Wignacourt Alex DLE

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N° d’ordre : 109

ECOLE CENTRALE DE LILLE

THESE
Présentée en vue
D’obtenir le grade de

DOCTEUR
En

Spécialité : Génie Industriel

Par

ALEX WIGNACOURT

DOCTORAT DELIVRE PAR L’ECOLE CENTRALE DE LILLE

Titre de la thèse :

Caractérisation, mesure et évaluation des indicateurs techniques,


économiques et financiers des éco-matériaux :
Application au secteur du bâtiment

Soutenue le mardi 1er décembre 2009 devant le jury d’examen :

Président André De HERDE Professeur, Université Catholique


de Louvain - Belgique
Rapporteur Mme Agnès JULLIEN HDR – Laboratoire Central des
Ponts et Chaussées de Nantes
(LCPC)
Rapporteur Mr Youssef DIAB Professeur, Université de Marne la
Vallée
Examinateur Mr Christian TRAISNEL Ingénieur, Directeur CD2E, Loos
en Gohelle
Directeur de thèse M. Philippe DESHAYES Professeur, Ecole Centrale de Lille
Co-Directeur de M. Zoubeir LAFHAJ Professeur, Ecole Centrale de Lille
thèse

Thèse préparée dans le Laboratoire de Génie Industriel - LGIL de l’Ecole Centrale de Lille

Ecole Doctorale SPI 287 (EC Paris, EC Lille, INT Evry)


Remerciements

Ce travail a été réalisé au laboratoire de génie industriel (LGIL) de l’Ecole Centrale de


Lille.

Je tiens à remercier tout particulièrement :

Mr Christian TRAISNEL, ingénieur, directeur du CD2E (Création Développement


d’Eco-Entreprises), pour m’avoir donné l’opportunité depuis 2004 d’exercer le métier de
consultant en éco-construction tout en effectuant un travail de recherche sur la thématique des
éco-matériaux à l’Ecole Centrale de Lille. Ce travail n’aurait pu se réaliser sans son soutien
constant.

Mr Philippe DESHAYES, professeur, ingénieur architecte, pour avoir dirigé et


encadré mon travail de thèse et m’avoir donné l’occasion de le réaliser dans de bonnes
conditions en parallèle de mes activités professionnelles.

Monsieur Zoubeir LAFHAJ, professeur, pour avoir accepté un co-encadrement ; son


encadrement scientifique et son indéfectible soutien m’ont été particulièrement précieux.

Mr André De HERDE, Professeur, ingénieur architecte, Mr Youssef DIAB,


professeur, et Mme Agnès JULLIEN, maître de conférences HDR, pour avoir accepté de
rapporter ce mémoire de thèse.

Je remercie également François MARTY et Pierre GAUDIN pour m’avoir permis de


découvrir et connaître les systèmes de construction écologique de l’entreprise Scierie Palettes
du Littoral (SPL) à Audruicq (62), utilisés en exemple dans ce travail, et rejoindre l’aventure
Chênelet Construction.

Je tiens à remercier tout particulièrement mon épouse et mes parents pour leur aide,
leur soutien et leurs encouragements permanents ; merci encore à toi Sophie pour avoir
accepté de me suivre dans la partie « application pratique » de ma thèse en auto-construisant
ensemble notre maison écologique.

J’ai enfin une pensée très particulière pour mon grand père paternel qui était
entrepreneur du bâtiment, artisan maçon de son état. Je me demande ce qu’il aurait pensé d’un
petit fils qui préconise l’isolation des logements, la construction écologique et les énergies
renouvelables…

1
RESUME

Les éco-matériaux, éco-préférences dans le secteur des matériaux de construction,


présentent un certain nombre de caractéristiques intéressantes comparativement à des
solutions techniques ou architecturales classiques. Les critères de différenciation utilisés
étaient jusqu’alors souvent liés à la préservation de l’environnement et de la santé.

Mais les éco-matériaux influent également considérablement sur le paysage


économique ambiant dans les métiers du BTP en terme de mobilisation d’acteurs, de
réalisation de progrès technique, de gains et d’économies, d’émergence de savoir –faire
nouveaux.
Ils contribuent ainsi à la création de systèmes productifs locaux (SPL) et de filières
courtes génératrices d’emplois à forte valeur ajoutée tout en immobilisant de grandes
quantités de carbone sur des durées importantes au sein des constructions dans lesquels ils
sont utilisés.
L’objectif de cette thèse est d’étudier les caractéristiques techniques, économiques et
financières présentées par ces matériaux plus respectueux de l’environnement en regroupant
des informations de référence sélectionnées – indicateurs et critères d’évaluation – au sein
d’un référentiel proposé.

La première partie de ce travail situe la thématique des éco-matériaux dans le contexte


de la conception de bâtiments à qualité environnementale et de l’analyse en cycle de vie. Elle
synthétise les différentes communautés reconnaissant ou non une définition des éco-
matériaux.

Une deuxième partie précise la place des éco-matériaux au sein des systèmes de
management de la qualité environnementale du bâti (SMQEB) Internationaux et Européens.
Le cahier des charges d’une méthode d’aide au choix d’éco-matériaux pour la construction de
bâtiments à qualité environnementale et à faible niveau de consommation énergétique y est
exposé.
La troisième partie concerne la conception d’un outil d’aide à la prescription
technique, économique et financière d’éco-matériaux : des familles de critères et des solutions
constructives sont sélectionnés, les performances de trois solutions constructives
conventionnelles et éco-construites sont analysées, comparées et pondérées. Des indicateurs
environnementaux et sociétaux viennent enrichir cette analyse.

La dernière partie recentre sur un territoire d’étude la méthodologie élaborée et testée :


la région Nord Pas de Calais est identifiée comme précurseur des filières de production d’éco-
matériaux en France et depuis peu des filières de distribution – prescription – utilisation.
Un système constructif élaboré, un rampant de toiture, est utilisé comme base pour la
comparaison d’un assemblage de solutions éco-construites et conventionnelles.
Les critères techniques, économiques, financiers, environnementaux et de santé utilisés sont
in fine traduits en langage compréhensible : le ratio coûts / bénéfices.

Mots-clés : éco-matériaux, éco-construction, solutions constructives, référentiel de mesures,


analyse en cycle de vie, systèmes productifs locaux, impact sociétal, analyse coûts / bénéfices.

2
ABSTRACT

Eco-materials, eco-preferences in the building construction field, have revealed a


number of interesting characteristics compared with more traditional technical or architectural
solutions. The criteria so far used to differentiate them were often related to the preservation
of the environment or health.

But eco-materials have also had a major impact on the local economy in the building
construction sector in terms of increased mobilization of actors involved, technical progress,
savings and profits as well as original, new know-how’s.

They have thus significantly contributed to the creation of Local Productive Systems/
LPS- and shorter with strong added value career paths while generating larger and longer term
quantities of carbon in the constructions in which they had been implemented.

The main research objective has been to study the technical, economic and financial
advantages of such more environmentally friendly materials by collecting selected referential
information- assessment indicators and criteria- inside a proposed system of reference.

The first part of my work has been devoted to identifying eco-materials in the broader
context of the conception of high environmental quality buildings and the related life cycle
analysis, outlining the recognition or non recognition of an eco-material definition by the
different communities.

The position of eco-materials in international and European Environmental Quality


Management Systems for Buildings- SMQEB- has then been reviewed in a second part. The
requirements for an eco-material selection method for the construction of high environmental
quality and low energy buildings has also been exposed.

The third part of this work has consisted in designing a technical, economic and
financial prescription decision tool for eco –materials: criteria patterns and constructive
solutions have therefore been selected; the separate performances of three conventional and
eco-built solutions have then been analyzed, compared and weighed. Environmental and
societal indicators have also been taken into account to further complement this analysis.

In the final part, the main concern has been to implement this designed and tested
methodology within a precise region : The Nord Pas De Calais- NPDC- region has been
identified as a leading region for the production of eco-materials in France and, more recently,
for their distribution- prescription-use.

An elaborate construction system - a flat roof - has been selected to compare a set of
eco-built solutions with more conventional ones.

The technical, economic, financial, environmental and health criteria have in-fine been
used in easily understood language: the cost/profit ratio.

Key words: eco-materials- eco-construction- constructive solutions-measurement reference


systems- indicators- technical, economic and financial advantages-life cycle analysis- local
productive systems- carbon assessment- societal impact- cost/profit analysis.

3
SOMMAIRE

LISTE DES FIGURES............................................................................................................. 7

LISTE DES TABLEAUX ........................................................................................................ 9

INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................... 13

1. Chapitre 1 : Les éco-matériaux / produits pour le secteur de la construction : état de


l’art, positionnement dans les démarches de conception environnementale des systèmes
constructifs .............................................................................................................................. 19

1.1 Construction et développement durable, introduction............................................ 19


1.1.1 Evolution des pratiques dans l’habitat ..................................................... 19
1.1.2 La problématique environnementale et la santé ...................................... 19
1.1.3 Poids et opportunités du secteur du bâtiment .......................................... 20
1.1.4 Lien avec le concept de développement durable ..................................... 21
1.1.5 Vers un management durable pour les entreprises du secteur de la
construction....................................................................................................... 22
1.2 Démarches d’analyse multicritères en cycle de vie des produits et matériaux de
construction .................................................................................................................. 23
1.2.1 Contexte de l’analyse multicritères : la pensée en cycle de vie ............... 23
1.2.2 Outils d’analyse et d’aide au choix des matériaux et composants de
construction sur la base de leurs impacts en cycle de vie ................................. 26
1.2.2.1 Etiquetages contrôlés certifiés ou écolabels ............................. 27
1.2.2.2 Déclarations environnementales et sanitaires « volontaires » .. 28
1.2.2.3 Attestations environnementales et sanitaires du CESAT ......... 29
1.2.2.4 Outils informatisés disponibles ................................................. 29
1.2.3 Approche monétaire du cycle de vie ...................................................... 35
1.2.4 Application aux pme – pmi : le management durable et son langage
commun ............................................................................................................ 37
1.3 Le concept d’éco-matériaux, définitions et collèges de pensée ............................. 39
1.3.1 L’approche ingéniérale d’éco-conception ............................................... 39
1.3.2 La non reconnaissance ............................................................................. 43
1.3.3 L’approche écologiste .............................................................................. 47
1.3.4 Les apports solidaires de la « green economy » ...................................... 52
1.3.5 Le consensus pragmatique ....................................................................... 58

2. Chapitre 2 : Référentiels internationaux de la qualité environnementale dans le


bâtiment (QEB) et choix d’éco-matériaux pour la construction réhabilitation ............... 62

2.1 Place des matériaux de construction dans les systèmes et


référentiels internationaux de management de la qualité environnementale
dans la construction (MQEB) ....................................................................................... 62
2.1.1 Les éco-matériaux dans les systèmes de MQEB anglo-saxons
(Grande Bretagne, USA, Canada) .................................................................... 67
2.1.1.1 Système de MQEB en Grande Bretagne ................................... 67
2.1.1.2 Système de MQEB aux Etats Unis et au Canada ...................... 67
2.1.2 Les éco-matériaux dans les systèmes de MQEB nord européens
(Suisse, Autriche, Allemagne, Pays Bas, Belgique) ......................................... 67
2.1.2.1 Système de MQEB en Suisse.................................................... 67
2.1.2.2 Système de MQEB en Autriche ................................................ 68
2.1.2.3 Système de MQEB en Allemagne ............................................ 68

4
2.1.2.4 Système de MQEB aux Pays Bas ............................................. 68
2.1.2.5 Système de MQEB en Belgique ............................................... 68
2.1.3 Les éco-matériaux dans le système de MQEB français ........................... 68
2.1.4 Les autres systèmes de MQEB : l’éco-construction intelligente ou la
conception bioclimatique solaire passive ........................................................ 69
2.1.5 Comparatifs et synthèse des différentes approches ................................. 71
2.2 Cahier des charges d’une méthode simplifiée d’aide au choix d’éco-matériaux pour
la construction / réhabilitation de bâtiments à qualité environnementale et à faible
niveau de consommation énergétique .......................................................................... 72
2.2.1 Introduction.............................................................................................. 72
2.2.2 Objectifs de la méthode et de l’outil ........................................................ 74
2.2.3 Choix des critères de performances : indicateurs et référentiel de mesure
pour une aide multicritères à la décision ......................................................... 74
2.2.4 Choix d’une méthodologie d’analyse et d’expérimentation .................... 77
2.2.4.1 Les systèmes de classification ................................................. 77
2.2.4.2 Les typologies d’indicateurs .................................................... 83
2.2.4.3 Les critères partagés avec les acteurs de terrain :
critères techniques et économiques plutôt que critères
environnementaux et sanitaires ? .......................................................... 88
2.2.4.4 Le langage commun monétaire basé sur le raisonnement en
coûts complet en cycle de vie « life cycle costing » ............................. 90
2.2.4.5 Mesure et traduction en approche financière de management
durable, ratio coûts / bénéfices............................................................ 107
2.2.5 Choix des systèmes constructifs : disponibilité et approvisionnement sur
une zone d’étude, le Nord Pas de Calais......................................................... 111
2.2.6 Caractéristiques pratiques de la méthodologie et de l’outil ................... 114

3. Chapitre 3 : Mise au point d’un outil d’aide à la prescription technique, économique


et financière d’éco-matériaux pour la construction et la réhabilitation de bâtiments ... 117

3.1 Introduction ......................................................................................................... 117


3.2 Bases communes de comparaison et détermination des solutions constructives 117
3.2.1 Hypothèses préliminaires....................................................................... 117
3.2.2 Matériaux, composants d’un bâtiment et solutions constructives associées
: exemples de raisonnement ............................................................................ 119
3.2.3 Notion d’unité fonctionnelle « UF »...................................................... 121
3.2.4 Proposition de systèmes constructifs majeurs, en lien notamment avec les
enjeux actuels de performance énergétique .................................................... 122
3.3 Construction de familles de critères techniques, économiques et financiers par
système constructif majeur ......................................................................................... 129
3.3.1 Hypothèses préliminaires....................................................................... 129
3.3.2 Choix des indicateurs par famille de critères et pas systèmes constructifs
majeurs ............................................................................................................ 129
3.3.3 Analyses critiques de familles de critères ............................................. 137
3.3.4 Simplification des familles de critères ................................................... 137
3.4 Evaluation d’un échantillon de solutions constructives par famille de critères
simplifiés .................................................................................................................... 138
3.4.1 Hypothèses préliminaires....................................................................... 138
3.4.2 Définition de solutions constructives de comparaison : 3 solutions
conventionnelles et 3 solutions éco-construites .............................................. 138
3.4.3 Comparaison des performances des solutions conventionnelles et éco-
construites selon l’outil proposé ..................................................................... 169
3.4.4 Analyses et synthèse des résultats ........................................................ 176

5
3.5 Pondération des critères techniques, économiques et financiers ......................... 177
3.5.1 Hypothèses préliminaires : détermination des types de pondération .... 177
3.5.2 Pondération technique, la performance thermique simple de systèmes
étudiés ............................................................................................................. 177
3.5.3 Pondération par les prescriptions des réglementations thermiques
existantes......................................................................................................... 184
3.5.4 Pondération par les systèmes de management de la qualité
environnementale dans la construction et les référentiels de certification
basse énergie ................................................................................................... 186
3.5.5 Pondération par les utilisateurs finaux utilisant les systèmes constructifs
étudiés et assurés pour leur mise en œuvre ..................................................... 189
3.5.6 Deux indicateurs environnementaux simplifiés : le traitement des déchets
en fin de vie et son coût associé, et les émissions carbone équivalent liées aux
émissions de gaz à effet de serre (GES). ........................................................ 193
3.5.6.1 Traitement des déchets en fin de vie et coûts associés .......... 193
3.5.6.2 Emissions de gaz à effet de serre et coûts associés ................ 199
3.5.7 Indicateur sociétal : les heures de travail générées par la mise sur le
marché des systèmes constructifs, converties en nombre d’emplois
équivalent. ....................................................................................................... 204
3.5.8 Synthèse et conclusion........................................................................... 209
3.6 Agrégation des résultats ....................................................................................... 210
3.6.1 Hypothèses préliminaires....................................................................... 210
3.6.2 Proposition d’une méthode d’agrégation : le langage commun « € » ... 213
3.6.3 Résultats de l’agrégation financière....................................................... 214
3.7 Conclusions .......................................................................................................... 214

4. Chapitre 4 : Choix d’éco-matériaux régionaux et application aux solutions


constructives ......................................................................................................................... 216

4.1 Introduction ......................................................................................................... 216


4.2 Hypothèses et choix d’éco-matériaux régionaux et application de la méthodologie
à des systèmes constructifs ........................................................................................ 220
4.2.1 Identification et choix d’éco-matériaux régionaux et de systèmes
constructifs traditionnels / éco-construits ....................................................... 220
4.2.2 Application de la méthodologie et de l’outil d’aide à la décision au
système constructifs élaboré à partir d’éco-matériaux régionaux .................. 223
4.2.3 Critères d’éco-différenciation permettant de distinguer les systèmes éco-
construits des systèmes traditionnels .............................................................. 229
4.2.4 Analyse économique et financière ......................................................... 239
4.3 Choix et utilisation de pondérations appropriées aux systèmes constructifs rampant
conventionnel à fermettes industrielles et rampant bois massif ................................. 243
4.4 Synthèse de résultats sur les matériaux et solutions constructives, agrégation des
résultats en langage commun « € »............................................................................. 252
4.5 Eléments complémentaires et reproductibilité ..................................................... 254
4.6 Conclusions .......................................................................................................... 258

CONCLUSION GENERALE ............................................................................................. 260

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................................................... 263

ANNEXES ............................................................................................................................. 269

6
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Evolution constatée de la consommation totale d’énergie commerciale (hors bois) depuis 1860
en MTep. ................................................................................................................................................................ 20
Figure 2 : Proposition de triptyque du développement durable. ........................................................................... 21
Figure 3 : Le cycle de vie d’un produit, du berceau à la tombe ............................................................................ 24
Figure 4 : Intégration de l’environnement dans la conception d’un produit ......................................................... 25
Figure 5 : Schéma de l’analyse en coûts complets sur le cycle de vie d’un produit / service. ............................. 35
Figure 6 : The sustainable development and eco-design : related methodologies and concepts proposed ........... 40
Figure 7 : Les trois dimensions du concept d'éco-matériaux ................................................................................ 41
Figure 8 : Model conceptuel de présentation des éco-matériaux .......................................................................... 42
Figure 9 : Evolution de l’usage des matériaux bois / pierre dans le temps ............................................................ 47
Figure 10 : Proposition de synthèse des familles « officielles » de la science des matériaux ............................... 79
Figure 11 : Proposition de classement croisée entre la science des matériaux et les usages de terrain ................. 80
Figure 12 : Proposition de critères simplifiés permettant la qualification « éco » d’un matériau ou composant
de construction ....................................................................................................................................................... 85
Figure 13 : Nombre d’heures de travail générées en fabrication, jusqu’à la mise à disposition sur le marché
Suisse, par une fenêtre en bois et une fenêtre en aluminium .................................................................................. 87
Figure 14 : Modèle tridimensionnel croisant les niveaux de décision avec les éléments basiques détaillés
de la construction. .................................................................................................................................................. 94
Figure 15 : Evolution des valeurs présentes ou actuelles dans le temps, en fonction du taux d’actualisation
choisi. ..................................................................................................................................................................... 96
Figure 16 : Répartition des coûts directs par postes, en € actualisés /m²/an,
Opération Habitat Social de Zuydcoote (59) portée par Habitat 62/59 ................................................................ 101
Figures 17 & 18 : Calcul du coût global direct et du coût global incluant les externalités / répartition des coûts et
gains en €/m²/an entre les différents acteurs, Opération Habitat Social de Zuydcoote (59) portée par Habitat
62/59 .................................................................................................................................................................... 101
Figures 19 : Maisons Haute Qualité Durable à Saint Denis ................................................................................ 115
Figure 20 : Le système constructif ossature bois plateforme .............................................................................. 118
Figure 21 : Proposition d’ordre logique des différents concepts associés à une démarche de conception de
bâtiment ............................................................................................................................................................... 119
Figure 22 : Pertes de chaleur d’une maison individuelle non isolée ................................................................... 122
Figure 23 : Ordres de grandeurs de la surface équivalente de fuites d’air dans une maison conventionnelle et
pour une maison passive, pour un renouvellement d’air de 0,8 m3/ h/m². ........................................................... 123
Figure 24 : Essai de structure d’isolation thermique, fente dans freine vapeur de 1mm devant mur isolé de 1 m²
avec 14 cm d’isolation thermique ........................................................................................................................ 124
Figure 25 : Représentation d’un mur parpaing creux maçonné ciment, bibliothèque des systèmes constructifs,
sous LESOSAI 6.0. .............................................................................................................................................. 133
Figure 26 : Profil de condensation du mur parpaing creux maçonné ciment « brut », sous LESOSAI 6.0,
Août 2008............................................................................................................................................................. 133
Figure 27 : représentation d’un mur parpaing creux maçonné ciment, système « fini », bibliothèque des systèmes
constructifs, sous LESOSAI 6.0........................................................................................................................... 134
Figure 28 : Profil de condensation du mur parpaing creux maçonné ciment système « fini »,
sous LESOSAI 6.0, Août 2008 ............................................................................................................................ 135
Figures 29 et 30 : Exemples de déconstruction / reconstruction avec remplacement des matériaux du système
constructif sans respect des DTU & normes, ....................................................................................................... 147
Figures 31 et 32 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) mur parpaing vs
mur monomur terre cuite ...................................................................................................................................... 150
Figures 33 et 34 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) isolation sous
rampants conventionnelle vs isolation sous rampants éco-construite .................................................................. 152
Figure 35 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) des systèmes fenêtre
PVC / fenêtre bois éco-certifiée ........................................................................................................................... 153
Figure 36 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) des matériaux
conventionnels et d’éco-construction, pris unitairement. ..................................................................................... 154
Figure 37 : Synthèse des évolutions des réglementations thermiques françaises depuis les années 1970 : niveaux
de performances et thématiques associées. .......................................................................................................... 184
Figure 38 : Exemple de points attribués en fonction des performances thermiques globales de matériaux
d’isolation des parois vitrées (menuiseries extérieures) pour l’application de la RT 2000 .................................. 185
Figure 39 : Avantages du concept Minergie en Suisse et évaluation du rapport coût / bénéfice,
Sources : Flyer Minergie en Questions, Mars 2007. ............................................................................................ 187
Figure 40 : Déphasage thermique d’un mur de briques de terre crue en remplissage d’éléments
d’ossature bois .................................................................................................................................................... 188

7
Figure 41 : Déphasage thermique d’un mur de briques de terre cuite en remplissage d’éléments
d’ossature bois. .................................................................................................................................................... 189
Figure 42 : Croyances sur les caractéristiques des fenêtres bois et PVC, Sources : ECOFOR 2006. ................. 190
Figure 43 : Poids accordé aux caractéristiques des fenêtres bois et PVC, sources : ECOFOR 2006. ................. 190
Figure 44 : Quantité de déchets produits par catégorie, en fonction du type de bâtiment et
ramenée au m² de SHOB ...................................................................................................................................... 198
Figure 45 : Coût comparé du travail de différentes énergies en France (comprenant rendement et
amortissement), en 2008. ..................................................................................................................................... 208
Figure 46 : Proposition de coupe verticale du système constructif « rampant de toiture conventionnel type
fermette industrielle ». ......................................................................................................................................... 222
Figure 47 : Proposition de coupe verticale du système constructif « rampant de toiture bois massif cloué », type
SPL Chênelet. ...................................................................................................................................................... 222
Figure 48 : Représentation d’un rampant fermettes industrielles, bibliothèque des systèmes constructifs, sous
LESOSAI 6.0. ...................................................................................................................................................... 227
Figure 49 : Profil de condensation du rampant de toiture fermettes industrielles, sous LESOSAI 6.0. .............. 227
Figure 50 : Représentation d’un rampant bois massif type SPL, bibliothèque des systèmes constructifs, sous
LESOSAI 6.0. ...................................................................................................................................................... 228
Figure 51 : Profil de condensation du rampant de toiture bois massif type SPL, sous LESOSAI 6.0. ............... 228
Figure 52 : Comparaison des contributions environnementales des matériaux du système constructif
« rampant à fermettes industrielles ».................................................................................................................... 235
Figure 53 : Comparaison des contributions environnementales des matériaux du système constructif
« rampant bois massif cloué » .............................................................................................................................. 235
Figure 54 : Comparaison des contributions environnementales des systèmes constructifs
« rampant bois massif cloué » et « rampant fermettes industrielles » .................................................................. 236
Figure 55 : Comparaison des contributions environnementales des systèmes constructifs « rampant bois
massif cloué » et « rampant fermettes industrielles », en tenant compte des matériaux « puits de carbone ». .... 239
Figure 56 : Calcul du temps de déphasage de transmission d’un flux de chaleur extérieur pour le système
constructif rampant conventionnel ....................................................................................................................... 245
Figure 57 : Calcul du temps de déphasage de transmission d’un flux de chaleur extérieur pour le système
constructif rampant bois massif .......................................................................................................................... 246
Figure 58 : Calcul de l’épaisseur de laine de verre nécessaire pour obtenir un temps de déphasage de
transmission d’un flux de chaleur extérieur pour le système constructif rampant conventionnel
de 11,68 heures. ................................................................................................................................................... 247
Figure 59 : Comparaison des coûts par lots d’une maison premier prix (50 % du marché français en 2009)
et d’une maison éco construite en bois, base batiprix 2009, fournitures et pose, en € TTC par m2 habitable,
maison moyenne de 110 m2 habitable. ................................................................................................................ 249

8
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Synthèse des principaux outils « logiciels » disponibles pour aider à la sélection de matériaux et
composants de construction au regard de critères environnementaux et sanitaires. ............................................... 31
Tableau 2 : Synthèse des principaux outils simplifiés, donnant accès à des données « quantitatives » et
« qualitatives », disponibles pour aider au choix de matériaux et composants de construction en fonction de leurs
impacts environnementaux et sanitaires ................................................................................................................. 33
Tableau 3 : Synthèse des principaux outils simplifiés, donnant accès à des données « qualitatives », disponibles
pour aider au choix de matériaux et composants de construction en fonction de leurs impacts environnementaux
et sanitaires............................................................................................................................................................. 34
Tableau 4 : Raisonnement coûts / bénéfices de la réhabilitation d’une friche industrielle ................................... 38
Tableau 5 : Grille de quotation du modèle Japonais « SAM », traduit du modèle japonais ................................. 43
Tableau 6 : Dépense énergétique et bilan carbone simplifié en phase « process », pour 4 types de matériaux de
construction .................................................................................................................................. 48
Tableau 7 : Synthèse de l’historique comparatif de l’usage des matériaux bois et pierre ..................................... 49
Tableau 8 : Proposition de typologie croisée pour la définition de matériaux de construction « écologiques » .. 50
Tableau 9 : Proposition de comparaison des organisations internationales d’éco-construction « solidaire »,
impliquées dans le mouvement des technologies appropriées. .............................................................................. 56
Tableau 10 : Répartition des domaines d’interventions des organisations internationales d’éco-construction
solidaire, impliquées dans le mouvement des technologies appropriées ................................................................ 57
Tableau 11 : Historique des référentiels et outils de management de la qualité environnementale dans la
construction. ........................................................................................................................................................... 65
Tableau 12 : Energies de production (énergie grise) de quelques matériaux de construction courants et éco-
matériaux................................................................................................................................................................ 70
Tableau 13 : Positionnement de l’approche matériaux / éco-matériaux dans les principaux systèmes de
management de la qualité environnementale dans la construction. ........................................................................ 71
Tableau 14 : Proposition de classement des matériaux et composants de construction par type d’usage et de
matières constitutives ............................................................................................................................................. 78
Tableau 15 : Les principaux matériaux de construction (voir matériaux de terrain) avec applications liées ........ 81
Tableau 16 : Table d’entrée du système de classification UNICLASS, CPI ........................................................ 82
Tableau 17 : Proposition de classification croisée pour la comparaison de matériaux conventionnels et d’éco-
matériaux au sens retenu dans notre étude. ........................................................................................................... 83
Tableau 18 : Proposition d’indicateurs pour étudier deux solutions constructives : l’une considérée comme issue
de la filière éco-construction, la seconde considérée comme conventionnelle. ..................................................... 84
Tableau 19 : Proposition de synthèse des différentes terminologies des outils valorisant le concept de coût
global au niveau international. ............................................................................................................................... 92
Tableau 20 : Tableau non exhaustif des coûts à prendre en compte aux différentes étapes du cycle de vie d’une
construction. ........................................................................................................................................................... 95
Tableau 21 : Coûts de produits alternatifs « verts » pour la construction, comparés aux coûts de produits
conventionnels ....................................................................................................................................................... 99
Tableau 22 : Comparaison du coût d’une taxation carbone liée aux émissions de GES des différents modes de
chauffage pour l’habitat ....................................................................................................................................... 103
Tableau 23 : Les principaux facteurs décourageant la construction verte aux USA, Turner Construction
Company .............................................................................................................................................................. 104
Tableau 24 : Bénéfices financiers des écoles vertes, en $/pied carré .................................................................. 104
Tableau 25 : Proposition de synthèse des détails des économies générées par le verdissement des écoles
américaines, postes par postes, sur base de KATS, G ......................................................................................... 106
Tableau 26 : Estimation de coûts et d’économies de coûts liés au poste « operation and maintenance » dans les
bâtiments publics américains ............................................................................................................................... 107
Tableau 27 : Exemple de plus value technique apportée par une solution verte ................................................. 107
Tableau 28 : Coût de 10 m² de panneaux solaires photovoltaïques en fonction de leur mise en œuvre,
Cd2e, 2006. .......................................................................................................................................................... 108
Tableau 29 : Simulations de production d’énergie et de revenus générés annuels, en Kwh pour 1 kWc installé et
en €, en fonction des régions françaises. .............................................................................................................. 109
Tableau 30 : Temps de retour sur investissement pour 1 kwc ou 10 m² de panneaux solaires photovoltaïques, en
fonction de leur implantation en France. .............................................................................................................. 109
Tableau 31 : Synthèse de la démarche « coût global » sur une durée de vie typique d’une installation
photovoltaïque. ..................................................................................................................................................... 110
Tableau 32 : Proposition de liste des éco-matériaux identifiés en Nord Pas de Calais, faisant l’objet dans le
cadre de notre étude de comparaison avec des matériaux conventionnels. ......................................................... 113

9
Tableau 33 : Classement du produit de construction « parpaing creux aggloméré » au sein de la hiérarchisation
« Batiproduits ». ................................................................................................................................................... 119
Tableau 34 : classement du produit de construction « ciment / chaux »au sein de la hiérarchisation
« Batiproduits ». ................................................................................................................................................... 120
Tableau 35 : classement du produit de construction isolant thermique en plaque (ex laine de roche) au sein de la
hiérarchisation « Batiproduits ». .......................................................................................................................... 120
Tableau 36 : Proposition de correspondance « déperditions thermiques majeures » / solutions constructions /
Unités fonctionnelles, en vue de la détermination de systèmes constructifs majeurs. ......................................... 125
Tableau 37 : Proposition de dé-composition du système constructif « mur monomur à isolation répartie ». ..... 126
Tableau 38 : Proposition de systèmes constructifs majeurs correspondant aux unités fonctionnelles
correspondant aux principales déperditions thermiques (cf tableau 33 page 115) ............................................... 128
Tableau 39 : Proposition d’indicateurs communs à chaque unité fonctionnelle et système constructif présenté,
dans les champs techniques, économiques et financiers (liste non exhaustive). .................................................. 131
Tableau 40 : Systèmes constructifs majeurs et unités fonctionnelles.................................................................. 132
Tableau 41 : Critères techniques simples du système constructif mur parpaing maçonné ciment ...................... 132
Tableau 42 : Systèmes constructifs majeurs et unités fonctionnelles (cf tableau 35 page 118) ......................... 134
Tableau 43 : Critères techniques spécifiques du mur parpaing sans isolation complémentaire rapportée (isolant
thermique A2-1) ................................................................................................................................................... 136
Tableau 44 : Proposition de systèmes constructifs répondant aux principes de l’éco-construction, par
comparaison aux systèmes conventionnels, pour les solutions constructives étudiées. ....................................... 141
Tableau 45 : Comparaison des matériaux / composants des systèmes constructifs étudiés, selon les critères
« environnement, santé et management durable » simplifiés sélectionnés. ......................................................... 146
Tableau 46 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif « mur
parpaing maçonné ciment » ................................................................................................................................. 149
Tableau 47 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif « mur
monomur terre cuite » .......................................................................................................................................... 150
Tableau 48 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif «
isolation thermique sous rampants de toiture, laine de verre, pare vapeur et parement gypse » .......................... 151
Tableau 49 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif «
isolation thermique sous rampants de toiture, isolant bio-sourcé, frein vapeur et Fermacell » ............................ 151
Tableau 50 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable des systèmes constructifs «
Ouverture de bâtiment : fenêtre PVC standard / fenêtre bois eco-certifiée. ......................................................... 153
Tableau 51 : Quantification de l’énergie évitée par l’utilisation de systèmes isolants, sur maison individuelle
type, en climat H1, par an et en fonction du type d’énergie utilisée pour le chauffage. ...................................... 159
Tableau 52 : Synthèse de la comparaison des contenus énergétiques de matériaux d’isolation par rapport à
l’évitement d’énergie, sur la DVT des systèmes constructifs (1/2). ..................................................................... 160
Tableau 53 : Synthèse de la comparaison des contenus énergétiques de matériaux d’isolation par rapport à
l’évitement d’énergie, sur la DVT des systèmes constructifs (2/2). ..................................................................... 161
Tableau 54 : Consommations énergétiques de trois maisons conçues différemment ......................................... 161
Tableau 55 : Proposition de ratio des énergies grises non actualisées et actualisées d’un isolant conventionnel
(laine minérale) et d’un isolant éco-matériaux (isolant biosourcé) sur les besoins en chauffage de trois différents
types de bâtiments. ............................................................................................................................................... 162
Tableau 56 : Effets sur l’être humain des principales substances présentes dans les produits et matériaux de
construction. ......................................................................................................................................................... 166
Tableau 57 : Comparaison des systèmes constructifs sélectionnés selon le système de classification retenu ... 170
Tableau 58 : Décomposition des systèmes constructifs étudiés ......................................................................... 170
Tableau 59 : Critères techniques des systèmes constructifs étudiés (tableau ..................................................... 171
Tableau 60 : Critères économiques des systèmes constructifs étudiés ................................................................ 172
Tableau 61 : Conditions d’éligibilité au crédit d’impôt 2006-2009 des matériaux d’isolation thermique des
parois vitrées installés par un professionnel ........................................................................................................ 174
Tableau 62 : Critères financiers des systèmes constructifs étudiés .................................................................... 175
Tableau 63 : Comparaison des coûts globaux actualisés avec ou hors crédit d’impôt matériel, des systèmes
constructifs étudiés ............................................................................................................................................... 176
Tableau 64 : Comparaison des performances thermiques valeurs U des systèmes constructifs étudiés ............. 178
Tableau 65 : Valeurs des coefficients de transmission surfacique Uw maximum par types de classe Th en lien
avec la réglementation thermique 2000 (RT 2000) .............................................................................................. 178
Tableau 66 : Comparaison des performances thermiques de deux systèmes constructifs « menuiseries
extérieures » et évaluation des gains annuels en € générés par le changement de menuiserie (bois). .................. 179
Tableau 67 : Tableau des gains actualisés sur la durée de vie économique de l’investissement
menuiserie Bois .................................................................................................................................................... 180
Tableau 68 : Comparaison des performances thermiques de deux systèmes constructifs « menuiseries
extérieures » et évaluation des gains annuels en € générés par le changement de menuiserie (PVC) ................. 181
Tableau 69 : Tableau des gains actualisés sur la durée de vie économique de l’investissement
menuiserie PVC ................................................................................................................................................... 182

10
Tableau 70 : Synthèse des gains annuels et temps de retour sur investissements simples et élaborés pour les deux
systèmes d’isolation des parois vitrées étudiés. ................................................................................................... 183
Tableau 71 : Tableau comparatif des facteurs solaires de différents vitrages utilisés dans les menuiseries
extérieures. ........................................................................................................................................................... 186
Tableau 72 : Tableau comparatif des capacités thermiques de bâtiments différents, rapportée à la surface de
plancher brute. ...................................................................................................................................................... 188
Tableau 73 : Tableau comparatif des avantages / inconvénients des menuiseries bois et PVC perçus par les
professionnels du bâtiment (panel de 60 professionnels du Npdc / Picardie) ...................................................... 192
Tableau 74 : Tableau comparatif des coûts de traitement des déchets de chantier, en fonction de l’implication
« tri » de l’entrepreneur. ...................................................................................................................................... 197
Tableau 75 : Tableau comparatif des coûts de traitement des déchets de menuiseries bois et
PVC en fin de vie ................................................................................................................................................. 198
Tableau 76: Pouvoir de réchauffement global équivalent au C02 des 6 familles de gaz à effet de serre
concernées par le protocole de Kyoto. ................................................................................................................. 200
Tableau 77 : Equivalents carbone des principaux gaz à effet de serre retenus par le protocole de kyoto. Sources :
GIEC, 2007. ......................................................................................................................................................... 201
Tableau 78 : Mesures des pays européens appliquant des fiscalités ressemblant de près ou de loin à la taxe
carbone française.................................................................................................................................................. 202
Tableau 79 : Simulation des augmentations de prix des biens et services liés à l’application en France d’une taxe
carbone de 1500 € la tonne de carbone (400 € la tonne de CO2). ....................................................................... 203
Tableau 80 : Simulation des augmentations de prix de deux systèmes constructifs étudiés : une menuiserie bois
PEFC et une menuiserie PVC, avec l’application en France d’une taxe carbone de différents niveaux ............. 204
Tableau 81 : Calcul de l’indicateur d’intensité sociale (IS) à partir d’indicateurs sociaux et environnementaux
sélectionnés pour deux systèmes constructifs étudiés (menuiserie bois et menuiserie PVC). ............................. 206
Tableau 82 : Rentabilité monétaire comparée de l’humain et de la machine ...................................................... 207
Tableau 83 : Synthèse des pondérations étudiées et choix d’utilisation pour la comparaison des systèmes
constructifs étudiés ............................................................................................................................................... 209
Tableau 84 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés .................................................... 213
Tableau 85 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés ............................................. 213
Tableau 86 : Ratios coûts / bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés ............................................ 214
Chapitre 4 :
Tableau 87 : Présentation synthétique des éco-matériaux présumés fabriqués en région Nord Pas de Calais .... 219
Tableau 88 : Croisement des systèmes constructifs majeurs reliés aux unités fonctionnelles des principales
déperditions thermiques identifiées dans un bâtiment, avec les éco-matériaux régionaux fabriqués en région Nord
Pas De Calais. ..................................................................................................................................................... 220
Tableau 89 : Comparaison des systèmes constructifs selon le système de classification retenu (tableau 16
chapitre 1) ............................................................................................................................................................ 223
Tableau 90 : Proposition de décomposition du système constructif « rampant de toiture ». .............................. 225
Tableau 91: Critères techniques des matériaux massifs des systèmes constructifs « rampant bois massif » et
« rampant industriel » .......................................................................................................................................... 225
Tableau 92 : Critères techniques des matériaux d’étanchéité des systèmes constructifs « rampant bois massif » et
« rampant industriel » .......................................................................................................................................... 225
Tableau 93 : Critères techniques des matériaux d’isolation thermique des systèmes constructifs « rampant bois
massif » et « rampant industriel » ........................................................................................................................ 226
Tableau 94 : Critères techniques des matériaux d’étanchéité à l’air isolation thermique des systèmes constructifs
« rampant bois massif » et « rampant industriel » ................................................................................................ 226
Tableau 95 : Comparaison des données environnementales pour un isolant laine de verre ep 100 mm, densité
28,5 kg/m3, entre Eco devis du KBOB en Suisse et la FDES de la base de données INIES française. ............... 229
Tableau 96 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif
« rampant de toiture fermettes industrielles » ...................................................................................................... 231
Tableau 97 : Synthèse de l’analyse environnement, santé et management durable du système constructif
« rampant de toiture bois massif cloué » .............................................................................................................. 232
Tableau 98 : Comparaison des critères de développement soutenable pour les deux systèmes
constructifs étudiés ............................................................................................................................................... 234
Tableau 99 : Bilan carbone des matériaux du système constructif « rampant de toiture bois massif » tenant
compte du stockage « puits de carbone » des matériaux bio-sourcés et renouvelables. ....................................... 237
Tableau 100 : Bilan carbone des matériaux du système constructif « rampant de toiture conventionnel » tenant
compte du stockage « puits de carbone » des matériaux bio-sourcés et renouvelables. ....................................... 238
Tableau 101 : Critères économiques des deux systèmes constructifs analysés : rampant conventionnel et
rampant bois massif. ............................................................................................................................................ 241
Tableau 102 : Critères financiers des systèmes constructifs étudiés ................................................................... 242
Tableau 103 : Comparaison du pouvoir d’isolation des deux rampants de toiture, traduit en euros économisés en
fonction du mode de chauffage du logement (gaz naturel). ................................................................................. 244

11
Tableau 104 : Détermination du surcoût d’épaisseur de laine de verre pour atteindre le même confort thermique
d’été que 120 mm de ouate de cellulose. ............................................................................................................. 247
Tableau 105 : Comparaison des coûts par lots d’une maison premier prix et d’une maison éco construite en bois,
base Batiprix 2009, fournitures et pose, en € TTC par m2 habitable, maison moyenne de 110 m2 habitable. ..... 249
Tableau 106 : Simulation des augmentations de prix de deux systèmes constructifs étudiés : un rampant de
toiture conventionnel et un rampant de toiture bois, avec l’application en France d’une taxe carbone de
différents niveaux. ................................................................................................................................................ 250
Tableau 107 : Calcul de l’indicateurs d’intensité sociale (IS) à partir d’indicateurs sociaux et environnementaux
sélectionnés pour deux systèmes constructifs étudiés (rampant conventionnel et rampant bois massif), par unité
fonctionnelle de 1 m2 (UF=1 m2) ........................................................................................................................ 251
Tableau 108 : Synthèse des pondérations étudiées et choix d’utilisation pour la comparaison des systèmes
constructifs étudiés. .............................................................................................................................................. 252
Tableau 109 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés .................................................. 253
Tableau 110 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité fonctionnelle de 1
m2 (UF=1 m2). .................................................................................................................................................... 254
Tableau 111 : Synthèse des durées de vie typique et des renouvellements des matériaux considérés comme
« normaux » pour maintenir la performance du système constructif « rampant conventionnel » sur sa DVT..... 254
Tableau 112 : comparaison des données pour le râpant de toiture conventionnel avec et sans renouvellement des
matériaux sur la DVT. .......................................................................................................................................... 256
Tableau 113 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés, sans prise en compte des
renouvellements de matériaux pour le maintien de la performance des systèmes constructifs sur la DVT. ........ 257
Tableau 114 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité fonctionnelle de 1
m2 (UF=1 m2), et sans renouvellement des matériaux sur la DVT. .................................................................... 257
Tableau 115 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité fonctionnelle de 1
m2 (UF=1 m2). .................................................................................................................................................... 258

12
INTRODUCTION GENERALE
La France est un pays, en matière de construction, où les contradictions les plus
évidentes se côtoient : elle est à la pointe de l’ingénierie en génie civil, capable de construire
des viaducs extraordinaires et de creuser des tunnels en tout genre.

Pour la construction de bâtiments et de maisons individuelles, grâce ou à cause de


cela, les français pensent bénéficier de la même technologie de pointe que celle déployée dans
le BTP.

La conception de ponts ou de tunnels répond pourtant à un processus complexe : des


ingénieurs réfléchissent pour trouver des solutions à un problème complexe, des techniciens
réalisent des tests pour vérifier les hypothèses, la réalisation est ensuite vérifiée à chaque
étape en s’assurant que le cahier des charges et les prescriptions sont bien suivies. Quand ce
n’est pas le cas, cela finit rapidement dans les médias : un pont qui s’effondre, une digue qui
cède etc..

Cette logique de conception et de réalisation n’a pourtant rien à voir avec ce qui se
pratique dans le secteur de la construction de maisons individuelles ou l’empirisme règne en
maître, les taux de sinistres en témoignent d’ailleurs [SYCODES, 2009 1 : heureusement que
les taux de sinistre en génie civil ne sont pas identiques à ceux constatés en maison
individuelle

L’image de la construction de maisons dans la perception des consommateurs montre


bien cet écart de monde et la différence de méthodes : retards, malfaçons, désordres, non
respect des plannings, surcoût, opacité des devis etc…

En construction de maisons, les éprouvettes testées en laboratoire sont rarement


réalisées, des règles valident des procédés constructifs courants. Cette logique est
complètement éloignée de l’ingénierie à proprement parler.

La France présente ainsi le niveau technologique d’un pays industrialisé, et en même


temps, le sous développement dans les habitudes de construction de maisons individuelles.
Ceci se vérifie depuis les années 1945-1950 ou de gigantesques besoins de reconstruction
après guerre ont conduit à une logique de construction rapide et à moindre coût.
Les problématiques de dépense énergétique et d’émission de gaz à effet de serre ne se
posaient d’ailleurs pas à cette époque.

Quand on examine le marché attentivement, on distingue la répartition suivante2 :

Près de 50 % de constructions premier prix, à environ 1000 € TTC du m2 habitable, 45


% des constructions sont classiques à 1400 € du m2 habitable, 5 % des constructions sont
luxueuses ou haut de gamme à 1800 € TTC du m2 habitable.

L’ensemble abouti à un prix moyen de 1200 € TTC / m2 habitable (moyenne


nationale). Ainsi le prix moyen est-il plus bas que celui d’une maison moyenne gamme,
comme la moitié des maisons sont construites en premier prix, le prix moyen est tiré vers le
bas.

1
SYCODES 2009, les indicateurs de l’évolution de la qualité dans la construction, observatoire de la qualité de
la construction, agence qualité construction (AQC), disponible sur
http://www.qualiteconstruction.com/uploads/tx_commerceaddons/tbs09_01.pdf
2
UNCMI : Union Nationale des Constructeurs de Maisons Individuelles

13
Il s’agit d’un prix initial qui correspond à un coût de construction instantané, qui ne
prend donc pas en compte l’aspect durabilité de la construction, sur les plans techniques,
économiques, financiers et environnementaux.
Dans une logique de processus de construction durable, les coûts initiaux considérés
souvent comme surcoûts peuvent être considérés comme investissements sur le moyen et long
terme et générer des plus values évidentes : la réduction des coûts de maintenance, une qualité
d’air intérieur meilleure, des réductions drastiques de consommation d’énergie.

Aujourd’hui, une autre voie est en plein essor : la construction de maisons


« écologiques » qui est devenue d’actualité, à la mode, mais également un véritable état
d’esprit et un mode de vie pour bon nombre de français.

Mais construire autrement, construire « écologique » avec des matériaux de qualité, plus
durables, respectueux de l’environnement et de la santé des utilisateurs (artisans, entreprises
de construction, futurs occupants des logements) semble plus cher de prime abord, tout
simplement parce que la marche à franchir entre le prix moyen national et le prix d’une
construction efficace est très importante. Cette marge est plus souvent due aux différences de
qualité de prestation et au changement des performances, qu’aux choix réellement
écologiques.

La principale difficulté consiste donc à reconstruire des maisons de qualité, écologiques


ou pas, mais cela s’inscrit à l’encontre de la tendance sociétale actuelle qui veut que la durée
moyenne d’utilisation d’une maison baisse sans cesse et que surtout on ne construit plus
aujourd’hui dans une logique patrimoniale : on ne construit plus pour léguer à ses enfants.

Comme la plupart des ménages français rêve d’habiter dans une maison individuelle qui
est la forme d'urbanisation la plus gourmande en espace, la disponibilité des terrains diminue
et leur prix explose.

Le budget des constructions se réduit, et le mode d’urbanisation s’américanise :


D’immenses lotissements / zones pavillonnaires, des zones commerciales tentaculaires, et des
voies "rapides" pour relier les unes et les autres grâce aux automobiles.

Depuis 60 ans, c'est donc la qualité des maisons qui a diminué face aux choix sociétaux
gourmands en finances. Les constructions qui ont été réalisées au sortir de la seconde guerre
mondiale ont été, de toutes celles construites dans notre histoire, les plus inefficaces de toutes.

Une maison traditionnelle, paysanne, non rénovée avait des performances conformes
aux standards de la RT 2000 ; mais ce type de maisons a souvent été rénové en dépit du bon
sens après les années 60, ce qui a dégradé fortement leur qualité et les a rendu insalubres.

Pour construire, il faut du temps de conception, de l’ingénierie, du savoir faire (l’art de


l’artisan) mais aussi des matières, matériaux, produits de construction qui vont être utilisés et
mise en œuvre dans les règles de l’art.

Ces matériaux de construction ont suivi la même évolution que nos procédés
constructifs : l’industrialisation massive au sortir de la seconde guerre (plan Marschall
d’industrialisation de la France), l’uniformisation de leur usage (la prédominance du procédé
bloc béton dans les années 60) et leur sourcing sur de grandes distances qui marque la fin des
approvisionnements en matière locale.

14
Nous sommes globalement passé d’une économie de la construction qui valorise les
matières, matériaux, produits fabriqués très localement, peu énergétivores, peu chers et la
main d’œuvre des artisans / fabricants plutôt que le prix du matériau en tant que tel, à une
économie de la construction qui favorise la production industrielle et standardisée de masse
dans laquelle la part « marketing et commerciale » supplante la valeur ajoutée produite par
l’heure de travail humain.

La qualité globale de ces matériaux de construction, d’un point de vue technique,


environnementale ou de santé a suivi cette tendance, en contribuant à la production de
logements peu coûteux, mal isolés (passoires thermiques et humides).
C’est l’apogée du système parpaing / laine de verre / placo ou polystyrène / placo
généralisé partout en France depuis les années 80, date des premières réglementations
thermiques.

Un mouvement d’architectes / maîtres d’œuvre proches de l’éco-construction et de la


baubiologie allemande (biologie de la construction) a certes essayé d’inverser la tendance ces
30 dernières années (1978-2008) en contribuant notamment à concevoir et construire des
maisons écologiques à l’aide de matériaux de qualité, locaux, à faible empreinte écologique et
peu coûteux, pour des clients éco-convaincus.

Leur effort a certes eu le mérite de stimuler le débat et de montrer que d’autres choix
et méthodes de construction sont possibles, mais l’effet de masse sur le marché de la maison
individuelle ne s’est pas produit.

En France, le tournant vient des années 2000, avec l’émergence d’un marché de l’éco-
construction, des éco-matériaux et produits pour une construction de qualité, un peu plus
chères mais plus respectueuse de l’environnement et de la santé des occupants.

Plus récemment le Grenelle de l’environnement et les orientations de son groupe de


travail n°1 ont contribué à changer la donne : toutes les maisons neuves construites après
2010 devront intégrer une ingénierie de conception à basse consommation d’énergie (label
BBC HPE 2005).

Plutôt écologiques et valorisant les matériaux bio-sourcés, leur qualité globale devra
forcément évoluer pour atteindre une performance thermique d’enveloppe exemplaire. Les
niveaux de prix de référence de la construction vont eux aussi évoluer : le prix d’une maison
de base à basse consommation d’énergie sera plus élevé que celui d’une maison de base
traditionnelle.

Quelques évènements et dates « clés » facilitent la compréhension de l’émergence de


ce marché :

& 2005 : le CD2E (www.cd2e.com), agence d’aide à la création et au développement d’éco-


entreprises lance en Nord Pas de Calais le premier outil web français d’aide à la prescription
et l’utilisation d’éco-matériaux pour une construction de qualité et à basse consommation
d’énergie. Une définition pragmatique et simplifiée d’un éco-matériau est mise en ligne.

& 2007-2008 : les grandes surfaces de bricolage (GSB) dont les deux marques leader en
France, élaborent les premières stratégies de référencement de gammes d’éco-solutions pour
l’habitat, la décoration, le design, le bricolage, la construction. La mutation de l’offre vers les
solutions vertes est enclenchée, des équipes dédiées « D&D » sont crées en lien direct avec
les directions commerciales, du marketing de l’offre et des achats.

15
& Mai 2008 : la première formation de technicien commercial spécialisé en vente d’éco-
matériaux et d’éco-solutions pour l’habitat ouvre ses portes dans le département de la Drôme.
Ce projet pilote porté par la chambre de commerce et d’industries locale doit permettre
d’alimenter les nombreux négoces professionnels de la région Rhône alpes confrontés à une
explosion des demandes de clients en éco-matériaux

& Février 2009, le premier magasin du concept KBANE3 dédié à la vente et la mise en œuvre
d’éco-matériaux ouvre ses portes dans la métropole Lilloise, dans le rayon des solutions pour
l’isolation des murs et toitures, un petit écriteau mentionne « ne cherchez pas de laine de
verre, ici nous n’en vendons pas »

& Avril 2009 : un ancien cadre commercial d’une société de fabrication d’écrans de sous
toiture crée une plate forme de vente d’éco-solutions pour les professionnels de la
construction, sur une base web en ligne sur internet, le concept « SALOLA environnement ».
les négoces professionnels spécialisés bois référencent partout en France des éco-matériaux
pour l’isolation thermique des bâtiments. Certains négoces spécialisés développent des
concepts dédiés uniquement ciblés « vente d’éco-matériaux » Par exemple le concept
batimieux porté par AGEKA www.batimieux.fr .

L’éco-construction devient donc, plus qu’une tendance, une mode ou un épi-


phénomène, un « marché » qui comme tout marché, repose sur un couple « offre / demande ».
Ce couple offre demande utilise pour se positionner et faire vivre ce marché une approche
d’une certaine qualité environnementale des solutions, matériaux, produits, systèmes de
production d’énergie, une approche des éco-matériaux et éco-produits pour la construction.

Hier niée ou dénigrée car ne représentant pas un marché digne d’intérêt (les maisons
écologiques d’auto-constructeurs convaincus), aujourd’hui la thématique « éco-matériaux et
éco-produits » pour une meilleure construction devient complètement d’actualité.

C’est en partant de ce constat, en vivant l’évolution du marché de l’éco-construction et


des éco-matériaux au jour le jour depuis 2004, que s’est posée la problématique suivante :
comment caractériser autrement que par des indicateurs environnementaux et de santé, la
performance d’éco-matériaux, présentés comme « meilleurs », par comparaison à des
matériaux considérés comme traditionnels (au sens assurabilité) ou conventionnels ?

Ce travail de thèse est donc dédié intégralement à la problématique des éco-matériaux


pour la construction, il est divisé en quatre parties :

Un premier chapitre positionne la thématique en présentant un état de l’art des éco-


matériaux au niveau international et des outils et méthodologies existants destinés à éco-
différencier un matériau, un système constructif ou un bâtiment par rapport à un autre.

Le deuxième chapitre permet d’appréhender la place accordée aux éco-matériaux et


éco-produits pour la construction de bâtiment, par les principaux systèmes de management de
la qualité environnementale dans la construction ou labels de consommation basse énergie
(SMQEB) du type de la HQE en France ou de la démarche Minergie en Suisse.

Le troisième chapitre pose les bases d’une méthode innovante permettant d’analyser,
caractériser, classer et évaluer des matériaux et produits de construction, sous l’angle de trois
familles de critères techniques, économiques et financiers, en vue de les présenter en tant
qu’éco-matériaux.

3
Kbane, la maison durable www.kbane.com

16
Une validation de cette méthodologie est proposée sur un système constructif simple
remplissant plusieurs fonctions majeures par rapport aux principaux axes de conception d’un
bâtiment, une menuiserie extérieure.

Le raisonnement doit aboutir au final à l’agrégation des critères analysés sous la forme
d’un langage commun, compréhensible par la plupart des acteurs du secteur de la
construction, particulièrement ceux qui ne sont pas au fait de l’ingénierie de l’éco-conception
ou de la conception environnementale.

Le dernier chapitre réalise un focus par rapport à un territoire type d’étude, le Nord
Pas de Calais. L’identification de 16 fabricants locaux d’éco-matériaux facilite l’application
de la méthodologie créée et testée à un éco-matériau fabriqué sur ce territoire, et utilisé au
sein d’un système constructif plus complexe, remplissant une fonction majeure au sein de la
performance notamment thermique d’une construction, un rampant de toiture.

La méthodologie présentée doit être reproductible pour faciliter son application à un


grand nombre d’éco-matériaux et éco-produits rentrant dans la conception de systèmes
constructifs relevant de l’éco-construction et de la basse énergie, et considérés comme « plus
chers » que les systèmes constructifs de la construction traditionnelle.

17
CHAPITRE 1
Les éco-matériaux / produits pour le secteur de la
construction, état de l’art et positionnement dans les
démarches de conception environnementale des
systèmes constructifs.

18
Chapitre 1 : Les éco-matériaux / éco-produits pour le secteur de la
construction, état de l’art et positionnement dans les démarches de
conception environnementale des systèmes constructifs.

1.1 Construction et développement durable, introduction


1.1.1 Evolution des pratiques dans l’habitat

Jusqu‟au milieu du vingtième siècle, la majorité des habitants des pays développés
habitaient en milieu rural, dans des constructions réalisées selon les traditions régionales, les
savoir faire des artisans et les matériaux disponibles localement.
Sans remonter à la fonction première du logement , les habitants passaient souvent plus de
temps à l‟extérieur qu‟à l‟intérieur, sans se poser la question de savoir si leur habitat était mal
isolé, mal ventilé, sain ou non, consommant peu ou beaucoup d‟énergie.

Que ce soit en construction neuve ou en rénovation, la plupart des matériaux de


construction proposés par les négoces actuels n‟existaient pas il y a à peine un siècle ; ces
nouveaux matériaux ont, en quelques décennies, complètement remplacé les matériaux locaux
disponibles en grande quantité.

Quelques exemples sont particulièrement révélateurs :

En Europe, la destruction massive des bâtiments au cours des deux guerres mondiales
propulsa sur le marché des techniques et matériaux reproductibles, faciles à produire en
grande quantité et rapides d‟emploi, mais dont on n‟a pu à l‟époque, dans l‟urgence, évaluer
l‟impact en termes techniques (durabilité fonctionnelle), environnementaux et sanitaires.

En France, jusqu‟au début du 20ème siècle, 50 000 charpentiers aguerris aux


techniques de construction bois « colombages », « pan de bois », « charpentes chevillées
tenons mortaises » exerçaient leurs talents avant d‟être envoyés au front renforcer les fonds de
tranchées. Après guerre, les maçons Italiens et Portugais volontaires pour « reconstruire le
pays » généralisent le recours à la maçonnerie, « filière humide », avec, suite à l‟injection de
capitaux du plan Marshall, l‟utilisation de blocs béton prêt à l‟emploi, le fameux « aggloméré
de ciment creux » reconnu comme technique traditionnelle.

1.1.2 La problématique environnementale et la santé

Au XXIème siècle, l‟impact du « cadre de vie » sur la santé est établi, d‟autant que la
majorité de la population habite en ville et travaille dans des locaux mal ventilés, éclairés
artificiellement, souvent climatisés. Autant d‟endroits « clos » où les habitants sont
enfermés…
Mais le bruit, les matières polluantes, la mauvaise qualité de l‟air intérieur,
l‟épuisement des ressources naturelles, la consommation galopante d‟énergie font également
partie du quotidien et représentent des enjeux réels et globaux pour les pays industrialisés,
alors que les pays dits en voie de développement ne rêvent que d‟égaler nos modes de vies
occidentaux, [VINCENT FOURRIER, 2006]1.

L‟un des indicateurs de l‟impact global de l‟homme sur la planète est le réchauffement
climatique provoqué par les émissions de gaz à effets de serre d‟origine anthropique [GIEC,
2007]2. La quasi-totalité de nos rejets de gaz à effet de serre (dont le C02) est reconnue
comme issue de nos consommations énergétiques qui n‟ont cessé de croître depuis 1860, sous
l‟effet conjugué de la croissance démographique et de la croissance économique

19
Figure 1 : Evolution constatée de la consommation totale d‟énergie commerciale (hors bois)
depuis 1860 en MTep MARLAND, 2003 3.

La croissance économique tend à faire augmenter la consommation d‟énergie


responsable de la majorité des problèmes environnementaux actuels : à tous ses stades de
transformation, l‟énergie est source d‟impacts parmi lesquels le réchauffement climatique
(majoritairement dû aux émissions de C02) dont l‟origine anthropique est aujourd‟hui bien
établie.

Pour le GIEC (Groupe d‟Experts Intergouvernementaux sur l‟Evolution du Climat),


afin de limiter les répercussions humaines du changement climatique, il faut réduire de moitié
les émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau planétaire d‟ici à 2050, ce qui, compte
tenu de la marge de manœuvre réduite des pays en voie de développement, implique de
réduire par 4 les émissions de GES des pays industrialisés (le facteur 4).

1.1.3 Poids et opportunités du secteur du bâtiment

Le secteur du bâtiment est directement concerné puisque gros consommateur


d‟énergie ; près de 46 % de la consommation totale (70 millions de Tep), le plus gros
consommateur d‟énergie en France, et parallèlement l‟un des plus gros émetteurs de gaz à
effet de serre, soit 25 % des émissions totales (120 millions de tonnes de C02).
Réputé lent à évoluer, ce secteur ne part pas « favori » car pénalisé par le flux annuel de
construction (300 000 par an en France), le stock existant (30 millions de logements et 800
millions de m² de bâtiments tertiaires chauffés) et la durée de vie moyenne « longue » des
bâtiments (50 à 100 ans) [ADEME, 2006]4.

Dans le double contexte du réchauffement climatique et de la pénurie inéluctable en


énergie fossile et en ressources non renouvelables, la réduction des consommations du secteur
du bâtiment est une priorité [SIDLER, 2007]5.

Ce secteur est celui sur lequel il est le plus facile d‟agir à la fois techniquement et
rapidement : il est peut-être le seul à offrir des possibilités de progrès suffisamment fortes
pour répondre aux engagements de réduction des émissions de GES :

La maîtrise des impacts environnementaux concerne à la fois l‟enveloppe et les


équipements d‟un bâtiment ; le recours aux matériaux fabriqués à partir de matières premières
renouvelables peut être une réponse au problème d‟épuisement des ressources naturelles

20
[COLLET, 2004]6. Les bâtiments peuvent enfin utiliser plusieurs sources d'énergie, dont les
énergies renouvelables. Ces énergies peuvent être combinées et, le cas échéant, changées
plusieurs fois sur la durée de vie du bâtiment.

De plus, les travaux d'amélioration des performances énergétiques des bâtiments


peuvent être programmés sur plusieurs années, évolution qui renforcera à chaque fois la
valeur patrimoniale du bien. Enfin les occupants des bâtiments ont des comportements
d'usage relativement constants au cours du temps et leurs besoins évoluent sur des cycles
longs, sans rupture brutale, et peuvent être anticipés raisonnablement.

Récemment, suite au « Grenelle de l‟Environnement », une consultation1 indique que


45 millions de Français rêvent d‟une maison plus « écologique », même si le nombre de
constructions considérées comme telles ne représente que 5 % des réalisations nationales.

Pour ces éco-consommateurs potentiels [GUIGNARD, 2006]7, la maison écologique


représente une construction respectueuse de l‟environnement (43 % des réponses), une
construction qui utilise des matériaux naturels, recyclables, locaux, écologiques, non polluants
(35 % des réponses) et enfin une construction dans laquelle l‟énergie est maîtrisée (23 % des
réponses).

La même étude indique que pour 58 % des personnes ayant un projet de construction
neuve, la construction écologique ou éco-construction est associée aux matériaux « bois, terre,
chanvre, laine de mouton, produits « naturels », etc. ;», et 30 % d‟entre elles évoquent
rapidement une technique ou une technologie permettant de réaliser des économies sur la
dépense énergétique.

1.1.4 Lien avec le concept de développement durable

Derrière ces préoccupations environnementales, se profile le concept de


développement durable défini au début des années 1990 comme un développement qui
« satisfait les besoins d‟aujourd‟hui sans compromettre le développement des générations
futures » [BRUNTLAND, 1987]8.
Souvent présenté sous la forme d‟un tryptique, le concept de développement durable
évoque un équilibre parétien transgénérationnel qui se réfère aux capacités de
l‟environnement à répondre aux besoins actuels et futurs. Dans cette approche,
l‟environnement est un critère de performance parmi trois, s‟ajoutant à des préoccupations
sociales et économiques.

Figure 2 : Proposition de triptyque du développement durable.

1
Sondage TNS – Soffres, Novembre 2007.

21
Le développement durable, traduction imparfaite du terme anglais « sustainable »
(soutenable) part d‟un bon sentiment pour souhaiter l‟épanouissement du genre humain mais
au final, ce concept ne présente pas forcément d‟intérêt pour mieux y parvenir.

La traduction concrète la plus fréquente est, selon les cas de figure, une « auberge
espagnole » dans laquelle chacun met ce qu‟il veut [JANCOVICI, 2002]9, en considérant
notamment qu‟une évolution négative sur le plan environnemental est compensée par une
évolution positive sur le plan économique, pour parvenir à quelque chose de neutre.

Tout un chacun peut y piocher la justification sociale ou économique d‟un


comportement qui au regard de critères environnementaux objectivement mesurables (une
occupation d‟espace, une consommation d‟eau et d‟énergie, un nombre de jours de pluie par
an, un taux d‟espèces en sursis etc..) soit manifestement « non durable »: l‟existence de
rapports de développement durable pour les sociétés du CAC 40 ne signifie pas que leurs
rédacteurs ont une activité durable, quand bien même il peut exister des individus au sein de
cette société qui espèrent que ce puisse être le cas.
Dans le champ environnemental, il est pourtant possible de se doter d‟un langage
commun et d‟un objectif de manière univoque, de définir ce qui est durable et ce qui ne l‟est
pas : est manifestement "non-durable" tout comportement étroitement dépendant de
ressources qui seront indisponibles d‟ici quelques décennies.

Dans le champ économique, qu‟est-ce qu‟un Produit Intérieur Brut (PIB) ou un chiffre
d‟affaires « durable » ou « soutenable » ?
Dans le domaine sociétal, il existe peu d‟exemples d'égalité parfaite entre membres
d'une communauté animale ou humaine dans le monde, ce qui n'a jamais empêché la
"durabilité ».

Ceci ne signifie pas pour autant qu‟il faille se désintéresser des limites du système car
pour toute ressource limitée, le choix est de gérer par soi même une inéluctable décroissance
ou d‟attendre que la régulation se fasse naturellement…l‟histoire a montré que la seconde
option était plus néfaste que la première.

La vrai bonne question pourrait bien, dans ce cas, être « quand arrivera la
décroissance d’une consommation de ressource non durable ? » et non « est-ce qu’elle
arrivera ?» [JANCOVICI, 2002].

1.1.5 Vers un management durable pour les entreprises du secteur de la construction

Pour les acteurs de la construction, il est intéressant de se référer au terme anglo-saxon


de « glocalisation » [GOBIN, C 2006]10, contraction de globalisation et de localisation.
Si les échanges économiques se démultiplient et deviennent globaux, les objets échangés sont
eux bien créés localement. Cette balance entre les flux marchands et l‟inscription locale de la
production est essentielle pour l‟avenir des métiers du BTP.

Trois exigences sont reconnues et considérées comme incontournables : Tout d‟abord


le poids des utilisateurs finaux qui est de plus en plus prépondérant dans les décisions. La
construction n‟est certes pas encore directement exposée mais les travaux en direct pour
l‟entretien du patrimoine privé ne cessent néanmoins de croître. Ensuite les investisseurs qui
introduisent les critères de respect de l‟environnement et de déontologie sociale pour
sélectionner les entreprises dans lesquelles ils sont susceptibles de prendre des participations.
Enfin les entreprises qui sont progressivement tenues de jouer un rôle social au sein de la
collectivité et non plus d‟être des acteurs économiques centrés sur la recherche du seul profit
immédiat.

22
Comme pour d‟autres secteurs de l‟économie, la notion de service se dégage: La
construction doit d‟abord permettre aux utilisateurs finaux de mener leurs activités dans les
meilleures conditions.
Le bâti devient ainsi un vecteur de la compétitivité économique. Aux moyens techniques
retenus pour construire, on associe le niveau des performances d‟usage accessibles.

Ceci n‟est pas neutre pour les intervenants du secteur : fournir une performance
d‟usage suppose une maîtrise globale de la réponse vis-à-vis du marché. Cette intégration
nécessite d‟autres modes de travail, comme l‟ingénierie concourante et la prise en compte du
cycle de vie du produit. Et garantir une performance, c‟est aussi reconnaître les effets
d‟obsolescence et de vieillissement. Dès lors, sous la pression de la concurrence, il est
probable que le niveau des exigences ira croissant rendant caducs un certain nombre de
produits. La durée de vie devient ainsi un paramètre très important des décisions.

1.2 Démarches d’analyse multicritères en cycle de vie des produits et


matériaux de construction
1.2.1 Contexte de l’analyse multicritères: la pensée en cycle de vie

La norme française NF P01-010 [AFNOR, 2005]11 définit assez précisément un


bâtiment comme étant un assemblage de produits de construction, un processus actif qui
génère des flux entrants et sortants, tout au long de son cycle de vie (notamment en vie en
œuvre), et un lieu de vie pour les occupants mais également [LEMAIRE, 2006]12 un lieu
d‟implantation et une implication de nombreux acteurs responsables de sa construction et de
son utilisation.

Selon la nomenclature en vigueur, les matériaux ou composants de construction sont


issus d‟un secteur industriel situé en aval de l‟extraction, et en amont du bâtiment et des
travaux publics. Ces matériaux sont destinés à trois principaux marchés: les constructions
neuves, l‟entretien / rénovation du parc de bâtiments et les travaux publics [SESSI, 2003]13.

Le cycle de vie d‟un matériau de construction et d‟un bâtiment est une notion
directement empruntée à ce qui existe de plus simple : le cycle de la matière.
La matière qui constitue notre environnement construit s‟inscrit dans un cycle dont l‟origine
en même temps que l‟aboutissement est la nature. La nature procure ainsi la totalité de nos
ressources et reçoit la totalité de nos déchets.

Les phases opérationnelles du « cycle de vie d‟un bâtiment » sont connues et décrites
par ordre « chronologique » [CHATAGNON, 1999]14 et [ADEME, 2002] ; elles impliquent
chaque fois de nombreux acteurs : la phase préparation, la phase conception, la phase
consultation des entreprises, la phase chantier, la phase utilisation / exploitation, la phase fin
de vie.
Le cycle de vie qui retient notre attention concerne d‟avantage l‟aspect
« fonctionnel », qui comporte 5 étapes, selon la norme NF P01-020 [AFNOR, 2005]15 :
- 1. fabrication des éléments constitutifs
- 2. construction
- 3. vie en œuvre
- 4. adaptation, transformation, réhabilitation
- 5. fin de vie

Chacune de ces phases est potentiellement responsable d‟impacts environnementaux et


sanitaires [KUR, 2004]. La fabrication des éléments constitutifs et la construction d‟un
bâtiment renvoient directement au cycle de vie des matériaux et composants de construction

23
« extraction – transport – fabrication – transport - mise en œuvre – vie en œuvre - élimination
/ recyclage ».

Toujours selon la norme NFP01-020, les impacts environnementaux et sanitaires d‟un


bâtiment sont d‟ailleurs classés en deux catégories : ceux principalement liés aux produits et
matériaux de construction et ceux qui y sont partiellement liés.
Les impacts principalement liés aux matériaux et composants sont : les
consommations d‟énergies et de matières premières, en phase fabrication, adaptation /
transformation / fin de vie et recyclage,les émissions de polluants dans l‟air, l‟eau et le sol en
phase de vie en œuvre et la production de déchets pour la fabrication, construction, adaptation
/ transformation et fin de vie.

Les impacts environnementaux et sanitaires plus partiellement liés aux matériaux et


composants sont : les consommations d‟énergie et les émissions de déchets pendant la phase
construction, qui peut dépendre des habitudes et savoir faire des entreprises de mise en œuvre,
les consommations d‟énergie et d‟eau lors de la vie en œuvre du bâtiment, la production de
déchets d‟activités lors de la vie en œuvre du bâtiment, et les émissions liées à l‟utilisation
d‟appareils électroménagers lors de la vie en œuvre du bâtiment.

Ainsi, le choix des matériaux et composants de construction conditionne les impacts


globaux environnementaux et sanitaires d‟un bâtiment sur la totalité de son cycle de vie ; il est
donc logique de s‟intéresser aux impacts environnementaux et sanitaires de ces matériaux.
Mais d‟autres choix techniques, économiques, financiers, sociétaux, architecturaux, vont
également influencer le comportement des acteurs du bâtiment, et par conséquent les impacts
environnementaux et sanitaires pendant le cycle de vie du bâtiment.

Du fait de la durée de vie des composants et du système constructif « bâtiment »,


l‟évaluation objective des impacts d‟un produit, matériau de construction, système constructif
intermédiaire ou système constructif complet ne peut se faire qu‟en utilisant une
méthodologie multi-critères, multi-étapes et multi-acteurs qui prend en compte le cycle de vie
complet, du « berceau à la tombe », la méthodologie dite d‟« analyse en cycle de vie »
(ACV).

Figure 3 : Le cycle de vie d‟un produit, du berceau à la tombe, EVEA CONSEIL 1.

1
EVEA CONSEIL, éco-conception de produits et services, www.evea-conseil.com

24
Les critères permettant d‟analyser la performance d‟un matériau ou composant de
construction peuvent être regroupés en 6 familles distinctes [WIGNACOURT, 2005]16 :

- les critères techniques : performance technique, fonctionnelle, durabilité


technique, qualité architecturale, facilité d‟entretien.
- les critères économiques : coûts d‟investissement, coûts différés (entretien
remplacement), coûts évités (santé, productivité, déconstruction en fin de vie,
transports).
- les critères financiers : financement des coûts d‟investissement, temps de
retour sur investissement (ROI), ratio coûts / bénéfices, valeurs d‟actualisation
monétaire.
- les critères environnementaux : économie de ressources (matières, énergies),
maîtrise des risques sur l‟environnement (flux et émissions).
- les critères de santé : maîtrise des risques sur la santé (personnels en phase
production, artisans, occupants des bâtiments).
- les critères sociétaux : impacts sur l‟économie locale, heures de main d‟œuvre
générées par un produit avant sa commercialisation, heures de travail générées
par la mise en œuvre.

L‟analyse en cycle de vie permet de connaître les impacts associés aux produits en
hiérarchisant les priorités d‟amélioration.
Les produits peuvent être ensuite pensés ou repensés en phase de conception en
intégrant l‟environnement le plus en amont possible ; c‟est ce qu‟on appelle l‟éco-conception
ou « Design for environment » [SWEATMAN & SIMON, 1996]17: les critères traditionnels
de faisabilité technique, les attentes des clients et la maîtrise des coûts sont ainsi enrichis de
l'approche « environnementale ».

Figure 4 : Intégration de l‟environnement dans la conception d‟un produit,


AFNOR, 2003 18

L'éco-conception inclut ainsi plusieurs types de conception :


- La conception en vue d'optimiser l'efficacité énergétique,
- La conception en vue d'optimiser la production,
- La conception en vue du recyclage, qui regroupe,
- La conception facilitant la récupération,
- La conception facilitant le désassemblage,
- La conception facilitant la réparation, la maintenance, la réutilisation, la dépollution.

Cette prise en compte de l'environnement dans les phases d'éco-conception de produits


ou services, peu développée jusque dans les années 1995, principalement à cause des
investissements nécessaires et des temps de retours sur investissement jugés trop longs

25
[GRAEDEL & ALLENBY, 1996]19, est aujourd'hui bien développée non seulement dans les
pays anglo-saxons mais également en Chine, en Corée du Sud et au Japon.

La France, qui marquait encore en retard il y a peu de temps, s'illustre de plus en plus,
notamment grâce aux efforts de quelques entreprises1.

Le recensement récent par l'AFNOR (Association Française de Normalisation) des


démarches existantes et outils développés, ainsi que leur analyse à travers une grille de lecture
ont permis d'évaluer le niveau de maturité des différents secteurs rencontrés au regard de
l'éco-conception (principalement équipementiers pour les véhicules, plasturgie, D3E,
emballages en matières plastiques, mécanique et ameublement).

Ils ne présentent cependant pas tous le même niveau d'appropriation de l'éco-


conception et rares sont les secteurs qui ont développé des outils couvrant la totalité de la
démarche d‟éco-conception et ses différentes phases [AFNOR, 2005]20.

Un des secteurs les moins avancés en France en matière d'éco-conception de produits


est celui des matériaux de construction pour le bâtiment ou la voirie.

Les analyses en cycle de vie exhaustives ou sélectives des produits et matériaux de


construction permettant de renseigner les fiches de déclaration environnementales et sanitaires
selon la norme NF P 01-010, volets 1&2 [AFNOR, 2005]21 sont encore peu répandues, au
regard des 101 fiches disponibles au 19/02/02008 sur la base de données grand public du
CSTB (Comité Scientifique et Technique du Bâtiment) – INIES2.

Les résultats de ces déclarations environnementales sont pourtant essentiels pour


évaluer les impacts d‟un bâtiment : les produits et matériaux sont associés les uns avec les
autres pour constituer des systèmes constructifs (ou solutions constructives), eux mêmes
associés entre eux pour définir le système constructif global qu‟est le bâtiment.

Les résultats d‟une analyse en cycle vie peuvent être restreints volontairement,
« simplifiés » et ramenés à un mono-indicateur facilitant la compréhension : les émissions de
gaz à effet de serre (en équivalents Carbone) obtenus par la méthode dite du bilan carbone
[ADEME, 2003]22 ou le ratio coûts / bénéfices issu d‟une analyse en coût global ou coûts
complets (Lice Cycle Costing) : tenir compte des dépenses initiales et des dépenses futures
ainsi que des avantages (économies) ou inconvénients (pertes) pendant une période
[WIGNACOURT, 2004]23.

Appliqué au bâtiment, le calcul du coût global en cycle de vie ainsi permet d'évaluer
plusieurs solutions d'investissement à partir du coût initial, des dépenses d'exploitation et
d'entretien pour la durée de vie économique de l'ouvrage, des dépenses de nouvelle affectation
ou de recyclage en fin de vie. [KATS, 2003]24.

1.2.2 Outils d’analyse et d’aide au choix des matériaux et composants de construction


sur la base de leurs impacts en cycle de vie

Pour répondre à la demande de prise en compte des impacts environnementaux et


sanitaires des matériaux et composants de construction permettant de proposer des solutions

1
En 2006, quatre entreprises ont été récompensées pour les efforts qu'elles ont entrepris en matière d'éco-
conception de produits : les produits solaires WELEDA, les planches de bord éco-conçues de RENAULT,
l'assurance « Verte » du groupe d'assurances MAAF et l'éponge naturelle Aqua Fonda de FRANCE CHITINE.
2
INIES : base de données française de référence sur les caractéristiques environnementales et sanitaires des
produits et matériaux de construction, disponible sur www.inies.fr

26
constructives pour réaliser un bâtiment, un certain nombre de démarches et outils sont
développés , ayant tous comme base commune l‟éco-conception / l‟analyse en cycle de vie et
l‟approche multi-critères. On trouve parmi ceux-ci : les étiquetages contrôlés « certifiés » ou
« écolabels », les déclarations environnementales et l‟attestation du CESAT (commission
environnement – santé des avis techniques du CSTB).

1.2.2.1 Etiquetages contrôlés certifiés ou écolabels.

Selon la terminologie « ISO » (international standard for organisations), l‟offre de


produits plus respectueux de l‟environnement s‟exprime à travers l‟étiquetage
environnemental de trois types différents : type I, II et III.

Les normes internationales de l‟ISO fournissent ainsi :


- des principes généraux qui guident les déclarations et les étiquetages
environnementaux, ISO 14 020.
- des principes et des procédures pour la certification de la qualité
environnementale des produits (étiquetages de types I « écolabels officiels »
ISO 14024.
- des termes, symboles et méthodes utilisables par les organismes pour la
déclaration des aspects environnementaux des produits et services (étiquetages
de type II ou auto-déclarations environnementales ») norme ISO 14 021.
- des recommandations pour la pratique des étiquetages informatifs,
informations standardisées pour les consommateurs (étiquetages de type III ou
éco-profils) norme ISO 14025 et française NF P01-010.

Les écolabels sont des labels environnementaux attribués à des produits ayant une
moindre incidence sur l‟environnement ; ils définissent des critères et des niveaux
d‟exigences.
Ceux-ci sont considérés comme des instruments économiques modérés permettant aux
consommateurs de prendre des décisions d‟achats en fonction de critères environnementaux
[MEDD, 2005]25. Ils peuvent inciter les fabricants à mettre au point et lancer sur le marché
des produits plus respectueux de l‟environnement et plus acceptables pour la société,
notamment afin de convaincre une clientèle éco-sensibilisée et la conserver.
Parmi les plus connus, on trouve la marque « NF ENVIRONNEMENT » et l‟écolabel
européen peu adaptés au secteur des produits et matériaux de construction, comme en atteste
le faible nombre de produits « éco-certifiés » (peintures, vernis, enduits et revêtements de sols
durs NF 130) : 15 fabricants engagés et 6 marques « distributeurs » [AFNOR, 2008]26.
Ces écolabels concernent surtout les produits de grande consommation : le produit
analysé doit être conforme à des critères écologiques et d‟aptitude à l‟usage qui dépendent de
chaque famille de produits. Il est soumis à une analyse simplifiée en cycle de vie et les
critères d‟appréciation sont partagés entre divers représentants du monde industriel,
d‟associations de consommateurs et de protection de l‟environnement, des pouvoirs publics,
de distributeurs…

Les critères de sélection dépendent de chaque famille de produits et ne semblent pas


répondre à une approche « produit » susceptible d‟abonder à une évaluation globale d‟un
bâtiment. [LEMAIRE, 2006]. On reproche notamment aux écolabels d‟être sélectifs dans le
sens ou 30 % au maximum des produits d‟une même famille présents sur le marché au
moment de la sélection des critères doivent pouvoir répondre aux exigences fixées par
l‟écolabel.
Cette sélectivité « risquerait » d‟aboutir à une liste noire de produits qui ne
permettraient pas aux concepteurs d‟ouvrages d‟effectuer leur propre hiérarchisation de leur
priorité environnementale et sanitaire, ainsi que leur propre choix des produits.

27
Même si ces formats présentent des lacunes, ils ont cependant le mérite d‟exister
depuis un certain nombre d‟années et d‟être utilisés comme clé d‟entrée pour l‟aide à la
sélection et la prescription de produits et matériaux plus « verts » que d‟autres; ces labels ont
en tout cas été largement utilisés sur les premières réalisations expérimentales dites à « Haute
Qualité Environnementale » en France depuis 1995 [Conseil Régional Nord Pas de Calais,
2005].

1.2.2.2 Déclarations environnementales et sanitaires « volontaires »

Au niveau international des normes ont été élaborées pour proposer un format
commun de déclaration pour les caractéristiques environnementales et sanitaires des produits
et matériaux de construction : ISO DIS 21 930 en 2005, NEN 8006 et NF P01-010 en 2004.

Pour la France, la norme NF P01-010 AFNOR, 2005 propose un format national de


déclaration qui, pour être validé, doit être vérifié par un auditeur externe (vérification du
contenu et de sa réalisation par le programme FDE&S de l‟AFNOR) membre du comité :
respect des règles spécifiques au cadre normatif et vérification des résultats issues des ACV
réalisées.

L‟outil de communication de cette norme passe par les fiches de déclaration


environnementales et sanitaires (FDES) mises à disposition des « acteurs » du marché de la
construction sur un site internet gratuit, la base de données « INIES » [CSTB, 2005]27 gérée
par le CSTB (centre scientifique et technique du bâtiment).
La norme fournit des listes non exhaustives de flux relatifs à la consommation des ressources
naturelles, aux émissions dans l‟air, l‟eau, le sol et à la production de déchets, analysés sur le
cycle de vie complet.

Elle précise également dix catégories d‟impacts environnementaux représentatives des


matériaux et composants de construction, avec des indicateurs d‟évaluation, des unités, le
moyen d‟obtenir les données et les méthodes de calcul.
Elle présente enfin des informations utiles à l‟évaluation sanitaire ainsi qu‟à
l‟appréciation de la contribution de ce dernier au confort , ce qui est plus ou moins subjectif.
Les dix catégories d‟impact identifiées comme pertinentes pour évaluer la contribution d‟un
matériau ou composant à la qualité environnementale globale d‟un ouvrage constructif (un
bâtiment) sont les suivantes :

1. Consommations de ressources énergétiques : MJ / UF (unité fonctionnelle)


2. L‟indicateur d‟épuisement de ressources naturelles (ADP) : Equivalent antimoines (Sb)
3. La consommation d‟eau : Litres / UF
4. La production de déchets solides : Kg / UF
5. Le changement de climat : Eq CO2 / UF
6. L‟acidification de l‟atmosphère : Eq SO2 / UF
7. La pollution de l‟air : m3 / UF
8. La pollution de l‟eau : m3 / UF
9. La destruction de l‟ozone stratosphérique : Kg CFC / HCFC / UF
10. La formation d‟ozone photochimique : Kg Eq éthylène / UF

Pour l‟évaluation des informations liées au risque sanitaire dans l‟air du matériau, les
informations suivantes doivent être fournies : monoxyde de carbone, poussières, ozone,
fibres, COV (composés organiques volatils), rayonnements, particules viables, non viables
etc…

28
La contribution à la qualité de l‟eau est, par exemple, appréciée par rapport à la
résistance aux biocides, les propriétés organoleptiques, l‟aptitude au contact de l‟eau potable
etc..

Même si les catégories d‟impacts environnementaux semblent ne pas constituer une


famille cohérente de critères, la norme précise les données à identifier pour s‟assurer de la
qualité environnementale des produits. Des travaux d‟harmonisation sont en cours entre cette
norme et le projet ISO DIS 21930.

1.2.2.3 Attestations environnementales et sanitaires du CESAT

Le CESAT est le « Comité Environnement Santé » des Avis Techniques (ATec).

Créé en 2003, ce Comité permet d‟intégrer les caractéristiques environnementales et


sanitaires des produits examinés dans la procédure d‟Avis Technique : tout nouveau produit
mis sur le marché qui n‟est pas « traditionnel » (non décrit par une norme) peut bénéficier
d‟un Avis Technique (ATec) ; celui ci n‟est pas obligatoire mais constitue une référence
quasi-incontournable pour décider les maîtres d‟ouvrage à utiliser un nouveau matériau. Un
avis technique est en général indispensable pour obtenir des assureurs la garantie décennale
(spécificité française).

Composé de spécialistes de l‟environnement et de la santé, le CESAT développe une


attestation environnementale et sanitaire basée sur le format de NF P01-010 pour les aspects
environnementaux, et pour la partie « santé », sur l‟évaluation des émissions chimiques,
radioactives, olfactives, ainsi que l‟aptitude des produits à favoriser la présence de micro-
organismes ou non.

Cette attestation environnementale vient ainsi compléter l‟appréciation de l‟aptitude à


l‟emploi d‟un produit ou système innovant (avis technique) pour mettre en valeur ses
caractéristiques environnementales et sanitaires ; elle est uniquement disponible pour les
produits déjà titulaires d‟un avis technique. Pour obtenir l‟attestation du CESAT, certaines
informations doivent obligatoirement être fournies et/ou étudiées, contrairement aux
informations sanitaires de NF P01-010 et des FDES.

1.2.2.4 Outils informatisés disponibles

Ces démarches permettant de prendre en compte l‟environnement et la santé dans les


opérations de construction et pour le choix des matériaux et composants mettent en évidence
des formats multicritères précis de déclaration, qui tiennent également compte à priori de
règles techniques.

Généralement, en France, celui qui commande un bâtiment, le maître d‟ouvrage, porte


l‟intégration de l‟environnement et de la santé dans les opérations qu‟il mène; il faut donc
avoir accès rapidement aux bonnes informations. Le développement de la base INIES semble
être une première étape vers la mise à disposition et la simplification d‟accès à ces données,
notamment pour les maîtres d‟ouvrage, les concepteurs, les artisans.

Cette étape n‟est pas suffisante [LEMAIRE, 2006] : assembler des données permet de
simplifier l‟accès mais pas de rendre leur utilisation efficace et rigoureuse; même si la base
INIES existe, elle ne constitue pas pour l‟instant une aide au choix des produits de
construction.
Des outils informatisés remplissant partiellement cette fonction existent au niveau
international.

29
Les outils opérationnels dédiés au bâtiment (système complet) sont beaucoup plus
nombreux que ceux dédiés uniquement aux matériaux et composants de construction. Ceux
qui s‟y consacrent n‟ont pas forcément la même approche, ne considèrent pas les mêmes
impacts et ne les agrègent pas de la même manière.

Une synthèse qui s‟appuie sur une typologie définie [CHATAGNON, 1999] peut être
réalisée, elle propose une analyse par rubrique, dont cinq sont pertinentes : la fonction,
l‟échelle, les critères, l‟agrégation et les résultats.

Ces rubriques sont complétées par le type d‟analyse, les méthodes utilisées, le nombre
de matériaux référencés ainsi que le recours à une typologie de classement des informations.

Seuls sont repris les outils dédiés soit uniquement aux matériaux et composants de
construction, soit partiellement ; les outils identifiés comme dédiés complètement au bâtiment
dans une approche globale ne sont pas mentionnés car trop nombreux.

Ils peuvent néanmoins être identifiés auprès des mêmes « sources » (EQUER,
GREENCALC, PAPOOSE, GB TOOL, ENVEST, ESCALE…)
Tous ces outils s‟adressent principalement aux maîtres d‟ouvrages et aux concepteurs,
en phase « conception ».

Les impacts environnementaux des différents outils ne sont pas directement


mentionnés car ils sont souvent identiques et cette précision n‟apporte pas un intérêt majeur
pour la comparaison effectuée. Globalement, il s‟agit des impacts sur le réchauffement global
(Global Warming Potential), la consommation (eau, énergie, ressources), la pollution de l‟air,
la pollution de l‟eau et la pollution des sols.

