Pathologies Des Constructions Master I Matériaux GC

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Chapitre 1 : Evaluation et diagnostic des structures en béton

De nos jours, le béton est un des matériaux de construction les plus usuels. Ce matériau, outre ses nombreux
avantages, évolue et réagit avec son environnement. En effet, au cours du temps, les ouvrages en béton armé
développent de nombreuses pathologies (corrosion des aciers, gel-dégel, fluage, réactions chimiques, etc.).
Sous l’action de ces agressions physico-chimiques, ce dernier se dégrade et présente alors des désordres
allant de la simple fissure à la détérioration structurale grave. La majorité des infrastructures existantes ont
été construites avec ce matériau et cela depuis plus d’une cinquantaine d’années. Ce patrimoine national est
donc vieillissant ce qui nécessite un entretien et un suivi régulier. Cependant, la maintenance des ouvrages
de ce patrimoine bâti est très onéreuse. Une démarche scientifique rigoureuse est donc nécessaire pour
réduire ce budget par la mise en place d’outils visant à optimiser et fiabiliser le diagnostic structural des
ouvrages.
Les méthodes de contrôle non destructif (CND) constituent l’une des voies adaptées pour une évaluation à
grand rendement. En effet, le CND permet de donner des informations quantitatives sur la totalité de la
surface auscultée et de limiter ainsi le nombre de prélèvements.
Cette partie présente des renseignements sur le processus d’évaluation de béton dans une structure existante.
Une évaluation approfondie et logique de l'état actuel de la structure est la première étape du projet de
réparation ou réhabilitation, généralement, à la suite d'un signe visible de détresse.
1. La procédure de l'enquête
Les étapes typiques de l'évaluation d'une structure en béton armé sont :
1. Inspection visuelle.

2. Examen des données d'ingénierie :


 Documents de conception et de construction.

 Dossier des opérations et d’entretien précédents.

 Fiche du béton et autres matériaux utilisés.

 Rapports précédents d'inspections périodiques.


3. Enquête :
 Mise en correspondance des diverses carences.

 Suivi.

 Levé conjoint.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

 Échantillonnages et essais.
 Essais non destructifs.

 Analyse structurale.
4. Evaluation Finale.

5. Rapport.
Les résultats d'une évaluation, en particulier déterminant la cause et l'étendue du problème, sont aussi précis
que la compréhension et l'effort appliqué au processus. Un examen superficiel ou une inspection transversale
ne produisent pas une évaluation aussi précise qu’une enquête détaillée et approfondie impliquant la
cartographie, l'échantillonnage, les essais et les efforts exploratoires nécessaires.

2. Conditions de service et d'expositions


L’évaluation du béton n'est pas limitée aux études de son état physique, ses propriétés mécaniques, sa
composition chimique, et ses manifestations extérieures. Souvent, l’origine d'un problème de béton est lié à
un état de service ou d'exposition.
Le tableau ci-dessous présente certaines des conditions à prendre en considération lors de l'analyse
comportement du béton :

Tableau 1: Le catalogue des conditions de service et d’exposition [1].

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

3. Types d’investigations
Deux catégories d’investigations se présentent : les méthodes non destructives et les méthodes destructives.
3.1 Investigations non-destructives
Ces méthodes permettent d'analyser la structure sans porter atteinte à son intégrité. Ceci est à privilégier
dans différentes structures, tels que les monuments ou bâtiments historiques, où il est difficile de pouvoir
prendre des échantillons de la structure pour la caractériser. Ces méthodes sont également en faveur dans le
cas où la structure est atteinte et affaibli, l'échantillonnage de ce type de structure pourrait l’affaiblir
davantage.
3.1.1 Relevé visuel
Toute enquête approfondie commence par un examen visuel des conditions. Les principaux indices de
problèmes à distinguer sont :
 Fissuration et craquelures.
 Détresse de surface : Effritement, désagrégation, surface alvéolaire, écaillage
 Fuite d'eau : Humidité de la surface, infiltration ou fuite à travers les joints et les fissures.
 Mouvements : Déflexion, soulèvement, affaissement.
 Corrosion de l’acier : Taches de rouille, câbles de post-tension exposés, aciers exposés.
 Autres indices: Cloquage des membranes et revêtements, accumulation d'eau, décoloration.
Ce relevé permettra de :
 Qualifier les désordres, car chaque type a une origine et des conséquences particulières.
 Déterminer les caractéristiques d'une pathologie et savoir quelle sorte de traitement sera nécessaire
afin d’arrêter le phénomène.
 Quantifier les désordres, car selon son ampleur, des méthodes de réparation plus ou moins lourdes
seront à envisager.
 Localiser les désordres afin de pouvoir déterminer son origine et ainsi agir à la source du problème.
Quelques outils à utiliser pour une enquête visuelle :
 Appareil photo
 Mètre
 Distancemètre
 Pied à coulisse
 Fissuromètre

Figure 1: JAUGE GINGER CEBTP - FISSUROMETRE DIGITAL [1].

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

3.1.2 Sondage par marteau:


Marteler le béton offre une méthode précise et moins cher pour identifier les zones de délamination. En
frappant des zones de béton délaminé, le son passe de "ping" plein à un son "puck" creux. Les limites des
délaminations peuvent alors être facilement déterminées.
Des méthodes de sondage plus productives sont disponibles lorsque vous travaillez avec de grands espaces.
Traîner une chaîne réalise le même résultat que le sondage par marteau.
Cependant, ces méthodes ne donnent qu’une idée générale des zones de délamination. Par conséquent, ils
doivent être utilisés seulement pour l'évaluation générale, pas pour la mise en page détaillées nécessaires à la
reconstruction.
3.1.3 Méthode échos-chocs
Pour assurer un contrôle de la qualité du béton ou du béton projeté sans l'endommager, il convient d'utiliser
des méthodes non destructives. Ces méthodes sont divisées en deux catégories générales: (1) celles qui sont
capables d'estimer la résistance, la durabilité, la dureté, la qualité et les propriétés élastiques; (2) celles qui
sont capables de détecter et de localiser des anomalies ainsi que de déterminer l'épaisseur d’une couche de
béton projeté et/ou la nature de son adhérence au roc. Cette section passe en revue la méthode MSR Impact-
Écho utilisée pour mesurer l’épaisseur du béton projeté [3].

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Figure 2: Test Choc-Echo avec appareil Olson's NDE 360 [1-3].

3.1.4 Méthode de l’auscultation sonique


Le contrôle par ultrasons est une méthode de contrôle non destructif permettant la détection de défaut à
l'intérieur d'un matériau. Elle est basé sur la transmission et la réflexion d'onde de type ultrasons à l'intérieur
d'un matériau.

Le principe est le suivant : Un train d’ondes longitudinales est produit par un transducteur électro-acoustique
maintenu au contact d’une surface du béton soumis à l’essai. Après avoir parcouru une longueur connue
dans le béton, le train de vibrations est converti en signal électrique par un deuxième transducteur, et des
compteurs électroniques de mesure du temps permettent de mesurer le temps de parcours de l’impulsion.
L’appareillage est constitué d’un générateur d’impulsions électriques, d’une paire de transducteurs, d’un
amplificateur et d’un dispositif électronique de mesure de temps permettant de mesurer la durée écoulée
entre le départ d’une impulsion générée par le transducteur-émetteur et son arrivée au transducteur-
récepteur. Un barreau de calibrage est fourni pour permettre d’obtenir une ligne de référence du mesurage de
la vitesse. Pour les transducteurs, il convient que la fréquence propre des transducteurs se situe normalement
dans une plage comprise entre 20 kHz et 150 kHz.

Remarque :

Il est préférable d’utiliser des transducteurs à haute fréquence (60 kHz à 200 kHz) pour les distances de
parcours courtes (à partir de 50 mm) et des transducteurs à basse fréquence (10 kHz à 40 kHz) pour les
distances de parcours longues (jusqu’à un maximum de 15 m). Les transducteurs ayant une fréquence de 40
kHz à 60 kHz conviennent pour la plupart des applications.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Disposition du transducteur

Même si l’énergie maximale de l’impulsion se propage perpendiculairement à la face du transducteur-


émetteur, il est possible de détecter des impulsions qui ont traversé le béton selon une autre direction. Il est
ainsi possible de mesurer la vitesse de propagation du son en plaçant les deux transducteurs sur des faces
opposées (transmission directe (a)), sur des faces adjacentes (transmission semi-directe ou en réflexion (b))
ou sur la même face (transmission indirecte ou transmission de surface (c)) (Fig. III.9) en cas de structure ou
d’éprouvette de béton [4].

Figure 3 : Positionnement du transducteur [4]

 Contact du transducteur sur le béton


Il doit y avoir un contact adéquat sur le plan acoustique entre le béton et la face de chaque transducteur. Pour
la plupart des surfaces en béton, la finition est suffisamment lisse pour permettre un contact acoustique
correct en utilisant un produit de couplage tel que la vaseline, la graisse, du savon liquide ou de la pâte de
kaolin/glycérol et en appuyant le transducteur contre la surface en béton. Il convient de mesurer plusieurs
fois le temps de parcours, jusqu’à l’obtention d’une valeur minimale, indiquant que l’épaisseur du produit de
couplage a été réduite au minimum. Si la surface du béton est très rugueuse et irrégulière, il convient de la
polir et de l’égaliser par ponçage ou à l’aide d’une résine époxy à prise rapide.

 Détermination de la vitesse de propagation du son

Pour les transmissions directes et semi-directes, la vitesse d’impulsion doit être calculée directement par la
formule suivante : = /
Où :
V : est la vitesse de propagation du son, en km/s ;
L : est la longueur de parcours, en mm ;
T : est le temps que met l'impulsion pour parcourir la longueur L, en μs.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Le tableau suivant donne les résultats d'essais obtenus par le CEBTP sur l'auscultation sonique des bétons :

Tableau 2: Résultats d'essais d'auscultation sonique des bétons-(CEBTP).

Un autre usage important de cette technique est l'évaluation non destructive des fissures qui sont été remplis
avec de l'époxy. Les lectures prises le long de la fissure réparée sont comparées à celles de la section non
fissurée. Une fissure bien réparée affiche une vitesse de transit égal à celui de la section non fissuré. De plus,
selon l’ASTM, Il existe une corrélation entre la vitesse d'impulsion et la résistance à la compression du
béton, généralement ± 20%.

3.1.5 Le scléromètre
Le scléromètre de Schmidt, décrit ci-dessous est un instrument servant à mesurer la résistance à la
compression d'un matériau, comme le béton. L'indice de rebondissement à la surface du matériau est
proportionnel à sa résistance à la compression.
Le scléromètre constitué d'une tête en acier, d'un ressort calibré et d'un manche utilisé pour mesurer le
rebond de sa tête après son choc avec la surface d'un matériau ou d'une structure. Le scléromètre s'utilise
généralement dans le secteur de la construction et parfois aussi dans d'autres secteurs industriels.
Les éprouvettes préalablement rectifiées, sont maintenues entre les plateaux d'une presse sous une contrainte
de 0,5 MPa. Le scléromètre étant placé perpendiculairement à l'axe de l'éprouvette, on relève 27 mesures
réparties sur 3 génératrices en 27 points distincts et distants entre eux de 30 mm. Aucune mesure ne doit être
située à moins de 40 mm des faces planes de l'éprouvette. La norme précise que l'indice sclérometrique (Is)
est la médiane des valeurs. Cependant de nombreux laboratoires préfèrent déterminer l'indice sclérometrique
comme étant la moyenne quadratique des mesures, après élimination des 2 valeurs extrêmes.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Figure 3: Scléromètre à béton W-M-250 de James [4]

L'essai au scléromètre est destiné à mesurer la dureté superficielle du béton et il existe une corrélation
empirique entre la résistance et l'indice sclérometrique. Des études réalisées au LCPC ont montré que la
corrélation peut prendre la forme :

Rc = aI s 2 + bI s + c

En première approximation, pour des granulats siliceux de qualité courante (Dmax = 16 mm), et pour un
béton de résistance inférieure à 30 MPa, on peut considérer que :

Is2
Rc = - 0 .3 I s
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3.1.6 Le relevé du ferraillage
Le relevé du ferraillage peut se faire à l'aide d'un pachomètre de type Ferro scan. Cet appareil est un système
de détection portable pour un examen d'armatures non destructif. Il permet de déterminer la positon exact
des barres d'armatures, de mesurer l'enrobage et de donner une indication du diamètre de l'armature.
L’appareil émet un flux magnétique, le pachomètre détecte la diffusion de ce champ et la variation
électromagnétique qui est causée par la présence des armatures.
Le diamètre des armatures est déterminé par le fait que plus le diamètre d’une armature augmente, plus le
signal reçu par l’appareil sera important. Alors que, plus l'épaisseur d'enrobage sera importante, plus le
signal s’affaiblit. Pour cela, la profondeur de mesure du pachomètre est limitée (généralement de l'ordre de
10 à 15 centimètres selon le type de bétons et le type d'armatures).

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Figure 4: détection par fenêtres et résultats [1].

