Résumé Droit Patrimonial
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Résumé Droit Patrimonial
Section 1 : La dot
La dot est tout ce que l’époux offre à son épouse pour manifester sa volonté de contracter mariage,
de fonder une famille stable et consolider les liens d’affection et de vie commune entre les époux . La
dot n’a seuil maximum, ni seuil minimum, son importance réside dans sa valeur morale et
symbolique. Ce caractère symbolique a été expressément énoncé par le législateur marocain qui a
requis la modération de la dot. La dot est la propriété exclusive de l’épouse, elle en dispose librement
et ne peut faire l’objet d’appropriation ni par le père, ni faire l’objet d’une contrepartie ou d’un
apport quelconque en ameublement ou autre trousseau de la part de l’épouse. Etant symbolique,
tout ce qui peut faire légalement l’objet d’une obligation peut servir de dot. La dot est fixée dans
l’acte du mariage lors de sa conclusion, il s’agit d’une dot nommée, à défaut sa fixation est déléguée
aux époux, et il s’agit d’un mariage de délégation. Il peut être convenu du paiement d’avance ou à
terme de la totalité ou d’une partie de la dot. La dot est payée à la date échue, l’épouse est fondée à
demander l’intégralité de la dot avant la consommation du mariage. La dot devient une créance à la
charge de l’époux, si le mariage a été consommé avant sa remise. Si après consommation du
mariage, un désaccord subsiste entre les époux sur le montant de la dot, le tribunal la fixe en prenant
en considération le milieu social des conjoints. L’épouse a droit à la totalité de la dot en cas de
consommation du mariage ou de décès de l’époux avant la consommation du mariage.
L’épouse a droit à la moitié de la dot si le mariage a été dissout par divorce avant la consommation
du mariage. L’épouse n’a pas droit à la dot si le mariage n’a pas été consommé, en cas de résiliation
de l’acte du mariage et de dissolution de l’acte de mariage pour vice rédhibitoire constaté chez l’un
des époux et de mariage de délégation. En cas de contestations entre époux sur le paiement de la
partie échue de la dot, il est ajouté foi aux déclarations de l’épouse si la contestation intervient avant
la consommation du mariage et à celles de l’époux si le différend a lieu après la consommation du
mariage, la preuve de la remise de la dot est à la charge de l’époux. La dot est imprescriptible. En cas
de décès de l’époux, la dot est prélevée au titre des créances privilégiées, avant le partage de la
succession conformément à l’art 1248 du DOC. Le trousseau apporté par l’épouse et tout autre
Jihaze ou Chiwar demeurent la propriété exclusive de l’épouse. En ce qui concerne les autres objets,
il est statué selon les règles générales de preuve. En l’absence de preuves de la part des conjoints,
trois situations se présentent9 :
Si les effets appartiennent habituellement aux hommes, ils reviennent à l’époux après avoir prêté
serment ;
Si les effets appartiennent aux femmes, ils seront remis à l » épouse après serment ;
Si les objets appartiennent indistinctement aussi bien aux hommes qu’aux femmes, ils sont
partagés entre les conjoints, après serment, sauf si l’un d’eux refuse de prêtre serment, auquel cas il
est statué en faveur de l’époux qui a prêté serment.
Le jugement ordonnant la pension alimentaire demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par un
autre jugement ou la déchéance du bénéficiaire de son droit à la pension alimentaire. Aucune
demande pour obtenir une augmentation ou une diminution de la pension alimentaire ne sera
recevable, sauf circonstances exceptionnelles, avant l’écoulement d’un an.
Le divorce révocable : Le divorce révocable entraîne pour la femme la retraite de continence. Le mari
perd tout droit sur le corps de sa femme, mais le lien matrimonial n’est pas rompu, il est simplement
relâché, ce qui signifie que le mariage continue à produire ses effets, tels : la conservation par la
femme du droit à l’entretien, la vocation héréditaire réciproque, etc. Pendant la retraite de
continence, le mari peut revenir sur sa décision et rétablir le lien matrimonial. Il faut que la volonté
de reprendre sa femme par son époux soit claire. Le mari peut reprendre sa femme sans nouvelle
dot, ni intervention du wali. Toutefois, le code de la famille a introduit une nouvelle disposition pour
la révocation du divorce en imposant à l’époux de faire constater cette reprise par deux adouls qui
informent immédiatement le juge. De même le code de la famille a mis fin au droit de reprise de
l’épouse par l’époux pendant la retraite de continence, dans la mesure où le juge, avant
d’homologuer l’acte de reprise doit convoquer l’épouse pour l’en informer. Si elle refuse la reprise de
la vie conjugale, elle peut recourir à la procédure de discorde (Chiquaq). Cette mesure met fin à la
contrainte exercée sur la femme et consacre sa liberté de choisir la reprise des liens matrimoniaux ou
de demander leur dissolution définitive. L’acte de divorce doit mentionner : la date et le numéro de
l’autorisation du divorce ; le nom, la filiation, le domicile, le numéro de la carte d’identité de chacun
des époux. L’acte de répudiation doit se référer à l’acte de mariage en indiquant ses numéro, folio et
date ; doit indiquer la nature du divorce et s’i l s’agit de la première, la deuxième ou la troisième.
