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Université Hassan 1

Faculté des sciences juridiques économiques et


sociales de Settat
Prof: Abdelaziz EL OUALI
Module: Finances publiques
Semestre: 4
Année universitaire: 2019 – 2020

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Introduction
Les finances publiques étudient l’ensemble des techniques, des opérations
et des règles régissant les recettes, les dépenses, l’exécution et le contrôle de ces
recettes et ces dépenses publiques.
Elles englobent:
° Les finances de l’Etat;
° Les finances des collectivités territoriales et établissements publiques;
° Les finances des personnes de droit privé soumises au contrôle des
juridictions financières (syndicats, parties politiques);
° Les finances des groupements régionaux (U E, UA).
Les finances publiques sont étroitement liées à l’Etat. On ne peut imaginer
un Etat sans finances publiques. Ainsi, depuis l’existence des pouvoirs publics,
les finances publiques sont au cœur des débats théoriques et pratiques. C’est
toute la question de la place du budget de l’Etat dans la société en général, et
l’économie en particulier.
Richard Abel Musgrave (1910-2007), économiste américain, d’origine
allemande, dans son ouvrage sur la théorie des finances publiques, en avance
trois fonctions :
- La fonction d’allocation permet la satisfaction des besoins publics tels ceux de
l’éducation, de la culture, de la sécurité, de la santé à partir des biens dits
« publics » : biens qui ne peuvent ou ne doivent être fournis par le marché, ni au
prix du marché ;
- La fonction de stabilisation issue de la théorie keynésienne, recommande une
augmentation de la dépense publique pour suppléer l’investissement privé de
manière à soutenir, voir augmenter le revenu national, et par voie de
conséquence, l’emploi ;
- La fonction de redistribution, en lien avec la fonction d’allocation, résulte des
transferts entre individus ou groupes sociaux. Ces transferts sont effectués non
seulement par les revenus mais aussi par les dépenses publiques
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Les finances publiques se distinguent des finances privées ainsi :
- Les financent publiques concernent les organismes publics (l’Etat, les
collectivités locales…), qui visent l’intérêt général, par contre, les finances
privées concernent les organisations privés (entreprises, les sociétés…), qui
visent l’intérêt particulier (le profit) ;
- Sur le plan juridique, les finances publiques relèvent du droit public, alors que
les finances privées sont encadrées par le droit privé ;
- Les techniques de gestion sont différentes pour les deux domaines.

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Chapitre 1: Cadre général des finances publiques
Section 1: Cadre historique des finances publiques
Section 2: Cadre juridique des finances publiques
Section 3: Cadre normatif des finances publiques
Section 4: Les approches des finances publiques

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Section 1: Cadre historique des finances publiques
Les finances publiques ont évolué avec l’évolution de la société et des
sciences économiques et politiques.
Généralement, les auteurs distinguent trois grandes périodes: les finances
classiques, les finances modernes et les finances contemporaines.
1- Les finances publiques classiques
Les finances publiques classiques correspondent à une époque de
conception libérale de l’intervention de l’Etat dans l’économie (l’Etat
gendarme).
L’Etat ne doit pas intervenir dans la vie économique, qui doit être laissée
au marché et au secteur privé. En effet, il ne doit assurer que les fonctions
régaliennes (la défense nationale, la sécurité, la diplomatie, la justice) et certains
investissements d’infrastructure (les routes, les barrages).
Le système des finances publiques classiques était caractérisé par:
- Un budget limité juste pour couvrir les dépenses des fonctions
régaliennes,
- Un budget équilibré: il n ya ni déficit, ni excédent,
- Le budget est financé par les impôts et taxes,
- L’apparition des principes budgétaires classiques (annualité, universalité,
spécialité)
2 - Les finances publiques modernes
Les finances publiques modernes ont vu le jour dans un contexte
caractérisé par les guerres mondiales et la crise économique de 1929.
On assiste à un abandon de la pensée classique, quant à l’intervention de
l’Etat, au profit de la pensée keynésienne.
Pour Keynes, il peut y avoir équilibre économique de sous emploi et la
situation ne peut s’établir d’elle-même. En effet, le redressement de la situation
d’après crise 1929 ne peut s’établir automatiquement par le jeu du marché, mais

