Report-Doumenge1998 Gabon Cameroun Guinee Equator

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CEFDHAC - Processus de Brazzaville

LA GESTION DES ECOSYSTEMES FORESTIERS


DU CAMEROUN, DU GABON
ET DE GUINEE EQUATORIALE
A L’AUBE DE L’AN 2000

C. Doumenge

Décembre 1998

UICN, Yaoundé, Cameroun


Table des matières

Remerciements 4
Préambule 5
Liste des sigles et abréviations 9

1 - PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 10


1.1 - Conclusions 10
1.2 - Recommandations 17
1.2.1 - Bilan des recommandations passées 17
1.2.2 - Principales recommandations 22

2 - LES RESSOURCES FORESTIERES 26


2.1 - Diversité des forêts 26
2.1.1 - Forêts de terre ferme 26
2.1.2 - Forêts sur sol humide 29
2.1.3 - Autres formations végétales 30
2.2 - Etendue 31
2.3 - Evolution 32

3 - LA DIVERSITE BIOLOGIQUE 35
3.1 - Flore 35
3.2 - Faune 39
3.2.1. - Mammifères 39
3.2.2 - Autre faune 44
3.3 - Ecorégions 46

4 - LES FORETS DANS LES ECONOMIES NATIONALES 50


4.1 - Bois d'oeuvre 50
4.1.1 - Evolution de la production et de l'exportation des grumes 50
4.1.2 - Exploitation forestière actuelle et tendances 53
4.2 - Bois-énergie 59
4.3 - Bois de service 60
4.4 - Produits forestiers non ligneux 60
4.5 - Produits de la chasse et de la pêche 62
4.5.1 - Chasse 62
4.5.2 - Pêche 64
4.6 - Tourisme 65
4.7 - Recherche et formation 66
4.8 - Usages alternatifs des terres forestières 67

5 - LES CADRES LEGISLATIFS ET INSTITUTIONNELS 69


5.1 - Etat des législations 69
5.2 - Forêts 73
5.3 - Flore et faune 75
5.4 - Aires protégées 76
5.5 - Forêts communautaires et gestion traditionnelle 77
2
6 - LA VOCATION DES TERRES FORESTIERES 80
6.1 - Planification des terres 80
6.2 - Les terres a vocation de production forestière 80
6.3 - Le réseau sous-régional d'aires protégées 81

7 - LES SITES CRITIQUES 85


7.1 - Définition et critères d'évaluation 85
7.2 - Etat actuel du réseau 86
7.3 - Evolution durant la décennie 1988-1998 90
7.4 - Perspectives 92

Bibliographie 97
Annexes 105

3
Remerciements

Ce rapport, préparé et mis en forme par C. Doumenge, emprunte partiellement au travail d'une
équipe de consultants: Z. Tchanou et T. Fomete Nembot au Cameroun, H. Bourobou Bourobou et
A. Ngoye au Gabon, et V. Micha Ondo, N. Ona Nze et J. E. Garcia Yuste en Guinée Equatoriale.
La supervision de cette étude a été assurée par A. Ndinga, Représentant Régional de l'UICN pour
l'Afrique Centrale.

De nombreuses personnes ont contribué d'une manière ou d'une autre à sa réalisation, en procurant
des informations, en contribuant à la rédaction, en nous faisant bénéficier de leurs remarques
constructives, ou dans l'organisation logistique du travail. C'est non seulement un devoir, mais
aussi un plaisir, pour toute l'équipe et l'UICN de remercier:

C. Aveling, J.-G. Bertault, F. Beurel-Doumenge, J.-M. Bouvard, J. Blanc, P. Christy,


J. Castroviejo, E. Chéseaux, J.-M. Dauget, E. Dounias, G. Davies, P. De Wachter, M. Fernandez,
F. Feys, J. E. Garcia Yuste, S. Gartlan, M. Gimenez Dixon, L. Fishpool, R. Fotso,
E. Hakizumwami, Ipalaka Yobwa, C. Jacquemin, J.-P. Koyo, E. Matip, J.-B. Memvie, J. Moukala,
P.R. Ngnegueu, J.-C. Nguinguiri, J. Schoorl, U. Senn, F. Steinmans, C. Thiéry, J. et D. Thomas,
E. Underwood et C. Vermeulen.