3.2 Investigations destructives


On a recours aux investigations destructives pour effectuer un prélèvement de matériau pour connaitre ses
caractéristiques géométriques, mécaniques et chimiques, ou bien pour avoir accès à des éléments internes ou
sous-jacents à la structure. Cela permet aussi de connaître leur état altéré en profondeur et l'ampleur des
pathologies.
3.2.1 Le Potentiel de corrosion
Lorsque l'acier se corrode dans le béton, il existe une différence de potentiel entre la zone de demi-pile
anode et la zone de demi-pile cathode dans acier. Cette différence peut être détectée en plaçant la demi-pile
de sulfate de cuivre et de cuivre sur la surface du béton et mesurer les différences de potentiel entre l'acier
d'armature et une éponge mouillée sur la surface du béton.
La cellule de référence relie la surface du béton à un voltmètre à haute impédance, qui est également
connecté électriquement à la nappe de renforcement en acier. Le voltmètre lit alors la différence de potentiel
à l'emplacement d'essai.
Selon la norme ASTM C876-91 le potentiel mesuré indique une probabilité de corrosion. En utilisant une
électrode Cu/CuSO4 on a:

 Si E > - 200 mV (probabilité de corrosion inférieure à 10%)


 Si -350 < E < -200 mV (corrosion possible environ 50%)
 Si E < - 350 mV (corrosion très probable, supérieur à 50% peut atteindre 90%)
Cependant, différents paramètres peuvent affectent les résultats obtenus:
 L'hygrométrie de surface, peut diminuer la mesure de 100 mV.
 Les milieux agressifs comme la présence de chlorures, augmente la conductivité, on mesure des
potentiels plus négatifs.
 La carbonatation mesure des potentiels plus positifs

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Ces méthodes ne peuvent pas détecter la corrosion des tendons de post-tension, ils ne peuvent non plus
détecter la corrosion quand l'acier d'armature est discontinu du voltmètre.
Cependant, les mesures de demi-cellule sont souvent utiles car ils sont faciles à réaliser, et les résultats
peuvent être livrés rapidement à des coûts relativement faibles [1].

3.2.2 Test au contenu de chlorure


L'évaluation de la teneur en ions chlorure est effectué en prélevant un échantillon de béton de la structure,
soit par tirage au béton pulvérisé à l'aide d'un marteau rotatif à percussion (de préférence électrique), ou en
prenant des carottes et en pulvérisant ensuite le béton dans le laboratoire. Le matériau pulvérisé est collecté
et stocké dans un récipient propre, le trou est nettoyé sous vide, les échantillons pulvérisés sont analysées en
utilisant un procédé chimique
La séparation des chlorures, existant dès la coulée, des chlorures qui ont pénétrer dans la structure, peut être
faite en comparant la teneur en chlorure à différents niveaux dans le membre suspect. Les chlorures existants
dès la coulée auront généralement des teneurs en chlorures similaires à travers le membre, tandis que les
chlorures qui sont entrés dans le béton après la coulée auront des concentrations plus élevées à la surface et
plus faibles à l’intérieur de l’élément [5].

3.2.3 Test à la carbonatation


Comme son nom l'indique, la carbonatation est un phénomène de vieillissement naturel des matériaux à base
de liant minéral qui conduit à la formation de carbonates de calcium par réaction entre les composés des
ciments (principalement la portlandite) et le dioxyde de carbone atmosphérique (CO2), présent dans l'air à un
taux moyen de 0,03 % en volume. Ce taux est plus important en milieu urbain qu'en milieu rural. Cette
réaction entraîne la consommation de bases alcalines présentes dans la solution interstitielle des bétons
aboutissant à une diminution du pH qui passe d'une valeur de 13 à une valeur inférieure à 9. D'un point de
vue chimique cette réaction se présente ainsi [6] :

La technique la plus simple à mettre en œuvre pour mesurer la profondeur de carbonatation des bétons
correspond au test à la phénolphtaléine réalisé sur des fractures fraîches de béton. La phénolphtaléine est un
indicateur de pH coloré dont le virage si situe aux alentours de 9. Cela permet de différencier la zone
carbonatée (pH < 9) qui reste incolore, de la zone non carbonatée (pH > 9 et allant jusqu'à 13) colorée en
violet. Cet essai doit être effectué, à l'échelle d'un ouvrage, sur un nombre de points de mesure représentatifs
en tenant compte des conditions locales d'exposition et de l'hétérogénéité possible du matériau. Ce test
permet une mesure fiable et rapide de la profondeur de carbonatation dans le cadre de diagnostic d'ouvrages.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Il existe d'autres techniques de mesure de la profondeur de carbonatation, plus précises, mais plus lourdes à
mettre en œuvre. A l'exemple de la microscopie optique sur lames minces, de la méthode isotopique ou
encore de la microscopie électronique à balayage [6].

Figure 5: Vue d'une fracture fraîche de béton après aspersion d'une solution de phénolphtaléine.
En gris : zone carbonatée (exposée au CO2 atmosphérique). En violet : zone non carbonatée [6].
Il sera intéressant de comparer les mesures de profondeur de carbonatation avec l’enrobage donné par un
pachomètre. Après plusieurs mesures, on obtenir une telle courbe:

Figure 6: Graphique enrobage-carbonatation [2]

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Le pourcentage des armatures non protégées est l’abscisse du point d'intersection de la courbe d'enrobage
avec celle de carbonatation.

Figure 7 : carbonatation qui dégrade les bétons armés et est notamment responsable de la mise à nu de
leurs armatures en acier.

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

Le tableau ci-dessous présente certaines pathologies, les causes et différents modes de diagnostics conditions
à prendre en considération lors de l'analyse comportement du béton :

Tableau 3: Evaluation et diagnostic de différentes pathologies [1].

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Chapitre 1 Evaluation et diagnostic des structures en béton

On se permet de conclure l’importance de l’étape diagnostic grâce à la valeur des données qu’on peut
récupérer par les méthodes énumérées ci-dessus.
Mais surtout, c’est l'étape qui permettra l’implémentation des méthodes de réparation les plus convenables et
l'évaluation des causes de ces problèmes.
Ces causes peuvent être tout simplement le vieillissement naturel de la structure, mais cela peut aussi être à
cause de l'environnement alentours. Afin de conserver les réparations et les rendre durables, il est nécessaire
de réaliser des travaux de protection adaptés, pour d'éviter l'apparition rapide de nouvelles pathologies
semblables.

Références bibliographiques

[1] Joseph Abou Zeid, Méthodes de réparation et de protection des ouvrages en béton armé.

[2] ITMAIZEH Ehab, PATHOLOGIE DE STRUCTURES EN BÉTON ARMÉ, Mémoire de Master


Académique Option : Structures 2015/2016.

[3] Ferri P. Hassani, Moe Momayez, Conception d’un nouvel appareil d’auscultation des couches de béton
projeté sur les parois des galeries de mines souterraines, Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en
sécurité du travail, novembre 2004.
[4] Zemri Cheikh, Cours Méthodes expérimentales, Notes de cours.
[5] Techniques d’auscultation des ouvrages de génie civil, Structures, routes, réseaux de conduites Office
fédéral des questions conjoncturelles, 3003 Berne, juillet 1991.
[6] Pathologie La carbonatation, www.betons-lemagazine.fr

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

Chapitre 2 : Principales pathologies des constructions

Aujourd’hui, la plus part des infrastructures en génie civil sont en béton armé, dont la majorité et surtout les
ouvrages routiers ont atteint un seuil de dégradation important et même parfois la fin de leur vie utile. Il est
donc temps de les réhabiliter ou de les remplacer.
Le remplacement de ces ouvrages pose en plus du problème de financement, le problème de mise en service
et les délais précieux lors de leur remplacement.
De même il y a plusieurs structures dégradées qui ne doivent pas obligatoirement être démolies. Alors il est
nécessaire de chercher d’autres méthodes telles que la réparation pour prolonger leur vie utile.
En Algérie comme dans le monde entier, les dernières décennies ont été marquées par la construction ou la
mise en place d'un vaste réseau d'infrastructures en béton de toute sorte, comme les barrages, les ports, les
ponts, les structures portuaires, les digues et les quais, etc. Les ouvrages ont été exposés pendant plusieurs
années aux agents agressives et a des actions multiples, c'est pourquoi actuellement ils montrent des signes
de vieillissement et de détérioration bien que l’on ait très longtemps cru que les ouvrages réalisés en béton
étaient indestructibles.
L'identification des causes des dégradations est une des étapes les plus importantes et les plus difficiles de
tout le processus de réparation des structures endommagées.
Il n'est généralement pas possible d'évaluer la nécessité de réparer une structure ou de choisir la ou les
méthodes de réparation sans avoir, au préalable, bien identifié l'origine des dégradations.
Tout d’abord, il est préférable de rappeler que la dégradation du béton peut se définir comme la perte de sa
performance qui se manifeste par la détérioration, la déformation ou le changement de ces propriétés suivant
plusieurs causes qui peuvent être physiques ; chimiques ; ou bien mécaniques.
On peut généralement regrouper les facteurs affectant la durabilité en quatre grandes familles :
 les facteurs reliés à la conception de l’ouvrage;
 les facteurs reliés à la mise en œuvre de l’ouvrage;
 les facteurs reliés aux caractéristiques des matériaux et du béton;
 les facteurs climatiques et environnementaux; le type d'exposition face aux agents potentiellement
agressifs;
1. Pathologie : Altérations du béton armé
1.1 Carbonatation
Ce phénomène correspond à une réaction chimique induite par la pénétration du dioxyde de carbone CO2 de
l’air dans le béton. La réaction chimique établit comprend comme réactifs le CO2 présent dans l'atmosphère

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

en faible proportion, qui se dissout dans l'eau et forme l'acide H2CO3. L’acide réagit avec la portlandite
(hydroxydes de Calcium) pour former des carbonates de calcium et de l’eau, selon la formule suivante :

La portlandite est essentielle pour maintenir un PH élevé, ce qui protège les armatures du béton armé et
empêche la formation de micro-organismes. Et lorsqu’elle n’est plus suffisamment accessible pour réguler le
PH, le milieu s’acidifie, permettant ainsi la corrosion des armatures.
1.2 Pénétration des chlorures
Les ions chlorures peuvent provenir des constituants du béton: sable, ciment, eau de gâchage. Cependant,
l’origine des chlorures est le plus souvent extérieure: l’eau de mer, des sels de déverglaçage. Dans ce cas-là,
les ions chlorures pénètrent dans le béton par diffusion ou par absorption capillaire.
De très faibles concentrations en chlorures forment le composé FeOOH sur la couche passive, puis les ions
instables de FeCl-3 consomment les ions hydroxyles présents ce qui conduit à une diminution du PH.
La circulation des électrons libérés par la réaction d'oxydation vers les sites cathodiques engendre des piles
électrochimiques sur l'armature conduisant à la décomposition de l’acier dans les zones anodiques. Donc au
niveau du béton rien n’est visible, et on ne voit au bout d’un certain temps que les conséquences : corrosion
des armatures.
1.3 Corrosions des armatures
Lors du coulage du béton, l'eau de gâchage réagit avec l'acier et forme une couche protectrice d'hydroxydes
de fer [Fe(OH)2] et de calcium [Ca(OH)2]. Ainsi, la solution interstitielle du béton aura un PH élevé, de
l'ordre de 13.
Si la solution interstitielle ne convient plus à un béton sain, comme dans le cas de la carbonatation et la
pénétration des ions chlore, cette couche protectrice disparait. Les produits, oxydes et hydroxydes, des
oxydations au niveau de la surface de l’acier s'accumulent, entraînant un gonflement, par suite la fissuration
de l'enrobage.
1.4 Alcali-réactions
Le phénomène d’alcali-réaction est le résultat des réactions internes au béton, les alcalins solubles dans la
solution interstitielle (oxydes de sodium Na2O et oxyde de potassium K2O) réagissent avec de la silice
généralement présente dans les granulats.
Les ouvrages les plus exposées à l’humidité sont souvent victime de l’alcali-réaction. La formation d’un gel
gonflant provoque, à l’intérieur du béton, des déformations et de microfissures. Les contraintes de ce
gonflement engendrent un décollement entre la pâte et les granulats et donc de microfissures, si elles
dépassent la résistance en traction du béton, ce qui se traduit en surface par des fissurations suivant la
direction des armatures.

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

1.5 Autres Défauts apparents


Défauts dès la construction et leurs origines possibles :
 Bullage : Coffrage inadapté, vibration inadaptée.
 Nids de cailloux : Vibration inadaptée, ferraillage dense, hauteur de chute du béton trop élevée.
 Fuites de laitance : Mauvaise étanchéité des coffrages et des joints.
 Variations de teinte : Ragréages, impuretés.
 Pommelages : variation de densité entre gravillons et autre constituants, variations du taux
d’hydratation du ciment en surface.
 Fissures de retrait : retrait différentiel, dessiccation en surface.
Défauts dus à l’environnement et leurs origines possibles :
 Epaufrures : Choc.
 Recouvrements biologiques : température, humidité, luminosité.
 Aspect grenu : érosion éolienne, pluies.
Défauts de circulation des eaux et leurs origines possibles:
 Efflorescences : béton poreux soumis à l’humidité.
 Suintement : mauvaise évacuation des eaux.
2. PATHOLOGIE DES ÉLÉMENTS STRUCTURAUX (Erreurs de conception).
2.1. Poteaux
2.1.1. Poteaux fragiles
Ce type de dommages se manifeste par l'échec dans la base et le sommet du poteau. Il se produit dans les
poteaux ayant un coefficient d’élancement moyen à élevé, où celui ci est de [1] :

2.1.2. Poteaux courts


Le second type de dommages est le type de cisaillement qui est manifesté par des fissures formées dans la
zone la plus faible du poteau en forme de X [1] .