Les impacts assimilés au confort sanitaire concernent la qualité de l‟air intérieur et


parfois le confort.
Les critères techniques sont souvent liés à la durabilité fonctionnelle.

30
Logiciels informatiques d'analyse et d’aide au choix des
matériaux et composants de construction sur base de leurs
impacts en cycle de vie
recensement international (non exhaustif)
pays
Nom type d'analyse méthodes utilisées fonction principale échelle critères agrégation résultats matériaux classement
d'origine
1 2 O/N type

BEES "Building for performance


12 indicateurs d'impacts
Environmental and environnementale et LCA ASTM Standard comparaison et aide au valeurs quantitatives
USA matériaux environnementaux et 2 aucune 230 O Uniformat II
Economic évaluation 14040 Life cycle cost choix des indicateurs
critères économiques
Sustainability" économique

performance évaluation de la qualité


Lisa "LCA in
environnementale et LCI Database environnementale, matériaux et 7 indicateurs d'impacts valeurs quantitatives
Sustainable Australie LCA totale par indicateur NC N
évaluation Australie comparaison et aide au bâtiment environnementaux des indicateurs
architecture"
économique choix

performance
environnementale, Eco indicator 95, A minima, 11 indicateurs
reporting, évaluation Eco indicator 99, environnementaux, prix
LCA projection modulaire du matériaux et Partielle (bilans valeurs quantitatives
Gabi 4 Allemagne économique, la méthode de disponibles pour 200 NC N
14040 cycle de vie d'un produit composants avancés) des indicateurs
management du pénurie substances du marché, 6
risque, analyse biologique UBP indicateurs techniques
sociétale

totale par indicateur,


évaluation de la qualité
pour chaque matériau /
Eco calcultator for performance LCA environnementale, solution 5 critères valeurs quantitatives
Canada NC composant, par solution 101 N
assemblies environnementale 14040 comparaison et aide au constructive environnementaux des indicateurs
constructive et pour le
choix
système bâtiment

4 indicateurs agrégés,
matériaux, valeurs agrégés
Base de mais évaluation possible
performance LCA évaluation des impacts solutions quantitatives des
Ecobat Suisse données aux trois niveaux totale par indicateurs 62 N
environnementale 14040 environnementaux constructives indicateurs + note
Eco invent "matériaux", "solution
et bâtiment par indicateur
constructive" et "bâtiment"

650
"process"
Eco invent évaluation des impacts
analyse en cycle de disponibles
LCA database + environnementaux par matériaux et valeurs agrégées
Umberto Allemagne vie et performance totale par "process" sur N
14040 NREL LCI modélisation grqphique composants quantitatives
économique matériaux
Database des « process »
et
composants

Tableau 1 : Synthèse des principaux outils « logiciels » disponibles pour aider à la sélection de matériaux et composants de construction au
regard de critères environnementaux et sanitaires. Building energy software tools directory, US Department of Energy , [CHATAGNON,
1999], [PEUPORTIER, 2005]28, [CHEVALIER, 2003]29.
31
Tous ces outils – logiciels sont fondés sur une approche multicritères
(environnementaux, sanitaires) voire économique.

Néanmoins, d‟un point de vue pratique, ces outils ne sont pas adaptés aux acteurs de
terrain de la construction, notamment en ce qui concerne la facilité d‟utilisation et la
compréhension des termes employés.
Un acteur sans un minimum de connaissances environnementales et sanitaire peut
rapidement s‟y perdre et interpréter différemment les résultats.
Sans aller (par choix) jusqu‟au niveau de l‟évaluation globale du bâtiment, peu
d‟outils permettent de comparer directement des choix constructifs (ce que nous appelons
les « solutions constructives ») en remontant jusqu‟aux composants / matériaux constitutifs de
ces choix constructifs.
Peu d‟outils s‟intéressent aux matériaux et composants directement, que ce soit au
niveau de l‟échelle d‟évaluation (qui est plutôt celle du bâtiment), ou au niveau des impacts
environnementaux et sanitaires qui correspondent souvent aux impacts liés à la vie en œuvre
du bâtiment, donc essentiellement aux consommations d‟énergie et aux rejets de GES liés à
cette phase.
Pourtant la contribution relative des matériaux et composants du bâtiment aux impacts
globaux du bâtiment devient de plus en plus importante, pouvant avoisiner 15 % à minima
[BARTELS, 2003]30.
Les matériaux et composants de construction correspondent néanmoins au contenu en
« impact » du bâtiment, et influencent considérablement les émissions de celui-ci lors de sa
vie en œuvre : un isolant « isole » par aptitude à sa fonction première (isoler) mais peut
évoluer techniquement négativement : tassement, absorption d‟humidité, dégâts liés à des
facteurs externes ; il nécessite alors un remplacement qui induit un coût économique et
environnemental non négligeable.
Autre exemple : les réglementations actuelles obligent à revoir tous les 5 ans
(réglementation thermique) les niveaux de performance minimale pour l‟isolation des
composants essentiels d‟un bâtiment. Certaines démarches qui semblent novatrices pour les
pays en retard (la France en fait partie) poussent jusqu‟à réduire de manière draconienne les
consommations d‟énergie ; on parle d‟habitat « passif » (15 kwh/m²/an en besoins de
chauffage) et/ou à énergie positive (un bâtiment qui produit plus d‟énergie qu‟il n‟en
consomme).
Avec ce type de bâtiments et de matériaux adaptés, on repositionne le curseur de la
dépense énergétique non plus sur le bâtiment pendant son cycle de vie mais sur les
composants et systèmes utilisés pour construire le bâtiment puisque le bâtiment ne consomme
pratiquement plus d‟énergie.
Il existe pourtant des outils plus accessibles qui synthétisent et simplifient l‟accès aux
informations essentielles « multicritères » à prendre en compte pour qualifier et choisir un
matériau / composant en fonction de ses performances et impacts; ils sont souvent accessibles
directement sur internet afin de veiller à une large consultation et simplifier les procédures de
mise à jour.
Il est possible de distinguer deux familles de types d‟outils :
- ceux donnant accès à des données environnementales « quantitatives » (énergie grise en
kwh ou MJ, contenu carbone en kg Eq CO2, durée de vie typique du matériau, coûts réels) et
« qualitatives » (appréciation et commentaires complémentaires, correspondance à l‟une des
cibles d‟un référentiel « SMQE » lié).
- ceux donnant accès à des données uniquement « qualitatives ».
Ils sont souvent issus de travaux proposés par des organismes privés ou publics basés à
l‟étranger et repris dans les tableaux ci-après :

32
Données quantitatives et qualitatives
Nb de matériaux /
Nom Pays Types de critères échelle Originalités Accessibilité
composants
- données sur la durabilité technique des matériaux
- analyse économique « fine » : coûts des matériaux,
Minesota coûts de la mise en œuvre, premiers « coûts »
Gratuite, sur
Matériau, (investissement initial) et coûts complets en cycle de vie.
building USA
8 familles de critères,
composant ou 155 - se base sur deux logiciels spécialisés « ATHENA » et
www.buildingmaterials.umn.edu/index
material 6 critères par famille
système « BEES »
.html
database - possibilité de comparer des matériaux au sein d‟une
même famille (ex isolation ouate de cellulose), affichage
sous forme de tableaux facilement exploitables
Outil développé dans le cadre du programme de
recherche "Technologie du bâtiment" en Suisse. Le
financement est assuré par l'Office fédéral de l'énergie
Gratuite pour les modules standart
(OFEN) et l'association eco-bau.
http://www.catalogueconstruction.ch/1
Trois indicateurs Matériau, 1.asp?lng=FR
Catalogue Suisse environnementaux, 3 composant ou
150 composants de - catalogue « dynamique » de renseignement sur les
Les modules d‟accès aux données
construction étapes du cycle de vie système
construction disponibles produits de construction
environnementales et de coûts
- trois indicateurs environnementaux simplifiés : énergie
(simulation de devis possible) sont
primaire fossile, énergie primaire totale, et indicateurs
payantes. (modules 2-3-4-5)
Eco 99.
- trois étapes du cycle de vie : fabrication / rénovation /
élimination
- mise en évidence par un graphique des prestations
intéressantes d‟un point de vue écologique »
37 « systèmes
Critères et indicateurs - outil simplifié dédié aux concepteurs permettant de
constructifs » disponibles
sélectionnés comme reconnaître les matériaux et composants les moins
Matériaux, et analysés, avec pour Consultation gratuite pour tous les
représentatifs de impactants pour l‟environnement
Eco-devis Suisse
chaque famille de
composants ou chaque système de
- critères simplifiés sélectionnés en fonction de la
modules
système nombreux matériaux et www.ecodevis.ch/francais
matériaux / famille de produits : ex pour les composants de sous
composants sous
composants toiture, (Eco- devis CAN 363), données d‟énergie grise
constitutifs.
et « interprétations » (« écologiquement relativement
intéressant » ou « écologiquement intéressant »…)

Tableau 2 : Synthèse des principaux outils simplifiés, donnant accès à des données « quantitatives » et « qualitatives », disponibles pour aider au
choix de matériaux et composants de construction en fonction de leurs impacts environnementaux et sanitaires. Building energy software tools
directory, US Department of Energy , MINERGIE, 2007 .

33
Données qualitatives

Nb de matériaux /
Nom Pays Types de critères échelle Originalités Accessibilité
composants
- Guides « matériaux » disponibles par famille de matériaux /
Techniques et
composants, avec les « + » et les «-»
environnementaux :
Plus de 1100 matériaux et - guides conception, permettant de passer du matériau / composant
mention des résultats
composants de au système constructif et au bâtiment : guide « low carbon house »
issus de BRE Eco-
Greenspec – Matériaux construction, les résultats disponible, feuille de calcul « waste costs » dédiée au calcul des
points et BRE
et d‟analyses économies générées sur le cycle de vie, par la mise en place d‟une
National Grande « Environmental
composants environnementales gestion des déchets de construction
Gratuite,
Green Bretagne profile » ; mise en
, systèmes (résultats BRE ou - guide « durabilité et analyse en coûts complets » : publication de
www.greenspec.co.uk
Specification évidence de la
constructifs correspondance critères quelques éléments relatifs à la durabilité technique des matériaux et
correspondance des
simplifiés) ne sont pas composants de construction : à minima durée de vie estimée en phase
produits avec les
tous disponibles. conception et coûts initiaux. Lien avec la base de données en ligne
critères simplifiés
« construction durability database » www.componentlife.com (guide
environnementaux
payant)
- 6 guides techniques disponibles, permettant d‟approfondir les Payant,
bénéfices techniques des éco-solutions présentées www.ecospecifier.org
Techniques,
Matériaux, 3200 matériaux, - Etudes de cas pour 7 types de constructions disponibles Mais accès gratuit à 5 %
économiques,
composants composants, technologies - liens vers les principaux logiciels d‟ACV disponibles, le des informations
Ecospecifier Australie environnementaux ; 6
et systèmes répertoriées, dans plus de questionnaire « environmental performance datasheet » permettant disponibles sur les
familles de critères
constructifs 400 catégories de réaliser les évaluations environnementales, liens vers outils de matériaux référencés,
« environnementaux »
« green design », notamment GB Tool issu du « green building guides, études de cas,
challenge » questionnaires
Clé d‟entrée - Outil spécifique pour les architectes et designers
1500 matériaux et
« design » (fonctionnali - 4 clés d’entrée « environnementales » pour sélectionner les éco-
composants référencés,
té et esthétique) ; matériaux : par « matière » bois – pierres naturelles – autres naturels, Gratuite, après inscription
Material Pays Bas « typologie de
Matériaux, 30 000 architectes et
par critère technique « renouvelable ou non », par « sourcing » ou www.materialexplorer.co
explorer matière », perception «
composants designers membres, reliée
localisation géographique (pays d‟origine) m/background.html
à un « knowledge center »
sensorielle » et - pas de guides conception disponibles mais nombreux articles
for material innovation »
approche technique venant compléter l‟approche « matériaux »
Clé d‟entrée technique
et environnementale : 5
Base de - Fiches de données environnementales et sanitaires (sur modèle
critères principaux de Gratuite, www.cd2e.com
Matériaux, FDES de la norme NF P01-010) venant compléter la fiche technique
données des France
qualification
composants
100 matériaux et
- Guides de choix « matériaux » (10 guides disponibles) et systèmes
rubrique « base de
éco- environnementale ; 18
, systèmes
composants référencés
(7 catégories)
données des éco-
matériaux critères matériaux »
- Guide de choix à venir « Durabilité et analyse en coûts complets »
complémentaires, dont
14 critères qualitatifs

Tableau 3 : Synthèse des principaux outils simplifiés, donnant accès à des données « qualitatives », disponibles pour aider au choix de matériaux
et composants de construction en fonction de leurs impacts environnementaux et sanitaires, CD2E, 2005 .

34
1.2.3 Approche monétaire du cycle de vie

Parmi les outils présentant des données quantitatives et qualitatives, seuls deux d‟entre
eux donnent accès à des données économiques précises et un début de réflexion en coûts
complets en cycle de vie (life cycle costing - LCC) ; il s‟agit de la base de données
« Minesota building material database » dans laquelle les coûts initiaux, les coûts de
remplacement et les coûts totaux (life cycle cost) sont présentés mais pas toujours disponibles
pour tous les produits au sein d‟une même famille ; et de la base de données « Greenspec,
national greenspecification » dans laquelle les coûts d‟installation (premiers coûts – “first
costs”), les coûts sur 60 ans (durée de vie fixée en fonction du code national pour la
construction) ainsi que la durée de vie typique du matériau / composant, y sont présentés.

Ni l‟une ni l‟autre ne donne cependant accès à des indicateurs financiers agglomérés


du type « temps de retour sur investissement » ou ratio « coûts / bénéfices » : le temps de
retour sur investissement est le temps considéré comme nécessaire pour valoriser d‟un point
de vue monétaire les « économies » engendrées par une nouvelle solution par rapport à une
solution considérée « de référence » [DGEMP, 2007]31. C‟est aussi la durée en temps
nécessaire pour récupérer à minima un investissement initial.
Ce temps de ROI s‟inscrit dans une démarche plus globale appelée « coût global » ou
« prise en considération de l’ensemble des coûts attribuables à toutes les étapes de la vie d’un
produit ou service » [KATS & CAPITAL, 2003]32

Figure 5 : Schéma de l‟analyse en coûts complets sur le cycle de vie d‟un produit / service.
BUYERZONE, 2006 1.

Le coût global en tant qu'analyse est une notion générale qui s'applique à toutes les
méthodes2 tenant compte des dépenses initiales et des dépenses futures de même que des
avantages (économies) d'un investissement pendant une période. [WIGNACOURT, 2004]33

Ces méthodes diffèrent par leur application qui dépend de l'objet de l'investissement.

Appliqué au secteur du bâtiment, le calcul du coût global permet d'évaluer plusieurs


solutions d'investissement (solutions techniques) à partir du coût initial et des dépenses
d'exploitation et d'entretien pour la durée de vie économique du système constructif, de
l‟ouvrage [STERNER, 2002]34.
Pour les nouveaux systèmes, le calcul du coût global permet le classement
hiérarchique des solutions sur le plan de la conception, de l'emplacement et des matériaux,
fondé sur le coût total de la durée de vie.

1
BUYERZONE, www.buyerzone.com
2
Ces méthodes comprennent: le coût global en tant que méthode de calcul, le rapport coûts/avantages ou
investissements/économies, le taux de rendement interne et le délai de récupération.

35
Dans le cas de systèmes existants, cette méthode permet :
1. de comparer le coût global et les économies réalisées entre la réhabilitation d'un
système constructif et/ou un réaménagement foncier, c'est-à-dire la démolition et la
reconstruction du bâtiment
2. de déterminer dans quelle mesure un procédé ou un ensemble de procédés
d'amélioration doit être appliqué de manière à réaliser le maximum d'économies, compte tenu
de certaines contraintes budgétaires, du niveau de confort souhaité…
3. de déterminer quelle méthode doit être employée pour réhabiliter ou améliorer le
système de façon à assurer le maximum d'économies à partir d'un niveau donné de dépenses
d'investissement.

L'équation fondamentale du coût global peut s'écrire ainsi :


Coût global = coût initial1 + coûts différés2 (dépenses d‟exploitation, d‟entretien, de
réparation ou de remplacement mais aussi les coûts liés à l‟utilisation) – valeur de
récupération (valeur d‟un bien au terme de sa vie utile ou de la période d‟étude) – coût
évités (coûts « économisés » par rapport à une solution considérée « conventionnelle »).

Même si le raisonnement en coût global fait l‟objet d‟un intérêt croissant dans tous les
secteurs de production de biens et services, notamment dans un contexte environnemental de
plus en plus présent (raisonnement en cycle de vie), son utilisation et plus largement sa
transposition dans le secteur de la construction étaient encore limitées dans les années 2000
[LARSSON & CLARK, 2000]35.

En France, la traduction d‟une étude américaine [KATS & CAPITAL, 2003]XXVIII,


mise à disposition par un centre de ressources sur la qualité environnementale du bâti
[SELLIER, 2004]36, a permis de passer du concept à la pratique en donnant des chiffres
précis d‟investissements, d‟économies réalisées et de temps de retour sur investissement pour
des solutions (matériaux, composants, technologies) peu utilisées car considérées jusqu‟alors
comme trop chères et peu rentables.

L‟analyse multicritères en cycle de vie est donc indispensable pour qualifier un


matériau ou composant de construction sur toute sa durée de vie ; mais, compte tenu des
nouveaux enjeux liés à la préservation de l‟environnement, des ressources et de la qualité de
la santé humaine, les cinq familles de critères permettant d‟effectuer un choix entre plusieurs
matériaux peuvent être positionnées au même rang : la durabilité fonctionnelle ou le choix
esthétique deviennent ainsi aussi important que l‟énergie grise dépensée en phase « process »
ou le taux de matière recyclée valorisée.

1
Coût initial : le coût initial comprend toutes les dépenses d'investissement ayant un rapport direct avec le
projet, y compris le prix du terrain, le coût de la conception, du raccordement aux services et de la construction.
2
Coût différés : les coûts différés peuvent être divisés en deux catégories - les dépenses énergétiques
d'exploitation pour refroidir, chauffer et éclairer le bâtiment - les dépenses d'entretien comprenant les frais de
réparation et de remplacement On peut inclure dans les coûts d'entretien les coûts liés à l'utilisation (les frais qui
découlent d'une modification de l'usage d'un bâtiment ou d'une modification ou de l'amélioration des installations
mécaniques et électriques) de même que les coûts de modifications nécessaires pour que le bâtiment soit
conforme aux nouveaux codes et normes.

36
1.2.4 Application aux PME-PMI : le management durable et son langage commun

Afin de rendre plus explicite1 le développement durable auprès des acteurs des
entreprises et organisations, notamment ceux2 du secteur du bâtiment, une solution permet de
l‟intégrer dans leur conditionnement intellectuel et culturel ambiant : le passage du macro
économique (la planète) au micro-économique (l‟entreprise) en développant des outils de
mesure compréhensibles par tous : par exemple, les indicateurs financiers de développement
durable ou plutôt de management durable.

Le management durable peut se définir de façon simple et pragmatique : « résoudre et


financer les problèmes du passé de telle sorte que les solutions du présent ne deviennent pas
les problèmes du futur » [De BACKER, 2006]37.
Le développement durable, considéré comme un ensemble de management économique,
social et environnemental peut, en dernière analyse, avoir un socle unique d‟indicateurs, celui
des indicateurs financiers.

La transition du concept de développement durable vers le management durable aide à


clarifier les idées des « opérationnels de la gestion », par l‟utilisation d‟indicateurs simples
mais qui couvrent à la fois le domaine social, environnemental, économique de l‟entreprise ou
de l‟organisation.
Ce passage peut se faire en adoptant les outils de management courants, que sont les
outils de mesure financière et en adoptant une comptabilité environnementale qui a du mal à
voir le jour car ce qui vient de la nature a du mal a être comptabilisé3.

Pour autant, comme l‟habitat, les matières premières, la nourriture, l‟énergie, l‟eau,
l‟air, les déchets ont depuis toujours fait l‟objet de troc, donc de comptabilité; le même
constat s‟impose aussi aux services sociaux.
Chaque décision opérée dans l‟entreprise peut ainsi être rationnalisée selon un concept
simplificateur mais concret « coûts / bénéfices », y compris pour des retombées potentielles
en termes d‟impacts environnementaux et sociaux : l‟évaluation permanente du passif
environnemental, social et économique mais aussi des progrès réalisés, peut faire l‟objet de ce
bilan coûts / bénéfices.

En exemple, la remise en état d‟une ancienne friche industrielle dédiée à la


construction d‟habitat et de bâtiments « publics » :

- le terrain : anciennement occupé par un concessionnaire automobile : garage de


1200 m², atelier d‟emballage avec dalle béton de 3000 m² et buanderie
industrielle de 3200 m²

1
Au-delà du « plus explicite », il manque dans la définition du concept de développement durable proposée par
le rapport Brundtland, 4 chaînons essentiels : la dimension temps, financière, technologique et idéologique. Un
exemple, le chaînon technologique : le principe de précaution condamne toute recherche technologique qui ne
puisse garantir de son caractère « inoffensif », d‟où l‟obligation pour le chercheur de démontrer l‟innocuité des
finalités de sa recherche avant de la commencer. La première application connue dans l‟histoire de l‟énergie
solaire est celle qu‟Archimède captait dans des miroirs concaves en vue d‟incendier les vaisseaux romains qui
assiégeaient la Sicile. Le même principe de miroirs concaves en Sicile est à la base de la première centrale
solaire à l‟échelle industrielle inventée en 1984 produisant 20 MW soit l‟équivalent de 12500 Tep….
2
Les acteurs du secteur du bâtiment sont regroupés en 5 familles : les utilisateurs finaux (en général étrangers au
processus de construction sauf exception), la société civile (collectivité), le monde productif toutes corporations
confondues (des études de faisabilité jusqu‟à la démolition), la main d‟œuvre (entreprises de construction), et les
industriels qui assurent l‟approvisionnement en matériaux et composants.
3
Pourquoi une OPEP de l‟eau serait-elle plus absurde qu‟une OPEP du pétrole ? Les pays producteurs de pétrole
ne produisent, en fait, rien, se contentant de faire pomper par des multinationales étrangères les réserves dont ils
ont la chance de disposer « naturellement » ; que se passerait-il si demain la Suisse se contentait de facturer le m3
d‟eau qui coule de « ses » Alpes dans le Rhône ?

37
- valorisation du terrain en l‟état : 1000 € du m²x7500 m² soit 7 500 000 €
- projet développé par la municipalité : inclusion du terrain dans le PLU 2005-
2030, prévoyant : une zone mixte d‟habitat, d‟espaces verts, d‟équipements
sensibles…

Le raisonnement « rationalisation financière » à suivre pourrait être le suivant :


- 1. identifier des pollutions du passé,
- 2. identifier des utilisations, notamment « sensibles » prévues du terrain,
- 3. réaliser d‟une étude détaillée des risques (EDR) pour identifier les mesures
de remédiation à adopter,
- 4. définir les méthodes de dépollution,
- 5. estimer le coût de la dépollution,
- 6. estimer les terrains après dépollution,
- 7. réaliser un tableau de bord, un planning prévisionnel, l‟immobilisation des
terrains pendant les opérations de dépollution / remédiation.

Valeur des
Valeur d’origine Remédiation Valeur finale
immobilisations
Valeur 7 500 000 € 1 875 000 € 2 250 000 € 3 375 000 €
Remédiation en vue Immobilisation des Evacuation des
Vente des terrains
Actions décidées du PLU « terrains terrains pendant 5 terres polluées en
dépollués
sensibles » ans décharge classe I
Coûts / bénéfices 7 500 000 € 5 625 000 € 3 375 000 € 3 375 000 €
Bilan 7 500 000 € 3 375 000 €

Tableau 4 : Raisonnement coûts / bénéfices de la réhabilitation d‟une friche industrielle.

Autre exemple d‟application dans le secteur du bâtiment : le désamiantage de


Bâtiments d‟universités ; l‟indicateur financier concerne :
- l‟évaluation du coût de restauration
- l‟amortissement du coût de restauration à long terme (20 ans)
- l‟évaluation des coûts d‟entretien, de maintenance et de fonctionnement
- l‟évaluation des ressources d‟exploitation
- l‟évaluation des impacts économiques induits (tourisme, commerce, formation,
éducation)
- le calcul des risques environnementaux (détérioration du milieu culturel et
naturel, pollution…) et l‟évaluation du coût de remédiation
- le calcul des risques sociaux induits et l‟évaluation du coût des mesures
correctives et préventives
- le tableau de bord prévisionnel à long terme

Le passage d‟indicateurs macro-économiques à des indicateurs micro-économiques est


très souvent possible pour le gestionnaire d‟entreprise, de l‟organisation ou d‟une collectivité.
L‟entité de mesure sur laquelle sont fondés ces indicateurs devient alors l‟unité monétaire (1
euro ou 1 dollar).

Le risque d‟une comptabilisation de la réalité sociale, économique et


environnementale est que celle-ci ne concerne que l‟organisation elle-même, dans le
confinement de son périmètre économique.

Réduire le fonctionnement d‟une entreprise à ses performances financières à l‟intérieur


de son périmètre économique est un raisonnement opposé à l‟esprit et à la pratique du
management durable.
38
Mais à défaut d‟exprimer les réalités techniques, sociales et environnementales en
termes financiers, il est possible de tomber dans le piège d‟une comptabilisation simpliste de
sa propre « responsabilité », sans vision calculée des retombées d‟impacts, par exemple
sociaux et environnementaux.
En reprenant la maxime du développement durable « think global, act local »
[BROWER, 1969]38 (pensez au niveau global, agissez au niveau local), il est possible de
présenter celle du management durable « think local, count global » (pensez localement,
comptez globalement).

1.3 Le concept d’éco-matériaux : définitions et collèges de pensée


Le concept d'éco-matériaux / éco-produits utilisés dans le secteur de la programmation
et de la construction de bâtiments dits à « qualité environnementale », fait l'objet d'approches,
d'interprétations et donc de définitions différentes.

Au delà de la définition d'un éco-matériau comme étant un produit conçu à partir de


ressources naturelles et renouvelables (tous les produits et matériaux de construction
manufacturés sont issus de ressources « naturelles »), il est possible de présenter plusieurs
définitions des éco-matériaux / éco-produits assez inhabituelles ou en tout cas peu connues.

Des recherches représentatives des différentes tendances au niveau international


permettent de proposer cinq approches différentes, parfois complémentaires, du concept
d'éco-matériau / éco-produit :

1- une approche très technique de type « ingéniérale » ou industrielle basée sur les
principes de l'éco-conception de produits et services,
2- une approche « négativiste » de non reconnaissance de la thématique, en tout cas
dans le secteur de la construction,
3- une approche solidaire de type « économique » issue du mouvement des
technologies alternatives et de la « green economy »,
4- une approche purement environnementaliste de type « écologiste »,
5- Et enfin, une approche de type « pragmatique », synthèse des approches 1-3-4,
basée sur l'accessibilité d'une information pertinente mais vulgarisée pour la cible « client »

1.3.1 L’Approche ingéniérale d’éco-conception

L‟approche de l‟éco-conception, déjà présentée précédemment (paragraphe 1.2.1)


permet d‟introduire les éco-produits ou éco-services comme la résultante de démarches
scientifiques de caractérisation d'impacts (analyses en cycle de vie) et/ou de conception / re-
conception de produits qui intégrent l'environnement le plus en amont possible (éco-design).

L'introduction de la terminologie « eco-materials », comme matériaux « designed by


environmental life cycle engineering and superior to conventional materials in term of LCA
(Life Cycle Assessment) » a été proposée pour la première fois au Japon au début des années
1990 [HALADA-YAMAMOTO, 2001]39.

Cette définition emprunte largement aux termes anglo-saxons « environmentally


friendly materials » et « environmentaly preferable materials » des principes du cycle de vie
des années 1970 et de l'écologie industrielle du début des années 1980.

39
Figure 6 : « The sustainable development and eco-design : related methodologies and
concepts proposed » HALADA-YAMAMOTO, 2001 .

La figure 6 montre que les problématiques d‟analyse en cycle de vie et d'éco-bilan


sont originaires du « life cycle thinking » émergent dans les années 1970 dans les pays
d'Amérique du Nord ; dans le même temps, le principe de précaution fait son apparition en
Europe, permettant de passer d'une philosophie curative de remédiation des problèmes
constatés à une logique préventive d'anticipation des problèmes avant qu'ils ne se produisent.

Pendant que la transposition du « life cycle thinking » nord américain s‟effectuait en


Europe (1980), l'ère de l'écologie industrielle prenait son ampleur outre-atlantique, avec la
caractérisation des émissions toxiques par inventaire pour les gros industriels (1986),
obligation réglementaire.

La responsabilité des producteurs de problèmes environnementaux et sanitaires est


ensuite définie et mise en pratique en Europe avec les éco-taxes (1989) et le fameux principe
« pollueur- payeur » (1984).

Au niveau international, le concept de développement soutenable, traduit en France


par « développement durable » fait son apparition (1987).

Les « éco-matériaux » apparaissent pour la première fois au Japon au tout début des
années 1990 (1991) avant même les contraintes normatives, (British standards, EMAS, ISO)
et des thèses d'éco-efficacité mêlant développement technique, économique, social et
environnemental ; également avant les théories de décroissance (dématérialisation (1992) et
facteur 4 (1993)).

La définition « industrielle » des éco-matériaux trouve ainsi ses fondements dans les
théories d'éco-bilans / analyses en cycle de vie en Amérique du Nord mais aussi dans celles de
responsabilité du type « pollueur payeur » en Europe, des années 1970-1980.

40
A partir de cette approche « industrielle », le concept d'éco-matériaux a été représenté
en trois dimensions, comme le meilleur « compromis » entre des propriétés fonctionnelles,
des avantages écologiques et des aspects socio-économiques.

Figure 7 : « Les trois dimensions du concept d'éco-matériaux »


HALADA-YAMAMOTO, 2001 .

Cette représentation tri-dimentionnelle présente des propriétés fonctionnelles, socio-


économiques et écologiques ; l'idée développée est qu'un développement technologique
majeur qui ne tient aucunement compte des aspects socio-économiques et écologiques ne
permet pas de caractériser à lui seul un matériau en tant qu'éco-matériau (advanced materials /
non eco-matérials), la résultante « éco » est bien le meilleur compromis entre les trois
dimensions.

Les données qualitatives sont facilement descriptibles et caractérisables tandis que les
données quantitatives sont plus difficiles et relèvent d'une méthode en cycle de vie – LCA.
(voir logiciels d‟analyse qualitative et quantitative, paragraphe 1.2.2.4)

Un autre modèle sur les éco-matériaux, relativement proche de cette représentation tri-
dimentionnelle, a été présenté au Japon.

41
Figure 8 : Model conceptuel de présentation des éco-matériaux,
Japan Eco-Materials Forum, 2004 .

Ce modèle conceptuel présente :

des pré-requis incontournables (I) qui incluent l'optimisation des propriétés


physiques et chimiques, « intrinsèques ».
des conditions nécessaires (II) telles que l'amélioration significative des impacts
environnementaux, sans impacts négatifs induits sur le cycle de vie global.
une disponibilité et un accès complet aux données environnementales (III) sur le
cycle de vie global.

Ces deux représentations conceptuelles de l'approche de la définition « ingéniérale et


industrielle » des éco-matériaux permettent de poser les bases de l'évaluation qualitative et
quantitative en cycle de vie.
Parallèlement, les précurseurs japonais se sont intéressés à une méthodologie d'évaluation des
impacts environnementaux et sanitaires par comptabilité environnementale, avec attribution
d'éco-points.

Cette approche est particulièrement novatrice car elle permet, au moyen de 12


indicateurs triés, de jauger et d'évaluer les matériaux et composants, en vue d'une utilisation
« éco » directement par les consommateurs finaux : architectes, « designers », prescripteurs,
concepteurs de produits...pas forcément spécialistes des analyses en cycle de vie.
Un logiciel d'évaluation « SAM » et ses indicateurs permettent d'effectuer cette
comptabilité en s'appuyant sur un coefficient de calcul « α »1, pouvant être représenté comme
suit :

« α » = ∑(Eco-efficacité)x(Masse des prélèvements de ressources)/ Durée de Vie

1 α = (consommation / utilisation / réparation) x (ressources exhaustives + ressources recyclables + ressources


énergétiques + Pollutions (air – eau – sol) + traitement des déchets) / durée de vie

42
On aboutit ainsi à une classification des éco-matériaux selon 4 classes, représentant chacune
des valeurs limites maxi-mini d'éco-points :

Classe MIII-points Description


Ce matériau peut être utilisé sur le
A 600-1000 long terme pour atteindre les objectifs
de développement soutenable
Ce matériau peut être utilisé mais en
portant une attention particulière à
certains de ses impacts. Il devrait être
B 400-599
remplacé par un matériau de classe A
ou « dématérialisé » au plus vite, dans
la mesure du possible
Ce matériau devrait être remplacé par
C 200-399
un autre de classe B ou A
Ce matériau ne devrait pas être utilisé
D 0-199
du tout

Tableau 5 : Grille de quotation du modèle Japonais « SAM », traduit du modèle japonais,


Japan Eco-Materials Forum, 2004 .

La particularité du modèle japonais, par rapport aux autres logiciels disponibles (voir
paragraphe1.2.2.4), est d'avoir introduit historiquement le concept même des éco-matériaux
tout en proposant un modèle d'analyse en cycle de vie qualitatif et quantitatif permettant de
comptabiliser en « éco-points » les impacts des critères analysés.

L'approche légitime d'emblée la terminologie « éco-matériaux » qui n'est donc pas


sous jacente mais bien considérée comme un élément incontournable.

Un seul autre modèle présente d'emblée la terminologie « éco-matériaux », le Twin-


model / Green Calc Néerlandais du NIBE1, en poussant même jusqu'à une approche
« monétaire » des impacts environnementaux, la méthode des « Hidden environmental
costs 2», ou méthode comparative des coûts cachés.

1.3.2 La non reconnaissance des éco-matériaux

En France, les éco-matériaux dans le secteur de la construction se caractérisent par une


situation particulièrement ambiguë, conflictuelle et polémique.

Alors qu'au niveau européen et international, l'existence même d'éco-matériaux, tous


secteurs confondus, présentant des caractéristiques environnementales3 et sanitaires4
supérieures à des matériaux dits « classiques » ou « conventionnels », est connue et reconnue
par les acteurs du bâtiment (manufacturiers, bureaux d'études techniques, laboratoires de
recherche et développement et utilisateurs finaux), sur le territoire hexagonal, le terme
semble banni.

Les démarches, méthodologies et outils de l'éco-conception / eco-design existent


pourtant (voir approche ingéniérale paragraphe1.3.1), notamment dans le secteur de la

1 NIBE, disponible sur http://www.nibe.org/html-uk/audits.htm


2 Méthode des coût cachés environnementaux, « Hidden Environmental Costs », disponible sur
http://www.greencalc.com/en-milieukosten.html
3
Moindre prélèvement de ressources, faible contenu énergétique, matières premières renouvelables, recyclabilité
en fin de vie...)
4
Santé des prescripteurs, metteurs en oeuvre, utilisateurs

43
construction avec l'implication de grands groupes industriels dans les démarches de
communication environnementale type Fiches de Déclarations Environnementales et
Sanitaires (FDES), créées et validées scientifiquement par l'Association Française de
Normalisation (AFNOR) et le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB).

Les acteurs principaux du secteur des matériaux de la construction, l'Association des


Industries des Produits de Construction (AIMCC)1, le CSTB, l'AFNOR et l‟Association pour
la promotion de la Haute Qualité Environnementale (HQE®2) dans la construction sont
regroupés au sein d'un collège de pensée majoritaire qui ne reconnaît pas l‟existence d'éco-
préférences dans le secteur des matériaux et produits de construction [CONSIGNY, 2002]40 ;
le référentiel national de qualité environnemental dans la construction présente pourtant une
cible dédiée au choix des matériaux de construction contribuant à un moindre impact
environnemental et sanitaire global du bâtiment « cible n° 2 choix intégré des produits et
procédés de construction 3».

Le référentiel HQE® présente pour chaque cible des niveaux d'exigence, indicateurs
opérationnels et unités inspirés en grande partie des indicateurs utilisés dans les démarches
d‟analyses en cycle de vie ou d'éco-conception de produits: par exemple, la quantité de
ressources naturelles non énergétiques consommées sur l'ensemble du cycle de vie des
matériaux ou encore la part de matériaux vierges renouvelables.

La non reconnaissance de la terminologie « éco-matériaux » ne tient pas dans les


méthodes, outils et critères disponibles pour analyser les matériaux et produits en cycle de vie
mais dans l'approche d'évaluation des performances soutenue par le fondateur de la démarche
HQE®, l‟association des industriels manufacturiers de matériaux de construction (AIMCC).

Dans une position ancienne réactualisée en avril 20064, l'AIMCC et l'association


HQE® présentent les caractéristiques environnementales et sanitaires des produits comme des
paramètres différents d'un produit à un autre, au même titre que les critères techniques,
financiers ou économiques traditionnels.

Le choix des produits et matériaux de construction est ainsi essentiellement basé sur
l'aptitude à l'usage, c'est à dire la capacité à remplir une fonction dans des conditions fixées
préalablement, libre choix étant laissé au consommateur final de sélectionner lui-même des
produits plus ou moins impactants.

Il appartient ainsi « aux gens de l'art » (les concepteurs, prescripteurs, utilisateurs...) de


« choisir les produits de construction dont les caractéristiques techniques, économiques,
environnementales et sanitaires permettent, moyennant une mise en œuvre conforme aux
règles de l’art ou aux prescriptions du fabricant, d’obtenir la qualité visée de l’ouvrage sur
les plans technique, environnemental et sanitaire, dans le cadre d’un budget imparti. »
Association HQE, 2007 5.

L'association prend également position contre la création de bases de données ou


« listes noires » de bons ou mauvais produits, évalués scientifiquement en cycle de vie, selon
un référentiel normatif reconnu ou non et/ou dont les impacts pourraient être comptabilisés
monétairement : « Il n’existe pas de liste de produits de construction « HQE® » et il serait

1 AIMCC, disponible sur http://www.aimcc.org/


2 Association HQE, disponible sur http://www.assohqe.org/
3 Référentiel HQE disponible sur http://www.assohqe.org/documents_referentiels.php
4 Position AIMCC n°1-06, disponible sur http://www.aimcc.org
5 Le choix des produits de construction dans la démarche HQE, position du 06.11.07, disponible sur
www.assohqe.org/documents_choix_des_produits.php

44
logique qu’il n’en existe jamais », rappelant qu'elle regroupe plus de 80 organisations
professionnelles de fabricants de produits et d'équipements pour la construction qui
représentent un chiffre d'affaires annuel de plus de 30 milliards € réalisé par près de 7000
entreprises et environ 210 000 personnes.

L'AFNOR et le CSTB ont travaillé quant à eux sur le référentiel normatif NF P 01-
010 permettant aux fabricants fournisseurs de déclarer les impacts environnementaux et
sanitaires de leurs produits et matériaux de construction sous un cadre et une méthodologie
communs.
La commission de normalisation AFNOR P01E1 et ses experts suivent la position AIMCC-
Association HQE® : « Le choix des produits de construction est un point fort de la démarche
HQE®, la qualité environnementale d’un produit ne pouvant s’apprécier réellement que par
rapport à un projet et à sa place dans le projet ».

Il s'agit ici de l'un des éléments clé de distinction entre les approches anglo-saxonnes
de qualité environnementale dans la construction dites mixtes (produits et systèmes), et
l'approche française dite « système ». Leurs caractéristiques seront présentées ultérieurement,
notamment la place et le type de l'évaluation des produits et matériaux de construction dans
les référentiels internationaux de type SMQE.

C'est ce qu‟on considère en quelque sorte comme le « paradoxe français » : un système


de déclaration des données environnementales et sanitaires des produits et matériaux de
construction est mis en place et normalisé , sur base d'ACV, en admettant qu'il puisse exister
des impacts différents d'un matériau ou d‟un produit à l'autre qui méritent d'être évalués, mais
on estime au final que seule la mise en oeuvre au sein d‟un système constructif permet
d'appréhender et de juger de la performance globale du matériau, en évitant toute comparaison
de performances (listes noires) et en laissant libre choix aux consommateurs finaux de se fixer
eux-mêmes les niveaux et donc d'effectuer des choix.

A l'occasion de l‟une des dernières assises de la HQE®, en 2006, un responsable de la


division « développement durable » du CSTB déclarait que les FDES remplies par les
industriels étaient « perçues comme trop complexes pour permettre des comparaisons et
proposer des variantes »2.

La simplification était ainsi à l'ordre du jour des programmes de travail sur 2007-2008
et passait par la mise au point de logiciels d'appréciation de l'impact majeur du matériau ou
composant dans l'ouvrage : les caractéristiques environnementales et sanitaires seraient ainsi
limitées à 4 ou 5 considérées comme « majeures » pour faciliter leur appropriation par les
utilisateurs finaux.
Certains industriels ont travaillé d‟ailleurs à la mise au point de « fiches système »
concernant des parties d'ouvrage, permettant de valoriser l‟apport individuel de chaque
matériau ou composant, mais au sein d‟un système constructif. Un logiciel « ELODIE »
devant faciliter l‟exploitation des FDES est prévu et devrait être disponible gratuitement en
ligne sur internet3.

Des définitions des éco-matériaux pour le secteur de la construction sont tout de même
diffusées au niveau national et portées par des organismes « influents » ou impliqués dans la
construction durable :

1 Commission de normalisation PO1E, disponible sur http://www.afnor.fr/construction.asp


2 Communiqué de presse de l'association HQE, disponible sur http://www.actu-
environnement.com/ae/news/1615.php4
3
Logiciel Elodie, disponible sur www.cstb.fr/actualites/webzine/editions/mai-2007/elodie-pour-mesurer-l-
impact-environnemental-des-batiments.html

45
celle de l'ADEME (Agence pour la Maîtrise de l'Environnement et l'Energie)
disponible sur l'innovathèque du CTBA1 (Centre Technique du Bois et de
l'Ameublement), qui évoque clairement les éco-matériaux :« Tout matériau qui
entraîne moins d'impacts sur l'environnement, tout au long de son cycle de vie et
conserve ses performances lors de son utilisation. On comprend par impact toute
dégradation de notre environnement, liée soit à l'utilisation de ressources ou de
matières non renouvelables (pétrole, charbon, plastiques) soit en entraînant des rejets
néfastes (déchets, pollution de l'air, de l'eau et des sols) ».

celle du programme de recherche « Agrice2 » (Agriculture pour la Chimie et l'Energie)


qui parle de « biomatériaux » : « Les biomatériaux sont des matériaux composés à
majorité de matières premières d’origine agricole dont les produits générés au cours
de la dégradation, de la combustion ou du recyclage ne provoquent pas de dommages
à l’environnement. Dans le débat actuel sur le développement durable, les
biomatériaux peuvent jouer un rôle non négligeable, en termes de protection des
ressources, d’optimisation du système de gestion des déchets et de création d’emplois
notamment en milieu rural ».

celle de l'action collective « Entreprises et construction durable3 » pilotée par le


cabinet en stratégies de développement durable « Utopies4 », qui regroupe 18 grandes
entreprises françaises, dont le groupe Accord, Bouygues, Lafarge, Gaz de France et la
SNCF. Les éco-matériaux sont présentés comme : « Tout produit qui génère moins
d’impacts sur l’environnement tout au long de son cycle de vie et qui conserve ses
performances lors de son utilisation ».

au niveau européen, une plate forme technologique5 préconise le recours aux solutions
alternatives aux matériaux conventionnels pour inscrire l‟industrie du BTP dans la
perspective du développement durable, ces matériaux « alternatifs » étant à chercher
dans de nouvelles approches d‟éco-conception [ESCADEILLAS, 2006]41.

suite au Grenelle de l‟environnement6, les conclusions du groupe de travail numéro 1


« lutter contre les changements climatiques et maîtriser l‟énergie » proposent, outre
d‟engager un ambitieux programme de réhabilitation énergétique des logements
existants pour réduire de 20 % leur consommation à 5 ans, de concevoir des modes de
production innovants et efficaces en énergie dans l‟industrie. Il est notamment
préconisé d‟incorporer des bio-produits basés sur la chimie du végétal. Le lien avec
des matériaux « éco » se fait ici sur la matière première primaire ou secondaire.

Enfin, un organe de développement de la Chambre de Commerce et d‟Industrie de la


Drôme – Néopolis- propose la première formation de technico-commercial « vendeur
conseiller en éco-matériaux », pour former à la vente des conseillers spécialisés en
matériaux écologiques (connaissance des produits, applications et mise en œuvre,
conception d‟argumentaires de vente dédiés) et répondre ainsi à la demande croissante
en personnel qualifié émanant des nouveaux négoces spécialisés (il s‟en crée en
moyenne nationale 1 tous les 4 mois en France en 2007-2008. [CD2E, 2007]42

1 Innovathèque, disponible sur http://www.innovatheque.fr


2 Agrice, disponible sur http://www.ademe.fr/partenaires/agrice/htdocs/action_biomat.htm
3 Entreprises et construction durable, disponible sur http://www.constructiondurable.com
4 Utopies, disponible sur http://www.utopies.com/indexhtml.htm
5
Plate forme technologique européenne de la construction www.ectp.org
6
Grenelle de l‟environnement, synthèse des propositions du groupe de travail n°1 voir www.legrenelle-
environnement.fr/grenelle-environnement/spip.php?article172

46
Les manufacturiers de produits et matériaux de construction, regroupés au sein de
l'AIMCC, ne reconnaissent ainsi pas ou peu l'existence d'éco-préférences tandis que leurs
partenaires de recherche et de développement historiques affichent la terminologie. Une
marge de progrès existe donc.
Un autre collège de pensée, minoritaire celui-ci, regroupant notamment des architectes
« libres penseurs » issus des courants de la « baubiologie » (bio-construction) des années
1970, reconnaît et défend quant à lui l'existence de matériaux et produits meilleurs que
d'autres d'un point de vue environnemental et sanitaires, en les qualifiant de « bio-produits »
ou « produits sains », « écologiques » ou encore « éco-biologiques »

Il s'agit ici de la troisième catégorie de définition, la définition « écologique »

1.3.3 L’approche écologiste

A l'approche ingéniérale de type Analyse en Cycle de Vie - LCA (Life Cycle


Analysis) et aux définitions scientifiques et industrielles des éco-matériaux succède
l'approche purement environnementaliste dite « écologique » des produits et matériaux de
construction.
Quel qu‟il soit, un matériau ou composant de construction est toujours constitué de
matière première, primaire (première extraction, première utilisation) ou secondaire
(recyclage, ré-utilisation).
Historiquement, les typologies de constructions ont toujours reflété le type et les
spécificités des matières disponibles localement, offertes par le milieu naturel. C‟est d‟ailleurs
ce qui a fait jusqu‟au milieu du siècle dernier, l‟originalité architecturale du patrimoine bâti de
chaque région Française.
Le Plan Marshall des années 1950, contribua ensuite à l‟uniformité et la
standardisation reproductible, à bas coûts : unités de production de blocs béton à base
granulaire, concentration mal pensée de l‟habitat…
D‟un point de vue « process », le meilleur des éco-matériaux serait celui valorisant
une matière primaire locale non transformée (ou la moins possible) n‟ayant subi
presqu‟aucune transformation par l‟homme.

Un historique [ZIJLSTRA, 2005]43 de l‟usage de matériaux et composants très


anciens, considérés comme « biologiques » ou « écologiques » permet de voyager de la
préhistoire jusqu‟à nos jours, en s‟appuyant sur deux exemples comparés en parallèle, le bois
et la pierre.

0 av JC 1800 2000 et +

Figure 9 : Evolution de l‟usage des matériaux bois / pierre dans le temps,

47
ZIJLSTRA, 2005 .
Le bois, éco-matériau par excellence, puisqu'il a la particularité de se renouveler en
permanence, de manière théoriquement inépuisable, est un des matériaux de construction
parmi les plus anciens et néanmoins toujours d'actualité. Bénéficiant d'un excellent rapport
poids/résistance, son élasticité et sa stabilité dimensionnelle sont constantes, qualités valables
pour presque toutes les sortes de bois.
Les roches naturelles sont, quant à elles, en général issues de mélanges de différents
matériaux agglomérés plus ou moins fortement dans la masse pierreuse. Une grande partie de
ces minéraux contient de la silice ; les roches ont toutes une histoire particulière qui détermine
leurs qualités actuelles.

Nous donnons ci après les valeurs d‟indicateurs [KBOB-Ecobau, 2007]44


représentatifs des tendances environnementales actuelles : le bilan carbone agrégé (en
kilogramme de C02 eq par kilogramme de matériau) et la dépense énergétique (énergie grise
en Kwh/kg de matériau) pour fabriquer le matériau.

Dépense Emissions
énergétique carbone
Matériau Bilan global Type de ressource
(énergie grise) de équivalent
production (fabrication)
Bois massif
Si replanté,
(épicéa, sapin, Renouvelable (si
0,109 kg C02 eq/kg -0,5 kg C02
mélèze, séché à 2,21 MJ / kg replanté)
eq /kg
l’air)
0,13 kg C02 Non renouvelable
Roche (grès) 1,34 MJ / kg 0,13 kg C02 eq/kg
eq/kg (roche primaire)
Non renouvelable
0,236 kg C02 0,236 kg C02
Bloc terre cuite 2,62 MJ / kg (dépôts
eq/kg eq/kg
sédimentaires)
Bloc Béton (base 0,12 kg C02
0,798 MJ / kg 0,12 kg C02 eq/kg Non renouvelable
de comparaison) eq/kg

Tableau 6 : Dépense énergétique et bilan carbone simplifié en phase « process », pour 4 types
de matériaux de construction, KBOB, 2007 .

Le bois massif séché à l‟air (sans dépense énergétique d‟origine anthropique)


consomme d‟avantage en production qu‟un bloc béton (granulats et ciment comprimés à
l‟électricité), ou qu‟une roche naturelle (type grès) ; par contre, si le bois est replanté, il stocke
de nouveau du dioxyde de carbone ce qui rend au final son bilan carbone global négatif, c'est-
à-dire que le bois stocke d‟avantage de Co2 qu‟il n‟en émet pour être transformé en matériau
de construction « brut ».

Ce raisonnement simplifié montre qu‟il faut comparer ce qui est comparable et surtout
baser son raisonnement sur des données fiables issues de moyennes par familles de produits.

48
Périodes Bois Pierre
Les matériaux « naturels » ont été les premiers à être utilisés par les peuplades primitives – chasseurs – La pierre est le matériau de construction le plus durable. Tous les monuments
120 000 y bc cueilleurs, chaque culture concevant, en fonction de sa localisation géographique, sa propre logique historiques comportent une partie importante de pierre et résiste parfaitement aux
architecturale à partir des ressources « locales », bois, peaux, ou encore glace. outrages du temps.
La pierre a fasciné l'homme depuis l'antiquité. L'ambition et le pouvoir des bâtisseurs
égyptiens conduisent à l'utilisation du granit dans les premières pyramides, en dépit des
Les romains souhaitaient introduire massivement la construction en pierres dans les pays nordiques mais
difficultés rencontrées à l'utilisation.
5 000 y bc la construction en bois était la plus utilisée pour des raisons techniques pratiques et de disponibilité
La pierre a toujours été présente dans les constructions des grandes puissances : les
immédiate.
palais égyptiens ou perses, les constructions romaines, les églises gothiques ou les
châteaux médiévaux n'auraient pas pu être édifiés avec un autre matériau.
L'accroissement de la densité urbaine dans certaines grandes villes favorisa encore l'augmentation de
l'utilisation du bois : les bâtiments étaient construits plus près les uns des autres par soucis d'économie de
0 ad surfaces, avec une seule façade, étroites mais hautes.
Sans surprises, cela conduisit de nombreux centres villes à haute densité, construits avec des matériaux
inflammables, à l'incendie.
Au fur et à mesure que les règlementations de la construction devenaient de plus en plus strictes, le bois
est remplacé par la pierre.
Le bois restant utilisé pour la construction de bâtiments et de navires dépendait bien sûr des ressources et
1 300 ad l'utilisation intensive de certaines variétés de bois « dures » et résistantes commencent à se raréfier.
Le bois continue à être utilisé pour certains types de construction car irremplaçable. Il est également un
signe extérieur de richesse, donnant de la valeur aux façades des constructions (Allemagne, Angleterre,
Belgique).
Les progrès considérables accomplis dans les machines d'extraction et l'introduction de
nouveaux matériaux de construction, résistants et contrôlables, ont quelque peu modifié
le statut de la pierre. Les larges et lourds blocks confiant auparavant un aspect de
rigidité au bâtiment sont remplacés par des coupes fines de parement. Cette séparation
L'ère industrielle induit l'utilisation du bois à une toute autre échelle.
de fonctions a rendu l'utilisation de pierre plus critique.
1800 Les trois points critiques de la pierre (peu résistante aux chocs intempestifs, sensible
Les structures en bois multi-composantes commencent à être utilisées, entraînant un meilleur usage
aux tensions et comme tout produit naturel potentiellement imparfait) induisent certains
économique.
risques qui peuvent être évités avec l'utilisation de béton renforcé ou de l'acier, d'ailleurs
moins chers que la pierre.
1 500 types différents de pierre sont disponibles, le type de roche d'extraction (roches
magmatiques, sédimentaires ou métamorphiques) fait toute la différence.
Quel est le futur du bois dans la construction ? Le changement de fonction, d'une roche solide, massive, lourde, structurelle à une roche
Le bois est durable (au sens « sustainable development ») et renouvelable. Il est cultivé dans une logique fine de parement pouvant être élevée comme du papier peint a provoqué une crise
de moindre prélèvement des ressources dans les forêts primaires ou sensibles et le bois continuera à jouer identitaire de la roche qui est désormais assimilée à une tranche pouvant être coupée,
une place importante en tant que matériau de construction, en gros oeuvre ou second oeuvre. translucide ou décorative.
Les inconvénients du bois peuvent désormais, grâces aux progrès technologiques, être surmontés : on La pierre demeure certes intacte en tant que matériau, un matériau naturel avec sa
2000 et + peut le modifier structurellement par changement de pression, l'utiliser en tant que matériau composite et propre personnalité, ses propres caractéristiques et comportements. Il ne fait aucun
combiné avec du plastique recyclé (OSB). doute que la pierre continuera d'être utilisée dans le futur, ne serait-ce que pour des
Le futur de ce « vieux » matériau de construction est désormais tout tracé et on lui donne une nouvelle raisons esthétiques.
dimension : l'extrusion pour les profilés, la pression tri-dimentionnelle, l'incorporation dans les lamellés,
le séchage complet (rétification) pour améliorer sa résistance etc...

Tableau 7 : Synthèse de l‟historique comparatif de l‟usage des matériaux bois et pierre. ZIJLSTRA, 2005 .

49
Bois et pierre, deux matériaux considérés comme très écologiques de part leurs faibles
impacts sur l‟environnement et la santé, matériaux d'hier, d'aujourd'hui et de demain comme
présenté précédemment.

Mais les « Eco-matériaux » sont-ils des matériaux écologiques ?

L'étymologie du mot « écologie », formé de deux racines grecques, rappelle que « éco
» correspond au mot « oikos » qui signifie « maison » et « logie » correspond au mot « logos
» qui signifie le discours, la parole, la science. « Ecologie » signifie donc le discours, la
science de la maison.

Deux approches de la construction « écologique » existent [KUR, 1999]45 : une


approche libre, artisanale et une approche plus contraignante (en tout cas définie comme telle)
dite industrielle.
La première est plutôt orientée vers l'auto-construction, libre de contraintes
réglementaires, normatives ou d'assurances.
Elle prône l'utilisation de matériaux artisanaux les moins industrialisés possibles,
disponibles localement et transformés au moment de la mise en oeuvre : terre crue, paille,
résidus de récoltes, bois, pierre.
La seconde cherche à s'insérer dans le tissu économique du bâtiment existant en
proposant des matériaux comparables en qualité et en mise en oeuvre à ceux qui sont
proposés sur le marché en vue de rendre la construction « écologique » accessible au plus
grand nombre. On parle de matériaux « écologiques » ayant subi une semi-transformation ou
transformation, donc manufacturés ou industriels.

La première catégorie est liée à la tradition : les matériaux sont par nature dédiés à un
habitat considéré comme plus sain et « écologique ». Mais leur mise en oeuvre demande une
connaissance technique qui n'est plus ou peu pratiquée couramment, en comparaison au
marché global de la construction (la plus grande partie du secteur du bâtiment travaille
actuellement avec des matériaux dits industriels).

Matériaux écologiques, naturels, sains, artisanaux ou industriels...une typologie peut être


proposée en croisant les différentes clés d'entrée :

Matériaux naturels Matériaux écologiques Matériaux sains


green materials eco-friendly materials healthy materials
Ceux qui ne nuisent
Matériaux dont l'impact sur pas à la santé de
Issus de composants trouvés l'environnement à la production, à l'individu, naturels,
dans la nature comme les l'utilisation ou au recyclage est synthétiques,
Définitions proposées végétaux, la laine ou les faible. On y classe tous les écologiques ou non. Un
minéraux. Ils ne contiennent produits dont la production n'est matériau peut être sain
pas de produits de synthèse. pas coûteuse en énergie et qui jusqu'au jour ou on
sont biodégradables. découvre sa toxicité (cf
amiante).
Matériaux artisanaux
hand-made materials X X X

Matériaux industriels
manufactured materials X X

Tableau 8 : Proposition de typologie croisée pour la définition de matériaux de construction


« écologiques ».

50
Parmi les nombreuses définitions disponibles pour caractériser les matériaux « écologiques »
plus respectueux de l'environnement et de la santé des utilisateurs, les plus connues sont les
suivantes :

- celle du réseau Terres vivantes1 : « la qualification de « matériaux écologiques » intègre


l’impact à la fois sur la santé et sur l’environnement. Elle est définie par les critères suivants
: matériaux issus de ressources renouvelables, peu énergivores, indemnes d’émanation
toxique, durables, recyclables et ne générant pas de déchets toxiques en fin de vie ».

- celle d'un architecte géobiologiste2 de l'association suisse d'éco-biologie : « les matériaux


éco-biologiques sont sains car ils ne portent pas atteinte à la santé et au bien-être, sont
écologiques car recylés et / ou recyclables, sont naturels car renouvelables et / ou
biodégradables, sont économiques car de production locale et produisant peu de déchets et
sont perméables à la vapeur d’eau et aux énergies naturelles ».

C'est finalement de la « Baubiologie » (de l'allemand « Bau » maison – habitat et du


grec « bios » vie – force de vie liée à la nature et « logos » énergie – matérialisation - santé)
que nous viennent les définitions les plus « écologiquemement complètes » des produits et
matériaux de construction.
La baubiologie désigne « l'enseignement global pour réaliser des bâtiments et des
aménagements écologiques et biologiques en mettant en oeuvre les connaissances et
techniques adéquates » [SCHNEIDER, 1969].

Parmi les 25 règles de bases pour construire un habitat sain selon la Baubiologie
(2005), 6 s'intéressent plus particulièrement aux matériaux et produits :

- des matériaux de construction naturels et purs,


- une régulation naturelle de l'humidité de l'air intérieur par l‟utilisation de matériaux
compensant l'humidité,
- l‟utilisation de matériaux de construction à faible radioactivité,
- l‟absence de conséquence négative sur l'environnement ,
- la minimalisation de la consommation d'énergie avec une large utilisation de sources
d'énergie renouvelable,
- des matériaux de construction de préférence issus de la région et évitant l'exploitation
inconsidérée de matières premières rares et dangereuses.

La Baubiologie3 et ses principes sont très présents au niveau l'international depuis les
années 1970, un institut français4 s‟est d'ailleurs créé à Strasbourg en 2006 en lien avec
l'institut allemand.

Ne retenir qu'une seule définition « écologique » des éco-préférences dans le secteur


des matériaux de construction semble difficile.

Les courant les plus « écologistes » et puristes tendent vers les matériaux naturels,
écologiques et sains dits artisanaux, tandis que les « bourgeois bohèmes » plus pragmatiques
privilégient les matériaux écologiques et sains dits industriels apportant des garanties
techniques vérifiées.

1
Terres vivantes, disponible sur http://terrevivante.org/pdf/FR%20materiaux%20ecologiques.pdf
2
Stéphane Cardineaux, Génie de lieu, disponible sur http://www.geniedulieu.ch/article.php3?id_article=37
3
IBN, en Allemagne disponible sur http://www.baubiologie.de
4
Institut Français de Baubiologie, disponible sur http://www.baubiologie.fr

51
1.3.4 Les apports solidaires de la « green economy »

En seulement un demi-siècle, nous sommes passés d'une économie « locale » des


matériaux de construction, basée sur l'extraction de ressources disponibles et transformées à
proximité des chantiers, à un système « global » consistant à importer, parfois sur des
distances très importantes bien supérieures aux zones de chalandise conventionnelles, des
matériaux et composants fabriqués ailleurs.

Il s'agit du même phénomène de « globalisation » de l'économie mondiale bien connu


dans d'autres secteurs de production, considéré par beaucoup comme inhibiteur de valeur
ajoutée locale.

En France, cette transformation des pratiques de sourcing en matériaux et produits de


construction s'est opérée à l'occasion du plan « Marshall » (plan d'aide américaine à la
reconstruction de l'Europe, annoncé à Harvard le 5 juin 1947) dont les fonds étaient répartis
par l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique), avec comme
philosophie le redressement du pays après l'occupation Allemande : pour le secteur agricole,
le défi était de rendre la France autosuffisante d'un point de vue alimentaire ; pour le secteur
du bâtiment, il fallait reconstruire et reloger dans l'urgence.

La France est le pays européen qui a reçu le plus d'aides directes du Plan Marshall
avec près de 2 Milliards 713 Millions $$, dont plus de 92 % en dons directs (comparativement
à une moyenne de 50 % de dons pour les 16 autres pays européens...)

On importa ainsi massivement tout l'outillage agricole moderne peu connu jusqu'alors
(les tracteurs diesel Mc Cormick par exemple) et de la même manière des techniques de
construction industrialisées fondées sur la préfabrication, la raréfaction de la main d'oeuvre
qualifiée dans le BTP aidant.
Les propositions d'avant garde des architectes et des ingénieurs américains reposent
essentiellement sur les avantages du béton armé, ayant des retombées indigentes dans le cadre
du logement social (demande élevée et contraintes budgétaires prépondérantes). Dans le
logement dit « pavillonnaire », c'est l'apogée de l'aggloméré creux de ciment, le parpaing.

Les trente glorieuses suivantes voient ainsi la construction de millions de logements


nouveaux, dans lesquels toute prise en compte des principes bioclimatiques est généralement
absente (le concept d'isolation intérieure par exemple).

La valeur ajoutée créée par les activités locales de production de produits et matériaux
de construction est désormais délocalisée au niveau de plates formes et centres industriels ou
la productivité de masse concentre le processus de création de valeur (ex le plâtre artisanal
coulé ou moulé et la plaque de plâtre prête à poser).

Ces pratiques permettent de répondre rapidement à une demande qui s'exprime


soudainement en masse, en créant de l'emploi directement sur le site de production industriel
mais engendre d'autres problèmes au niveau social, économique et environnemental : nombre
d'emplois générés par une filière, moindre formation aux pratiques anciennes plus valorisantes
car plus proches de la matière, émissions de gaz à effet de serre et coût énergétique global lié
au transport des matériaux sur de longues distances, etc..

Le marché a aussi sa part de responsabilités : demande croissante poussant l'offre,


impact économique de la « supply chain » (quant le bâtiment va, tout va..), délais tendus,
enveloppes budgétaires restreintes.

52
Parallèlement, dans les pays sous-industrialisés, ex-communistes, en voie de
développement ou émergents en cours, les mêmes besoins en construction de logements sont
présents (voire souvent bien supérieurs à ceux des pays dits industrialisés) mais la
construction, reconstruction ou les actions de développement économique dans ces pays sont
beaucoup plus ardues du simple fait de l'absence d'infrastructures physiques significatives
(canaux, ports, réseaux ferrés, routes...) et de qualification technique de la population, ou à
une échelle complètement différente.

Les progrès, notamment technologiques, réalisés dans le secteur de la construction


(mise en oeuvre, production de matériaux de construction etc..) ont contribué à des
améliorations techniques de type performantielles ou fonctionnelles, d'aptitude à l'usage ; par
exemple dans le domaine de l'isolation (au début des années 1970 en France), avec une
réduction des consommations énergétiques et donc de l'impact environnemental global du
secteur de la construction.

Mais leur essor s'est également accompagné d'effets directs ou indirects négatifs qui
ont provoqué des « retournements de situation », sociaux, économiques ou environnementaux
mais aussi humains et sanitaires : en l‟an 300 avant notre ère, les premières briques en terre
cuite apparaissaient en Mésopotamie, en 2006, plus d'un milliard de personnes dans le monde
vivaient sans logement adéquat. Les Romains construisaient des aqueducs et installaient des
tuyaux qui amenaient l'eau directement dans les maisons des riches citoyens ; en 2006, 1,1
milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable !

Notre époque actuelle se caractériserait avant tout ainsi non pas par « l'intelligence et
le savoir » [JOURDAN-MIRENOVICZ, 2006]46, dont la matière première serait « les
réseaux de neurones des laboratoires et centres de recherche et développement en Europe,
Amérique du Nord, au Japon et dans certaines pays émergents comme le Brésil, la Chine et
l'Inde », mais par une « ignorance coupable » et « un manque de vision » qui conduisent
l'humanité à ne pas se saisir du défi n° 1 pour la population mondiale : vivre et s'épanouir sans
dilapider ce qui lui reste de ressources sur terre.

Quel est, dès lors, le sens à donner à l'essor des technologies dans le monde?
notamment les technologies de production / fabrication de matériaux de construction destinés
à l'habitat ?
Cette question met en perspective les déséquilibres que le développement dominant instaure
partou ou il exerce son influence.

D‟autres solutions existent pourtant comme, par exemple, le développement des


technologies dites « alternatives »

L'idée de « technologies intermédiaires » ou « technologies appropriées », née dans les


années 1960 de l'économiste Allemand Ernst Friedrich Schumacher dans son livre « Small is
beautifull, une étude de l'économie comme si les gens comptaient » [SCHUMACHER,
1973]47, est destinée aux pays pauvres en capital mais riches en main d'oeuvre, pour leur
permettre d'améliorer leurs pratiques en leur apportant des solutions peu coûteuses (low cost),
simples (low tech) et fondées le plus possible sur des matériaux locaux, dans les domaines de
l'agriculture, de l'alimentation, de l'habitat, de l'eau et de la santé.

Schumacher part du constat que l'aide au développement fondée sur le principe de


transfert de technologies modernes intensives en capital et orientées vers la production de
masse, est inappropriée pour les habitants des pays en voie de développement…
La crise pétrolière et écologique des années 1970 donne à cette idée toute sa pertinence,
également dans les pays riches.

53
Cette idée s'est très vite avérée être un élément de réponse au problème non résolu et
global de la production dans les pays riches : l'épuisement des ressources limitées non
renouvelables comme les énergies fossiles ou certaines ressources primaires1 , le dépassement
des capacités de régénération des écosystèmes soumis aux agressions permanentes du système
industriel et le minage de la substance même de la nature humaine, incapable de « s'épanouir
par la seule prospérité matérielle ».

Ce développement « tourné vers la vie intérieure et une réorientation des technologies


» rencontre un puissant écho dans les milieux tiers-mondialiste et écologistes des années
1970.

Différents centres de technologies appropriées dédiés au secteur de la construction,


voient le jour dans les pays anglo-saxons, en Europe (Suisse, Danemark) et ailleurs dans le
monde (Argentine, Afrique, Inde).

Ils ont jusqu'à la fin des années 1990 poursuivi leurs chemins dans la discrétion,
attendant que l'ère du « no limits » s'éclipse un peu, aidé par les réalités économiques
contemporaines (fin du pétrole et du gaz naturel abondant et bon marché par exemple).
Une centaine d‟organismes dédiés à la construction « économiquement et écologiquement
viable » sont recensés dans le monde.

Ils déclinent tous une définition de la construction à « qualité environnementale » qui


est un compromis entre moindres impacts environnementaux et efficacité économique, visant
une application de masse.
L'approche économique est ici indissociable de l'approche environnementale, avec la
création de modèles de type « économie de marché » mais à l'échelon local, avec des
conditions d'accès aux produits finis (construction et/ ou matériaux) acceptables par les
consommateurs finaux (populations autochtones).

L'idée défendue est de construire durablement, en impactant peu l'environnement tout


en assurant une juste répartition de la création de richesses sur une chaîne de valeur
économique.

Ces thèses sont proches des principes des modèles d'économie solidaire, avec une
application au secteur de la construction.

L'approche écologique développée au paragraphe 1.3 est ainsi élargie aux réalités
économiques auxquelles sont confrontées les populations des pays en voie de développement
(et, finalement par retournement des choses, également celles de nos pays dits « industrialisés
»).
Parmi les groupements considérés comme les plus importants ou enregistrant les
résultats les plus significatifs dans leurs domaines d'actions respectifs, on trouve :

- le réseau Building Advisory Service and Information Network (BASIN)2 créé en 1988 par
trois associations européennes : Swiss Center for Development Cooperation in Technology

1
Une nuance doit être apportée quant à la qualification des « ressources primaires non renouvelables » : elles
sont considérées comme « renouvelables » par l'OCDE ou les instances mondiales en charge des thématiques de
développement durable, quand leur disponibilité immédiate à moyen terme est avérée importante (exemple,
l'argile), ou que leur taux de renouvellement est suffisamment court pour être considéré faiblement impactant sur
l'environnement (exemple la pierre ponce d'origine volcanique).
2
BASIN, disponible sur http://80.237.211.43/basin/basin/index.asp?A=2 ou www.basin.info

54
Management (SKAT)1 en Suisse, Practical Actions (ex ITDG) et German Appropriate
Technology Exchange (GATE/GTZ)2 en Allemagne.

Au commencement, l'objectif de la coopération était d'apporter de l'information et du


conseil sur les technologies de construction appropriées pour créer des liens entre les experts
mondiaux et partager et apporter les savoir-faire aux demandeurs.
Avec l'élargissement du réseau aux partenaires des pays en voie de développement (9
membres experts internationaux dont 5 dans les pays en voie de développement), BASIN a du
élargir son offre de service apportant en plus du consulting lié au transfert technologique, de
l'aide à la planification, au financement et un soutien aux programmes locaux portés par les
administrations ou ONG.
BASIN aide aux transferts de technologies dans le secteur de la construction dans les
pays partenaires, organise des conférences et des ateliers de travail et apporte un soutien très
important aux petites et moyennes entreprises / business, également dans le secteur de la
R&D.Les trois organisations membres les plus importantes de BASIN sont le centre
international de la construction en terre CRATerre-EAG3, laboratoire de recherche spécialisé
dans l'architecture de Terre basé à l'école d'architecture de Grenoble ; le GATE, centre
allemand d'échange pour les technologies appropriées et le réseau ECOSUR4 au Nicaragua.

- le Building Materials and Technology Promotion Council (BMTPC)5 en Inde dont l'objectif
est de développer et d'opérationnaliser une approche intégrée pour le développement
technologique, le transfert et la promotion des investissements dans l'application de matériaux
innovants, respectueux de l'environnement et économes en énergie.

- le Development Center for Appropriate Technology (DCAT)6 et le National Center for


Appropriate Technology (NCAT)7 aux Etats Unis, qui assurent la promotion de compétences
liées à la construction durable par des plans de formation / éducation et une stratégie
relationnelle aux Etats Unis (NCAT et DCAT) et au niveau mondial (DCAT uniquement).

Ces organisations et réseaux de promotion de la construction « écologique et


économiquement viable » sont caractérisés à minima par leur mission principale de transfert
de technologies appropriées dans le domaine de la construction et des énergies renouvelables,
pour les pays ou populations les plus pauvres.

Ils présentent également des solutions matériaux et techniques respectueuses de


l'environnement, accessibles économiquement et créatrices de valeur ajoutée au niveau local,
issues de transfert de technologies proches ou internationales, adaptées à des contextes
particuliers.

Ils ont ensuite des spécificités d'actions et d'interventions souvent liées à leur histoire
mais également aux caractéristiques de leurs zones d'intervention : populations, climat,
ressources locales disponibles, économie, facteurs politiques.
Un tableau comparatif de toutes ces organisations permet de caractériser chaque « acteur »
par : sa date de création, son pays d'origine (ou zone géographique),sa zone d'action (ou zone
de chalandise) et enfin ses domaines d'intervention privilégiés, souvent liés aux compétences
déployées et acquises depuis la date de création.

1
SKAT, disponible sur http://www.skat.ch
2
GATE, disponible sur www.gtz.de/en
3
CRA-Terre EAG, disponible sur http://terre.grenoble.archi.fr/accueil.php
4
Ecosur, disponible sur http://www.english.ecosur.org
5
BMTPC, dispoinible sur http://www.bmtpc.org/index.htm
6
DCAT, disponible sur http://www.dcat.net/
7
NCAT, disponible sur http://www.ncat.org/

55
Organisation Date de Pays ou Zone Domaines d'intervention « sustainable and affordable housing », mouvement des technologies appropriées Web
création zone d'action
d'origine d'après estimations sur rapports annuels d'activités disponibles sur internet
A B C D E F G H I
Evaluation Production Diffusion de Formation Conception - Managemen Dlpt Ateliers et Soutien Spécificité
des de l'information aux architecturale t de projets R&D conférences financier
ressources matériaux techniques
locales locaux traditionnelles
BASIN 1988 Europe Intal X X X X Networking et action ww.basin.info
directe sur les réglements
et certifications
GATE/GTZ 1977 Allemagn Intal X X X X X X X X Construction des murs www.gtz.de/en/index.ht
e sauf construction en terre m
SKAT 1978 Suisse Intal X X X X X Toitures et matériaux www.skat.ch
pour toitures
Practical 1966 Londres Intal X X X X X X X Networking, transferts de www.itdg.org
Action (ex technologies multiples
ITDG)
CRATerre 1979 France Intal X X X X X X X X Constructions en terre et http://terre.grenoble.arc
habitat para sysmique et hi.fr
para cyclonique
SHELTER NC Kenya Afrique X X Habitat pour les www.shelterforum.org
Forum situations d'urgence
humanitaire
CEVE-AVE 1967 Argentine Amérique X X X X X X Habitat très social www.ceve.org.ar/ingles.
latine préfabriqué htm
Development 1983 Inde Inde X X X X X X X Changement des www.devalt.org
Alternatives comporterments
ECOSUR 1991 & Nicaragua Pays du X X X X X X X X Production de matériaux www.english.ecosur.org
1996 sud low cost et low tech.
Tuiles de micro-ciment et
briques
BMTPC Juillet Inde Inde X X X X X X X Utilisation de déchets www.bmtpc.org
1990 issus de l'industrie et de
l'agriculture pour la
production de matériaux ;
assistance « eco-design »
et technologies de
construction résistantes
aux désastres naturels
DCAT 1991 USA Intal X X Building sustainability www.dcat.net
into codes of construction
NCAT 1976 USA USA X X X X X X X Agriculture durable et www.ncat.org
développement rural
Total 7 6 11 7 5 11 8 10 6
% / Total 58 50 92 58 42 92 67 83 50

Tableau 9 : Proposition de comparaison des organisations internationales d‟éco-construction « solidaire », impliquées dans le mouvement des
technologies appropriées.

56
Ce tableau aboutit à l‟interprétation des domaines d'interventions par pourcentages du
nombre total d'organisations : A : Evaluation des ressources locales ; B : Production de
matériaux locaux, C : Diffusion de l‟information, D : Formation aux techniques
traditionnelles, E : Conception architecturale, F : Management de projet, G : Développement
et recherche, H : Ateliers et conférences, I : Soutien financier.

Points % / Total Domaines d'intervention


C: Diffusion de l'information
5 > 90
F : Management de projets
4 70-90 H : Ateliers et conférences
3 60-70 G : Dvlp & R&D
A : Evaluation des ressources locales

B : Production de matériaux locaux


2 50-60
D : Formation aux techniques traditionnelles

I : Soutien financier
1 < 50 E : Conception architecturale

Tableau 10 : Répartition des domaines d‟interventions des organisations internationales


d‟éco-construction solidaire, impliquées dans le mouvement des technologies appropriées.

90 % des réseaux font de la diffusion d'informations et du management de projet


tandis que moins de 50 % apportent une aide à la conception architecturale.
Plus de 50 % des structures sont impliquées dans la mise en place de systèmes productifs
locaux de matériaux de construction et valorisent les ressources disponibles à proximité des
lieux de construction.

Il est intéressant de constater que ces organisations du mouvement pour le transfert de


technologies appropriées à l‟éco-construction solidaire sont reconnues au niveau international
en développant des programmes de recherche & développement très rapidement appliqués sur
le terrain, mais qu‟au final, le même travail aurait pu être effectué dans leurs pays d‟origine,
certes avec des besoins différents, mais pour la promotion d‟une autre qualité dans la
construction.

La valeur ajoutée localisée préférentiellement sur la main d‟œuvre ou le


redéveloppement de savoir-faire valorisants sont des thématiques complètement d‟actualité en
2007-2008 dans les pays civilisés, à l‟heure où le secteur du bâtiment semble envisager un
tournant radical pour faire face aux nouveaux enjeux (développement durable, performance
énergétique, énergies renouvelables…) mais confronté aux difficultés de recrutement de main
d‟œuvre motivée et qualifiée.

57
1.3.5 Le consensus pragmatique

Une dernière approche très pratique dite « de terrain » peut être proposée pour
présenter une définition professionnelle des éco-matériaux et en phase avec les
préoccupations des acteurs économiques, plus soucieux de leur comptabilité analytique et
ratios de performance sur leur marché que de débats philosophiques sur leur durabilité ou
encore leur empreinte écologique, c'est la vision pragmatique de la théorie du milieu :
l'analyse scientifique vulgarisée des différentes caractéristiques techniques et économiques
d'un matériau en vue de l'évaluation de ses performances et impacts, dont environnementaux
et sanitaires, sur son cycle de vie.

Cette théorie ne renie pas les autres visions et définitions des éco-matériaux présentées
précédemment (paragraphes 1.3.1 à 1.3.4) mais leur emprunte plutôt ce qu'elles ont de
meilleur :
- la rigueur méthodologique des démarches d'analyse exhaustives ou sélectives d'éco-bilan,
prémices incontournables aux démarches plus complètes d'éco-conception (définition 1.3.1),
- le raisonnement sur un cycle de vie (qui introduit d'emblée une « fin de vie ») (définition
1.3.1),
- le cadre réglementaire et normatif des procédures de déclaration de données
environnementales et sanitaires en France (NF P-01-010 & FDES) qui fournit un modèle
certes incomplet mais a le mérite d'exister (définition 1.3.2),
-la dimension « écologique » permettant de déterminer des priorités de choix par types de
matières premières (renouvelables, non renouvelables, primaires, secondaires) et impacts
environnementaux majeurs (définition 1.3.3),
- le caractère local des modes de sourcing (valorisation des ressources disponibles
localement, sur une zone de chalandise compatible avec les critères de renouvelabilité et/ou
de soutenabilité, (définitions 1.3.3 et 1.3.4),
- l'impact social et économique sur une chaîne de valeur à déterminer mais compatible avec
un minimum d'emplois directs et indirects à proximité des zones de chantier (définition 1.3.4).

L'ensemble de ces critères se retrouvent dans les outils simplifiés donnant accès à des
données qualitatives, permettant de sélectionner les matériaux et composants de construction
selon des critères environnementaux et de santé (paragraphe 1.2.2.4, tableau 3).

En veillant à une vulgarisation ciblée des informations, leur accessibilité auprès du


plus grand nombre (diffusion gratuite et massive par le biais d‟internet), et auprès des
fabricants / fournisseurs, dont les PMI ne disposant que de peu de ressources financières,
l'outil idéal présentant une définition pragmatique des éco-matériaux est quasiment proposé.

En France, la base de données des éco-matériaux1, outil pragmatique dédié aux


professionnels et largement inspiré de ces démarches internationales, a été initié courant 2005
et inauguré à l'occasion du salon international de la construction de Paris (BATIMAT)2.

Cette base de données a été initialement voulue et commandée en 2002 par les
instances régionales (Conseil Régional et l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de
l'Energie (ADEME)) de la région Nord Pas-de-Calais comme outil de recensement des
matériaux, produits et techniques utilisées dans les constructions dites à « haute qualité
environnementale ».
Cette région, première en France à avoir initié les démarches « HQE » en 1995-1996,
par le biais de ses commandes publiques destinées à l'enseignement secondaire, est d'ailleurs

1
Base de données des éco-matériaux, disponible sur www.cd2e.com
2
Salon international de la construction, Batimat www.batimat.com

58
arrivée à un stade qualifié de maturité selon une enquête récente de l'association HQE publiée
en 2005 :
« Les réseaux régionaux sont clairement constitués et identifiés. La région Nord Pas de
Calais en est à sa deuxième voire troisième génération de montages d’opérations et a le plus
souvent généralisé la démarche HQE® à certains types d’opérations (bâtiments
d’enseignement et logements le plus souvent). Un véritable savoir-faire régional HQE®
réside à tous les niveaux (institutionnel, soutien financier, maîtrise d’ouvrage, architectes,
AMO, BET, écoles, recherche et formation... et pour les plus avancées : filière locale
intégrée », [CHAUTARD, 2005]48.

Un outil de référencement statique et descriptif des produits et matériaux de


construction pouvant répondre ou contribuer (selon qu'on privilégie l'approche « produit » ou
« système ») aux ambitions d'une démarche de qualité environnementale partielle ou globale
n'est satisfaisant ni d'un point de vue scientifique ni d‟un point de vue professionnel,
notamment en terme de transparence des informations mises à la disposition des clients cibles.
Un « benchmarking » comparatif a donc été réalisé et a permis de connaître,
comprendre, et reproduire les dispositifs existants à l'international pour conduire des
évaluations précises en cycle de vie sur les matériaux et produits de construction à caractère
« éco ».

Le principe de fonctionnement est le suivant :


- L‟accès et la consultation des fiches techniques et environnementales est
gratuit pour les utilisateurs de la base de données que sont les prescripteurs,
artisans, architectes, négoçiants, mais aussi particuliers.
- L'expertise scientifique, est accessible pour quelques centaines d'euros. Cette
expertise est d'ailleurs couplée à une offre de service de type « package
complet » qui permet à la fois d'avoir une bonne idée sur les caractéristiques
environnementales et sanitaires de son/ses produits et de bénéficier d'actions
commerciales et promotionnelles liées.
- Le dégrossisage des données est effectué par le gestionnaire de l'outil, en lien
avec les demandeurs (fabricants de matériaux de construction), tandis que
l'analyse complète est réalisée au regard d‟une moyenne correspondant à 10
matériaux ou composants équivalents, ayant la même fonction ou aptitude à
l‟usage.

Tout fabricant de matériaux et composants de construction, impliqué ou non dans une


démarche d‟éco-différenciation, peut ainsi demander à ce que son produit sont analysé sur la
base du système déclaratif normatif français (NF P01-010) et à moindre frais, ce qui rend
l'offre de service très attrayante pour les PME-PMI pour lesquelles les ACV complètes restent
incompatibles avec leurs bas de bilans financiers, souvent en démarrage d'activité.

Hormis l'outil et la proposition commerciale liée, le plus intéressant reste l'adhésion


des fabricants signataires de la charte de fonctionnement (nécessaire pour toute publication
sur l‟outil) à la définition proposée (voir rubrique « Introduction ») des éco-matériaux pour le
secteur de la construction :
« Les éco-matériaux et écoproduits sont donc des produits manufacturés destinés à être
intégrés dans les ouvrages du bâtiment, compatibles avec les critères de développement
"soutenable", éco-conçus et économiquement accessibles et satisfaisant aux critères de
sécurité de fonctionnement après intégration dans lesdits ouvrages » Association HQE,
2007 .

59
On retrouve dans cette définition :
- les critères de performance techniques, de fonctionnement et de sécurité qui rassurent les
consommateurs sur les performances à minima des éco-matériaux, par comparaison à
celles bien connues des produits conventionnels,
- des critères environnementaux, de santé et d'ordre sociétal (développement « soutenable »,
croisement de l'économique, de l'environnemental et du social) mais également des critères
d'acceptabilité économique, en lien également avec les aspects sociétaux : un produit, tout éco
soit-il, qui est plus de trois fois plus cher qu'un produit classique, ne se vendra pas (constat
simple), génèrera moins de volume donc de chiffre d'affaire, de valeur ajoutée et au final
d'emplois.

Derrière cette remarque se cache un critère fondamental : l'aptitude d'un produit ou


matériau à être accessible économiquement pour les consommateurs finaux tout en générant
suffisamment d‟heures de travail, sur un cycle de vie complet, pour créer et maintenir de
l‟emploi.
Ces critères peuvent paraître subjectifs pour guider un comportement d'achat ; est-il
nécessaire de proposer un étiquetage complémentaire aux données techniques et énergétiques
d'appareils ou produits (les acteurs de la grande distribution de matériaux et produits de
construction commencent à réfléchir à un étiquetage de type électroménager « performance
énergétique » et (contenu carbone équivalent), la question peut être posée.

Cette définition pragmatique, qui emprunte finalement un peu de matière à toutes les
précédentes (y compris à celle du 1.3.2 négativiste) provoque diverses réactions :
- elle trouve apparemment des échos favorables parmi les prescripteurs, le grand public, les
PME-PMI fabricants de produits et matériaux, parfois déjà considérés (commercialement)
comme « éco »,
- elle interpelle et intrigue également les plus grands manufacturiers qui ont déjà
« crédibilisé » leur communication environnementale en remplissant des Fiches de
Déclaration Environnementales et Sanitaires (FDES), ou qui usent de la terminologie
« HQE® » en auto-labellisant leurs produits,
- elle effraie quelque peu les adhérents des thèses écologiques les plus extrêmes, partisans des
bio-matériaux non transformés,
- elle rassure enfin de nombreuses collectivités et organismes publics, bien embarrassés de
devoir établir uniquement leurs critères de choix sur les labels d'auto-performance
environnementale, souvent minimalistes, pour leurs achats préférentiels verts1.

Pour la suite des travaux sur les indicateurs techniques, économiques et financiers des
« éco-matériaux » pour le secteur de la construction, il est possible de retenir cette dernière
définition consensuelle et complète, l‟approche pragmatique.

1
L‟impact important que peuvent générer ces achats préférentiels « verts » sur le marché français des bien et
services... est sous estimé. L'exemple de l'Allemagne nous montre que les entreprises ont tout intérêt à prendre
ces données en considération pour l'établissement de leur business plan ou de leur stratégie de développement

60
CHAPITRE 2
Référentiels Internationaux de la Qualité
Environnementale et choix d’éco-matériaux pour la
construction-réhabilitation

61
Chapitre 2 : Référentiels Internationaux de la Qualité Environnementale et
Choix d’éco-matériaux pour la construction-réhabilitation

2.1 Place des matériaux de construction dans les systèmes et référentiels


internationaux de management de la qualité environnementale dans la
construction (MQEB).
Face à la complexité de compréhension des thématiques développées par le
développement durable dans le secteur de la construction, différents outils ont été développés
depuis les années 1990 au niveau international pour aider tous les acteurs à s‟organiser dans
un processus de conception / réalisation de bâtiment à qualité environnementale.
Tous ces outils permettent d‟identifier les enjeux à prendre en considération et de les
hiérarchiser en fonction du contexte : stratégie de la maîtrise d‟ouvrage, localisation du
bâtiment, niveau de performance recherché…

Les premières démarches sont celles des « éco-architectes » convaincus et militants,


s‟inspirant de la baubiologie et de la conception bioclimatique dans les années 1960-1970.
Les suivantes, portées par des entreprises ou gouvernements, visent à généraliser le
recours à ces solutions architecturales innovantes : elles ont pour objectif la promotion de
normes de construction et de référentiels qui guident la démarche des acteurs de la
construction en leur permettant au final de valoriser les efforts et progrès réalisés sur le
marché le plus ouvertement possible.

Concrètement, ces initiatives prennent la forme de méthodologies ou de certifications


issues des milieux associatifs, commerciaux ou institutionnels.

Ces différents référentiels proposent des points d‟entrée visant à évaluer :


- soit les moyens mis en oeuvre i.e. la prise en compte des objectifs de
développement durable dans le management aux différentes étapes du projet de
construction,
- soit les résultats atteints i.e. la performance de l‟ouvrage une fois achevé.

Selon les cas, les démarches favorisent des efforts ciblés sur des thèmes précis, par
exemple la réduction des consommations énergétiques, ou présentent une approche plus
transversale qui prend en compte simultanément les différents aspects de la construction à
qualité environnementale.
En fait, Il existe trois types de systèmes d‟évaluation et de notation d‟immeubles :
- des outils basés sur la connaissance (guides de conception, par exemple guides
de conception bioclimatique),
- des outils basés sur la performance (l‟évaluation tout au long de la vie d‟un
immeuble),
- des outils de notation d‟immeubles, de type « écolabels ».

Toutes ces initiatives de type référentiel ont en commun le fait de porter


principalement sur le pôle environnemental du développement durable : les aspects sociaux
sont parfois abordés sous l‟angle du confort et de la santé – tandis que la dimension
économique, et notamment les raisonnements en coût global (par exemple : emploi local sur
le chantier et dans le bâtiment, impact du projet de construction sur l‟économie locale, etc.)
reste largement ignorée.

62
Au niveau international, les référentiels ISO (ISO 9000 (qualité) et ISO 14000
(environnement) sont à la base des référentiels de management de la qualité environnementale
appliqués au secteur du bâtiment.

