la taxe les services qui ont des usagers particuliers à
l’exclusion des services sans usagers déterminés (défenses,
police, hygiène).
- Du point de vue économique, taxe et redevance peuvent freiner
l’activité économique, certains usagers préfèrent renoncer aux
services concernés pour échapper à ces prélèvements. Réparti
en fonction des facultés contributives de chacun et sans relation
directe avec des produits ou services, l’impôt paralyse moins
l’économie.
- Sur le plan de la justice, le choix à opérer est assez difficile car
l’impôt est supporté par l’ensemble de la population alors que la
taxe et la redevance sont acquittées par les usagers.
En définitive la problématique de ce prélèvement renvoit non
seulement à ses fondements et ses fonctions mais également à ses
limites.
2- REGIME GENERAL DU PRELEVEMENT

La justification du prélèvement fiscal revêt une importance capitale


car elle est étroitement liée aux fonctions assignées à la fiscalité.

2.1 – Fondements du prélèvement

4
Ces prélèvements sont généralement affectés à des fonds spéciaux gérés conjointement par le Ministère des finances et le

7
Pour justifier le prélèvement fiscal, plusieurs théories ont été
développées. Elles expriment, chacune, une conception particulière
de son rôle et de ses fonctions.

A- Contrepartie de services rendus par l’Etat

L’impôt est payé en contrepartie des services rendus par l’Etat qui
assure la sécurité des contribuables et de leurs biens. Cette
conception qualifiée d’individualiste fut abandonné car il n’existe
pas de correspondance entre l’impôt payé et le service rendu par
l’Etat. (théorie de l’impôt - assurance [5] liée à la doctrine de l’Etat
Gendarme et la théorie de l’impôt- échange[6] dans le cadre de la
doctrine des physiocrates).

B- Notion de solidarité nationale

La conception contemporaine est celle de l’impôt - expression de la


solidarité nationale : L’impôt concrétise la participation aux charges
de l’Etat, charges à répartir pour que chacun ait sa part, car tous les
individus de la nation sont solidaires. Il apparaît donc comme un
procédé de répartition des charges publiques entre les individus.

Plusieurs conséquences importantes en découlent :


- La solidarité nationale ne laisse personne hors de son champ,
tous ceux qui sont liés à la communauté étatique sont tenus de

Ministère responsable de l’exécution du programme pour lequel le fonds a été institué.


5
Jean Bodin – Montesquieu « les revenus de l’Etat sont une portion que chaque citoyen donne de ses biens pour avoir la
sécurité de l’autre ou pour en jouir agréablement.
6
Jean Jacques Rousseau, Mirabeau. L’impôt est le prix des avantages que la société procure aux individus.

8
participer à l’impôt. L’affirmer conduit d’une part, à la
condamnation des privilèges fiscaux, d’autre part à la
proclamation des principes d’universalité de l’impôt et de la
territorialité de la loi fiscale : l’impôt sur le territoire d’un Etat
s’applique aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers qui y
résident.
- L’obligation de chacun se mesure, non d’après les avantages
personnels qu’il tire des activités étatiques mais d’après ses
«facultés contributives » c’est à dire sa capacité personnelle à
prendre part aux dépenses de la collectivité en fonction de sa
fortune, mais aussi de sa situation et de ses charges de famille.
Cette idée fonde la technique fiscale actuelle, laquelle repose
sur la notion nuancée de justice de l’impôt. Elle est à la base de
la personnalisation, de la progressivité et de la discrimination
en matière fiscale. Son expression scientifique a été formulée
dans la thèse de l’utilité décroissante des revenus de John
Stuart Mill selon laquelle les diverses tranches de revenus
n’ont pas toutes une utilité égale mais une utilité décroissante
et par conséquent, pour qu’il y ait proportionnalité exacte, il
faut frapper plus lourdement les tranches supérieures des
revenus.

C- Expression de la souveraineté

Le pouvoir d’imposer est une compétence exclusive de l’Etat et


constitue à l’évidence un acte de souveraineté. C’est pourquoi,
l’impôt est une manifestation de cette souveraineté, qu’il ne peut
être établi dans un régime démocratique qu’à la suite du

9
consentement des contribuables (consentement exprimé par leurs
représentants au Parlement).