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

2.2. Murs en béton armé (voiles)


2.2.1. Caractéristiques essentielles du comportement des voiles
En génie civil, un contreventement est un système statique destiné à assurer la stabilité globale d'un
ouvrage vis-à-vis des effets horizontaux issus des éventuelles actions sur celui-ci (par exemple : vent,
séisme, choc, freinage, etc.). Il sert également à stabiliser localement certaines parties de l'ouvrage (poutres,
poteaux) relativement aux phénomènes d'instabilité (flambage ou déversement) [1].
Cependant, on peut considérer que les principaux paramètres ayant une influence prépondérante sur le
comportement d’un voile sont les suivants:
- l’élancement, défini comme le rapport de la hauteur par la largeur du voile, h / l,
- la disposition et le pourcentage des armatures,
- l’intensité de l’effort normal.

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

2.2.2. Modes de rupture des voiles élancés


 Ruptures en flexion
Mode f1: rupture par plastification des armatures verticales tendues et écrasement du béton comprimé.
Mode f2 : rupture par écrasement du béton. Ce mode de ruine se rencontre pour les voiles assez fortement
armés soumis à un effort normal important.
Mode f3 : rupture fragile par ruptures des armatures verticales tendues. C’est un mode de rupture qui se
rencontre dans les voiles faiblement armés, lorsque les armatures verticales sont essentiellement réparties et
non concentrées aux extrémités.

 Ruptures en flexion - effort tranchant


Mode f/t: rupture par plastifications des armatures verticales de flexion et des armatures transversales. C’est
ce qui se produit dans les voiles moyennement élancés où la flexion n’est plus prépondérante et où les
armatures horizontales sont insuffisantes.
Mode t (Ruptures par effort tranchant): rupture des bielles de compression développées dans l’âme du
voile. On l’observe dans les voiles munis de raidisseurs, fortement armés longitudinalement et
transversalement et soumis à des cisaillements élevés.
Mode g : Ce type de rupture peut apparaître lorsque les armatures verticales réparties sont insuffisantes, la
qualité des reprises de bétonnage est mauvaise et la valeur de l’effort normal est faible.

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Chapitre II Principales pathologies des constructions

2.2.3. Modes de rupture des voiles courts


Dans ce cas, l’effort tranchant est généralement prépondérant sur la flexion. Les principaux
modes de ruptures sont ceux de la Figure a, b et c. On distingue trois cas
Mode T1 (a): rupture par glissement « sliding shear » à l’encastrement. Ce mode de rupture, conséquence de
la plastification progressive des armatures verticales est accompagné d’importants glissements qui réduisent
d’une façon significative la raideur et la dissipation hystérétique. Ce type de rupture peut aussi être obtenu
lorsque les armatures verticales réparties sont insuffisantes.
Mode T2 (b): rupture diagonale « diagonal tension failure » avec plastification ou rupture des armatures le
long des fissures diagonales. Ce mode est rencontré dans les voiles moyennement armés sollicités par un
faible effort normal.
Mode T3 (c): rupture par écrasement « diagonal compression failure » du béton de l’âme, à la base des
bielles transmettant les efforts de compression. C’est un mode de ruine caractéristique des voiles fortement
armés, surtout s’ils sont associés à des raidisseurs sur leur bord [1].

2.3. Poutres
Les dommages qui se produisent dans les poutres en béton armé dus au tremblement de terre sont les
suivants [1] :
- fissures orthogonales sur l'axe de la poutre le long de la travée dans la zone de tendue

6
Chapitre II Principales pathologies des constructions

- échec de cisaillement près des appuis

- fissures de Flexion sur les faces supérieure ou inférieure aux appuis de la poutre.

- échec de cisaillement ou de flexion dans les points où les poutres principales sont les supports des poutres
secondaires.

- fissures de cisaillement de forme X dans les poutres courtes (linteaux) qui relient des murs de cisaillement.

7
Chapitre II Principales pathologies des constructions

2.4. Jonction poteaux – poutres (noeuds)


Les dommages aux joints poteaux – poutres, même aux premières fissures, sont considérés comme
extrêmement dangereux pour la structure et devrait être traité en conséquence. Ces dommages réduire la
rigidité de l'élément structural et mènent à la redistribution incontrôlable des charges. Des échecs communs
dans les joints poteau poutre (joint faisant le coin, joint extérieur multi de structure d'étage, et joint intérieur)
sont montrés dans la Figure suivante [1] :

8
Chapitre II Principales pathologies des constructions

3. Pathologie des maçonneries


Une maçonnerie est un empilage de blocs (pierre, terre cuite, béton, etc.), bien liés entre eux par du mortier
et souvent couverte d’un enduit. Ainsi, on marie des matériaux de natures différentes qui se comportent de
manière différente et l’on souhaite en faire un assemblage homogène qui vieillira durablement.
Cet art de construire, le plus ancien qui soit, approprié à la main d’oeuvre artisanale a traversé plusieurs
siècles grâce à l’utilisation de matériaux lourds et inertes. Il n’en n’est plus de même aujourd’hui [2]:
 Les blocs creux sont légers mais de faible résistance,
 Les blocs de béton sont poreux et font du retrait,
 Les pierres sont mises en œuvre dès leur extraction, encore humides,
 Les briques creuses gonflent,
 Les joints ‘’grillent’’ au contact des blocs très absorbants,
 Les enduits font trop de retrait,

3.1. Type de blocs de maçonneries :


 La pierre

 Les briques de terre cuite


Elles peuvent être soit pleines pour rester apparentes, soit creuses à perforations horizontales ou verticales

9
Chapitre II Principales pathologies des constructions

 Les blocs de béton (également appelés agglomérés ou agglos ou parpaings ou plots) : Ils sont
préfabriqués, pleins ou creux [2].

3.2. Les Types de murs:


 Les murs porteurs :
Ils servent à transmettre les charges aux fondations. La stabilité de l’ouvrage dépend de la bonne réalisation
de ces éléments. Ils sont suffisamment résistants pour supporter les charges propres, les surcharges
d’utilisation, effets du vent…etc.

10
Chapitre II Principales pathologies des constructions

 Les murs non porteurs :


Ils se composent de murs intérieurs, qui représentent les cloisons, et de murs extérieurs qui murs de
remplissage dont les fonctions sont l’isolation et l’étanchéité. Ils ne sont pas acteur de la stabilité de
l’ouvrage [2].

 Murs en pierres à double épaisseur :

3.3. Les Désordres de la maçonnerie :


Les désordres pouvant affectés les ouvrages en maçonnerie peuvent être classés en deux catégories selon
qu’ils résultent d’un défaut de résistance mécanique de l’ouvrage ou bien qu’ils affectent autres fonctions de
la paroi en maçonnerie mais ne mettent pas en cause la solidité de l’ouvrage [2].
3.3.1. Désordres dus à un défaut de la résistance mécanique de la maçonnerie
À partir de l'analyse d'un certain nombre de sinistres survenus dans les constructions en maçonneries
porteuses, on peut recenser les causes et les énumérer afin d'en dégager les quelques conseils que les
projeteurs et les responsables de la conduite des chantiers doivent avoir à l'esprit afin d'éviter que de tels
sinistres ne se reproduisent.
Les défauts relevant de la conception générale des ouvrages :
 défaut de contreventement général : du fait de la faible résistance à la traction des ouvrages en
maçonnerie, il est nécessaire de tenir compte des autres sollicitations que celles qui découlent des
forces verticales, et donc des forces transversales, séisme, pression du vent, poussée des terres ou
des remblais dans le cas des murs de sous-sols ou encore poussée de matériaux stockés dans les
bâtiments... :

11
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Cisaillement alterné du panneau sous forces horizontales alternées (séisme, vent) [1]

Effet sismique perpendiculaire au plan [1]

 Absence de joint de tassement ou de dilatation, ou bien, dans ce dernier cas. Leur trop grand
écartement conduit à des fissurations des maçonneries porteuses qui peuvent mettre en cause la
stabilité des constructions. C'est le cas lors de la construction, sur des terrains compressibles. C'est
aussi le cas de bâtiments de trop grande longueur.

Déplacement vertical différentiel des colonnes de gauche et de droite [2].

12
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Les conditions de déroulement du chantier :


Les incidents de très loin les plus fréquents concernent le renversement, par le vent, de pans de maçonneries
avant qu'ils ne soient rendus stables par le reste de l'ouvrage (angles ou murs perpendiculaires) ou par la
réalisation d'étaiement provisoire dans l'attente des éléments concourant à leur stabilité. Le risque est bien
entendu accentuer par l'élancement des parois considérées, mais aussi par tout retard apporté au
durcissement du mortier de hourdage (froid ou. pire encore, gel nocturne par exemple [2] .

Choix des maçonneries particulières:


a. Maçonneries d'éléments creux:
Le cas le plus fréquent concerne des charges excédant la résistance des produits en question, notamment
dans le cas des charges concentrées sous lesquelles il n'a pas été prévu de dispositions de répartition :
poutres reposant directement sans sommier, pignons très élancés niais sans raidisseurs ou encore murs de
clôture dont le renversement, pour être moins spectaculaire, est cependant assez fréquent [2].

13
Chapitre II Principales pathologies des constructions

b. Maçonneries d'éléments pleins:


Les effondrements de maçonneries de ce type sous l'effet des seules charges verticales sont relativement
rares et des défaillances sont plutôt à rechercher dans l'action du gel : celui-ci d'une manière générale
dégrade la qualité du mortier de joint qui devient très friable. Il peut en être de même, à l'inverse, sous l'effet
de la dessiccation du mortier (produit très absorbant, temps chaud et sec...). En cas de matériau gélif, le gel
peut s'attaquer aussi aux éléments de maçonneries ; ce peut être le cas des ouvrages isolés et relativement
exposés comme les cheminées ou les souches de cheminées [2].

14
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Désordres lie mettant pas en cause la solidité de l'ouvrage:


Ces désordres résultent le plus souvent de l'interaction entre les murs et les planchers, y compris souvent les
planchers-terrasses, ou bien encore, en cas de toitures en pente, de l'interaction des murs et de la charpente.
Cette interaction se traduit, dans tous les cas, par des mouvements différentiels qui trouvent leur' origine soit
dans des régimes thermiques différents des deux parties d'ouvrage, soit dans des déformations sous charge,
de fluage notamment, différentes pour des ouvrages diversement sollicités [2].

15
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Mouvements différentiels d'origine thermique:

Dilatation du plancher haut [2]

Retrait de la cloison [2]


Fissuration résultant des déformations des planchers, ou de la structure, supportant les murs en
maçonnerie:
Ce type de planchers est le siège de déformations de plusieurs origines :
 Une flèche instantanée au moment du décoffrage ;
16
Chapitre II Principales pathologies des constructions

 Les déformations dues aux charges d’exploitation de courte durée ;


 Enfin, les déformations de fluage qui résultent du poids propre de la construction et des charges
d’exploitation de longue durée. Il arrive donc, lorsque ces déformations cumulées dépassent les
capacités de déformation des murs en maçonnerie qui, on l’a déjà dit, sont bien moins résistants à ce
type de sollicitation que les planchers, que des fissures apparaissent dans les murs ; ces fissures sont
de deux sortes [2] :

Déformation du plancher inférieur

Déformation du plancher supérieur

Les deux planchers se déforment de la même façon.

17
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Désordres résultant de l'interaction entre murs et charpentes:

4. Pathologies des Fondations


En général, les désordres dus à des problèmes de fondation entraînent des frais importants. Ils sont très
variés et d’origines diverses. Leurs effets peuvent aller de la fissuration de la structure du bâtiment jusqu’à
sa mise en péril, c’est à dire son abandon pur et simple, la construction devenant impropre à sa destination
initiale.
4.2. Rôle des Fondations :
Une fondation se définit comme la partie d'un bâtiment ou d'un ouvrage de travaux publics qui assure la
transmission dans le sol des charges (poids propre, forces climatiques, sismiques et charges d'exploitation)
de celui-ci. Les fondations d’un bâtiment représentent un enjeu essentiel de sa construction, car elles
forment la partie structurelle qui assure sa portance et permet de contrôler les tassements dus aux charges
qu'il applique au sol et les infiltrations dues à la présence éventuelle d'eau dans le terrain. Suivant la
capacité portante du sol, l'environnement de l'ouvrage à fonder, les forces mises en jeu et les tassements
admissibles, le constructeur choisira une solution du type fondation superficielle, semi-profonde ou
profonde, qui diffèrent par leur niveau de fondation, leur géométrie et leur fonctionnement. En dernier
recours, si le sol en place ne possède pas les qualités suffisantes pour qu'on puisse y fonder l'ouvrage, des
techniques de renforcement des sols sont utilisables.

