Notre-Dame Du Perpetuel-Secours 000000484
Notre-Dame Du Perpetuel-Secours 000000484
Notre-Dame Du Perpetuel-Secours 000000484
du
PERPÉTUEL- SECOURS
Par
__ __ __ __
MARSEI LLE
M. Verdot, rue de l’Académie
Biblio!èque Saint Libère
http://www.liberius.net
© Bibliothèque Saint Libère 2009.
Toute reproduction à but non lucratif est autorisée.
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A la jeunesse chrétienne
Ce livre, que le travail et la vertu ont déposé entre vos mains, vous parle de Notre-Dame du Perpétuel -Secours. C'est
l'histoir e des merveilles opérées par notre Mère du Ciel. Se peut-il, pour un enfant, livre plus délicieux ? Je vous en
offre, mes petits amis, les prémices.
Souvent votre cœur, plus encore que vos lèvres, prononce le doux nom de Marie ; si, après avoir parcouru ces pages,
vous le prononciez avec plus d'amour, si ce nom béni s'envole au Ciel sur les ailes d'une plus ardent e prière, vous aurez
largement récompensé celui qui les a écrites pour vous.
J. D.
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LETTRE
LETTRE
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AVANT-PROPOS
Trois parties composent ce modeste livre : d'abord une notice historique sur Notre-Dame du Perpétuel-
Secours ; ensuite, une série aussi longue que variée de récits pleins de charmes qui rapportent des faveurs
accordées par Marie ; enfin, quelques exercices de piété en l'honneur de la Vierge miraculeuse.
La notice fait connaître l'origine et l'histoire de la sainte Image ; elle en donne aussi la description
iconographique, afin de mettre en lumière le caractère particulier de cette dévotion. Le récit des merveilles
obtenues par Notre-Dame ouvrira sans peine les cœurs à la confiance, les tournera vers la céleste Bienfaitrice,
rendra l'espérance au désespéré. Les pratiques de dévotion faciliteront le recours à la toute-puissante Madone,
en fournissant aux suppliants des formules toutes préparées. Il y a tant de malheureux qui ne savent pas
seulement dire leur malheur ! Ceux-là sont deux fois malheureux, comme le serait le mendiant qui ne saurait
pas mendier.
Ce livre peut servir en tout temps. On lira toujours avec intérêt l'histoire si dramatique de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, ainsi que les événements providentiels qui l'ont rendue à la piété des fidèles et à la misère
toujours grandissante de la pauvre humanité. Ce ne sera pas sans édification non plus que l'âme chrétienne
parcourra la splendide galerie où sont exposés les chefs-d’œuvre de la puissance et de la bonté de Marie. Quant
aux prières qui terminent l'ouvrage, elles répondent à des besoins de chaque jour ; et à toute époque, les
malheureux y trouveront l'écho de leurs gémissements.
Toutefois, c'est pendant les missions et les retraites que ces lectures et ces prières seront plus
avantageusement utilisées. Les chapitres des Merveilles déroulent devant l'âme, dans une succession logique,
les anneaux de la chaîne des grâces nécessaires au salut ; la courte instruction qui ouvre chacun de ces
chapitres, répondant aux vérités rappelées en chaire, permet de les méditer à fond ; et le rôle miséricordieux de
la sainte Vierge, mis en lumière par la constante intervention de sa bonté, relève le courage en présence de
l'austérité du devoir. D'ailleurs, sous l'action de la grâce, particulièrement efficace pendant les jours bénis de la
mission, les plaies de notre âme s'étalent à nos regards plus hideuses et plus envenimées ; le zèle pour ramener
au chemin du devoir de pauvres égarés est plus ardent ; plus ardent est encore le désir d'aimer Dieu et de
progresser dans la vertu ; et, d'autre part, du haut de son trône d'honneur, la Vierge du Perpétuel-Secours répète
sans cesse : « Venez à moi, je suis la patronne de la mission, la principale distributrice des grâces dont vous
avez besoin ! » A ce spectacle, les plus indifférents commencent à remuer les lèvres, leur cœur ému veut parler.
Mais, hélas ! combien qui ont oublié la langue du ciel ! Qu'on est heureux alors d'avoir sous la main des
supplications qui viennent se placer comme d'elles-mêmes sur les lèvres du malheureux !
Associer de plus en plus Notre-Dame du Perpétuel-Secours à l'œuvre des missions et des retraites, en faire
l'aide, la nécessaire coopératrice des ouvriers apostoliques ; entraîner aux pieds de Marie la multitude des
égarés et des miséreux pour leur faire trouver secours et consolation ;
Tel est le modeste plan de cet ouvrage, tel en est le but élevé. A Marie de bénir l'un et de réaliser l'autre ;
nous l'en supplions à genoux !
Avis important.
Les trente et un chapitres des Merveilles peuvent servir à un très intéressant Mois de Marie.
Si le temps ne permet pas de lire le chapitre en son entier, on pourra passer un ou deux traits, sans omettre
néanmoins la prière qui termine la lecture de chaque jour.
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NOTRE-DAME DU PERPE TUEL-SECOURS
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PREMIÉRE PARTIE
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NOTICE HISTORIQUE
C’était vers l'année 1863. Après une journée de labeurs et de prières, la communauté des Rédemptoristes
de la villa Caserta, à Rome, se délassait dans de pieux entretiens. Un des religieux, chroniqueur de la maison,
s'occupait alors de recherches historiques sur l'antique villa, devenue récemment la propriété de la Congrégation
du Très Saint Rédempteur. Il aimait à faire part à ses confrères de ses découvertes au jour le jour.
Un soir donc, il racontait comment, autrefois, dans l'enclos actuel de la villa, près des thermes de
Philippe et des jardins de Mécène, s'élevait, à côté d'un couvent de religieux augustins, une très ancienne église
dédiée à saint Matthieu. Pendant des siècles, on y avait vénéré une image de la sainte Vierge, connue sous le
nom de Madone de Saint-Matthieu-in-Merulana, mais invoquée sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-
Secours, et célèbre, disait-on, par ses miracles éclatants. Il ajouta que, depuis longtemps, avec le sanctuaire lui-
même, le précieux tableau avait disparu, sans que l'on sût ni ce qu'il était devenu, ni même s'il existait encore.
Toute la communauté écoutait avec avidité ces détails si pleins d'intérêt, quand tout à coup un des Pères
se lève et s'écrie : « Cette Madone miraculeuse existe ; je sais où elle se trouve cachée ; je l'ai vue bien des
fois. »
Ce religieux, romain de naissance, s'appelait Michel Marchi. A son tour, il fit le récit suivant :
« J'étais bien jeune et presque enfant, quand je connus, au couvent des Augustins de Sainte-Marie-in-
Posterula, un vieux Frère, du nom d'Orsetti. Il m'avait pris en particulière affection et aimait à s'entretenir avec
moi.
« Devenu presque aveugle, il se faisait mener à la vigne du monastère, et, chemin faisant, il me racontait
qu'avant d'habiter Sainte-Marie, il avait demeuré au couvent de Saint-Matthieu-in-Merulana.
« D'autres fois, me conduisant à l'oratoire de la maison, il me montrait une belle image de la sainte
Vierge et me disait : « Regarde cette Madone, elle s'appelle la Vierge du Perpétuel-Secours. Elle fut en grande
vénération dans notre ancienne église de Saint-Matthieu, et, chaque année, on célébrait une fête très
solennelle en son honneur. »
« C'étaient ensuite de merveilleux récits sur l'image miraculeuse : prodiges opérés par son intercession,
processions magnifiques, fêtes splendides, pèlerinages sans fin. Puis, avec une certaine solennité, mon vieil ami
ajoutait : « N'oublie pas, Michel, que la Madone si longtemps vénérée à Saint-Matthieu est bien celle qui se
trouve ici ; surtout ne l'oublie pas ! »
« Pour frapper davantage encore mon esprit, il reprenait, avec une insistance presque inquiète : « M'as-tu
compris ? Cela est certain... Oui, c'est la sainte image, c'est vraiment Notre-Dame du Perpétuel-Secours. »
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« En 1853, le bon Frère Orsetti mourut ; il était âgé de quatre-vingt-six ans. Malgré ses pressantes
recommandations, je dois avouer à ma confusion que, depuis, je n'ai jamais pensé au tableau miraculeux. En ce
moment, le souvenir m'en vient pour la première fois.»
Ce que n'a pas ajouté le P. Marchi, puisque ses auditeurs le savaient, c'est que lui-même, ayant appris,
peu de temps après la mort du vieux Frère augustin, que les Rédemptoristes avaient fondé une maison à la
Caserta, s'était senti de l'attrait pour le genre de vie de ces nouveaux religieux ; il vint frapper un jour à leur
porte, et, en 1855, il fut admis au noviciat de l'Institut.
Mais quel est ce tableau mystérieux dont le souvenir, si longtemps effacé de la mémoire du confident de
Frère Orsetti, se réveilla soudain ? Comment se trouvait-il ainsi séquestré et enveloppé d'un universel oubli ?
C'est ce que va nous apprendre la suite de cette histoire.
Au déclin du XVe siècle, les armées chrétiennes, vaincues sur terre et sur mer, durent abandonner
l'Europe méridionale aux triomphes du cimeterre ottoman. Les Turcs, qui ne savent que détruire et tuer,
mettaient tout à feu et à sang. Pour échapper à leur fureur, des habitants de l'île de Crète s'embarquèrent
précipitamment et firent voile vers les côtes d'Italie. Leur navire avait à peine gagné le large, qu'une tempête se
déchaîne, violente et invincible. L'équipage a bientôt perdu tout espoir de sauvetage, et les passagers éperdus
poussent déjà de longs cris de terreur.
Seul un marchand, au milieu de la panique générale, paraît calme et rassuré. Il a vu toutefois l'imminence
du danger ; il descend dans sa cabine, d'où il remonte aussitôt ; montrant aux passagers une image de la sainte
Vierge, il s'écrie : « Voici notre salut ; à genoux ! Implorons la Mère de Dieu ! » Soudain, les cris de désespoir
se changent en ardentes supplications. Les infortunés invoquent avec confiance Marie, l'étoile de la mer. O
prodige ! Le calme succède à la tourmente ; le ciel redevient serein, et, quelques jours après, le vaisseau,
voguant sur une mer tranquille, entrait dans le PORTO ROMANO, près de la ville d'Ostie, à l'embouchure du
Tibre. C'est de là que les passagers se rendirent à Rome.
Mais quel était donc ce tableau miraculeux ? D'où venait-il ? C'était l'image de la Très sainte Vierge
connue et invoquée par les Crétois sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Le pieux marchand,
qui professait une dévotion toute particulière pour la Reine du ciel, l'avait emportée dans sa fuite, autant comme
sauvegarde contre les périls du voyage que pour la soustraire à la profanation des ennemis du nom chrétien.
C'est ce qui nous explique pourquoi les Romains l'appelaient souvent la Vierge d'Orient. A quelle époque
remontait le culte de cette Madone ? Une opinion, peu scrupuleuse en fait de chronologie, basée plutôt sur le
pieux enthousiasme que sur les données de la science, l'attribue sans façon à saint Luc. Il n'en est rien.
L'histoire est muette sur ce point, et sauf la peinture du tableau dont le style paraît être du XIIe ou du XIIIe
siècle, aucun monument historique, jusqu'ici, ne permet de préciser l'origine de cette dévotion.
Installée dès lors dans la capitale du monde catholique, c'est donc la Ville éternelle que Notre-Dame du
Perpétuel-Secours a choisie comme le centre de son culte glorieux. Nous aimons à croire que ce sera pour
toujours. Le possesseur du précieux tableau pensait, lui, poursuivre son voyage ; mais une maladie vint l'arrêter.
Le mal fit de tels progrès qu'il parut bientôt sans remède. Se sentant près de mourir, le malade fait appeler son
hôte, devenu son ami, pour lui remettre la sainte Image, son plus cher Trésor, à la condition expresse qu'après
sa mort, elle sera exposée et publiquement honorée dans une des églises de Rome. L'hôte en prend le solennel
engagement. Sur cette assurance, le dévoué serviteur-de Marie rendit avec joie son âme à Dieu.
Mais, sollicité par les instances de sa femme, captivé aussi par la beauté du tableau, le mandataire devint
infidèle ; il oublia son serment.
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Pour le lui rappeler, la sainte Vierge, à trois différentes reprises, lui apparut en songe. Ce fut en vain.
Dans une quatrième apparition, le malheureux entendit cette sévère parole : « Pour que je puisse sortir de la
maison, il faudra donc que tu en sortes le premier ! » Quelques jours après, il mourut.
Qui le croirait? L'audacieuse femme ne voulut pas comprendre la terrible leçon. Toutefois Marie,
toujours bonne, avait décidé de ne plus frapper. Pour réitérer ses ordres et vaincre tant d'obstination, elle se
servit de la petite fille même de cette femme opiniâtre : « Maman, maman, dit un jour l'enfant à sa mère, je
viens de voir une Dame toute resplendissante de beauté, qui m'a dit :
« Va trouver ta mère et ton aïeul, et répète-leur que Notre-Dame du Perpétuel-Secours veut que son
Image soit vénérée dans une église de Rome. » Vivement impressionnée par ce discours, la mère allait enfin
céder, lorsqu'une voisine, traitant de rêverie la vision de l'enfant qui n'avait que cinq ans, la fit revenir à son
premier entêtement. La mauvaise conseillère n'avait pas achevé de parler, qu'une tumeur charbonneuse gonfle
horriblement son bras et la menace d'une mort imminente. La malheureuse, comprenant ses torts, demande à
grands cris qu'on lui apporte le tableau miraculeux. A peine l'a-t-elle touché qu'elle est délivrée de son mal
mystérieux.
En présence de ces prodiges, la veuve promit de ne plus s'opposer aux volontés de la Reine du Ciel. Mais
dans quelle église Marie voulait-elle fixer son trône de grâces ? Une nouvelle apparition de la Vierge le fit
savoir à l'enfant : « Je veux être placée entre mon église de Sainte-Marie-Majeure et celle de Saint-Jean, mon
fils bien-aimé. » Or, entre ces deux basiliques, dans la rue Merulana qui les relie, se trouvait l'antique église
Saint-Matthieu. Plus de doute, c'est ce sanctuaire vénérable que Marie choisissait pour en faire l'asile de sa
miraculeuse Image et le théâtre de ses maternels prodiges.
Le 27 mars 1499, les ordres de l'auguste Mère de Dieu furent enfin exécutés. Un cortège triomphal
parcourait les rues de Rome. Le peuple, ayant appris les événements merveilleux qui mettaient sa piété en
possession d'une nouvelle Madone miraculeuse, suivait en flots pressés, et faisait retentir les airs des hymnes de
sa reconnaissance. Dès cette première apparition, la Vierge du Perpétuel-Secours voulut ouvrir la série de ses
miracles. Une femme qui, depuis longtemps, avait un bras paralysé, en recouvre instantanément l'usage par le
seul attouchement du tableau. Ce prodige augmente encore le filial enthousiasme de la multitude. Après un
long parcours, la procession arrive à Saint-Matthieu ; les religieux Augustins, qui desservaient l'église,
reçoivent avec joie la sainte Image, et, au milieu de chants et de prières, ils l'exposent au-dessus du maître-
autel.
Le sanctuaire choisi par Marie était des plus vénérables et digne de posséder ce Trèsor. Il remontait au
Pape saint Clet, troisième Pontife romain, qui transforma sa maison paternelle en oratoire, pour le dédier à
l'Evangéliste saint Matthieu. Plus tard, cette humble chapelle fit place à une Très belle église qui fut longtemps
honorée d'un titre cardinalice.
Durant l'ère sanglante des persécutions, les chrétiens venaient y prier en secret, avant d'aller mourir pour
le Christ et pour la vérité. C'est là, c'est sous ces voûtes où retentit la dernière prière des martyrs, que, pendant
plus de trois cents ans, depuis 1499 jusque vers 1812, Marie fut pour le peuple chrétien, toujours martyrisé par
la souffrance et toujours persécuté par le monde, le Perpétuel Secours et la Grande Espérance . Les foules
accouraient de toutes parts. Pas un pèlerin, pas un évêque, pas un prince ne venait à Rome sans rendre visite à
la célèbre Madone1. La fête annuelle, dont le Frère Orsetti avait si fidèlement conservé le souvenir, se célébrait
1
Le Souverain Pontife Pie IX, déjà vieillard, se souvenait d'avoir vu, dans sa jeunesse, le sanctuaire de Saint-
Matthieu : « Je fus visiter cette église, dit-il, en compagnie de mon précept eur ; elle me paraissait vieille et bien
délabrée. »
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avec grande solennité. Par là même, les miracles se multiplièrent à l'infini. Trois siècles sont là pour dire que
jamais Marie ne trompa la confiance qu'inspire son nom si touchant de Vierge du Perpétuel-Secours. Le
caractère miraculeux de cette Vierge est d'ailleurs attesté par des témoignages historiques nombreux et
indiscutables.
Survint la grande Révolution, dont le contrecoup se fit sentir dans la capitale du monde catholique. A la
suite de l'invasion des troupes françaises, l'église Saint-Matthieu, par une vengeance de l'enfer sans doute,
tomba, avec le couvent des Augustins, sous la pioche des démolisseurs.
Mais les Augustins, en quittant ces lieux désolés, emportèrent la sainte Image. Ils la placèrent
provisoirement dans l'oratoire privé du couvent de Sainte-Marie-in-Posterula, que le Pape Pie VII venait
libéralement de leur ouvrir. Les gloires de la célèbre Madone furent ensevelies dès lors dans le profond silence
et le long oubli d'un demi-siècle.
Cette éclipse totale dans le culte si radieux de la sainte Image a toutefois une explication naturelle : la
communauté des Augustins n'était guère composée que de religieux irlandais, venus à Rome pour achever leurs
études. Leur séjour dans la Ville éternelle était de courte durée ; dès lors, le personnel se renouvelant
fréquemment, les nouveaux arrivés n'avaient aucun moyen de connaître la Madone, qui n'était d'ailleurs
honorée d'aucun culte public. Seul, par une providence spéciale de Dieu, le vieux Frère Orsetti demeura
toujours. C'est auprès du tableau de Notre-Dame du Perpétuel-Secours qu'il conduisait souvent, ainsi que nous
l'avons vu, son jeune confident, Michel Marchi, pour lui parler de la Très miraculeuse Vierge, comme il
l'appelait : Ah ! era molto miracolosa. En mourant, il eut ainsi la consolation de ne pas emporter dans la tombe
des souvenirs précieux qui permettent de faire revivre le long et glorieux passé de Notre-Dame du Perpétuel-
Secours.
D’après le récit circonstancié du Père Michel Marchi, l'Image miraculeuse, l'Image authentique, sans nul
doute, existait ; et, d'après ces détails si précis, l'endroit où elle se trouvait reléguée devenait facile à
reconnaitre. D'autre part, il était certain que la villa Caserta, avec son couvent de Rédemptoristes et son église
dédiée à saint Alphonse, occupait l'emplacement de l'ancien sanctuaire de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Quoi d'étonnant dès lors que les nouveaux propriétaires aient eu le désir de posséder le précieux tableau ?
Ne pouvaient-ils même pas se réclamer d'un certain droit ? Replacer la sainte Image dans le sanctuaire élevé sur
les ruines de l'ancienne église de Saint-Matthieu, semblait répondre à la volonté de la Reine du Ciel. De plus,
en rétablissant son pèlerinage dans l'église de Saint-Alphonse, et en le confiant aux enfants de l'illustre Docteur,
Marie ne voudrait-elle pas récompenser le grand Saint qui, par ses discours et ses livres immortels, a tant
travaillé à la faim connaitre, aimer et prier ?
Les Rédemptoristes furent vivement frappés de ces révélations et de ces inspirations qui leur parurent
providentielles. Toutefois, on attendit deux années encore pour s'assurer, par de nombreuses prières, de la
volonté de Dieu.
Le 11 décembre 4865, le Supérieur Général des Rédemptoristes, le Révérendissime Père Mauron, fit
auprès du Souverain Pontife la démarche décisive. Dans cette audience, restée célèbre parmi les disciples de
saint Alphonse, Pie IX écouta avec une bienveillance marquée l'histoire de la Madone miraculeuse. Il ne fut pas
moins frappé des circonstances extraordinaires qui amenèrent la découverte de la précieuse Image. Aussi,
quand le Père Général remit à Sa Sainteté la supplique dans laquelle il sollicitait pour son Ordre le célèbre
tableau, le Pontife, si justement appelé le Pape de l'Immaculée-Conception, prit la plume et, de sa propre main,
traça les mots que voici :
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« Le Cardinal-Préfet de la Propagande fera connaître au Supérieur de la communauté de Sainte-Marie-
in-Posterula Notre volonté, qui est de voir replacer, entre Saint-Jean de Latran et Sainte-Marie-Majeure,
l'image de la Très sainte Vierge dont il est question dans la supplique. »
Désormais, Notre-Dame du Perpétuel-Secours appartint de plein droit aux Rédemptoristes ; à eux la
mission de la faire connaître et aimer dans tout l'univers. Tel fut d'ailleurs l'ordre formel que le Père Général
reçut du Vicaire de Jésus-Christ ; et, pour préluder à ce nouvel apostolat dévolu à ses religieux, Sa Paternité
résolut de solenniser par des fêtes incomparables le retour de la célèbre Madone sur l'Esquilin.
Ce fut le 19 janvier 1866 que deux Pères Rédemptoristes, dont l'un était le P. Marchi, se présentèrent au
couvent de Sainte-Marie-in-Posterula pour prendre possession de la sainte Image. Le prieur des Augustins les
accueillit avec bonté ; puis, les introduisant dans la chapelle intérieure, il les mit en présence de l'antique
tableau. Avec quelle émotion les deux envoyés contemplèrent ce pieux chef-d’œuvre ! En voici la description.
La sainte Image est une fort belle peinture sur bois, de style byzantin ; elle ne paraît pas, d'après les
connaisseurs, remonter au delà du XIIIe siècle. Le tableau mesure cinquante-deux centimètres de haut et
quarante et un de large. Sur un fond d'or assez éclatant, apparait la Vierge portant sur son bras gauche l'Enfant
divin. Son front, qu'auréole un nimbe artistement ouvragé, est couvert d'un voile bleu sur le haut duquel
rayonne une étoile. Un bandeau enveloppe et cache la chevelure. Le voile s'entr’ouvre pour laisser voir une
tunique rouge aux ourlets brodés d'or. Les ombres et les plis (particularité de la peinture byzantine) sont
accentués par des filets d'or. Au-dessus de la Madone, on lit ces quatre lettres : . , initiales et finales de
mots grecs qui signifient : Mère de Dieu2.
Une auréole moins riche entoure la tête de l'Enfant Jésus. Il est revêtu d'une robe verte, retenue par une
ceinture rouge, et cachée en partie sous un grand manteau d'un jaune foncé. Au-dessus de son épaule gauche, on
lit les lettres : C,XC, c'est-à-dire : Jésus-Christ.
Une douce mélancolie, ou mieux une sainte tristesse, se dégage de tout l'ensemble. L'Enfant divin, au
lieu de porter ses regards sur sa Mère, ou de les incliner vers la terre, les tient fixés sur un ange qui lui présente
quatre clous et une croix avec l'inscription INRI. Cette vision terrible le jette dans un véritable effroi. Ses
petites mains serrent la main droite de sa Mère, comme pour implorer secours et protection ; et, dans le
sentiment de sa frayeur, la sandale du pied gauche se détache et n'est plus retenue que par une courroie.
Au-dessus de l'envoyé céleste, on remarque les initiales grecques de son nom qui signifient : L'archange
Gabriel. A la même hauteur, à droite de la Madone, on voit un autre ange, portant dans ses mains un vase d'où
s'élèvent la lance et le roseau surmonté d'une éponge. On lit, au-dessus de sa tête des initiales qui désignent
L'archange Michel.
Cette scène répand sur le visage de la Madone une douleur profonde, mais une douleur calme et résignée
qui semble dire à ceux qui la contemplent : « Chrétiens qui parcourez, à la suite de Jésus mon Fils, le rude
sentier de la vie, ayez confiance, je sais compatir et je peux secourir : Je suis la Vierge du Perpétuel-Secours. »
Malgré les cinq ou six siècles de son existence, malgré les phases périlleuses par lesquelles il avait passé,
le tableau était assez bien conservé, et les Augustins eurent la consolation de le remettre, sans avaries ni
altération, entre les mains des deux Religieux rédemptoristes.
2
En Orient, les tableaux religieux portent toujours un titre qui en résume le sujet. Ainsi, sur plusieurs copies
orientales de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, outre les lettres dont nous expliquons le sens, se trouve l'inscription
grecque qui signifie l'effrayant e vision.
C'est une coutume en tout conforme à la tradition chrétienne. Dans les catacombes, sur un grand nombre de
peintures représentant l'Enfant Jésus dans les bras de sa divine Mère, on peut lire cette inscription : Notre-Seigneur
Jésus-Christ .
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CHAPITRE VII – Triomphale installation de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
dans l'église de Saint-Alphonse sur l'Esquilin.
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Encouragée par cette amélioration instantanée, la mère, quelques jours après, reprend l'enfant dans ses
bras, la porte dans l'église des Pères Rédemptoristes, et, la déposant devant la sainte Image, s'écrie avec cette
confiance qui obtient des miracles : « O Marie, achevez ce que vous avez commencé ! » A peine a-t-elle
prononcé cette ardente prière qu'à la stupéfaction des assistants, la petite percluse se lève, et, sans aucune peine,
se met à marcher.
C'est ainsi que la sainte Image, escortée, acclamée, priée par un peuple immense, rentra à l'église Saint-
Alphonse, où elle fut définitivement placée sur un trône splendide.
Un triduum solennel d'action de grâces suivit cette inoubliable journée. Dans le nouveau sanctuaire, la
foule se succéda suppliante, enthousiaste, comme aux temps de grande foi. L'empressement populaire, les
prières ininterrompues en firent comme l'acte de consécration de la Ville entière à Notre-Dame du Perpétuel-
Secours.
Pendant ces trois jours et durant tout le mois de mai, Rome tout entière accourut aux pieds de sa céleste
Bienfaitrice. Les plus indifférents se laissaient porter par les flots de la grâce qui entrainaient le peuple romain
vers cette nouvelle source de la vie. Comme le plus humble des fidèles, le Souverain Pontife, Pie IX, vint
apporter à Marie l'hommage de son filial amour et en implorer le perpétuel secours. « J'ai appris, disait-il avec
une aimable simplicité, qu'elle accorde des grâces qui tiennent du prodige. Elle devrait bien user de sa
puissance en faveur du pauvre Pape. »
Une année s'était à peine écoulée depuis la solennelle réintégration de la sainte Image, que l'on parlait
déjà pour elle d'une nouvelle glorification. C'est une ancienne coutume, à Rome, de couronner d'un diadème
d'or les Madones les plus vénérées. Par son antiquité comme par ses miracles, la Vierge du Perpétuel-Secours
fut jugée digne de cette distinction. On en fit la demande au vénérable Chapitre du Vatican, à qui revient le
droit de décerner ce suprême honneur. Il accueillit favorablement la supplique, vota une couronne d'or, et
délégua, pour rendre à Marie ce glorieux hommage, son illustre doyen, Mgr Mattei. Cette cérémonie, fixée au
23 juin 1867, et à laquelle le Cardinal-Vicaire invita de nouveau tous les Romains, eut un éclat inouï. Après la
messe pontificale, au chant du Regina cœli, l'officiant, portant deux couronnes dans ses mains, monta les degrés
de l'autel. En présence de tout le peuple, il déposa la première sur la tète de l'Enfant-Jésus, et la seconde sur
celle de sa Mère. Aussitôt, les voûtes du temple sacré retentirent des acclamations du Te Deum, chanté par la
foule avec transport, pendant qu'au dehors le bruit du canon et la voix des cloches des basiliques annoncèrent
au loin le nouveau triomphe de la Mère de Dieu.
Cette cérémonie s'accomplissait à l'époque des splendides fêtes du Centenaire de saint Pierre. Plus de
cinq cents évêques, une multitude de prêtres et de fidèles accourus de tous les points de la terre, entendirent
parler de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et purent contempler de leurs yeux les solennités dont elle était
l'objet. Rentrés dans leur pays et dans leurs familles, ils durent, sans aucun doute, en parlant de Rome, faire
connaître la nouvelle Protectrice du peuple chrétien.
De son côté, le Saint-Siège n'a rien épargné pour favoriser le culte de la Vierge miraculeuse. Par une
faveur spéciale, le Souverain Pontife a concédé une messe et un office propres en l'honneur de la Madone. De
plus, il a érigé une Archiconfrérie sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et de saint Alphonse ;
plusieurs prières à ces deux patrons de l'Archiconfrérie ont été richement indulgenciées3. Aussi, dès cette
époque, la dévotion à la secourable Madone prit un merveilleux essor. Aujourd'hui, la Vierge du Perpétuel-
Secours est connue et vénérée dans le monde entier. Elles sont rares les cathédrales, ou même les églises de
village, dans lesquelles le pieux pèlerin n'ait le bonheur de rencontrer la sainte Image. Des millions de gravures
3
Quelques-unes de ces prières indulgenciées se trouvent à la troisième partie de ce livre.
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et de médailles, humbles messagères de la Vierge miraculeuse, sont actuellement répandues dans les cinq
parties du monde. Incalculable est le nombre des membres de l'Archiconfrérie.
Et pourquoi s'étonner de cette surprenante diffusion ? Le nom de Perpétuel -Secours n'explique-t-il pas, à
lui seul, la faveur dont cette précieuse dévotion est partout l'objet ? Au milieu de nos perpétuelles misères, il est
si consolant d'apprendre qu'il existe un perpétuel secours ! Perpétuel-Secours ! Ce mot répond à nos
sollicitudes du présent et de l'avenir. Perpétuel-Secours ! C'est donc le secours d'aujourd'hui, le secours de tous
les instants de la journée ; c’est le secours de demain ; le secours à mon dernier soupir ; le secours jusque dans
les flammes du purgatoire ; le secours en tout temps, en tout lieu, en toutes circonstances ; le secours dans les
tentations, dans les difficultés, dans les peines, dans les misères de la vie. Voilà pourquoi le chrétien s'attache
volontiers à une dévotion si pleine d'espérances.
D'ailleurs, Marie prend soin de justifier son titre de Mère du Perpétuel-Secours. Vierge secourable,
souriant à toutes les douleurs, compatissant à toutes les tristesses, elle accourt au premier cri d'alarme et assiste
ses enfants malheureux. On en jugera par la lecture des grâces signalées, et des prodiges sans nombre qui seront
relatés dans la deuxième partie de cet ouvrage.
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DEUXIEME PARTIE
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MERVEILLES
Ce n'est pas sans un dessein particulier de la Providence que le tableau de Notre-Dame du Perpétuel-
Secours a été confié à des religieux missionnaires. Plus qu'à nulle autre époque, l'apostolat par l'œuvre des
missions, s'ajoutant aux efforts du clergé paroissial, est le moyen par excellence de la régénération chrétienne.
Mais cette œuvre, si justement appelée la continuation de la Rédemption, est de celles qui réclament une
extraordinaire effusion de l'infinie miséricorde de Dieu.
Dès lors, le concours de Marie devient indispensable.
Selon l'enseignement de saint Alphonse, la sainte Vierge est et demeure l'aide, l'associée de Jésus
rédempteur ; pour le dire plus énergiquement, le saint Docteur crée une expression nouvelle : Marie, dit-il, est
corédemptrice.
De même qu'elle accompagna pour l'assister dans sa divine tâche le Rédempteur du monde, ainsi
s'adjoint-elle aux ouvriers apostoliques pour les aider dans la distribution des fruits de la Rédemption. A la
mission comme au Calvaire, Marie a sa place marquée. La lui refuser serait compromettre toute l'œuvre de
salut. Le missionnaire n'a garde de commettre cette impardonnable faute ; voilà pourquoi Notre-Dame du
Perpétuel-Secours occupe, dans tous ses travaux apostoliques, la place d'honneur comme protectrice et patronne
spéciale de la mission.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours inaugura son apostolat, pendant et après le triduum de prédications qui
suivit l'installation de sa sainte Image dans l'église des Rédemptoristes, à Rome. Des conversions et des
guérisons sans nombre vinrent témoigner de la volonté formelle de la Madone de mettre désormais son tout-
puissant et perpétuel secours au service des fils de saint Alphonse.
Durant ces jours bénis, les pauvres et les malheureux accoururent à l'envi, des infirmes et des estropiés se
firent transporter aux pieds de la Vierge miraculeuse. Les pécheurs y vinrent en foule implorer de leur Mère du
ciel pardon, secours et protection. Au sacré tribunal, dit un témoin oculaire, des milliers de pécheurs se
réconcilièrent avec Dieu ; et, à la Table sainte, des communions innombrables furent journellement distribuées.
Depuis lors, Notre-Dame poursuit son apostolat, et partout les heureux fruits témoignent en faveur de la
puissante efficacité du secours de Marie.
En voici des preuves convaincantes.
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C’était au mois de février, dans une paroisse du diocèse de Laval ; la Mission venait de s'ouvrir, par un
temps affreux. La pluie qui tombait avec une désespérante constance, en rendant les chemins impraticables,
menaçait de compromettre la sainte entreprise. Notre-Dame du Perpétuel-Secours y remédia heureusement.
Comme dans toutes les Missions, l'image de la Madone fut installée avec grande solennité. Tout aussitôt,
la dévotion à Notre-Dame se répandit comme par enchantement, et la confiance en son perpétuel secours
s'empara de tous les cœurs. Toute la journée, les fidèles assiégeaient le trône de Marie et ne le quittaient qu'à
regret à la tombée de la nuit. En raison de ce filial recours, le succès de la Mission était assuré. Il le fut bien
davantage quand la sainte Vierge laissa tomber sur cette paroisse une de ces faveurs qui captivent les cœurs.
Une enfant de onze ans était atteinte d'une méningite. Après avoir minutieusement examiné la petite
malade, le médecin déclara le mal sans remède ; ce jugement paraissait d'autant plus fondé que l'épidémie qui
régnait dans le pays avait déjà fait plusieurs victimes.
Dans cette extrémité, on recourut à la Vierge de la Mission. Les compagnes de la malade s'unirent à la
famille de l'enfant et commencèrent une neuvaine de prières. Bientôt les douleurs de tête, qui étaient des plus
violentes, disparaissent ; plus aucune crise, et, vers la fin de la neuvaine, la malade se trouve hors de danger. Le
médecin, en venant la visiter, s'écrie avec étonnement : « Mais, cette enfant est guérie ; ma présence est
désormais inutile ! » La protégée de Notre-Dame put assister, sans fatigue, à la cérémonie de clôture de la
Mission, et, à genoux au pied de l'autel de la Madone, en présence de toute la paroisse, elle remercia sa céleste
Bienfaitrice.
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Images de N.-D. du Perpétuel-Secours imprimées sur papier de soie, que, par dévotion, certaines personnes
prennent dans de l'eau.
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On y compte aujourd'hui de quatre à cinq mille catholiques. Le pasteur de ces âmes abandonnées,
voulant tenter un suprême effort, résolut de faire prêcher une Mission. Il fallait un missionnaire religieux. Il en
écrivit au Supérieur des Rédemptoristes, lui demandant un Père, lequel, pour ne pas éveiller les susceptibilités
des protestants, quitterait le costume religieux. Le Supérieur rejeta cette condition. Après plusieurs neuvaines à
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, on finit par s'entendre. Au jour marqué pour l'arrivée du prédicateur, le curé
se rend par trois fois à la gare afin de le conduire au presbytère en voiture fermée ; déception trois fois
renouvelée. Enfin le missionnaire arrive. Ne trouvant personne pour le recevoir, il prend son parti et traverse la
ville à pied ; le costume du religieux surprend un peu ; on le regarde avec curiosité, on en parle, mais on laisse
passer l'étranger. Le bon curé n'en put croire ses yeux quand il vit entrer chez lui son prédicateur et qu'il apprit
que, pendant le trajet de la gare au presbytère, nul ne l'avait inquiété.
