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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET

POPULAIRE
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique

Faculté de Médecine d’Oran

Département de Médecine

Conférence de 4ème année de pédopsychiatrie

Thérapies familiales et guidance familale

Pr. S. Mouffok- Dr T. Feghoul

Maitre de conférences « A » en Pédopsychiatrie

Service de Pédopsychiatrie

Etablissement Hospitalier Spécialisé de psychiatrie d’Oran - Sidi Chami

1
1- Introduction

1/ THEORIE SYSTEMIQUE

Cette théorie, utilisée dans plusieurs domaines, est particulièrement efficace


dans le champ des relations sociales : système familial, système associatif,
système local d’échanges.

2/ HISTORIQUE

Voici quelques informations élémentaires pour comprendre la construction de


cette théorie et dans quels champs disciplinaires elle a connu ses premières
élaborations.
1. théorie thermodynamique :
La théorie thermodynamique repose sur le principe connu de LAVOISIER :
rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. CARNOT, Sadi, a
montré ces transformations (par exemple liquide / vapeur) consomme de
l’énergie empruntée à l’environnement de la machine (à vapeur).
2. théorie cybernétique :
WIENER, Norbert, en 1948, a montré comment on pouvait gouverner
(cybernétique) ces variations, les maîtriser. Le contrôle des changements
(par un thermostat) suppose de maîtriser par ailleurs les Informations sur
l’état du système (températures) et les interactions entre le système et
son environnement, soit en renforçant soit en limitant les échanges. C’est
la régulation. La cybernétique est l’étude des régulations intra-
systémiques.

3/ DEFINITION

Le système est un complexe d'éléments en interaction. BERTALANFY (von),


biologiste.

Ces éléments interagissent, c’est-à-dire qu’un message constitue un stimulus et


sa réponse à son tour stimule l’émetteur du message : il y a un feed-back, une
rétroaction. C’est dans la mesure où il y a rétroaction, que l’on vraiment parler
d’éléments qui font système.

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3.1. Relation entre système et environnement

Il existe deux possibilités de relation entre système et environnement du


système :
- système fermé, lorsqu’il n’existe pas de relation avec l’environnement mais
seulement des relations intra-systémiques,
- système ouvert, lorsqu’existent des relations extra-systémiques et intra
systémiques.

3.2. Interactions

WALLISER a décrit trois types d’interactions


- entre le système et son environnement, ce qui permet de mesurer le degré de
dépendance du système,
- entre les sous-systèmes eux-mêmes au sein du système, ce qui permet de
mesurer le degré de cohérence du système,
- entre états du système dans le temps (état t1, état t2…), ce qui permet de
mesurer le degré de permanence du système.

3.3. États

Un système peut connaître plusieurs états :


- statique, avec un seul état,
- dynamique, avec plusieurs états successifs,
- homéostatique, avec un seul état dans un environnement dynamique.

Homéostasie : capacité du système à conserver son état dans un environnement


changeant en s’adaptant, en revenant à l’état antérieur, en équilibrant les
interactions, par va-et-vient, par oscillation.
Cet équilibre homéostatique peut être rompu lorsqu’un élément interne ou externe a
une action forte sur le système et le déséquilibre. Le système entre en crise : il est
dérégulé. Un changement s’impose pour que le système perdure. La solution ne passe
pas forcément par le changement de l’élément perturbateur, mais par le changement
des interactions comme dans la thérapie familiale.

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3.4. Régulation

C’est l'ajustement conformément à quelque règle ou norme, d'une pluralité de


mouvements ou d'actes et de leurs effets ou produits que leur diversité ou leur
succession rend d'abord étrangers les uns aux autres. CANGUILHEM, G.,
Encyclopeodia Universalis.

Dans les systèmes sociaux, les seuils sont établis de manière plus ou moins large
et donnent une marge plus ou moins large d’autonomie des éléments et
d’efficacité de l’ensemble, selon les situations, les objectifs…

3.5. Principes systémiques

3.5.1 Principe de totalité


Un système n’est pas la somme de ses éléments, mais constitue un tout (principe
de la Théorie de la Forme).

3.5.2 Principe de circularité


Il n’est pas possible d’identifier un effet direct à une cause stimulante, car il y a
des effets en retour, des rétroactions, il y a des facteurs facilitant un effet.

