Sy Primaire
Sy Primaire
Sy Primaire
SYMBIOSES
Le magazine de l’Éducation relative à l’Environnement (ErE)
Déchets
Nature&B iodiversité
Alimentation
Eau
Energie
Mobilité
D
oté d’une grande curiosité, d’un besoin de s'émerveiller, d’une ouverture progressive au monde, l'enfant tire tout
bénéfice d'une Education relative à l'Environnement (ErE) au cours de son cursus à l'école primaire. Découvertes
à travers les sens, l'observation, le questionnement, prise de conscience des relations qui le lient aux autres, à la
nature, aux ressources, proches et lointaines... L'ErE dépasse les clichés de nature ou de pollution pour tendre
vers une approche globale, riche sur le plan éducatif.
La pédagogie par projets, qu’ils soient petits ou grands, est ainsi au cœur des pratiques d’ErE. Au travers des expériences rela-
tées dans ce numéro spécial de SYMBIOSES, nous avons voulu montrer la coexistence de différents niveaux d'implication, depuis
la confection d'une compote de pommes jusqu'à un projet de grande ampleur touchant toute l'école. Autant d’occasions, pour
les élèves, de toucher aux disciplines par le plaisir et l’action. Autant de façons, pour l’instituteur/trice, non pas de « faire en
plus », mais de « faire différemment et efficacement ». D’autant que l'organisation de l'enseignement primaire s'y prête, même
si certains obstacles doivent encore être surmontés. Nous en parlons également dans ce numéro (voir pp.3-5).
Les déchets, la nature, l'alimentation, l’eau, l'énergie, la mobilité… sont autant de portes d'entrée thématiques que nous avons
choisies pour présenter et structurer ce SYMBIOSES, sans réduire pour autant l'environnement à ces dimensions-là. Il ne suffit
pas non plus de trier les déchets pour faire de l'éducation à l'environnement, encore faut-il se questionner sur ceux-ci : quels
sont-ils ? Comment sont-ils produits ? Pourquoi ? Où vont-ils ? Et de s'interroger sur notre rôle, individuel et collectif, sur nos
besoins, le monde de la consommation... Les pistes sont nombreuses et les liens avec la santé, les relations Nord-Sud et la
citoyenneté sont proches.
Réalisé à l'initiative de l'Accord de coopération en ErE (voir p.24), ce SYMBIOSES a ainsi pour objectif de valoriser une diversité
de pratiques existantes et, à travers celles-ci, de donner des idées, donner confiance - il ne faut pas s'y connaître pour s'y lancer
(voir p.3) - et de donner envie de se lancer dans cette aventure enrichissante. Une vingtaine de projets ont été choisis, parmi un
foisonnement d'initiatives.
Car même si elle n'est pas toujours « nommée » en tant que telle, l'Education relative à l'Environnement est bien présente dans
l'enseignement primaire, sans pour autant être généralisée. Tout dépend bien sûr de la motivation et de l’intérêt du corps ensei-
gnant et de la direction. Selon une étude réalisée en 2003 (ULB, Promes), l'environnement apparaît ainsi comme le sujet le plus
demandé (81% des écoles interrogées) en matière d'animations et d'outils. Pour répondre à cette demande, plus d'une centaine
d'organisations proposent des outils et activités allant de l'animation ponctuelle à un réel partenariat dans la réalisation d'un
projet. Ce numéro de SYMBIOSES veut notamment contribuer à mieux faire connaître ces acteurs (voir pp.22-23) et à stimuler de
réelles collaborations entre l'école et le monde associatif.
Cathy Cheval : Institutrice primaire depuis juin 84, directrice fai- Mais il y a certains risques aussi, et donc des
sant fonction durant deux ans. En détachement depuis 2002 pour craintes …
une « Ecole de la réussite ». Conseillère pédagogique depuis sep- Cathy Cheval : Il y a en effet des limites : l’enseignant risque d’ê-
tembre 2007. tre plus attentif au produit fini qu’aux profits à retirer en termes
Pol Collignon : Inspecteur coordonnateur pour l’enseignement d’apprentissages. Il risque aussi de répartir les tâches en canton-
fondamental. nant les élèves dans leurs compétences acquises, alors qu’il s’agirait
plutôt d’en développer de nouvelles. Attention également à ne pas
faire dériver toutes les activités vers le projet ou de consacrer trop
En quoi la « pédagogie par projets » est intéressan- de temps aux activités d’exécution. Et surtout ne pas être en
te pour l’enseignant et ses élèves ? contradiction avec le projet éducatif de l’école, donc avec la direc-
tion et certains collègues.
Cathy Cheval : A plusieurs titres. Le projet, s’il est bien mené, Enfin, très important, cette pratique pédagogique doit susciter l’a-
implique la mise en œuvre d’activités fonctionnelles et favorise le dhésion totale de l’enseignant qui l’adopte et non lui être imposée
développement global de l’élève (savoirs, savoirs-faire, attitudes, par une personne extérieure. Il y a moyen de procéder pas à pas et
compétences disciplinaires et transdisciplinaires). Il permet plus se faire aider, notamment par les conseillers pédagogiques.
facilement de s’adresser à l’enfant dans toutes ses composantes
(cognitive, affective, sociale, corporelle…). Autre atout : faciliter la Pol Collignon : Le changement fait peur aux enseignants (pas à
prise de responsabilité, l’autonomie, la socialisation, l’engagement tous heureusement). En formation initiale, on n’apprend pas vrai-
personnel, la réflexion avant l’action. Il incite aussi à l’évaluation ment à développer des projets, les priorités sont ailleurs. Pratiquer
formative : l’enseignant observe les enfants au travail dans la mise la pédagogie par projets s’acquiert plus sur le terrain, en s’investis-
en œuvre des différentes compétences. sant dans la recherche de documents, en collaborant avec un col-
Le projet permet en outre la différenciation : par la répartition des lègue, en demandant conseil à un conseiller pédagogique, à
tâches, l’enseignant prend en compte les différences entre les élè- l’inspecteur, en participant aux formations en cours de carrière…
ves. Il rend les enfants acteurs et donc les motive ou même les Par ailleurs, pour mener un projet, il faut avoir une vision de com-
réconcilie avec l’école. Enfin, il amène à résoudre des problèmes. ment se déroule une année, l’ordre des apprentissages… C’est plus
La mise en place de projets appelle donc à une pédagogie diffé- simple quand on a un peu de bouteille. Cela peut aussi déranger
renciée, fonctionnelle, participative, globale. Autant d’axes qui par- certains enseignants de déléguer ou partager leur autorité. Il y a
ticipent à une école de la réussite pour tous. une part d’incertitude. Il est donc important de bien fixer les
objectifs à poursuivre, de structure les activités, de « cadrer » les élè-
Pol Collignon : L’école, on y va pour apprendre à lire, écrire et ves.
calculer. Évidemment. Mais aussi pour apprendre à devenir soi, à
grandir, à prendre des responsabilités, à faire preuve d’autonomie,
à acquérir l’esprit critique… Le cognitif c’est très bien, c’est même
indispensable, mais il ne faudrait pas négliger le comportemental.