L’acte établissant le divorce est propriété de l’épouse et doit lui être remis dans un délai ne
dépassant pas quinze jours. Le mari a droit à une copie.
La capacité des époux, si la femme est mineure quant à ses biens, le divorce est acquis et la mineure
n’est tenue de se libérer de la contrepartie qu’avec l’accord du tuteur chargé de l’administration de
ses biens. La femme doit être saine d’esprit et doit donner librement son consentement. La femme
n’a pas à chercher à acquérir sa liberté moyennant compensation, si elle est fondée à demander le
divorce judiciaire.
Tout ce qui peut légalement faire l’objet d’une obligation peut valablement servir de contrepartie en
matière de divorce moyennant compensation. Si la femme est pauvre, toute contrepartie sur laquelle
les enfants ont un droit est interdite. Toutefois, si la mère qui en contrepartie a accepté de prendre
en charge la pension alimentaire de son enfant devient insolvable, la pension redevient à la charge
du père, sous réserve de demander à la mère la restitution de ce qu’il a versé. Le code de la famille a
introduit une innovation qui aura le mérite de limiter les effets négatifs d’un Khol’ consenti à des
conditions onéreuses. Ainsi, l’art 120 dispose que si les époux conviennent du principe du divorce
moyennant compensation (Khol’), sans se mettre d’accord sur la contrepartie, l’affaire est portée
devant le tribunal en vue d’une réconciliation. Si la tentative de réconciliation n’aboutit pas, le
tribunal ordonne la mise en exécution du divorce moyennant compensation après en avoir évalué la
contrepartie, en prenant en considération le montant de la dot, la durée du mariage, les raisons
justifiant la demande ainsi que la situation matérielle de l’épouse. Si l’épouse persiste à demander le
Khol’ et que l’époux n’y consent pas, elle peut recourir à la procédure de discorde.
Les effets du Khol’ sont ceux d’un divorce irrévocable. Il s’agit d’une dissolution irrévocable des liens
du mariage.
Section 4 : Le divorce par consentement mutuel
Il s’agit d’un mode de dissolution du mariage sous contrôle du juge institué par le code de la famille,
en vertu de l’art 114. Les époux peuvent consentir d’un commun accord de mettre fin à leur relation
conjugale avec ou sans conditions, pourvu que celles-ci ne soient pas contraires aux dispositions du
code de la famille et ne portent pas préjudice aux intérêts des enfants. En cas de désaccord, les
époux le portent à la connaissance du juge qui tentera de les réconcilier, autant que possible, s’il n’y
parvient pas, le juge ordonne la consignation et l’enregistrement du divorce.
Si le code de la famille n’a pas renvoyé aux articles 84 et 85 du CF portant sur les droits dus à
l’épouse et ceux dus aux enfants, l’analyse des dispositions de l’article 84 montrent que la femme y a
droit, même s’il s’agit d’un divorce par consentement mutuel, dont la finalité est d’épargner aux
époux les longues procédures ; de préserver de meilleures relations, en cas de présence d’enfants. Ce
mode de dissolution de mariage paraît le plus approprié quand l’un des époux ou les deux résidents à
l’étranger. De même, le divorce par consentement mutuel peut être assorti de conditions qui
peuvent porter sur la renonciation à la dot ou aux frais de logement ou au don de consolation. Quand
il est soumis à des conditions, le divorce par consentement mutuel s’apparente au divorce par
compensation, à la différence qu’il peut être demandé par l’un ou l’autre époux.