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il nécessite l’intervention des pouvoirs publics par une politique de relance
économique, dont le budget joue un rôle essentiel.
Les finances publiques modernes se distinguent par:
- L’accroissement des dépenses publiques, nécessaires pour la relance
économique et la mise en œuvre des politiques économiques et sociales,
- Le déficit budgétaire qui est le résultat du déséquilibre entre les ressources
et les dépenses publiques,
- Le recours à l’emprunt pour financer le déficit budgétaire.
Sur le plan juridique, on assiste à l’adoption de lois organiques des finances qui
ont affirmé les principes budgétaires classiques
3- Les finances publiques contemporaines
Les finances publiques contemporaines débutaient aux années 80, juste
après la crise économique de 1973.
Cette époque se caractérisait par le retour au libéralisme, le désengagement
de l’Etat et la remise en cause de l’efficacité de l’intervention de l’Etat par le
billet du budget. De même, les pays sous développés ont connus l’application du
programme d’ajustement structurel, recommandé par la banque mondiale et le
Fond Monétaire international. Cette étape correspond à l’Etat stratège.
Les finances publiques d’aujourd’hui ont subi des transformations majeures
caractérisées par:
- Le développement des finances supranationales (U.E), et infranationales
(collectivités locales),
- L’introduction des nouvelles techniques de gestion, empruntées du
domaine privé, aux organismes publics,
- La consécration de nouveaux principes budgétaires et comptables
(sincérité, transparence, équilibre).
4- L’évolution des finances publiques au Maroc
On distingue trois périodes dans l’évolution des finances publiques
marocaines:

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- Avant l’indépendance,
- Après l’indépendance jusqu'à la fin des années 70,
- Début années 80 à ce jour.
4-1- Période d’avant indépendance
Cette période a connu les fiats suivants:
- Constitution du corps des Oumanas sous le règne de Moulay Slimane
(1792-1822), composé de l’Amin El Oumanas, l’Amin des rentrées
chargé de la perception des recettes, l’Amin des sorties chargé de
l’exécution des dépenses et l’Amin des comptes chargé du contrôle de la
comptabilité.
- Il y’avait trois entités:
° Bit el mal el mouslimine, alimenté à partir des ressources à caractère
religieux, particulièrement la zakat et l'achour;
° Le trésor du dar adyel qui recevait le produit des melks, constitués de
contributions administratives n'ayant aucun caractère religieux;
° Le trésor du Sultan, alimenté essentiellement par les dons faits au Sultan
Le premier budget d'ensemble a été établi en 1910 et se limitait à la région
de Chaouia. Le système a, par la suite, été étendu à la région de Meknès en
décembre 1912, à Rabat, Fès et Marrakech en janvier 1913 et au territoire du
Tadla en juillet 1913.
La Direction Général des Finances, mise en place en juillet 1912, et dont
les premiers services créés furent ceux du Budget général de l'Empire Chérifien
pour l'année 1913-1914.
Les modalités de préparation et d’exécution du budget étaient régies par le
dahir du 18 Chaâbane 1335 (9Juin 1917) portant règlement de la comptabilité
publique. Il s’agit d’ailleurs du premier texte juridique adopté au Maroc pour
l’organisation des finances publiques sur des bases modernes.
4-2- Période d’après indépendance-fin des années 70
Cette période a connu :

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- Dahir du 29 Moharrem 1378 (6 Août 1958) portant règlement sur la
comptabilité publique du Royaume. Il a constitué le premier texte
législatif promulgué dans ce domaine au lendemain de l’Indépendance.
Ce texte a, par ailleurs, introduit les modifications nécessaires au nouveau
statut politique du Maroc, passé du régime du protectorat à celui de
l’indépendance.
Avant 1962 et compte tenu de l’absence d’une assemblée représentative pour
examiner et voter le budget de l’Etat, le budget du Maroc indépendant était
approuvé par le Conseil du cabinet et le Conseil des ministres.
- La promulgation de la première constitution marocaine en 1962, qui a
consacré le principe de l’autorisation parlementaire en matière budgétaire,
par le vote de la loi de finances.
Par ailleurs, cette constitution a constitué le cadre de référence de plusieurs
textes en matière des finances de l’Etat, notamment:
- La loi organique des finances du 9 Février 1963,
- Le décret Royal n° 330-66 (10 moharrem 1387) (1967) portant sur le
règlement général de la comptabilité publique.
La déclaration de l’Etat d’exception en 1965 a entrainé la suspension de
l’institution parlementaire. Par conséquence, suppression de l’autorisation
parlementaire.
En suite, les réformes constitutionnelles en 1970 et 1972 ont impliqué les
réformes de la loi organique relative à la loi de finances les mêmes années 1970
et 1972. Ces deux dernières lois ont été adoptées en l’absence du parlement.
D'autres textes juridiques ont vu le jour, relatifs:
- Au contrôle des engagements des dépenses de l’Etat en 1959 revu en 1975,
- À l’inspection générale des finances (IGF) et le contrôle financier de l'Etat sur
les offices, établissements publics et sociétés concessionnaires, ainsi que sur les
sociétés et organismes bénéficiant du concours financier de l'Etat ou des
collectivités publiques en 1960 ;