Un projet bien construit, bien mené, peut participer à l’un comme
à l’autre.
Par ailleurs, réunir les enfants, en parler avec eux, leur demander
Du sens d’enseigner
leur sentiment, les laisser émettre des idées, même si on peut adroi- « Qu’est-ce que j’ai envie de transmettre à mes élèves ? Pas
tement les orienter, c’est un aspect de l’enseignement beaucoup seulement 1+1=2. Comment puis-je traduire ce qui se
plus démocratique ; on donne la parole et on suscite l’engagement. passe autour de moi, comment préparer ces petits bouts à
Autre intérêt : un projet, cela peut être aussi l’école « hors les vivre dans notre société, comment les rendre forts, dotés
murs». On sort et on va à la recherche de ce qui motive l’enfant. d’une réflexion par rapport à tout ça ? En passant par un
On se « frotte à la vie ». Il m’est arrivé d’assister à une activité d’é- projet, par exemple. Cela demande alors de la méthode, une
veil scientifique dont le thème était « La vache » et au cours de stratégie. C’est aussi un épanouissement de préparer les
laquelle l’enseignant projetait la photo d’une vache au tableau,
enfants à vivre et à se questionner sur leur rôle dans notre
alors qu’il y avait un pâturage à côté de l’école où broutait un trou-
peau de « Marguerites » ! société de consommation. Utiliser ses connaissances pour
Cette approche demande, c’est vrai, plus de temps de préparation. se développer et pour s’ouvrir au monde et sa complexité.
Un projet ne s’improvise pas, il se construit. Mais, que de satis- S’ouvrir au monde pour développer ses connaissances ».
factions une fois le projet mené à terme, évalué !
On parle souvent de la différenciation des apprentissages, mais si Dominique Willemsens, Réseau IDée
l’enseignant peut aussi différencier sa manière d’être et d’enseigner,
c’est bénéfique pour lui et ses élèves.
L’
école Peu d’Eau propose un enseignement spécialisé pri- Pour les élèves de type 2 – maturité 1 – de Mme Martine Derèse,
maire et maternel de type 1, 2 et 8 (*). Dans cette école à peser des fruits et autres ingrédients d’une recette n’a plus de sec-
l’ambiance familiale, les deux principaux objectifs sont ret. Dans cette classe de «cuistots», on cuisine tous les mardis et,
d’autonomiser et de socialiser les enfants. Tout l’enseigne- deux fois par mois, le repas du midi est entièrement confectionné
ment est ainsi basé sur une pédagogie fonctionnelle, chaque par les enfants, du potage au dessert. Ce projet a été renforcé par
classe ayant un fil rouge : jardinier, reporter, musicien, danseur, un soutien de la Fondation Roi Baudouin lorsque la classe a par-
cuistot... ticipé à un concours organisé en 2007. La cuisine, installée dans la
classe, a été rééquipée et une aire de potager a été installée dans
Des projets concrets et utiles l’ancien bac à sable de la cour de récréation, par l’ajout d’une
Chaque activité est menée de bout en bout par les élèves. Dans la bonne couche de terreau. Une bonne stratégie visiblement, car le
classe des jardiniers, chez Mme Martine François, classe de matu- potager produit de tout : herbes, poireaux, courgettes et potirons,
rité 3, la construction de nichoirs a ainsi nécessité toute une série haricots, mais aussi carottes, petits pois, salades. Les limaces ne
d’étapes qui ont structuré de nombreux apprentissages. Comment semblent pas avoir découvert ce garde-manger !
se présente un nichoir ? Comment le construire ? Chercher des Les enfants de Mme Derèse travaillent au potager les lundis et jeu-
plans, lire un plan, prendre des mesures, choisir du bois, chercher dis après-midi. Ils utilisent leurs récoltes pour confectionner leur
des prix, établir un budget, le soumettre à la direction. Lorsque le repas du mardi. Les déchets de cuisine sont amenés au compost,
budget est accepté, aller chercher les planches et, en atelier, faire les qui apporte le terreau pour les jeunes plantations... Le cycle est
découpes et assembler. Une partie des nichoirs a été vendue, les bouclé.
autres ont été accrochés aux quelques grands arbres du jardin. Au
cours des années, les nichoirs sont entretenus, des réparations sont Des récoltes à l’assiette
faites, certains nichoirs sont refabriqués. Et chaque printemps, c’est Au départ, la tendance à l’obésité de plusieurs enfants et le cons-
l’occasion d’observer quels sont les nichoirs habités, de reconnaît- tat d’une alimentation très peu diversifiée furent les moteurs du
re les oiseaux... projet. De manière générale, la cuisine de l’école s’est complète-
Mais d’autres tâches attendent nos jardiniers. Des plates-bandes ment orientée vers des repas à base de produits frais et l’obligation
méritent d’être refaites. Il s’agit de choisir des plantes bien adap- de manger le midi à l’école. Dans la classe des cuistots, c’est tout
tées et chercher à échelonner les floraisons. Pour faciliter l’entre- un programme autour des goûts et des saveurs qui s’est mis en
tien, du mulch doit être posé. Quelle quantité faut-il acheter ? A place, à l’aide d’intervenants extérieurs et à travers le potager et les
quel prix ? A nouveau l’occasion de mesurer, calculer un volume, ateliers cuisine.
comparer des prix. Et ensuite, réaliser, entretenir, observer... Pour On le voit, ces activités nature rythment l’année. Au-delà des plai-
les élèves de Mme François, ce sont autant de projets concrets, uti- sirs et apprentissages qu’elles génèrent, elles aident à construire des
les, en prise avec le réel et au service de leurs apprentissages. repères de «temps et espace» et des notions de cycles et de saisons,
quasi oubliées dans notre système de consommation où l’on
Au fil des mois et des saisons mange des fraises en hiver et du raisin toute l’année.
Cet environnement diversifié profite aux autres classes. Chaque Le Directeur, M. Jean Corbaye, n’a pas manqué de souligner l’im-
mois, M. Yves Thomas en fait le tour avec ses jeunes élèves de pre- portance de tels projets interdisciplinaires : les compétences trans-
mière. Ils observent les transformations et se construisent ainsi des versales qui peuvent être abordées et évaluées prennent ici concrè-
notions de cycle de vie, et de mort. Pour mieux ancrer ces évolu- tement toute leur valeur!
tions, et comparer d’un mois à l’autre, M. Thomas aimerait s’ai-
der de prises de vue photographiques. Un projet pour le futur... Joëlle VAN DEN BERG
A chaque rentrée scolaire, le raisin abonde sur la vigne et garnit les
assiettes du dessert à la cantine. Les récoltes de pommes, poires, (*) 1 et 2 (capacités intellectuelles plus ou moins faibles), 8 (troubles instrumentaux)
prunes sont cuisinées en compotes, tartes et confitures par tous. A
chaque saison, ses plaisirs.
c
L’école travaille avec de nombreux partenai-
res : les soutiens financiers de la Fondation La Nature, cela se vit!