Au cours de la Deuxième CEFDHAC (08-10 juin 1998, Bata, Guinée Equatoriale), un groupe de
travail a relu et amendé les recommandations préliminaires. Ce groupe était composé de:
M.-C. Angono, E. Bashige Baliruhuya, B. Curran, F. Eneme Efua, T. Fomete Nembot,
J. E. Garcia Yuste, E. Hakizumwami, Z. Kalimba, H. Liam Jackson, S. Mankoto ma Mbaelele, D.-
M. Mbog, C. Mbourou, A. Owélé, L. Somé, J. Yamindou. Qu’ils soient remerciés spécialement
pour leur travail assidu et constructif.

Que tous puissent trouver ici l’expression de notre sincère gratitude.

4
Préambule

Au milieu des années 1980, les pays d'Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Equatoriale, République Centrafricaine - RCA, République Démocratique du Congo - RDC et São
Tomé et Principe) ont exprimé la volonté d'utiliser une partie des fonds du VI° Fonds Européen de
Développement (FED) pour développer un programme d’actions pilotes de conservation et
d’utilisation durable de la biodiversité forestière de la région. En 1988, en préparation à ce
programme, et avec l'appui technique et scientifique de l’UICN (Union Mondiale pour la Nature),
les pays d'Afrique Centrale ont entrepris une revue générale de l'état de leurs ressources
forestières, de leur utilisation et de leur gestion. Un réseau de sites critiques pour la conservation
de la biodiversité forestière a été identifié, accompagné de recommandations concernant la
protection et l'utilisation durable des ressources nationales et régionales.

En 1990, les Gouvernements concernés ont intégré officiellement les conclusions de cette étude
dans le cadre de leurs politiques forestières en accréditant le PARAC (Plan d'Action Régional pour
l'Afrique Centrale). Un programme de conservation-développement de démonstration a été mis sur
pied, le Programme ECOFAC (Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale), destiné à tester la
mise en pratique des recommandations du PARAC sur 7 sites. La deuxième phase de ce
programme est actuellement en cours d'exécution.

En 1996, les Ministres d'Afrique Centrale en charge des Forêts ont organisé à Brazzaville, au
Congo, du 28 au 31 mai, la première Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et
Humides d’Afrique Centrale (CEFDHAC, connue aussi sous le nom de Processus de Brazzaville).
Outre ces hauts fonctionnaires, elle réunissait des représentants d’organisations internationales, des
techniciens du secteur forestier et des ONG. Son but était d’encourager les pays d’Afrique
Centrale a conserver leurs forêts et veiller à ce que toute utilisation des ressources forestières soit
durable.

A la suite de cette première réunion, la Conférence a été institutionnalisée et l'UICN a été chargée
d'en assurer le secrétariat jusqu’à ce que la CEFDHAC puisse voler de ses propres ailes. La
deuxième session de la CEFDHAC a eu lieu en juin 1998 à Bata, en Guinée Equatoriale. Le
présent projet, "Sites critiques pour la conservation de la biodiversité forestière en Afrique
Centrale. Bilan et perspectives à l'aube de l’An 2000", s’inscrit dans cette dynamique régionale. Il
est coordonné par le Bureau régional de l’UICN pour l’Afrique Centrale et soutenu financièrement
par le Biodiversity Support Program (BSP) et l’UICN. Pratiquement 10 ans après la préparation
du PARAC, il s’avérait nécessaire d’effectuer un nouvel état des lieux des situations forestières
nationales et régionale, et d’établir le bilan des actions passées. Dans une première phase, ce projet
vise à évaluer l’évolution des situations forestières du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale. L’accent est mis sur l'évaluation du réseau de sites critiques en tant qu’indicateurs de
cette évolution.

Afin de replacer ce travail dans le cadre géographique sous-régional, les pages suivantes
présentent quelques renseignements sur les pays en question ainsi que deux cartes de base sur le
contexte géographique (Fig. 1 et 2).

5
Indicateur Pays
Cameroun Gabon Guinée
Equatoriale
Superficie des terres (km2) 465.400 257.670 28.050
Sommet le plus élevé (altitude en m) Mont Cameroun Mont Milondo Pic Basilé
(4.095) (1.020) (3.008)
Climats Equatorial à Equatorial Equatorial
tropical sec
+10.000 à +3.000 à +10.000 à
Variation géographique de pluviosité (mm/an)
+ 500 +1.500 +1.700
Population totale en 1995 + 13.200.000 + 1.300.000 + 400.000
Taux de croissance 1990-5 (%/an) 2,8 2,8 2,6
Population rurale en 1995 (%) 55,1 50,0 57,8
Capitale (nombre d’habitants) Yaoundé (1998: Libreville Malabo
+ 1.300.000) (1990: (1994:
337.700) 64.400)
Autre ville (nombre d’habitants) Douala (1998: Port-Gentil Bata (1994:
+ 1.400.000) (1990: 71.400)
Langues officielles Français, Anglais 78.400) Espagnol
Français
Monnaie Franc CFA Franc CFA Franc CFA
PNB par habitant en 1993 ($) 770 4.050 360
Dette extérieure ($) 6.300.000.000 3.600.000.000 237.400.000
(1991) (1990) (1990)
Importations en 1990 ($) 1.500.000.000 697.000.000 47.200.000
Exportations en 1990 ($) 2.100.000.000 2.000.000.000 37.000.000
Principaux secteurs économiques Mines et Mines et Agriculture,
industries, industries, mines et
agriculture, forêt agriculture, forêt industries,
Pétrole, forêt
Principales exportations manganèse, bois, Pétrole, bois,
Pétrole, cacao,
café, bois uranium cacao