18
Chapitre II Principales pathologies des constructions

En fait la fondation transmet au sol des charges descendantes (les charges du bâtiment et les actions
climatiques); elle transmet par ailleurs au bâtiment les actions ascendantes du sol (comme les poussées des
terres d’Archimède) [3].
Le rôle de la fondation est tout simplement le suivant :
 La fondation doit résister elle-même aux charges et doit être calculée en conséquence.
 L'ensemble ouvrage – fondation - sol doit être en équilibre stable. Il ne doit pas y avoir possibilité de
mouvement.
 pas de glissement horizontal : L’adhérence sol – fondation doit empêcher les forces horizontales
(poussées du vent, des terres…) de pousser l’ouvrage horizontalement.
 pas de basculement : Les charges horizontales ont tendance à faire basculer l’ouvrage car elles
créent un moment. Les forces verticales (poids) doivent les contrebalancer.

19
Chapitre II Principales pathologies des constructions

 pas de déplacement vertical : Le sol doit être suffisamment résistant pour éviter l’enfoncement du
bâtiment de manière uniforme ou dissymétrique (tassements différentiels entre deux parties
solidaires de l'ouvrage) et le bâtiment doit être suffisamment lourd pour éviter les soulèvements dus à
l'action de l'eau contenue dans le sol (poussée d'Archimède).
 Une fondation doit être durable. Toutes les précautions devront être prises dans les dispositions
constructives, le choix et l'emplacement des matériaux, ainsi que dans la mise en œuvre.
 Une fondation doit être économique. Le type de fondation, les matériaux employés et la mise en
oeuvre doivent être le moins coûteux possible [4].
4.3. TYPES DE FONDATIONS
Les fondations varient selon la qualité du sol sur lequel le bâtiment doit être implanté, ainsi que selon la
nature et la taille du bâtiment. Il est fortement recommandé que ce sol soit de bonne portance et peu sujet au
tassement. L'ingénieur chargé de l'étude des sols est un ingénieur géotechnicien. À partir d'un rapport
géotechnique il peut déterminer le type de fondation ou les renforcements de sol nécessaires et le niveau
d'assise d'un ouvrage adapté au terrain en place.

Selon la hauteur d'encastrement (« D »), c'est-à-dire l'épaisseur minimale des terres qui se trouvent au-dessus
de la base de la fondation, et la largeur de la base (« B » ), on peut définir les fondations comme étant :

 superficielle si le rapport (encastrement/largeur de la base) D/B < 4

Semelle isolée

20
Chapitre II Principales pathologies des constructions

 profondes si le rapport (encastrement/largeur de la base) D/B ≥ 10


 semi-profondes si le rapport (encastrement/largeur de la base) 4≤ D/B <10

4.4. Statistiques sur la rupture des fondations :


Tout d’abord voici la statistique dite « de Logeais » (SOCOTEC 1976) [4] :
Concernant les accidents de fondations superficielles sur 20 ans :
 25% sont dus à des fondations sur remblais récents ou insuffisamment compacts
 20% proviennent de venues d’eau intempestives
 20% sont dus à des fondations hétérogènes
 10% sont dus à un encastrement insuffisant (gel, affouillement)
 10% dus aux tassements provoqués par une construction voisine
 10% dus à des fondations sur sols très compressibles (tourbes, argiles molles)
 5% proviennent de constructions sur sols instables (pentes, mines, carrières)
Concernant les fondations profondes :
 40% dus à une absence de reconnaissance géotechnique
 35% dus à une mauvaise interprétation des sondages et à des erreurs calcul
 15% dus à des fautes d’exécution
 10% dus à des agressions du milieu
4.5. FONCTIONNEMENT GENERAL D’UNE FONDATION
4.5.1. Modèle théorique
Avant l’application de la charge sur une semelle, le sol de fondation est en état d’équilibre élastique.
Lorsque la charge augmente au-delà d’une certaine valeur critique, le sol est en état d’équilibre plastique. Au
moment de la rupture on peut distinguer sous une semelle trois zones principales figure ci-dessous.

21
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Schéma de rupture d’une semelle

 La zone I, limitée par les points A, B ; C, forme un coin ; elle est située directement sous la
fondation. Le sol dans cette zone se déplace avec la fondation et fait corps avec elle,
 La zone II est refoulée vers la surface, les déplacements et cisaillements sont très importants et il se
produit une rupture généralisée dans cette zone,
 Dans la zone III, le sol n’est pas ou peu perturbé par la rupture.

4.6 Pathologie des fondations superficielles


Tassement des fondations.
On distingue deux types de tassements :

 Le tassement absolu d’un bâtiment, s’il est limité, n’engendre pas de désordres importants aux
bâtiments
 Le tassement différentiel d’un bâtiment engendre toujours de graves désordres.
Les tassements des fondations sont à craindre :
1- Lorsque les efforts transmis aux fondations varient brutalement d’une semelle à l’autre.
2- Lorsque la nature du sol d’assise n’est pas homogène sur la surface de la construction (différents sols à
une profondeur donnée, profondeur variable du sol d’assise)
3 - Lorsque les fondations ont des niveaux d’assise différents.

22
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Liaisons des fondations.


Les massifs de fondations peuvent être isolés ou reliés entre eux pour rigidifier l’ensemble de
l’infrastructure (ou pour des raisons mécaniques particulières - semelles excentrées).
Ces éléments de liaison sont des longrines. Ce sont des semelles filantes qui peuvent ou non supporter des
voiles porteurs.

Joint de rupture :
Lorsque des tassements sont à craindre, les fondations doivent être fractionnées (voir cas 1).
Joint de dilatation :
Au droit des joints de dilatation (le joint de dilatation du bâtiment descend jusqu’aux fondations), la semelle
n’est pas fractionnée.

23
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Reprise en sous-œuvre.
Dans le cas de mitoyenneté avec un bâtiment existant, les charges reportées d’une construction à l’autre
peuvent être dommageables. Les fondations ne doivent pas se gêner mutuellement.
1 - Les fondations d’un bâtiment en construction doivent descendre au niveau de celles du bâtiment voisin
existant.
2- Les fondations du bâtiment voisin doivent être descendues au niveau du bâtiment en construction. On
parle alors de reprise en sous-œuvre.

Les fondations du bâtiment voisin [6].

24
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Pathologie des fondations sur pieux

a) détérioration du contact de pieu par rapport au structure de liaison

Béton de tête de pieux de qualité médiocre.

Hauteur de recépage insuffisante. (Recépage=découpage)

Erreur dans les cotes d'arase des têtes de pieux.

Recépage brutale ayant entrainé la fissuration du béton des têtes des pieux.

b) défaillance du terrain

Remaniement important du terrain

Poche sous pointe de pieu

c) défaillance du corps du pieu

Contrainte appliquée supérieure à la résistance du matériau constituant le pieu.

Contrainte appliquée supérieure à la résistance du matériau constituant le pieu [7]

25
Chapitre II Principales pathologies des constructions

Détérioration progressive du matériau (corrosion pieu métallique)

Exemples de corrosion sur la tête de pieu [8].


Références bibliographiques :

[1] Vulnérabilité et Réhabilitation des Structures (2014/2015) – MASTER Génie Civil – Option : SCI - Prof.
Dr. Amar KASSOUL

[2]https://fr.scribd.com/document/333199469/PATHOLOGIE-DES-STRUCTURES-Chapitre-6-Pathologie-
Des-Maconneries
[3] Cours : Ossatures Bâtiment (2015/2016) – MASTER Génie Civil – Option : Structures civiles et
industrielles- Prof. Amar KASSOUL –UHB Chlef.
[4] https://fr.scribd.com/user/340695705/SAIDA-GENIE-CIVIL.
[5] http://www.cours-genie-civil.com/IMG/pdf/cours_fondations-superficielles-radiers_procedes-generaux-
de-construction.pdf
[6] https://www.univ-usto.dz/images/coursenligne/POLYCOPIE_BOUROKBA.pdf.
[7] Luc Sibille. Géotechnique pour le technicien IUT Génie Civil et Construction Durable Module MXG5.
Licence. France. 2018. cel-01784592.
[8] Faroudja MEZIANI , Amar KAHIL , Smail GABI , Aldjia BOUTIBA , Méthodes de protection contre
la corrosion des ouvrages portuaires de génie civil, XIIèmes Journées Nationales Génie Côtier – Génie Civil
Cherbourg, 12-14 juin 2012.

26
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Chapitre III : Méthodes d’auscultation des constructions

1- Introduction
Le développement dans la construction au cours de ces 50 dernières années a conduit à une forte
spécialisation. Cette spécialisation concerne d’une part les types d’ouvrages dont s’occupe le professionnel
de la construction, mais d’autre part on constate aussi l’évolution vers une plus large répartition des tâches
dans le projet, la conduite des chantiers, l’auscultation des ouvrages, les essais, l’entretien, etc.
Cette spécialisation, compte tenu par ailleurs du très fort accroissement de l’ensemble des connaissances,
rend de plus en plus difficile d’avoir une vue d’ensemble.
L´appréciation de l´état d´un ouvrage est à la base de toutes les mesures de maintenance, soit de l´entretien
et du renouvellement. Les manuels sur les techniques d´auscultation des ouvrages de génie civil traitent des
moyens nécessaires à l´ingénieur pour l´appréciation de l´état existant d´un ouvrage.
Plusieurs auteurs et de techniciens ont réuni un grand nombre d´informations sur les techniques
d´auscultation, informations qui sont parfois difficiles à trouver. Ce manuel est essentiellement destiné aux
ingénieurs chargés de la préparation et de l´exécution d´auscultations d´ouvrages.

Fig. 1 : Place de l’auscultation au sein du processus de gestion des ouvrages pathologiques [1]

1
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Les techniques d’auscultation constituent, dans le cadre de la constatation de l’état existant d’un ouvrage,
des outils qui fournissent à l’ingénieur de nombreuses informations indispensables. Toutefois, pour parvenir
à une auscultation de qualité, il est primordial que ce travail soit bien préparé et mené de façon systématique.
C’est la raison pour laquelle la présentation des techniques d’auscultation est complétée par des
contributions relatives à la marche à suivre pour l’auscultation, et dans le cas des structures.
2- La visite préliminaire & examen visuel des structures

Elle a pour objet d’améliorer la compréhension de l’état et du fonctionnement de la structure, de préciser les
conditions environnementales, les désordres visibles, l’accessibilité des parties dégradées. Elle débouche sur
un pré-diagnostic et sur un programme d’investigations. Elle comprend aussi bien la collecte
d’informations sur la constitution et la vie de l’ouvrage que la prise de photographies et la réalisation de
quelques tests simples permettant de détecter : la profondeur de carbonatation, une alcali-réaction, la
présence de produits nocifs…
Cette visite doit permettre :
− D’émettre un pré-diagnostic sur les causes probables des désordres,
− D’effectuer la mise au point du programme d’investigations, si nécessaire, (inspection détaillée, études
d’impacts, recherche d’itinéraires de déviation, étude de mise en place d’un ouvrage provisoire,
investigations particulières à effectuer [par le laboratoire, le géomètre…], hypothèses du recalcul, types de
calculs à effectuer, …) ;
− D’évaluer si la mise en jeu des responsabilités et les garanties sont nécessaires (cas du contentieux) ;
− De faire évoluer éventuellement les mesures de sauvegarde (limitation du trafic, étaiement par exemple) ;
− D’évaluer le coût probable et la durée des investigations, si celles-ci sont raisonnables au vu de la
valeur vénale de l’ouvrage…
Cette visite doit être effectuée par l’expert, accompagné, si besoin est, au minimum d’un spécialiste en
structure et d’un spécialiste en auscultations. Les éléments suivants font partie de la préparation de l’examen
visuel [2]:
– collecte et examen des documents disponibles (dossier de l’ouvrage, protocoles d’inspection);
– visite de l’ouvrage et observation des conditions locales;
– élaboration du plan d’inspection.

2
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Fig.2 : Equipement pour l’auscultation [3] .