Roi Baudouin («Manger plus sain à l’école» en
2006 et campagne «mangerbouger.be»), la réhabilita- Tous les quinze jours, M. Calvagna se rend avec ses élè-
tion de la mare avec le Domaine de Mozet, les ateliers ves de 5e primaire dans un espace vert proche de l'é-
« goûts et saveurs » avec des Maitres cuisiniers... cole, aménagé au cours du temps par des projets de
c
L’utilisation d’un ancien bac à sable (lesquels classes et avec l'aide de personnes extérieures. Ils y tra-
ne sont plus autorisés), recouvert d’une vaillent une heure, à semer, récolter, débroussailler... Ce
bonne couche de terreau semble très effica- lieu magique, situé au coeur d’un réseau de potagers
sur le Plateau d’Avijl, à quelques pas de la ville, dispose
ce comme support de potager.
d’une prairie à faucher, de pommiers et poiriers palis-
c
Le même fil rouge sur une année, voire plu- sés et d’un petit potager.
sieurs années de suite, par une même clas-
se, et la reprise de ce fil rouge par de nou- « Ce qui compte dans ce contact régulier avec la nature,
c’est moins le résultat de la production que de répon-
veaux élèves permet un travail en continu dans le dre à un besoin fondateur de contact avec la terre, d'en-
suivi des réalisations et dans les apprentissages. racinement », affirme M. Calvagna. Au gré des observa-
tions du moment, c'est aussi toute une construction
temporelle qui prend forme. « Tiens, il y a quinze jours,
il y avait des fleurs, maintenant ce sont les fruits qui
apparaissent... ». Pas besoin de livre pour parler d'éveil
ou de biodiversité, cela se vit sur le terrain, même à
Bruxelles.
Contact Ce plaisir hors du bitume, d’autres enfants de l'école
peuvent le vivre, lors de l’atelier nature organisé un midi
par semaine par cet enseignant passionné. Par beau
temps, quand l’envie les prend, la récré se passe dans
Ecole Peu d’Eau - Andenne – 085 84 33 34 – le pré, à se rouler dans l'herbe.
info@ecolepeudeau.be - www.ecolepeudeau.be
J.VDB.
Planteurs d’arbres
Reinette Gris-Braibant, Cwastresse double et Reinette
étoilée. Voici les trois espèces de pommiers que les élè-
ves de l’école de Mohiville ont plantées dans leur école,
en conclusion d’un projet pilote avec le CRIE de Modave.
Durant un an, la classe de 3-4-5 et 6ème de M. Francis
Gilson est partie à la découverte de ce fruit. Après une jour- Accueil en douceur des jeunes élèves de première année dans le verger ...
née passée dans le verger du CRIE (découverte des sor-
tes de pommes, fabrication de jus…), ils ont eu envie de La garderie, une bonne idée : à l'école des Pagodes
partir à la rencontre des variétés anciennes de pommes. à Laeken, la coordination du potager est assurée par
Ils ont alors parcouru leur village afin de répertorier les dif- une auxiliaire d’éducation. Les élèves peuvent alors
férentes variétés de pommiers présentes chez les habi- aussi s’occuper du potager pendant les temps de midi
tants. Ils ont ensuite fait des recherches sur ces fruits, et de garderie. (Mme Winkin – 02 266 11 30)
leur nom et leurs particularités, via des documents, inter-
net et les connaissances de Cédric, l’animateur du CRIE.
Une visite dans les magasins du coin leur a aussi permis
de découvrir l’origine (parfois lointaine !) des pommes
vendues en Belgique et de comparer les quantités de
CO2 émises par ces pommes voyageuses et celles de
Mohiville.
Après avoir observé et goûté les pommes locales, ils ont
voté pour élire leurs trois favorites. Quelques semaines et
un soutien communal plus tard, les trois pommiers élus
étaient installés dans la cour de récré !
E.O.
C’
est bientôt l’heure de la collation de 10h au Collège du de l’eau, elle aborde la production de déchets des bouteilles en
Sacré-Cœur à Charleroi. Mme Jacqueline, cuisinière, s’af- plastique. Une dégustation de différentes eaux lors de la collation
faire aux derniers préparatifs du buffet garni de fruits, complète l’initiation. Chaque étage de la pyramide suscite ainsi des
noix, compote, légumes, yaourt, tartines... et d’une prépa- activités concrètes et des découvertes pour ces enfants de la ville :
ration de riz au curry ! comment faire du beurre avec le lait ? A quoi ressemblent les épi-
« C’est une collation mélangée, précise-t-elle. En général, c’est sur un nards ? Goûter différentes soupes... « Cela représentait beaucoup de tra-
thème : les fromages et produits laitiers, les fruits et légumes, les céréales... » vail, ce qui n’est plus possible actuellement, puisque je n’ai plus ce temps de
Voici les enfants qui arrivent. Jacqueline les invite à goûter le riz. coordination. Mais Jacqueline a pris la relève et sensibilise les enfants lors
L’idée est qu’ils composent une assiette variée, sans prendre trop de la collation. » Aujourd’hui, par exemple, puisque c’est la semai-
d’une chose en particulier. C’est plus équilibré et plus facile à gérer ne « bio », elle attire leur attention sur les produits bio.
pour les quantités. La collation est dégustée dans le réfectoire, juste
à côté. Les enfants repartis, Jacqueline brandit le minuscule sac de De la collation à la cantine du midi
déchets générés par la collation. Car, bien sûr, la relation à l’envi- Autres retombées de ce projet « collation », chaque année, toutes
ronnement est une des composantes de ce projet. Ici, on limite les les classes sont invitées à une animation dans l’école autour de la
déchets et on opte si possible pour des produits bio, de saison, ferme, du corps et de la biodiversité ; les 1e et 2e vivent un atelier
locaux, ou équitables lorsqu’ils viennent de plus loin. pain et passent une journée à la ferme ; les 4e suivent des anima-
tions sur l’eau...
A table les cartables Citons aussi la cantine, qui a tout d'abord supprimé fritures et
Delphine Brousse, enseignante en 5e et 6e année, retrace les étapes sucreries au profit de fruits et de légumes - très appréciés par les
de ce projet. Au départ, c’est son engagement personnel qui l’a enfants fréquentant la collation - et, depuis peu, introduit le bio et
conduit à s’impliquer dans la préparation de la campagne « A table les produits régionaux avec l'aide de l'asbl Bioforum.
les cartables » (2002), démarrée par une réflexion entre enseignants D’autres projets ? Les jeunes ont aussi participé au Parlement des
et acteurs de la santé et de la nutrition. Cette période correspond Jeunes Wallons et aux journées « Effet de jeunes contre effet de
aussi à des changements d’infrastructure dans l’école. Une nouvel- serre » qui s’en suivirent… Pour l’année prochaine ; verduriser l’é-
le cuisine et un réfectoire viennent d’être construits. Une bonne cole avec « Canal nature », autre campagne proposée par l’asbl
opportunité pour introduire des changements d’habitudes tant Green/GoodPlanet.be
pour la collation que pour le respect de ces nouveaux lieux. Un Joëlle VAN DEN BERG
règlement est d’ailleurs élaboré avec l’aide du Conseil des enfants.