A l'ouverture de la Mission, cent cinquante auditeurs ; il y en eut plus de trois mille à la clôture. Chaque
jour, au sermon du soir, quatre cents protestants environ se mêlaient aux catholiques. Douze à quatorze cents
personnes remplirent leurs devoirs religieux. A qui revient cet incroyable succès, ce mouvement inespéré vers
la religion ? Notre-Dame du Perpétuel-Secours a seule opéré ce miracle. Son image bénie a présidé les saints
exercices et leur a conféré une toute-puissante efficacité. Elle demeure dans l'église d'Asch, et, par de nouvelles
conversions, continue l'œuvre de la Mission.
Oraisons jaculatoires.
O Marie, Mère du Perpétuel-Secours, priez pour moi. Mon protecteur saint Alphonse, faites que, dans
tous mes besoins, je recoure à Marie.
(300 jours d'indulgence, trois fois chaque jour, pour les membres de l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Perpétuel-
Secours.)
[Trois Ave Maria. ]
L’INDIFFÉRENCE religieuse ! Voilà bien la plaie de notre époque. Nombreux sont les chrétiens qui
respectent la religion, qui réclament pour elle une place à leur foyer; qui viennent même lui demander ses
bénédictions dans les grandes solennités de la vie, mais qui ne remplissent presqu'aucune de ses saintes
prescriptions. Cet état d'âme provient plutôt d'une sorte de léthargie morale que de la violence des passions.
L'art médical a su trouver ou composer des substances qui endorment les membres malades et les rendent
insensibles à la souffrance.
Sur beaucoup de chrétiens l'indifférence produit un effet semblable. Poison subtil, elle s'infiltre dans
l'organisme spirituel, dans l'esprit et dans la volonté ; elle répand dans l'âme je ne sais quelle insensibilité qui
paralyse toutes les bonnes inspirations de la grâce et qui lui enlève le sentiment de son état si malheureux.
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Dès lors, sans inquiétude, l'indifférent vit et vieillit dans le péché ; et, terrible conséquence ! c'est dans le
péché que meurt d'ordinaire cette conscience sans remords.
Pour tirer de cette dangereuse torpeur ces pauvres âmes il faut une grâce excitante très efficace, il faut
même un miracle extraordinaire de la miséricorde divine. Cette grâce, c'est Marie qui l'accorde ; ce miracle,
c'est Marie qui l'opère. Nous en avons pour preuves l'enseignement de l'Eglise, l'autorité des saints Docteurs, le
sentiment universel du peuple chrétien et l'émouvante histoire de toutes les conversions.
Semblable « à la douce aurore » annonçant un beau jour, Marie ramène dans ces âmes et les lumières et
les consolations de la foi chrétienne ; elle réveille les cœurs assoupis, elle chasse les ténèbres des préjugés ; elle
fait entrevoir l'éternité et ses mystérieux problèmes ; elle excite le désir de goûter à nouveau les joies
surnaturelles du chrétien qui, servant Dieu fidèlement, peut compter sur les récompenses du ciel.
Les traits suivants justifient cette consolante vérité.
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La plupart des grâces et des faits merveilleux relatés dans les chapitres suivants, sont extraits de la Sainte
Famille, Revue ascétique et Bulletin de l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, qui paraît chaque mois,
sous la direction des Pères Rédemptoristes. Antony, Seine.
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faire des progrès rapides dans l'amour divin et adoucir son caractère de fer. Au temps pascal, sa fille vint me
trouver : « Cette année j'ai fait mes Pâques, dit-elle, cela vous fera plaisir : je veux surtout que vous sachiez que
le point de départ du retour de ma mère et du mien vient des deux petites médailles de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours que vous nous avez a données. »
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O Marie, Mère du Perpétuel-Secours, Vierge de la mission, si l'on vous connaissait, si l'on vous priait !
Accordez maintenant persévérance et fidélité !
CONCLUSION : Ces merveilleuses conversions ne permettent plus de douter de l'efficacité du recours à
Marie. Jetons, nous aussi, vers elle le cri d'une filiale confiance, et, avec les privilégiés de Notre-Dame, récitons
la prière suivante.
Les symptômes de cette maladie d'âme que l'on appelle obstination, endurcissement dans le péché, sont
de différentes sortes : c'est d'abord une inexplicable surexcitation lorsqu'une voix, même la plus aimée, invite
discrètement à rentrer dans le devoir ; puis, c'est une instinctive aversion pour tout ce qui troublerait cette
fausse et fatale quiétude ; enfin, c'est le parti-pris de ne profiter d'aucune des occasions qui peuvent ramener à
Dieu.
L'âme indifférente s'endort dans l'insouciance ; mais l'âme obstinée lutte contre la grâce et s'opiniâtre
dans le péché.
Cette résistance et cet entêtement rendent l'âme, on le comprend, indigne de toute faveur du ciel. Pour
changer cette volonté rebelle, il ne faut rien moins qu'un prodige éclatant de la miséricorde, de cette
exceptionnelle miséricorde qui, parfois, donne des grâces extraordinaires à une créature humaine qui ne mérite
rien, ou qui même a démérité. Mais, selon l'enseignement de saint Alphonse, l'exercice arbitraire de la
miséricorde est le privilège personnel de Marie. A Jésus-Christ les revendications de la justice, à Marie le
ministère de la miséricordieuse clémence.
Aussi pouvons-nous mettre en fait que dans les conversions retentissantes, apparait toujours, manifeste,
l'intervention de la Mère de Miséricorde, provoquée d'ordinaire par la prière d'une âme dévouée.
Par les merveilleux retours à Dieu qu'elle ne cesse d'opérer, Notre-Dame du Perpétuel-Secours se charge
de le prouver surabondamment.
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Dieu. Plusieurs fois, elle essaya de le ramener à de meilleurs sentiments ; mais en vain. Chaque lettre qu'elle lui
écrivait ne faisait qu'augmenter l'obstination du malade, en sorte qu'il finit par les lui renvoyer avec ces mots :
« Ne me parle plus de conversion, je te défends de me faire encore des sermons. » Il se vantait hautement de
vouloir mourir sans prêtre, sans sacrements, sans religion.
Une neuvaine en l'honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours fut commencée. Cependant, l'état du
malade devint de plus en plus alarmant. Sa sœur, se confiant en la miséricordieuse puissance de Notre-Dame,
lui envoya, sans plus hésiter, une médaille de la Madone. Elle craignait fort que cette médaille ne lui fût
retournée. Mais non, il l'accepta.
Subitement, un mieux sensible, quoique passager, se déclara dans l'état physique ; mais hélas ! l'état
moral ne changeait pas.
Marie demeurait sourde à la prière ; toutefois, elle ne faisait qu'attendre l'heure de la grâce pour vaincre
ce cœur rebelle. A plusieurs reprises, des crises violentes faillirent emporter le malade sans que ses dispositions
devinssent meilleures. Lorsqu'un prêtre, ami de la famille, vint le voir, il le reçut poliment, mais il écrivit
ensuite à sa sœur : « Probablement c'était encore une tentative de conversion que, de concert avec toi, ce prêtre
devait faire ; mais je te prie de me laisser en repos. »
Désolée, la pauvre fille, avec plusieurs autres personnes, recommença une neuvaine qui devait finir le
jour de l'Immaculée-Conception. Notre-Dame du Perpétuel-Secours fut invoquée avec plus de ferveur encore,
les jours du malade étant comptés. La miséricorde de Marie avait choisi cette glorieuse fête pour opérer ce
miracle de la grâce ; car, sans aucune autre sollicitation, au grand étonnement de son entourage, le malade
demanda soudain qu'on appelât un prêtre. Celui-ci accourt en toute hâte, et, bientôt après, réconcilié avec Dieu
par une bonne confession, le malade reçut le saint Viatique, l'Extrême-Onction, vécut encore quelque temps, et
mourut ensuite dans la paix du Seigneur.
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Profitant de ce bon mouvement, nous lui demandons s'il voulait accepter la visite d'un prêtre de nos amis
qui venait justement nous voir ce jour-là, et qui s'intéressait particulièrement à lui. Il y consent de bon cœur ; le
prêtre se présente, et ce fut le malade qui, le premier, parla de confession. Sur-le-champ, il se confessa dans les
plus excellentes dispositions. Sa maladie empirant, il demanda bientôt à être transporté à l'hospice. Là, il fit
appeler l'aumônier, reçut une nouvelle fois la sainte absolution et tous les sacrements des mourants. Il était
temps, car, dans la journée même, il rendit son âme à Dieu.
CONCLUSION : Quoi qu’il en semble, ces prodiges de conversion sont toujours le fruit de la prière.
Assiégeons le ciel par nos supplications afin d'en faire descendre, par les mains de Marie, miséricorde et
pardon.
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O Marie, Mère de Dieu et mon unique espérance, voici à vos pieds un pauvre pécheur qui implore votre
pitié. Dans toute l'Eglise et parmi tous les fidèles, il n'y a qu'une voix pour vous proclamer le refuge des
pécheurs : vous êtes donc mon refuge, et c'est à vous de me sauver. Vous savez, ô très douce Mère de Dieu !
vous savez quel intérêt nous porte Jésus, combien notre salut lui tient au cœur, et tout ce qu'il a souffert pour
l'assurer. Je vous présente, ô Vierge du Perpétuel-Secours, les souffrances de Jésus-Christ : le froid qu'il endura
dans l'étable, chacun des pas de sa fuite en Egypte, toutes les fatigues de sa vie apostolique, les sueurs et le
sang qu'il répandit, sa mort en croix par laquelle il consomma sous vos yeux son sacrifice.
Je le sais, votre cœur si plein de commisération pour les malheureux se fait un bonheur de secourir tous
ceux que leur obstination ne rend pas indignes de vos bontés ! Hélas ! j'ai opposé jusqu'aujourd'hui, à l'effusion
de vos miséricordes, l'obstacle d'un cœur obstiné ; mais, c'en est fait, je ne veux plus m'obstiner dans le mal.
Comblez donc les vœux de votre cœur compatissant ; voici pour vous l'occasion de me sauver, moi, pauvre
pécheur, condamné à l'enfer. Je m'abandonne entièrement à vous ; je me réfugie sous votre manteau.
O Marie, je recours à vous et en vous je mets toutes mes espérances. Dites à Dieu que vous voulez mon
salut, et certainement Dieu me sauvera. Dises au Seigneur que je vous appartiens ; et je ne vous demande rien
de plus, mon salut est assuré. Ainsi soit-il.
(S. ALPHONSE.)
[Trois Ave Maria. ]
Elle est très grande et digne de Marie, la miséricorde qui sait arrêter au seuil de l'éternité, pour le
soumettre librement à Dieu, l'homme révolté pendant toute une vie contre son Créateur. Il ne faut rien moins
qu'une explosion de la grâce divine pour changer la haine en amour, la rébellion en soumission, une vie de
pécheur en la mort du juste.
Plus puissante, toutefois, paraît la grâce qui ébranle une volonté jouissant de toute sa vigueur et placée en
face d'une carrière qui s'étend encore dans un lointain avenir, alors que l'illusion prend si facilement la place de
la réalité. Ici, la grâce n'a plus, pour la seconder, les troublantes lueurs que projettent sur le mourant les
mystères de l'éternité ; c'est de sang-froid et en pleine possession d'elle même que l'âme opère son retour à
Dieu.
Le pouvoir de Marie n'a point de bornes, et, tous les jours, il s'impose aussi bien aux hommes dans la
force de l'âge qu'aux moribonds sur le point de quitter ce monde. Témoin les conversions suivantes.
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démons et de damnés ; puis, sans cesse j'ai été obsédé par le souvenir de mes péchés. J'éprouve le besoin de me
confesser. »
Il le fit.
Vers la fin de la mission, eut lieu la communion générale à laquelle il prit part. Au sortir de l'église,
rencontrant le secrétaire de l'Archevêque, il se jette dans ses bras et l'embrasse avec effusion.
- Avez-vous gagné le gros lot ? lui dit le secrétaire.
- Il s'agit bien de cela ! réplique le nouveau converti. J'ai gagné bien davantage, j'ai gagné Dieu. Depuis
ma première communion, il n'était pas descendu dans mon cœur ; aujourd'hui, je l'ai retrouvé, j'espère ne le
perdre jamais plus.
Sa conversion avait été aussi parfaite qu'instantanée.
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déplorables dispositions d'âme, elle repoussait avec irritation les conseils qui auraient pu la ramener à de
meilleurs sentiments. Le récit des faveurs accordées par Notre-Dame du Perpétuel-Secours paraissait lui
inspirer une toute particulière répugnance.
Son confesseur lui conseilla de recourir à la Vierge même pour laquelle elle éprouvait tant d'éloignement.
La malheureuse redoutait sa conversion. Elle consentit néanmoins à faire un triduum en l'honneur de Marie ;
mais elle ne le fit que du bout des lèvres. Sur l'avis du confesseur, elle commença un second triduum. Cette
fois, le secours de Notre-Dame fut plus puissant ; le cœur de la pécheresse s'ouvrit au repentir ; toute une nuit
passée en prières détermina un changement complet. De grand matin, sérieusement convertie, et fondant en
larmes, elle reçut les sacrements avec une véritable et profonde ferveur.
Aujourd'hui, par reconnaissance, elle est une des plus ardentes zélatrices du culte de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours.
CONCLUSION : Ne désespérons jamais de la conversion d'une âme; mais ayons soin de la recommander
à Celle qui a le monopole de ces difficiles conversions.
Dans la famille, quelle est la mission surnaturelle de l'épouse et de la mère ? N'est-ce pas de former à la
vertu l'âme de ses enfants et de ramener à Dieu, de nos jours surtout, un mari trop souvent étranger aux
pratiques de la religion ?
Pour remplir ce rôle de sanctification et de conversion, la femme a reçu du ciel le don d'un merveilleux
dévouement et elle a d'ordinaire puisé, dans une éducation religieuse, le goût de la piété et les convictions de la
foi.
D'où vient, néanmoins, que les efforts de tant de femmes chrétiennes résolument dévouées à leur
providentiel apostolat ne sont que rarement et lentement couronnés de pleins succès ? Au début de leur union,
ces pieuses épouses ont mis en œuvre toutes les industries de leur zèle : bonnes paroles, douces invitations,
ferventes prières. L'édifiant exemple de leur constante abnégation ne s'est jamais démenti. Mais on a répondu
par des sourires ou, ce qui est plus pénible encore, par une indifférence calculée. Vient alors la tentation du
découragement. Que faire? s'est demandé, après tant d'essais infructueux, la chrétienne, apôtre du foyer. Et
souvent elle a rendu les armes et abandonné la lutte.
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Que faire, dites-vous, pour combattre jusqu'au jour d'une certaine victoire ? - Vous adresser avec
confiance à Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Priez et faites prier la puissante Madone. Bientôt, vous goûterez
les joies d'une nouvelle conquête ; votre apostolat aura rendu à Dieu et au ciel une âme dont vous ne pouviez
consentir à vous séparer éternellement.
Bénie par-dessus toutes les femmes, Marie connaît le cœur de l'épouse et de la mère ; elle en connaît
aussi les aspirations et les douleurs. Sa bonté, quand on l'implore, sait réaliser ces aspirations et soulager ces
douleurs. Doutez-vous de cette puissance illimitée de la Reine des cieux ? Rappelez vous ce défi de saint
Bernard que vous récitez dans le « Souvenez-vous» 6 : Je consens à ce que celui qui n'a pas été secouru par
Marie après l'avoir invoquée, lui enlève sa confiance et cesse désormais de recourir à sa puissance.
Les traits consolants que nous allons citer, sont de nature à dissiper les dernières hésitations.
6
« Souvenez-vous, o très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu
recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé votre secours ait été abandonné. Animé d’une pareille
confiance, j’accours vers vous, je viens à vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. O
mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, et daignez les exaucer. Ainsi soit-il. » (Saint Bernard)
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A son retour, la pieuse mère donne des détails sur son pèlerinage ; elle parle surtout de l'émotion
profonde qu'elle a ressentie devant la sainte image. En entendant ce récit, le pauvre pécheur, sollicité déjà par la
grâce, prend la résolution de faire au plus tôt ce même pèlerinage. Il le fit seul et à l'insu de sa mère. Là, Notre-
Dame acheva son œuvre, en lui accordant la grâce de faire une bonne confession suivie d'une fervente
communion. Réconcilié avec son Dieu, le converti de Notre-Dame du Perpétuel-Secours renonça complètement
à sa vie de désordres et devint un fervent chrétien.
Heureusement pour lui ; car, peu de temps après, il mourut subitement, victime d'un accident. La pauvre
mère en était d'autant plus inconsolable qu'ignorant la conversion de son fils, elle le croyait perdu pour
l'éternité.
Cependant Marie, qui avait sauvé le fils pécheur, ne voulut pas laisser plus longtemps la pieuse mère
dans cette anxiété.
Une nuit, celle-ci vit en songe son fils mort : il lui semblait qu'il se trouvait en Purgatoire, et que du
milieu des flammes il étendait ses bras vers elle en s'écriant : O ma mère ! je ne suis pas damné, mais je souffre
horriblement dans ces flammes. Je vous en conjure, allez en pèlerinage à Notre-Dame du Perpétuel-Secours et
priez pour moi. »
Ajoutant une entière foi à l'avertissement qu'elle venait de recevoir, la bonne chrétienne se met en route
de grand matin.
Elle se confesse, communie ; puis, prosternée devant l'autel de la Madone, elle prie avec ferveur pour son
fils défunt. Avant de quitter le sanctuaire, elle apprit, de la bouche même du confesseur, que son enfant, peu de
jours avant l'accident dans lequel il périt, avait prié, lui aussi, devant la sainte image et qu'il s'était sincèrement
réconcilié avec Dieu.
A cette heureuse nouvelle, la pieuse femme ne se possède pas de joie ; sa douleur se change en allégresse
; elle loue, bénit la miséricorde de Marie. Toujours sous l'impression de son surnaturel bonheur, elle raconte à
qui veut l'entendre l'immense faveur dont son fils a été l'objet de la part de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Ce fait s'est passé dans la chapelle des Rédemptoristes de Katzelsdorf, en Autriche, et la relation nous en
a été faite par le confesseur de l'heureuse mère.
3. - Merveilleuse conversion et sainte mort d'un homme irréligieux, obtenue par son épouse.
Le fait émouvant que nous allons raconter s'est passé en Belgique ; il prouve surabondamment l'influence
salutaire qu'une vraie chrétienne peut exercer sur un mari sans Dieu.
Un médecin fort charitable avait été élevé en dehors des principes religieux. Toutefois, par ses qualités
aimables et surtout par sa grande charité, il avait conquis la sympathie de tous. Dieu seul sait les aumônes et les
secours de tout genre qu'il versa dans le sein des malheureux. Il eut la bonne fortune de s'unir à une jeune
personne qui, elle, avait reçu une éducation aussi chrétienne que distinguée.
Depuis plusieurs années notre docteur souffrait de la goutte ; on lui fit entendre que cette maladie
l'exposait à des surprises, qu'il ferait bien de se tenir prêt à comparaître devant Dieu. Il recevait non sans
plaisanter ces charitables avis. En attendant, le mal suivait une marche progressive. Bientôt les souffrances
devinrent si vives qu'il lui fut impossible de quitter la chambre. Son épouse, surmontant les sentiments trop
ordinaires en pareil cas, ne craignit pas d'aborder la grave question de la confession. Peine inutile, le malade
persistait à dire qu'il ne se confesserait jamais. Il accepta cependant les soins d'une religieuse, afin de soulager
son épouse ; mais en accueillant la Sœur de Charité il lui dit : « Vous venez pour me faire confesser, n'est-ce
pas ? Sachez que je ne veux pas me confesser, et ne m'en parlez point ! »
De tous côtés s'élevaient vers Dieu d'ardentes prières, pour obtenir la conversion de cette âme si
universellement aimée.
Une parente très dévouée à Notre-Dame du Perpétuel-Secours proposa de faire une neuvaine à la
Madone. On était à la fin du mois de novembre ; la neuvaine commença : plus de cent personnes y prirent part.
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Le premier jour de la neuvaine on fit prendre au malade, sans qu'il s'en doutât, une petite image de Notre-
Dame du Perpétuel-Secours.
Voyant la douleur de son épouse et les craintes qu'elle avait au sujet de son salut, le malade lui dit : « Si
je me confessais aujourd'hui, ce serait pour te faire plaisir ; mais je ne veux le faire que pour le bon Dieu et
avec foi, et je n'ai pas la foi. » Cette parole montrait que la conversion était en bonne voie. Avant la fin de la
neuvaine, le docteur assura qu'il ne voulait point mourir sans sacrements, mais qu'il ne se confesserait qu'à la
mort, priant sa femme de l'avertir à temps. Il accepta un petit crucifix qu'une de ses parentes lui offrit, le baisa
souvent et ne voulut plus s'en séparer. Très fréquemment, il récitait le Pater et l'Ave Maria , tout en persistant
dans sa résolution de ne se confesser qu'à la mort.
Grandes étaient les angoisses de sa pauvre femme. Le Seigneur attendrait-il le pauvre pécheur, et sa
patience ne se lasserait-elle pas en présence de cette obstination ? Elle se le demandait avec anxiété, quand, tout
d'un coup, la maladie changea de face : la goutte qui menaçait le cœur disparut pour faire place à une phtisie
galopante. Les mois de décembre et de janvier s'écoulèrent dans des alternatives de bien et de mal, mais le
malade demeurait toujours dans les mêmes dispositions de cœur et d'esprit.
Le 30 janvier, il fut saisi d'une crise qui faillit l'emporter. Il demanda à sa femme où il en était. Celle-ci,
en chrétienne, dominant tout sentiment contraire au vrai bien de son mari, lui répondit qu'il se trouvait en grand
danger.
« Sera-ce aujourd'hui ? Sera-ce demain? » demande le malade consterné.
« - Mon ami, ton état est très grave ; tu peux mourir demain, après-demain, mais peut-être aussi
aujourd'hui, tout à l'heure, à l'instant ! »
« - Eh bien ! fais vite chercher un prêtre, je veux me confesser, recevoir les sacrements et mourir en
chrétien. »
La pieuse femme ne se le fit pas répéter. Le prêtre arrive, reste seul avec le malade, et au bout d'une
demi-heure, en sortant pour aller chercher le saint Viatique, il dit à l'épouse en larmes : « Soyez consolée,
madame, tout est bien, très bien fait. »
Le malade n'eut pas plus tôt reçu les sacrements, qu'il fut littéralement transformé, et selon l'expression
de la religieuse garde-malade, le loup se trouva changé en agneau, doux, patient, respectueux, reconnaissant. Il
voulut passer toute la journée en action de grâces, -ordonnant à cet effet qu'on ne reçût personne. Il en profita
pour prier et remercier Dieu, et les larmes qu'il répandait, témoignaient assez de la sincérité de son repentir.
Aux paroles indifférentes ou se rapportant aux choses de la terre, il répondait que tout cela ne l'intéressait plus.
Sans respect humain, il informa lui-même ses médecins et son frère de son retour à Dieu et du bonheur qu'il
goûtait depuis sa confession, ajoutant qu'il regrettait d'avoir tardé si longtemps à se confesser... Le converti
vécut encore une dizaine de jours durant lesquels il édifia tous ceux qui l'approchèrent.
Deux ou trois jours avant sa mort, il fit assembler dans sa chambre le personnel de la maison. Quand tout
le monde fut réuni, avec une foi vive et des sentiments profonds de componction, il demanda pardon à tous des
mauvais exemples qu'il avait donnés, ainsi que des peines qu'il leur avait causées ; il adressa à sa digne épouse
les paroles les plus touchantes, la remerciant de sa patiente bonté envers lui et proclamant avec émotion que
toujours elle avait été un ange de douceur et de patience.
Bien qu'il ne désirât plus que le ciel, il acceptait néanmoins, en expiation de ses péchés, la prolongation
de sa vie de souffrance. Il demandait souvent à la sœur de charité s'il pouvait compter aller en paradis, et il
ajoutait - « Mais, ma Sœur, comment puis-je esPèrer le même ciel que vous ? Vous avez tant travaillé pour
Dieu ; et moi, je suis arrivé à ma dernière heure sans avoir rien fait pour lui. »
Cependant il s'affaiblissait rapidement, tout en conservant sa pleine connaissance. Le voyant si épuisé
qu'il avait peine à tenir sa tête relevée, et plus de peine encore à articuler quelques paroles, son épouse lui offrit
de quoi soutenir ses forces. Le malade, d'une voix presque éteinte, la pria de ne pas insister, qu'il ne voulait plus
rien prendre, afin d'aller plus tôt voir Dieu.
« Mais, mon ami, reprit-elle, tu dois tout faire pour prolonger ta vie autant qu'il plaira à Dieu, et si, pour
mourir plus tôt, tu ne voulais plus rien prendre, tu pécherais. » A ce dernier mot, le malade est comme saisi
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d'effroi ; il sort de son état de prostration, se redresse et dit d'une voix accentuée : « Je pécherais ! Je ne veux
pas pécher, donne-moi vite ce que tu veux. »
Il parlait de sa mort prochaine avec calme, il s'entretenait même de ses funérailles, en exprimant le désir
qu'elles fussent très simples. « Nous avons vécu simplement, disait-il, je veux être enterré simplement au
cimetière du village où nous avons notre maison de campagne ; là tu viendras prier sur ma tombe, tu me
visiteras parfois jusqu'à ce que nous nous revoyions au ciel. » '
Le moribond paraissait parfois sommeiller ; mais en le regardant de plus près, on voyait ses lèvres
remuer, il priait. Enfin, il quitta cette terre d'exil après une douce et paisible agonie ; sa mort fut plutôt un
sommeil dont il se réveilla dans le sein de Dieu.
CONCLUSION : En lisant le récit de ces conversions, quelle est l'épouse, quelle est la mère, qui douterait
encore de la puissance de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, et qui n'implorerait sa miséricordieuse bonté en
faveur d'un fils prodigue ou d'un mari égaré ?
Il est ravissant de grâce et d'angélique beauté l'enfant qui, agenouillé au pied de l'autel de Marie,
demande, dans une naïve mais irrésistible prière, le retour de son père de la terre à son père du ciel. Qui n'a
surpris une de ces jeunes âmes parlant à la sainte Vierge à peu près en ces termes : « Mon père est bien bon,
mais il blasphème le nom du bon Dieu ; il travaille pour moi, mais il ne pense pas au ciel, il ne prie pas, il ne
fait point ses Pâques. O sainte Vierge Marie, convertissez-le, ne permettez pas qu'il aille en enfer ! »
« Ma mère m'aime beaucoup, mais elle n'est pas pieuse, elle n'est pas chrétienne. O sainte Mère de Dieu,
touchez son cœur et remettez-la sur le chemin du ciel. »
Qui pourrait traduire l'accent pénétrant de ces filiales supplications ? Qui pourrait en exprimer la suavité ?
Aussi bien, quelle puissance n'ont-elles pas sur le cœur de Marie ! Elles le touchent, l'émeuvent, le provoquent
à des excès de bonté.
Oh ! c'est que la prière qui s'élève naturellement de l'âme de l'enfant est une vraie prière. Elle est humble
: l'enfant a conscience de sa faiblesse ; elle est confiante : l'enfant n'hésite pas, il ne doute pas de sa mère.
De plus, les enfants ne sont-ils pas les préférés, les amis de Jésus et de Marie ? Le divin Sauveur lui-
même n'a pu résister à leurs charmes innocents. Avec quelle tendresse il les pressa sur son cœur, avec quelle
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effusion il les bénit ! « Laissez venir à moi les enfants, dit-il, laissez-les venir ; à eux mes préférences, à eux le
royaume des cieux.7» Et Marie partage cette prédilection de son divin Fils ; pour eux surtout elle a un cœur de
mère. En vérité, la prière d'une jeune âme renferme une invincible efficacité.
N'est-ce pas pour ce motif que les mères intelligentes et chrétiennes mettent en prière ces chers petits
êtres quand il s'agit de faire violence au ciel, pour en obtenir une grâce jusque-là vainement demandée ? D'autre
part, avec quelle perfidie et quelle profonde science du mal ne supprime-t-on pas la prière dans l'école en même
temps que le crucifix et la douce image de Marie ! Les sectaires comprendraient-ils, eux aussi, la portée
spéciale de la prière de l'enfant, en auraient-ils peur ?
Quant aux chrétiens, ils rechercheront toujours l'appui de ces puissants intercesseurs, se rappelant la
maxime de saint Alphonse : « Si les mères ne savent rien refuser à leurs enfants, comment Marie qui a reçu de
Dieu, dans une incompréhensible mesure, les sentiments maternels, pourrait-elle fermer son cœur aux prières
d'un de ses enfants ? »
D'ailleurs, Notre-Dame du Perpétuel-Secours, par des faveurs tous les jours renouvelées, se charge de le
prouver surabondamment.
7
S. Marc, X, 14.
31
II
Un an après, la petite Marcelle fit à son tour sa première communion, tandis que Louis renouvela la
sienne. Michel, qui avait été très fidèle à la promesse faite à son fils, assista avec une émotion plus profonde
que la première fois au grand acte accompli par sa fille.
Quelle fut la prière formulée par la mère de famille, lorsque ses yeux baignés de douces larmes virent la
chère Marcelle s'avancer blanche et candide vers la sainte Table pour y recevoir son Dieu ? Nous ne le savons
pas précisément ; mais le brave Michel, qui refoulait énergiquement ses pleurs, en avait bien une large part.
A partir de la première communion de Marcelle, le père, quand il en avait le temps, restait une minute de
plus à l'église, et il adressait avec plus de piété sa courte prière à Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
III
Un jour, le pauvre commis fut victime d'un accident qui pouvait avoir les plus fâcheuses conséquences.
La sacoche dans laquelle il renfermait les valeurs qu'il encaissait, lui fut dérobée.
Où ? Par qui ? Il ne le pouvait dire.
Il rentra chez lui dans un état à faire pitié, il était au désespoir !
Mais auparavant, il se rendit dans une église, où, s'étant jeté à genoux, chose qu'il ne faisait pas
ordinairement, il murmura, le cœur plein de confiance en Marie :
« O Notre-Dame du Perpétuel-Secours, venez à mon aide dans cet affreux malheur ! »
Le directeur de la Banque, homme bon et humain, voulut bien accorder le délai d'un mois à son employé,
pour qu'il pût trouver la somme de cinq mille francs qu'on lui avait volée.
Les jours de ce mois s'écoulent avec une rapidité à faire peur ; déjà la fin approche, il va falloir vendre le
peu que possède le petit ménage afin de réunir la somme exigée.
Il ne restait plus que cinq jours avant l'échéance. Michel s'apprêtait à sortir pour aller trouver un
brocanteur qui depuis longtemps enviait un beau buffet, vieux meuble de famille.
Soudain on frappe à la porte, Marcelle y court et introduit M. le Curé qui demande à parler à l'employé.
- Monsieur Frarec, dit le vénérable pasteur, ne vous manque-t-il pas une somme d'argent ?
- Oui, Monsieur le Curé, cinq mille francs que j'ai perdus, ou plutôt qui m'ont été dérobés... Je suis bien
malheureux ! Pour m'acquitter, dans cinq jours, il faut me défaire du peu que nous possédons, et encore d'une
partie de nos meubles. Je vais de ce pas chez le brocanteur.
- Restez chez vous, mon ami. Voici vos cinq mille francs et votre sacoche !
Le curé ne le dit pas ; mais la famille comprit que l'auteur du vol avait dû porter ses remords au
confessionnal, seule explication de la restitution.
- Quel bonheur, Monsieur le Curé !... Ah ! je vous suis mille fois reconnaissant, s'écrie Michel, divaguant
presque de joie. Voulez-vous, Monsieur le Curé, me permettre de vous offrir quelque chose pour vos pauvres ?
- Mon ami, je n'accepte que vous-même, c'est-à-dire votre pratique... Cela vous va-t-il ?
La femme et les enfants échangèrent un regard avec le bon prêtre.
Michel resta un instant abasourdi; puis, tendant la main, il s'écria :
- Oui, ça y est ! je ne puis pas faire mieux. Demain, j'irai vous trouver... vous savez où ?
Ils se serrèrent la main; puis le prêtre s'éloigna, laissant l'heureuse famille savourer son bonheur.
- Ma foi ! ma femme, tu avais raison, dit Michel, les prêtres, ça sert bien à quelque chose. Je serai des
vôtres maintenant.
- « Oh ! Notre-Dame du Perpétuel-Secours, s'écria la bonne Sophie, vous nous avez donné encore plus
que nous ne vous demandions : l'argent perdu, et l'âme de mon mari. »
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- Dame, répliqua naïvement Michel, je la priais tous les jours depuis une année !
L'employé de banque est aujourd'hui un chrétien pratiquant et convaincu, ses enfants marchent sur ses
traces : le curé de la paroisse est leur meilleur ami, et ils ont toujours une grande dévotion à Notre-Dame du
Perpétuel-Secours.
33
Enfin, Dieu nous a envoyé le bienfait de la mission. Lorsque j'entendais les missionnaires parler de la
miséricorde divine envers les pauvres pécheurs, je me disais : « Oh ! si mon père entendait ces paroles, il se
convertirait. Mon Dieu, n'y-a-t-il donc plus de miséricorde pour lui ? Faudra-t-il être séparés en ce monde et
dans l'autre ? » Puis, m'adressant à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, je lui répétais ces paroles du « Souvenez-
vous » de Saint Bernard :
« Aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection n'a été abandonné : mon père sera donc le premier
que vous délaisserez ? Vous savez pourtant que, malgré la mauvaise voie qu'il suit, il a toujours porté sur lui le
chapelet, ce qui est une marque de confiance en vous, et vous le laisseriez périr ! Cela n'est pas possible : vous
le sauverez ! » Alors une douce confiance fit place à la crainte ; je continuai à prier Notre-Dame du
Perpétuel-Secours ; je témoignai à ma mère le désir de voir la sainte image exposée dans notre demeure, ce qui
me fut accordé.
Un dimanche, au retour du sermon (huit jours avant la clôture de la mission), j'appris que mon père était
revenu et qu'il était malade. Au bout de quelques jours, voyant que son état empirait, ma mère lui dit : «
J'espère que tu feras ta mission : lequel de ces bons Pères veux-tu que je fasse venir ? »
« - Je n'en veux aucun, répondit-il. Du reste, que lui dirais-je ? je n'ai pas fait de mal. »
Le lendemain, il se montra moins récalcitrant : ma mère alla chercher un prêtre de la paroisse, auquel
mon père fit sa confession. Avec la santé de l'âme revint aussi la santé du corps, et, le dimanche des Rameaux,
nous eûmes la consolation de le voir prendre place à la Table sainte, qu'il avait abandonnée depuis si
longtemps.
A présent, mon père est entièrement changé ; et moi, qui étais effrayée à sa vue au point de trembler de
tous mes membres, j'ai pour lui une affection que je n'ai jamais sentie. Il faut le reconnaître, depuis que Notre-
Dame du Perpétuel-Secours a fait son entrée dans notre maison, elle y a fait régner le bonheur et la paix, aussi
jamais je n'oublierai les bienfaits de cette chère Madone !
CONCLUSION : Chers enfants, si vous avez la douleur d'avoir des parents éloignés de Dieu, confiez votre
chagrin à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, priez avec persévérance et vous aurez la consolation de les
ramener, à vos côtés, à la Table sainte.
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Si la misère donne un droit spécial à la miséricorde, avec quelle assurance l'âme sacrilège peut compter
sur la sainte Vierge !
Parmi les âmes malheureuses, n'est-elle pas la plus malheureuse ? Elle est tout ensemble faible et
croyante. D'une part, sa foi lui dit qu'elle mange et boit sa condamnation, et d'autre part, sa faiblesse la retient
dans le péché. Elle n'ignore pas qu'elle change en poison le remède qui devrait lui donner la vie, et la fausse
honte l'empêche de faire une confession sincère. Dès lors, luttes intérieures, angoisses, remords cuisants ! Rien
de plus vrai que cette parole du même saint Docteur - « Ces âmes endurent dès ici-bas les tortures de l'enfer. »
Notre-Dame du Perpétuel-Secours en est émue, et son cœur de mère ne saurait laisser dans cet enfer
anticipé ses enfants malheureux. Appelée, elle vient à leur secours, elle leur facilite des aveux pénibles, elle les
ramène au pardon et à la joie de l'âme.