3.5.3 Principe d’équifinalité


Dans les systèmes ouverts, les conséquences d’un changement dépendent autant
du processus mis en œuvre et des caractéristiques propres au système que des
causes initiales de changement : il y a une capacité de réaction à prendre en
compte, une réactivité. Les changements dus à la même cause (perte de son
emploi) ne seront pas les mêmes dans un système humain motivé ou déprimé.

2- Thérapie familiale

A Palo Alto, banlieue de San Francisco, dans les années 1950-60, des
psychologues et psychiatres mettent en avant l’idée de système pour analyser
les phénomènes : BATESON avec la théorie du «double bind», JACKSON, D.
avec les recherches du Mental Research Institute, WATZLAWICK P. avec la
théorie de la communication paradoxale.

Définition
La communication systémique est :
- une interaction, un processus circulaire, avec feed-back pour tout message
émis,
4
- une situation qui englobe le verbal, le gestuel, les attitudes, les comportements,
(tout est communication),
- dans un contexte, un cadre porteur de valeurs, de règles, de normes.

Il existe plusieurs sortes de thérapies familiales. On s'adressera


toujours à la famille entière et le thérapeute agira sur l'ensemble des
relations familiales. Pour ce qui est de la technique et des références,
chaque thérapie aura sa spécificité.
Il faut éviter que le patient soit perçu en "bouc émissaire". L'objectif
pourra être d'apprendre aux membres de la famille à communiquer.
L'école de Palo Alto développe l'approche en tant que 'système', avec
des notions mathématiques d'interactions. Pour obtenir un changement,
il faut agir sur le "comment" du fonctionnement de chacun des membres,
et non sur le "pourquoi".

Rôle du thérapeute

Il n'apparaît jamais tout puissant, opérateur officiel, exemple ou


modèle pour la famille. Lors de la première interview, le thérapeute
cherche à connaître les motivations de la famille. Il éloigne la menace
d'un blâme afin d'obtenir la meilleure participation possible. Il faut 1 à 2
séances pour structurer un groupe familial (le noyau du groupe familial a
lui débuté lorsque les deux conjoints se sont connus, et que
le couple s'est formé).

Modèle d’interaction est circulaire et non linéaire

5
Les cinq principes de base

1. Il est impossible à tout individu placé dans une interaction de ne


pas communiquer;
2. Toute communication présente 2 aspects : le contenu et le type
de relation (l'explicite et l'implicite). Le discours implicite est
appelé "méta-communication";
3. La nature de la relation dépend de la ponctuation des séquences
de la communication. Les silences, les temps séparant 2
entretiens sont importants et dynamiques;
4. Il existe 2 modes de communication : la communication digitale
et la communication analogique (mimiques, postures, gestes,
intonations...);
5. Les interactions sont symétriques (même ton) ou
complémentaires (valorisation de la différence).

La famille, modèle d'un système, est caractérisée par deux tendances


contradictoires: l'homéostasie (inertie), et la tendance au changement.
Généralement, l'enfant est au centre du réseau d'interactions. La nature
des interactions reste la même quelque soit l'âge de l'enfant; ainsi
l'enfant de 5 ans a un rôle qu'il garde tout au long de son évolution.
La famille est un élément fondamental de la société. Elle a pour tâche de
transmettre les valeurs et les modes de pensée. C'est aussi une totalité,
un "tout" dynamique. Les rétroactions négatives y sont importantes.
Dans une famille pathologique (où la souffrance est devenue
handicapante) n'existent principalement que des rétroactions négatives
(dans une rétroaction positive, les phénomènes sont perçus et amplifiés,
alors que dans une rétroaction négative, les phénomènes sont annulés,
ignorés).
Toute famille fonctionne selon des règles, un consensus tacitement
respecté par tous les membres. Si un seul élément change, l'équilibre
familial s'écroule. Tout manquement à l'accord tacite provoque une
crise, pouvant amener à la faillite du système. Le symptôme est alors un
régulateur de la relation, un contrat d'échange reposant sur une
complémentarité pathologique familiale. La disparition du
symptôme provoque souvent la rupture de la relation.