Pendant une année, Delphine Brousse est dégagée d’un cinquième
temps pour coordonner le projet. Il portera sur l’introduction
d’une nouvelle collation et ceci en lien avec trois axes de travail : Contact
hygiène, choix de consommation, goûts et saveurs. Elle passe cinq
fois dans chaque classe, correspondant aux cinq étages de la pyra- Collège du Sacré-Coeur - Charleroi - 071 23 10 79 –
mide alimentaire. Elle sensibilise les enfants et les fait réfléchir à www.sacrecoeurcharleroi.be
leurs habitudes de consommation. Par exemple, lorsqu’elle parle
-Cœur à Charleroi,
au Collège du Sacré
ullibrée et variée
entation se veut participative, éq
l’alim
taines (en haut) :
droite), robinets fon
che), collations thématiques (à
Ateliers (à gau
Carnet de voyage
Les 13 élèves de la classe de Mme Byk, de l’école d’enseigne- objectifs. Idée à retenir : le « carnet de voyage » réalisé par la
ment spécialisé Andrea Jadoule à Angleur, ont mené un projet classe a permis aux élèves de suivre le fil du projet. Grâce à lui,
santé à la manière d’un voyage, en explorant les « Jardins suspen- ils se sont appropriés ce voyage santé où les liens sont tissés
dus de la santé ». Chaque jardin représente une étape, un aspect entre une activité et une autre: depuis l’installation d’une fontaine
de la santé, en fort lien avec l’environnement. Les élèves ont à eau jusqu’à la plantation de patates et la visite du grand chef
ainsi exploré l’alimentation, le bien être dans sa tête, la nature, pour une séance cuisine.
la forêt, la santé de la Terre, le sport, l’eau, la planète… Un voya-
ge imaginaire émaillé d’activités. Un petit magasin de collations Cristine Deliens
a permis d’explorer la chaîne de distribution des aliments et les
questions de transport, de pollution. Les séances de dégustation Ecole Andréa Jadoulle - Angleur - 04 365 99 57 -
et découverte des goûts ont été l’occasion d’entrer dans l’univers efc.jadoulle@ecl.be
des 5 sens.
Les priorités éducatives et pédagogiques et la motivation de l’en- Cordes asbl - 02 538 23 73 - cordes@cordes-asbl.be -
seignante ont permis à la classe de garder le cap, de développer www.cordesasbl.be
les apprentissages et les compétences. Sans oublier le choix
judicieux de partenaires, dont CORDES, choisis en fonction des
«L
orsque nous choisissons un projet d’année, nous choisissons une thé- risée et gérée dépend beaucoup de la culture », explique-t-il dans « Les
matique assez large pour qu’elle puisse toucher toutes les matières Nouvelles de l’Observatoire »1.
et entrer dans le programme », explique Rudy Babuder, direc-
teur de l’Athénée Royal Serge Creuz, implantation du Motiver, évaluer…
Sippelberg, à Molenbeek. Du coup, lorsqu’est venue l’idée Recherches, échanges, propositions de mesures lors du Parlement
de réaliser une expo « eau » en fin d’année, tous les enseignants des Jeunes Bruxellois pour l’Eau organisé par Green, réalisations
s’y sont plongés. Même ceux de l’implantation voisine, La de maquettes et panneaux pour l’exposition de fin d’année… Pour
Prospérité. Soit une cinquantaine d’instituteurs/trices, pour près M. Demmarh, « tout cela a aidé les élèves à participer à la gestion des
de 600 élèves. Car l’eau, c’est le thème intarissable par excellence. ressources en eau à l’échelle locale, et à la recherche de solutions à l’échelle
globale ; à développer et proposer des projets et des méthodes qui leur per-
Dès le mois de septembre 2006, le projet lâche les amarres, autour mettent de se questionner, se mettre en recherche, s’engager » 1. Tout bon
de trois axes : l'eau dans l'art ; le cycle de l'eau; l'eau dans la vie pour l’assimilation de nombreux savoirs, savoirs-être, savoirs-faire.
de tous les jours. Pour en faciliter la coordination tout au long de Le pari était audacieux avec des enfants dont beaucoup ne sont pas
l'année scolaire, plusieurs « enseignants-ressources » en assurent le d’expression française. La satisfaction au lendemain de l’exposi-
suivi. Bénévolement, à raison d'une heure par semaine, ils répon- tion fut d’autant plus grande. « Certains élèves ne se rendaient pas
dent aux demandes ponctuelles, recherchent les adresses utiles, la compte de la réalité de leur pays d’origine, ils l’ont ainsi redécouvert, avec
documentation au sens large et centralisent le tout dans une ses inégalités. C’était important pour eux », confirme Rudy Babuder.
« bibliEAUthèque » à l’attention des élèves et enseignants. Même si, tempère-t-il, il faut souvent remotiver en milieu d’année,
car comme toute vie de projet, cela fonctionne par vague: après un
Des cours d’eau temps l’essoufflement se fait nécessairement sentir.
Aux différents cycles, diverses activités ont apporté de l’eau au
moulin. Tous les enseignants ont trouvé matière à exploiter, de la Et l’exposition ? « Un vrai succès qui a permis de mettre côte à côte les
1e à la 6e, du cours de français au cours de math (lire encadré « Pistes réalisations des différentes classes, ce qui donne une autre dimension, une
d’exploitation »). « Le thème de l’eau est repris à de nombreux endroits vision globale, favorise la partage d’expériences et l’échange de points de vue
dans les programmes, confirme le directeur. Il offre également de nom- entre tous les acteurs de l’école : enseignants, élèves et parents ». Deux au-
breuses situations-problèmes. » tres écoles ont même demandé à l’Athénée Royal Serge Creuz de
leur envoyer leurs fiches, pour s’inspirer du projet. Les petits ruis-
M. Demmarh, prof de « Langue et culture d’origine » à La seaux font les grandes rivières…
Prospérité, ne le contredira pas. Dans cette école en discrimination
positive, composée de 60 nationalités, immergée dans un quartier Christophe DUBOIS
populaire et bétonné de Molenbeek, l’enseignant a pris le pari de
1 Repris d’un article très complet consacré à ce projet, par Martine Hendrickx, dans
partir de l’eau pour encourager le dialogue des cultures. Entre tous « Les Nouvelles de l’Observatoire » n°59, Communauté française, décembre 2007.
les enfants, les enseignants et les parents. « L’eau est probablement la Téléchargeable sur www.restode.cfwb.be/pgres/copil/novobs/novobs59/index.html
seule ressource naturelle qui a une incidence sur chaque aspect de la civili-
sation, du développement agricole et industriel aux valeurs culturelles et
religieuses ancrées dans la société. La manière dont l’eau est envisagée, valo-
Y
explique Rudy Babuder, et avec quasi rien : une assiet- la rédaction de panneaux explicatifs, la préparation
te, du poivre, de l’eau, de l’huile… ». Sans oublier une col- d'une représentation théâtrale, la composition d'un li-
laboration avec l’association Eco-culture pour préparer vret de poésies, la construction d'un électro ont inves-
deux pièces théâtrales avec les 5e. Ou encore la venue ti des compétences en français ;
d’une conteuse pour les 3e et 4e.
