Français Séquence 4
Français Séquence 4
Français Séquence 4
Définition à connaître.
BLASON : Le blason anatomique du corps féminin apparaît au XVIe siècle à la Cour de François Ie
sous l’impulsion du poète Clément Marot, pour faire l’éloge d’une partie ou de la totalité du corps
féminin. A l’origine, ces poèmes, objets de joutes poétiques, présentent une versification simple (à
base d’octosyllabes ou de décasyllabes) et leurs rimes sont suivies.
Informations complémentaires :
Les poètes de la Pléiade se saisissent à leur tour du blason, sous la forme plus raffinée du sonnet (en
alexandrins le plus souvent). Ils font encore l’éloge du corps féminin : le blason constitue donc une
forme traditionnelle du lyrisme amoureux.
Mais à la suite de Joachim du Bellay, plusieurs auteurs s’emparent du blason avec d’autres enjeux
(critiques, moraux, satiriques…)
Ma définition du blason :
Le blason poétique se rapporte sans conteste selon moi à une éloge. En effet, un blason est au
moyen âge le symbole de la noble maison, l'allégorie de celle- ci, qui doit montrer que ses gens sont
braves, fiers, fougueux. Le blason poétique concerne tout ce qui est en rapport avec la personne ,
l'objet, le sentiment, l'attribut- que sais- je ?- que le poète décrit : son apparence, l'effet qu'il produit
sur nous par son pouvoir. Il permet d'exposer le sujet sous son meilleur angle, sa meilleure facette.
Le lecteur doit comprendre à tout prix que cette chose dont on est en train de parler est sublime,
parfaite. La versification d'un blason permet d'apporter plusieurs informations : quelle est sa
tonalité, à quel type de public s'adresse- t-il, par exemple. La forme du blason est alors un moyen de
différencier un poète d'un autre.
Le blason poétique constitue ainsi à la fois un moyen de persuasion redoutable pour tout
lecteur averti, mais aussi un moyen de distinction, voire une sorte de mise en concurrence entre les
poètes par les valeurs et la méthode utilisée pour les restituer qu'il porte.
Séance 3- Pourquoi écrire un blason ?
> A votre avis, quel peut être le sens de ce tableau ? (Vous pouvez
étayer votre interprétation avec des recherches, à condition d’en noter
la source exacte).
Dans le ciel, il se dessine un œil avec le Soleil (ou est- ce la Lune?) cerclé de nuages,
comme si les Dieux contemplaient la scène, comme si ils attendaient quelqu'un d'autre au
paradis...ou en enfer.
On nous montre l'évolution du corps humain à l'échelle d'une vie , que physiquement on
change beaucoup; mais la question que pose Baldung est : change- t- on vraiment ? Le bébé ayant
les yeux fermés, la belle jeune femme farouche, timide, et la vieille femme laide pleine de regrets,
on passe notre vie à croire, à rêver, mais tout ne peut être qu'échec si l'on essaye rien. Tous nos
plans échafaudés peuvent n'être que désolation, destruction, blessures de l'âme (le moulin, le sang).
Baldung, sans doute croyant, représente la Mort avec la boule de cristal pour nous dire que
notre destin est écrit si l'on ne fait rien ; on l'a imaginé ensemble au cours de cette description. Le
temps est compté (sablier), que la vie est précieuse ! Alors, profitons- en, tant qu'il est encore temps.
- Lisez les deux poèmes « supports » (« Blason du Beau Tétin » et « Blason du laid Tétin »). Quels
liens pouvez-vous faire entre ces deux poèmes et le tableau de Hans Baldung ?
- Comment le tétin est-il évoqué dans le poème 1 ? Et dans le 2 ? Pourquoi à votre avis ? (Veillez à
développer votre réponse en citant le texte et en analysant les citations retenues).
Les deux poèmes que sont « Blason du beau Tétin » et « Blason du laid Tétin » apportent
d'autres éléments de réflexion, d'autres pistes inexplorées jusqu'alors au cours de cette séance. Les
deux poèmes de Marot sont pour ainsi dire opposés, l'un présentant le tétin comme la plus belle
chose qu'il ait été donnée de voir de mémoire d'homme, l'autre le haïssant, le repoussant, le
dédaignant, tant cette chose n'est que source de vices, et ne peut qu'avoir comme origine Satan.
C'est ainsi qu'est la vie ; pouvant changer du jour au lendemain, source d'échecs, pleine de
contradictions. Elle dépend aussi bien de notre être que de nos agissements. Marot et Baldung
présentent les deux revers de la médaille ; Ce duo de poèmes pourrait avoir comme illustration ce
tableau. la belle jeune femme dénudée qui se fait désirer est fière de son corps, et cette fierté fait
écho au premier poème :
Un contre- blason est ainsi selon moi un poème où l'auteur, par de l'ironie ou du sérieux,
dévalorise quelque chose. C'est l'exact opposé du blason ; le sujet est présenté sous son pire angle.
L'enjeu du contre- blason est similaire à celui du blason ; convaincre le lecteur. Cependant, dénigrer
quelque chose révèle d'un certain état d'esprit du poète ; si le texte est sérieux, cela prouve
l'engagement de l'artiste... Ce qui est peut- être la chose la plus importante dans l'art : la liberté
d'expression. Chaque artiste l'utilise comme bon lui semble, mais les artistes engagés l'utilisent pour
faire passer des messages justes, pour que des choses changent, que l'on arrête de faire ci ou ça.
L'art, par le contre- blason est un des plus remarquables moyens de communication pour diffuser au
grand nombre des idées. Au contraire, si le poème est ironique, cela permet de caractériser le poète
comme un personnage moqueur, malicieux... Et ajouter de sa personnalité dans une œuvre est
important ; cela crée un lien peu commun entre le spectateur et l'artiste.
Contre- blason (corrigé) : comme le blason dont il reprend les contraintes formelles (octosyllabes ou
décasyllabes, rimes suivies), le contre-blason évoque tout ou partie du corps féminin, mais pour en
faire la critique ou le blâme. Au départ, il s’agit de joutes poétiques à la Cour et donc simplement de
s’amuser en rivalisant d’adresse… Mais très vite, il pourra revêtir une portée ironique ou satirique.