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- À la fiscalité en 1961 ;
- Aux procédures de passation des marchés de l’Etat en 1965 et en 1976.
4-3- Période début années 80 à ce jour
Au début de cette période, la situation économique et financière du pays est
devenue critique (augmentation des dépenses et diminution des recettes, déficit
budgétaire important, dette publique critique). En conséquence, des mesures ont
étés prises:
- Application du programme d’ajustement structurel: austérité,
désengagement de l’Etat, rééchelonnement de la dette, privatisation,
réforme fiscale,
- Réforme de la loi organique relative à la loi de finances en 1998, suite à la
révision constitutionnelle de 1996.
Parmi les nouvelles dispositions de cette loi organique amendée en 2000:
- Le rétablissement du concept du plan après sa réhabilitation par la Constitution
et sa substitution au programme économique et social intégré ;
- L’adaptation du calendrier budgétaire au contexte bicaméral ;
- La suppression des budgets annexes (RTM et conservation foncière);
- L’intégration des services de l’Etat gérés de manière autonome dans la loi de
finances de l’année;
- La réduction du nombre de catégories de comptes spéciaux du Trésor de neuf à
six catégories;
- L’élargissement des prérogatives du Gouvernement en matière d’ouverture de
crédits supplémentaires en cours d’année «en cas de nécessité impérieuse
d’intérêt national» ou en contrepartie de fonds versés par des personnes morales
ou physiques appelés «fonds de concours».
Les finances publiques marocaines ont connu une évolution remarquable au
21ème siècle:
- Depuis 2001, le Maroc a expérimenté un certain nombre de dispositifs à
fin d’introduire une nouvelle gestion des finances publiques:

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globalisation des crédits, déconcentration, contractualisation,
programmation pluriannuelle, approche genre, gestion par les résultats ;
- Adoption d’une nouvelle loi organique relative à la loi de finances n°
130.13 du 2015, qui est venue suite à la révision constitutionnelle de
2011, à fin de traduire les nouveaux principes constitutionnels encadrant
les finances publiques: bonne gouvernance, transparence, démocratie.
Cette loi a consacré les différentes mesures entreprises au cours de ces
dernières années dans le cadre de la modernisation de la gestion des finances
publiques: introduction de la logique de performance, renforcement du rôle du
parlement, renforcement de la transparence budgétaire et comptable.
Section 2- Le cadre juridique des finances publiques au Maroc
Plusieurs textes juridiques règlementent les finances publiques
marocaines :
- La constitution de 2011 ;
- La LOLF n° 130.13 de 2015;
- Décret Royal n° 330-66 (10 moharrem 1387) portant règlement général de
comptabilité publique (26 avril 1967) ;
- Dahir n° 1-02-124 du 13 Juin 2002 (1er Rabii II 1423) portant
promulgation de la Loi n° 62-99 formant code des juridictions financières
- Décret n° 2-15-426 du 28 Ramadan 1436 (15 juillet 2015) relatif à
l’élaboration et à l’exécution des lois de finances ;
- Décret n° 2-07-1235 du 5 kaada 1429 (4 novembre 2008) relatif au
contrôle des dépenses de l'Etat ;
- Dahir n° 1-02-25 du 19 moharrem 1423 portant promulgation de la loi n°
61-99 relative à la responsabilité des ordonnateurs, des contrôleurs et des
comptables publics ;
- Les règlements ;
- La jurisprudence financière.