Le pouvoir d’appréciation du juge en matière du divorce judicaire est très important. La requête en
divorce est présentée à la section de la justice de la famille du lieu de domicile des époux, à défaut
selon l’ordre précité par le code de la famille. Après enrôlement de la requête, le juge convoque les
époux pour une tentative de réconciliation sauf dans le cas de l’absence. Si la réconciliation a lieu, le
tribunal rend une ordonnance la constatant, laquelle met fin à la procédure. Si la réconciliation n’a
pas été possible ou si après convocations demeurées infructueuses, les époux ou l’un d’eux n’ont pas
comparu, le tribunal rend une ordonnance de non réconciliation et autorise l’époux demandeur à
poursuivre la procédure. Le tribunal statue, le cas échéant, sur les mesures provisoires et
conservatoires relatives à l’entretien de la femme, le domicile, le droit des enfants, la garde de ces
derniers et les objets mobiliers qui se trouvent dans la maison. Cette ordonnance est exécutoire sur
minute, nonobstant toutes voies de recours. En cas d’instance de divorce et si la cohabitation s’avère
impossible, le tribunal prend des mesures provisoires qu’il estime convenir à la femme et aux
enfants, et ce de sa propre initiative ou sur requête, en attendant le jugement rendu dans l’affaire.
Ces mesures concernent également le choix du domicile chez l’un des parents de l’époux ou de
l’épouse. Ces dispositions sont exécutoires sur minute par voie du ministère public. Dans tous les cas,
l’obligation d’entretien demeure à la charge du mari.
L’épouse aura la faculté de demander le divorce pour défaut d’entretien conformément aux cas et
dispositions suivantes, selon les dispositions de l’art 102 du code de la famille :
-a/ si l’époux dispose de biens permettant d’assurer l’entretien de son épouse, le tribunal peut y
recourir à cette fin et ne donne pas en conséquence suite à la demande de divorce ;
-b/ en cas d’incapacité financière, le tribunal fixe, selon les circonstances à l’époux, un délai ne
dépassant pas 30 jours pour procéder à l’entretien, 15 à défaut le divorce est prononcé, sauf en cas
de force majeure ou de circonstances exceptionnelles ;
-c/ le tribunal prononce le divorce, séance tenante, si l’époux refuse d’assumer l’entretien de son
épouse sans prouver son incapacité financière. Ces dispositions s’appliquent également à l‘époux
absent s’il est joignable. Si le lieu du mari est inconnu, le tribunal s’assure de l’impossibilité de joindre
le mari avec l’aide du ministère public ainsi que du fondement de la demande de l’épouse et statue
sur la demande à la lumière des résultats de l’enquête et des éléments du dossier30 . Le divorce pour
défaut d’entretien est révocable car l’époux a le droit de reprendre sa femme pendant la retraite de
continence si elle est d’accord, s’il justifie des moyens d’existence et démontre sa volonté d’assurer
son obligation d’entretien vis-à-vis de sa femme.
5-2. Le divorce pour manquement à l’une des conditions de l’acte du mariage et pour préjudice :
Aux termes de l’art 99 du code de la famille, est considéré comme un préjudice justifiant le divorce,
tout manquement à l’une des conditions de l’acte du mariage. Est considéré comme préjudice
justifiant le divorce, tout acte ou comportement infamant émanant de l’époux ou contraires aux
bonnes mœurs portant un dommage matériel ou moral à l’épouse, la mettant dans l’impossibilité de
continuer la vie conjugale. Le préjudice subi est établi par tous les moyens de preuve, y compris la
déposition des témoins qui seront entendus par le tribunal dans la chambre de conseil. Si l’épouse ne
parvient pas à prouver le préjudice mais persiste à demander le divorce, elle peut recourir à la
procédure de désunion. Dans le cas où le divorce est prononcé pour cause de préjudice subi, le
tribunal peut fixer, dans le même jugement le montant de l’indemnité due au titre du préjudice.
Il faut que l’absence dure plus d’un an et que le lieu où se trouve le mari soit connu. L’absent signifie
la personne que l’on sait toujours vivante. L’absence du mari porte préjudice à la femme et cette
dernière est fondée à demander le divorce même si le mari a laissé des biens pouvant servir à son
entretien. Si des correspondances peuvent parvenir au mari absent, le tribunal l’informe de la
demande de divorce, en l’avisant que le divorce sera prononcé s’il ne revient pas résider avec sa
femme ou s’il ne la fait pas venir auprès de lui. Si des correspondances ne peuvent parvenir au mari
absent, le tribunal aidé du ministère public prend toutes les dispositions pour faire parvenir la mise
en demeure à l’époux absent, y compris la désignation d’un curateur. Si le mari ne revient pas, le
divorce sera prononcé. Le divorce pour absence de mari est irrévocable.