Séance 4 – Un motif humaniste
-De quelle façon en parle-t-il ? Relevez et analysez les images qui vous frappent le plus.
Scève en parle d'une façon très positive. On remarque l'utilisation de nombreuses images
mélioratives, comme la suivante : « Front élevé sur cette sphère ronde, Où tout engin et tout savoir
abonde ». Le poète accorde une importance, une valeur primordiale à cette partie du corps, allégorie de la
fierté, entretenant la tonalité lyrique de son éloge. Il le qualifie même presque de divinité, comme si l'on
bénéficiait de sa protection permanente : « Ô front, tu es une table d'attente Où ma vie est, et ma mort très-
patente ! »
Corrigé :
Le blason se fait l’écho des préoccupations de son auteur : de la simple joute poétique chez
Marot, il peut revêtir une dimension plus philosophique… tout en restant prétexte au lyrisme
(évocation du sentiment amoureux). Soyez attentifs à ces enjeux dans vos lectures des prochains
blasons !
A cet égard, le poème en annexe « Le Sourcil » est beaucoup plus univoque (lyrisme).
Séance 5 : Le lyrisme amoureux (étude des poèmes 5 et 6)
Ronsard Du Bellay
Forme : sonnet en alexandrins Forme : sonnet en alexandrins
(2 quatrains + 2 tercets) (2 quatrains + 2 tercets)
Rimes embrassées (quatrains) Rimes embrassées (quatrains)
Rimes suivies puis embrassées (tercets) Rimes suivies puis embrassées (tercets)
Rimes suffisantes ou riches Rimes suffisantes ou riches
Alternance de rimes féminines et masculines Alternance de rimes féminines et masculines
> Le vers doit rimer avec « façonne » > Le vers doit rimer avec « nommer »
Thème : éloge du corps de la femme aimée Thème : éloge ironique du corps de la femme
(blason) (contre-blason)
Parties citées : joue, cheveux, oreille, lèvres, Parties citées : cheveux, front, visage, yeux,
yeux, poitrine, bras, front, main bouche, dent, gorge, poitrine, ongles, mains,
Chacune de ces parties est associée à un élément jambe, membres = panorama complet ?
naturel (rose, châtaigne, abeille + miel, lait, Chaque partie est associée à un élément positif
jonc) = lexique bucolique (mélioratif : mignonnement, serein, beaux…) et
Certaines sont également associées à des à un autre qui traduit l’âge (argent, crespe,
divinités (Amour, Pithon, Junon, les Grâces) ce reply…)
qui dote la jeune fille de qualités extraordinaires, > Il s’agit donc d’un faux éloge = blâme
outre sa très grande beauté NB : le temps qui passe est un thème du lyrisme.
Tonalité : lyrique Tonalité : ironique (tourne le lyrisme en dérision
-Recours à la 2e PP (vous) = adresse directe à la en reprenant ses codes)
femme aimée -Recours à la 2e PP (vous) + 1e PS (je) qui
-Thèmes traditionnels du lyrisme : amour, traduit la présence du poète et donc ses
nature... sentiments
-Expression de sentiments personnels (la -Multiplication des exclamatives (enthousiasme)
perception que le poète a de la jeune fille) associées à la reprise anaphorique du « ô »
-Hyperboles : ex. « à nulle autre pareille » -Hyperboles : ex. v6, v8, v13...
Votre proposition doit donc être un alexandrin Votre proposition doit donc être un alexandrin
avec une rime en « -onne » et terminant à la fois avec une rime en « -mer » et terminant à la fois
le portrait de la jeune fille avec la même tonalité le poème et la phrase « pardonnez moy de grace,
(évocation de la nature et/ou d’une divinité) et le ... » (avec une dernière exclamative?) + vous
poème (quelle en sera la dernière touche?) demander quelle pourra être la dernière touche
de ce blason ironique (contre-blason).
1) Ma proposition de vers :
« [...]Mais jamais mon cœur vous ne ferez chavirer. »
2) Dans un deuxième temps, allez chercher sur internet le véritable dernier vers de ces deux poèmes
et recopiez-les sur le corpus.
« Mais vous avez le cœur d’une fière Lionne » « Si pour être mortel, je ne vous ose aymer »
-Introduction d’une opposition avec la conj de -Poursuite de la captatio benevolentiae
coordination « mais » introduite par « pardonnez-moi » et introduction
-Poursuite du portrait avec le cœur associé au d’une concession « si pour être mortel »
lexique de la nature (Lionne) -Chute du sonnet : « je ne vous ose aymer » =
-Outre la beauté, la jeune fille est caractérisée marque définitivement l’ironie du poème
par son orgueil : elle est faite pour l’amour mais (après un prétendu portrait élogieux, refus de
refuse de céder aux avances du poète succomber aux charmes de la femme)
Conclusion : dans les deux cas, le dernier vers introduit une rupture avec ce qui précède = chute.
On garde la même tonalité, le même lexique, mais on apporte un élément surprenant ou contrastant
avec ce qui précède.
Le poème de Ronsard est un poème lyrique (expression du sentiment amoureux et des souffrances
qu’il peut engendrer, ici très implicites car évoquées seulement à travers le refus de la jeune fille de
céder à ses avances)/
Le poème de Du Bellay est ironique : il s’empare des codes du lyrisme pour les tourner en dérision
(exagérations) et finir par refuser l’amour.
BILAN :
1) Caractéristiques du sonnet et infos bonus
-Le sonnet nous vient d’Italie, et plus précisément du poète Pétrarque. En France, c’est Clément
Marot qui en a codifié les règles de composition au XVIe siècle.
-Cette forme est particulièrement en vogue chez les poètes de la Pléiade ; mais elle connaîtra un
regain de succès au XIXe siècle (Baudelaire).
-Le sonnet régulier se compose de 14 vers (2 quatrains + 2 tercets) avec le schéma de rimes abba
abba ccc eed (ou ede).
-Les premiers sonnets sont écrits en décasyllabes, mais l’alexandrin devient très vite le vers noble
de cette forme fixe.
-La charnière de sonnet désigne la rupture (de thème, d’énonciation…) entre les quatrains et les
tercets.
-Le dernier vers constitue une chute.
