Parametres de Tir
Parametres de Tir
Parametres de Tir
ROCHES.
4.0. INTRODUCTION.
Il n’est pas facile de dresser une liste totalement exhaustive des paramètres influençant
la fragmentation lors de l’abattage à l’explosif, la bibliographie est très foisonnante sur ce sujet.
La liste ci-dessous sera donc partielle et les influences des paramètres de tir seront examinées
dans le cadre de cette étude « statistique » dans la mesure ou ils ont évolué dans la pratique
des tirs sur les carrières DMD et ALZO.
La géométrie du tir (espacement, banquette, hauteur), la quantité d’explosif, la séquence
d’amorçage, la direction du tir par rapport aux plans de discontinuités du massif, les mines de
pied et le nombre de rangées seront donc étudiés. Dans un premier temps, quelques indications
bibliographiques seront données puis la méthode d’analyse utilisée, le réseau de neurones, sera
explicitée et les « informations contenues » dans les tirs disponibles seront extraites pour nous
permettre de comprendre le « fonctionnement » des tirs sur les carrières étudiées.
77
fragmentation à charge spécifique constante. Dans son article, Reichholf (D.26), passe en revue
différents paramètres mécaniques, (résistance à la compression, module de Young …) et
indique s’ils ont une influence ou non sur la fragmentation des roches. La notion de
« caractéristique intrinsèque » de la roche reliant la surface nouvelle créée à l’énergie de
fragmentation a été développé dans les travaux de Steiner entre autres, Ortiz (D.01) l’utilise
dans son travail de thèse concernant la fragmentation à l’explosif d’un béton. Cette
« caractéristique intrinsèque » d’une roche, que l’on retrouve également dans Charles (B.26),
doit être retenue pour l’élaboration d’un modèle énergétique de fragmentation. Elle traduit, en
quelque sorte, la cohésion du matériau et rend parfaitement compte des similitudes de
comportement d’un matériau à différentes échelles.
Dans nos deux cas d’études, la nature de la roche sera considérée comme constante.
Les zones des carrières où la nature géologique des roches est notoirement distincte, seront
« distinguées » dans l’étude statistique.
Figure 4.2.1.a.
En Kg/m3 ou Kg/tonnes, cet indicateur suffit à Kuznestov (B.14), et à d’autres, Stagg
(D.23), figure 4.2.1.a, pour estimer le D50 d’un tir. Il est évident pour tous qu’en augmentant la
charge spécifique on diminue le D50, le cas contraire ne pouvant être envisagé à priori.
Bien sûr, la nature de l’explosif est également à prendre en compte et c’est pourquoi on
travaille assez souvent en équivalent TNT où maintenant plus « rigoureusement » en utilisant
des énergies en MJ/tonne. On distingue également énergie de choc et énergie de gaz, énergie
en pied de charge, énergie en colonne.
On considère par ce paramètre de charge spécifique une répartition moyenne et
homogène de la charge dans le volume à abattre. On peut voir l’importance de cet index par
exemple dans les travaux de Kritiansen (D.24), figure 4.2.1.b, où il montre l’évolution de la
fragmentation en fonction de la charge spécifique pour des cubes de béton.
78
Figure 4.2.1.b.
4.2.3. L’AMORCAGE.
Dans les fiches de tir, la séquence d’amorçage et la position de l’amorçage ne sont pas
souvent indiquées, comme si on faisait à peu près toujours la même chose sur une carrière.
Cela a pourtant de l’importance comme le montre l’apport de l’amorçage fond de trou dans les
carrières, Thum (D.09).
L’amorçage est le plus souvent fond de trou, mais on voit encore de l’amorçage latéral
par cordon détonant notamment lorsque les trous sont très longs. On dit en général que lors
d’un amorçage fond de trou, l’efficacité du confinement de la charge explosive est nettement
améliorée.
Pour les micro-retards entre trous, on utilise en général un numéro par trou en sachant
bien que l’espacement des trous est aussi à prendre en compte. Des calculs numériques
permettent de montrer l’interaction des différentes ondes, Rossmanith (D.06), par contre les
études sur le terrain sont encore peu nombreuses quant à la démonstration d’une efficacité dans
la fragmentation des roches, Katsabanis (D.17) et Grant (D.12), figures 4.2.3.a et 4.2.3.b. Au
niveau de la maîtrise des vibrations les résultats sont plus probants, Bernard (D.14).
79
Figure 4.2.3.a.
Figure 4.2.3.b.