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1 - Les principales dispositions de la constitution de 2011 régissant les
finances publiques
- Justice fiscale et égalité devant l’impôt (articles 39 et 40),
- Evaluation des politiques publiques par le parlement (article 70),
- Examen et vote de la loi de finances par le parlement (article 75),
- Loi de règlement de la loi de finances (article 76),
- Responsabilité du parlement et du gouvernement de l’équilibre financier
de l’Etat et encadrement du droit d’amendement des parlementaires en
matière financière (article 77),
- La cour des comptes assure le contrôle supérieur de l’exécution des lois
de finances (article 147),
- La cour des comptes assiste le parlement dans les domaines de contrôle
des finances publiques (article 148).
Ainsi, la constitution a préservé plusieurs articles aux finances publiques :
Article 39 « Tous supportent, en proportion de leurs facultés
contributives, les charges publiques que seule la loi peut, dans les formes
prévues par la présente Constitution, créer et répartir».
Article 40 « Tous supportent solidairement et proportionnellement à
leurs moyens, les charges que requiert le développement du pays, et celles
résultant des calamités et des catastrophes naturelles».
Article 49 « Le conseil des ministres délibère sur les questions et textes
suivants :
- Les orientations stratégiques de la politique de l’Etat ;
- Les projets de révision de la constitution ;
- Les projets de lois organiques ;
- Les orientations générales du projet de loi de finances ;
….. »
- Article 70 « Le parlement exerce le pouvoir législatif

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Il vote les lois, contrôle le gouvernement et évalue les politiques
publiques
…. ».
- Article 75 « Le parlement vote la loi de finances, déposée par priorité
devant la Chambre des Représentant, dans les conditions prévues par une
loi organique. Celle-ci détermine la nature des informations, documents et
données nécessaires pour enrichir les débats parlementaires sur le projet
de loi des finances.
Le Parlement vote une seule fois les dépenses d’investissement
nécessaires, dans le domaine de développement, à la réalisation des plans
de développement stratégiques et des programmes pluriannuels, établis
par le gouvernement qui en informe le Parlement. Les dépenses ainsi
approuvées sont reconduites automatiquement pendant la durée des ces
plans et programmes ; Seul le gouvernement est habilité à déposer des
projets de lois tendant à modifier les dépenses approuvées dans le cadre
précité.
Si, à la fin de l’année budgétaire, la loi de finances n’est pas votée ou
n’est pas promulguée, en raison de sa soumission à la Cour
constitutionnelle en application de l’article 132 de la présente
Constitution, le gouvernement ouvre, par décret, les crédits nécessaires à
la marche des services publics et à l’exercice de leur mission, en fonction
des propositions budgétaires soumises à approbation. Dans ce cas, les
recettes continuent à être perçues conformément aux dispositions
législatives et réglementaires en vigueur les concernant à l’exception,
toutefois, des recettes dont la suppression est proposée dans le projet de
loi des finances. Quant à celles pour lesquelles ledit projet prévoit une
diminution de taux, elles seront perçues au nouveau taux proposé».
- Article 76 « Le gouvernement soumet annuellement au Parlement une loi
de règlement de la loi de finances au cours du deuxième exercice qui suit

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celui de l’exécution de ladite loi de finances .Cette loi inclut le bilan des
budgets d’investissement dont la durée est arrivée à échéance ».
- Article 77 « Le Parlement et le gouvernement veuillent à la préservation
de l’équilibre des finances de l’Etat. Le Gouvernement peut opposer, de
manière motivée, l’irrecevabilité à toute proposition ou amendement
formulés par les membres du Parlement lorsque leur adoption aurait pour
conséquence, par rapport à la loi de finances, soit une diminution des
ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge
publique ».
- Article 147 « La Cour des Comptes est l’institution supérieure de contrôle
des finances publiques du Royaume. Son indépendance est garantie par la
constitution.
La Cour des Comptes a pour mission la consolidation et la protection
des principes et valeurs de bonne gouvernance, de transparence et de
reddition des comptes de l’Etat et des organismes publics.
La Cour des Comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de
l’exécution des lois de finances. Elle s’assure de la régularité des
opérations de recettes et de dépenses des organismes soumis à son
contrôle en vertu de la loi et en apprécie la gestion. Elle sanctionne, le cas
échéant, les manquements aux règles qui régissent les dites opérations.
La cour des comptes contrôle et assure le suivi des déclarations du
patrimoine, audit les comptes des parties politiques et vérifier la régularité
des dépenses des opérations électorales ».
- Article 148 « La Cour des Comptes assiste le Parlement dans les
domaines de contrôle des finances publiques. Elle répond aux questions et
consultations en rapport avec les fonctions de législation, de contrôle et
d’évaluation, exercées par le Parlement et relatives aux finances publiques
…. ».