Des visites sur le terrain, riches sources d’exploitation,
ont également apporté du concret. Pour les grands : le
canal et son activité économique à Bruxelles, les musées
Y la réalisation de maquettes (mare, cycle de l'eau, mai-
son), des constructions en volumes (baignoire, douche,
etc.), des expériences diverses (états de la matière,
flotte ou coule, etc.), les études de consommation d'eau,
de l’eau à Genval et de l’Amusette à Mons, Earth Explorer et les montages pour les illustrer, ont englobé des
Tsunami à Ostende (catastrophes). La caserne de pom- connaissances en mathématiques et en éveil scienti-
piers, les statues de glace à Bruges et le Sea Life Marine fique ;
Park à Blankenberg pour les plus jeunes. Mais pour le
directeur, « s’il est toujours intéressant de sortir des murs
de l’école, le coût des transports reste néanmoins un
frein. Même à Bruxelles, où les transports en commun
Y le thème « Eau, autrefois Bruxelles » et l'exploration de
la commune de Molenbeek ont suscité des recherches
en éveil historique et géographique ;
Y
sont normalement gratuits pour les enfants. Mais pas la rédaction de contes, la recherche d'expressions ont
pour les enfants de réfugiés ‘sans papiers’, qui sont nom- été exploitées en néerlandais ;
breux dans notre école. Ce n’est pas normal ! »
Y
les notions d'équilibre - éducation physique - ont été
travaillées sur une planche à voile lors de la semaine
Les élèves ont dû se mettre en proje d'exposition ;
t pour réaliser l’exposition de fin d’ann
ée.
Y
la création de jeux, comme une « aquamarelle » dans
une classe de 5e année, la construction d'un igloo en
3D et de panneaux décoratifs, un défilé de mode selon
les thèmes « mer, pluie, neige, glace, eau recyclée »,
peindre à la manière de Gustave Caillebotte, comptent
à l'actif du domaine artistique.
Contact
Athénée Royal Serge Creuz - Molenbeek - www.sergecreuz.be
Implantation Sippelberg : 02 414 35 75 - www.ecrinvert.be
Implantation La Prospérité : 02 412 04 72 - www.prosper14.be
Les enfants ont réalisé des maquettes de villes sur le thème de l’eau
L
e projet d’établissement de l’école de Bléharies a pour défi sation s’étale jusque dans la classe de 3e-4e.
de sensibiliser les enfants aux enjeux environnementaux
et de les impliquer en tant qu’acteurs, pour qu’adultes, ils Enseignants outillés
y restent réceptifs et actifs. D’emblée, la petite école com- « Très souvent, les professeurs hésitent à aborder l’éducation à l’énergie. Ils
munale, située dans le Hainaut, se démarque par sa fibre ne connaissent pas bien le sujet, ou ne savent pas par quel bout le pren-
environnementale prononcée. L’éducation à l’énergie y a pris dre », explique Nathalie Gilly de l’APERe2. C’est pourquoi, dans le
une place prépondérante depuis quelques années. Les plus âgés des cadre du projet Feedu, l’association a proposé, avec le soutien de
140 petits bouts que compte l’école (maternel et primaire confon- la Région wallonne, un cycle de trois formations afin que les ensei-
dus) sont « drillés » aux économies d’énergie. Et pour cause, ils ont gnants disposent d’outils pour mener à bien leur projet. Etienne
mis la main à la pâte. Retour en arrière… Pottiez de confirmer : « Nous avons été bien conseillés grâce aux for-
mations. Elles ont permis de compléter les connaissances de chacun, de struc-
Sous l’impulsion de l’appel à projet turer la matière à aborder avec les enfants, et de donner des outils aux ensei-
L’approche « énergie » de l’école a pris son envol pas à pas. gnants pour se lancer dans le projet. » Entièrement gratuits, ces outils
D’abord par des actions ponctuelles, comme l’organisation de visi- et formations ont par exemple facilité la compréhension et la
tes, pour les élèves de 5e-6e années, d’une entreprise d’installation concrétisation d’actions telles que la réalisation de l’état des lieux
de panneaux solaires ou encore d’un ancien charbonnage en énergétique de l’école ou le relevé des compteurs.
France.
Un soutien financier de Feedu d’environ 600€ a également per-
Surgit ensuite, telle une aubaine, l’appel à projets Feedu1. mis à la petite école de faire appel à d’autres partenaires. Comme
Coordonné en Région wallonne par l’APERe (Association pour la le Centre Régional d’Initiation à l’Environnement (CRIE) de
Promotion des Energies Renouvelables), ce projet éducatif euro- Mariemont et ses animations spécifiques sur l’énergie auprès des
péen est mené sur une période de deux ans (2005-2007) dans plus deux classes (3e-4e et 5e-6e). Quant aux rénovations, elles ont été
de 130 écoles primaires (dont 15 en Wallonie) issues de 9 pays prises en charge financièrement par le Fonds des bâtiments sco-
d’Europe. Son but : sensibiliser les élèves à l’utilisation rationnel- laires de la Communauté française et la commune en tant que
le de l’énergie et aux énergies renouvelables. Pour ce faire, Feedu pouvoir organisateur.
apporte aux enseignants des écoles sélectionnées un accompagne-
ment pédagogique, via des formations et outils adaptés. La suite…
A l’heure qu’il est, la petite école a retrouvé son calme. Les travaux
Des compteurs au chantier terminés, les élèves s’en sont retournés dans leurs classes entière-
Prendre part au projet Feedu colle donc à merveille avec le projet ment liftées. Pas question pour autant de jeter aux oubliettes les
d’établissement de l’école de Bléharies, mais aussi avec les futurs démarches entreprises en matière de sensibilisation aux économies
travaux d’aménagement du bâtiment scolaire. « L’école devait être d’énergie. Les élèves poursuivront les relevés des compteurs, afin
rénovée. Il nous a donc semblé opportun de centrer nos actions pédagogiques de constater les effets de la rénovation sur la consommation éner-
vers cette rénovation », explique Etienne Pottiez, directeur de l’école. gétique. Elargir la sensibilisation fait également partie des prolon-
gements de ce projet : « On souhaiterait toucher les enfants le plus tôt
Dans un premier temps, comme le prévoit le projet Feedu, la clas- possible, dès la maternelle, souligne le directeur. Et aussi aller d’une prise
se de 5e-6e s’atèle à dresser l’état des lieux énergétique de l’école. de conscience vers un réel changement de comportements, ce qui est plus dif-
Après avoir relevé les compteurs d’eau et d’électricité, ainsi que la ficile… » Mais loin d’être impossible !
jauge à mazout, les élèves déposent sur papier leurs résultats, leurs
constats, leurs propositions d’améliorations techniques à apporter
au bâtiment, ainsi que les comportements à adopter par chacun Céline TERET
pour économiser l’énergie. Ce rapport est ensuite présenté à l’é- 1 Le projet Feedu (Force énergétique par l’éducation) est aujourd’hui clôturé. Comme
chevin de l’enseignement. Une proposition des enfants est égale- alternatives, épinglons « Éduquer à l’énergie » proposé par le CIFUL avec le soutien de
ment soumise à l’architecte : le placement de citernes pour ali- la Région wallonne, et, le volet énergie de l’appel à projets «L’Environnement dans
mon école» de Bruxelles Environnement (voir Adresses utiles pp. 22-23).
menter les sanitaires. Proposition prise en compte ! Afin de sensi- 2 Dans le magazine Renouvelle n°20, APERe, 2e trimestre 2007.
biliser papas et mamans, les élèves calculent avec eux leur emprein-
te écologique et réalisent une enquête sur le mode de vie, au niveau
énergétique, des parents et grands-parents.