80
souhaitable pour une compréhension plus intuitive) mais sont calculés pour que les particularités
de chaque tir soient significativement distinguées.
Le vecteur de sortie sera le résultat du tir, la fragmentation, définie par deux paramètres
explicités au chapitre 2, le pourcentage de roches fragmentées, index de fragmentation, et
l’énergie de fragmentation, index énergétique.
4.3.1.2. LA FLECHE.
Le lien entre la hauteur du front, l’espacement des trous, la largeur de la banquette, de la
charge spécifique et le résultat du tir est intuitif. Ceci est couramment employé entre autre pour
obtenir des tirs à haut rendement de bloc où l’on réduit, par rapport à un tir courant,
l’espacement en conservant une charge spécifique comparable, Cappello (D.19). Cette
considération pratique, nous devons la traduire sous la forme d’une ou plusieurs quantités.
Nous prendrons le rapport Espacement (E) / Banquette (B) et le rapport Surface de la maille /
Hauteur (H) pour caractériser la symétrie du tir. Les deux index calculés seront exprimés en
Kg/M3 comme la charge spécifique. La formulation sera la suivante :
2
IF1 = CS * E / B = Mt / (B * H)
0,5 0,5 2
IF2 = CS * ( E * B ) / H = Mt / {(E * B) *H
E = espacement, B = banquette, H = hauteur du front, CS = charge spécifique, Mt = masse
totale des explosifs.
81
Malheureusement pour cette thèse, les données recueillies pour celle-ci ne comportent
pas l’utilisation de micro-retards électroniques. Les numéros de détonateur (électrique et nonel)
sont donc séparés par l’intervalle de temps habituel de 25 ms. Pourtant l’influence de ce
paramètre est connue. Il y a quatre choses à prendre en compte simultanément pour bien
rendre compte de cette influence:
L’espacement des trous, E.
Le micro-retard utilisé, µ.
La vitesse de propagation des ondes de choc, Vc.
Si Vf * µ < E / 3 alors IF = 0.
En considérant que si les fissurations se rencontrent, elles vont réduire le confinement des
charges et donc l’énergie transmise au massif. Si les retards consécutifs ne sont pas identiques,
on pourra effectuer une moyenne.
Nous discriminons donc les tirs de la manière suivante :
Soit t1 et t2 les instants de déclenchement des charges pour les trous voisins 1 et 2, µ = t2 - t1
alors :
Si la fissure provenant du trou 1 arrive au trou 2 avant que celui-ci ne soit déclenché, on
considère qu’il n’y a pas d’interaction, IF = CS.
Si les fissures se rejoignent à une distance du trou 2 supérieure à E/3, interaction maximum,
alors IF = 0.
Si les fissurations se rejoignent à une distance d inférieur à E/3 alors IF est proportionnelle au
rapport entre d et E/3 soit IF= CS * {(Vf * µ) - E / 3} / ( 2 * E / 3).
82
IF
CS
E/(3*Vf) E/Vf µ
Figure 4.3.1.2.a.
Index de choc:
L’interaction entre trous est calculée de la manière suivante:
Ei est la distance du trou i au trou pour lequel on fait le calcul ; 0,008 = 8 ms.
En considérant que plus l’arrivée des ondes de choc provenant des trous voisins est proche de
la détonation initiale plus l’énergie transmise au massif est importante. A noter qu’il n’y a pas de
décroissance de l’énergie en fonction de la distance et que le ∆t est considéré en valeur
absolue.
Pour cet index nous considérons qu’il y a interaction entre deux trous 1 et i si l’onde de choc
provenant du trou i arrive au trou 1 avec un décalage ∆t (∆t = µ + Vc / Ei) par rapport à la
détonation du trou 1 inférieur à 8 ms. Cette valeur de 8 ms est souvent choisie pour déterminer
si les amorçages sont simultanés ou non dans la pratique.
Si ∆t = 0, l’interaction est maximum ICi = CS (calcul théorique seulement car il faut que µ = 0 et
Ei = 0).
IC
CS
8 ms ∆t
Figure 4.3.1.3.b.
L’ensemble des trous voisins devra être sommé et on y ajoute celui pour lequel on fait le calcul.
83
IC = CS + Σi (ICi).
IC=CS*(1+2*((0,008–0,007)/0,008))=CS*1,25
Figure 4.3.1.3.c.
Si la configuration varie, on effectue une moyenne sur l’ensemble des trous.
Figure 4.3.1.4.a.