Lorsque le mari délaisse son épouse et n’accomplit plus ses devoirs intimes, celle-ci est fondée à
saisir le juge qui fixera au mari un délai de quatre mois ; passé ce délai et si l’époux ne revient pas à
résipiscence, le divorce est prononcé par le juge. Le divorce pour délaissement est révocable à
l’instar du divorce pour défaut d’entretien.
Sont considérés comme vices rédhibitoires affectant la vie conjugale et fondant la demande du
divorce :
- les vices empêchant les relations conjugales ; - les maladies graves pouvant porter atteinte à l’autre
époux et dont la guérison ne peut intervenir dans un délai d’un an. Pour que la demande de divorce
de l’un des époux pour vices soit acceptée, il faut que : - le demandeur ignore l’existence de ce vice
avant la conclusion du mariage ; - le demandeur soit incapable de continuer la vie conjugale s’il
apprend que la guérison est impossible. L’époux qui a eu connaissance des vices affectant son
épouse avant la consommation du mariage peut la répudier sans être tenu au paiement de la dot. Si
le mari a été induit en erreur, il peut réclamer le remboursement de la dot. Si l’époux a eu
connaissance des vices avant l’établissement de l’acte du mariage et qu’il a répudié sa femme avant
la consommation du mariage, cette dernière a droit à la moitié de la dot. Il sera fait appel à des
médecins spécialistes aux fins d’obtenir tous les éclaircissements utiles sur le vice ou la maladie
allégés. Le divorce prononcé par le juge pour vices rédhibitoire est irrévocable et définitif.
A/ L’allaitement
: Pendant le mariage et à la suite d’un divorce révocable, la mère ne peut prétendre à une
rémunération, car elle a droit à une pension alimentaire qui prend en charge les dépenses
inhérentes aux besoins de l’enfant. Le salaire dû pour l’allaitement de l’enfant est à la charge de la
personne à qui incombe l’entretien de ce dernier. Les malékites considéraient qu’en cas
d’indigence du père, la nourrice qui s’offre gratuitement pour allaiter l’enfant est préférée à la
mère qui demande un salaire. L’allaitement doit néanmoins avoir lieu au domicile de la mère.
B/ La pension alimentaire
: Le droit de l’enfant à l’entretien découle des obligations liées à l’exercice de la puissance
paternelle et subsiste, donc, après la dissolution du mariage. Le père doit subvenir aux besoins de
ses enfants en bas âge ou incapables de se procurer des ressources. Le code de la famille a
maintenu le droit à la pension alimentaire à l’âge de la majorité légale pour les deux sexes et à
l’âge de 25 ans s’ils poursuivent des études. Il a également spécifié que pour la fille, la pension
dure jusqu’à ce qu’elle gagne sa vie ou qu’elle se marie. De même, l’obligation de servir une
pension à ses enfants incapables de gagner leur vie ou atteints d’un handicap demeure à la charge
du père, sans limite d’âge. Le montant de la pension alimentaire comporte la nourriture, les
vêtements, les soins médicaux et tout ce qui est considéré comme nécessaire ainsi que la
scolarisation19 . Le logement des enfants doit être assuré indépendamment des frais inhérents à
la pension alimentaire.20 Le montant de la pension alimentaire est apprécié selon les moyens du
débiteur, la situation du créancier, le niveau des prix ainsi que les usages du milieu social du
créancier. Les arrérages de la pension alimentaire sont payés aux enfants à partir de la date où le
père s’est refusé à leur fournir des subsides22. Il est statué en matière de pension alimentaire
dans un délai maximum d’un mois. Le Maroc s’est rallié à la position hanéfite en obligeant la mère
qui a des biens de pourvoir aux besoins de ses enfants, si le mari est totalement ou partiellement
incapable d’assurer l’entretien, jusqu’à ce qu’il revienne à meilleure fortune24 . Le montant de la
pension alimentaire, les modalités de paiement ainsi que les garanties sont fixées par le tribunal.
