Expose Microbes French
Expose Microbes French
Expose Microbes French
Cette forme de délinquance juvénile est devenue si grande qu'elle est l'objet
d'une série télévisée scénarisée par Alex Ogou, produite par TSK STUDIOS
avec une coproduite par Canal+ International intitulée : Invisibles.
Cette étude, qui participe à un débat déjà largement entamé par les médias et les
pouvoirs publics sur le phénomène des “microbes”, a pour objectif d’en analyser
les causes pour mieux le comprendre et l’expliquer. Pour ce faire, nous nous
sommes posé un certain nombre de questions :
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I. DEFINITION
1. Définition des microbes
Les microbes sont en Côte d'Ivoire le nom donné aux enfants criminels. Ces
enfants qui sont le plus souvent issus des rues font preuve d'une extrême
violence dans les crimes qu'ils commettent.
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stigmatisation et ses conséquences mettent à mal la réinsertion de ces jeunes
délinquants qui souvent, ont simplement besoin d’être accompagnés pour
adopter des comportements pro-sociaux.
II. CAUSES
Les microbes sont constitués en grande majorité d'enfants issus des milieux
défavorisés d'Abidjan donc très pauvres. Ils sont le plus souvent des mineurs
déscolarisés ou analphabètes, désœuvrés, déshérités ou abandonnés par leurs
géniteurs. En 2011, à la fin de la crise postélectorale, la Côte d’Ivoire s’aperçoit
que des enfants, essentiellement âgés de huit à dix-sept ans, sont dans les rues
munis d’armes. Ils agressent, volent, terrorisent et parfois tuent leurs victimes.
Ils agissent en groupe, et le plus souvent sous l’emprise de la drogue.
Après la fin de la crise politico-militaire de 2011, la Côte d’Ivoire est dans une
situation économique apparemment reluisante, avec un taux de croissance de
8%, mais dont toutes les catégories sociales ne semblent pas recevoir les
dividendes. En effet, comme le témoigne une enquête sur le niveau de vie des
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ménages en Côte d’Ivoire (INS-ENV, 2015), la pauvreté s’est accrue avec la
crise post-électorale de 2010-2011. Le taux de pauvreté est estimé à 46%.
L’enquête de terrain montre que dans des quartiers de l’agglomération
abidjanaise, où les familles sont taraudées par la pauvreté et le chômage, il
existe une supervision déficiente des enfants. Ces derniers, généralement livrés à
eux-mêmes dans la plupart des cas, intègrent les bandes criminelles du quartier
susceptibles de leur permettre de faire face aux besoins d’argent et de nourriture,
que les parents ne peuvent leur procurer. Les investigations ont montré que la
délinquance de ces jeunes gens existe essentiellement pour faire face à la
pauvreté des familles. Ils intègrent des bandes de “microbes” et les revenus des
activités délinquantes qu’ils mènent profitent donc à toute la famille - nourriture,
soins de santé, scolarité des enfants. Ces enfants et adolescents “microbes” sont
victimes de conditions familiales délicates, de précarité, d’analphabétisme, de
déscolarisation. Ces gamins ont une présence physique bien visible dans les rues
où ils officient souvent en tant qu’apprentis, chargeurs, cireurs, vendeurs
ambulants.
IV. CONSEQUENCES
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1. Un mode opératoire basé sur la brutalité et la violence
Les “microbes”, contrairement aux autres petits délinquants des rues, sont
réputés ultra-violents. Ils ne se contentent plus de la petite délinquance, à savoir
les vols à l’arraché, les vols avec intimidation ou dans les véhicules, les larcins,
les petits trafics de stupéfiants. Ils se constituent plutôt en bandes armées pour
s’attaquer aux populations, qu’ils traumatisent. En effet, armés de machettes,
couteaux, faucilles, gourdins et marteaux, les “microbes” investissent
généralement de façon spontanée et en nombre impressionnant – une ou
plusieurs dizaines de gamins – les rues des quartiers populaires à visage
découvert et s’en prennent très violemment aux passants qu’ils blessent, tuent
avant de les déposséder de leurs biens – argent, téléphones portables, montres et
bijoux. Aussi, force est de souligner que cette violence inouïe dont ils font
preuve se nourrit davantage de fantasmes sadiques – ils prennent plaisir à voir
mourir leurs victimes de façon atroce – et apparaît comme une marque de
bravoure et de férocité. Les actions meurtrières chez ces gangs de gamins visent
alors à créer terreur et désolation au sein des populations et confèrent du prestige
aux agresseurs.
V. LES SOLUTIONS
Dr Ballo Yacouba, enseignant-chercheur à l’UFR de criminologie à l'Université
Félix Houphouët Boigny de Cocody, sur Onuci Fm, a fait des approches de
solutions, le lundi 24 août 2015, pour lutter contre ce phénomène qui a démarré
à Abobo, il y a quelques mois. « Pour lutter contre le phénomène et pour être
véritablement opérationnel, il y a toute une stratégie à mettre en œuvre. La
première, c'est d'abord de recenser tout ce qu'on sait sur ce phénomène. Il faut
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établir un profil clair sur le phénomène. Aujourd'hui, il y a des bribes de
renseignement et de connaissance. J'ai eu l'idée d'un atelier international,
comparaison n'est pas raison. Le phénomène de la délinquance urbaine n'est pas
nouveau. Il y a de bonnes pratiques qui existent. Il faudrait juste une volonté
politique pour organiser un atelier, écouter la société civile, les journalistes, les
chercheurs, etc. », a d'emblée lancé le criminologue.
Pour lui, c'est à partir de là qu'on établira un profil et une politique de lutte, à
court, à moyen et à long terme pour lutter durablement contre le phénomène des
microbes. « Tant qu'on ne s'inscrit pas dans cette dynamique, notre politique de
lutte sera basée sur l'émotion. Il faut sortir de l'émotion et trouver d'autres
moyens ou alternatives et lutter contre le phénomène criminel sous toutes ses
formes en Côte d'Ivoire », a-t-il conclu.
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CONCLUSION
L’étude montre que le phénomène des “microbes” est une réalité prégnante de
l’activité criminelle à Abidjan. C’est le fait d’individus vulnérables dont l’âge se
situe approximativement entre 10 et 20 ans en général, bien qu’il arrive que des
plus jeunes et des plus âgés participent aux actions de ces bandes criminelles.
Ces enfants et adolescents victimes de conditions familiales délicates, de
précarité, d’analphabétisme et de déscolarisation, se constituent en bandes
armées (machettes, couteaux, faucilles, gourdins et marteaux), investissent de
façon spontanée et en nombre impressionnant les rues et s’en prennent très
violemment aux passants qu’ils dépossèdent de leurs biens.
Les résultats de l’enquête montrent que le phénomène des “microbes” est lié à
l’indigence économique des familles, qui amène les enfants à la délinquance
pour subvenir à leurs besoins à tous. Cette criminalité violente est également le
fait de jeunes gens qui dénoncent à travers leurs actions répréhensibles une
exclusion de la société globale. Le phénomène des “microbes” est ainsi et aussi
l’expression du mécontentement d’enfants soldats utilisés lors de la crise post-
électorale et remis à la vie civile sans avoir été resocialisés.