84
IP = CS * (nb de mine verticale/ nb de mine horizontale), s’il y a des mines de pied.
IP = 2 * CS, s’il n’y en a pas.
Cette formulation permet de nettement différencier les tirs ayant une mine de pied par
mine verticale ( IP = CS ) des tirs n’ayant pas de mine de pied ( IP = 2 * CS). S’il y a plus d’une
mine de pied par mine verticale alors le confinement des charges explosives décroît. Donc une
formulation qui permet de traduire cette décroissance est la suivante :
IP = CS * (nb de mine verticale / nb de mine horizontale).
E B
IR = (E*E)/(E*B)
Figure 4.3.1.7.
85
l’intérieur de chaque carrière supposée homogène d’un point de vue « géologique », si la
direction des tirs, par rapport aux discontinuités géologiques, peut, de manière significative,
influencer le résultat du tir.
A partir de l’étude géologique réalisée par le MUL (Leoben), il a donc été nécessaire de
sélectionner une ou deux séries de plan ayant à priori une influence sur le résultat du tir. Cet
éclairage est très restrictif et assez peu naturaliste, car il s’attache plus à mettre en équation le
gisement qu’à le décrire précisément.
Sur la carrière ALZO, l’étude géologique a mis en évidence six familles de discontinuités
sur le site (diaclases, stratification, …). Nous ne retiendrons que la stratification comme
paramètre géologique significatif. Ce choix peut paraître totalement arbitraire lorsque l’on visite
la carrière, car pour les autres discontinuités les plans sont parfois plus nombreux et moins
espacés, mais ce plan de stratification est un plan de glissement très important et dès que cela
est possible le front de taille reprend naturellement ce pendage. L’étude géologique montre
également la présence de zones karstifiées et d’un cône de déjection au niveau d’une faille. Les
tirs correspondants à ces zones seront distingués par un index d’état de la roche (assez
subjectif mais qui permettra aussi de caler le réseau de neurones).
De prime abord, la géologie de la carrière DMD semble moins complexe que celle de la
carrière ALZO. Le pendage est sub-horizontal et il y a deux familles de diaclases qui
« marquent » la géométrie de la carrière, voir photographies en annexe. Pourtant la composition
chimique de la roche et l’épaisseur des bancs sont très variables et cela a probablement de
l’importance au niveau du comportement mécanique de la roche mais nous n’en tiendrons pas
compte pour limiter le nombre d’index.
Les paramètres géologiques retenus seront donc les suivants:
La direction des deux familles de diaclases, qui sont pratiquement à 90°.
Le calcul de cet index géologique sera basé sur le produit vectoriel des vecteurs normaux des
différents plans considérés.
IG = P ^ F * CS = sin α * CS.
P vecteur unitaire normal à la discontinuité géologique.
F vecteur unitaire normal au plan de foration.
α angle formé par les deux vecteurs.
P
α
Figure 4.3.2.a.
Nous considérons donc que les discontinuités jouent un rôle de réflecteur dans la
propagation des ondes. C'est-à-dire que si le plan de foration et les plans de discontinuités sont
parallèles, l’explosif sera inefficace (IG = 0), par contre si le plan de foration est perpendiculaire
86
aux plans de discontinuités l’efficacité de l’explosif sera améliorée (IG = CS). Les plans de
discontinuités propageant de manière importante les effets de l’explosion dans cette
configuration. Dans le cas intermédiaire la formule IG = sin α * CS traduit le plus ou moins
grand parallélisme du plan de foration et des plans de discontinuités.
Soit un jeu de vecteur d’entrée Xi, les index de tir et géologique, correspondant à un jeu
de vecteur de sortie Yl, les deux paramètres de fragmentation. Alors on associe l’entrée et la
sortie par un jeu de matrice comme ci dessous.
87
M1 * Xi + B1 = λj ; Lj = φ (λj )
M2 * Lj + B2 = λk ; Lk = φ (λk )
M3 * Lk + B3 = γl ; Yl = φ (γl )
φ étant la fonction sigmoïde, φ (x) = 1 / (1 + exp ( -x)), qui pour tout x réel donne un φ (x)
appartenant à ] 0,1 [ . M1, M2 et M3 étant les matrices de poids et B1, B2 et B3 étant les
matrices de biais.
Le nombre de couches intermédiaires, deux dans le cas présenté ci-dessous, est fixé par
le concepteur du réseau de neurones en fonction de la non-linéarité attendue du jeu de
données, de son intuition quant au comportement des roches vis à vis de la fragmentation à
l’explosif et de l’étude attentive des données disponibles, les cas particuliers en priorité.