Définition du lyrisme
La tonalité lyrique se caractérise par l’expression de sentiments personnels (1e et 2e pers., champ
lexical des émotions, ponctuation expressive), qui s’appuie sur des thèmes traditionnels : la nature,
l’amour, la mort, le temps qui passe, l’ailleurs (voyage, exotisme, lointain…).
Une attention particulière est portée à la musicalité du texte : jeux sur le rythme (syntaxe, anaphore
ou parallélisme…), les sons (répétitions, assonances, allitérations…).
Lorsque le lyrisme se teinte de nostalgie, on parle de tonalité élégiaque.
Séance 6- Commentaire composé guidé
« Tant que mes yeux couleront... » (Louise Labé, poème 6)
Louise Labé est une poétesse de la Renaissance appartenant à l’école de Lyon (lisez la fiche sur
la Pléiade). Dans son œuvre, le thème de ses amours malheureuses domine.
1. Peut-on dire que c’est le cas dans ce poème ? Quels vers ou expressions vous permettent de
l’affirmer ?
C'est en effet le cas dans son poème ; l'utilisation d'un lexique de la tristesse et de la
mélancolie amoureuse le prouve, comme par exemple aux vers 1 et 2 :
A mon opinion, l'amour est sous- entendu, et là est toute la beauté de la poésie ; parler de quelque
chose sans le dire, tel un tabou, presque, ou un défi pour le lecteur.
2. Quelle est la tonalité générale du texte ? Comment progresse-t-il ? (Repérez les mouvements du
texte, ses « étapes »)
La tonalité générale du texte est pathétique, voire tragique ; Labé avait à l'en croire construit
la plus belle chose qui soit au monde avec quelqu'un : l'amour. Et elle parle de cette souffrance, il
faut avoir un cœur de pierre pour que les mots qu'elle emploie ne résonnent pas en nous, ne nous
fassent rien. Ils sont tels (ou telles ? J'ai un pb en ce moment avec l'accord de ce mot, s'il s'accorde
avec le nom avant ou après...Pourriez- vous m'éclairer là- dessus ?) des lames, nous transperçant le
cœur.
Labé y va « crescendo », dirait- on en italien ; les deux premières strophes, telles une entrée
en matière nous parlent de son chagrin, et les tercets laissent présager un suicide ; son désespoir est
mortel, « à mourir » (un peu d'humour noir, en veux- tu ? En voilà!).
Les parties du corps évoquées sont les yeux et la main (étendons aux cordes vocales, si vous
le voulez bien). Les yeux car c'est un émetteur de tristesse n°1, d'où émergent les larmes. Mais Labé
le dit expressément, « elle revoit son amant », elle hallucine, elle rêve, elle songe à lui. Et sa vue
anachronique la déchire. Elle a des repaires physiques, des routines de son amant qu'elle visualise à
nouveau. Peut- être avaient- ils l'habitude de former un duo musical, quoi qu'il en soit, à la force de
sa seule voix, elle chante en son honneur. On imagine sa voix cassée, saccadée, enrouée. On
imagine Labé suffocante à la fin, comme si vivre était un supplice. Elle implore sa mort.
4. - Dans les deux premiers quatrains, qui parle ? A qui ?
-A quel temps les verbes sont-ils conjugués ? Quelle est la valeur de ce temps ?
-Les deux quatrains forment-ils une phrase complète ? (Qu’est-ce qui peut manquer?)
-Par quelle locution commencent-ils ? Où la retrouve-t-on aussi ?
Globalement : quel est l’effet produit par ces deux quatrains ?
- Dans les deux premiers quatrains, Louise Labé parle, tutoie son présumé défunt amant.
Elle développe une relation d'intimité avec le lecteur, comme si elle était dans la confidence... D'un
important état d'âme qui l’obsède.
- Les verbes sont conjugués au futur de l'indicatif, avec une valeur durative, où l'action est
prise dans son accomplissement, de sorte que cela ménage, crée une certaine ambiance triste de
manière permanente ; on n'en connaît ni le début, ni la fin.
- Les quatrains forment pas une phrase complète, de sorte qu'il manque l'essentiel ; la
locution « tant que » exprime une possibilité, mais une possibilité de faire quoi ? D'être quoi ? Cela,
on l'ignore jusqu'au début du premier tercet.
-La figure de style consistant à répéter en début de vers le même mot (ainsi très utilisée en
poésie) se nomme l'anaphore.
5. Observez les mots à la rime : quel lien construisent-ils ? (Entre quelles thématiques?)
-Identifiez le schéma des rimes (voir fiche)
-Identifiez la classe grammaticale des mots à la rime
Schéma des rimes : ABBA ABBA (embrassées). Que des verbes dans les quatrains en
dernier mots de vers.
1ère strophe : en se référant à leur schématisation, les rimes « A » sont les verbes de la
perception et de l'action (métaphorique cela dit pour le premier vers), les rimes « B » sont les verbes
« de l'esprit » (parallèle intéressante entre ce qu'elle fait et ce qu'elle pense; les deux sont liés, en
fait)
2ème strophe : 2 premiers verbes sont les verbes de « l'action », 2 derniers verbes sont
« l'esprit »
1ère phrase du 1er tercet- élément central, relié aux deux quatrains. C'est la frontière entre le
« dialogue » qu'elle avait créé de toutes pièces précédemment avec son amant lorsqu'elle le tutoyait,
et le monologue à elle- même.
7. Comment débute la première phrase ? Quel lien logique exprime- t- il ?
Débute par la 1ère personne du singulier « Je ».Elle parle de ce qu'elle compte faire, devenir
par la suite. Elle apporte un élément de réponse à la question : « en quoi pouvoir encore chanter les
louanges de mon bien- aimé me maintient en vie ? »
8. Quelles parties du corps sont évoquées dans les deux tercets ? Quel lien pouvez-vous faire avec
les deux quatrains ? (Qu’est-ce qui a changé, avec quelle conséquence?)
Parties physiques du corps : yeux, mains. « Outils de vie » : la voix, et l'esprit. Parallèle avec
les deux quatrains ; dans ceux- ci, Labé dit : « tant que je pourrai... », elle exprime une possibilité,
elle peut se servir de ses membres pour pleurer son mari, et se souvenir de lui. En revanche, avec les
deux tercets, elle introduit une condition hypothétique et la conséquence cette condition, si elle se
réalise : « mais quand..... » elle ne pourra plus se servir des mêmes membres dont elle a besoin pour
pleurer son mari, ALORS « la mort » ; un suicide est- il sous- entendu ?