Les premières certifications ISO 9000 sont apparues dans le bâtiment dès 1994 avec
pour objectif de mieux maîtriser la qualité de la construction mais la démarche ISO 9000 reste
très peu déployée dans les entreprises de mise en oeuvre car celles qui s‟étaient lancées dans
la certification n‟y ont pas trouvé de vraie valeur ajoutée, la démarche n‟étant pas vraiment
reconnue par les maîtres d‟ouvrage.
Le grand nombre de petites structures dans le secteur a sans doute freiné le
développement de cette approche.
A noter : la certification environnementale ISO 14 001 n‟est pas non plus très
répandue en France dans le secteur de la construction : moins de 100 entreprises de mise en
oeuvre sont certifiées (2005).
Ces initiatives sont historiquement d‟abord portées par les pays anglo-saxons plus
« éco-sensibilisés » que les pays d‟Europe occidentale et/ou du sud :
- En Angleterre : la démarche BREEAM1 (1990) et le label Eco-homes pour
l‟habitat individuel,
- Aux Etats Unis, au Canada et en Australie : le label Green Building2 porté
par certaines villes (1994), et la démarche LEED3 (1999).
Se développent ensuite des méthodologies propres aux pays d‟Europe du Nord :
- En Allemagne, 7 méthodes : le passeport bâtiment, la liste de contrôle, le
DUX (2002), le guide pour la construction durable (2001) du ministère du
logement allemand, le système d‟évaluation pour une construction écologique,
économique et saine « OEOEB MIPS » (2000) et deux labels essentiellement
basés sur la performance énergétique : label basse consommation (1999) et
label Passivhaus4 (maison passive, 1996),
- En Autriche, quatre méthodes : la méthode d‟évaluation de la réhabilitation
écologique de bâtiments, la démarche Total Quality5 (2000), l‟Ecopass du
Vorarlberg6 (grille d‟évaluation des performances écologiques d‟un bâtiment,
2000) et son équivalent national « klima : aktivhaus » (2006),
- En Suisse, la démarche Minergie7 (1996) et ses trois volets : Minergie,
Minergie P (passif) et Minergie Eco (Minergie avec éco-matériaux, importance
du volet « santé »),
- Au Danemark, l‟évaluation « Eco-acounting8 » (1999) basée sur l‟analyse en
cycle de vie, et le logiciel « Beat » (2002),
- Aux Pays-Bas, L‟index environnemental (IE) et le logiciel d‟application
« Greencalc »9.
Dans les pays asiatiques
- A Hong Kong : le Label HK BEAM10 (1996),
- Au Japon, la méthode CASBEE11 (2001),
1
BREEAM : Building Research Establishment Environmental Assessment Method disponible sur
www.breeam.org
2
Label Green Building de la ville d‟Austin au Texas www.austinenergy.com
3
LEED Rating system, Leadership in Energy and Environment Design
www.usgbc.org/DisplayPage.aspx?CMSPageID=222
4
Passivhaus : « maison passive », disponible sur de site de l‟institut du Docteur Wolfgang Feist www.passiv.de
5
Total Quality, disponible sur www.argetq.at/index.htm
6
Ecopass, document disponible sur www.energieinstitut.at/HP/Upload/Dateien/GAW_2007.pdf
7
Minergie, disponible sur www.minergie.ch
8
Eco-accounting, disponible sur www.en.sbi.dk
9
L‟index environnemental et le logiciel Greencalc, disponible sur www.en.sbi.dk
10
HK BEAM, disponible sur www.hk-beam.org.hk/general/home.php
11
Comprehensive assessment system for building environmental efficiency - CASBEE, disponible sur
www.ibec.or.jp/CASBEE/english/overviewE.htm

63
Et enfin en France,
- la démarche Haute Qualité Environnementale « HQE »1 (PUCA, 1993) et
son référentiel de 14 cibles (définition de la Qualité environnementale dans la
construction QEB),
- la certification Habitat et Environnement2 (H&E, 2003),
- les nouveaux labels Bâtiment Basse Consommation (BBC) et Effinergie3.

1
Haute Qualité Environnementale dans la construction, disponible sur www.assohqe.org
2
Habitat et Environnement (H&E), disponible sur www.cerqual.fr/pro/habitat_environnement
3
Effinergie, disponible sur www.effinergie.org

64
1990 1995 2000 2005
ISO 9000
- BREEAM - Green - Passivhaus - LEED (USA- - OEOEB MIPS - DUX, Guide - H&E (FR) - Ecopass
& Eco Building (DE) Canada, (DE) construction Klima (AU)
Homes (UK) Australie) durable (DE)

- Total Quality
- Minergie (2000)
(Austin, USA) (CH) - Label basse - CASBEE (JP)
- HQE (FR) consommation
(DE)

- HK BEAM
(HK) - Eco Acounting - Ecopass
(DK) Vorarlberg (AU)

Tableau 11 : Historique des référentiels et outils de management de la qualité environnementale dans la construction.
BIOHAB, 2004 et UTOPIES, 2005 .

65
Toutes ces démarches se développent avant tout en Europe Occidentale ou en
Amérique du Nord et restent quasi-inexistantes dans les pays du sud, malgré un déséquilibre
d‟activité1.

Ces référentiels dont l‟approche environnementale est générale englobent et dépassent


le plus souvent les exigences légales locales (notamment sur des aspects spécifiques:
réglementation sur l‟amiante, normes acoustiques, traitement spécifique de certains déchets,
etc.), même s‟ils relèvent d‟une approche volontaire; ils n‟en ont pas moins leur part
d‟influence à l‟échelle nationale et internationale sur les futures évolutions réglementaires,
dans la mesure où leur mise en oeuvre est un vaste terrain d‟expérimentations permettant
d‟identifier les pratiques qui pourront ensuite être généralisées vers la « standardisation ».

Dans certains cas, le cadre législatif vient freiner le développement et la mise en


oeuvre d‟innovations environnementales comme c‟est le cas en France notamment pour la
récupération / valorisation des eaux pluviales (la mise en oeuvre d‟un double circuit d‟eau
reste interdite de manière générale par les services sanitaires dans les établissements recevant
du public) ou l‟utilisation de matériaux et techniques ne bénéficiant pas de certifications ou
d‟avis techniques émanant des centres techniques du bâtiment.

Peu de comparatifs entre ces différents outils et référentiels ont été réalisés ; nous en
avons recensé quatre, plus ou moins complets :

- une comparaison basée sur des méthodes développées dans 5 pays ciblés :
Allemagne, France, Danemark, Pays Bas, Royaume Uni. [BIOHAB, 2004]49,
- un tableau comparatif du rapport annuel 2005 de la démarche « Entreprises et
construction durable » initiée par le cabinet UTOPIES spécialisé en
management durable [UTOPIES, 2005]50,
- les analyses des certifications « étrangères » proposées par le centre de
ressources « Envirobat méditerranée » [Envirobat, 2007]51,
- le rapport récent « Comparaison internationale bâtiment et énergie », rédigé
dans le cadre du PREBAT (Programme de recherches et d‟expérimentations
sur l‟énergie dans le bâtiment ») [ADEME-PUCA-CSTB, 2007]52.

En général, chaque référentiel propose :

- différents types d‟applications : maison individuelle, bâtiment collectif,


bâtiment industriel, école, logement social, bureaux.
- un certain nombre de cibles et sous cibles, regroupées ou non par familles et
par grands enjeux : chantier, énergie, matériaux et composants, eau, gestion.
- une procédure d‟accréditation de professionnels pour l‟évaluation et
l‟obtention de la certification.
- l‟accréditation de professionnels (maîtres d‟œuvre, maîtres d‟ouvrage, bureaux
d‟études techniques, entreprises de construction, fabricants de matériaux ou
systèmes) aptes à aider, de part leur métier, à l‟obtention de bâtiments
accrédités, en neuf ou en rénovation.
- un référentiel des réalisations accréditées.
- des documents et/ou logiciels, gratuits ou payants, mis à disposition des
professionnels pour structurer les démarches de planification / conception /
réalisation / labellisation.

1
Un indicateur de ce déséquilibre d‟activités : 25 millions de m2 ont été construits en France en 2003 contre 3000 millions
de m² en Chine.

66
Parmi l‟ensemble des cibles et sous cibles de ces référentiels, le choix de matériaux et
composants de construction globalement moins impactants pour l‟environnement et la santé
que d‟autres, plus conventionnels, est souvent disponible ; la plupart des systèmes de MQEB
y font référence, avec des niveaux d‟intégration différents : l‟approche « produits » est ainsi
obligatoire pour l‟obtention d‟un niveau minimum de performance avec certains référentiels,
tandis que d‟autres la positionnent comme une option.

L‟étude détaillée de chaque référentiel permet d‟évaluer la contribution de la cible


« matériaux et produits de construction éco-conçus » au niveau de performance
environnementale globale de la construction, tout en identifiant le niveau d‟intégration :
simple mention et ou approche optionnelle, approche minimaliste, approche incontournable,
réelle plus value …
La présentation des référentiels de MQEB est proposée sous forme de fiches
synthétiques disponibles en annexes, suivant le format ci après : présentation de l‟intitulé, de
l‟organisme gestionnaire, du type d‟approche, des priorités, des cibles développées, du
fonctionnement de l‟accréditation / évaluation.
Les outils spécifiques développés sont également évoqués, ainsi que la possibilité de
faire certifier la construction. L‟analyse mentionne également l‟accréditation de
professionnels, le nombre de réalisations depuis l‟origine de la démarche et le lien avec la
cible matériaux / éco-matériaux.

2.1.1 Les éco-matériaux dans les systèmes de MQEB anglo-saxons (Grande Bretagne,
USA, Canada)

2.1.1.1 Système de MQEB en Grande Bretagne

Le référentiel d‟origine permettant l‟évaluation de la qualité environnementale des


bâtiments en Grande Bretagne est le « BREEAM » pour les bâtiments collectifs et le label
Eco-homes pour les maisons individuelles.
Ce fut le premier système élaboré à la suite du protocole de Kyoto, ce qui explique
notamment qu‟il soit le plus complet en termes de quantité et de qualité d‟outils (rattachement
au BRE pour la mobilisation de fonds nécessaires).

L‟analyse du BREEAM est disponible en ANNEXE 1.

2.1.1.2 Système de MQEB aux Etats-Unis et au Canada

Le système nord américain « LEED » est le plus employé dans le monde


actuellement ; c‟est aussi celui qui a produit le plus grand nombre de bâtiments certifiés
actuellement. Son objectif n‟est pas d‟être le plus exhaustif dans l‟évaluation mais toujours un
niveau au dessus de la pratique courante, avec comme finalité, la transformation progressive
du marché de la construction.

L‟analyse de la LEED est disponible en ANNEXE 2.

2.1.2 Les éco-matériaux dans les systèmes de MQEB Nord Européens : (Suisse, Autriche,
Allemagne, Pays Bas, Belgique)

2.1.2.1 Système de MQEB en Suisse

En Suisse, la clé d‟entrée pour l‟évaluation de la qualité environnementale du bâtiment


est la cible « performance énergétique » exprimée en Kilowatts heure d‟énergie primaire
dépensée par mètre carré de superficie habitable et par annuité : kwh/m²/an.Le référentiel le
plus connu est le label Minergie.
67
L‟analyse de MINERGIE est disponible en ANNEXE 3.

2.1.2.2 Système de MQEB en Autriche

En Autriche, la démarche Total Quality, créée en 1998, propose un référentiel accompagné


d‟un guide d‟orientation.

L‟analyse de Total Quality est disponible en ANNEXE 4.

2.1.2.3 Système de MQEB en Allemagne

L‟Allemagne est considérée comme le pays précurseur des démarches de qualité


environnementale dans la construction, plutôt sous l‟angle de la performance énergétique
« globale » du système constructif sur son cycle de vie.
Conforme à sa réputation « rigueur » et « qualité », c‟est dans ce pays qu‟a émergé le
label de performance énergétique couplé à un outil d‟aide à la conception, la « maison
passive1 », défini par l‟institut de Darmstadt et son fondateur, le docteur Wolfgang Feist.

L‟analyse de PASSIV HAUSS est disponible en ANNEXE 5.

2.1.2.4 Système de MQEB aux Pays Bas

Aux Pays Bas, l‟outil d‟évaluation de la qualité environnementale de la construction


est un indicateur global « l‟index environnemental – IE » développé par l‟agence
gouvernementale néerlandaise du bâtiment.
L‟IE est calculé en utilisant GreenCalc, un outil informatique développé par le NIBE
(Dutch Institute for Building Biology and Ecology), bureau d‟ingénierie et de recherche
multidisciplinaire.

L‟analyse de PASSIV HAUSS est disponible en ANNEXE 6.

2.1.2.5 Système de MQEB en Belgique

En Belgique, il n‟existe pour l‟instant aucun système officiel de management de la


qualité environnementale dans la construction.
La démarche « HQE » française est relativement mise en avant en région Wallonne, la
certification « maison passive » est disponible depuis 2006 en Flandres et en région wallonne
via les plates formes professionnelles développées2.
A Bruxelles, un référentiel a été créé pour caractériser la qualité environnementale
d‟un bâtiment en exploitation, le Green Building Brussels.
L‟analyse de Green Building Brussels est disponible en ANNEXE 7.

2.1.3 Les éco-matériaux dans le système de MQEB français

En France, le principal référentiel d‟évaluation de la qualité environnementale du bâti est


depuis les années 1995, le référentiel HQE® proposé par la démarche « Haute Qualité
Environnementale ».
L‟analyse de la HQE est disponible en ANNEXE 8.

1
Une construction « passive », de part son mode de conception et l‟utilisation des matériaux et techniques
appropriées, se passe de tout apport de chauffage direct ou conventionnel ; en théorie une bougie peut suffire à
« réchauffer » le bâtiment ; les apports énergétiques dits « passifs » sont valorisés à outrance (apports gratuits du
soleil, dégagement de chaleur des occupants, récupération de chaleur sur l‟air vicié sortant etc…)
2
Plate forme maison passive en Wallonie et en Flandres Belges : www.maisonpassive.be

68
2.1.4 Les autres systèmes de MQEB : l’éco-construction « intelligente » ou la conception
bio-climatique solaire passive.

Dans un contexte de raréfaction des ressources en énergies fossiles (pétrole, gaz,


charbon) et d‟augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui sont à l‟origine du
dérèglement climatique, il devient essentiel aujourd‟hui de repenser la construction des
bâtiments. Plutôt que de croire en une énergie fossile infinie et gratuite, d‟anciennes
considérations permettent d‟approcher la construction d‟un bâtiment en fonction du site, du
paysage, du climat, du soleil et des matériaux locaux. Ces considérations rejoignent toutes un
concept déjà développé précédemment « la conception ou l‟architecture bioclimatique ».

L‟architecture du 20ème siècle se caractérise ainsi par une importance exagérée


accordée à la technologie, à l‟exclusion de toute autre valeur. On retrouve cette tendance dans
le cadre bâti au niveau même des matériaux de construction utilisés, telles les matières
plastiques et synthétiques. Nous avons ainsi créé une dépendance au contrôle mécanique de
l‟ambiance intérieure (ventilations mécaniques par exemple), au détriment d‟une exploitation
des phénomènes climatiques et des autres phénomènes naturels pour satisfaire nos exigences
de confort. On prête ainsi aujourd‟hui peu attention à la diversité et au caractère particulier
des climats régionaux et des matériaux de construction locaux.

Pourtant, depuis peu, le chauffage solaire passif et la réfrigération naturelle soulèvent


un intérêt nouveau et soutenu auprès du public parce qu‟ils simplifient la vie au lieu de la
compliquer. Ces constructions sont simples de conception et d‟emploi, comportent peu
d‟éléments en mouvement et n‟exigent que peu d‟entretien. Elles n‟engendrent que peu de
pollution thermique puisqu‟elles n‟exigent pas la combustion d‟énergie fossile et ne
produisent ni déchets ni gaspillage. Puisque c‟est la construction elle-même et ses éléments
constitutifs qui composent l‟installation solaire passive, il importe de prendre en compte les
données climatiques et solaires dès la conception, et de choisir les matériaux et composants en
fonction de leurs apports, complémentaires à la conception solaire passive.

Jusqu‟en 1975, il n‟existait pratiquement plus d‟informations regroupées sur le


chauffage solaire passif. Un ouvrage qui fait désormais référence en la matière et a servi
d‟inspiration à de nombreux autres, dont des plus récents OLIVA & COURGEY, 2007 53,
date des années 1970 [MAZRIA, 1979]54. Son auteur, l‟un des pionniers de l‟architecture
solaire passive reconnu au niveau international, insiste particulièrement sur le choix de
matériaux et composants de construction adaptés pour le choix d‟un procédé solaire passif, de
qualité suffisante et à un prix abordable.

L‟accent est notamment mis sur la quantité totale d‟énergie nécessitée pour la
construction d‟un bâtiment pouvant dépasser la consommation engendrée ultérieurement au
cours de plusieurs années de fonctionnement.
Les matériaux de construction et l‟ensemble des équipements peuvent absorber des quantités
notables d‟énergie lors de leur fabrication, de leur transport jusqu‟au chantier et lors de leur
mise en œuvre.
Un article [KEGEL, 1975]55 sur l‟énergie et les matériaux de construction analyse la
somme des énergies nécessaires à l‟édification d‟un bâtiment de plus de 40 000 m² à Chicago.
Le bâtiment est considéré sur son « cycle de vie » : construction et mise en œuvre, matériaux,
équipements et fonctionnement.
Les conclusions sont intéressantes : le bâtiment peut fonctionner pendant au moins 6 années
avant de dépasser, en consommation, la quantité d‟énergie qui a été nécessaire à son
édification. Les calculs ne prennent toutefois pas en considération l‟énergie dépensée en phase
extraction et dans les transports « primaires » (carrière – usine).

69
L‟auteur recommande également d‟employer des matériaux locaux biodégradables, à
faible teneur énergétique, et différenciés en fonction de leurs apports bénéfiques pour la
conception bioclimatique solaire : éléments massifs pour l‟inertie thermique, bois,
contreplaqués, plaques de plâtre pour les éléments de finition, tôles panneaux et éléments en
acier, profilés aluminium et matières plastiques en petites quantités ou en récupération.

Le tableau suivant donne quelques ordres de grandeur de dépense énergétique pour des
matériaux de construction.

Matériaux Energie
grise
(kWh/m3)
Bloc béton (Parpaing de ciment) 275
Brique standard 20 cm 696
Béton plein 430
Briques pleines (cuites) 1443
Brique de terre comprimée à 20-40 bars - Stabilisée (8% de ciment) 780
Bois léger brut, séché à l'air (sapin, épicéa) 329
Laine de chanvre, lin, coton 48
Laine de mouton et autres fibres animales 56
Liège expansé conforme norme NF EN 13170 450
Paille (bottes sur chant) 0
Ouate de cellulose injectée 98
Ouate de cellulose (panneaux) 152
Plâtre courant pour enduit intérieur 552
Panneau de particules agglomérées 2220
Laine de verre 100kg/m3 1344
Laine de roche en vrac 216
Polystyrène expansé 500
Polystyrène extrudé (Plaques expansées aux HCFC) 795
Mousse de polyuréthanne 30kg/m3 (plaques moulées) 974
Panneaux laine de bois 200 kg / m3 219

Tableau 12 : Energies de production (énergie grise) de quelques matériaux de construction


courants et éco-matériaux, CD2E, 2007 .

Les pratiques modernes de la construction cherchent à utiliser des techniques qui


maintiennent le coût du bâtiment au niveau le plus bas possible, pour des questions de
reproductibilité et d‟accessibilité au plus grand nombre.
On a préféré puiser dans des ressources non renouvelables en incluant, par exemple, de fortes
dépenses énergétiques dans la fabrication et le transport de matériaux de construction
préfabriqués, plutôt que de payer le travail d‟une production artisanale locale. Cette
« mentalité » financière ne conduit souvent pas à des pratiques saines et écologiques puisque
les bâtiments ainsi fabriqués vont de plus en plus constituer un handicap pour maintenir la
consommation de ressources à un niveau raisonnable.

Certains matériaux nécessitent peu d‟énergie pour leur fabrication tandis que d‟autres
sont à haute teneur en énergie. L‟architecture climatique « solaire passive » insiste
particulièrement sur la nécessité de stocker et restituer toute forme de chaleur dans le temps ;
elle légitime le recours à une masse d‟inertie thermique apportée par des matériaux lourds :
terre, brique, eau, béton, pierre, placés à l‟intérieur de la construction. Dans certains cas, ces
matériaux du « gros œuvre » peuvent représenter jusqu‟à 90 % du volume total des matériaux
employés ; avec quelques efforts d‟économie d‟énergie lors du choix des matériaux,
notamment du second œuvre, un tel bâtiment sera par nature sobre en énergie.
Il est donc possible, avant d‟effectuer un choix de matériaux, de s‟informer sur les
productions locales qui favorisent le marché du travail; outre l‟économie sur les coûts de

70
transport, cette démarche permet de maintenir en activité les industries et donc l‟emploi et la
valeur ajoutée locale.

Cette approche des matériaux pour une conception solaire bioclimatique relève du bon
sens et rejoint la définition retenue pour notre étude ainsi que d‟autres finalement plus
militantes, mais en valorisant les apports techniques qui différencient des éco-matériaux, par
exemple leur capacité de stockage / restitution de chaleur « passive ».

2.1.5 Comparatifs et synthèse des différentes approches

L‟analyse de la place accordée aux éco-matériaux pour la construction (conformément à la


définition retenue dans le cadre de notre étude) dans les principaux systèmes de management
de la qualité environnementale et des démarches de labellisation des performances
énergétiques, permet de proposer une grille de lecture simplifiée présentée dans le tableau ci
après :

Cible(s) dédiée(s)
Système de MQEB
au choix des
ou labellisation de Matériaux et composants
produits et
la performance « éco-matériaux »
matériaux de
énergétique
construction
Proposition Recours non Recours Valorisation
d‟une obligatoire obligatoire des
définition aux éco- aux éco- caractéristiques
proche de la matériaux matériaux techniques
définition différenciantes
« éco- des éco-
matériaux » matériaux
(critères
environnement
– santé)
BREEAM Oui Oui NC
LEED Oui Oui Oui NC
Passivhauss Oui Oui Oui
Total Quality Oui Oui Oui NC
Minergie Oui pour
Oui Oui Oui
Minergie Eco
Greencalc /IE Oui Oui NC
GBB Brussels Oui Oui Oui Oui
HQE Oui Oui Non
Architecture solaire Oui Oui Oui Oui

Tableau 13 : Proposition de positionnement de l‟approche matériaux / éco-matériaux dans les


principaux systèmes de management de la qualité environnementale dans la construction.

Il ressort de cette synthèse que toutes les démarches, SMQE et labellisation


énergétique, proposent une cible dédiée aux matériaux et composants de construction, et donc
à leur « impact » quant à leur contribution à la qualité environnementale du système
constructif « bâtiment » (9/9).
Seuls cinq systèmes proposent une définition explicite des éco-matériaux pour la
construction, proche de celle que nous proposons dans le cadre de notre étude : LEED, Total
Quality, Minergie, GBB Brussels et Architecture solaire (5/9).
Sept systèmes incluent une cible dédiée aux matériaux de construction mais ne rendent
pas obligatoire un niveau de performance minimum quand à des matériaux plus respectueux
de l‟environnement et de la santé (tous sauf Minergie et architecture solaire) (7/9).
Par conséquent (9-2=7), seules deux démarches rendent le recours aux éco-matériaux
obligatoire pour satisfaire aux exigences de la démarche. (2/9).

71
Enfin, quatre systèmes (Passivhauss, Minergie, GBB Brussels et architecture solaire)
proposent de valoriser les apports techniques différenciants apportés par les éco-matériaux,
par comparaison à des solutions plus conventionnelles, par exemple la capacité d‟absorption /
relargage de chaleur des produits et matériaux de construction (4/9).

Il est intéressant de noter que les approches les plus complètes dans l‟utilisation /
prescription d‟éco-matériaux sont toutes issues des pays d‟Europe du Nord et/ou à
consonance germanique, pays les plus éco-sensibilisés et précurseurs des démarches
d‟architecture solaire bioclimatique les plus proches des définitions « militantes » (matériaux
éco-biologiques).

2.2 Cahier des charges d’une méthode simplifiée d’aide au choix d’éco-
matériaux pour la construction /réhabilitation de bâtiments à qualité
environnementale et à faible niveau de consommation énergétique
2.2.1 Introduction

Les développements précédents ont permis de :

- situer la problématique et les enjeux de la thématique environnementale (plus largement en


fait la traduction des principes du Développement durable) dans le secteur du bâtiment en
France,

- présenter les différentes définitions du terme « éco-matériaux » soutenues par des collèges et
communautés parfois opposés,

- situer les avancées au niveau international en terme de mise à disposition des acteurs de la
construction d‟outils et méthodes permettant d‟aborder une certaine « qualité
environnementale » sur le cycle de vie du bâtiment, certains outils étant orientés
« matériaux », d‟autres plutôt « système constructif et bâtiment »,

- expliquer le passage possible du concept de « développement durable » aux thèses parfois


insuffisantes, à celui du « management durable » plus adapté aux réalités de terrain,

- enfin comprendre l‟importance accordée au choix de matériaux et composants de


construction « éco-conçus » dans chacun des systèmes de MQEB, parmi lesquels dans la
démarche la plus en vogue actuellement1 « l‟architecture bioclimatique ».

La construction de bâtiments à qualité environnementale (HQE, éco-construction, bio-


construction) peut être simplifiée en dernière approche par la prise en compte de trois
conditions essentielles :

- la conception du bâtiment en elle-même (art, design mais également compacité,


volumétrie, orientation performance thermique des parois et éléments en contact avec
l‟extérieur) liée à la maîtrise d‟œuvre,

- le choix des produits et matériaux de construction appropriés (éco-matériaux), en


fonction de critères d‟aptitude à l‟usage (techniques), de coût (économiques) de

1
Des enquêtes réalisées par l‟auteur, auprès de la cible client « particuliers » en 2007 et début 2008 confirment
la nouvelle tendance actuelle chez les ménages français souhaitant se lancer dans un projet de construction : ils
veulent une maison saine, confortable, consommant peu d‟énergie, bioclimatique et passive (sans toutefois
savoir véritablement qualifier les deux derniers termes)

72
rentabilité (financiers) d‟impact environnemental (critères écologiques) et d‟impact
sur la santé (critères de sanitaires) ; ce choix doit être effectué en parallèle de l‟étude
des fonctions essentielles de la construction, et relève d‟ailleurs plutôt de l‟ingénierie
et du génie civil que de l‟architecture à proprement parler, en tout cas en France,

- et le choix de systèmes de production d‟énergie renouvelable permettant de compléter


les faibles besoins de chauffage restant à couvrir (d‟abord raisonner « enveloppe » et
gains passifs avant de compléter par les apports actifs).

Dans ce contexte, nous avons volontairement retenu la définition « pragmatique » des éco-
matériaux telle que présentée précédemment (paragraphe 1.3.5) : « Les éco-matériaux et éco-
produits sont donc des produits manufacturés destinés à être intégrés dans les ouvrages du
bâtiment, compatibles avec les critères de développement "soutenable", éco-conçus et
économiquement accessibles et satisfaisant aux critères de sécurité de fonctionnement après
intégration dans lesdits ouvrages ».

Les éco-matériaux et éco-produits pour le secteur de la construction permettent donc de


constituer des systèmes constructifs globalement moins impactants que ceux considérés
comme conventionnels (par exemple le « stock » de bâtiments anciens considérés comme
« passoire énergétique » et nécessitant une réhabilitation thermique de grande ampleur : le
parc de logements anciens construits avant 1979 en France est de 17,5 millions dont 9,2
millions de logements individuels (50 %) ; tous les rénover d‟ici à 2050 (facteur 4), signifie
donc un rythme annuel de près de 417 000 rénovations par an [SIDLER, 2007]56)

Le recours aux éco-matériaux s‟est généralisé depuis les années 1990 dans la plupart des
pays ayant développé des méthodologies de management de la qualité environnementale du
bâti « SMQE » (voir paragraphe 4-5 « comparatif des différentes approches).

Ces pays correspondent aux zones de chalandises pour lesquelles les parts de marché de
ces « éco-solutions », en comparaison aux volumes d‟échanges de produits et matériaux
considérés comme « conventionnels », sont proportionnellement les plus importantes : 12 %
en Allemagne, 9% aux Pays Bas, 6 % (mais à taux de croissance prévisionnel élevé) en
Belgique…

En France, de nombreux freins existent et tendent à ralentir l‟utilisation et la prescription


massive d‟éco-solutions dans le secteur de la construction : freins institutionnels,
réglementaires, économiques, normatifs, financiers, culturels, techniques..

Parmi les facteurs principaux considérés comme limitant le développement du marché


des éco-solutions, la plupart des acteurs professionnels1 de la construction interrogés
s‟accordent sur:

- le manque de transparence et de disponibilité des informations environnementales et


sanitaires vulgarisées sur les dits produits,

- le manque de disponibilité d‟argumentaires techniques, économiques et financiers,


leur permettant de vendre l‟apport des solutions éco, souvent plus chères (levier
quantités / prix) car peu diffusées, par rapport aux solutions conventionnelles.

Quelques organismes et bureaux de consulting privés abordent la question de la durabilité


par un raisonnement en coût complets en cycle de vie, ce qui permet de répercuter ou

1
Données Cd2e & Sondage effectué en 1997 par « Greenspec », au Royaume Uni, auprès de 1500 architectes,
www.greenspec.co.uk

73
traduire une performance globale en économie de coûts : coûts d‟investissement, coûts de
fonctionnement (maintenance, remplacement…), coûts en fin de vie (recyclage, mise en
décharge), coûts évités par le différentiel entre coûts complets globaux.

Mais une décomposition méthodologique fine et détaillée, basée sur une approche
fourniture / main d‟œuvre, à l‟aide de ratio de performance coûts / bénéfices pour chaque
solution constructive de masse n‟a pas encore été proposée1.

2.2.2 Objectifs de la méthode et de l’outil

L‟objectif d‟une méthode d‟aide au choix d‟éco-matériaux basée sur une performance
économique et financière, langage « marché », est précisément de pallier à ce manque
d‟argumentaires par la caractérisation et l‟évaluation des performances techniques,
économiques et financières des éco-matériaux, éco-produits et éco-systèmes pour le secteur
du bâtiment par comparaison aux solutions dites conventionnelles.

Les critères techniques regroupent les informations essentielles liées à l‟aptitude à


l‟usage, la fonctionnalité, la durabilité technique dans le temps, les niveaux de performance
intrinsèques liés à chaque matériau / produit (niveau de performance thermique exprimée en
résistance thermique équivalente par exemple pour les matériaux d‟isolation thermique
rapportée). L‟aptitude et les conditions liées à la mise en œuvre sont également concernées.

Les critères économiques regroupent quant à eux tous les coûts liés à l‟achat, la mise
en œuvre, l‟entretien, le remplacement, le recyclage ou la valorisation en fin de vie du
matériau / produit, il s‟agit en fait d‟une réflexion globale en coûts complets en cycle de vie.

Enfin, les critères financiers sont généralement les moins facilement perceptibles :
pour certains, il s‟agit de mesures, moyens et produits de financement existants, proposés par
les acteurs privés et publics du monde de la finance (banques, fonds et placement de
financement des logements sociaux, organismes para publics, collectivités…), qui permettent
de financer les travaux de construction neuve ou de réhabilitation : prêts bonifiés, mesures
fiscales, mesures d‟incitation.
Pour d‟autres, il s‟agit d‟un langage commun universellement compréhensible, ayant
l‟avantage de présenter un dénominateur commun pour mesurer les aspects économiques,
sociaux et environnementaux d‟un développement [De BACKER, 2005].

L‟objectif de notre étude est donc de proposer et construire un faisceau cohérent


d‟indicateurs simples permettant in fine de réaliser un calcul coûts/bénéfices de la prescription
/ utilisation d‟éco-systèmes par comparaison aux solutions constructives conventionnelles ; ce
système de management durable appliqué aux éco-matériaux devant permettre d‟augmenter
les parts de marché de ces éco-produits en France.

2.2.3 Choix des critères de performance : indicateurs, référentiel de mesure pour une
aide multicritère à la décision

Pour atteindre cet objectif de construction d‟un faisceau cohérent d‟indicateurs


permettant de réaliser un calcul coûts / bénéfices de la prescription / utilisation d‟éco-
matériaux, nous proposons de travailler sur des indicateurs répartis au sein de trois grandes
familles « critères techniques – économiques – financiers » considérées comme principales
car prépondérantes dans une démarche de choix prescription – utilisation de matériaux et
composants de construction. Les critères de choix basés sur des indicateurs de ces trois
1
Une base de données « Construction Durability Database » existe en Angleterre, et donne des indicateurs de
durabilité d’un grand nombre de composants du bâtiment. Elle est financée par l’organisation gouvernementale
« Housing Corporation » et Building Life Plans Ltfd voir http://www.componentlife.com/default.asp

74
grandes familles seront complétés par des données minimales regroupées dans les familles
« environnement » et « santé » venant légitimer l‟aspect « éco » des matériaux sur lesquels
nous proposons de travailler, par comparaison aux solutions conventionnelles traditionnelles.

Chaque famille de critères regroupe des indicateurs qui dépendent eux mêmes
spécifiquement des particularités de chaque matériau ou composant : composition, domaine
d‟utilisation, contexte réglementaire de référence, usages de prescription dans le milieu de la
construction.

Au-delà de l‟approche purement technique, économique ou financière sur laquelle


nous proposons de concentrer notre raisonnement, nous légitimerons la comparaison « éco-
matériaux » / « solution conventionnelle » par l‟utilisation d‟indicateurs environnementaux
facilement compréhensibles pour des non spécialistes des analyse en cycle de vie et en phase
avec les préoccupations et grand enjeux de société actuels (augmentation du cours des
énergies non renouvelables, commerce équitable, recours aux ressources renouvelables
locales…) : l‟énergie grise –embodied energy), les matières premières d‟origine
renouvelable, la recyclabilité en fin de vie et le pourcentage d‟énergie verte utilisé en phase
process.
Ces indicateurs sont repris dans la majorité des outils dédiés à l‟analyse en cycle de
vie de matériaux, systèmes constructifs et/ou de bâtiments, présentés au paragraphe 1.2.2.4
tableaux 1, 2 et 3.

Enfin, une famille d‟indicateurs sera volontairement dédiée à l‟analyse du bilan


carbone équivalent au contenu énergétique (conversion d‟unités énergétiques en unités
équivalent carbone ayant un pouvoir global de réchauffement climatique) des matériaux et
composants analysés : certes mono critère parfois trop restrictif, le bilan carbone comparatif
est un indicateur partiel d‟éco-efficacité, présentant un lien fort avec une préoccupation
internationale omniprésente, le réchauffement climatique et son impact sur les activités
humaines, notamment les filières de production de biens et services.

Les pays anglo-saxons sont d‟ailleurs plus avancés que la France dans ces réflexions
carbo-centristes, plusieurs entreprises de production et réseaux de distribution1 ont récemment
décidé d‟axer leur marketing environnemental sur des indicateurs restreints facilement
compréhensibles par les consommateurs finaux : le contenu énergétique, le bilan carbone
équivalent et les modes de transport utilisés.

Ces informations de référence peuvent être regroupées au sein d‟un référentiel,


ensemble de base de données contenant les références d‟un système d‟information, permettant
une aide à la décision multicritères.

Ces références peuvent être indispensables ou complémentaires; un référentiel


rassemble et structure les éléments considérés comme nécessaires pour fournir des réponses
aux questions évaluatives. Il doit être le résultat d‟une démarche raisonnée qui renforce
l‟objectivité et la transparence du système d‟évaluation.

L‟analyse multicritères, autrement appelée aide multicritères à la décision, est apparue dans
les années 1960, pour pallier les insuffisances d‟une simple analyse monocritère, par exemple
de type économique. Elles se sont principalement focalisées sur les problèmes à décideur
unique.

1
Voir par exemple la démarche de TESCO début 2007 en Grande Bretagne, géant de la distribution de produits
alimentaires sur www.tesco.com

75
Par la suite, les champs d‟application ont été élargis à des problèmes à décideurs
multiples, recherchant donc une solution répondant à la meilleure combinaison possible de
critères multiples [SIMOS, 1990]57, c'est-à-dire en fait le meilleur compromis et non la
meilleure solution. D‟où l‟intérêt que représentent ces méthodes pour l‟évaluation
environnementale de matériaux et produits de construction : la meilleure solution n‟existe pas
d‟un point de vue objectif, on peut trouver le meilleur compromis et peut-être la meilleure
association de compromis parmi les choix possibles1.

Plus précisément, l‟analyse multicritères est une analyse ayant pour but d‟expliciter
une famille cohérente de critères [Roy & Bouyssou, 1993]58 permettant d‟appréhender les
différentes conséquences d‟une action, potentielle, globale, partielle ou fragmentaire.

Une action correspond aux solutions possibles envisagées par un processus de


décision, c‟est l‟élément qui va faire l‟objet de la comparaison. L‟action potentielle est une
action provisoirement jugée possible par l‟un des intervenants, en vue de l‟aide à la décision.
Une action globale est une action potentielle dont la mise à exécution est exclusive de toute
autre action.

L‟action partielle ou fragmentaire est une action dont la mise à exécution n‟est pas
exclusive de toute autre action. Lorsque ces actions fragmentaires sont indépendantes les unes
des autres, il est préférable de raisonner sur chacune d‟entre elles plutôt que sur leur
combinaison en actions globales qui rend le processus de décision complexe.

Par contre, lorsque les actions fragmentaires sont interdépendantes, il est préférable de
les comparer en actions globales pour comparer des actions vraiment comparables, les actions
fragmentaires interdépendantes ne pouvant être comparées individuellement.

Concernant le choix de matériaux et composants de construction, il est possible de


constater que ce choix ne peut représenter qu‟une action fragmentaire non indépendante des
autres : si chaque produit de construction peut être considéré indépendamment sur certaines
de ses caractéristiques, il est difficile, sur la majorité d‟entre elles, de dissocier la performance
par exemple technique individuelle du matériau de la performance technique du matériau au
sein du système constructif global constitué par le bâtiment.

Mais les performances techniques de ce matériau ou composant ne se traduisent pas


directement dans la plupart des cas par des performances techniques à l‟échelle du bâtiment :
c‟est l‟association de composants qui permet cette transposition de performances techniques à
l‟échelle du bâtiment, i.e. le passage du matériau / composant à l‟association de matériaux et
composants au sein de systèmes constructifs remplissant une fonction, eux-mêmes assemblés
pour constituer le bâtiment, système constructif global.

Une association de composants ou matériaux de construction susceptible de


représenter une action globale représente un composant de construction, une partie d‟ouvrage
telle qu‟un mur, une toiture, un plancher, une fenêtre, ou plus précisément une réalisation
particulière d‟un composant du bâtiment qui respecte une unité fonctionnelle donnée2.

Cette réalisation particulière peut être appelée « solution constructive » indépendante


des autres car, lorsque choisie, elle ne nécessite pas le choix d‟une autre solution constructive

1
Cette remarque est d‟ailleurs également valable pour le secteur des énergies renouvelables ou le meilleur
compromis représente une association complémentaire entre plusieurs systèmes de production d‟énergies,
renouvelables ou non, et pas une solution « unique ».
2
Au sens de la norme ISO 14 040

76
et sa mise à exécution est exclusive de toute autre solution, puisque, lorsqu‟elle est mise en
œuvre, une autre solution ne peut être mise en œuvre en même temps.

Il s‟agit bien ici d‟une action potentielle globale [MAYSTRE, 1994]59

2.2.4 Choix d’une méthodologie d’analyse et d’expérimentation :

Pour mesurer les caractéristiques techniques économiques et financières des éco-


matériaux pour la construction par comparaison aux solutions conventionnelles, il faut
disposer d‟une grille de classification permettant de hiérarchiser les matériaux et produits en
proposant des indicateurs clés de caractérisation répartis dans les familles précitées.

2.2.4.1 Les systèmes de classification

Les principaux types de classement des composants et matériaux de construction


s‟effectuent :

- par fonctionnalité, usage ou destination : matériaux pour le gros œuvre, le second


œuvre, la construction, la protection,
- par typologie de matière constitutive du matériau ou du composant : matière primaire,
matière secondaire, matière métallique, organique, minérale ou composite,
- par point de vue de la conception en construction ie les matériaux pouvant être
considérés sous l‟angle des procédés de fabrication, de l‟environnement productif
local et sous l‟angle des filières constructives, modes ou procédés constructifs
majeurs,
- enfin, par type d‟usage en fonction de l‟application liée à l‟époque et aux tendances
historiques (moderne, contemporain, traditionnel..).

Les destinations ou usages sont différenciés en fonction de la catégorie d‟emploi, gros


œuvre, second œuvre et/ou de terrain.

Les matières constitutives peuvent être primaires (première utilisation) ou secondaire


(ré-utilisation), naturelles, artificielles ou synthétiques :

77
Types de classement Sous classement Définitions
- Matériaux du gros œuvre GO
Par l‟usage ou l‟aptitude à la - Matériaux du second œuvre
fonction SO

Matériaux de terrain Distinction par l‟usage (aptitude à la Un matériau de construction1 est


fonction), selon les domaines d‟emploi finalement un usage possible de la
et les caractéristiques matière, transformée en matériau.
 matériaux de construction :
objet : résister aux forces
importantes
 matériaux de protection :
objet : résister aux forces
importantes, enrober,
protéger les matériaux de
construction.

Par la clé d‟entrée « matière » Matières issues de la « nature »,


primaire (première utilisation) directement utilisées par
ou secondaire (recyclage) Naturelles l‟homme : laine, bois, cuir, coton,
pierre
Matières issues de la nature mais
transformées par l‟homme avant
utilisation : métaux issus du
Artificielles minerai, verre fabriqué à partir de
silice

Matières premières issues de la


nature (ex pétrole) mais créées par
l‟homme à partir de procédés
chimiques, ce qui les différencie
Synthétiques des autres matériaux : matières
plastiques

Tableau 14 : Proposition de classement des matériaux et composants de construction par type


d‟usage et de matières constitutives.

La science des matériaux de construction propose, quant à elle, une typologie basée sur la
matière constitutive de tout corps ayant une réalité tangible :

1
Matériau de construction : matériau utilisé dans le secteur de la construction, bâtiment et travaux publics.

78
Matériaux
métalliques

Matériaux
composites

Matériaux Matériaux
organiques minéraux

Figure 10 : Proposition de synthèse des familles « officielles » de la science des matériaux.

Légende :
- minéraux : roches, céramiques1, verres

- métalliques : métaux ou alliages de métaux ; les métaux sont définis comme des
éléments chimiques pouvant former des liaisons métalliques et perdre des électrons
pour former des cations, et/ou liaisons ioniques dans le cas des alcalins. Les
« alliages » de métaux sont une combinaison d‟un métal avec plusieurs autres
éléments pour en améliorer les caractéristiques / propriétés notamment mécaniques.

- organiques : contenant de la matière organique2, ie matière carbonée provenant


d‟êtres vivants ou non, végétaux ou animaux. Plus spécifiquement, matière capable de
se décomposer ou de l‟être. Les composés organiques (ex plastiques PE, PET, PVC,
PS) ne sont ainsi pas considérés comme organiques car ils se décomposent lentement.

Le croisement de la science des matériaux et des usages de terrains peut donner ce type de
représentation avec, en perspective, un axe « passé – présent – futur » :

1
Ensemble des objets fabriqués en terre et qui ont subi au cours d‟une cuisson une transformation physico-
chimique irréversible. On distingue les céramiques dites « utilitaires » (poteries) des céramiques d‟art et des
céramiques industrielles (oxydes, carbures, nitrures)
2
On distingue la matière organique « fossile » d‟origine animale ou végétale (charbon, pétrole) de la matière
organique récente, d‟origine également animale ou végétale (tourbe)

79
Figure 11 : Proposition de classement croisée entre la science des matériaux et les usages de
terrain.

Par procédé constructif majeur, on entend un procédé permettant la réalisation d‟une


solution constructive mais soulevant un problème de conception récurrent.

Les procédés constructifs permettent de proposer des solutions de construction


adaptées par type de matériau. Ils sont le fruit d‟une interaction ingénierie / conception et
suscitent des initiatives, nouveautés, innovations propres à l‟environnement d‟exécution.

Neufs procédés « constructifs » soulèvent des problèmes considérés comme «


majeurs » d‟un point de vue de la conception (ingéniérale et architecturale) [DESHAYES,
2005]60:

1- la thermique de l‟enveloppe (ponts thermiques)


2- la gestion des dilatations
3- les infiltrations d‟eau / remontées par capillarité (ponts hydrauliques)
4- le traitement des nuisances acoustiques

80
5- l‟effet structurel et les descentes de charge
6- la gestion des déformations extérieures dues aux pressions extérieures
(contreventement)
7- le travail de la structure
8- le tramage (espaces reliés, régularité, orientation du bâti)
9- le calepinage (assemblage de matériaux différents sur un espace restreint et selon
un plan d‟exécution précis)

Le type et l‟époque historique d‟application permettent enfin de proposer une


répartition pour les matériaux bruts :

Tableau 15 : Les principaux matériaux de construction (voir matériaux de terrain) avec


applications liées.

En complément de cette approche scientifique, il existe deux autres systèmes de


classement des matériaux / produits de construction utilisés par les acteurs du monde de la
construction : le système UNICLASS et le classement proposé par l‟Union des Techniciens et
Economistes de la construction « UNTEC ».

Le Système UNICLASS ou « Unified Classification for the Construction Industry »


est une classification unifiée adaptée à l‟industrie de la construction ; rédigé en 1997 en
Grande Bretagne par le CPIC « Construction Project Information Committee » représentant
les quatre principaux organismes impliqués dans la construction en Grande Bretagne : la
confédération de la construction (Construction Confederation), l‟institut royal des architectes
britanniques (the Royal Institute of British Architects), l‟institut royal des maîtres d‟œuvres
agréés (The Royal Institution of Chartered Surveyors) et l‟institution royale des services
ingénierie du bâtiment (the Chartered Institution of Building Services Engineers).

UNICLASS est spécifiquement adapté au classement des produits, systèmes


constructifs, bâtiments, métiers et ouvrages.

Il est composé de quinze tables qui décrivent chacune différentes facettes de


l‟information dans la construction ; chaque table peut être utilisée indépendamment à partir
d‟un type particulier d‟informations mais les informations de différentes tables peuvent être
facilement combinées pour classer des sujets complexes.

81
Tableau 16 : Table d‟entrée du système de classification UNICLASS1, CPI.

Les tables les plus intéressantes et pertinentes pour classer et ordonner les composants
et produits de construction faisant l‟objet de notre étude sont les tables :
- E « construction entities »
- G « elements for buildings »
- L « construction products »
- N « properties and characteristics ».

Un produit pour l‟isolation telle qu‟une laine de lin ou de chanvre, matériau bio-sourcé
et utilisé en complexe sous toiture d‟un bâtiment, peut ainsi être classé de la manière suivante
selon UNICLASS.

E8 – BUILDINGS / G24 ROOFS / L2 COMPLETE CONSTRUCTION ENTITIES AND


PRODUCTS / N3 PERFORMANCE

Le classement proposé par l‟UNTEC ou « méthode UNTEC », permet en France


l‟estimation de bâtiments neufs et anciens; créé en 1978 [UNTEC, 1978]61 et réactualisé
depuis 1988 propose, quant à lui, une catégorisation par type d‟ouvrages (bâtiments) et par
type d‟usages (CA à CL : habitation, scolaire, tertiaire, culturel, hospitalier etc…) et décrit
ensuite les types d‟infrastructures ou « systèmes constructifs » composant le bâtiment :

- A11 & A12 « encaissements et fondations » jusque A 33 « «équipements de


parachèvement »
- B « préparation, aménagements et démolition »
- C « réseaux et aménagements spécifiques »

1
CPI – Construction Project Information www.productioninformation.org/Uniclass.asp

82
Le même isolant laine de chanvre serait ainsi catégorisé de la manière suivante :
CA BATIMENTS A USAGE D’HABITATION – A22 TOITURES
– A222.2 ISOLATION DES COUVERTURES

Le classement « méthode UNTEC » français est moins précis que celui proposé par
UNICLASS en Grande Bretagne; ce dernier présente l‟avantage d‟aborder à la fois matériau /
produit / système constructif et enveloppe globale (bâtiment).

Nous proposons dans le cadre de notre étude de retenir la méthode UNICLASS anglaise,
d‟ailleurs déjà utilisée par un outil1 d‟aide à la prescription d‟éco-solutions pour la
construction, en lien avec le SMQE BREEAM et ECO-HOMES.
Un croisement classement scientifique / classement opérationnel de terrain est possible.
Clé 1 Clé 2 Clé 3 Clé 4 Clé 5 Clé 6 Clé 7 Clé 8 Clé 9 Clé 10
Matière Matériau Matériau Application Matériaux Matériaux Uniclass G Uniclass Uniclass N Solutions
première naturel métallique moderne de du gros « Elements L « construction « properties constructives
primaire construction œuvre for products » and (cumul
building » caracteristics »’ possible)
Matière Matériau Matériau Application Matériaux Matériaux G1 L1 N1 1à9
première artificiel minéral moderne et de du
secondaire traditionnelle protection second
oeuvre
Matériau Matériau Application G2 L2 N2 1-3 ou 2-4
synthétique organique traditionnelle
Matériau …… … … 1-5 ou 3-8
composite
G77 L8 N9

Tableau 17 : Proposition de classification croisée pour la comparaison de matériaux


conventionnels et d‟éco-matériaux au sens retenu dans notre étude.

2.2.4.2 Les typologies d’indicateurs.

Comme précisé au paragraphe 2.2.3 « choix des critères de performance » pour


chaque famille de matériaux / composants de construction qui fera l‟objet de notre étude, nous
proposons de sélectionner principalement un certain nombre d‟indicateurs techniques,
économiques et financiers considérés comme incontournables pour pouvoir comparer
individuellement mais également au sein de systèmes constructifs élaborés un produit /
matériau de construction avec un autre, et ce pour une même fonction (un même usage: par
exemple un isolant isole sur une durée de vie théorique qui correspond à la garantie fabricant,
accompagnée d‟une mise en œuvre correcte effectuée par l‟artisan).

La définition des critères techniques, économiques et financiers sur laquelle nous nous
basons pour caractériser les matériaux et composants étudiés reprend celle présentée au
paragraphe 1.2.1 « contexte de l‟analyse multicritères ». Un matériau ou composant de
construction n‟est bien évidemment jamais mis en œuvre seul, il remplit toujours sa fonction
dans le cadre d‟un système constructif composé d‟associations de matériaux et composants.

Il est donc possible de se baser systématiquement sur le système constructif le plus


représentatif de l‟association des matériaux et composants considérés, en ramenant nos
données à la notion d‟unité fonctionnelle (UF) [CSTB, 2005]62 qui est l‟unité de référence de
compte à laquelle se réfère une analyse environnementale : par exemple un m² en œuvre pour
un produit de couverture, pour un produit de cloisonnement ou un mur. Cette unité dépend du
service rendu par le produit.

1
Greenspec – National Green Specification, disponible sur www.greenspec.co.uk

83
Un cas d‟application pour un matériau de construction d‟innovation récent : le bloc
monomur pierre ponce, auto-porteur et auto-isolant, comparé à un système constructif
équivalent (remplissant la même fonction): l‟association parpaing béton et complexe isolant
rapporté à l‟intérieur (laine de verre) :

Choix de l’unité
2.Indicateurs
fonctionnelle (UF) : 1 m² de 1.Indicateurs techniques 3.Indicateurs économiques
financier
mur porteur isolé de 30 cm (liste non exhaustive) (liste non exhaustive)
(liste non exhaustive))
d’épaisseur (mur fini)

Bloc monomur pierre ponce - 1.1 Valeur thermique U - 2.1 Temps de retour - 3.1 Coût « produit « pour la
(par comparaison à valeur sur investissement réalisation de l’unité
réglementaire RT 2005 ou (fonction des surcoûts fonctionnelle
2010) de référence initiaux et des
bénéfices engendrés - 3.2 Coût main d’œuvre pour
- 1.2 Inertie thermique I de sur DVT) 1 unité fonctionnelle
/ transmission (en heures)
- 2.2 Taux - 3.3 Surcoût initial système X /
Bloc parpaing béton et laine - 1.3 Réduction d’actualisation des système Y
minérale acoustique Rw (en dB) valeurs monétaires
- 3.4 Coût de réversibilité (coût
- 1.4 Déperditions - 2.3 Valeur de remplacement sur DVT,
linéiques (ponts actualisée (fonction fonction de la DVT et du nb de
thermiques) du taux remplacements sur la DVT)
d’actualisation choisi)
- 1.5 Perméabilité à la des coûts et - 3.5 Coût total en cycle de vie
diffusion de vapeur d’eau bénéfices, sur DVT. ou « coût total sur DVT »

- 1.6 Nombre de - 2.4 Ratio coûts / - 3.6 Bénéfices sur DVT


matériaux / composants bénéfices actualisés,
utilisés au m² de mur (UF) à court, moyen et - 3.7 Coût taxation carbone
long terme (hypothèse)
- 1.7 Poids du système
constructif - 2.5 Prime /
subvention éventuelle
- 1.8 Durée de vie pour recours à des
théorique du système matériaux / produits
(DVT) locaux

- 1.9 Nb de
remplacements sur DVT
(0, 1, 2 ou 3…)

Tableau 18 : Proposition d‟indicateurs pour étudier deux solutions constructives : l‟une


considérée comme issue de la filière éco-construction, la seconde considérée comme
conventionnelle.

De part la nature et la fonction des matériaux et composants, pris individuellement et


regroupés au sein de systèmes constructifs répondant aux problématiques de conception
« majeures » (solutions constructives), les indicateurs des familles de critères précitées
peuvent être identiques ou très différents : le coût de la main d‟œuvre et des produits pour une
unité fonctionnelle reste un critère inchangé par exemple entre 1 m² de mur porteur isolé et 1
m² de mur peint ou enduit; par contre, les problématiques réglementaires et les critères
techniques s‟y rapportant sont foncièrement différents : coefficients thermiques, déperditions
linéiques pour un m² de mur porteur auto-isolé, stabilité dimensionnelle et module d‟élasticité
pour une peinture ou un enduit.
Le nombre de remplacements sur la DVT est un critère pouvant être appliqué aux deux
systèmes constructifs.

A chaque famille de produits et/ou solutions constructives étudiées correspondent


donc des critères techniques, financiers et économiques identiques mais aussi différents qu‟il
faut adapter au cas par cas.

84
Nous travaillons néanmoins sur la comparaison de matériaux et composants considérés
comme « éco » au sens éco-conception, voir définition retenue en 1.3.1 : éco-matériaux issus
de démarches minimalistes d‟éco-conception menées par le fabricant / fournisseur.

Sans rentrer dans l‟analyse en cycle de vie exhaustive, il est possible de légitimer les
choix « éco » par rapport aux solutions conventionnelles de référence par une sélection de
critères issus d‟une approche de management durable appliquée au secteur de la construction.

Ces critères de caractérisation environnementale et santé sont proposés depuis 2005


par un organisme présent en Nord Pas de Calais 1, pour commencer à aborder la thématique de
l‟éco-conception avec des fabricants et distributeurs de matériaux et produits de construction
régionaux. Cette région est pionnière, avec d‟autres2 en France, sur la communication
d‟informations favorisant le marché de l‟éco-construction, notamment sur les matériaux,
produits, systèmes constructifs alternatifs et énergies renouvelables.

Figure 12 : Proposition de critères simplifiés permettant la qualification « éco » d‟un


matériau ou composant de construction, CD2E, 2005 .

Nous proposons de retenir les critères suivants, dans les champs environnementaux et
sanitaires : type de matières premières – énergie grise – recyclabilité – toxicité – lieu de
fabrication

- Type de matières premières constitutives : matière première primaire ou secondaire,


renouvelable ou non renouvelable. Une matière première primaire est une matière
première de première transformation, qui n‟a pas été utilisée / valorisée au sein d‟un
produit manufacturé. Si cette matière est renouvelable, elle ne pose en général pas de
problèmes de disponibilités pour les générations futures. Une matière première
secondaire est issue des filières de valorisation matières / recyclage, et donc de
produits recyclés. Le fait de ré-valoriser les produits recyclés en matières première
secondaire permet, en fonction des taux de recyclabilité, d‟alimenter une boucle quasi
continue de revalorisation et d‟éviter les solutions ultimes polluantes d‟élimination de
produits en fin de vie, impactantes et coûteuses pour l‟environnement et la société.

1
Cd2e – Création Développement Eco-Entreprises, voir « base de données des éco-matériaux » disponible sur
www.cd2e.com
2
Voir les initiatives développées par INEED et NEOPOLIS dans la Drôme, notamment la première formation de
technico-commercial spécialisé en éco-matériaux / éco-construction www.ineedra.org

85
- Energie grise : quantité d‟énergie nécessaire en phase process pour fabriquer une
unité de volume du matériau / composant, autrement dit « énergie grise » en phase
process, exprimée en unité énergétique (kwh ou joules) par m3 ou tonne ; l‟énergie
grise n‟est qu‟un indicateur d‟éco-conception parmi les autres mais présente le mérite
de la simplicité de lecture. Le pendant de l‟énergie grise est la traduction de la dépense
énergétique en équivalent carbone, directement en lien avec la thématique du
réchauffement climatique et des gaz à effet de serre d‟origine anthropique.

- Recyclabilité en fin de vie : tous les matériaux, composants et systèmes constructifs


ont une durée de vie théorique (DVT) à l‟issue de laquelle ils sont déconstruits pour
mise en décharge (mauvaise solution), recyclage (complet ou partiel) et /ou
valorisation intermédiaire ou ultime. Le taux de recyclabilité d‟un produit exprimé en
% dépend largement des matières premières utilisées en amont, du process de
fabrication et de conception appliquée par le fabricant. Les matériaux et composants à
fort potentiel de recyclage doivent être privilégiés dans une logique d‟éco-construction
mais également de management environnemental du fabricant.

- Toxicité pour tout le cycle de vie : la toxicité d‟un matériau et composant sur son
cycle de vie concerne l‟impact des différents flux correspondant aux étapes du cycle
de vie, sur l‟environnement (milieu naturel) et la santé (des opérateurs, des occupants
d‟un bâtiment sur sa durée de vie). Sont concernées, par exemple, les émissions dans
l‟air de particules bio-assimilables par l‟organisme humain en phase utilisation (mise
en oeuvre sur chantier, rejets d‟effluents aqueux dans le milieu naturel en phase
process, émissions de composés organiques volatils dans l‟air intérieur d‟un bâtiment)

- Lieu de fabrication
plus les modèles de développement économique, il est possible d‟introduire le concept
de « sourcing local » ou « localisation géographique préférentielle » pour re-
positionner la valeur ajoutée générée par une activité au plus près possible des
territoires de proximité ; le coût des énergies non renouvelables devrait à terme
favoriser les filières économiques locales et circuits courts « production – distribution
–consommation ». La commande publique (institutions) a depuis peu l‟opportunité
d‟inclure dans ses procédures de passation de marchés des clauses environnementales
favorisant les produits issus de filières courtes, moins impactants d‟un point de vue
réchauffement climatique que des produits importés sur de longues distances (critère :
émissions de C02 liées à la phase transport, ramenées à la tonne /kilomètre1)

En lien avec le critère « lieu de fabrication » relevant directement de l‟approche de


management durable, il est possible d‟affiner l‟approche environnement et santé par un volet
sociétal concernant l‟impact sur l‟économie (locale ou non) de la mise sur le marché d‟un
matériau / composant de construction.

L‟approche est proposée de manière globale par le concept d‟éco-socio-conception qui


vise à la recherche d‟une éco-socio-efficience « limiter les impacts sur l’environnement mais
également les impacts négatifs sociaux tout au long du cycle de vie » [AFNOR, 2003]63.
Cette approche est reprise dans le document cadre de la SD 21000 (« Sustainable
Development », norme FD X30-021 sur le développement durable dans les entreprises, )
[AFNOR, 2003]64.

Traduction en langage opérationnel, un organisme de recherche basé en Suisse,


Lignum Fribourg, dont les activités principales concernent l‟étude et le suivi de la filière bois
1
Voir Bilan carbone de l‟ADEME http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-
1&cid=15729&m=3&catid=15731

86
helvète, a consacré en 2004 6 mois d‟activités à l‟étude socio-économique du bois, de la
source « la forêt » au produit fini « une menuiserie extérieure » en bois.

L‟étude conclut, après avoir comptabilisé les heures de travail nécessaires pour chaque
étape de la transformation du bois en menuiserie, à un volume horaire de 200 heures
nécessaires pour produire une fenêtre en bois.

Par comparaison, une fenêtre en aluminium en nécessite 20, d‟où un rapport de 1 à 10


entre les deux produits « fenêtre » remplissant la même fonction, et à performance thermique
identique.

Figure 13 : Nombre d‟heures de travail générées en fabrication, jusqu‟à la mise à disposition


sur le marché Suisse, par une fenêtre en bois et une fenêtre en aluminium,
Lignum, Fribourg, 2004 .

L‟information peut être prise en sens inverse : une fenêtre en aluminium ne génère que
20 heures de travail, alors qu‟une fenêtre en bois, en génère quant à elle 200. L‟interprétation
brute de ces données permet à priori de positionner la fenêtre en bois plus favorablement que
l‟option aluminium.

D‟autres paramètres sont évidemment à prendre en compte pour affiner l‟analyse :


- volume horaire hebdomadaire
- taux d‟imposition du travail
- volumes de production des unités de fabrication
- nombre de salariés nécessaires par volume de production
- évolution du cours de matières premières …
Agglomérer toutes les données économiques d‟une filière pour raisonner
économiquement en cycle de vie et trouver une corrélation sociale permet d‟ajouter aux
critères « conventionnels » de l‟analyse en cycle de vie une dimension plus sociale (xx heures
de travail équivalent à xxx emplois en « hommes équivalents ») qui semble correspondre à
une logique privilégiant l‟investissement humain plutôt que l‟investissement en capital ou
moyens de production.

Même si le critère semble séduisant, les conclusions tirées n‟en sont pas moins
difficiles d‟analyse : à volume de production identique, soit 50 000 tonnes de blocs par an
vendus sur une zone de chalandise de moins de 50 km, une unité de production nécessite pour
tourner 5 temps pleins et 6 temps partiels (maintenance), une autre nécessitera elle 12 temps
pleins et 3 temps partiels. Le type de production et le taux de mécanisation sont différents.
Quelle est l‟entreprise qui contribue le plus, via son activité, à la création de richesse et de
valeur ajoutée, donc d‟impact positif sur l‟économie locale ?

87
Des écarts plus importants permettent de présumer d‟un « meilleur » impact social: à
volume de production différent, une PME emploie 15 personnes pour un volume de
production annuel de 50000 tonnes; un industriel, filiale d‟une multinationale, produit
150 000 tonnes par an et fait vivre 8 salariés directs.

Le chiffre d‟affaires et le résultat net sont différents ; la PME investit en grosse partie
ses bénéfices en capital humain ou technique de production, avec amélioration de certaines
conditions de travail sur postes par un taux de mécanisation progressivement plus important,
la filiale de multinationale redistribue une grosse partie de son résultat net aux actionnaires, le
taux de mécanisation déjà très important ne progresse pas, compte tenu d‟une augmentation
des volumes de production, le nombre de temps partiel dédié à la maintenance progresse de 3
unités.

Une commande publique qui a l‟opportunité, dans les procédures d‟appel d‟offre de
ses marchés, d‟inclure des critères sociétaux et environnementaux, se retrouve confrontée à
choisir entre le bloc de la PME locale régionale et le bloc de la multinationale implantée en
France à 500 km de distance.

Nous proposons dans la mesure de l‟existence de données économiques suffisantes, de


prendre en compte ce critère économique mais social supplémentaire qui viendra compléter le
critère « localisation géographique préférentielle » développé en justification
environnementale et sanitaire.

2.2.4.3 Les critères partagés avec les acteurs de terrain : critères techniques et
économiques plutôt que critères environnementaux et sanitaires ?

Le référentiel de mesures que nous proposons d‟élaborer a pour principal objectif de


proposer des argumentaires simplifiés aux professionnels de la construction « acteurs de
terrain » confrontés à l‟émergence d‟une demande de plus en plus prononcée pour :

- la qualité environnementale,
- le confort et la santé,
- la réduction des consommations d‟énergie.

dans le neuf et en réhabilitation / rénovation du bâti ancien.


Le marché du « construire durable » est en plein émergence, avec, en perspective, les
16,1 millions de logements anciens à rénover dont 63 % ont été construit avant 19751 et la
première réglementation thermique, et les 600 milliards d‟euros de coût estimé pour la
réhabilitation thermique du parc immobilier français. En perspective également, les 350 000
mises en chantier de logements neufs chaque année.

Pour différents acteurs de terrain du monde de la construction en France, construire


durable signifie :

- « être capable d’expliquer qu’un produit durable, plus cher, s’exploitera et se vendra
mieux » (François BERTIERE, PDG de Bouygues Immobilier),

« seules les entreprises qui auront engagé la réflexion sauront prendre le virage » (François
Xavier CLEDAT, PDG de Spie Batignolles),

1
Le moniteur hors série, « Construire Durable », mars 2008. www.lemoniteur.fr

88
« avec le Grenelle de l’environnement, nous assistons à une accélération inimaginable il y a
quelques années » ; « la certification HQE est dépassée » ; « les professionnels ayant admis
qu’ils savaient constuire des bâtiments à énergie positive, le débat a porté sur les délais »
(Alain MAUGARD, président du CSTB),

« tous les produits de construction sont à base minérale, organique, végétale ou animale, ils
sont tous issus du sol ; placer le débat sur le caractère naturel de tel ou tel isolant est un non
sens, la question est de savoir comment on transforme la matière première » (Sylvie
CHARBONNIER, présidente de la commission technique du Filmm),

« les fiches de déclaration environnementales et sanitaires restent difficiles d’accès pour des
prescripteurs non avertis, un étiquetage simplifié généralisé à tous les produits et matériaux
de construction est donc attendu avec impatience » (François LEFORT, adjoint qualité et
développement durable, DGUHC),

« déchets, facturer le service – 40 % des déchets (380 millions de tonnes) proviennent du


BTP » « le volume des déchets produits va s’accroître » (Laurent CHATEAU, expert
ADEME des déchets du BTP),

« tirer le marché vers le développement durable, Geoxia s’est lancé dans l’aventure de la
bonne maison car c’est une volonté de l’entreprise de tirer le marché vers le développement
durable » « nous sommes quasiment les seuls à pouvoir le faire : créer un prototype et lancer
une maison à ce prix là » « au final nous pensons qu’il y a un certain nombre d’éco-citoyens
qui ont envie d’avoir une maison propre » (François RACHLIN, pôle technologies de
Geoxia),

« le coût global devrait être un argument commercial : le coût global prend en compte la
construction mais aussi le surcoût lié à l’amélioration du fonctionnement, voire au recyclage
du bâtiment » (Jacques Philippe CHARPY, président de l‟UNTEC).

Ces quelques témoignages d‟acteurs de terrain attestent de la nouvelle viabilité et la


rentabilité des marchés « environnement et construction » et des nécessaires besoins de
formation des acteurs en terme de savoir-faire sur les nouveaux métiers.
Le besoin d‟adaptation des acteurs face aux nouvelles attentes des clients est réel :
passage d‟un métier de mise en œuvre / pose à celui de prescripteurs / poseur ; proposition de
solutions globales intégrant diagnostic – devis / relationnel clientèle / réalisation des travaux /
solutions de financement.

Le positionnement futur des entreprises qui auront intégré les couples « nouvelles
techniques et matériaux / nouveaux savoir faire / démarche commerciale qualitative /
approche globale » sur ces marchés du développement durable appliqué au bâtiment, tandis
que celles qui n‟auront pas anticipé suivront.

Les matériaux, systèmes et techniques dites « nouvelles », correspondant à ces


nouvelles exigences de marché (attentes des éco-consommateurs, évolution des
réglementations thermiques, mise en avant des initiatives privées et publiques avant-gardistes)
sont, pour le gros des troupes, méconnus, peu maîtrisés et donc difficilement vendables par
les entreprises qui réalisent des constructions traditionnelles.

Même si les arguments écologiques et de santé sont de plus attendus par une clientèle
éco-consommatrice, les principaux critères de choix demeurent : service rendu, qualité et
durabilité au sens technique d‟un produit ou matériau, prix, subventions possibles locales ou
nationales, solution de financement liée.

89
Par contre, des matériaux et produits intégrant les nouvelles exigences réglementaires
(par exemple un isolant spécifique pour le confort d‟été en sous toiture), et synonymes de
qualité et de confort supplémentaire par rapport à d‟autres plus conventionnels présentent
souvent un écobilan plus intéressant sur leur cycle de vie ; l‟argument technique supérieur sert
alors à légitimer un coût plus important lié au gain environnemental et sanitaire et surtout aux
faibles volumes présents sur le marché ou à la taille de l‟entreprise ayant innové en terme
d‟éco-conception.
C‟est aujourd‟hui presque toujours le cas pour les éco-matériaux les plus connus : plus
chers que les matériaux conventionnels, plus éco-conçus mais techniquement supérieurs d‟un
point de vue « aptitude à la fonction » et « caractéristiques techniques intrinsèques » aux
matériaux conventionnels.
Il semble donc cohérent d‟adapter le référentiel et son faisceau d‟indicateurs à cette
réalité de marché mais surtout aux attentes des professionnels qui souhaitent promouvoir des
caractéristiques écologiques sur leurs prestations puisque la demande de la clientèle les y
pousse, mais celle-ci oriente principalement son choix en fonction de critères plus
conventionnels liés aux risques assurances et désordres techniques : critères techniques,
économiques et financiers.

Ces trois familles de critères sont donc mise en avant sur les classes de produits
étudiés, tout en légitimant l‟approche éco par des critères environnementaux, de santé et
sociétaux complémentaires.

2.2.4.4 Le langage commun monétaire basé sur le raisonnement en coûts complets en


cycle de vie « life cycle costing »

Nous avons choisi volontairement de baser notre raisonnement sur l‟analyse en cycle
de vie (ACV) des critères techniques, économiques et financiers des éco-matériaux par
rapport aux solutions conventionnelles. Les critères environnementaux, de santé et sociétaux
complémentaires viennent légitimer la caractérisation « éco » des matériaux et composants
considérés comme « éco-conçus ».

L‟analyse en cycle de vie appliquée à des critères d‟ordre économiques et financiers


permet, comme présenté au paragraphe 1.2.3 « approche monétaire du cycle de vie »,
d‟évaluer « plusieurs solutions d’investissement à partir du coût initial et des dépenses
d’exploitation et d’entretien pour la durée de vie économique du système constructif ».

Le raisonnement en coûts complets en cycle de vie, autrement dit coût global a été
défini par les normes internationales ISO 15686 comme une technique permettant des
comparaisons d‟évaluation de coûts, à une période de temps donnée, prenant en considération
tous les facteurs économiques en terme de coûts initiaux et de coûts opérationnels
futurs [GLUCH & BAUMANN, 2000]65.

Dans un cas idéal, le coût global comme outil est utilisé pour optimiser la performance
d‟un produit et les coûts sur la durée de vie du produit pour l‟acquéreur [HENN, 1993]66.

La plupart des consommateurs, quelque soit le secteur d‟activité, utilise le


raisonnement LCC de manière consciente ou inconsciente, dans un processus de choix. Pour
l‟achat d‟une voiture par exemple, le prix de vente initial intervient, auquel on peut rajouter le
coût de maintenance régulière, le coût lié à la consommation de fuel pour le fonctionnement,
le coût et la fréquence de remplacement d‟éléments cruciaux, ainsi que la valeur résiduelle au
niveau de la fin de vie, avant recyclage, mise en décharge ou démantèlement pour pièces
détachées. Le même principe peut s‟appliquer au secteur du bâtiment.

90
Les impacts environnementaux et de santé, associés aux activités de construction de
bâtiments, et de manière plus globale à l‟environnement bâti, peuvent donc être significatifs et
doivent être pris en considération le plus tôt possible dans l‟étape de conception
(planification). Ces impacts peuvent s‟exprimer à toutes les phases de la vie d‟un bâtiment,
peuvent être locaux, régionaux, globaux ou une combinaison des trois.

L‟intégration de la version « économique et financière » du raisonnement en cycle de


vie présente un outil puissant pour améliorer la durabilité de l‟environnement bâti : combiner
une évaluation économique et environnementale pour obtenir les solutions représentant la
meilleure valeur ajoutée, au sens financier et environnemental, permet d‟apporter une
contribution très significative à l‟obtention de résultats intéressants en terme de management
durable appliqué au secteur de la construction.

Dans le secteur du bâtiment, les premières données disponibles remontent aux années
1960 : le département de la défense américain a commencé à utiliser le raisonnement en coûts
complets en cycle de vie pour pondérer ses investissements dans les bâtiments militaires.

Derrière la terminologie « Life cycle cost » (LCC) on peut trouver différents outils qui
ont tous été adaptés à différents contextes comme, par exemple, l‟investissement dans le
secteur du bâtiment ; en ajustant quelques variables dans les équations, les outils deviennent
adaptés au secteur de l‟environnement.
Les outils ont des noms différents mais sont en fait très proches dans leur fonctionnement et
leur structure.
Le tableau qui suit présente les différentes terminologies utilisées au niveau
international se référant au coût global :

Concept Définitions, descriptions Catégories de coûts


Identifie et quantifie la gamme
complète de coûts au travers du
cycle de vie des produits, de la Coûts directs, indirects et
Full cost accounting (FCA)
chaîne de production, du process, intangibles
du service ou de l’activité
67
[SPITZER, 1993]
Même concept que précédemment
Full Cost Environmental Accounting mais avec une mise en avant des
Variables
(FCEA) éléments environnementaux
68
[SPITZER & ELWOOD, 1995]
Analyse financière sur le long terme
de toute la gamme des coûts
Total cost assesment (TCA) internes et des économies et Coûts internes et économies
investissements [WHITE &
69
BECKER, 1992]
Coûts conventionnels, coûts
Synonyme pour le TCA ou le FCA [
Total cost accounting (TCA) 70 cachés, coûts véritables, coûts
BENNET & JAMES, 1997]
moins tangibles
L’étude spécifique des coûts d’un
Coûts usuels, coûts cachés, coûts
Life cycle accounting (LCA) produit dans un contexte de cycle
véritables et coûts moins tangibles
de vie
Process systématique pour
l’évaluation du coût d’un produit ou
d’un service en identifiant les
Life cycle cost assessment (LCCA) Variables
conséquences environnementales
et en leur appliquant une valeur
monétaire

Somme de tous les coûts d’un


Life cycle costing produit, d’un process ou d’une Variables
activité, sur sa durée de vie
complète
Technique permettant la
Life cycle costing comparaison d’évaluations de coûts Variables
sur une période de temps

91
prédéterminée, prenant en
considération tous les facteurs
économiques, en terme de coûts
initiaux, futurs et opérationnels, au
sens de la norme ISO 15686
Synonyme de FCA ou de LCC
Full cost princing Voire LCA et LCC
Synonyme de TCA ou LCC ; plus
précisément défini [CLIFT &
71
BOURKE, 1999] comme la prise
Whole life costing Coûts initiaux et opérationnels
en considération systématique de
tous les coûts et revenus associés à
une acquisition

Tableau 19 : Proposition de synthèse des différentes terminologies des outils valorisant le


concept de coût global au niveau international.

Parmi toutes ces définitions, celles qui semblent pouvoir convenir au secteur du
bâtiment, et qui plus est, à la décomposition des coûts de systèmes constructifs intermédiaire
en coûts de matériaux et composants sont :
- la définition proposée par les TCA « Total Cost Accounting » ou « Total Cost
Assesment »,
- celle proposée par le Lyfe Cycle Costing en général,
- celle du Full Cost Princing ou Whole Life Costing.

Dans tous les pays anglo-saxons, les termes « Life Cycle Cost » et « Through life
cycle cost » sont utilisés pour décrire la même raisonnement que le Whole Life Costing
(WLC). L‟expression WLC est utilisée en Angleterre pour décrire le cycle de vie d‟un
bâtiment, tandis que l‟expression LCC (life cycle costing) est utilisée elle pour décrire le
cycle de vie d‟un matériau.

Au niveau international, LCC est généralement utilisé pour l‟approche « bâtiment » et


« matériau », ce qui permet d‟éviter les confusions [TG4 LCC IN CONSTRUCTION,
2003]72.

En terme de métholodogie de calcul, il n‟existe pas en Europe de législation spécifique


qui demande à ce que les coûts complets en cycle de vie soient pris en considération dans les
procédures de conception / construction de bâtiments ; il existe simplement des options
notamment pour les commandes publiques.

En Grande Bretagne par exemple, il existe de nombreux documents qui permettent aux
autorités nationales ou locales impliquées dans des logiques de commandes de bâtiments de
démontrer les plus values à court, moyen et long terme.
De nombreuses organisations privées ont également conduit des études permettant un
raisonnement en coûts complets.

En Allemagne, un guide pour la construction durable, rédigé en mars 2001, et


applicable à tous les bâtiments fédéraux, positionne le raisonnement en coût global en cycle
de vie comme incontournable. En Finlande, Suède, Irlande, au Luxembourg et aux Pays Bas,
des réglementations ou des guides d‟incitations existent également sur la thématique du coût
global comme argument facilitant la prise de décision dans le secteur de la construction de
bâtiments.

Selon l‟ISO 15686, la méthodologie pour calculer les coûts en cycle de vie d‟un
bâtiment est un processus itératif : à chaque étape du projet de construction, le calcul des
coûts complets doit être affiné pour affiner le niveau de certitude « économique » du projet.

92
Dans les étapes premières de conception, il s‟agit d‟une première estimation des coûts
mais lorsque les décisions d‟options techniques et de conception sont établies, une évaluation
précise des coûts d‟acquisition, d‟utilisation et de maintenance, en cycle de vie est obtenue.

Aux étapes initiales, l‟évaluation du capital et des autres couts est souvent basée sur
les coûts historiques ramenés à une unité de valeur, en € au m² par exemple. Ces coûts
historiques permettent d‟incorporer le coût de la main d‟œuvre, des matériaux, des
composants et les autres coûts connus.

Cependant, il est souvent préférable d‟estimer les coûts à partir du projet réel, et non
pas d‟une base de coûts et de performances historiques considérée comme fiable parce
qu‟utilisée par un grand nombre d‟acteurs.

Le LCC prend également en considération les coûts en fonctionnement et post


occupation (fin de vie), l‟objectif étant d‟arriver à formaliser un plan applicable à toutes les
étapes pour améliorer la prise de décision par le client final (l‟acquéreur du bâtiment).
Les prévisions initiales ou historiques sont peu à peu remplacées ou affinées par des
évaluations plus fines des quantités, des prix, et des performances attendues de composants
considérés commealternatifs (car peu connus ou utilisés) , de matériaux, de consommations
d‟énergie et des services rendus.

Ainsi, pour une bonne prise en considération des coûts complets en cycle de vie, les
concepteurs doivent « travailler en collaboration rapprochée avec les chaînes
d‟approvisionnement, les entreprises de construction, les commanditaires » [Strategic Forum
for Construction, 2002]73, ce qui se traduit souvent par la formalisation d‟équipes intégrées
permettant de dégager les meilleurs panels de solutions (solutions multi-critères).

Cette collaboration rapprochée est particulièrement nécessaire pour affiner les


prévisions et estimations sur le long terme de la performance des systèmes constructifs, basée
sur leur durée de vie prévisionnelle, en particulier, les valeurs des taux de détérioration, de
remplacement et/ou de réparation.

Les fabricants et fournisseurs de matériaux et composants peuvent normalement


apporter les éléments relatifs à la durabilité technique, au niveau de maintenance et ou de
remplacement. Leurs informations sont essentielles à une évaluation objective.

Un autre paramètre incontournable pour raisonner en coûts complets est la fixation


arbitraire volontairement choisie d‟une durée de vie typique, ce que les anglo-saxons
appellent « nominative working life of the asset », qui doit être partagée voire proposée par le
« client » final.

Il est ainsi possible de déterminer, en fonction des informations de durabilité


précédentes combien de fois les éléments doivent être remplacés, entretenus ou réparés sur
leur durée de vie, en conditions normale de mise en œuvre, pour maintenir un niveau correct
de performance et élaborer par exemple un planning d‟interventions.
Cette durée de vie typique du système constructif, et plus en amont de chaque
composant ou matériaux qui remplit sa fonction pendant un laps de temps déterminé, permet
d‟alimenter ensuite le raisonnement en coût global.

Certains pays, dont la France, ont encore du mal à fixer une durée de vie aux éléments
constructifs, ce qui limite par là-même les raisonnements en coût global et favorise la

93
persistance d‟idées contre-productrices comme « la qualité environnementale génère des
surcoûts »
Les différentes étapes pendant lesquelles doivent être considérés les coûts pour un
raisonnement en coût global peuvent être facilement identifiées :
- la pré-construction et la construction
- la maintenance
- le remplacement
- la démolition

Un modèle tridimensionnel développé par l‟Université de CRANFIELD-UK apporte


trois niveaux de décision ou d‟appréciation, ainsi que des éléments basiques de la construction
[Construction Client’s Forum], se rapprochant d‟ailleurs des problèmes de conception
essentiels (solutions constructives) évoqués précédemment :

Trois niveaux de décision : stratégique, système et détail, et les éléments basiques de


la construction : structure, enveloppe, services, finitions, fixations etc..

Figure 14 : Modèle tridimensionnel croisant les niveaux de décision avec les éléments
basiques détaillés de la construction.
Au niveau de la phase de décision stratégique, les options techniques et esquisses de
budget sont identifiées.

L‟attention se porte particulièrement sur : la définition des besoins fonctionnels et de


performance, les priorités des clients, comme par exemple le taux de retour sur investissement

94
considéré comme acceptable, la durée de vite typique à considérer pour mener à bien le
raisonnement en coûts complets.

Des informations doivent également être données sur : le coût des énergies
alternatives, et son évolution prévisionnelle, les imprécisions de connaissances liées à la
durabilité technique et fonctionnelle des composants, avant leur dégradation ou leur
remplacement, les niveaux de performance à atteindre, le choix d‟un taux d‟escompte, le taux
d‟évaluation des valeurs monétaires.

Le détail complet de tous les coûts à considérer pour un raisonnement en coût global
peut être proposé comme suit :
Life cycle cost
Coûts non liés à la
construction Achat du site de construction
Evaluation des coûts, des risques, du planning
Conception et ingénierie
Administratif
Financements, intérêts et coût de l‟argent
Coûts liés à la construction
Conception et ingénierie
Travaux temporaires, nettoyage du site ou travaux de
terrassement
Construction et sous-traitance
Management du projet et supervision du planning (délais)
Coûts liés à l’utilisation
Taux et location si applicable
Assurances
Coûts énergétiques
Nettoyage, sécurité, équipements collectifs
Coûts réglementaires annuels (contrôle sécurité feu par ex)
Coûts liés à la maintenance
Réparations mineures, remplacement des composants
régulièrement
Perte de confort liée aux opérations de maintenance
Durée de service rendu par le bâtiment réduite, du fait
d‟opérations de maintenance non prévues
Restauration et remplacement d‟éléments mineurs pour
retrouver leur esthétique et leur performance première
Coûts liés au remplacement
Restauration et remplacement d‟éléments mineurs pour
retrouver leur esthétique et leur performance première, à
différentes étapes de la durée de vie théorique du bâtiment
Perte d‟usage liée aux opérations de remplacement
Coûts non anticipés résultant de modifications réglementaires
introduisant de nouvelles contraintes (ex perf énergétique,
émissions de C02)
Coûts liés à la mise en
décharge Démolition
Gestion des déchets
Nettoyage du site

Tableau 20 : Tableau non exhaustif des coûts à prendre en compte aux différentes étapes du
cycle de vie d‟une construction.

Pour compter et évaluer d‟un point de vue économique et financier les opérations se
déroulant à des temps différents, les coûts d‟incrémentation peuvent être convertis en coûts
courants en utilisant la méthode du taux d‟actualisation des flux financiers.

95
Cette conversion est particulièrement importante quand il s‟agit de comparer des
options qui ont des cycles de remplacement différents.

La valeur présente ou « present value » est particulièrement intéressante car elle


permet de réduire une série de flux financiers qui se sont déroulés à différentes périodes, à une
valeur unique, à un moment donné, au temps présent.

La technique qui permet cette transformation, est appelée actualisation.

Cette valeur présente de coûts futurs se réduit rapidement dans le temps et rend en
général l‟investissement en capital pour une performance recherchée à long terme, non
attractive pour un développeur de projets, en tout cas en termes monétaires.

Figure 15 : Evolution des valeurs présentes ou actuelles dans le temps, en fonction du taux
d‟actualisation choisi.

Le taux d‟actualisation permet ainsi de ramener la valeur courante d‟une dépense ou


d‟une recette future à une valeur actuelle en autorisant le calcul de la valeur actuelle nette
« VAN » d‟un projet par addition du flux des coûts et des avantages.

Le projet mérite alors d‟être considéré si sa VAN prévisionnelle est positive.


Le taux d‟actualisation traduit ainsi la valeur du temps pour l‟investisseur, un taux élevé étant
synonyme de valorisation forte du présent au détriment du futur.

Quelques études de cas spécifiques appliquent le raisonnement en coût global aux


matériaux et systèmes constructifs, et parfois de manière plus globale au niveau du système
constructif « bâtiment ». Parmi les principales :

- le coût global partagé d‟un projet de construction [OUTREQUIN, 2006]74 qui


présente un modèle d‟aide à la décision CoParCo,

- une étude comparative des coûts en cycle de vie pour un portail cadre acier avec
panneau sandwich isolant, par comparaison à un portail conventionnel à moindre
performance thermique [GURUNG & MAHENDRAN, 2002]75,

- une étude sur la performance énergétique et le coût global de menuiseries extérieures [


SKHAR & KENNETH, 1998]76,

96
- l‟évaluation des bénéfices en coûts complets en cycle de vie des constructions
durables (sustainable construction) réalisée pour le compte du Kent County Council
par un bureau de consulting, en 2006 [CYRIL SWEETT, 2006]77,

- l‟évaluation en coûts complets en cycle de vie de coûts de différents revêtements de


sol [TEPFER, 2006]78,

- le verdissement des écoles publiques américaines et l‟analyse coûts / bénéfices des


solutions constructives et énergétiques « vertes » par rapport aux solutions
constructives conventionnelles [KATS, 2006]79,

- enfin, le plus récent mais néanmoins intéressant et significatif en terme d‟évolutions


de raisonnements économiques, un appel d‟offre récent pour « la réalisation d’un
logiciel d’aide à la décision pour les maîtres d’ouvrage publics intégrant le coût
global sur l’ensemble du cycle de vie des constructions », émis par le secrétariat
général de la Direction des Affaires Economiques et Internationales, sous direction du
bâtiment et des travaux publics et des secteurs professionnels [MEEDDAT, 2008]80.

La formule générale de l‟application du coût global actualisé appliqué au secteur du


bâtiment avec, au préalable, affectation d‟une durée de vie typique et des coûts d‟entretien
spécifiques est celle présentée au paragraphe 1.2.3 « approche monétaire du cycle de vie » :
Coût global = coût initial1 + coûts différés2 (dépenses d‟exploitation, d‟entretien, de
réparation ou de remplacement mais aussi les coûts liés à l‟utilisation) – valeur de
récupération (valeur d‟un bien au terme de sa vie utile ou de la période d‟étude) – coût
évités (coûts « économisés » par rapport à une solution considérée comme
« conventionnelle »).

Quelques exemples de calculs de coût global actualisé issus des principales sources citées
précédemment :

- L’étude de Cyrilsweett consulting [Cyrilsweett, 2006] -

L‟étude de Cyrilsweett réalisée pour le Kent County Council en 2006 présente les
coûts de produits alternatifs comparés avec des produits conventionnels généralement
prescrits par les acteurs du bâtiment.

Trois types de coûts sont pris en considération : les coûts dits de capital, les coûts sur
toute la vie en œuvre, les coûts de recyclage / mise en décharge en fin de vie.