Les valeurs des coefficients des différentes matrices seront fixées lors de la phase dite
d’apprentissage.
L’intérêt de la méthode est principalement qu’elle ne présuppose pas du comportement
qu’aura la roche à la sollicitation mécanique auquel elle est soumise. Aucune contrainte
mécanique n’est calculée, les caractéristiques mécaniques de la roche ne sont pas incluses
dans le modèle. Le réseau de neurones va mettre en relation au travers d’une interpolation, des
données expérimentales concernant d’une part la configuration du tir et d’autre part le résultat
du tir, la granulométrie. Pour une roche et une carrière, c’est l’ensemble des données
expérimentales disponibles qui va créer un modèle implicite entre Entrées, paramètres de tir, et
Sortie, granulométrie.
On ne va pas expliquer les phénomènes mécaniques très complexes auxquelles sont
soumises les roches. Mais modestement, dans un domaine restreint des variables de tir et de
granulométrie, nous allons construire une fonction d’interpolation qui nous permettra ensuite
d’étudier l’évolution de la fragmentation d’une roche (dans une carrière) en fonction des
variations de paramètre de tir. C’est une approche pragmatique qui va permettre de résoudre
des cas concrets et aider le praticien dans ces choix.
88
neurones présenté ci avant en ayant pris soin au préalable de vérifier les capacités d’un tel
réseau à l’apprentissage et à la simulation sur des données connues, phase de validation.
0,50
0,45 TIRS COURANTS
0,40 TIRS DE RELEVAGE
INDEX ENERGETIQUE
0,35 GEOLOGIE DISTINCTE
0,30 AUTRES TIRS
0,25
0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
0 50 100 150 200 250 300 350 400
CHARGE SPECIFIQUE en g/m3
Figure 4.5.1.1.a.
4.5.1.2. L’APPRENTISSAGE.
Cette opération va permettre de fixer les valeurs des coefficients dans les différentes
matrices. On part d’un jeu de valeurs aléatoires dans les matrices et l’on compare le résultat
obtenu à la réalité. L’erreur calculée est ensuite rétro-propagée (Back-propagation) dans
l’ensemble des matrices.
Soit Pi-Yi (valeur réelle - valeur calculée) l’erreur calculée sur le iéme composant du
vecteur de sortie alors l’erreur sur le ième neurone de la dernière couche du réseau de
neurones est Ei = Yi * (1 - Yi) * (Pi - Yi), et à l’aide du paramètre d’apprentissage µ on va pouvoir
ajuster les paramètre αij et β i pour le niveau précédent, les matrices M3 et B3 :
∆αij = µ * Lkj * Ei
∆β i = µ * Ei
Et ainsi de suite pour les couches précédentes. Pour plus de détails on pourra se reporter à la
bibliographie.
Après un certain nombre de cycles d’apprentissage, on peut considérer que la phase
d’apprentissage est terminée. On peut également choisir de définir une erreur totale maximum
en deçà duquel on considère l’apprentissage comme terminé. Dans le cas présent, le nombre
de cycle d’apprentissage a été fixé à 100 000 et l’erreur totale maximum n’a pas été fixée.
89
1,0
0,9
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
DONNEES
0,3
0,2 SIMULATIONS
0,1
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.2.a.
La figure 4.5.1.2.a montre les résultats obtenus pour les 28 tirs sélectionnés pour cette
phase d’apprentissage. Certains points sont assez mal rendus, erreur de 0,05 sur l’index de
fragmentation, erreur de plus de 0,05 sur l’index énergétique mais on peut être assez satisfait
que les points « extrêmes » dans toutes les directions soient assez bien rendu ce qui nous
permettra d’effectuer des simulations « fiables » jusqu’à ces extrémités.
Globalement, on peut être satisfait car l’on va pouvoir étudier des variabilités de 0,2 dans
l’axe de l’index énergétique, et de 0,3 dans l’axe de l’index de fragmentation ce qui correspond
environ à une différence de 16 % sur le passant à 100 mm, tir 53A99 (33,48 %) et tir 48A99
(49,33 %).
4.5.1.3. LA VALIDATION.
Cette étape du travail a pour but de montrer que la structure du réseau de neurones a
été bien choisie et que celui-ci est capable de « prédiction » vérifiable par rapport à des données
existantes. Compte tenu du faible nombre de tirs disponibles pour l’analyse, on ne pourra pas
être trop exigeant sur les résultats.