Le jugement ordonnant la pension alimentaire demeure en vigueur jusqu’à son remplacement par
un autre jugement ou la déchéance du bénéficiaire de son droit à la pension alimentaire. Aucune
demande pour obtenir une augmentation ou une diminution de la pension alimentaire ne sera
recevable, sauf circonstances exceptionnelles, avant l’écoulement d’un an. Le défaut d’entretien
des enfants par la personne à qui incombe l’obligation de prise en charge, pour une durée d’un
mois ou plus, sans raisons valables peut entraîner des poursuites pour délit d’abandon de famille
(arts 479 à 483 CP). En droit français, on parle de l’obligation d’entretien qui incombe aux deux
parents, en vertu de l’autorité parentale qui a succédé à « la puissance paternelle » par la loi,
n°70-459 du 4 juin 1970. La loi n°2002-305 du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale a
renforcé l’exercice commun de l’autorité par les deux parents. L’obligation d’entretien s’impose
aux deux parents du seul fait de l’établissement du lien de filiation « de nourrir, entretenir et
d’élever leur enfant » (art 203 Code Civil). Cette obligation s’impose aux parents
indépendamment de l’exercice de l’autorité parentale et s’étend de la naissance jusqu’à ce que
l’enfant soit apte à assurer sa subsistance (art 371-2 al 2 du Code Civil). Si la filiation n’est pas
établie, l’enfant ne bénéficie pas de l’obligation d’entretien mais peut exercer une action aux fins
de subsides à l’encontre du père présumé (art 342 CC). Enfin l’obligation d’entretien peut être
demandée, même longtemps après la cessation de son versement, contrairement à l’obligation
alimentaire où il est traditionnellement affirmé que « les aliments ne s’arréragent pas ».
1/ l’incapacité naturelle qui résulte d’un état de fait qui la rend évidente : minorité, démence,
prodigalité etc. ou l’incapacité arbitraire qui résulte d’une décision de loi.
A/ Incapacité de protection : est édictée par la loi pour protéger la personne elle-même, jusqu’à ce
qu’il soit apte d’accomplir les actes de la vie juridique. Ex : Incapacité qui frappe le mineur, le
dément, le prodigue.
B/ Incapacité de déchéance : c’est l’incapacité qui frappe des personnes qui occupent une place en
bas de l’échelle sociale (esclave, condamné à mort), soit ceux qui ont enfreint les règles morales et
religieuses (apostasie), soit les personnes qui ont commis de lourdes fautes de gestion de leur
patrimoine dont la déchéance a été prononcée pour ne plus nuire à eux-mêmes ou aux autres (la
faillite).
A/ l’incapacité générale signifie que l’individu qui en est frappé ne peut accomplir aucun acte de la
vie juridique : qu’il soit de jouissance ou d’exercice.
B/ Incapacité spéciale concerne les personnes capables mais dont certains actes leur sont interdit :
état de dernière maladie.
A/ Incapacité d’exercice : c’est le fait d’être titulaire d’un droit mais qui ne peut être exercé que par
l’intermédiaire d’un représentant ou avec son assistance (minorité, etc..).
B/ Incapacité de jouissance : C’est le cas d’une personne ne pouvant légalement être titulaire d’un
droit (ex : naturalisé, étranger, etc.). L’incapacité d’exercice peut avoir deux causes : la minorité et
l’aliénation mentale. Par contre la capacité d’exercice est seulement limitée dans les cas suivants : -
l’enfant qui, ayant atteint l’âge de discernement, n’a pas atteint celui de la majorité ; - le prodigue ; -
le faible d’esprit.
Section 2 : La minorité
2-1. Dispositions générales
Sont considérés mineurs, les personnes qui n’ont pas atteint l’âge de la majorité, fixé à 18 ans
révolus (art 209). Le mineur est frappé d’incapacité d’exercice, il est soumis au régime de la tutelle.