La clé d‟entrée de la comparaison s‟effectue à partir des composants constitutifs de


chaque solution constructive majeure relevant d‟une problématique de conception dans le
bâtiment :
- la couverture
- les murs extérieurs (porteur, parement extérieur, peau intérieur)
- les menuiseries extérieures

1
Coût initial : le coût initial comprend toutes les dépenses d'investissement ayant un rapport direct avec le
projet, y compris le prix du terrain, le coût de la conception, du raccordement aux services et de la construction.
2
Coût différés : les coûts différés peuvent être divisés en deux catégories - les dépenses énergétiques
d'exploitation pour refroidir, chauffer et éclairer le bâtiment - les dépenses d'entretien comprenant les frais de
réparation et de remplacement On peut inclure dans les coûts d'entretien les coûts liés à l'utilisation (les frais qui
découlent d'une modification de l'usage d'un bâtiment ou d'une modification ou de l'amélioration des installations
mécaniques et électriques) de même que les coûts de modifications nécessaires pour que le bâtiment soit
conforme aux nouveaux codes et normes

97
- Les portes
- Les matériaux d‟isolation
- Les ystèmes de production d‟énergie
Pour chaque produit / composant de construction analysé au sein de ces solutions
constructives, les coûts se présentent de la manière suivante :

Couverture
Coûts
Coûts Retour sur
Exemples de complets sur Bénéfices environnementaux,
d’investissements investissement
Produits marques tout le cycle de information additionnelle sur
en capital (en temps) si
connues vie du système l’accréditation
(initiaux) applicable
constructif
Solutions conventionnelles
Tuiles béton Redland 24 £ / m² 7£/m² Non disponible - Ecohomes, plus de 1,44 %
de crédits (classement A green
guide)
Tuiles Hardrow 38 £/m² 9 £/m² Non disponible - Contient plus de 80 % de
reconstituées déchets reconstitués
- Faible contenu énergétique
- Pas de classement A dans le
green guide
Solutions durables (sustainable) considérées comme tel
Tuiles en terre Tuiles Hinton 47 £/m² 10 £/m² Non disponible - Référentiel Eco Homes, 1,44
cuite % des crédits (section
matériaux)
Sédum Ecolibrium 55 £/m² 22£/m² Permet de - Permet de réduire le volume
végétalisés solutions réduire les coûts d’écoulement des eaux
de drainage - Augmente la performance
urbain thermique (masse importante)
- En fonction de la nature de la
membrane d’étanchéité, pas
toujours noté « A » dans le
Green Guide
- coûts complets en cycle de
vie assez élevés liés à
l’entretien tous les trois ans de
fertilisants et engrais.
Murs extérieurs
Solutions conventionnelles
Construction 77 £ / m² 1,91 £/m² Non disponible Bonne performance sur tout le
traditionnelle (brique cycle de vie et classement A
brique + bloc + extérieure) dans le green guide
isolation minérale
intérieure
Enduit base 15 £/m² 10,82 £/m² Non disponible Haut contenu énergétique
ciment 19 mm (énergie grise) par
comparaison à des enduits
base chaux hydraulique
Solutions durables (sustainable) considérées comme tel
Blocs en terre Zeigel clay 60 £/m² Non Non disponible Référence Ecohomes : plus de
blocks disponible, ou 1,44 % des crédits
prendre en
compte la
réfection de
l’enduit
extérieur
Blocs recyclés à Enviroblock 20 £/m² Non Non disponibles Classement A green guide
100 % disponibles, ou Bonne contribution à la cible
prendre en contenu recyclé et recyclabilité
compte la
réfection de
l’enduit
extérieur
Enduit base 20 £/m² 6,82£/m² Moins Moins énergétivore que les
chaux d’entretien et de enduits traditionnels base
hydraulique maintenance ciment
que les enduits Plus de temps requis pour le
base ciment, séchage des enduits.
Bois structurel et Panelvent / 9 à 10 £/m² Non Non disponibles - Fabriqué à partir de déchets
non structurel Paneline disponibles de bois (OSB)
(ossature bois) Excel - Pas d’utilisation de colles
Industries - Pour être pleinement
« solution verte alternative »,
le vois doit être sourcé au
maximum à partir de
gisements certifiés FSC /

98
PEFC.
Isolation
Solutions conventionnelles
Polyuréthane 12 £ / m² Non disponible Non disponible L’obtention de crédits
rigide Ecohomes dépend des agents
retardateurs au feu utilisés
(requis : 0 pour ODP et < 5
pour les GWP)
Pas de contenu recyclé
Isolant laine de 12 £/m² Non disponible Non disponible Contenu recyclé intéressant
roche 100 mm (typiquement 25 % et déclaré
d’épaisseur comme recyclable en fin de vie
Contribution aux crédits
Ecohomes : 2,14 % (si ODP =
0 et GWP < 5)
Contribue à la cible WRAP
Solutions durables (sustainable) considérées comme tel
Fibre de bois Gamme 10 £/m² Non disponible Non disponible Contribution aux crédits
comprimée λ = Pavatex Ecohomes (si ODP = 0 et
0,045 w/m.k GWP< 5) : 2,14 %
Pas de colles utilisées
Ouate de Warmcell 10-12 £/m² Non disponible Non disponible Contribution auxcrédits
cellulose recyclée Ecohomes : 2,14 % (si ODP =
(100 mm, λ = 0 et GWP<5)
0,036 w/m.k) Contenu en matière recyclée :
80 à 100 %
Contribue à la cible WRAP.
Laine de verre Superglass 7 à 8 £/m² Non disponible Non disponible Contribution auxcrédits
recyclée (100 Ecohomes : 2,14 % (si ODP =
mm, λ = 0,037 0 et GWP<5)
Contenu en matière recyclée :
80 % (verre recyclé)
Contribue à la cible WRAP

Technologies d’énergie renouvelable


Ballon pour l’eau 13 £ /m² de 3,528 £ par Non disponible Crédits d’émission CO2 dans
chaude électrique surface habitable unité Ecohomes
Panneau solaire CEL F solar 625 à 1000 £/ m² 1936 £/kw 8-12 ans Contribution aux crédits
thermique CESI system installé Ecohomes : 2,14 % si le
système contribue aux besoins
en eau chaude à hauteur de
10 %
Crédits énergie possibles à
hauteur de 1,07 %
Performance déterminée par
l’orientation des panneaux
Tableau 21 : Coûts de produits alternatifs « verts » pour la construction, comparés aux coûts
de produits conventionnels [CYRIL SWEETT, 2006].

Peu de comparatifs de ce genre sont disponibles au niveau européen, ce qui positionne


cette étude comme intéressante.

Néanmoins, plusieurs remarques peuvent être formulées sur ces données :

- Les coûts d‟investissement initiaux, postes par postes, sont souvent obtenus à partir
des bases de données de prix disponibles dans le secteur conventionnel de la
construction ; le coût des alternatives plus durables n‟est en général pas repris dans ces
bases de données ; le seul moyen de les obtenir est l‟agglomération de coûts issus de
devis réalisés auprès des entreprises qui proposent les offres de service, ce qui est
techniquement réalisable puisque le nombre de ces entreprises est en constante
augmentation mais demande du temps,

- Les coûts complets en cycle de vie sont souvent cantonnés à la prise en considération
des coûts liés à la maintenance et au remplacement des produits, composants ou
systèmes secondaires liés au composant principal (par exemple, composant principal:
bloc porteur, composant secondaire: enduit pour bloc; coûts liés à la maintenance:
réfection de l‟enduit pour blocs tous les 10 ans),

99
- Le retour sur investissement est souvent non disponible sauf pour les systèmes de
production d‟énergie renouvelables pour lesquels il est plus facile de transformer les
économies ou la production d‟énergie réalisées en unité monétaire équivalente
(évaluation des Kwh par exemple en £, $ ou € et déterminer ainsi un temps de retour
par rapport à l‟investissement initial souvent exprimé en surcoûts). Pour des produits
ou matériaux considérés comme « alternatives durables », la pondération du
surinvestissement initial par des économies générées en cycle de vie est difficile à
réaliser et suppose l‟élaboration de postulats qui peuvent être objectifs (basés sur des
retours d‟expérience « terrain » ou des tests par exemples de vieillissement accélérés
menés en laboratoires) ou subjectifs (basés sur des collèges de pensées ou des
arguments de lobbies plus ou moins influents), d‟où la difficulté de les mener à bien.

- Enfin, les externalités liées aux thématiques de développement durable sont évoquées
(ex énergie grise, potentiel de recyclabilité en fin de vie, contenu de matières
premières issues de filières de recyclage) sont prises en considération mais de manière
qualitative dans la rubrique « bénéfices environnementaux et informations
additionnelles », la conversion quantitative en flux financiers, même si elle est difficile
à réaliser, n‟est pas proposée.

La trame de présentation et la répartition des coûts sur le cycle de vie (coûts initiaux –
coûts en cycle de vie – retour sur investissement) peut être reproduite pour notre
référentiel comparatif, entre une solution conventionnelle et une solution éco.
La rubrique faisant référence à la justification environnementale rejoint notre
raisonnement initial: nous travaillons sur des produits ou composants considérés comme
des éco-préférences dont la justification environnementale peut être apportée en
sélectionnant des critères ciblés.

- Le coût global partagé du modèle CoParCo élaboré par le bureau « La Calade »

La contribution d‟un bureau d‟étude technique du secteur du bâtiment « La Calade »,


spécialisé en conseil et recherches en développement durable1, à l‟approche en coût global
appliquée au secteur du bâtiment, est un modèle de coût global partagé qui permet de
s‟interroger sur les conditions économiques du développement d‟un habitat durable.
L‟intérêt de ce modèle est d‟avoir été élaboré en partenariat avec les acteurs les plus
concernés par le poids des coûts et des surcoûts, ainsi que les modèles de couples coûts /
charges : les bailleurs sociaux.
Ce coût global partagé est présenté comme un concept quantitatif et qualitatif qui
prend en compte les coûts directs de construction et de fonctionnement d‟une construction,
mais aussi des externalités environnementales comme l‟effet de serre, les émissions de
polluants atmosphériques, les nuisances sonores, le paysage et les espaces verts de proximité
ou la localisation de services et équipements dits de collectivité.

L‟intérêt réside surtout dans la démonstration d‟une affectation possible de coûts et de


bénéfices pour chacun des acteurs concernés : résidents, bailleurs, collectivités territoriales,
état et société civile.

Le coût global du modèle CoParCo est basé sur plusieurs principes :

- les externalités environnementales et sociétales sont considérées comme des fiscalités


virtuelles et intégrées au raisonnement en tant que valeurs monétaires

1
Voir le site web www.crdd-lacalade.com/etude.htm

100
- un bâtiment de référence sert toujours de comparaison par rapport à un bâtiment
qualifié d‟habitat durable HD
- les maîtres d‟ouvrage bailleurs sociaux ne disposant que peu de références, le bâtiment
de référence est évalué sur la base de ratios communément utilisés (bases de données
« prix » conventionnelles externes ou internes)
- la prise en compte de quatre approches successives du coût global : le coût global
direct, l‟analyse en coût global, le coût global partagé et les indicateurs qualitatifs.
- La fixation arbitraire d‟une durée de vie typique servant de base de travail pour
l‟évaluation en coût global : 30 à 40 ans en France.

Un exemple de calcul du coût global direct et partagé avec les externalités


environnementales « comptabilisées » est disponible pour l‟opération de Zuydcoote portée par
Habitat 62/59 .

Figure 16 : Répartition des coûts directs par postes, en € actualisés /m²/an,


Opération Habitat Social de Zuydcoote (59) portée par Habitat 62/59, [OUTREQUIN, 2006].

Figures 17 & 18 : Calcul du coût global direct et du coût global incluant les externalités /
répartition des coûts et gains en €/m²/an entre les différents acteurs, Opération Habitat Social
de Zuydcoote (59) portée par Habitat 62/59, [OUTREQUIN, 2006].

Une analyse rapide de ces résultats souligne que :


- l‟habitat durable coûte plus cher que l‟habitat de référence en coût global direct
actualisé, sauf pour deux postes : la dépense énergétique et les autres coûts (figure 17)
- le coût global direct est plus élevé pour l‟habitat durable que pour l‟habitat de
référence (moins de 63 € /m² contre 65 €/m²) tandis que le coût global comprenant les
externalités (environnementales principalement) est moins cher pour l‟habitat durable

101
que pour l‟habitat de référence ; l‟habitat durable génère ainsi une économie annuelle
globale de 0,5 €/m² (figure 18)
- le coût global partagé donne des bénéfices partagés entre les différents acteurs de 6 à 7
€ / m² /an, ce qui « coûte » le plus étant principalement attribué aux autorités locales et
à l‟état. (figure 19)

La principale critique vis-à-vis de ce modèle peut être formulée quant aux sources de
référence servant de base à la comparaison habitat conventionnel / habitat durable : les bases
de données de prix de composants, matériaux systèmes constructifs dont disposent les
bailleurs sociaux, comprennent la plupart du temps des données relatives à la construction
conventionnelle ; il eut été pertinent, même avec toutes les difficultés de collecte de données
générées, de mener une évaluation poste à poste, en comparant les coûts réels des différents
équipements et en évaluant les surcoûts à la construction ainsi que les économies de
fonctionnement.

Une autre critique concerne la logique de monétarisation des externalités; l‟une des
externalités évaluée concerne les gaz à effet de serre dont le modèle propose une valeur pour
la tonne de carbone émise ou évitée. Le prix de la tonne de carbone est basé sur la logique de
réduction par 4 (facteur 4) des émissions de C02 d‟ici à 2050 en Europe et le prix à faire payer
à tous les acteurs pour y parvenir.

Un modèle d‟analyse en coût global adapté au secteur du bâtiment, prenant en compte


le coût d‟une taxation carbone éventuelle liée à l‟impact carbone en cycle de vie d‟un
bâtiment (principalement lié à sa consommation énergétique pour le chauffage, la
climatisation, la ventilation et l‟éclairage) a été proposé [WIGNACOURT, 2004] dans le
cadre du projet MIEL 21 porté par la Communauté Urbaine de Lille.

La principale difficulté est d‟adapter le coût d‟une telle taxe au contexte énergétique
ambiant et à l‟évolution du cours du baril de pétrole.
En 2003, le coût de la tonne de carbone était fixé aux alentours de 400 € dans un contexte de
baril de pétrole inférieur à 100 $; en 2008-2009, quelle serait le niveau de cette taxe compte
tenu des variations actuelles du coût de l‟énergie ?

Les quelques experts ayant introduit très tôt l‟éventualité d‟une taxation carbone sur
toutes les activités génératrices de GES, dont le secteur du bâtiment, fixent volontairement le
seuil d‟une taxe carbone sur l‟habitat à 1500 € [JANCOVICI, 2003]81, ce qui représentait un
doublement du prix de l‟essence à la pompe…5 ans plus tard, le prix de l‟essence à la pompe
a presque doublé, un niveau bien plus faible de l‟ordre de 100 à 150 € ne permettait pas, selon
l‟auteur, d‟infléchir les comportements.

Voici ce qu‟une taxe carbone représenterait en termes de surcoûts au niveau du


chauffage d‟une habitation :

102
Mode de chauffage et quantités
Taxation carbone équivalent (surcoûts)
consommées

3000 litres de fioul 3600 € environ

Même confort de chauffage au gaz


naturel 2800 € environ

Si l‟électricité provient de centrales à charbon


Même confort au chauffage tout
(Allemagne), environ 10 500 €, en France
électrique (grille pain d‟edf)
(nucléaire) environ 0 €
Chauffage au bois
Si le bois provient de forêts replantées, 0 €

Tableau 22 : Comparaison du coût d‟une taxation carbone liée aux émissions de GES des
différents modes de chauffage pour l‟habitat, [JANCOVICI, 2003].

L‟application d‟une taxe carbone sur les émissions de GES provenant de systèmes de
production d‟énergie non renouvelables (chaudières fioul, gaz, électricité sous certaines
conditions) est simple: il suffit d‟évaluer les émissions en tonnes équivalent carbone à partir
de la quantité d‟énergie dépensée.

Pour évaluer l‟impact carbone de composants, matériaux et systèmes constructifs, le


calcul est plus délicat et demande une mini analyse en cycle de vie « monocritère » ; plus un
composant ou matériau est complexe de part sa composition, plus l‟analyse doit être fine pour
être objective.

Le contenu carbone lié par exemple au contenu énergétique caché (énergie grise) n‟est
d‟ailleurs pas suffisant en tant que tel : des critères complémentaires tel le taux de
remplacement (lié à la durée de vie typique) sont aussi à prendre en compte.
Il présente par contre l‟avantage d‟être facilement compréhensible par un public non initié en
tant que mono critère favorisant un choix basé sur une approche multicritères.

Cet affichage environnemental simplifié, basé sur le critère « contenu carbone » est
d‟ailleurs repris dans les préconisations du programme « efficacité énergie et carbone » du
Grenelle de l‟Environnement « mesures structurantes – dire la vérité sur le prix écologique –
donner un avantage compétitif aux produits vertueux en carbone » ou, il s‟agit d‟ici à fin
2010 de « donner une indication du prix du carbone ou du prix écologique à travers
l’étiquetage des produits en grande distribution avec au préalable une analyse coûts /
efficacité et une expertise sur les critères d’étiquetage retenus ».

Les autres externalités monétarisées concernent la valeur affectée à des services


rendus par des prestations qualitatives : proximité et qualité des espaces verts, présence
d‟équipements de service à proximité. Il est souvent possible de trouver un facteur de
conversion qui permet de passer du qualitatif au quantitatif, par exemple « qualité des
espaces verts » à « valeur locative ou immobilière des constructions avoisinantes » ou encore
« accessibilité aux équipements et services » à « évaluation du temps gagné ou perdu ».

Pour l‟étude comparative d‟éco-matériaux, composants ou produits de construction,


avec des solutions plus conventionnelles, le même raisonnement est réalisable, en prenant
soin de trouver et légitimer ces facteurs de conversion.

103
- L’étude de Gregory Kats « Greening America’s schools, Cost and Benefits »

Cette étude publiée en 2006 est basée sur deux études précédentes majeures : le «
National review of green schools, costs, benefits and implications for Massachussets »
[KATS & PERLMAN, 2005]82 et “The cost and financial benefits of green buildings”
[KATS, 2003] traduite en France en 2004 par l‟ARENE Ile de France [SELLIER, 2004]83.
Ce document démontre les bénéfices financiers, environnementaux et autres apportés
par les technologies vertes, par comparaison à des technologies conventionnelles, dans le
secteur de la construction d‟écoles publiques.
En préambule, les principaux facteurs décourageant la construction de bâtiments plus
verts aux Etats Unis sont les suivants :

Pourcentages de facteurs considérés comme significatifs pour décourager


la construction de bâtiments verts

Coûts de construction plus


importants 68 %

Manque de prise en compte des


bénéfices induits 64 %

Difficultés à quantifier les bénéfices


47 %

Tableau 23 : Les principaux facteurs décourageant la construction verte aux USA,


Turner Construction Company, 2005 .

Les coûts financiers et bénéfices des écoles vertes sont présentés par comparaison aux
écoles conventionnelles ; plus de 30 écoles vertes1 ont été analysées.
Il en ressort principalement que les surcoûts avoisinent en général 2% ou 3 $/pied
carré (ft²) mais rapportent des bénéfices financiers jusqu‟ à 20 fois supérieurs dans des
domaines divers :

Postes concernés Bénéfices


Energie 9$

Emissions 1$

Eau et eau usée 1$


Gains accrus 49 $
Réduction de l‟asthme 3$
Réduction des maladies (grippe,
5$
froids)
Rétention des enseignants 4$
Impact sur l‟emploi 2$
Total 74 $
Coûts de l‟éco-construction 3$
Bénéfices financiers nets
71 $

Tableau 24 : Bénéfices financiers des écoles vertes, en $/pied carré,


KATS, 2005 .
1
Par « école verte », on entend écoles labellisées « LEED » référentiel national, Collaborative for High
performance schools (CHPS), une version LEED dédiée aux écoles, et spécifiquement développée pour le
Massachussetts « MA CHPS » en 2003.

104
D‟autres bénéfices apportés par le choix de construction d‟une école verte ne sont pas
quantifiés dans le rapport : le nombre de jour d‟absence des enseignants, les opérations
réduites de maintenance, la réduction des risques et donc du coût des risques (assurances), la
qualité de l‟air améliorée, la réduction des inégalités sociales etc…

L‟auteur considère que les données permettant d‟inclure ces économies dans les
raisonnements financiers en coût global sont insuffisantes mais que, si elles étaient calculées,
les bénéfices finaux s‟en trouveraient encore augmentés.

Les hypothèses de travail rejoignent celles présentées d‟un point de vue théorique dans
les définitions possibles d‟un raisonnement en coût global :

- l’analyse en « net present value », valeur actuelle nette avec taux d‟actualisation ; un
investissement est estimé rentable si sa VAN est positive sur la période d‟étude.

- la durée de vie typique : la durée de vie moyenne prise en considération dans l‟étude
est de 20 ans pour les bâtiments neufs et de 15 ans pour les bâtiments anciens
restaurés.

- Le taux d’inflation :le postulat est basé sur le fait que les coûts et bénéfices
augmentent parallèlement au taux de l‟inflation (2 % en moyenne), sauf pour les coûts
de l‟énergie, les émissions, l‟eau, les déchets et les coûts de santé, qui augmentent en
général plus vite que le taux d‟inflation moyen.

- Le taux d’actualisation des valeurs monétaires (discount rate) : les coûts et bénéfices
futurs doivent être traduits en valeurs présentes, le taux moyen est considéré à 7 % ( 5
% de taux d‟intérêt et 2 % d‟inflation). Ce taux est volontairement plus élevé que celui
auquel les états et le gouvernement fédéral empruntent de l‟argent.

- La définition des « green schools » : la base est l‟accréditation LEED, avec les
versions dédiées aux écoles : CHPS et MA CHPS, WSS (Washington Sustainable
School) et Protocol for High Performance Facilities.

Le coût moyen de la construction d‟écoles au niveau fédéral est évalué à 150 $/pied carré,
la majorité des 30 écoles analysées coûtant 1,7 % de plus que des écoles conventionnelles (3
$/ft²) (4 écoles ont coûté jusqu‟à 10 % de plus, 6 ont coûté au maximum 3 % de plus).

Les économies générées, évaluées en bénéfices, sont présentés postes par postes, avec des
liens de causes à effets directs :

Gains
Consommation
Gains écoles économiques VAN, 15 à 20
Causes Effets moyenne
vertes traduits (écoles ans, 7 %
conventionnelle
vertes)
Systèmes de
Gains de 33 % de
régulation 0,38 $/ft²
Performance 1,15 $/ft² consommation
énergétique ou 5 $/ft²
énergétique énergétique
eco-technologies
1 emploi créé =
160 emplois à
Investissement de 19 000 $ de
court terme et 30 2 $ /ft² pour une
10 millions de $ en Impact positif sur recettes pour une
emplois à moyen école de 125 000
efficacité l’emploi école verte ,
terme ou ft²
énergétique 250 000 $ sur 20
permanents
ans
Investissement de 3 emplois à court
200 000 $ en terme et ½ emploi
efficacité à long terme

105
énergétique par
école verte
Réduction des Idem, mais
Réduction des
coûts de santé traduction en
émissions dans NC NC 0,53 $/ft²
liés aux incidents quantités de NOx,
l’air
respiratoires SO2, CO2 etc…
Systèmes de
Réduction des 32 % de
récupération d’eau 0,06 $/ft² (5 % du
consommations consommation NC 0,84 $/ft²
de pluie et toitures coût de l’énergie)
d’eau d’eau en moins
végétalisés
Température et Réduction des Coûts de santé trois 3,6 % de 33 000 $ par an 3 $/ft² (asthme) et
ventilation jours d’absence, fois plus élevés productivité, 61 % pour 25 enfants 5 $ /ft² (grippe)
contrôlées, amélioration de la pour un étudiant d’allergies, 23 % atteints en moins
sources de productivité au atteint d’asthme, ou de maux de tête, pour une école
polluants gérées travail (tests aux 1650 $ par enfant 51 % de cas de moyenne de 900
(qualité de l’air examens) en 2004. grippe, 38,5 % de étudiants
intérieur cas d’asthme
Conception verte Réduction du 40 % du salaire 5 % de réduction 25 000 $ par an, 4 $/ft²
« green design » turnover des moyen annuel d’un pour un taux
enseignants enseignant (65 000 d’espace moyen de
$/an) 2300 ft²/enseignant
Surfaces Réduction des NC NC NC NC
réfléchissantes en besoins en air Durée de vie des
toiture conditionné ; toits
réduction de réfléchissants : 20
l’ozone dans les % de plus
zones urbaines
Augmentation de
la durée de vie
des toits

Tableau 25 : Proposition de synthèse des détails des économies générées par le verdissement
des écoles américaines, postes par postes, [KATS, 2006].

Cette étude, unique en son genre, fait apparaître principalement des économies de coûts et
des gains / bénéfices procurés par les technologies vertes, qu‟ils soient directs ou indirects :

- l‟installation de systèmes de récupération d‟eau de pluie entraîne une réduction des


consommations d‟eau par an, réduction pouvant être traduite en économies « $$ » de
coûts.

- L‟amélioration de la qualité de l‟air intérieur par l‟installation de systèmes plus


performants, l‟augmentation des volumes ventilés, la réduction des sources polluantes
telles que les mobiliers dégageant des COV, engendre une augmentation des taux de
réussite aux examens, un absentéisme pour raisons médicales moins important, un
taux de changement des enseignants réduit.

- Le recours à des systèmes nécessitant moins de remplacements ou d‟entretien /


maintenance augmente la durée de vie typique et génère des économies de coûts, par
comparaison à des systèmes conventionnels.

- L‟utilisation de systèmes de production d‟énergie renouvelable et de régulation


énergétique, crée de nouveaux emplois locaux, à court, moyen ou long terme, à
nuancer par la perte d‟emplois dans les secteurs énergétiques traditionnels (énergies
fossiles) mais, au total, les écoles vertes génèrent plus d‟emplois que les écoles non
vertes.

Même si les évaluations de coûts et bénéfices en dollars semblent précises, en tout cas
plus avancées qu‟en France, peu de données sont disponibles concernant la durabilité des
matériaux / composants ou systèmes « verts » par comparaison aux systèmes conventionnels,
notamment dans l‟étude plus détaillée [KATS, 2003], avec comme critère de différenciation
106
récurant la performance technique souvent meilleure qui induit des économies de coûts en
maintenance / remplacement (« operation and maintenance costs »).

Données générales [STURM, 2002]


Coûts des O&M dans les bâtiments publics
coûts Bénéfices solutions vertes
12,25 $/ft²/an Economie de 10 % (estimation) soit 1,35
$/ft²/an ; valeur moyenne prise en
considération : 5 % par an soit 0,65
$/ft²/an

Tableau 26 : Estimation de coûts et d‟économies de coûts liés au poste « operation and


maintenance » dans les bâtiments publics américains [STURM, 2002]84

Solution Solution verte Plus value


conventionnelle technique
Surfaces de Surfaces de Augmentation de la
bâtiments non bâtiments durée de vie de 20 %
réfléchissantes réfléchissantes ex toitures
végétalisées : 30 à
50 ans

Tableau 27 : Exemple de plus value technique apportée par une solution verte [KATS, 2003]

Pourtant, les gains sur les dépenses de fonctionnement du poste « entretien et


maintenance / réception de travaux » en cumul sur 20 ans pour les bâtiments tertiaires,
représentent près de 16 % des gains totaux, entre un bâtiment vert et un bâtiment classique
[SELLIER, 2004].

L‟étude multicritère en cycle de vie, avec une analyse plus particulière sur les apports
techniques, d‟éco-solutions par rapport aux solutions conventionnelles (et le lien avec les
opérations de maintenance / remplacement) pour le secteur du bâtiment semble donc
pertinente puisque la plupart des données manquantes concernent ce poste d‟évaluation.

Enfin, au-delà des coûts et bénéfices des bâtiments verts par rapport aux bâtiments
conventionnels, aucun temps ou taux de retour sur investissement n‟est pas donné. Ils
complèteraient pourtant parfaitement les raisonnements avec le souci de vulgarisation à
destination des consommateurs finaux : occupants des bâtiments, maîtres d‟ouvrages ou
entreprises chargées de la maintenance.

2.2.4.5 Mesure et traduction en approche financière de management durable, le ratio


« coûts / bénéfices »

Un référentiel d‟indicateurs de management durable doit permettre in-fine de


monétariser les propositions d‟indicateurs macro-économiques, en clair de ramener les
propositions multicritères à des indicateurs utilisables pour un gestionnaire d‟entreprise du
secteur du bâtiment.
Pour pouvoir effectuer un choix entre une solution conventionnelle et une solution
« éco », cela semble essentiel.
Au final, on propose donc un faisceau d‟indicateurs financiers de management
durable, déjà repris dans la proposition d‟indicateurs croisés en 2.2.3.2 « les typologies
d‟indicateurs, tableau 18 :
- les surcoûts,
- les coûts évités ou bénéfices
- le temps de retour sur investissement
- et le ratio « coûts / bénéfices » actualisé.

107
Le surcoût a pour base la comparaison entre le coût initial ou coût en capital d‟une
solution 1 et le coût initial d‟une solution 2. Si l‟une des solutions présente un coût plus
important que l‟autre, le surcoût existe. Un surcoût négatif n‟a donc pas de fondement, on
parle alors de solution économe.

Les coûts évités ou bénéfices sont fondés sur deux approches :


- soit le temps d‟amortissement d‟un investissement classique, qui permet d‟inscrire les
valeurs amorties annuellement comme déductibles de l‟investissement initial, pour
considérer à l‟issue de la durée d‟amortissement que l‟investissement ne coûte plus
rien et donc que des bénéfices liés à l‟usage supplémentaire sont possibles
- soit un bénéfice réel, qualifié et quantifié par rapport à une solution conventionnelle
jugée moins performante que la solution de remplacement étudiée

Un exemple : un revêtement de mur nécessite d‟être remplacé tous les dix ans, un
autre plus performant uniquement tous les 20 ans, dans un bâtiment dont la durée de vie
typique est de 50 ans. Le premier revêtement devra être renouvelé 5 fois sur 50 ans, le
deuxième revêtement 2,5 fois seulement. Le coût évité ou bénéfice présenté par la solution 2
représente à minima 2,5 fois le coût de renouvellement de la solution 1.

Le temps de retour sur investissement : directement issu des deux premiers concepts
présentés ci-dessus, le temps de retour « return on investment » permet d‟apprécier le temps à
partir duquel un investissement ne coûte plus mais génère des profits pouvant être considérés
comme bénéfices. L‟exemple typique souvent utilisé est celui des systèmes de production
d‟énergie renouvelable qui coûtent en investissement mais rapportent, de par leur fonction, de
l‟énergie gratuite.

Par exemple les panneaux solaires photovoltaïques qui permettent de produire, à partir
de cellules photovoltaïques, de l‟électricité « verte ».

Un panneau solaire photovolatique au silicium polychristallin est caractérisé par une


puissance en Watts crète « Wc ».

Les prix diffèrent suivant le type de pose et le modèle de capteur utilisé.

Type de pose Coût du Kwc en € HT

Sur toiture 6000 à 7500 €

Sur toit plate (terrasse) 6500 à 7800 €

En intégration toiture 7000 à 9000 €

Tableau 28 : Coût de 10 m² de panneaux solaires photovoltaïques en fonction de leur mise en


œuvre [CD2E, 2006].

108
Exemple pour 1 kWc installé (10 m² de panneaux en moyenne) :
Nord France Centre France Sud France Corse DOM

Production
1000 kWh 1100 kWh 1200 kWh 1200 kWh 1500 kWh
solaire / an

Tarif de rachat
0,5 € 0,5 € 0,5 € 0,5 € 0,5 €
du kWh (HT)

Revenus par
500 € 550 € 600 € 600 € 750 €
an

Tableau 29 : Simulations de production d‟énergie et de revenus générés annuels, en Kwh


pour 1 kWc installé et en €, en fonction des régions françaises.

Un tableau comparatif de l‟installation d‟une centrale photovoltaïque sur un toit dans les
villes de Lille et de Bastia :

Ville Lille Bastia

Installation de 10 m² de capteur, une puissance de 1kWc sur une


Type d'installation toiture, éléments de connexion, onduleur et pose, connexion au
réseau.
Prix de l'installation sans
7 500 €
subventions
Subvention Régionale 2€/Wc soit 2000€

Subvention de la Ville 1,2 €/Wc soit 1200 €

Total des subventions 3 200 €

Crédit d'impôt de 50% 2 150 € 3 750 €


Prix de l'installation avec
2 150 € 3 750 €
subventions
Gisement solaire régional < 1220 kwh/m²/an > 1760 kwh/m²/an
Production solaire par an 1000 kWh 1800 kWh
Taux de rachat de l'électricité
0,5 €/kWh 0,5 €/kWh
par EDF
Revenus par an 500 €
900 €
Temps pour rentabiliser le
15 ans 8,33 ans
système sans subventions

Temps pour rentabiliser le


4,3 ans 4,16 ans
système avec subventions

Tableau 30 : Temps de retour sur investissement pour 1 kwc ou 10 m² de panneaux solaires


photovoltaïques, en fonction de leur implantation en France.

10 m² de panneaux installés fournissent en moyenne 1 KWc en puissance installée,


soit 1000 Kwh/an en Nord Pas de Calais, et jusqu‟à 1800 kwh/an en Corse.
1 kwc installé : coût sans subventions (prix 2006) environ 7500 €.

109
Le tarif d‟achat « contraint » de l‟électricité verte par EDF en France, pour les
panneaux solaires photovoltaïques raccordés au réseau et bénéficiant d‟un crédit d‟impôt
« énergies renouvelables » de 50 % TTC sur la facture « matériel », est de 50 centimes
d‟euros au kwh (0,5 €/kwh).

La production annuelle d‟électricité pour 10 m² de panneaux de 1 kwc génère donc un


profit de 500 € par an en Nord Pas de Calais et 900 euros par an en Corse.

Le coût initial des 10 m² de panneaux est de 7500 € TTC, l‟amortissement de


l‟investissement se réalisera en 4 ans en moyenne avec subventions, en Nord Pas de Calais
(primes régionales ou locales complémentaires) ou en Corse.
Le temps de retour sur investissement est donc de 4 ans à compter de l‟investissement
initial.
Si la durée de vie typique des 10 m² de panneaux solaires photovoltaiques est de 20
ans, le panneau génèrera donc 16 années de production d‟électricité au-delà du point mort
(temps de retour sur investissement) soit 16 x 500 € = 8000 € de bénéfices en Nord Pas de
Calais et 14 400 € en Corse, sur la durée de vie typique (20 ans).

Enfin, le ratio coûts / bénéfices actualisé permet de valoriser le temps de retour sur
investissement d‟un point de vue quantitatif : les coûts divisés par les bénéfices d‟un projet
permettent de comprendre immédiatement si un projet mérite ou non d‟être réalisé.

L‟interprétation est la suivante :


- ratio coûts / bénéfices > 1 : les coûts sont supérieurs aux bénéfices, le projet n‟est pas
considéré comme rentable,
- ratio coûts / bénéfices < 1 : les coûts sont inférieurs aux bénéfices, le projet peut être
considéré comme rentable,
- ratio coûts / bénéfices = 1 : les coûts sont égaux aux bénéfices, le projet mérite une
attention qui peut être complétée par des ratios complémentaires avant de finaliser la
décision d‟investissement.

Le ratio de l‟investissement consenti au regard des bénéfices réalisés sur la durée de vie
typique du panneau sera donc de 2150 € / 8000 € soit 0,268 en Nord Pas de Calais et 3750 € /
14 400 € = 0,2604 en Corse.
Un ratio coûts / bénéfices pour être intéressant doit être égal ou inférieur à 1, ce qui
signifie que les bénéfices ont compensé à minima les coûts (égal à 1) ou que les bénéfices ont
dépassé le coût initial (inférieur à 1).

Ratio coûts /
Bénéfices bénéfices sur
Coût initial Coût final Temps de
Durée de générés au- DVT (avec
Région sans avec retour sur
vie typique delà du subventions)
subventions subventions investissement
ROI Rentable
si<1

En Nord
Pas de 7500 € 2150 € 4 ans 20 ans 8000 € 0,268
Calais

En Corse 7500 € 3750 € 4 ans 20 ans 14 400 € 0,26

Tableau 31 : Synthèse de la démarche « coût global » sur une durée de vie typique d‟une
installation photovoltaïque.

110
L‟exemple des panneaux solaires photovoltaïques sert de référence à notre
raisonnement multicritères comparatif en cycle de vie : les systèmes de production d‟énergies
renouvelables sont plus simples à analyser que les systèmes constructifs, notamment parce
que les bénéfices produits sont rapidement quantifiables (l‟énergie est rapidement quantifiable
en euros ou dollars).

Pour l‟étude d‟un matériau ou composant constructif comme un bloc porteur, un


isolant ou un parement extérieur, le passage du qualitatif au quantitatif est plus délicat et doit
être réalisé sur la base du recueil d‟un maximum d‟informations objectives: les enquêtes de
terrain auprès d‟entreprises spécialisées, de maîtres d‟ouvrages impliqués, l‟utilisation de
bases de prix professionnelles et la synthèse d‟articles spécialisés.

C‟est ce que nous proposons de réaliser dans le cadre de notre étude, avec pour finalité
ultime l‟expression de ratios coûts / bénéfices entre des solutions conventionnelles et des
solutions « éco »

2.2.5 Choix des systèmes constructifs : disponibilité et approvisionnement sur la zone


d’étude, le Nord Pas de Calais

Dans la continuité de l‟approche multicritères en cycle de vie, de l‟évaluation de


matériaux « éco-conçus » par comparaison à des solutions conventionnelles, du raisonnement
« management durable » appliqué aux PME-PMI et de critères environnementaux et sociétaux
de plus en plus importants dans la prise de décision d‟investissements, il nous semble logique
d‟appliquer notre étude au niveau d‟un territoire géographique de référence, la région Nord
Pas de Calais.

Le choix de restreindre volontairement notre étude, et par conséquent le nombre


d‟éco-matériaux étudiés, à cette région précise se base sur plusieurs constats :

La région concentre de manière croissante depuis près de dix ans les initiatives
d‟application du développement durable au secteur du bâtiment, notamment via le nombre des
réalisations issues de commandes publiques (lycées, collèges, établissements recevant du
public) et privées (bailleurs sociaux) dites à haute qualité environnementale (HQE) : 160
réalisations HQE sont ainsi réalisées, par comparaison aux 600 existantes au niveau national1

Il s‟agit de la deuxième région la plus densément peuplée en France, derrière l‟île de


France, avec en conséquence, toutes les problématiques liées à l‟habitat neuf et en rénovation
/ réhabilitation, qui peuvent se poser pour un territoire, ses politiques d‟aides et de soutien et
de développement et son tissu d‟entreprises. Le nombre d‟entreprises artisanales du secteur de
la construction est estimé à 10 558, soit le tiers de toutes les entreprises artisanales régionales
[INSEE, 2007]85.

La région Nord Pas de Calais se trouve au cœur de l‟Europe, à la croisée des « flux »
notamment des flux « matières / matériaux » qui y transitent à destination d‟autres zones de
chalandises : le bois en provenance d‟Europe du nord et de Russie, les granulats en
provenance de Belgique et à destination du bassin parisien, les matériaux et produits à
destination de l‟Angleterre.

Les initiatives de « benchmarking » des pays pour lesquels les éco-matériaux pour la
construction représentent des parts de marchés intéressantes ont permis de positionner les
acteurs historiques « grandes surfaces de bricolage » sur le nouveau marché de
l‟environnement et de la santé. Une étude commandée par le Centre de Création et de

1
Estimation 2006, Conseil Régional Nord Pas de Calais

111
Développement des Eco-Entreprises [CD2E, 2006]86 a également contribué au lancement du
premier concept français dédié à l‟éco-réhabilitation « KBANE1, la maison durable », sur la
métropole lilloise en mars 2008. Enfin, un acteur historique positionné sur le marché de
l‟extension / réhabilitation vient de proposer (avril 2008) une offre « réhabilitation
écologique » disponible partout en France via un réseau de 250 maîtres d‟œuvre, à partir de la
région Nord Pas de Calais2.

Le travail effectué sur les filières locales de production – distribution – prescription –


utilisation d‟éco-matériaux pour la construction a permis en Nord Pas de Calais d‟impliquer
21 entreprises régionales dans des logiques d‟éco-conception / éco-marketing, permettant la
mise sur le marché de 16 éco-matériaux différents présentant tous des niveaux de performance
minimale d‟un point de vue éco-conception.

Le Nord Pas de Calais attire un certain nombre d‟entreprises de fabrication de


matériaux et produits de construction et représente de plus en plus une zone stratégique
d‟investissements : bassin de population important (et donc d‟entreprises du secteur de la
construction), ressources en sous sol disponibles (argile) ou réseaux de communication
importants (voies navigables, ports marins, autoroutes, chemin de fer), tissu de distributeur
très important (négoces spécialisés professionnels, GSB, « low cost »), besoins actuels et
futurs en réhabilitation thermique des logements anciens très importants. A titre d‟exemple, le
Nord de Paris (dont la Picardie) représente les marges de croissance les plus importantes pour
les ventes de blocs monomurs terre cuite à isolation répartie, notamment pour le leader
historique Wienerberger (5000 tonnes en 2002, 55 000 tonnes en 2006-2007). Wienerberger a
donc lancé début 2008 la construction d‟une usine de production de blocs monomurs à
Hulluch3 (62) permettant d‟éviter 300 allers-retour par mois par camions de 25 tonnes entre
l‟usine d‟Alsace et le Nord Pas de Calais. Dernier exemple en date, l‟implantation en cours
d‟une usine de fabrication de béton cellulaire (même matériau que les blocs blanc de Ytong /
Syporex) à proximité de Valenciennes, projet mené par des ex-salariés de Xella Belgique,
pour alimenter directement les marchés de proximité et la demande locale.

Enfin, la région Nord Pas de Calais porte également la première initiative d‟action
collective [CD2E, 2007] visant à accompagner des entreprises fabricant des éco-matériaux
auprès du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et obtenir des avis
techniques produits favorisant l‟assurabilité des ouvrages réalisés sur la base de ces matériaux
/ composants, et donc la pénétration de ces nouveaux produits sur le marché français.

Les 16 éco-matériaux différents identifiés sur le territoire régional depuis 2004 sont
répartis au sein de corps d‟états complémentaires ; une certaine diversité est donc présente et
permet d‟analyser ces éco-solutions dans différents domaines d‟usages, correspondant à
différents systèmes constructifs.

Ces éco-matériaux et les principaux systèmes constructifs pour lesquels ils sont dédiés
par leurs fabricants / fournisseurs sont présentés de manière succincte dans le tableau ci-
dessous ; les matériaux et composants conventionnels correspondant aux mêmes fonctions
seront repris ultérieurement. Le lien avec les usages considérés comme courants sera
également établi dans une colonne dédiée, c'est-à-dire la reconnaissance par les instances

1
KBANE, concept de magasin et d‟offre de services en éco-rénovation, spécialisé sur l‟éco-construction et les
énergies renouvelables, financé par ADEO (groupe AUCHAN)
2
Camif Habitat, offre 360 ° voir le site www.maison-plus-ecologique.com
3
Voir le communiqué Wienerberger du 18 décembre 2007, sur le site
www.wienerberger.fr/servlet/Satellite?pagename=Wienerberger/WBArticle/ArticleStandard05&cid=119807709
7399&sl=wb_fr_home_fr&lpi=1113497802229

112
professionnelles, scientifiques, les entreprises de terrain et les assurances des preuves de ces
usages courants (règles professionnelles, norme, Document Technique Unifié etc…).

Corps
N° Nom Sociétés Type Fonction
d’état
1 GO Cellumat Cellumat Bloc béton cellulaire Structurel et isolation répartie
2 GO Porotherm Wienerberger Bloc monomur terre cuite Structurel et isolation répartie
Bloc monomur de pierre
3 GO Cogebloc Cogebloc Structurel et isolation répartie
ponce
Enduit pierre ponce et Protection extérieure / intérieure,
4 SO Cogebloc Cogebloc
chaux hydraulique finitions, isolation complémentaire
Brique de terre crue
Brique de Briqueteries du Remplissage de parois intérieures,
5 GO compressée non cuite (vente
terre crue Nord non structurel
avant cuisson)
Plaque de pvc micronisé,
Couverture, bardage, coffrage pour
6 GO Novaplaque Novafloor recyclé et mélangé avec une
bétons
charge de bois
Terca – Briques de terre cuite avec
7 GO Terca Structurel et parement
Wienerberger déchets de terrils incorporés
Chaux et Remplace le ciment pour les travaux
8 GO Chaux Dolomies du Chaux NHL structurels ou de finitions, intérieurs
Littoral et extérieurs
Remplissage de murs et parois
Scieries et Brique de terre crue
intérieures, inertie dans les
9 GO BTC Palettes du stabilisée à la chaux
constructions « légères » (type
Littoral hydraulique
ossature bois)
Le relais – Isolant à base de textile Isolation des murs, combles,
10 SO Métisse
Minot recyclé planchers
Abrilaine / AVR Isolation, Isolant à base de laine de Isolation des murs, combles,
11 SO
Panolaine mouton origine française planchers
Scieries et Plancher cloué en bois non
Plancher Effet structurel + isolation thermique
12 GO Palettes du traité, issu des forêts du
cloué et acoustique
Littoral Boulonnais
Portes en bois massif non
Portes bois traité, certifié PEFC,
11 SO Van Kemmel Fermetures intérieures / extérieures
massif utilisation de colles
faiblement émissives
Bardage en aulne du Nord
Bardage Scierie
12 GO Pas de Calais, non traité, Bardage de protection
Aulne Morisaux
scié et raboté traditionnel
Menuiseries extérieures /
intérieures, démarche
Menuiserie
13 SO Menuiseries Menuiseries 21, bois certifié Fermetures intérieures / extérieures
Bouillon –
PEFC non traité, colles
faiblement émissives.
Utilisation en mélange avec de la
Co-produits du lin chaux hydraulique pour la
GO & 9 Teilleurs de (paillettes courtes), matière réalisation de dalles, chapes,
14 Anas de lin
SO lin fibreuse végétale, parfois l‟isolation de murs en banchage ou
appelé « petit bois » en projection (filière semi-humide),
l‟isolation de toitures en coffrages.
Naturlin – lin Isolation des murs, combles,
15 SO Laine de lin Fibre de lin pour l‟isolation
2000 planchers
Agriculteurs en Fonction de remplissage des murs à
région, Bottes de pailles de céréales ossature bois, pour isolation
16 GO Botte de paille disposant d‟une comprimées spécifiquement thermique et phonique (rédaction
ancienne pour la construction DTU et règles professionnelles en
« botteleuse ». cours)

Tableau 32 : Proposition de liste des éco-matériaux identifiés en Nord Pas de Calais, faisant
l‟objet dans le cadre de notre étude de comparaison avec des matériaux conventionnels.

113
2.2.6 Caractéristiques pratiques de la méthodologie et de l’outil

L‟outil de comparaison d‟éco-matériaux par rapport aux matériaux conventionnels


pour le secteur de la construction de bâtiments, que nous proposons de réaliser, a pour
fondements :

- L‟utilisation d‟une définition simple, claire et consensuelle autour de la thématique


« éco-matériau » pour la construction (voir définition proposée au paragraphe 1.3.5),

- L‟analyse multi-critères en cycle de vie, principalement basée sur des critères


techniques, économiques et financiers.

- Un système de classification de l‟information reconnu au niveau international


UNICLASS complété par une approche « matière », « application » et « fonction ».

- Les données correspondant à ces critères seront agglomérées en un langage commun


unique, le coût global d‟investissement, complété par des externalités liées aux
nouveaux enjeux de la société actuelle (le coût d‟une taxation carbone, les bénéfices
générées par l‟impact sur l‟emploi…), ramené au final à un temps de retour sur
investissement et un ratio coûts / bénéfices actualisé.

- La localisation géographique préférentielle ou le fait de privilégier dans toute réflexion


d‟investissement, les filières d‟approvisionnement les plus courtes possibles, ce qui
permet d‟éviter que des matériaux et produits de construction ne transitent sur des
milliers de kilomètres avant d‟être utilisés, et réduit par la même leur empreinte
environnementale (et demain leur coût). On repositionne également la valeur ajoutée
générée au plus près du local, au niveau notamment des PME-PMI impliquées dans le
management durable.

Les clients, cible principale de notre outil sont les professionnels de la construction:
artisans, maîtres d‟œuvre, architectes mais également la maîtrise d‟ouvrage publique et privée
(bailleurs sociaux); ce sont eux qui manquent le plus souvent de données fiables concernant
les éco-technologies et éco-techniques du secteur de l‟éco-construction pour :

- argumenter leurs propositions commerciales dans le cas de négociations avec leur


clientèle,
- intégrer des données économiques et financières comme les coûts / surcoûts et
temps de retour sur investissement dans leurs plan de financements prévisionnels,
- légitimer le recours à des matériaux / composants / techniques de qualité, durables,
moins impactants pour l‟environnement et la santé, et coûtant moins à la société en
termes globaux.

L‟outil doit donc intégrer des indicateurs opérationnels qui sont des outils de retour
d‟expériences, de gestion et d‟anticipation et qui respectent une sorte de cahier des charges de
management durable :

- Rigueur : le constat doit être incontestable et vérifiable

- Simplicité : le système de lecture peut être basé sur le modèle KISS anglo-saxon :
« Keep It Simple Stupid » qui signifie : restons simples et paraissons bornés. Le
langage le plus simple, qui peut être borné mais efficace, est celui des chiffres.

114
- Transversalité : les 5 domaines couverts par l‟analyse multi-critères font appel à des
disciplines diverses, qui ont toutes leur langage et leur lexique. L‟idée est de trouver
un dénominateur commun possible, le langage des chiffres.

- Quantification et traçabilité : la quantification est la seule méthode qui permette de


mesurer l‟évolution d‟une organisation ; encore faut-il que la traduction en chiffres
soit acceptable pour toutes les parties intéressées, et par conséquent traçable. La seule
traduction traçable est celle qui se réfère à des termes financiers.

L‟outil ne sera pas exhaustif puisqu‟il se limitera volontairement à l‟étude des éco-
matériaux disponibles en Nord Pas-de-Calais, mais la méthodologie développée permettra
d‟étendre le raisonnement à d‟autres éco-matériaux, et surtout d‟autres territoires produisant
ces éco-matériaux.
Les données seront agglomérées au sein de tableurs interdépendants les uns des autres
pour pouvoir faire évoluer des paramètres et mesurer l‟évolution des temps de retours et ratios
coûts bénéfices en fonction des situations rencontrées. Excel présente également l‟avantage de
la simplicité pour les acteurs du bâtiment peu au fait de l‟informatique.
L‟autre avantage est que les bases d‟informations de références, notamment les bases
de prix, pourront être actualisées, ce qui est impossible avec un logiciel figé. Il s„agira donc
d‟un outil évolutif dont la méthodologie pourra être reproduite.
Au-delà des systèmes constructifs dans lesquels seront positionnés ces éco-matériaux
pour les besoins de l‟étude, il nous semble intéressant de pouvoir, en tant que raisonnement
final, appliquer notre méthodologie de comparaison à une étude de cas concret, intégrant des
éco-matériaux régionaux au sein d‟un système constructif complexe, un rampant de toiture
issu de solutions techniques proposées par l‟entreprise « Scierie Palettes du Littoral / SPL » à
Audruicq près de Calais : SPL / Chênelet construction conçoit et construit des maisons à
haute qualité durable.
Cette entreprise active au sein de la filière d‟économie solidaire et de réinsertion
développe depuis les années 2000 un concept d‟habitat de qualité charges maîtrisées, coût
reproductible et à faible empreinte environnementale.
Leur concept II, finalisé en 2007, a donné le jour à plusieurs logements éco-construits,
dont les derniers à Saint Denis en région parisienne. Actuellement, SPL construit 6 logements
de cette même gamme à Loos en Gohelle à proximité de Lens.
La problématique du financement des surcoûts et de la répartition des bénéfices
générés est ici prépondérante puisque la maîtrise d‟ouvrage est un bailleur social.

Figure 19 : Maisons Haute Qualité Durable à Saint Denis, CD2E, Avril 2008 .

115
CHAPITRE 3

Mise au point d’un outil d’aide à la prescription


technique, économique et financière d’éco-matériaux
pour la construction / réhabilitation de bâtiments

116
Chapitre 3 : Mise au point d’un outil d’aide à la prescription technique,
économique et financière d’éco-matériaux pour la construction et la
réhabilitation de bâtiments

3.1 Introduction
Sur la base du cahier des charges de la méthode proposée au chapitre précédent d‟aide au
choix d‟éco-matériaux pour la construction et la réhabilitation de bâtiments éco-construits et à
faible niveau de consommation énergétique, nous pouvons désormais dérouler la
méthodologie de travail, en proposant :
- des bases communes de comparaison, permettant notamment de définir des solutions
constructives.
- des indicateurs par familles de critères.
- des évaluations de solutions constructives conventionnelles et éco-construites, par
familles de critères simplifiées.
- une pondération imposée (contraintes réglementaires) correspondant aux enjeux
actuels (réglementation, problématique environnementale, éco-construction, SMQE),
ou proposée par les acteurs de terrain (ceux qui prescrivent et qui utilisent).
- une agrégation financière des résultats, sous forme de langage financier universel.

3.2 Bases communes de comparaison et détermination des solutions


constructives
3.2.1 Hypothèses préliminaires

A plusieurs reprises depuis le début de l‟étude, des termes différents mais proches ont
été employés pour qualifier les produits ou matériaux de construction issus d‟un secteur
« industriel » : matière première, matériaux, produits et composants, ainsi que leur association
ou assemblage (paragraphe 2.1, page 8) au sein de « systèmes constructifs ».
Chaque système constructif, selon son importance peut être considéré comme une
solution constructive permettant de résoudre ou d‟apporter une réponse à une problématique
de conception « majeure » (paragraphe 5.3.1, page 72).

L‟interaction entre les systèmes constructifs au sein d‟une construction plus


importante permet de définir un ouvrage de construction, avec une logique de « bonne
conception » et le respect de certaines exigences et de performance.
Afin de voir plus clair dans toutes ces définitions, il semble opportun de re-définir chacune
des notions développées ci-dessus :

- Matière :
Substance constituant les corps, dotée de propriétés physiques et substance particulière
dont est faite une chose et connaissable par ses propriétés. La matière est ce dont les corps
sont faits, présente des qualités et des propriétés et peut être le siège de divers phénomènes.
Les matières sont également conformes à des usages bien établis : chaque variété de bois,
métal présente des qualités propres ; dès que l‟on fait référence à une transformation, on parle
d‟objets fabriqués. Les chimistes évoquent les substances. Les objets transformés ont en
commun d‟être des variétés d‟une seule et même substance, ce qu‟on appelle la matière. Les
matières sont parfois assemblées pour constituer un tout.

117
- Matériau :
Substance quelconque utilisée à la construction des objets, des machines, des
bâtiments.
Il s‟agit également de matières d‟origine naturelle ou artificielle qui entrent dans la
composition des bâtiments. Les matériaux sont classés en trois grandes familles : les
matériaux bruts tels les matériaux de construction (pierre, sable, granulats), les matériaux
structurels (aciers, verres, ciments, matières plastiques) et les matériaux supports tel le
silicium. Chacune de ces trois typologies de matériaux permet de constituer des composites
aux propriétés spécifiques à l‟usage envisagé.

- Matière première :
Matériau d‟origine naturelle qui fait l‟objet d‟une transformation artisanale ou industrielle.
La laine, le coton et l‟argile sont des matières premières naturelles.

- Produit :
Est dit produit ce qui nait de l‟activité de l‟homme et de la nature. Un produit de base
est un produit de l‟agriculture, de la pêche, de la forêt, et tout produit minéral, disponible
sous forme naturelle, ou ayant fait l‟objet d‟une transformation.
Un produit industriel représente la valeur totale des productions de biens provenant de
l‟industrie.

- Composant :
Un composant est un objet, une substance, un élément qui rentre dans une composition. Il
s‟agit également d‟un élément standard utilisé dans la construction de produits industriels de
série, tels les machines, appareils, portes, fenêtres…
Il peut s‟agir d‟éléments préfabriqués industrialisés de gros œuvre ou de second œuvre.

- Système constructif :
Un système constructif est un système de construction utilisant une gamme définie de
composants modulaires préfabriqués. Il s‟agit également d‟un ensemble cohérent de
composants industrialisés. Par exemple un système constructif d‟actualité, le système ossature
bois plateforme.

Figure 20 : Le système constructif ossature bois plateforme CD2E, 2006 .

118
- Ouvrage :
L‟ouvrage est associé en premier lieu à une action de mise en œuvre, un travail, une
tâche.
Il s‟agit souvent du travail de l‟artisan et de l‟artiste.
Dans le domaine du bâtiment, les gros ouvrages sont synonymes de gros œuvre tandis
que les ouvrages légers ou menus sont synonymes de petite maçonnerie.
L‟ouvrage global représente l‟association du gros œuvre et du second œuvre au sein
du système constructif « bâtiment ».
Pour synthétiser, nous proposons de repositionner les concepts en ordre logique
cohérent par rapport aux us & coutumes du monde du bâtiment :

Matière Matériau Système constructif Ouvrage ou système


première Produit intermédiaire ou constructif global
Composant solution constructive

Figure 21 : Proposition d‟ordre logique des différents concepts associés à une démarche de
conception de bâtiment

3.2.2 Matériaux, composants d’un bâtiment et solutions constructives associées :


exemples de raisonnement

Les différentes définitions et systèmes de classement proposés au chapitre précédent


ne correspondent pas tous au langage de la construction utilisé par les acteurs de terrain,
artisans, constructeurs, bureaux d‟études techniques, maîtres d‟œuvre. Hormis le système
UNICLASS et la méthode UNTEC, ils font tous référence à des concepts difficiles
d‟appropriation, ce qui constitue un frein à la compréhension future de l‟outil que nous
proposons d‟élaborer.
Il est néanmoins nécessaire de proposer et d‟utiliser un classement pour ordonner les
informations collectées et rendre cohérent l‟approche finale d‟ingénierie financière
recherchée.
Un des outils [BATIPRODUITS, 2008]87 utilisé par les utilisateurs intermédiaires du
monde de la construction de bâtiment hiérarchise les matériaux et produits de construction par
familles de produits, destinations ou usages et corps d‟état principaux. Cette hiérarchisation
correspondant aux attentes des acteurs de terrain est disponible de manière exhaustive en
ANNEXE 9.
Prenons l‟exemple d‟un produit de construction considéré comme d‟usage traditionnel
en France, le bloc béton ou parpaing creux aggloméré :

Selon cette hiérarchisation, le parpaing se retrouve classé comme suit :

CORPS D'ETAT DESTINATIONS


(Catégories (Catégories
principales) secondaires) Familles de produits (sous catégories)

Fondations /
Structure /
Maçonneries /
Façades
1.3 Matériaux et accessoires pour gros œuvre
1.3.8 Blocs

Tableau 33 : Classement du produit de construction « parpaing creux aggloméré » au sein de


la hiérarchisation « Batiproduits ».

119
On notera qu‟on retrouve, au sein de la destination « matériaux et accessoires pour
gros œuvre », le produit complémentaire par nature au bloc béton, le ciment ou la chaux
puisqu‟essentiel à la mise en œuvre du bloc béton en tant que constituant du système
constructif « mur porteur ».

CORPS D'ETAT DESTINATIONS


(Catégories (Catégories
principales) secondaires) Familles de produits (sous catégories)

Fondations /
Structure /
Maçonneries /
Façades
1.3 Matériaux et accessoires pour gros oeuvre
1.3.2 Ciments
1.3.3 Chaux

Tableau 34 : Cassement du produit de construction « ciment / chaux » au sein de la


hiérarchisation « Batiproduits ».

Le bloc béton maçonné au ciment ou à la chaux hydraulique ne représente pas en lui-


même un système constructif fini à part entière : pour des questions de performance
thermique minimale réglementaire, il est associé à un système d‟isolation rapportée par
l‟intérieur ou plus récemment à une isolation rapportée extérieure (isolation thermique par
l‟extérieur ITE ou « mur manteau »)1
Le système d‟isolation rapportée dépend quant à lui d‟un nouveau corps d‟état et
d‟une nouvelle destination :

CORPS D'ETAT DESTINATIONS


(Catégories (Catégories
principales) secondaires) Familles de produits (sous catégories)

Doublages / Cloisons
/ Plafonds
4.1 Isolants et doublages (thermiques et acoustiques) hors plancher
4.1.1 Isolant thermiques ou acoustiques en vrac ou
floqués
4.1.2 Isolants thermiques ou acoustiques en
plaques ou rouleaux

Tableau 35 : Classement du produit de construction isolant thermique en plaque (ex laine de


roche) au sein de la hiérarchisation « Batiproduits ».

Cette classification pragmatique adaptée aux usages des professionnels de la


prescription et de la mise en œuvre dans le secteur du bâtiment est intéressante mais cloisonne
finalement les matériaux et produits vis-à-vis de leur aptitude à la fonction au sein de leur
famille de produits.

Une autre démarche issue de l‟éco-conception et des modèles de déclaration


environnementale / éco-bilans permet de présenter les matériaux et produits au sein de
systèmes constructifs sur leur durée de vie théorique et typique, il s‟agit de la notion d‟unité
fonctionnelle « UF ».

1
Pour plus d‟informations sur le mur manteau et l‟isolation thermique par l‟extérieur, consulter
www.groupement-mur-manteau.com

120
3.2.3 Notion d’unité fonctionnelle « UF »

Selon le standard ISO international [ISO TR 14049, 2000]88, l‟unité fonctionnelle est
définie par la performance quantifiée d‟un système (produit, matériau, bâtiment) destiné à être
utilisée comme unité de référence dans une analyse en cycle de vie [ISO 14040 & 14041,
1997]89.
En général, une unité fonctionnelle comporte une unité de quantité, une unité de temps et une
unité de performance.

Quelques exemples d‟unités fonctionnelles :

- pour le système d‟isolation rapportée « Florapan plus » d‟Isover 1, l‟unité fonctionnelle est
décrite comme « réalisation d’une fonction d’isolation thermique sur une parois de 1 m²
pendant une annuité, en assurant les performances prescrites du produit ».

- pour une peinture « lasure très longue durée » fabriquée par Blanchon2, il s‟agit d‟ assurer la
fonction de protection et de décoration d‟ 1 m² de boiseries extérieures (1 m² en œuvre)
pendant 40 ans.

- pour un bloc monomur à isolation répartie3, terre cuite rectifiée pour pose à joints minces, 30
cm, (trois fabricants en France), il s‟agit « d‟assurer la fonction de mur porteur (structure et
clos) sur
1 m² de parois et une isolation thermique (résistance thermique additive de 2.5 ° K/m²/w)
pendant une annuité.

Pour le Centre d‟Etudes Techniques de l‟Equipement (CETE), une unité fonctionnelle


est la référence par rapport à laquelle est réalisée une analyse en cycle de vie, donc une
FDES : l‟unité fonctionnelle comporte trois grandeurs : quantité + fonction + temps ou durée
de vie typique (DVT) [CETE Ouest, 2007]90.
Les produits complémentaires (colles, vis etc..) peuvent être inclus dans l‟unité fonctionnelle.

Enfin, pour le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) [LEMAIRE,


2006], les produits de construction ne sont pas comparables directement ; il est donc
nécessaire de les assembler en solutions constructives pour qu‟ils puissent constituer des
ensembles comparables.
L‟unité fonctionnelle est ainsi « la seule échelle, avant de considérer le bâtiment tout
entier, qui permette d’effectuer une comparaison entre éléments réellement comparables »
(action globale au sens de l‟analyse multicritères), soit la même durée de vie pour les mêmes
performances et pour la même quantité.

Nous proposons ainsi, en complément du système de classification élaboré (voir


paragraphe 2.2.4.1), d‟utiliser la notion d‟unité fonctionnelle comme référence de
comparaison entre différentes solutions constructives.

1
FDES Florapan Plus, disponible sur INIES http://www.inies.fr/documents/produits/Prod153_doc1.pdf
2
FDES lasure longue durée Blanchon, disponible sur
INIES http://www.inies.fr/documents/produits/Prod52_doc1.pdf
3
FDES bloc monomur terre cuite à joints minces, disponible sur INIES
http://www.inies.fr/documents/produits/Prod19_doc2.pdf

121
3.2.4 Proposition de systèmes constructifs majeurs (en lien notamment avec les enjeux
actuels de performance énergétique)

Avant de centrer la méthodologie de travail sur le secteur des éco-matériaux pour la


construction par comparaison à des solutions conventionnelles, il est important de définir les
systèmes constructifs majeurs dans lesquels s‟inscrivent ces éco-matériaux, en lien avec les
nouveaux enjeux du monde du bâtiment : développement durable, environnement,
performance énergétique, gestion des déchets, nouveaux métiers et savoir faire, qualité
globale, service

Sans occulter les autres impacts environnementaux majeurs du secteur du bâtiment en


France, la première préoccupation (chapitre 1, paragraphe 1.1, « construction et
développement durable » et le paragraphe 2.2.4.3 « les critères partagés avec les acteurs de
terrain ») est portée sur la consommation énergétique et les émissions liées de gaz à effet de
serre (GES).

Selon l‟Agence Qualité Construction [AQC, 2008]91, le parc immobilier français est
composé de 30 millions de logements, dont 25 millions de résidences principales. La
consommation énergétique en France du secteur habitat et tertiaire représente 46 % de la
consommation totale et le chauffage représente 70 % des consommations des logements.
L‟eau chaude sanitaire (ECS) et les équipements ménagers représentant 30 %.
L‟habitat est responsable de 23 % des émissions de GES nationales tous secteurs
confondus et 65 % des logements ont été construits avant 1974, date de la première
réglementation thermique.
Leur consommation moyenne est estimée à 370 kwh d‟énergie primaire par m² et par an
(limite RT 2005 250 kwh ep/m²/an, basse consommation pour 2010-2012 : 50 à 60 kwh
d‟énergie primaire (Ep) par m² et par an.

L‟Agence pour l‟Environnement et la Maîtrise de l‟Energie (ADEME) en France


quantifie ainsi les déperditions thermiques moyennes dans l‟habitat pour une maison
individuelle non isolée :

Figure 22 : Pertes de chaleur d‟une maison individuelle non isolée, ADEME, 2008 1.

Selon l‟enquête nationale des logements existants [Ministère du logement, 2002], 55 %


des maisons individuelles n‟ont pas fait l‟objet de travaux d‟amélioration thermique de la
toiture (30 % des déperditions d‟une maison) depuis 20 ans ; 41 % des logements sont équipés
de simples vitrages (13 à 15 % des déperditions thermiques) ; 37 % ont recours à un

1
Voir le guide de l‟isolation thermique de l‟ADEME publié sur son site web et disponible sur
http://www.ademe.fr/particuliers/Fiches/isolation_thermique/rub1.htm

122
chauffage d‟appoint et 38 % des logements ont une isolation thermique de qualité
insuffisante
Une étude plus récente du club de l‟amélioration de l‟habitat [CAH, 2008] 92 affine
d‟avantage certains chiffres : La consommation unitaire moyenne d‟énergie en résidence
principale est de 211 kWh ep par m² et par an en 2005, tous usages compris. Le premier poste
de consommation est le chauffage (66%), puis l‟électricité spécifique (16%), l‟eau chaude
sanitaire (12%) et enfin la cuisson (7%). Les logements représentent 29% de la consommation
finale d‟énergie en France et 13% des émissions nationales de gaz à effet de serre.

En 2005, chaque ménage consacre en moyenne 1 419 € par an pour l‟énergie dans son
logement. En 2004, 2,9 millions de ménages (soit 11,1% des ménages français) ont engagé
des travaux de maîtrise de l‟énergie dans leur logement.

Parmi eux, 2 millions ont fait des travaux d‟isolation (dont 600 000 pour des travaux de
changement de fenêtres et/ou de pose de double vitrage), soit 7,7% des ménages, 857 000
ménages sont intervenus sur leur système de chauffage (3,3% des ménages) et ont dépensé en
moyenne 3 206 € pour ces travaux.

A partir de la figure 22 « schéma des déperditions thermiques d‟une maison non


isolée », nous pouvons rapprocher les postes de déperditions des solutions constructives
correspondantes, conventionnelles et traditionnelles ou plus récentes et innovantes.

Il manque néanmoins l‟identification d‟une catégorie de déperditions souvent négligée


en France car mal connue et donc peu ou pas du tout gérée par les entreprises de
construction : l‟étanchéité à l‟air. Afin de d‟assurer de bonnes conditions d‟hygiène et de
limiter le gaspillage d‟énergie dans un bâtiment, il est nécessaire de maîtriser les flux d‟air,
Cette maîtrise requiert une bonne étanchéité des parois du bâtiment.
L‟étanchéité à l‟air ou perméabilité à l‟air est souvent négligée dans les bâtiments, ce
qui peut engendrer de gros problèmes de qualité d‟air et d‟inconfort thermique et acoustique,
en plus du gaspillage d‟énergie [CETE, 2006]93.
En approche simplifiée, on peut schématiser les défauts d‟étanchéité d‟une maison
conventionnelle et d‟une maison passive (consommation de chauffage < 15 kwh d‟énergie
primaire par m² et par an) par un disque :

Maison conventionnelle Maison passive


Figure 23 : Ordres de grandeurs de la surface équivalente de fuites d‟air dans une maison
conventionnelle1 et pour une maison passive, pour un renouvellement d‟air de 0,8 m3/ h/m².

1
Maison conventionnelle : 110m², 2,75 hauteur sous plafond, volume de 275 m3 et surface froide de 196 m²,
Maison passive : mêmes caractéristiques mais étanchéité bien gérée.

123
Maison conventionnelle Maison passive
Quantification des ¼ du renouvellement d‟air 8 % du renouvellement
infiltrations soit 25 % d‟air

En Allemagne, une étude a mis en évidence l‟importance de la gestion des moindres


détails pour une bonne application des stratégies d‟étanchéité à l‟air [DBZ 12/89, 2000].
Une surface de 1m par 1m, sur une épaisseur de 14 cm (isolation standard en
Allemagne) a été étudiée avec le logiciel WUFI1, programme calculant le transfert de chaleur
et de masse dans les composants du bâtiment : pour des conditions de température intérieure
de 20 °C, extérieure de -10 °C, une fente de 1 mm dans cette surface de 1 m² représente une
augmentation de déperdition thermique de 4,8 X.

Figure 24 : Essai de structure d‟isolation thermique, fente dans freine vapeur de 1mm devant
mur isolé de 1 m² avec 14 cm d‟isolation thermique, PROCLIMA, 2007 .

La valeur U (U = 1/R et R = e/λ) est de 0,3 W/m².K sans fente (étanchéité à l‟air
théoriquement parfaite), et de 1,44 W/m².k avec une simple fente de 1mm
Une étanchéité à l‟air pas ou mal gérée revient à anéantir complètement les performances
théoriques annoncées de tout système d‟isolation thermique.
L‟interprétation de cette étude est sans équivoque : en France, la majorité des systèmes
constructifs, et plus spécifiquement ceux relevant de la construction ossature bois, sont mis en
œuvre sans gestion fine de l‟étanchéité à l‟air : absence de raccordement des menuiseries au
bâti et des membranes d‟étanchéité aux éléments adjacents, non gestion des passages de
gaines, utilisation de produits (colles, adhésifs) non conformes, mise en œuvre non soignée.
De nombreux témoignages de chantiers confirment cette tendance ; les formations des
entrepreneurs aux économies d‟énergies et aux offres globales (FEEBAT)2 récemment
lancées pour positionner tous les corps d‟état sur le marché de la rénovation thermique
Pour revenir aux systèmes constructifs pouvant être considérés comme majeurs, la clé
d‟entrée se situe donc au niveau des principales déperditions thermiques d‟une enveloppe peu
ou mal isolée.

Il est possible de faire correspondre ces déperditions à des solutions constructives ainsi
qu‟à des corps d‟états (cf batiproduits) et des unités fonctionnelles telles que définies
précédemment, pour déterminer des systèmes constructifs majeurs :

1
WUFI, disponible sur www.wufi.de , Institut de Physique du Bâtiment de Stuttgart.
2
FEEBAT, formations aux économies d‟énergie dans le bâtiment, lancées en 2008 suite au grenelle de
l‟environnement. Voir

124
Principales Murs : A Toitures : B Vitrages : C Ponts Sols : E Etanchéité à l’air : F Renouvellement d’air : G
déperditions thermiques : D
thermiques
Solutions constructives majeures
- effet structurel -Thermique de l’enveloppe - thermique de - thermique de - Effet structurel et -Infiltrations -Infiltrations
- travail de la structure - infiltrations l’enveloppe l’enveloppe descentes de -Gestion des -Traitement des nuisances
Fonctions
- thermique de l’enveloppe - infiltrations - tramage charge dilatations acoustiques
cf DESHAYES
- contreventement - calepinage -Thermique de -Tramage
- calepinage l’enveloppe
- G25 Walls Frame -G24 Roofs G 32 Openings - G 2 Frame, - G21 Fondations - G 25 Walls - G52 Heating / Ventilation / Air
UNICLASS
- G 2-Isolated structural members Isolated structural - G 22 Floors - G 24 Roofs conditionning
(table G)
members - G 32 Openings
- Structures, maçonneries, façades -Couverture / toiture terrasse, -Menuiseries - Doublages, - Structure / Couverture / toiture Ventilation, conditionnement
-Doublages, cloisons, plafonds étanchéité extérieures cloisons, plafonds maçonnerie / terrasse, étanchéité d’air
- Isolation, cloison, plafond -Structures, façades
maçonneries, - Fondations
Corps d’état façades -Revêtements de
(batiproduits) -Couverture / sol
étanchéité
-Menuiseries
extérieures
-Dalles
Unités - A0 : Assurer la fonction de mur - B 1 : Assurer une fonction - C 1 : Assurer la - D1 : Assurer la - E0 : assurer la - F 1 Assurer la - G1 : Assurer le fonction de
fonctionnelles porteur (structure et clos) sur 1 m2 d'isolation thermique sur 1 m² fonction d’un m² de fonction de rupteur fonction de dalle fonction de 1 m² de renouvellement d’air de 90 m3/
associées (cf de paroi pendant une annuité, tout en de toiture, (résistance thermique surface d’ouverture de pont thermique, porteuse plancher frein vapeur , en h minimum (simple flux) ou de
INIES & FDES assurant une isolation acoustique globale de 4 m²*K/W 95) sous d’un bâtiment, par sur une longueur bas permettant une assurant une 20 m3 /h (hygro b) pour une
(Rw(C,Ctr) de 54 (-3, -5) dB) additive forme de panneau semi rigide une fenêtre type ou de 1 mètre linéaire, charge étanchéité à la maison type de 4 pièces (arrêté
à celle d'un doublage) et une ou rouleau, ignifugé porte fenêtre type, sur pendant une d’exploitaton, sur diffusion de vapeur du 28 octobre 1983) avec une
isolation thermique (résistance d’épaisseur 100mm, mis en une durée de vie annuité une surface de 1 d’eau variable (0,3 à consommation maximum de
thermique de 0,21 m2.K/W additive à œuvre sous un revêtement typique de 30 ans, m² pendant une 20 m) sur toiture 0,25 Wh/m3 par ventilateur
celle d'un doublage). d’étanchéité (pare pluie HPV) , avec les annuité chevrons classique, (locaux à usages d’habitation),
- A 1 : Assurer la fonction de mur pendant une annuité et sur une performances - E 1 : Assurer la pendant une annuité pendant une annuité
porteur (structure et clos) sur 1 m2 durée de vie typique de 50 ans. thermiques minimales fonction de dalle /
de paroi et une isolation thermique Uw < 2,6 w/m².k et plancher bas
(résistance thermique globale - B 2 : Assurer la fonction de acoustiques Ra tr< 30 permettant une
minimale : 2,3 m2*K/W1) pendant couverture de 1 m² de toiture db (conformité NRA) charge
une annuité pendant une annuité d’exploitation, tout
- A 2 : Assurer la fonction d’isolation en assurant une
thermique rapportée, sur 1 m2 de - B3 : Assurer la fonction de isolation thermique
parois, pendant une annuité, en supporter des éléments de de l’ensemble de
assurant les performances prescrites plancher ou de toiture, pendant 2,3 m²*K/W, sur
du produit (résistance globale du une annuité, représentant un une surface de 1
mur : 2,3 m2*K/W) volume de bois lamellé collé de m² pendant une
- A 3 : Assurer la fonction de 0,28 m3. annuité
protection de 1 m2 de parois - E2 : assurer la
verticale type « bardage » ou fonction d’isolation
« enduit », pendant une annuité, en thermique
assurant les performances propres à rapportée, sous ou
l’enveloppe du bâtiment. sur 1 m² de dalle /
plancher, pendant
une annuité.

Tableau 36 : Proposition de correspondance « déperditions thermiques majeures » / solutions constructions / Unités fonctionnelles, en vue de la détermination de systèmes constructifs majeurs.

1
Cf RT 2005, disponible sur http://www.rt-batiment.fr
125
Nous aboutissons ainsi à la mise en évidence de systèmes constructifs identifiés par
- Une solution constructive majeure : une fonction et une classification
- Une appartenance à un corps d‟état
- Une définition d‟une unité fonctionnelle

Chaque système constructif doit être ensuite analysé et re-décomposé de la manière la


plus fine possible, pour en déterminer notamment le coût et le ratio main d‟œuvre / produit
nécessaire à la réalisation d‟un raisonnement en coût global complet sur une durée de vie
typique, mais également pour caractériser au plus juste les performances de chaque système
(exemple performances thermiques cumulées de plusieurs matériaux représentant
un système).

Nous pouvons donner un exemple de cette re-décomposition : prenons l‟unité


fonctionnelle : « Assurer la fonction de mur porteur (structure et clos) sur 1 m2 de paroi et
une isolation thermique (résistance thermique globale minimale : 2,3 m2*K/W1) pendant une
annuité ».

Les différents matériaux pouvant représenter cette unité fonctionnelle sont nombreux, les
systèmes constructifs sont connus et font référence à une documentation technique unifiée2 :
- mur porteur extérieur et isolation thermique rapportée par l‟intérieur (DTU 20.1 &
45.1)
- mur porteur auto-isolant (brique monomur terre cuite, pierre ponce ou béton cellulaire)
(DTU 20.1)
- mur porteur intérieur et isolation thermique rapportée par l‟extérieur (DTU 20.1 et
45.1)
- mur composite ossature bois avec contreventement extérieur et isolation médiane
(DTU 31.2)
- mur composite ossature métallique avec isolation rapportée (DTU 32 .1)
- mur en béton banché (DTU 23.1)

Le mur porteur auto-isolant à isolation dite « répartie » est ainsi décomposé comme suit :
3
Unité Système Fonction Classification Corps DTU Descriptif et Composants
fonctionnelle constructif Uniclass d’état
type
Descriptif : Fourniture et mise en
Assurer la
oeuvre de briques creuses à
fonction de mur
perforations verticales de 30 cm
porteur (structure
d'épaisseur, en pose roulée au
et clos) sur 1 m2
mortier colle (valeur incluse dans
de paroi et une - effet structurel -
isolation Mur thermique de
prix brique), Up : 0.37 W/m2.K, ( R=
Structures / 2,7) pour murs extérieurs sans
thermique « monomur » l’enveloppe
G 25 & G2 Maçonneries 20.1 ouverture.
(résistance à isolation -
/ Façades
thermique 5 contreventement
répartie Composants : BRIQUE TERRE
globale
CUITE MONOMUR 373 X 300 X
minimale : 2,3
249 MM (20 KG) 10,7/M2 avec
m2*K/W4)
mortier colle pour mise en œuvre à
pendant une
joint mince (maçonnerie dite
annuité
« roulée »)

Tableau 37 : Proposition de dé-composition du système constructif « mur monomur à


isolation répartie ».
1
RT 2005, disponible sur http://www.rt-batiment.fr
2
Règles professionnelles et Documents Techniques Unifiés (DTU) www.cstb.fr
3
Selon Batiprix – Le Moniteur, 2008 www.batiprix.com
4
RT 2005, disponible sur http://www.rt-batiment.fr
5
Groupement des industriels des briques et tuiles terre cuite, www.fftb.org

126
Pour chaque unité fonctionnelle, nous pouvons proposer de lister les systèmes constructifs majeurs correspondant ;

Unité fonctionnelle Système constructif 1 Système constructif 2 Système constructif 3 Système constructif 4
A0 : mur porteur sans
Mur parpaing béton maçonné ciment Mur ossature bois Mur béton armé
isolation complémentaire
Voile périphérique ou refend ép. 0,20 m
Mur en agglomérés ciment creux, de 20 cm Mur extérieur droit à rez de chaussée pour façade
en béton armé à 400 kg, fabriqué sur le
d'épaisseur (20x50 cm, 20 kg), hourdés au mortier ou pignon de MOB. Trame de départ ou d'arrivée
Descriptifs chantier, avec armature en treillis soudé, y
bâtard 350 kg, y compris affleurement des lits en long. 5,20 m, ht jusqu'à 2,75 m. Ossature 45x120,
compris coffrage en bois et décoffrage (en
montant et harpages pas de 400 mm, contreventement OSB 10 mm
amortissement).
A1 Mur porteur à isolation
Mur monomur terre cuite Mur monomur béton cellulaire Mur monomur pierre ponce
répartie
Fourniture et mise en oeuvre de briques creuses à
Murs en blocs de béton cellulaire de 30 cm Mur en bloc monomur pierre ponce de 30
perforations verticales de 30 cm d'épaisseur, en
d'épaisseur (25x62,5 cm, poids 28,6 kg ), cm d'épaisseur montage maconnerie
Descriptifs pose roulée au mortier colle (valeur incluse dans
montage soigné au mortier colle, compris coupes traditionnelle mortier batard 350 kg/m3
prix brique), Up : 0.37 W/m2.K, pour murs extérieurs
et harpages pierre ponce /chaux hydraulique NHL
sans ouverture.
A2 Isolation thermique Doublage panneau de
Doublage panneau de polystyrène expansé + Doublage panneau laine de roche, garnissage Doublage panneau de mousse de
rapportée sur mur polystyrène expansé, Isolation
plaque de plâtre plaque de plâtre polyuréthane, garnissage plaque de plâtre
par l’extérieur
Isolation thermique par
l'extérieur pour construction
Fourniture et mise en oeuvre de doublage
Fourniture et mise en oeuvre de doublage de neuve ou ancienne, sur
Fourniture et mise en oeuvre de doublage de murs de murs par collage de panneaux de
murs par collage de panneaux de laine minérale structure maçonnée,
par collage de panneaux polystyrène expansé mousse de polyuréthanne garnis d'une
(roche) garnis d'une plaque de plâtre (10+100 comprenant isolant polystyrène
Descriptifs garnis d'une plaque de plâtre (10+100 mm), compris plaque de plâtre (10+100 mm), compris
mm) sans pare-vapeur, compris finition des joints de 50 mm ép. en fixation
finition des joints entre plaques par bandes et enduit finition des joints entre plaques par
entre plaques par bandes et enduit spécial. (Rt calée/chevillée et enduit de
spécial. (Rt 2,70 m2.K/W). bandes et enduit spécial. (Rt 3,75
2,90 m2.K/W). base et marouflage (pour finition
m2.K/W).
par enduit organique à
reprendre).
A3 Bardage et vêture Enduit au mortier de chaux
Bardage clin pin des landes Bardage PVC cellulaire Enduit au mortier de ciment
hydraulique
Bardage plan sapin du Nord raboté, classe 3, traité Bardage plan PVC cellulaire lisse blanc ou sable Enduit tyrolien de 3 à 5 mm
Enduit dressé au mortier de ciment de 20
Descriptifs autoclave, comprenant toutes sujétions de découpes au pas de 166 mm, comprenant toutes sujétions d'épaisseur, sur parties
mm d'épaisseur, sur parties verticales.
et fixations. de découpes et fixations verticales
B1 Isolation thermique de Isolation laine de verre avec kraft pare Isolation panneau de
Isolation rouleaux de laine de verre sur solives Isolation double couche sur solives et suspentes
toiture vapeur agraphé polystyrène expansé pour ITE
Isolation des combles par double épaisseur de
Isolation thermique et acoustique des Isolation thermique et
Isolation des combles par feutre en laine de verre laine de verre, posée croisée, 1ére ép. 60 mm en
combles par feutre laine de verre revêtue acoustique par panneau de
Descriptifs revêtue kraft quadrillé, 1 face, ép. 160 mm, (Rt 4.00 panneau semi-rigide nu + 2éme ép. 120 mm
kraft par-vapeur 1 face, ép. 90 mm avec 2 polystyrène expansé, vissé sur
m2.K/W), déroulé sur solives (au m2 en plan). rouleau avec par-vapeur kraft, embrochées sur
languettes pour agrafage entre chevrons voligeage en réhabilitation
suspentes métallique fixées aux chevrons.
B2 Couverture de toiture Couverture en bardeaux
Couverture en tuiles terre cuite Couverture en plaques ondulées Couverture en tuiles béton
bitumés
Couverture en tuiles planes en béton à Couverture en bardeaux
Couverture en tuiles à emboîtement petit moule à Couverture en plaques ondulées, non coins
emboîtement, long. 38x23 cm larg. hors bitumés 1,00 x 0,36 carrés
onde douce, (20/m2) en terre cuite rouge ou vieillie. coupés 5 ondes de 158 x 92 cm en fibres-ciment
tout, en teintes classiques, pour pureau posés à la française sur liteaux,
Descriptifs Pose à joints droits. Rampants jusqu'à 12 m de sans amiante de teinte naturelle fixée sur
long. 30,5 à 25,5 cm, (16,4 à 19,6 u/m2, pureau de 155 mm, y compris
projection horizontale. Utilisation en zone 2, en site charpente bois.
poids unitaire 2,80 kg, soit 45,9 à 54,9 fixations par crochets inox à
normal, sans écran de sous-toiture.
kg/m2). Pose à joints croisés. pointe.
B3 Structure de toiture Charpente traditionnelle avec
Poutres bois composite lamellé collé Poutres acier métalliques Charpente à fermettes industrialisées fermes à entrait retroussé et
pannes

127
Fermette 2 pans 45°, portée 5,41 à 6,60 Ferme simple en sapin de pays,
m, combles habitables en bois résineux, assemblée en charpente
Charpente légère en tubes d'acier ronds, carrés
traité classe 2, assemblés par traditionnelle. Panne
Solive en I avec âme en OSB de 89 x 200 mm, ou rectangulaires 60x60x3,2 mm pour exécution
Descriptifs connecteurs métalliques galvanisés intermédiaire en sapin de pays,
compris abouts de solive pour fixation par étriers d'abris, auvents, etc., avec poteaux, pannes et
cloués, espacée de 0,60 m pour charpente traditionnelle. +
accessoires. Protection antirouille de l'ensemble.
(contreventements,filants, antiflambement, Chevronnage en sapin de pays
poutres au vent etc..). sur charpente traditionnelle
C1 Ouverture de bâtiment Fenêtre bois standard Fenêtre de toit standard Fenêtre aluminium Fenêtre PVC standard
Croisée standard ouvrante à la
Châssis oscillo-battant ht. 115 x 80 cm française 1 vantail ht 115 x 80
fenêtre croisée standard ouvrant à la française, 1
larg., 1 vantail, alu RPTH, laqué blanc. cm, en PVC blanc ép. 60 mm,
vantail, oscillot battant, de ht 145 x 90 cm en chêne fourniture et pose de fenêtre basculante
Dormant/ouvrant 60, appui 120 mm. vitrage isolant 4-16-4 faible
massif français, ep 56 mm (ouvrant), double vitrage menuiserie pin massif pour toit en pente, à double
Descriptifs Vitrage 4-16-4 ITR. Ferrage avec système émissivité. Ferrage paumelles,
4-46-4 faible émissivité argon, poignée non vitrage 4-16-4 argon faible émissivité, dimensions
de fermeture oscillo-battant et poignée crémone à galets 3 points,
comprise 134*98 cm, posée en première installation
laquée. Fixation, pose sur fond de joint et poignée époxy. Fixations et
joint étanche pose sur fond de joint et joint
d'étanchéité.
D1 : Rupteur de pont
Rupteur de pont thermique pour plancher
thermique
Rupteur de pont thermique transversal pour
Descriptifs
plancher EP 17 ou 20 cm
E0 : dalle porteuse Dalle porteuse coulée au ciment gris
Dallage désolidarisé de 15 cm d'ép. en béton prêt à
Descriptifs l'emploi (BPS XC1 C25/30) dosé à 260 kg, compris
treillis soudé (11 kg/m2), finition tirée à la règle.
E1 : dalle porteuse auto Dalle porteuse auto-isolée, sable de pierre ponce / Dalle porteuse auto-isolée, sable de pierre ponce,
isolée chaux hydraulique ciment gris
Descriptifs
E2 : Isolation sur ou sous Isolation périphérique sous dalle en polystyrène
dalle expansé
isolation sous-face de plancher par panneaux en
fibres bois agglomérées ciment à 2 faces brutes,
Descriptifs
épaisseur 50 mm de longueur 2,00 x 0,60 m largeur,
compris fixations par spirales
F1 : frein ou pare vapeur Frein vapeur régulateur de vapeur (hygrovariable) Ecran pare vapeur
film régulateur de vapeur à base de polyéthylene Ecran pare vapeur à base de polyoléfine (FPO),
recyclé, pose en indépendance avec lés jointoyés ép 0,25 mm, pose en indépendance avec lés
Descriptifs
par bande adhésive, multi-supports jointoyés par bande adhésive, sur support béton,
béton cellulaire, tôle acier, bois ou dérivé du bois
G1 : Renouvellement d’air Ventilation mécanique contrôlée, simple flux Ventilation mécanique contrôlée, double
Ventilation mécanique contrôlée simple flux
hygro B flux
Kit VMC simple flux, 1 cuisine et 2 sanitaires, Kit VMC hygroréglable simple flux, 1cuisine Kit, VMC double flux pour 1 cuisine et 3
extracteur à 3 entrées et 1 sortie, avec bouches et bouche électrique, 1 bain bouche électrique et 1 sanitaires, comprenant 1 caisson
manchettes et 3 liaisons acoustique, et avec 1 WC, 3 entrées et 1 sortie y compris manchettes à d'extraction, 1 caisson d'insufflation et 1
bouton minuterie. Débit d'air, extraction 90 m3/h mini piquage- baïonnette et colliers caisson échangeur, piquages-baïonnette-
à 250 m3/h maximum. 3 pour extraction sanitaires, 1 pour la
cuisine, 2 insufflations séjour et 3 pour
chambres.

Tableau 38 : Proposition de systèmes constructifs majeurs correspondant aux unités fonctionnelles correspondant aux principales déperditions
thermiques.

128
3.3 Construction de familles de critères techniques, économiques et
financiers par système constructif majeur

3.3.1 Hypothèses préliminaires

Pour faire référence à l‟ébauche de définition et de choix d‟indicateurs par famille de


critères, permettant d‟analyser chaque système constructif majeur, nous avons indiqué que :

« A chaque famille de produits et/ou solution constructive étudiée correspondent des


critères techniques, financiers et économiques identiques mais aussi différents qu’il faut
adapter au cas par cas » (paragraphe 2.2.4.2, chapitre 1).

Chaque système constructif majeur doit être décrit de la manière la plus exhaustive
possible par des indicateurs communs et propres, répartis dans les champs techniques,
financiers et économiques. Le champ environnemental sera abordé lors de la sélection d‟éco-
matériaux représentatifs du territoire d‟étude, ie le Nord Pas de Calais.

Les critères de chaque famille seront définis de la manière la plus exhaustive possible,
avec comme priorité de lister ceux qui sont incontournables ou fondamentaux, ainsi que ceux
correspondant aux grands enjeux actuels auxquels doit répondre le secteur du bâtiment.