Le choix des données qui vont servir à cet apprentissage de la phase de validation est le
suivant : un quart des données (7) seront simulés à partir d’un apprentissage comprenant
uniquement les autres données (21) et on vérifiera si il y a une bonne adéquation entre
simulations et données réelles.
Au niveau de l’index énergétique et de l’index de fragmentation on peut donc considérer
que les points sont correctement rendus, figure 4.5.1.3.a.
0,8
INDEX DE FRAGMENTATION
0,7
0,6
0,5
0,4
DONNEES
0,3
SIMULATIONS
0,2
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.3.a.
90
4.5.1.4. SIMULATIONS.
Les schémas de tir sur la carrière ALZO sont assez étonnants. Le tir courant est
constitué de la manière suivante:
Maille de 4,5 par 7 (espacement * banquette).
Hauteur de 25 mètres environ.
3 mines de pied pour 2 mines verticales.
Amorçage de deux trous voisins sur le même numéro de micro-retard.
Nous allons faire varier sur les 14 tirs correspondants à ce schéma certains paramètres pour
entrevoir qu’elles sont les choix potentiellement intéressant qui s’offrent à nous pour
« améliorer » les tirs. A noter que pour cette carrière, il faut réduire au maximum la valeur
de l’index énergétique et donc réduire la proportion de matériau fin (0-30 mm).
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, 2 trous/numéro
0,2
SIMULATIONS, 6 trous/numéro
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.1.a.
Cette indication est intéressante car elle montre que l’on peut obtenir des gains très
significatifs par modification de la séquence d’amorçage. C’est peut être une justification à
l’emploi des micro-retards électroniques pour cette carrière. Ce résultat sera à confirmer étant
donné le faible nombre de données qui varient suivant ce paramètre.
91
L’augmentation de 10% permet une diminution de l’index énergétique de 0,05 et de 0,05
environ sur l’index de fragmentation, figure 4.5.1.4.2.a. Au contraire, une diminution d’énergie
entraîne une augmentation inverse.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES
0,2
SIMULATIONS, + 10% d'explosifs
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.2.a.
Ce résultat, bien que surprenant, peut être expliqué par le fait que sur cette carrière, on
travaille avec des quantités d’explosifs « trop » faibles, de l’ordre de 200 g/m3. Le confinement
de cet explosif est donc trop important, ce qui peut expliquer qu’une augmentation de l’énergie
réduise le confinement des charges et donc que globalement l’énergie transmise au massif
diminue. Ce comportement atypique est valable pour des charges allant de 180 à 350 g/m3. Au-
delà il est probable que l’on retrouve un comportement plus classique de l’explosif (en deçà de
180g/m3 on risque surtout l’échec de tir).
4.5.1.4.3. LA MAILLE.
L’importance de la forme de la maille dans le tir à l’explosif n’est plus à démontrer. Dans
le cas présent, la maille « classique » est assez dissymétrique 4,5 mètres d’espacement pour 7
mètres de banquette. De part la hauteur des fronts et les effets arrières de tir, il paraît difficile de
diminuer la banquette hormis pour les tirs d’une hauteur très inférieure à la moyenne. On ne
peut donc jouer que sur l’espacement. Sans modifier la charge spécifique, on fait varier
l’espacement de 3,5 à 5,5 mètres. On obtient une modification importante du résultat. Pour une
maille de 5,5 * 7 l’index énergétique augmente de 0,1 et l’index de fragmentation de 0,1. Pour la
maille de 3,5 * 7, l’index énergétique sera diminué de 0,1 et l’index de fragmentation de 0,2 ,
figures 4.5.1.4.3.a et 4.5.1.4.3.b.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, maille 4,5 * 7
0,2
SIMULATIONS, maille 5,5 * 7
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.3.a.
92
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
Figure 4.5.1.4.3.b.
Ces résultats montrent que la production de blocs est favorisée par une maille
dissymétrique. Dans le cas de la carrière ALZO, il n’est donc pas souhaitable de réaliser des
mailles « carrés ». Il est au contraire envisageable de passer à une maille de 3 * 7 même si les
résultats ne devraient pas être aussi spectaculaires que ne le laisse présager le réseau.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
0,6
0,4
DONNEES, direction
quelconque
0,2
SIMULATIONS, direction // à la
stratification
0,0
0 0,1 0,2 0,3
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.4.a.
Donc le choix de la direction du front de taille est déterminant quant au résultat du tir.