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2- La loi organique relative à la loi de finances (LOLF)
La constitution fait référence à une loi organique ayant pour objet de
préciser, de détailler et d’expliquer les principes posés par la constitution.
Ainsi, l’article 75 de la constitution énonce: «Le parlement vote la loi de
finances, déposée par priorité devant la Chambre des Représentant, dans les
conditions prévues par une loi organique
……. ».
La LOLF est considérée comme étant une constitution financière.
Le Maroc a connu plusieurs LOLF: 1963, 1970, 1972, 1998, 2015.
La dernière réforme de la LOLF, via la loi n° 130.13, avait pour objectifs
essentiels:
- Introduire l’approche performance dans la gestion publique (budget
programme, avec des objectifs et des indicateurs, plan annuels de
performances et rapports annuels de performances, audit de performances
assuré par l’IGF, adoption des systèmes de comptabilité générale et
analytiques…).
- Renforcer le rôle du parlement en matière de contrôle et d’évaluation des
finances publiques (enrichissement de l’information financière,
allègement de la disposition de l’irrecevabilité des amendements,
association du parlement lors de la préparation des projets de loi de
finances…).
- Renforcer la transparence budgétaire et comptable.
La LOLF est structurée en sept titres:
- Titre 1: De la définition et du contenu des lois de finances,
- Titre 2: De la présentation des lois de finances,
- Titre 3: De l’examen et du vote de la loi de finances,
- Titre 4: Du règlement de budget,
- Titre 5: Dispositions diverses,
- Titre 6: Entrée en vigueur,

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- Titre 7: Abrogation et dispositions transitoires.
3- Décret Royal portant règlement général de comptabilité publique (26
avril 1967)
La comptabilité publique s'entend de l'ensemble des règles qui régissent,
sauf dispositions contraires, les opérations financières et comptables de l'Etat,
des collectivités locales, de leurs établissements et de leurs groupements et qui
déterminent les obligations et les responsabilités incombant aux agents qui en
sont chargés (article 1).
Ce décret royal a pour objet de fixer :
- Les dispositions générales qui constituent les principes fondamentaux de
la réglementation de la comptabilité publique;
- Les règles d'application de ces dispositions à l'Etat ainsi que, le cas
échéant, les dérogations à ces dispositions.
De même, ce décret fait référence à d’autres décrets, pris sur proposition
du ministre des finances et après avis des ministres intéressés, pour les
règlements de comptabilité publique applicables aux collectivités locales ainsi
qu'aux établissements publics.
Section 3: Le cadre normatif des finances publiques
Le cadre juridique des finances publiques contient un certain nombre de
normes et de principes budgétaires, comptables et fiscaux. Les principes les plus
importants sont:
- Les principes budgétaires: annualité, unité, universalité, spécialité,
sincérité et d’équilibre,
- Les principes comptables: sincérité, séparation des fonctions des
comptables et des ordonnateurs,
- Les principes fiscaux: principe de l’égalité.
1- Principe de l’annualité budgétaire
Le principe de l’annualité est l’un des plus anciens principes budgétaires; Il
signifie que les autorisations parlementaires de recettes et de dépenses ont une

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validité d’un an. Ainsi, et sous réserve des reports de crédits, les crédits ouverts
au titre d’une année sont annulés en fin d’exercice (article 3 de la LOLF).
Les dérogations au principe de l’annualité:
- Les autorisations de dépenses d’investissement pour la réalisation des
plans stratégiques et des programmes qui sont votées une seule fois et
reconduites automatiquement pour la durée des plans et programmes
article 75 de la constitution ;
- Le report de crédits d’une année à une autre d’une partie ( 30%) des
crédits de paiement ouverts au titre des dépenses d'investissement du
budget général et les reliquats d'engagement, visés et non ordonnancés
(article 63 de la LOLF).
2- Le principe de l’unité
Le principe de l’unité budgétaire exige que toutes les prévisions de recettes
et de dépenses soient rassembler dans un document unique, donnant une vue
d’ensemble et une description détaillée permettant une décision libre et éclairée
de l’autorité budgétaire et de faciliter le contrôle parlementaire.
Les dérogations à ce principe se manifestent avec:
- Les services de l’Etat gérés de manière autonome,
- Les comptes spéciaux de trésor,
- Les opérations hors budget: établissement et entreprises publiques.
3- Le principe de l’universalité
Ce principe est le corollaire du principe d’unité. Il se traduit par deux
règles:
- La règle de non compensation ou de non contraction: impose de ne pas
porter au budget qu’un solde des opérations de dépenses et de recettes,
mais d’inscrire, séparément, le montant intégral des charges et des
dépenses.