6
La fonction en thérapie familiale
Organisation des interactions dans la famille

1. L'alliance, qui est une relation d'affinité entre deux personnes,


basée sur l'attirance, l'intérêt commun, la sympathie;
2. La coalition, solidarité de plusieurs membres contre un membre
de la famille. Dans ce groupe hiérarchisé qu'est la famille, la
coalition est généralement déniée mais explicite au niveau
comportemental. Quand la coalition s'instaure entre deux
individus de générations différentes, il y a un écrasement des
générations. Le caractère pathologique réside dans la répétition
de ces coalitions, même lorsque l'objet de cette coalition varie.
Toute famille instaure des normes qui sont intériorisées pour éviter
les conflits, les discussions. Ces normes tiennent lieu de plan d'action. Les
"mythes familiaux" sont des normes systématisées, des croyances
idéologiques. Le mythe est aussi indispensable à la famille que le délire l'est
à la personne psychotique.

La thérapie familiale met en évidence le fait qu'il n'y a pas de fou dans une
famille, mais que c'est la relation qui est folle. Tous les membres sont actifs,
même quand ils freinent le changement. La thérapie familiale est directive
puisque le thérapeute donne la solution du changement. C'est aussi un soutien
très fort, un étayage voulu par la famille.

Les thérapeutes ont ici un "rôle contenant" extrêmement puissant.


Dans la famille il y a 2 aspects paradoxaux de la communication: une lutte
agressive entre les membres pour la hiérarchie et une solidarité qui les unit
malgré tout

La communication paradoxale

Pour WATZLAWICK, 1967, il existe trois paradoxes possibles dans la


communication.

1/ Le paradoxe de logique qui consiste à affirmer en même temps deux


informations contraires.
2/ Le paradoxe de signification qui consiste à nier l’information tout en la disant
: «j’affirme que je suis menteur»,

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3/ Le paradoxe pragmatique qui consiste à mettre une contradiction entre la
parole et l’action avec deux formes possibles :
L’injonction paradoxale qui enchaîne le sujet («bind» signifie
enchaîner) car elles lient deux informations à effet opposé
- «sois spontané» : encourager l’autre à l’initiative et à l’autonomie et
lui donner un ordre qui le soumet,
- un geste des parents auquel le parent attache une signification
d’amour, et l’enfant une signification de haine,
- un geste de parent que l’enfant perçoit comme une expression de
colère, quand le parent nie être en colère.

La prévision paradoxale qui empêche toute prévision ou la transforme


en certitude
- le dilemme du prisonnier par la contrainte imposée (ne pas se
concerter entre prisonnier) empêche de prévoir et donc de choisir la
meilleure solution,
- le professeur annonce que l’examen imprévu aura lieu la semaine
suivante : dès le jeudi, il existe la certitude qu’il aura lieu le vendredi.

La thérapie paradoxale

WATZLAWICK tire de cette théorisation une thérapie possible des


dysfonctionnements relationnels que l’on peut résumer ainsi : comme il n’est pas
possible de prescrire le changement, il ne cherche pas à convaincre l’autre de
changer mais au contraire l’encourage à poursuivre, il prescrit le symptôme. Voilà
le double paradoxe.
Par exemple :
- A la personne venue lui dire : «Je ne peux pas m’empêcher de faire ceci», le
psychologue prescrit «Eh bien, faites-le !». La contrainte interne est muée en
contrainte externe et cesse.
- Deux conjoints se disputent sans cesse et décident de consulter un
psychologue pour lui avouer qu’ils ne s’aiment plus puisqu’ils se querellent
(symptôme). Le psychologue leur dit que se disputer est le signe que l’on s’aime,
sinon ce serait l’indifférence totale. Les conjoints, voulant démontrer que le
psychologue se trompe, décident de s’arrêter de se disputer. Ils découvrent
qu’ils ne peuvent se passer de dispute et que c’est leur façon à eux de s’aimer :
ce que l’entourage ne comprend pas forcément.

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Le déroulement de la thérapie familiale :

Les intervenants attachent de l’importance à la personne, mais aussi aux


différents systèmes dont elle fait partie (familial, professionnel, social...), la
personne étant influencée à la fois par ses intentions, celle des autres et celles
des possibilités du milieu (systèmes). La compréhension du symptôme se fait en
montrant l’inter-influence de la communication et du comportement de chacun
sur chaque membre du système.
L’approche systémique se focalise sur la compréhension des relations humaines.
Les intervenants favoriseront l’expression des émotions, des souhaits, des
intentions positives et des efforts fournis.
Ils faciliteront le décodage adéquat pour que chacun puisse comprendre les
autres et prendre conscience des rôles tenus par chacun.
Ils fourniront aux membres du système l’occasion de communiquer sur leur façon
de communiquer (métacommunication).
L’important n’est pas de savoir pourquoi une personne se comporte de telle façon,
mais dans quel système humain, dans quel contexte humain ce comportement
peut faire du sens (G. Bateson).