Mais on doit savoir que l’on ne peut pas toujours choisir la direction du tir et que dans le cas de
la carrière ALZO, choisir cette direction « optimale » présente des risques en terme de stabilité
des talus. Même ci cela peut sembler un choix intéressant, il est souhaitable de faire évoluer le
tir d’une autre manière en utilisant les autres paramètres de tir. Par contre dans une étude
statistique, ce paramètre doit être explicité sous peine de contresens dans l’interprétation des
résultats.
93
4.5.1.4.5. RECAPITULATIF.
Nous avons montré l’intérêt de la modification de quelques index de tir sur la
fragmentation, essayons maintenant de quantifier plus précisément cet impact. Pour cela,
prenons un tir courant, tir n° 25A99, et faisons évoluer un à un les paramètres.
Pour l’énergie, on voit que la courbe obtenue, figure 4.5.1.4.5.a, a une plage de variation
très étendue, plus de 0,2 dans l’index énergétique et presque 0,3 sur l’index de fragmentation.
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
150 g/m3
0,6
0,4
0,2
400 g/m3
0,0
0,00 0,05 0,10 0,15 0,20 0,25
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.5.a.
On voit également qu’au-delà de 250g/m3 les variations sont faibles. Des données
supplémentaires au-delà de 400 g/m3 aurait probablement montré un point de rebroussement.
En tout état de cause, on peut proposer à l’industriel de travailler en règle générale dans une
plage de charge spécifique de 300 à 400 g/m3 et de conduire quelques essais au-delà en
faisant attention au risque de projections.
Pour la direction de tir, on peut voir sur la figure 4.5.1.4.5.b son influence sur les
paramètres de fragmentation. Une variation de 0,05 sur l’index énergétique (et de 0,05 sur
l’index de fragmentation). On voit également, sur ces graphiques, l’impact de la formulation de
l’index géologique en particulier du sinus sur la forme de la courbe.
0,1
0,2
Figure 4.5.1.4.5.b.
94
1,0
INDEX DE FRAGMENTATION
0,8
7 par 7
0,6
0,4
0,2
3 par 7
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.1.4.5.c.
Pour la maille, une variation de 3 * 7 à 6 *7, figure 4.5.1.4.5.c, permet un changement notable
dans les index de fragmentation, 0,4 dans l’axe énergétique, 0,5 sur l’index de fragmentation.
Rappelons que pour cette simulation la charge spécifique est constante. Dans le cadre de
nouveaux essais, on pourrait envisager une maille, par exemple de 3 * 7, en faisant également
varier la charge spécifique autour de 350 g/m3.
Pour les délais, les résultats bien que très stimulants, sont quand même à considérer avec
prudence, figure 4.5.1.4.1.a, le nombre de points évoluant pour ce paramètre étant faible.
Globalement on voit l’intérêt du choix d’un réseau de neurones pour l’interprétation de
données de tir d’abattage à l’explosif qui auraient été difficile à comprendre et « interpoler »
sans l’aide de cette technique.
95
0,50
0,45
0,40
INDEX ENERGETIQUE
0,35
0,30
0,25
0,20
TIRS COURANTS
0,15
GEOLOGIE
0,10
DISTINCTE
0,05 AUTRES TIRS
0,00
0 200 400 600 800 1000
CHARGE SPECIFIQUE en g/m3
Figure 4.5.2.1.a.
4.5.2.2. L’APPRENTISSAGE.
Réalisé dans les mêmes conditions que pour la carrière ALZO, nombre de cycle fixé à
100 000, on peut être satisfait de la bonne adéquation entre données et simulations, figure
4.5.2.2.a, même si le faible nombre de données ne garantit pas la fiabilité des simulations qui
vont suivre.
0,8
INDEX DE FRAGMENTATION
0,7
0,6
0,5
DONNEES
0,4
SIMULATIONS
0,3
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.2.a.
Globalement, on va pouvoir étudier une variation de 0,2 sur l’index énergétique et de
0,25 pour l’index de fragmentation. Notre objectif sur cette carrière étant de parvenir à
augmenter de manière significative le pourcentage de roche fragmentée, index de
fragmentation. Rappelons tout de même que tous les blocs « oversize » ne sont pas vus par
Fragscan ni extrapolés par le modèle Fragscan-bis, voir chapitre 2, et que l’on peut toujours se
poser la question: Est-ce que le pourcentage de blocs vus suit la même tendance que le
pourcentage de bloc « oversize » réel ?