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Ainsi, l’article 8 de la LOLF dispose « Il est fait recette du montant
intégral des produits, sans contraction entre les recettes et les dépenses,
l'ensemble des recettes assurant l'exécution de l'ensemble des dépenses.
Toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées au budget
général
…. ».
- La règle de non affectation: aucune recette déterminée ne peut être
affectée à une dépense déterminée, mais l’ensemble des ressources
couvrent l’ensemble des dépenses.
Assouplissements du principe:
Par dérogation au principe d’universalité, certaines recettes sont affectées à
certaines dépenses pour les cas :
- Des SEGMA: leurs recettes sont gardées pour couvrir leurs dépenses,
- Les CST : permettent d’affecter directement certaines recettes à certaines
dépenses, à fin de réaliser certaines opérations spécifiques,
- Les fonds de concours: qui retracent des ressources mises à la disposition
de l’Etat avec obligation de les utiliser conformément à l’intention de la
partie versante.
Ainsi, l’article 8 de la LOLF énonce « …..
Toutefois, certaines recettes peuvent être affectées à certaines dépenses
dans le cadre des budgets des services de l'Etat gérés de manière
autonome, des comptes spéciaux du Trésor ou de procédures comptables
particulières telles que prévues aux articles 34 et 35 ci-dessous».
4- Le principe de spécialité
Le principe de spécialité est un principe lié à la présentation et au vote des
crédits, il exige que les crédits soient présentés et adoptés avec un niveau de
détail (une spécialisation) qui s’imposera aux gestionnaires au moment de
l’exécution des budgets; Il permet un meilleur contrôle du parlement sur la
dépense.

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Avec la dernière réforme de la LOLF, le principe de spécialité est atténué,
avec l’adoption du budget par programme (globalisation des crédits).
5- Le principe d’équilibre
Le principe d’équilibre signifie que le budget doit procéder d’une équation
égalitaire entre les recettes et les dépenses (solde budgétaire = 0).
L’article 1 de la LOLF énonce «La loi de finances détermine, pour chaque
année budgétaire, la nature, le montant et l'affectation de l'ensemble des
ressources et des charges de l'Etat, ainsi que l'équilibre budgétaire et financier
qui en résulte…).
Toute fois, ce principe, sous cette acception, est loin d’être une réalité. Il
demeure une cible. Par conséquent, il est moins contraignant.
6- Le principe de sincérité budgétaire et comptable
L’article 10 de la LOLF énonce « Les lois de finances présentent de façon
sincère l'ensemble des ressources et des charges de l'État. La sincérité des
ressources et des charges s'apprécie compte tenu des informations disponibles au
moment de leur établissement et des prévisions qui peuvent en découler ».
De même, selon l’article 31 de la LOLF, « les comptes de l'État doivent
être réguliers, sincères et donner une image fidèle de son patrimoine et de sa
situation financière.
La Cour des comptes certifie la régularité et la sincérité des comptes de l'Etat ».
En effet, la sincérité renvoie à la qualité de l’information budgétaire et
comptable et à la pertinence des hypothèses sur lesquelles se basent les
prévisions budgétaires.
Ce pendant, l’opérationnalisation de ce principe reste difficile. Ainsi, on
souligne la difficulté d’évaluer la sincérité des prévisions budgétaires, compte
tenu de l’incertitude accrue qui caractérise l’environnement actuel. De même, et
à titre d’exemple, les comptables trouvent des difficultés pour connaitre le
patrimoine de l’Etat.