Par exemple, des critères fondamentaux correspondent aux caractéristiques


incontournables et inhérentes à chaque famille de systèmes constructifs majeurs : une
résistance à la compression pour un bloc destiné à la construction de murs extérieurs, une
conductivité thermique ou un facteur de résistance à la diffusion de vapeur pour un isolant
épais, une densité pour une plaque composite de bois multicouche etc…

Pour les enjeux actuels sociétaux, l‟impact environnemental en terme de bilan carbone
agrégé ou la dépense énergétique en phase process (énergie grise, cf. paragraphe 2.2.4.2) sont
des indicateurs simplifiés, faciles de compréhension.

Des critères incontournables peuvent être communs à plusieurs familles de produits :


par exemple le coût d‟investissement initial ou le coût d‟une taxation carbone éventuelle
indexée sur le contenu carbone du produit, ou encore la durée de vie typique (DVT issue de
l‟analyse en cycle de vie).

3.3.2 Choix des indicateurs par famille de critères et systèmes constructifs majeurs

Reprenons les systèmes constructifs majeurs correspondant à chaque unité


fonctionnelle associée aux principales déperditions thermiques.

Pour chaque système constructif, il est possible de proposer des indicateurs communs
ou propres, correspondant aux familles de critères économiques, techniques et financiers, et
d‟en apporter une définition rigoureuse mais simple, selon le principe « KISS » :

Nous proposons d‟abord une liste d‟indicateurs communs à chaque unité fonctionnelle
et système constructif présenté dans les champs techniques, économiques et financiers :

129
Familles
de 1-Critères techniques 2-Critères économiques 3-Critères financiers
critères
Indicateurs
N° critère définition N° critère définition N° critère définition
communs
Unité de référence sur laquelle
1.0 Unité de référence est basée l’unité fonctionnelle :
m², kg de matière, m3…
Coût des matériaux (principaux et Le taux d’actualisation des valeurs
Nb / quantité de matériaux ou
Coût accessoires) pour la réalisation Taux d’actualisation monétaires permet de comparer un
composants correspondant à
d’une du système constructif de investissement effectué aujourd’hui
1.1 Quantité / UF l’unité de référence du système 2.1 « matériaux »d’une l’unité fonctionnelle, en € HT par
3.0 des valeurs avec des gains qui n’apparaîtront
constructif de l’unité fonctionnelle unité fonctionnelle monétaires
unité de référence (ex m² ou que dans le futur, c’est le principe de
(UF)
kg…) l’actualisation.
Les gains ou bénéfices sont des
valeurs exprimées en € réalisées soit
Coût de la main d’œuvre en fonction des performances
Quantité d’heure de main associée aux matériaux techniques propres au système
d’œuvre nécessaire à la Coût main d’œuvre principaux, pour la réalisation de constructif de l’unité fonctionnelle,
Heure de main
1.2 réalisation de l’unité de référence 2.2 pour une unité du système constructif de l’unité 3.1 Gains actualisés soit en comparaison à d’autres
d’oeuvre du système constructif de l’unité fonctionnelle : coût à l’heure de performances d’un système
fonctionnelle
fonctionnelle main d’œuvre ramené à l’unité de constructif équivalent (un coût évité
référence dans le champs économique s’inscrit
dans le champ financier comme un
« gain »).
Le temps de retour sur
investissement « simple » est le
Coût total agrégé matériaux +
temps de retour au terme duquel la
main d’œuvre, pour la réalisation
somme cumulée des gains financiers
du système constructif de l’unité
Durée de vie typique du système Coût « déboursé » Temps de retour sur ou « bénéfices » équivaut au
fonctionnelle, en € HT par unité
constructif et/ou de ses montant de l’investissement consenti
1.3 DVT constituants, de l’unité
2.3 total matériaux + de référence. Ce prix dit 3.2 investissement initialement. L’investissement
main d’oeuvre « déboursé » correspond au prix simple
fonctionnelle devient retable au terme de cette
de vente par un professionnel,
période. Objectivement, le temps de
hors coefficient de frais généraux
retour « simple » ou TRS doit être
et hors coefficient de vente.
inférieur à la durée de vie
économique de l’investissement.
Aide de l’état français et/ou des
Nombre de remplacements du
Prime / subvention collectivités locales pour le recours
système constructif et/ou de ses
Ce prix correspond au prix aux produits et services plus
constituants sur la durée de vie
déboursé » pondéré par le vertueux vis-à-vis de leur impact
typique (DVT) de l’unité
Remplacements / Coût déboursé ou coefficient correspondant aux environnemental, venant minorer le
1.4 fonctionnelle. Ces remplacements 2.4 3.3
Maintenance sont assimilés à de la « prix de revient » frais généraux de l’entreprise montant d’investissement initial et le
(FG), soit en moyenne 30,5%, en temps de retour sur investissement.
maintenance sur la durée de vie
€ HT par unité de référence. Exprimée en % du montant de
typique du système constructif de
l’investissement ou en € par unité de
l’unité fonctionnelle.
référence.
Ce prix correspond au prix de
revient pondéré par un coefficient
de vente de l’entreprise,
Coût de vente ou concernant la main d’œuvre et les Ce ratio actualisé permet de
« prix de vente » ou matériaux nécessaires à la valoriser le temps de retour sur
Ratio coûts /
2.4 coût réalisation du système constructif 3.4 investissement « simple » d’un point
de l’unité fonctionnelle, en € HT bénéfices de vue quantitatif : le projet mérite t-il
d’investissement
initial par unité de référence. Ce coût d’être mené ou non.
correspond également à
l’investissement initial.

130
La Valeur actualisée Nette (VAN)
exprime la différence entre les gains
Coût correspondant au actualisés (cf 3.1 : bénéfices) et les
remplacement du système dépenses actualisées ( (coût
constructif et/ou de ses d’investissement initial actualisé), sur
Coût de Valeur actuelle nette
2.5 constituants sur la durée de vie 3.5 la durée de vie de l’investissement.
maintenance typique (DVT) de l’unité (VAN) Dès que la VAN est positive,
fonctionnelle, en € HT par unité l’investissement devient rentabilisé,
de référence on peut en déduire le temps de
retour sur investissement
correspondant
Coût correspondant au
fonctionnement associé ou
Coûts de
2.6 annexe du système constructif de
fonctionnement l’unité fonctionnelle, en € HT par
unité de référence.
Coût global correspondant à la
somme des coûts sur la durée de
vie typique du système constructif
2.7 Coût global ou total de l’unité fonctionnelle : coût
initial + coût de maintenance +
coût de fonctionnement. En € HT
par unité de référence.
Surplus de coût d’une solution
souvent considérée comme
« traditionnelle », par
comparaison à une solution
moins connue, dont les coûts de
maintenance ou de
fonctionnement sont moindres. La
2.8 Coût évité différence constitue des coûts
évités pour la solution moins
traditionnelle, permettant de
légitimer son investissement par
rapport à une solution plus
traditionnelle. Exprimés en € par
unité de référence

Tableau 39 : Proposition d‟indicateurs communs à chaque unité fonctionnelle et système constructif présenté, dans les champs techniques,
économiques et financiers (liste non exhaustive).

Nous pouvons ensuite identifier des indicateurs spécifiques à chaque système constructif de chaque unité fonctionnelle correspondant aux
déperditions thermiques « majeures », notamment dans le champ technique : ces indicateurs permettent spécifiquement de caractériser les
propriétés fondamentales des matériaux associés au sein des systèmes constructifs décrits.

131
Reprenons les systèmes constructifs correspondant aux unités fonctionnelles choisies :
le système constructif le plus commun, utilisé sur plus de 80 % des 250 à 300 000 maisons
individuelles construites en France, est le mur parpaing béton maçonné ciment (A0-1)
complété par une isolation thermique rapportée (A2-1).
Système constructif
Unité fonctionnelle Système constructif 1 Système constructif 2 Système constructif 4
3

A0 : mur porteur sans Mur parpaing béton


Mur ossature bois Mur béton armé
isolation complémentaire maçonné ciment

A1 Mur porteur à Mur monomur béton Mur monomur pierre


Mur monomur terre cuite
isolation répartie cellulaire ponce

Doublage panneau de
Doublage panneau
Doublage panneau de mousse de Doublage panneau de
A2 Isolation thermique laine de roche,
polystyrène expansé + polyuréthane, polystyrène expansé,
rapportée sur mur garnissage plaque de
plaque de plâtre garnissage plaque de Isolation par l’extérieur
plâtre
plâtre
Bardage clin pin des Enduit au mortier de Enduit au mortier de
A3 Bardage et vêture Bardage PVC cellulaire
landes ciment chaux hydraulique
Isolation rouleaux de Isolation double couche Isolation laine de Isolation panneau de
B1 Isolation thermique de
laine de verre sur sur solives et verre avec kraft pare polystyrène expansé
toiture
solives suspentes vapeur agraphé pour ITE
Couverture en tuiles Couverture en plaques Couverture en tuiles Couverture en bardeaux
B2 Couverture de toiture
terre cuite ondulées béton bitumés
Charpente à Charpente traditionnelle
Poutres bois composite Poutres acier
B3 Structure de toiture fermettes avec fermes à entrait
lamellé collé métalliques
industrialisées retroussé et pannes
Fenêtre de toit
C1 Ouverture de bâtiment Fenêtre bois standard Fenêtre aluminium Fenêtre PVC standard
standard

D1 : Rupteur de pont Rupteur de pont


thermique thermique pour plancher

Dalle porteuse coulée


E0 : dalle porteuse
au ciment gris
Dalle porteuse auto-
Dalle porteuse auto-
E1 : dalle porteuse auto isolée, sable de pierre
isolée, sable de pierre
isolée ponce / chaux
ponce, ciment gris
hydraulique
Isolation périphérique
E2 : Isolation sur ou sous
sous dalle en
dalle
polystyrène expansé
Frein vapeur régulateur
F1 : frein ou pare vapeur de vapeur Ecran pare vapeur
(hygrovariable)
Ventilation mécanique
Ventilation mécanique Ventilation mécanique
G1 : Renouvellement d’air contrôlée, simple flux
contrôlée simple flux contrôlée, double flux
hygro B

Tableau 40 : Systèmes constructifs majeurs et unités fonctionnelles.

Le système constructif mur parpaing béton maçonné ciment est caractérisé par les
critères techniques communs suivants :

Système constructif A0-1


1.0 Unité de référence 1 m² de mur porteur

10 blocs béton au m² (dimensions : 20x20x50 cm, 20 kg unitaires) et 0,028 m3 de


1.1 Quantité / UF
mortier bâtard dosé à 350 kg/m3 (ciment à 175 kg /m3 et chaux à 175 kg/m3)

1.2 1,098 heure / m²


Heure de main d’œuvre
1.3 DVT 100 ans
1.4 Remplacements / Maintenance 0 sur DVT

Tableau 41 : Critères techniques simples du système constructif mur parpaing maçonné


ciment.

132
Une représentation simple donnant les valeurs thermiques de référence et le profil de
condensation de vapeur dans un tel mur peut être réalisée avec la base de données « matériaux
de construction » du logiciel Suisse de simulation thermique d‟une construction, LESOSAI1.

Figure 25 : Représentation d‟un mur parpaing creux maçonné ciment, bibliothèque des
systèmes constructifs, sous LESOSAI 6.0.

Le logiciel nous permet d‟obtenir le profil de condensation de ce type de mur, sans


isolation ni revêtement associé :

Figure 26 : Profil de condensation du mur parpaing creux maçonné ciment « brut », sous
LESOSAI 6.0.

Il est intéressant de noter que ce type de mur, largement répandu dans les
constructions précédant les premières réglementations thermiques en France (1975) n‟isole
pas (passoire thermique : U = 2,194 W/m².K) mais ne condense pas non plus : la courbe bleu
clair « pression de l‟eau » ne croise jamais la courbe bleu foncé « pression de saturation ».

1
LESOSAI, V 6.0 2008, EPFL, www.lesosai.com

133
En général, ce mur parpaing ne représente pas à lui tout seul un système constructif
acceptable ; il est donc complété par les systèmes A2-1 et A3-3 pour le rajout d‟une fonction
d‟isolation thermique et acoustique, de finition (esthétique) et de protection extérieure par
rapport aux intempéries, conformément aux exigences techniques réglementaires en vigueur,
notamment la réglementation thermique1.
Les trois systèmes constructifs sont donc croisés pour représenter idéalement le
système constructif « mur porteur isolé » mais caractérisé fréquemment sur le terrain par les
acteurs professionnels comme système constructif fini.
Systèmes
A0-1 A2-1 A3-3
constructifs
1 m² d’enduit CEM
1.0 Unité de référence 1 m² de mur porteur 1m² de doublage isolant
extérieur

1 m² de panneau
10 blocs béton au m²
doublage polystyrène
(dimensions : 20x20x50 cm,
expansé (dimensions 0,025 m3 de mortier de
20 kg unitaires) et 0,028 m3
1.1 Quantité / UF 2500x1200x10, 100 mm ciment dosé à 500 kg /
de mortier bâtard dosé à 350
epaisseur), 1,8 kg de m3, au m2.
kg/m3 (ciment à 175 kg /m3
mortier adhésif, 0,45 kg
et chaux à 175 kg/m3)
de mortier en poudre et
1,5 ml de bande à joints
1.2 Heure de main d’oeuvre 1,202 heure au m²
1,098 heure / m² 0,54 heure au m²
1.3 DVT (sources : fabricants) 100 ans 50 ans 50 ans
Remplacements /
1.4 0 sur DVT 0 sur DVT 0 sur DVT
Maintenance

Tableau 42 : Systèmes constructifs majeurs et unités fonctionnelles.

La nouvelle représentation simple du système constructif fini peut être simulée sous
LESOSAI :

Figure 27 : Représentation d‟un mur parpaing creux maçonné ciment, système « fini »,
bibliothèque des systèmes constructifs, sous LESOSAI 6.0.

1
Réglementation thermique 2005 : réglementation thermique valable actuellement en France et fixant les
exigences minimales à atteindre en terme de performance thermique de l‟enveloppe du bâtiment et des
composants extérieurs. Voir http://www.rt-batiment.fr

134
Le logiciel permet d‟obtenir le profil de condensation de ce type de mur avec isolation
thermique et acoustique, parement intérieur et revêtement extérieur associé :

Figure 28 : Profil de condensation du mur parpaing creux maçonné ciment système « fini »,
sous LESOSAI 6.0.

Ce type de mur « fini », largement répandu dans les constructions suivant les
premières réglementations thermiques en France (1975) isole (U = 0,327 W/m².K) mais
condense à deux reprises : la courbe bleu clair « pression de l‟eau » croise la courbe bleu
foncé « pression de saturation » avant la lame d‟air entre l‟isolation polystyrène expansé et le
mur parpaing ciment, et au niveau de la fonction mur parpaing ciment / enduit CEM extérieur.

Cette simple constatation explique d‟ailleurs à elle seule pourquoi les maisons
traditionnelles en France sont considérées par les initiés comme des bocaux « tupperware »
dans lesquels une extraction assistée de l‟air vicié intérieur, chargé d‟humidité, devient une
condition nécessaire : la ventilation mécanique contrôlée.

L‟isolation thermique rapportée par l‟intérieur a certes eu un effet bénéfique en


réduisant les consommations d‟énergie par comparaison à un mur non isolé (facteur de 6,85
x) mais a contribué par la même occasion à dégrader fortement la qualité de l‟air intérieur
(effet bouteille thermo) tout en créant rapidement des sinistres liés à la condensation de
vapeur d‟eau (humidité accrue, développement de moisissures, points de rosée dans les
murs..).

Pour caractériser de manière plus fine un mur porteur sans isolation rapportée
complémentaire (A0-1), les critères techniques spécifiques suivants viennent compléter les
critères communs présentés précédemment :

135
Système
Critères techniques spécifiques Définitions Unités
constructif

A0-1 mur Densité ou masse volumique : р Poids d‟un matériau apparent rapporté au volume apparent Kg/m3
parpaing béton
maçonné ciment
Dilatation thermique α Propriété d‟un matériau à s‟allonger sous l‟effet d‟un écart de température m/m°C

Température de fusion θ Etat de passage d‟un matériau à l‟état solide à l‟état liquide en fonction de sa température °C

Pouvoir calorifique ρ Quantité d‟énergie produite pendant la combustion d‟un kilogramme de matériau donné, Mj/kg

Propriété d‟un matériau à conduire la chaleur, en fonction de son épaisseur (1m) et pour
Conductivité thermique : λ W/m.°C
un écart de température de 1°C.

Rapport de l‟épaisseur d‟un matériau divisée par sa conductivité thermique


Résistance thermique : R m².°C/W

Pouvoir isolant de la paroi constituée par différents matériaux isolants, de différentes


Déperditions surfaciques :U W/m².°C
épaisseurs. U = 1/R
Propriété d‟un matériau à accumuler de la chaleur puis à la restituer en fonction de son Wh/m3.K
Capacité thermique : C poids ou J/°C

La diffusivité caractérise la capacité de propagation d‟un flux de masse ou de chaleur


m²/s ou
Diffusivité thermique (diffusivité thermique) dans un matériau, en fonction de sa capacité thermique ou
m²/h
massique et de sa conductivité.

Nombre sans dimension également appelé coefficient de résistance à l‟humidité,


Résistance à la diffusion de
caractérisé par le rapport de la perméabilité (π) de l‟air divisée par la perméabilité du Sd (=µd)
vapeur µ d‟eau
matériau

Notion de résistance mécanique d‟un matériau, résultant du rapport de la charge qui lui
Contrainte d‟adhérence σ MPa
est appliquées divisés par sa surface d‟application (ou section)
Le module de Young est la contrainte mécanique qui engendrerait un allongement de Pa, MPa
Module d‟élasticité longitudinal 100% de la longueur initiale d'un matériau (il doublerait donc de longueur), si l'on ou
« module de Young » E pouvait l'appliquer réellement : dans les faits, le matériau se déforme de façon Newton/
permanente, ou se rompt, bien avant que cette valeur soit atteinte mm²
Le coefficient de Poisson fait partie des constantes élastiques. Il permet de caractériser la
contraction de la matière perpendiculairement à la direction de l'effort appliqué. Il est
compris entre -1 et 0,5. Les valeurs expérimentales obtenues dans le cas d'un matériau
Module de poisson : v Sd
parfaitement isotrope sont très proches de la valeur théorique (1/4). Pour un matériau
quelconque, on obtient en moyenne 0,3. Il existe également des matériaux à coefficient
de Poisson négatif : on parle alors parfois de matériaux auxétiques.

Contrainte tangentielle Cf contrainte d‟adhérence MPa

Contrainte de traction Cf contrainte d‟adhérence Mpa

Mpa
rapportée
à la
Contrainte ou Classe de
La valeur R est déterminée par la valeur garantie de résistance à l‟écrasement, résistance section
résistance « R » des blocs ciment
atteinte à la livraison ou au plus tard 28 jours après la fabrication brute du
creux (contrainte de
bloc (1
compression)
Mpa = 10
Kg/cm²)

Indice d‟affaiblissement R ou Rw exprimé en dB plus il est grand, plus le son est affaiblit, plus le son résiduel est
acoustique Rw minimisé, moins il est perceptible dB

Taux d‟humidité utile du matériau en œuvre : % en volume d‟eau par volume de


Taux d‟humidité т %
matériau

La porosité totale est égale à ((Va – Vρ)/ Va) x 100 ou Va est le volume apparent, Vρ le
Porosité totale Pt (%) %
volume absolu

Tableau 43 : Critères techniques1 spécifiques du mur parpaing sans isolation (isolant


thermique A2-1).

1
Références : DTU 18-702 fév 1999 ; DTU P 18-702, fév. 2000 ; XP P 18-305, août 1996.

136
Cette caractérisation peut être considérée comme complète d‟un point de vue
technique : toutes les propriétés et caractéristiques des matériaux de construction
correspondant au système constructif sont reprises.

3.3.3 Analyses critiques des familles de critères

Chacun des 40 autres systèmes constructifs présentés peuvent être décrits d‟un point
de vue technique de la même manière, avec une liste d‟indicateurs communs et/ou avec une
liste d‟indicateurs spécifiques.

Mais certains critères sont trop précis et scientifiques pour intéresser et mobiliser les
clients cibles de notre méthodologie d‟analyse ; ces critères, par exemple les contraintes de
traction (unité MPa) ou le module d‟élasticité longitudinal (unité MPa ou newton / mm²), sont
indispensables pour tester et caractériser un matériau base béton en laboratoire et valider des
performances minimales par rapport à des références normatives ou de certification.

Une résistance mécanique à la compression à 28 ou 30 jours, une densité, une


résistance thermique et une déperdition surfacique (respectivement kg/m3, m².°C/W et
W/m².°C) correspondent à la limite normalement admissible de maîtrise des propriétés et
caractéristiques d‟un matériau de construction utilisé pour l‟édification de murs porteurs
extérieurs ; pourtant rares sont les acteurs de la construction hors prescripteurs (architectes,
maîtres d‟œuvre bureaux d‟études spécialisés) à maîtriser ces critères alors même qu‟ils sont
sensés appliquer les préconisations minimales (valeurs « garde fou ») des réglementations en
vigueur.

De nombreuses entreprises de bâtiment ne respectent donc tout simplement pas


aujourd‟hui une grande partie des réglementations applicables1 par méconnaissance ou
difficulté d‟accès à l‟information.

Nous utiliserons donc des critères techniques communs complétés par quelques
critères plus précis « majeurs », en fonction de chaque système constructif étudié.

3.3.4 Simplification des familles de critères

Pour les raisons invoquées précédemment, tous les critères techniques spécifiques à
chacun de ces systèmes ne seront pas détaillés, nous proposerons d‟ailleurs de travailler
ultérieurement avec ceux correspondant aux solutions éco-construites résultant des choix
d‟éco-matériaux régionaux, par comparaison aux solutions conventionnelles (voir chapitre 4).

La base de travail minimale reste les critères techniques communs présentés


« Proposition d’indicateurs communs à chaque unité fonctionnelle et système constructif
présenté », considérés comme indicateurs simplifiés.

D‟autres critères simplifiés viennent compléter les champs techniques, économiques et


financiers : les critères des familles de champs environnementaux et santé.

Pour rappel, il s‟agit de cinq critères simplifiés permettant de qualifier un matériau ou


composant de construction comme « éco » (écologique ou éco-conçu) : matières premières,
énergie grise, recyclabilité, toxicité, lieu de fabrication.

1
Ce constat est largement réalisé notamment lorsqu‟on interroge les entreprises de construction, mais également
les prescripteurs, sur leur connaissance et maîtrise des principaux documents faisant foi : les documentations
techniques unifiés « DTU ».

137
3.4 Evaluation d’un échantillon de solutions constructives par familles de
critères simplifiées
Nous proposons désormais de tester la méthodologie d‟analyse développée sur un
échantillon de solutions constructives conventionnelles et éco-construites, l‟objectif final étant
la traduction des résultats en indicateurs simplifiés permettant de juger facilement ou non de
la décision d‟investir ou non dans ces éco-technologies.

3.4.1 Hypothèses préliminaires

Dans le chapitre et les paragraphes précédents, des hypothèses préliminaires ont été
posées et ont consisté à :

- proposer une définition consensuelle de ce que peut représenter un éco-matériau dans


le secteur des produits et matériaux de construction, par rapport à une solution
considérée comme traditionnelle ou conventionnelle (paragraphe 1.3.5 « le consensus
pragmatique ») : « les éco-matériaux et éco-produits sont des produits manufacturés
destinés à être intégrés dans les ouvrages du bâtiment, compatibles avec les critères
de développement « soutenable », éco-conçus et économiquement accessibles, tout en
satisfaisant les critères de sécurité de fonctionnement après intégration dans lesdits
ouvrages »,

- établir une typologie croisée pour la classification en vue d‟une comparaison, de


matériaux conventionnels et d‟éco-matériaux,

- privilégier l‟utilisation de critères techniques, économiques et financiers facilement


compréhensibles pour les utilisateurs finaux ciblés, complétés par quelques indicateurs
environnementaux et de santé permettant de légitimer l‟approche « éco-matériaux »,

- poser les bases du pendant des analyses en cycle de vie dans le monde économique et
financier, l‟analyse en coût global ou analyse en coûts complets en cycle de vie, avec
ses hypothèses de travail incontournables : valeur actuelle nette, durée de vie typique,
taux d‟inflation et d‟actualisation des valeurs monétaires,

- proposer un faisceau d‟indicateurs financiers de management durable : surcoûts, coûts


évités ou bénéfices, temps de retour sur investissement et ratio coûts / bénéfices
actualisé,

- rajouter des critères sociétaux et de management durable qualifiés d‟externalités


souvent peu prises en compte dans les procédures de choix d‟investissements, tel le
nombre d‟heures de travail générés par l‟étape « amont » de la mise sur le marché du
matériau / produit,

- définir une cible client privilégiée pour notre méthodologie, les professionnels de la
construction, avec une expression des objectifs auxquels doit répondre notre
comparaison : argumenter les propositions commerciales, intégrer les données
économiques et financières, légitimer le recours à des éco-matériaux performants,

- associer des systèmes constructifs majeurs à des unités fonctionnelles définies en lien
avec les principales déperditions thermiques d‟un bâtiment (cf ADEME),

- et enfin proposer des indicateurs communs à chaque unité fonctionnelle et système


constructif présenté dans les champs techniques, économiques et financiers,

138
Nous allons désormais définir 3 solutions construction de base, considérées comme
conventionnelles, pour comparaison avec 3 solutions ayant la même aptitude à l‟usage (même
fonction) mais à caractère d‟éco-construction.
Les critères environnementaux et de santé vont légitimer l‟identification des solutions
d‟éco-construction ainsi que les retours de sondages effectués auprès de professionnels de la
filière en euro-région au nord de Paris.

Les bases de prix utilisées pour la comparaison proviennent de multiples sources :

- Base de données de prix pour les professionnels de la construction « Batiprix1 »,


éditée par le groupe « Le Moniteur » très connu pour ses outils dans le monde du
bâtiment. La plupart des prix disponibles correspondent, sauf exception, aux prix de
matériaux traditionnels.
- Regroupement de catalogues de prix en ligne disponibles sur les principaux sites
internet de petits négoces2 spécialisés en éco-matériaux en France
- Enquêtes de prix – devis réalisés auprès de 60 entreprises du gros œuvre et du
second œuvre, réalisant au minimum 20 % de leur chiffre d‟affaires dans le secteur de
l‟éco-construction. Ces entreprises sont pour la plupart identifiées au sein du réseau
régional des acteurs de l‟éco-construction3 porté par le Cd2e, organisme dédié au
développement de la filière éco-construction en région Nord Pas de Calais

3.4.2 Définition de solutions constructives de comparaison : 3 solutions conventionnelles


et 3 solutions éco-construites

Les trois systèmes constructifs choisis pour représenter les solutions conventionnelles
sont :
- A0-1 / A2-1 et A3-3 : mur parpaing béton maçonné ciment avec doublage intérieur plaque
de polystyrène parement plaque de plâtre, étanchéité extérieure enduit base ciment.
- B1-2 / F1-2 : isolation thermique de toiture, isolation double couche sur solives et suspentes,
avec écran pare vapeur scotché
- C1-4 : fenêtre PVC standard

Les unités fonctionnelles associées à ces systèmes constructifs sont décrites comme
suit pour le mur porteur à isolation rapportée intérieure :

A0 : mur porteur sans isolation complémentaire Mur parpaing béton maçonné ciment
Mur en agglomérés ciment creux, de 20 cm d'épaisseur (20x50
Descriptifs cm, 20 kg), hourdés au mortier bâtard 350 kg, y compris
affleurement des lits en montant et harpages
A2 Isolation thermique rapportée sur mur Doublage panneau de polystyrène expansé + plaque de plâtre
Fourniture et mise en oeuvre de doublage de murs par collage de
panneaux polystyrène expansé garnis d'une plaque de plâtre
Descriptifs
(10+100 mm), compris finition des joints entre plaques par
bandes et enduit spécial. (Rt 2,70 m2.K/W).
A3 Bardage et vêture Enduit au mortier de ciment
Enduit dressé au mortier de ciment de 20 mm d'épaisseur, sur
Descriptifs
parties verticales.

Pour l‟isolation thermique de toiture entre chevrons :

1
Batiprix 2007-2008 www.batiprix.com
2
Négoces de petite et moyenne taille d‟éco-matériaux en France www.la-maison-
ecologique.com/distributeurs.php
3
Réseau régional des acteurs de l‟éco-construction en nord pas de calais,
www.cd2e.com/sections/fr/annuaire/reseau_regional_des

139
B1 Isolation thermique de toiture Isolation rouleaux de laine de verre sur solives
Isolation des combles par feutre en laine de verre revêtue kraft
Descriptifs quadrillé, 1 face, ép. 160 mm, (Rt 4.00 m2.K/W), déroulé sur
solives (au m2 en plan).
F1 : frein ou pare vapeur Ecran pare vapeur
Ecran pare vapeur à base de polyoléfine (FPO), ép 0,25 mm,
Descriptifs pose en indépendance avec lés jointoyés par bande adhésive, sur
support béton, béton cellulaire, tôle acier, bois ou dérivé du bois

Enfin, pour une menuiserie extérieure :

C1 Ouverture de bâtiment Fenêtre PVC standard


Croisée standard ouvrante à la française 1 vantail ht 115 x 80
cm, en PVC blanc ép. 60 mm, vitrage isolant 4-16-4 faible
Descriptifs émissivité. Ferrage paumelles, crémone à galets 3 points,
poignée époxy. Fixations et pose sur fond de joint et joint
d'étanchéité.

Par comparaison, les systèmes constructifs remplissant les mêmes fonctions, ayant un
caractère lié ou proche des principes de l‟éco-construction sont les suivants :

Systèmes constructifs
Unité fonctionnelle Construction
Définition UF répondant à la conventionnelle Eco-construction
définition
Assurer la fonction de mur porteur
(structure et clos) sur 1 m2 de paroi pendant
une annuité, tout en assurant une isolation
A0 : mur porteur sans Mur parpaing
acoustique (Rw(C,Ctr) de 54 (-3, -5) dB)
isolation béton maçonné X1
additive à celle d'un doublage) et une
complémentaire ciment
isolation thermique (résistance thermique de
0,21 m2.K/W additive à celle d'un
doublage).
Assurer la fonction de mur porteur
(structure et clos) sur 1 m2 de paroi et une Mur monomur terre cuite,
A1 Mur porteur à 3
isolation thermique (résistance thermique X béton cellulaire ou pierre
isolation répartie
globale minimale : 2,3 m2*K/W2) pendant ponce
une annuité
Assurer la fonction d‟isolation thermique
Doublage panneau
rapportée, sur 1 m2 de parois, pendant une A2 Isolation Doublage isolant
de polystyrène
annuité, en assurant les performances thermique rapportée hygrophile bio-sourcé +
expansé + plaque
prescrites du produit (résistance globale du sur mur plaque de fermacell
de plâtre
mur : 2,3 m2*K/W)
Assurer la fonction de protection de 1 m2
Enduit au mortier de
de parois verticale type « bardage » ou
Enduit au mortier chaux hydraulique, ou
« enduit », pendant une annuité, en assurant A3 Bardage et vêture
de ciment bardage bois pin des
les performances propres à l‟enveloppe du
landes
bâtiment.
Assurer une fonction d'isolation thermique
sur un m² de toiture, (résistance thermique Isolation double Doublage isolant
B1 Isolation
globale de 4 m²*K/W95) sous forme de couche sur solives hygrophile bio-sourcé
thermique de toiture
panneau semi rigide ou rouleau, ignifugé et suspentes aves suspentes
d‟épaisseur 100mm, mis en œuvre sous un

1
Nous considérons volontairement qu‟un mur porteur en contact avec l‟extérieur, à très faible isolation
thermique ou sans isolation thermique (rapportée ou répartie) ne peut représenter une solution dite d‟éco-
construction, les déperditions thermiques étant si élevées que le bilan énergétique et donc environnemental s‟en
trouve trop affecté.
2
Cf RT 2005, disponible sur http://www.rt-batiment.fr
3
La famille des blocs dits monomurs à isolation répartie est considérée comme un système constructif relevant
de l‟éco-construction par les acteurs spécialisés de cette filière. Les constructions dites « HQE » en France s‟en
sont d‟ailleurs largement inspiré au vu de la généralisation de l‟usage des monomurs, par exemple terre cuite,
dans les opérations de bailleurs sociaux privés.

140
revêtement d‟étanchéité (pare pluie HPV) ,
pendant une annuité et sur une durée de vie
typique de 50 ans.
Assurer la fonction de 1 m² de frein vapeur ,
Pare vapeur Frein vapeur régulateur de
en assurant une étanchéité à la diffusion de
F1 : frein ou pare étanche à la vapeur hygrovariable
vapeur d‟eau variable (0,3 à 20 m) sur
vapeur diffusion de vapeur (valeur µ < 1 m ou > 10
toiture chevrons classique, pendant une
(valeur µ = ∞ ) m)
annuité
Assurer la fonction d‟un m² de surface
d‟ouverture d‟un bâtiment, par une fenêtre
type ou porte fenêtre type, sur une durée de
C1 Ouverture de Fenêtre PVC Fenêtre bois certifié FSC,
vie typique de 30 ans, avec les
bâtiment standard éco-conçue
performances thermiques minimales Uw <
2,6 w/m².k et acoustiques Ra tr< 30 db
(conformité NRA)

Tableau 44 : Proposition de systèmes constructifs répondant aux principes de l‟éco-


construction, par comparaison aux systèmes conventionnels, pour les solutions constructives
étudiées.
Nous cherchons désormais à légitimer le caractère environnemental des systèmes
constructifs répondant aux principes de l‟éco-construction.

Pour éviter toute ambigüité relative au terme d‟éco-construction, nous reprenons la


simplification réalisée en dernière approche et proposée au paragraphe 2.2.4.2 : la
construction de bâtiments à « qualité environnementale » résulte de la prise en compte de trois
conditions :
- la conception bioclimatique
- le choix de matériaux et produits éco-conçus appropriés
- le choix de systèmes de production d‟énergie renouvelable pour couvrir les besoins
restants

Nous proposons ensuite de détailler chaque système constructif (conventionnel et


relevant de l‟éco-construction) sous l‟angle des critères simplifiés, environnementaux, de
santé et de développement soutenable retenus (chapitre 1, paragraphe 5-3-2), en vue d‟une
comparaison.

Les données présentées dans ce tableau sont issues de synthèses de chiffres, certes
discutables, mais considérés par les professionnels de l‟éco-conception comme relativement
objectifs et représentatifs de moyennes acceptables.

Ils sont publiés par les sources suivantes et surtout disponibles gratuitement :

Il s‟agit tout d‟abord des Fiches de Déclaration Environnementales et Sanitaires


(FDE&S) de la base de données française de référence sur les caractéristiques
environnementales et sanitaires des produits et matériaux de construction www.inies.fr,

Viennent ensuite les éco-devis proposés par la Conférence Suisse sur l‟éco-
construction : www.eco-bau.ch/franz/html/eco_devis.php3 ,

La société suisse des architectes et ingénieurs (SIA), publie également le tableau des
caractéristiques des éléments de construction, disponible sur
www.sia.ch/download/baustoffkennwerte-080710.xls ,

Les recommandations de l‟office fédéral suisse de la construction et de la logistique


(OFCL-KBOB), données 2007 des éco-bilans pour les produits et matériaux de construction,
sont disponibles sur http://www.bbl.admin.ch/kbob/00493/00495/index.html?lang=fr ,

141
Les simulations réalisées avec le logiciel ECOBAT « Ecobalance Assessment Tool » sont
également intéressantes, pour chaque système constructif étudié. Une version d‟évaluation
d‟Ecobat est disponible sur www.eco-bat.ch .

La base de données « matériaux de construction » de l‟outil « Méthode bilan carbone » de


l‟ADEME, peut être aussi valorisée ; elle est disponible après formation accréditation
méthode bilan carbone de 3 jours.

Enfin, l‟institut de Baubiologie de Rosenheim en Allemagne dispose de données intéressantes


concernant les écobilans www.baubiologie.de/site/home.php

142
Systèmes
Critères environnementaux1 Critères de santé Critères de « sustainable management »
constructifs
Nombre
Matières premières Energie grise2 en Bilan carbone Toxicité pour tout le cycle de Localisation d’heures de
Durée de vie typique Recyclabilité en fin de vie
constitutives MJ ou Kwh / UF kg Eq CO2 / UF vie géographique travail
générées
95 % des déchets sont des Valeur seuil respectées pour la
déchets inertes correspondant radioactivité gamma et le
Ciment, sable, eau,
Mur parpaing béton à l’élimination du produit en fin radon, les émissions de COV
granulats courants ou 250 fabricants « locaux »
maçonné ciment 174 MJ / m² ou de vie ; possibilité de et aldéhydes. Les micro-
légers (ressources non 16 kg /m² répartis sur tout le NC
(mortier compris) – 48,37 kwh /m² recyclage après traitement organismes ne s’y développent
renouvelables sauf territoire national3
100 ans comme granulat secondaire pas, les blocs sont non fibreux
eau)
(filière en cours de et sans particules susceptibles
développement en France) de contaminer l’air intérieur.
Emissions de COV dans l’air
intérieur < 1000µg/m3 (pas de
seuil réglementaire existant),
Polystyrène expansé 100 %
valeurs seuil respectées pour
recyclable, mais filières de 18 usines de polystyrène
la radioactivité. Dans
Plaque de Gaz naturel et pétrole récupération sur chantiers non expansé en France,
170 MJ / m² ou conditions normales
polystyrène expansé (ressources non 6,55 kg / m² opérationnelles pour permettre réparties sur le territoire NC
47,26 kwh/m² d’utilisation, pas de
– 50 ans renouvelables) des retours vers les sites de national, dont deux en
développement de micro-
production. Taux de recyclage Nord Pas de Calais
organismes, nature non
effectif (2008) estimé à 10 %.
fibreuse du PSE le rend non
concerné par l’émission de
fibres dans l’air intérieur

La coupe au cutter ne génère


Les chutes de chantier de pas l’émission de poussières.
plaques Placoflam® BA13 Toute autre découpe génère
Gypse naturel ou peuvent faire l’objet d’un tri des poussières pouvant être
synthétique ‘sulfate de sélectif avec stockage en big- inhalées ou ingérées.
calcium). Le gypse bags ou en bennes, fermées L’émission de COV est
n’est pas considéré ou couvertes, en vue de leur inférieure à 1000µgr /m3, la 3 groupes assurent 90 %
Plaque de plâtre – 51,5 MJ / m² ou
comme ressource non 2,725 kg / m² expédition vers les ateliers de plaque de plâtre est de la production en NC
50 ans 14,317 kwh/m²
renouvelable compte recyclage des sites de généralement utilisée revêtue France.
tenu de la taille des production. Les déchets de ce qui limite de ce fait les
réserves disponibles plaques Placoflam® BA13 sont émissions. La radioactivité des
dans le monde stockés en centre plaques est insignifiante par
d’enfouissement technique rapport à la radioactivité
classe II naturelle.

Argile (98,91 %) et Les déchets du monomur terre Les teneurs moyennes de


705 MJ / m² soit
Monomur terre cuite calcaire (0,04 %), 92,3 kg / m² cuite, en fin de vie, constituent différents COV sont largement Trois fabricants en France NC
195,99 kwh / m²
(100 ans) polystyrène expansé des déchets inertes valorisés inférieures aux valeur de

1
Les indicateurs environnementaux sont calculés pour correspondre à l‟unité fonctionnelle décrite, mais pour la durée de vie typique et non pas sur une anuité.
2
1 MJ = 0,278 kwh
3
Voir carte de fabricants « Blocalians » sur www.blocalians.fr/fr/connaitre-blocalians/blocalians-en-france/index.html

143
en centre de stockage Classe référence « très faibles
3, après démolition du émissions chimiques ».
bâtiment. Aucune croissance de
moisissures selon la norme NF
EN 846 n’a pu être constatée.
La teneur en radioéléments est
proche des concentrations de
l’écorce terrestre.
Le mortier est un matériau Mortier généralement utilisé à
inerte, dont la fin de vie l’extérieur, ne génère pas de
dépend du matériau support : poussières, non irritant. Si
Enduit au mortier de 61,5 MJ / m² soit centres d’enfouissement de utilisé à l’intérieur, produit sans
Sable, argile et calcaire 5,15 kg / m² NC NC
ciment (50 ans) 17,07 kwh/m² classe III (support inerte solvants, sans COV, non
comme le bloc béton) ou radioactif. Une fois durcit, n’est
classe II (support non inerte). plus à l’origine d’émissions
Non recyclé en fin de vie. dans l’air.
Mortier généralement utilisé à
l’extérieur, ne génère pas de
poussières, non irritant. Si
utilisé à l’intérieur, produit sans
Le mortier est un matériau solvants, sans COV, non
inerte dont la fin de vie dépend radioactif. Une fois durcit, n’est 19 fabricants de chaux en
Enduit au mortier de 60,69 MJ / m² soit
Sable, argile et calcaire 10,302 kg / m² du matériau support : centres plus à l’origine d’émissions France, répartis sur tout le NC
chaux (50 ans) 16,87 kwh/m²
d’enfouissement de classe II dans l’air. La chaux aérienne territoire national.
ou III. ou hydraulique peut être
irritante : la mise en œuvre
nécessite le port
d’équipements de protection
individuelle adéquats.
Le bois est un matériau 100 %
naturel, inerte, non toxique et
recyclable. En fin de vie, la
Bardage bois pin des 38 MJ / m² soit valorisation est possible en Usage extérieur généralisé
Bois 2,08 kg / m² NC
landes (50 ans) 10,564 kwh / m² élément combustible si le bois pour ce type de fonction
n’est pas traité avec des
produits toxiques, ou
biodégradables.
Classement 3 des fibres
minérales du niveau du CIRC
« ne peut être classé quand à
La laine de verre est
son effet cancérogène sur
potentiellement recyclable à
l’homme » ; l’exposition aux
100 % ; les rebuts de
fibres minérales présentes
production sont valorisés sur
dans l’air, notamment au
Bore, calcaire, site, en l’absence de filières de
Isolant laine de verre 94,7 MJ / m², soit niveau de la mise en œuvre,
carbonate de sodium, 3,01 kg /m² recyclage économiquement NC NC
(50 ans) 26,32 kwh / m² est inférieure aux seuils
dolomie, sable, argile structurées, les laines de verre
admissibles. Pour les
déconstruites sont mises en
émissions de COV dans l’air
décharge en centre
intérieur, l’absence de
d’enfouissement technique de
procédures normalisées ne
classe II.
permet pas de caractériser leur
présence (valeur FDES 1,60
g/m²). Pour les émissions

144
radioactives, pas
d’informations claires et
détaillées sur le sujet.
5,45 kg /m² (le
carbone stocké
par le chanvre
n’est pas Pas de données
comptabilisé épidémiologiques sur les fibres
dans la phase Pas ou peu de déchets de chanvre, ni de données sur
de production générés en phase de mise en leur taux de présence dans
Isolant bio sourcé 5 fabricants en France,
Chanvre, coton, 100 MJ / m² soit car le bilan sur œuvre, les rebuts étant utilisés l’air. Pas d’informations claires
chanvre Florapan non uniformément répartis NC
polyester 27,8 kwh / m² la DVT est nul. pour le calfeutrage. Pas de et objectives sur le sujet.
(50 ans) géographiquement
Le carbone sera données sur le devenir en fin Traitement antifongique
libéré en fin de de vie. appliqué pour prévenir les
vie par risques de croissance fongique
l’incinération ou et bactérienne.
la décomposition
de l’isolant bio-
sourcé
Les taux de radioactivité
mesurés selon la formule de
Leningrad, sont très inférieurs
aux valeurs de référence de
l’institut pour l’environnement
de Munich. Pas de pollution
Pas d’informations sur les
mesurée par les substances
déchets en fin de vie : à priori,
Gypse et fibres de 62,75 MJ / m² soit PCB, DDT et plastifiants. 5 usines en Europe,
Plaque Fermacell 4,575 kg / m² gypse et fibres de cellulose NC
cellulose recyclées 17,44 kwh / m² Aucune pollution par COV aucune en France.
peuvent être recyclées à 100
n’est à relever. Le taux en
% ou servir de remblais inerte.
poussières à gros grains ou
fines est largement inférieur
aux seuils autorisés. Pas
d’émission d’isocyanates après
la pose, la colle utilisée ne
contient ni COV ni de solvant.

FDS des produits bitumineux


d’étanchéité disponible sur le
site www.etancheite.com ;
Système étudié déclaré non
l’impact des fumées émises
dangereux, non inerte. Enfin
lors de l’application par
de vie, élimination par 3 usines en France
Pare Vapeur Pétrole (bitume), gaz, 192,6 MJ /m², soit soudage sont connus et ont fait
4,212 kg / m² valorisation énergétique, (Soprema, Henkel et NC
bitumineux (90 ans) calcaire, sable 53,54 kwh / m² l’objet d’une étude INRS
recyclage ou stockage en Office des Asphaltes)
publiée par la CSRE en 2006.
centre technique classe II (%
pas d’autres informations
non précisé)
disponibles notamment sur les
émissions de COV ou la
radioactivité dégagée.

Ethylène, propylène 345 MJ / m², soit Pas d’éléments identifiés pour Pas d’éléments sur la toxicité 3 fabricants en Europe :
Frein vapeur 18,83 kg / m²
(pétrochimie) 95,91 kwh / m² la fin de vie en mise en œuvre ou en fdv Isover, Proclima, Ampack

145
L’état de surface du PVC
interdit le développement de
moisissures à l’origine
d’allergies. Un profilé a été
Recyclage possible pour testé comme inerte par le
autant que les filières existent. CSTB concernant son
Mise en place de PVC comportement face à une
Recyclage par le syndicat des contamination fongique. Pour
Fenêtre PVC PVC (Sable, calcaire, 1443 MJ / m², soit producteurs de profilés l’émission de COV dans l’air
63,6 kg / m² 16 extrudeurs en France 201
standard (30 ans) sel -chlore), verre, acier 401,154 kwh / m² (SNEP) pour valoriser les intérieur, les profils ne
déchets de produits en fin de présentent pas de risques
vie. L’état mensuel de la particuliers (classement C+
collecte en France est très faibles risques) d’après
disponible auprès du SNEP. une étude menée au CSTB.
Pourtant, dégagements
mesurés en Allemagne de
Phtalates et COV, gaz toxique
en cas de combustion.
Pas de mesures de COV en
vie en œuvre pour la fenêtre
pin ; dans des conditions
Bois éco-certifié (pin normales d’humidité et en
sylvestre) origine respectant l’entretien, pas de
France (22 % de la risque d’attaque par des
Réseau de 20 fabricants
Fenêtre bois certifié réserve de résineux 1192 MJ / m², soit moisissures de surface. La
23,5 kg / m² NC en France 200 heures
éco-conçue (30 ans) français), ressource 331,376 kwh / m² radioactivité naturelle de la
(www.menuiseries21.com)
renouvelable fenêtre n’a pas été mesurée.
(prélèvements < La mise en œuvre de la fenêtre
renouvellement annuel) ne nécessite aucune découpe
du bois (seul un perçage) sans
effet significatif sur la santé au
niveau de la mise en œuvre.

Tableau 45 : Comparaison des matériaux / composants des systèmes constructifs étudiés, selon les critères « environnement, santé et
management durable » simplifiés sélectionnés.

1
Source : LIGNUM Fribourg, 2005. www.lignum.ch

146
Une comparaison peut être ensuite réalisée entre les différents matériaux associés au sein
de systèmes constructifs représentatifs des unités fonctionnelles.

Pour chaque matériau / composant du système constructif de l‟unité fonctionnelle


nommée, nous présentons :

- l‟unité fonctionnelle associée,

- le nom,

- la durée de vie typique admise, issue des fiches de déclarations environnementales et


autres écobilans,

- le nombre de renouvellements sur la durée de vie typique1 : la durée de vie typique


d‟un système constructif ne correspond pas forcément à la durée de vite typique des
éléments / matériaux le constituant, d‟autant que ces valeurs sont données pour des
conditions théoriques normales de mise en œuvre qui ne sont que rarement rencontrées
en pratique.

Exemple : la mise en œuvre d‟un pare vapeur scotché mais percé (fente d‟1 mm) qui a
pour effet d‟inhiber la performance de la laine minérale (isolation) associée ; celle-ci se tasse
et accumule l‟humidité jusqu‟à tassement, noircissement et dégradation de ses performances
thermiques. Elle nécessite alors un remplacement qui implique une déconstruction et une
reconstruction des éléments du système constructif.

Figures 29 et 30 : Exemples de déconstruction / reconstruction avec remplacement des


matériaux du système constructif sans respect des DTU & normes, WIGNACOURT, 2008 .

- l‟énergie grise instantanée et totale sur la DVT, exprimée en kwh / m² (unité associée à
l‟unité fonctionnelle),

- le bilan carbone, en kg Eq C / m² associé à la dépense énergétique,

- la recyclabilité en fin de vie : Oui pour « recyclable », Non pour « non recyclable »,

1
Données fournies à titre indicatif, selon une objectivité pouvant être qualifiée de bonne, basées sur le constat
que plus de 60 % des entreprises du bâtiment ne connaissent pas les DTU et normes minimales d‟application et,
de ce fait, engendrent de fréquents désordres techniques se répercutant ensuite en sinistres à indemniser par les
assurances décennales.

147
- l‟impact sur la santé d‟un point de vue toxicologique, avec un gradient par niveau de
toxicologie : 0 pour « sans impact », 1 pour impacts minimums, 2 pour impacts
moyens, 3 pour « impacts lourds »,

- l‟aspect « ressources locales » et localisation géographique préférentielle : 0 pour


ressource non disponible en Nord Pas de Calais, 1 pour ressource disponible en Nord
Pas de Calais. Nous entendons par « disponible » l‟implantation d‟une usine de
transformation – production sur le territoire régional,

- l‟impact sociétal, traduit en heures de travail générées par la mise sur le marché du
produit / matériau, avant son utilisation sur chantier.

Le tableau ci-après présente également quelques matériaux repris unitairement, non associés
au sein d‟un système constructif.

148
Le tableau suivant reprend le système constructif « A0-1 / A2-1 et A3-3 » : mur parpaing béton maçonné ciment avec doublage intérieur plaque
de polystyrène, parement plaque de plâtre, étanchéité extérieure enduit base ciment.

contenu toxicité :
énergie énergie contenu contenu
énergie carbone 0 absence - ressource locale
rpts sur grise grise carbone carbone recyclabilité impact
nom DVT renouvelable grise équivalent kg 1 faible - 2 (nord pas de calais)
DVT kwh/m² totale kg eq équivalent total en fin de vie sociétal
kwh/m² eq C/m² sur moyenne - 0 - non, 1- Oui
sur DVT sur DVT C/m² sur DVT
DVT 3 forte

comparaison de systèmes constructifs / unités


fonctionnelles

0
oui, recyclage
A0 & non en France (80 CORAMINE SAS
plaque de plâtre 50 3 14,317 42,951 57,268 2,725 8,175 10,9 ou CET classe 0 NC
A2 &A3 % gypse naturel) (SAINT GOBAIN),
II
Senlis, Oise

0,
plaque non, pétrole et non (taux
Saint Gobain
polystyrène 50 3 matières 47,26 141,78 189,04 6,55 19,65 26,2 recyclage 1 NC
Ecophon, Rantigny,
expansé plastiques liées effectif < 10 %)
Oise

oui (déchets
inertes), 1
non, granulats et valorisation en 18 Nord Pas de
parpaing béton 100 0 48,37 0 48,37 16 0 16 1 NC
ciment gris tant que Calais Picardie
granulats (Blocalians)
secondaires
enduit mortier non, sable et Non, CET 1 Usine de ciment
50 4 17,07 68,28 85,35 5,15 20,6 25,75 1 NC
de ciment ciment gris classe II ou III de Dannes (62)

TOTAL 127,017 253,011 380,028 30,425 48,425 78,85 3

Tableau 46 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « mur parpaing maçonné ciment »

Le système constructif éco-construit équivalent, présumé performant dans le champ environnemental et santé, est représenté par une
paroi composée de blocs monomurs terre cuite, avec enduit de finition à la chaux hydraulique et parement plaque de gypse – cellulose
renforcée (Fermacell) - connue pour ses très bonnes performances acoustiques et son innocuité en vie en œuvre.

149
Le tableau suivant présente le système constructif A1-1 et A3-4 :
contenu toxicité :
énergie énergie contenu contenu
énergie carbone 0 absence - ressource locale
rpts sur grise grise carbone carbone recyclabilité impact
nom DVT renouvelable grise équivalent kg 1 faible - 2 (nord pas de calais)
DVT kwh/m² totale kg eq équivalent en fin de vie sociétal
kwh/m² eq C/m² sur moyenne - 0 - non, 1- Oui
sur DVT sur DVT C/m² total sur DVT
DVT 3 forte

comparaison de systèmes constructifs / unités


fonctionnelles
oui, plâtre et fibres oui, recyclage
A1 & plaque
NC 0 de papier issues 17,44 0 17,44 4,475 0 4,475 ou CET classe 0 0 NC
A3 fermacell
du recyclage II
non, argile et
1
monomur terre polystyrène non, CET
100 0 195,99 0 195,99 92,3 0 92,3 1 Wienerberger, NC
cuite expansé (3 pour classe III
Hulluch
1000)
non, chaux
enduit mortier non, CET
50 3 hydraulique ou 16,87 50,61 67,48 10,302 30,906 41,208 1 NC NC
de chaux classe II ou III
aérienne
TOTAL 230,3 50,61 280,91 107,077 30,906 137,983 2

Tableau 47 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « mur monomur terre cuite ».

La comparaison des énergies grises et du contenu carbone des matériaux des deux systèmes constructifs peut être réalisée ainsi :

Figures 31 et 32 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) mur parpaing vs mur monomur terre cuite..
150
Le tableau suivant reprend le système constructif « B1-2 / F1-2 & A2 » : isolation thermique sous rampants de toiture, double couche,
pare vapeur, parement gypse classique :
contenu toxicité :
énergie énergie contenu contenu
énergie carbone 0 absence - ressource locale
rpts sur grise grise carbone carbone recyclabilité impact
nom DVT renouvelable grise équivalent kg 1 faible - 2 (nord pas de calais)
DVT kwh/m² totale kg eq équivalent en fin de vie sociétal
kwh/m² eq C/m² sur moyenne - 0 - non, 1- Oui
sur DVT sur DVT C/m² total sur DVT
DVT 3 forte
non, CET
non, silice classe II en
isolant laine de extrudée (sable) l'absence de
B1 & F1 50 3 26,32 78,96 105,28 3,01 9,03 12,04 2 0 NC
verre parfois verre filières de
recyclé et de sable recyclage en
France
non,
valorisation
pare vapeur possible mais
90 3 non, pétrochimie 53,54 160,62 214,16 4,212 12,636 16,848 2 0 NC
bitumineux stockage en
CET classe II
privilégié
0
oui, recyclage
non en France (80 CORAMINE SAS
plaque de plâtre 50 3 14,217 42,651 56,868 2,725 8,175 10,9 ou CET classe 1 NC
% gypse naturel) (SAINT GOBAIN),
II
Senlis, Oise
TOTAL 94,077 282,231 376,308 9,947 29,841 39,788 5
Tableau 48 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « isolation thermique sous rampants de toiture, laine
de verre, pare vapeur et parement gypse ».

Le système constructif éco-construit équivalent, présumé performant dans le champ environnemental et santé, est représenté par une paroi
de sous toiture composée d‟isolant bio-sourcé, avec frein vapeur hygro-variable et parement en plaques de fibre de cellulose renforcée.
contenu toxicité :
énergie énergie contenu contenu
énergie carbone 0 absence - ressource locale
rpts sur grise grise carbone carbone recyclabilité impact
nom DVT renouvelable grise équivalent kg 1 faible - 2 (nord pas de calais)
DVT kwh/m² totale kg eq équivalent en fin de vie sociétal
kwh/m² eq C/m² sur moyenne - 0 - non, 1- Oui
sur DVT sur DVT C/m² total sur DVT
DVT 3 forte
oui, en théorie
oui, sauf polyester 1
isolant bio mais pas de
B1 & F1 50 0 (12 à 20 %) 27,8 0 27,8 5,45 0 5,45 0 Metisse & AVR NC
sourcé données
texturant Isolation
disponibles
Oui,
polyéthylène
frein vapeur
NC 0 non, pétrochimie 95,91 0 95,91 18,83 0 18,83 recyclable à 1 0 NC
HPV
100 % si les
filières existent
oui, plâtre et fibres oui, recyclage
plaque de
NC 0 de papier issues 17,44 0 17,44 4,475 0 4,475 ou CET classe 0 0 NC
fermacell
du recyclage II
TOTAL 141,15 0 141,15 28,755 0 28,755 1

Tableau 49 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « isolation thermique sous rampants de toiture,
isolant bio-sourcé, frein vapeur et Fermacell ».
151
La comparaison des énergies grises et du contenu carbone des matériaux des deux systèmes constructifs peut être réalisée :

Figures 33 et 34 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) isolation sous rampants conventionnelle vs
isolation sous rampants éco-construite.

152
Le dernier système constructif étudié est plus simple : « C1 » : ouverture de bâtiment, fenêtre PVC standard.
Le système constructif éco-construit équivalent, présumé performant dans le champ environnemental et santé, est représenté par une
menuiserie en pin français contrecollé, bois certifié comme issue d‟une forêt gérée durablement (certification PEFC), par des fabricants
impliqués dans la thématique d‟éco-conception (www.menuiseries21.com).
contenu toxicité :
énergie énergie contenu contenu
énergie carbone 0 absence - ressource locale
rpts sur grise grise carbone carbone recyclabilité impact
nom DVT renouvelable grise équivalent kg 1 faible - 2 (nord pas de calais)
DVT kwh/m² totale kg eq équivalent en fin de vie sociétal
kwh/m² eq C/m² sur moyenne - 0 - non, 1- Oui
sur DVT sur DVT C/m² total sur DVT
DVT 3 forte
Oui, si filière
de recyclage
existante.
1
Filière en
C1 fenêtre PVC 30 2 non, pétrochimie 401,154 802,308 1203,46 63,6 127,2 190,8 2 Nombreux 20
cours de
fabricants en région
structuration
par le SNEP
en France
TOTAL 401,154 802,308 1203,46 63,6 127,2 190,8
oui, matière Oui, mais pas
principale de données
renouvelable si disponibles. 1
fenêtre bois
C1 30 0 taux d'exploitation 331,376 0 331,376 23,5 0 23,5 Utilisation 1 Menuiserie du haut 200
eco_certifiée
< taux de dans l’industrie pays et Ets Bouillon
renouvellement des panneaux
annuel de bois.
TOTAL 331,376 0 331,376 23,5 0 23,5

Tableau 50 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable des systèmes constructifs « Ouverture de bâtiment : fenêtre
PVC standard / fenêtre bois eco-certifiée.
La comparaison des énergies grises et du contenu carbone des matériaux des deux systèmes constructifs peut être réalisée :

Figure 35 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie


grise – bilan carbone) des systèmes fenêtre PVC / fenêtre bois éco-
certifiée.

153
Enfin, nous pouvons reprendre les données environnementales de chaque matériau /
composant, pris unitairement, non associé au sein de systèmes constructifs :

Figure 36 : Comparaisons environnementales simplifiées (énergie grise – bilan carbone) des


matériaux conventionnels et d‟éco-construction, pris unitairement.

Il est possible d‟analyser l‟importance relative des critères entre eux et surtout de voir
comment procéder, sur la base de critères simplifiés (environnementaux, de santé et de
développement soutenable), à une qualification de matériaux et produits pouvant relever de
l‟éco-construction :

Le type de matière première utilisée : matière première renouvelable ou non,


primaire ou secondaire.

Ce critère permet de prendre en compte l‟aspect « renouvelabilité » des ressources


utilisées pour fabriquer le produit de construction. Une ressource est dite renouvelable selon
la définition proposée par l‟OCDE si son taux d‟utilisation est inférieur ou égal à son taux de
renouvellement.

Ce taux de renouvellement doit être compatible avec la durée de vie moyenne humaine
(100 ans), voir inférieur. Les matières cellulosiques (paille, agro-ressources…) sont
renouvelables par excellence, avec un taux d‟utilisation inférieur ou égal au taux de
renouvellement annuel ; le bois est, quant à lui, renouvelable sur des périodes plus longues
(15 à 30 ans pour des résineux européens) mais toujours compatibles avec des périodes de
renouvellement correspondant au maximum à une durée de vie humaine (3 renouvellements
sur 100 ans).

Une matière considérée comme renouvelable par rapport à la durée de vie humaine
peut néanmoins présenter un problème d‟adéquation entre prélèvement et renouvellement :
c‟est le cas des bois anciens exotiques (Moabi d‟Afrique, Mérandi, Tec de Birmanie…) qui,

154
bien que certifiés « gestion durable de la ressource » (labels FSC, PEFC ou TFT), présentent
des durées de renouvellement incompatibles avec le rythme actuel de consommation : 60 à 80
ans pour un Moabi exploitable, 60 ans pour un Mérandi.

La définition de l‟OCDE présente une limite : une ressource théoriquement non


renouvelable, disponible en très grandes quantités peut être considérée comme renouvelable
par comparaison au rythme d‟exploitation actuel et par rapport à la durée de vie typique
humaine (100 ans).

Un exemple : l‟argile naturelle, qui est issue d‟une accumulation de sédiments marins.
Elle est disponible selon les régions en très grandes quantités ; on l‟utilise depuis des siècles
pour la fabrication de céramiques: briques de terre crue, cuite ou de tuiles. Son usage est
considéré comme traditionnel et normée en France et en Europe pour les produits semi finis
ou finis qui la valorisent ; pour autant il s‟agit d‟une ressource non renouvelable par
comparaison avec la DVT humaine; à 1 million d‟années peut être (idem pour le pétrole issu
de l‟accumulation et de la dégradation de matière organique) si on maintient les conditions de
sa renouvelabilité.

Une matière première primaire est une matière qui fait l‟objet d‟une première
utilisation / transformation. Une matière première secondaire est une matière déjà utilisée,
faisant l‟objet d‟un recyclage total ou partiel, en vue d‟une ou plusieurs autres utilisations.
Une matière secondaire potentiellement recyclable entièrement ou partiellement, et ce à de
nombreuses reprises, peut être caractérisée comme une matière première renouvelable.
Quelques exemples : le PVC ou les textiles recyclés représentent des matières premières
secondaires renouvelables.

Comparaison mur parpaing béton / monomur terre cuite :

Dans le système constructif « parpaing béton » (tableau 41), la plaque de plâtre et le


parpaing béton sont fabriqués à partir de ressources premières primaires non renouvelables
(gypse naturel issu de carrières en France et granulats / ciment).
La plaque de plâtre classique peut tout de même être considérée comme un produit
valorisant des matières premières secondaires renouvelables, une filière de recyclage des
plaques existant en France (lien avec la colonne « filière de recyclage » disponible).

Quant au parpaing béton, même s‟il peut bénéficier d‟une filière de recyclage en fin de
vie (valorisation en tant que granulats secondaires), il ne peut pas être considéré comme un
produit valorisant des ressources secondaires.
Le polystyrène expansé n‟est pas renouvelable (pétrole, taux de recyclage inférieur à
10 %), l‟enduit base ciment non plus.

Pour le système constructif monomur terre cuite, le fermacell fabriqué à partir de


gypse recyclé et de cellulose recyclée, valorise des matières premières renouvelables. En fin
de vie, compte tenu des filières de recyclage existant en France, il peut faire l‟objet d‟un
recyclage.
Le monomur terre cuite valorise lui des matières premières renouvelables au sens de la
définition OCDE, mais n‟est pas recyclable en fin de vie (stockage / enfouissement en CET
classe II). Enfin, l‟enduit mortier de chaux est fabriqué à partir de matière renouvelable
(calcaire, argile) mais n‟est pas recyclable en fin de vie (enfouissement CET classe II ou III).

155
Comparaison complexe d’isolation sous toiture :

Pour le système constructif « complexe d‟isolation sous toiture », la laine de verre est
fabriquée partiellement à partir de ressources premières (parfois verre recyclé et sable)
renouvelables et n‟est pas recyclable en fin de vie (absence de filières de recyclage, stockage
ou enfouissement en CET classe II).

Le pare vapeur bitumineux n‟est pas fabriqué à partir de ressources renouvelables


(pétrole) et n‟est pas recyclable en fin de vie.

La plaque de plâtre, bien que fabriquée à partir de ressources primaires non


renouvelables, peut être considérée comme un produit valorisant des matières premières
secondaires renouvelables.

Le même système constructif « complexe d‟isolation sous toiture » valorise un isolant


bio-sourcé et une plaque de gypse / cellulose et un frein vapeur hautement perméable à la
diffusion de vapeur (HPV) présente une utilisation de matières premières renouvelables plus
importante : cellulose agro-ressources pour l‟isolant bio-sourcé, recyclable à 100 % en fin de
vie (biodégradable ou recyclable), polyéthylène non renouvelable en tant que matière
première primaire issue de la pétrochimie mais recyclable à 100 % en boucle continue en fin
de vie – il s‟agit donc de matière première secondaire renouvelable-.

La plaque de gypse cellulose renforcée est fabriquée à partir de gypse et de cellulose


recyclés et valorise donc les matières premières secondaires renouvelables.

Comparaison menuiserie PVC / menuiserie éco-certifiée :

Pour les menuiseries, le PVC est fabriqué à partir de matières premières primaires non
renouvelables (pétrochimie, industrie du verre), mais la filière de recyclage du PVC se
structure en France. On peut considérer que le PVC utilisé en menuiseries sera, dans les
années à venir, au minimum recyclé à 50 % (sources : SNEP) ; une part non négligeable des
fenêtres PVC devrait être fabriquée à partir de matières premières secondaires renouvelables.

Quant à la menuiserie bois, elle valorise des ressources premières primaires


renouvelables (bois) pour peu que le bois soit replanté et que le taux de renouvellement de
l‟essence soit compatible avec une exploitation raisonnable et la DVT humaine.
Le verre est lui automatiquement recyclé en France. Les éléments de menuiserie
« bois » ne sont par contre pas recyclés en fin de vie en tant que matière première secondaire
renouvelable. Ils finissent dans l‟industrie des panneaux de bois compressés.

le contenu énergétique caché ou énergie grise : il existe des différences parfois


importantes, entre l‟énergie grise d‟un matériau X et celle d‟un matériau Y, pour une
même fonction :

Comparaison mur parpaing béton / monomur terre cuite : si on se limite exclusivement au


système constructif et à la définition de l‟unité fonctionnelle associée (A0 & A2 pour le mur
parpaing, A1 pour le monomur terre cuite), le mur parpaing béton + isolant nécessite 237,41
kwh / m² sur son cycle de vie (compris 3 remplacements de l‟isolant sur 50 ans), le monomur
terre cuite demande, quant à lui, 180 kwh / m², soit 25 % de moins.
Pour le bilan carbone lié au flux énergétique, 42,2 kg eq C / m² pour le parpaing /
isolant et 92,3 kg eq C / m² pour le monomur terre cuite, soit plus de 50 % de moins pour le
système parpaing / isolant.

156
Comparaison complexe d’isolation sous toiture : le système est représenté par un
isolant thermique épais, une membrane d‟étanchéité à l‟air qui interdit ou régule (en fonction
des types) la migration de vapeur d‟eau. Le système conventionnel laine minérale / pare
vapeur / parement gypse, nécessite 376 kwh / m² sur sa durée de vie (y compris 3
remplacements sur durée de vie), le système présumé éco-construit représenté par un isolant
bio-sourcé (chanvre, lin, fibre de bois…), un frein vapeur hautement perméable à la vapeur et
un parement gypse renforcé de cellulose (type Fermacell) demande 141,15 kwh / m², soit 2,5
fois moins.
Pour le contenu carbone, 39,8 kg eq C/m² pour le système conventionnel, contre 28,75 kg eq
C/m², soit 38 % de plus.

Comparaison menuiserie PVC / menuiserie éco-certifiée : le système est représenté


par une fermeture type menuiserie extérieure (fenêtre). Le système conventionnel PVC
nécessite 1203,46 kwh / m², le système éco-construit en bois certifié demande 331,376 kwh /
m², soit 3,6 fois moins d‟énergie. Pour le contenu carbone, les émissions représentent 190,8
kg eq C / m² pour le PVC et 23,5 kg pour le bois, soit 8 fois moins.

La question essentielle, derrière ces appréciations, est de savoir à partir de quel niveau
de dépense énergétique, et donc de manière liée, de quelle quantité d‟émissions de gaz
« équivalent carbone » on peut ou ne peut pas qualifier un matériau / produit d‟éco-matériau,
au sens de la définition consensuelle proposée.
Il n‟existe aucun référentiel officiel, y compris dans les cahiers des charges des éco-
labels français et européens, faisant état d‟une limite au-delà de laquelle un produit n‟est plus
considéré comme « éco ».

Dans l‟absolu, tous les produits manufacturés mis sur le marché nécessitent de
l‟énergie pour être fabriqués et donc rejettent des émissions de GES, notamment en phase
process.

Le meilleur choix ou la pratique considérée comme bonne peut être de choisir


systématiquement, quand les données sont accessibles et compréhensibles, le produit le mieux
disant, sur des critères que l‟on estime être représentatifs de sa démarche (exemple choix de
privilégier les matériaux à faible énergie grise pour la réhabilitation de bâtiments ERP par une
collectivité publique).

Le mur parpaing béton peut ainsi être privilégié par rapport au fameux bloc monomur
terre cuite pourtant considéré comme une solution d‟éco-construction, l‟isolant bio-sourcé
associé à un HPV et un fermacell se positionne en premier choix presque automatiquement.

Enfin, la menuiserie PVC reste très énergétivore et impactante sur le réchauffement


climatique en émettant une large quantité de GES. La fenêtre bois, bien entretenue, est à
privilégier pour le lot « fermetures extérieures ».

Pour autant quelle importance faut-il accorder, même dans l‟optique d‟un choix
sélectif et d‟une analyse simplifiée, au contenu énergétique ? En raisonnant en dépense
énergétique instantanée, sans prise en compte du renouvellement sur la durée de vie du
système constructif (isolant minéral pour le système mur parpaing béton), le monomur terre
cuite nécessite beaucoup plus d‟énergie pour sa fabrication que l‟équivalent bloc parpaing /
isolant : 196 kwh/m² contre 95,63 kwh/m², soit presque deux fois moins d‟énergie !

Pour l‟Office Fédéral Suisse de la Construction et de la logistique (OFCL-KBOB), qui


gère notamment une conférence permanente sur l‟éco-construction, l‟énergie grise des

157
matériaux et composants est une vraie problématique qui mérite largement d‟être prise en
compte dans les procédures de choix / prescription de matériaux :
« L’énergie grise est une valeur permettant d’évaluer simplement les atteintes à
l’environnement durant la production d’un matériau, de l’extraction des matières premières
jusqu’aux derniers traitements. Elle permet d’évaluer globalement toutes les atteintes à
l’environnement liées à l’utilisation d’énergie, notamment l’influence des GES et des
principaux polluants de l’air. Pour les éco-inventaires de matériaux, les données
énergétiques, contrairement aux indications sur les émissions, sont nombreuses, fiables et
faciles à vérifier et à harmoniser d’un point de vue représentativité et limites du système »
[Association de soutien Eco-devis, 2000]94.

L‟OFCL fixe la limite de différents seuils d‟énergie grise acceptable en fonction des
catégories de produits et matériaux :
- 400 MJ/m² pour les isolants thermiques (écologiquement intéressant si inférieur ou
égal à 400 MJ/m²)
- 250 MJ/m² (écologiquement relativement intéressant) ou 100 MJ/m² (écologiquement
intéressant) pour les bardages bois, minéraux, synthétiques ou métal.
- 100 MJ/m² (écologiquement relativement intéressant) ou 50 MJ/m² (écologiquement
intéressant) pour les accessoires et ossatures des bardages.

Ces valeurs sont directement issues de données collectées moyennes auprès des
entreprises fabricants ; à retenir ces notions « d‟écologiquement intéressant » ou
« écologiquement relativement intéressant » qui permettent de fixer un curseur et d‟établir
qu‟au-delà cette limite, le matériau, produit ou système constructif n‟est pas considéré comme
« écologiquement intéressant ».

L‟énergie grise peut faire également l‟objet d‟un faux débat, notamment de la part des
industriels manufacturiers de produits et matériaux de construction. Dans les Fiches de
Déclaration Environnementales et Sanitaires (FDES) utilisées précédemment pour comparer
les données environnementales des différents systèmes constructifs retenus, pour les
matériaux d‟isolation thermique présentant des caractéristiques thermiques intéressantes de
part leur nature et leur fonction (un coefficient de conductivité thermique λ faible < 0,05
W/m².k, une résistance thermique R minimale de 2 à 2,5 m².k/W qui dépend elle-même de
l‟épaisseur de l‟isolant considérée), la dépense énergétique nécessaire pour fabriquer le
matériau isolant est rendue négligeable par comparaison aux économies d‟énergie
« chauffage » ou « ventilation » engendrées par la fonction de l‟isolant (isoler) au sein du
système constructif dans lequel il est utilisé, et ce sur la durée de vie typique du même
système constructif.

Il s‟agit de la méthode de « l‟évitement d‟énergie » : le calcul d‟évitement d‟énergie a


pour objectif la mise en évidence de la fonction principale du produit : l‟isolation thermique.
Un isolant permet d‟économiser de l‟énergie dans le cas ou l‟ouvrage est chauffé, pour
atteindre une température de confort. Cet évitement dépend de plusieurs facteurs, comme le
type d‟isolation, le lieu d‟implantation du bâtiment (zones climatiques de la RT…), la
situation initiale de l‟ouvrage ou sa forme.
Lorsque le bâtiment n‟est pas chauffé, il ne peut y avoir d‟économie d‟énergie.

Une référence représentant la situation initiale doit être introduite : ce peut être par
exemple un bâtiment non isolé, soit un bâtiment isolé de manière minimale, par exemple
conforme à la Réglementation Thermique existante RT2000 ou RT 2005. En général, la
plupart des fabricants déclarant une FDES prennent en considération l‟état inital non isolé, le
plus représentatif de la maximisation d‟économies d‟énergie apportées par l‟ajout d‟un
système isolant (schéma le plus simple et le moins contraignant).

158
Le calcul d‟évitement d‟énergie est basé sur une appréciation simple de la thermique
du bâtiment : un coefficient R d‟un isolant, pris en compte au sein d‟un système constructif
telle une paroi opaque avec la valeur U (U=1/R, U max et U ref repris dans les
réglementations thermiques) permet d‟économiser une quantité X de Kwh/m².an.
Ramené au type d‟énergie utilisée dans un bâtiment et à son coût au kwh unitaire, un
ajout d‟isolation sur un bâtiment non isolé ou une réfection d‟isolation sur un bâtiment mal
isolé peut s‟apprécier en kwh économisés par an, avec une corrélation en terme de coût
ramenée en €/m².
L‟investissement « isolant » peut ainsi être légitimé par un temps de retour sur
investissement simple, le plus souvent intéressant si inférieur à 10 ans (moyenne
d‟appréciation de l‟utilité d‟un investissement).
Un exemple de calcul d‟énergie évitée par l‟utilisation de différents systèmes connus
pour apporter des performances en terme d‟isolation thermique est disponible auprès d‟un
bureau d‟étude thermique spécialisé en énergie : les calculs sont effectués sur la base d‟une
construction type « maison individuelle à usage d‟habitation »,en zone climatique H1,
pendant 1 an [TRIBU, 2007]95. Les calculs ont été réalisés en fonction des types de systèmes
isolants et d‟énergie utilisée pour le chauffage :

Tableau 51 : Quantification de l‟énergie évitée par l‟utilisation de systèmes isolants, sur


maison individuelle type, en climat H1, par an et en fonction du type d‟énergie utilisée pour le
chauffage. TRIBU Energie .

L‟évitement d‟énergie est calculé à partir :


- du type d‟isolation,
- de la résistance thermique équivalente,
- de la superficie de l‟isolation.

Dans le cas d‟un isolant classique type laine minérale qui représente 80 % des cas
d‟isolation de bâtiments neufs et existants en France, les chiffres suivants sont donnés par la
FDES :

- consommation d‟énergie primaire (total cycle de vie de l‟isolant) : 97,7 MJ/m²,


ramenés à l‟unité fonctionnelle, durée de vie typique : 50 ans, soit pour ramener les
MJ à des kwh/m² : 26,32 kwh /m²
- sur la DVT du système isolant, soit 50 ans, 12 393 MJ/m² sont économisés dû à
l‟évitement soit 3445 kwh/m² [ISOVER, 2006]96
- ramenée à une année, le contenu énergétique du système isolant est de 0,5264
kwh/m²/an (26,32 / 50)
- ramenés à une année, les Kwh économisés dus au calcul d‟évitement sont : 69
kwh/m²/an (3445 / 50)
- l‟énergie évitée grâce aux performances du système isolant représente donc 131 x
l‟énergie utilisée pour fabriquer le système isolant : 69/0,5264 = 131.

159
Ce calcul met bien en évidence le rapport contenu énergétique / énergie économisée :
0,76 %, ce qui peut être considéré comme négligeable.
Qualifier un système d‟isolation thermique sous l‟approche environnementale de
l‟énergie grise pour légitimer un caractère d‟éco-construction est, suivant ce raisonnement,
non approprié car peu significatif (0,76 %).

Prenons le cas d‟un isolant bio sourcé considéré comme plus compatible à priori avec
les critères d‟éligibilité « éco-matériau » : son contenu énergétique initial est plus élevé que
celui du système isolant de comparaison (isolant minéral) : 27,8 kwh/m² contre 26,32 kwh/m²
[. Il affiche des performances thermiques (conductivité, épaisseur) équivalentes à celles de la
laine de verre. L‟évitement d‟énergie est donc identique sur la DVT.

Ramenée à la DVT et avec la prise en considération d‟un taux de renouvellement1 de


l‟isolant minéral plus important que celui de l‟isolant bio-sourcé (3 remplacements sur la
DVT pour l‟isolant minéral, 0 pour l‟isolant bio-sourcé), la comparaison devient plus
favorable pour l‟isolant bio-sourcé : 105,28 kwh/m² contre 27,8 kwh/m². Ces valeurs sont des
dépenses d‟énergie initiales mais ramenées également à la DVT qui est de 50 ans.

Ramenés à une année, les contenus énergétiques actualisés des deux isolants sont les
suivants : 105,28 / 50 = 2,1 kwh/m²/an pour laine de verre et 27,8 / 50 = 0,556 kwh/m²/an
pour l‟isolant biosourcé.

L‟évitement d‟énergie est identique (mêmes performances d‟isolation thermique pour


les deux isolants), soit 69 kwh/m²/an. L‟évitement d‟énergie représente désormais 32 x le
contenu énergétique de l‟isolant laine de verre (69/2,1=32), et 124 x le contenu énergétique de
l‟isolant bio-sourcé (69/0,556=124).

Le rapport contenu énergétique / énergie économisée devient : 2,1 / 69 = 3 % pour


l‟isolant laine de verre et 0,556 / 69 = 0,8 % pour l‟isolant bio-sourcé. 3 % est moins
négligeable que 0,8 %.

Evitement
Ratio
d’énergie Contenu Contenu Ratio énergie
contenu
du au énergétique énergétique économisée/co
énergétique
pouvoir sur DVT / an ntenu
/ énergie
isolant : kwh/m² kwh/m²/an énergétique
économisée
kwh/m²/an
Isolant laine
69 26,32 0,5264 131 x 0,76 %
de verre
Isolant bio-
69 27,8 0,556 124 x 0,8 %
sourcé

Tableau 52 : Synthèse de la comparaison des contenus énergétiques de matériaux d‟isolation


par rapport à l‟évitement d‟énergie, sur la DVT des systèmes constructifs (1/2).

1
Ce raisonnement implique l‟utilisation d‟une pondération qui peut être apportée sur la base notamment de
retours d‟expériences scientifiques et/ou de terrain qui témoignent d‟un nécessaire nombre de renouvellements
plus important pour des isolants conventionnels que pour des isolants bio-sourcés. Ce postulat est émis dans des
conditions normales de mise en œuvre de produits et matériaux de construction, c'est-à-dire le plus souvent dans
de mauvaises conditions.
Nous reviendrons sur le contexte de ces pondérations au paragraphe 5. Ces pondérations sont essentielles à
l‟application de notre méthodologie de comparaison ; sans elles, les calculs n‟ont aucune légitimité ou
pertinence.

160
Ratio
Contenu Contenu Ratio énergie
contenu
énergétique énergétique économisée /
Nb de rpts énergétique
actualisé actualisé contenu
sur DVT / énergie
sur DVT /an énergétique
économisée
kwh/m² kwh/m²/an actualisé = A
=B
Isolant laine
3 105,28 2,1 32 x 3%
de verre
Isolant bio-
0 27,8 0,556 124 x 0,8 %
sourcé

Tableau 53 : Synthèse de la comparaison des contenus énergétiques de matériaux d‟isolation


par rapport à l‟évitement d‟énergie, sur la DVT des systèmes constructifs (2/2).

En interprétation simplifiée, plus le ratio A est élevé, plus le matériau présente une
énergie grise faible au regard des économies d‟énergies apportées par son pouvoir isolant
pendant sa durée de vie typique, plus le matériau peut être qualifié d‟éco-matériau.
Plus le ratio B est important, plus le contenu énergétique est important par rapport aux
économies d‟énergie apportées par le pouvoir isolant du matériau pendant sa durée de vie
typique, moins le matériau peut être qualifié d‟éco-matériau.
Cette réflexion basée sur la notion d‟évitement d‟énergie, n‟est valable que dans le cas
d‟une comparaison par rapport à une situation de référence (bâtiment pas isolé ou isolé au
minimum conforme à la Réglementation Thermique en cours). Elle suppose également que le
bâtiment soit chauffé et nécessite un certain niveau de consommation énergétique, notamment
pour couvrir les besoins de chauffage pendant 6 mois de l‟année.
Nous avons vu précédemment (paragraphe 3.3.2 « systèmes constructifs majeurs »)
que la clé d‟entrée, pour déterminer des systèmes constructifs majeurs, en lien avec les
problématiques actuelles auxquelles est confronté le secteur du bâtiment, se situe donc au
niveau des principales déperditions thermiques d‟une enveloppe peu ou mal isolée.
L‟approche de l‟évitement d‟énergie néglige par contre l‟importance du contenu
énergétique des matériaux et composants assemblés au sein de systèmes constructifs, dont
l‟association représente en fait le bâtiment dans son ensemble. Ce contenu énergétique est peu
important dans un bâtiment conventionnel, isolé et chauffé selon les normes et références en
vigueur.
Par contre, dès l‟instant ou l‟on pousse le curseur de la prise en compte des
déperditions énergétiques vers une conception ou re-conception (en cas de réhabilitation)
intelligente, on aboutit in fine à des performances telles que le bâtiment nécessite de moins en
moins d‟énergie pour fonctionner voire presque plus du tout.
Des bâtiments conçus différemment peuvent présenter des niveaux de consommations
énergétiques très éloignés :

Maison I classique Maison II bien Maison III


orientée bioclimatique
Surface 100 m² 100 m² 100 m²
Volumes 250 m3 250 m3 250 m3
Température hiver 19°c permanence 19 °C 15°C Nuit 19 °C 15 °C Nuit
Vitrages 16 m² dont 3 m² au sud 16 m² dont 11 m² au 28 m² dont 22 m² au
sud sud
Nuit en hiver Volets ouverts Volets fermés Volets fermés
Jour en été Volets ouverts Volets fermés à 85 % Volets fermés à 85 %
Isolation des murs 7 cm int 7 cm int 10 cm ext
Isolation en toiture 14 cm 14 cm 20 cm
Besoins de chauffage 9420 kwh 5070 kwh
14 300 kwh
- 34 % -65 %

Tableau 54: Consommations énergétiques de trois maisons conçues différemment,


SALOMON, 2006 97.

161
On peut comparer les besoins de chauffage des trois types de maisons avec l‟énergie
grise de matériaux d‟isolation pris comme exemples :
Maison I classique Maison II bien Maison III
orientée bioclimatique
Energie grise non actualisée des isolants
Besoins de chauffage
143 94,2 50,7
(Kwh/m²/an)
Energie grise laine Pour une épaisseur Pour une épaisseur Pour une épaisseur
minérale kwh/m²/an de 14 cm de 14 cm de 20 cm
(non actualisé) sur 50
18,62 kwh/m² 18,62 kwh/m² 26,32 kwh/m²
ans
Ramenée à une année
0,372 kwh/m²/an 0,372 kwh/m²/an 0,526 kwh/m²/an
de DVT
Energie grise isolant bio Pour une épaisseur Pour une épaisseur Pour une épaisseur
sourcé kwh/m²/an (non de 14 cm de 14 cm de 20 cm
actualisé) sur 50 ans 27,8 kwh/m² 27,8 kwh/m² 40 kwh/m²
Ramenée à une année
0,556 kwh/m²/an 0,556 kwh/m²/an 0,8 kwh/m²/an
de DVT
Comparaison énergie grise (non actualisé) /
besoins de chauffage
Laine minérale 0,26 % 0,39 % 1,03 %

Isolant bio-sourcé 0,388 % 0,59 % 1,57 %

Energie grise actualisée des isolants


Besoins de chauffage
143 94,2 50,7
(Kwh/m²/an)
Energie grise laine Pour une épaisseur Pour une épaisseur Pour une épaisseur
minérale kwh/m² de 14 cm de 14 cm de 20 cm
(actualisé) sur 50 ans 74,48 kwh/m² 74,48 kwh/m² 105,28 kwh/m²
Ramenée à une année
1,489 kwh/m²/an 1,489 kwh/m²/an 2,105 kwh/m²/an
de DVT
Energie grise isolant bio Pour une épaisseur Pour une épaisseur Pour une épaisseur
sourcé kwh/m² de 14 cm de 14 cm de 20 cm
(actualisé) sur 50 ans 27,8 kwh/m² 27,8 kwh/m² 40 kwh/m²
Ramenée à une année
0,556 kwh/m²/an 0,556 kwh/m²/an 0,8 kwh/m²/an
de DVT
Comparaison énergie grise (actualisé) /
besoins de chauffage
Laine minérale 1,04 % 1,58 % 4,15 %

Isolant bio-sourcé 0,38 % 0,59 % 1,57 %

Tableau 55 : Proposition de ratio des énergies grises non actualisées et actualisées d‟un
isolant conventionnel (laine minérale) et d‟un isolant éco-matériaux (isolant biosourcé) sur les
besoins en chauffage de trois différents types de bâtiments.

En synthèse, ramené à une année de durée de vie typique (DVT) un isolant


conventionnel du type laine minérale peut représenter jusqu‟à 4,15 % de la dépense
énergétique ramenée au m² de surface hors œuvre nette (SHON), un isolant bio-sourcé
représentera, quand à lui, au maximum 1,57 % de la dépense énergétique nécessaire pour
chauffer le bâtiment.
Le calcul présenté dépend principalement de postulats variables, comme par exemple
le taux de renouvellement du matériau sur la durée de vie typique du système constructif dans
lequel il est mis en œuvre : 0 renouvellement pour un isolant bio-sourcé, 3 renouvellements

162
pour la laine minérale. En se basant sur un nombre suffisant de retours d‟expérience
« chantiers » et de témoignages d‟entreprises spécialisées dans l‟expertise de désordres
techniques et mobilisées par les compagnies d‟assurance, il est possible de témoigner qu‟en
général les prescriptions de mise en œuvre des normes (DTU, règles professionnelles…) sont
rarement respectées et sont à l‟origine de la dégradation rapide des performances d‟un certain
nombre de produits et matériaux de construction à usage courant.

Le cas de la laine minérale est particulièrement flagrant d‟une dégradation rapide en cas
de mauvaise mise en œuvre (l‟isolation thermique bénéficie d‟une mauvaise mise en œuvre
depuis plus de 25 ans en France).

Les émissions « équivalent carbone » ou « bilan carbone »

La méthode bilan carbone version Française a été présentée en 2002 par un ingénieur
spécialiste des questions climatiques - Jean Marc JANCOVICI - pour le compte de
l‟ADEME nationale.

Cette méthode permet à une entreprise qui fabrique des produits ou qui propose un service
d‟estimer les émissions de gaz à effet de serre dont elle est à l‟origine, c'est-à-dire d‟évaluer
son impact général en termes d‟émissions de gaz à effet de serre.

Dans la grande majorité des cas, il est inenvisageable de mesurer directement les
émissions à l‟aide de capteurs ; la seule manière de procéder est d‟évaluer ces émissions à
partir d‟autres données.

La méthode bilan carbone permet donc d‟estimer des ordres de grandeur d‟émissions de
gaz présentant un pouvoir de réchauffement climatique important. Les gaz retenus dans les
accords internationaux pour le calcul d‟émissions de GES sont les suivants :
- le gaz carbonique (CO2)
- le méthane (CH4)
- l'oxyde nitreux (N2O)
- les hydrofluorocarbures (CnHmFp)
- les perfluorocarbures (CnF2n+2)
- l'hexafluorure de soufre (SF6)

L'effet du relâchement dans l'atmosphère d'un kilo de gaz à effet de serre n'est pas le
même quel que soit ce gaz. Chaque gaz à effet de serre possède un pouvoir de réchauffement
global qui a pour vocation de quantifier sa nocivité sur le climat. Plus ce PRG est élevé, plus
l'effet de serre additionnel engendré par le relâchement d'un kilo de ce gaz dans l'atmosphère
est important.
Par convention celui du CO2 vaut 1. Les PRG utilisés dans le bilan carbone sont ceux à 100
ans issus de l‟IPCC98.

L'unité de mesure des gaz à effet de serre est le gramme équivalent carbone (gC) et ses
multiples (notamment la tonne équivalent carbone, que l'on notera aussi tonne de C). Par
convention un kg de gaz carbonique vaut 0,274 kg d'équivalent carbone.

Pour le secteur des produits et matériaux de construction, le bilan carbone simplifié


concerne l‟équivalent Carbone des émissions de gaz à effet de serre émis lors de la fabrication
du produit (phase process) dans l‟usine directement.