2.2 – Fonctions du prélèvement

Si l’impôt constitue une ressource pour financer les activités de


l’Etat, il est de plus en plus utilisé comme moyen d’intervention
dans la sphère économique et sociale. La problématique de la
variable fiscale s’articule aujourd’hui autour des fonctions
suivantes :

A- Fonction financière

L’impôt a avant tout un but financier : couvrir les dépenses


publiques. Pour les libéraux et les classiques, c’est même là son
objectif unique : l’impôt doit alimenter les caisses du trésor. Cette
thèse selon laquelle l’impôt n’a qu’un rôle financier est celle de la
neutralité fiscale : il ne doit pas modifier la situation comparative
des citoyens en orientant l’activité économique.

De nos jours les tenants de la neutralité fiscale ont assoupli leur


position et préconisent une «neutralité relative», c’est à dire une
neutralité par rapport aux moyens de production. L’impôt peut
avoir un rôle autre que financier, mais il doit éviter de provoquer
des distorsions en matière économique en particulier de favoriser
certains circuits de production au détriment d’autres : seul un impôt
comme la TVA permet d’assurer la neutralité de l’impôt.

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Cette fonction demeure valable encore de nos jours, mais avec le
changement de la notion de l’Etat qui est devenu interventionniste,
l’impôt a en outre une fonction économique et une fonction sociale
assez importantes.

B- Fonction économique

L’impôt constitue pour l’Etat un moyen direct d’intervention sur


l’économie en ses divers éléments : production, consommation, prix,
monnaie, structure de l’entreprise. Il s’agit alors d’une conception
dirigiste ou productiviste : l’impôt est considéré comme un facteur
de productivité, soit globalement soit le plus souvent de façon
sélective (exonération de la TVA au profit des exportations pour
développer le commerce extérieur, Droit de consommation sur les
alcools pour restreindre centaines consommations). Cette conception
n’inspire plus les politiques économiques des pays qui vivent une
libéralisation à outrance due à la mondialisation de l'économie. Mais
pour assurer une certaine justice fiscale l’impôt a une fonction de
redistribution (sociale).

C- Fonction sociale

L’impôt est un moyen de redistribution des revenus et des richesses.


Telle est la conception socialiste[7]. Certains auteurs vont même
jusqu'à proposer de substituer à la violence le recours à l’impôt pour
réaliser l’uniformisation des conditions sociales et l’étatisation des
moyens de production.

7
J.J. Rousseau dans le contrat social , Karl Marx.

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Cependant l’impôt a des limites qui se situe au double niveau socio-
politique et économique et on dit souvent que « l’impôt tue l’impôt ».

2.3 – Limites du prélèvement fiscal

A- Pression fiscale

C’est la relation qui existe entre le prélèvement fiscal subi par une
personne physique ou morale, un groupe social ou une collectivité
territoriale d’une part, et les ressources dont dispose cette
personne, ce groupe ou cette collectivité d’autre part. La pression
fiscale exprime la part des ressources nationales prélevées par
l’impôt et les contributions assimilées. Concrètement, elle se mesure
par rapport à une grandeur, un agrégat économique. Les agrégats
les plus fréquemment utilisés sont soit la production intérieure
brute (PIB) soit le produit national brut (PNB) aux prix du marché.
Une pression fiscale trop forte aura un effet inverse à celui qui est
attendu en matière de rentrées fiscales, et selon la thèse de B.
Laffer l’augmentation des impôts peut entraîner l’évasion et la
fraude fiscales.

B- Evasion fiscale
Elle consiste à échapper à l’impôt dans le cadre et en application de
la loi (réduction du volume de consommation imposé, limitation
volontaire du revenu). C’est le fait de tirer parti soit de
l’imperfection , des lacunes ou des silences de la loi, soit des faveurs
ou exemptions qu’elle consacre, soit enfin des inégalités ou

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discrimination qu’elle établie. ( exemple : création d’une SARL en
faisant en sorte d’y être minoritaire).

C- Fraude fiscale

Il s’agit de toute contravention à la loi fiscale (dissimulation


d’opérations ou d’activités lucratives réellement accomplies,
procédés de fausses factures, etc.).

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