Ecoutons ces privilégiés de la miséricorde raconter eux-mêmes leurs tourments et chanter ensuite
l'hymne de la reconnaissance.
!. - Un pécheur voyage dans quatre parties du monde pour confesser son péché.
De Guayaquil, principal port de mer de la République de l'Equateur, aux confins du Pérou, entre la
chaine des Andes et l'Océan Pacifique, s'étend une immense langue de terre où viennent échouer et s'unir aux
indigènes des aventuriers du monde entier. Avec ces tristes épaves, l'immoralité et l'impiété se sont implantées
dans le pays. Toutefois, le peuple a conservé dans une étonnante vigueur la dévotion â la sainte Vierge ; nulle
part ailleurs, peut-être, Notre-Dame du Perpétuel-Secours n'est priée autant que dans les Républiques de
l'Amérique méridionale. Inutile d’ajouter que la chère Madone ne se laisse pas vaincre en générosité. En voici
une preuve entre mille.
« Nous venions de commencer la sainte Mission, raconte un Père Rédemptoriste, dans une bourgade
assez importante de la côte. Dès les premiers jours, il se produisit un puissant mouvement religieux. Les impies
de la localité en prirent ombrage d'abord, puis entrèrent dans de furieuses colères. Intimidations, calomnies,
menaces, rien ne fut épargné pour entraver l'œuvre de Dieu. On ne parlait de rien moins que de nous assassiner,
sans doute au nom de la liberté de conscience.
En réponse à ces provocations, nous organisons une réunion pour les hommes seuls. Notre appel fut
entendu ; un grand nombre d'hommes y répondirent. Après le chant de quelques cantiques en l'honneur de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, dans une courte instruction, je leur parlai de leurs devoirs d'hommes et de
chrétiens.
Au milieu de la foule et la dominant, comme un autre Saül, de la hauteur de sa tête, un homme paraissait
en proie à une vive agitation. Tantôt, il jetait les regards sur l'image de Notre-Dame, tantôt il les tournait vers
moi ; enfin, il ne tenait pas en place.
Mon attention fut bientôt attirée sur cet étrange auditeur : « Ne serait-ce pas un émissaire de la franc-
maçonnerie ? me demandai-je. En tout cas, il n'a pas l'air de vouloir prendre le chemin du confessionnal !
Je terminai mon allocution en exhortant mes auditeurs à recourir avec confiance à Notre-Dame du
Perpétuel-Secours qui accueille et convertit les plus grands pécheurs s'ils implorent son assistance, et j'ajoutai :
« Dès ce soir, vous pourrez en faire l'heureuse expérience ; tous les missionnaires vont se mettre à la disposition
de ceux d'entre vous qui désirent se confesser. » Aussitôt le géant sort des rangs, se met à ma poursuite, et me
rejoint à la sacristie : « Il va me poignarder », me disais-je ; et, intérieurement, je fis à Dieu le sacrifice de ma
vie. Par bonheur, il n'en était rien.
Je n'eus pas le temps de m'asseoir que déjà je le vis tomber à mes genoux; il commença par m'avouer un
énorme péché : « Le voilà enfin sorti, dit-il, ce monstre qui, depuis tant d'années, m'a si cruellement
tourmenté ! »
Longtemps il pleura sans pouvoir proférer une parole. Enfin, il lève la tête et me dit : « Mon Père, avant
de commencer ma confession, permettez-moi de raconter brièvement ma vie.
« Je suis européen (et il me désigna sa nationalité). A l'âge de seize ans, j'ai commis l'horrible péché que
je viens de vous révéler. A partir de ce moment, je devins pour moi-même un objet d'horreur et le remords me
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déchirait le cœur. J'aurais voulu m'en confesser; mais comment avouer une faute si abominable ? Mon martyre
durait depuis deux ans, quand la pensée me vint d'aller en Chine. Il y a là, pensai-je, tant de missionnaires qui
ont tout quitté pour Dieu et pour les âmes, j'en trouverai sans doute un à qui j'aurai le courage de dévoiler mon
triste état.
Je pars, j'arrive en Chine, je vais de chrétienté en chrétienté; mais, hélas ! la fausse honte m'accompagnait
partout; et chaque fois que je me trouvais en présence d'un prêtre, elle me fermait impitoyablement la bouche.
Triste et découragé, je retourne dans ma patrie, portant toujours dans le cœur la vipère qui le déchirait.
Sur ces entrefaites, les Anglais projettent une expédition en Egypte ; leurs émissaires viennent dans mon
pays natal pour enrôler des soldats. Sous couleur d'enthousiasme, je m'engage ; mais, au fond, je ne le fis que
dans l'espoir de rencontrer sur le champ de bataille un prêtre à qui je pusse ouvrir mon cœur.
Nous arrivons à Alexandrie ; je fais la campagne au service de l'Angleterre, je me bats avec courage,
mais je ne me confessai point. L'expédition terminée, je revins dans mon pays, toujours en compagnie de mon
horrible péché.
Après cette double tentative, j'en étais venu à me désespérer ; je ne voyais plus de remède à mon malheur
: « Si j'allais en Amérique, me dis-je un jour ; non pas aux Etats-Unis, car on y est protestant, mais dans
l'Amérique du Sud ! »
Voilà six ans que je suis ici. En présence des scandales et de l'impiété, bien moins encore que dans mon
pays, j'eus le courage de faire cet aveu nécessaire. Depuis lors, je travaillai dans les mines, résigné à mon
affreux sort.
Or, il y a un mois, j'entends des camarades s'entretenir d'un projet de mission qui, disaient-ils, devait se
prêcher sous peu dans la paroisse !
Quelle mission ? » leur demandai-je.
« Ce sont d'excellents religieux, répondit-on ; ils parcourent la côte, portant avec eux, pour convertir plus
facilement les pécheurs, une Vierge très miraculeuse ! »
Ces paroles firent renaitre l'espoir dans mon âme. Si la nouvelle est vraie, c'est pour moi que Dieu envoie
ces missionnaires.
Hier soir, au sortir de la mine, je vins à l'église ; ce qui me frappa tout d'abord, ce fut Notre-Dame du
Perpétuel-Secours. En la regardant, mon cœur s'attendrit, et je commençai à la prier.
Tout à l'heure, pendant que vous parliez, je me sentis bouleversé ; je n'y tenais plus, j'ai couru après vous
et vous ai dit mon péché sans savoir comment.
Ah ! que ce maudit péché m'a causé de tourments ! Mais le voilà dévoilé ; il ne m'en coûtera pas de dire
le reste. Bénie soit Notre-Dame du Perpétuel-Secours qui vient de m'arracher à l'enfer ! Publiez, mon Père,
publiez partout sa miséricordieuse bonté à mon égard ! »
Il acheva sa confession, puis s'en alla heureux d'un bonheur qu'il ne connaissait plus et bénissant avec
effusion sa céleste Libératrice.
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m'exauçait pas !!! Un jour, j'eus le malheur de prendre une de ses images entre mes mains sacrilèges, et de la
jeter contre terre avec fureur.
Cet acte d'impiété me jeta dans un tel désespoir, que, n'osant plus invoquer Celle que j'avais si gravement
outragée, j'en vins à essayer, plusieurs fois, de m'ôter la vie. Mais, ô prodige de bonté et de miséricorde ! Marie,
qui veillait toujours sur son enfant, ne permit pas que le crime fût consommé.
Enfin, je me remis à invoquer cette bonne Mère ; j'engageai même les personnes de ma connaissance à se
vouer au culte de Marie, espérant par là toucher son cœur et obtenir ma conversion. Combien de fois je lui ai
répété ces paroles de saint Alphonse : « Dites-moi, « ma mère, voulez-vous me sauver ? Si vous ne le voulez
pas, à qui dois-je m'adresser ? » Et ces autres paroles : « Ma mère, permettrez-vous donc que votre enfant aille
vous maudire en enfer pendant toute l'éternité ? Mais non, vous ne le pouvez ni ne le devez ; ce n'est que pour
les pécheurs que vous avez été élevée à la dignité de Mère de Dieu : ainsi, j'ai des droits à votre assistance, moi
qui ai commis tant de péchés. »
Enfin, l'heure de ma délivrance a sonné. Dieu, dans sa miséricorde, me ménagea le bienfait d'une retraite.
Tout d'abord, les sermons sur les vérités éternelles me jetèrent plus avant dans le désespoir ; et, un jour, je me
dis : « J'ai le temps d'être en enfer après ma mort ; je ne veux plus entendre ces choses-là, et je n'assisterai plus
au sermon. » Mais la pensée me vint, grâce sans doute à l'intervention de Marie, d'écrire au Père missionnaire.
Je lui posai les deux questions que voici :
Une âme qui s'est livrée à tous les désordres, qui a fait une longue série de confessions et de
communions sacrilèges, peut-elle encore espérer ?
Secondement, si, au comble du désespoir, elle s'était livrée corps et âme au démon, pourrait-elle jamais
espérer un pardon ?
J'hésitai toute une journée à remettre cette lettre au prédicateur ; je finis cependant par l'envoyer, désirant
dans le fond qu'elle restât sans réponse. Contrairement à mes secrets désirs, je reçus une réponse immédiate. La
voici :
Oui, mille fois oui ; cette pauvre âme peut et doit espérer. Qu'elle vienne me trouver avec une confiance
entière, et tout de suite !
Aussitôt, comme poussée par une force irrésistible, j'allai me jeter aux pieds du prêtre. La très sainte
Vierge m'obtint la grâce de faire enfin l'humble et sincère aveu de toutes mes fautes, et je me relevai,
débarrassée du poids énorme qui m'accablait depuis si longtemps !
Il me serait impossible d'exprimer le bonheur que je ressentis alors. Les âmes qui sont revenues d'aussi
loin que moi peuvent seules le comprendre. Quant à celles qui sont encore dans les chaînes du démon, oh ! je
les engage à recourir en toute confiance à Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; et, comme moi, elles éprouveront
l'effet de sa puissante protection.
Reconnaissance, amour et dévouement éternels à Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! »
CONCLUSION : Si quelque âme gémissait dans les mêmes chaines, afin que, délivrée de ce cruel
esclavage, elle puisse adresser à Marie les mêmes actions de grâces, nous l'engageons à recourir à Notre-Dame
du Perpétuel-Secours.
Prière.
Mère de miséricorde, Vierge du Perpétuel-Secours, voici à vos pieds le traître qui, payant d'ingratitude
tant de grâces que vous lui avez obtenues de Dieu, vous a trahis, vous et votre divin Fils. Mais, ô ma
Souveraine, sachez-le, ma misère ne m'enlève pas et même elle augmente ma confiance en vous ; car, je le sais,
elle ne fait que vous inspirer envers moi une plus grande compassion. Montrez, ô Marie, que vous êtes pour
moi ce que vous êtes pour tous ceux qui vous invoquent : une Mère pleine de générosité et de miséricorde. Il
suffit que vous jetiez les yeux sur moi et que vous me preniez en pitié. Car si votre cœur se prend de pitié pour
moi, vous ne manquerez pas de me protéger. Et si vous me protégez, que puis-je encore craindre ?
O Mère de mon Dieu, ma confiance en vous est sans bornes. De vous j'attends la grâce de laver mes
péchés dans les larmes d'un vrai repentir. De vous j'espère les forces qui m'empêcheront de retomber. Je suis un
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pauvre malade qui a empoisonné le remède qui devait me guérir ; mais le ciel met à votre disposition d'autres
remèdes capables de réparer tout le mal.
O Marie, j'espère tout de vous, parce que vous pouvez tout auprès de Dieu. Ainsi soit-il.
(S. ALPHONSE.)
[Trois ave Maria. ]
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Il faut ajouter que cette pauvre fille, qui restait muette pendant les prières publiques, recourait cependant
à la sainte Vierge en son particulier. Souvent, on la surprenait devant le tableau de Notre-Dame du Perpétuel-
Secours, qui est suspendu dans un lieu solitaire. Elle priait et pleurait. Aujourd'hui, elle s'en félicite au ciel. Que
Notre-Dame soit à jamais remerciée de ce prodige de conversion !
Prière.
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Mère du Perpétuel-Secours ! abaissez sur mon âme des regards de compassion. Hélas ! non contente
d'offenser votre divin Fils par la transgression de sa sainte loi, elle l'a outragé jusque dans ses sacrements,
abusant de son sang au tribunal du pardon et renouvelant à la sainte Table le crime de Judas. Mais si mon âme
est bien coupable, vous le savez, elle est aussi bien malheureuse. Bourrelée de remords, elle voudrait vaincre le
démon muet, elle voudrait faire une bonne confession, mais une funeste crainte la retient.
Ah ! ma Mère, je ne puis plus vivre ainsi. Ayez pitié de moi ! Donnez-moi le courage de parler !
Arrachez de mon cœur le serpent qui me ronge. Me voici à vos pieds, je ne vous quitterai pas que vous ne
m'ayez exaucé. Ainsi soit-il.
[Trois ave Maria. ]
Ici-bas, la paix n'est jamais sans mélange de lutte. Pour l'homme voyageur; vivre c'est combattre. La
lutte, autrement dit la tentation, voilà notre condition à tous. Tentations au dedans de nous-mêmes, tentations
venant du dehors ; à tout moment, nous sommes, harcelés, et notre pauvre cœur est horriblement secoué.
Dans cette guerre sans armistice, à qui recourir ? Qui nous assurera la victoire ? Celle que l'Esprit-Saint
appelle si justement arsenal inépuisable, tour merveilleuse où sont suspendus mille boucliers et toute l'armure
des vaillants, Marie, la Mère du Perpétuel-Secours.
Parmi les prérogatives de la sainte Vierge, celle que l'Eglise et les saints se plaisent à célébrer, c'est
l'empire de la Mère de Dieu sur les puissances de l'enfer. Ils nous la montrent, tantôt écrasant sous son pied
l'astucieux serpent, tantôt refoulant dans l'abime la troupe des mauvais esprits. Aussi, par une inspiration
surnaturelle, chaque fois qu'il se sent assailli par le tentateur, le vrai chrétien recourt à celle que saint Alphonse
a si bien nommée : la Terreur des démons.
Combien sont touchants les témoignages de gratitude que nous prenons au hasard dans les Annales de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! Lisons-les et profitons-en.
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Dans un filial concert, plusieurs âmes célèbrent les victoires que la Reine du ciel leur a fait remporter sur
Satan.
Pendant qu'une maladie aiguë tourmentait mon corps, des idées noires et désespérantes s'attaquaient à
mon esprit. Je ne savais que devenir. Dans cette détresse, je m'adressai à Notre-Dame du Perpétuel-Secours
ainsi qu'à saint Joseph. Le secours vint aussitôt. Ma neuvaine n'était pas terminée que ma guérison était
complète. Avec la santé du corps, mon âme avait retrouvé la paix et la sérénité.
Gloire, amour à Notre-Dame !
+
+ +
Une jeune fille, souffrant beaucoup de tentations et de toute sorte de peines intérieures, a senti le calme
rentrer dans son âme, après avoir prié Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Sur le point d'entrer dans un
monastère, elle reconnaît que c'est encore à la puissante Madone qu'elle doit sa vocation. Grâce à son
intervention, toutes les difficultés ont été surmontées.
Amour, reconnaissance à Notre-Dame du Perpétuel Secours !
+
+ +
Depuis plusieurs années, j'étais rongée par des peines intérieures qui me jetaient parfois dans un état
voisin du désespoir et m'inspiraient une vive répulsion pour tous mes devoirs.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, dont je me suis fait l'apôtre, m'a soulagée d'abord ; puis, par un vrai
miracle, tous ces sentiments affreux se sont évanouis.
Gloire et reconnaissance à Marie !
+
+ +
Il y a quelques mois, je fus pris d'un terrible découragement ; d'épaisses ténèbres enveloppaient mon
esprit ; je ne savais à qui recourir.
Pour dissiper ces tristes pensées et apaiser mon trouble, j'ouvris au hasard le Bulletin de l'Archiconfrérie
de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Tout à coup, je fus comme inspiré de m'adresser à cette puissante Mère.
La seule pensée de l'invoquer m'apporta du soulagement. Je promis à Notre-Dame, s'il m'était donné de
retrouver le calme complet, de faire publier cette insigne faveur. Je suis exaucée : la tempête est apaisée, mon
âme est sereine comme le ciel en un jour de printemps.
Merci, ma Mère, et gardez votre enfant !
+
+ +
3. - Tentation de suicide.
Depuis un certain temps, une domestique se sentait poursuivie par la pensée de se jeter à l'eau. C'était
une véritable obsession. La tentation redoublait chaque fois que sa maîtresse l'envoyait à la rivière laver le linge
de la maison. Elle luttait pourtant avec énergie. A chaque sollicitation du démon, elle répondait : « Je ne veux
pas me perdre ; non, je ne veux pas suivre cette affreuse suggestion ! »
Plus elle cherchait à s'éloigner de la rivière, plus elle revenait, comme invinciblement, à l'endroit fatal. A
deux reprises même, une force irrésistible la précipita dans l'eau ; elle aurait péri infailliblement si, chaque fois,
la divine Providence n'eût amené quelqu'un pour l'en retirer.
Ayant connu la tentation de la pauvre fille, M. le Curé l'encouragea ; puis, pour la consoler, lui remit un
crucifix, en lui disant : « Prenez ce crucifix et ne le quittez plus ; j'ai la ferme confiance que Notre-Seigneur
vous délivrera. » Ces paroles rassurèrent cette âme malheureuse au point qu'elle s'écria : « Maintenant, je n'ai
plus rien à craindre ; j'ai mon crucifix, le démon n'aura plus d'empire sur moi ! »
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Sa joie ne fut pas de longue durée. La tentation revint. Peu de temps après, se trouvant près du cours
d'eau, elle se sentit encore plus fortement sollicitée à s'y précipiter. A la vue de l'inutilité de ses efforts pour
résister, elle tomba dans un profond découragement.
Notre-Seigneur réservait à sa Mère la gloire de triompher du tentateur. Sur ces entrefaites, elle eut le
bonheur de se lier d'amitié avec une personne très dévouée à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, dont elle ne
tarda pas de faire la confidente de son amer chagrin.
- Mais, lui dit un jour celle-ci, ne fournissez-vous pas au démon quelque occasion de vous tenter ?
- Non, reprend la domestique; je pratique exactement mes devoirs de religion. Il est vrai, je lis parfois
dans un livre de spiritisme, mais uniquement pour me récréer.
- Défaites-vous d'abord de ce livre ; il y a tout lieu de croire que le mal vient de là. Du reste, prenez cette
médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; elle est très puissante contre l'enfer. Vous ne tarderez pas à
ressentir les effets de la protection de Marie.
La domestique suivit fidèlement ce conseil, ne quitta plus la précieuse médaille, brûla le mauvais livre,
et, à partir de ce moment, la suggestion diabolique disparut sans retour. En reconnaissance, elle demeura jusqu'à
sa mort la servante fidèle de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
CONCLUSION : Au moment de la lutte, quand la tentation viendra nous harceler, vite recourons à Notre-
Dame, et, comme ces âmes privilégiées, nous constaterons le merveilleux pouvoir de Marie sur l'enfer.
O serpent, « de son pied virginal Elle t'écrasera la tête ! » Telle est la prophétie pleine d'espérance qui
promit, pour un lointain avenir, au monde coupable une libératrice et à Satan une implacable ennemie. Ce fut la
très sainte Vierge Marie qui, de concert avec son Fils, le Rédempteur, réalisa cet oracle divin.
Sous la forme d'un serpent et par des promesses traîtreusement alléchantes, le démon a séduit Eve, notre
première mère, et avec elle toutes les générations qui se succèdent en ce monde. Depuis, l'ennemi de Dieu et
des hommes n'a changé ni de forme ni de procédé. Aujourd'hui comme aux premiers jours du monde, dissimulé
non plus sous les feuilles d'un arbre, mais caché sous un monceau de feuilles impies et de romans sans pudeur,
il tient aux imprudents qui s'en approchent le langage de la révolte et de la sensualité.
Il est à peine besoin de faire remarquer qu'à nulle autre époque l'enfer n'a exploité avec plus de fureur
qu'aujourd'hui ce puissant moyen de séduction. L'impiété et la licence de la presse irréligieuse ne dépassent-
elles pas toute mesure ? A-t-on jamais fait un usage aussi éhonté de la liberté d'écrire ? Qui pourrait compter les
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âmes que les mauvais livres ont irrévocablement détournées de Dieu et de la religion ? Combien d'autres, tout
en demeurant fidèles à la pratique religieuse, ont cependant vu leur foi et leur vertu battues en brèche, parce
qu'elles n'ont pas su résister complètement, en fait de lectures, aux prétextes allégués par une imprudente et
malsaine curiosité ; disons mieux : elles n'ont pas repoussé les suggestions du démon tentateur !
En vérité, c'est toujours le même serpent immonde et rusé ; mais, béni soit le ciel ! il rencontre toujours
aussi le même adversaire, la très sainte Vierge Marie. Parvient-elle par le zèle d'un de ses enfants dévoués, ou
seulement par une de ses images, à pénétrer dans un foyer chrétien, aussitôt elle en bannit le roman obscène et
le journal libre-penseur, comme le soleil chasse les ténèbres. Veut-elle ramener une âme à Dieu et au devoir
négligé, elle commence par la soustraire à l'action néfaste des lectures dangereuses, semblable au médecin qui
écarte de son malade tous les éléments morbides. Pour atteindre ce but, Notre-Dame du Perpétuel Secours se
manifeste souvent par des signes auxquels il serait difficile de nier le caractère surnaturel. En voici quelques
traits :
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« Ces crimes, en chargeant ma conscience, m'enlevaient la foi et le bonheur. Pour m'étourdir, je me livrai
avec rage à la lecture des romans, essayant de trouver là une diversion aux remords de la conscience. Mais ces
lectures frivoles, loin d'être un remède, aggravèrent mon mal ; elles n'eurent pour effet que de me rendre la vie
plus insupportable et de me porter au désespoir. Où serais-je aujourd'hui si la sainte Vierge n'avait pas veillé sur
moi ? Je ne le sais que trop ! Par un dernier crime j'aurais, de mon plein gré, rendu mes maux plus graves et
éternels ! Mais, ô Marie, vous vouliez sauver mon âme !
« Il y a quelque temps, une mission fut donnée dans ma paroisse. J'y assistai tout d'abord par curiosité,
sans nul désir de me convertir ; car les mauvais livres m'avaient enlevé ce qui me restait de foi et de confiance ;
avec Judas je me disais : « Plus de pardon pour toi ! Je me mis néanmoins à prier Notre-Dame du
Perpétuel-Secours. La grâce ne tarda pas à triompher de mon endurcissement. Après bien des combats, il me fut
donné de faire un aveu sincère de mes fautes. Aujourd’hui, je puis m'écrier : « Merci, Notre-Dame, je ne vous
oublierai jamais. A vos pieds je renonce désormais à toute lecture dangereuse et je renouvelle la résolution de
mourir plutôt que d'offenser encore mon divin Sauveur crucifié pour moi. »
Que telles soient les dispositions des âmes qui liront ce récit !
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répété maintes fois qu'en lisant les œuvres des savants, il s'était fait des convictions inébranlables et qu'il
mourrait comme il avait vécu, sans Dieu et sans prêtre.
N'ayant pas encore le courage de demander le prêtre, il parlait à sa famille de la consolation qu'aurait sa
parente religieuse de le voir renouveler sa Première Communion. Enfin, on se décida à envoyer un télégramme
au prêtre éloigné qui avait offert généreusement son ministère. Il prit immédiatement le train rapide. Par
bonheur, car la première dépêche était à peine partie qu'un membre de la famille en lança une autre ainsi
conçue : « Ne vous pressez pas; vous pouvez retarder votre voyage d'une huitaine de jours. » Il n'était plus
temps, le prêtre était en route ; s'il avait tardé, il n'aurait trouvé son ami qu'au cimetière.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, que tant de ferventes âmes avaient intéressée à cette redoutable
affaire, veillait.
Enfin le prêtre arrive à cinq heures du soir. Le malade demande à le voir seul. Il se confesse, témoigne le
désir de recevoir tout de suite le saint Viatique et l'Extrême-Onction. Il les reçoit, en effet, une heure après, dans
une attitude si pénétrée et si édifiante, que l'on ne pouvait plus douter du changement complet opéré en son
âme. Demeuré seul avec sa pieuse gardienne, il fit l'abjuration de toutes les erreurs, fruit de ses tristes lectures,
et promit, d'un ton solennel, que si Dieu lui rendait la santé, il vivrait en bon chrétien.
La journée se passa dans un calme qui se reflétait sur tout son extérieur. A partir de ce moment, on put,
sans se gêner, lui parler du ciel et lui suggérer des actes d'amour et de repentir. Quelqu'un étant venu à formuler
des paroles de critique contre une personne à qui le, malade aurait eu quelque droit d'en vouloir, loin de se
mettre en colère comme autrefois, il sourit et leva les yeux au ciel, comme pour dire : « Je ne suis plus le même
homme ; j'ai abandonné tout ressentiment » ; et il changea de conversation.
Le lendemain, il demanda de faire encore la sainte communion. Enfin, vers une heure de l'après-midi, il
entra en agonie. Il priait avec un accent de ferveur extraordinaire. Au milieu des larmes et des sanglots des
assistants, il donna rendez-vous au ciel à celle qui l'avait aidé à en prendre le chemin. Sa fille aînée, encouragée
par les ferventes dispositions de son père, se mit à réciter l' Ave Maria, le Souvenez-vous, l'acte de contrition .
Les assistants lui en firent des reproches sous prétexte que ces prières continuelles fatiguaient le malade. Celui-
ci s'en aperçut et dit énergiquement : « Ma fille, continue ! » On voyait au mouvement de ses lèvres qu'il suivait
les prières. Il baisa avec respect le crucifix qu'il tenait dans ses mains. La famille s'approcha du moribond pour
se recommander à son souvenir devant Dieu et lui donner le baiser d'adieu. Il jeta encore un regard prolongé du
côté du prêtre qui était venu lui donner les dernières indulgences, et son âme quitta la terre pour s'envoler au
sein de Dieu. Aussitôt son visage prit une expression si calme, si douce et si souriante, que tous étaient dans
l'admiration.
Gloire à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, qui a sauvé de l'enfer une pauvre âme pervertie par la lecture
des livres impies !
CONCLUSION : Si nous voulons que Notre-Dame du Perpétuel-Secours soit notre gardienne et la gardienne
de notre maison, défendons l'entrée de notre demeure à tout livre mauvais ou simplement léger.
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O Vierge du Secours, gardez mon esprit et mon cœur, et préservez-les à jamais de l'influence néfaste des
livres dangereux. Ainsi soit-il.
Des âmes enchaînées ! Par qui ? Par la justice des hommes ? Mais elle n'a point de prise sur l'âme.
Enchaînées par le péché, qui devient ainsi son propre châtiment. Et quelles sont ces chaînes qui rivent l'âme à
son ennemi ? C'est un divertissement aimé, mais dangereux ; une réunion qui nous attire, un plaisir qui nous
fascine, une maison où, voulant gagner la vie du corps, nous trouvons la mort de l'âme ; ces mille occasions
séduisantes où, sous des fleurs, sont dissimulés d'affreux serpents.
Le malheur est que le cœur aime ses entraves. Son esclavage trop souvent a pour lui des charmes. Un
ennemi auquel on s'abandonne est mille fois plus dangereux. La grâce, pour nous en dégager, doit être
doublement victorieuse ; elle doit être toute-puissante contre le mal que l'on commet et contre l'occasion qui
nous y enchaîne.
D'où viendra ce secours irrésistible ? De Marie à qui rien ne peut résister. Disposant toujours et
pleinement de la puissance de Dieu, la sainte Vierge est seule capable de rompre cette double chaîne, de briser
ces fers forgés par Satan. Invoquée par l'âme enchaînée, elle accourt, et, d'une main aussi douce que forte,
dégage son pauvre enfant, l'arrache aux regards du serpent, aux griffes de la passion, et lui rend la liberté des
enfants de Dieu.
Ici les traits abondent ; pour les énumérer seulement, un volume ne suffirait pas. Suivons Marie sur les
principales scènes où sa miséricordieuse toute-puissance paraît avec plus d'éclat.
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dire l'impression que ce tableau m'a causée. Il m'était impossible d'en détacher mes regards, et, quand j'ai voulu
partir, j'étais comme enchaînée à ma place ; enfin, je me suis jetée dans ce confessionnal !
- Ce tableau qui vous a si fortement impressionnée, c'est l'image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours,
Vierge miraculeuse vénérée dans ce sanctuaire. La douce Madone vous regardait avec tristesse : elle vous disait
d'espérer encore en son maternel secours ; elle vous offrait son divin Fils Jésus que vous avez chassé de votre
cœur ; mon enfant, il faut vous confesser.
- Mon Père, c'est impossible ! Je ne le puis pas, et si je le faisais, vous ne pourriez me donner
l'absolution.
- A tout péché miséricorde, quand on se repent et qu'on veut changer de vie ! Vous avez des chaînes, de
lourdes chaînes qui vous enlacent...
- Oui, mon Père.
- Il faut les briser généreusement : avant tout, le salut de votre âme !
- Impossible ! C'est une entreprise au-dessus de mes forces et de ma volonté...
- Je le sais, mais je ne vous demande qu'une chose : voulez-vous me la promettre ?
- Oui, si elle n'est pas trop difficile.
- Commencez aujourd'hui même une neuvaine à Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Je la ferai avec vous
et pour vous. Récitez chaque jour neuf Ave Maria , et ne manquez pas de revenir à la fin de la neuvaine ; puis,
ayez confiance.
- Mon Père, je vous le promets.
Neuf jours après, elle revient
- Eh bien, avez-vous fait votre neuvaine ?
- Oui, mon Père.
- Qu'avez-vous décidé ?
- Mon Père, c'est fini ! Notre-Dame du Perpétuel-Secours m'a exaucée...
- Que voulez-vous dire ?
- Mon Père, je pars, je quitte Paris, je veux sauver mon âme !
- Très bien, mon enfant, et où allez-vous donc ?
- Loin, bien loin !
- Allez-vous au moins à trente lieues de Paris ?
- Plus loin, mon Père ; car, à trente lieues de Paris, je ne serais pas en sûreté, et je veux sauver mon
âme !...
- Le bon Dieu n'exige pas davantage...
- Mon Père, je veux sauver mon âme, je quitte la France.
- Le bon Dieu ne demande pas un tel sacrifice. Où allez-vous donc ?
- Mon Père, Notre-Dame du Perpétuel-Secours m'a fait rencontrer une excellente famille, très chrétienne
et très riche, qui m'a offert la place d'institutrice auprès de deux jeunes filles. J'ai accepté : dans deux jours, je
pars avec cette famille pour habiter l'Orient. Coûte que coûte, je veux sauver mon âme ! Maintenant, mon Père,
je puis et je veux me confesser.
Et elle se confesse avec d'admirables sentiments de repentir et en répandant un torrent de larmes.
Deux jours après, elle revint de nouveau : « Mon Père, dit-elle, je viens vous demander une dernière
bénédiction et vous prier de me recevoir dans l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. C'est Elle
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qui m'a convertie. Je pars : le fiacre qui transporte mes malles m'attend à votre porte : bénissez-moi, mon Père,
et priez pour moi ! »
Quelques mois plus tard, elle écrivait : « Mon Père, Notre-Dame du Perpétuel-Secours a protégé
admirablement sa convertie ; mon voyage a été des plus heureux, et j'ai rencontré ici un religieux français à qui
je me confesse tous les huit jours. Soyez rassuré sur mon compte : si ma retraite venait à être découverte, je
fuirais, mon Père, j’irais jusqu'à Jérusalem, jusqu'au bout du monde !... car, coûte que coûte, je veux sauver
mon âme ! »
Ce trait si émouvant prouve, à lui seul, et surabondamment, la vérité de cette parole de saint Alphonse :
« La miséricorde de Marie est toute-puissante et capable de triompher de l'enfer lui-même. »
Une personne de haute naissance et d'une éducation distinguée, tout en conservant toujours les dehors de
l'honnêteté, gémissait depuis longtemps sous un esclavage flétrissant. Un jour, elle entra dans une église où l'on
prêchait une octave en l'honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
A l'instant même, elle eut le pressentiment que, par le secours de cette clémente Reine, elle obtiendrait
pleine victoire sur elle-même et sur l'occasion qui la rivait au mal. Elle se fit inscrire dans l'Archiconfrérie de
Notre-Dame, et promit, si la sainte Vierge la délivrait, de publier cette grâce dans le Bulletin mensuel.
Après ces promesses, les liens tombèrent comme d'eux-mêmes. Bientôt, avec la sainte liberté des enfants
de Dieu, elle retrouva la paix du cœur et les joies de la vertu.
+
+ +
Il y a peu de temps, écrit un prêtre, je rencontrai une âme enlacée dans des liens vraiment diaboliques,
qu'humainement elle ne pouvait rompre. Ne sachant comment l'aider, je recourus à Notre-Dame du Perpétuel-
Secours, mon refuge ordinaire ; je me jetai à genoux et la conjurai avec larmes de me donner cette âme. Le
tout-puissant secours ne se fit pas attendre. Aujourd'hui, la pauvre esclave est affranchie, et elle se maintient
dans la bonne voie.
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Dans son cœur, la nature livrait à la grâce un combat effrayant. Enfin la grâce triomphe et la pécheresse
se confesse : « Oh ! mon Père, s'écrie-t-elle après la confession, que je suis heureuse ! je me sens déchargée
d'un poids immense, du poids de mes péchés. Non, jamais je n'oublierai la Vierge du Perpétuel-Secours ! Elle a
commencé l'œuvre de ma conversion ; de sa miséricordieuse bonté j'espère ma persévérance. »
Depuis lors, la fidélité de l'heureuse convertie répond sincèrement à la libéralité de sa Mère du Ciel. Les
liens qui l'attachaient au péché ont été généreusement rompus, et son courage édifie maintenant ceux que sa
conduite avait scandalisés.
CONCLUSION - Que les captifs du démon, que les esclaves qui portent les chaînes de la servitude du péché se
réfugient sous le manteau de Marie ; bientôt leur esclavage cessera.
Mère très pure, Mater purissima ; ô Mère très chaste, Mater castissima ; ô Reine des Vierges, Regina
virginum, priez pour nous, ora pro nobis ! Telles sont les acclamations suppliantes que le peuple chrétien
adresse à la très sainte Vierge Marie. Pourquoi ce recours à l'incomparable pureté de la Mère de Dieu ? Ah !
c'est que Marie, notre Mère, est immaculée ; elle est éminemment pure ; et nous, ses pauvres enfants, nous
sommes naturellement sujets, par suite de la chute originelle, aux souillures de nos sens dépravés.
Contre ce mal déplorable, nous avons un remède infaillible : c'est le recours à Marie. Pour nous en
convaincre, empruntons une page à l'apôtre de la sainte Vierge, à saint Alphonse.
« Mère et Vierge toute pure et toute resplendissante, Marie rend chastes et purs ceux qui implorent son
secours. »
« Si grande était la grâce virginale de Marie, quand elle vivait ici-bas, que par sa seule présence elle
conférait le don insigne de la pureté, en sorte que personne ne pouvait la regarder sans aimer la belle vertu. D
« Il n'y a pas, dit saint Thomas d'Aquin, il n'y a pas jusqu'aux images de cette Vierge incomparable, si on
les considère avec dévotion, qui n'éteignent les ardeurs de la concupiscence. »
« Grâce à leur dévotion envers Marie, un grand nombre d'âmes, malgré toutes leurs tentations, ont
conservé la chasteté. »
Cet enseignement du saint Docteur est confirmé chaque jour par des faits merveilleux. Citons-en
quelques-uns pour la gloire de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et pour la consolation des âmes faibles.
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Dans une cabane assez éloignée de la ville, vivait, dans le plus profond désordre, une femme avec ses
cinq filles. Un jeune homme les fréquentait, au grand scandale du pays.