4.5.2.3. SIMULATIONS.
Le schéma de tir classique sur la carrière DMD est le suivant:
Maille de 7 * 6,2 (espacement * banquette).
Hauteur variant de 12 à 18 mètres.
96
Une mine de pied par mine verticale.
Amorçage fond de trou nonel avec des retardateurs de 25 ms entre trous.
Nous allons faire varier sur les tirs correspondants, les paramètres de tir ayant été
significativement modifiés dans la pratique des tirs sur les données disponibles. C’est à dire:
Le nombre de rangées.
Le nombre de mines de pied.
La charge spécifique.
Ensuite nous tenterons d’expliquer le comportement de ce massif rocheux vis à vis d’une
augmentation de la charge spécifique en fonction de la direction du tir.
0,70
INDEX DE FRAGMENTATION
0,65
0,60
0,55
0,50
DONNEES, une rangée
0,45
SIMULATIONS, deux rangées
0,40
0 0,1 0,2 0,3 0,4
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.4.a.
Variant de 1 à 2 dans les données disponibles, nous allons voir sur la figure 4.5.2.4.a que cela
provoque une augmentation de l’index énergétique mais aussi, et de manière nette, une
augmentation de l’index de fragmentation. C’est donc une direction de recherche qui est à
explorer même si cela devait entraîner un bouleversement du mode d’exploitation.
97
0,70
INDEX DE FRAGMENTATION
0,65
0,60
0,55
0,50
DONNEES (1 mine de pied)
0,45
SIMULATIONS (2 mines de pied)
0,40
0 0,1 0,2 0,3 0,4
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.5.a.
0,70
0,65
INDEX DE FRAGMENTATION
0,60
0,55
0,50
0,45
0,40 DONNEES
0,30
0,05 0,10 0,15 0,20 0,25 0,30
INDEX ENERGETIQUE
Figure 4.5.2.6.a.
98
attendait. Cela met donc en lumière la difficulté de trouver des index de tir pertinents, adaptés à
chaque cas spécifique de géologie.
0,2
0,4
Figure 4.5.2.7.a.
Toutefois la figure 4.5.2.7.b nous montre que le comportement atypique de ce massif
rocheux, vis à vis d’une variation de charge spécifique, est lié à la géologie de la carrière. En
effet les deux directions de diaclase sont clairement identifiées et on voit que dans ces deux
directions l’impact d’un doublement de la charge spécifique n’est pas identique ce qui s’explique
par l’espacement moyen entre les diaclases, un mètre environ pour la direction D1 et cinq
mètres environ pour la direction D2 .
0,2 0,4
Figure 4.5.2.7.b.
99
Si on se place maintenant dans ces deux directions, figure 4.5.2.7.c, on voit, par
exemple, que pour une augmentation de 100 % d’énergie l’impact est positif dans la direction D1
(direction la plus courante des tirs). Par contre dans la direction D2 l’impact est négatif, ceci
pouvant également être expliqué par le faible nombre de données disponibles dans cette
direction.
INDEX ENERGETIQUE
D1
0,30
0,25 D2
0,20
0,15
0,10
0,05
0,00
50 100 150 200 250
EXPLOSIF EN % PAR RAPPORT AU TIR E3N3-328
Figure 4.5.2.7.c.
4.5.2.8. RECAPITULATIF.
Les résultats pour la carrière DMD sont moins intéressants et convaincants que sur la
carrière ALZO. Ceci a deux causes principales :
Le faible nombre de données disponibles.
Le peu de variabilité des paramètres de tir.
En particulier la maille varie peu, les micro-retards sont constants, les directions de tir sont peu
nombreuses et il est donc difficile d’attribuer à un paramètre une influence incontestable, faute
de pouvoir extrapoler à partir d’un jeu de données trop constant.
La seule certitude que l’on peut avoir, c’est que le doublement des rangées apporte une
meilleure fragmentation. Par contre, l’effet d’une variation de charge spécifique, par exemple en
fonction de la direction du tir, laisse dubitatif. Ce que l’on peut dire, c’est que, sur cette carrière,
l’énergie explosive fournie n’a pas un rapport évident avec le résultat du tir. De nouvelles voies
doivent donc être explorées, en particulier les micro-retards faibles [0-5 ms], les tirs multi-
rangées, la suppression des mines de pied, les directions de tir et aussi pourquoi pas les tirs en
surface.
100
4.6. BIBLIOGRAPHIE.
D.01. Ortiz., 2000. Mise au point d’une loi de comportement et de fragmentation
dynamiques du béton soumis à une énergie explosive . Mémoire de thèse de l’ENSMP.