[c'est un défi que personne, pas même la poétesse ne peut relever. Personne ne peut comprendre un
poème dans son intégralité, personne ne peut imaginer tous les échos du poème. A travers une
versification tordue, poussant le poète à utiliser des tournures de phrases pouvant en piéger plus
d'un, il cherche à dissimuler sa pensée, l'entortiller tel du lierre, pour faire comprendre le pouvoir
des mots, et de la connaissance. Les mots sont bien plus qu'un assemblage de lettres ; on les lit tous
de la même manière, car on parle tous la même langue, mais on les « lit » différemment, on ne saisit
pas les mêmes choses ; la conscience de l'un va privilégier un mot dans la lecture, le rendre central,
tandis que la conscience d'un autre va à peine s'arrêter dessus, pour en privilégier un autre, ou ne
privilégier que l'ensemble des mots, la tonalité générale (j'ai développé cette idée à la séance 4
l'autre jour avec « le front », en utilisant le visage).]
-qqchose de beau, qu'il faut apprendre à maîtriser, sans quoi désastre de l'esprit ; sources de
réflexions, mais qui peuvent devenir des fatalités. Le pouvoir des mots, les multiples sens qu'ils
ont ; la communication est la clé pour dire ce que l'on pense vrmt ; les gens ne peuvent que
partiellement le deviner (par le langage corporel, par exemple ; mais gare, les apparences sont
parfois trompeuses...) ; ambiance triste nous laisse croire que l'amour est une drogue, qu'on ne peut
s'en passer. L'amour, c'est beau, mais il ne faut pas être insouciant ; anticiper que, peut- être, un jour,
une relation se termine. Ne pas s'attacher trop profondément, à moins d'avoir un mental capable de
faire abstraction de la souffrance que crée la perte d'un bonheur infini.
- Accepte de vivre, bien que malheureuse en amour, tant qu'elle pourra d'une part, avoir de la
force dans son corps, si inconsciente qu'elle soit, et qu'elle pourra d'autre part se souvenir de son
amour pour son amant, ne penser qu'à lui en fait. C'est une voie sans issue.
10. Formulez votre problématique et votre proposition de plan (deux ou trois parties).
Rappel : La problématique est une question ouverte (commençant généralement par comment ou en
quoi) destinée à guider votre analyse du texte en mettant ses enjeux en évidence. Elle revient à se
demander quelle tension habite le texte.
Problématique : Quels sont les procédés utilisés par Louise Labé dans « tant que mes yeux
couleront... » pour nous transmettre ses déchirants états d'âme ?
Mon plan :
II- confidence d'esprit pas anodine/ thème parlant
a- ambiance influencée par l'utilisation du lexique corporel et du lexique de la conscience
b-effet sur le lecteur
I- sonnet
a- forme fixe sensée
b- fond quelles idées ça permet de faire passer (ici par ex).
III- l'implicite est un important défi qui peut s'avérer être apprentissage
a- réelle portée du poème
1. Spontanément, quels sont les trois mots (ou notions ou expressions) que vous associez à l’œil ?
Je préfère le texte de Marbœuf, car il apporte une description scientifique, relatant presque
d'un cours de bio à son poème sur l’œil. Marbœuf utilise la géométrie pour parler de l’œil, comme
si la nature ne faisait rien au hasard, comme si tout était calculé, explicable. En outre, il parle de
cette fascination dans un poème réaliste. Il arrive à concilier les « deux manières de voir le
monde » ; d'un côté, l'esprit scientifique, logique, pointu, plein de contraintes, méthodique. De
l'autre, l'esprit « littéraire », s'intéressant à des concepts plus abstraits que sont le fonctionnement de
la conscience humaine, les émotions... Chacun a sa philosophie de vie, sa manière de répondre,
contrairement à l'esprit scientifique, où 2 et 2 font 4, obligatoirement, il ne peut en être autrement.
3. Trouvez-vous des points communs entre les mots que vous aviez choisis et l'un des deux textes ?
Si oui, lesquels ? (A quel registre vos mots appartiennent-ils ? Quels liens pouvez-vous faire avec la poésie ?...)
Si non, pourquoi ? (A quel registre vos mots appartiennent-ils ? Pourquoi ne se retrouvent-ils pas en poésie ?...)
Le mot « vue » que j'avais spontanément énoncé fait écho au poème de Marbœuf, qui décrit
la complexité de l’œil. Œil nous permettant de voir, de mesurer, d'après Marbœuf, « tout d'une
même mesure » (v.17), de connaître « tout l'univers » (v.18). La vue est en effet l'un des sens les
plus utiles qui soient, nous permettant de savoir en 4 dimensions à quoi ressemble l'univers, dans
son spectre lumineux, cela va de soi. Pas besoin d'imaginer à quoi ressemble le monde, nous l'avons
devant nous. Mais c'est à nous de le découvrir, il ne se présente pas instantanément devant nous
dans son intégralité. Ainsi est toute la beauté de la vie ; une découverte du monde, nous permettant
d'en savoir un peu, plus sur celui- ci chaque jour. Et tout cela est possible par la paire d'organes
sensoriels que sont les yeux.
Je n'étais pas si loin du poème de Saint- Gelais avec les « reflets de l'âme ». A ceci près que
Saint- Gelais n'écrit pas que l’œil en dit long sur qui l'on est, il ne dit pas quelles informations notre
œil apporte sur qui nous sommes. Il développe plutôt l'inverse, en disant que l’œil amène (je donne
les grandes lignes en citant Saint- Gelais) :
- d'une part à la tristesse, à la mélancolie, lorsque la personne qu'on aime disparaît.
« […] Car, quand de vous loin je me treuve, Bel œil, il est force qu’il pleuve Des miens une obscure
nuée (vers 13, 14, 15) »
- et d'autre part, à nouveau à la joie, à la vue de cette personne.
« […]Mais quand il vous plaît qu’il advienne Que mon soleil à moi revienne[…] (vers 21, 22) »
De sorte que l’œil serait relié à nos émotions, il en serait un récepteur et un émetteur
physique (via les larmes...). Il serait la frontière entre la conscience et la réalité. La frontière entre le
physique et le psychique.