Le jour où la mission s'ouvrit, le jeune libertin s'en alla, menaçant de tuer à son retour celles qui auraient
assisté à la mission.
Le curé tente une visite : il est éconduit.
Un Père missionnaire se hasarde à son tour.
La mère était absente ; mais, avant de partir, elle avait défendu à ses filles de parler entre elles de mission
ou de confession,
On devine l'accueil que le religieux reçut de ces tristes créatures. En vain puise-t-il dans son cœur de
prêtre les paroles les plus touchantes : tout est inutile. A bout de ressources, il les quitte en leur disant :
« Prenez du moins cette médaille, vous la donnerez à votre mère à son retour. » Il leur laissa la médaille de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Dans la soirée du même jour, le missionnaire était occupé au confessionnal, quand on vint l'appeler.
C'étaient les cinq pauvres filles, accompagnées cette fois de leur mère, qui demandaient à se confesser.
Voici ce qui s'était passé. Le missionnaire avait quitté le logis depuis un instant à peine, quand la
malheureuse femme rentra chez elle. Ses filles lui firent part de la visite inattendue : « Qu'on ne me parle pas de
cela! dit-elle avec colère ; que les missionnaires s'occupent de leurs affaires et nous des nôtres ! »
Ce n'est pas tout, ajoutent les jeunes filles, le Père nous a donné une médaille pour vous ; tenez, la voici.
La mère la prend, la regarde un moment, quand tout à coup des larmes s'échappent de ses yeux. La seule vue de
l'image de Marie avait changé son cœur : « Je le sens, dit-elle, la miséricorde de Dieu ne nous a pas encore
abandonnées. Allons nous confesser. »
Ses filles lui font observer que c'est l'heure du dîner. Tout de suite, répliqua-t-elle, allons-y tout de suite,
nous dînerons plus tard. Aujourd'hui Dieu nous appelle ; peut-être que demain il ne serait plus temps. » Elles
partirent, et le soir même toutes ces pauvres âmes étaient rentrées en grâce avec Dieu.
Elles passèrent à Banos les derniers jours de la mission, se confessèrent plusieurs fois, et édifièrent toute
la paroisse par leur ferveur à suivre le Chemin de la croix.
C'était le premier pas, restait la persévérance. Nul moyen pour l'assurer, sinon la fuite. Mais la fuite,
c'était la misère : c'était la perte de leur cabane, de leur champ de maïs, leur unique ressource. Les jeunes filles
ne manquèrent pas de faire valoir ces raisons. A ces objections la mère répondait : « Que nous importent les
biens de la terre, quand il s'agit de sauver notre âme ! Allons-nous-en bien vite ! »
Elles partirent. Notre-Dame du Perpétuel-Secours, qui les avait arrachées au péché, ne les abandonna
pas ; elle récompensa immédiatement leur générosité. On fit une démarche auprès d'une personne charitable qui
offrit aux nouvelles converties un asile sûr ; et depuis, elles continuent à faire l'édification de la population.
De quel cœur ces pauvres enfants ne remercièrent-elles pas leur céleste Mère !
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qui s'enfuit chez une voisine. Resté seul avec sa belle-sœur, il renouvelle ses odieuses tentatives, mais sans plus
de succès. La Vierge du Secours veillait sur sa fille de prédilection. Le monstre, blessé au vif, tire alors de sa
ceinture un long coutelas, et le lui plonge par trois fois dans là poitrine. La pauvre fille se sauve et va se cacher
dans une prairie, où elle passe la nuit à étancher le sang qui coule de ses larges blessures.
Le lendemain, elle se traîne chez son oncle, le priant de vouloir bien la conduire jusqu'à la première
station, pour qu'elle pût de là se rendre à Santiago. La voyant dans un état si lamentable, l'oncle n'y consent
qu'avec peine. Ils partent néanmoins, font dix-sept lieues à cheval, prennent le train, et arrivent le lendemain
matin dans l'église des Pères Rédemptoristes. Là, elle fait une confession générale avec beaucoup de calme et
de lucidité d'esprit, et en reçoit ensuite la sainte communion : c'était tout son désir ! Puis, elle entre à l'hôpital.
Grande fut la surprise des médecins : comment cette personne a-t-elle pu vivre si longtemps et faire un,
voyage de deux jours avec trois plaies mortelles ? Pour elle, il n'y eut point de mystère ; elle l'attribuait à
l'intervention de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
La gangrène se déclara bientôt, et, dans le peu de jours qui précédèrent sa mort, elle ne fit que s'entretenir
avec sa chère Madone. Toujours le sourire sur les lèvres, elle appelait de ses vœux le moment où elle irait s'unir
à son divin Epoux. Une demi-heure avant son dernier soupir, elle disait encore à sa sœur la paix dont son cœur
était inondé. Enfin cette âme virginale s'envola dans le sein de celle qu'elle avait aimée et qui l'avait préservée
de toute souillure.
CONCLUSION : Pour échapper au vice contraire à la pureté, ayons soin de nous consacrer à la Vierge sans
tache et de l’invoquer au moment de la tentation.
L’homme est porté à désespérer de Dieu, et à désespérer de lui-même : le premier de ces désespoirs nait
du péché, les déceptions engendrent le second.
Après des chutes graves et multipliées, l'âme coupable croit entendre cette parole désespérante : « Il n'y a
plus de pardon pour toi ! » - C'est en vain qu'à cette parole mensongère le Père des miséricordes oppose de
rassurantes protestations, le pécheur n'en demeure pas moins terrifié au souvenir des rigueurs de la justice, et il
se prend à douter de Dieu.
Cette tendance se manifeste dès l'origine du monde. « Mon crime est trop grand, dit Caïn, pour que j'en
obtienne le pardon ! » Caïn se défie de la clémence divine, et dès lors s'en rend indigne.
L'œuvre de la Rédemption ne s'accomplit pas sans un autre exemple d'affreux désespoir. Judas trahit et
vend Jésus-Christ. Après cet horrible forfait, n'osant plus compter sur le pardon, il va se pendre.
Ces lugubres histoires ont donc marqué les deux grandes époques du monde; elles se renouvellent à
travers la suite des siècles.
C'est le fruit du péché.
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Vient ensuite le désespoir que fait naître l'adversité. L'homme souvent se passe de Dieu, de ses
bénédictions, de sa providence, il n'a guère confiance qu'en ses ressources personnelles. De l'intelligence, de
l'adresse, de l'habileté, la protection des grands, des puissants du jour, en faut-il davantage pour capter la
fortune et s'assurer le bonheur ? Oui, mais le Seigneur a dit : « Si ce n'est pas Dieu qui bâtit la maison, elle
s'écroule. » Or, voici que l'adversité, semblable à un violent orage, s'avance menaçante ; elle éclate, elle frappe.
Maison de commerce, famille, foyer conjugal, projets d'avenir, rêves de bonheur, bien-être de l'opulence, tout
s'effondre sous les coups redoublés de l'infortune.
Au spectacle de ces désastres irréparables, le découragement, puis la rage pénètrent dans l'âme, ferment
l'horizon du côté du ciel, éteignent tout espoir, et dans les ténèbres s'allume une pensée horrible. Le chrétien
accablé sous le poids de l'épreuve, sans espérance et sans prière, croyant découvrir dans la destruction une
issue, la fin de ses malheurs, se tourne instinctivement vers la mort. N'est-ce pas la tentation qui, à notre
époque, fait de trop nombreuses victimes ?
Cependant, ni le péché, ni l'infortune n'autorisent le désespoir qui demeure toujours un crime ; car, à tout
pécheur et à tout infortuné il reste une suprême ressource : la prière à Marie ! A Marie qui est le refuge, ou
mieux, selon l'énergique expression de saint Alphonse, l'Espérance des désespérés.
Espérance des désespérés ! Cette apparente contradiction n'a rien qui doive nous surprendre ; les Saints
nous fournissent, pour la justifier, des raisons aussi profondes que consolantes. « Marie, nous, enseignent-ils,
parce qu'elle est tout à la fois Mère de Dieu et Mère des hommes, sait obtenir dans l'ordre de la grâce des
secours miraculeux ; et ces secours, elle peut les obtenir en dehors des lois ordinaires de la justice et de la
miséricorde. » A la lumière de cette vérité, tout s'explique ; on comprend dès lors que, grâce à ce pouvoir
merveilleux, la sainte Vierge puisse ramener dans une âme absolument désespérée la vie, le calme et la force de
la sainte espérance. On comprend que, guidée par les lois du cœur, puisqu'elle est Mère, Marie plaide contre les
revendications de la justice et obtienne que la miséricorde s'exerce au delà de ses limites ordinaires.
Malgré ces privilèges étonnants de la Reine du ciel, l'espérance pour les désespérés est une faveur qui
doit s'obtenir par la prière. Mais cette prière elle-même est un don gratuit de Marie. Dans l'obscurité produite
par le désespoir, une étoile apparait : c'est le souvenir de la sainte Vierge ; c'est son nom béni qui jaillit du cœur
aux lèvres. Un cri s'échappe : Marie, à mon secours ! 0 ma Mère, ayez pitié de votre enfant ! C'est la prière
exigée, le secours ne tardera pas. En voici des exemples.
52
2. - Désespoir changé en joie.
Poussée à bout par les brutalités d'un mari querelleur et ivrogne, une pauvre femme, ne trouvant plus la
vie supportable, prit la résolution de mettre fin à ses jours. Elle allait se jeter à la rivière, quand une personne
charitable parvint à lui inspirer des sentiments plus résignés, et la recueillit dans sa maison. Toutefois, la
tristesse et le chagrin continuaient à la miner.
Sur ces entrefaites, une mission eut lieu dans la paroisse. Un jour, la charitable conseillère accourut au
presbytère en s'écriant : « Je viens de trouver du poison dans le panier de cette pauvre désespérée. J'ai enlevé le
poison, mais je ne puis plus la quitter un instant ! Que faire ? »
Le missionnaire lui remit une médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, en ajoutant : « Dites à cette
femme qu'elle prenne cette médaille, et que je l'attends ce soir au confessionnal. »
La commission fut faite ; la médaille est acceptée avec joie, ainsi que l'invitation. Le soir, quand elle eut
achevé l'aveu de ses fautes et demandé pardon à Dieu :
- Ce n'est pas tout, lui dit le confesseur, il faut maintenant rentrer chez vous et vous réconcilier avec votre
mari !
- Oh ! mon Père, cela est impossible !... Il ne voudra pas me recevoir !
- Tenez, voici encore une médaille. Dites à votre mari que je la lui envoie et que, lui aussi, vienne demain
me trouver au confessionnal !
Elle part et se rend directement chez elle. En la voyant, le mari entre en fureur et menace de la frapper.
- Un instant, dit-elle en offrant la médaille, prends ce que le missionnaire t'envoie. Et il m'a de plus
chargée de te dire qu'il t'attend au confessionnal.
Chose étrange ! cette simple parole fut comme un jet d'eau froide lancé sur un foyer d'incendie. Sans mot
dire, il prend la médaille et va se mettre au lit. Sa première parole, à son lever, fut de demander un cordon pour
se passer la médaille au cou. La seconde fut celle-ci : « Va dire au missionnaire que j'irai le trouver ce soir. »
L'heureuse épouse fit la commission, et, pour faciliter à son mari l'accomplissement de sa promesse, elle
se posta près du confessionnal afin de lui retenir une place. Le sermon du soir terminé, le missionnaire entre au
saint tribunal et trouve son pénitent.
- Mon Père, dit-il sur-le-champ, je ne puis pas faire ma mission !
- Pourquoi, mon ami?
- C'est que demain je dois aller au tribunal. On m'accuse d'une fâcheuse affaire dont pourtant, je vous le
jure, je ne suis pas coupable. Mais les circonstances sont tellement contre moi que je serai certainement
condamné ; j'aurai de la prison.
- Bien ! dit le missionnaire. Voulez-vous me promettre d'être à l'avenir bien sage, de ne plus vous enivrer
et de pratiquer vos devoirs envers Dieu ? Je vous indiquerai un moyen sûr de sortir d'embarras !
- Oui, mon Père, de tout cœur !
- Eh bien ! vous avez la médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours ? Pendant que vous serez devant
le juge, ayez soin de la presser constamment sur votre poitrine, et puis promettez-moi, après le prononcé du
jugement, de ne pas aller à l'auberge.
- Mon Père, je vous le promets.
Il partit, et le lendemain, au tribunal, tenant fidèlement sa médaille, il ne cessa de se recommander à la
Madone. Chose remarquable, les affaires s'aplanirent d'elles-mêmes, on l'acquitta et il sortit le cœur allégé. Il
revint en grande hâte, et sans rien prendre, ainsi qu'il l'avait promis.
Le soir même, il était aux pieds du missionnaire, lui exprimant et sa reconnaissance pour Notre-Dame, et
sa contrition d'une vie jusque-là bien coupable. Quelques instants après, son âme recouvrait la grâce et l'amitié
de Dieu. C'est ainsi que Notre-Dame du Perpétuel-Secours, en entrant dans cette famille, y ramena la paix et le
bonheur.
53
3. - Notre-Dame sauve l'honneur et l'âme d'une femme désespérée.
Ecoutons ce récit aussi touchant qu'instructif :
« Mon Père, je ne suis pas riche, mais au moins je suis une honnête femme. Or, un méchant homme me
calomnia auprès de mon mari, et cette calomnie mit l'enfer dans la maison et dans mon cœur. Mes enfants
étaient tristes et abattus, et mon mari m'accablait d'injures et de toute sorte de mauvais traitements. Bientôt le
désespoir m'envahit, je résolus d'en finir avec la vie.
Une nuit donc, tourmentée plus que de coutume, je prends une corde et me rends au jardin afin de me
pendre. Sur le point d'exécuter mon horrible dessein, je me souviens de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et la
pensée me vient de réciter trois Ave Maria . Je le fis ; ô merveille ! sur-le-champ le calme et la résignation
rentrèrent dans mon âme. Je continuai à prier, et en même temps les larmes coulaient de mes yeux : non pas des
larmes amères, mais des larmes si douces que j'en éprouvais la plus intime consolation. Je rentre à la maison,
résignée à endurer mon supplice pour Dieu jusqu'à la mort.
La Madone n'avait pas achevé son œuvre. Quelques jours après, le calomniateur se présenta chez nous,
et, en présence de mon mari et de mes enfants, il me demanda pardon en avouant son forfait. Quelles actions de
grâces ne dois-je pas à Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! En me conservant la vie du corps, elle me rendit la
vie de l'âme et mon honneur. »
4. - Un jeune homme désespéré espère en Marie.
Un étudiant de l'Université, âgé de dix-neuf ans, avait mené une vie des plus licencieuses. Par un
châtiment assez ordinaire et bien mérité d'ailleurs, la phtisie se déclare et le conduit rapidement aux portes du
tombeau. Depuis trois semaines déjà les souffrances étaient atroces et le malheureux les endurait à la façon des
réprouvés, je veux dire avec une rage que rien ne peut décrire. Loin de sa famille, seul dans son appartement, il
se livrait à un tel désespoir, qu'il en vint à charger son revolver dans le but de s'enlever la vie dès qu'une
nouvelle crise se produirait. Le maitre de la maison, craignant de le trouver un jour mort dans sa chambre, se
décide à demander une sœur garde-malade pour le veiller. Cet homme non plus n'avait pas la foi ; mais à qui
recourir quand il s'agit de dévouement et d'abnégation, si ce n'est à la religion ? Une Sœur s'installa donc près
du lit du malade et ne le quitta plus ni le jour ni la nuit. Cette exquise charité toucha le cœur du jeune homme
qui au fond n'était pas mauvais. La religieuse, voyant qu'elle avait gagné la confiance de son malade, lui
demanda s'il n'aimerait pas de recevoir la visite d'un religieux ; elle lui nomma un Père qui pour lors allait
visiter un de ses amis gravement malade, lui aussi, et qu'une de ses compagnes soignait également.
« Je le verrai avec plaisir, répondit le malade, pour avoir des nouvelles de mon ami. »
Sur cette réponse, on demanda immédiatement le Père qui, voyant une âme à sauver, ne se fit pas
attendre. Le jeune homme l'accueille parfaitement, accepte une médaille et une image de Notre-Dame du
Perpétuel-Se-cours et même un chapelet. Entre temps, la Sœur et le Père priaient et faisaient prier la Vierge
miraculeuse, afin d'obtenir la conversion de cette âme si proche de l'éternité.
Ce ne fut pas en vain. Bientôt le malade se mit à répondre au chapelet. Il prit même tant de goût à ce
pieux exercice, qu'il ne cessait de tenir le chapelet à la main. Aussi ses dispositions changèrent. Le désespoir
fait place à une douce confiance. Deux jours après cette entrevue, il se confesse et reçoit la sainte-communion
dans d'admirables sentiments de foi et de repentir. C'était le premier jour du mois de mars. Son bonheur fut si
grand qu'il se promit de recevoir encore son Dieu le 19 du même mois, fête de saint Joseph. Notre-Seigneur se
contenta de ce bon désir. Il mourut le 5 mars, tenant continuellement pressés sur son cœur sa chère médaille de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, son chapelet, et aussi le scapulaire qu'il avait été si heureux de recevoir.
Cette conversion admirable mérite d'être insérée dans les Annales de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, afin de
faire connaître et aimer la Madone, appelée à bon droit l'Espérance des désespérés.
CONCLUSION : Pas de droit au désespoir, quand on trouve en Marie le remède à son désespoir même. Que
celui qui désespère espère en vous, ô Marie ! s'écrie saint Bernard. Ame chrétienne, si vous connaissez un
homme livré au désespoir, vous saurez à quelle porte il faut frapper pour ramener la paix dans ce cœur
infortuné. Il ne prie pas ? priez pour lui.
54
Prière contre le découragement.
Sainte Vierge Marie, Mère du Perpétuel-Secours ! assistez, je vous en supplie, votre enfant que le péché
et l'adversité cherchent à précipiter dans le désespoir. Apprenez-moi à supporter les disgrâces et les revers de la
fortune ; à les supporter à l'exemple de Jésus pauvre et affligé. Détachez-moi des biens de la terre ; ne permettez
pas que la perte de ces faux biens ébranle encore ma confiance en la Providence de Dieu. Espérance des
désespérés, ne permettez pas qu'après mes faiblesses j'aie la faiblesse plus dangereuse de me laisser envahir par
le découragement. Obtenez-moi la grâce de me relever quand je serai tombé, préservez-moi de nouvelles
chutes, fixez dans mon âme l'invincible confiance en Jésus et en votre maternelle compassion enfin, après cette
vie de lutte et de misères, introduisez-moi dans le séjour de l'éternelle félicité. Ainsi soit-il.
[Trois Ave Maria. ]
Réjouissez-vous, ô Vierge Marie, vous avez triomphé de toutes les hérésies. Ainsi chante la sainte Eglise.
Il ferait un beau livre et élèverait un superbe monument à la gloire de la Reine du ciel, l'écrivain qui nous
raconterait les triomphes de Marie sur toutes les hérésies, nous montrant la Vierge puissante écrasant l'impiété
et convertissant les impies. En attendant que ce grandiose sujet tente la plume d'un savant érudit, voyons, par le
récit de quelques conversions, comment Notre-Dame du Perpétuel-Secours triomphe de la libre-pensée, cette
hérésie moderne, la plus audacieuse des hérésies, puisqu'elle est la négation et qu'elle vise la destruction de
toutes les vérités religieuses.
Nous assisterons, non sans émotion, au retour à la foi de tant d'âmes égarées par le libertinage de l'esprit
et du cœur.
C'est que Marie, pour opérer ces conversions, a mérité un pouvoir tout particulièrement efficace, lorsque,
seule, le soir où mourut son divin Fils, tandis que la foi baissait dans l'âme des disciples, comme le soleil à
l'horizon, cette Mère courageuse se tint longtemps debout au pied de la croix, adorant dans son Jésus déjà mort
le Dieu toujours vivant. La sainte Vierge peut donc chasser les fausses lueurs de la science impie qui
éblouissent tant d'esprits ; elle sait dissiper les doutes et les tentations contre la foi ; elle fixe les âmes droites
dans une inébranlable conviction en leur découvrant l'admirable accord qui règne entre les vérités de la religion
et les données de la vraie science.
55
reniai le Dieu de mes pères ; les conversations des libres-penseurs, auxquelles je mêlais mon mot à l'occasion,
la lecture d'ouvrages de nos savants irréligieux pour lesquels je me passionnais ébranlèrent ma foi. Certains
passages de la Bible, lus sans guide, sans les explications et les connaissances nécessaires, ne firent que me
plonger plus profondément dans l'incrédulité. J'en vins à ne plus croire ni la divinité de Notre-Seigneur Jésus-
Christ, ni aucun des principaux mystères de notre sainte religion. Quant à l'immortalité de l'âme, bien que je
n'en aie jamais douté, je ne la considérais plus selon le dogme catholique ; ma croyance sur ce point consistait
dans une sorte de réincarnation ou de métempsycose, sans éternité de peines pour les méchants. Enfin, je
croyais en Dieu à la manière des déistes, me basant uniquement sur les phénomènes de l'univers qui démontrent
mathématiquement l'existence d'une intelligence suprême, origine première de toutes choses.
Mais, si j'admettais un Dieu créateur et ordonnateur de l'univers, je le croyais assez indifférent aux
affaires de ce monde ; de là je concluais à l'inutilité de la prière, que je négligeais, comme aussi l'assistance à la
Messe. Réduit ainsi à mes propres forces, j'étais incapable de maîtriser mes inclinations : pour des motifs
futiles, je me mettais dans des colères qui m'entraînaient à proférer des imprécations et des blasphèmes. La voix
intérieure de la conscience ne me faisait plus entendre aucun reproche ; plus de repentir, plus de contrition ! Ces
blasphèmes me semblaient décharger mon âme d'un poids insupportable, et j'en éprouvais une satisfaction
analogue à celle d'une personne qui se débarrasse d'un lourd fardeau.
Telles étaient mes dispositions, lors de la mission que vous vîntes prêcher, il y a deux ans. Comme ce fut
en hiver, je ne voulus pas assister aux premiers sermons, à cause du froid. Or, à cette époque, j'étais dans une de
mes plus mauvaises périodes de colères et de blasphèmes. J'outrageais tour à tour Dieu et les saints, et j'adressai
à la divine Mère de Jésus une horrible qualification un jour que vous aviez, me dit-on, prêché sur sa
miséricordieuse bonté.
Je méritais assurément de la part de Dieu un châtiment terrible, propre à servir d'exemple, et tel que les
annales religieuses en racontent de parfaitement authentiques. Mais la mesure, paraît-il, n'était pas comble ;
d'ailleurs, je ne doute pas que le Seigneur, toujours miséricordieux, tenant compte de quelques œuvres utiles
auxquelles j'avais bien voulu consentir à m'associer, n'ait eu égard au profond aveuglement où j'étais tombé
depuis longtemps. Il voyait le besoin que j'avais d'une lumière d'en haut, et il a permis l'intervention de sa
sainte Mère en temps opportun. En effet, la Vierge Marie, constamment invoquée durant la mission sous le
vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, saisit cette occasion pour me venir en aide de la manière la plus
évidente.
Dans une de mes plus mauvaises journées, une personne dévouée offrit un cierge à l'autel de la Vierge, à
mon insu. Or, vers dix heures du matin, après un violent accès, j'éprouvai subitement une inspiration
surnaturelle, un retour à des sentiments plus religieux, et je sentis comme une voix intérieure me disant : « Tu
peux encore croire. » Une lueur de foi commence à briller en mon âme ; en même temps je sens s'y réveiller le
sérieux désir de me convertir.
Ce changement subit avait eu lieu depuis plusieurs jours, quand j'appris d'une personne digne de foi sa
coïncidence précise avec le moment où le cierge avait commencé à brûler. Je pris alors la ferme résolution
d'accepter les dogmes de la religion que j'avais si fréquemment attaqués, et d'en pratiquer les devoirs depuis
longtemps négligés. Bientôt je me décidai à faire une confession générale, qui, en me réconciliant avec Dieu,
fortifia en moi la foi et la confiance en Marie. La résolution que j'avais prise de ne plus jamais proférer de
blasphèmes, s'affermit assez pour me permettre de m'enrôler dans une Société récemment fondée pour la
répression de ce crime.
Toutefois, je suis encore longtemps resté enclin à de violents emportements. Mais le premier pas vers une
vie meilleure était fait : avec la grâce de Dieu et la protection de la sainte Vierge, je suis parvenu à vaincre mon
penchant à l'imprécation et aux grandes colères. En persévérant dans l'habitude de les invoquer souvent, surtout
dans les moments de tentation, j'espère qu'ils m'accorderont le courage nécessaire pour sortir de cet état d'âme
que l'on pourrait appeler une convalescence spirituelle. Des conversions aussi promptes doivent être regardées
comme de véritables miracles, au même titre-que les guérisons corporelles obtenues à la grotte de Lourdes,
avec cette différence que ces dernières frappent davantage la vue, tandis que les premières parlent surtout au
cœur.
Je vous laisse pleine autorité, mon Révérend Père, pour livrer ce fait à la connaissance du public. Puisse-
t-il en profiter ! »
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2. - Conversion d'un protestant.
Je viens m'acquitter d'une dette de reconnaissance envers notre bonne Mère du Perpétuel-Secours. Depuis
bien longtemps, je lui demandais la conversion de mon oncle : elle vient de montrer une fois de plus qu'on ne
l'invoque jamais en vain.
Mon oncle était né et avait été élevé dans la religion protestante. Peu à peu, en lisant des livres impies, il
en était arrivé à la plus complète indifférence et n'avait plus guère conservé que la croyance en Dieu.
Néanmoins, il n'avait rien d'hostile contre la vraie religion, et il accueillait toujours très bien les prêtres amis de
la maison. Mes parents et moi, nous avions mis toute notre confiance en Notre-Dame du Perpétuel-Secours, et
je lui avais promis de faire insérer dans le Bulletin de l'Archiconfrérie cette conversion tant désirée, si elle
voulait bien nous l'accorder.
Il y a deux ans, mon oncle tombait dangereusement malade ; je lui écrivis pour l'engager à penser
sérieusement au salut de son âme. Un professeur du grand Séminaire, ami intime de ma famille, alla le voir
souvent. Adroitement, il aborda la question religieuse, et les principales objections du protestantisme furent
tour à tour réfutées, mais sans résultat apparent.
Le malade cependant finit par avouer que le respect humain seul le retenait et que, volontiers, il mourrait
catholique. Cette dernière objection fut bientôt renversée. Le 31 décembre, samedi, jour consacré à la sainte
Vierge, mon oncle faisait son abjuration et recevait, en pleine connaissance, le baptême sous condition, puis la
sainte absolution. Peu de temps après, il expirait entre les bras du bon prêtre qui l'avait réconcilié avec Dieu.
Gloire et reconnaissance à Notre-Dame du Perpétuel-Secours et à saint Joseph !
P. B.
CONCLUSION : Marie ne connaît point d'obstacles ; les volontés et les cœurs, elle sait tout plier à la volonté
de Dieu pour le plus grand bien des âmes. Mais il faut la prier.
57
Ecoutons quelques-uns de ces récits.
58
Mon ami, dit alors le missionnaire, permettez-moi du moins de vous offrir une médaille de la sainte
Vierge ; je vous la donne à la condition toutefois que vous la porterez et que vous réciterez avec moi un Ave
Maria à Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Le malade accepte sans trop de difficulté. A peine eurent-ils récité la petite prière que la résistance cessa,
et notre brave céda sur toute la ligne. Il se confessa, livra ses insignes de franc-maçon, et fut tout heureux de la
victoire qu'avec le secours de Marie il avait remportée sur lui.
CONCLUSION : Que d'honnêtes gens se sont laissés surprendre par les promesses fallacieuses des sectes
maçonniques ! Demandons à Notre-Dame du Perpétuel-Secours que la lumière se fasse dans leur esprit et qu'ils
brisent généreusement ces liens honteux.
Prière pour ramener à Dieu une âme qui s'en est séparée par des serments impies.
Mère du Perpétuel-Secours ! Je me prosterne avec autant de foi que de confiance à vos pieds pour vous
supplier de ramener à Dieu une âme qui, hélas ! en est bien éloignée. A l'exemple du fils prodigue, elle a quitté
la maison de son Père du ciel pour aller se lier par de honteux engagements à Satan et à son œuvre. Montrez-
vous, je vous en conjure, la Mère toute-puissante en brisant les chaînes qui rivent cette âme à l'enfer ; rendez-lui
la vraie liberté, et après l'avoir ramenée à l'église qui est la maison de Dieu, affermissez-la dans une vie
vraiment chrétienne et que votre perpétuel secours l'accompagne de la terre au ciel. Ainsi soit-il.
[Trois Ave Maria. ]
59
On l'a dit, l'étourderie si naturelle aux enfants réclame de la part du ciel une toute spéciale providence. Ce
n'est pas sans frayeur que l'on songe aux nombreux dangers auxquels les exposent l'insouciance de leur âge et,
parfois aussi, l'impardonnable incurie de ceux qui sont préposés à leur garde. Tantôt, c'est un rocher escarpé que
l'enfant côtoie en folâtrant ; tantôt un cours d'eau sur le bord duquel il aime à prendre ses ébats ; puis, c'est une
fenêtre qui s'ouvre sur l'abîme dont la profondeur ne semble nullement l'effrayer ; d'autres fois, c'est un animal
emporté dans une course folle qui va le piétiner, et cent autres circonstances où sa fragile vie est menacée.
Pour notre bonheur, du haut du ciel une mère veille sur ces chers innocents ; c'est la sainte Vierge, c'est
Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Elle n'oublie pas que Jésus mourant les lui a confiés du haut de la croix :
Ecce filius tuus ; elle se rappelle la prédilection de son divin Fils pour ces ravissantes créatures ; aussi, non
contente de protéger leur âme, Marie veille avec tendresse sur leur frêle existence et dans nombre de cas, par
de, vrais prodiges, elle les arrache a une mort prématurée.
Pour la tranquillité des mères anxieuses sur le sort de leurs enfants, racontons quelques traits bien
capables de les rassurer, surtout si elles ont eu soin de placez ces êtres chéris sous la protection de Notre-Dame
du Perpétuel-Secours.
1. - Un enfant tombe d'une hauteur de cinq métres sans se faire le moindre mal.
Le lundi 9 décembre 1895, dans un village appelé La Grotte, au diocèse de Luçon, une femme était
occupée à préparer du lin dans un grenier. Son enfant de deux ans et demi, nommé Emmanuel, jouait et
sautillait autour d'elle.
Tout en prenant ses ébats joyeux, notre petit insouciant s'approchait, de temps en temps, d'une fenêtre
élevée de cinq mètres environ au-dessus du sol. Or, ayant voulu regarder par cette fenêtre, il se pencha en
dehors, perdit l'équilibre et tomba dans le vide.
Sa mère, tout occupée de son travail, ne s'aperçut de la chute de l'enfant qu'en l'entendant crier et pleurer.
Elle descend en toute hâte, et hors d'elle-même, tremblant à la pensée de trouver son petit Emmanuel tout
meurtri et blessé mortellement.
En effet, selon les lois ordinaires, l'enfant aurait dû tomber sur le banc de lessive et les pierres qui se
trouvaient au-dessous de la fenêtre, et se fracasser la tète ou se briser les membres. Pas du tout. Et pourquoi
n'aurait-il pas été reçu dans les bras d'une Mère invisible plus vigilante et plus puissante que sa mère d'ici-bas ?
Toujours est-il que celle-ci retrouva son Emmanuel, comme tout honteux de son aventure, criant, disait-
elle, plutôt par peur que par mal, mollement étendu sur une couche de branches de genêts, à plus de deux
mètres du mur de la maison, et n'ayant pas le moindre mal. Mais il portait au cou la petite médaille de Notre-
Dame du Perpétuel-Secours qu'il avait reçue du missionnaire le jeudi précédent. N'est-ce pas l'explication de
cette merveilleuse protection ?
Sa mère, en le relevant et en l'embrassant avec effusion, arrêta son regard attendri sur l'image de Marie, et
sa foi n'hésita pas un instant à lui attribuer ce qu'elle appelle hautement, devant qui veut l'entendre, un miracle,
un vrai miracle opéré par Notre-Dame du Perpétuel-Secours en faveur de son enfant.
Nous tenons les détails que nous venons de rapporter .de la mère du petit protégé de Notre-Dame, et nous
en affirmons, après elle, l'entière exactitude.
(Semaine religieuse de Luçon.)
2. - Demeuré sous l'eau plus d'une heure, un enfant en est retiré sain et sauf.
La mission de Villademar, en Espagne, la fête de la bénédiction des enfants fut gracieuse entre toutes.
Tous ces petits amis du Sauveur avaient reçu une médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, et chacun
depuis lors la portait suspendue à son cou.
Quelque temps après, plusieurs de ces enfants s'amusaient non loin d'un puits découvert
accidentellement. Les espiègles s'en approchent imprudemment, et l'un d'eux âgé de trois ans ne tarde pas y
tomber. Le puits était profond et l'eau s'y trouvait abondante.
60
Aux cris que poussèrent ses petits camarades, on accourt, on travaille pour sauver le pauvre petit ; hélas !
la besogne n'avançait pas.
Plus d'une heure se passe à chercher des échelles, des cordes, tout ce qu'il faut pour descendre dans le
puits. Enfin, on arrive jusqu'à l'enfant ; mais au lieu d'un cadavre que l'on craignait de rencontrer, c'est un enfant
plein de vie que l'on retira de l'eau.
Passer plus d'une heure sous l'eau sans se noyer, n'est-ce pas un fait prodigieux ? Toutefois, il a son
explication.
L'enfant portait sur lui la médaille de la mission qui est toujours une médaille de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours ; en outre, les parents anxieux ne cessèrent, tout le temps que dura le sauvetage, de supplier
la miséricordieuse Madone de protéger et de leur rendre leur cher enfant.
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Toutefois, au lieu de s'abandonner au désespoir, elle implore immédiatement Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, dont la puissance et la bonté lui sont connues. Après avoir lavé avec de l'eau bénite l’œil
blessé de l'enfant, elle y applique une miniature de la Madone, le bande soigneusement, et le laisse ainsi durant
trois jours, c'est-à-dire jusqu'au 2 février.
Dans cet intervalle, la fervente chrétienne jeûne au pain et à l'eau, et récite chaque jour une des prières du
triduum en l'honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Le jour de la Purification, elle fait brûler un cierge
devant l'image de la Madone, vénérée dans l'église des Pères Rédemptoristes ; elle assiste à la grand'messe et
s'approche de la sainte Table. Son action de grâces fut longue ; car ce n'est ni plus ni moins qu'un miracle
qu'elle demandait à sa céleste Mère.
Tant de confiance devait être exaucée. Rentrée chez elle, la pieuse femme enlève en tremblant le
bandeau. O prodige ! L'œil se trouvait parfaitement guéri, et en aussi bon état qu'avant l'accident.
Un médecin de Philadelphie, du nom de Brown, consulté, n'hésita pas à déclarer par écrit qu'un œil
blessé dans les circonstances qui ont été rapportées ne pouvait être rendu à la vue que par une intervention
surnaturelle. Il convient de faire remarquer que nul remède humain n'avait été employé ; on n'a eu recours qu'à
la Vierge Marie, invoquée sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
CONCLUSION : Mères de famille, pour assurer à vos enfants la protection de leur Mère du ciel, consacrez-les
à son patronage aussitôt que le ciel vous les aura donnés.
Prière pour les petits enfants.
Vierge sainte, Notre-Dame du Perpétuel-Secours, en souvenir de la tendre affection que Jésus, votre divin
Fils, a portée aux petits enfants, soyez la gardienne, la protectrice de ces chers amis du bon Dieu.
Veillez sur eux comme une Mère veille sur son nouveau-né ; suivez-les d'un œil maternel ; écartez de leur
chemin tout danger ; préservez-les de tout accident fâcheux ; guérissez-les dans leurs maladies ; en un mot,
conservez-les sains et saufs à l'affection de leurs parents.