Toutefois, il existe plusieurs degrés dans la minorité. Ainsi, l’enfant est doué de discernement
lorsqu’il a atteint l’âge de 12 ans grégoriens révolus. Lorsque le mineur atteint l’âge de seize ans, il
peut demander au tribunal de lui accorder l’émancipation. Le représentant légal peut demander au
tribunal d’émanciper le mineur âgé de 16 ans s’il a constaté qu’il est doué de bon sens. La personne
émancipée entre en possession de ses biens et acquiert sa pleine capacité concernant la gestion et la
disposition de ses biens. Mais l’exercice des droits extrapatrimoniaux demeure soumis aux textes qui
les régissent. Le mineur doué de discernement peut prendre possession d’une partie de ses biens
pour en assurer la gestion à titre d’expérience. L’autorisation est accordée par le représentant légal
ou par décision du juge des tutelles, à la demande du tuteur testamentaire ou du tuteur datif ou du
mineur. Le juge des tutelles peut annuler cette autorisation sur demande du tuteur testamentaire ou
datif, ou du ministère public ou d’office en cas de mauvaise gestion. Les actes à titre onéreux passés
par le mineur doué de discernement sont subordonnés à l’autorisation du tuteur. Ce dernier les
ratifie ou refuse suivant qu’ils représentent ou non un intérêt certain pour le mineur. Le mineur
autorisé à gérer une partie de ses biens est considéré pendant la période d’expérience, comme ayant
pleine capacité pour agir dans la limite de l’autorisation qu’il a reçue et ester en justice à propos des
actes de sa gestion.
En droit musulman, l’enfant est soumis à la tutelle légale dès sa naissance. Elle est exercée par le
père ou par le cadi. Depuis 1974, le cadi est remplacé par le juge des tutelles. Le père exerce la
tutelle sur la personne et sur les biens du mineur incapable jusqu’à sa majorité. La tutelle légale est
une charge obligatoire pour le père tant qu’il n’a pas été déchu de cette tutelle par un jugement. En
cas d’empêchement du père, la tutelle légale est exercée par la mère. En droit musulman la mère n’a
jamais été tutrice légale, elle était seulement tutrice testamentaire, si elle était désignée par le père
de son vivant ou tutrice dative, si elle était désignée par le juge. La réforme du Code de statut
personnel du 10 septembre 1993 a permis à la mère d’exercer la tutelle légale, sous certaines
conditions et a limité les actes qui lui sont reconnus. Le code de la famille a élargi les attributions de
la mère qui exerce la tutelle légale. En effet, la mère peut exercer la tutelle sur ses enfants à
condition : - qu’elle soit majeure ; - que le père, par suite de décès, d’absence, de perte de capacité,
ou pour tout autre motif ne peut assumer la tutelle. La mère peut désigner un tuteur testamentaire
et elle peut également le révoquer. Dès le décès de la mère, l’acte de tutelle testamentaire est
soumis au juge pour vérifier sa validité et le confirmer. Si le père décédé a désigné de son vivant un
tuteur testamentaire, le rôle de ce dernier se limite à suivre la gestion faite par la mère des affaires
du mineur sous sa tutelle et de saisir la justice, le cas échéant. Le tuteur légal qu’il s’agisse du père ou
de la mère n’est pas soumis au contrôle préalable de la gestion des biens du mineur, mais il est tenu
de présenter un rapport annuel dans le cas d’une ouverture de dossier de tutelle légale si la valeur
des biens de l’interdit est supérieure à 200.000 dirhams. Toutefois, le juge de tutelle peut baisser
cette limite et demander une ouverture de dossier de tutelle, compte tenu de l’intérêt du mineur. Au
terme de sa mission, et lorsqu’il existe un dossier de tutelle légale, le tuteur légal doit aviser le juge
des tutelles de l’état des biens du mineur interdit, en lui présentant un rapport détaillé pour
homologation.
: Le tuteur testamentaire est le tuteur désigné par le père. Dès le décès du père, la tutelle
testamentaire est soumise au juge aux fins d’homologation. Cette même disposition est reprise par le
code de procédure civile où toute ouverture de tutelle donne lieu à l’établissement d’un dossier au
tribunal de première instance et à son inscription dans un registre spécial tenu à cet effet. 22 Dès la
réception de l’avis de décès, le juge ordonne l’établissement d’un acte notarié mentionnant l’identité
de tous les héritiers. Si le défunt a institué un tuteur testamentaire, cette nomination est portée sur
l’acte notarié. En l’absence de la mère ou du tuteur testamentaire, le tribunal désigne un tuteur datif
qu’il choisit parmi les plus aptes des proches (Asaba). A défaut, le tuteur datif doit être choisi parmi
les autres parents proches sinon parmi des tiers. De même, en fonction de l’intérêt de l’enfant, le
tribunal peut désigner deux ou plusieurs tuteurs datifs, en fixant les compétences de chacun d’eux.