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7- Le principe comptable de séparation des ordonnateurs et des
comptables
L’article 4 du décret Royal portant règlement général de comptabilité
publique stipule « les fonctions d’ordonnateur et de comptables sont
incompatibles, sauf dispositions contraires».
Ce principe se traduit par:
- L’incompatibilité des fonctions: dualité des fonctions et dualité des
comptabilités ;
- L’indépendance des autorités: le comptable publique est indépendant des
autorités de l’ordonnateur; Il est soumis aux autorités du ministère des
finances.
Dérogations à ce principe:
- Le comptable a la possibilité de procéder au paiement de certaines
dépenses sans ordonnancement préalable (dépenses de personnel). Le
ministre des finances dresse, par voie d'arrêté, la liste des dépenses qui
peuvent être payées sans ordonnancement préalable (art. 35 du décret de
C P) ;
- Perception de certaines ressources sur la base de la déclaration des
débiteurs eux mêmes, sans intervention des ordonnateurs (impôts directs
et indirects, amendes) ;
- Les régies des recettes et les régies de dépenses. Les régisseurs sont des
fonctionnaires relevant du service ordonnateur mais qui remplissent des
taches, normalement, incombant aux comptables.
Il faut noter que les nouveaux principes budgétaires et comptables
(sincérité, équilibre) demeurent des principes forts d’un point de vue politique
que juridique et s’inscrivent dans un cadre général des principes de
transparence, de bonne gestion financière, de démocratie et de développement
durable.

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8- Le principe d’égalité en matière fiscale
Le principe d’égalité en matière fiscale se fonde sur deux principes:
principe d’égalité devant l’impôt et principe d’égalité devant les charges
publiques; ce sont des principes constitutionnels (articles 39 et 40).
L’égalité devant l’impôt signifie que des contribuables ayant des situations
analogues doivent être frappés de la même façon par l’impôt. En effet, l’égalité
devant l’impôt s’apprécie isolément, au regard de chaque imposition.
L’égalité devant les charges publiques a une portée plus étendue que
l’égalité devant l’impôt, elle est élargie à l’ensemble des prélèvements
obligatoires et permet d’apprécier la situation financière globale des
contribuables.

Section 4: Les approches des finances publiques


L’étude des finances publiques s’opère à travers différentes approches
selon l’angle de vision de l’analyste financier. En effet, on peut distinguer quatre
approches:
- l’approche juridique,
- L’approche économique,
- L’approche managériale,
- L’approche sociopolitique.
1- L’approche juridique
Cette approche s’intéresse à l’étude des règles juridiques et administratives
régissant les finances publiques, comme :
- Les règles de préparation et de présentation du budget,
- Les règles d’examen et de vote du budget,
- Les règles d’exécution et de comptabilité budgétaire,
- Les règles du contrôle de l’exécution du budget.

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En effet, cette approche se base sur l’étude et l’analyse des textes juridiques
traitant les finances publiques: traités internationaux, la constitution, la LOLF,
loi de finances, les décrets, les circulaires, les arrêtés et la jurisprudence
financière, constitutionnel et administrative.
2- L’approche économique
L’approche économique vise à étudier les aspects économiques des
problèmes financiers. Elle est édictée par les changements qu’ont connus les
systèmes économiques d’inspiration keynésienne, développés après la crise
économique de 1929. On assiste au développement de l’intervention étatique
dans les domaines économique et social par le biais du budget de l’Etat.
Cette approche s’intéresse aux questions financières et leurs effets sur le
développement économique et social: allocation des ressources, redistribution
du revenu national, réduction des inégalités, investissement, emploi, cohésion
sociale.
3- L’approche managériale
Cette approche s’est développée avec le courant du « new public
management » et s’intéresse à l’étude du système de gestion des finances
publiques en relation avec les objectifs de rationalisation, de performance, de
bonne gestion et de transparence; Elle étudie:
- Les systèmes de planification et de budgétisation,
- Les systèmes de décision,
- Les systèmes de contrôle, d’audit et d’évaluation,
- Les systèmes de reddition des comptes,
- Les systèmes d’information.
4- L’approche sociologique
L’approche sociologique est une nouvelle approche qui essaye d’étudier les
rapports sociologiques entre les finances publiques et la société. À titre
d’exemple:

21
- Les rapports entre les politiques publiques et les classes sociales
bénéficiaires des projets publiques,
- La démocratie fiscale, la démocratie financière,
- Les rapports entre les finances publiques et les élections (comportement
des électeurs, des candidats),
- Finances publiques et le comportement des partis politiques.
Cette approche constitue un renouvellement dans les approches et les
méthodes classiques d’étude des finances publiques.

22

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