Pour compléter cette œuvre de préservation, gardez, ô bonne Mère, avec une égale vigilance, l'âme de ces
petits enfants. Soustrayez-les à l'influence des mauvais camarades, à la funeste science du mal ; ne permettez
pas qu'ils perdent la blancheur immaculée de leur pureté. Faites que ceux qui sont préposés à la garde de ces
petits anges, remplissent leur mission avec une infatigable patience, veillant sur eux comme sur un trèsor.
Enfin, ô Vierge du Perpétuel-Secours, conduisez dans leur vraie patrie, au ciel, ces chers enfants ; là, ils
chanteront, avec les miséricordes de Dieu, les louanges de leur céleste Protectrice. Ainsi soit-il.
[Trois Ave Maria. ]
62
l'homme hésite rarement d'instinct, le cœur et la main vont droit au bonheur palpable. La sainte Vierge tient
compte de cette aberration : pour sauver l'âme, bien souvent, elle commence par guérir le corps.
De plus, Marie est notre Mère, et nous sommes ses enfants. Une Mère peut-elle entendre les
gémissements de son enfant sans que ses entrailles s'émeuvent ? Peut-elle le voir souffrir, pleurer, sans que sa
main, guidée par son amour, s'ouvre pour sécher ses larmes, pour apaiser sa douleur ? Ne cherchons pas ailleurs
la cause de ces guérisons sans nombre que les annales de Notre-Dame enregistrent chaque jour.
En voici quelques-unes dont l'authenticité nous est garantie par des témoins absolument dignes de foi.
63
4. - Une enfant guérie d'une déviation de l'épine dorsale.
Une enfant de sept ans souffrait d'une déviation de l'épine dorsale, qui, en lui contournant tout le corps,
avait jeté le désordre dans les organes vitaux. Un moment, les médecins avaient espéré opposer une barrière aux
progrès du mal ; mais leurs efforts furent vains, la faiblesse de constitution de la petite malade ne permettant
pas même l'application des remèdes. Il me restait plus d'espoir.
Dans cette extrémité, la pauvre Mère demande secours au ciel. Elle vient frapper à la porte d'un couvent
de Rédemptoristes. On lui donne une image et une médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours en
l'engageant à l'invoquer avec ferveur.
Une neuvaine fut commencée, et, le troisième jour, l'enfant se redresse soudain et déclare qu'elle
n'éprouve plus aucune douleur. On devine la joie et l'enthousiasme de cette bonne chrétienne lorsqu'elle
accourut avec la petite miraculée de Marie, pour en faire constater la parfaite guérison.
CONCLUSION : Tant qu'on a la sainte Vierge pour soi, on peut espérer contre toute espérance. Allons à elle
par la prière, et elle viendra à nous par son secours.
64
Il faut dire à la louange des fidèles que leur piété trouve un charme incomparable à lire le récit des
guérisons merveilleuses opérées par Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Un volume entier ne les rassasierait
pas. Et quand ils ont parcouru des yeux et du cœur ces pages édifiantes, avec quel pieux empressement ils y
reviennent ! Ainsi reprend-on, pour la relire encore, une lettre écrite par la main d'une Mère ou par celle d'un
ami !
C'est donc à dessein et pour satisfaire la sainte avidité des serviteurs de Notre-Dame, qu'aux traits déjà
cités nous en ajoutons quelques autres. Mais combien de milliers de faits il faut passer sous silence ! Ceux-ci
suffiront cependant pour nous faire dire de la Mère ce que l'Evangéliste écrit de Jésus, son Fils : Il guérissait
toutes sortes d'infirmités.
Lisons et prions.
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3. - Un jeune poitrinai re retrouve la santé.
Au comble du bonheur, une Mère raconte ce qui suit : « Mon fils Paul, âgé de dix-huit ans, crachait le
sang depuis cinq ans. Les vomissements en étaient si violents qu'il fut bientôt d'une faiblesse extrême. Les deux
médecins qui le soignaient ne nous laissaient aucun espoir. Le mal faisant des progrès effrayants, le pauvre
enfant reçut le saint Viatique. J'étais d'autant plus désolée que, l'année précédente, la mort nous avait déjà ravi
son frère aîné, notre espoir et notre consolation. Sur ces entrefaites, je reçus une lettre d'une religieuse qui me
conseillait de promettre que, si Paul guérissait, je ferais insérer sa guérison dans le Bulletin de l'Archiconfrérie
de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, en même temps, elle m'envoya des miniatures que je fis prendre à mon
cher enfant, chaque jour de la neuvaine.
Il les recevait avec piété, essayant aussi de prier avec moi. De plus, je promis de placer, dans l'église de
notre paroisse, un tableau de la Madone, comme témoignage de ma reconnaissance. Bientôt, mon cher fils parut
moins abattu, et la neuvaine n'était pas terminée que les vomissements de sang avaient cessé ; un mieux
sensible se produisit dans son état, et aujourd'hui, grâce à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, notre enfant est
hors de danger. »
CONCLUSION : O vous tous qui souffrez, vous que la maladie torture, qui passez de longues nuits d'agonie,
recourez à Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; elle possède un remède pour tous les maux, un secours pour
toutes les misères.
66
désintéressait d'eux, les laissant flotter à la merci des vicissitudes humaines. Et l'ouvrier, toujours crédule parce
qu'il est bon enfant, ajoute foi, sans autre examen, à ces accusations.
Certes, la religion ne s'occupe pas de l'ouvrier à la façon de certains hommes qui s'en servent pour frayer
un chemin à leur ambition, pour arriver au pouvoir.
La religion aime l'homme qui peine, l'homme qui travaille : mais elle l'aime d'un amour désintéressé.
Connaissant la faiblesse de l'ouvrier isolé, sachant aussi combien il est aisé de le tromper, la religion institua,
dans le passé, des corporations où, sous l'égide de la foi, chacun trouvait un appui, des conseils, une direction
sûre, en un mot, la force et la liberté.
L'homme ennemi, l'homme sans Dieu, vint à son tour ; il fit des promesses séduisantes ; l'ouvrier crut ce
beau parleur et l'admit chez lui. Entré en traître, l'ennemi devint vite un tyran et réduisit à l'esclavage ceux qui
lui avaient imprudemment ouvert la porte. Les syndicats modernes ne sont, le plus souvent, que des
associations anonymes dépendant de quelques meneurs qui les exploitent à leur profit.
La religion avait en outre bâti des hôtels pour l'ouvrier âgé, malade, sans ressources ; c'étaient les hôtels
du Dieu de charité.
L'ennemi de Dieu et de son semblable est venu, et sous prétexte d'administrer plus sagement les fonds,
d'en contrôler plus sévèrement l'usage, il s'en est approprié la meilleure part, ne jetant aux malheureux que des
restes insuffisants assaisonnés de mauvais traitements et de désespérantes paroles.
A l'ouvrier sans famille, la religion, sa Mère, avait donné des Sœurs de charité, des filles dévouées
jusqu'à l'héroïsme, des religieuses ne vivant que pour Dieu et pour le délaissé.
L'ennemi, l'homme sans cœur, est venu, et, ne pouvant tuer ces héroïnes comme le faisaient les
bourreaux des premiers siècles, il leur a pris, sous forme d'impôts d'exception, le pain destiné aux malheureux.
Mais ce qui déconcerte jusqu'à la parole humaine, c'est que la victime est d'intelligence avec le spoliateur.
Quand, à certaines époques, l'ennemi s'adressant aux ouvriers leur dit :
« Je vous ai mis les fers aux pieds et aux mains, défense de travailler, de vous « mouvoir sans mon
autorisation ; j'ai volé les économies que la charité chrétienne « vous réservait pour les jours de détresse ; j'ai
transformé les hôtels-Dieu en « bagnes de la misère, en lieux de désespoir ; j'ai chassé, j'ai persécuté comme de
« vulgaires malfaiteurs les Sœurs qui avaient pour mission de vous aimer, de « dissiper par leur doux sourire la
tristesse et l'ennui de vos derniers jours, de vous « montrer de leur regard le beau ciel du bon Dieu, dites, ai-je
bien agi ? Approuvez-« vous mes forfaits ? »
Alors, ô spectacle sans précédent, on a vu ces hommes trompés et volés se précipiter aux urnes et s'écrier
par leur bulletin de vote : « Vous avez bien fait ! Vive l'ennemi ! continuez ! »
Le mal est en partie irréparable. Toutefois, béni soit le ciel ! il reste aux travailleurs une ressource
d'autant plus efficace qu'elle est toute surnaturelle. Cette ressource c'est Marie, c'est le patronage de la Mère de
Dieu, de la Reine du ciel et de la terre ; c'est Notre-Dame de l'Usine, c'est Notre-Dame des Champs, c'est Notre-
Dame du Perpétuel-Secours.
Des traits de protection merveilleux viennent chaque jour attester la réalité comme aussi la supériorité de
ce patronage. Marie invoquée veille sur l'ouvrier chrétien, l'assiste dans son rude labeur, lui procure du travail,
le préserve des accidents, lui rend la force et la santé. Quelques faits, pris entre mille, suffiront pour ranimer la
confiance des uns, et porteront les autres à recourir dans leurs nécessités à celle dont la miséricordieuse bonté
ne se lasse jamais, car elle est dans toute la réalité Mère du Perpétuel-Secours.
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au loin. Il gagnait déjà de bonnes journées, et pouvait nous aider ; mais, livré à la débauche, il ne se souvenait
plus de ses pauvres parents.
« Un jour, n'ayant plus rien à mettre sur la table, dans un élan de foi je prends ma petite fille de quatre
ans et la mets à genoux devant l'image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
« L'enfant élève ses mains jointes vers Marie et lui adresse d'elle-même cette prière qui me fendait l'âme :
« Mère du Perpétuel-Secours, souviens-toi de nous, nous avons faim et noirs n'avons plus de pain ; touche le
cœur de mon frère, et dis-lui qu'il nous envoie de l'argent.
« Tous les jours la chère petite répétait sa touchante supplication. Sans doute que Marie n'y put résister
plus longtemps ; elle toucha le cœur du prodigue. Peu de temps après, mon fils nous envoyait une lettre bien
filiale avec un mandat sur la poste ; il promettait en, outre de nous envoyer chaque mois une certaine somme
d'argent. Il n'a pas manqué une seule fois à sa promesse.
« Reconnaissance, amour à Notre-Dame du Perpétuel--Secours qui a tiré de la misère ses enfants
nécessiteux !
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il est accroché... à quoi? comment? lui-même ne saurait le dire. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'au lieu de
s'abattre sur le pavé de la rue, il se trouva sain et sauf debout sur la poutrelle de son échafaudage.
Le protégé de Notre-Dame affirme à qui veut l'entendre, qu'il n'est sauvé que par un miracle de la sainte
Vierge. Aussi, plein de reconnaissance, il continue à servir la messe à l'autel de la sainte Madone et à prendre
part aux réunions de l'Archiconfrérie.
CONCLUSION : Dans nos malheurs, dans notre détresse, dans l'adversité, recourons à Marie, implorons
Marie, elle viendra à nous avec son puissant et perpétuel secours. Le conseil est de saint Bernard.
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Prière de l'ouvrier et de l'ouvrière.
O grande, ô sublime, ô glorieuse Souveraine ! prosternés au pied de votre trône, nous faisons monter vers
vous, du fond de cette vallée de larmes, nos très humbles hommages.
Bien qu'élevée à la dignité de Reine du ciel et de la terre, ne nous oubliez pas, nous, vos pauvres
serviteurs ; et ne dédaignez pas, du haut de ce trône sublime où vous êtes assise, d'abaisser vos regards de
miséricorde sur la misère de vos enfants. Plus vous êtes près de la source des grâces, plus vous êtes à même de
nous procurer ces célestes faveurs. Et, puisque dans le ciel vous connaissez mieux nos malheurs, vous devez
avoir d'autant plus pitié de nous pour nous secourir davantage. Faites qu'ici-bas nous soyons vos serviteurs
fidèles, afin que nous ayons un jour le bonheur de vous louer dans le ciel.
O Mère du Perpétuel-Secours , à vous de nous obtenir cette félicité, et c'est de vous que nous l'attendons
avec ferme espérance. Ainsi soit-il.
Le mystère des châtiments ! Pour le comprendre, il faut la foi, et, pour l'accepter, un grand amour pour
Dieu.
Les fléaux se mettent au service de la justice divine : Nous voici, disent-ils, envoyez-nous ! Et ils partent,
parcourent la terre en tout, sens, laissant derrière eux des fleuves de larmes et des traces de sang. Ce sont les
justiciers de Dieu. En face de ces épreuves, les uns pleurent de rage, les autres doutent de la Providence,
plusieurs adorent, pleins d'espérance. Aux vrais croyants apparait manifeste la main de Dieu dirigeant les
hommes et les événements ; ils la baisent avec amour. Ainsi l'épreuve, si dure qu'elle soit, leur profite.
Les chrétiens qui sont peu chrétiens ferment obstinément les yeux pour ne voir que l'accident plus ou
moins pénible ; ils le déclarent immérité et s'en autorisent pour blasphémer. C'est ainsi qu'à leur premier
malheur s'ajoute un malheur plus grand.
Marie a le pouvoir de faire découvrir cette main mystérieuse de la Providence et de la faire aimer. Elle en
a un autre que lui confère sa souveraineté miséricordieuse, son ministère des divines clémentes. Se plaçant
devant le trône de notre Dieu courroucé, elle dit à son tour : Me voici, envoyez-moi! Seuls les anges de Dieu
savent le nombre des victoires remportées sur la justice par la douce intervention de Marie ; ils savent aussi en
combien de jours d'orage ce soleil de miséricorde a dissipé les nuages qui, dans leur sein, portaient la foudre
vengeresse.
Que si parfois liberté est laissée aux éléments indignés de venger l'outrage fait au Créateur, la sainte
Vierge, par des dispositions mystérieuses et toutes providentielles, détourne du lieu du sinistre les protégés de
son cour. Souvent, manifestation plus merveilleuse de sa puissance ! elle garde au milieu de la tourmente,
préserve du feu, de l'eau, l'enfant qui, par une prière habituelle ou par une simple invocation jetée vers son trône
au moment du péril, l'appelle à son secours.
On n'en pourrait douter après la lecture des deux traits que voici
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Voici comment Notre-Dame du Perpétuel-Secours sauva de la mort deux de ses vrais serviteurs. Le récit
est de l'heureux protégé :
« J'étais couché depuis un certain temps : j'entends soudain une sorte de roulement très fort, et crois
d'abord à l'arrivée d'une voiture dans la cour de l'hôtel. Mais le bruit grandit rapidement et bientôt il devient
effrayant. En même temps, la maison était ébranlée par une trépidation semblable à celle que l'on ressent sur un
navire à hélice. Je saute à bas de mon lit et me précipite à ma fenêtre. Une fumée intense, qui venait du fond du
bâtiment et empêchait de rien voir, me fit croire au feu. Jeter un couvre-lit autour de moi, courir chez ma mère,
et lui crier : « Le feu ! sauvons-nous ! » cela fut l'affaire d'un instant.
Nous étions près d'un escalier situé juste à l'extrémité de l'hôtel ; ma Mère descend la première et se
trouve dans l'eau. Nous remontons ; je regarde par la fenêtre la fumée s'était dissipée, et j'aperçois à la place de
la cour le torrent qui se précipite déjà à la hauteur du premier étage. Alors, je crie à ma Mère : « Tâchons de
gagner la chambre de l'aumônier pour avoir une dernière absolution ! » Mais, à peine avais-je fait quelques pas
que je me trouve en face du vide ! Le fond de la gorge s'ouvrait béant, et, à la place des vastes bâtiments de
l'hôtel, je ne vois plus qu'un amas de boue ! Je comprends que tout est fini, et je crie à ma Mère : « Faisons un
vœu : je promets mille francs à Notre-Dame du Perpétuel-Secours et cent messes aux âmes du Purgatoire ! »
Ma Mère fait comme moi, et, retournant dans une chambre des combles, nous nous mettons en prière, attendant
à chaque instant la chute du bâtiment qui tremblait toujours sous la pression du torrent.
Cependant, après un certain temps d'une terrible angoisse, nous voyons que l'eau commence à baisser :
l'espoir renaît dans nos cœurs ! Peu à peu, le torrent s'épuise, mais il laisse une énorme couche de boue sur
laquelle il est impossible de se risquer. En un clin d'œil, sous la direction du coiffeur de l'établissement, les
portes sont arrachées et jetées par-dessus les balcons ; on les étend sur la boue, et comme elles ne suffisent pas,
on jette aussi des sommiers. Enfin, on peut communiquer avec la montagne ; les gendarmes de Saint-Gervais
sont là, et, sur ce pont branlant, commence, à peine éclairée par les premières lueurs du jour naissant, une
procession lugubre de gens à demi vêtus, qui ont comme nous échappé à la mort. Nous étions sauvés ! Merci à
Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! »
2. - Le Bazar de la Charité.
Le mardi 4 mai 1897, date néfaste dont le souvenir réveillera, longtemps encore, de grandes douleurs,
fera couler bien des larmes. Des familles entières disparues, d'autres décimées, des dames parmi les plus nobles
de France, plus de cent chrétiennes dont beaucoup à la fleur de l'âge, dans l'exercice de la charité, enveloppées
soudain de flammes, affreusement défigurées, noircies, calcinées, et cela en moins de temps qu'il n'en faut pour
le raconter.
Au milieu de cette horrible fournaise, parmi les appels désespérés et les cris d'angoisse, le nom de Notre-
Dame du Perpétuel-Secours retentit. C'est une Sœur tourière de l'hôpital fondé à Levallois-Perret par Madame
de Vatimesnil, sous le vocable de notre chère Madone, qui le prononça. Le secours ne se fit pas attendre ;
Notre-Dame l'a miraculeusement arrachée à la mort. Le dévouement que l'humble religieuse déploya en cette
circonstance lui valut de plus une médaille d'argent, ainsi que le porte l'Officiel du 15 juillet.
Ecoutons-la raconter elle-même, avec la miraculeuse protection dont elle a été l'objet, quelques détails de
cet épouvantable événement.
« Tout ce que les journaux en on dit n'est rien auprès de la terrible réalité. Quelle catastrophe ! La pensée
ne m'en quitte plus : que je prie, que je médite, que je travaille, la nuit, le jour, je me retrouve au milieu de
l'incendie, en présence de ces cadavres mutilés, entassés les uns sur les autres, aux traits contractés, dans
l'attitude de l'épouvante et de la douleur. Qui aurait pu soupçonner pareil dénouement ! Tout le monde, ce jour-
là, était si joyeux, si content ! La fête battait son plein et l'entrain était extraordinaire. De riches visiteuses
assiégeaient les comptoirs et versaient, sans compter, sur le plateau des nobles vendeuses, l'or destiné au
soulagement de la misère et au soutien des œuvres de tout genre.
Le Nonce apostolique, venu pour bénir et encourager la charitable entreprise, s'était arrêté devant notre
boutique et se plaisait à demander des détails sur l'hôpital de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
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Il était quatre heures vingt minutes. Je me trouvais à l'intérieur du comptoir, occupée à emballer les
objets vendus. Tout à coup un cri formidable se fit entendre « Au feu ! » et j'entendis dire autour de moi : « Le
feu est dans le Bazar. »
La lampe du cinématographe venait de faire explosion ; une petite flamme s'en échappe, court le long de
la draperie et embrase soudain le velum de soie sous lequel se dissimulait la toiture en carton goudronné. Celle-
ci prend feu et laisse tomber comme une pluie d'étincelles ; en un instant l'embrasement est total.
Le feu ayant gagné notre comptoir, je me précipite avec d'autres personnes vers une salle qui se trouvait à
l'extrémité du Bazar ; elle était partagée en plusieurs cabines où chaque œuvre déposait ses réserves ; pour ce
motif on n'appelait cette chambre que du nom de réserve. Elle donnait sur un terrain vague.
Nous nous trouvions là plus de quarante personnes, mais, hélas ! point d'issue. Du côté du Bazar le feu
implacable, du côté du terrain vague une clôture en planches de plusieurs mètres de haut, droite comme un mur.
Rien pour s'y cramponner, aucune fente pour y mettre les pieds, aucune saillie pour s'y attacher avec les mains,
les couvre-joints eux-mêmes se trouvaient à l'extérieur. Je compris que tout espoir était perdu, toute tentative de
salut inutile et que je devais profiter des quelques secondes qui me restaient pour me préparer à la mort. Ce ne
fut pas long ; vite, je me tournai vers Notre-Seigneur, lui demandai pardon, moins par des paroles que par un
regard. Je sentais qu'il fallait une puissante grâce du ciel pour subir un supplice pareil : se voir brûler vivante
avec toute sa connaissance ! Je suppliai le divin Maitre de m'accorder cette grâce, mais encore par un regard.
Pendant que cette supplication s'échappait de mon cœur, la résignation et la confiance y pénétrèrent ; c'est qu'il
faut peu de temps à Notre-Seigneur pour nous faire voir et comprendre beaucoup de choses.
En attendant, les flammes envahissaient notre retraite et en faisaient une prison de feu ; malgré cela je
tremblais, et mes dents claquaient comme lorsqu'on se trouve saisi par un froid intense.
Chose étonnante ! en face de la certitude presque absolue de la mort, la pensée d'invoquer la sainte
Vierge ne m'était pas venue à l'esprit, alors pourtant que j'ai recours à elle à la moindre difficulté.
Mais voilà que cette bonne Mère me rappelle son souvenir par ces paroles que j'ai entendues très
distinctement au fond de mon âme : « Notre-Dame du Perpétuel-Secours est toute-puissante ! » A l'instant
même, je ressens une indicible confiance et, du plus fort de ma voix, je m'écrie : « Notre-Dame du Perpétuel-
Secours, sauvez-nous ! » Les dames qui essayaient par des efforts désespérés d'escalader cette infranchissable
barrière, en entendant invoquer la Vierge du Perpétuel-Secours, se retournèrent pour voir d'où venait cette
prière. Ce fut sans doute pour la dernière fois que le nom béni de leur Mère du ciel retentit à leur cœur ! à
l'exception d'une demoiselle, toutes périrent dans les flammes.
Pour moi, tout en continuant à invoquer la sainte Madone, je me mis à grimper le long du mur de
planches où il n'y avait aucune prise, et sur le champ, presque sans effort, je me suis trouvée au sommet.
Comment cette ascension si rapide, et matériellement impossible à une pauvre fille, s'est-elle opérée ?
Impossible de l'expliquer naturellement ; je sentais d'ailleurs que je n'étais pas seule, mais qu'un être invisible
me guidait et me soulevait. Que d'autres haussent les épaules ; quant à moi, je le proclame bien haut, c'est
Marie, c'est Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Toutefois, je n'étais pas hors de péril. Il fallait descendre de cette hauteur ; en sautant dans le terrain
vague, je risquais de me tuer sur le coup ; je pris le parti de me laisser glisser le long de la paroi. Mais voilà que
le bas de ma robe s'accroche à un clou fixé tout au sommet. Je demeurai suspendue, pendant que les flammes
envahissaient la réserve. Quel moment d'angoisse ! J'allais être brûlée vive, attachée à ces planches. Avec plus
d'ardeur encore, j'invoque Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; elle ne peut me laisser périr après m'avoir
secouru si miraculeusement. Enfin, après des efforts inouïs pour me dégager, mes vêtements cèdent et je tombe
au pied du mur. J'étais sauvée.
Pendant ce temps, les personnes restées dans l'intérieur de la réserve, avec le courage que doublait,
triplait la vue de la mort, se sont hissées sur les planches qui séparent les différents compartiments, elles
passent la tête et les bras par-dessus la fatale cloison et crient Mon Dieu, sauvez-nous ! Bientôt les flammes les
enveloppent, elles retombent dans le brasier ; c'est alors qu'on entend des cris déchirants, des hurlements de
douleur : cela dure quelques secondes ; puis, plus rien. Le sacrifice était consommé ; les victimes avaient paru
devant Dieu.
72
Une minute de plus, et j'y laissais ma vie. Mais Notre-Dame du Perpétuel-Secours a veillé sur moi ; je lui
dois de vivre encore. Je l'ai invoquée au moment du danger et elle m'a secourue. D'ailleurs, depuis de longues
années je lui récite chaque jour une prière, et j'avais commencé le mois de Marie en son honneur. Oui, c'est
Notre-Dame du Perpétuel-Secours qui m'a sauvée. Qu'elle en soit remerciée et bénie éternellement ! »
CONCLUSION : Unissons nos actions de grâces à celles de cette privilégiée du Cœur de Marie ; mais
n'oublions pas que, pour être secouru dans les grands périls, il faut l'invoquer, et que, pour l'invoquer alors, il
faut la prier maintenant et tous les jours.
Vos rigueurs, ô mon Dieu, sont les conditions de vos présents et le prélude de vos faveurs.
Maxime peu connue, encore moins goûtée de ceux que ne guide pas la lumière de la foi.
Cependant, ne faut-il pas que le froid et la gelée viennent ravager nos champs et dépouiller nos bois pour
préparer les nouvelles floraisons, les récoltes prochaines ? Ne faut-il pas que la serpe implacable sépare la
branche inutile et gourmande pour permettre au bourgeon de se gonfler de sève et de produire son fruit ?
C'est aussi la loi du monde moral. N'a-t-il pas fallu que le Christ souffrît et entrât ainsi dans son
royaume 8? Il n'en va pas autrement des prédestinés, dit saint Paul ; Dieu veut qu'ils ressemblent à son Fils
crucifié .
Voilà le chemin du ciel, le Maître l'a tracé nettement avec sa croix ; n'essayons pas d'en suivre un autre, il
n'aboutirait pas. De ces épreuves, de ces multiples et durs accidents, aux divines clartés de sa foi, l'âme
généreuse sort vigoureusement trempée et gagne, étape par étape, sans se déconcerter, le terme du grand
voyage : l'éternité. Avec Job, le modèle des infortunés, elle se plaît à dire : Seigneur, soyez béni ! Soyez béni
dans le gémissement que la douleur arrache à la faiblesse, comme dans le-sourire que le bonheur dépose sur les
lèvres. Vous êtes bon toujours, généreux en tout temps.
Toutefois, il est permis à l'homme voyageur de s'assurer contre les accidents de la route. Un grand
nombre s'adressent à la Vierge du Secours, estimant à bon droit que là se trouve la plus sûre et la plus efficace
des assurances. Mieux que mille théories, l'expérience justifie la légitimité de leur filiale confiance. Sans s'en
rendre peut-être un compte bien exact, ils comprennent avec saint Jean et tous les Saints que la parole tombée
8
Luc, XXIV, 26.
73
des lèvres mourantes du Sauveur : Voici votre Mère ! n'est pas une vaine-affirmation, mais que si, par la vertu
créatrice de cette divine parole, la sainte Vierge est selon toute la réalité notre Mère céleste, nous, pauvres
enfants de la terre, nous sommes désormais ses vrais enfants. Or, une Mère peut-elle laisser souffrir son fils,
fût-il mille fois coupable ? Et si parfois sa main semble se retirer au moment de l'épreuve, n'est-ce pas pour lui
faire trouver un bien supérieur ? Qui dit Mère, dit affection, vigilance, compassion, puissance, miséricorde,
secours, tout ce qu'il faut pour ne point périr. Avec les saints, les siècles déclarent que la piété filiale pour Marie
marque d'un signe de grâce la race des élus.
Les annales de Notre-Dame du Perpétuel-Secours confirment éloquemment cette consolante vérité.
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3. - Tombée du sixième étage.
A Pampelune, en Espagne, une petite fille de sept ans tomba du sixième étage de la maison paternelle.
Par un vrai miracle, l'enfant ne se tua pas sur le coup. Toutefois, une effrayante blessure s'était ouverte au
sommet de la tête; les yeux sortaient de leur orbite et la bouche était affreusement contractée ; les dents, se
trouvant serrées les unes contre les autres, rendaient impossible toute nutrition.
Trois médecins, appelés en toute hâte, déclarèrent que l’enfant était perdue sans retour, qu'une tumeur
allait se former, l'inflammation se produire, et la mort suivre à bref délai ; que si par hasard elle en réchappait,
elle serait idiote toute sa vie. Durant trois jours, la petite blessée resta sans connaissance.
Voyant que tout est perdu du côté des hommes, la pauvre Mère court au sanctuaire de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, fait brûler un cierge, promet une neuvaine et se procure des miniatures de la Madone. De
retour à la maison, elle parvient à grand-peine à faire prendre à la pauvre petite une de ces images. Deux heures
se passent, un mieux se produit. Bientôt, l'enfant reprend connaissance. Le médecin arrive sur les entrefaites.
« Qu'avez-vous fait ? dit-il à la Mère. C'est un vrai miracle ! tout danger a disparu. »
Le lendemain, il constate avec non moins d'étonnement, qu'il n'y a plus de trace de la terrible tumeur, que
les os ont repris leur place naturelle. Au bout de quelques jours, la guérison était complète, et la petite
miraculée put aller, avec sa Mère, toutes deux au comble du bonheur, remercier sa céleste Libératrice.
Prière.
Auguste Mère de Dieu, ô Marie, ô Vierge du Perpétuel -Secours, il est vrai que je ne mérite pas de
prononcer votre nom. Mais vous qui m'aimez et qui voulez mon salut, c'est à vous, si impure que soit ma
langue, de faire en sorte que je puisse toujours appeler à mon secours votre très saint et tout-puissant nom ; car
votre nom est notre soutien durant la vie et il est notre salut à la mort.
Oui, ô Marie, Vierge si pure, ô Marie, Mère si douce, faites que votre nom soit désormais la respiration
de mon âme ; et chaque fois que je vous appellerai, ah ! ma Souveraine, ne tardez pas à me secourir. Dans les
75
dangers du corps et de l'âme, je veux vous appeler et ne pas cesser un instant de m'écrier : « Marie ! Marie ! »
Voilà ce que je veux faire durant ma vie et voilà ce que j'espère surtout de faire à ma mort, pour aller ensuite
louer éternellement dans le ciel votre nom bien-aimé, ô clémente, ô bonne, ô douce Vierge Marie ! Ainsi soit-il.
(S. ALPHONSE.)
[Trois Ave Maria. ]
Dans sa maternelle sollicitude pour ses enfants voyageant sur les mille chemins du monde, la sainte
Eglise adresse au ciel de fréquentes supplications telles que celles-ci
« Prions pour nos frères absents 9 ! »
« Que l'archange Raphaël les accompagne durant le voyage et les ramène sains et saufs au foyer où les
attendent la paix, la sécurité, le bonheur 10 ! »
« Gardez-les, Seigneur, comme la prunelle de votre œil11. Couvrez-les du bouclier de votre amour12.
Envoyez vos anges pour les conduire dans la voie du salut et les défendre contre leurs ennemis13.
Pourquoi cette inquiète préoccupation de notre Mère spirituelle ? C'est qu'elle n'oublie pas que l'homme
ici-bas est à la recherche non seulement d'une autre vie, d'une autre demeure, d'une autre patrie, mais qu'il
poursuit encore la fortune, une situation, le pain nécessaire à sa famille. Pour atteindre ces biens indispensables
à l'existence, que d'accidents à craindre ! Un faux pas le long d'un cours d'eau, une ascension périlleuse, un
déraillement de chemin de fer, un cheval qui s'emporte, une voiture qui roule dans le précipice, la tempête qui
brise un vaisseau, une collision de navires en pleine mer, et mille autres dangers.
Ce serait mal connaître le cœur de Marie que de le croire insensible aux malheurs qui menacent ses
enfants voyageurs. Comme une Mère anxieuse, elle les suit de l'œil et du cœur.
Nous la saluons et à bon droit : Etoile de la mer. Ave, maris Stella ! A combien de naufrages, en effet,
n'ont pas échappé les matelots qui l'ont invoquée au fort de la tempête ? A Lourdes, à Fourvière, à Marseille,
pour ne citer que nos sanctuaires préférés, que d'ex-voto la montrent apparaissant au-dessus des flots courroucés
et conduisant au port quelque navire en détresse ! D'autres la dépeignent accourant à l'appel du voyageur égaré ;
l'aidant dans un passage périlleux, l'arrachant à une mort certaine. Mieux que toutes les considérations, ces
marbres reconnaissants témoignent de la tendre sollicitude de Marie pour ses enfants en danger.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours a maintes fois montré qu'en ces conjonctures nul ne l'invoque en vain.
D'ailleurs, le premier miracle dont l'histoire de notre chère Madone nous a conservé le récit, n'est-ce pas
précisément la préservation dans un naufrage ? Il est permis d'y voir une indication de la Providence désignant
Notre-Dame du Perpétuel-Secours comme patronne des voyageurs.
Quoi qu'il en soit, de nombreux faits, dont plusieurs tiennent du prodige, attestent que quiconque, se
défiant à bon droit de la science toujours incertaine des hommes, s'est confié au ciel et surtout à la Reine du
ciel, n'a pas eu à regretter d'avoir invoqué Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
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« J'arrive à Marseille, bien chère sœur, et sans tarder je vais t'annoncer à quel danger nous avons échappé,
moi et tout l'équipage. Au plus tôt tu feras dire une messe d'action de grâces à l'autel de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours ; je t'assure que cette bonne Mère l'a bien mérité.
« C'était dans la mer de Chine, théâtre de nombreux et terribles naufrages. Dans ces parages, on ne
rencontre que rochers, îlots, bancs de sable, dont quelques-uns sont d'autant plus redoutables aux navigateurs
qu'une légère couche d'eau les dissimule aux regards du plus fin matelot. Notre capitaine connaît parfaitement
ces dangereux endroits et il croyait se trouver à plusieurs kilomètres de tout écueil. Aussi le navire filait à toute
vapeur.
« Malgré ses connaissances et son expérience, cette fois il se trompait. Au milieu de la nuit, nous
apercevons, se dressant devant nous, toute une rangée de rochers et le vaisseau marchant droit sur eux. « Nous
sommes perdus ! Nous sommes perdus ! » s’écrient les matelots de service.
« On arrête les machines, on s'efforce de manœuvrer en arrière. Tout fut inutile. Emporté par son élan, le
navire avance à toute vitesse sur le récif. Humainement tout espoir est perdu ; il ne nous reste plus qu'à nous
préparer à la mort. Je n'y manquai pas, et les plus fiers, se voyant à deux doigts de l'abîme, murmurèrent une
prière apprise là-bas, bien loin, au village qu'on ne reverra peut-être plus.
« Soudain un souvenir se réveille en mon esprit ; je me rappelle Notre-Dame du Perpétuel-Secours que
j'étais allé visiter parfois, avec toi, à Saint-Nicolas-du-Port. Je fis le vœu, si elle nous sauvait de ce danger, de
lui faire dire une messe en action de grâces. A peine ai-je formulé ma promesse, que le vaisseau s'arrête net, à
peine à trente mètres des brisants. Encore une seconde et le navire, d'une longueur de 120 mètres, se brisait et
nous entraînait à une mort certaine. Notre-Dame du Perpétuel-Secours a su l'arrêter à temps, car, pour moi, c'est
elle et elle seule qui nous a sauvés.
« Qu'elle en soit à jamais bénie et remerciée ! elle a été pour nous l'Etoile de la mer et le Port du salut. Et
maintenant hâte-toi de faire dire ma messe. »
77
C'est un employé du train qui raconta le fait, qui est absolument authentique.
78
N'est-ce pas un véritable miracle de protection ? Dans de semblables accidents, quatre-vingt-dix-neuf fois
sur cent, il y a mort d'homme, et cette fois, aucun des trois voyageurs n'a été sérieusement atteint.
Mais voici ce qui explique le fait. Quand il s'est vu tomber, le chef de mission fit cette courte prière :
« Bonne sainte Vierge, à notre secours ! »
Notre-Dame a écouté la prière de ses serviteurs et les a tirés sains et saufs de ce mauvais pas. Qu'elle en
soit remerciée et bénie à jamais !
CONCLUSION : Avant de nous mettre en route, ayons soin de recommander notre voyage à la sainte Madone,
et en cas d'accident, appelons-la vite à notre secours.
Il est écrit que, pour conquérir le ciel, tout homme, durant son pèlerinage en ce monde, aura toujours des
ennemis en face.