3- Check-lists pour un examen visuel


L’examen visuel, comme toutes les autres étapes de l’auscultation, doit être soigneusement préparé. La
préparation commence avec l’examen des documents disponibles (plans de l’ouvrage, plan d’utilisation,
plan de sécurité, etc.). Sur la base des documents et d’une visite de l’ouvrage on établira un programme
détaillé de l’inspection, avec la mention du personnel et du matériel nécessaires. Observation des
dégradations, moyens auxiliaires nécessaires et éléments pour le procès-verbal, on a put les classées comme
suit [3] :
Observations générales sur l'ouvrage
Caractéristiques Moyens auxiliaires Résultats, Contrôles,
Documentation Compléments
Aspect général Visite de l'ouvrage, Etat général, photographies
jumelles, appareil photo
Météo Thermomètre Température de l'air, de
l'eau, des matériaux, de
l'élément de construction,
vent
Orientation (exposition) Boussole Exposition aux
intempéries
Etat des fondations Appréciation visuelle Importance des tassements, Attention: les dégradations
déversements, sont souvent
affouillements cachées
Etat des appuis, des Appréciation visuelle, Aptitude au service, L'appréciation
articulations, des joints, appareil photo, miroir photographies, visuelle, après des
des étanchéités, des précipitations, est
drainages, des revêtements souvent très instructive

3
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Eléments de construction et ouvrages en béton, béton armé et béton précontraint [3]


Caractéristiques Moyens auxiliaires Résultats, Contrôles,
Documentation Compléments
Coloration, par exemple Appréciation visuelle, Formes, couleurs, Rechercher les endroits
par la rouille ciseau, massette situations, «creux» (martèlement,
dimensions, évent. piquage)
particularités (par
exemple attaches)
Eclats, délitages Appréciation visuelle, Emprises, profondeurs, Rechercher les endroits
ciseau, massette situations, corrosion des «creux» (martèlement)
armatures
Zones humides Appréciation visuelle, Situations, quantités Martèlement pour détecter
ciseau d'eau résurgente, les zones de désagrégation
éventuellement piquage (gel). analyse de l'eau
de la zone d'arrivée de (chlorures),
l'eau prendre en considération
les conditions météo
Coulures, efflorescences Appréciation visuelle, Formes, couleurs, Rechercher les endroits
ciseau positions, sonnant «creux»
dimensions, (martèlement), évent.
particularités piquage
Altérations Appréciation visuelle, Formes, couleurs, Direction principale du
palper, ciseau situations, particularités vent
(liant, granulat)
Structure superficielle Appréciation visuelle Formes, dimensions, Absorption d'eau
alvéoles, ségrégations situations, particularités
(par ex. joints de travail)
Fissures: Appréciation visuelle, Types, situations, Rechercher les endroits
– Type et disposition loupe longueurs «creux» (martèlement),
– Largeur Loupe graduée, chablon à Largeurs des fissures évent. piquer, relever les
– Variation de longueur fissures (positions déterminées) phénomènes connexes
– Lèvres de la fissure Témoins, extensomètre Variations dans le temps (par ex. coulures)
Appréciation visuelle, Colorations, humidité, Date, météo
ciseau, loupe corrosion de l'armature Date, météo, trafic
(influences)
Martèlement,
cavité
Absorption d'eau de la Humidification, Situations, comparaisons Structure de la surface
surface appréciation
visuelle
Joints, arêtes, liaisons Appréciation visuelle Particularités Dégradations, corrosion,
dépôt de saleté
Déformations Appréciation visuelle Situations, directions Fissures, types et
orientations
Carbonatation Piquage, mesure du pH Coloration (profondeur à
par la méthode avec partir de laquelle le
indicateur sur une surface pH > 9)
fraîchement cassée et
propre
4
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Eléments de construction et ouvrages en acier [3]


Caractéristiques Moyens auxiliaires Résultats, Contrôles,
Documentation Compléments
Corrosion Appréciation visuelle, Etendue et profondeur, Enlever le revêtement,
brosse métallique, épaisseur saine, coloration, décaper
tournevis, ciseau, burin type de rouille,
(grains fins, écailles),
aspect de la surface de
l'acier
Fissures Appréciation visuelle, Situations, longueurs, Trafic (influences),
loupe graduée largeurs, variations des températures, essai de
ouvertures ressuage, dates
Coulures, concentrations Appréciation visuelle, Positions et directions
de contraintes appareil photo des coulures dans la zone
de laminage, photo
graphies
Déformations, voilements Appréciation visuelle Dimensions, directions,
étendues des déformations
Moyens d'assemblage Appréciation visuelle, Positions et déformations
desserrés (rivets, marteau, clé dynamo - des moyens d'assemblage
boulons) métrique desserrés, fissures
sur la tête des boulons,
assemblages cisaillés
Etat des peintures et des Appréciation visuelle, Adhérence à la bande Essai de quadrillage
revêtements de protection couteau, essais adhésive, épaisseurs (valeur Gt 0-5)
d'arrachement avec
bande adhésive
Eléments de construction et ouvrages en maçonnerie, de pierres naturelles et de briques
Caractéristiques Moyens auxiliaires Résultats, Contrôles,
Documentation Compléments
Aspects, éclats (écailles, Appréciation visuelle, Dimensions, profondeurs Piquage des parties
décollements), dégrada - ciseau ( martèlement) et positions des parties dégradées, différences
tions par les intempéries dégradées, différences de de
couleur et de structure rugosité
des surfaces
Joints Appréciation visuelle, Importance et profondeurs Assises des pierres dans
ciseau (martèlement) des dégradations le lit de mortier
des joints de mortier et
de leurs bords, salissures
et racines dans les joints
Résurgences, zones Appréciation visuelle, Positions et dimensions Conditions météo,
humides ciseau piquage éventuel
Déformations Appréciation visuelle Positions et dimensions Dates, influences
des déformations
Fissures Appréciation visuelle, Positions, longueurs, Dates, influences
ciseau, loupe graduée largeurs, variations des
ouvertures
Efflorescences, dépôts, Appréciation visuelle Dimensions, types Martèlement des sur -
présence de sels faces touchées

5
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Eléments de construction et ouvrages en bois [3]


Caractéristiques Moyens auxiliaires Résultats, Contrôles,
Documentation Compléments
Généralités Appréciation visuelle Etat et étanchéité des Ventilation
raccords aux parois et des
joints de dilatations,
couvertures,
revêtements,
dégradations mécaniques
Pourritures et parasites Appréciation visuelle, Variations de la coloration, Résistance à la pénétration
marteau, perceuse, état de décomposition
endoscopie
Fissures Appréciation visuelle Positions , longueurs, Contrôle des joints collés
évent. Largeurs
Appuis Appréciation visuelle
Pincements, écrasements
Assemblages desserrés Appréciation visuelle, Positions et dimensions
marteau
4- Types d’auscultations
Deux catégories d’investigations se présentent : les méthodes non destructives et les méthodes destructives.
4-1- Investigations non-destructives
Ces méthodes permettent d'analyser la structure sans porter atteinte à son intégrité. Ceci est à privilégier
dans différentes structures, tels que les monuments ou bâtiments historiques, où il est difficile de pouvoir
prendre des échantillons de la structure pour la caractériser. Ces méthodes sont également en faveur dans le
cas où la structure est atteinte et affaibli, l'échantillonnage de ce type de structure pourrait l’affaiblir
davantage.
4-1-1 Méthodes d’auscultation du matériau en place
a) Ondes mécaniques
 Ultrasons : Le tableau suivant donne les résultats
d'essais obtenus par le CEBTP sur l'auscultation sonique
des bétons :

6
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Fig. 3 : Ultrasons

 Tomographie : un tomographe un appareil qui permet de livrer des images à très haute résolution de
l’intérieur d’un matériau.

Fig. 4 : Tomographie

 Impact-écho
Pour assurer un contrôle de la qualité du béton ou du béton projeté sans l'endommager, il convient d'utiliser
des méthodes non destructives. Ces méthodes sont divisées en deux catégories générales: (1) celles qui sont
capables d'estimer la résistance, la durabilité, la dureté, la qualité et les propriétés élastiques; (2) celles qui
sont capables de détecter et de localiser des anomalies ainsi que de déterminer l'épaisseur d’une couche de
béton projeté et/ou la nature de son adhérence au roc. Cette section passe en revue la méthode MSR Impact-
Écho utilisée pour mesurer l’épaisseur du béton projeté.

7
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Fig. 5 : Impact-écho [4]

b) Electromagnétiques
 Pachomètre

Un pachomètre est un appareil qui sert à déterminer l'épaisseur d'un verre1, ou d'une structure de béton armé.
Dans ce dernier contexte, il permet de localiser les armatures d'un ouvrage en béton armé, en mesurant la
perturbation d'un champ magnétique généré en surface du béton.

Un Pachomètre, ou détecteur d'armatures, est un instrument destiné à mesurer l'épaisseur de béton au-dessus
de barres de renfort ou de tuyaux métalliques. Un pachomètre peut indiquer la profondeur de l'armature, son
emplacement, son orientation et son diamètre.

8
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

Fig. 6 : Pachomètre
 Radar
La réflectométrie par radar (radar géophysique) est une méthode d’investigation non destructive à haut
rendement, légère, qui permet la reconnaissance interne des structures (géométrie) et la détection
d’anomalies pouvant les affecter.
Il est également possible de repérer les éléments métalliques de renfort d’une cheminée maçonnée
(chaînages, filants, tirants… conduits métalliques) et bien sûr la position des aciers (profondeur, maillage)
dans le cas du béton armé.
La profondeur d’investigation du radar peut atteindre plusieurs mètres dans les cas les plus favorables. Elle
est généralement de l’ordre de 1 à 2 mètres dans les maçonneries et de 0,5 à 1 mètre au maximum dans le
béton armé.

Fig. 7 : Le radar

9
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

c) Electriques et électrochimiques
Mesure de la résistivité du béton de surface.
Un appareil porte-électrodes est plaqué sur le parement, puis un courant d’intensité I est envoyé
dans le béton à partir des 2 électrodes de courant. La différence de potentiel V créée est mesurée
entre les 2 électrodes de potentiel. La résistivité est déduite du rapport V/I, de la distance entre 2 électrodes
voisines, et de la géométrie du dispositif utilisé (dispositif Wenner : 4 électrodes alignées ; ou dispositif
carré, ou dispositif bipolaire, etc.).
 Résistivité électrique
 Potentiel de corrosion
 Vitesse de corrosion

Fig. 8 : Résistivité du béton de surface


Les zones de faible résistivité présentent une forte humidité et/ou une forte teneur en sels (chlorures) et sont
donc des zones où le risque de corrosion des armatures est important. Les valeurs de résistivités mesurées
sur ouvrage sont comparées aux valeurs citées dans la recommandation RILEM TC 154-EMC :

10
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

d) Autres
 Scléromètre
Le scléromètre de Schmidt, décrit ci-dessous est un instrument servant à mesurer la résistance à la
compression d'un matériau, comme le béton. L'indice de rebondissement à la surface du matériau est
proportionnel à sa résistance à la compression.
Le scléromètre constitué d'une tête en acier, d'un ressort calibré et d'un manche utilisé pour mesurer le
rebond de sa tête après son choc avec la surface d'un matériau ou d'une structure. Le scléromètre s'utilise
généralement dans le secteur de la construction et parfois aussi dans d'autres secteurs industriels.
Les éprouvettes préalablement rectifiées, sont maintenues entre les plateaux d'une presse sous une contrainte
de 0,5 MPa. Le scléromètre étant placé perpendiculairement à l'axe de l'éprouvette, on relève 27 mesures
réparties sur 3 génératrices en 27 points distincts et distants entre eux de 30 mm. Aucune mesure ne doit être
située à moins de 40 mm des faces planes de l'éprouvette. La norme précise que l'indice sclérometrique (Is)
est la médiane des valeurs. Cependant de nombreux laboratoires préfèrent déterminer l'indice sclérometrique
comme étant la moyenne quadratique des mesures, après élimination des 2 valeurs extrêmes.

Fig. 9 : Scléromètre de Schmidt [5]


L'essai au scléromètre est destiné à mesurer la dureté superficielle du béton et il existe une corrélation
empirique entre la résistance et l'indice sclérometrique. Des études réalisées au LCPC ont montré que la
corrélation peut prendre la forme :

Rc = aI s 2 + bI s + c

En première approximation, pour des granulats siliceux de qualité courante (Dmax = 16 mm), et pour un
béton de résistance inférieure à 30 MPa, on peut considérer que :

Is2
Rc = - 0 .3 I s
37

11
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

4-2- Méthodes de laboratoire / Prélèvements


Objectif des essais et analyses sur prélèvements :
Caractériser les propriétés des matériaux (béton, acier) et/ou détecter la présence de pathologies (collecter
les données d'entrée pour un recalcul, identifier les causes de désordres observés sur l'ouvrage), les
méthodes utilisées en laboratoire après des prélèvements sur site sont regroupés:

Fig.10 : Méthodes de laboratoire / Prélèvements [6]

Les méthodes de contrôle destructif (CD) et non destructif (CND) constituent l’une des voies adaptées pour
une évaluation à grand rendement. En effet, elles permettent de donner des informations quantitatives sur la
totalité de la surface auscultée et de limiter ainsi le nombre de prélèvements.
Cette partie présente des renseignements sur le processus d’évaluation de béton dans une structure existante.
Ces techniques d’auscultation sont en général d’un coût relativement élevé et leur interprétation est
discutable. De telles techniques d’auscultation peuvent toutefois apporter, dans certains cas particuliers, une
contribution à une meilleure appréciation d’un problème. Les tableaux ci-dessous donnent les différents

12
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

procèdes d’auscultations des éléments de structures d’après le document (Techniques d’auscultation des
ouvrages de génie civil Structures, routes, réseaux de conduites [3])

1) Constructions, parties d'ouvrages, équipement

13
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

2) Fondations et sols de fondation [3]

3) Pieux, parois moulées [3]