163
Il est possible, pour chaque produit ou matériau de construction, de décomposer toutes
les phases de production qui nécessitent de l‟énergie et engendrent l‟émission de flux, voire
de décomposer individuellement chaque matière première primaire ou secondaire entrant dans
la composition du produit fini (cf analyse en cycle de vie exhaustive) ; il est également
possible de se référer à des bases de données types d‟émissions par catégories et types de
produits.

L‟une des principales bases de données est disponible en Suisse : les écobilans pour
les produits et matériaux de construction de l‟OFCL suisse via l‟organisme KBOB (Les
recommandations de l‟office fédéral suisse de la construction et de la logistique (OFCL-
KBOB), données 2007 des éco-bilans pour les produits et matériaux de construction,
disponibles sur : www.bbl.admin.ch/kbob

Comparaison mur parpaing béton / monomur terre cuite :


Pour le bilan carbone lié au flux énergétique, 42,2 kg eq C / m² pour le parpaing /
isolant et 92,3 kg eq C / m² pour le monomur terre cuite, soit plus de 50 % de moins pour le
système parpaing / isolant.

Comparaison complexe d’isolation sous toiture :


Pour le contenu carbone, 39,8 kg eq C/m² pour le système conventionnel, contre
28,75 kg eq C/m², soit 38 % de plus.

Comparaison menuiserie PVC / menuiserie éco-certifiée : Pour le contenu carbone, les


émissions représentent 190,8 kg eq C / m² pour le PVC et 23,5 kg pour le bois, soit 8 fois
moins.

L‟analyse pour ce critère est simple : il est acceptable de privilégier les systèmes
constructifs composés de matériaux de construction à faible pouvoir de réchauffement
climatique, donc à contenu équivalent carbone faible. L‟analyse devient pertinente et prend
tout son sens en raisonnant sur la DVT du système constructif, avec prise en compte du taux
de renouvellement de certains matériaux ou produits moins durables que d‟autres, ce qui
impacte la quantité de GES émis pour la fabrication des produits utilisés.

La recyclabilité en fin de vie

Ce critère est intimement lié au premier critère de ressource renouvelable.


Il permet de caractériser une matière première secondaire issue d‟une filière de recyclage
performante comme matière première renouvelable ; il permet également de pointer les
disfonctionnements majeurs de notre société de consommation en terme de prélèvement de
ressources non renouvelables, de non recyclabilité des produits en fin de vie (pour cause
d‟absence de filière, de difficultés technologiques ou d‟absence de volonté civile ou politique
) et de responsabilité collective.

Un exemple typique de produits à priori recyclables et qui pourtant ne le sont pas en


réalité: les plaques de plâtre cartonnées associées à un complexe d‟isolation polystyrène
expansé. Il s‟en vend des millions d‟unités par an dans toutes les GSB et grossistes « low
cost » en matériaux de construction conventionnels. Il s‟en utilise donc d‟énormes quantités,
notamment dans l‟habitat ancien pour la réhabilitation thermique (isolation par rajout d‟un
complexe intérieur).

Il s‟en déconstruit également d‟énormes quantités tous les ans alors qu‟il s‟agit d‟un
système non recyclable : la plaque de plâtre cartonnée collée sur le polystyrène n‟est pas

164
dissociable à faible coût de son voisin, le complexe termine sa vie en centre d‟enfouissement
technique ad vitam eternam…
Pour autant, on continue à en produire, à en vendre et à en utiliser d‟énormes quantités
par an…Aucune taxe recyclage n‟existe sur ces produits non recyclables.

Pour la majorité des produits de construction analysés précédemment (tableaux 41, 42,
43, 44, 45), les filières de recyclage n‟existent pas ou peu, y compris pour certains des
matériaux relevant de la filière « éco-construction » : fenêtre bois, plaques de Fermacell,
isolant bio-sourcé.

La majorité des produits de construction (éco ou non) finissent donc, au terme de leur
DVT, en centre de stockage technique de classe II ou III en fonction de leur impact
environnemental.

La toxicité des produits et matériaux de construction

La toxicité des produits et matériaux de construction est un indicateur aggloméré qui


consiste à évaluer essentiellement l‟impact sur la santé, dans une moindre mesure sur
l‟environnement, des matériaux de construction à différentes phases de leur cycle de vie.

Afin d‟éviter les analyses en cycle de vie trop exhaustives, il est possible de se concentrer
sur trois phases essentielles qui sont :
- la mise en œuvre sur chantier,
- l‟impact en vie en œuvre sur la durée de vie typique des systèmes constructifs et de
l‟ouvrage bâti,
- et l‟impact et le devenir en fin de vie, notamment lors de la déconstruction et de la
phase stockage en tant que déchets plus ou moins inertes.

Un ouvrage particulièrement pertinent [DEOUX, 2004]99 est disponible pour caractériser


tous les produits et matériaux de construction selon leur composition, la nature des substances
utilisées (notamment leur classement ou non dans des phrases de risques), la dangerosité pour
l‟homme et l‟environnement de leur particularités techniques (fibres bio-accumulables pour
les matières minérales fibreuses ou pour les produits dérivés du bois etc..).

Une attention particulière est accordée sur la thématique « habitat et santé des occupants »
à la qualité de l‟air intérieure, notamment en phase de vie en œuvre qui correspond à la DVT
des systèmes constructifs et de l‟ouvrage en globalité.

Un guide particulièrement intéressant est proposé par le ministère de l‟environnement


Australien [AFME-IBO, 2000]100 sur la chimie de l‟habitat.

Une synthèse des effets sur l‟être humain (et plus globalement l‟environnement) des
différentes sources de pollution est proposée, par typologie de substances. Des actions de
remédiation sont listées par familles d‟effets.

165
Type de
Actions de
Effets sur l’être substance Sources possibles
remédiation
humain incriminée
Aspirateurs spéciaux,
Poussières, moisissures,
Exzcéma, dermatose, produits de construction
matériaux de construction,
asmthe, inflamations Allergènes antiallergiques, éviter
latex, équipements mobiliers,
conjonctivites les animaux à
plantes
l‟intérieur
Matériaux de protection anti-
Asbestos enlevés par un
Cancers de la langue, Asbestos feu, les appareils de stockage
expert
du péritonéum, de chaleur
Enlever les matériaux
Produits de préservation du
Maux de tête, qui libèrent des
bois, peintures, tapis,
nausées, attaques du Biocides substances toxiques, ne
pesticides, vaporisateurs
système nerveux, pas utiliser de
électriques
PCP, cancers fumigènes anti-toxiques
Introduction de zones
Irritation des
non fumeur, lecture des
membranes Fumée de tabac, émissions de
étiquettes sur les
muqueuses (nez, panneaux de particules et du
Formaldéhydes produits, enlever ou
yeux), de la gorge, mobilier, peintures,
« isoler » les sources
difficultés à respirer, désinfectants
d‟émission de
cancer possible
formaldéhydes.

Peintures de sols, laques,


Stress, dû aux odeurs,
matériaux naturels, les tuyaux Trouver et éliminer les
sensations d‟inconfort Odeurs
d‟évacuation, les huiles de sources d‟odeurs
possibles
senteurs

Utilisation de produits
Stress dû aux odeurs,
qui ne contiennent pas
irritation des voies
de solvants, aération
respiratoires, Hydrocarbonés Solvants, peintures, couleurs,
fréquente des pièces,
affectation du volatils (VOC) adhésifs, nettoyeurs à sec
trouver et isoler les
système nerveux,
sources d‟émissions.
sensation d‟inconfort

Composés Adhésifs sous parquets, sols


Couvrir ou enlever les
Odeurs, qui aromatiques pvc produits de couverture
sources.
engendrent des polycycliques bitumineux
cancers

Tableau 56 : Effets sur l‟être humain des principales substances présentes dans les produits et
matériaux de construction DEOUX, 2004 .

Selon l‟Agence de l‟Environnement Australienne, environ 60000 substances


différentes rentrent dans la composition des produits et matériaux de construction, tels les
matériaux d‟isolation, blocs, peintures de finition, revêtements intérieurs etc..

La majorité d‟entre eux n‟ont pas été testés quant à leur innocuité sur l‟environnement,
et leur impact sur la santé.

Pour pouvoir qualifier la toxicité des matériaux et produits comparés précédemment,


nous avons détaillé le niveau de toxicité pour tout le cycle de vie en prenant en compte les
données qualitatives disponibles sur les fiches de déclarations environnementales et sanitaires
relevant de la norme NF P01-010, et téléchargeables sur la base de données INIES.

166
Nous avons ensuite pondéré ces données qualitatives par l‟application d‟une note,
donnant le niveau de toxicité : 0 absence - 1 faible - 2 moyenne - 3 forte. Cette pondération a
été appliquée pour l‟analyse des tableaux 41 à 45.

Cette méthode comporte certes des faiblesses mais présente l‟avantage de simplifier
l‟appréciation du critère « toxicité ».
Cette évaluation simplifiée correspond au niveau de risque présenté par le produit de
construction ;

Comparaison mur parpaing béton / monomur terre cuite :

La toxicité globale cumulée des produits constituant le système constructif « mur


parpaing béton » est de 3 (1+1+1, cf tableau 41), celle cumulée des produits du système
constructif « bloc monomur terre cuite » est de 2 (1+1 cf tableau 42). Plus la note est faible,
moindre est l‟impact « toxicité » du système constructif.

Comparaison complexe d’isolation sous toiture :

La toxicité globale cumulée des produits du système constructif « complexe isolation


sous toiture conventionnel » est de 5, celle du système constructif « complexe d‟isolation sous
toiture éco-construit » est de 1. Plus la note est faible, moindre est l‟impact « toxicité » du
système constructif.

Comparaison menuiserie PVC / menuiserie éco-certifiée :

La toxicité globale cumulée des produits du système constructif « fenêtre pvc » est de
2, celle du système constructif « menuiserie bois » est de 1.

La localisation géographique préférentielle ou « sourcing local »

Sur le modèle des Associations pour le Maintien de l‟Agriculture Paysane (AMAP)


dans le domaine agricole, le « sourcing local » dans le monde du bâtiment, ou
approvisionnement sur une zone de chalandise géographique peu éloignée, est basé sur une
idée simple : produire et consommer localement. Transposition du « think global, act local »,
ce concept permet de repositionner la valeur ajoutée générée par une activité au plus près des
territoires de proximité, tout en favorisant les circuits courts « production – distribution –
consommation » générateurs de moindres impacts environnementaux.

Ces schémas d‟approvisionnement de proximité se font désormais de plus en plus


courants ; les matériaux et produits de construction ne sont pas des biens que l‟on fait voyager
sur de longues distances quand le coût du transport augmente constamment ; le coût des
énergies non renouvelables utilisées majoritairement pour transporter les marchandises en
France, joue un rôle non négligeable.

Le critère est simple : la zone de chalandise la plus simple et pleine de bon sens peut
être le niveau régional français : le produit ou matériau de construction est-il fabriqué en
région ?

Si non, est-il fabriqué à moins de 200 km de sa zone de chalandise principale (marché


principal) ?

167
Comparaison mur parpaing béton / monomur terre cuite :

Le système constructif parpaing béton est constitué de matériaux de construction


locaux pour la majorité :
- parpaing béton : 18 fabricants en Nord Pas de Calais Picardie
- plaques de plâtre : aucun fabricant en Nord Pas de Calais, 1 fabricant en Picardie
(Oise)
- plaque de polystyrène expansé : pas de fabricant en Nord Pas de Calais, 1 fabricant
dans l‟oise
- mortier de ciment : 1 fabricant au minimum en Nord Pas de Calais

Tous les matériaux sont fabriqués dans un rayon de moins de 200 kilomètres par
rapport à Lille (59).

Pour le système constructif « monomur terre cuite », bien que considéré comme
système relevant de l‟éco-construction, les matériaux ne sont majoritairement pas locaux :
- plaque de gypse cellulose : pas de production en nord pas de calais, mais production à
moins de 200 km de Lille pour une marque « Gyproc » (équivalent fermacell)
- bloc monomur terre cuite : pas de production locale en nord pas de calais jusque
septembre 2008, production locale depuis à Hulluch (62), avec valorisation des
déchets de terrils.
- Mortier à la chaux : pas de production locale en nord pas de calais, ni à moins de 200
kilomètres.

Comparaison complexe d’isolation sous toiture :

Pour le système constructif « complexe d‟isolation sous toiture » conventionnel, les


matériaux de construction ne sont majoritairement pas locaux :
- laine de verre : pas de production en nord pas de calais, ni à moins de 200 km de Lille
- plaque de plâtre : pas de production en nord pas de calais, mais production en Picardie
dans l‟Oise.
- Pare vapeur bitumineux : pas de production en nord pas de calais, ni à moins de 200
km de lille

Pour le système constructif « complexe d‟isolation sous toiture » relevant de l‟éco-


construction, les matériaux de construction sont principalement locaux :
- isolants bio-sourcés disponibles localement en région Nord Pas de Calais : isolant
textile recyclé, isolant laine de mouton, isolant étoupe de lin (région Picardie)
- plaques de gypse / fibre de cellulose recyclée : pas de fabricant en région nord pas de
calais, un fabricant d‟un produit équivalent en Belgique (Rigidur de Gyproc)
- film frein vapeur HPV : pas de fabricant en région Nord Pas de Calais, ni à moins de
200 kilomètres de Lille.

Comparaison menuiserie PVC / menuiserie éco-certifiée :

Pour les systèmes constructifs « menuiseries », la fabrication des matériaux


constitutifs est locale pour la filière bois et pour la filière PVC.
- menuiseries PVC : nombreux fabricants en Nord Pas de Calais (chiffre non disponible
estimations disparates)
- menuiseries bois : deux fabricants impliqués dans la démarche Menuiseries211 en
Nord Pas de Calais

1
Menuiseries 21 : www.menuiseries21.com

168
L’impact sociétal :

Ce critère, déjà présenté (paragraphe 2.2.4.2, « les typologies d‟indicateurs ») relève


d‟une approche socio-économique du management durable. Quel impact le produit génère t-il
sur l‟économie locale, positif ou négatif, et comment la valeur ajoutée qu‟il contribue à créer
de par sa production, sa commercialisation, son utilisation et sa prescription, est –elle re-
distribuée aux acteurs de la « supply chain » ?

En termes simplifiés, un indicateur simple peut être utilisé pour illustrer cet impact
sociétal : le nombre d‟heures de travail généré par la fabrication d‟un produit, avant sa mise
sur le marché. Sans prendre en considération les théories économiques du marché
(concurrence pure et parfaite, loi de l‟offre et de la demande…), un produit de construction
peut être caractérisé par cette valeur simplifiée.
L‟exemple cité en 1.3.5 concernait la comparaison entre heures de travail pour une
fenêtre en bois et heures de travail pour une fenêtre en PVC : 200 contre 20, soit un écart de
plus de 10 x.

En l‟absence d‟études complètes sur chacune des filières, il nous est seulement
possible de donner ces valeurs pour les systèmes constructifs « menuiseries extérieures ». Les
autres filières ne bénéficient pas d‟études identiques pour aujourd‟hui.

3.4.3 Comparaison des performances de solutions conventionnelles et éco-construites,


selon l’outil proposé

Reprenons les solutions constructives de comparaison définies précédemment


(paragraphe 4-2)
Les systèmes constructifs standards sont toujours :

- A0-1 / A2-1 et A3-3 : mur parpaing béton maçonné ciment avec doublage intérieur plaque
de polystyrène parement plaque de plâtre, étanchéité extérieure enduit base ciment.
- B1-2 / F1-2 : isolation thermique de toiture, isolation double couche sur solives et suspentes,
avec écran pare vapeur scotché
- C1-4 : fenêtre PVC standard

Les systèmes constructifs remplissant les mêmes fonctions, ayant un caractère lié ou
proche des principes de l‟éco-construction sont toujours :

- A1-1 Mur monomur terre cuite, béton cellulaire ou pierre ponce


- A3-4 et A3-1 Enduit au mortier de chaux hydraulique ou bardage bois pin des landes
- B1 Doublage isolant hygrophile biosourcé avec suspentes
- F1-1 Frein vapeur régulateur de vapeur hygrovariable
- C1-1 Fenêtre bois certifié FSC éco-conçue

Pour la suite de notre raisonnement, nous sélectionnons un type de système constructif


standard, présentant un équivalent proche des principes de l‟éco-construction : une fenêtre
PVC standard et une fenêtre bois certifié FSC, éco-conçue1.

Nous appliquons désormais le raisonnement de classification qui nous permet de


comparer les systèmes constructifs entre eux, selon un classement scientifique et opérationnel
de leurs composants (paragraphe 2.2.4.1) :

1
Fabricant adhérent à la charte « Menuiseries 21 » www.menuiseries21.com

169
Fenêtre PVC Fenêtre bois certifiée FSC
Type de matière première Primaire Primaire
matières Synthétiques Naturelles
Science des matériaux Composites Organiques
Application et usages Application moderne Application moderne et traditionnelle
Matériaux de terrain Matériau de protection Matériau de protection
Classement général Matériau du second oeuvre Matériau du second oeuvre
Uniclass
G G 26 Frame/isolated structural G26 Frame/isolated structural
members members
J JL - Windows/Doors/Stairs
JL -Windows/Doors/Stairs
N N3 - Performance N3 - Performance

Tableau 57 : Comparaison des systèmes constructifs sélectionnés selon le système de


classification retenu.

La décomposition des systèmes constructifs étudiés donne les résultats suivants (selon le
modèle proposé au paragraphe 2.2.4) :
1
Unité Système Fonction Classific Corps DTU Descriptif et Composants
fonctionnelle constructif ation d’état
type Uniclass
Descriptif fenêtre PVC :
Croisée standard ouvrante à la
française 1 vantail ht 115 x 80 cm, en
PVC blanc ép. 60 mm, vitrage isolant
4-16-4 faible émissivité. Ferrage
« Ouverture de
paumelles, crémone à galets 3
bâtiment »
points, poignée époxy. Fixations et
pose sur fond de joint et joint
C1-1 & C1-4
d'étanchéité.
Assurer la fonction
d’un m² de surface
Descriptif fenêtre bois : fenêtre
d’ouverture d’un
croisée standart ouvrant à la
bâtiment, par une
française, 1 vantail, oscillot battant,
fenêtre type ou Fenêtre PVC
- Thermique de de ht 145 x 90 cm en chêne massif
porte fenêtre type, ou Fenêtre Menuiseries 36 et
l’enveloppe G 26 français, ep 56 mm (ouvrant), double
sur une durée de bois certifié extérieures 37
- Infiltrations vitrage 4-46-4 faible émissivité argon,
vie typique de 30 PEFC
poignée non comprise
ans, avec les
performances
thermiques
Composants fenêtre PVC : PVC
minimales Uw <
(Sable, calcaire, sel -chlore), verre,
2,6 w/m².k et
acier
acoustiques Ra
tr< 30 db
Composants fenêtre bois : Bois éco-
(conformité NRA)
certifié (pin sylvestre) origine France
(22 % de la réserve de résineux
français), ressource renouvelable
(prélèvements < renouvellement
annuel)

Tableau 58 : Décomposition des systèmes constructifs étudiés.

Les critères techniques, économiques et financiers peuvent être détaillés

Les critères techniques sont déterminés à partir des données de la base française de référence
pour caractériser les prix des systèmes constructifs « batiprix » (www.batiprix.com) ; les
données liées à la durée de vie typique sont issues de la base INIES portant sur les
caractéristiques environnementales et sanitaires des produits et matériaux de construction
(www.inies.fr ).

1
Selon Batiprix – Le Moniteur, 2008 www.batiprix.com

170
Systèmes
constructif C1-1 C1-4
s
1.0 Unité de référence 1 m² d‟ouverture de bâtiment 1m² d‟ouverture de bâtiment

Fenêtre croisée standard ouvrant à la Croisée standard ouvrante à la


française, 1 vantail, oscillot battant, française 1 vantail ht 115 x 80
de ht 145 x 90 cm en chêne massif cm, en PVC blanc ép. 60 mm,
français, ep 56 mm (ouvrant), double vitrage isolant 4-16-4 faible
1.1 Quantité / UF
vitrage 4-46-4 faible émissivité émissivité. Ferrage paumelles,
argon, poignée non comprise crémone à galets 3 points,
poignée époxy. Fixations et
pose sur fond de joint et joint
d'étanchéité.
Heure de main
1.2
d’œuvre
Mise en œuvre du
1,65 heure 1,65
système constructif
Maintenance 0 0,5
fonctionnement 1 0
DVT (sources :
1.3 30 ans 30 ans
fabricants)
Remplacements /
1.4 0 sur DVT 1 sur DVT
Maintenance

Tableau 59 : Critères techniques des systèmes constructifs étudiés.

Les critères économiques sont déterminés à partir des données de la base française de
référence pour caractériser les prix des systèmes constructifs « batiprix » (www.batiprix.com)

Systèmes
constructif C1-1 C1-4
s
Coût
2.1 « matériaux »d’une
unité fonctionnelle
Fenêtre 470 € 280 €
Kit de pose et
40 € 14,26 €
étanchéité

Poignées 4,42 € 0€
Coût total matériel
514,42 € 294,26 €
(déboursé)
Coût main d’œuvre
2.2 pour une unité
fonctionnelle
coût heure de MO 22,81 € 22,81 €
Coût mise en œuvre
37,64 € 37,64 €
(déboursé)
Coût « déboursé »
2.3 total matériaux + 552,06 € 331,90 €
main d’oeuvre
Coût déboursé ou
2.4 « prix de revient » 739,76 € 444,74 €
(34 %)
Coût de vente ou
« prix de vente » ou
2.5 493,66 €
coût 821,13 €
d’investissement

171
initial (11%)
Coût de
2.6
maintenance
Coûts de
démantèlement de
l‟ancien système
constructif (en
fonction du nb 0€ 16,53 € (11,405 € déboursé)
d‟heures de MO
nécessaires et du
coût des heures de
MO)
Coûts de
remplacement du 0€ 493,66 €
système constructif
Coûts totaux de
0€ 510,19 €
maintenance
Coûts de
2.7 € 0€
fonctionnement
Coût MO pour le
lasurage du système
constructif (en
fonction du nombre 9,39 € (6,71 € déboursé) 0€
d‟heures de MO et
du coût de l‟heure de
MO)
Coût Matériaux
lasure / papier
abrasif pour le 0,90 € (0,62 € déboursé) 0€
lasurage du système
constructif
Coût total MO +
matériaux pour le
10,29 € (7,35 € déboursé)
lasurage extérieur du
système constructif
Fréquence de
6 0
lasurage sur DVT
Coûts totaux de
fonctionnement sur 61,74 € 0€
DVT
Coût global ou
total
(somme des coûts
2.8 882,87 € 1003,85 €
initiaux et
intermédiaires en
cycle de vie)

2.9 Coût évité brut 120,98 €

Tableau 60 : Critères économiques des systèmes constructifs étudiés

Enfin, les critères financiers sont déterminés à partir des données financières
françaises ou internationales moyennes (taux d‟actualisation des valeurs monétaires), à partir
de calculs issus de systèmes normalisés financiers (temps de retour sur investissement,
valeurs actualisées, ratio coûts / bénéfices) et enfin de primes et subventions régionales ou
nationales.

172
 Taux d’actualisation des valeurs monétaires

Le taux d‟actualisation des valeurs monétaires est utilisé pour déprécier des flux futurs
et déterminer leur valeur actuelle, c'est à dire leur valeur à la date d'aujourd'hui. La valeur
donnée au temps étant le fondement de l‟actualisation, ce taux est toujours positif.

Le taux souvent choisi est égal à celui du taux d'intérêt sur le marché. Il est possible de
prendre en référence un taux utilisé sur la zone euro : l‟Euribor « Euro interbank offered
rate » (taux interbancaire offert en euro), l‟un des IBOR (Interbank offered rate) qui
représente les taux auxquels une banque de première catégorie, à un moment donné et pour
une échéance donnée, prête à une autre banque de première catégorie en blanc (unsecured
lending).
Le taux Euribor 360 jours est fixé au 07/11/2008 à 4,58 % (11 mois)1.

 Les gains actualisés

Les gains actualisés sont calculés à partir des gains annuels ou économies générées par
la prescription ou l‟utilisation d‟un système constructif ou d‟un système de production
d‟énergie renouvelable, en comparaison avec un autre considéré comme conventionnel.

Par exemple, une maison « ré-isolée » devient plus performante d‟un point de vue
thermique ; les premiers gains annuels peuvent être exprimés en kwh économisés qui
représentent des « € » en fonction du mode de chauffage utilisé. Les gains actualisés tiennent
compte du taux d‟actualisation des valeurs monétaires défini précédemment.
Les gains annuels nets sont définis par la somme des gains annuels du projet dont on
déduit les dépenses, excepté les coûts financiers (emprunt).

 Le temps de retour sur investissement simple

Ce temps « simple » peut être défini comme la période au terme de laquelle la somme
cumulée des gains financiers générés par le projet équivaut au montant de l‟investissement
initial. Le « TRS » est calculé en divisant l‟investissement par le gain annuel net. Pour être
intéressant, Il doit être inférieur à la durée de vie économique du projet.

 Les primes / subventions :

Les primes et subventions viennent en déduction du montant de l‟investissement


réalisé. Les aides publiques contribuent, par un effet levier direct, à la perception que
l‟investissement consenti est moins important donc plus acceptable. En fonction de comment
et à quoi elles sont destinées (favoriser l‟isolation thermique des maisons existantes ou
l‟investissement dans un système de production d‟énergie renouvelable), ces aides sont plus
ou moins efficaces d‟un point de vue global pour la collectivité.

En France, depuis la loi de finances pour 2005 et pour 2006 (articles 90 de la loi de
finances pour 2005 et 83 de la loi de finances pour 2006)2, le crédit d‟impôt pour les dépenses
en faveur du développement durable (économies d‟énergies, énergies renouvelables), favorise
les dépenses en faveur d‟équipements énergétiques durables tels que :
les équipements de chauffage (chaudières basse température et à condensation) ;
les matériaux d'isolation ;
les appareils de régulation de chauffage ;
les équipements utilisant des énergies renouvelables ;
1
Voir Taux actualisés Euribor sur Boursorama.com www.boursorama.com/devises/taux_euribor.phtml
2
Article disponible sur www.legifrance.gouv.fr

173
les pompes à chaleur dont la finalité essentielle est la production de chaleur ;
les équipements de raccordement à certains réseaux de chaleur alimentés
majoritairement par des énergies renouvelables ou des installations de cogénération.

Le crédit d‟impôt est donné à concurrence de 15 à 50 % du prix en € TTC fourni par


un artisan installateur et ne concerne que le coût de l‟équipement, hors main d‟œuvre.
Ce crédit d‟impôt a largement contribué depuis 2006 à la dynamisation du marché des
énergies renouvelables, dans une moindre mesure celui de l‟isolation des bâtiments existants.
Les menuiseries extérieures sont reprises dans le système d‟aides du crédit d‟impôt dans la
rubrique « matériel d‟isolation thermique des parois vitrées ».
Depuis la crise financière initiée par les « sub primes » américains en septembre
2008, le marché de la construction de maisons individuelles, qui portait jusqu‟alors la
croissance du secteur du bâtiment en France, s‟est considérablement ralenti avec -20 % de
demandes sur les permis de construire entre septembre 2008 et septembre 2009, une baisse
des prix de l‟immobilier de 10 % en moyenne nationale, un durcissement des conditions
d‟obtention d‟un prêt immobilier par les banques. Les effets négatifs sont directs : une
réduction des emplois non garantis dans le secteur du bâtiment, une diminution de la visibilité
des entreprises à moyen terme qui naviguent désormais à court terme (visibilité moyenne des
carnets de commande des entreprises de moins de 10 salariés inférieure à 6 mois en juin
2009).

Des effets positifs se font également ressentir : les entreprises investissent dans la
formation de leur salariés, notamment les formations aux économies d‟énergie (FEEBAT),
remettent en question leurs pratiques (émission de devis dans des délais raisonnables,
démarche commerciale et qualité auprès des clients, remises, rabais ristournes importantes) et
s‟intéressent progressivement au marché de la rénovation thermique jusque là plus ou moins
délaissé car trop compliqué à appréhender sauf pour certains spécialistes.

Les conditions d‟éligibilité au crédit d‟impôt en faveur des travaux d‟amélioration


thermique et de l‟installation de systèmes de production d‟énergie renouvelable sont détaillés
ci après :

Tableau 61: Conditions d‟éligibilité au crédit d‟impôt 2006-2009 des matériaux d‟isolation
thermique des parois vitrées, installés par un professionnel

Pour tous ces matériaux d'isolation thermique, le taux du crédit d'impôt est de 25%.

174
Ce taux est porté à 40 % à la double condition que ces équipements soient installés
dans un logement achevé avant le 1/1/1977 et que leur installation soit réalisée au plus tard le
31 décembre de la 2ème année qui suit celle de l'acquisition du logement.
Le taux retenu ici sera le taux maximum de 40 % pour un logement achevé avec le
1/1/19771.

 Le ratio coûts / bénéfices actualisés


Comme présenté au chapitre 1 (2.2.4.5), ce ratio permet de valoriser le temps de retour
sur investissement simple d‟un autre point de vue plus quantitatif : les coûts divisés par les
bénéfices d‟un projet permettent de comprendre immédiatement si un projet mérite d‟être
réalisé ou non.
Si le ratio coûts / bénéfices > 1 : les coûts sont supérieurs aux bénéfices, le projet n‟est pas
considéré comme rentable.
Si le ratio coûts / bénéfices < 1 : les coûts sont inférieurs aux bénéfices, le projet peut être
considéré comme rentable.
Si le ratio coûts / bénéfices = 1 : les coûts sont égaux aux bénéfices, le projet mérite une
attention qui peut être complété par des ratios complémentaires avant de finaliser la décision
d‟investissement.

 La valeur actuelle nette (VAN)


Elle représente la différence entre les gains actualisés et les dépenses actualisées sur la
durée de vie du projet de laquelle on déduit l‟investissement initial.
Quand la VAN est supérieure à 0, au bout d‟un certain nombre d‟années, cela indique
que la somme cumulée des gains financiers générés par le projet est égale au montant de
l‟investissement initial, tenant compte de l‟évolution des gains générés et de l‟actualisation.
On parle également de Temps de Retour Elaboré (TRE, période).
Compte tenu des valeurs dont nous disposons à cette étape du raisonnement, il est
possible d‟indiquer certains critères financiers pour les deux systèmes constructifs étudiés :

Systèmes
constructif C1-1 C1-4
s
Taux d’actualisation des valeurs
3.0 4,58 % 4,58 %
monétaires

3.1 Gains actualisés NC NC

Temps de retour sur


3.2 NC NC
investissement simple
3.3 Prime / Subvention
Coût matériel (prix de vente) hors
765,14 € 437,68 €
main d‟œuvre en € HT /m²
Crédit d‟impôt de 40 % 306,056 € 175,072 €
Coût réel matériel après crédit
459 ,084 € 262,608 €
d‟impôt
3.4 Ratio coûts / bénéfices NC NC
3.5 Valeur actuelle nette (VAN) NC NC

Tableau 62 : Critères financiers des systèmes constructifs étudiés

1
Ce type de logements représente environ 17,5 Millions de bâtiments sur les 30 millions que comporte le parc
français, soit 67 %. Au rythme voulu par le gouvernement, pour rénover tous ces logements d‟ici à 2050 et
diminuer par 4 leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), il faudrait en rénover 425 000 par an.

175
Les autres critères seront complétés au fur et à mesure du raisonnement en coût global
actualisé et de l‟application des différentes pondérations.

3.4.4 Analyses et synthèses des résultats

Reprenons les deux systèmes constructifs étudiés : une menuiserie extérieure en bois
et une menuiserie extérieure en PVC.
La description de leur performance et leur classification ont été réalisées, notamment la
définition de l‟unité fonctionnelle, les DTU de référence, la description du système constructif
associé.

Les trois familles de critères techniques, économiques et financiers ont été complétées
en fonction des informations disponibles à cette étape du raisonnement.
La caractérisation environnementale et santé a été réalisée (paragraphe 3.4.2) et a notamment
permis de mettre en évidence les critères simplifiés contenu énergétique et contenu carbone,
pour les deux systèmes constructifs.

D‟un point de vue technique, les deux systèmes constructifs sont équivalents en termes
de performances initiales (performances techniques, thermiques pour l‟éligibilité au crédit
d‟impôt).

D‟un point de vue économique, une menuiserie bois en raisonnement économique


simple non actualisé sur la durée de vie typique est plus chère qu‟une menuiserie PVC, avant
et après crédit d‟impôt.

Type de menuiserie / Systèmes constructifs C1-1 C1-4


(bois) (PVC)

Coût global non actualisé (matériel hors main d‟œuvre) hors crédit
765,14 € 437,68 €
d‟impôt

Crédit d’impôt sur matériel (40 %) 306,056 € 175,072 €

Coût global non actualisé (matériel) après crédit d‟impôt 459,084 € 262,608 €

Tableau 63 : Comparaison des coûts globaux actualisés avec ou hors crédit d‟impôt matériel,
des systèmes constructifs étudiés

D‟un point de vue financier, deux critères sur les cinq présentés et retenus (
paragraphe 3.3.2) sont complétés : le taux d‟actualisation des valeurs monétaires et les primes
/ subventions du moment.

Pour dérouler notre raisonnement comparatif de solutions dites de développement


durable, à partir de l‟exemple retenu (les systèmes techniques d‟isolation thermique des parois
vitrées), il est possible d‟effectuer une pondération par certains critères ciblés
complémentaires, pondération proposée au paragraphe suivant.

176
3.5 Pondération des critères techniques, économiques et financiers

3.5.1 Hypothèses préliminaires : détermination des types de pondération

Nous avons vu précédemment qu‟il existe différents types de critères permettant de


caractériser les systèmes constructifs étudiés. Ces critères peuvent être eux-mêmes présentés
par rapport à différents contextes qui vont influer leur valeur, leur crédibilité et leur
compréhension.

Par pondération on entend « l’utilisation de modélisations pour étudier la probabilité


de différentes situations » [Tisseau & Pitrat, 1996]101.

Ces différentes modélisations ont chacune leur avantage propre ; pour obtenir une
fiabilité supérieure dans la prédiction de chacune d‟entre elles, plutôt que prises séparément,
on peut privilégier une pondération de contexte.
La pondération de contexte est d‟ailleurs un domaine de recherche active dans le
domaine de l‟intelligence artificielle.

Les systèmes constructifs étudiés présentent des particularités fonctionnelles


spécifiques en terme d‟isolation thermique ; ils sont également identifiés comme techniques
dites de développement durable et d‟économies d‟énergie au niveau des articles 83 et 90 des
lois de finance de 2005-2006.

Nous proposons plusieurs types de pondérations basées sur :

- la performance technique thermique des systèmes étudiés (pondération 1),


- les prescriptions des réglementations thermiques existantes (RT) (pondération 2),
- les systèmes de management de la qualité environnementale dans le bâtiment (SMQE) et/ou
systèmes de certification énergétique (pondération 3),
- les utilisateurs finaux, artisans et entreprises de construction de maisons individuelles, qui
utilisent les systèmes constructifs étudiés et sont assurés pour leur mise en œuvre
(pondération 4),
- deux indicateurs environnementaux simplifiés : le potentiel de recyclabilité effective en fin
de vie évalué par le coût associé de traitement des déchets (pondération 5) et les émissions
carbone équivalent liées aux émissions de gaz à effet de serre (GES) (pondération 6),
- et enfin un indicateur sociétal : les heures de travail générées par la mise sur le marché des
systèmes constructifs, converties en nombre d‟emplois équivalent. (pondération 7).

3.5.2 Pondération technique, la performance thermique simple des systèmes étudiés

La première pondération proposée concerne la performance thermique des systèmes


étudiés. Les menuiseries extérieures présentent des caractéristiques d‟isolation thermique
différentes des matériaux d‟isolation thermique conventionnels.

On caractérise les performances thermiques d‟une menuiserie extérieure comportant un


vitrage, un dormant (cadre fixe extérieur) et un ouvrant (cadre mobile intérieur) par les
indices Uw – Ug – Uf, pour :
- Uw : coefficient de déperdition thermique surfacique de la fenêtre dans sa globalité (w
pour « window » en anglais »),
- Ug : coefficient de déperdition thermique surfacique du verre uniquement (g pour
« glass » en anglais),
- Uf : coefficient de déperdition thermique surfacique des cadres, principalement le
cadre fixe « dormant » (f pour « frame » en anglais).

177
C1-1 C1-4
Système constructif
« fenêtre bois » « fenêtre PVC »

Ug (verre) 1,2 W/m².°k 1,2 W/m².°k

Uf (cadres) 1,65 W/m².k 2 W/m².°k

Uw (fenêtre complète) 1,44 W/m².k 1,53 W/m².°k

Tableau 64 : Comparaison des performances thermiques valeurs U des systèmes constructifs


étudiés.
Pour comparer les menuiseries extérieures étudiées, il faut définir un système de
comparaison de référence, en l‟ocurence une menuiserie extérieure moins performante :
double vitrage installé dans les années 1990, correspondant à la réglementation thermique
2000 : Uw < ou égal à 2,9 W/m².°k, ou Th5 dans la réglementation ACOTHERM française (à
partir de 2005, la classe Th6 est remplacée par la classe Th5).

Tableau 65 : Valeurs des coefficients de transmission surfacique Uw maximum par types de


classe Th en lien avec la réglementation thermique 2000 (RT 2000)

Le nombre de points attribués pour cette solution technique « menuiseries » est le


minimum : 1 point pour Th5 [DGUHC, 2001]102.

Un tableau de comparaison des performances thermiques et de la rentabilité de


l‟investissement « fenêtre bois » vs « fenêtre pvc » peut être réalisé :

Les hypothèses de calcul sont les suivantes :


- surface à isoler : 1 m²,
- durée de vie de l‟investissement : 30 ans,
- degrés jours base Lille / Lesquin (station météo) : 2693 K.jours,
- ratio degrés jours équivalents / degrés jours normaux : 0,8,
- énergie utilisée pour le chauffage : gaz naturel,
- coût du kwh de gaz naturel avec abonnement : 0,05 €,
- évolution du prix moyen de l‟énergie par an : 6 %,
- aides publiques (crédit d‟impôt) sont déjà intégrées dans le coût de l‟investissement.

Pour le système constructif C1-1 « fenêtre bois », le tableau de comparaison « situation


initiale / changement de menuiserie bois vitrage 4-16-4 argon ITR, cadre bois 70 mm » est le
suivant :

178
Isolation changement de Menuiseries bois
Dans l'état initial : menuiserie Uw = 2,9 W/m².k
Surface à isoler 1 m2
Durée de vie de l'investissement 30 années
U 2,90 W/m2.K
U total (U * surface à isoler) 2,90 W/K
Degré jours normaux (Lille Lesquin) 2693,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2154,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système menuiserie existante 6247,76 W.Jours/an
149,95 kWh/an
149,95 kWh/m2.an
Après changement menuiserie Uw = 1,44 W/m².k
Surface à isoler 1 m²
Durée de vie de l'investissement 30 années
U 1,44 W/m².K
U total (U * surface à isoler) 1,44 W/K
Degrés jours normaux (lille Lesquin) 2693,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2154,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système menuiserie 3102,34 W.Jours/an
74,46 kWh/an
74,46 kWh/m2.an
Economie d'énergie par année 75,49 kWh/an
Economie sur la durée de vie de l'investissement 2264,71 kWh
Prix du kWh utile de chaleur en 2008 (kwh gaz, août 2008) 0,05 €
Coût du système constructif "menuiserie" au mètre carré 353 €/m2
Coût total d'isolation 353 €
Coût investissement avec aides publiques 353 €
Gain annuel en 2008 (économie d'énergie par an * prix annuel du kwh utilisé pour le
chauffage) 3,77 €
Taux d'actualisation 4,6%
Accroissement prix énergie utilisée 6,0%
Tableau 66 : Comparaison des performances thermiques de deux systèmes constructifs
« menuiseries extérieures » et évaluation des gains annuels en € générés par le changement de
menuiserie (bois).

Le temps de retour sur investissement simple peut être calculé, ie la période au cours
de laquelle la somme cumulée des gains financiers générés par le projet est égale au montant
de l‟investissement initial. Ce temps de retour simple est calculé par le ratio dépense initiale
totale / gains annuels nets.
Pour le cas présent : 353 € / 3,77 € par an = 93,63 ans. Ce temps de retour simple est
largement supérieur à la durée de vie économique de l‟investissement (30 ans) qui n‟est pas
considéré comme « rentable ».
En seconde analyse, on introduit le temps de retour sur investissement élaboré ie la
période au cours de laquelle la somme cumulée des gains générés par le projet
d‟investissement, en l‟occurrence ici l‟investissement dans une fenêtre bois est égale au
montant de l‟investissement initial mais en tenant compte de l‟évolution des gains générés et
de l‟actualisation.
Cette durée annule également la valeur actuelle nette (VAN) qui est la somme des
gains annuels actualisés à laquelle on soustrait l‟investissement initial.

179
Le tableau des gains actualisés et des VAN peut ainsi être réalisé en utilisant :
- le taux d‟actualisation des valeurs monétaires,
- et l‟inflation annuelle du coût de l‟énergie.
Pour que les gains actualisés année après année soient croissants, il est indispensable
que le taux d‟actualisation des valeurs monétaires soit inférieur à l‟inflation annuelle du coût
de l‟énergie puisque cette inflation permet de maximiser les bénéfices annuels pris en compte
dans le calcul.
On obtient ainsi le tableau suivant :
Année Gain Gain actualisé VAN Année Gain Gain actualisé VAN
0,00 3,77 3,77 -349,23 33,00 25,82 5,93 -190,72

1,00 4,00 3,83 -345,40 34,00 27,37 6,01 -184,71

2,00 4,24 3,88 -341,52 35,00 29,01 6,09 -178,62

3,00 4,50 3,93 -337,59 36,00 30,75 6,18 -172,45

4,00 4,77 3,99 -333,60 37,00 32,60 6,26 -166,18

5,00 5,05 4,04 -329,56 38,00 34,55 6,35 -159,84

6,00 5,35 4,10 -325,46 39,00 36,63 6,43 -153,40

7,00 5,68 4,15 -321,31 40,00 38,82 6,52 -146,88

8,00 6,02 4,21 -317,10 41,00 41,15 6,61 -140,27

9,00 6,38 4,27 -312,83 42,00 43,62 6,70 -133,56

10,00 6,76 4,33 -308,50 43,00 46,24 6,80 -126,76

11,00 7,17 4,39 -304,11 44,00 49,01 6,89 -119,87

12,00 7,60 4,45 -299,66 45,00 51,95 6,99 -112,89

13,00 8,05 4,51 -295,16 46,00 55,07 7,08 -105,81

14,00 8,53 4,57 -290,58 47,00 58,38 7,18 -98,63

15,00 9,05 4,63 -285,95 48,00 61,88 7,28 -91,35

16,00 9,59 4,70 -281,25 49,00 65,59 7,38 -83,97

17,00 10,16 4,76 -276,49 50,00 69,53 7,48 -76,49

18,00 10,77 4,83 -271,66 51,00 73,70 7,58 -68,91

19,00 11,42 4,89 -266,77 52,00 78,12 7,69 -61,22

20,00 12,11 4,96 -261,80 53,00 82,81 7,79 -53,43

21,00 12,83 5,03 -256,77 54,00 87,78 7,90 -45,53

22,00 13,60 5,10 -251,67 55,00 93,04 8,01 -37,52

23,00 14,42 5,17 -246,50 56,00 98,63 8,12 -29,40

24,00 15,28 5,24 -241,26 57,00 104,54 8,23 -21,17

25,00 16,20 5,31 -235,95 58,00 110,82 8,34 -12,83

26,00 17,17 5,39 -230,56 59,00 117,46 8,46 -4,37

27,00 18,20 5,46 -225,10 60,00 124,51 8,58 4,21

28,00 19,29 5,54 -219,57 61,00 131,98 8,69 12,90

29,00 20,45 5,61 -213,96 62,00 139,90 8,81 21,72

30,00 21,68 5,69 -208,27 63,00 148,30 8,94 30,65

31,00 22,98 5,77 -202,50 64,00 157,19 9,06 39,71

32,00 24,36 5,85 -196,65 65,00 166,63 9,18 48,89

Tableau 67 : Tableau des gains actualisés sur la durée de vie économique de l‟investissement
menuiserie Bois.

La lecture de ce tableau permet de mettre en évidence la durée nécessaire pour que la


VAN soit annulée (VAN = 0), c'est-à-dire 59 à 60 ans.
59 à 60 ans en temps de retour sur investissement élaboré (temps qui annule la VAN)
contre 93 ans pour le temps de retour sur investissement simple.

180
Il est donc plus que conseillé de raisonner en temps de retour sur investissement
élaboré tenant compte de l‟évolution des gains générés et de l‟actualisation.

Pour le système constructif C1-4 « fenêtre PVC », le tableau de comparaison


« situation initiale / changement de menuiserie PVC vitrage 4-16-4 argon ITR, cadre PVC 80
mm » est le suivant :

Isolation changement de Menuiseries


Dans l'état initial : menuiserie Uw = 2,9 W/m².k
Surface à isoler 1 m2
Durée de vie de l'investissement 30 années
U 2,90 W/m2.K
U total (U * surface à isoler) 2,90 W/K
Degré jours normaux (Lille Lesquin) 2693,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2154,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système menuiserie 6247,76 W.Jours/an
149,95 kWh/an
149,95 kWh/m2.an
Après changement menuiserie : menuiserie Uw = 1,53 W/m².k
Surface à isoler 1,00 m²
Durée de vie de l'investissement 30,00 années
U 1,53 W/m².K
U total (U * surface à isoler) 1,53 W/K
Degrés jours normaux (lille Lesquin) 2693,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2154,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système menuiserie 3296,23 W.Jours/an
79,11 kWh/an
79,11 kWh/m2.an
Economie d'énergie par année 70,84 kWh/an
Economie sur la durée de vie de l'investissement 2125,10 kWh
Prix du kWh utile de chaleur en 2008 (kwh gaz, août 2008) 0,05 €
Coût du système constructif "menuiserie" au mètre carré 285 €/m2
Coût total d'isolation 285 €
Coût investissement avec aides publiques 285 €
Gain annuel en 2008 (économie d'énergie par an * prix annuel du kwh chauffage 3,54 €
Taux d'actualisation 4,6%
Accroissement prix énergie utilisée 6,0%

Tableau 68 : Comparaison des performances thermiques de deux systèmes constructifs


« menuiseries extérieures » et évaluation des gains annuels en € générés par le changement de
menuiserie (PVC).

Le temps de retour sur investissement simple peut également être calculé : ce dernier
est calculé par le ratio dépense initiale totale / gains annuels nets.
Pour le cas présent : 285 € / 3,54 € par an = 80,5 ans.
Ce temps de retour simple est toujours largement supérieur à la durée de vie
économique de l‟investissement (30 ans) qui n‟est pas considéré comme rentable.

181
En seconde analyse, on introduit de nouveau le temps de retour sur investissement
élaboré.
Le tableau des gains actualisés et des VAN peut ainsi être réalisé en utilisant :
- le taux d‟actualisation des valeurs monétaires,
- et l‟inflation annuelle du coût de l‟énergie.
Pour que les gains actualisés année après année soient croissants, il est toujours
indispensable que le taux d‟actualisation des valeurs monétaires soit inférieur à l‟inflation
annuelle du coût de l‟énergie puisque cette inflation permet de maximiser les bénéfices
annuels pris en compte dans le calcul
On obtient alors :

Gain
Année Gain Gain actualisé VAN Année Gain actualisé VAN
0,00 3,54 3,54 -281,46 28,00 18,10 5,19 -159,79
1,00 3,75 3,59 -277,87 29,00 19,19 5,27 -154,53
2,00 3,98 3,64 -274,23 30,00 20,34 5,34 -149,19
3,00 4,22 3,69 -270,54 31,00 21,56 5,41 -143,78
4,00 4,47 3,74 -266,80 32,00 22,86 5,49 -138,29
5,00 4,74 3,79 -263,00 33,00 24,23 5,56 -132,73
6,00 5,02 3,84 -259,16 34,00 25,68 5,64 -127,09
7,00 5,33 3,90 -255,26 35,00 27,22 5,72 -121,37
8,00 5,65 3,95 -251,31 36,00 28,86 5,80 -115,58
9,00 5,98 4,01 -247,30 37,00 30,59 5,88 -109,70
10,00 6,34 4,06 -243,24 38,00 32,42 5,96 -103,74
11,00 6,72 4,12 -239,13 39,00 34,37 6,04 -97,71
12,00 7,13 4,17 -234,95 40,00 36,43 6,12 -91,58
13,00 7,55 4,23 -230,72 41,00 38,62 6,21 -85,38
14,00 8,01 4,29 -226,43 42,00 40,93 6,29 -79,09
15,00 8,49 4,35 -222,08 43,00 43,39 6,38 -72,71
16,00 9,00 4,41 -217,68 44,00 45,99 6,47 -66,25
17,00 9,54 4,47 -213,21 45,00 48,75 6,55 -59,69
18,00 10,11 4,53 -208,68 46,00 51,68 6,64 -53,05
19,00 10,72 4,59 -204,08 47,00 54,78 6,74 -46,31
20,00 11,36 4,66 -199,43 48,00 58,06 6,83 -39,48
21,00 12,04 4,72 -194,71 49,00 61,55 6,92 -32,56
22,00 12,76 4,79 -189,92 50,00 65,24 7,02 -25,54
23,00 13,53 4,85 -185,07 51,00 69,16 7,12 -18,42
24,00 14,34 4,92 -180,15 52,00 73,30 7,21 -11,21
25,00 15,20 4,99 -175,17 53,00 77,70 7,31 -3,90
26,00 16,11 5,05 -170,11 54,00 82,37 7,41 3,52
27,00 17,08 5,12 -164,99 55,00 87,31 7,52 11,03
56,00 92,55 7,62 18,65

Tableau 69 : Tableau des gains actualisés sur la durée de vie économique de l‟investissement
menuiserie PVC.
La lecture de ce tableau met en évidence la durée nécessaire pour que la VAN soit
annulée (VAN = 0), c'est-à-dire 54 à 55 ans.

54 à 55 ans en temps de retour sur investissement élaboré (temps qui annule la VAN)
contre 80,5 ans pour le temps de retour sur investissement « simple ». Il est donc vivement
conseillé de raisonner en « temps de retour sur investissement élaboré » tenant compte de
l‟évolution des gains générés et de l‟actualisation.

182
Si on synthétise les données concernant les deux systèmes constructifs étudiés à savoir
une menuiserie bois et une menuiserie PVC à « basse consommation d‟énergie » par
comparaison avec une menuiserie moins performante d‟un point de vue thermique, on peut
présenter le tableau suivant :

Menuiserie de base pour la comparaison Uw = 2,9 W/m².k Uw = 2,9 W/m².k

Menuiseries étudiées Menuiserie Bois Uw = 1,44 Menuiserie PVC Uw =


W/m².k 1,53 W/m².k

Investissement initial (coût global non


actualisé, HT hors main d‟œuvre, crédit 353 € 285 €
d‟impôt déduit), ramené au m² d‟UF.

Gains annuels (économies d‟énergie) 3,77 € 3,54 €

Temps de retour sur investissement 93,63 ans 80,5 ans


simple

Temps de retour sur investissement 59 ans 54 ans


élaboré

Tableau 70 : Synthèse des gains annuels et temps de retour sur investissements simples et
élaborés pour les deux systèmes d‟isolation des parois vitrées étudiés.

Notre analyse est la suivante : la simple pondération technique thermique des


différents critères de différenciation entre une menuiserie bois relevant de l‟éco-construction
et une menuiserie PVC relevant de la construction conventionnelle n‟est pas suffisante pour
éco-différencier les systèmes constructifs.

A performance technique thermique identique, la menuiserie PVC bénéficie même de


temps de retour sur investissement simples et élaborés plus intéressants que pour la
menuiserie bois : 80,5 ans et 54 ans, contre 93 et 59 ans.
Dans les deux cas et compte tenu des hypothèses de travail de départ pourtant en phase
avec le contexte actuel (taux d‟actualisation et inflation des cours de l‟énergie), les temps de
retour sont incompatibles avec la durée de vie économique des investissements équivalents
aux durées de vies typiques des systèmes installés, 30 ans.

Des systèmes constructifs de type « menuiseries extérieures » performantes à haut


pouvoir isolant (ITR) sont néanmoins importants pour la contribution à l‟obtention d‟un
bâtiment basse consommation d‟énergie (BBC). Mais prises individuellement, les économies
d‟énergie générées par les deux systèmes constructifs sont insuffisantes et/ou trop proches
pour :

- légitimer une décision d‟investissement uniquement sur ce critère, et sa traduction en


€ économisés par an,
- différencier sur la base de ce critère, les performances de la menuiserie bois et de la
menuiserie PVC et les convertir en € économisés ou bénéfices, pouvant apparaître
dans un ratio coûts / bénéfices.

183
3.5.3 Pondération par les prescriptions des réglementations thermiques existantes

La réglementation thermique de base régissant les règles de construction pour les


bâtiments neufs et/ou à rénover en France en matière de performances thermiques minimales
est la réglementation thermique « RT » réévaluée tous les 5 ans.

Nous n‟isolons en France les maisons que depuis les années 1974 ; avant cette date et
le premier choc pétrolier, les économies d‟énergies n‟étaient pas d‟actualité.

Chaque évolution des réglementations thermiques s‟est accompagnée d‟une


diminution des seuils maxima autorisés de consommation d‟énergie, exprimés en kwh
d‟énergie primaire par m² de surface habitable.

Figure 37 : Synthèse des évolutions des réglementations thermiques françaises depuis les
années 1970 : niveaux de performances et thématiques associées.

Il est possible d‟atteindre les niveaux de performance recherchés en appliquant :

- les règles de calcul de la consommation conventionnelle d‟énergie,

Ce sont les règles TH-C et TH-E pour « calcul des consommations d’énergie dans le
bâtiment » et « calcul des températures pour le confort d’été », dont les algorithmes sont
annexés à l'arrêté "caractéristiques thermiques des bâtiments nouveaux et des parties
nouvelles de bâtiments".

Le Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement met ces modèles à la


disposition des professionnels sous forme de logiciels libres de manière à donner les mêmes
instruments à l'ensemble de l'ingénierie française et à favoriser une bonne application de la
réglementation.

184
Les éditeurs de logiciels prennent en charge la réalisation des interfaces répondant aux
besoins des industriels, concepteurs et bureaux d'études thermiques.

Le CSTB et l'Ecole des Mines de Paris modélisent depuis un an les consommations de


climatisation.
Ces outils doivent aider les professionnels à déterminer les solutions les plus
appropriées pour chaque type de bâtiment.

- les solutions techniques plus « vulgarisées »

Les constructeurs peuvent se référer à des solutions techniques attachées à des familles
de bâtiments définies par leur destination et leurs principes constructifs et architecturaux (petit
gymnase en bois, locaux scolaires, maisons individuelles en maçonnerie…).

Chaque solution technique indique les combinaisons de produits et d'équipements,


repérés par leurs caractéristiques thermiques fournies par l'étiquetage ou le fabricant, qui
garantissent le respect de la consommation d'énergie de référence et du confort d'été fixés par
la réglementation.

Le Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement (Direction Générale de


l'Urbanisme de l'Habitat et de la Construction) a produit notamment une solution technique
applicable aux maisons individuelles. [DGUHC, 2001].

Les différents ouvrages et équipements se voient attribuer des points en fonction de


leurs caractéristiques thermiques. Le constructeur vérifie que l'addition des points
correspondant aux produits et équipements choisis atteint un montant total autorisé. En deçà,
il devra parvenir au résultat en ajustant ses choix par itérations successives.

Figure 38 : Exemple de points attribués en fonction des performances thermiques globales de


matériaux d‟isolation des parois vitrées (menuiseries extérieures) pour l‟application de la RT
2000. [DGUHC, 2001].

Industriels, constructeurs ou concepteurs peuvent élaborer leurs propres solutions


techniques mais elles doivent recevoir, au préalable, l'agrément du Ministère de l'Equipement,
des Transports et du Logement pour que leur application ait valeur de respect de la
réglementation thermique en vigueur.

Pour revenir aux systèmes constructifs étudiés, ie une menuiserie extérieure en bois
PEFC double vitrage ITR et une menuiserie PVC double vitrage ITR, par comparaison à une
menuiserie base « ACOTHERM Th 5 », la pondération de leurs performances par l‟évolution
des valeurs seuils des réglementations thermiques est difficile à réaliser en prenant en compte
les critères conventionnels de caractérisation de leur performance thermique : le coefficient
Uw de déperditions surfaciques.
Les autres critères associées à la certification ACOTHERM « Air / Eau / Vent » ne
pondèrent pas plus facilement les menuiseries étudiées, notamment quant à leur rattachement
au champ de l‟éco-construction et à la définition proposée d‟un éco-matériau.

Le dernier critère thermique qui caractérise la performance des matériaux d‟isolation


de parois vitrées est le facteur solaire qui représente la proportion de l‟énergie solaire entrant
185
à l‟intérieur d‟un bâtiment, comparée avec l‟énergie reçue à l‟extérieur de la paroi vitrée.
Idéalement, ce facteur solaire doit être élevé en hiver pour que le bâtiment puisse bénéficier
des apports solaires et bas en été pour que le bâtiment puisse être protégé des surchauffes.
Ce facteur solaire varie considérablement en fonction des types de vitrages utilisés :

Coefficient K Transparence Facteur


Type de vitrage
W/m2 .K % solaire %
Verre claire
Simple vitrage, 4 mm 6.0 88 83
Double vitrage
à lame d'air (4-12-4) 3.0 80 76
Double vitrage avec traitement de surface "low E" à lame d'Argon (4-12-4) 1.5 77 65
Triple vitrage
à lame d'air (4-12-4-12-4) 2.0 72 67
Triple vitrage avec traitement de surface
"low E" à lame d'Argon 1.2 70 60
Double vitrage à vide avec traitement de surface "low E" (4-12-4) 0.5 77 65
Verre réfléchissant
Double vitrage moyennement réfléchissant avec traitement de surface "low
1.6 29 39
E" (6-12-6)
Double vitrage, Bronze avec traitement de surface "low E" (6-12-6) 1.6 9 13

Tableau 71 : Tableau comparatif des facteurs solaires de différents vitrages utilisés dans les
menuiseries extérieures. OUTILS SOLAIRES, 2008 1

Un simple vitrage ne freine que 17 % de l‟énergie solaire reçue, un double vitrage


avec traitement de surface et gaz rare « 4-12-4 » en freine 35 %.

Les menuiseries étudiées bois « PEFC ITR » et « PVC ITR » présentent les mêmes
facteurs solaires, la pondération par la simple réglementation thermique n‟est pas ici
différençiante.

3.5.4 Pondération par les systèmes de management de la qualité environnementale dans


la construction et les référentiels de certification basse énergie

Un autre essai de pondération peut être proposé par la prise en compte des SMQE
et/ou référentiels de certification « basse énergie » développés et synthétisés au paragraphe
2.1 « Place et importance des matériaux de construction dans les systèmes et référentiels
internationaux de management de la qualité environnementale dans la construction
(MQEB) ».

Parmi les 9 étudiés, seuls 2 systèmes rendent obligatoire le recours à des matériaux et
produits qualifiés d‟éco-matériaux pour l‟obtention des performances recherchées et 4
valorisent les caractéristiques techniques différenciantes des éco-matériaux par rapport aux
matériaux plus conventionnels.

Les deux systèmes qui rendent le recours obligatoire à des éco-matériaux sont la
certification Minergie Eco et l‟approche de conception architecture solaire bioclimatique,
tandis que les systèmes Maison Passive – Minergie – Green Building Brussel et Architecture
solaire valorisent les caractéristiques techniques différençiantes.

1
Outils solaires, www.outilssolaires.com

186
Le système Minergie Eco présente certes le mérite d‟exister mais n‟est pas
suffisamment développé eu égard à celui de Minergie « classique » (10 497 selon Minergie en
Suisse et depuis peu en France, 26 selon Minergie Eco et 6 selon Minergie P Eco) pour
pouvoir mettre en évidence des avantages économiques ou financiers intéressants.
Les maisons Minergie classiques coûtent en général 5 à 6 % plus cher que les maisons
conventionnelles, et se négocient à la revente (sondage réalisé par une banque cantonale de
Zurich) environ 12 % plus cher au bout de 30 ans.

Figure 39 : Avantages du concept Minergie en Suisse et évaluation du rapport coût / bénéfice,


Sources : Flyer Minergie en Questions, Mars 2007.

La satisfaction liée au rapport coût / bénéfice sur les maisons ayant développé la
certification Minergie Eco n‟est pas évaluée et disponible pour l‟instant.

Le concept architecture solaire bioclimatique ne fait pas, quant à lui, référence à une
démarche de management ou de certification officielle, il s‟agit plutôt d‟une logique de bon
sens pour laquelle l‟appréciation de la contribution de l‟utilisation d‟éco-matériaux est
délicate à évaluer du point de vue bénéfice économique ou financier.

Enfin, les 4 systèmes valorisant le recours aux performances techniques


différenciantes des éco-matériaux valorisent des performances techniques réellement
différenciantes :

- les autres critères souvent méconnus en termes de performance thermique des


systèmes constructifs : l‟inertie séquentielle de transmission et/ou l‟inertie
d‟accumulation restitution,
- l‟hygroscopicité ou la capacité des systèmes constructifs à absorber / restituer une
partie de l‟humidité contenue dans l‟air intérieur,
- la non dégradation des performances techniques essentielles de certains systèmes
constructifs (notamment les isolants thermiques et phoniques) en cas d‟humidification
courte ou prolongée,
- dans une moindre mesure, les capacités d‟isolement et de réduction aux bruits aériens
et solidiens, plus importantes pour certains matériaux renouvelables que pour d‟autres
matériaux conventionnels (liège expansé vs polystyrène expansé).

Cette valorisation s‟effectue principalement pour les systèmes de certification basse


énergie par une attribution de performances thermiques et hygrométriques supplémentaire
venant impacter favorablement le ratio final de consommation d‟énergie ramené en kwh
d‟énergie primaire par m² par an.

L‟utilisation, par exemple, d‟un matériau présentant une classe d‟inertie


d‟accumulation restitution plus importante qu‟une autre augmente la classe d‟inertie globale

187
de la construction (passage de la classe « inertie faible » à « inertie moyenne » et favorise les
économies d‟énergie.

Cette capacité thermique est utilisée pour le calcul du facteur d‟utilisation des gains
solaires et internes
Elle peut être calculée en approche simplifiée en utilisant le tableau suivant :

Plancher Plafond Parois Bâtiment kJ/m²K


lourd* lourd lourde très massif >400
- lourd lourde massif 200-400
lourd - lourde massif 200-400
lourd lourd - massif 200-400
- - lourde moyenne 100-200
- lourd - moyenne 100-200
lourd - - légère 50-100
- - - très légère <50

Tableau 72 : Tableau comparatif des capacités thermiques de bâtiments différents, rapportée


à la surface de plancher brute, LESOSAI 6.0 .

Le comparatif entre deux matériaux de construction présentant à priori les mêmes


aptitudes à la fonction, une brique de terre crue et une brique de terre cuite utilisées en
remplissage d‟éléments d‟ossature bois (inertie d‟accumulation / restitution), peut être
réalisé :

Figure 40 : Déphasage thermique d‟un mur de briques de terre crue en remplissage


d‟éléments d‟ossature bois.

188
Figure 41 : Déphasage thermique d‟un mur de briques de terre cuite en remplissage
d‟éléments d‟ossature bois.

Pour une épaisseur de 11 cm, la terre crue non cuite favorise un déphasage de 5 heures
contre 4,06 pour la terre cuite, ce qui représente potentiellement des économies d‟énergies
intéressantes (1 heure de chauffage en moins) restant à quantifier : kwh économisés, types de
chauffage, degrés jours de la zone étudiée, coût du chauffage utilisé, bénéfices dégagés (coûts
des kwh économisés).

Pour revenir aux systèmes constructifs étudiés, les menuiseries « Bois PEFC ITR » et
« PVC ITR », aucune n‟est concernée par les performances techniques réellement
différenciantes listées.

La pondération par les SMQE et/ou plutôt les systèmes de certification basse énergie
pour les systèmes constructifs menuiseries extérieures est donc inappropriée (elle l‟est pour
d‟autres matériaux ou produits).

3.5.5 Pondération par les utilisateurs finaux1 qui utilisent les systèmes constructifs
étudiés et assurés pour leur mise en œuvre (pondération 4)

Les utilisateurs finaux ont également un avis plus qu‟intéressant sur la durabilité
effective de matériaux et produits de construction.
Les ressources disponibles présentant des avis sur les systèmes constructifs étudiés,
menuiserie bois ITR et menuiserie PVC ITR, et considérés comme statistiquement
représentatifs puisque prononcés par des professionnels du bâtiment, sont relativement peu
nombreuses :

La première présente des données issues d‟un séminaire de recherches en économie


forestière en France, réalisé à l‟ECOFOR de Paris en octobre 2006 [Costa & Garcia &
Ibanez, 2006]103. La question de l‟article était de connaître les déterminants dans le choix des
matériaux bois ou PVC pour les consommateurs.

1
Utilisateurs finaux : artisans et entreprises de construction de maisons individuelles, mais également
particuliers.

189
Les caractéristiques techniques sont parfaitement évaluées par les consommateurs
(connaissances techniques exhaustives), les consommateurs donnent d‟ailleurs une valeur à
chaque caractéristique du bien mais le poids et l‟importance des caractéristiques, notamment
le prix, ne sont ni introduits, ni expliqués.
968 consommateurs représentatifs de la population en 2003 furent questionnés quant à
leurs goûts, attitudes, croyances et perceptions sur les menuiseries bois ou PVC.

Les résultats issus du sondage sont les suivants :

Figure 42 : Croyances sur les caractéristiques des fenêtres bois et PVC, Sources : ECOFOR
2006.
L‟analyse des résultats montre que les menuiseries bois sont privilégiées pour leurs
qualités esthétiques (58 %), leur impact environnemental favorable (45 %) et leur pouvoir
d‟isolation thermique (18 %) tandis que les fenêtres PVC sont recherchées pour la facilité
d‟entretien (90 %), leur durée de vie estimée (58 %) et leur pouvoir d‟isolation thermique et
acoustique (40 % respectivement).

Figure 43 : Poids accordé aux caractéristiques des fenêtres bois et PVC, sources : ECOFOR
2006.

L‟analyse des résultats de la figure 43 montre qu‟un poids prépondérant dans le


processus de choix d‟une menuiserie est accordé à l‟isolation thermique, l‟isolation
acoustique et la durée de vie.

190
Vient ensuite l‟entretien, l‟esthétique et la sécurité, enfin la résistance au feu et en
dernier l‟impact environnemental.

Même si les préjugés concernant l‟impact environnemental de fenêtres en bois sont


bons (analyse 1), les caractéristiques environnementales dans le poids d‟un processus de
choix d‟une menuiserie viennent en dernière position. Les aptitudes techniques supplantent
largement le critère environnemental.

Cette analyse explique simplement le positionnement et les parts de marché des


menuiseries PVC en France aujourd‟hui [BATIM ETUDES, 2007]104: Sur 12,5 millions de
fenêtres vendues en France en 2006, le PVC représente 70 % soit environ 8,75 millions
d‟unités. Les fenêtres bois représentent, quant à elles, 15 %. Le marché de la rénovation
représente 70 % des volumes enregistrés dont 49 % pour les seules maisons individuelles.
Ceci étant, la durée de vie typique des deux systèmes constructifs étudiés est évaluée à 30 ans
dans les FDES « menuiseries » disponibles sur la base INIES.

Cela signifie qu‟au bout de 30 ans d‟utilisation, les menuiseries doivent être changées
et remplacées par des nouvelles, bois ou PVC.
Le PVC est choisi par les consommateurs (croyances et poids accordé par les consommateurs
finaux) pour notamment ses bonnes aptitudes en terme de durée de vie et de facilité
d‟entretien (figure 43).

Pour autant, une compagnie d‟assurance française refuse d‟assurer les nouveaux
artisans pour la mise en œuvre de menuiseries PVC. La plupart des fabricants de menuiseries
PVC les garantissent à 15 ans.
Un seul fabriquant fournit des fenêtres pour une durée de vie de 140 ans (Tryba).
Selon cet assureur, « Le PVC est un dérivé de plastique, avec 80 kg de double vitrage,
notamment en été, la fenêtre se déforme et se voile, laissant passer en haut et en bas le froid
ou le chaud et surtout le bruit ».

L‟Agence Qualité Construction (AQC) constate également un taux élevé de sinistres


dû aux menuiseries PVC « Au niveau des charnières (fixation des gonds dans la fenêtre) avec
le poids et la force des ouvertures et fermetures successives, il se produit une ovalisation du
PVC qui est empirique. L’ovalisation de la charnière dans le PVC engendre un affaissement
de la fenêtre. »

Une étude récente sur les comparatifs de prix (prix de vente) menée auprès de 60
professionnels de l‟éco-construction du Nord Pas de Calais Picardie permet d‟appréhender,
lorsque la question de la durabilité des menuiseries extérieures est évoquée, une durabilité
« ressentie » vérifiée ou non (avec ou sans constatations) moindre pour les menuiseries PVC
que pour les menuiseries bois de dernière génération (postérieures à 2005, utilisation de
faibles sections de bois pin lamellé collé).

La limite de garantie des menuiseries PVC classiques (15 ans) est évoquée pour
l‟estimation du taux de renouvellement sur la durée de vie typique du système constructif
« menuiserie + précadre + étanchéité du bâti ».

Selon ces constatations et retours d‟expériences, un taux de renouvellement de 2 fois


peut être avancé sans trop de risques pour qualifier le renouvellement des menuiseries PVC de
qualité normale sur la DVT du système constructif global.

Enfin, on peut synthétiser un tableau pour représenter les avantages et inconvénients


des systèmes menuiseries bois et PVC perçus par les professionnels du bâtiment impliqués de

191
près ou de loin dans les démarches d‟éco-construction mais surtout impliqués dans les
démarches de performance énergétique et de basse consommation d‟énergie dans la
construction :

Bois PVC
Isolation thermique Excellentes et suffisantes pour
La meilleure
Performance Isolation acoustique la plupart des cas
Durabilité Très bonne si la qualité est bonne
Un peu plus cher, mais les prix
Prix Le plus économique
baissent
Matériau le plus noble ! Toutes Moins noble que le bois ou
Esthétique
les couleurs, formes, détails ... l'alu.
Une couche de lasure/peinture Aucun
Entretien
tous les 10 ans
Produit naturel, noble et Moins écologique qu'on le
Protection environnement
recyclable dit !
Grande taille possible avec
Divers Pas adapté aux grands formats
lamelé-collé (baie vitrée)

Tableau 73 : Tableau comparatif des avantages / inconvénients des menuiseries Bois et PVC
perçus par les professionnels du bâtiment CD2E, 2008 .

L‟analyse de ce tableau montre que les caractéristiques d‟isolation thermique sont


jugées bonnes pour les deux menuiseries et que la durabilité est à priori équivalente.
L‟esthétique est considérée plus noble pour les menuiseries valorisant le bois. Concernant
l‟impact environnemental, déconnecté des performances thermiques, le matériau PVC est jugé
beaucoup moins écologique que le bois.

L‟organisme suisse ECO-Bau précise dans sa fiche technique « Eco-devis :


Menuiseries » que « pour des fenêtres avec cadres en matières synthétiques, les composants
éco-déterminants sont avant tout les stabilisateurs choisis, en Europe ces systèmes sont quasi
exclusivement à base de plomb (Pb) ou calcium zinc (CaZn). Les stabilisateurs à base de
plomb Pb sont toxiques à cause de la présence de plomb, ils ne sont pas repris dans les Eco-
devis »1

Si on considère un taux de remplacement des menuiseries PVC ITR deux fois plus
important que pour une menuiserie Bois PEFC ITR, cela signifie que le coût d‟une menuiserie
PVC ramené à l‟unité fonctionnelle UF, doit donc comprendre les coûts de maintenance tels
que détaillés précédemment (paragraphe 3.4.3).

Les coûts de maintenance comprennent le démantèlement de l‟ancienne menuiserie, la


pose et la fourniture d‟une nouvelle menuiserie et la réalisation des étanchéités, soit un
montant de 510,19 € HT pour l‟unité fonctionne, prix de vente main d‟œuvre et fourniture
matériel hors crédit d‟impôt puisque celui-ci ne s‟applique plus.

Le coût global de l‟investissement menuiserie PVC ITR sur 30 ans comprenant


- deux mises en œuvre de menuiseries PVC,
- deux fournitures matériel et deux réalisations d‟étanchéité,
- ainsi qu‟un démantèlement / réfection.

1
Ecodevis : menuiseries, voir www.eco-bau.ch/francais/files/ed371F.pdf

192
est donc de : 318,60 € HT/UF (avec déduction crédit d‟impôt) + 510,19 € HT/UF = 828,79 €
HT pour 1 Unité fonctionnelle (fenêtre de 114x80 cm), ramené à 1 m² de menuiserie : 900, 85
€ HT.

Ce montant peut donc être indiqué en remplacement du montant d‟investissement


présenté au paragraphe 3.5.2 : 285 € HT/m².
La valeur actuelle nette de ce nouvel investissement devient positive au bout de la
110ème année, en prenant les mêmes paramètres et hypothèses de calcul :
- taux d‟actualisation des valeurs monétaires : 4,6 %
- inflation annuelle du coût de l‟énergie : 6 %

Le taux de retour sur investissement élaboré (TRE) de la menuiserie PVC non


actualisée était précédemment de 54 ans (paragraphe 3.5.2), il est désormais de 110 ans pour
le système menuiserie actualisé, c'est-à-dire avec prise en compte de sa durabilité technique et
de son taux de renouvellement sur la durée de vie typique étudiée (30 ans).

La menuiserie bois actualisée présente, quant à elle, un temps de retour sur


investissement élaboré de 65 ans.

3.5.6 Deux indicateurs environnementaux simplifiés : le traitement des déchets en fin de


vie (pondération 5) et son coût associé, et les émissions carbone équivalent liées aux
émissions de gaz à effet de serre (GES) (pondération 6),

Les caractérisations environnementales précédemment réalisées nous ont permis de


qualifier et quantifier certains critères environnementaux des systèmes constructifs étudiés,
considérés comme les plus significatifs pour notre étude. (paragraphe 3.4.2).

Les performances liées à deux critères (recyclabilité, traitement des déchets /


élimination et émissions carbone) peuvent être traduites en coûts économiques :

- les coûts d‟élimination des déchets en fin de vie,


- et le coût équivalent aux émissions de gaz à effet de serre générés dans l‟atmosphère
lors du processus de fabrication, jusqu‟à la mise sur le marché du produit.

3.5.6.1 Traitement des déchets en fin de vie et coûts associés

Il est possible de comparer les deux filières de traitement des déchets bois et PVC :

 Pour les déchets PVC issus de la fabrication ou du traitement des menuiseries


PVC en fin de vie

La filière du PVC est particulièrement intéressante : un livre vert [CEE, 2000]105 sur
les problèmes environnementaux générés par la production, l‟utilisation et la mise en
décharge du PVC a été adopté par la Commission Européenne le 26 juillet 2000.

Le Livre Vert expose les conclusions de 5 études commandées entre 1998 et 2000 et
présente des propositions de mesures pour répondre aux divers problèmes posés par le PVC.

Ce document donne également les principales conclusions sur cette filière :

193
- Déchets en augmentation :

En ce qui concerne les déchets de PVC, Il est prévu que les quantités de déchets de
PVC doivent augmenter de plus de 80% sur les 20 prochaines années, de 4,1 à 7,2 millions de
tonnes / an. Presque 90% de ces déchets sont des déchets post-consommation.

- Incinération :

L‟incinération d‟1 kg de PVC dans l‟UE génère une moyenne de 0,8 à 1,4 kg de
déchets dangereux (dans les incinérateurs avec procédé sec de traitement des fumées) et 0,4 à
0,9 kg de résidus dans les effluents liquides (dans les incinérateurs avec procédé humide de
traitement des fumées).

Les déchets dangereux issus de l‟incinération du PVC sont mieux à même de


contaminer l‟environnement, puisque le PVC augmente significativement la quantité de sels
lixiviables dans ces déchets.

L‟incinération du PVC génère des coûts additionnels de 20 à 335 € / tonne. Le PVC


est responsable de 38 à 66 % du contenu en chlore des déchets solides municipaux. La
formation de dioxines due au PVC n‟a pas été étudiée.
Détourner le PVC de l‟incinération conduit toujours à des améliorations
environnementales. Néanmoins, l‟incinération du PVC devrait augmenter au-delà d‟un
facteur cinq sur les 20 prochaines années dans un scénario « BAS » (business as usual), des
actuels 0,5 millions de tonnes/an jusqu‟à 2,6 - 2,9 millions de tonnes / an.

- Mise en décharge :
L‟enfouissement du PVC conduit au relargage des plastifiants toxiques. Celui des
stabilisants ne peut-être exclus. Ces relargages se produiront sur une très longue période plus
longue que la protection garantie par la géomembrane de la décharge. Les déchets de PVC
contribueront toujours plus à la formation de dioxines et de furanes dans les feux de décharge.

- Recyclage :
Il ressort que le recyclage ne permettra pas de contribuer significativement à la gestion
des déchets de PVC dans les prochaines décennies, atteignant tout au plus 18% de l‟ensemble
des déchets en 2020.

Dans l‟hypothèse où ce potentiel maximal de recyclage du PVC serait atteint,


l‟incinération du PVC augmenterait tout de même d‟un facteur quatre jusqu‟à atteindre 2.2-
2.5 millions de tonnes en 2020.

Les taux de recyclage actuels sont en dessous de 3%. L‟essentiel de ce recyclage (2%)
est un recyclage « downcycling » - qui aboutit à des produits de valeur inférieure qui ne
remplace pas le PVC vierge – et par conséquent, le bénéfice environnemental est nul. La
plupart des déchets de PVC contiennent des additifs dangereux. Recycler ces déchets conduit
ainsi à distribuer ces substances dangereuses dans de nouveaux produits.
On estime que le recyclage de haute qualité des déchets de PVC sans dissémination de
plomb, de cadmium ou de PCB dans les recyclas pourrait atteindre un maximum de 5% en
2020. Le recyclage par voie chimique ne serait pas viable économiquement.

Le livret blanc montre ainsi les multiples problèmes environnementaux et/ou


économiques que pose chaque option d‟élimination des déchets de PVC : ni l‟enfouissement,
ni l‟incinération ne sont des solutions durables et sures et le recyclage ne peut, lui non plus,
résoudre le problème.

194
Une des pistes les plus raisonnables consisterait à arrêter purement et simplement la
production d‟un tel matériau « coûteux » pour les hommes et l‟environnement, notamment
pour ses applications de courte durée comme les emballages. Les déchets existants devraient
être séparés du flux général de déchets et stockés jusqu‟à ce qu‟une technologie de destruction
environnementalement sûre soit inventée.
Les coûts devraient être pris en charge par le producteur.

Pour les menuiseries PVC, la FDES disponible sur la filière, proposée par le Syndicat
National de l‟Extrusion Plastique et l‟Union Fenêtres Pvc composites, indique dans la partie
« production de déchets » :

- la prise en compte des taux de collecte et de valorisation actuels de 15 % des fenêtres


PVC en fin de vie,

- la non prise en compte des potentialités futures (souhait de 80 % des fenêtres triées et
recyclées d‟ici à 30 ans, par l‟organisme PVC recyclage SARL1,

- la supposition que la majorité des déchets de PVC, vitrage et acier issus de la


fabrication ou de la fin de vie des fenêtres PVC sont non collectés et finissent en
décharge,

 Pour les déchets bois issus de la fabrication ou du traitement des menuiseries bois
en fin de vie

En ce qui concerne la filière des déchets bois, les bois de rebut correspondent à des
produits en bois en fin de vie ou usagés. Ils se répartissent en plusieurs catégories : bois issus
des chantiers de démolition, déchets bois industriels, meubles et objets divers, emballages
(palettes, cagettes, caisses...).

Ces produits proviennent des industries (automobile, électroménager...), des centres de


tri de DIB (déchets industriels banals) ou des déchetteries (particuliers...).

On distingue 2 types de bois de rebut :

- les bois de rebut non souillés qui peuvent être utilisés dans des chaufferies bois
(palettes, cagettes, planches, bois de coffrage, caisses, cageots, …),

- et les bois de rebut souillés ou les bois traités qui doivent être considérés comme des
DIS et suivre les filières agréées de traitement (traverses de chemin de fer, panneaux
de particules, bois agglomérés, poteaux EDF, …).

Une fois triés, les objets en bois peuvent être soit réparés (meubles, palettes
multirotations), puis réemployés, soit utilisés comme matières premières (usines de panneaux
de particules) soit consommés comme combustibles bois dans des chaudières.

Seuls les bois non-souillés peuvent être utilisés comme combustible pour chaufferie
bois.

Le processus nécessite un conditionnement spécifique pour fabriquer du combustible à


partir de bois de rebut : pré-broyage grossier, broyage fin (les broyeurs sont à cisaille ou à

1
PVC recyclage SARL, voir www.pvcrecyclage.fr/presentation.html

195
marteau), dé ferraillage, voire dé métallisation et criblage. Les broyats de rebut sont un
produit sec mais relativement grossier utilisable comme combustible.
Contrairement aux idées reçues, la valorisation des déchets du bois a un coût,
principalement dû à la préparation du déchet avant sa valorisation : broyage, tri, etc.
Le coût du conditionnement varie entre 15 et 45 € la tonne et le coût du transport varie entre
10 et 15 € la tonne. L‟utilisation des bois de rebut peut se faire dans des grosses chaudières
avec foyer à grilles, chaudières co-combustion avec foyer à lit fluidisé et les usines
d'incinération.

Le recyclage du bois traité, notamment peint, est, au contraire, complexe.

La circulaire 95/08 du 5 janvier 1995, relative aux prescriptions applicables aux


installations de combustion incinérant des déchets, restreint les déchets issus du broyage du
bois peint. Ainsi, seuls les déchets de biomasse non souillés peuvent être utilisés comme
déchets de combustion de substitution dans des installations telles que les chaufferies.

Cette circulaire exclut tout déchet imprégné ou revêtu d'une substance quelconque
c'est-à-dire enduit, peint, imprimé, collé ou traité d'une quelconque manière.
Les déchets de bois collés et peints des menuiseries bois relèvent donc des installations
d'incinération des déchets ménagers et assimilés. Le coût de traitement est alors plus élevé, de
l'ordre de 80 € HT au minimum la tonne en Nord Pas de Calais par exemple [ADEME,
2003]106.

Après tri sur chantier, les solutions suivantes seront envisageables pour le traitement
du bois peint :
- incinération en installation classée,
- mise en décharge,
- récupération pour broyage et valorisation énergétique en chaufferie industrielle. Pour être en
accord avec la législation, il faut alors procéder à un décapage. Une autre possibilité consiste
à "diluer" les copeaux de bois traités dans un autre combustible considéré comme non souillé.

Il est alors nécessaire de connaître la composition chimique de la peinture mais aussi


des émanations gazeuses lors de la combustion : ce travail peut être confié à un laboratoire.
- certaines astuces de chantier (réutilisation des portes comme tables,...) mais ne sont
cependant pas généralisables.

Les études menées depuis dix ans par différents organismes tels que l'ADEME, CdF
(Charbonnages de France), le CTBA ou le CSTB, estiment à 4 000 000 de tonnes les
quantités de déchets de bois souillés rebutés en France chaque année, dont 1 500 000 Tonnes
de déchets de bois d'emballage et 2 300 000 tonnes de déchets de bois de chantiers. Ces
chiffres n'incluent pas les 2 000 000 tonnes de déchets annuels de panneaux de particules
souillés par les colles.

La catégorie des bois de chantiers comporte pour les trois quarts des bois dits «
souillés » par des traitements, des colles ou des peintures et de ce fait, selon la législation en
vigueur, ceux ci sont impropres à la combustion en chaudières de « Bois-Energie » ou à la
« cogénération ». Ne pouvant pas être mis en décharge non plus, l'incinération contrôlée est la
seule solution possible.

Cependant, du fait de leur niveau de contamination, une partie de ces bois entre d'ores
et déjà dans la catégorie des Déchets industriels dangereux. Dans ce cas, l‟incinération dans
des centres spécialisés est le seul moyen d'élimination réglementaire de ces déchets (coût
minimum : 225 € la Tonne).

196
Les quantités actuellement répertoriées en France comme déchets de bois classés DID,
sont de 400 000 Tonnes par an. La moitié de ces déchets de bois DID correspond aux
institutionnels.
Ces quantités vont aller en augmentant au fur et à mesure de l'évolution des mentalités et de la
mise en application de la réglementation.
L'évolution de ce marché dépend aussi de la mise en place d'un système de collecte.

En conclusion, pour les deux filières de traitement des déchets bois et pvc issus de la
fabrication ou de la fin de vie des menuiseries, compte tenu de l‟état de maturité des filières
en France (tableau 45), on peut considérer que la majorité de ces déchets PVC ou bois est
traité en centre de stockage ou décharge.

Les enjeux économiques associés à ces filières de traitement des déchets du bâtiment
peuvent être évalués : le coût moyen d‟élimination des déchets du bâtiment est évalué entre
0,5 et 7 % du montant des lots suivant leur nature.

Ces coûts dépendent bien sûr de plusieurs facteurs :


- de la main d‟œuvre nécessaire pour effectuer le tri,
- des installations spécifiques de chantiers,
- de l‟effet d‟échelle lié directement à la quantité de déchets à éliminer,
- du montant de l‟élimination des déchets proprement dite,
- et du transport des déchets en fonction de l‟éloignement des centres d‟élimination.

Généralement, le coût de traitement des déchets est réputé rémunéré dans le prix du
marché, public ou privé. Il est souvent intégré dans le compte prorata.

Le coût* d‟évacuation des déchets peut s‟établir en fonction du tri opéré ou non par
l‟entrepreneur.

Tri des déchets Non tri des déchets

Déchets dangereux Classe I Et/ou centres de


230 à 430 € HT la traitement préalable
tonne 230 à 1200 € HT la
tonne
Centre de tri : 90 à 110 €
Déchets inertes CET III 1 à 8 € HT la HT la tonne
tonne

Déchets industriels Centres incinération CET II 45 à 76 € HT


banaux (DIB) 45 à 122 € HT la la tonne
tonne

Tableau 74 : Tableau comparatif des coûts de traitement des déchets de chantier, en fonction
de l‟implication « tri » de l‟entrepreneur. Synthèse selon [FLORIO, 2003]107.

*Prix hors tri et transport

L‟essentiel dans l‟histoire de l‟évacuation de ces déchets, est que l‟entrepreneur se


fasse payer les coûts engagés pour l‟élimination de ces déchets, Une solution peut être
d‟individualiser, à l‟intérieur de chaque lot le coût de l‟élimination des déchets.
Pour des ratios quantitatifs et économiques plus précis, un bilan réalisé par l‟ADEME
sur 24 opérations de travaux de logements neufs ayant pratiqué la gestion sélective des
déchets a permis de mettre en évidence les ratios suivants :

197
Figure 44 : Quantité de déchets produits par catégorie, en fonction du type de bâtiment et
ramenée au m² de SHOB, ADEME, 2006

Le PVC est considéré comme un Déchet Industriel Banal, produit à hauteur de 7,70 kg
/ m² de SHOB en logement individuel ; le bois est produit, quant à lui, à hauteur de 1,30
kg/m² de SHOB.
Nous ne travaillons pas dans le cadre de notre comparaison de systèmes constructifs
« menuiserie pvc » et « menuiserie bois », sur un ouvrage global type bâtiment, donc sur une
surface hors œuvre nette de référence.
Nous proposons donc de prendre en base de calcul les ratios fournis par les FDES de
la base de données de référence « INIES » :
- 2860 g de PVC générés pour toute la durée de vie d‟une menuiserie type PVC, soit
2,860 kg
- 22400 g de biomasse générés pour toute la durée de vie d‟une menuiserie type bois,
soit 22,4 kg.
En s‟intéressant exclusivement à la part des déchets générés en fin de vie des
menuiseries, donc en fin de DVT, on obtient :
- 13,5 kg de déchets inertes (sur toute la DVT) et 7,98 kg de déchets non dangereux
pour la menuiserie bois.
- 24,6 kg de déchets inertes (sur toute la DVT) pour la menuiserie PVC.
Considérons la situation la moins favorable, c'est-à-dire l‟entrepreneur ne trie pas ses
déchets sur le chantier de déconstruction, les déchets mélangés sont donc orientés vers un
centre de tri et y sont traités pour un coût moyen de 90 à 100 € HT la tonne. Les coûts
associés au traitement des déchets issus de ces deux menuiseries sont les suivants :

Production de déchets sur la DVT, en fin Coûts de traitement Coût de traitement


de vie des déchets non des déchets
triés correspondant

Déchets non
Déchets inertes
dangereux

Menuiserie
13,5 kg 7,98 kg 95 € HT la tonne 2,04 € HT
bois

Menuiserie
24,6 kg NC 95 € HT la tonne 2,33 € HT
PVC

Tableau 75 : Tableau comparatif des coûts de traitement des déchets de menuiseries bois et
PVC en fin de vie. INIES, 2007 .

198
Une menuiserie bois génère donc un coût de 2,04 € HT en fin de vie pour le traitement
des déchets non triés, une menuiserie PVC génère quant à elle un coût de 2,33 € HT en fin de
vie pour le traitement des déchets non triés. La différence est de 0,29 € HT, considérée
comme négligeable.

A l‟échelle d‟un matériau ou petit système constructif type menuiserie extérieure, les
coûts de traitement des déchets générés en fin de vie par le démantèlement ou la
déconstruction, peuvent être considérés comme négligeables.
La pondération des critères techniques, économiques et financiers initiaux est
réalisable par la prise en considération du critère « traitement des déchets en fin de vie / coûts
associés » mais non significative et donc non impactante pour la différenciation des systèmes
menuiseries extérieures seules.