Avons-nous repoussé les attaques du démon, ce grand adversaire de notre âme, comme l'appelle saint
Pierre, il nous faut encore lutter contre l'infortune, cette ravisseuse du peu de bonheur auquel Dieu nous permet
ici-bas de prétendre.
Dans toute vie, ne rencontre-t-on pas de ces brusques adversités qui jettent un homme dans des situations
humainement désespérées ? Au travail, à la peine, par maints efforts et mille recherches, on avait réclamé une
position, la santé, la prospérité, tous les moyens, en un mot, de faire honneur aux obligations de sa condition.
Hélas ! à ces alarmes, à ces tentatives, à ces labeurs, seul l'insuccès a répondu. Perte d'argent, procès,
manque de travail, accident, déshonneur sont venus accabler la pauvre créature humaine en détresse.
Job avait bien raison de pousser ce long et douloureux soupir auquel les malheureux de tous les siècles
ont fait écho : L'homme, sur la terre, compte peu de jours et beaucoup de misères !
Mais, courage et confiance ! Universel et tout-puissant est le secours que nous promet Marie ! Reine du
ciel et de la terre, elle exerce son pouvoir sur le monde des âmes, et sa puissance s'étend jusqu'aux nécessités de
notre vie matérielle.
« Les éléments obéissent à la voix de la Mère de Dieu », dit saint Alphonse.
« O Marie, toutes choses ici-bas vous sont soumises », chante l'Eglise dans une hymne à la Vierge : Cui
omnia deserviunt per tempora.
14
Philip., II, 9.
79
Entendons ces paroles d'espérance, et voyons Marie à l'œuvre.
2. - Dettes payées .
Une famille très honorable se trouvait dans une situation pécuniaire des plus embarrassées, qu'elle ne
voulait ni ne pouvait confier à personne. Mettant sa confiance en Notre-Dame du Perpétuel-Secours, elle lui
répétait du fond du cœur, cent fois par jour : « Vous seule pouvez nous sauver. Bonne Mère, ne nous
abandonnez pas ! » Un jour, arrive une lettre d'une écriture inconnue et portant des timbres étrangers : on
l'ouvre en tremblant ; elle renfermait la moitié de la somme qu'on se trouvait devoir et qu'il était impossible de
rembourser pour le moment, quoiqu'elle fût réclamée avec instance par la personne qui avait bien voulu la
prêter quatre ans auparavant. A cette lettre, aucune signature, et seulement ces mots : « Jamais Marie ne fut
invoquée en vain, confiance ! Notre-Dame du Perpétuel-Secours veille sur vous ! »
Toute la famille, pleurant de reconnaissance, tombe â genoux aux pieds de la Madone, qui possède son
petit oratoire dans la maison. Cet heureux événement augmenta la confiance en la puissante bonté de Notre-
Dame, et depuis lors, cette famille, si merveilleusement secourue, ne cesse de louer et d'invoquer Notre-Dame
du Perpétuel-Secours.
80
Combien de mères de famille seront encouragées et consolées à la lecture des deux traits suivants !
Une dame, jeune encore, avait failli mourir lors de la naissance de son enfant. Les deux médecins qui
l'assistèrent lui prédirent que, si elle devenait de nouveau mère, elle en perdrait certainement la vie. Après un
an, elle vint trouver en pleurant un religieux Rédemptoriste et lui dit
- Je dois me préparer à mourir, d'après ce que le médecin m'a affirmé.
- Vous manquez donc de confiance en Notre-Dame répondit le missionnaire ; ne croyez-vous pas que la
sainte Vierge soit plus habile que tous les médecins du monde ?
- Assurément, je le crois.
- Eh bien, alors, priez : c'est le moyen d'obtenir l'assistance dont vous avez besoin.
Cette personne fit neuvaines sur neuvaines. Puis, un jour, elle écrivit au religieux que Dieu lui avait
donné, de la manière la plus heureuse, un enfant plein de vie et de belle espérance.
Laissons une autre mère exprimer sa reconnaissance.
« A la veille de la naissance de mon sixième enfant, je fus prise d'une terreur impossible à expliquer.
Mais j'avais lu, dans le Bulletin de l'Archiconfrérie, tant et de si merveilleuses grâces de protection accordées
par Notre-Dame du Perpétuel-Secours, qu'à mon tour j'eus la pensée de m'abandonner à sa maternelle bonté.
Bien m'en prit, car la délivrance, très difficile d'abord, s'opéra ensuite heureusement au milieu de mes
invocations à Notre-Dame.
Cependant, mon enfant avait beaucoup souffert. Ma joie fut vite troublée, en le voyant en danger de
mort. Je détachai de mon cou la médaille de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et, la plaçant sur le nouveau-né,
je promis, si Marie me conservait mon fils, de faire insérer cette grâce dans le Bulletin de son Archiconfrérie.
Elle me fut accordée sur-le-champ : le pauvre petit perdit sa teinte livide, ses membres se réchauffèrent,
et le médecin déclara que tout danger avait disparu. Aujourd'hui le cher enfant jouit d'une parfaite santé et tout
permet d'espérer que la Vierge me le conservera. Qu'elle en soit bénie !
Puissent les mères invoquer Marie comme je l'ai invoquée, en être exaucées comme je fus exaucée !
CONCLUSION : Dans les périls, dans les accidents, dit saint Alphonse, allez à Marie, recourez à Marie et vous
serez secouru. Suivons le conseil du saint Docteur.
81
Deux âmes unies par le sacrement de mariage forment, qu'elles le veuillent ou qu'elles ne le veuillent pas,
une société religieuse dont Jésus-Christ est le Maitre de plein droit.
Nés de cette union chrétienne, les enfants portent dans leur constitution morale ce quelque chose de
surnaturel qu'ils ont puisé aux premiers jours de leur vie, sur les genoux d'une mère croyante, à côté d'un père
baptisé : c'est ce qu'on appelle si justement le sens religieux. Ainsi constituée, la famille chrétienne, boulevard
inexpugnable, pouvait se rire des machinations de Satan.
Aujourd'hui, l'impiété essaie de forcer les portes de cette enceinte sacrée. A l'église tout embaumée
d'encens et d'émouvants souvenirs, elle veut substituer exclusivement une vulgaire salle de mairie ; au lieu du
ministre de Dieu, du prêtre revêtu d'ornements bénits, qui, par de touchantes prières, demande au ciel, pour les
jeunes époux, prospérité et bonheur, c'est un officier civil, qui se hâte d'en finir avec une besogne à laquelle
d'ailleurs il n'attache qu'une bien minime importance.
L'expulsion de Jésus-Christ de la famille est un des plus grands crimes du siècle ; c'est le tolle des Juifs
d'il y a deux mille ans.
Nul ne se méprend sur le but de cette œuvre néfaste : on cherche à paganiser le mariage afin qu'il n'en
sorte plus que des générations païennes. Ce plan conçu par une âme judaïque, dans un jour d'aveuglement,
notre pays, au cœur naturellement chrétien, l'a adopté comme loi ; cette loi coûtera des larmes et du sang.
Il appartient à Marie, à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, de conjurer ce péril social et religieux.
Secours des chrétiens : Auxilium christianorum, elle est leur rempart, aujourd'hui surtout que des infidèles
baptisés, plus redoutables que les Turcs, envahissent non pas le sol, mais l'âme, mais le foyer du Christianisme.
Son titre de gardienne de l'héritage de Jésus-Christ, de Mère de nos âmes, lui en fait un devoir qu'elle est
infiniment heureuse de remplir. Grâce à sa maternelle intervention, nombre d'unions contractées sans Dieu ont
reçu la consécration divine. Que de foyers aussi où la haine et la discorde avaient établi leur séjour, ont vu, sous
l'influence de la Vierge du Secours, refleurir la paix et le bonheur !
Quelques traits choisis entre mille en feront l'heureuse démonstration.
82
A ce spectacle, l'officier, tout hors de lui, pleure à chaudes larmes ; il vient à moi et me fait comprendre
qu'il a un pénible secret à me dévoiler.
Quand l'émotion se fut calmée, il me raconta la vie criminelle de la pauvre fille, plus malade encore dans
son âme que dans son corps. Errant de ville en ville, elle avait rencontré bien des dangers et rarement elle en
était sortie victorieuse. Elle fit enfin la rencontre de cet officier ; celui-ci, pris de compassion, l'emmena cher
lui, et ils vivaient ensemble depuis lors, sans aucun souci de la loi de Dieu.
Quand l'officier eut terminé son récit, je le priai de lever la déraisonnable défense qu'il avait portée de
parler de Dieu ; il y consentit, bien qu'à regret. Rentrée dans la chambre, je m'adresse aussitôt à la malade
« Croyez-vous, Madame, lui dis-je, que personne ne puisse vous secourir ? Invoquez de cœur les saints
noms de Jésus et de Marie, et vous en éprouverez les salutaires effets. »
En ce moment, le démon redoublait ses assauts, il tourmentait horriblement sa victime. Seule, l'eau
bénite pouvait calmer ces accès, nous nous en servions fréquemment. Un jour, je lui demandai si elle avait eu
autrefois quelques pratiques de dévotion, elle me répondit, non sans de grands efforts, qu'elle avait eu de la
dévotion à la sainte Vierge. Cette réponse me combla de joie, j'étais sûre désormais que Marie n'abandonnerait
pas sa malheureuse enfant. Elle reçut avec un visible bonheur l'image de la Madone et la baisa avec effusion.
Sur nos instances, elle consentit à faire appeler un prêtre de la paroisse. Immédiatement, je fis prévenir
M. le Curé qui vint sans retard. A la vue de la soutane, l'officier, qui ne savait pas ce qui s'était passé, entra en
colère. Mais la malade, d'une voix forte, lui dit : « C'est moi qui l'ai fait venir. » Il se calma et respecta ce désir.
Nous fûmes surprises d'entendre la malade parler si distinctement, elle qui avait la langue toute gonflée : c'était
une première grâce de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Pendant que le ministre de Dieu s'entretenait avec la malade, nous récitions avec ferveur les litanies de la
sainte Vierge. Or, il y avait dans la maison un gros chat. Cet animal, très doux jusque-là, entre tout à coup dans
une étrange fureur ; il se précipite sur moi, déchire mes vêtements de ses griffes et me mord à la nuque. Je lui
jetai de l'eau bénite ; aussitôt il alla se cacher. Il revint un instant après plus furieux encore et s'élança cette fois
sur ma compagne en cherchant à lui mordre la main. J'emploie de nouveau l'eau bénite et prononce les saints
noms de Jésus et de Marie, ce qui le mit en fuite. Que penser de ce chat ? Ce qu'il y a de certain, c'est que le
chat devint si dangereux que, dans la suite, il fallut l'abattre.
Pendant ce temps, le prêtre avait rempli son ministère et rendu la paix à cette âme repentante. Mais la
sainte Vierge, qui ne fait rien à demi, voulut rendre durable cette merveilleuse conversion. M. le Curé appelle
alors l'officier, il a bien vite raison de ses résistances. Celui-ci se laisse toucher par la grâce et se confesse à son
tour. On nous appelle à notre tour et le prêtre nous dit : « Ces personnes désirent rentrer en grâce avec Dieu ; je
vais les marier ; mes Sœurs, vous Servirez de témoins. Puis, ce soir, à neuf heures, j'apporterai le saint Viatique
et l'Extrême-onction à la malade. » Le mariage fut béni sur-le-champ.
Grande fut notre joie ; non moins grand fut le bonheur des deux époux réconciliés avec Dieu et avec
leurs consciences. Ils ne cessaient d'exprimer leur contentement et de nous remercier de l'immense faveur dont
ils avaient été l'objet. Je leur répondis que Notre-Dame du Perpétuel-Secours seule avait droit à leur
reconnaissance.
Mais il fallait préparer la malade à la sainte Communion ; je l'exhortai à faire le sacrifice de sa vie, si
Dieu voulait en disposer. Elle me répondit toute résignée : « Oh! si je guéris, je vivrai plus chrétiennement que
par le passé ! »
A peine eut-elle reçu les sacrements qu'elle s'écria : « Je suis guérie, je ne sens plus aucun mal ». Marie,
voyant la sincérité de sa protégée, avait ajouté aux grâces spirituelles la santé du corps.
Quatre ans se sont écoulés depuis ; la malade d'alors jouit d'une excellente santé et les deux époux
mènent une vie parfaitement chrétienne.
En reconnaissance de ces bienfaits signalés, ils ont fait don à Notre-Dame du Perpétuel-Secours d'un ex-
voto d'argent.
MARIA PIA,
Sœur de Charité.
83
2. - Vertu récompensée par une heureuse union.
C’est une personne de vingt-sept ans que Notre-Dame du Perpétuel-Secours établit avantageusement
après l'avoir délivrée de nombreux dangers.
Née dans les Cordillères, elle résolut de se fixer à Lima, capitale du Pérou, dans l'espoir d'y trouver plus
de facilité pour servir Dieu.
Trois fois de suite, cette excellente fille avait quitté de très bonnes places, bien que les maîtresses fussent
pieuses, parce que sa vertu y courait de sérieux dangers. Pour éviter de nouvelles obsessions, elle loua un
appartement afin d'y vivre seule, tout en sortant pour travailler à la journée. Dans ce nouveau genre de vie, la
pauvre ouvrière ne fut pas à l'abri des sollicitations qui devinrent encore plus nombreuses et plus pressantes.
Malgré tout elle voulait rester honnête. Mais alors quel parti prendre ? S'en retourner dans son pays ? C'était
sans doute le plus sage, mais elle manquait de ressources. Essayer de se replacer, c'était aller au-devant des
mîmes occasions. Dans cette perplexité, elle se mit à sangloter et s'écria à haute voix : « Mon Dieu, aidez-moi !
» Soudain on frappe à la porte. Une amie d'enfance, en service à Lima, venait lui faire visite. La pauvre enfant
s'empressa de confier à son amie le motif de ses larmes et de son découragement. « Ne perds pas courage, lui
dit celle-ci, Dieu ne t'abandonnera pas. Va prier Notre-Dame du Perpétuel-Secours à l'église de Saint-François
de Paule. Cette Madone fait beaucoup de miracles, surtout en faveur des pauvres et des affligés. » Réconfortée
par ces bonnes paroles, la vertueuse fille court à l'église indiquée ; jamais elle n'y était entrée.
A peine a-t-elle vu l'image de Notre-Darne et le grand nombre de personnes qui l'invoquaient avec une
visible ferveur, qu'elle sent la confiance renaître en son âme. Ingénument elle raconte à Marie ses craintes, ses
ennuis ; elle pleure, elle prie. O Vierge sainte, s'écrie-t-elle, ma mère est loin d'ici, elle ne peut savoir ce que je
souffre ; servez-moi donc de Mère ! » Puis, ouvrant tout son cœur à Marie, elle la supplie de la tirer d'embarras,
et de lui procurer un défenseur, un compagnon pour le reste de ses jours.
Elle sortait de l'église, quand un jeune homme, bon chrétien et excellent ouvrier, s'approche d'elle et lui
demande d'associer sa vie à la sienne. Quelques jours de prière, de réflexion et d'informations lui firent voir que
Notre-Dame avait ménagé cette rencontre.
Trois semaines après cet événement, les deux jeunes gens, après s'être approchés des sacrements de
Pénitence et d'Eucharistie, recevaient la bénédiction nuptiale. Mais avant de procéder à ce grand acte, la
protégée de Notre-Dame du Perpétuel-Secours vint remercier sa bonne Mère du Ciel et lui promettre une filiale
et constante fidélité.
CONCLUSION - Ils sont bien inspirés les jeunes gens qui par de nombreuses prières réclament l'intervention
de Marie dans la décisive affaire de leur établissement.
Prière
Mère du Perpétuel -Secours ! Voyez mon malheur ! Ce n'était pas assez de ma faiblesse ; le démon a
encore su m'engager dans des liens qui me rivent au mal. Je devrais rompre ces funestes liens ; je devrais au
moins, si je ne puis pas les rompre tout à fait, dominer l'ennemi qui me harcèle. Mais je suis la faiblesse même,
et, en présence de l'occasion, toutes mes résolutions s'évanouissent. Ah ! ma Mère ! que votre secours m'est
donc nécessaire ! Venez, Vierge puissante, venez me fortifier, aidez-moi à frapper un coup décisif ; faites que je
triomphe du respect humain, et qu'en dépit de tous les obstacles, j'obéisse à la loi de Dieu. C'est la grâce que
j'attends de vous et que je ne cesserai de demander à votre maternelle bonté. Ainsi soit-il.
[Trois Ave Maria. ]
84
On ne dit rien qui ne soit connu de tous, en affirmant qu'aujourd'hui l'action antireligieuse est
particulièrement dirigée contre l'enfance et contre la jeunesse.
L'Etat sans Dieu entend bien supprimer toute concurrence et garder pour lui seul le monopole de
l'éducation. Mettre la main sur l'âme des nouvelles générations, les soustraire à l'influence religieuse, tel est le
plan conçu et en partie réalisé par les ennemis de Jésus-Christ.
Pour le faire aboutir, quelle activité, quel déploiement de forces ! Des lois, de l'argent, des édifices
somptueux, des maîtres largement rétribués ; ensuite des sophismes, des mensonges, des calomnies. Soi-disant
dans l'intérêt du progrès, de la science, des exigences de la vie moderne, parfois même, ô pharisaïsme ! au nom
de l'honnêteté et des bonnes mœurs, les hommes de l'impiété ont interdit à la religion l'entrée des écoles. Ne l'a-
t-on pas expulsée jusque des établissements fondés par la piété séculaire des fidèles, et n'a-t-on pas mis ainsi
Dieu lui-même à la porte de sa propre maison ? Par ce fait, les âmes se trouvent enlevées au Dieu qui les a
créées, soustraites à l'Eglise qui les a régénérées. On ne pouvait couvrir cette infamie que par une infamie plus
révoltante encore ; pour justifier leurs forfaits, ces voleurs tyranniques invoquèrent les principes de justice et de
liberté.
Néanmoins, à l'honneur de notre siècle, d'ailleurs assez chargé d'iniquités, il convient de dire que
d'héroïques efforts sont tentés pour entraver le mouvement antichrétien.
La générosité des fidèles, poussée jusqu'à l'héroïsme, fait sortir de terre, au village, une modeste école ;
dans l'opulente cité, de splendides collèges, de gracieux pensionnats portant tous au frontispice la croix,
symbole de la foi persécutée. Des maîtres et des maîtresses habiles dans l'art d'instruire et dans l'art plus
difficile de former les cœurs, y préparent les chrétiens et les chrétiennes de l'avenir. Lorsque l'insuffisance des
ressources ne permet pas de bâtir même une pauvre école et d'entretenir une éducatrice selon Dieu, le salon de
plus d'une maison bourgeoise s'est vu transformer en salle de catéchisme, où de nobles dames et jeunes filles
consacrent à l'instruction religieuse des enfants les meilleures heures de leur journée.
Dans cette lutte entre le ciel et l'enfer, dont l'enjeu est le salut de milliers d'âmes, la sainte Vierge a son
poste marqué. Mère de tous les hommes, elle est spécialement la Mère des faibles, des humbles, car ceux-là
plus que les autres ont besoin de l'assistance d'une Mère. Mais quoi de plus faible que l'enfant ? C'est de lui
qu'on peut dire qu'il appartient en définitive au premier occupant. Son avenir dans le temps et dans l'éternité
dépend de cette première et décisive prise de possession ; car l'éducation n'est au fond que la communication de
l'âme du maître à l'âme de l'enfant.
Ces considérations disent assez que l'intervention de Marie a dû se produire aussi bien dans la fondation
que dans le développement des écoles chrétiennes. Nous citerons plusieurs faits : d'abord, pour rendre
hommage à la Vierge du Perpétuel-Secours ; puis, pour inspirer courage et confiance aux chrétiens généreux qui
voudraient tenter cette œuvre de régénération sociale et religieuse.
85
« Commençons, dis-je, une seconde neuvaine et faisons-la en actions de grâces ; remercions d'avance
Notre-Dame et saint Joseph. Cette assurance les touchera, et cette fois nous trouverons une maison. »
L'événement justifia notre confiance.
Une dame, propriétaire d'une vaste maison avec cour et jardin, recevait de ses sept petits locataires
beaucoup plus d'injures que d'argent. Un jour elle vient, sans avoir été sollicitée par personne, nous offrir la
location de sa maison, à condition que nous prendrions tous les appartements et que la chose serait tenue
secrète. Volontiers nous souscrivons à ces très justes conditions que d'ailleurs nous eussions posées nous-
mêmes, et le bail fut signé sur-le-champ. En vérité, Notre-Dame et saint Joseph ne pouvaient mieux nous servir
ni nous donner un secret plus agréable à garder.
Nous le gardâmes si bien, qu'au jour de notre renvoi de l'école communale, nous nous rendîmes
directement dans notre nouvelle habitation, à la grande joie de nos amis et à l'ahurissement de nos ennemis
désappointés.
Nos célestes protecteurs nous continuent leur appui. Bien que l'école communale soit gratuite et la nôtre
payante, trente élèves nous ont suivies dans notre nouvelle demeure : c'est la grande majorité. Plusieurs
pensionnaires sont venues grossir ce nombre ; d'autres s'annoncent ; l’l'avenir de l'établissement parait donc
assuré.
On devine sans peine notre reconnaissance. Aussi nous ne manquons pas, à la fin de chacun de nos
exercices de piété, de dire à nos généreux bienfaiteurs un merci du cœur. Gloire à Notre-Dame du Perpétuel-
Secours et à saint Joseph !
86
Nous avons remarqué depuis lors que le cantique de Notre-Dame du Perpétuel-Secours avait le privilège
d'attirer sur nous quelque grâce extraordinaire, ou temporelle ou spirituelle. Aussi, dans nos difficultés,
lorsqu'on sollicite pour la maison une faveur particulière, lorsque, par exemple, la caisse du Père Procureur
baisse trop sensiblement, on entend aussitôt retentir le cantique aimé :
O vous que je proclame
Digne de mes amours,
Doux espoir de mon âme,
Perpétuel-Secours !
87
Nos élèves ont obtenu les premières places parmi les concurrentes du canton. D'une impartialité parfaite,
les examinateurs ont fait le plus grand éloge des compositions, en ajoutant que plusieurs de ces travaux étaient
positivement brillants.
A l'examen oral, les réponses aux questions passablement ardues qu'on posait à ces pauvres petites,
étaient d'une précision telle que je fus absolument stupéfaite. A mes yeux, l'assistance d'en haut éclatait
visiblement.
Pour trouver à ce succès une véritable explication, il faut savoir que nos enfants avaient une confiance
illimitée en Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Le matin du jour de l'examen, elles ont fait la sainte
communion ; elles avaient promis, si toutes réussissaient, de faire dire une messe en action de grâces et de
publier ce beau succès dans le Bulletin de l'Archiconfrérie. A cette filiale confiance, Marie a répondu par une
large et tout efficace bénédiction ; elle a laissé parler son cœur de Mère. Qu'elle soit à jamais glorifiée et
remerciée ! »
CONCLUSION : Intéressons Marie à nos entreprises spirituelles et temporelles ; elle les fera prospérer pour la
plus grande gloire de Dieu et le salut des ormes.
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1. - Après plusieurs échecs un très bon emploi.
Une famille française, attirée en Belgique par un emploi qu'on avait promis au mari, vit ce gagne-pain lui
échapper, parce qu'on trouvait le nouvel employé trop chrétien. Les faibles économies du ménage s'épuisèrent
rapidement, et l'on entrevoyait déjà la gêne et la misère.
Dans cette détresse, la dame, fort pieuse, eut recours à Marie. La famille fit une première neuvaine, mais
sans résultat. Au milieu de la seconde neuvaine, une place très avantageuse, en France, fut offerte au mari. Sans
perdre de temps, et tout en remerciant la sainte Vierge, l'employé va gagner son poste.
Par malheur, le train qui le ramenait en France subit un choc ; plusieurs wagons furent culbutés. Il
échappa à la mort, mais il eut la jambe fortement contusionnée. Cet accident l'ayant empêché d'occuper son
poste, il dut retourner en Belgique. La gêne grandissait de jour en jour.
On s'adressa de nouveau à Celle dont le Cœur compatissant ne sait rien refuser, et une troisième neuvaine
en l'honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours fut décidée. Cette persévérante confiance toucha le Cœur de
notre bonne Mère ; dés le troisième jour, il se présente une excellente place qui permet à la famille de vivre très
honorablement. Que Notre-Dame en soit bénie !
89
4. - Un jeune homme parvient à suivre sa vocation.
Grande est la sollicitude de Marie à faire entrer chacun de ses protégés dans la voie que la divine
Providence lui a secrètement désignée. C'est que de la fidélité à la vocation dépend presque toujours la question
du salut éternel.
A ce sujet, un prêtre nous envoie la relation suivante :
« Fils aîné, l'orgueil et la joie de son père, un pieux jeune homme m'avait confié son rêve : être religieux
missionnaire. Cette résolution avait germé dans son cour au jour de sa première Communion.
Mais il faut décider le père à se séparer de son fils chéri. La mère n'était plus là : elle était partie pour le
Ciel en laissant sur la terre trois jeunes orphelins. Comment ajouter à ce deuil récent une nouvelle séparation ?
Je dis au jeune homme : « Priez tous les jours avec confiance Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; je joindrai
mes prières aux vôtres, et ayons bonne confiance. » Cependant, le jeune homme avait parlé : « Mon père, «
j'entends l'appel de Dieu : il veut que je sois missionnaire. Vous savez combien je vous aime, et qu'il m'en
coûte de me séparer de vous ! Mais ne vous opposez pas à ma vocation ; c'est le bon Dieu qui m'appelle à la vie
religieuse ; et, soyez-en sûr, il bénira votre sacrifice !... »
Hélas le cœur du pauvre père était brisé ! Pendant de longs mois, ce fut une morne tristesse, un silence
lugubre. Enfin, le jour du dénouement arriva, l'heure de la séparation allait sonner. Grâce à Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, ce fut avec une touchante résignation que l'excellent chrétien consentit à dire à son fils cet
adieu, douloureux sans doute, mais plein de consolantes espérances ! »
90
L. L.
CONCLUSION : La protection de Marie est acquise à tous ceux qui l'implorent avec confiance et persévérance
91
voiture ! » La pauvre enfant n'en put croire ses yeux ; elle se mit à pleurer de joie en s'écriant : « 0 miracle de la
Vierge, miracle de Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! » La dame, également touchée jusqu'aux larmes,
remercia la chère Madone et saint Alphonse qui l'avaient si promptement exaucée.
92
Peu de temps après, la pensée de son titre lui vient ; aussitôt, un terrible soupçon traverse son esprit. Vite,
elle ouvre le coffre, en tire la cassette ; cent fois elle en tourne et retourne un à un les menus objets, mais rien,
toujours rien ! L'illusion n'est pas possible, l'obligation a disparu ! Par bonheur, elle en connaissait le numéro.
Le banquier, consulté, promet bien de la rembourser, mais seulement au bout de cinq ans révolus.
La bonne fille était en partie rassurée, quand vint la maladie. Il fallut quitter sa place et vivre sur les
économies. Mais comment rentrer immédiatement en possession de son argent ?
Dans cette détresse, la pensée de recourir à Marie se présenta sur-le-champ. Cette compatissante Mère ne
se plaît-elle pas à récompenser par des prodiges la confiance qu'on lui témoigne ?
C'était le 29 novembre ; la pauvrette commença, selon son expression, une neuvaine à l'Immaculée-
Conception de Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Chaque jour de la neuvaine, on la voyait prier pendant de
longues heures devant l'Image miraculeuse. Le jour de la fête, avec une naïve confiance, elle dit à la sainte
Vierge : Ma tendre Mère, c'est aujourd'hui votre fête, et une mère ne peut rien refuser à son enfant le jour de sa
fête, vous allez donc m'exaucer ! Oui, j'ai la ferme assurance-que vous me rendrez mon argent. »
Le lendemain, 9 décembre, après avoir communié, elle redoubla d'instances à l'autel de Notre-Dame du
Perpétuel-Secours. De retour chez elle, la pensée lui vint d'examiner de nouveau la cassette : « Je l'avais visitée
cent fois, disait-elle en racontant le fait ; samedi dernier encore, je l'ai examinée à fond, et je puis certifier sur la
foi du serment qu'elle ne contenait aucun papier de n'importe quelle espèce. »
Elle l'ouvre ; ô surprise ! l'obligation, avec tous les coupons, telle qu'elle l'avait déposée deux ans
auparavant, se présente à ses yeux ; l'enveloppe seule manquait. L'heureuse fille pleura de joie, et après avoir
remercié son auguste Protectrice, elle alla raconter au, missionnaire la faveur que Marie venait de lui accorder.
En vérité, Notre-Dame du Perpétuel-Secours a un cœur de mère pour les humbles et les pauvres qui
l'invoquent dans leurs angoisses.
CONCLUSION : Dans nos perplexités, dans nos détresses, recourons à Notre-Dame du Perpétuel-Secours,
avec la certitude que nous serons assistés par elle.
Prière.
Vierge Immaculée et toute sainte, Dieu seul est capable de vous louer comme vous le méritez. Il envoie
du Ciel un archange pour vous saluer dignement et vous dire dans un langage divin vos incomparables
grandeurs. A ces louanges, vous répondez par la parole de l'humilité : Je suis la Servante du Seigneur, qu'il me
soit fait selon votre parole. (Luc, I, 38.)
Malgré ma misère, j'ose vous adresser, moi aussi, la salutation angélique : Je vous salue, Marie, pleine
de grâce. Vous êtes déjà remplie de la grâce : obtenez-en pour moi quelque parcelle. Le Seigneur est avec vous.
S'étant fait votre Fils, il est très intimement avec vous. Vous êtes bénie entre toutes les femmes. O vous que le
Seigneur a bénie, obtenez qu'il nous bénisse aussi. Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. 0 bienheureuse
plante, qui nous avez donné ce fruit si noble et si saint ! Sainte Marie, Mère de Dieu. 0 Marie, je vous
reconnais pour la vraie Mère de Dieu, soyez aussi ma Mère. Priez pour nous, pauvres pécheurs. Vos prières
sont assez puissantes pour sauver n'importe quel pécheur. Maintenant et à l'heure de la mort. Priez pour nous
maintenant que nous sommes ici-bas en butte aux tentations et au danger de perdre Dieu. Mais surtout priez
pour nous à l'heure de la mort, quand nous serons sur le point de quitter cette vie et de comparaître devant le
tribunal de Dieu, afin que, par les mérites de Jésus-Christ et par votre intercession, nous soyons sauvés pour
l'éternité ! Ainsi soit-il.
(S. ALPHONSE.)
[Trois Ave Maria. ]
93
CHAPITRE XXVIII - Notre-Dame du Perpétuel-Secours et la famille chrétienne.
De tout temps, les familles chrétiennes ont choisi la très sainte Vierge pour Patronne de leur foyer. Cet
universel recours au Patronage de la Mère de Dieu s'explique facilement. Avec Jésus-Christ, son divin Fils, et
saint Joseph, son noble époux, Marie n'a-t-elle pas formé la plus sainte et la plus heureuse des familles ? Il est
donc naturel que la divine Providence l'ait chargée, en faveur des familles, d'une spéciale mission de protection.
Mille heureux événements, d'ailleurs, nous montrent que la sainte Vierge remplit ce rôle avec une maternelle
sollicitude.
Pour une famille, le plus désirable des biens, c'est la paix, fruit de l'union des cours. Si ce bien ne peut
être remplacé par aucun autre, il renferme, par contre, tous les biens absents. Une famille où règne la concorde
est, sur la terre, un coin du Paradis : « Chez nous, du moins, nous avons la paix ! » disent bien des pauvres
gens, et ils sont heureux.
Mais rien n'est fragile comme l'union des cœurs ! Un mauvais caractère, les faux rapports, les jalousies,
les insuccès, les soupçons, voilà autant de portes ouvertes par lesquelles la bonne harmonie des âmes peut
s'enfuir.
Marie veille, c'est sa mission. Au milieu des vicissitudes humaines qui viennent émietter le bonheur, elle
garde intacte la concorde, si l'on a soin de l'en prier. Elle dissipe les malentendus, apaise les ressentiments,
ramène l'espérance et fait rentrer au foyer désolé l'affection réciproque des cœurs.
Mieux que tous les raisonnements, les faits suivants vont le prouver.
2. - Un ménage réconcilié.
Pour fixer une famille dans le bonheur, il faut surtout l'union des deux époux. Trop souvent, c'est
l'inconduite de l'un ou de l'autre qui détruit cet accord. Voyons comment Notre-Dame du Perpétuel-Secours sait
tout réparer.
94
Le fait s'est passé dans la ville d'Astorga, en Espagne. Mariée depuis plusieurs années, une très
respectable dame vit, l'an passé, son mari s'éloigner d'elle brusquement, la prendre en horreur, puis
l'abandonner, et enfin, au grand scandale de notre petite ville, contracter une liaison criminelle. Pour ramener ce
malheureux et faire cesser le scandale, la famille, les amis, les voisins épuisèrent tout ce que la religion,
l'honneur et l'amitié peuvent suggérer de plus fort et de plus touchant : tout fut inutile. La pauvre dame, pour ne
pas être témoin de maux si déchirants pour son cœur, résolut de demander la séparation légale d'avec son mari
et de quitter la ville pour s'établir ailleurs.
Avant de prendre une détermination si grave, elle voulut s'approcher des sacrements et confier sa peine à
son confesseur. Celui-ci lui suggéra l'idée de recourir à Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Elle commence une neuvaine, et, voyez combien cette compatissante Mère est prompte à secourir ! le
quatrième jour de la neuvaine, le coupable, depuis longtemps absent de la maison, vint de lui-même s'y
présenter. La pieuse épouse, encouragée par ce premier succès, continue ses prières avec une nouvelle ferveur.
Sa confiance ne fut point déçue ; avant la fin de la neuvaine, tout était rentré dans l'ordre : le mari reconnut
humblement ses torts, demanda pardon à ceux qu'il avait tant affligés, et répara publiquement le scandale.
L'union et la paix sont revenues au foyer.
Puissent tant d'autres familles, soumises aux mêmes épreuves, comprendre que leur remède est entre les
mains de notre douce Mère du Perpétuel-Secours et aller avec confiance lui demander secours et consolation !
Marie les exaucera.
CONCLUSION: Profitons de ces leçons et recommandons à Marie les familles désunies ; Elle en chassera la
discorde et les établira dans la paix et le bonheur.
95
Prière pour consacrer une famille à Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Mère du Perpétuel-Secours ! étendez votre sollicitude aux besoins spirituels et temporels de ma famille.
Ceux que j'aime vivent dans un monde dont l'esprit est contraire aux maximes évangéliques et sont exposés à
pécher ; je vous conjure de les défendre du mal, de les attacher fermement à la foi, que la volonté de Dieu soit
la loi de leur cœur, et qu'ils portent aux sacrifices si fréquents dans la vie la générosité de l'esprit chrétien. 0
Marie, je ne doute pas que votre perpétuel secours ne soit assuré à ma famille, mais je vous supplie de nous
inspirer la pensée d'y recourir sans cesse et de compter à la vie et à la mort sur votre puissante protection. Ainsi
soit-il.
Nombreuses sont les cités chrétiennes qui, par un pacte plusieurs fois séculaire, ont établi la Reine du
ciel gardienne de leurs remparts, de leur grandeur, de la vie et de la prospérité de leurs habitants. Avec quelle
ferme assurance Lyon et Marseille, pour ne parler que de ces deux superbes cités, sont-elles assises au pied des
gracieuses collines que leur amour pour Marie a couronnées de basiliques bâties plutôt avec de l'or qu'avec des
pierres !
Aux jours mauvais, quand la peste, la misère, un long chômage, l'insurrection ou l'étranger menacent de
venger les droits de Dieu méconnus, et que l'on se demande avec anxiété d'où viendra le salut, chacun lève les
yeux vers la sainte colline, assuré que de là descendra le secours : unde veniet auxilium. On y lit, en effet, cette
réconfortante promesse : « Vous m'avez placée comme gardienne de votre cité : confiance, je veille sur vous !
posuerunt me custodem. »
Heureuses les familles qui, à l'exemple de ces villes privilégiées, se sont consacrées à Marie ! Une
humble statuette debout sur la cheminée, une modeste image de la sainte Vierge, atteste qu' côté du Christ
Sauveur, la Mère de Dieu occupe dans la maison une place d'honneur. Chaque soir la mère chrétienne, dans une
fervente prière récitée par la famille entière, affirme qu'elle entend confier à Marie la garde du foyer.