14
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

4) Eléments en béton [3]

15
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

16
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

5) Acier d'armature (y compris précontrainte à fils adhérents) [3]

17
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

6) Acier de précontrainte (précontrainte par câble avec gaine) [3]

18
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

7) Acier (acier de construction) [3]

19
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

8) Maçonnerie [3]

20
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

9) Protections des maçonneries (enduits), etc. [3]

10) Protections des maçonneries (plaques de parements)

21
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

11) Constructions en bois [3]

12) Eléments de fixations en aciers inoxydables [3]

22
Chapitre III Méthodes d’auscultation des constructions

13) Tirants d'ancrage (en rocher et terrain meuble) [3]

Références bibliographiques :
[1] Bruno Godart , guide d’auscultations des ouvrages d’arts
[2] RÉPARATION DU BÉTON, Cahier pratique, Moniteur des travaux publics et du bâtiment
[3] Techniques d’auscultation des ouvrages de génie civil, Structures, routes, réseaux de conduites
Office fédéral des questions conjoncturelles, 3003 Berne, juillet 1991.
[4] Ferri P. Hassani, Moe Momayez, Conception d’un nouvel appareil d’auscultation des couches de béton
projeté sur les parois des galeries de mines souterraines, Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en
sécurité du travail, novembre 2004.
[5] Zemri Cheikh, Cours Méthodes expérimentales, Notes de cours
[6] Nicolas Bessoule, Les procédés d’investigation sur les ouvrages en béton armé, Colloque Le Pont 2018

23
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Les principaux matériaux et techniques de réparation

IV.1 Introduction
Le risque sismique est lié à l'aléa sismique et à la vulnérabilité de la construction, raison pour laquelle une
démarche globale de conception parasismique dans la construction doit être mise en place. Elle doit
s'appuyer sur le respect de la réglementation parasismique, la conception architecturale parasismique et la
mise en œuvre soignée de la construction. Le dimensionnement d'une structure contre les actions d'un
séisme dépend du comportement ductile ou non ductile.
Dans le cas d'un comportement non ductile, la structure devra être très rigide et résistante, générant ainsi des
coûts élevés. L'ouvrage ne subira que peu des dégâts même pour un séisme d'une certaine importance.
Toutefois si les valeurs admises pour le dimensionnement sont dépassées, la structure pourrait s'écrouler de
façon fragile. Le comportement ductile permet une dissipation d'énergie considérable dans certaines sections
choisies sans provoquer l'écroulement de la structure globale.
Le dimensionnement permet d'adopter des sections plus faibles et conduites à des structures plus
économiques. Cependant, il est à noter que la structure peut subir, déjà pour des séismes de faible
magnitude, des déformations plastiques qui nécessitent une réparation ou un renforcement de certaines
sections. Actuellement il existe plusieurs méthodes pour le renforcement des structures vis-à-vis au séisme
dans le but d'augmenter la capacité des structures.
De nos jours le béton est l’un des matériaux les plus courants dans la construction et atteint une importance
majeure dans la société actuelle étant donné sa grande utilisation. La production annuelle de béton dépasse
les 10000 millions de mètres cubes. A l’heure actuelle, aucun matériau de construction n’est employé dans
de telles quantités. De nombreuses structures de béton sont cependant désuètes suite à l’action du temps, aux
erreurs d'exécution, aux utilisations dans d'autres fonctions que celles prévues initialement, aux attaques
chimiques, aux sollicitations exceptionnelles. Ces contraintes réduisent la capacité de résistance du béton et
par conséquent la capacité résiduelle de la structure peut ne plus être adaptée à son utilisation ou pour tout
nouveau usage.
L’étude systématique des dossiers d’expertises des sinistres permet de tirer des enseignements qu’il est
opportun de porter à la connaissance des concepteurs, des constructeurs et des utilisateurs. Le présent article
décrit une méthodologie générale d’expertise et de réparation, depuis la découverte des désordres jusqu’au
suivi de l’ouvrage après réparation. Cette méthodologie peut être également utilisée pour le renforcement ou
l’amélioration d’un ouvrage. Elle est présentée sous forme d’organigramme. Un texte suit cet organigramme
et en commente rapidement les différentes cases.

1
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.1 : Synoptique des étapes clés pour la réparation et le renforcement d’ouvrages en béton [1]

2
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

IV.2 Pathologie des bâtiments


Le projet d’une structure consiste à définir avec précision chacun des éléments qui la composent ainsi que la
manière de la construire, le tout en accord avec son usage ou sa fonction finale. Le schéma de sa conception
et, plus tard, de sa construction est toujours le même :
 Résoudre un schéma structurel,
 Comparer les charges majorées et les résistances minorées,
 Dimensionner les éléments résistants,
 Rédiger le projet,
 Exécuter la structure,
 Surveiller sa vie en service,
 Assurer l’entretien approprié.
Si une structure est bien conçue et correctement exécutée, elle n’aura besoin d’aucun renforcement au
moment de sa mise en service.
Cependant, suite à des erreurs dans le projet ou dans l’exécution, ou suite à diverses circonstances lors de la
vie en service, des renforts peuvent s’avérer nécessaires.
Ce changement de circonstance implique que la nouvelle structure, issue du « projet actualisé », soit plus
exigeante que l’antérieure.
Toutes les causes de renforcement peuvent être considérées comme une modification des données initiales
du projet, par exemple, le problème du vieillissement qui est traité comme une structure nouvelle avec des
matériaux de moindre résistance.
IV.2.1La nécessite d’un renfort :
Les causes qui conduisent à un renfort structurel sont aussi nombreuses que le nombre des structures elles-
mêmes, chaque cas devant être considéré comme un cas particulier. Les plus fréquentes sont :
a) Erreurs de conception

Maçonnerie non chaînée (Figure. IV.2(a)), bâtiments avec vide sanitaire sur poteaux courts, salles de classe
ou autres locaux avec ouvertures en vasistas: formations des poteaux courts (Figure .IV.2(b)), l'effet P-∆
(Figure .IV.3) et dispositions constructives non adaptées (Figure IV.4)

3
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure IV.2 : (a) Maçonnerie non chaînée,(b) La formation des poteaux courts [2]

Figure IV.3 : (a) Poteaux de géométrie élancée, (b) Disposition incorrecte a subi une flexion globale des
cadres [2]

4
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.4 : (a) Eclatement du noud par manque de frettage, (b) Effondrement par manque de ductilité
[2].
b) Erreurs de calcul Absence de calcul.

En Algérie ceci est valable pour l'écrasante majorité des constructions étudiées et réalisées avant 1981, et
pour les constructions individuelles après 1981 et de Boumerdès 2003.

c) Qualité de réalisation

La qualité doit répondre à un minimum de règle de l'art aussi bien au niveau des matériaux et composants de
gros œuvres (et particulièrement de structure) eux mêmes, qu'au niveau également de la mise en œuvre.

d) Les causes techniques


 Mauvaise conception architecturale : Lorsque la forme en plan des bâtiments est irrégulière
(Figure.IV.5 : a, b et c), dissymétrique, ou présente des décrochements notables (Forme en L,T et U),
la conception structurale est souvent complexe et entraîne, en l'absence de joint des efforts de torsion
nuisibles qui modifient le comportement dynamique des bâtiments (Figure .IV.5).

5
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.5 : Cas de bâtiments en L et changement en élévation [2]

 Mauvaise conception structurale, dans certains cas le contreventement est insuffisant : sous
dimensionnement, contreventement dans un seul sens, plancher (Figure .IV.4). Changement brusque
des rigidités en élévation assez rigide dans leur plan et ne pouvant faire fonctionner l’ensemble des
éléments de contreventement, l'ignorance de l'interaction maçonnerie-structure, (Figure .IV.6), la
mauvaise conception des nœuds, etc.

Figure .IV.6 : Interaction Maçonnerie-portique et Formation de fissures en X [2].

 Mauvaise mise en œuvre : Une cause importante des désordres est la mise en œuvre due soit à la
qualité des matériaux ou le non respect des plans et règles de l'art.
 Insuffisances diverses : insuffisance de contrôle de la qualité des matériaux et le suivi des travaux
pendant la phase de réalisation.

6
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

 Manque des études de reconnaissance géotechnique du sol qui permettent d'éviter les grands
mouvements de sol induits par le séisme.
 Rénovation des structures anciennes : prise en compte de renforts par des sollicitations non
considérées au moment du projet ou de la construction (vibration, actions sismiques et autres),
connaissance des insuffisances de la méthode de calcul utilisée lors de la conception, ainsi que des
limitations montrées par des structures calculées durant une époque ou période, vieillissement des
matériaux avec perte des caractéristiques initiales.
e) Dégâts dans la structure :

Corrosion et diminution de la section des armatures dans le béton. On distingue principalement deux
facteurs favorisant l’apparition de la corrosion dans le béton armé. Tout d'abord, il y a la carbonatation du
béton, lorsque le pH du béton descend en dessous de neuf (09) les armatures ne sont plus passivées. Ce
phénomène est occasionné par la réaction entre les hydrates de la pâte de ciment et le CO2 atmosphérique.
L’autre facteur étant les chlorures, la dépassivation s’opère lorsque la teneur en chlorures au niveau des
armatures autres dépasse un certain seuil. Il est admis que ce seuil correspond à une teneur de 0,4% par
rapport à la masse du ciment.

Figure .IV.7 : Phénomène de corrosion [9].

7
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.8 : Principales causes de dégradations des bétons armés ou précontraints [1].

IV.3 Méthodes de renforcement

Le renforcement est une opération qui consiste à augmenter le niveau de service et en particulier
l'augmentation de la ductilité et de la résistance d'un élément de structure pour en permettre l'utilisation dans
des conditions non prévues à l'avance pendant la phase de conception et de calcul. Parmi les nombreuses
techniques de renforcement, les plus courantes:

8
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

IV.3.1 Projection du béton

Cette technique est largement répandue, tant sur le plan de renforcement des structures ou éléments
structurels insuffisantes, que sur un plan de réparation des structures ou éléments structurels
défaillantes, et exigeant une mise en œuvre soignée . Le béton projeté peut éventuellement être associé
à un autre mode de réparation qui est le rajout d’armatures d’acier . Il existe deux techniques principaux de
projection du béton, dont la différence principale réside dans la chronologie des opérations élémentaires: une
projection par voie sèche (avec ou sans prémouillage) et une projection par voie mouillée (à flux dilué ou à
flux dense). La plupart des adjuvants et additions utilisés dans la fabrication des bétons mis en place par
coulage peuvent être incorporés dans le béton projeté. La nature de ces ajouts est à adapter au mode de
projection utilisé. En fait, la plupart des matériaux employés, pour fabriquer des bétons spéciaux mis en
œuvre par coulage sont utilisables pour élaborer des bétons projetés particuliers:

 Les bétons projetés léger à base de granulats légers (argiles ou schiste expansé)
 Les bétons projetés de fibres à base de fibres métalliques, mais aussi à base de fibres de verre.
 Les bétons projetés avec incorporation de fumé de silice.
Il y'a lieu de faire une distinction entre le béton et le mortier projeté utilisés en réparation de structure. La
dimension maximale des granulats utilisés permet de différencier le mortier du béton. Le mortier à des
granulats dont la dimension est inférieur ou égale à 5mm. Le béton contient des granulats dont la dimension
peut aller jusqu'à 16mm en voie sèche et 12mm en voie mouillée, ces valeurs sont celles actuellement
compatibles avec le matériel couramment utilisé et correspondant à celle du mélange avant projection. Le
terme "béton projeté" peut alors parfaite exagérée, quand la valeur de dimension des granulats du béton est
de l'ordre de 6 à 8mm, car il s'agit en fait d'un "micro-béton".

Figure IV.9 : Réparation d’un pont grâce à l’utilisation du béton projeté [4]

9
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

 Projection par voie sèche (avec ou sans prémouillage)


Avec cette technique, le mélange des constituants (à l’exception de l’eau) est introduit dans la machine à
projeter, puis propulsé dans une canalisation par un flux d’air comprimé. Dans la projection sans
prémouillage, l’eau est introduite au droit de la lance de projection, tandis qu’avec remouillage l’eau est
ajoutée dans la conduite deux à trois mètres avant la lance, ce qui a pour effet de diminuer l’émission de
poussière.
 Projection par voie mouillée
Le mélange de tous les constituants du béton, y compris l’eau, est introduit dans la machine à projeter. Le
transport est effectué dans une canalisation, soit par un flux d’air comprimé pour la voie mouillée à flux
dilué, soit par pompage pour la voie mouillée à flux dense. Dans les deux cas, une injection d’air comprimé
à la lance de projection est nécessaire pour accélérer la vitesse de projection. Le béton peut être fabriqué
dans une centrale à béton de chantier ou une centrale de béton prêt à l’emploi.
Chacun des procédés ayant ses avantages et ses inconvénients, il convient donc de choisir le mode de
projection à utiliser suivant la nature des travaux à réaliser. Actuellement, en France, l’emploi de la voie
sèche est fortement recommandé pour la réparation des ouvrages d’art.