L’histoire de la famille agit sur l’individu. Celui-ci transporte avec lui des
valeurs, des émotions et des comportements véhiculés par la famille et ceci
depuis plusieurs générations.
Les intervenants observent le processus interactionnel de la famille et tiennent
compte des différents cycles de vie du système (formation du couple, naissance
des enfants, adolescence, départ des enfants, vieillissement...).
Certains systèmes vivent difficilement ces périodes de transition et ne trouvent
pas de réponse adéquate face à l’exigence de changements. C’est souvent à ce
moment que des symptômes peuvent apparaître chez un des membres de la
famille.

Génogramme

C’est un graphique représentant la famille sur plusieurs niveaux


générationnels, donnant des informations telles que les noms, prénoms, la
filiation, les dates de naissance, de mariage, de décès, de maladies, les métiers,
lieux de vie...
Il offre une lecture transgénérationnelle de l’histoire familiale dont il
associe les éléments généalogiques, les événements importants et les relations
les plus marquantes.

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Il met en évidence les événements répétitifs, maladies, accidents, conflits
relationnels, les différences culturelles et sociales, les règles de vie et
croyances familiales, les programmations conscientes et inconscientes, sources
d’obstacles à la réalisation personnelle.
L’intervenant décèlera les différentes dynamiques répétées et transmises à
travers les générations, nous montrant comment la famille reproduit les mêmes
comportements d’une génération à l’autre.
L’intervenant fera des hypothèses quant aux différentes fonctions du symptôme,
lui permettant de faire un choix de stratégies d’intervention.

3- Guidance familiale

3.1 Définition :

La guidance parentale désigne l’aide apportée par des professionnels à des


parents en difficulté face à :

o Des événements externes à la famille (agression d’un enfant, etc.).


o Des événements internes à la famille (deuil, précocité intellectuelle,
maladie psychique, handicap, adoption d’un enfant, échec scolaire, jalousie,
etc.).
o Des crises familiales évolutives (séparation, divorce, recomposition
familiale, émergence d’un secret, etc.).
o Des difficultés éducatives (problèmes d’autorité, difficultés d’un parent
seul, parent possiblement maltraitant, etc).

3.2 Guidance et psychothérapie.

Le terme de « guidance » est d’origine anglaise. Il a été introduit en français à


partir des années 1950. « Guidance » en anglais désigne les conseils.
L’expression « for your guidance » signifie « pour votre information ». Dans
cette acception, « guidance parentale » désigne l’information, le conseil et le
soutien apportés aux parents. La guidance parentale est située sous le signe de
l’apprentissage du « métier de parent » en général et dans des conditions
particulières. Elle semble se défendre d’induire des changements de type
psychothérapeutique.

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Par contre, les praticiens se référent à l’approche psychanalytique pour aider les
parents à réfléchir sur leur propre enfance et sur la manière dont celle-ci
influence leurs attitudes envers leurs enfants.

La guidance parentale se définit tantôt comme du soutien et des conseils et


tantôt comme un véritable travail psychique chez les parents. Le dictionnaire
Robert évite cette dichotomie en définissant la guidance parentale comme une
« aide psychologique et psychothérapeutique et des conseils apportés par des
spécialistes en vue d’une meilleure adaptation ». Par ailleurs, certains n’hésitent
pas à parler de « psychothérapie parentale de soutien ».

Cela soulève des questions importantes :

 La guidance parentale est-elle de l’ordre de la formation ou de la


psychothérapie ? Peut-elle appartenir simultanément à ces deux registres ?
 Ne fait-elle « que » mobiliser les ressources et développer les compétences
des parents ou va-t-elle au-delà ? A-t-elle des effets « thérapeutiques » sur
les parents et sur la famille ?
 Est-elle une alternative à la thérapie, un complément, une stratégie ou une
pratique qui lui est étrangère ?
 Peut-on être « praticien en guidance parentale » sans être thérapeute ?
Comment former à la guidance parentale ?

La guidance parentale, dans une optique psychanalytique, semble se


distinguer de la psychothérapie individuelle des parents par les
objectifs, les moyens, les références et les modalités d’évaluation,
comme l’indique le tableau I.