L
es enseignantes de l’école de Bléharies ont travaillé L’énergie comme fil conducteur tout au long de l’année scolaire
par projet, en abordant l’énergie en filigrane au tra- 2007-2008. Tel fut le résultat d’une concertation entre pouvoir
vers de nombreuses matières. Quelques exemples… organisateur et enseignants de l’école Saint-François d’Assise de
Waterloo. Sans plus attendre, chaque instituteur s’est attelé à la
p Expériences scientifiques : relevés de la tempéra-
ture près des fenêtres à simple ou double vitrage ;
tâche. Des maternelles à la 6e primaire, tous les élèves se sont
impliqués dans un projet énergie. En 1e primaire, c’est le soleil et
relevés des consommations électriques de diffé- le vent qui ont fait l’objet de toutes les attentions, avec notamment
rents appareils ; découverte du fonctionnement la fabrication de maquettes d’éoliennes. La classe de 5e primaire
d’une éolienne. a quant à elle creusé la question de l’électricité et des énergies
renouvelables, via la création d’un jeu avec des électrodes, des
p Mathématiques : calcul des consommations éner-
gétiques ; compréhension du kWh ; analyse et réali-
aimants et une dynamo. Une maquette de maison passive a pris
forme en 6e primaire. Les élèves ont fait des recherches afin d’i-
sation de graphiques. dentifier le terrain approprié, l’échelle de la maquette, l’orienta-
p Français : rédaction d’une enquête destinée aux tion de la maison, sa forme, son isolation, sa ventilation… « Cela nous
grands-parents ; rédaction d’un rapport des mesu- a permis de faire appel à différentes disciplines, des math au fran-
res de consommation d’énergie et des améliora- çais », souligne l’institutrice de 6e année, Mme Delannoy.
tions à apporter ; recherche et lecture d’articles se Partout dans l’école, les économies d’énergie ont pris place, via sur-
rapportant au thème. tout la création et l’affichage de panneaux de sensibilisation invi-
p Informatique : encodage et traitement des données
relevées.
tant à éteindre la lumière, à diminuer le chauffage… La fête de l’é-
cole est venue clôturer cette année « énergie », en exposant les
travaux des différentes classes.
p Eveil historique : évolution du mode de vie du point
de vue énergétique. C.T.
p Civisme : développer des attitudes responsables. Ecole Saint-François d’Assise - Waterloo - 02 354 99 33 -
sfa1410waterloo@gmail.com - www.saintfrancoisdassise.be
La mobilité en fête
Plan de déplacements scolaires, audit, fresque collective, concours… La grande école du Petit Bois, à
Molenbeek, se bouge pour la mobilité.
aire la fête à la mobilité douce, lors de la Semaine de la Une fresque collective
F
mobilité, en septembre 2008 : voilà le point de mire que Après ces découvertes et réflexions, place à la création. Objectif :
s’est fixé l’école primaire du Petit Bois à Molenbeek. Une réaliser une fresque géante. Pour aider les enseignants, l’asbl
longue route, parsemée d’étapes. Un voyage collectif dans Festival International de l’Enfance et deux plasticiens (Isabelle
lequel s’embarquent enfants, enseignants, parents et asso- Monoyer de l’asbl Kaosmos et Ermanno Orselli de l’asbl Deus ex
ciations. Machina) accompagnent les élèves. Ainsi, chaque classe de 5e, avec
l’aide des artistes, transforme un slogan imaginé collectivement en
Point de départ : un encouragement de la commune à se lancer illustration. Les huit messages illustrés sont ensuite rassemblés
dans un Plan de Déplacements Scolaires (PDS). L’école du Petit pour former la fresque générale. Celle-ci sera affichée sur les grilles
Bois a donc pris le taureau par les cornes, ou plutôt le vélo par le de l’école afin d’être visible par tous.
guidon, avec la précieuse aide de Patricia Deuse, animatrice de
l’asbl Green. Il faut dire qu’à Molenbeek, c’est toute la commune Mais ce n’est pas tout ! Une zone de dépose-minute est également
qui bouge, notamment via la réalisation d’un Plan Communal de sur les rails, avec la collaboration de la commune. Elle se situera
Mobilité. Celui-ci développe une série de projets afin de prévenir devant l’entrée de l’école et permettra aux parents de déposer rapi-
et limiter la croissance des déplacements en voiture, améliorer le dement leurs enfants, afin de diminuer les bouchons et le sta-
cadre de vie des quartiers et développer des alternatives comme les tionnement sauvage aux abords de l’école.
transports publics, la marche et les deux-roues. Citons, entre au-
tres, l’installation de pistes cyclables et la mise en place de plans Semaine de la mobilité
de stationnement et de circulation (pour les véhicules à moteur
Afin de valoriser ce foisonnement d’actions, rien de tel que la
mais aussi pour les piétons).
Semaine de la mobilité (16-22 septembre 2008). Moment opportun
Un Plan de Déplacements Scolaires pour inaugurer la fresque et la zone de dépose-minute, et pour
plonger toute l’école, parents compris, dans une mobilité plus
La démarche commence par le diagnostic (description de la situa- responsable. Cette semaine de mobilisation, c’est aussi l’occasion
tion de mobilité de l’école). Une enquête est donc réalisée par un de tester le dépose-minute, après explication aux parents. Afin d’ai-
groupe de travail, coordonné par Patricia, pour définir les com- der les plus petits à descendre de voiture et à rentrer dans l’école
portements de mobilité des élèves, de leurs parents et des ensei- en toute sécurité, une formation des élèves de 6e par la police figu-
gnants. re au programme des festivités. Et histoire d’encourager tout un
chacun à modifier son comportement, un concours permet de
Les élèves des 8 classes de 5e et 6e, particulièrement impliqués dans valoriser les classes ayant épargné le plus de km en voiture, que ce
le projet, découvrent ensuite les modes de transports (doux ou soit en installant un système de covoiturage, ou en comptabilisant
non), notamment grâce à l’outil « A toile à mobilité » (voir Outils les km parcourus à vélo, à pied ou en transport en commun.
p.20). Et d’analyser les raisons de l’attrait pour la voiture. Et après ? L’école compte notamment installer un parking vélo,
Comprendre pourquoi certains trajets peuvent se faire sans la voi- afin d’encourager les cyclistes. La sensibilisation à une mobilité
ture. Mais aussi pourquoi, dans certains cas et pour certains plus douce ne fait que démarrer…
parents, l’auto est indispensable, notamment parce que l’école se
trouve à proximité de l’entrée de l’autoroute, passage obligé pour Evelyne OTTEN
atteindre certains lieux de travail. Autre initiative à épingler, les
enfants passent leur brevet de cycliste avec l’asbl Provélo.