Figure .IV.10 : Renforcement d’une poutre par béton projeté [5]

IV.3.2Augmentation des sections par un béton additif


Le procédé classique dont l’efficacité a été largement vérifié par l’expérience, consiste à chemiser l’élément
en augmentant sa section par mise en œuvre d’une épaisseur de béton sur tout le périmètre de l’élément
primitif. L’utilisation d’un micro-béton, auto-compactable, pour remplir les interstices sans mode de
vibration, peut s’avérer essentielle.

10
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

La préparation du support est très importante, il est donc nécessaire de faire des décaissés dans le béton pour
améliorer la transmission des efforts, de traiter les surfaces avec une peinture primaire de résine époxy. Ces
décaissés seront remplis en béton avant le séchage des résines.
S’il s’agit d’un renforcement avec armatures, il faudra mettre cette armature en place et réaliser le bétonnage
par coulage ou pompage.
Le béton devra être traité avec des adjuvants pour éviter la vibration et le compactage.
Lorsqu’il n’est pas possible de faire un chemisage complet des éléments pour le cas des façades, il faut
recourir à d’autres procédés : renforcement par plaques métalliques ou bien l’épaississement de l’élément en
béton sur deux faces opposées.
Les éléments de renfort doivent être ancrés dans le béton primitif : soit par boulonnage pour le cas des
platines métalliques, soit par ancrage pour le cas de béton additif.

Figure IV.11 : renforcement d'une poutre par chemisage [6].

Figure IV.12 : renforcement d'un poteau et une fondation par chemisage[5].

11
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

IV.3.2.1 Adhérence entre les deux bétons


L'adhérence représente la résistance au cisaillement, en l'absence d'un effort de compression normal sur cette
interface et d'une armature de couture qui la traverserait.
Cette adhérence est due essentiellement à une liaison chimique entre le béton existant et le nouveau béton.
La valeur maximale de l'adhérence est atteinte pour des valeurs de glissement d'environ 0,01 à 0,02 mm et
est maintenue pratiquement constante jusqu'à des valeurs de glissement de l'ordre de 0,05mm [8].
IV.3.2.2 Les inconvénients de chemisage
Les inconvénients de renforcement par béton additionnel sont résumés dans le tableau IV.1 ci-dessous
comme suit:
Avantages Inconvénients
 Technique peu coûteuse du fait  Augmentation considérable des sections donc du
des matériaux utilisés. poids de la structure.
 Main d’œuvre peu qualifiée.  Les éléments sont plus encombrants et mois
esthétiques.
 Nécessité de mettre hors service l’ouvrage à
renforcer pendant la durée des travaux qui est
généralement longue.
 Transport des matériaux.
 Nécessité de coffrages.
 Mise en œuvre souvent difficile.

Tableau IV.1 : Avantages et inconvénients du chemisage en béton armé

IV.3.3Renforcement par platines métalliques


Ce type de renforcement consiste à pallier les insuffisances locales ou globales des structures en béton par
des tôles d'acier, collées en surface du béton.
Cette surface de béton doit subir avant tout, une préparation soignée ayant pour objet d'éliminer de la surface
toutes les parties peu adhérentes et de supprimer les imperfections locales afin de la rendre la plus plane
possible.
IV.3.3.1 Les matériaux utilisés
a) La colle : c'est une résine époxy choisie pour ses propriétés d'adhérence sur l’acier ainsi que sur le
béton.
Le film résiduel de la colle doit être de faible épaisseur et d'une rigidité suffisante pour transmettre
intégralement par adhérence les efforts à la tôle. Cette rigidité étant réduite par une augmentation de
12
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

température, des précautions spéciales doivent être prises dans le cas des structures soumises à des
températures élevées.
La colle n’apporte pas de résistance mécanique, mais doit transmettre les efforts.
b) La tôle : les tôles d'aciers sont généralement de qualité courante, leur épaisseur est limitée à 3mm de
façon à leur permettre de suivre les courbures du support.
Si des sections d'acier plus importantes sont nécessaires, il est préférable de superposer des tôles plutôt que
d'augmenter l'épaisseur dans le but d'épouser l'allure de la déformée de la section de béton renforcé
(exemple: ressorts à lames des camions) [6].
IV.3.3.2 La mise en œuvre des plats collés
- Pour parvenir à des fins de mise en œuvre correcte, il est impérativement souhaitable à procéder à un
sablage, permettant une préparation d'une grande surface de collage, sans attaquer en profondeur les
parements.
- Un mortier de ragréage est destiné à pallier, dans certains endroits, le manque d'enrobage des armatures
internes ou bien à replanir les surfaces, sans pour autant dépasser les 20% des surfaces destinées au collage.
- La colle est une résine époxy choisie pour ses propriétés d'adhérence à l'acier et au béton. Une attention
particulière doit être accordée aux conditions atmosphériques environnant le site lors de la mise en œuvre
des tôles.
- La colle n'apporte pas de résistance mécanique, mais transmet fortement les efforts.
- Les tôles ou platines de renfort, constituées, dans la plupart des cas, des tôles en acier. Ces tôles possède
une épaisseur de 3 à 5mm et doivent subir toute leur préparation en usine (découpage- préassemblage si
besoin, abattage des arrêtes ainsi qu’un éventuel sablage) pour avoir une bonne tenue de l'adhérence entre
l'acier et la colle.
- Les tôles doivent être protégées en utilisant une pellicule, de même nature que celle qui doit être appliquée
avant encollage.
- La protection des aciers contre la corrosion sur leur face visible doit être assurée. En fin des travaux, les
aciers doivent être protégés contre la corrosion.
- Après l'enlèvement de vernis de protection ou de primaire de protection, la colle est étalée sur tôle et sur la
surface du béton l'épaisseur minimale mise en œuvre sur chaque face est de l'ordre du millimètre.
- Le dispositif de serrage peut, suivant le cas, être constitué de serre-joints, des barres filetées transvasant
l'élément à renforcer, doit permettre d'appliquer sur toute la tôle une pression voisine de 4 N/mm2 durant
toute la duré de polymérisation de la colle.

13
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.13 : Quelques illustrations de consolidations de charpente en bois avec des profils en acier [6].

14
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.14: Différents étapes renforcement par gainage métallique [6]

IV.3.4Réparation ou renforcement par précontrainte additionnelle


La précontrainte additionnelle s'est imposé dans le renforcement ou la réparation, tant des ouvrages d'art que
des bâtiments, mieux même, les progrès technologiques accomplis dans le domaine de la réparation ont fait
évolues la conception du câblage puisque ils sont conçus, de nos jours, avec une précontraintes partiellement
ou totalement extérieur.
Sur le plan mécanique, la précontrainte additionnelle extérieure se caractérise par des faibles pertes de
tension par frottements, la possibilité d'ajuster assez facilement le tracé des câbles en fonction des effets
recherchés.

15
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Sur le plan pratique, elle offre une assez grande facilité d'installation et la possibilité d'un contrôle efficace
de l’exécution, en au droit des raccordements des conduites de précontraintes, c’est particulièrement vrai
pour l'incorporation des câbles qui, lorsque elle est préconisée, est simplifiée puisque l'on dispose, d'un accès
facile aux points hauts et bas du tracé.
Compte tenu de son efficacité et de sa souplesse de mise en œuvre, la précontrainte additionnelle peut être
employée pour renforcer et/ ou répare une grande variété d’ouvrage (ponts, barrages, réservoir, silos…) ou
éléments structuraux tels: dalles de plancher ou poutres.
IV.3.4.1 Conception d'une précontrainte additionnelle
a) Aspect général
La conception d'un câblage additionnelle, lorsque des dispositions spéciales n'ont pas été prévues au moment
du projet initial, doit être étudiée en intégrant, dans la flexion de l'étude trois aspects essentiels:
 L'injection et l'obturation des fissures.
 Prise en compte du changement éventuel du schéma statique de la structure ou l'élément structural
concerné.
 Préconisation de la démontrabilité de la précontrainte.
b) L'injection des fissures
Les ouvrages à répare présentent généralement des fissures d'ouverture variable. Il convient donc, dans tous
les cas, d'injecter préalablement les fissures, même si cette opération est longue, pour amoindrir les effets de
la non-linéarité et reconstituer, dans la mesure du possible, un solide élastique et homogène.
La précontrainte ne peut, à elle seule, refermer les fissures car, d'une part, les grains de béton ont pu se
détacher au moment de l'ouverture des fissures et modifier la conjugaison des lèvres.
Ces grains, sous l'effet de la précontrainte additionnelle, peuvent crées des points durs et perturber le
passage des efforts en l'absence d'injection préalable des fissures.
c) Changement du schéma statique
Il est rare que l'on cherche à modifier le schéma statique initial théorique d'une structure, en le renforçant ou
en le réparant, indépendamment de l'évolution du schéma statique réel due à la fissuration.
d) Démontage de la précontrainte
Dans tous les cas, la précontrainte additionnelle doit être démontable pour pouvoir être facilement remplacée
en cas de défaillance. Il peut arriver qu'on la souhaite réglable pour contrôler, dans le temps, l'effort de
précontrainte additionnelle appliqué et optimisé l'efficacité de la réparation. La démontrabilité soit possible
et pratique, tous les points singuliers du câblage additionnel, doivent êtres étudiées dans cette optique tels les
zones d'ancrages, les traversés d'entretoises, les bossages ainsi sur le déviateurs des câbles.

16
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

IV.3.4.2 Les différents tracés de la précontrainte additionnelle


Le tracé des armatures de précontrainte additionnelle peut être rectiligne ou polygonal. Un câblage rectiligne
est plus pratiques et aussi facile à le mettre en œuvre et les pertes d'effort par effet de frottement sont
localisées au voisinage des zones d'ancrages, et sont de faibles estimations [6].
Par contre le tracé polygonal qui consiste à dévier les câbles, de façon à optimiser l'effet du précontraint tant
sur le plan de la résistance en flexion que sur celui de la résistance à l'effort tranchant.
Les pertes par frottement sont un peu plus fortes que dans le cas d'un tracé rectiligne, tout en restant
modérées, et la mise en œuvre est plus compliquée, à cause de la confection des déviateurs, mais c'est la
conception la plus courante.

Figure .IV.15: le tracé polygonal [6]

Figure .IV.16 : Élargissement de la dalle de couverture d’une poutre-caisson [4].

IV.3.5 Adjonction des matériaux composites (Polymères Renforcés en Fibres)


Le renfoncement des structures par collage de tôle d'acier, resté favori dans le bâtiment, n'a connu qu'un
développement limité dans le domaine du génie civil.

17
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Afin d’affranchir de ce type de renfort, les groupes de recherche ont entrepris d'autres actions en utilisant
d'autres matériaux appelés: matériaux composites. Cette voie est plus prometteuse, et consiste à développer
une technique permettant le renforcement des structures en béton, en acier par imprégnation et collage d'un
tissu sec à base de fibre. (UN polymère renforcé en fibre de carbone PRFC).
IV.3.5.1 Définitions et avantages
Les fibres utilisées généralement dans le domaine du génie civil sont les fibres de carbone. Ces fibres sont
obtenues par pyrolyse des fibres organiques, réticulées et orientées en atmosphère contrôlé.
Elles s'utilisent essentiellement sous forme de matériaux composites pour conférer aux produits finis le
meilleur des propriétés physiques, statiques et dynamiques. Ces matériaux présentent une contrainte de
rupture très élevés pour une densité cinq fois moindre que celle de l'acier.
Les composites issus des fibres de carbone bénéficient sans équivalent et des propriétés physiques très
étendues.
 Grande résistance en traction (avec haut module d'élasticité)
 Grande résistance à la fatigue.
 Légèreté
 Grande résistance à l'usure
 Absorption des vibrations
 Grande résistance à la corrosion

IV.3.5.2 Contribution du FRP au renforcement


Ce paragraphe expose succinctement de quelle manière l’enchemisement par un polymère renforcé de fibre
d’une colonne de béton contribue à améliorer ses propriétés mécaniques. Ceci facilitera la compréhension de
l’influence des différents paramètres caractéristiques du FRP sur les propriétés de confinement d’un élément
de structure en béton exposée ci-après.
La littérature est riche d’analyse pour différentes structures et différentes contraintes mais nous nous
limitons volontairement à l’exemple d’éléments de structure type colonne ou poteaux en béton (armé ou
non) soumis à une charge uni axiale de compression. En effet, c’est cette configuration qui sera testée dans
la phase expérimentale de ce programme.
Le renforcement par FRP est une solution performante utilisée lors de réparation suite à des tremblements de
terre [7]. De nombreuses études sont donc menées sur l’effet de renforcement sur la résistance à des
contraintes excentriques comme celles rencontrées lors de tels événements mais non ne considérerons pas ici
cette thématique puisque la problématique sismique n’est pas une contrainte majeure dans nos régions.
Une éprouvette en béton soumise à une charge uniaxiale de compression se dilate latéralement sous la
contrainte.

18
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.17 : Contrainte et déformation d’une éprouvette cylindrique soumise à une charge uniaxiale de
compression [7].
L’enchemisement par un FRP permet donc de retarder la dilatation latérale de l’éprouvette de béton en la
confinant, limitant la propagation des fissures internes ce qui repousse la charge nécessaire à la rupture du
béton.