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De même, la guidance parentale semble pouvoir se distinguer de la thérapie
familiale par les objectifs, les moyens, les références et l’évaluation (tableau II).

Tableau II.
Guida

nce parentale Thérapie familiale

12
Pour que le « savoir-faire » s’ancre vraiment dans la personne, il faut qu’il
s’accompagne d’un « savoir-vivre ». La personne, non seulement apprend à faire
plus de choses, mais devient plus vivante. Elle habite ses actes de l’intérieur. Ses
actes deviennent à proprement parler « les siens » et non ceux d’une autre
personne qu’elle imiterait. L’appropriation des compétences passe
nécessairement par la croissance personnelle. Une personne ne peut changer de
façon durable son adaptation sans changer intérieurement.

Un parent qui adopterait des attitudes éducatives « correctes » sans les


assumer pleinement avec toute sa personnalité finirait par s’épuiser et
générerait des effets paradoxaux, voire pervers. Autrement dit, il n’est pas
possible de « faire le parent » sans « vivre comme parent ». La seule acquisition
de compétences sans transformation personnelle n’est pas possible.

Ces notions sont corroborées par le rapport récent de Houzel et de ses


collaborateurs sur la parentalité (6). Cette équipe souligne que la « pratique » de
la parentalité, c’est-à-dire la mise en œuvre de comportements parentaux
adéquats, est inséparable de l’« expérience » de la parentalité, au sens de se
vivre comme un parent.

Les comportements parentaux sont le fruit d’un processus de « parentalisation »


qui commence dès la naissance du sujet futur parent, notamment avec la mise en
place du narcissisme primaire. La pratique de la parentalité ne peut être
améliorée sans faire évoluer l’expérience de la parentalité.

Nous pouvons, donc, affirmer que la guidance parentale ne peut changer les
attitudes parentales qu’en induisant, au moins indirectement, une évolution du
parent lui-même. La guidance parentale, à travers l’aide apportée à la pratique de
la parentalité, induit le franchissement de certaines étapes du processus de
parentalisation.

La guidance parentale aide les parents à mieux assumer leurs fonctions


parentales à travers un changement personnel. Dans certains cas, ce changement
intérieur des parents est obtenu indirectement et de manière invisible, à travers
les conseils et le soutien. Dans d’autres cas, il peut être induit directement par
le praticien, notamment à travers l’étude du génogramme ou la recherche de liens
entre l’enfance du parent et ses attitudes parentales.

L’opposition guidance/psychothérapie ne porte pas sur la nature du changement


induit mais sur l’objectif recherché. Dans le cas de la guidance, il s’agit de faire
évoluer les personnes dans leur fonction parentale. Dans le cadre de la thérapie,
il s’agit de les faire évoluer dans les différentes dimensions de leur existence.

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Pour ces raisons, il semble important que la formation à la guidance parentale
prenne place à l’intérieur de la formation à la thérapie. Le futur praticien doit, en
effet, connaître non seulement les principes éducatifs fondamentaux, mais aussi
le développement psychique dans son ensemble et certaines techniques
psychothérapeutiques. Il doit, également, repérer ce qu’il induit dans les
relations et ce qui résonne avec sa propre problématique.

3.3 Guidance et la norme.

Il faut savoir vers où aller. Cela suppose la référence à des critères, avec tous
les risques que cela représente.

Qu’est-ce qui guide le praticien en guidance parentale ? A quoi se réfère-t-il ?

La guidance parentale aide les parents à améliorer l’exercice de leur rôle


parental. Parler de « meilleur » suppose une référence à ce qui est « bien ».

Le concept de « bientraitance », diffusé depuis quelques années propose de


définir le minimum requis, de la part des parents, pour que l’enfant se développe
correctement. Cette notion est intéressante. Cependant, elle peut être entendue
de manière rigide, comme synonyme de « normalité ». Cela peut entraîner,
notamment, deux dérives.

La première concerne la formation des parents. Les praticiens prétendent leur


apprendre à mettre en œuvre les différents critères définissant ce qu’est un
bon parent. Les expériences menées dans ce sens montrent que cela n’aide que
les parents qui n’en n’ont pas besoin. En effet, les parents bien structurés et
ayant déjà de bonnes relations avec leurs enfants y puisent quelques idées
supplémentaires pour améliorer la qualité de leurs interventions. En revanche,
ceux qui sont en difficultés ne réussissent pas à mettre en œuvre ces conseils.
Cela augmente leur sentiment de dévalorisation et de culpabilité. Ils arrivent,
parfois, à faire ce qui leur est demandé, au prix d’une suradaptation artificielle.