Les membres de la famille, les demandeurs de l’interdiction et toute personne intéressée peuvent
proposer un candidat comme tuteur datif. En cas de besoin, le tribunal peut désigner provisoirement
un tuteur datif. Le tribunal transmet immédiatement le dossier de candidature au ministère public
pour avis, dans un délai maximum de 15 jours. Après réception de l’avis du ministère public, le
tribunal statue dans un délai maximum de 15 jours. Les tuteurs testamentaire et datif doivent jouir
de la pleine capacité, être honnêtes, diligents et de bonne conduite. La condition de leur solvabilité
(situation financière) est laissée à l’appréciation du juge. Ainsi, la tutelle testamentaire et dative ne
peut être confiée : - à la personne condamnée pour vol, abus de confiance, faux ou toute infraction
portant atteinte à la moralité ; - au failli et au condamné pour liquidation judiciaire ; - à la personne
qui a un litige soumis à la justice ou un différend familial avec le mineur interdit. Les tuteurs
testamentaire et datif doivent établir un inventaire des biens de l’interdit qui sera envoyé au juge, et
sera conservé dans le dossier de la tutelle. A l’issue de l’inventaire, le ministère public, le tuteur légal,
le conseil de famille, un ou plusieurs proches peuvent présenter leurs observations au juge des
tutelles au sujet de l’estimation de la pension alimentaire nécessaire à l’interdit et sur le choix des
méthodes susceptibles de lui assurer une bonne éducation ainsi qu’une bonne gestion de ses biens
La tutelle est une charge personnelle, elle ne passe pas aux héritiers. C’est une charge obligatoire 23
La tutelle est une charge gratuite pour le père ou la mère. Le tuteur testamentaire ou datif peut
recevoir des indemnités pour les frais de gestion. Ces indemnités sont fixées par le juge.
1/ le subrogé tuteur : c’est un surveillant du tuteur qui est nommé par le juge. Si le père est indigent,
il appartient au juge de lui adjoindre un subrogé tuteur. Ce dernier peut également être nommé
auprès du tuteur datif pour veiller à la gestion et le conseiller. Il peut s’agir d’un ou de plusieurs
subrogés tuteurs.
2/Le tuteur ad-hoc : il s’agit d’une mission momentanée à pouvoir limité. Le tuteur ad-hoc est
nommé par le juge, quand le tuteur testamentaire ou datif se porte acquéreur d’un bien appartenant
à l’incapable et qu’il faut nommer une tierce personne pour représenter le mineur interdit.
: Le tuteur représente l’enfant dans tous les actes de la vie juridique. Le mineur n’a pas à intervenir
et le tuteur agit seul. Le tuteur est soumis au contrôle judiciaire de l’ensemble de sa gestion.
Toutefois, il existe certains actes juridiques que le mineur peut faire seul, à savoir : le mariage, la
répudiation, le divorce, le désaveu de paternité. Le père bénéficie généralement d’une plus grande
liberté dans l’administration de la tutelle sauf s’il est indigent. Le législateur distingue les actes qui
portent sur la conservation du patrimoine et les actes de dispositions. Les codes de la famille et de
procédure civile réglementent ces opérations et soumettent à l’autorisation du juge toute action
susceptible d’entraîner l’appauvrissement du mineur interdit.
2-6. La fin de la tutelle :
La tutelle prend fin dans les cas suivants : - accès du mineur à la majorité sauf décision contraire du
juge pour d’autres motifs ; - émancipation du mineur ; - décès du mineur ; - décès du tuteur
testamentaire ou datif ; ou fin de leur mission ; ou déchéance pour condamnation pénale, mais dans
ce cas un nouveau tueur est nommé ; - la révocation du tuteur testamentaire ou datif.
A la fin de la tutelle, le tuteur rend un compte détaillé de sa gestion et remet les biens dont il était
responsable. Le mineur devenu majeur ou ses enfants, en cas de décès, peuvent légalement
demander ce rapport au tuteur. L’interdit qui a atteint l’âge de la majorité ou dont l’interdiction est
levée, conserve son droit d’intenter contre le tuteur testamentaire ou datif ou toute autre personne
qui a été chargée de la gestion des affaires, toutes actions relatives aux actes préjudiciables à ses
intérêts. Ces actions sont prescrites deux ans après que le mineur ait atteint la majorité ou que
l’interdiction ait été levée. Toutefois, en cas de vol, de dol ou de recel de documents, ces actions se
prescrivent dans un délai d’une année après qu’il en ait eu connaissance.