Le mot « pupille » n'est pas mentionné, bien qu'il eut pu l'être dans les poèmes : celui de
Marbœuf, décrivant l’œil dans ses moindres aspects, ou celui de Saint- Gelais, dénonçant le pouvoir
des yeux sur l'âme, et implicitement le message qu'ils transmettent à la vue de tel ou telle personne
(la pupille pouvant se dilater pour telle ou telle raison ; je ne suis pas un expert en pupille : comme a
dit Socrate, « je ne sais pas, je pose des questions, je suis curieux, je me laisse émerveiller »)
4. A votre avis, lequel de ces deux poèmes décrit le mieux l’œil ? Pourquoi ?
J'ai préféré le texte de Marbœuf à celui de Saint- Gelais, car il décrit mieux l’œil, en
conciliant les esprits scientifique (les 4 premières strophes) et littéraire(tout le poème possède de
l'implicite, mais la 5ème et dernière strophe est plus subjective que le reste). Saint- Gelais quant à
lui n'utilise presque que des représentations, des métaphores pour faire l'éloge de l’œil. Il en est tout
aussi fasciné que Marbœuf, mais ne s'intéresse qu'à une partie des vertus de l’œil.
5. A votre avis, l'un de ces deux poèmes est-il « plus poétique » que l'autre ?
Si oui, lequel ? Pourquoi ? Si non, expliquez votre réponse.
Si on me demande de répondre à cette question subjectivement, je répondrais sans hésitation
que le poème de Marbœuf est plus poétique que celui de Saint- Gelais, car je le comprends bien
mieux ; je ressens des émotions différentes à sa lecture, et il faut avoir une certaine expérience,
dirais- je, pour saisir la pensée développée, la vision de Saint- Gelais. Je n'ai pas cette
compréhension instantanée et totale de ce texte, et même en cherchant, en retournant les mots, les
vers, ce poème ne suscite pas la moindre forme d'admiration en moi . Si je le comprenais, il en
serait peut- être autrement. Marbœuf, lui est plus doué pour transmettre ce qu'il veut nous dire, il
« communique » mieux à travers ses vers.
6. Lisez ces deux poèmes à voix haute. Lequel « sonne » le mieux ? Pourquoi ?
Le poème qui « sonne » le mieux est celui de Marbœuf. Cela pourrait être un texte, ou un
poème en prose, à y penser. Celui de Saint- Gelais présente peu de pauses, c'est une accumulation.
Quand on le lit, on en perd notre souffle, car peu de ponctuation est indiquée.
BILAN : En vous appuyant sur vos réponses aux questions précédentes, formulez un
avis littéraire nuancé et argumenté sur ces poèmes.
Format écrit ou audio au choix.
Tonalité au choix (sérieuse ou plus humoristique...).
(Note : on pourrait presque penser que deux personnes différentes ont écrit les
questions d'une part et le bilan d'autre part, étant donné le changement de point
de vue entre les deux. J'ai juste mené ma réflexion plus à fond sur les deux
poèmes dans le bilan, ce qui fait parfois que je contredis ce que j'avais énoncé
précédemment dans les questions)
BILAN
Les deux poèmes étudiés que sont « Blason de l’œil », de Mellin de Saint Gelais et
« l'Anatomie de l’œil », de Pierre de Marbœuf, peuvent être sources de longues et nombreuses
réflexions. Comme leur titre l'indique, ils traitent tous deux de la même thématique, qu'est « l’œil ».
Pouvant être contemplés des heures entières par certains, nous présenterons et analyserons les deux
poèmes, et nous verrons la conception qu'ont les artistes de ces organes sensoriels ô combien
importants, puis nous nous intéresserons à ce qui différencie les deux écrits, en répondant à la
problématique « Comment le poète peut- il transmettre ses idées à un large public ? »
Écrit autour de 1574, le « Blason de l’œil » est un poème lyrique, faisant donc l'éloge de
l’œil mais d'une manière contrastée. Il commence par décrire cette partie du corps comme la beauté
incarnée, pouvant selon ses dires, « les plus tristes éjouir » (v.4). Mais très vite, il développe l'idée
que l’œil amène à la tristesse, lorsqu'une personne que l'on aime disparaît de notre champ de vision.
Prenons les vers 13, 14 et 15 de son blason, où il écrit :
« […] Car, quand de vous loin je me treuve,/ Bel œil, il est force qu’il pleuve/ Des miens une
obscure nuée »
Saint Gelais ne semble pas aimer la solitude, pis que l'ennui ! Mais il met ainsi en évidence
que l'Homme est sociable, qu'il a besoin de voir d'autres individus de son espèce. Il a besoin de
communiquer ; quelle n'est pas le synonyme de joie, l'expression qu'a un explorateur (comme Mike
Horn) de l'extrême lorsqu'il retrouve un contact humain ! Saint- Gelais le dit ensuite : « […]Mais
quand il vous plaît qu’il advienne / Que mon soleil à moi revienne[…] (vers 21, 22) ». Ce poète est
un humaniste ; l'Homme est le cœur de ses écrits. De sorte ici que l’œil serait relié à nos émotions.
Il en serait un récepteur et un émetteur physique (via les larmes...). Il serait même la frontière entre
la conscience et la réalité. La frontière entre le physique et le psychique.