Qui pourrait douter que la céleste Mère ne remplisse pleinement son office et ne veille sur la vie, sur la
santé, sur les intérêts de ses enfants ? Elle repousse de cette demeure qui lui est chère les malfaiteurs :
malfaiteurs de l'âme et malfaiteurs du corps. Elle paralyse le bras de l'assassin, arrête le voleur dans ses
criminels desseins, terrifie le misérable qui attente à l'innocence d'une âme inexpérimentée ; elle commande
aussi aux éléments dont la fureur déchaînée pourrait nuire à ses protégés.
S'il faut un miracle, la toute-puissante gardienne l'opèrera. En voici la preuve.
96
chambre à coucher. A la prière du soir, je recommande à mes enfants de prier avec ferveur Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, afin qu'elle nous garde cette nuit, et nous protège contre les voleurs et les assassins.
Aussitôt ces pauvres enfants de s'écrier en levant leurs mains vers la sainte Image : « Notre-Dame du
Perpétuel-Secours, veillez sur nous, protégez-nous ! » Le plus jeune, âgé à peine de deux ans, ne comprenait
pas le danger qu'il courait ; et pourtant, par ses gestes, il imitait ses frères et sœurs. Cette scène me toucha
jusqu'aux larmes ; le cœur de Marie en fut ému de son côté, et cette charitable Mère nous fut secourable.
Voici de quelle manière.
Il était une heure du matin. Réveillée depuis un instant, j'entendis distinctement des hommes qui rôdaient
autour de la maison ; ils parlaient à voix basse, tramant sans doute quelque criminel dessein.
« Mon Dieu, m'écriai-je, ayez pitié de nous ! Notre-Dame, sauvez-moi, sauvez mes enfants ! » Je n'en
pus dire davantage ; la peur me glaça, je restai comme paralysée dans mon lit. Bientôt, de grands coups de
pioche retentirent ; les bandits essayaient d'enfoncer la porte du magasin ; mais, bardée d'épaisses lames de fer,
elle ne céda pas. Ils attaquent alors le mur de la maison et y pratiquent une large ouverture : la chose ne fut pas
trop malaisée, les maisons de nos pays étant pour la plupart construites en briques de terre, cuites au soleil.
Par cette brèche, les voleurs pénétrèrent facilement dans le magasin. Jugez de mon effroi ! Entre le
magasin et la chambre à coucher il n'y a qu'une simple porte sans serrure ni verrou. Par bonheur, il y avait une
armure plus puissante : Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Mais voici que cette porte s'entr-ouvre ! Vie, honneur, fortune, tout est perdu ! Mon Dieu, je vous
recommande mon âme ! Ma terreur était à son comble. Toutefois, la porte se referme presque aussitôt ; et ainsi,
trois fois de suite. Pendant ce temps, on emporte caisses, ballots, tiroirs. Puis, le silence se fait et... plus rien
jusqu'au matin.
Quand il fit jour, je me lève et entre vite au magasin. Pillage, désordre complet ; on avait fait main basse
sur tout ce qui avait quelque valeur. Pour plus de sept mille francs de marchandises en étoffe, en sucre et en
denrées de toute sorte avaient disparu. Mais nous avions la vie sauve et nous bénissions notre céleste gardienne.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours ne se contenta pourtant pas de cette première et inappréciable faveur.
Pour récompenser notre filial abandon à son secours, elle voulut nous rendre jusqu'aux biens qu'on nous avait
volés. Vers midi, passe un cavalier ; il arrête son cheval et me jette cette parole : « Madame, les brigands sont à
une heure d'ici dans la forêt, ils se partagent le butin : je cours au chef-lieu avertir la police. » Il pique des deux
et disparaît.
La gendarmerie avisée accourt aussitôt, découvre les brigands et les met en état d'arrestation. Ils étaient
au nombre de six, et des plus dangereux. Leur chef, redouté dans toute la contrée, avait assassiné déjà plus de
trente personnes et commis toute sorte d'atrocités. Par un raffinement de cruauté, il s'attaquait surtout aux petits
enfants et les faisait mourir dans d'horribles tourments. Aux assises, le juge l'interroge et lui dit :
« Comment vous, homme de sang, n'avez-vous pas tué cette dame et ses enfants ? »
« C'était mon intention, répond le criminel, et déjà je pénétrais dans la chambre à coucher, armé d'un
coutelas, pour mettre mon projet à exécution. Mais en poussant la porte, je sentis une main qui m'arrêtait, et
une voix me disait : « N'entre pas !... »
« Deux fois, je revins à la charge, et deux fois je sentis la même main et entendis la même voix. Saisi de
frayeur, je n'osai avancer, et je dis à mes compagnons : « Allons-nous-en ! »
On infligea à ces misérables le juste châtiment, et les marchandises volées nous furent rendues.
Amour, reconnaissance à la Madone du Perpétuel-Secours, et qu'après avoir arraché ma famille à la mort
ici-bas, elle nous délivre, en l'autre monde, de la mort éternelle !
Ainsi se termine le récit de cette pieuse chrétienne, à laquelle s'appliquent si justement les paroles du
Sauveur : Femme, ta confiance t'a sauvée !
97
Un religieux capucin qui habite Sira, en Orient, vient d'envoyer à son Supérieur de Rome la relation
suivante ; elle témoigne que dans les siècles passés comme aujourd'hui, Notre-Dame du Perpétuel-Secours
veille sur les familles qui lui sont confiées.
« Un de nos amis de Sira, écrit le P. Archange, possède un tableau de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
qui lui vient de son aïeul maternel. Celui-ci, italien de naissance et très dévoué à la sainte Madone, l'avait
apporté de Rome quand, au siècle dernier, il vint se fixer à Constantinople.
Cet aïeul avait une fille d'une beauté remarquable, aussi fut-elle bientôt remarquée et recherchée par un
des pachas de la capitale.
Dés que le Père de la jeune fille s'aperçut des assiduités de ce puissant personnage, pour mettre son
enfant en sûreté, il résolut de quitter secrètement la ville et de s'enfuir au loin. En attendant, il suppliait sa chère
Madone de bénir son dessein.
Au milieu de la nuit suivante, un bruit insolite se fait entendre dans l'appartement voisin de la chambre à
coucher. Réveillé en sursaut, il se lève pour découvrir la cause de ce bruit. Ce fut en vain. En passant devant
l'image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, il s'arrêta, selon sa pieuse habitude, pour dire une petite prière. Il
s'aperçut alors que le tableau était fendu du haut en bas.
« Voilà, se dit-il, un signe extraordinaire ; c'est la Madone sans doute qui me presse de partir. »
La famille, avertie de cette détermination, s'efforce de lui faire changer d'avis ; mais lui, inébranlable
dans sa résolution, fait tout emballer, et l'on part pour Smyrne.
Il apprit dans la suite, par un de ses amis, que la nuit qui suivit son départ, le pacha était venu avec une
bande de gens armés assiéger sa demeure, en avait forcé les portes, et que, se voyant trompé dans son attente, il
avait juré de se venger.
Humilié de ce dédain, le fier ottoman se met à la recherche des fugitifs et finit par connaître le lieu de
leur retraite. Il vole à Smyrne et découvre sans trop de peine la demeure de la famille chrétienne. Pour s'assurer
de sa victime, il passe et repasse devant la maison. Frappé de ses allées et venues, le Père de la jeune fille
reconnaît le pacha.
La nuit suivante, le phénomène déjà constaté à Constantinople se reproduit. Un bruit inaccoutumé
réveille le Père de famille qui cette fois n'en est pas effrayé. Il se lève sur-le-champ, va droit au tableau de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours, il le trouve intact ; seul, le cadre était tombé par terre, sans pourtant se
briser.
Se rappelant le premier avertissement, cet homme de foi va réveiller les siens et leur commande de
ramasser les objets les plus précieux et de se rendre aussitôt à bord d'un navire en partance pour Sira.
La famille était à peine embarquée que l'on aperçut une lueur sinistre monter et s'étendre au centre de la
ville. « L'incendie, dit le Père, ne doit pas être loin de notre habitation. » C'était plus que vrai ; à quelque temps
de là, on lui écrivit que, la nuit même de leur fuite, le misérable pacha avait mis le feu à la maison, espérant
faire périr dans les flammes la famille dont il se voyait repoussé.
En attendant, le capitaine donne le signal du départ, on lève l'ancre et l'on fait route pour Sira. La famille
chrétienne y arrive saine et sauve, s'y fixe définitivement et y est demeurée jusqu'à ce jour sous l'égide de
Notre-Dame du Perpétuel-Secours. »
Fr. ARCHANGE, capucin. Tiré du Divin Salvatore.
98
lendemain de son arrivée, d'épais nuages couvrent le ciel d'ordinaire si pur, et, durant neuf jours consécutifs,
des pluies torrentielles tombent dans la plaine et les vallées. Les rivières débordent partout, emportant maisons,
terrains et animaux. Un torrent se précipite sur une rue de Valparaiso, renverse tout sur son passage : quatre-
vingt-trois personnes trouvent la mort dans l'inondation. Sur les hauteurs où se trouvait Calderon, c'était une
tempête de neige. De toutes parts, avec un bruit sinistre, des avalanches se précipitaient le long des montagnes,
entraînant avec elles arbres, maisons et jusqu'à d'énormes quartiers de rocher. Quelques années auparavant,
quinze mineurs avaient péri dans une semblable tourmente.
Et la famille du pauvre Calderon se trouvait au milieu de ce déchaînement, menacée à chaque instant
d'être emportée par une de ces masses roulantes. D'autre part, la faim se faisait sentir. Les provisions étaient
épuisées ; le pain manquait ; la dernière poule avait été tuée l'avant-veille.
A la vue du danger que courait leur camarade, les mineurs demeurés dans la plaine tentèrent à deux
reprises, mais inutilement, de le sauver. La première fois, la neige trop molle et trop épaisse ne leur permit pas
d'avancer ; la seconde fois, voulant frayer un passage à travers la neige, ils furent repoussés par une avalanche
qui en blessa même sept d'entre-eux.
De la montagne, Calderon voyait les efforts inouïs, mais infructueux de ses amis ; il rentra dans sa
chaumière, le cœur déchiré à la pensée de ses enfants qui allaient périr.
En homme de foi, il prend le crucifix, le présente à sa femme en lui disant : « Il faut nous résoudre à
mourir ; demandons pardon à Dieu ! » A cette parole, celle-ci tombe en défaillance. Calderon prend alors
l'image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et promet que si cette bonne Mère le tire de ce péril, lui et sa
famille lui voueront une dévotion éternelle et feront brûler, tous les ans, quelques cierges en son honneur,
Après cette promesse, il sort et il aperçoit une immense avalanche qui descend droit sur son habitation.
« C'est fini ! nous sommes perdus ! » se dit-il, et il ferme les yeux en attendant la mort.
Un bruit formidable, semblable à celui du tonnerre, se fait entendre ; la terre tremble, et un ouragan
semble passer de chaque côté de la chaumière ; puis, plus rien, rien que le bruit lointain d'une masse qui se
brise contre un obstacle.
En ouvrant les yeux, il s'aperçoit que, par un vrai miracle, l'avalanche, à quelques mètres au-dessus de la
maison, s'était divisée en deux parties qui, déviant de la ligne droite, ont continué leur course vertigineuse sans
toucher à la maison. Bien plus, elles avaient tracé deux sillons, par où les sauveteurs purent aller au secours de
la famille en détresse. On charge la femme et les enfants sur les épaules, et on les descend dans la plaine.
Ce fait est affirmé non seulement par la famille miraculeusement protégée, mais encore par
l'administrateur des mines qui en a été le témoin.
Calderon tint parole, et depuis lors, Notre-Dame du Perpétuel-Secours est considérée et honorée comme
l'insigne bienfaitrice de la famille.
CONCLUSION : Etablissons Notre-Dame du Perpétuel-Secours gardienne de notre famille ; plaçons sa sainte
image dans notre demeure, et Marie nous récompensera de ce témoignage de filial amour.
Prière.
Mère du Perpétuel-Secours ! étendez votre sollicitude aux besoins spirituels et temporels de ma famille.
Ceux que j'aime vivent dans un monde dont l'esprit est contraire aux maximes évangéliques et sont exposés à
pécher ; je vous conjure de les défendre du mal, de les attacher fermement à la foi, que la volonté de Dieu soit
la loi de leur cœur, et qu'ils portent aux sacrifices si fréquents dans la vie la générosité de l'esprit chrétien. 0
Marie, je ne doute pas que votre perpétuel secours ne soit assuré à ma famille, mais je vous supplie de nous
inspirer la pensée d'y recourir sans cesse et de compter à la vie et à la mort sur votre puissante protection. Ainsi
soit-il.
99
CHAPITRE XXX - Notre-Dame du Perpétuel-Secours et la bonne mort.
La bonne mort ou la persévérance est le couronnement nécessaire et la consécration définitive des grâces
de Dieu. Sans cette grâce finale, à quoi serviraient les autres faveurs divines, sinon à rendre l'âme plus
malheureuse dans l'éternité ?
Or, la grâce de la persévérance, nul ne peut la mériter ; c'est un don gratuit, effet de la pure miséricorde
du Seigneur. Il appartient donc à Marie, comme au ministre des divines miséricordes, de la dispenser aux
hommes. D'ailleurs, tout dépend de la mort : bonne mort, éternité heureuse ; mauvaise mort, éternité
malheureuse. Si la grâce qui fait passer l'âme juste du temps à l'éternité pouvait se trouver ailleurs qu'en Marie,
la sainte Vierge ne serait plus l'agent principal dans l'économie du salut, les titres de Mère de la persévérance,
Mère du bel amour, que lui décerne l'Eglise, seraient illusoires et les prérogatives de Marie seraient amoindries.
Cette conclusion répugne à la piété des fidèles. Pour conserver à Marie son privilège de Mère du salut ,
les Saints déclarent hautement qu'elle possède d'une manière inaliénable le monopole de la grâce de la bonne
mort. En établissant la fête de Notre-Dame des Agonisants, la sainte Eglise ratifie cette doctrine et confirme à
Marie ce miséricordieux privilège. Le peuple chrétien le proclame à son tour, quand, par un instinct surnaturel,
il répète Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort :
Et in hora mortis nostrae.
Cette faveur, raison dernière de toutes les autres, Notre-Dame du Perpétuel-Secours la refusera-t-elle à
ses serviteurs, aux membres de son Archiconfrérie ? Notre mère selon la chair ne le ferait pas ; la mère de notre
âme y répugne encore davantage. Son cœur le lui défend, et Marie ne manque jamais aux lois du cœur.
Ames consacrées à la sainte Madone, réjouissez-vous ; la grâce des grâces, celle qui vous ouvrira
définitivement les portes du Ciel, vous est assurée. Les traits suivants vous en donnent une garantie absolue.
100
« Une jeune fille de dix-sept ans, atteinte de plusieurs maladies mortelles, marchait rapidement vers la
tombe, pendant que son entourage continuait à l'entretenir dans l'illusion d'une guérison prochaine. En effet, la
pauvre enfant n'avait qu'un désir : retrouver la santé. Ce qui nous peinait par-dessus tout, nous qui la visitions
chaque jour, c'était la défense qui nous avait été faite de lui parler de son âme. En attendant, la jeune fille
baissait visiblement, et nous, nous continuions à prier Notre-Dame du Perpétuel-Secours. Je fis vœu à cette
bonne Mère, si elle touchait le cœur de la malade, de publier cette grande faveur.
« Un matin, la garde-malade vient me dire que Claire (c'est le nom de la chère enfant) désirait me voir. Je
monte immédiatement auprès d'elle ; nous causons de choses et d'autres, de sa santé surtout ; puis je fis mine de
vouloir me retirer. « Oh ! ma sœur, restez encore, c'est aujourd'hui jeudi, jour de congé. » Je ne me fais pas
prier, trop heureuse de faire plaisir à la pauvre petite. Bien que seule avec elle, je n'osai aborder la question des
sacrements, me contentant de lui parler de la prière, de la confiance en Notre-Dame du Perpétuel-Secours dont
je lui remis une belle image. Elle paraissait ravie.
« Le lendemain, ma visite n'aboutit pas davantage ; l'heure de la grâce n'avait as sonné !
« Enfin le samedi, la voyant s'affaiblir de plus en plus, après avoir invoqué la sainte Madone, je dis à la
mourante : « Claire, Monsieur le doyen vient-il vous voir ? » - « Oui, ma sœur. » - « Alors, je suis rassurée, car
vous avez dû, depuis six mois que vous êtes malade, vous confesser. - « Que dites-vous, ma sœur ! » -
« Comment, mon enfant, vous ne vous êtes pas confessée ? » - « Oh ! non ! » et deux grosses larmes coulaient
de ses yeux. « Eh bien, Claire, quand le prêtre reviendra, il vous faudra mettre ordre à vos affaires de
conscience, car vous n'ignorez pas que lorsqu'on est malade pendant quelque temps, on est tenu à se confesser.
»
« Sur les entrefaites, sans qu'il ait été prévenu, Monsieur le doyen entra. « Voyez, Claire, le bon Dieu
vous sert à merveille. » Le prêtre reste seul avec la malade, puis il vient me dire qu'elle a demandé
spontanément l'Extrême-Onction. J'arrive près d'elle : « Oh! ma sœur, s'écrie-t-elle, merci ! que je suis heureuse
maintenant préparez ce qu'il faut, car je vais recevoir l'Extrême-Onction. » Le prêtre fit les onctions saintes, et
la chère enfant répondait elle-même aux prières.
«Après la cérémonie, la figure de Claire reflétait le calme, le bonheur de son âme réconciliée avec Dieu.
Il y manquait la sainte communion ; mais de fréquents vomissements empêchaient de satisfaire sous ce rapport
l'ardent désir de la malade.
« La famille apprend ce qui s'est passé : on s'inquiète, on accourt ; toutefois, à la vue de la sérénité et de
la joie de leur enfant, tout le monde se calme et trouve qu'on a bien fait.
« Le sacrement produisit son effet ; à partir de ce moment, plus de tristesse, plus la moindre crainte de la
mort. Rien de touchant et d'édifiant comme sa résignation à la volonté de Dieu et sa patience à supporter les
intolérables souffrances qu'elle offrait à Notre-Dame du Perpétuel-Secours pour le soulagement des âmes du
Purgatoire.
« Enfin le samedi suivant, tout au matin, sentant sa fin approcher, elle me dit : « Ma sœur, c'est
aujourd'hui samedi, est-ce que mon cierge brûle toujours à l'autel de Notre-Dame ? » - « Oui, mon enfant, soyez
tranquille ! » Il ne devait s'éteindre qu'avec elle.
« Vers huit heures et demie, la faiblesse augmentant d'une manière inquiétante, on fait venir le médecin
et le confesseur. Le premier arrive et trouve la malade sans connaissance. A son tour, le prêtre se présente. La
moribonde recouvre sa connaissance ; elle reconnaît Monsieur le doyen. Après avoir récité à haute vois le
Confiteor et l'acte de contrition, elle reçoit une dernière absolution avec l'indulgence de la bonne mort, puis tout
doucement elle s'endort dans la paix du Seigneur.
« Qui n'envierait une pareille grâce ? Par la fidélité à recourir à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, nous
pouvons tous nous l'assurer. »
101
trouvait mille prétextes pour en ajourner la réception, croyant comme beaucoup de malades que la confession
hâte la mort.
Le mal empirait chaque jour, et malgré toutes les instances elle ne pouvait se décider à se confesser. La
supérieure d'un monastère voisin se trouvait être l'amie de pension de la malade ; un prêtre de la paroisse lui fit
part du triste état de cette dernière et de son refus de recevoir les sacrements.
A cette nouvelle, la religieuse, très dévouée à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, envoie sur-le-champ à
la malade une médaille et lui fait savoir que la communauté allait commencer, à son intention, une neuvaine de
prières et de communions en l'honneur de la sainte Madone. Pour être plus sûrement exaucée, elle demande à
son amie de s'unir d'esprit et de cœur aux prières des religieuses et de communier en union avec la
communauté.
La malade reçut la médaille avec reconnaissance, mais ne voulut pas entendre parler de confession. Elle
répondit que rien ne pressait, qu'elle allait beaucoup mieux, que, du reste, cela dérangerait tout le monde.
Toutefois, elle pria avec ferveur Notre-Dame du Perpétuel-Secours ainsi qu'on le lui avait recommandé.
Le troisième jour de la neuvaine, sans qu'on insistât davantage, elle demande à se confesser. Elle reçoit en outre
la sainte Communion et l'Extrême-Onction. Grand fut son bonheur après l'accomplissement de ce devoir.
« Quel service vous m'avez rendu ! dit-elle au prêtre en le remerciant de son dévouement. Je comprends
maintenant que je suis prés de ma fin, mais je l'attends sans crainte. »
Elle ne se trompait pas. Deux jours après, elle mourait sans souffrance, en prenant son repas. Sa famille
croyait qu'elle s'était appuyée pour se reposer, et déjà elle était partie pour l'éternité.
Que Marie est donc bonne, et qu'elle porte bien son titre de Perpétuel-Secours !
CONCLUSION : Pour obtenir la grâce d'une sainte et douce mort, récitons, chaque soir, trois Ave Maria , en
insistant spécialement sur ces mots : Priez pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l'heure de notre mort.
102
CHAPITRE XXXI - Notre-Dame du Perpétuel-Secours et les paroisses
chrétiennes.
La dévotion à la Reine du Ciel est bien, pour une paroisse, la plus gracieuse des parures, le plus précieux
des joyaux. Qui n'aime à voir, dans une église, l'autel de Marie orné de fleurs et rayonnant de lumières ? N'est-
ce pas le témoignage d'une foi vive, d'une piété ardente, d'une touchante reconnaissance et d'un filial amour ?
Quel admirable spectacle surtout que ces fidèles se pressant, nombreux et confiants, dans la chapelle de leur
céleste Mère, les uns pour y épancher leurs douleurs, les autres pour recommander un parent, un ami, un être
bien cher ; ceux-ci pour confier à Marie leur avenir, ceux-là pour en faire la confidente de leurs aspirations, tous
pour implorer son puissant et maternel secours !
Au dire des saints, la dévotion à Marie est un foyer où s'allume et s'alimente la vraie piété ; elle est une
source intarissable d'où se répandent, sur une paroisse, les grâces du salut et les dons de la ferveur chrétienne.
Heureuses les paroisses qui possèdent cette source et entretiennent ce foyer !
Or, parmi les bénédictions qu'apporte l'Image miraculeuse de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, il faut
placer en première ligne l'accroissement extraordinaire de la dévotion à la très sainte Vierge. A peine a-t-elle
fait son apparition dans une paroisse que, par une douce et bienfaisante violence, elle attire les cœurs et les
ouvre à la confiance pour en faire jaillir de perpétuelles supplications à la perpétuelle protection de Marie.
Dés lors, la vue de la Madone qui a présidé et béni les exercices de la mission, et à qui l'on donne si
volontiers le nom de « Vierge de la mission » , rappelle aux âmes les grandes vérités qui les ont ébranlées et
converties, ainsi que les résolutions qui doivent assurer leur persévérance. Notre-Dame du Perpétuel-Secours,
en conservant et en augmentant le bien opéré, poursuit ainsi son œuvre de salut, elle maintient les âmes dans le
chemin du devoir et de la piété.
On s'explique ainsi l'empressement que prêtres et fidèles mettent à garder la précieuse Image et à lui
réserver dans leur église une place d'honneur.
Ecoutons les pasteurs d'âmes témoigner leur reconnaissance à Celle qu'ils considèrent, à juste titre,
comme la continuatrice de la mission et la puissante associée de leur saint ministère.
103
Nous nous rappelons encore avec quelle joie fut accueillie la sainte Image, avec quel empressement les
personnes les plus influentes de la paroisse fournirent et ornèrent le brancard sur lequel Notre-Dame du Per-
pétrel-Secours devait être solennellement portée en procession.
Depuis lors, la dévotion à Notre-Dame non seulement se maintient, mais prend chaque jour un nouvel
accroissement. Une lampe entretenue par une personne généreuse brûle, nuit et jour, devant la sainte Image,
suppliant Marie d'être notre perpétuel secours.
Une autre personne a consacré de grand cœur quelques centaines de francs pour enrichir de gracieuses
sculptures l'autel de la Vierge miraculeuse. Chaque dimanche, dans l'après-midi, un parfum de piété semble
envelopper ce gracieux autel. Les jeunes filles et les mères chrétiennes s'y succèdent sans interruption,
implorant le secours de leur Mère du Ciel.
A-t-on une grâce spéciale à solliciter ? est-on menacé de quelque malheur ? un Père est-il sur le point de
laisser des orphelins ? la mort s'apprête-t-elle à ravir un enfant à l'affection de sa mère ? un pécheur endurci est-
il rebelle aux appels de la grâce ? vite, on commence une neuvaine à Notre-Dame, on me demande de chanter
des messes à son autel, et de nombreuses bougies brûlent en son honneur.
Eternelle reconnaissance à Notre-Dame du Perpétuel-Secours ; elle a fait fleurir dans ma paroisse, avec la
piété, toutes les vertus qui fixent les âmes dans le bien.
104
5. - Notre-Dame du Perpétuel-Secours à Nantes.
La dévotion à Notre-Dame du Perpétuel-Secours est en honneur dans la ville de Nantes ; actuellement presque
toutes les églises possèdent une reproduction de son Image miraculeuse. Bien des grâces ont été obtenues par
son intercession, et, dans la seule chapelle de la Retraite, on a eu à la remercier pour dix-huit conversions, dont
deux au moment de la mort ; vingt guérisons ; la réussite de trois opérations difficiles ; quatorze examens
passés avec succès ; deux réconciliations ; l'établissement d'une école libre qui rencontrait de graves difficultés,
et un grand nombre de faveurs pour lesquelles cent cinq personnes sont venues demander des actions de grâces.
De plus, des messes nombreuses ont été célébrées ; des lampes, des cierges ont brûlé devant le tableau à ces
intentions, et plusieurs ex-voto en marbre y ont été placés.
Combien de prêtres qui seraient heureux de pouvoir s'assurer de semblables faveurs ! Notre-Dame du
Perpétuel-Secours se montrera aussi clémente pour eux que pour leurs heureux confrères, s'ils lui promettent de
la faire honorer et prier par leurs paroissiens.
105
Prière pour l'Église et le Souverain Pontife.
Notre-Dame du Perpétuel-Secours ! ô douce Protectrice des chrétiens ! c'est à l'heure où les ennemis de
votre divin Fils attaquent plus violemment l'Église, que vous avez reparu à Rome comme l'Étoile tutélaire du
Saint-Siège. Prosterné à vos pieds, je vous supplie de défendre et de protéger la sainte Epouse de Jésus-Christ.
Montrez-vous la Mère toute-puissante de l'Église en ces jours où elle est menacée par une audacieuse impiété.
Couvrez de votre protection la personne sacrée du Souverain Pontife. Inspirez aux chrétiens la vénération due
au Vicaire de Jésus-Christ, la soumission à son infaillible autorité, l'amour que mérite le Père de tous les
fidèles. O Marie qui voyez les amertumes dont son cœur est abreuvé, assistez-le de votre perpétuel secours.
Suscitez à votre Eglise des apôtres et des défenseurs de ses droits ; ne permettez pas que l'iniquité prévale ;
affermissez la Chaire de saint Pierre et attachez inviolablement les esprits et les cœurs à ce centre de l'unité
catholique. Ainsi soit-il.
[Trois Ave Maria. ]
106
TROISIEME PARTIE
_______
PRATIQUES DE DEVOTION
en l’honneur de
NOTRE DAME DU PERPETUEL SECOURS
§ I – Chaque jour
107
- Dans toutes les épreuves et les peines de la vie, [R]
- Contre ma propre inconstance et pour que je persévère jusqu'à la fin, [R]
- Pour que je vous aime, vous serve et vous invoque toujours, [R]
- Pour que je porte mon prochain à vous aimer, à vous servir et à vous invoquer, [R]
- O ma Mère, jusqu'à mon dernier jour, jusqu'à mon dernier soupir, [R]
O Mère du PERPETUEL-SECOURS, protégez aussi tous ceux que j'aime : le Souverain Pontife, l'Eglise,
ma patrie, ma famille, mes amis, mes ennemis, tous les malheureux, et enfin les pauvres âmes du Purgatoire.
Venez à leur secours. Ainsi soit-il.
§ II – Le Samedi ou le Dimanche
108
- Si jamais je me relâche dans votre service, pour que bientôt je me ranime, [R]
- Dans le devoir difficile de la confession, pour que je le remplisse toujours assez tôt et assez bien, [R]
- Dans le devoir sacré de la communion, pour que je m'en acquitte dignement et avec ferveur, [R]
- Dans tous les exercices d'un chrétien fervent, et notamment dans la prière et la méditation, [R]
- Pour que je conserve ou que je recouvre la chasteté, [R]
- Pour que j'acquière l'humilité, [R]
- Pour que je parvienne à aimer Dieu de tout mon cœur, [R]
- Pour que, par amour pour Dieu, je me conforme en tout à sa sainte volonté, [R]
- Pour que j'accomplisse fidèlement mes devoirs d'état, [R]
- Quand la maladie fera souffrir mon corps et abattra mon âme, [R]
- Quand le chagrin et la tristesse s'empareront de moi, [R]
- Si les hommes me font souffrir, [R]
- Si Dieu me soumet au tourment de peines intérieures, [R]
- Si la Providence m'éprouve par la pauvreté ou les revers de fortune, [R]
- Si je trouve dans ma propre famille des sujets d'amers chagrins, [R]
- Quand je serai contrarié, maltraité, humilié, [R]
- Pour que j'obtienne la conservation ou le soulagement de ceux qui me sont chers, [R]
- Pour que je procure la délivrance des âmes du Purgatoire, [R]
- Pour que je coopère au salut des pécheurs, [R]
- Pour que j'obtienne la grâce de la persévérance finale, [R]
- Pour que jamais je n'oublie de demander cette grâce de la persévérance, [R]
- Quand viendra ma dernière maladie, [R]
- Aux approches de la mort, [R]
- Dans les dernières tentations qui précéderont ou accompagneront mon agonie, [R]
- A mon dernier soupir, [R]
- Quand j'apparaîtrai devant votre Fils qui sera mon juge, [R]
- Quand je serai en Purgatoire, [R]
- Dans le Ciel, pour que je loue dignement les miséricordes de mon Dieu, [R]
- En tout temps et en tout lieu, [R]
- Pour que je vous serve, vous aime et vous invoque toujours, [R]
- Pour que j'aime Jésus-Christ, [R]
- Pour que je vous fasse aimer et servir par beaucoup de chrétiens, [R]
109
Soyez louée, soyez aimée, soyez invoquée, soyez éternellement bénie, ô Notre-Dame du Perpétuel-Secours,
mon amour, ma Mère, mon bonheur et ma vie ! Ainsi soit-il.
I
Installation de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
comme Patronne de la Mission.
Au début de la Mission, une fête pieuse entre toutes vient affirmer le rôle prépondérant de Notre-Dame
du Perpétuel-Secours dans la surnaturelle entreprise de la conversion des âmes. Le tableau miraculeux porté
processionnellement à l'intérieur de l'église, la foule à genoux sous la bénédiction de la Reine du ciel, la Vierge,
placée au milieu de fleurs et de lumières sur un trône d'honneur, acclamée par tout un peuple qui ne se lasse de
chanter : Salut, Image sainte, emblème d'espérance ; enfin, le missionnaire proclamant, dans une ardente prière,
Notre-Dame patronne de la Mission et exhortant les fidèles à recourir désormais au perpétuel secours de Marie,
tel est le programme de cette touchante cérémonie.
Bien des âmes rediront avec bonheur la prière entendue en cette heureuse soirée ; nous la reproduisons à
cet effet.
O Notre-Dame du Perpétuel-Secours, votre nom si beau excite dans mon âme une confiance sans bornes.
Puissante Patronne de cette Mission, je viens vous demander les grâces dont j'ai besoin pour en bien profiter.
C'est une époque solennelle dans ma vie !
O ma Mère, soyez mon perpétuel secours. Formez en moi des convictions inébranlables sur les vérités de
la religion et sur tous mes devoirs. Donnez-moi un grand esprit de foi, un cœur docile, une volonté énergique et
généreuse pour faire tous les sacrifices exigés par ma conscience, et pour changer dans mes jugements, mes
affections, ma conduite, tout ce qui doit être réformé. Obtenez-moi, ô Notre-Dame du Perpétuel-Secours, de ne
pas me décourager en voyant le nombre et la gravité de mes fautes passées, ma faiblesse et les dangers de
l'avenir. Accordez-moi, ô bonne Mère, une autre grâce après laquelle je soupire : une confession sérieuse entre
toutes les confessions de ma vie, une confession faite sincèrement comme au lit de la mort, avec un cœur
pénétré de repentir et fermement résolu à mener désormais une vie vraiment chrétienne. Aidez-moi à
communier ensuite avec la plus grande ferveur.
Toutes ces grâces, ô Mère du Perpétuel-Secours, je vous les demande pour tous les membres de ma
famille. Vous savez les besoins de leurs âmes, obtenez-leur de faire saintement leur Mission.
Faites passer sur la paroisse un souffle de foi, de recueillement, d'esprit de prière, d'élan généreux,
d'apostolat chrétien. Convertissez les pauvres pécheurs et les indifférents. Ranimez la ferveur chez les chrétiens
pratiquants. Puissent les abus disparaître, les réconciliations s'opérer, l'édification mutuelle et la charité revivre
parmi nous ! Donnez aux malades de profiter, eux aussi, du passage de la grande miséricorde de Dieu. O Mère
de Jésus, donnez à l'enfance d'être élevée toujours dans les principes de notre sainte religion ; donnez à la
jeunesse de revenir au sérieux et à la piété des âges de foi ; donnez aux parents de comprendre et de remplir
toutes leurs graves obligations.
110
Enfin, ô Notre-Dame du Perpétuel-Secours, après la Mission, soyez le soutien de notre persévérance.
Gardez en nos cœurs la préoccupation constante du salut éternel, le souvenir des fins dernières, l'horreur du
péché, une dévotion filiale envers vous. Et la reconnaissance perpétuera dans cette paroisse votre culte ; et ce
culte gardera les fruits de la Mission. Souvent nous viendrons devant votre image demander et promettre d'être
fidèles à Jésus et à vous, et nous continuerons d'implorer par un perpétuel recours votre perpétuel secours. Ainsi
soit-il.
II
Supplique perpétuelle
En raison du caractère essentiellement surnaturel des missions, de l'ouvre humainement impossible de
résurrection des âmes, de leur retour aux devoirs religieux, il faut le secours du ciel non point dans une mesure
ordinaire, mais, pour ainsi dire, sans mesure ; il le faut perpétuel, tout-puissant. Mais qui dit perpétuel secours,
dit perpétuel recours. De cette pensée est née l'œuvre de la Supplique perpétuelle.
En démontrer l'invincible efficacité serait tout au moins superflu. Il suffit, pour s'en convaincre, d'en
indiquer l'organisation.
Organisati on.
1° Au lendemain de l'installation de Notre-Dame comme Patronne de la Mission, et jusqu'à la fin des
saints exercices, des groupes de fidèles se succèdent de demi-heure en demi-heure à l'autel de la Madone et
disent le chapelet à haute voix.
2° Après le chapelet, on récite les invocations à Notre-Dame (page 123).
3° Afin d'assurer la continuité de ces supplications, un tableau placé prés de l'autel indique le nom des
fidèles qui se sont engagés dans la sainte ligue, ainsi que la demi-heure qu'ils ont choisie.
4° Dans les paroisses peu populeuses ou par trop étendues, si la supplique perpétuelle est impossible, on
ne la pratiquera que pendant une partie de la journée, soit deux heures le matin et autant le soir.