La deuxième dérive, plus grave, consiste à utiliser les critères définissant la


bientraitance pour évaluer les parents. Les parents sont, alors, classés en
compétents ou incompétents selon leur « score » dans l’échelle de compétence.
Le cas échéant, les enfants sont placés en foyer ou en famille d’accueil. Cette
évaluation se réfère à la notion de « normalité ». Celle-ci ne prend en compte que
l’ordre du « Faire ». Elle se borne aux comportements extérieurs. Elle ne
s’intéresse pas aux potentialités évolutives des parents. Elle est régie par la
logique binaire propre à toute approche purement opératoire.

14
Conclusion

La systémique étudie les relations entre un système et son environnement,


entre éléments ou sous systèmes de ce système. C’est pourquoi on l’appelle aussi
éco-systémique (éco, oikos, signifie en grec maison).
Lorsque l’étude de l’environnement, l’écologie, qu’elle concerne les relations avec
l’environnement naturel, construit, social…, édicte comme règles : penser global,
agir local, elle transcrit dans la pratique des enseignements systémiques. Il faut
envisager l’ensemble des conséquences possibles d’une décision, les rétroactions
possibles.
Par exemple, une action sur un élément de la famille retentit sur
l’ensemble de la famille ; les «décrocheurs de l’école», ceux que l’école
n’intéresse plus, sont des symptômes de la crise et de l’école et de la famille et
du groupe social auquel ils appartiennent.

La guidance familiale qui semble se démarquer des psychotérapies


structurées, mais ne peux se limiter cependant à des orientations et des conseils
mais suppose aussi une connaissance des parents de leur propre histoire pour ne
pas reproduire leur propre expérience d’enfant, ils doivent avoir leur propre
acquisition de compétences mais aussi une évolution personnelle concomitante.

La formation à la guidance parentale prenne place à l’intérieur de la


formation à la thérapie. Le futur praticien doit, en effet, connaître non
seulement les principes éducatifs fondamentaux, mais aussi le développement
psychique dans son ensemble et certaines techniques psychothérapeutiques. Il
doit, également, repérer ce qu’il induit dans les relations et ce qui résonne avec
sa propre problématique.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Parker, J. Current Practice, Future Responsibilities. AFT 2007,


2. Stratton, P. Report on the evidence base of systemic family therapy. AFT 2005,
3. Asen, E. Outcome research in family therapy. Advances in Psychiatric Treatment. 2002, 8: 230–
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4. Sexton, T.L., Alexander, J.L., Mease, A.L. Levels of Evidence for the Models and Mechanisms of
Therapeutic Change in Family and Couple Therapy. In Lambert, M. Garfield´s and Bergin´s
Handbook of Psychotherapy and Behavioral Change, Wiley&Sons, 2004,
5. Carr. A. The effectiveness of family therapy and systemic interventions for child-focused
problems. Journal of Family Therapy , 2009, 31, 3-45.

6. Russel Crane, D. Effectiveness Research on the Cost of Family Therapy.


Psychotherapeutenjopurnal, 2007, 23: 20-24

7. Russell Crane, D. Individual and Family Therapy in Managed Care: Comparing the Costs of
Treatments by the Mental Health Professions. Journal of Marital and Family Therapy. (In

15
press).
8. Elkaïm, M., Panorama des thérapies familiales, Editions Points, 2003.
9. Elkaïm, M., Comprendre et traiter la souffrance psychique, quel traitement ? Editons Seuil, 2007.
10. Aristote : Ethique à Nicomaque, Livre I (I, 2,1095 a, 15-20; I, 4,1097 a, 25-35).
11. Bailly A. : Dictionnaire Grec-Français, Hachette, Paris, 1960, p. 1580 et 1617.
12. Bowen M. (1988): La différenciation du soi, ESF, Paris.
13. Gabel M., Jésu F., Manciaux M. (2000): Bientraitances, Fleurus, Paris.
14. Hayez J.Y. (1978): La guidance parentale, Privat, Toulouse.
15. Houzel et al. (1999): Les enjeux de la parentalité, Erès, Paris, 2004.
16. Laupies F. (2000): Leçons philosophiques sur le mal, PUF, Paris, p. 92.

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