3.5.6.2 Emissions de gaz à effet de serre et coûts associés

Parmi toutes les incitations, subventions, mesures pour inciter les consommateurs et
les entreprises à des comportements plus vertueux en matière de protection de
l‟environnement, dans des domaines précis pris isolément, celles qui peuvent avoir un impact
important sur l‟environnement sont peu nombreuses.

En général, ce qui est économisé d‟un côté est toujours transféré ailleurs.

Par exemple :
- La surface habitable par français est passée de 25 à 35 m2 entre 1975 et 2000 et, en
tenant compte de l'augmentation de la population pendant cet intervalle de temps, la
surface totale de logements a presque doublé. De ce fait, malgré une consommation de
chauffage au m2 divisée par deux, la consommation globale d'énergie de chauffage en
France n'a pas baissé : la meilleure isolation des logements n'a pas été affectée à une
baisse de la consommation mais à une augmentation des surfaces chauffées.
- Il faut moins de kérosène qu'avant pour faire voler un avion de 300 places mais il en
vole considérablement plus, car le prix du billet est devenu de plus en plus accessible.
- Les voitures sont assurément plus économes aujourd'hui qu'il y a 30 ans et le seront
plus encore demain... mais le nombre de voiture sur la planète aura doublé ou triplé.
- Les réfrigérateurs d'aujourd'hui sont une merveille d'économie comparé aux
monstrueuses machines polluantes qu'ils étaient dans les années 60 mais... le
réfrigérateur de 150 litres a été troquée contre un autre de 350 litres, très économe,
auquel on a adjoint un congélateur assurément économe (prés de la moitié des
ménages français en possèdent un, contre quasiment 0% en 1973), ainsi que de
nombreux d'autres appareils très économes eux aussi.

Or le déterminant principal de la consommation globale d'énergie fossile n'est pas les


performances des objets qui en consomment mais « le prix de l'énergie fossile ramené au
pouvoir d'achat » [JANCOVICI, 2006]108.

Ainsi, si nous « voulons économiser volontairement l'énergie fossile, nous devons


désirer une hausse de son prix en termes réels » [JANCOVICI, 2006] et donc une taxation
spécifique. Les progrès techniques pourraient être ainsi affectés à une baisse de la
consommation globale d'énergie fossile.

Les défenseurs d‟une taxation carbone sur les produits et les services en France sont
Jean Marc JANCOVICI, Nicolas HULOT et Marcel ROBERT, qui insistent tous trois sur le
fait que la taxe carbone poursuit deux objectifs de sauvegarde des hommes et de la planète :

199
- réduire les émissions de CO2, gaz à effet de serre majoritaire, pour limiter les catastrophes
promises par le réchauffement climatique.
- préparer en douceur la société à un épuisement progressif inéluctable, des ressources en
énergies fossiles et, accessoirement, servir de tampon à l'augmentation sans doute brutale et
aléatoire du prix de combustible comme l'essence dans un futur incertain mais probablement
proche.

Le dioxyde de carbone est l‟un des principaux gaz contribuant à renforcer l‟effet de
serre d‟origine anthropique (55%) mais il n‟est pas le seul : d‟autres gaz jouent également un
rôle important (méthane, oxyde nitreux…). Pour comparer le pouvoir de réchauffement global
(base 1 de comparaison = CO2) des gaz à effet de serre sur une même échelle, on traduit leur
impact en « équivalent carbone ».

Les 6 gaz ou familles de gaz visées par le protocole de Kyoto sont les suivantes :

Gaz Formule PRG relatif / CO2 (à 100 ans)


Gaz carbonique CO2 1
Méthane CH4 25
Protoxyde d'azote N2O 298
Perfluorocarbures CnF2n+2 7400 à 12200
Hydrofluorocarbures CnHmFp 120 à 14800
Hexafluorure de soufre SF6 22800

Tableau 76 : Pouvoir de réchauffement global équivalent au C02 des 6 familles de gaz à effet
de serre concernées par le protocole de Kyoto, GIEC, 2007 .

Ce tableau signifie que si on met 1 kg de méthane dans l'atmosphère aujourd'hui, on


produira le même effet, sur le siècle, que si on émet 25 kg de gaz carbonique au même
moment. On peut résumer en disant qu'un kg de méthane fait 25 fois l'effet de serre cumulé
sur un siècle d'un kg de gaz carbonique ou encore que le méthane est un gaz 25 fois plus
puissant que le gaz carbonique pour l'effet de serre.

Si on met par exemple 1 kg d'hexafluorure de soufre dans l'atmosphère, on "fait"


22.800 fois plus d'effet de serre cumulé sur un siècle que si on met un kg de gaz carbonique :
pour l'effet de serre un kg de ce gaz "vaut" 22,8 tonnes de CO2 c'est à dire plus que l'émission
annuelle de 3 Français ! Nous n‟en émettons heureusement que de toutes petites quantités
pour le moment.
Le Pouvoir de Réchauffement Global (PRG) est donc tout simplement l'équivalent
CO2 : il correspond au poids de CO2 qui produira la même perturbation du système
climatique que le poids du gaz considéré. Dans certaines circonstances, plutôt que de mesurer
le poids de gaz carbonique, les physiciens - et souvent les ingénieurs - ont pris l'habitude
d'utiliser l‟équivalent carbone (eq C).

Plutôt que de comparer au poids de CO2 émis, on compare alors au seul poids du
carbone contenu dans le CO2 émis.

Par définition [ADEME, 2003]109, un kg de C02 vaut 0,2727 kg d'équivalent carbone,


c'est à dire le poids du carbone seul dans le composé "gaz carbonique".

Pour les autres gaz, l'équivalent carbone vaut : équivalent carbone = PRG relatif x
0,2727.

200
Pour les principaux gaz à effet de serre, les équivalents carbone sont les suivants :

Gaz Formule équivalent carbone par kg émis


Gaz carbonique CO2 0,273
Méthane CH4 6,82
Protoxyde d'azote N2O 81,3
Perfluorocarbures CnF2n+2 2.015 à 3.330
Hydrofluorocarbures CnHmFp 34 à 4.040
Hexafluorure de soufre SF6 6.220

Tableau 77 : Equivalents carbone des principaux gaz à effet de serre retenus par le protocole
de kyoto, GIEC, 2007 .

Par conséquent, une taxe carbone ne concernerait pas uniquement l‟émission de


dioxyde de carbone mais bien toutes les émissions de gaz à effet de serre, ramenées à
l‟équivalent Carbone (eq C), caractérisant les différentes étapes du cycle de vie d‟un produit
ou d‟un service. La taxe carbone envisagée par ses défenseurs pour décourager l'émission de
gaz à effet de serre utiliserait l'équivalent carbone pour fixer le niveau de la taxe selon les gaz.

Si la tonne équivalent carbone vaut 1.000 euros, alors l'émission d'une tonne de gaz
carbonique sera taxée 273 euros, l'émission d'une tonne de méthane 6.820 euros, l'émission
d'une tonne de protoxyde d'azote 81.300 euros, etc..

Cette taxe sur les émissions de carbone ou taxe carbone, également appelée fiscalité
carbone, ou « contribution climat-énergie », ou encore « prime d'assurance carbone » par ses
défenseurs est une proposition de taxe sur tous les combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz
naturel, etc...) avec un taux variable. Ce taux dépendrait principalement, voire exclusivement,
du contenu en carbone du combustible considéré et donc notamment des émissions de
dioxyde de carbone (CO2). Cette taxe serait en augmentation douce et progressive d'année en
année.

Cette mesure s'inspire des propositions faites dans les années 1920 par l'économiste
libéral néoclassique Arthur Cecil Pigou [PIGOU, 1920]110 et peut donc être qualifiée de
« taxe pigouvienne ».

La proposition a été reprise en France depuis quelques années et a envahi le débat


politique par son inscription dans les cinq propositions du Pacte écologique de Nicolas Hulot
[Comité de Veille Ecologique, 2006]111.

Le gouvernement français, à travers le Grenelle de l'Environnement, a décrété la mise


à l'étude de la taxe carbone ; cette taxe fait partie intégrante du Pacte écologique de Nicolas
Hulot, que tous les organisations politiques importantes ont par ailleurs signé en 2007,
pendant la campagne présidentielle. Récemment, lors d‟une visite d‟une usine de production
de pompes à chaleur (CIAT) dans l‟Ain, le président Français Nicolas SARKOZY a annoncé
officiellement la mise en place dès 2010 d‟une taxe carbone, compensée intégralement par des
baisses d'impôts, et destinée à encourager les Français à consommer plus propre pour lutter
contre le réchauffement climatique.

D‟autres pays appliquent déjà des fiscalités s‟inspirant d‟une taxation carbone.

La synthèse de ces mesures peut être proposée :

201
Année de
Pays dénomination Type de mesure Taux et effet
création
Baisse des autres taxes sur
la consommation des
Contribution tarifée
combustibles non
selon la quantité de
renouvelables (prix
Suède Contribution tarifée combustibles non 1991
consommateur invariant),
renouvelables
fortes exonération aux
consommée
industries (25 à 50 % des
taux)
L‟impôt s‟applique à tous
Taxation carbone à (administrations,
taux modulé selon le entreprises, ménages) A et
Danemark Taxe carbone NC
niveau d‟émission repose sur la quantité de
des produits en C02 combustibles et d‟électricité
consommée.
Taxes relevées Combustibles et électricité,
Taxes sur les (fausse taxation baisse intéressante de la
combustibles et carbone), taux non consommation mais à
Allemagne l‟électricité modulé en fonction 1999 attribuer également à la
des émissions de hausse du prix du baril et à
GES, charbon non la réévaluation du dollar
concerné. (1999-2001).
Dispositif mixte entre
Consommations des
taxe carbone et taxe
industries, des commerces
sur l‟énergie.
et du secteur public, les
Production
particuliers ne sont pas
Royaume d‟électricité nucléaire
Climate change levy 2001 concernés. (mais hausse des
Uni et hydraulique non
taxes sur les volumes
exclue, énergies
d‟hydrocarbures
renouvelables et co-
consommés de 5 à 6 % par
génération
an entre 1993 et 2000)
favorisées.

Tableau 78 : Proposition de synthèse des mesures des pays européens appliquant des
fiscalités ressemblant de près ou de loin à la taxe carbone française.

En résumé, la Taxe Carbone présente ainsi le triple avantage de lutter contre les
émissions de gaz à effet de serre, d‟anticiper la fin des énergies fossiles et de remplir les
caisses d‟un état, à l‟opposé de « la mise en place de normes ou de subventions incitatives qui
les vident. Bien qu’impopulaire, une taxe carbone correctement appliquée pourrait aider à
réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en contribuant au financement de notre
système social, sans brider l’économie » [HOURCADE, 2007]112.

La vraie question derrière l‟idée d‟une taxation carbone sur les produits et services, est
se savoir quel serait le montant et/ou la modulation à appliquer.

Il n‟existe pas de réponse unique: un prix élevé aurait tendance à faire doubler ou
d‟avantage le prix instantané perçu par les consommateurs des biens et services. Un prix trop
bas ne permettrait pas d‟infléchir les comportements de manière compatible avec la
diminution à atteindre. Un niveau de taxe élevé n‟est pas insupportable si la société s‟adapte
en conséquence.

Une modélisation macro économique indique même que l‟introduction d‟une telle taxe
est globalement neutre pour l‟économie [Commissariat au Plan, 2002]113.

202
Quelques exemples destinés à fixer les idées peuvent être donnés : par corrélation avec
le contenu carbone des biens et services1, l‟application d‟une taxe carbone estimation haute de
1500 € la tonne de carbone impliquerait :

Domaines concernés Surcoûts engendrés en €/an

Transport
A pieds, vélo, RER, train électrique 0€
Petite voiture ville (15000 km /an) + 1300 €
Grosse voiture ville (15 000 km /an) + 2500 €
Grosse voiture route (50 000 km /an) + 4400 €
Chauffage
Fioul + 3600 €
Gaz + 2800 €
Electricité
Centrales charbon + 10 500 €
Hydraulique 0€
Bois 0 € ou quelques euros
Alimentation
Bœuf et mouton + 12 € au kg chez le boucher
Poulet et porc + 1,5 € / kg
Farine + 0,30 € / kg
Oranges d‟espagne + 1 € / kg

Produits manufacturés ou services


Ordinateur avec écran plat + 500 €
Voiture d‟une tonne + 2200 €
Construction d‟une maison de 100 m² + 20 000 €

Tableau 79 : Simulation des augmentations de prix des biens et services liés à l‟application
en France d‟une taxe carbone de 1500 € la tonne de carbone (400 € la tonne de CO2).

Nous pouvons appliquer une taxation carbone aux systèmes constructifs étudiés i.e.
une menuiserie bois et une menuiserie PVC en modulant selon le niveau de taxation retenu :

Le contenu carbone équivalent (kq eq C) des deux systèmes constructifs est le


suivant :
- 63,6 kg eq C / m² pour une menuiserie PVC,
- et 23,5 kg eq C / m² pour une menuiserie bois.

A noter qu‟une menuiserie bois, selon les données fournies par la FDES « menuiserie
pin sylvestre » disponible sur INIES, n‟est composée que de 50 % de bois en masse.

Le bilan carbone réalisé montre que la balance entre les prélèvements et les émissions
de carbone liées à la matière « bois » est négative. Les prélèvements sont plus importants que
les émissions. Le bois utilisé pour la menuiserie peut donc être considéré comme un « puits de
carbone » quand il est issu de forêts gérées durablement et replantées après exploitation.

Une des conditions données par la méthode bilan carbone de l‟ADEME pour
considérer le bois d‟œuvre comme un puits de carbone est que la durabilité de l‟objet
contenant le bois soit supérieure au siècle ; s‟il s‟agit d‟un objet ayant une durée de vie limitée
(menuiserie par exemple) à 20 ou 30 ans, le carbone stocké dans le bois ne séjournera que
brièvement dans l‟objet et sera relâché dans l‟atmosphère (incinération en fin de vie).

1
Données issues de la méthode BILAN CARBONE de l‟ADEME.

203
Le bilan carbone de la menuiserie « bois » est pour toutes ces raisons tout de même
positif mais bien inférieur (23,5 kg eq C contre 63,6) à celui d‟une menuiserie PVC.

L‟application d‟une taxe carbone basse, moyenne et haute donne les surcoûts
d‟investissement suivants :

Contenu carbone eq
400 € la 1500 € la
(sur toute la DVT), 150 € la tonne
Taxe carbone tonne tonne d’eq
sources : FDES base d’eq C
d’eq C C
INIES

Menuiserie bois 23,5 kg + 3,52 € + 9,4 € + 35,25 €

Rappel : prix de vente


% par rapport au fourniture et main
prix de vente d‟œuvre 0,4 % 1,14 % 4,2 %
instantané « investissement
initial » : 821,13 €

Menuiserie PVC 63,6 kg + 9,54 € + 25,44 € + 95,4 €

Rappel : prix de vente


% par rapport au fourniture et main
prix de vente d‟œuvre : 1,9 % 5,1% 19,3 %
instantané « investissement
initial » : 493,66 €

Tableau 80 : Simulation des augmentations de prix de deux systèmes constructifs étudiés :


une menuiserie bois PEFC et une menuiserie PVC, avec l‟application en France d‟une taxe
carbone de différents niveaux

Pour une valeur moyenne de taxe carbone fixée à 400 € la tonne d‟équivalent carbone,
on obtient un surcoût de 9,4 € pour une menuiserie bois PEFC (1,14 % du prix de vente initial
matériel + main d‟œuvre) et un surcoût de 25,44 € (5,1 %) pour une menuiserie PVC.

La pondération par le critère environnemental « émissions de gaz à effet de serre /


pouvoir de réchauffement climatique équivalent et contenu carbone équivalent » est donc
significative et peut être prise en compte dans un calcul en coût global comparatif entre deux
systèmes constructifs simples étudiés, sur l‟ensemble de la DVT.

3.5.7 Indicateur sociétal : les heures de travail générées par la mise sur le marché des
systèmes constructifs, converties en nombre d’emplois équivalent (pondération 7).

L‟approche de qualilification de systèmes constructifs selon des indicateurs


« environnement et santé » présentée au paragraphe 2.2.4.2 du chapitre 1 « les typologies
d‟indicateurs » a été complétée par un volet sociétal qui a introduit le critère sociétal
concernant l‟impact sur l‟économie (locale ou non) de la mise sur le marché d‟un matériau ou
composant de construction.

Ce critère traduit en nombre d‟heures de travail équivalent (eq H) l‟ensemble du cycle


de vie du produit nécessaire à sa mise sur le marché :
- extraction des matières premières,
- transport primaire jusqu‟au site de production,
- process / fabrication,
- mise sur le marché (transport négociant ou direct chantier).

204
Il s‟agit bien du nombre d‟heures nécessaires à la fabrication et la mise sur le marché
du produit de construction étudié et non pas du nombre d‟heures nécessaires à la mise en
œuvre en phase chantier. Un produit de construction peut être fabriqué avec peu d‟heures de
main d‟œuvre et donc peu de salariés et nécessiter beaucoup d‟heures de main d‟œuvre pour
être mis en œuvre en phase chantier.

Les données disponibles relatives aux heures de main d‟œuvre nécessaires à la


fabrication / mise sur le marché de produits de construction sont très peu nombreuses tandis
que celles disponibles pour la formulation de devis par les professionnels de la construction
sont relativement nombreuses.

Les estimations d‟heures de main d‟œuvre nécessaires par unité de référence (en
général le m²) peuvent être trouvées sur les guides et base de données de prix de la
construction réactualisés tous les ans (ex Batiprix, annuel des prix, Batitel, prix maison …).

Une première étude du contexte socio-économique de le filière bois en Suisse, déjà


citée précédemment [LIGNUM, 2004], a permis de comparer une menuiserie bois à une
menuiserie PVC.

Le ratio est de 1 à 10 : 20 heures de travail générées par la production et la mise sur le


marché d‟une menuiserie « PVC », 200 heures de travail générées par la mise sur le marché
d‟une fenêtre bois PEFC.

D‟autres données sous formes directes ou de ratios sont très difficilement disponibles.
L‟enquête réalisée sur la filière bois en Suisse avec cas d‟application aux menuiseries
extérieures a nécessité près de 6 mois d‟investigations pour une filière de produits.

Le critère « heures de main d‟œuvre » n‟est ensuite pas exploitable directement en


terme de pondération du raisonnement en coût global.

Les heures de main d‟œuvre induisent d‟autres interrogations telles que :


- le travail en résultant est-il décent ou non ?,
- comment traduire ces heures en gains ou bénéfices ?,
- quel coût de revient applique t-on, notamment pour travailler sur un coût complet
précis ?,
- est-il pertinent de rapporter ces coûts de main d‟œuvre au coût de revient global du
produit et/ou au prix de vente public ou professionnel ?,
- quel est l‟impact en terme de communication socio-environnementale vis-à-vis des
consommateurs ?,
- et enfin faut-il coupler les indicateurs « heures de main d‟œuvre » et « sourcing
local » pour favoriser les circuits courts, les économies d‟énergie et les emplois
régionaux ou locaux ?.

L‟Institut Européen d‟Animation Socio-économique (IEAS) soutien un programme de


promotion de l‟habitat social dans l‟est du Cameroun en privilégiant « La réduction des
quantités des matériaux conventionnels ou importés au profit de ceux prélevés et transformés
localement qui sont socialement et culturellement acceptées » mais également « l‟utilisation
d‟une main d‟œuvre locale spécialisée formée qui réduit également le coût de la
construction ».

Se pose donc la question de savoir comment valoriser un indicateur simple mais en


fait élaboré et difficile à interpréter de manière vulgarisée à savoir « l‟heure de main
d‟œuvre » nécessaire à la fabrication / mise sur le marché d‟un produit de construction.

205
Une méthodologie intéressante a été développée en 2002 dans le cadre d‟un mémoire
de DPEA (Diplôme Propre aux Ecoles d‟Architecture) soutenu auprès de l‟école
d‟architecture de Grenoble [MARCOM, 2002]114 . Il s‟agit de la proposition d‟un indicateur
d‟Intensité Sociale (IS).

Partant du constat qu‟il peut être intéressant de « savoir quels matériaux et techniques
utilisées dans le secteur de la construction préservent le plus les emplois humains », un
indicateur doit permettre de représenter quelles techniques, à ressources énergétiques égales,
laissent la plus grande part au travail humain, l‟intensité sociale.

L‟unité de l‟indicateur d‟intensité sociale est le nombre d‟heures de travail humain


nécessaire à la fabrication, au transport, à la mise en œuvre du produit de construction,
rapporté à une unité de puissance de ressource énergétique consommée (énergie grise ou
contenu énergétique caché des produits et matériaux de construction). Deux autres indicateurs
sont utilisés : l‟énergie incorporée ou énergie grise et les émissions de gaz à effet de serre
(contenu carbone équivalent).

On peut reprendre les données disponibles pour les systèmes constructifs étudiés : une
menuiserie bois PEFC et une menuiserie PVC.

Intensité
sociale en
Traduction
Energie Emissions Heures de heures de
Heures de de
incorporée de GES travail pour la travail
travail pour l’indicateur
(énergie grise) (contenu production / (production
la mise en IS en jours
sur DVT, en carbone mise sur le et mise en
oeuvre travaillés
kwh / m² UF équivalent) marché œuvre) / kwh
générés
d’énergie
incorporée

Menuiserie 5 semaines
bois In 331,376 63,6 kg eq C 200 1,65 ou 1 mois
0,608
PEFC kwh/m²

Menuiserie
401,154 20
PVC 23,5 kg eq C 1,65 0,0539 2,7 jours
kwh/m²

Tableau 81 : Calcul de l‟indicateur d‟intensité sociale (IS) à partir d‟indicateurs sociaux et


environnementaux sélectionnés pour deux systèmes constructifs étudiés (menuiserie bois et
menuiserie PVC).

L‟indicateur d‟Intensité sociale donne donc :


- 0,608 heures de travail ou heures d‟emplois humains générées pour 1 kwh d‟énergie
incorporée pour les menuiseries bois.
- 0,0539 heures de travail générées pour 1 kwh d‟énergie incorporée pour les
menuiseries PVC.

Dix fois plus d‟heures d‟emplois humains sont générées pour 1 kwh d‟énergie incorporée
pour une menuiserie bois que pour une menuiserie PVC.

Une autre comparaison simple peut être effectuée : un litre de gasoil ou d‟essence contient
environ 10 kwh d‟énergie (puissance électrique d‟un chauffage de 1000 w qui fonctionne
pendant 10 heures). 1 kwh est donc la quantité d‟énergie contenue dans 0,1 litre de gasoil ou 1

206
décilitre de gasoil. Pour 1 décilitre de gasoil consommé (atteinte à l‟environnement égale en
termes de prélèvement de ressources et de nuisances occasionnées à l‟environnement), une
menuiserie bois PEFC laisse 0,608 heures de travail à l‟ouvrier alors qu‟une menuiserie PVC
laisse 0,0539 heures de travail.

On peut terminer le raisonnement de l‟intensité sociale en comparant le coût du travail


procuré par différentes énergies disponibles en France au premier semestre 2008.

En 2008, en France, un ouvrier du bâtiment coûte 33 euros de l‟heure, charges sociales et


frais généraux de l‟entreprise compris hors TVA.
Si l‟entreprise choisit d‟utiliser les services d‟un moteur, quel est le ratio entre d‟une part la
productivité du travail de l‟ouvrier et d‟autre part la productivité du travail produit par la
machine ?

Pour 30 euros hors TVA (arrondis), une entreprise peut acheter :


- une heure d‟ouvrier,
- 30 litres de gazole blanc,
- 42 litres de mazout rouge,
- 166 kwh d‟EDF.

Le « blanc » est utilisé dans les transports alors que le « rouge » est utilisé par les
machines de chantier et l'électricité par les machines d'usines et les petits outils de chantier.

Tous ces prix comportent des variables locales qui peuvent faire varier sensiblement les
résultats mathématiques mais ne changent pas vraiment l‟ordre de grandeur des ratios.

Dans le tableau présenté ci-dessous, la puissance mécanique de l‟humain est estimée à la


moitié du “ cheval-vapeur ” soit trois cent soixante huit watts. 1 humain = 368 watts, ou
0,368 kwatts.

Pour 30 euros, en France en 2008, il est 1 heure


166 kWh EDF 42 l de mazout 30 l de gazole
possible d‟avoir : d‟ouvrier
Contenu équivalent en kwh 166 420 kwh 300 kwh 0,368 kwh
Kilojoules “ disponibles ”1 597 600 1 512 000 1 080 000 1324,8
Rendement approximatif 80% 20% 20% 100%
Kilojoules “ efficaces ” 478 080 301 400 216 000 1324,8
Rentabilité financière
360 227 163 1
kj chimique / kj humain
Rentabilité monétaire y compris
amortissement entre 180,4 113,75 81,5 1
Kj chimique et kj humain

Tableau 82 : Rentabilité monétaire comparée de l‟humain et de la machine

Enfin, il est possible de comparer le coût du travail de différentes énergies en France,


rendement et amortissement prix en compte :

1
Conversion Kwh / kJ : 1 kwh = 3600 kJ

207
Figure 45 : Coût comparé du travail de différentes énergies en France (comprenant
rendement et amortissement), en 2008.

Si l‟énergie incorporée dans une menuiserie bois est 1 kwh d‟énergie humaine, elle
génère 0,608 heures de travail et coûte 71,43 €. 1 heure de travail humain destinée à la
fabrication d‟une menuiserie bois coûte donc 117,48 € (71,43 € / 0,608 h).

Si l‟énergie incorporée dans une menuiserie PVC est 1 kwh d‟énergie humaine, elle
génère 0,0539 heures de travail et coûte 71,43 €. 1 heure de travail humain destinée à la
fabrication d‟une menuiserie PVC coûte donc 1325 € (71,43 € / 0,0539 heures).
Le même raisonnement peut être appliqué avec l‟énergie gasoil et l‟énergie électrique.

Le ratio coût d‟une heure de travail humain entre une menuiserie bois et PVC est de
11,30.
Pour l‟énergie « gasoil » :11,31

 1 heure de travail générée par du gasoil destinée à la fabrication d‟une menuiserie


bois coûte 1 € (0,61 € / 0,608 h).
 1 heure de travail générée par du gasoil destinée à la fabrication d‟une menuiserie
PVC coûte 11,31 €.

Le ratio coût d‟une heure de travail gasoil entre une menuiserie bois et PVC est de
11,31.

Pour l‟énergie électrique : 11,45

 1 heure de « travail » générée par de l‟électricité en France (80 % nucléaire, 15 %


hydroélectricité) destinée à la fabrication d‟une menuiserie bois « coûte » 0,296 €
(0,18 € / 0,608 h).

 1 heure de « travail » générée par de l‟électricité en France (80 % nucléaire, 15 %


hydroélectricité) destinée à la fabrication d‟une menuiserie PVC « coûte » 3,339 €
(0,18 €/ 0, 0539).

208
Le ratio coût d‟une heure de travail gasoil entre une menuiserie bois et PVC est de
11,45.
En conclusion, quel que soit le type d‟énergie utilisée pour fabriquer les menuiseries
bois et PVC, l‟heure de travail nécessaire à la fabrication d‟une menuiserie PVC coûte
environ 11 fois plus cher que l‟heure de travail nécessaire à la fabrication d‟une menuiserie
bois.

3.5.8 Synthèse et conclusion

Nous avons donc présenté 7 possibilités de pondération qui permettent de caractériser


plus finement que par les « simples » « critères techniques, économiques et financiers décrits
au paragraphe 2.2.3, les systèmes constructifs étudiés :

- une menuiserie PVC représentant un système constructif conventionnel le plus


fabriqué, vendu et utilisé en France actuellement (80 % des parts de marché) pour
remplir la fonction de menuiserie extérieure,
- une menuiserie bois, en pin français certifié PEFC, identifiée, après analyse des
critères environnementaux et santé, comme éco-matériau ou éco-système de référence
pour remplir la fonction de menuiserie extérieure.

Parmi ces 7 pondérations, certaines sont applicables car significatives quant à leur
impact économique en terme de différenciation entre la menuiserie PVC et la menuiserie bois
PEFC. D‟autres sont écartées car non significatives ou trop imprécises quant aux conclusions
qui peuvent en être tirées.
La synthèse des 7 pondérations et des décisions liées applicables ou écartées peut être
réalisée ainsi :

Dénomination Indicateur principal Indicateurs secondaires Conclusion pour


différencier PVC / Bois
Pondération 1 Technique Performance thermique Temps de retour simple et Non significatif
Uw élaboré
Pondération 2 Réglementaire Points de solution Facteur solaire en % Non significatif
technique
correspondant à la RT
en vigueur
Pondération 3 Systèmes de Recours obligatoire aux Performances techniques Non significatif pour les
management de la éco-matériaux différenciantes des éco- systèmes constructifs
QEB / Certification matériaux par rapport aux étudiés
basse énergie solutions conventionnelles
(inertie, hygroscopicité,
non dégradation des
performances essentielles,
propriétés acoustiques)
Pondération 4 Utilisateurs finaux Aptitudes techniques Composants éco- Non significatif
déterminants
Pondération 5 Traitement des Quantité de déchets en Coûts de traitement des Non significatif
déchets fin de vie à traiter déchets
Pondération 6 Emissions de gaz à Contenu carbone Contribution climat énergie Significatif
effet de serre équivalent en cas de création d‟une
taxe carbone
Pondération 7 Heures de travail Intensité sociale Coût d‟une heure de travail Significatif
générées générée par l‟utilisation
d‟une énergie (mécanique
ou humaine) en France

Tableau 83 : Synthèse des pondérations étudiées et choix d‟utilisation pour la comparaison


des systèmes constructifs étudiés

209
Au final, seules 2 pondérations parmi les 7 proposées sont significatives car elles
permettent de compléter efficacement la différenciation technique, économique, financière
mais aussi environnementale et santé proposée aux paragraphes précédents :

- les émissions de gaz à effet de serre « taxées » par une contribution climat (qui
n‟existe pas aujourd‟hui en France).
- l‟intensité sociale générée par le choix de tel ou tel système constructif.

Il est important de remarquer que les autres pondérations proposées, non significatives
pour différencier les systèmes constructifs étudiés, peuvent l‟être, pour d‟autres systèmes
constructifs, significatifs. Le raisonnement est à reprendre pour chaque catégorie de système
constructif étudiée.

3.6 Agrégation des résultats


Nous pouvons désormais proposer une agrégation des résultats liée à la comparaison
des systèmes constructifs étudiés, une menuiserie PVC et une menuiserie bois PEFC, selon la
méthodologie développée précédemment.

3.6.1 Hypothèses préliminaires

La base de notre raisonnement est de reprendre la classification proposée :

 classification des systèmes constructifs étudiés :

Fenêtre PVC Fenêtre bois certifiée FSC


Type de matière première Primaire Primaire
matières Synthétiques Naturelles
Science des matériaux Composites Organiques
Application et usages Application moderne Application moderne et traditionnelle
Matériaux de terrain Matériau de protection Matériau de protection
Classement général Matériau du second oeuvre Matériau du second oeuvre
Uniclass
G G 26 Frame/isolated structural G26 Frame/isolated structural
members members
J JL - Windows/Doors/Stairs
JL -Windows/Doors/Stairs
N N3 - Performance N3 - Performance

On ajoute une aptitude à remplir une fonction c'est-à-dire un usage donné ou une
« unité fonctionnelle », avec une description précise des composants :

 Unité fonctionnelle associée et composants :

Unité Système Fonction Classifica Corps DTU Descriptif et Composants1


fonctionnelle constructif tion d’état
type Uniclass
« Ouverture de
bâtiment » Descriptif fenêtre PVC :
Fenêtre PVC Croisée standard ouvrante à la
- Thermique
C1-1 & C1-4 ou Fenêtre Menuiseries 36 et française 1 vantail ht 115 x 80
de l‟enveloppe G 26
Assurer la bois certifié extérieures 37 cm, en PVC blanc ép. 60 mm,
- Infiltrations
fonction d’un m² PEFC vitrage isolant 4-16-4 faible
de surface émissivité. Ferrage paumelles,
d’ouverture crémone à galets 3 points,

1
Selon Batiprix – Le Moniteur, 2008 www.batiprix.com

210
d’un bâtiment, poignée époxy. Fixations et pose
par une fenêtre sur fond de joint et joint
type ou porte d'étanchéité.
fenêtre type, sur
une durée de vie Descriptif fenêtre bois : fenêtre
typique de 30 croisée standart ouvrant à la
ans, avec les française, 1 vantail, oscillot
performances battant, de ht 145 x 90 cm en
thermiques chêne massif français, ep 56 mm
minimales Uw (ouvrant), double vitrage 4-46-4
< 2,6 w/m².k et faible émissivité argon, poignée
acoustiques Ra non comprise
tr< 30 db
(conformité
NRA) Composants fenêtre PVC : PVC
(Sable, calcaire, sel -chlore),
verre, acier

Composants fenêtre bois : Bois


éco-certifié (pin sylvestre)
origine France (22 % de la
réserve de résineux français),
ressource renouvelable
(prélèvements < renouvellement
annuel)

On précise des critères techniques complémentaires liés à la mise en œuvre : les


heures de main d‟œuvre associées à la mise en œuvre par une entreprise du bâtiment de
l‟unité fonctionnelle et un nombre théorique de remplacements de tout ou partie du système
constructif étudié pour qu‟il maintienne ses performances sur la durée de vie typique étudiée.

 Critères techniques complémentaires : heures de main d‟œuvre et nombre de


remplacements :

Systèmes
constructif C1-1 Menuiserie Bois PEFC C1-4 Menuiserie PVC
s
Heure de main
1.2
d’œuvre
Mise en œuvre du
1,65 heure 1,65
système constructif
Maintenance 0 0,5
fonctionnement 1 0
DVT (sources :
1.3 30 ans 30 ans
fabricants)
Remplacements /
1.4 0 sur DVT 1 sur DVT
Maintenance

On complète les critères techniques par des critères économiques liés aux coûts des
systèmes étudiés :

 Critères de coûts : Coûts « matériel », coûts ou prix de vente par l‟entreprise


(matériel + main d‟œuvre), coûts de maintenance, coûts de fonctionnement et
coûts totaux : synthèse du tableau 54.

211
Systèmes
C1-1 C1-4
constructifs
Coût
2.1 « matériaux »d’une 514,42 € 294,26 €
unité fonctionnelle
Coût de vente ou
« prix de vente » ou
2.5 coût 821,13 € 493,66 €
d’investissement
initial (11%)
Coût de
2.6 0€ 510,19 €
maintenance

Coûts de
2.7 61,74 € 0€
fonctionnement
Coût global ou
2.8 total (2.5 + 2.6 + 882,87 € 1003,85 €
2.7)
Surcoût initial
(différence des coûts 327,47 € RAS
de vente)

Coût évité brut


2.9 (Coût total C1-4 – 120,98 €
C1-1)

On complète enfin le raisonnement par les pondérations applicables mises en évidence


aux paragraphes 3.5.6 et 3.5.7. Deux pondérations parmi les 7 développées sont applicables
pour caractériser les systèmes constructifs étudiés (applicables au sens pertinentes) : une
pondération relève de critères environnementaux, les émissions de gaz à effet de serre ; une
autre pondération relève de critères sociétaux, les heures de travail générées.

Conclusion pour
Indicateur
Dénomination Indicateurs secondaires différencier PVC /
principal
Bois
Contenu Contribution climat énergie
Emissions de gaz à
Pondération 6 carbone en cas de création d‟une taxe Significatif
effet de serre
équivalent carbone
Coût d‟une heure de travail
Heures de travail Intensité générée par l‟utilisation
Pondération 7 Significatif
générées sociale d‟une énergie (mécanique ou
humaine) en France

 Critère « environnemental » : émission de C02 liées et équivalent € avec


simulation d‟une taxe carbone à 400 € la tonne de C02 .Tableau 74 :

Taxe carbone
Contenu carbone eq (sur toute la DVT),
Taxe carbone équivalente : pour 400
sources : FDES base INIES
€ la tonne d’eq C

Menuiserie bois 23,5 kg + 9,4 €

Menuiserie PVC 63,6 kg + 25,44 €

212
 Critère sociétal : heures de travail générées et indicateur d‟intensité sociale (IS).
Tableau 75 :

Energie
incorporée Intensité sociale en heures de travail Traduction de l’indicateur
(énergie grise) (production et mise en œuvre) / kwh IS en jours travaillés
sur DVT, en d’énergie incorporée générés
kwh / m² UF

Menuiserie
bois In 331,376 5 semaines ou 1 mois
0,608
PEFC kwh/m²

Menuiserie
401,154
PVC 0,0539 2,7 jours
kwh/m²

3.6.2 Proposition d’une méthode d’agrégation : le langage commun « € »

Comme précisé à de nombreuses reprises, l‟objectif de notre raisonnement est de


proposer une agrégation simplifiée de l‟analyse technique, économique et financière d‟éco-
matériaux par rapport à des solutions conventionnelles, en agglomérant au final les
indicateurs en ratio simplifié « coûts / bénéfices ».

Nous reprenons donc l‟ensemble des coûts des deux solutions sur leur durée de vie
typique ainsi que l‟ensemble des bénéfices identifiés.

Pour les coûts, nous avons donc :

Menuiserie Bois Menuiserie PVC


PEFC
Coût total sur DVT (€ HT) 882,87 € 1003,85 €
Taxe carbone liée au contenu Eq C 9,4 € 25,44 €
Coût d‟une heure de travail (énergie humaine)
destinée à la fabrication du système 117,48 € 1325 €
constructif
Total coûts 1009,75 € 2354,29 €
Rappel : surcoût initial 327,47 €

Tableau 84 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés

Pour les bénéfices :

Menuiserie Bois Menuiserie PVC


PEFC
Crédit d‟impôt « matériel » (base 2008, 40 %
306 € 175 €
coût du matériel HT), année N+1
Economie de taxe carbone 16,04 € 0€
Economie de coûts sur DVT 120,98 € 0€
Total bénéfices sur DVT 443 € 175 €
Bénéfices théoriques par an (pour 30 ans
14,76 € 5,83 €
de DVT)

Tableau 85 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés

Le surcoût initial de 327,47 € est, en analyse simple, lissé en 327,47 / 14,76 = 22


années, compte tenu des bénéfices dégagés par année pour l‟ensemble de la DVT.

213
En réalité, le crédit d‟impôt octroyé en année N+1 pour la menuiserie bois PEFC vient
lisser au bout de deux ans le surcoût initial.
La quatrième année, le restant de surcoût est lissé : 327,47 – 306 = 21,47 € et 14,76 x 2 =
29,52 €.

Le ratio coûts / bénéfices pour une menuiserie bois PEFC est de 1009,75 / 443 soit
2,279. Le ratio coûts / bénéfices pour une menuiserie PVC est de 2354,29 / 175 soit 13,45.

Menuiserie Bois PEFC Menuiserie PVC


Ratio coûts /
2,279 13,45
bénéfices
Interprétation >1 >1

Tableau 86 : Ratios coûts / bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés

En analyse financière simple, le ratio coûts / bénéfices du projet d‟investissement


« menuiserie bois » ou « menuiserie PVC », qui exprime un retour sur investissement, n‟est
pas considéré comme rentable puisqu‟il est supérieur à 1.
Nous avons pourtant vu précédemment que le temps de retour simple n‟était pas celui
qu‟il fallait considérer pour évaluer précisément la rentabilité d‟un investissement, compte
tenu de paramètres externes (taux d‟actualisation des valeurs monétaires, évolution du prix de
l‟énergie…).

Le temps de retour élaboré devrait ainsi être privilégié.

Pour autant, le ratio coûts / bénéfices de la menuiserie bois PEFC est 7 fois moins
élevé que celui de la menuiserie PVC.

3.6.3 Résultats de l’agrégation financière

Le ratio coûts / bénéfices d‟une menuiserie bois PEFC, considérée comme un système
constructif relevant de l‟éco-construction, est 6 fois moins élevé que celui d‟une menuiserie
PVC considérée comme un système constructif conventionnel.

3.7 Conclusions
Compte tenu des indicateurs renseignés et des pondérations effectuées,
l‟investissement dans une menuiserie bois PEFC considérée comme « éco-matériau » est donc
6 fois plus rentable que l‟investissement dans une menuiserie PVC.

Le raisonnement suivi pour comparer les deux systèmes constructifs « menuiseries


extérieures » étudiés doit être appliqué avec des spécificités pour chaque catégorie, les
pondérations pouvant être différentes et donc significatives ou non.

Il est important de noter le poids prépondérant de l‟indicateur « nombre de


remplacements sur DVT », impactant directement le coût de maintenance du système
constructif « menuiserie PVC » étudié. Il est admis qu‟une menuiserie PVC doit être changée
(tout ou partie) 1 fois sur une durée de vie typique de 30 ans et que sa durée de vie réelle est
donc de 15 ans.

214
CHAPITRE 4

Choix d’éco-matériaux régionaux et application aux


solutions constructives identifiées

215
Chapitre 4 : Choix d’éco-matériaux régionaux et application aux solutions
constructives identifiées

4.1 Introduction
Terreau fertile de naissance et d‟expérimentation des démarches françaises de
développement durable, le Nord Pas De Calais, première région française ayant initié les
démarches territoriales d‟Agendas 21 et premier niveau d‟investissement dans le secteur de
l‟environnement dans l‟hexagone, expérimente les démarches de qualité environnementale
dans la construction depuis le début des années 1990 et concentre de manière croissante dans
ce secteur des acteurs mobilisés par la production, la diffusion et l‟utilisation d‟éco-matériaux.

La demande en éco-matériaux, remarquable en valeur absolue par rapport à celle


d‟autres régions françaises, bénéficie d‟une croissance régulière et soutenue depuis le début
des années 2000, comme en atteste le nombre de mises en chantier de bâtiments à maîtrise
d‟ouvrage publique conformes au référentiel « HQE® », et dans une moindre mesure, les
appels d‟offres ou mises en chantier de bâtiments « HQE® » par la maîtrise d‟ouvrage privée
ainsi que le développement d‟ auto-constructions alternatives.

Ce dynamisme relatif de la demande régionale ne rencontrait cependant pas jusqu‟en


2005 d‟offre adaptée, l‟état des lieux initial ayant même conduit à établir une « cartographie »
restreinte de l‟offre régionale d‟éco-matériaux, notamment pour les éco-matériaux élaborés et
fabriqués au niveau local et/ou à partir de ressources locales - matières primaires ou
secondaires-.

Les principaux facteurs limitant l‟utilisation d‟éco-matériaux sont tout d‟abord


l‟impossibilité de traiter avec des fournisseurs habituels, toute complexité supplémentaire
dans les procédures normales d‟approvisionnement étant vécue comme susceptible de
provoquer des défaillances en cascade.

Vient ensuite le manque de visibilité en matière de réapprovisionnement, service après


vente et surtout d‟assurance produit, conditionnée par l‟obtention de normes et agréments
techniques.

Concernant l‟approche économique, l‟existence de prix souvent plus élevés que des
matériaux classiques, du simple fait de volumes restreints, de la méfiance des consommateurs
et de l‟éloignement des filières d‟approvisionnement (le coût transport est difficilement
négociable), impacte fortement le coût global.

Les critères de sélection des projets sont aussi trop souvent basés sur l‟économique
(haut et bas de bilan) et intégrant peu les impacts environnementaux des projets étudiés, les
raisonnements en coûts complets incluant les coûts évités et donc au final les matériaux
utilisés.
Les informations environnementales et sanitaires des produits sont peu lisibles pour
les consommateurs finaux, professionnels ou particuliers et les impacts environnementaux
sont difficiles à caractériser et évaluer.

Enfin, les informations permettant de bâtir et d‟utiliser des argumentaires techniques,


économiques et financiers simples pour vendre le concept aux clients intermédiaires (artisans
du BTP par exemple) ou finaux (particuliers, maîtrise d‟ouvrage publique ou privée)
manquent indéniablement.

216
Ces facteurs limitant l‟utilisation d‟éco-matériaux ont contribué par simple effet de
chaîne à une moindre utilisation en volume de ces matériaux et à une moindre importation ou
production d‟éco-matériaux, ce qui limitait l‟activité économique liée sur le territoire du Nord
Pas-de-Calais, la création ou le développement d‟activités nouvelles et donc la création
d‟emplois induite sur toute la filière.

Au-delà du débat sur la définition et la reconnaissance ou non de l‟existence d‟éco-


préférences « matériaux » (une entreprise engagée dans une démarche de certification
environnementale du type ISO 14000 peut-elle être soupçonnée de fabriquer et mettre sur le
marché des « éco-produits » ?), les fabricants de matériaux, semi-produits et produits de
construction pouvant manifestement contribuer à la qualité environnementale étaient très
minoritaires au regard des sociétés de service et des établissements institutionnels censés
favoriser ou faciliter leur utilisation.

Cette pyramide inversée peut être partiellement analysée comme le reflet de


l‟évolution de notre société vers une société d‟activités tertiaires substituant progressivement
les services aux activités de production.

Enfin, le décollage économique de ces éco-matériaux, annoncé en France au début des


années 1980 et faisant suite aux chocs pétroliers successifs, à l‟augmentation soudaine du
cours des énergies fossiles et à l‟émergence des premières démarches de constructions
bioclimatiques conduites sous l‟impulsion de quelques architectes précurseurs, ne s‟est pas
produit avant les années 2000. Dans le même temps, il s‟opérait dans des pays plus nordiques
tels l‟Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark.

Les éco-matériaux y représentent d‟ailleurs actuellement des parts de marché plus que
significatives, supérieures à 10 % du marché global des matériaux de construction alors qu‟en
France on éprouve des difficultés à les quantifier en pour cent.

Au delà des facteurs économiques, industriels et/ou de recherche et développement, ce


sont également les conditions socioculturelles qui ont conditionné et favorisé cette émergence,
les populations des pays nordiques étant beaucoup plus « éco-sensibilisées » que les
traditionnels latins.

En dépit de ces freins, la région Nord Pas De Calais s‟inscrit depuis 2005 comme
territoire test au niveau national, de la production – distribution d‟éco-matériaux de masse
pour le marché français. Un certain nombre de facteurs ont favorisé cette conversion :

Au niveau national :

- L‟émergence de la thématique des matériaux bio-sourcés à moindre impact unitaire


environnemental, dans le contexte global des économies d‟énergie massives
préconisées par le Grenelle de l‟Environnement.

- La création en 2008 par le CSTB d‟un « pass innovation » pour caractériser


rapidement et à moindre coût les performances de matériaux et produits dits
« alternatifs », plutôt bio-sourcés, avec la création d‟un groupe de travail spécifique
aux matériaux bio-sourcés au CSTB en février 2008.

- L‟arrivée du label de performance énergétique « basse consommation d‟énergie »


(BBC 2005) couplé à l‟utilisation de matériaux et techniques moins « impactants ». Le
label « bâtiment à énergie positive », annoncé pour s‟appliquer à tous les bâtiments

217
neufs dès 2012, devrait valoriser les matériaux et produits à faible contenu énergétique
et carbone.

- La réflexion en cours pour la création d‟un label « matériaux bio-sourcés » porté par la
Direction Générale de l‟Urbanisme et de l‟Environnement au Ministère du Logement,
sensé favoriser l‟octroi de crédits et subventions futurs dédiés à l‟usage et à la
prescription de matériaux bio-sourcés.

Au niveau régional :

- L‟existence d‟une aide émanant du Conseil Régional et de la Direction Régionale de


l‟Industrie, sous forme d‟action collective permettant l‟obtention d‟avis techniques
CSTB pour des éco-matériaux / éco-techniques développés en Nord Pas De Calais.
Cette procédure permet de financer 80 % du montant de procédures de certification
par des fonds publics, sous forme de subventions.

- La proximité de marchés émergents et matures autour des thématiques de l‟éco-


construction. L‟étude commandée par le CD2E en 2004-2005 concernant la
caractérisation de filières nord européennes de production – distribution d‟éco-
matériaux, a contribué à améliorer la connaissance des marchés de proximité
(Belgique, Pays Bas, Allemagne) et à favoriser les connexions avec les acteurs de ces
marchés.

- La naissance de concepts innovants de distribution d‟éco-matériaux et éco-techniques


(énergies renouvelables) à destination du marché de la réhabilitation thermique et
environnementale de l‟habitat existant :

o Kbane « la maison durable »1, concept porté par ADEO, la maison mère
d‟AUCHAN. Le premier magasin « test » a ouvert ses portes début 2009 à
Villeneuve d‟Ascq en métropole Lilloise. Le concept est entièrement dédié aux
alternatives « vertes » dans le secteur de l‟habitat. Ainsi, pour le
choix « matériaux d‟isolation thermique », ne seront disponibles que les fibres
de bois, ouates de cellulose ou autres matériaux bio-sourcés. En sont
naturellement exclus, les matériaux conventionnels notamment laines
minérales.

o Maison-plus-écologique.com2, concept identique à celui de KBANE hormis


l‟absence d‟enseigne magasin physique dédiée, porté par le réseau CAMIF
habitat. Le marché visé par le réseau CAMIF Habitat est celui de la
performance thermique en rénovation avec utilisation de matériaux et
techniques plus respectueux.

o SALOLA environnement, concept de distribution d‟éco-matériaux sur la


typologie d‟une plate forme dédiée à la vente de solutions sélectionnées pour
des professionnels de la construction : produits d‟étanchéité à l‟air, fibres de
bois isolantes, toitures végétalisées. Le même concept a été développé en
région Alsace par un spécialiste des produits bois « AGEKA », via l‟enseigne
BATIMIEUX3.

1
KBANE, la maison durable, voir www.kbane.com
2
Maison plus écologique : www.maison-plus-ecologique.com
3
BATIMIEUX : www.batimieux.com

218
- Le verdissement des grandes surfaces de bricolage (GSB) et développement de
stratégies de référencement de produits et solutions vertes chez les deux leaders du
marché du bricolage en France, Castorama et Leroy Merlin, dont les sièges sociaux
sont tous deux implantés en région Nord Pas De Calais.

- La progression très importante en volume du marché des blocs monomurs à isolation


répartie (5000 tonnes vendues en 2001, 55 000 en 2005), blocs considérés comme
relevant de l‟éco-construction par comparaison au système constructif conventionnel
blocs parpaings / isolant laine de verre.

La région Nord Pas-de-Calais présente même la particularité depuis 2007 de regrouper


trois fabricants de blocs monomurs différents : le monomur pierre ponce à Dunkerque, le
monomur terre cuite à Hulluch à proximité de Lens et le plus gros four à autoclave pour béton
cellulaire d‟Europe à Valenciennes.

Enfin, la région Nord Pas De Calais profite de son emplacement géographique au


cœur de l‟Europe du Nord Ouest et bénéficie des flux de matériaux et produits de
construction en provenance des « pays producteurs » (France, Allemagne, Suisse, Autriche,
Europe de l‟Est) et à destination des marchés émergents, notamment pour le développement
d‟éco- produits : France, Grande Bretagne, Wallonie.

Poussée par les organismes de promotion de la filière éco-matériaux, l‟innovation


d‟éco-différenciation émane également des PME-PMI du Nord Pas de Calais pour le secteur
des produits et matériaux de construction. Un recensement sélectif mené par le CD2E entre
2005 et 2008 a permis d‟identifier seize de ces produits (tableau 29 chapitre 1, paragraphe 5-
4), repris ci- après :

Corps
N° Nom Type
d’état
1 GO Cellumat Bloc béton cellulaire
2 GO Porotherm Bloc monomur terre cuite
3 GO Cogetherm Bloc monomur de pierre ponce
4 SO Cogebloc Enduit pierre ponce et chaux hydraulique
Brique de terre
5 GO Brique de terre crue compressée non cuite (vente avant cuisson)
crue
6 GO Novaplaque Plaque de pvc micronisé, recyclé et mélangé avec une charge de bois
7 GO Terca Briques de terre cuite avec déchets de terrils incorporés
8 GO Chaux Chaux NHL
9 GO BTC Brique de terre crue stabilisée à la chaux hydraulique
10 SO Métisse Isolant à base de textile recyclé
Abrilaine /
11 SO Isolant à base de laine de mouton origine française
Panolaine
12 GO Plancher cloué Plancher cloué en bois non traité, issu des forêts de la côte d‟opale
Portes en bois massif non traité, certifié PEFC, utilisation de colles
11 SO Portes bois massif
faiblement émissives
Bardage en aulne du nord pas de calais, non traité, scié et raboté
12 GO Bardage Aulne
traditionnel
Menuiseries extérieures / intérieures, démarche Menuiseries 21, bois
13 SO Menuiseries
certifié PEFC non traité, colles faiblement émissives.
GO & Coproduits du lin (paillettes courtes), matière fibreuse végétale, parfois
14 Anas de lin
SO appelé « petit bois »
15 SO Laine de lin Fibre de lin pour l‟isolation
Bottes de pailles de céréales comprimées spécifiquement pour la
16 GO Botte de paille
construction

Tableau 87 : Présentation synthétique des éco-matériaux présumés fabriqués en région Nord


Pas de Calais.
219
4.2 Hypothèses de choix d’éco-matériaux régionaux et application de la
méthodologie à des systèmes constructifs
4.2.1 Identification et choix d’éco-matériaux régionaux et de systèmes constructifs
traditionnels / éco-construits

Sur la base de la définition consensuelle des éco-matériaux et à partir de la liste des


systèmes constructifs majeurs correspondant aux unités fonctionnelles principales associées
aux déperditions thermiques majeures, nous pouvons répartir les éco-matériaux du tableau
précédent qui correspondent aux unités fonctionnelles majeures et systèmes constructifs
suivants :
Unité Système Système Système Système Système constructif 5
fonctionnelle constructif 1 constructif 2 constructif 3 constructif 4
A0 Mur porteur Mur - Plancher BTC terre crue chaux /
sans isolation bois massif BTC terre crue
rapportée cloué BMC compressée
A1 Mur porteur à Mur monomur
isolation répartie Mur monomur Mur monomur béton cellulaire
pierre ponce terre cuite Mur mono-mur
terre cuite
A2 Isolation
Isolant botte de
thermique Isolant métisse Isolant laine de Isolant laine de
paille de
rapportée sur textile recyclé mouton lin
céréales
mur
A3 Bardage et Bardage plaque
Bardage bois
vêture PVC micronisé
aulne régional
recyclé
B1 Isolation
thermique de Isolant métisse Isolant laine de Isolant laine de Isolant botte de
Anas de lin en vrac
toiture textile recyclé mouton lin paille de
céréales
B2 Couverture de Plaques PVC
toiture micronisé
recyclé
B3 Structure de Rampant bois massif
toiture cloué (idem A0-4 mais
section plus
importante) BMC
C1 Ouverture de Fenêtre bois Porte en bois massif
bâtiment PEFC régional PEFC sans
menuiseries 21 colles
D1 : Rupteur de Planelle isolante
pont thermique pierre ponce
E0 : Dalle Dalle porteuse
porteuse constituée de
plancher bois
massif cloué de
120 à 170 mm ep,
en bois local
cloué BMC,
portée 6 à 7 m

Tableau 88 : Croisement des systèmes constructifs majeurs reliés aux unités fonctionnelles
des principales déperditions thermiques identifiées dans un bâtiment, avec les éco-matériaux
régionaux fabriqués en région Nord Pas De Calais.

220
Après l‟essai de notre méthodologie d‟analyse sur un système constructif simple et ne
résultant pas, pour remplir une fonction, de l‟assemblage de différents matériaux ou produits
de construction, à savoir une menuiserie bois PEFC comparée à une menuiserie PVC, nous
proposons d‟appliquer notre raisonnement à un système constructif élaboré à partir:

- de matériaux conventionnels disponibles couramment sur le marché de la construction


/ distribution en Nord Pas De Calais, et depuis longtemps utilisés pour leur caractère
de « traditionnalité » et leur coût considéré comme faible.

- d‟éco-matériaux présumés identifiés au préalable par le CD2E sur la base de critères


environnementaux et sanitaires simplifiés (tableau 81), fabriqués en région Nord Pas
De Calais et de plus en plus utilisés et prescrits dans le cadre de systèmes alternatifs
aux modes constructifs traditionnels français, notamment en raison des performances
présentées en matière de contribution à la performance hygrothermique des ouvrages.

Le système constructif retenu assure plusieurs fonctions essentielles en terme de


durabilité et de pérennité de l‟ouvrage ainsi qu‟en terme de performances hygrothermique et
environnementale.

Un m2 de rampant de toiture se décompose comme suit :

1-Un parement intérieur, avec ses éléments associés, assurant une fonction esthétique, de
complément d‟isolation thermique et parfois d‟étanchéité à l‟air et à la migration de vapeur
d‟eau.
2-Une étanchéité à l‟air et une résistance à la diffusion de vapeur d‟eau contenu dans l‟air
intérieur chauffé.
3-Des éléments porteurs structurels, de reprise d‟efforts dûs au vent et de stabilité
dimensionnelle de l‟ouvrage.
4-Une isolation thermique adaptée pour le confort d‟hiver et d‟été, et donc la réduction
des déperditions thermiques et des consommations énergétiques pour une température de
confort donnée à 19°C.
5_Un écran ou panneau d‟étanchéité ponctuelle à l‟eau, d‟étanchéité permanente au vent
extérieur (film ou panneau pare pluie) et d‟ouverture à la diffusion de vapeur.
6-Un espace technique porteur d‟éléments de couverture et assurant une réservation pour
la ventilation sous face des éléments de couverture.
7-Des éléments de couverture assurant la fonction d‟étanchéité permanente à l‟eau, la
protection et la pérennité de l‟ouvrage.

Le système rampant de toiture considéré comme conventionnel est celui présenté dans
les documentations techniques de référence des solutions bois du Centre Technique pour le
Bois et l‟Aménagement CTBA, n° 302.01 dénommé « Toitures inclinées » - caractéristiques.

Une coupe verticale du système constructif est présentée ci-après :

221
Figure 46 : Proposition de coupe verticale du système constructif « rampant de toiture
conventionnel type fermette industrielle ».

Le système rampant de toiture considéré comme éco-construit est celui conçu par
l‟entreprise Scierie Palettes du Littoral (SPL) à Audruicq (62), SCOP d‟insertion spécialisée
dans la production de palettes de bois hors standard et constructeur de maisons écologiques en
logement social.
Le système constructif SPL – Chênelet repose sur l‟association de planches de bois de
faibles sections constituant, une fois clouées entre elles, des murs, planchers et rampants
porteurs isolés par l‟extérieur en ouate de cellulose insufflée, éco-matériaux le plus proche en
terme d‟accessibilité prix, des isolants minéraux premier prix.
Une coupe verticale du système rampant bois massif cloué est présentée ci-après :

Figure 47 : Proposition de coupe verticale du système constructif « rampant de toiture bois


massif cloué », type SPL Chênelet.

222
En terme de performance thermique, ces deux systèmes constructifs sont proches des
valeurs réglementaires seuil de la RT 2005 ; l‟épaisseur d‟isolation considérée est
volontairement identique (120 mm d‟isolant épais) pour simplifier la comparaison. Pour
satisfaire les exigences de démarches et labels plus performants (bâtiment basse
consommation, Minergie, Maison passive), 80 à 100 mm d‟isolation, souvent en couche
croisée, est nécessaire, soit un U global paroi d‟au maximum 0,20 W/m2K.

4.2.2 Application de la méthodologie et de l’outil d’aide à la décision au système


constructif élaboré à partir d’éco-matériaux régionaux.

Nous pouvons appliquer le raisonnement de classification qui permet de comparer les


systèmes constructifs entre eux, selon un classement scientifique et opérationnel de leurs
composants.

Rampant fermettes industrielles Rampant bois massif


Type de matière
Primaire Primaire et secondaire
première
Matières Naturelles, artificielles et Synthétiques Naturelles, artificielles et synthétiques
Science des matériaux Minéraux, organiques et Composites Organiques et composites
Application et usages Application moderne Application moderne et traditionnelle
Matériaux de terrain Matériau de construction et de protection Matériau de construction et de protection
Classement général Matériau du gros œuvre et second oeuvre Matériau du gros œuvre et second oeuvre
Uniclass
G 24-G312 Roofs / Roofs coverings G24-G312 Roofs / Roofs coverings
G
J JB – 11 Prefabricated building units
JJ-waterproofing JH-21 Timber weatherboarding
JJ waterproofing
N N311 overall strength stability N311 overall strength stability
N3114 - Thermal loading N3114 - Thermal loading

Tableau 89 : Comparaison des systèmes constructifs selon le système de classification retenu.


Les systèmes constructifs identifiés peuvent être mis en évidence par :

- une solution constructive majeure : une fonction et une classification,


- une appartenance à un corps d‟état,
- une définition d‟une unité fonctionnelle.

Les unités fonctionnelles correspondant au système constructif « rampant de toiture » sont


les suivantes (tableau 33 paragraphe 2-1) :

B1 « Assurer une fonction d’isolation thermique sur 1 m2 de toiture sous forme de panneau
semi rigide ou rouleau, ignifugé, d’épaisseur 100 mm, mis en œuvre sous un revêtement
d’étanchéité (pare pluie) pendant une annuité et sur une durée de vie typique de 50 ans ».

B2 « Assurer la fonction de couverture de 1 m2 de toiture pendant une annuité ».

B3 « Assurer la fonction de supporter des éléments de plancher ou toiture pendant une


annuité représentant un volume de bois lamellé collé de 0,28 m3 ».

F1 « Assurer la fonction de frein vapeur sur 1 m2 en assurant une étanchéité à diffusion de


vapeur d’eau variable (0,3 à 20 m) sur toiture chevrons classique pendant une annuité ».

Les différents matériaux constituant ces unités fonctionnelles sont nombreux, les systèmes
constructifs sont connus et font référence à une documentation technique unifiée (DTU) :

223
- Charpentes en bois assemblées par connecteur métallique ou gousset (DTU 31.3).
- Couvertures (DTU 40).
- Règles de calcul et de conception des charpentes bois (CB 71).
- Calcul des structures bois Eurocode 5 (EC 5).
- Réglementation thermique (RT 2005).
- Nouvelle réglementation acoustique (NRA).
- Méthode de justification par le calcul de la résistance au feu des structures bois (BF
88).

Les rampants de toiture isolés et étanches à l‟air et à l‟eau sont alors décomposés comme
suit :

Unités fonctionnelles Système Fonction Classification Corps d’état DTU Descriptif et Composants1
constructif Uniclass
type

Descriptif rampant
industriel: fourniture et
mise en œuvre d‟éléments
B1 « assurer une de ferme industrielle en
fonction d’isolation bois massif, assemblés par
thermique sur 1 m2 de connecteurs métalliques,
toiture sous forme de épaisseur 45x122 entraxe
panneau semi rigide ou de 600, classe 2, avec
rouleau, ignifugé, isolant 120 mm laine de
d’épaisseur 100mm, mis verre, pare vapeur sans
en œuvre sous un scotch, parement plâtre sur
revêtement d’étanchéité rail métallique et panneau
(pare pluie) pendant une pare pluie type OSB 3 12
annuité et sur une durée mm, lattage 27x40 mm bois
de vie typique de 50 massif classe 2. Up = 0,257
ans », W/m2K.
- effet
structurel
B3 « assurer la fonction Composants rampant
- thermique -Couverture /
de supporter des industriel : 2 éléments de
de toiture terrasse
éléments de plancher ou ferme, 5 ml liteaux au m2, 1
l‟enveloppe /étanchéité
de toiture pendant une Rampant de 31.3 & m2 de plaque de plâtre avec
- G 24 & G2
annuité représentant un toiture 40 accessoires 2 rails
contrevente -Isolation,
volume de bois lamellé métalliques, 1 m2 d‟isolant
ment cloison,
collé de 0,28 m3 », thermique ep 120 mm, 1 m2
- infiltrations plafonds
de panneau OSB 3.
B2 « assurer la fonction
de couverture de toiture Descriptif rampant
pendant une annuité » massif :
Fourniture et mise en œuvre
F1 « assurer la fonction d‟un plancher cloué de 130
de frein vapeur sur 1 m2 mm ep, classe 2, avec
en assurant une isolant ouate de cellulose
étanchéité à la diffusion insufflée à 40 kg/m3, frein
de vapeur d’eau vapeur scotché, écarteurs
variable (0,3 à 20 m) bois massif, film pare pluie
sur toiture chevrons HPV, lattage 27x40 mm
classique, pendant une bois massif classe 2,
annuité ». panneau support de
couverture végétalisée
MDF 18 mm. Up = 0,227
W/m2K.

Composants rampant

1
Selon Batiprix – Le Moniteur, 2008 www.batiprix.com

224
massif : 1 m2 plancher
massif 130 mm ep 400
kg/m3, 4,8kg ouate de
cellulose pour 1 m2 ep 120
mm à 40 kg/m3, 1 m2 film
frein vapeur avec
accessoires, 2 écarteurs
25x100 mm avec
membrures, 1 m2 pare pluie
HPV, 5 liteaux 27x40, 1 m2
panneau MDF 18 mm ep.

Tableau 90 : Proposition de décomposition du système constructif « rampant de toiture ».

Le système constructif « rampant de toiture » est caractérisé, pour chaque unité


fonctionnelle décrite, par les critères techniques communs suivants :

Unité Fonctionnelle commune : B3, B3-3 et B3-5 « éléments porteurs »


Système constructif B3-3 / B3-5
1.0 Unité de référence 1 m² de rampant porteur

Bois massif : 20 montants 130x50 mm épicéa massif 400 kg/m3 sec classe 2,
2 écarteurs 25x100 avec membrures, épicéa massif classe 2, 5 liteaux de 27 x
40 épicéa massif classe 2
1.1 Quantité / UF
Rampant industriel : 2 chevrons 45x122 mm éléments de ferme industrielle,
entraxe 600 mm épicéa massif 400 kg/m3 sec classe 2, 5 liteaux de 27x40
épicéa massif classe 2

Bois massif : 4,29 heures / m²


1.2 Heure de main d’œuvre
Rampant industriel : 1,2 heures / m²
(préfa et pose)
1.3 DVT 100 ans
Remplacements /
1.4 0 sur DVT
Maintenance

Tableau 91 : Critères techniques des matériaux massifs des systèmes constructifs « rampant
bois massif » et « rampant industriel »

Unité fonctionnelle commune : B2 « écran pare pluie »


Système constructif B2-5 et B2-6
1.0 Unité de référence 1 m² d‟écran pare pluie souple ou rigide

Bois massif : 1,02 m2 d‟écran souple en polyéthylène recyclé hautement


1.1 Quantité / UF
perméable à la vapeur d‟eau HPV, avec accessoires
Rampant industriel : 1 ,05 m2 de panneau OSB 3 ou CTBH, avec accessoires
Bois massif : 0,33 heures / m²
1.2 Heure de main d’œuvre
Rampant industriel : 0,1 heure / m²
(préfa et pose)
1.3 DVT 50 ans
Remplacements /
1.4 0 sur DVT
Maintenance

Tableau 92 : Critères techniques des matériaux d‟étanchéité des systèmes constructifs


« rampant bois massif » et « rampant industriel »

225
Unité fonctionnelle commune : B1-1 et B1-5 « isolation thermique »
Système constructif B1-1 et B1-5
1 m² d‟isolant thermique ep 120 mm, en rouleau, panneau ou vrac, densité 40
1.0 Unité de référence
kg/m3

1.1 Quantité / UF Bois massif : 4,8 kg de ouate de cellulose insufflée 120 mm ep


Rampant industriel : 4,8 kg de laine de verre déroulée 120 mm ep
Bois massif : 0,25 heures / m²
1.2 Heure de main d’œuvre
Rampant industriel : 0,12 heures / m²
(préfa et pose)
1.3 DVT 50 ans
Remplacements /
1.4 Bois massif : 0 sur DVT / Rampant industriel : 3 sur DVT
Maintenance

Tableau 93 : Critères techniques des matériaux d‟isolation thermique des systèmes


constructifs « rampant bois massif » et « rampant industriel »

Unité fonctionnelle commune : F1-1 et F1-2 « étanchéité à l‟air » : frein vapeur / pare vapeur
et parement intérieur gypse
Système constructif F1-1 et F1-2
1 m² de film d‟étanchéité à l‟air, pose en indépendance avec lés de
1.0 Unité de référence recouvrement jointoyés par bande adhésive (F1-1 uniquement)
1 m2 de parement plaque de gypse (plaque de plâtre)

Bois massif : 1,02 m2 de frein vapeur polyéthylène (PE) régulateur de vapeur


souple avec accessoires de pose
1.1 Quantité / UF
Rampant industriel : 1,02 m2 de pare vapeur polyoléfine (FPO) ep 0,25 mm
avec accessoires de pose, + 1 m2 de parement gypse plaque 13 mm avec 2
rails métalliques et accessoires
Bois massif : 0,33 heures / m²
1.2 Heure de main d’œuvre
Rampant industriel : 0,7 heures / m²
(préfa et pose)
1.3 DVT 50 ans
Remplacements / Bois massif : 0 sur DVT pour le frein vapeur / Rampant industriel : 3 sur
1.4
Maintenance DVT pour le pare vapeur, 3 sur DVT pour la plaque de plâtre

Tableau 94 : Critères techniques des matériaux d‟étanchéité à l‟air isolation thermique des
systèmes constructifs « rampant bois massif » et « rampant industriel »

Une représentation donnant les valeurs thermiques de référence et le profil de


condensation de vapeur dans un rampant de toiture bois massif et fermettes industrielles, est
réalisée à l‟aide du logiciel LESOSAI de simulation thermique d‟une construction.

Pour le rampant de toiture fermettes industrielles :

226
Figure 48 : Représentation d‟un rampant fermettes industrielles, bibliothèque des systèmes
constructifs, sous LESOSAI 6.0.

Figure 49 : Profil de condensation du rampant de toiture fermettes industrielles, sous


LESOSAI 6.0.

227
Pour le rampant de toiture bois massif cloué :

Figure 50 : Représentation d‟un rampant bois massif type SPL, bibliothèque des systèmes
constructifs, sous LESOSAI 6.0.

Figure 51 : Profil de condensation du rampant de toiture bois massif type SPL, sous
LESOSAI 6.0.
Pour les deux systèmes constructifs étudiés, toiture à fermettes industrielles et rampant
bois massif, les courbes « pression de vapeur d‟eau réelle » et « pression de saturation » ne se
croisent pas ; les constructions restent exemptes de condensation en conditions normales de
température et de pression -moyennes annuelles de la zone H1 correspondant au Nord Est de
la France et sans températures extérieures négativement excessives au cours d‟un hiver
normal.
228
4.2.3 Critères d’éco-différenciation permettant de distinguer les systèmes éco-construits
des systèmes traditionnels

Pour légitimer le caractère environnemental des systèmes constructifs étudiés par


rapport aux principes de l‟éco-construction, nous reprenons la simplification proposée.
La construction de bâtiments à qualité environnementale résulte :
- De la prise en compte de la conception bioclimatique.
- Du choix de matériaux et produits éco-conçus appropriés.
- Du choix de systèmes de production d‟énergie renouvelable pour couvrir les besoins
restants.
Chaque système constructif (rampant conventionnel et rampant bois massif) est
détaillé sous l‟angle des critères simplifiés environnementaux, de santé et développement
soutenable retenus, i.e. :
- Durée de vie typique,
- Renouvellements sur DVT,
- Type de matière première,
- Energie grise,
- Contenu carbone équivalent,
- Recyclabilité, toxicité,
- Ressource locale,
- Impact sociétal (heures de main d‟œuvre).

Pour certaines données environnementales, nous faisons le choix de privilégier une


source de données plutôt que plusieurs, certaines valeurs étant, pour le même matériau,
radicalement différentes : les éco-devis du KBOB en Suisse sont toujours, à l‟heure actuelle
(juin 2009), les valeurs de référence en Europe pour les indicateurs énergie grise et carbone
équivalent des matériaux et produits de construction.
Les éco-matériaux y sont largement référencés. A contrario, la base de données INIES
recensant les fiches de déclaration environnementales et sanitaires (FDES) ne comporte pas
d‟éco-matériaux.

Un exemple d‟écart entre données françaises et données suisses sur un même matériau
de construction : un isolant laine de verre.

énergie Energie
Kg/m2 primaire en MJ primaire totale
donnée Laine de /kg en MJ/UF kg Eq C énergie totale eq C /
verre Isover FR ep kg/m3 / kg en kwh / UF UF
données FDES
2,85
Inies 0,12 28,50 82,60 235,41 2,74 0,76 7,81
données Ecodevis
suisses KBOB 2,85 0,12 28,50 45,20 128,82 1,47 0,41 4,19
variation 106,59 3,62

Tableau 95 : Comparaison des données environnementales pour un isolant laine de verre ep


100 mm, densité 28,5 kg/m3, entre Eco devis du KBOB en Suisse et la FDES de la base de
données INIES française.

Pour la même quantité de matière, soit 2,85 kg/ m2, ou UF de 100 mm d‟épaisseur
pour une densité de 28,5 kg/m3, l‟écart est du simple au double (0,76 kWh pour les données
françaises, 0,41 pour les données suisses, 4,19 eq. C pour les données suisses et 7,81 pour les
données françaises.

229
Même si les vecteurs énergétiques suisses et français sont différents (électricité
principalement d‟origine nucléaire en France, électricité suisse majoritairement d‟origine
hydroélectrique) et peuvent donc expliquer les différences sur le poste « équivalent
carbone », l‟écart entre données d‟énergie grise est très important, les procédés liés à la
fabrication de la laine de verre étant identiques.

Compte tenu du fait que les données françaises sur les éco-matériaux sont quasi-
inexistantes, nous privilégierons les données suisses issues du KBOB1.

Nous pouvons donc proposer la décomposition des deux systèmes constructifs étudiés,
rampant bois massif présumé relevant de la filière « éco-construction » et rampant à fermettes
industrielles présumé relevant de la filière conventionnelle.

1
KBOB, recommandations de l‟office fédéral suisse de la construction et de la logistique (OFCL-KBOB),
données 2009 des éco-bilans pour les produits et matériaux de construction. Disponibles sur www.eco-bau.ch

230
impact sociétal
énergie contenu contenu contenu toxicité : (heures de main
énergie ressource
Rpts énergie grise carbone carbone carbone 0 absence - 1 d'œuvre par unité,
ressource grise recyclabilité en locale (nord
nom DVT sur grise totale équivalent équivalent équivalent faible - 2 préfabrication et
renouvelable kwh/m² sur fin de vie pas de calais)
DVT kwh/m² sur kg eq kg eq C/m² total sur moyenne - 3 pose), en heures
DVT 0 - non, 1- Oui
DVT C/m² sur DVT DVT forte de MO par unité
fonctionnelle UF

comparaison de systèmes
constructifs / unités fonctionnelles

0
CORAMINE SAS
B3-3 B2-5 plaque de plâtre non en France (80 % oui, recyclage ou
50 3 20,24 60,72 80,96 4,29 12,88 17,17 0 (SAINT 0,66
B1-1 F1-2 ep 13 mm gypse naturel) CET classe II
GOBAIN), Senlis,
Oise
0,
non, pétrole et matières non (taux recyclage Saint Gobain
pare vapeur 50 3 2,55 7,65 10,20 0,55 1,66 2,21 1 0,04
plastiques liées effectif < 10 %) Ecophon,
Rantigny, Oise

0, bois résineux
oui, sauf si bois épicéa fourni par
chevrons porteurs oui, bois de construction traité avec produits plates formes des
45x122 entraxe 100 0 100 % renouvelable en 26,97 0,00 26,97 0,54 0,00 0,54 de préservation, 1 Vosges ou de 1
600 France autrement l'étranger
incinération en CVE (Allemagne,
Russie..)

non, silice extrudée (sable) non, CET classe II


isolant laine de
mais possibilité d'utilisation en l'absence de
verre ep 120 mm 50 3 60,31 180,94 241,26 7,06 21,17 28,22 2 0 0,12
de verre recyclé et de filières de recyclage
40 kg / m3
sable en France

oui, valorisation
possible
spécifiquement en
panneau OSB 3 0, usine la plus
oui à plus de 88 % tant que matière
pare pluie ep 12 50 0 60,38 0,00 60,38 3,83 0,00 3,83 1 proche Conti 0,1
(résidus de bois) première
mm Sterling Belgique
secondaire, plus
généralement
comme combustible

oui, sauf si bois 0 bois résineux


oui, bois de construction
tasseau 27x40 traité avec produits fourni par plates
100 % renouvelable dans
épicéa massif 50 0 13,38 0,00 13,38 0,27 0,00 0,27 de préservation, 1 formes des 0,2
le contexte de la forêt
classe 2 autrement Vosges ou de
française
incinération en CVE l'étranger

TOTAL 183,83 249,31 433,15 16,55 35,70 52,25 2,12

Tableau 96 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « rampant de toiture fermettes
industrielles »

231
impact sociétal
énergie contenu contenu toxicité : (heures de main
énergie contenu
Rpts énergie grise carbone carbone 0 absence - ressource locale d'œuvre par unité,
ressource grise carbone recyclabilité
nom DVT sur grise kwh/m² équivalent équivalent 1 faible - 2 (nord pas de calais) préfabrication et
renouvelable totale équivalent en fin de vie
DVT kwh/m² sur kg eq C/m² total sur moyenne - 0 - non, 1- Oui pose), en heures de
sur DVT kg eq C/m²
DVT sur DVT DVT 3 forte MO par unité
fonctionnelle UF
oui bois de oui, recyclage
rampant bois massif
B3-5 B2-6 construction 100 % intégral possible 1, SPL à Audruicq,
cloué ep 130 mm 400 100 0 318,75 0,00 318,75 6,38 0,00 6,38 0 3,6
B1-5 F1-1 renouvelable en puisque bois non France
kg/m3
France traité
oui, recyclage
oui partiellement (50
intégral puisque 0, usine en
frein vapeur %) papier recyclé et
50 0 4,05 0,00 4,05 0,32 0,00 0,32 déjà constitué de 1 Allemagne, ou en 0,33
hygrovariable DB+ polyéthylène
matière recyclée Suisse
(pétrochimie)
(polyéthylène)
oui, recyclage
intégral possible
0, pas d'usine proche,
ouate de cellulose oui, papier journal puisque déjà
Allemagne pour
vrac ep 120 mm 40 50 0 recyclé provenant 13,34 0,00 13,34 1,89 0,00 1,89 constitué de 1 0,25
Isofloc ou Angleterre
kg/m3 de résidus de bois matière première
pour Excell
secondaire
recyclée
oui, bois de Oui, recyclage
écarteurs bois massif
construction 100 % intégral possible 1, SPL à Audruicq,
25 x100 avec 100 0 24,77 0,00 24,77 0,50 0,00 0,50 1 0,6
renouvelable en puisque bois non France
membrures
France traité
oui, recyclage
intégral possible
pare pluie souple en non, pétrochimie
puisque déjà 0, pas d'usine proche,
polyéthylène recyclé 50 0 (polyéthylène même 4,33 0,00 4,33 1,00 0,00 1,00 1 0,1
constitué de Allemagne ou Suisse
HPV solitex + si recyclé)
matière recyclée
(polyéthylène)
oui, bois de oui, recyclage
tasseau 27x40 épicéa construction 100 % intégral possible 1, SPL à Audruicq,
50 0 13,38 0,00 13,38 0,27 0,00 0,27 0 0,09
massif classe 2 renouvelable en puisque bois non France
France traité
TOTAL 378,62 0,00 378,62 10,34 0,00 10,34 4,97

Tableau 97 : Synthèse de l‟analyse environnement, santé et management durable du système constructif « rampant de toiture bois massif cloué »

232
Les différences très importantes entre matériaux conventionnels et matériaux
considérés comme écologiques ou relevant de la filière éco-construction tiennent
essentiellement à deux critères : la durabilité effective des matériaux et les choix techniques
de mise en œuvre.
Les matériaux conventionnels sont dans l‟ensemble performants au temps 0, c‟est à
dire lors de leur mise en œuvre initiale mais sont généralement peu durables et ne peuvent être
réparés.
Arrivés en fin de vie, il faut les jeter et les remplacer complètement. C‟est par exemple
le cas des fenêtres en plastique, évoqué précédemment, ou celui des doubles vitrages. Dans
notre exemple, c‟est le cas de la laine de verre (3 renouvellements sur 50 ans) et des
matériaux liés : pare vapeur et parement gypse de finition.

Il s‟agit en fait de s‟assurer que les performances du bâti restent les mêmes pendant au
moins 50 années d‟usage du système constructif, et, qui plus est, du bâti dans sa globalité.

Souvent mal mise en œuvre par méconnaissance des modes de faire, dits de « l‟art »,
les matériaux conventionnels sont au final plus chers d‟utilisation que les matériaux
écologiques à mise en œuvre identique.

Nous avons donc indiqué une durée de vie typique ou théorique des matériaux au sein
du système constructif et un nombre de remplacements jugés cohérents compte tenu des
informations recueillies sur ces matériaux et leur pérennité / durabilité effective dans le temps.

La laine de verre, une plaque de plâtre et un pare vapeur sont renouvelés trois fois sur
50 ans non seulement en raison de leur mauvaise mise en œuvre généralement constatée au
sein du système constructif mais également de leurs caractéristiques intrinsèques.

Les choix techniques ont également une importance capitale sur le long terme : en
éco-construction raisonnée, les choix techniques ne sont plus faits par rapport à la facilité
industrielle ou commerciale de distribution d‟un produit mais par rapport à sa performance et
à sa durabilité une fois mis en œuvre, même si cela demande plus de temps, ce qui n‟est
d‟ailleurs pas toujours exact.

En comparant les deux rampants et leurs matériaux constitutifs, nous pouvons donner les
analyses suivantes :

- Ressources renouvelables : le rampant bois massif est majoritairement constitué de


matériaux de construction élaborés à partir de matières premières renouvelables (5
réponses positives sur 6 matériaux), tandis que le rampant conventionnel qui n‟utilise
que peu de bois de construction en volume, est constitué à 50 % de matériaux non
élaborés à partir de ressources renouvelables (3 réponses négatives sur 6).

- Contenu énergétique ou énergie grise : contrairement aux idées reçues, un bois de


construction, qu‟il soit utilisé en rampant conventionnel (fermettes industrielles) ou en
rampant massif, nécessite quand même une quantité non négligeable d‟énergie pour
être transformé et élaboré en matériau de construction. Les étapes les plus
énergétivores, hors transport routier, concernent le sciage, le séchage et le rabotage,
qui nécessitent des Kwh électriques. Le rampant bois massif utilise nettement plus de
bois en volume que le rampant conventionnel ; par conséquent, son contenu
énergétique est plus élevé : 318,75 kwh contre 26,97 kwh par UF. Les autres
matériaux sont nettement moins énergétivores pour le système rampant massif que
pour le rampant conventionnel, notamment la ouate de cellulose par comparaison à la
laine de verre (13,34 kwh contre 60,31 kwh en contenu énergétique initial).

233
- Contenu carbone : en ce qui concerne le contenu carbone équivalent des deux
systèmes constructifs, le rampant massif est nettement moins émetteur que le rampant
conventionnel, en temps initial (t0) mais surtout en durée de vie typique à 50 ans :
10,34 kg eq C contre 16,55 kg eq C en durée initiale, 10,34 kg eq C contre 52,25 kg eq
C en durée de vie globale. Ces valeurs sont données sans prise en compte de la notion
de matériaux « puits de carbone » développée par la suite.

- Recyclabilité en fin de vie : les matériaux constitutifs du rampant bois massif sont
intégralement recyclables en fin de vie, compte tenu non seulement de leurs propriétés
initiales mais également des filières et technologies disponibles aujourd‟hui (6
réponses positives sur 6) ; les matériaux du rampant conventionnel sont plutôt
valorisables que recyclables ; deux matériaux laine de verre et pare vapeur se sont pas
recyclables en l‟état.

- Toxicité : le rampant bois massif est majoritairement constitué de matériaux peu ou


non toxiques : 4 réponses « faible » et 2 réponses « non toxique » sur 6, tandis que le
rampant conventionnel présente quant à lui des matériaux à toxicité moyenne ou
faible : 1 réponse « moyenne », 4 réponses « faible » et 1 réponse « non toxique ».

- Ressources locales ou « sourcing géographique préférentiel » : Trois matériaux


constitutifs du rampant massif sur 6 sont fabriqués à partir de matières premières de la
région Nord Pas De Calais (rampants bois massif, écarteurs et tasseaux). Aucun
matériau constitutif du rampant conventionnel n‟est issu d‟une filière de
transformation / production régionale-0 sur 6-.

- Impact sociétal : Pour être produit et mise en œuvre dans un contexte de


développement socio économique de territoire, le rampant bois massif valorise la main
d‟œuvre à hauteur de 4,97 heures par UF contre 2,12 heures par UF pour le rampant
conventionnel.

En synthèse, le tableau ci dessous présente les conclusions provenant de l‟analyse des


critères de développement soutenable, dont ceux dédiés à l‟environnement et à la santé, pour
les deux systèmes constructifs rampant conventionnel et rampant bois massif.

Critères Rampant conventionnel Rampant bois massif


fermettes industrielles
Ressources renouvelables 83 % MP non renouvelable 50 % MP renouvelable
majoritairement non constituée de Majoritairement constitué de
matériaux fabriqués à partir de matériaux fabriqués à partir de
matières renouvelables matières renouvelables
Energie grise sur DVT 433 kwh / UF 378 kwh/ UF
Contenu carbone sur DVT (hors
52,25 kg eq C 10,34 kg eq C
notion de puits de carbone)
Recyclabilité en fin de vie Majoritairement non recyclables,
100 % recyclables
mais valorisables
Toxicité Toxicité moyenne à faible Toxicité faible à nulle
Ressources locales 50 % source localement (< 200 km,
100 % non source localement
région nord pas de calais)
Impact sociétal 2,12 heures de main d‟oeuvre 4,97 heures de main d‟oeuvre

Tableau 98 : Comparaison des critères de développement soutenable pour les deux systèmes
constructifs étudiés

La comparaison des énergies grises et du contenu carbone des matériaux des deux
systèmes constructifs étudiés peut être réalisée ainsi :

234
Figure 52 : Comparaison des contributions environnementales des matériaux du système
constructif « rampant à fermettes industrielles »

Figure 53 : Comparaison des contributions environnementales des matériaux du système


constructif « rampant bois massif cloué »

235
Dans le système constructif « rampant à fermettes industrielles », les matériaux les
plus impactants du point de vue dépense énergétique (énergie grise) sont dans l‟ordre : la
laine minérale, la plaque de plâtre et le panneau OSB (241, 81 et 60 kwh /UF). Les moins
impactants sont logiquement ceux utilisés en quantités très faibles (pare vapeur) et /ou les
matériaux bio-sourcés (le bois chevrons porteurs et liteaux de couverture) valorisant les
ressources renouvelables.

Dans le système constructif « rampant bois massif », les matériaux les plus impactants
d‟un point de vue dépense énergétique (énergie grise) sont dans l‟ordre : le bois massif cloué,
les écarteurs, les tasseaux de couverture et l‟isolant ouate de cellulose.

Le bois massif cloué, constitué de bois raboté séché à l‟air libre, représente le premier
poste de dépense énergétique, ce qui s‟explique facilement par la quantité de bois utilisée :
0,13 m3 de bois par UF, même si le bois est peu énergétivore.

Figure 54 : Comparaison des contributions environnementales des systèmes constructifs


« rampant bois massif cloué » et « rampant fermettes industrielles »

En matière d‟émission de gaz à effet de serre, traduits en équivalent carbone eq C,


l‟isolant laine de verre (28,22 kg) est toujours le plus émetteur au sein du système rampant
conventionnel, suivi de près par la plaque de plâtre (17 kg) et le panneau d‟OSB (3,8 kg).

Pour le système rampant bois massif, le bois massif présent en quantité importante
0,13 m3, 450 kg/m3) représente le matériau le plus émetteur de carbone (6,38 kg), suivi par la
ouate de cellulose (1,89 kg) et le pare pluie souple extérieur (1kg).

Si on compare les deux systèmes constructifs, le rampant fermettes industrielles


nécessite plus d‟énergie pour être fabriqué que le rampant bois massif (54 kwh / UF) et émet
42 kg d‟Eq C supplémentaires. Les matériaux conventionnels laine de verre, OSB, plaque de
plâtre et pare vapeur sont particulièrement contributeurs.

Le bilan environnemental des systèmes constructifs « rampants » présentés ne tient pas


compte de la notion de « puits de carbone ». Pourtant, certains matériaux et produits de

236
construction sont constitués de matière première renouvelable d‟origine bio-sourcée, par
exemple le bois, le chanvre, le lin, le liège, la fibre de coco, le bambou, le jute.

Une matière première bio-sourcée stocke du C02 par le processus de photosynthèse. En fin
de vie, dans le cas de durées de vie courtes, le matériau peut être :
- soit valorisé énergétiquement, auquel cas le C02 stocké pendant sa durée de vie est
relargué dans l‟atmosphère,
- soit recyclé en tant que matière première secondaire, ce qui allonge la durée de vie de
stockage du C02 séquestré dans le premier matériau.

Le cas du bois est le plus simple à appréhender : l‟arbre pousse par photosynthèse, stocke
du C02 en grandissant et ne le relargue qu‟au bout d‟une durée de vie relativement longue (50
à 200 ans, voire plus, pour les très vieux arbres).
Utilisé dans la construction, ce bois d‟œuvre et d‟ouvrage devient matériau de
construction, stockeur de C02 pour une période d‟immobilisation elle aussi relativement
longue, eu égard à la durée de vie humaine de 100 ans (DVT donnée pour le bois d‟œuvre mis
en œuvre dans des conditions correctes de température et d‟humidité).

L‟Agence de Développement et de Maîtrise de l‟Energie (ADEME), donne un ratio


moyen de 500 kg d‟eq C par tonne de bois utilisé en tant que matériau de construction.
Le bois stocke donc 500 kg d‟eq C / 1000 kg de matière.

Le calcul « puits de carbone » est simple : pour le bois massif, par exemple, 130 mm de
rampant bois massif représentent pour 1 m2 d‟unité fonctionnelle 58,5 kg de matière « bois »
(densité moyenne de 450 kg/ m3 pour l‟épicéa sec, soit 0,13 m3 x 450 = 58,5 kg), 1000 kg de
bois stockent 500 eq C, 58,5 kg stockent donc 29,25 kg eq C.
On peut donc tenir compte du C02 stocké par le matériau bois dans le bilan carbone.