D.02. Batifoulier, novembre1971. Constatations pratiques sur les effets de l’explosif en
fonction du matériau rencontré. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières ».
D.03. Aler, du Mouza., 1996. Measuring fragmentation efficiency of mine blasts.
Proceedings of the Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp
257-263.
D.04. Weber, du Mouza, Romdhane-Bouden, Blanchier, octobre 1988. La fragmentation
des roches à l’explosif en carrière. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières ». pp
27-31.
D.05. Rossmanith, Knasmillner, 1990. The role of rayleigh-waves in rock fragmentation.
Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock Fragmentation by
Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 109-116.
D.06. Rossmanith, 2000. The influence of delay timing on optimal fragmentation in
electronic blasting. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting
Technique, Balkema : Munich, pp 141-147.
D.07. Petzold, Hammelmann, 2000.The second generation of electronic blasting systems.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema :
Munich, pp 159-164.
D.08. Mogi, Hoshino, Kou, 2000. Reduction of blast vibration by means of sequentially
optimized delay blasting. Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting
Technique, Balkema : Munich, pp 219-224.
D.09. Thum, 2000. Blasting techniques and explosives in the german quarry industry.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema :
Munich, pp 109-116.
D.10. Cervellera, mars 2002. Influence de l’amorçage sur le rendement de l’explosif. Les
Techniques de l’Industrie Minérale, n° 13, , pp 111-115.
D.11. Du Mouza, Hadj Hassen, mars 2002. Caractérisation du massif rocheux. Les
Techniques de l’Industrie Minérale, n° 13, pp 13-25.
D.12. Grant, 1990. Initiation Systems - What does the future hold? Fragblast 90.
Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Australian
Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 369-372.
D.13. Hagan, 1983. The influence of controllable blast parameters on fragmentation and
mining costs. Proceeding of the 1st International Symposium on Rock Fragmentation by
Blasting, Balkema : Luléa, pp 31-51.
D.14. Bernard, avril 1994. Les vibrations dues aux tirs de mines: Méthode générale pour
prévoir les niveaux et calculer les plans de tir. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et
Carrières ». pp 51-56.
D.15. Langefors, Kihlström, 1967. The modern technique of rock blasting. John Wiley &
sons, New York.
D.16. Maerz, Germain, 1995. Block size determination around underground opening using
simulations based on scanline mapping. Fractured and jointed rock masses, pp 27-33.
101
D.17. Katsabanis, Liu, 1996. Delay requirements for fragmentation optimization.
Proceedings of the Workshop on Measurement of Blast Fragmentation, Balkema : Montréal, pp
241-246.
D.18. Liu, Katsabanis, 1997. A numerical study of the effects of accurate timing on rock
fragmentation. International Journal of Rock Mechanics & Mining, Sci. Vol 34, n° 5, pp 817-835.
D.19. Cappello, avril 1994. Analyse tectonique et minage appliqués à la production
d’enrochement. Revue de l’Industrie Minérale « Mines et Carrières », pp 47-50.
D.20. Ouchterlony, Niklasson, Abrahamsson, 1990. Fragmentation monitoring of
production blast at MRICA. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on
Rock Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp
283-289.
D.21. Thum, 1971.Quantité d’énergie requise pour l’extraction et la fragmentation des
roches au moyen d’explosifs. Explosifs, n° 1, pp 6-27.
D.22. Thum, 1972.Technique et applications d’explosions progressives et controlées.
Explosifs, n° 2, pp 41-52.
D.23. Stagg, Rholl, Otterness, Smith, 1990. Influence of shot design parameters on
fragmentation. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd International Symposium on Rock
Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and Metallurgy : Brisbane, pp 311-317.
D.24. Kristiansen, Kure, Vestre, Bergqvist., 1990. An investigation of heave and
fragmentation related to explosive properties. Fragblast 90. Proceedings of the 2nd
International Symposium on Rock Fragmentation by Blasting, Australian Institute of Mining and
Metallurgy : Brisbane, pp 83-90.
D.25. Cunningham, 2000. The effect of timing precision on control of blasting effects.
Proceedings of the 1st World Conference on Explosives and Blasting Technique, Balkema:
Munich, pp 123-127.
D.26. Reichholf, Moser, 2000. The influence of rock and rock mass parameters on the
blasting result in terms of fragmentation. Proceedings of the 1st World Conference on
Explosives and Blasting Technique, Balkema : Munich, pp 171-178.
102