Contact
Ecole primaire du Petit Bois à Molenbeek -
02 465 11 73 - ecole16@molenbeek.irisnet.be
Les élèves du Petit Bois réalisent un fresque géante sur la thématique de la mobilité.
Tandem scolaire
Depuis 2005, deux fois par an, une poignée de « grands » de l’é- témoigne Aline, « filleule » de 12 ans.
cole secondaire Renée Joffroy d’Irchonwelz encadrent et accom-
pagnent à vélo, sur le chemin domicile-école, les « petits » de l’é- En plus d’aller à l’école à vélo, les élèves participent à une ren-
cole primaire communale n°1 de Ath. Ils participent ainsi au contre citoyenne où ils peuvent exprimer aux autorités commu-
projet Génération Tandem Scolaire proposé par l’asbl Empreintes. nales (Echevin de la mobilité, cellule mobilité et police) les diffi-
Il ne suffit cependant pas de savoir pédaler. Pour arriver en toute cultés qu’ils ont rencontrés sur le trajet ainsi que les points
sécurité, les « parrains » ont reçu une journée de formation à la positifs. Histoire de rendre au vélo, et aux enfants, la place qu’ils
conduite en groupe, à la mécanique vélo et aux premiers soins. méritent.
Les enfants du primaire, eux, suivent préalablement une for-
mation à la conduite à vélo dans la circulation. C.D.
« Le tandem scolaire, ça nous permet de connaître des enfants, Ecole communale n°1 - Ath - 068 28 32 70 -
explique Jessica, « marraine » de 18 ans. Puis, c’est un peu de http://georgesroland.over-blog.com
sport ». « Et c’est pas trop dur, ils se mettent à notre rythme »,
Le Ushuaïa de la pédagogie
Parler de pédagogie par projets et d’innovation pédagogique à Christian Deglim, directeur de l’école com-
munale de L’Envol, c’est comme parler de nature avec Nicolas Hulot : ça fait rêver. Ça donne aussi l’irré-
sistible envie de « faire pareil ».
n cette fin mai, ça parle « fragnol » à l’école. Dans le se planche sur des « éco-gestes », des affiches sont alors exposées
E
cadre d’un projet européen Comenius, l’école commu- dans l’agora (un enseignant a été détaché à mi-temps pour cela)…
nale de L’Envol, à Faulx-les-Tombes, accueille une école À côté de ces projets d’école, il y a les projets spécifiques à chaque
espagnole et une autre française, avec lesquelles a été cycle : pour les 5-8, chaque semaine un atelier spécifique est orga-
mené le projet « Demeaucracy », autour de la gestion nisé sur l’alimentation ; pour tous les enfants de maternelle, des
démocratique de l’eau. Échange entre enfants : « On a vu, sur goûters sont organisés tous les jours par l’école avec des produits
le site internet d’un journal, qu’il y avait une sécheresse à Barcelone et que sains et locaux ; sans oublier la participation à la journée du patri-
vous deviez importer de l’eau potable par bateau-citerne. C’est vrai ? », moine et au Parlement des Jeunes Wallons pour l’environnement;
demande un élève de 4e. « Oui », répond le directeur-interprète bar- les activités pour une meilleure connaissance des institutions com-
celonais, après avoir interrogé ses élèves. « Et qu’est-ce que ça change munales et belges ; etc. Puis, évidemment, des projets de classe : la
dans votre vie ? », interroge un autre. « On ne peut plus utiliser d’eau classe de 3-4-5-6e tient et gère un magasin qui vend des produits
potable pour la piscine ou le jardin. Mais avec le tourisme c’est difficile. » sains et locaux ; dans une autre, ce sera la création de pièces de
La discussion continue. « C’est la dernière rencontre d’un projet qui théâtre, de livres ; les plus jeunes, eux, feront du jardinage une fois
dure depuis trois ans », raconte Christian Deglim, le directeur de par semaine…
L’Envol. Il lance alors les films que les élèves ont réalisés, expli-
quant les actions menées. A refaire ?
« Cela fait 23 ans que l’école progresse, par couches successives. On est passé
Et des actions, ici, il en pleut. « Nous sommes une école donc la prio- de 73 à 300 élèves. Ce sont eux les acteurs du changement, » raconte
rité est accordée aux apprentissages de base : lire, écrire, calculer, souligne Christian Glime. Si c’était à refaire ? « Évidemment, quand on essaie
le directeur. Pour atteindre ces objectifs, trop souvent, les enseignants, pour- de nouvelles façons d’avancer, parfois aussi on doit reculer. Mais je referais
tant travailleurs et consciencieux, morcellent les tâches scolaires. Nous avons la même chose. J’essaierais juste de donner plus d’écho à ce que l’on fait,
au contraire décidé de miser sur une pédagogie globale, fonctionnelle et par- j’interpellerais davantage le politique… Mais on ne peut pas tout faire. »
ticipative, notamment par des projets environnement, santé et citoyenne-
té.» Christophe DUBOIS
Des projets, des projets, encore des projets
Quels types de projets, précisément, outre « démeaucracy » ?
Prenez votre respiration, la liste est longue et pourtant non exhaus-
tive. Les projets communs à toute l’école : ateliers « Manger heu-
Contact
reux et bouger libre » sur l’alimentation saine et l’activité phy-
Ecole communale de L’Envol – 081 570 622 –
sique; programme d’éducation à la citoyenneté responsable et à la ecolenvol@gmail.com - www.ecenvol.com
démocratie (Creccide) ; campagne « Ecole pour demain » (Coren); Tout n’a évidemment pas été dit dans cet article, tant le pro-
Fête de mai, à Gesves, où les enfants construisent des œuvres d’art jet d’Etablissement de l’Envol est riche (et retravaillé chaque
dans la nature ; adhésion au Plan de Déplacements Scolaires ; cam- année). Pour en savoir plus, téléchargez le sur
pagne « Effet de jeunes contre effet de serre » (Green/ GoodPlanet www.ecenvol.com (site alimenté notamment par les élèves).