Nous avons d'un autre côté « l'Anatomie de l’œil », écrit en 1628 ; le titre pourrait à lui- seul
être celui d'une étude scientifique de cet organe. Dans son poème, Marbœuf utilise la géométrie
pour parler de l’œil, comme s'il était un produit parfait de l'évolution. Il le décrit durant plusieurs
strophes biologiquement, pour nous enseigner la complexité de Mère Nature. Il écrit par exemple
aux vers 11 et 12 que :
« [...]les tendons poreux apportent la substance / Qui le garde, et nourrit tous ses compartiments »
Mais il nous enseigne également que tout a un prix. La découverte du monde, nous
permettant d'en savoir un peu plus sur celui- ci chaque jour, ce qui constitue à mon sens toute la
beauté de la vie ; cela n'est possible que par la paire d'organes sensoriels que sont les yeux. La vue
est en effet l'un des sens les plus utiles qui soient, nous permettant de savoir en 4 dimensions à quoi
ressemble l'univers, dans son spectre lumineux, cela va de soi. Pas besoin d'imaginer à quoi
ressemble le monde, nous l'avons devant nous. La dernière strophe parle de ce concept plus abstrait
qu'est l'intelligence, que les scientifiques ne cherchent même pas à s'évertuer à comprendre, tant elle
fait frissonner par sa complexité (vers 17 à 20) :
« Bref l’œil mesurant tout d'une même mesure,/ A soi-même inconnu, connaît tout l'univers, /Et
conçoit dans l'enclos de sa ronde figure /Le rond et le carré, le droit et le travers. »
En sortant des sentiers battus de la science par cette introduction de l'intelligence, Marbœuf
« devient » humaniste aux yeux du lecteur. En considérant que les yeux, reliés à l'encéphale,
connaissent tout, de la même manière que Saint Gelais, il centralise l'Homme, en narrant sa
complexité et sa singularité. Il nous fait comprendre que la connaissance est une chance, et que les
yeux sont une fois de plus la frontière entre intelligence, la réflexion, et la stupide réalité ; qu'est- ce
qu'un caillou, face à un homme ?
C'est là que j'introduis ma subjectivité quant aux deux poèmes ; le mouvement humaniste,
qui a différencié l'Homme du reste existant sur Terre en le singularisant a amené la chosification des
animaux, qui ont été considérés depuis lors au même titre que le sable : dénué d'intelligences. Ce
qui est faux. Bien que nous parlons là d'une période qui s'est déroulé il y a 350 ans, cela ne signifie
aucunement que les humains n'étaient pas intelligents ; ces réflexions ont amené des
bouleversements culturels et idéologiques, mais ne vouons pas trop d'admiration aux poètes. Le
groupe de la Pléiade a certes contribué à ce que l'on parle français aujourd'hui, mais ils ont été en
quelque sorte les initiateurs des mouvements nationalistes en France, de la fierté de parler la langue
française à la cour.
Mais si l'on fait abstraction de ceci, en conciliant les « deux manières de voir le monde »,
qui sont d'un côté, l'esprit scientifique, logique, pointu, plein de contraintes, méthodique et de
l'autre, l'esprit « littéraire », s'intéressant à des concepts plus abstraits que sont le fonctionnement de
la conscience humaine, les émotions, Marbœuf produit un remarquable poème.
Il arrive assez simplement à nous transmettre ces idées, d'un point de vue très objectif dans
les quatre premières strophes, en proposant de nombreuses méditations aux lecteurs quant aux
quatre derniers vers.
Et c'est son objectivité qui le différencie tant de Saint Gelais ; celui- ci utilise toutes sortes
de métaphores sur la pluie et le beau temps (je ne parle pas de l'expression) pour parler du pouvoir
moral de l’œil, de sorte que suivre le fil de sa pensée devient un véritable tour de passe- passe qui
en a perdu plus d'un (moi y compris).
Et on en vient à la définition de la poésie ; la mienne, influencée par quelque dictionnaire est
qu'elle constitue une manière, par le formidable pouvoir qu'ont les mots de transmettre la
conception, la philosophie du poète au public.
D'où la nécessité de la simplicité dont doit jouir un poème. Évidemment, tout le monde n'a
pas les mêmes qualités de compréhension, le même niveau d'enseignement, et heureusement !
Évidemment, on étudie là des textes qui ont 350 ans et plus, mais là est ce qui différencie un poète
d'un autre ; il doit rendre son œuvre intemporelle, qu'elle soit compréhensible par à peu près
n'importe qui, à n'importe quelle époque. Baudelaire le fait d'une manière remarquable, Vian de
même. La langue évolue, et là est toute la difficulté, il faut l'admettre. Mais si l'on ne comprend pas
clairement ce que veut propager le poète, à quoi sert- il d'écrire ?
Et quand bien même on comprend l'implicite d'un poème, encore faut- il qu'il soit beau et
harmonieux à chanter ! C'est pourquoi une multitude de formes de poèmes existe ; l'Homme aime se
différencier, casser les codes, dirais- je ; il aime se donner de la liberté.
Que peut- on en retenir ? Que le métier de poète est difficile, pour ainsi dire très difficile.
Cette variété, ce panel de poèmes existant permet forcément au lecteur d'en trouver, ne serait- ce
qu'un seul qui le satisfît. Mais chaque poète doit essayer de convaincre par son message un large
public, en rendant son poème accessible, compréhensible, en n'entortillant pas trop sa pensée. Mais
il doit en même temps captiver le public, rendre son poème fascinant, et source de multiples
questionnements.
J'ai ainsi un avis nuancé sur ces deux poèmes ; l'idéologie de chosification que je me suis
risqué à imaginer dénigre l'image positive que j'ai pu avoir des poètes. Mais peut- être suis- je dans
l'erreur... C'est un des défauts de la réflexion : on se convainc, par de multiples arguments qu'on a
raison, alors que l'hypothèse émise au début est abracadabrantesque ! Ainsi, on a tort.
J'ai plus facilement compris « Anatomie de l’œil » de Marbœuf, car il m'a inspiré plus de
réflexions que « Blason de l’œil » de Saint- Gelais. J'ai trouvé plus accessible l'« Anatomie de
l’œil », aussi émets- je donc une préférence pour celui- ci.
J'ai enfin appris par ce travail qu'il existe toujours un lien entre deux œuvres qui paraissent
totalement différentes... A première vue.
Séance 8- le blason dans la poésie moderne (XIXe- XXe siècles)
Après avoir étudié des blasons plus modernes, par rapport à d'autres, écrits durant leur « âge d'or »
au XVIème siècle, on peut observer une évolution du blason.
Évidemment, la plupart d'entre eux garde comme thème principal l'éloge de la femme ;
beauté incomprise, surréaliste pour André Breton, elle est depuis la nuit des temps source de
fascination, de questions... Et de désirs. Les poètes modernes ont gardé cette façon de décrire la
femme trait par trait, physiquement la plupart du temps.
Mais d'autres s'aventurent plus loin, en écrivant ce que la femme leur évoque ; des souvenirs
heureux, chaleureux, des bons moments. Elles sont pour certains amoureux un voyage dans le
temps et leur mémoire. La femme est devenue un tout, un être qui est l'alchimie parfaite de tout ce
qu'il existe de beau.