Pour le rampant bois massif, le nouveau bilan carbone est le suivant :

énergie grise matériaux puits


Rampant de toiture totale / UF, eq C / UF en kg de de carbone eq C /
Chenelet en kwh / UF C sur DVT UF bilan carbone total

bois massif cloué épicéa


séché à l'air libre, raboté
319 6,38 -29,25 -22,87

frein vapeur DB+


4 0,32 0,32
isolant ouate de cellulose
insufflée 40 kg/m3, 120
mm
13 1,89 1,89

écarteurs bois massif


25 0,50 -2,25 -1,76
pare pluie souple Proclima
Solitex + 4 1,00 1,00
tasseaux bois massif epicéa
classe 2 27 x 40, 5 ml au
m2 13 0,27 -1,22 -0,95
total 379 10,34 -32,72 -22,37

Tableau 99 : Bilan carbone des matériaux du système constructif « rampant de toiture bois
massif » tenant compte du stockage « puits de carbone » des matériaux bio-sourcés et
renouvelables.

237
Pour le rampant conventionnel, le nouveau bilan carbone est le suivant :

énergie grise matériaux


eq C / UF en KG de bilan carbone
rampant toiture totale / UF, puits de
C sur DVT total
conventionnelle en kwh / UF carbone
plaque de plâtre
81 17,17 17,17
filme pare vapeur
recouvrement horizontal et
vertical 10 2,21 2,21
suspente métallique et rail
supports plaque de plâtre
entraxe 600 mm 0 0,00 0,00
laine minérale semi rigide
épaisseur 120 mm 241 28,22 28,22
arbalétrier / chevron en bois
massif 45 x 122 mm,
élément de ferme
industrielle entraxe 600
mm, classe d'emploi 2 27 0,54 -2,475 -1,93
écran rigide de sous toiture
non porteur, panneau OSB
3 ou CTBH, épaisseur 12
mm, classe d'emploi 2 60 3,83 3,83
liteau bois massif section
27x40 mm, classe d'emploi
2, entraxe selon pureau de
200 mm 13 0,27 -1,215 -0,95
total 433 52,25 -3,69 48,56

Tableau 100 : Bilan carbone des matériaux du système constructif « rampant de toiture
conventionnel » tenant compte du stockage « puits de carbone » des matériaux bio-sourcés et
renouvelables.

Les données concernant l‟énergie grise ne changent pas.

Le nouveau bilan carbone comparatif tenant compte de la notion de « puits de


carbone » montre que le rampant conventionnel « émet » 48,56 kg Eq C pour une UF sur 50
ans de durée de vie typique (DVT) tandis que le rampant bois massif « stocke » quant à lui 22
kg Eq C.

238
Figure 51 : Comparaison des contributions environnementales des systèmes constructifs
« rampant bois massif cloué » et « rampant fermettes industrielles », en tenant compte des
matériaux « puits de carbone ».

Dans le contexte actuel le Grenelle de l‟Environnement pour le secteur du bâtiment


favorise deux axes, i.e. la réduction des consommations d‟énergie au m2 habitable
(principalement chauffage et eau chaude sanitaire) et l‟utilisation de matériaux et produits à
faible empreinte environnementale ; le rampant de toiture bois massif éco-construit se
positionne largement, sur le critère émission de gaz à effet de serre en équivalents Carbone
(eq C / kg), devant le rampant de toiture conventionnel à fermettes industrielles.

4.2.4 Analyse économique et financière.

Les critères économiques des deux systèmes constructifs analysés sont ensuite
déterminés à partir des données de la base française de référence pour caractériser les prix des
systèmes constructifs « Batiprix » (www.batiprix.com ).

Pour le rampant bois massif, les prix sont issus directement de l‟entreprise SPL à
Audruicq, basés sur l‟offre remise en 2007 pour la construction des logements écologiques de
St Denis en région parisienne.

L‟explication des prix donnés est la suivante :


- Prix sec déboursé : fournitures + main d‟œuvre + charges sociales sur salaires.
- Prix de revient : coefficient multiplicateur pour frais généraux, coeff moyen de 1,34.
Prix sec déboursé x 1,34 = prix de revient.
- Prix de vente : prix de revient x coefficient multiplicateur pour bénéfices et aléas, en
moyenne de 1,111.

239
Le prix de vente final est donné en € HT, il est égal à : prix sec déboursé x 1,34 x 1,111.
Les matériaux et matériels sont considérés comme « rendus chantier », les temps moyens sont
donnés en heures ramenées à un ouvrier moyen.

Pour les prix donnés par l‟entreprise Scierie Palettes du Littoral, les prix sont
directement exprimés en prix de vente. L‟entreprise marge peu sur les matériaux achetés à
l‟extérieur (exemple de la ouate de cellulose) et préfère valoriser la main d‟œuvre, la plupart
des ouvriers spécialisés en bâtiment étant en contrats à durée déterminée d‟insertion (CDDI).

Les critères économiques des deux systèmes constructifs sont les suivants :

B3-3 B2-5
B3-5 B2-6
B1-1 F1-2
Systèmes B1-5 F1-1
rampant
constructifs rampant
fermettes
bois massif
industrielles
2.1 Coût « matériaux » d’une unité fonctionnelle
plaque de plâtre contre cloison de doublage, finition joints entre
plaques, vissée sur montants métalliques, compris rails entraxe 600
9,49 € 0€
mm, fourrures, vis ttpc 35, bandes, joints et enduit

film pare vapeur recouvrement horizontal et vertical, 0,25 mm et


bandes adhésives 2,86 €

frein vapeur proclima DB+ toiture et accessoires 3,34 €


laine minérale semi rigide épaisseur 120 mm, non revêtue kraft 1 face 6,16 €
isolation de rampants de toiture en ouate de cellulose, ep 120 mm,
densité 40 kg/m3 (14 € le sac de 13,6 kg, 41,16 € le m3) 4,93 €

arbalétrier / chevron en bois massif 45 x 122 mm, élément de ferme


industrielle entraxe 600 mm, classe d'emploi 2 52 €

rampant bois massif cloué ep 130 mm 44,26 €


caissons pour isolation par l'extérieur sur rampants bois massif,
composés d'écarteurs préfabriqués en atelier 19,79 €

écran rigide de sous toiture non porteur, panneau OSB 3 ou CTBH,


épaisseur 12 mm, classe d'emploi 2 6€

pare pluie souple proclima solitex + sous toiture avec accessoires de


pose 3,15 €

liteau bois massif section 27x40 mm, classe d'emploi 2, entraxe selon
pureau de 200 mm, 3 ml au m2, 0,48 € au ml avec clous, 3 ml au m2 1,57 € 1,57 €

Coût total matériel


prix déboursé sec (MO, charges sociales, fournitures principales et
78,08 €
annexes)
prix de vente compris (MO, charges sociales, fournitures, frais
77,04 €
généraux et multiplicateur bénéfices)
2.2 Coût main d’œuvre pour une unité fonctionnelle
variable de 30 € l‟heure
23,61 € à de pose, 25 €
coût heure de MO 26,16 € en l‟heure de
fonction des préfabricatio
corps d‟état n
heures de MO totales pour une UF 1,75 5
dont heures préfa 0 3,5

240
dont heures pose 1,75 1,5
132,04 €
43,16 €
Coût préfa + mise en œuvre (prix de
(déboursé)
vente)
2.3 Coût total matériaux + main d’oeuvre
Coût déboursé 121,24 €
Coût de vente 209,08 €
2.4 Coût déboursé ou « prix de revient » (34 %) 162,46 €
Coût de vente ou « prix de vente » ou coût d’investissement initial
2.5 180,49 €
(11%)

Prix de vente € HT 180,49 € 209,08 €

2.6 Coût de maintenance

Coûts de démantèlement 42,18 € 0€


dont unitaire 14,06 €
sur DVT : 3 démantèlements 42,18 €
Coûts de remplacement du système constructif sur DVT 227,83 € 0€
dont plaque de plâtre, bandes jointoiement, enduit de lissage 149,31 €
dont film pare vapeur avec accessoires 24,33 €
dont laine minérale semi rigide 54,20 €
Coûts totaux de maintenance 270,01 € 0€

2.7 Coûts de fonctionnement 0€ 0€

Coûts totaux de fonctionnement sur DVT 0€ 0€

Coût global ou total non actualisé


2.8 450,5 € 209,08 €
(somme des coûts initiaux et intermédiaires en cycle de vie)

2.9 Coût évité brut 241,42 €

Tableau 101 : Critères économiques des deux systèmes constructifs analysés : rampant
conventionnel et rampant bois massif.

Les prix de vente représentant l‟investissement initial (2.5) sont de 180,49 € HT pour
le rampant conventionnel contre 209,08 € pour le rampant bois massif relevant de l‟éco-
construction, pour une unité fonctionnelle de 1m2 de rampant hors éléments d‟étanchéité /
couverture.

En ajoutant les coûts de maintenance, entretien et fonctionnement pendant le cycle de


vie du système constructif (50 ans), on obtient un coût global non actualisé de 450,5 € pour le
système conventionnel fermettes industrielles et de 209,08 € pour le rampant bois massif.
La différence entre coûts globaux est de 241,42 € ou « coût évité brut ».

Compte tenu des valeurs dont nous disposons à cette étape du raisonnement, il est
possible d‟indiquer certains critères financiers pour les deux systèmes constructifs étudiés :
les primes ou subventions sont considérées comme inexistantes pour de l‟habitat neuf, en
année 0 d‟installation.

241
Systèmes
constructif C1-1 C1-4
s
Taux
3.0 d’actualisation des 4,58 % 4,58 %
valeurs monétaires

3.1 Gains actualisés NC NC

Temps de retour
3.2 sur investissement NC NC
simple

3.3 Prime / Subvention

Coût matériel initial


(prix de vente) hors 116,24 € (78,04 € prix déboursé sec
77,04 €
main d‟œuvre en € pour rampant conventionnel)
HT /m²
Crédit d‟impôt ou
0€ 0€
primes
Coût réel matériel
116,24 € 77,04 €
après crédit d‟impôt
Ratio coûts /
3.4 NC NC
bénéfices
Valeur actuelle
3.5 NC NC
nette (VAN)

Tableau 102 : Critères financiers des systèmes constructifs étudiés

Les critères non complétés le seront au fur et à mesure du raisonnement en coût global
actualisé et de l‟application des différentes pondérations.

Nous avons donc décrit les performances et classé les éléments des deux systèmes
constructifs étudiés, notamment la définition des unités fonctionnelles, les normes et
réglementations de référence, la description des matériaux associés (figures 42 et 43).

Les trois familles de critères techniques, économiques et financiers ont été complétées
en fonction des informations disponibles à cette étape du raisonnement.

La caractérisation environnementale et santé a été réalisée et a notamment permis de


mettre en évidence les critères simplifiés ressources renouvelables, contenu énergétique,
contenu carbone équivalent, « sourcing » géographique préférentiel et impact sociétal.

D‟un point de vue technique, en première approche, les deux systèmes constructifs
sont équivalents en termes de performances premières (performances techniques et
thermiques).

D‟un point de vue économique, en investissement initial non actualisé, un rampant de


toiture conventionnel type charpente à fermettes est moins cher de 30 € qu‟un rampant bois
massif version éco-construction.

Ramenés à une toiture de 100 m2 équivalente, soit 100 unités fonctionnelles telles
qu‟étudiées, ces 30 € unitaires de surcoûts ne représentent pas moins de 30x100 = 3000 €.

D‟un point de vue financier, un critère sur les cinq présentés (tableau 36 paragraphe
3.2) est complété. Il s‟agit du taux d‟actualisation des valeurs monétaires, évalué en moyenne
(base Euribor novembre 2008) à 4,58% sur 360 jours.

242
Le raisonnement est maintenant complété par une pondération avec certains critères
complémentaires, pondération mise en évidence au paragraphe 3.5 « pondérations des
critères techniques, économiques et financiers ».

4.3 Choix et utilisation de pondérations appropriées aux systèmes constructifs rampant


conventionnel à fermettes industrielles et rampant bois massif

Les différents types de pondérations proposées précédemment (chapitre III, paragraphe


III-5) pour l‟analyse des systèmes constructifs « menuiseries extérieures » sont reprises, à
savoir :

- 1. la performance thermique simple des systèmes étudiés,


- 2. les prescriptions de la réglementation thermique actuelle,
- 3. les SMQE et autres systèmes de certification énergétique,
- 4. les utilisateurs finaux assurés pour leur mise en œuvre,
- 5. l‟indicateur environnemental simplifié : émissions carbone équivalent liées aux
émissions de gaz à effet de serre,
- 6. l‟indicateur sociétal « heures de travail générées » par la mise sur le marché des
systèmes constructifs.

Les pondérations que nous choisissons d‟utiliser pour notre étude des systèmes
constructifs « rampants de toiture » sont spécifiquement les indicateurs 3-5-6 :

- la pondération par les SMQE ou référentiels de certification basse énergie,


- les indicateurs environnementaux simplifiés : recyclabilité, émissions carbone
équivalent et sourcing local,
- l‟indicateur sociétal « heures de travail générées ».

Pondération 1

La pondération 1, performance thermique simple, ne permet pas de différencier le


rampant conventionnel du rampant bois massif.
Le calcul réalisé sous LESOSAI6.0 (figures 44 et 46 paragraphe IV-2-2) donne une
valeur de déperdition surfacique « U » des rampants de : 0,257 W/m2K pour le rampant
conventionnel et de 0,227 W/m2K pour le rampant bois massif.
Traduits en euros de chauffage économisés par la comparaison du pouvoir isolant
(limitation des déperditions thermiques) des deux parois en contact avec l‟extérieur (un
rampant de toiture est considéré d‟un point de vue thermique comme une paroi en contact
avec l‟extérieur ; l‟économie est de 0,12 € par an, soit 6 € sur 50 ans, donc négligeable

rampant conventionnel fermettes industrielles


Surface à isoler 1 m2
Durée de vie de l'investissement 50 années
U 0,26 W/m2.K
U total (U * surface à isoler) 0,26 W/K
Degré jours normaux (Lille Lesquin) 2993,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2394,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système ou l'équipement 615,36 W.Jours/an
Déperdition par an 14,77 kwh/an
Déperdition par m² et par an 14,77 kwh/m2.an
rampant bois massif
Surface à isoler 1,00 m²

243
Durée de vie de l'investissement 50,00 années
U 0,23 W/m².K
U total (U * surface à isoler) 0,23 W/K
Degrés jours normaux (lille Lesquin) 2993,00 K.Jours
Ratio Degj_équiv/ Degj_normaux 0,80
Degrés jours équivalents 2394,40 K.Jours
Déperditions annuelles par le système menuiserie 543,53 W.Jours/an
Déperdition par an 13,04 kwh/an
Gain en % 11,67 %
Déperdition restante par m² et par an 13,04 kwh/m2.an
Economies
Economie d'énergie par année 1,72 kwh/an
Economie sur la durée de vie de l'investissement 86,20 kwh
soit par
Equivalence selon énergie par an unité
fioul 0,17 litres 0,17
gaz naturel 0,15 m3 0,15
gaz propane 0,12 kg 0,12
bois bûche 0,00 stères 0,00
bois pellet m3 0,00
électricité 0,67 Kwh 0,67
Economie en €
Prix du kwh utile de chaleur en 2008 (kwh gaz, août 2008) 0,07 €
gain annuel hors abonnement 0,12 €
Taux d'actualisation 4,56 %
Accroissement prix énergie utilisée 4,00 %
intérêts emprunt Isolto 0,00 %
Carbone
TEP
gain par an 0,00 tep
gain pour durée de vie de l'investissement 0,01 tep

Tableau 103 : Comparaison du pouvoir d‟isolation des deux rampants de toiture, traduit en
euros économisés en fonction du mode de chauffage du logement (gaz naturel).

L‟économie d‟énergie entre les deux rampants étant négligeable, la pondération n°1
« performance thermique simple » n‟est pas pertinente dans ce cas.

Pondération 2

La pondération 2 « réglementation thermique existante » n‟apporte elle aussi aucune


précision pertinente permettant de différencier les deux systèmes étudiés : les deux rampants
répondent quasiment aux exigences réglementaires minimales à savoir : U = 0,2 W/m2K en
zone H1, soit U=1/R et R = 1/U= 5 m2.K/W. R=e/lambda, pour un lambda moyen de 0,038
W/m.K, on obtient une épaisseur d‟isolant de 19 cm d‟épaisseur.

Pondération 3

La pondération 3 se rapporte aux systèmes de management de la qualité


environnementale dans la construction (SMQE) développés au paragraphe 2.1. Parmi les
systèmes étudiés, quatre d‟entre eux permettent de valoriser directement les caractéristiques
techniques différenciantes des éco-matériaux par rapport aux solutions plus conventionnelles.

244
Cette valorisation s‟effectue principalement pour les systèmes de certification « basse
énergie » par une attribution de performances thermiques et hygrométriques supplémentaire
venant impacter favorablement le ratio final de consommation d‟énergie ramené en kwh
ep/m²/an.
L‟utilisation de matériaux présentant une classe d‟inertie d‟accumulation / restitution
importante augmente la classe d‟inertie globale de la construction (passage de la classe
« inertie faible » à « inertie moyenne ») et favorise ainsi les économies d‟énergie.

Cette « capacité thermique » peut être calculée en approche simplifiée en utilisant le


tableau n°66, paragraphe 3.5.3.

Le calcul précis d‟inertie séquentielle et d‟inertie de transmission entre matériaux


d‟isolation thermique et systèmes constructifs présentant la même aptitude à la fonction
(garder les calories en période hivernale, se protéger des surchauffes d‟été, assurer l‟effet
porteur et structurel d‟un m2 de rampant de toiture), peut être réalisé :

- Déphasage rampant de toiture conventionnel : 4,53 heures.


- Déphasage rampant de toiture bois massif : 11,68 heures.

Figure 56 : Calcul du temps de déphasage de transmission d‟un flux de chaleur extérieur pour
le système constructif rampant conventionnel

245
Figure 57 : Calcul du temps de déphasage de transmission d‟un flux de chaleur extérieur pour
le système constructif rampant bois massif

Le calcul de déphasage montre clairement qu‟un rampant bois massif type SPL est
nettement plus performant en déphasage de transmission qu‟un rampant conventionnel
fermettes industrielles : le rampant bois massif donne une sécurité de 7,15 heures par rapport
au rampant conventionnel.
Concrètement ceci signifie que les rayons de soleil qui frappent une toiture aux heures
les plus chaudes en été (entre 12 h et 15 h heures solaires) commencent à se faire ressentir, en
terme d‟augmentation de température directement perçue, 5 heures plus tard pour une toiture
conventionnelle et 12 heures plus part pour un rampant bois massif.

- Rampant conventionnel : 12 heures + 5 heures = 17 heures de l‟après midi.


- Rampant bois massif : 12 heures + 12 heures = 24 heures soit minuit.

Le flux de chaleur du soleil n‟étant jamais présent pendant 12 heures d‟affilée à une
intensité forte, le peu de chaleur qui parviendra quand même à pénétrer dans l‟espace
habitable des combles aménagés sera immédiatement évacué par une ventilation minimale
(mécanique, ouverture de fenêtres etc..). Aucune surchauffe ne sera constatée dans les
combles habitables.

A contrario, pour un rampant conventionnel, le flux de chaleur présent sur la plage


horaire 12h-15 h pénètrera en fin d‟après midi dans les combles, la surchauffe de l‟espace
habitable aura déjà eu lieu quand les habitants iront se coucher en début de soirée.

Les éléments de construction auront monté en température, aucune ventilation même


minimale ne permettra de rafraîchir les ambiances correctement. La surchauffe des combles
habitables sera constatée.

Cette analyse relève de critères et considérations plutôt qualitatives que quantitatives :


comment apprécier à sa juste valeur le critère « déphasage thermique » traduit en heures, et
surtout comment, ce qui est le but final de notre étude, transformer ces heures en agrégation
financière simplifiée, c‟est à dire des « € » pouvant s‟inscrire en coûts ou bénéfices
supplémentaires ?

246
La méthode la plus simple consiste à attribuer un coût à une dépense énergétique qui
serait nécessaire pour retrouver une température de confort jugée correcte pour les activités
nocturnes dans des combles habités. Ce coût s‟inscrirait en suite en coût évité par une solution
technique qui permettrait de s‟en affranchir
La seconde méthode consisterait à attribuer une valeur monétaire au confort
disponible et/ ou recherché ; le principe en serait simple : Quelle somme supplémentaire des
occupants ou futurs occupants d‟un logement sont-ils prêts à débourser en plus pour être sûrs
de dormir au frais dans leurs combles en cas de surchauffe estivale ?
La troisième méthode consisterait à définir l‟épaisseur d‟isolant laine de verre
nécessaire pour obtenir, en terme de déphasage thermique, les mêmes performances que
l‟épaisseur d‟isolant ouate de cellulose, et de chiffrer en coût cette épaisseur.

C‟est ce que nous avons fait à l‟aide des tableaux de calcul de déphasage thermique :
clé d‟entrée du raisonnement : 11,68 heures de déphasage (performance du rampant bois
massif ouate) recherchées ; épaisseur de laine minérale nécessaire pour obtenir 11,68 heures :
384 mm ou 38,4 cm.

Figure 58 : Calcul de l‟épaisseur de laine de verre nécessaire pour obtenir un temps de


déphasage de transmission d‟un flux de chaleur extérieur pour le système constructif rampant
conventionnel de 11,68 heures.

En synthèse, afin d‟obtenir un confort thermique d‟été équivalent à celui procuré par
un rampant de toiture bois massif / ouate de cellulose, il est nécessaire de passer de 120 mm
de laine de verre à 380 mm, pour une densité de 50 kg/m3.

Ouate de cellulose Laine de verre Laine de verre


120 mm 120 mm 380 mm
Temps de déphasage du système 11,69 heures 4,53 heures 11,69 heures
constructif rampant de toiture
Coût en € HT /m2 fournitures seules 4,93 € 6,16 € 15,22 €
Surcoût LV 120 mm / 380 mm 9,06 €

Tableau 104 : Détermination du surcoût d‟épaisseur de laine de verre pour atteindre le même
confort thermique d‟été que 120 mm de ouate de cellulose.

247
380 mm de laine de verre coûtent en fourniture 15,22 € contre 6,16 € pour du 120 mm,
soit un surcoût de 9,06 € au m2, pour un gain en heures de 7,16 heures. L‟heure de déphasage
gagnée coûte ainsi pour un rampant conventionnel isolé avec de la laine minérale 1,26 €.
Ce surcoût peut être à l‟inverse identifié comme un coût évité par le recours à l‟isolant
ouate de cellulose : 9,06 € au m2. Il s‟inscrit donc comme un coût évité ou un bénéfice.
La pondération « temps de déphasage thermique » ou « confort d‟été » nous permet
donc de mettre en évidence un coût évité de 9,06 € / m2 en faveur de l‟utilisation de la ouate
de cellulose au sein d‟un système construction rampant de toiture.

Pondération 4 : les utilisateurs finaux

Comme vu précédemment, les utilisateurs finaux ont également un avis plus


qu‟intéressant sur la durabilité effective des matériaux et produits de construction.

Les ressources disponibles concernant les avis sur les systèmes constructifs étudiés
sont très peu nombreuses. Aucune donnée particulière n‟a pu être recueillie auprès des
professionnels du bâtiment sur la mise en œuvre et la prescription de systèmes de rampants
conventionnels à fermettes dites « industrielles ».

La seule information recueillie concerne 50 % des maisons individuelles construites et


vendues en France dites maisons « premier prix », dont le prix moyen se situe aux alentours
de 1000 € TTC au m2 habitable.

Ce type de maisons correspond au modèle proche de celui qu‟on trouve aux Etats
Unis : construire vite fait, pas cher et jetable.

Sur 100 000 €, le coût réel de la maison est environ de 50 %. Le reste couvre la part
liée à la conception « catalogue » initiale, la rémunération des commerciaux, les frais
administratifs, la publicité et la marge de l‟entreprise pour ses bénéfices.

En décortiquant les différents lots d‟une maison premier prix1 correspondant à 50 %


du marché de la maison individuelle française (110 m2 habitables), on obtient la répartition
suivante. On ajoute également pour base de comparaison, une maison issue de la filière bois,
basse énergie et éco-construite :

Nom du poste Maison premier Maison bois ossature plate forme


prix catalogue éco-construite basse énergie
CCMISTE
Raccordements et taxes 3500 € 3500 €
Design / ingénierie 0€ 10000 €
Bilan thermique 0€ 8000 €
Etude de sol 0€ 1500 €
Terrassements, fondations, sous bassements, drainages, plancher 19000 € 27000 €
bas
Murs rdc, pignons, murs de refend intérieurs, compris baies et 20000 € 50000 €
ouvertures pour menuiseries
Charpente, couverture, cheminées, sorties de ventilation, 20000 € 20000 €
fenêtres de toit
Menuiseries extérieures 9000 € 16000 €
Plâtrerie et doublage : enduits intérieurs, isolation, cloisons, 25000 € 35000 €
plafonds, portes, escaliers, revêtements de sol

1
Maison premier prix type Geoxia, maisons Phénix, maisons d‟en France, maisons castor etc… étude des lots
réalisée avec Batiprix 2009 www.batiprix.com . Ce travail a également été effectué pour différents types de
maisons : maison moyenne gamme, maison éco construction bois (plate forme, poteaux poutres), maison éco-
construction filière humide type monomur, et enfin maison paille GREB auto-construite partiellement.

248
Plomberie 6000 € 8000 €
Electricité 6500 € 8000 €
chauffage 2200 € 6500 €
Production ECS 900 € 7500 €
Récupération eaux pluviales 0€ 4500 €
total 111 200 € 205 500 €

Tableau 105 : Comparaison des coûts par lots d‟une maison premier prix et d‟une maison éco
construite en bois, base batiprix 2009 www.batiprix.com , fournitures et pose, en € TTC par
m2 habitable, maison moyenne de 110 m2 habitable.

Figure 59 : Comparaison des coûts par lots d‟une maison premier prix (50 % du marché
français en 2009) et d‟une maison éco construite en bois, base batiprix 2009, fournitures et
pose, en € TTC par m2 habitable, maison moyenne de 110 m2 habitable.

En examinant les lots techniques se rapportant aux systèmes constructifs étudiés, c‟est
à dire le lot « charpente couverture » et le lot « plâtrerie et doublage », nous mettons
en évidence la part relative en % de chaque lot par rapport au montant global de la
maison :

- charpente couverture : 18 % pour la maison CCMISTE, 10 % pour la maison éco-


construction
- plâtrerie, doublage : 22 % pour la maison CCMISTE, 17 % pour la maison éco-
construction

La part relative du lot charpente couverture pour la maison CCMISTE est 8 % plus
élevée que pour celle de la maison éco-construite. Le lot plâtrerie doublage représente 22 %
du total pour la maison CCMISTE contre 17 % pour la maison éco-construction.

Les lots concernés par les matériaux des systèmes constructifs analysés précédemment
représentent donc :

249
- 40 % des coûts totaux d‟une maison individuelle premier prix.
- 27 % des coûts totaux d‟une maison basse énergie éco-construction bois.

Les clients des maisons premier prix à 100 000 €, et les entreprises qui les
construisent, sont beaucoup plus attentifs à une augmentation de 1 % du prix plancher de la
maison individuelle qu‟ils achètent (1 % = 1000 €) ou qu‟ils construisent, tandis que les
clients des maisons bois écologiques basse énergie percevront plus facilement 1 %
d‟augmentation de leur prix. Les premiers raisonnent plutôt en terme de surcoût parce ce
qu‟on les y a habitués et parce qu‟en général, la piètre qualité de la partie structurelle est
compensée par toutes sortes de prothèses technologiques, par exemple l‟installation d‟un
système de chauffage avec pompe à chaleur réversible alors qu‟on peut construire une maison
qui n‟a besoin ni de chauffage ni de climatisation.
Dans le cas d‟un système constructif « rampant de toiture » en général, hormis les
critères de durabilité technique et depuis peu de performance thermique d‟hiver (garder les
calories dans la maison, réduire les ponts thermiques), les utilisateurs finaux sont peu attentifs
à la qualité globale.
L‟attention changera avec la mutation écologique de l‟offre (voir concept KBANE la
maison durable développé au paragraphe 4.1).
La pondération par les utilisateurs finaux des systèmes constructifs analysés semble
difficile à appréhender pour le moment.

Pondération 5 : l’indicateur environnemental simplifiés émissions carbone équivalent


liées aux émissions de GES

En reprenant le raisonnement développé précédemment concernant l‟application d‟une


taxe carbone (voir paragraphe 3.5.5.2), nous proposons d‟appliquer la modélisation d‟une taxe
carbone liée au contenu carbone des systèmes constructifs analysés, basse, moyenne ou haute.
Le contenu carbone équivalent des deux systèmes constructif est le suivant :
- Rampant conventionnel fermettes industriels : 49 kg eq C émis.
- Rampant bois massif éco-construit : -22,37 kg eq C stockés.
L‟application d‟une taxe carbone basse, moyenne et haute donne les surcoûts
d‟investissement suivants, l‟équivalent carbone fixant le niveau de la taxe :

400 € la 1500 € la
Contenu carbone eq 150 € la tonne
Taxe carbone tonne tonne d’eq
(initial) d’eq C
d’eq C C

Système rampant 49 kg + 7,35 € + 19,60 € + 73,50 €


conventionnel
Rappel : prix de vente
% par rapport au fourniture et main
prix de vente d‟œuvre : 4,07 % 10,86 % 40,72 %
instantané investissement
initial : 180, 49 €
Système rampant
bois massif éco- -22,37 kg 3,36 € 8,95 € 33,56 €
construit
Rappel : prix de vente
% par rapport au fourniture et main
prix de vente d‟œuvre : 1,6 % 4,27 % 15,99 %
instantané « investissement
initial » : 209,8 €

Tableau 106 : Simulation des augmentations de prix de deux systèmes constructifs étudiés :
un rampant de toiture conventionnel et un rampant de toiture bois, avec l‟application en
France d‟une taxe carbone de différents niveaux.

250
Pour une valeur moyenne de 400 € la tonne équivalent carbone, on obtient un surcoût
de 19,860 € pour le rampant conventionnel (10,86 % du prix de vente initial) et une économie
ou « coût évité » de 8,95 € (4,27 %) pour le rampant bois massif, par UF de 1 m2.

La pondération par le critère environnemental contenu carbone équivalent est donc


significative et peut être prise en compte dans un calcul en coût global comparatif entre deux
systèmes constructifs étudiés, sur l‟ensemble de la DVT (50 ans).

Pondération 6 : indicateur sociétal (IS), heures de travail générées


Un volet sociétal permet d‟introduire d‟autres critères que les critères techniques,
économiques, financiers et environnementaux développés précédemment. (voir paragraphe
3.5.6).

L‟indicateur d‟intensité sociale permet de représenter quelles techniques, à ressources


énergétiques égales, laissent la plus grande part au travail humain.

Pour les deux systèmes constructifs faisant l‟objet de notre étude, à savoir un rampant
conventionnel à fermettes industrielles et un rampant bois massif, nous pouvons donner les
indicateurs sociaux et environnementaux permettant de calculer l‟indicateur d‟intensité
sociale (IS) :

Intensité sociale
Traduction
Energie Emissions en heures de
Heures de Heures de Heures de
incorporée de GES travail
travail travail pour la de l’indicateur
(énergie grise) (contenu (production et
pour la mise en travail IS en jours
sur DVT, en carbone mise en œuvre)
production oeuvre (total) travaillés
kwh / m² UF équivalent) / kwh d’énergie
générés
incorporée
48,56 kg eq
Rampant 0 1,75 1,75 0,25 jour
433 kwh/m² C 0,0040
conventionnel

Rampant bois
-22,37 kg eq 3,5 1,5 5
massif 379 kwh/m² 0,0131 0,71 jour
C

Tableau 107 : Calcul de l‟indicateurs d‟intensité sociale (IS) à partir d‟indicateurs sociaux et
environnementaux sélectionnés pour deux systèmes constructifs étudiés (rampant
conventionnel et rampant bois massif), par unité fonctionnelle de 1 m2 (UF=1 m2).

L‟indicateur d‟intensité sociale donne donc :


- 0,0040 heures pour le rampant conventionnel,
- 0,0131 heures pour le rampant bois massif éco-construit.

3,27 fois plus d‟heures d‟emplois humain sont générées pour 1 kwh d‟énergie
incorporée dans un rampant bois massif éco-construit que dans un rampant conventionnel à
fermettes industrielles.

Si l‟énergie incorporée dans un rampant conventionnel est de 1 kwh d‟énergie


humaine, elle génère 0,0040 heures de travail et coûte 71,43 € (voir figure 41 paragraphe 5.6
chapitre 3). 1 heure de travail destinée à la fabrication d‟un rampant conventionnel coûte donc
réellement 17 857 €.
Si l‟énergie incorporée dans un rampant bois massif est de 1 kwh d‟énergie humaine,
elle génère donc 0,0131 heures de travail et coûte 71,43 €. 1 heure de travail humain destinée
à la fabrication / mise en œuvre d‟un rampant bois massif coûte donc 5452 €.

251
Le ratio coût d‟une heure de travail humain réel entre un rampant conventionnel et un
rampant bois massif est de 3,27.

4.4 Synthèse de résultats sur les matériaux et solutions constructives,


agrégation des résultats en langage commun « € ».
6 possibilités de pondération qui permettent de caractériser les systèmes constructifs
« rampants de toiture » étudiés ont été présentées. Parmi ces pondérations, certaines sont
applicables car significatives, quant à leur impact économique en terme de différenciation
entre menuiserie PVC et bois PEFC, d‟autres sont écartées car non significatives ou
imprécises quant aux conclusions qui peuvent en être tirées.

Dénomination Indicateur principal Indicateurs Conclusion pour


secondaires différencier PVC /
Bois
Pondération 1 Technique Performance Temps de retour Non significatif
thermique Uw simple et élaboré
Pondération 2 Réglementaire Points de solution Coefficient de Non significatif
technique déperditions
correspondant à la RT thermiques
en vigueur : RT 2005 surfaciques U
Pondération 3 Systèmes de Recours obligatoire Performances Significatif pour les
management de la aux éco-matériaux techniques systèmes constructifs
QEB / Certification différenciantes des étudiés : coût évité de
basse énergie éco-matériaux par 9,06 € HT au m2 pour
rapport aux le choix du rampant
solutions bois massif plutôt que
conventionnelles rampant conventionnel
(inertie,
hygroscopicité, non
dégradation des
performances
essentielles,
propriétés
acoustiques)
Pondération 4 Utilisateurs finaux Aptitudes techniques Composants éco- Non significatif
déterminants
Pondération 5 Traitement des Quantité de déchets en Coûts de traitement Non appliqué par
déchets fin de vie à traiter des déchets manque de données
relatives au traitement
des déchets des
matériaux
correspondant aux
systèmes constructifs
Pondération 6 Emissions de gaz à Contenu carbone Contribution climat Significatif : surcoût de
effet de serre équivalent énergie en cas de 9,86 € pour le rampant
création d‟une taxe conventionnel et coût
carbone évité de 8,95 € pour le
rampant massif
Pondération 7 Heures de travail Intensité sociale Coût d‟une heure de Significatif
générées travail générée par
l‟utilisation d‟une
énergie (mécanique
ou humaine) en
France

Tableau 108 : Synthèse des pondérations étudiées et choix d‟utilisation pour la comparaison
des systèmes constructifs étudiés.

252
Au final, seules trois pondérations parmi les six réalisées sont significatives; elles
complètent efficacement la différenciation technique, économique et financière mais aussi
environnementale et santé proposée précédemment :

- systèmes de MQEB et certification basse énergie : inertie thermique,


- émissions de gaz à effet de serre en équivalents carbone eq C,
- heures de travail générées traduites en indicateur « d‟intensité sociale ».

Comme pour l‟analyse précédente concernant les systèmes de menuiseries extérieures,


les autres pondérations proposées peuvent être significatives pour d‟autres systèmes
constructifs. Le raisonnement est à reprendre pour chaque catégorie de système constructif
étudié.

Nous pouvons désormais appliquer l‟agrégation des résultats en indicateur financier


commun « € ». L‟objectif du raisonnement est de proposer une agrégation simplifiée, les
indicateurs étudiés étant in fine traduits en ratio simplifié « coûts / bénéfices » (paragraphe
2.2.4.5). Nous obtenons donc :

Pour les coûts :

Rampant Rampant bois massif


conventionnel

Coût total sur DVT (€ HT) 450,5 € 209,08 €

Surcoût lié au confort thermique d‟été


+ 9,06 € 0€
(inertie)

Taxe carbone liée au contenu Eq C +19,86 € 0€

Coût d‟une heure de travail (énergie humaine)


destinée à la fabrication du système 17 857 € 5 452 €
constructif

Total coûts 18 336 € 5 661 €

Rappel : surcoût initial 28,59 €

Tableau 109 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés

Et pour les bénéfices :

Rampant Rampant massif


conventionnel

Crédit d‟impôt « matériel » (base 2009, xx %


0€ 0€
coût du matériel HT), année N+1

Economie liée au confort thermique d‟été


9,06 €
(inertie)

Economie de taxe carbone 0€ 8,95 €

253
Economie de coûts sur DVT 0€ 241,42 €

Total bénéfices sur DVT 0€ 259,43 €

Bénéfices théoriques par an (pour 50 ans


0€ 5,18 €
de DVT)

Tableau 110 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité
fonctionnelle de 1 m2 (UF=1 m2).

Le surcoût initial en analyse simple est lissé en 28,59 / 5,18 = 5,5 années, compte tenu
des bénéfices dégagés pour l‟ensemble de la DVT.

En réalité, l‟économie de taxe carbone et l‟économie liée au confort thermique d‟été


(inertie) viennent lisser au bout de 2 ans le surcoût initial.

La deuxième année, le restant de surcoût est déjà lissé : 28,59 € - 18,01 € (inertie +
taxe carbone) = 10,58 € et 5,18 x 2 = 10,36.

Le ratio coûts / bénéfices pour un rampant conventionnel est de 18 336 (18 336 / 1
(bénéfices 0). Le ratio coûts / bénéfices pour un rampant bois massif est de 21,82. Le ratio
coûts / bénéfices du rampant bois massif est 840 fois moins élevé que celui du rampant
conventionnel fermettes industrielles.

4.5 Eléments complémentaires et reproductibilité


La démonstration développée précédemment part de l‟hypothèse majeure émise au
préalable que la durée de vie des matériaux considérés comme conventionnels au sein du
système constructif de base ou de référence est relativement limitée, eu égard à la durée de vie
typique globale de l‟ouvrage.
Pour le rampant de toiture conventionnel composé de l‟association de différents
matériaux, nous pouvons reprendre les valeurs suivantes, utilisées dans le tableau
89 paragraphe 4.2.3.

nom DVT Rpts sur DVT

plaque de plâtre ep 13 mm 50 3
pare vapeur 50 3
chevrons porteurs 45x122 entraxe 600 100 0

isolant laine de verre ep 120 mm 40 kg / m3 50 3

panneau OSB 3 pare pluie ep 12 mm 50 0

tasseau 27x40 épicéa massif classe 2 50 0

Tableau 111 : Synthèse des durées de vie typique et des renouvellements des matériaux
considérés comme « normaux » pour maintenir la performance du système constructif
« rampant conventionnel » sur sa DVT.

254
Les matériaux « bois », bien que traités aux produits de conservation réglementaires
pour augmenter leur classe d‟usage, sont les plus durables. Ils ne nécessitent aucun
changement sur la DVT globale.

Par contre, les matériaux d‟isolation (laine de verre, pare vapeur) et de parement sont
considérés comme les moins durables, nécessitant 3 remplacements sur 50 ans pour maintenir
leur efficacité basée sur le pouvoir isolant de la paroi.

Le problème de durabilité fonctionnelle ne se pose pas au niveau du matériau laine de


verre en tant que tel mais concerne son application au sein du système constructif et son
association avec les autres matériaux de construction sensés garantir le bon fonctionnement de
l‟isolant ; la pose d‟isolants doit obligatoirement s‟accompagner de la mise en œuvre d‟une
membrane régissant l‟étanchéité à l‟air et les transferts de vapeur d‟eau au sein des parois en
contact avec l‟extérieur.

Ces techniques sont maîtrisées dans les pays dans lesquels on considère le corps d‟état
« isolation » comme un métier à part entière et on forme les acteurs de la construction à la
physique du bâtiment et aux interactions air / humidité intérieur / extérieur.

Les lés de pare vapeur se recouvrent et sont collés entre eux sur toute la surface isolée
(collage aux joints avec les murs et le plancher inclus). Ces joints doivent être réalisés avec
des produits adaptés (scotchs et mastics) et permettre la dilatation de l‟ensemble.

Ceci n‟est quasiment jamais réalisé en France ; en témoignent de nombreux guides


pour bricolage et isolation de combles diffusés par les grandes surfaces de bricolage ou les
vendeurs de matériaux, souvent trop imprécis sur ce sujet.

Non correctement jointoyé et posé, la membrane d‟étanchéité va créer des points de


condensation entrainant l‟apparition de moisissures et la dégradation de l‟isolant.

Les documentations ISOVER françaises montrent l‟absence de joints entre les lés de
pare vapeur sans recouvrement ; en Belgique, pays dans lequel l‟isolation thermique est plus
sérieuse, la documentation ISOVER insiste particulièrement sur l‟étanchéité à l‟air et propose
toute une gamme de produits adaptés.

Dans le contexte français, il est donc tout à fait acceptable d‟attribuer une durée de vie
technique et fonctionnelle limitée aux matériaux liés à la fonction d‟isolation thermique, ce
qui entraine un renouvellement du système parement / pare vapeur et isolant 3 fois sur la DVT
de 50 ans.

Si on modifie cette hypothèse de moindre durabilité des matériaux conventionnels due


aux mauvaises conditions de mise en œuvre et aux aptitudes restreintes des matériaux
d‟isolation thermique à base minérale à accumuler / restituer de la vapeur d‟eau, le
raisonnement et les résultats changent complètement :

Pour le rampant conventionnel :

255
Rampant de toiture conventionnel Avec prise en compte de 3 Sans prise en compte de 3
renouvellements des matériaux renouvellements des
parement – isolation sur DTV matériaux parement
isolation sur DVT

Energie grise 433,15 kwh 183,83 kwh

contenu carbone équivalent kg eq C / UF 49 kg 12,86 kg

Prix de vente, compris frais d‟entretien,


450,5 € 180,49 €
maintenance et remplacement sur DVT
Coût taxe carbone (base moyenne 400 € la
19,6 € 5,144 €
tonne)
Coût d‟une heure de travail 15494 € 7518,9 €

Economie de coûts sur DVT 0€ 28,59 €

Tableau 112 : Comparaison des données pour le rampant de toiture conventionnel avec et
sans renouvellement des matériaux sur la DVT.

- Le contenu carbone passe en terme d‟émissions à 12,86 kg eq C pour la DVT


complète (effet puits de carbone déduit).
- Le bilan énergie grise montre une différence de 250 kwh (433 contre 183). Pour la
DVT complète.
- En terme de prix, le coût total « prix de vente » passe de 450 € à 180 €, le coût de la
taxe carbone associée aux équivalents C (eq C) passe de 19,6 € à 5,144 €.
- Le coût d‟une heure de travail humain destinée à la fabrication d‟un m2 de rampant
conventionnel devient 7518,9 € (IS = 0,0095 h/kwh d‟énergie incorporée, qui coûtent
71,43 €, soit pour une heure de travail humain : 7518 €).
- L‟économie de coût sur la DVT devient positive, simple différence entre les prix de
vente initiaux des systèmes rampant conventionnel et rampant bois massif.

En ce qui concerne le rampant bois massif, rien ne change puisque les renouvellements
sur DVT des différents matériaux sont déjà nuls.

Nous pouvons appliquer la nouvelle agrégation des résultats en indicateur financier


commun « € » :

Pour les coûts, nous obtenons :

Rampant Rampant bois massif


conventionnel sans
prise en compte de 3
renouvellements de
matériaux sur DVT

Coût total sur DVT (€ HT) 180,49 € 209,08 €

Surcoût lié au confort thermique d‟été


+ 9,06 € 0€
(inertie)

Taxe carbone liée au contenu Eq C +5,144 € 0€

7518,9 € 5 452 €
Coût d‟une heure de travail (énergie humaine)

256
destinée à la fabrication du système
constructif

Total coûts 7713,59 € 5 661 €

Rappel : surcoût initial 28,59 €

Tableau 113 : Synthèse des coûts pour les deux systèmes constructifs étudiés, sans prise en
compte des renouvellements de matériaux pour le maintien de la performance des systèmes
constructifs sur la DVT.

Et pour les bénéfices :

Rampant Rampant massif


conventionnel sans
prise en compte de
trois renouvellements
sur la DVT

Crédit d‟impôt « matériel » (base 2009, xx %


0€ 0€
coût du matériel HT), année N+1

Economie liée au confort thermique d‟été


9,06 €
(inertie)

Economie de taxe carbone 0€ 8,95 €

Economie de coûts initiale 28,59 € 0€

Total bénéfices sur DVT 28,59 € 18,01 €

Bénéfices théoriques par an (pour 50 ans


0€ 0€
de DVT) NC

Tableau 114 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité
fonctionnelle de 1 m2 (UF=1 m2), et sans renouvellement des matériaux sur la DVT.

Sans prise en compte des trois renouvellements sur la durée de vie typique, le ratio
coûts/bénéfices du rampant conventionnel devient donc:

7713,59 €/ 28,59 € soit 270. Pour le rampant éco-construit, sur l‟ensemble de la DVT, le ratio
coûts / bénéfices est de 314 (5661/18,01).

257
Le comparatif suivant peut être établi :

Ratio coûts / bénéfices Rampant Rampant bois


conventionnel massif type
à fermettes éco-construit
industrielles
Avec prise en compte des renouvellements
de matériaux conventionnels sur la DVT des 18 336 21,82
systèmes constructifs
Sans prise en compte des renouvellements de
matériaux conventionnels sur la DVT des 270 314
systèmes constructifs
interprétation >1 >1

Tableau 115 : Synthèse des bénéfices pour les deux systèmes constructifs étudiés, par unité
fonctionnelle de 1 m2 (UF=1 m2).

L‟analyse qui en découle est la suivante : avec prise en compte des renouvellements de
matériaux conventionnels, le ratio coûts / bénéfices du rampant bois massif est nettement
favorable, puisque 840 fois inférieur à celui du rampant conventionnel (18 336 contre 21,82).

Il est de ce fait nettement plus avantageux d‟investir dans un rampant bois massif que
d‟investir dans un rampant conventionnel.

Sans prise en compte des renouvellements de matériaux conventionnels, le ratio coûts


/ bénéfices du rampant conventionnel devient un peu plus favorable que celui du rampant bois
massif. Il est donc plus avantageux, en analyse instantanée, d‟investir dans le rampant
industriel que dans le rampant bois massif.

Si on rajoute le bénéfice lié au confort thermique d‟été, non traductible en terme de


remplacement de matériaux sur une DVT, on rajoute 9,06 € (paragraphe 4.3, pondération 3)
de « surcoûts » pour le rampant conventionnel, le ratio coûts bénéfices devient donc : 270
(7722,55 / 28,59). Le ratio reste toujours favorable pour le rampant conventionnel.

4.6 Conclusions
Notre méthodologie d‟analyse est appliquée à un système constructif qui associe
d‟avantage de matériaux que le système « menuiseries extérieures », en l‟occurrence un
rampant de toiture.

Ce rampant de toiture est proposé en première approche, en version conventionnelle


avec des matériaux conventionnels considérés comme matériaux de 1er choix en termes
d‟accessibilité prix. Et en seconde approche, en version éco-construite, avec des matériaux
relevant de l‟éco-construction, considérés comme matériaux représentant un investissement
initial plus important car de meilleure qualité.

En prenant en compte la moindre qualité en terme de durabilité technique et


fonctionnelle des matériaux conventionnels, l‟investissement initial des éco-matériaux du
système constructif rampant bois massif est rapidement lissé, le ratio coûts/bénéfices du
rampant bois massif est plus favorable que le ratio coûts/bénéfices du rampant conventionnel.

En ne tenant pas compte de la qualité moindre des matériaux conventionnels,


l‟investissement initial des éco-matériaux du système constructif rampant bois massif n‟est
pas lissé, le ratio coûts/bénéfices du rampant bois massif est moins favorable que celui du
rampant industriel.

258
L‟impact des autres critères, à savoir le surcoût lié au confort thermique d‟été, la taxe
carbone ou le coût réel d‟une heure de travail humain, est encore négligeable pour l‟instant.

L‟actualité récente (juillet 2009) cautionne malgré tout la recherche de critères


différençiants afin de légitimer la prescription et l‟usage de solutions « éco » par rapport aux
solutions conventionnelles : le comité d‟experts sur la contribution climat énergie, présidé par
Michel Rocard, propose de fixer à 32 € la taxe carbone par tonne d‟Eq C d‟ici à 2010 dans le
but de modifier les comportements et « principalement celui qui consiste à utiliser des
énergies d’origine fossile dont le fait de les brûler produit du gaz à effet de serre »1.

Au chapitre III, paragraphe 3.5.5.2, la question du montant à appliquer pour qu‟une


taxe carbone fasse infléchir les comportements sans être insupportable à court et moyen terme
pour la société était posée. Les estimations faites pour la modélisation d‟une taxe carbone à la
tonne étaient : estimation basse 150 €, moyenne 400 €, haute 1500 €.

La valeur 32 € est une hypothèse largement en dessous de notre estimation basse ;


s‟agissant d‟un premier pas, il apportera une contribution indéniable et marquera une étape
« politique ». Mais ce prix bas ne devrait pas permettre d‟infléchir suffisamment les
comportements par rapport aux objectifs de diminution à atteindre. Finalement, le montant
retenu par le gouvernement français2, pour fixer la première contribution climat énergie en
2010 est de 17 € la tonne d‟eq C presque deux fois moins que la proposition initiale du comité
ROCARD.

1
Taxe carbone, 32 € par tonne pour la contribution climat énergie,
www.developpementdurablelejournal.com/spip.php?article4997
2
17 € la tonne d‟Eq C, contribution climat énergie pour 2010.

259
CONCLUSION GENERALE

Cette thèse concerne l‟étude des indicateurs techniques, économiques et financiers


permettant de qualifier un éco-matériau de construction par comparaison avec un matériau
conventionnel, tous deux utilisés pour les mêmes fonctions au sein d‟un système constructif.
Le principal intérêt est une prise du recul par rapport à la thématique générale de
l‟approche environnementale dans le secteur de la construction / rénovation de bâtiments ie de
l‟éco-construction.

Un premier chapitre, dédié à un état de l‟art sur la thématique éco-matériaux » a


permis de comprendre et situer les enjeux auxquels le secteur du bâtiment se trouve confronté
depuis les années 1970, période du premier choc pétrolier qui marque la fin d‟une énergie
abondante et peu coûteuse. Ces enjeux sont particulièrement exacerbés depuis la tenue en
France en 2007 du Grenelle de l‟Environnement.

Les diverses définitions des éco-matériaux disponibles de part le monde ont été
recensées : acteurs de terrain, chercheurs, organismes publics ou associations militantes,
chaque organisation d‟acteurs propose sa propre définition des éco-matériaux en fonction de
son activité et de ses intérêts.

Pour les éco-matériaux et éco-produits, une définition harmonisée et révélatrice d‟un


consensus entre les différents collèges de pensée français a été proposée : les éco-matériaux
sont « des produits manufacturés destinés à être intégrés dans les ouvrages du bâtiment, compatibles
avec les critères de développement soutenable, éco-conçus, sourcés localement, économiquement
accessibles et satisfaisant aux critères de sécurité de fonctionnement après intégration dans les dits
ouvrages ».

Un deuxième chapitre présente et analyse, sur la base des définitions identifiées et


retenues, la place accordée aux éco-matériaux dans les principaux systèmes de management
de la qualité environnementale du bâtiment-SMQEB- ; ceux-ci sont utilisés au niveau
mondial pour concevoir et construire un bâtiment à qualité environnementale ou à basse
consommation d‟énergie. La plupart des référentiels de SMQEB ne rendent pas cependant
obligatoire le recours aux éco-matériaux, certains valorisant leurs caractéristiques techniques
différençiantes alors que d‟autres proposent une définition proche de la définition harmonisée.

Le troisième chapitre permet de définir le cahier des charges d‟une méthodologie


simplifiée d‟aide au choix d‟éco-matériaux, sur la base de familles de critères généralement
peu utilisés pour éco-différencier des matériaux et produits de construction. Ces critères sont
techniques, économiques, financiers- indicateurs de premier rang- et également socio-
environnementaux et de santé-indicateurs de second rang.

Un outil innovant permet ainsi d‟appliquer un raisonnement structuré par étapes, en


facilitant in fine la conversion des critères sélectionnés en indicateurs financiers « € »,
langage utilisable par les utilisateurs finaux. Les cinq familles de critères sont complétées par
des pondérations, adaptées à la fois au domaine d‟utilisation des matériaux ou systèmes
analysés, au contexte politique récent (par exemple la contribution climat énergie dite « taxe
carbone ») ou à des thématiques sociétales fortes (par exemple les heures de travail générées
ou le coût réel d‟une heure de travail humain).

L‟aboutissement de l‟agrégation proposée est un ratio « coûts / bénéfices » qui


positionne la rentabilité d‟un investissement dans un produit ou service conventionnel par
rapport à un autre plus écologique : un cas d‟application permet de tester la méthodologie sur

260
les systèmes constructifs « menuiseries extérieures », la menuiserie bois éco-conçue étant plus
rentable que la menuiserie PVC étudiée : le temps de retour sur investissement élaboré (TRE)
est septe fois plus élevé pour la menuiserie PVC que pour la menuiserie bois.

Le dernier chapitre concerne le territoire de l‟étude et son contexte socio-économique.


Sur la base de la définition harmonisée proposée, des éco-matériaux fabriqués localement
peuvent être identifiés et regroupés au sein de systèmes constructifs plus élaborés que le
système test pris pour référence au troisième chapitre.

La méthodologie élaborée est utilisée sur le système rampant de toiture : un rampant


conventionnel dit à fermettes industrielles, proposé par des entreprises de construction
alimentant le marché en offre premier prix (CCMISTES)1 est comparé avec un rampant type
bois massif fabriqué à proximité de Calais par une SCOP d‟insertion spécialisée dans la
construction bois.

Le raisonnement permet de comparer les performances des systèmes étudiés non


seulement au temps de l‟investissement initial mais également le long du cycle de vie, en
prenant en compte les renouvellements théoriques de matériaux d‟après leur qualité, leur
performance et modes de mise en œuvre.

Sur une durée de vie typique de 50 ans, le rampant de toiture bois massif éco-construit
(Unité Fonctionnelle de 1m2) est plus rentable sur cinq critères que le rampant
conventionnel ; il évite l‟émission de 22 kg de gaz à effet de serre et génère 5 heures de
travail de main d‟œuvre qualifiée.

Sur une durée de vie correspondant à l‟investissement initial, le rampant de toiture


conventionnel devient plus rentable que le rampant bois massif éco-construction mais génère
l‟émission de 16 kg de gaz à effet de serre et n‟engendre que 1,75 heures de travail de main
d‟œuvre non qualifiée, par exemple non formée à la problématique d‟étanchéité à l‟air des
constructions.

Le rampant conventionnel est en terme de maintien de performances, moins durable


que le rampant éco-construit : la qualité de l‟étanchéité à l‟air différencie beaucoup les deux
systèmes (savoir-faire de l‟entreprise de construction), la qualité des matériaux constitutifs du
système constructif et le maintien de leurs performances en cas de mauvaise mise en œuvre
(isolant thermique par exemple) est un deuxième critère essentiel.

La méthodologie et l‟outil sont reproductibles ; le même raisonnement d‟agrégation


financière sur la base de trois critères principaux, de deux critères secondaires et de
pondérations intermédiaires peut désormais être appliqué à d‟autres systèmes constructifs
permettant de comparer des matériaux conventionnels et des éco-matériaux sourcés en Nord
Pas de Calais.

Il s‟agit de différencier les éco-matériaux régionaux des matériaux conventionnels par


d‟autres critères que ceux de l‟environnement– santé, peu parlants aux acteurs de terrain.

La question de l‟assurabilité des éco-matériaux évoquée au chapitre 1 se pose


également dans une perspective d‟augmentation de leur fabrication – distribution –

1
CCMISTES : Constructeurs de maisons individuelles proposant un contrat de construction de maisons
individuelles « clé en main ». Ils donnent une garantie « tous corps d‟états » à leurs clients et assurent le hors
d‟eau hors d‟air jusqu‟aux finitions. GEOXIA, maisons Phénix, qui représentent 50 % du marché des maisons
individuelles en France

261
prescription – utilisation. Les petits fabricants d‟éco-matériaux souvent PME-PMI n‟ont pas
les ressources techniques et financières pour obtenir un avis technique ou normatif.

Les entreprises de construction qui engagent leur assurance décennale sur les travaux
qu‟elles effectuent évitaient jusqu‟alors de prescrire et d‟utiliser des matériaux et procédés
constructifs sans avis techniques, même s‟ils sont utilisés depuis très longtemps dans de
nombreuses constructions traditionnelles régionales (exemple du torchis).

Aujourd‟hui avec l‟émergence d‟un marché de l‟habitat sain et peu énergétivore


(préconisations du grenelle de l‟environnement, émergence de concepts de distribution dédiés
au grand public, préconisations des associations spécialisées), la demande en éco-matériaux
est en constante augmentation et les procédés les plus alternatifs sont proposés par des
entreprises qui utilisent la concurrence entre assureurs comme levier1.

Par exemple, les constructions ossature bois isolation bottes de paille de céréales
émergent partout au niveau national..

Le travail complémentaire à cette thèse serait de comparer un système constructif


global « maison individuelle conventionnelle » à un autre système « maison individuelle éco-
construite » à l‟aide de ratios agrégés « coûts / bénéfices » sur une durée de vie typique de 50
ans ou de 100 ans.

1
Une entreprise de construction qui ne trouve pas auprès de son assureur de solution pour engager sa décennale
à moindre coûts sur la mis en œuvre de procédés constructifs non traditionnels (au sens certification), peu faire
jouer la concurrence entre assureurs en émettant une requête auprès du Bureau Central de Tarification (BCT) ;
les positions s‟inversent alors : l‟entreprise choisit un assureur en fonction de l‟intérêt qu‟il manifeste à assurer
(c‟est aussi un marché pour les assureurs) telle ou telle technique ou tel chantier.

262
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FLORIO.F, TERRIBLE.C & VINCENT.V : « Déchets du bâtiment et des travaux publics », Sciences et
techniques de l‟ingénieur, 2003.
108
JANCOVICI, JM : « Le plein s’il vous plaît, la solution au problème de l’énergie », Editions du seuil, Février
2006.
109
ADEME : « Bilan carbone pour comptabiliser les émissions de GES de toute organisation », 2003.
110
PIGOU.AC : « The Economics of Welfare », 1920.
111
HULOT.N & Comité de Veille Ecologique : « Pour un pacte écologique », Broché, 2006.
112
HOURCADE.JC & GHERSI.F : « La taxe carbone : une bonne idée à ne pas gâcher », Centre International
de Recherche sur l‟Environnement et le Développement, Laboratoire d‟Econométrie de l‟Ecole polytechnique,
„Pour La Science‟, Dossier « CLIMAT : Comment éviter la surchauffe ? », Janvier/Mars 2007.
113
Commissariat au plan : « Effet de serre, modélisation économique et décision publique », mars 2002.
Disponible sur
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/cgi-bin/brp/telestats.cgi?brp_ref=024000142&brp_file=0000.pdf
114
MARCOM.A : « Enquête sur la mesure de productivité dans les techniques de construction en terre », DPEA
Terre, Ecole d‟Architecture de Grenoble – CRA-Terre, 2002. Disponible sur
http://www.atelierblanc.asso.fr/IMG/rtf/MEMOIRE_FINI_Alain.rtf

268
ANNEXES

269
ANNEXE 1
- Nom : BREEAM et Eco-Homes

- Organisme gestionnaire : Building Research Establishment (BRE)

- Type : Approche transversale de type « système », avec utilisation d’éco-points


cumulables pour l’évaluation d’un score global.

- Année de création : 1990

- Priorités : Système de certification axé à l'origine sur l'évaluation des bureaux et sites
industriels; étendu aux maisons individuelles (Eco-homes) et surfaces commerciales et
écoles récemment. Eco-homes est la version du BREEAM adaptée aux maisons
individuelles, soit en construction neuve (ECO-Homes for new buildings), soit en
rénovation / réhabilitation sur des maisons existantes (Eco-Homes XB). Pas de
priorités particulières sur les 8 cibles (voir cibles développées) du BREEAM initial; à
compter d’avril 2007, le ECO-Homes est devenu le « Code for sustainable homes »
avec pour cible principale la création de logements « Zéro Carbone ».

- Cibles développées : BREEAM évalue la performance d'un bâtiment selon 8 cibles


principales : gestion / management ; efficacité énergétique ; santé et bien être;
pollution (émissions générées); utilisation du terrain; matériaux et impact
environnemental évalué sur un cycle de vie; consommation d'eau; transport. Pour Eco-
homes, on retrouve les mêmes cibles d'évaluation, avec des adaptations de critères
pour le logement individuel.

- Fonctionnement accréditation / évaluation : Deux modèles de grilles d’évaluation


développés : une grille pour les bâtiments existants (Existing occupied buildings), une
grille pour les bâtiments neufs au stade « conception » (pre-assessment estimator).
Attribution de points ou « crédits » cumulables pour atteindre un score global
correspondant à un niveau de performance : par exemple, pour EcoHomes, passable
(>36 points), bon (>48 points), très bon (>58 points), excellent (>70). BREEAM
permet également de fixer des objectifs d'amélioration réalistes et donne un support
efficace pour les stratégies de management des plus grosses entreprises.

- Outils spécifiques : Existence d’un estimateur utilisable en pré-évaluation pour


orienter la conception, soit pour un projet (construction neuve), soit pour un bâtiment
existant. Grilles et méthodes d'évaluation pour BREEAM et Eco-Homes : Pre-
assesment estimator at design stage (Bâtiments neufs) & Pre-assessment estimator at
management and operationnal stage (Existing buildings) pour BREEAM; Grilles de
quotation et manuels d'utilisation pour Eco-Homes & Eco-Homes XB + grille de pré-
estimation pour simple orientation et évaluation rapide. Existence d’un outil « online »
pour l’évaluation environnementale et en coûts complets d’un bâtiment (Envest);
Utilisation d’Eco-points traduisant l’impact « planétaire » global (notion proche de
l’empreinte écologique) ramené à l’impact d’un résident britannique « moyen »
pendant une année.

- Certification possible des bâtiments : Oui, par système de points dédiés et apposition
du label BREEAM ou Eco Homes avec le niveau de crédits cumulables liés. Système
de Label largement diffusé et préconisé, pour tous types de maîtrise d'ouvrage :
bénéfices en tant que bâtiments expérimentaux; affichage des performances;
financières; leader en bonnes pratiques (gestion et management du bâtiment).
270
- Accréditation des professionnels : Oui, système d'accréditation disponible (environ
700 livres) par suivi d'une formation et audit post formation (250 livres). Le
professionnel est ensuite "licencié" du BRE pour pouvoir conduire des évaluations
BREEAM / Eco-Homes.

- Nombre de réalisations : Référentiel de MQE le plus utilisé dans le monde, 25 % des


immeubles de bureaux construits en Angleterre suivent la démarche BREEAM.
Chiffres non disponibles pour les maisons individuelles.

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : Oui, cible entière dédiée à l’approche
« matériaux », avec critères et évaluation réalisés sur le cycle de vie du bâtiment.
Approche particulièrement intéressante car attribution d'un nombre de points
maximum pour les produits et matériaux évalués "A" dans le « Green Guide to
specification » et/ou par le BREEAM Materials Calculator. En cas d'association de
matériaux pour la mise en oeuvre d'un système, on considère que 80 % des matériaux
qui composent ce système doivent être évalués "A". Les autres critères sont : la
possibilité laissée aux futurs occupants de choisir eux mêmes leurs revêtements de
sols et peintures de finition (MW03), la réutilisation d'au moins 50 % de matériaux
recyclés pour la construction de la façade (MW05), la réutilisation à plus de 80 % (en
rénovation) de l'ancienne structure existante; l'approvisionnement en matériaux pour
usage structurel ou non structurel doit être réfléchi intelligemment et durablement (ex
certification FSC pour le bois, ou système de management environnemental pour
l'entreprise d'extraction / collecte / négoce); la présence d'une surface minimale dédiée
au recyclage des matériaux, avec accès simplifié (2 m² pour 1000 m² de surface au
sol). Pour le label Eco-homes, les critères sont identiques en construction neuve ou en
réhabilitation. Note : pour la reconstruction : un élément existant dans un bâtiment
ancien, réutilisé dans le nouveau bâtiment bénéficie automatiquement d'une note "A"
car on considère que son impact environnemental est minimal par comparaison avec
celui d'un élément nouveau "fabriqué" (même si l'élément ancien comporte des CFC
ou HCFC...).

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Oui, notamment en lien


avec l’approche « ingéniérale » en cycle de vie et en terme de « vulgarisation » (Eco-
points). Limite : le coût de la procédure d’évaluation en cycle de vie et de traduction
des impacts liés en éco-points. A noter l’existence d’une base de données « annexe »
de prescription environnementale des produits et matériaux de construction
« Greenspec » du National Green Specification (NGS).

- Liens web : www.bre.co.uk ; www.greenspec.co.uk

271
ANNEXE 2
USA & Canada : LEED

- Nom : Leadership in Environmental and Energy Design (LEED)

- Organisme gestionnaire : US Green Building Council (USGBC) pour les USA ; CA


GBC pour le Canada.

- Type : Approche produit intégrale basée sur l’évaluation du bâtiment tout au long de
son cycle de vie

- Année de création : 1998-1999

- Priorités : tous types de bâtiments, y compris ensembles en rénovation.

- Cibles développées : 5 grands thèmes déclinés en 34 cibles, regroupées par familles :


durabilité du site, gestion de l'eau, énergie et rejets atmosphériques, matériaux et
ressources, qualité environnementale de l'environnement intérieur, innovation et
conception

- Fonctionnement accréditation / évaluation : Les 34 cibles, déclinées en 5 grands


thèmes (voir cibles développées) comportent 69 crédits au total. L'accréditation est
iment reçoit "26 points" au minimum ; 4 niveaux
de certification sont proposés (différenciation marketing) : de base, silver, gold et
platinum.

- Outils spécifiques : 6 outils - guides méthodologiques ont été développés : NC pour


les constructions nouvelles et projets de rénovation majeurs ; EB pour la rénovation
sur bâtiments existants ; CI pour des projets de rénovation d'intérieurs de bâtiments
commerciaux ; CS pour les projets "Core and Shell" ; H pour les habitations
individuelles ; ND pour les espaces publics partagés. Développement récent et
adaptation pour les établissements de santé et les bâtiments militaires

- Certification possible des bâtiments : Oui, se référer au fonctionnement du système


d'évaluation : 4 niveaux, de base à platinum

- Accréditation des professionnels : Oui, examen d'entrée pour reconnaissance en tant


que professionnel "acrrédité" LEED ; Edition d'un livre de préparation " LEED
Professionnal Accreditation Candidate Handbook", téléchargeable en ligne (voir lien
rubrique "Liens web")

- Nombre de réalisations : 1100 projets de construction certifiés ou sur le point de l'être


aux Etats-Unis (Estimation Juin 2006 sur site web USGBC)

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : Oui, grand thème "matériaux et ressources"
décliné en 6 crédits individuels par exemple pour le LEED Rating System for Homes :
Taille de la maison; Matériaux d'encadrement performants; Utilisation de ressources
locales; Plan de durabilité sur enveloppe et systèmes (plan de maintenance); Produits à
performance environnementale (éco-matériaux) sélectionnés à partir de la liste MR5 A
et/ou du répertoire Green Spec (www.greenspec.co.uk) élaboré à l'origine pour le
BREEAM anglais.

272
- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Oui, directement,
notamment dans la proposition de définition "Environmentally Preferable Products
means products or services that have a lesser / reduced effect on human health and the
environment when compared with competing products or services that serve the same
purpose". En clair, les EPP's sont des produits dont les effets présentent des impacts
restreints sur l'environnement et la santé que des produits conventionnels remplissant
les mêmes fonctions et services (page 85 Document LEED for Homes, voir liens web
pour téléchargement)

- Lien web : Site internet de LEED : www.usgbc.org/LEED. Référentiel LEED for


Homes (LEED pour maisons individuelles) disponible sur
www.usgbc.org/ShowFile.aspx?DocumentID=855

273
ANNEXE 3
Suisse : MINERGIE, MINERGIE P et MINERGIE ECO

- Nom : Minergie, Minergie P et Minergie Eco

- Organisme gestionnaire : Association Minergie (AMI), secrétariat et agence du


bâtiment, Plate forme commune « Eco-Bau », association chargée de la publication en
français et allemand d’instruments pour la construction de bâtiments sains et
écologiques. Ces instruments permettent d’optimiser la planification, la construction,
la gestion et la déconstruction des bâtiments. L’association met périodiquement ces
instruments à jour et en développe de nouveaux en cas de besoin.

- Type : approche de type mixte « système / produits » (depuis Minergie Eco) avec une
clé d’entrée fortement accès sur la cible « énergie ». Idée générale : la consommation
énergétique doit être réduite d’un facteur « 3 » par rapport aux bâtiments
« traditionnels ».

- Année de création : 1999

- Priorités : Différentes en fonction des trois labels Minergie – Minergie P (passif) et


Minergie Eco (construction écologique et santé). Pour Minergie « classique », cinq
niveaux d’exigence pour le système bâtiment retenus, distinction bâtiments récents
(construction après 1990) et bâtiments anciens (construction avant 1990) – 12 types de
bâtiments concernés : collectifs, individuels, administrations, écoles, commerces,
restaurations, lieux de rassemblement publics, hôpitaux, industries, dépôts,
installations sportives, piscines couvertes. Pour Minergie « P » (passif), labellisation
possible des bâtiments habitat individuel, collectif et administrations. Pour Minergie
Eco (construction saine et écologique), pas d’utilisation possible en maisons
individuelles ou habitats collectifs pour l’instant (2006) mais la démarche classique ou
« P » est un préalable à l’obtention de Minergie Eco.

- Cibles développées : 5 cibles de travail pour tous les bâtiments « Minergie » : confort,
salubrité, absence de dommages, consommation d’énergie, rentabilité. Avec une
priorité concernant la performance énergétique : maximum de 42 kwh/m²/an de SHON
pour les constructions neuves, 80 kwh/m²/an pour les réhabilitations. Pour Minergie P,
consommations en énergie finale de 30 kwh/m²/an maximum (habitat collectif et
individuel) et 25 kwh pour les bâtiments administratifs. Pour Minergie Eco, voir
« correspondance avec définition éco-matériau retenue ».

- Fonctionnement accréditation / évaluation : La déclaration des niveaux de


performance peut se faire soit en mobilisant un BET professionnel, soit par simple
« auto-déclaration ». L’accréditation est effectuée par l’office de certification
Minergie. Le premier certificat est provisoire et valable pour 3 ans (construction en
cours). Un certificat définitif peut être obtenu sur déclaration d’achèvement des
travaux. Le label ‘Minergie’ délivrable sur plaquette en aluminium est valable pour 5
ans. Des contrôles aléatoires peuvent intervenir à tout moment.

- Outils spécifiques : Guides méthodologiques d’aide à la conception/ rénovation selon


les niveaux « Minergie » disponibles en téléchargement.

- Certification possible des bâtiments : Oui, étiquette de communication « G » Minergie


– Minergie P et Minergie Eco. Le coût du label Minergie pour un bâtiment est par
274
exemple de 750 Fsuisses en dessous de 500 m² de SHON. Le label Minergie est
utilisable pour un bâtiment complet, pour une partie du système constructif (produit ex
fenêtre, complexe de toiture, 5200 € pour un module mur par exemple pour un
système et sa licence).et pour un produit /matériau d’un fabricant fournisseur.

- Accréditation des professionnels : Oui, statut de « partenaire professionnel Minergie »


pour les entreprises de conception / prescription / construction qui ont réalisé au moins
2 bâtiments « Minergie » en construction neuve ou en rénovation – coût moyen
d’adhésion de 400 F suisses annuels (apposition logo sur communication de
l’entreprise, référencement privilégié pour les projets Minergie etc..)

- Nombre de réalisations : 6524 Minergie et 121 Minergie P. Pas de données (2007)


pour Minergie Eco disponible depuis peu.

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : Oui, notamment avec le label Minergie
Eco. Pour Minergie « simple », la certification de « modules » comme éléments
standards simplifiés pour atteindre les niveaux de performance Minergie permet de
vulgariser l’approche technique systèmes constructifs et matériaux. Pas de références
pour autant dans la version « simple » aux éco-produits, les niveaux de performance
énergétiques peuvent être atteints indifféremment avec ou sans éco-matériaux. Pas de
bilan énergétique (énergie grise) pris en considération pour la prescription des
matériaux (ex d’isolation). Pour Minergie Eco (Comme « Eco-construction »),

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Oui mais spécifiquement


pour Minergie Eco (Ecoconstruction). L’accent est par exemple mis sur la
concentration de polluants dans l’air, l’utilisation de matériaux locaux et recyclés,
consommant peu de ressources et d’énergie en phase fabrication, facilement
démontables et recyclable en fin de vie etc..

- Lien web : www.minergie.ch/fr et www.eco-bau.ch ; les données sur éco-bilans des


produits et matériaux de construction (Minergie Eco) sont disponibles sur le site de la
Confédération des services fédéraux de la construction et de l’immobilier
http://www.bbl.admin.ch/kbob/00493/00495/index.html?lang=fr

275
ANNEXE 4
Autriche : TOTAL QUALITY

- Nom : Total Quality – TQ

- Organisme gestionnaire : Austrian Institute for Applied Ecology - "Osterreicgisches


Okologie Institut"

- Type : Approche intégrée produits / système

- Année de création : 1998

- Priorités : 8 domaines d’évaluation sont repris, sans priorités particulières. Les aspects
« techniques » du bâtiment priment sur les considérations architecturales, même si le
« design » (au sens conception) conserve son importance. Bâtiments administratifs et
bureaux (à l’origine) pour démonstration par l’exemple. Le modèle de calcul (voir
outils disponibles) est utilisable aussi bien pour les bâtiments collectifs que les
maisons individuelles ou les bureaux.

- Cibles développées : 8 cibles principales : consommation de ressources, gains


environnementaux, la qualité environnementale intérieure, la durabilité, la sécurité et
l’innocuité sanitaire, la qualité du processus de conception, la qualité du processus de
construction, la qualité des aménagements et du site.

- Fonctionnement accréditation / évaluation : Le système d'évaluation Total Quality est


basé sur un outil informatique prévu pour les phases de conception d'un bâtiment :
pour chaque cible, une échelle d'évaluation en 8 étapes est disponible ; ces étapes
correspondent à des niveaux de points, allant de -2 à + 5. On retrouve une évaluation
des coûts, les consommations de ressources, le confort, la durabilité, la sécurité, la
qualité de conception, le contrôle qualité pendant la construction / réalisation et les
gains environnementaux. Le système n'est pas prévu pour l'évaluation post
construction des performances environnementales du bâtiment ; Le TQ système
représente une partie d'un package plus large "TQ Information Package", qui offre un
guide d'orientation sur chacune des échelles d'évaluation. Ce package est disponible en
téléchargement (voir liens web)

- Outils spécifiques : 1 outil spécifique "feuille de calcul Excel" utilisable pour


n'importe quel type de bâtiment (distinction possible entre blocks multi-résidentiels,
maisons individuelles et bâtiments de bureaux)

- Certification possible des bâtiments : Oui, premiers projets certifiés au printemps


2002. La certification est réalisée par Arge TQ - Institut Autrichien d'Ecologie et
Institut Autrichien de baubiologie, sur la base de l’évaluation des diagnostics transmis.

- Accréditation des professionnels : Pas d’informations sur une accréditation des


professionnels pour la réalisation du diagnostic.

- Nombre de réalisations : 12 projets "pilotes" en Autriche en 2002, données actualisées


non disponibles en 2007.

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : Oui, pas de cible directement dédiée mais
présence d’une feuille de calcul dans l’outil informatique « TQtool » disponible en
276
téléchargement. Cette feuille « Baustoffe » permet ainsi de saisir le type de matériau
utilisé, la quantité, la distance de transport « primaire », le type de transport utilisé, les
émissions liées etc.. Des données par défaut sont systématiquement attribuées,
notamment pour les critères "énergie grise" et "Emissions de C02". La prise en compte
de ces données s'effectue sur une partie du cycle de vie complet du produit ; elle ne
concerne pas, par exemple, le transport secondaire de l'usine de fabrication jusqu'au
lieu de négoce et de chantier final.

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Non, pas directement, à


minima pour certains critères comme "contenu énergétique" et "émissions de C02"
liées. Des matériaux plus favorables ou moins impactants pour l'environnement et la
santé ne sont pas cités explicitement (en tout cas, pas dans le document traduit en
anglais, à voir sur documents en Allemand)

- Lien web : en allemand www.argetq.at, document en anglais disponible.

277
ANNEXE 5
Allemagne : la certification PASSIV HAUSS (maison passive)

- Nom : Passivhauss

- Organisme gestionnaire : Passihauss Institut Darmstadt

- Type : Approche intégrée système

- Année de création : 1996

- Priorités : la certification « label » maison passive fait référence, à l’instar de Minergie


en Suisse, à un standard de construction de maisons basse énergie. Ces constructions
assurent une ambiance intérieure confortable en hiver et en été, sans faire appel à un
système conventionnel de chauffage ou de ventilation. Le standard maison passive
peut être atteint en combinant conception, technologies et matériaux. Les cibles
prioritaires concernent donc la consommation maximale d’énergie pour le chauffage,
la ventilation et le rafraichissement des bâtiments « Passivhauss » : 15 kwh/m²/an en
énergie finale (compteur) pour le chauffage, 50 kwh/m²/an en énergie finale pour le
chauffage (15 kwh) / Eau chaude sanitaire / Ventilation / électricité annexe (-80 % de
consommations par rapport à une construction neuve traditionnelle). La disparition des
coûts liés aux systèmes de chauffage « conventionnels » rend normalement la
réalisation d’une maison passive au même prix qu’une maison conventionnelle vendue
en 2008.

- Cibles développées : les principales cibles développées concernent la réduction des


pertes de chauffage par transmission (isolation des planchers, murs, toits, menuiseries
et réduction des ponts thermiques), la réduction des pertes par ventilation (étanchéité
et récupération d’énergie sur l’air extrait), les gains en chaleur « passive » ou apports
gratuits du soleil qui relèvent directement du type de conception utilisé (conception
bioclimatique, maison « solaire », la ventilation, l’efficacité des consommations
domestiques et les sources d’énergies renouvelables. Les critères énergétiques du label
« passivhaus » ont servi de référence à la réglementation thermique revue en 2002
pour intégrer la consommation d’énergie liée à la climatisation.

- Fonctionnement accréditation / évaluation : Il n’existe pas de dossier « prêt à remplir »


pour la certification d’une maison passive ; un certain nombre de pièces sont
indispensables à l’instruction du dossier : les feuilles du logiciel PHPP, avec tous les
calculs fournis, les documents de construction, les informations techniques,
imperméabilité à l’air de l’enveloppe, protocole de ventilation, déclaration du maître
d’œuvre, photos. Une fois la construction terminée, le requérant doit fournir la
vérification de l’étanchéité à l’air, les données concernant l’ajustement du système de
ventilation, une déclaration du maître d’œuvre et au moins une photographie du
bâtiment.

- Outils spécifiques : Guide d’aide à la conception de bâtiments « passifs » et logiciel


PHPP 2007 pour affiner les simulations et calculs. Le PHPP (Passive House Planning
Package) est à la "maison passive" ce que les deux roues sont au vélo : il permet de
concevoir l’habitation pour s’assurer qu’elle respectera les très faibles consommations
énergétiques recherchées, mais de plus c’est aussi l’outil de validation de la
construction pour l’attribution d’une certification.

278
- Certification possible des bâtiments : Oui label maison passive disponible pour les
bâtiments collectifs et individuels, mais également non habités. En complément de la
certification, une carte d’identité « énergétique » du bâtiment doit accompagner sa
mise en vente depuis 2002 (certificat de performance énergétique).

- Accréditation des professionnels : Oui, accréditation de professionnels et


d’équipements et matériels (matériaux, composants, systèmes énergétiques).

- Nombre de réalisations : 7000 en Allemagne, 10000 en Europe, leur nombre double


chaque année.

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : oui mais uniquement via la cible
« performance énergétique ». Les niveaux de performance « thermique » des
matériaux d’isolation, composants structurels des murs, menuiseries, systèmes de
ventilation sont extrêmement importants. Les feuilles de calcul du logiciel PHPP 2007
permettent de prendre en considération ces valeurs et de mesurer l’impact du choix de
matériaux, composants et systèmes performants sur le niveau de consommation global
du bâtiment.

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Non, le label Passivhaus


n’accorde pas de bonus complémentaire pour l’utilisation d’éco-matériaux conformes
à la définition retenue. A noter la possibilité de valoriser des caractéristiques
techniques thermiques avantageant les éco-matériaux par rapport aux solutions
conventionnelles (ex chaleur massique des matériaux).

- Lien web : site de l’institut de référence en Allemagne www.passivehouse.com ,


www.passivhaus.org.uk pour la grande bretagne et www.passiefhuisplatform.be pour
la France et la Belgique.

279
ANNEXE 6
Pays-Bas : l’Index Environnemental et le logiciel GREEN CALC

- Nom : Index Environnemental et le logiciel Green Calc

- Organisme gestionnaire : Dutch Institute for Building Biology and Ecology (NIBE)

- Type : Approche produits / système

- Année de création : NC.

- Priorités : L’Index environnemental « IE » est estimé en comparant le poids


écologique du bâtiment avec un bâtiment de référence virtuel. Ce bâtiment de
référence est exactement du même type mais construit avec les matériaux et
installations tels qu’ils étaient utilisés ou disponibles en 1990, année de référence du
calcul. La nouveauté, par comparaison avec des logiciels d’évaluation d’un bâtiment
basés sur l’analyse en cycle de vie complète (voir paragraphe 2-2-4 page 15), est
l’utilisation de la méthode des « coûts cachés environnementaux » (hidden
environnemental costs) qui permet d’aller au de là de l’évaluation financière des
dommages directs liés à l’environnement et de prendre en compte les coûts évités
apportés par des éco-solutions, par comparaison avec des solutions plus
conventionnelles.

- Cibles développées : Le calcul se décompose en 4 modules : les matériaux (matériaux


bruts, pollution, déchets, nuisances environnementales, effets écologiques, énergie,
« re-utilisation », facilité d’entretien et durée de vie), l’énergie (utilisation du
bâtiment, chauffage, climatisation, ventilation, chauffage de l’eau, type d’éclairage,
utilisation de l’énergie solaire,… ), l’eau (type de sanitaire, utilisation des eaux de
pluie pour les sanitaire ou l’arrosage des plantes,.. ) et la mobilité (localisation du site,
infrastructures, connexions et accesibilité des transports publics,…). La cible
« matériaux de construction » est analysée via un modèle spécifiquement développé
« Twin model » développé par l’Université de Leiden, qui permet de prendre en
compte les coûts cachés environnementaux, ou les coûts nécessaires pour prévenir
toute pollution environnementale.

- Fonctionnement accréditation / évaluation : Un indicateur de valeur 100 correspond à


un bâtiment de niveau de durabilité équivalent au bâtiment virtuel correspondant. Le
calcul a été fait pour plus d’une centaine de projets : pour la plupart, l’ index de se
situe entre 100 et 200, certains atteignent 250 et quelques rares exceptions vont au-
delà.

- Outils spécifiques : le logiciel Green Calc utilisé pour réaliser l’évaluation


environnementale.

- Certification possible des bâtiments : Non, et certification non développée par


l’organisme prestataire de services.

- Accréditation des professionnels : Non

280
- Nombre de réalisations : 40 bâtiments évalués selon l’IE et via GreenCalc aux Pays
Bas, quotations disponibles en ligne sur
www.greencalc.com/greencalc/viewprojects?stylesheet=en-overzicht.xsl&prefix=EN

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : Oui, un module matériaux est disponible et
spécifiquement dédié au calcul de l’impact environnemental lié à l’utilisation de
matériaux de construction, sur la durée de vie complète du bâtiment. La particularité
de GreenCalc est de faire référence à un outil spécifiquement dédié à l’analyse des
matériaux de construction, le TWIN MODEL développé par un organisme partenaire
(NIBE) et l’université de LEIDEN.

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : oui, selon l’analyse


proche du modèle en en cycle de vie, mais pas explicitement sur la définition « éco-
matériaux » notamment via l’évaluation « hidden costs » proposé par Greencalc et le
Twin Model.

- Lien web : Greencalc www.greencalc.com et www.nibe.org

281
ANNEXE 7
Belgique : le Green Building Brussels

- Nom : Green Building Brussels

- Organisme gestionnaire : Bruxelles Environnement IBGE, développé par Architecture


et Climat (UCL) et Green arch

- Type : Approche produits / système

- Année de création : 2006

- Priorités : Basé sur une check-list d’origine danoise, l’outil est spécifiquement adapté
aux logements de Bruxelles. Il se base sur des informations quantitatives
(consommation d’eau, de combustibles et d’électricité) ainsi que sur une description
du bâtiment et de caractéristiques relevant de son architecture, de ses installations
techniques et de son fonctionnement.
- Cibles développées : 5 familles de cibles sont développées par l’outil : confort, santé,
énergie, matériaux, eau, gestion.

- Fonctionnement accréditation / évaluation : L’appréciation finale s’exprime en note


globale, de 125 à 225 points, avec 4 niveaux de performance : mention (125-150),
honorable (151-175), excellent (176-225), state of the art (>225).

- Outils spécifiques : Tableur Excel GBB version 1 2006. Le tableur comporte 5 feuilles
distinctes : Confort et Santé, Energie, Matériaux, Eau, Gestion.

- Certification possible des bâtiments : Non

- Accréditation des professionnels : Non.

- Nombre de réalisations : Non mentionné.

- Approche « matériaux » : oui, une feuille de calcul est dédiée à l’analyse de matériaux
« respectueux de l’environnement », tout en faisant référence à la durabilité technique
et fonctionnelle de la construction ainsi qu’à la conception « durable » proche du bio-
climatisme.

- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : Oui, notamment sur la


cible « matériaux plus respectueux de l’environnement » : bois certifié, matériaux sans
polyuréthane ou polystyrène, matériaux recyclés ou ré employés, matériaux naturels
mis en œuvre de manière significative, matériaux renouvelables mis en œuvre.

- Lien web : Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement IBGE


www.ibgebim.be/Templates/Professionnels/Informer.aspx?id=2472&langtype=2060 ;
Unité Architecture et Climat www-climat.arch.ucl.ac.be

282
ANNEXE 8
France : HQE – Haute Qualité Environnementale

- Nom : Haute Qualité Environnementale (HQE®)

- Organisme gestionnaire : Association HQE

- Type : Approche Système

- Année de création : 1996

- Priorités et bâtiments concernés : Bâtiments de la commande publique en démarrage


(Collèges, Lycées, Logements sociaux). Cible « Energie », puis niveaux maximum /
minimum de performances ; tous bâtiments dont MI avec NF HQE MI.

- Cibles développées : 14 cibles du système de management de la qualité


environnementale « DEQE », réparties au sein de 4 familles : éco-construction
(relations harmonieuses, choix intégré des matériaux, chantier à faible nuisance), éco-
gestion (gestion de l’énergie, eau, gestion des déchets d’activité, entretien et
maintenance), confort (hygrothermique, acoustique, visuel, olfactif) et santé
(conditions sanitaires, qualité de l’air, qualité de l’eau). Depuis peu (2007-2008),
L’association HQE a décidé d’appuyer la cible énergétique de ses référentiels sur ces
labels en imposant l’obtention d’un label de haute performance énergétique dans les
certifications liées à la démarche HQE® et en fixant un niveau minimal équivalent à
celui d’un label de haute performance énergétique pour la cible énergie de la
démarche HQE®

- Fonctionnement de l’évaluation : Evaluation centrée d’avantage sur le déroulement du


système de management environnemental choisi que sur les choix techniques
proprement dits.

- Outils spécifiques : Non, SME et DEQE disponibles en téléchargement gratuitement


sur site www.assohqe.org

- Certification possible des bâtiments : Oui, via norme NF HQE Bâtiments tertiaires
par Certivea et NF HQE Maisons Individuelles par Cequami. Coût moyen de 15 à
20 000 € pour une certification NF HQE Bâtiments Tertiaires.

- Accréditation des professionnels : Oui spécifiquement au titre de la démarche HQE ;


l’évaluation se fait désormais, depuis le lancement de la démarche volontaire NF HQE
Bâtiments tertiaires et NF HQE Maisons Individuelles par des « auditeurs » agréés
(formations dispensées par le CSTB en France). Coût de l’agrément : environ 1300 €
TTC, hors coût formation auditeur qualité.

- Nombre de réalisations : 600 en France (estimations 2007) dont 170 en Nord Pas de
Calais (1ère région française)

- Approche « matériaux » (si cible dédiée) : oui, cible numéro 2 « Choix intégré des
produits et matériaux de construction » mais non nécessaire à l’obtention de la
certification NF HQE. Correspondance et interaction avec d’autres cibles telles que
« chantier à faible nuisance » ou « qualité de l’air ».

283
- Correspondance avec définition « éco-matériaux » retenue : non, pas de
reconnaissance explicite de la définition proposée. Approche « système » et « aptitude
à la fonction » privilégiée. Un bâtiment peut être labellisé « HQE » et ne pas
transposer d’éco-matériaux correspondant à la définition retenue.

- Lien web : www.assohqe.org

284

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