Belgium); implication dans un projet intergénérationnel avec le
Foyer communal ; Eco-gestes : une heure par semaine chaque clas-
Des éco-ambassadeurs
« Ecole Parc Schuman, une école (ou)verte » est le slogan d’une Ecole Parc Schuman - Woluwé-Saint-Lambert
école communale dynamique de Woluwé-Saint-Lambert. L’une 02 761 76 60 - d.moussebois@woluwe1200.be -
des trois priorités du projet d’établissement : « comprendre les www.ecoleparcschuman.be
enjeux du développement durable et la sauvegarde de l’envi-
ronnement ». Sa particularité : les ambassadeurs. En plus du
compost, du potager et du tri des déchets réalisés par tous les
élèves, chaque classe est responsable de défendre certaines
thématiques au sein de toute l’école : récolte de jouets et de li-
vres en 1re ; récolte de cartouches, GSM et piles en 2e ; ambas-
sadeurs énergie en 4e ; papier en 5e… « La technique des ambas-
sadeurs responsabilise les élèves et dynamise le projet général,
explique David Moussebois, le directeur. Et comme tous les
enfants sont ambassadeurs de quelque chose, ils respectent le
principe. »
t
plus loin dans la transversalité, suivre l’enfant sur plusieurs L’équipe éducative : les pilotes. « C’est fortement auto-
années, s’adapter à son rythme. Ce système pérennise éga- porté. Mais, si 95 % des 20 enseignants adhèrent au
lement les projets. Il facilite aussi le passage de la mater- projet global, il est néanmoins important de laisser à
nelle au primaire et d’un cycle à l’autre. Même si les parents chacun la liberté de choisir son projet de classe »,
préfèrent généralement les systèmes de classe d’âge. ». annonce le directeur de L’Envol, qui coordonne le tout,
Les horaires ont également été aménagés afin de réserver impulse, cherche des fonds. Aux enseignants s’ajou-
les matinées aux apprentissages fondamentaux et les après- tent une dizaine de maîtres spéciaux et une autre dizai-
midi aux activités sportives et culturelles et à la réalisation ne de personnes pour l’équipe technique. « Dans un
de projets. projet comme celui-là, où l’on veut manger sain et équi-
libré, et utiliser des produits écologiques, les person-
nes qui travaillent à la cuisine, et celles qui nettoient,
sont très importantes. La réflexion est menée avec elles
aussi ».
t
Les parents ont toujours été impliqués dans la vie de l’é-
cole. Exemples : ils remplacent les enseignants en for-
mation continue volontaire, surveillent la cour le merc-
redi matin lors de la concertation organisationnelle,
animent des ateliers liés aux projets ou aux temps li-
bres (chaque jour des ateliers sont organisés dans le
cadre de l’accueil temps libre : biodanza, jeux anciens…).
t
Partenaires extérieurs : un accompagnement et/ou une
aide financière (parfois conséquente) avec les campa-
gnes et concours de la Fondation Roi Baudouin, de la
FEVIA, de Green, Coren… (voir adresses utiles p.22-23).
L’Envol mise sur une péd Collaboration aussi avec les associations locales : pro-
agogie fonctionnelle et
par ticipative, par des projets
environnement jet intergénérationnel avec une maison de repos, depuis
5 ans ; les repas chauds sont préparés par le CPAS ;
les pommes de terres sont achetées à un agriculteur
local…
t
Le P.O. : la commune de Gesves a toujours soutenu le
projet, même si le récent changement de mayorat a eu
quelques incidences (ex : l’ancien bourgmestre laissait
au directeur le soin de choisir ses enseignants, ce qui
était important pour s’assurer de leur totale adhésion
et des compétences spécifiques à ce type de pédago-
gie).
Le climat en jeu
Tout a commencé par une journée d’animation sur les problè- au boulot pour la concrétisation, le choix et la rédaction des
mes environnementaux avec le CRIE de Spa. Mme Jacques et M. règles, la préparation des questions…
Vilvorder, enseignants des 5e de l’école Roi Baudouin de Spa,
laissent carte blanche à l’animatrice. Des notions de mobilité, Résultats : cinq jeux coopératifs, composés chacun d’un plateau
de climat, de biodiversité, de prévention et de tri des déchets de jeu et de questions sur le climat. Buts des jeux : l’utilisation
sont abordées. L’animatrice leur parle aussi du principe du des déchets comme ressources pour acheter des technologies
Festival Natura 2000 et de sa thématique 2008 : le climat. Sans propres ou la diminution de la température de la Terre grâce à des
hésiter, les classes s’y plongent en réalisant un jeu de société. éco-gestes. Un projet qui s’insère parfaitement dans la politique
environnement de l’école ! Et quelques mois plus tard, le Grand
Mais qu’est-ce qui se cache derrière un jeu ? Visite d’une ludo- prix du Festival revient à… l’Ecole Roi Baudouin!
thèque à la découverte de différentes sortes de jeux, analyse
de ce qui en fait l’attrait, décomposition des règlements au cours E.O.
de français… Et le climat, c’est quoi ? Brainstorming, découver- Ecole Roi Baudouin - Spa - 087 77 27 92
te d’articles et d’émissions, recherches sur internet… Et puis, www.ecolelibreroibaudouinspa.net
©Vents d’Houyet
légal, éléments d'actualité. Le site propose aussi des informations
sur l'organisation de l'enseignement et sur la pédagogie. Pour
s'orienter, utiliser l'index de A à Z.
02 690 85 39 - www.enseignement.be/ere
Editeur responsable :
j Matière à réflexion 1 Joëlle VAN DEN BERG
Réseau IDée asbl
1 Faut-il s’y connaître ? / Un pour tous ou tous pour un ? p.3 266 rue Royale
1210 Bruxelles
1 « Projet » : un mot qui fait peur ? p.4
Édition et diffusion :
j Expériences 1 Réseau IDée
266 rue Royale
1210 Bruxelles
1 DÉCHETS : La croisade des déchets / Fabriquer ses propres poubelles / T : 02 286 95 70
Déchets en 3D / Une carte de visite verte / Ambassadeurs éco-citoyens p.6 F : 02 286 95 79
e-mail : info@symbioses.be
www.reseau-idee.be
1 NATURE ET BIO-DIVERSITÉ : Une école grouillante de vie / La Nature, www.symbioses.be
cela se vit / Planteurs d’arbres p.8
Rédaction :
1 ALIMENTATION : Tout commence par la collation / Au fil des projets, 1 Christophe DUBOIS
rédacteur en chef
des habitudes s’installent / Carnet de voyage p.10 1 Joëlle VAN DEN BERG
directrice de publication
1 EAU : L’eau, entre nature et culture / Mouillés jusqu’au cou p.12 1 Céline Teret
journaliste
1 ENERGIE : Attention chantier scolaire / Energie pour tous / Réaliser 1 Sandrine HALLET
un film pour porter le message p.14 Ont également collaboré à ce
numéro :
1 MOBILITÉ : La mobilité en fête / Quand élèves ou parents prennent 1 Cristine DELIENS
le relais / Tandem scolaire p.16 1 Evelyne OTTEN
www. symbioses.be
www.assises-ere.be - www.coopere.be
Des exemplaires peuvent être commandés gratuitement auprès du Service Public de Wallonie - DGARNE
(joelle.burton@spw.wallonie.be) ou du Réseau IDée asbl (info@symbioses.be), dans les limites des stocks
disponibles. Ce numéro est téléchargeable sur www.symbioses.be