De plus, la majorité des poètes modernes s'est débarrassé des dogmes, des règles strictes de
la versification, en prenant plus de liberté, en se diversifiant ; via des calligrammes (comme pour
Apollinaire), via des poèmes en prose... Pourquoi s'embarrasser avec un certain nombre de syllabes
pour les vers, pour soi- disant rendre un poème beau ? Ce qui compte, finalement, c'est le message
que l'on fait passer, pas la manière de le faire.
Le blason moderne est ainsi beaucoup plus tourné vers l'affect moral de la femme, comme
s'ils étaient plus « matures » qu'avant ; comme si les poètes modernes avaient compris les
« erreurs » des poètes du passé ; comme s'ils n'avaient gardé que les meilleures idées du XVIème
siècle, et qu'il avaient innové dans leurs écrits, en s'adaptant à l'évolution de la langue.
Séance 9 : Entraînement à la lecture oralisée
Me demander un avis sur cette partie des propos de Brassens, tels que je les comprends ne
peut être basé que sur des suppositions à mon échelle d'élève de seconde ayant un an d'avance sur
ses camarades (je ne dis pas qu'avoir un an d'avance est forcément un facteur d'immaturité, mais
l'âge d'une personne, ou même les nombres en général si l'on connaît l'information qu'ils
quantifient, définit plus de choses que l'on croit. Pourquoi, le jour où je fêterai mes 15 ans, les gens
me verront différents de la veille ? Les nombres sont malheureusement des normes, auxquels on
associe très vite des préjugés, faussant la relation avec la personne que l'on a en face, en particulier
avant la majorité, où un an d'écart paraît être une éternité. Mais en réalité, en ce qui me concerne, je
fais aujourd'hui peu de distinction entre mes camarades et moi, car j'évolue depuis mes 6 ans dans
des classes avec des élèves plus âgés que moi. J'ai la chance de m'y être « habitué »).
Au fur et à mesure, je me rends compte que les êtres humains ne sont pas si différents entre
eux, en ce qui concerne leur perception des événements ; en espérant connaître un jour ce que
Brassens décrit « implicitement » dans sa chanson, je suis d'accord avec ses propos.
De même lorsqu'il revendique ses valeurs presque féminines ; lorsqu'il dit entre autres qu'il
faut être complètement insensible, abruti, « misogyne à coup sûr et asexué sans doute » pour ne pas
se rendre compte de se que constitue et procure la femme.
Et c'est justement à partir de ce moment- là que je suis en désaccord avec Brassens. Peut –
être n'a- t- il choisi dans cette chanson de ne développer que les représentations injustes et vulgaires
des éléments physiques entraînant l'érotisme de la femme. Mais il la représente selon moi que
comme un outil, ne servant qu'à procurer du plaisir, de l'amour. Une vision simpliste et fausse ; je
déteste quand les gens parlent généralement des femmes, car elles constituent leurs égales, elles
représentent plus de 50% de la population... Ma vision est peut- être erronée sur ce point, peut être
que je ne comprends pas la totalité du message de Brassens, je l'admets.
Mais la femme est bien plus à mes yeux ; elle est au moins autant que moi, ce qui n'est pas
tant, mais dans l'échelle de la complexité de la vie, c'est déjà fort beaucoup (pff... Qu'ai- je écrit ?).
Choisissez votre poème préféré parmi ceux étudiés (dans les deux corpus), puis entraînez-vous à en
faire la lecture oralisée. Vous avez une grille de critères dans votre cours !
A rendre : un enregistrement abouti de votre lecture, suivi d’une brève explication des raisons
de votre choix (exercice type bac, 2e partie de l’oral).
Séance 10 : La courbe de tes yeux…
éloge exagérée de la courbure des yeux (qui en soit, n'est pas grand chose) ; si on s'attachait autant à
tout ce qui est plus important, on serait très malheureux.
A aucun moment Paul Eluard ne parle de la femme. Uniquement de la courbure des yeux ; la femme
peut être devinée, mais attention aux apparences ! Eluard mentionne peut- être un idole masculin,
qu'il aime regarder...
P. Eluard parle sans complexe, librement. Son intérêt pour la courbure des yeux est le fruit de
nombreux rêves, de son inconscient. Il parle de la courbure des yeux dans on poème sans réelle
structuration logique de ses propos ; il ne fait pas appel à la raison, seulement à son imagination.
Le rendu n'est pas esthétique dans sa forme, mais l'est ô combien dans son fond.
BILAN : Proposez une illustration éclairant votre compréhension de ce poème ; vous pouvez soit 1)
choisir une œuvre d’art existante (avec titre, auteur, date + explication de votre choix), soit 2) créer
vous-mêmes une illustration (par exemple un collage + explication des liens entre votre création et
le poème).
J'ai choisi cette image pour illustrer ma
compréhension du poème « la courbure de tes yeux »,
de Paul Eluard.
Cette photo montre une jeune Afghane,
symbole de l'impuissance de la population face aux
conflits, et symbole des réfugiés. Son regard nous
fascine, mais nous transperce tel un poignard, nous
déchire le cœur. Eluard est fasciné par la courbure des
yeux, il les considère comme un ensemble, un élément
clé du monde nous entourant, une beauté.
Mais comme il le dit aux vers 4 et 5, quand on les
regarde, on oublie un peu qui l'on est. Seul ces yeux
(« L'afghane aux yeux verts », nous captivent. On se sent obligé d'aider cette
Steve McCurry, 1984) Afghane, ainsi que tous les réfugiés ; pourquoi y a t- il
encore des guerres dans le monde ? On donnerait tout
pour que ses yeux soient éternellement animés,
symboles de tant de valeurs propres à l'humain,
« capitale de la douleur »
Séance 11 bilan sur la poésie- entraînement à la dissertation
-Sujet 2 : Simone de Beauvoir, philosophe et écrivaine du XXe siècle, affirme à propos de la poésie
d’André Breton : « Il ne parle pas de la femme en tant qu’elle est sujet […]. Vérité, Beauté, Poésie,
elle est Tout : une fois de plus sous la figure de l’Autre. Tout excepté soi-même. » Cette affirmation
s’applique-t-elle à tous les blasons étudiés ?