111
5° Bien que le but général de cette prière ne soit autre que le succès de la Mission, néanmoins, une
intention plus particulière ajoutée chaque jour à cette intention générale, ainsi que la lecture de quelques faveurs
signalées obtenues de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, augmenteront la confiance et stimuleront la ferveur.
6- On suivra, pour les lectures et les intentions particulières, l'ordre des chapitres de la seconde partie de
cet ouvrage (page 17).
7° Il est à désirer qu'à la fin et même au commencement de la demi-heure de supplique, les fidèles
chantent un des cantiques qui se trouvent au chapitre ni de la IIIeme partie (page 141).
8° Cette recommandation s'adresse spécialement aux maîtres et maîtresses de classes qui viennent avec
leurs élèves implorer le secours de la Vierge miraculeuse.
§ IV – Epoques diverses
PREMIER JOUR 15
O Mère du Perpétuel-Secours ! voici à vos pieds un pauvre pécheur, qui recourt à vous et met en vous sa
confiance. O Mère de miséricorde ! ayez pitié de moi. J'entends que tous vous appellent le Refuge et
l'Espérance des pécheurs ; soyez donc aussi mon refuge et mon espérance. Secourez-moi, pour l'amour de
Jésus-Christ. Tendez la main à un pauvre pécheur, qui se recommande à vous et se consacre pour toujours à
votre service. Je bénis et je remercie Dieu, qui, dans sa miséricorde, m'a inspiré une grande confiance en vous ;
je regarde cette confiance comme le gage de mon salut éternel. Je confesse que si, par le passé, je ne suis tombé
que trop souvent, c'est que je n'ai pas eu recours à vous ; mais, avec votre secours, je serai toujours victorieux.
Je sais que vous m'aiderez, si je me recommande à vous ; mais, dans les occasions dangereuses, je crains de
cesser de vous invoquer, et d'être ainsi la cause de ma perte. Je vous prie donc et je vous conjure instamment de
m'accorder la grâce, dans tous les assauts de l'enfer, de recourir toujours à vous, en répétant : 0 Marie !
secourez-moi ; ô Mère du Perpétuel-Secours ! ne permettez pas que je perde mon Dieu.
[Cinq Ave Maria. ]
V - Priez pour nous, sainte Mère de Dieu.
R - Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.
PRIONS. - 0 Dieu tout-puissant et miséricordieux, qui, pour secourir le genre humain, avez voulu que la
douce Vierge Marie devint la Mère de votre Fils unique, faites que, par son intercession, nous sachions éviter la
contagion du péché, et nous attacher sincèrement à votre service. Ainsi soit-il.
DEUXIEME JOUR
0 Mère du Perpétuel-Secours ! accordez-moi la grâce de toujours invoquer votre nom tout-puissant ; car
votre nom est notre secours pendant la vie, et notre salut au moment de la mort. 0 Marie ! Vierge très douce et
très pure, faites que votre nom soit désormais la respiration de mon âme. 0 ma Souveraine ! ne tardez pas à me
secourir, chaque fois que je vous invoquerai ; car, dans toutes les tentations qui viendront m'assaillir, dans tous
les besoins que j'éprouverai, je ne cesserai jamais de vous invoquer en répétant toujours : 0 Marie ! 0 Marie !...
15
Le souverain pontife Pie IX a attaché à chacune de ces prières 100 jours d’indulgence, à gagner une fois le jour ; cette indulgence est applicable aux
âmes du purgatoire.
112
Quelle force, quelle douceur, quelle confiance, quelle tendresse ressent mon âme, quand je prononce votre nom
béni !... quand seulement je pense à vous !... Je remercie le Seigneur, qui, pour mon bien, vous a donné ce nom
si doux, si aimable et si puissant. Mais je ne me contenterai pas de prononcer votre nom, je veux le prononcer
avec amour ; je veux que l'amour me rappelle sans cesse que je dois vous invoquer, ô Mère du Perpétuel-
Secours !
[Cinq Ave Maria, etc… cf/page 127]
TROISIEME JOUR
0 Mère du Perpétuel-Secours ! vous êtes la dispensatrice de toutes les grâces que Dieu nous accorde, à
nous misérables pécheurs ; s'il vous a faite si puissante, si riche et si bonne, c'est afin que vous nous secouriez
dans toutes nos misères. Vous êtes l'avocate des pécheurs les plus misérables, et les plus abandonnés ne
recourent pas vainement à vous ; secourez-moi donc aussi, puisque je me recommande à vous. Je remets
en vos mains le salut éternel de mon âme. Mettez-moi au nombre de vos serviteurs les plus dévoués ; prenez-
moi sous votre protection : cela me suffit. Si vous me secourez, je ne crains pas mes péchés, parce que vous
m'en obtiendrez le pardon ; je ne crains pas les démons, parce que vous êtes plus puissante que tout l'enfer ; je
ne crains pas même mon juge Jésus-Christ, parce qu'une seule de vos prières suffit pour l'apaiser. Je crains
seulement de cesser, par négligence, de me recommander à vous, et de courir ainsi à ma perte... O ma
Souveraine, obtenez-moi le pardon de mes péchés, l'amour envers Jésus-Christ, la persévérance finale, et la
grâce de toujours recourir à vous, ô Mère du Perpétuel-Secours !
[Cinq Ave Maria, etc… cf/page 127]
113
3. - Semaine du serviteur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours .
DIMANCHE 16
Prière pour obtenir le pardon des péchés.
Voici, ô Mère de Dieu ! voici à vos pieds un misérable pécheur, un esclave de l'enfer, qui a recours à vous
et qui met en vous sa confiance. Je ne mérite plus même un seul de vos regards. Mais je n'ignore pas qu'à la
seule vue de votre Fils, mort pour sauver les pécheurs, vous éprouvez un souverain désir de leur venir en aide.
O Mère de miséricorde ! contemplez ma misère, et ayez pitié de moi ! J'entends que de toutes parts on vous
appelle : Refuge des pécheurs, Espérance des désespérés, Secours des âmes abandonnées. Vous êtes donc et
mon refuge, et mon espérance, et mon secours ; c'est vous qui par votre intercession devez sauver mon âme.
Pour l'amour de Jésus-Christ, secourez-moi ! Tendez la main à un malheureux qui, tombé dans l'abîme, se
recommande à vous. Je sais que vous mettez votre joie à secourir le pécheur chaque fois que vous le pouvez.
Vous le pouvez aujourd'hui ; venez donc à mon secours. Par mes péchés, j'ai perdu la grâce divine, j'ai perdu
ma pauvre âme. Maintenant, je me remets entre vos mains. Dites-moi ce que j'ai à faire pour recouvrer la grâce
de mon Dieu ; je veux vous obéir sans tarder. C'est Dieu qui m'envoie vers vous, afin que vous me portiez
secours. Il veut que je recoure à votre miséricorde ; et il le veut, pour que ce ne soit pas seulement les mérites
de votre Fils, mais encore vos prières qui contribuent à me sauver. C'est donc à vous que j'ai recours. 0 vous qui
priez pour tant d'autres, priez aussi Jésus pour moi ! Dites-lui qu'il me pardonne, et il me pardonnera. Dites-lui
que vous désirez mon salut, et il me sauvera. Oui, faites voir au monde comment vous savez faire du bien à
l'âme qui se confie en vous. Qu'il en soit ainsi : telle est mon espérance. Ainsi soit-il.
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
LUNDI
Prière pour la persévérance.
0 Reine des cieux ! si j'ai eu le malheur d'être par le passé l'esclave du démon, aujourd'hui je me donne à
vous pour toujours. Toujours je veux être votre serviteur ; pour tout le reste de ma vie, je m'engage à vous
servir et à vous honorer. Daignez me recevoir ; ne me repoussez pas comme je le mériterais. 0 ma Mère ! c'est
en vous que j'ai placé toutes mes espérances ; c'est de vous que j'attends tout mon bien. Je bénis Dieu et je le
remercie d'avoir bien voulu, dans sa miséricorde, m'inspirer une telle confiance en vous ; car j'estime que cette
confiance est pour moi un précieux gage de salut. Ah ! malheureux, si, par le passé, je suis tombé dans le
péché, c'est que je n'ai pas eu recours à vous. Maintenant, je l'espère, les mérites de Jésus-Christ et vos prières
m'ont obtenu mon pardon.
Mais je puis de nouveau perdre la grâce de Dieu. Le danger n'a pas cessé ; l'ennemi ne dort pas. Que de
tentations il me reste encore à vaincre ! Ah ! ma très douce Souveraine, protégez-moi ; ne permettez pas que de
nouveau je devienne l'esclave de mes passions. Prêtez-moi votre perpétuel secours. Je puis compter, je le sais,
sur votre assistance et sur la victoire, si je vous invoque fidèlement. Mais ici une crainte me saisit : je crains
précisément de ne pas vous invoquer quand je serai sur le point de tomber ; ce qui serait ma perte. Voici donc la
grâce que je vous demande : obtenez que, dans les assauts de l'enfer, j'aie toujours recours à vous, en répétant :
Marie, à mon secours ! 0 ma bonne Mère, ne permettez pas que je perde mon Dieu !
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
16
Par rescrit du 21 juin 1808, Pie VII a accordé 300 jours d'indulgence, une fois le jour, aux fidèles qui, le cœur
au moins contrit, récitent ces prières, composées par saint Alphonse, chacune en son jour, en y ajoutant trois Ave Maria,
en réparation des blasphèmes contre la sainte Vierge ; et en outre une indulgence plénière une fois par mois, à ceux qui
pratiquent cette dévotion tous les jours, pourvu qu'un jour à leur choix, ils se confessent, communient et prient Dieu pour
les fins ordinaires. - Ces indulgences sont applicables aux âmes du Purgatoire.
114
MARDI
Prière pour la bonne mort.
0 Marie, quelle sera ma mort ? Dés maintenant, quand je considère mes péchés, quand je pense à ce
moment redoutable qui décidera de mon salut ou de ma perte éternelle, quand je pense à ce dernier soupir, à ce
jugement de Dieu, je tremble de frayeur et je reste confondu. 0 ma très douce Mère ! le sang de Jésus-Christ et
votre intercession sont mon unique espoir. 0 consolatrice des affligés ! ne m'abandonnez pas à cette heure
dernière ; ne cessez pas un instant de me consoler dans cette grande détresse. Si maintenant déjà le redoutable
souvenir de mes péchés, l'incertitude du pardon, le danger de la rechute et les rigueurs de la justice divine me
causent de telles frayeurs, que deviendrai-je en ce moment suprême ? Sans votre assistance, je suis perdu. Ah !
Vierge sainte, avant que la mort vienne me frapper, obtenez-moi une grande douleur de mes péchés, un
véritable changement de vie et la grâce d'être fidèle à Dieu pour le reste de mes jours. Et puis, quand viendra le
dernier terme de mon existence ici-bas, ô Marie, mon espérance, venez à mon secours dans les terribles
angoisses auxquelles je serai alors en proie. Fortifiez-moi, pour que la vue de mes péchés, dont le démon me
retracera le tableau, ne me jette pas dans le désespoir. Obtenez-moi la grâce de vous invoquer alors plus souvent
que jamais, afin que j'expire en prononçant votre nom très doux avec celui de votre adorable Fils. Je vais plus
loin ; ô mon auguste Reine ! pardonnez-moi ma hardiesse. Avant que je rende le dernier soupir, venez vous-
même en personne, venez me consoler par votre douce présence. Cette grâce, vous l'avez faite à beaucoup de
vos serviteurs ; je la désire aussi pour moi et je l'espère. Je ne suis qu'un pécheur, c'est vrai ; je ne mérite pas
une telle faveur ; mais je vous suis dévoué, je vous aime, et j'ai une grande confiance en vous. Je vous attends
donc, ô Marie ! ne me privez pas de cette consolation. Tout au moins, si je ne suis pas digne d'une aussi grande
grâce, assistez-moi du haut du ciel, afin que je meure en aimant mon Dieu, et en vous aimant vous-même, pour
aller ensuite vous aimer éternellement en Paradis.
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
MERCREDI
Prière pour être préservé de l'enfer. 17
0 ma Souveraine bien-aimée ! je vous remercie. Autant de fois que par mes péchés j'ai mérité l'enfer,
autant de fois vous m'en avez délivré. Malheureux ! il fut un temps où déjà Dieu m'avait condamné à cette
éternelle prison, où déjà peut-être il était décidé qu'un péché de plus me précipiterait dans l'abîme ; mais vous,
par pitié pour moi, vous êtes venue à mon secours. Oui, sans même que j'aie pensé à vous invoquer, mue par
votre seule bonté, vous avez arrêté le cours de la justice divine ; puis, triomphant de la dureté de mon cœur,
vous avez si bien fait que j'ai pris confiance en vous. Et depuis... oh ! dans quels péchés je serais tombé, parmi
tous les périls qui m'ont assailli, si vous n'aviez daigné, ô Mère pleine d'amour, me préserver de ce malheur, au
moyen des grâces que vous m'avez obtenues ! Ah ! mon auguste Reine, continuez à veiller sur moi, pour que je
ne tombe pas en enfer. Et de quoi me serviront votre miséricorde et les faveurs dont vous m'avez comblé, si je
viens à me damner ? S'il fut un temps où je ne vous aimais pas, maintenant, après Dieu, je vous aime par-
dessus toutes choses. De grâce, ne permettez pas que je vous abandonne, vous et ce Dieu de bonté, qui par vous
m'a si souvent fait miséricorde. Non, ô ma très aimable Souveraine ! ne permettez pas que j'aille vous haïr et
vous maudire éternellement dans les enfers. Pourriez-vous supporter de voir parmi les damnés un de vos
serviteurs qui vous aime ? Mais qu'entends-je ? ô Marie ! Je me damnerai, dites-vous, si je vous abandonne.
Ah ! qui donc aurait encore le courage de vous abandonner ? Qui donc pourrait oublier un amour comme celui
dont vous m'avez aimé ? 0 ma Mère ! puisque vous avez tant fait pour me sauver, achevez votre ouvrage.
Continuez-moi votre assistance. Le voulez-vous ? voulez-vous m'assister ? Mais, que dis-je ! Alors que je ne
17
L'importance de cette prière a décidé le Souverain Pontife à l'enrichir de plus nombreuses indulgences que les
autres. Outre les indulgences mentionnées plus haut, le même Pontife Pie VII, par décret du 15 mai 1821, a encore
accordé 300 jours d'indulgence, une fois le jour, aux fidèles qui, le cœur au moins contrit, récitent dévotement cette
prière : O ma Souveraine bien-aimée ! en y ajoutant trois Salve Regina ; et de plus, une indulgence plénière, une fois par
mois, à ceux qui pratiquent cette dévotion tous les jours, pourvu qu'un jour à leur choix, ils se confessent, communient,
et prient Dieu à l'intention du Souverain Pontife en visitant quelque église ou oratoire public. - Ces indulgences sont
applicables aux fidèles défunts.
115
pensais pas même à vous, vous m'avez comblé de grâces ; comment donc ne pas tout esPèrer de vous,
maintenant que je vous aime, maintenant que je vous invoque ? Non, celui-là ne se perd pas qui se recommande
à vous ; ne se perdent que ceux qui ne vous prient pas. Ah ! ma Mère, ne m'abandonnez pas à moi-même ; ce
serait ma perte. Faites que toujours j'aie recours à vous. Sauvez-moi, ô Marie, mon espérance ! sauvez-moi de
l'enfer, et d'abord du péché qui seul peut me jeter en enfer.
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
JEUDI
Prière pour obtenir le Paradis.
O Reine du Paradis ! ô vous qui, élevée au-dessus de tous les chœurs des anges, êtes assise sur le trône le
plus voisin de la divinité ! du fond de cette vallée de larmes, je vous salue, pauvre pécheur ; et je vous supplie
de tourner vers moi ces regards compatissants qui, partout où ils s'abaissent, répandent la bénédiction. Daignez
considérer, ô Marie ! les dangers qui m'entourent et qui m'entoureront aussi longtemps que je serai sur la terre :
dangers de perdre mon âme, de perdre le Paradis, de perdre, mon Dieu. C'est en vous, ô grande Reine, que j'ai
placé toutes mes espérances. Je vous aime ; je soupire après le bonheur de vous voir bientôt et de vous louer
dans le ciel. Ah ! Marie, quand donc viendra le jour où, me voyant enfin sauvé, je serai à vos pieds,
contemplant en vous la Mère de mon Rédempteur, ma propre Mère, si généreusement dévouée à mon salut ?
quand pourrai-je baiser cette main qui si souvent m'a arraché à 1 'enfer, qui tant de fois m'a dispensé les grâces
de Dieu, alors que mes péchés m'avaient mérité la haine et l'abandon du monde entier ? 0 Marie ! j'ai été durant
ma vie bien ingrat envers vous. Mais si je vais en Paradis, là je ne serai plus ingrat ; là, de tout mon pouvoir, je
vous aimerai sans interruption durant l'éternité tout entière ; là, je réparerai mon ingratitude, en vous bénissant,
en vous remerciant à jamais. Je rends à mon Dieu de souveraines actions de grâces, parce qu'il m'a inspiré une
si grande confiance dans le sang de Jésus-Christ et dans votre protection, que, je l'espère fermement, vous me
sauverez, vous me délivrerez de mes péchés, vous m'obtiendrez force et lumière pour faire la volonté de Dieu,
vous me conduirez enfin au port du salut. Tel a été l'espoir de tous vos serviteurs, et aucun d'eux n'a été
trompé : je ne le serai pas non plus. 0 Marie ! vous ne pouvez pas vous y refuser ; il faut que vous me sauviez.
Demandez à votre Fils (et je le lui demande moi-même par les mérites de sa Passion), demandez qu'il conserve,
qu'il augmente chaque jour dans mon âme cette confiance, et je serai sauvé.
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
VENDREDI
Prière pour obtenir l'amour de Jésus et de Marie.
0 Marie ! je le comprends maintenant, vous êtes la plus noble, la plus sublime, la plus pure, la plus
ravissante, la plus charitable, la plus sainte, et, pour tout dire en un mot, la plus aimable de toutes les créatures.
Ah ! si l'on vous connaissait, ô grande Reine ! si l'on vous aimait comme vous le méritez ! Mais je me console
en pensant à ces âmes fortunées qui, au ciel et sur la terre, vivent éprises d'amour pour votre bonté et pour votre
beauté. Ce qui fait surtout ma joie, c'est de savoir que Dieu lui-même vous aime plus, vous seule, qu'il n'aime
tous les hommes et tous les anges réunis. 0 très aimable Souveraine ! moi aussi, misérable pécheur, je vous
aime ; mais je vous aime trop peu. Il me faut un amour et plus vif et plus tendre ; et cet amour, c'est vous qui
devez me l'obtenir : car vous aimer est un grand signe de prédestination ; c'est une grâce que Dieu n'accorde
qu'à ceux qu'il veut sauver.
Je vois aussi, ô ma Mère ! quelles obligations j'ai à votre divin Fils ; je vois qu'il mérite un amour infini.
0 vous qui n'avez d'autre désir que de le voir aimé, voici ce que par-dessus tout j'attends de vos prières : faites
que j'aime beaucoup Notre-Seigneur. Vous obtenez de Dieu tout ce que vous voulez ; obtenez-moi la grâce
d'être tellement enchaîné à sa volonté sainte, que jamais plus je n'aie le malheur de m'en séparer. Je ne viens
chercher près de vous ni les biens de la terre, ni les honneurs, ni les richesses. Ce que je vous demande, c'est ce
que votre cœur désire le plus de me donner : je veux aimer mon Dieu. Est-il possible que vous refusiez de
satisfaire un désir qui vous plait tant ? Non ! je sens que déjà vous m'aidez, que déjà vous priez pour moi. Priez
116
donc, priez ! ne cessez pas de prier, jusqu'à ce que vous me voyiez en Paradis, à l'abri de tout danger de perdre
mon Dieu, et assuré de l'aimer pour toujours, de vous aimer aussi, ô ma Mère chérie !
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
SAMEDI
Prière pour obtenir le patronage de la sainte Vierge.
0 ma très sainte Mère ! je vois combien de grâces vous m'avez obtenues ; mais je vois aussi que j'ai été
bien ingrat. L’ingrat est indigne de nouveaux bienfaits. Malgré cela, je ne veux pas me défier de votre
miséricorde ; car elle surpasse toutes mes ingratitudes. 0 ma puissante Avocate, ayez pitié de moi ! Vous êtes la
dispensatrice de toutes les grâces que Dieu nous accorde à nous pauvres pécheurs ; et si ce Dieu vous a faite si
puissante, si riche et si bonne, c'est pour que vous nous secouriez dans toutes nos misères. De grâce, ô Mère de
miséricorde ! ne me délaissez pas dans ma pauvreté. Les pécheurs les plus misérables, les plus abandonnés, dès
qu'ils recourent à vous, trouvent en vous leur avocate. Chargez-vous donc aussi de ma défense, puisque je me
recommande à vous. Ne me dites pas que ma cause est difficile à gagner : les causes les plus désespérées,
quand vous vous en chargez, sont toujours triomphantes.. Je remets donc entre vos mains mon salut éternel,
entre vos mains je dépose ma pauvre âme ; sa perte était assurée, votre intercession la sauvera.. Je veux être
inscrit au nombre de vos serviteurs les plus fidèles ; ne me repoussez pas. On vous voit aller à la recherche des
malheureux pour les soulager ; n'abandonnez donc pas un pauvre pécheur qui recourt à vous. Plaidez pour moi ;
Jésus-Christ fait tout ce que vous demandez de lui. Prenez-moi sous votre protection, et cela me suffit. Oui,
parce que, si vous me protégez, je n'ai plus rien à craindre. Je ne crains plus mes péchés : vous obtiendrez un
remède au mal qu'ils m'ont causé ; je ne crains plus les démons : vous êtes plus puissante que l'enfer tout
entier ; je ne crains plus même Jésus-Christ mon juge : une seule de vos prières suffit pour l'apaiser. Je ne
crains qu'une chose, c'est d'être assez négligent pour cesser de vous invoquer ; car alors c'en serait fait de moi. 0
ma Mère ! obtenez-moi le pardon de mes péchés, l'amour de Jésus-Christ, la sainte persévérance, la bonne
mort, et enfin le Paradis. Mais en particulier, obtenez-moi la grâce de me recommander toujours à vous. J'en
conviens, ces grâces sont de trop grandes faveurs pour moi qui ne les mérite pas; mais ce n'est pas trop pour
vous, qui êtes tant aimée de Dieu, et qui, pour ce motif, obtenez de lui tout ce que vous demandez. Il vous suffit
de prononcer un mot, et le Seigneur vous accorde tout. Priez donc Jésus pour moi ; dites-lui que je suis votre
protégé ; alors jamais il ne cessera d'avoir pitié de moi. Telle est mon espérance, ô ma Mère ! c'est grâce à cette
espérance que je puis vivre en paix ; et c'est avec cette espérance que je veux mourir. Ainsi soit-il.
[Trois fois : Je vous salue, Marie. ]
117
CHAPITRE II – Archiconfrérie de Notre Dame du Perpétuel Secours et de Saint
Alphonse de Liguori.
§ I – But de l’archiconfrérie
Le but de l'Archiconfrérie de Notre-Dame du Perpétuel-Secours et de saint Alphonse de Liguori est :
1° D'honorer, par un culte spécial et quotidien, la très sainte Vierge Marie, sous le nom de Notre-Dame
du Perpétuel-Secours ;
2° De s'assurer ainsi perpétuellement le maternel secours de Marie, et le don suprême de la persévérance
finale.
A chaque nom donné à la sainte Vierge correspond une prérogative à part. Au nom de Perpétuel-Secours
doit correspondre le don suprême de la persévérance, puisque, selon saint Alphonse, ce don se compose d'une
chaîne de grâces traversant toute la vie et aboutissant à la grâce finale d'une bonne mort.
§ II – Conditions d’admission
Pour devenir membre de l'Archiconfrérie, il suffit :
1° De se faire inscrire sur les registres de l'Œuvre, dans les églises où elle est canoniquement établie (on
recevra un billet d'agrégation ) ;
2° De réciter devant l'Image miraculeuse, si on le peut, l'acte de Consécration à Notre-Dame du
Perpétuel-Secours et à saint Alphonse.
3° On peut faire inscrire des personnes absentes, pourvu que l'on soit sûr de leur consentement.
118
§ IV - Avantages.
Par cette dévotion les associés s'assurent :
1° La protection particulière de Marie à tous les instants de la vie et à l'heure de la mort ;
2° Un moyen très efficace pour ramener à Dieu les pécheurs les plus obstinés et les plus abandonnés ;
3° Une part toute spéciale aux prières et bonnes œuvres des membres de l'Archiconfrérie et de la
Congrégation entière du T. S. Rédempteur.
§ VI – Actes de consécration.
1. – Actes de consécration à Notre Dame du Perpétuel Secours.
Auguste Vierge Marie, ô vous qui êtes, après Dieu, mon unique espérance pendant la vie et à la mort,
dans l'intention de mieux vous servir et de me consacrer entièrement à vous, je m'engage aujourd'hui dans votre
pieuse Archiconfrérie, où vous êtes honorée sous le beau titre de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
0 tendre Mère du Perpétuel-Secours, je vous consacre mon corps et mon âme : mon corps avec tous mes
sens, mon âme avec toutes ses facultés. Soyez la perpétuelle protectrice de tout mon être, mon perpétuel refuge
contre les assauts de l'enfer, la perpétuelle gardienne de mon innocence, le perpétuel soutien de ma ferveur.
Daignez me recevoir au nombre de vos enfants, et me faire toujours ressentir les effets de votre maternel
secours.
Je veux désormais vous servir avec ferveur, vous invoquer sans cesse, renouveler chaque mois cette
consécration, et travailler à vous gagner des cœurs.
Aidez moi, ô bonne Mère ! Faites que je ne vous oublie jamais, et que je redise toujours :
O ma Souveraine, ô ma Mère, souvenez-vous que je vous appartiens ; gardez-moi, défendez-moi comme
votre bien et votre propriété.
Saint Alphonse, mon bien-aimé Protecteur, obtenez-moi la grâce d'aimer beaucoup Jésus-Christ et
d'honorer jusqu'à la mort Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
Ainsi soit-il.
119
circonstances. Obtenez-moi la-grâce d'imiter vos vertus et d'avancer dans le vrai chemin de la perfection
chrétienne. Obtenez-moi surtout, ô mon Père, le détachement des créatures, une tendre et constante dévotion au
Très Saint Sacrement et à la très sainte Vierge Marie, l'esprit de prière et un zèle ardent pour le salut des âmes.
Saint Alphonse, docteur de l'Eglise, est le second patron de l'Archiconfrérie, parce que l'Image
miraculeuse a été confiée à ses disciples ; mais aussi parce que ce grand Saint fut un des plus ardents apôtres du
recours perpétuel des chrétiens au secours perpétuel de leur Mère du Ciel.
Voici quelques pieux exercices en son honneur :
18
Ces invocations peuvent se réciter pendant un Triduum ou une Neuvaine en l’honneur du saint Docteur.
120
2. - Prière à saint Alphonse pour obtenir l'amour de Marie.
0 très fidèle serviteur de Marie, saint Alphonse, vous qui savez combien elle mérite d'être servie, aimée
et honorée, faites-moi comprendre l'excellence de ses vertus pour les imiter et la sublimité de ses privilèges
pour les admirer, les louer et les aimer. 0 mon saint Protecteur, je voudrais la servir comme vous l'avez servie ;
l'aimer comme vous l'avez aimée ; la louer comme vous l'avez louée, et devenir aussi cher que vous à son
Cœur.
Mais c'est là une chose qui surpasse mes forces ; mon cœur est trop attaché aux créatures pour s'élever si
haut. Je recours donc à vous, ô mon puissant Avocat, obtenez-moi la grâce d'aimer Marie, de l'honorer et de la
servir de toutes mes forces ; obtenez-moi spécialement la grâce de l'invoquer toujours sous le titre si consolant
de Mère du Perpétuel-Secours.
Trois Gloria Patri.
3. - Pour obtenir le don de la prière.
O grand saint Alphonse, apôtre de la prière, puisque vous avez tant excellé en cette vertu lorsque vous
étiez sur la terre, vous avez dans le ciel un grand pouvoir pour obtenir ce don à quiconque vous le demande.
Nous vous prions, nous vous conjurons avec toute l'ardeur de nos âmes de nous obtenir cette grâce, cette source
de toutes les grâces, la grâce de la prière. Nous vous en prions au nom de Jésus et de Marie, noms à vous si
chers, que vous ne refusiez jamais ce que l'on vous demandait en les invoquant ; nous vous la demandons au
nom du Saint Sacrement, et cela pour sauver nos âmes rachetées et pour glorifier Dieu le Père, le Fils et le
Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
(Prière du serviteur de Dieu Joseph Passerat,
glorieux disciple de saint Alphonse.)
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1 – Salut, image sainte.
2 - Salut, Image sainte, emblème de puissance ; 5 - Salut, Image sainte, oui, ta seule présence
Contre nos ennemis, combats pour nous toujours. Saura nous consoler, nous ranimer toujours !
3 - Salut, Image sainte, emblème de clémence ; 6 - Salut, Image sainte, avec persévérance
Pour nous, pauvres pécheurs, intercède toujours. Nous viendrons devant toi nous prosterner toujours.
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2 – Invocation à Notre -Dame du Perpétuel-Secours.
3 – Ave Maria.
123
2 - A la fragile enfance 8 - Si l'ennemi nous tente,
Conserve l'innocence ! Accours, Vierge puissante !
124
Devint l'héritage Jusqu'á Rome arrive...
De tout l'Occident. La mort le surprend.
125
13 - Cette image sainte 30 - Un jour, quelle grâce !
Le pieux marchand Un moine pieux
La voyant bien peinte, Découvrit la place
L'admirait souvent. Du tableau fameux !
6 – Avec confiance.
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2 - Si la lutte s'engage 5 - Lorsque dans la tristesse
Avec le tentateur, Je me verrai plongé,
De sa perfide rage Qui rendra l'allégresse
Qui me rendra vainqueur ? A mon cœur affligé?
2 - J'ai confiance en vous, Prières de Marie : 4 - J'ai confiance en vous, ô saint Nom de Marie :
Vous ne pouvez, ma Mère, essuyer un refus ; Nom puissant d'une Mère ! Heureux le combattant
Car votre voix commande alors qu'elle supplie ! Qui, pour vaincre l'enfer, dans la lutte s'écrie :
N'êtes-vous pas la Mère de Jésus ? Marie, á moi ! secourez votre enfant !
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3 - J'ai confiance en vous, ô Larmes de Marie ; 5 - J'ai confiance en vous, chaste Sein de Marie :
O Larmes qui savez de Jésus mon Sauveur Apaiser le C'est le sein d'une Mère ; aux jours d'anxiété,
courroux, coulez, je vous en prie ! Vous obtiendrez le Pour retrouver la paix, mon cœur s'y réfugie,
pardon du pécheur. Et s'y repose avec sécurité.
8 – O Madone chérie.
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9 – Salut, Vierge fidèle
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2 - O Mère chérie, 7 - O Mère chérie,
Quel malheur pour moi, Mon cœur est à toi ;
Si j'allais, Marie, De t'aimer, Marie,
M'éloigner de toi ! Si douce est la loi !
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2 - Poussant vers vous le cri de la misère. Pauvres 3 - Bien vite donc, avocate fidèle,
fils d'Eve, exilés et pécheurs, Que vos regards maternels et si doux
Nous soupirons vers vous, pieuse Mère, Pleurant Où, je le vois, la pitié se révèle,
toujours dans ce séjour des pleurs. Du haut du ciel viennent tomber sur nous !
131
13 – A Saint Alphonse.
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TABLE DES MATIERES
Pages
DÉCLARATION..........................................................................................................................................................................................................................5
LETTRES D'APPROBATION.....................................................................................................................................................................................................6
AVANT-PROPOS.........................................................................................................................................................................................................................7
PREMIERE PARTIE
Notice historique sur Notre-Dame du Perpétuel-Secours.
CHAPITRE PREMIER. - Chez les Rédemptoristes, à la Villa Caserta.......................................................................................................................................8
CHAPITRE II - De l'ile de Crète à Rome....................................................................................................................................................................................9
CHAPITRE III - A Rome. - Séquestration et délivrance...........................................................................................................................................................10
CHAPITRE IV - Solennelle installation. - Trois siècles de gloire : 1499-1812 – Disparition..................................................................................................10
CHAPITRE V - Rétrocession de la Vierge miraculeuse á la chapelle des Rédemptoristes.......................................................................................................12
CHAPITRE VI - Description de la sainte Image. - Explication des personnages et des inscriptions.......................................................................................12
CHAPITRE VII - Triomphale installation de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
dans l'église de Saint-Alphonse sur l'Esquilin.................................................................................................................................................................13
CHAPITRE VIII. - Couronnement de la Vierge. - Prodigieuse diffusion de son culte.............................................................................................................15
DEUXIEME PARTIE
Merveilles.
CHAPITRE PREMIER. – Notre-Dame du Perpétuel -Secours patronne spéciale des missions ...................................17
1 - Mission doublement bénie
2 - Notre-Dame du Perpétuel-Secours acquiert droit de cité
3 - Triomphe éclatant dans une ville protestante
Prière à Notre-Dame du Perpétuel-Secours
133
Prière d’un enfant pour ses parents éloignés de Dieu
134
CHAPITRE XVII. - Notre-Dame du Perpétuel -Secours et les malades ..........................................................................71
1 – Une enfant mourante guérie subitement
2 – Un petit garçon guéri d’une angine
3 – Un enfant guéri de convulsions
4 – Une enfant guérie d’une déviation de l’épine dorsale
5 – Une dangereuse opération évitée
Prière dans les maladies
CHAPITRE XXIII. - Notre-Dame du Perpétuel -Secours et le chréti en luttant contre l’adversité ..............................91
1 – Argent merveilleusement retrouvé
2 – Dettes payées
3 – Protection dans des circonstances critiques
Prière à réciter dans les moments difficiles de la vie
135
1 – Après plusieurs échecs, un très bon emploi
2 – Une industrie tombée redevient florissante
3 – Succès dans un examen
4 – Un jeune homme parvient à suivre sa vocation
5 – Un jeune homme exposé s’établit très avantageusement
6 – Tous les bonheurs à la fois
Prière pour obtenir la grâce de connaître et de suivre sa vocation
CHAPITRE XXIX. - Notre-Dame du Perpétuel -Secours et les familles chrétiennes (suite) .......................................110
1 – Dramatique protection d’une famille
2 – Victoire sur un pacha turc
3 – Famille arrachée à la mort
Prière
CHAPITRE XXXI. - Notre-Dame du Perpétuel -Secours et les paroisses chréti ennes .................................................118
1 – Résurrection spirituelle d’une paroisse
2 – Notre-Dame du Perpétuel-Secours, source intarissable de grâces pour une paroisse
3 – La dévotion à Notre-Dame, fruit d’une belle mission
4 – Développement de la piété par la dévotion à Notre-Dame du Perpétuel-Secours
5 – Notre-Dame du Perpétuel-Secours à Nantes
6 - Notre-Dame du Perpétuel-Secours à Liège
Prière pour l’Eglise et le Souverain Pontife
TROISIEME PARTIE
Pratiques de dévotion en l’honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
136
2. - Prière à Notre-Dame du Perpétuel-Secours pour le temps de la Mission
II. - Supplique perpétuelle
§ IV – Epoques diverses .....................................................................................................................................................................128
1.- Triduum en l’honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
2. - Neuvaine en l’honneur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
3. - Semaine du serviteur de Notre-Dame du Perpétuel-Secours
DIMANCHE - Prière pour obtenir le pardon des péchés
LUNDI - Prière pour la persévéranc e
MARDI - Prière pour la bonne mort
MERCREDI - Prière pour être préservé de l’enfer
JEUDI - Prière pour obtenir le Paradis
VENDREDI - Prière pour obtenir l’amour de Jésus et de Marie
SAMEDI - Prière pour obtenir le patronage de la Sainte Vierge
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