(I) : Application d’une charge en surface d’une colonne.


(IV) : Initialisation de fissures depuis le haut et le bas du renfort.
(IVI) : Propagation des fissures vers le milieu de la colonne enveloppée.

Figure. IV.18 : Mécanisme de rupture d’un béton enveloppé d’un FRP soumis à une charge de
compression [7].
Le mécanisme de rupture suggère que le dimensionnement du renfort ne devrait pas être basé uniquement
sur la résistance à la rupture ou sur la déformabilité de l’enveloppe de renfort et que les gains de résistance
devraient être réduits selon l’augmentation de la friabilité et de l’excentricité du béton [7]. D’autres
paramètres sont à prendre en compte comme nous le détaillerons ci-dessous.

19
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.19 : Modes de rupture d’un béton renforcé par un FRP à base de fibres de verre et de résine
époxy soumis à une charge de compression [7].
Les courbes de déformation en fonction de la contrainte de compression d’éprouvette de béton renforcées
présentent trois régions distinctes [7] :
 Une première zone similaire à celle d’un béton non renforcé, elle représente donc la réponse du
béton à la sollicitation,
 Une zone intermédiaire de transition plus ou moins importante selon la présence d’armatures,
 Une troisième zone pseudo-plastique caractéristique du FRP : une fois seulement le béton
endommagé le renforcement prend le contrôle des déformations de l’éprouvette et sa participation à
la résistance peut être mesurée. La forme et la pente de cette droite dépendent de la rigidité du
renforcement.
L’effet du renforcement sur la résistance limite à la rupture est d’autant plus important que le béton
initialement est résistant [7].

20
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.20 : Influence de la résistance initiale du béton sain sur la résistance axiale du béton renforcé
pour différents confinements [7].
 Epaisseur du renforcement
L’épaisseur du renforcement conditionne le confinement de l’éprouvette et donc améliore sa résistance à la
contrainte axiale. Il a été prouvé que, et ce quelque soit la nature du FRP, plus l’épaisseur du renforcement
augmente, plus la résistance à la compression du béton enchemisé s’améliore [7].

Figure .IV.21 : Influence de l’épaisseur du FRP sur le comportement contrainte/déformation [7].


Cependant, les résultats d’une étude canadienne montrent que les gains en résistance ne sont pas
linéairement reliés à l’épaisseur de l’enveloppe de renfort : aucune proportionnalité entre ces deux
paramètres n’a donc pu être établie [7].
L’épaisseur du renfort est pourtant limitée car au-delà d’un certain nombre de couches la ductilité du renfort
se trouve affectée et donc il sera moins performant car moins apte à se déformer pour confiner le béton [7].
21
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Orientation des fibres


L’orientation des fibres joue sur leur module élastique (voir figure 3.8).

Figure .IV.22 : Influence de l'angle d'orientation des fibres sur la valeur du module élastique [13].

La direction d’orientation des fibres par rapport aux efforts appliqués à la structure est capitale car elle
conditionnelles performances du renforcement.
Certains FRP ont des fibres dans une seule direction, d'autres intègrent un tissu qui reprend autant d’efforts
longitudinaux que transversaux. Il existe même des FRP dont les fibres sont orientées à 45º (l’orientation est
définie par rapport au plan horizontal de coupe de l’élément à renforcer), mais leur utilisation est réservée à
des structures hautement techniques et donc moins répandue.

Figure .IV.23 : Influence de l’orientation des fibres du FRP sur le comportement contrainte/déformation
[7].

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Diverses études scientifiques ont été menées sur ce sujet de l’orientation des fibres. Afin de confiner au
mieux une colonne de manière latérale, les fibres du renfort sont traditionnellement orientées selon la
circonférence de celle-ci.
Il a été observé que les fissures internes générées par l’application de la charge et menant à la rupture du
renfort se développaient à 45° par rapport à leur orientation. Des études ont donc prouvé que le renfort
pouvait être optimisé par l’application de différentes couches d’orientation différentes [7]. Pour une même
épaisseur de renfort, la configuration 0°/45°/0° s’avère meilleure que 45°/0°/45° et celle de référence 0°. Ces
résultats sont complétés par une étude pour une configuration 0°/15°/0° qui améliore les performances
comparée à une simple orientation circulaire, mais moins que pour des configurations utilisant l’orientation
à 45° [7].
 Longueur du FRP
Une étude relate que, bien qu’une augmentation de l’épaisseur du renfort soit bénéfique pour améliorer la
résistance, il n’en n’est pas toujours de même pour la longueur [7]. En effet, pour les FRP à fort module et à
faible nombre de couche au-delà d’une certaine longueur, dont les auteurs proposent une méthode de
détermination, des contraintes négatives apparaissent dans la circonférence de la colonne, détériorant les
propriétés de résistance et menant à une rupture rapide. Ces contraintes sont dues à l’apparition de
microfissures en haut et en bas du renfort là où le renforcement subi les contraintes radiales maximales.

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.24 : Effet de l’état de la longueur de liaison et du module élastique sur les contraintes
circulaires [7].

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

 Adhésion entre le béton et le FRP


L’état de l’interface entre le béton et le FRP et plus particulièrement la liaison entre les deux éléments est
évidemment un des principaux paramètres gouvernant l’efficacité du renforcement [13].

Figure .IV.25 : Effet de l’état de liaison sur le comportement contrainte/déformation [7].

D’autre part, Li et al. Montrent que plus la liaison est parfaite, plus les fibres orientées de façon axiale sont
efficaces que celles orientées circulairement. Au contraire, si l’adhésion du renfort sur le béton est mauvaise
alors l’orientation des fibres importe peu sur les performances du renfort.
IV.3.5.3 Application du FRP
Le choix du système de renforcement dépend fondamentalement du type de sollicitations auxquelles est
soumis l’élément à renforcer ainsi que ses caractéristiques géométriques et physiques.
Dans ce paragraphe seront différenciés les systèmes in-situ et des systèmes préfabriqués.
Les systèmes in-situ consistent à appliquer une « feuille » ou un tissu des fibres, unidirectionnelles ou
orientables, sur le substrat déjà imprégné de résine. Si besoin est, on ajoutera ultérieurement davantage de
résine pour obtenir un meilleur recouvrement du tissu et ainsi augmenter son comportement mécanique.
Dans un FRP préfabriqué les fibres sont déjà absorbées dans la matrice de résine, il ne reste plus qu’à
assurer son adhésion avec l'élément à renforcer. Ces éléments peuvent se présenter sous forme des bandes,
plaques, chemises ou barres.
Il est aussi important de différencier les techniques courantes (de base) et particulières. Les premières
consistent à appliquer le FRP, in-situ ou préfabriqué, de manière manuelle. Dans cette technique on place les
fibres les plus parallèlement possibles à la direction principale des tensions.
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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.26 : FRP appliqué in-situ (gauche) et technique sur précontrainte (droite)[7].

Les techniques particulières (cas limités) sont fonction de la géométrie de l'élément à renforcer. Parmi ces
techniques d’application on peut mentionner celles liées à l’application d’une enveloppe automatique, de
FRP précontraint, de FRP chauffé, de FRP préfabriqués de manière complexe, des « near-surface-mounted
barres » ou encore l’enchemisement par mortier [7].
IV.3.5.4 Systèmes de renforcement avec FRP
Le choix de la technique dépend de la géométrie de l'élément original ou du type de sollicitation à laquelle
on veut faire face. Ce paragraphe aborde ce dernier aspect.
 Éléments en flexion
L'élément de flexion le plus couramment renforcé par FRP est la poutre. Le système est simple : on colle le
renforcement à l'élément de sorte que les fibres soient orientées de la même manière que les efforts. La
technique la plus commune consiste à positionner le FRP dans la zone des sollicitations des moments
positifs. Son application est facile bien qu'il faille prendre soin de coller correctement (le renforcement) sur
toute sa longueur car dans cette zone des concentrations de tensions apparaissent de manière privilégiée et
facilitent le décollage du FRP, notamment à ses extrémités. Un système performant permettant d'éviter cet
effet négatif est les « near-surface bonded» barres, récemment mise au point. Dans cette technique, le FRP
est une barre préfabriquée qui est introduite dans une cavité de même forme (préalablement réalisée) et
totalement liée au reste de la poutre.
L’adhésion entre la poutre et le renfort est améliorée du fait qu'on augmente la surface de contact entre les
deux éléments sans employer une bande de FRP de plus grande section. Le principal inconvénient de ce
système est le besoin de devoir perforer la poutre, les armatures et les étriers pouvant être endommagés à
cette occasion.

26
Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.27: Near-surface-mounted bars [7].

L’utilisation de FRP précontraint ou traité par chauffage est également courante. Les planchers peuvent
également être renforcés avec ce type de composite. Dans ce cas la technique employée est celle de la
fixation des bandes de FRP dans des poutrelles, si nous traitons des planchers à éléments légers ou suivant
les nervures dans le cas de planchers réticulaires. Pour des dalles en béton, il est possible d’utiliser des lames
à fibres multidirectionnelles.
Le renfort d’un support à la flexion est plus difficile à obtenir dû à la difficulté de liaison des FRP avec les
nœuds.

Figure .IV.28 :Renfort face aux efforts de flexion au niveau du nœud poutre-poteau[7].

 Éléments soumis à effort tranchant ou flexion et effort tranchant

Le renfort à l’effort tranchant avec FRP est simple d’exécution en comparaison avec les méthodes
traditionnelles étés assez courant dans le monde de la réhabilitation. Le schéma suivant présente plusieurs
types des solutions pour le renfort des poutres en T à l’effort tranchant :

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.29 : Différents types de renforts d’une poutre à l’effort tranchant [7].

Les différents types répondent à des sollicitations particulières. Le renfort A est destiné à l’effort tranchant,
le B contribue également au renfort à la flexion. Pour cette technique, l'utilisation de FRP préfabriqué est
très commune étant donné sa simplicité d’exécution.

Figure .IV.30 : FRPs préfabriqués [7].


Il apparait parfois nécessaire de confiner des supports (poteaux) pour les renforcer à l’effort tranchant. Cette
technique sera traitée dans le point suivant puisque elle contribue aussi à l’augmentation de la résistance en
compression.

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure .IV.31 : Entre les zones marquées en rouge, l’application d’un FRP orientable est nécessaire [7].

Il est recommandé que les fibres soient bidirectionnelles au niveau du nœud, orientées tant dans le sens de la
poutre que du support.
 Confinement du support
Le confinement avec FRP est principalement utilisé pour des éléments en compression afin d'augmenter leur
résistance face à ce type de contrainte et leur comportement ductile. L'utilisation de FRP pour confiner les
supports présente de nombreux avantages comparée à l'emploi d'acier. Tandis que l'acier maintient une
tension de confinement constante, le FRP présente un comportement élastique qui provoque un
accroissement de l'action de confinement sous dilatation. En contrepartie, le FRP présente une rupture moins
ductile que l'acier. Il contribue de plus à éviter le glissement des barres dans des points où la longueur de
joint n'a pas été bien conçue et retarde l’apparition de flambement. Le confinement peut être réalisé par
tronçons, en spirale ou peut couvrir toute la surface du support selon les résultats attendus. L'utilisation de
FRP préfabriqué est relativement répandue dans cette technique.

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Chapitre IV & V Les principaux matériaux et techniques de réparation

Figure. IV.32 : Enchemisement avec FRP préfabriqué (gauche) et in-situ (droite) [7].

Références bibliographiques
[1] Patrick Guiraud « Les solutions techniques pour la réparation et le renforcement des ouvrages de génie
civil en béton », Construction Moderne / Annuel Ouvrages d’art 2011.
[2] KASSOUL Amar « chapitre II : pathologie des bâtiments endommagés par les Génie Civil – Option :
SCI.
[3] Lorry-Alan MOALIC « Réhabilitation d’ouvrages en béton armé Du diagnostic au confortement »,
Projet de Fin d’études, INSA DE STRASBOURG – SPECIALITE GENIE CIVIL, 2012.
[4] Jean-Armand CALGARO, Roger LACROIX « Projet de renforcement ou de réparation d’un pont »,
Techniques de l’Ingénieur, traité Construction, Doc. C 4 503.
[5] Frank Gauthier « Pathologie et rénovation : Risque sismique renforcer le bâti existant » qualité de
construction N°125 , Mars/Avril 2011.
[6] Mohcene BOUKHEZAR « REHABILITATION ET RENFORCEMENT DES POUTRES AU MOYEN
DES MATERIAUX COMPOSITES » Mémoire de Magister, Université Mentouri, Constantine, Juillet
2009.
[7] Benjamin LACLAU «Étude des spécificités des bétons de la première moitié du 20ième siècle et leur
adaptabilité aux nouvelles technologies de renforts composites » Fonds communs de coopération
AQUITAINE / EUSKADI, le 18 septembre 2009.
[8] Roberts TM, Haji-Kazemi H. Theoretical study of the behavior of reinforced concrete beams
strengthened by externally bonded steel plates. Proc Instn Civil Engrs 1989;87(Part 2):39-55.

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