Vous discuterez cette affirmation en vous appuyant sur les poèmes étudiés au cours de la séquence.
L'être humain est un mystère. Certains s'intéressent à comment est- il arrivé là ; d'autres
s'intéressent à ce qui le différencie des autres espèces du vivant : l'intelligence. Cette intelligence est
source de réflexions, et celles- ci ne sont que hasard. Hasard qui a départagé les êtres humains en
deux sexes. On va se concentrer aujourd'hui sur les courants humanistes et surréalistes, des XVIème
et XXème siècles, qui ont influencé bon nombre de poètes ayant comme objet d'écriture et d'étude...
Les femmes. On pourrait adapter la pensée d'Horace, quelque millier d'années auparavant à ces
poètes : « je ne sais pas, je pose des questions, je suis curieux, je me laisse émerveiller. » Nous
allons nous demander si la femme, en poésie, est forcément représentée comme quelqu'un d'autre
qu'elle même lorsqu'on fait son éloge, comme a pu le reprocher Simone de Beauvoir à André
Breton. Mais alors, en poésie toujours, la femme est- elle décrite comme un concept universel, ou
comme un être ayant une identité propre ? Nous réfléchirons sur ces deux aspects de la
représentation féminine, puis nous essaierons de dépenser ces points de vue, en élargissant notre
domaine de réflexion.
Tout d'abord, rappelons que le mouvement humaniste a amplifié la liberté morale, et l'esprit
critique des poètes dans leurs écrits ; se séparant ou non de la versification, ils ont remis au goût du
jour un genre de poème, nommé le blason. En faisant l'éloge d'une des parties du corps de la
femme- éloge physique donc- les poètes trouvent bientôt un sens à n'importe laquelle de celles- ci.
Ils décomposent la femme, à force de réflexion, ils arrivent à dégager de la femme un ensemble de
concepts dépassant l'unique personne.C'est notamment le cas de Joachim du Bellay dans son blason
« le beau tétin » ; écrit au milieu du XVIème siècle, il fait l'éloge, de manière osée certes mais non
moins convaincante du sein. Il développe de manière lyrique tous les désirs qu'ils peuvent éveiller
chez les uns et les autres. Influencés par la Pléiade, une partie des poètes représentent la femme
comme un tout.
Mais avec l'arrivée du surréalisme en 1924, il n'y a plus aucune contrainte, aucune emprise
de la raison. La pensée des poètes est libre, comme déliée, et la réflexion de l'inconscient prend
alors tout son sens. Alors, les poètes décrivent le corps de la femme dans son intégralité, -
physiquement toujours donc- allant dans des représentations atypiques et originales, mais qui ne
représentent plus vraiment grand chose. On a tout bêtement des descriptions insolites, où les poètes
énumèrent les souvenirs, les objets, tels des matérialistes, auxquels la femme leur fait penser. Si
bien qu'on ne sait plus à quoi elle ressemble. Prenons le poème « Clair de Terre » d'André Breton,
qui illustre le propos. On n'arrive plus à imaginer la femme, comme si elle était le monde entier...
Sans que jamais on sache de qui le poète a parlé. En y réfléchissant, c'est insensé ; dire d'une femme
qu'elle est véritable signifie qu'elle est naturelle, normale, authentique, simple. Mais dire qu'elle est
belle, qu'elle nous évoque mille et une chose... C'est... Surréaliste ! La femme est falsifiée, n'étant
que comparaisons.
Cela étant vrai pour une partie des poètes, ne commettons point de bévue en disant que cela
s'applique à n'importe quel blason. La pensée n'est que hasard... Et diversité. Effectivement d'autres
poètes ont représenté la femme autrement. De par l'apparition du contre- blason notamment ; tout
poème n'est pas lyrique. Certains poèmes, en utilisant ce genre de poème se prêtèrent à un tout autre
jeu ; la femme ne serait en fait que laideur ? Satiriques, ironiques, des auteurs comme Joachim du
Bellay encore une fois s'y prêtent à merveille. Citons l'exemple de son sonnet « Ô, beaux
cheveux » ; pareil à une ode à première vue, il dénigre toute forme de beauté possible chez une
femme, en l'affublant des plus immondes attributs, dans les codes de la beauté universels. Ainsi,
cette attaque n'est à destination que d'une seule personne. Du Bellay met en scène un point clé de
cette réflexion : l'identité. Il donne de l'identité à son personnage, le considérant alors comme un
De plus, sans trop m'aventurer dans des états d'âme de poète, ce qui me sortirait ainsi du
cadre de cette dissertation, il n'y a pas que l'aspect physique qui compte chez une femme. Il y a
aussi, sa beauté intérieure, les moments partagés avec elle, sa personnalité. La disparition de la
forme fixe a en effet vu l'apparition du calligramme, usé de manière remarquable par Apollinaire
dans ses lettres de Poilu à sa bien- aimée Lou ; il la décrit elle, via le dessin, et témoigne du grief
causé par son absence près d'aujourd'hui. Lui aussi, il donne une identité à la femme.
Après avoir énoncé ces deux positions, on peut tenter de les faire évoluer, en développant
ceci : l'éloge serait plus convaincante, sans la moindre comparaison. Il n'y a pas besoin de peu ou
prou « décomposer » la femme, en faisant l'éloge d'une infime partie de ce qu'elle représente. Il
faudrait décrire la femme plus simplement, dire ce qu'elle est, en ne minimisant pas ce qui nous
pousse à en faire l'éloge ; elle nous fascine, puisqu'on en parle dans nos écrits.
Et n'oublions pas que la femme est un être. Les hommes auront beau l'étudier, essayer de la
comprendre, elle est leur égale. Ce n'est certainement pas un objet inanimé, sources de désirs et de
plaisirs exclusivement.
On peut parachever cet écrit, en retenant ainsi que la liberté morale et l'autonomie de la
pensée mènent à la richesse, à la diversité de manières de comprendre le monde qui nous entoure.
Monde qui est peuplé de moitié par la femme. Un être extraordinaire, qui est unique, mais qui peut
être rapporté à des généralités... Comme nous tous. Généraliser une population permet de simplifier
notre opinion, mais n'est- ce pas une énorme erreur, plutôt que de s'intéresser à chaque humain avec