Superficie des forêts (sensu FAO) en 1995 (km2) 195.980 178.590 17.810
Taux annuel de déforestation 1990-5 (km2) 1.290 910 100
Production de grumes en 1996 (m3) 2.805.932 2.409.000 461.141
Exportation de grumes en 1996 (m3) 1.651.022 2.344.000 406.406
Essences principales (% de la production 1996) Ayous, Sapelli et Okoumé et Okoumé et
Azobé (60,4) Ozigo (79,0) Ilomba (74,9)
Consommation 1995 de sciages et placages (m3) 541.000 127.000 4.500
Production de bois énergie en 1995 (m3) + 12.332.000 + 2.357.000 + 447.000
Plantes à fleur + 8.000 + 7.000 + 4.000
Mammifères 280 + 190 > 170
Oiseaux 874 675 > 500
Superficie des aires protégées (km2) 25.158 29.020 3.076
Superficie des sites critiques (km2) 33.174 53.876 6.217
Pourcentage de sites critiques classés 7,1 20,9 22,2

6
Fig. 1 : Hydrographie et principales voies de communication de la sous-région

7
Fig. 2 : Précipitations moyennes annuelles dans la sous-région (Leroux, 1983)

8
Liste des sigles et abréviations

APFT Avenir des Peuples des Forêts Tropicales


API Aménagement Pilote Intégré
B.P. Avant le temps présent (Before Present)
BSP Programme de Support de la Biodiversité (Biodiversity Support Program)
ca. calibré
CARPE Programme Régional de l'Afrique Centrale pour l'Environnement (Central Africa
Regional Program for Environment)
CCE-ACP Commission des Communautés Européennes - Afrique, Caraïbes, Pacifique
CEFDHAC Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d'Afrique Centrale
CIFOR Centre pour la Recherche Forestière Internationale (Center for International Forestry
Research)
CIRAD-Forêt Département Forêt du Centre de Coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement (France)
CITES Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées de Faune et de Flore
Sauvage (Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and
Flora)
CNUED Conférence des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement
com. pers. Communication personnelle
CUREF Projet de Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes Forestiers (Guinée
Equatoriale)
DFAP Direction de la Faune et des Aires Protégées (Cameroun)
ECOFAC Ecosystèmes Forestiers d'Afrique Centrale
ENEF Ecole Nationale des Eaux et Forêts (Gabon)
ERAIFT Ecole Régionale post-universitaire d’Aménagement Intégré des Forêts Tropicales
(RDC)
FAC Fonds d'Aide et de Coopération (France)
FAO Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (Food and
Agriculture Organisation)
FED Fonds Européen de Développement
FORAFRI Projet de Capitalisation et transfert des recherches menées dans les forêts denses
humides d’Afrique
IPHAMETRA Institut de Pharmacopée et de Médecine Traditionnelle (Gabon)
IRET Institut de Recherche en Ecologie Tropicale (Gabon)
MAB Programme l’Homme et la Biosphère (Man and Biosphere, Unesco)
MINEF Ministère de l’Environnement et des Forêts (Cameroun)
OAB Organisation Africaine du Bois
OIBT Organisation Internationale des Bois Tropicaux
ONF Office National des Forêts (France)
ONADEF Office National de Développement des Forêts (Cameroun)
ONG Organisation Non Gouvernementale
PAFT Programme d’Action Forestier Tropical
PARAC Plan d'Action Régional pour l'Afrique Centrale
PNAE Plan National d’Action Environnementale
PNB Produit National Brut
PRGIE Projet Régional de Gestion de l’Information Environnementale
RCA République Centrafricaine
RDC République Démocratique du Congo
s.d. sans date
SFID Société Forestière et Industrielle de la Doumé (Cameroun)
SIG Système d’Information Géographique
UFA Unité Forestière d’Aménagement
9
UICN Union Mondiale pour la Nature
WWF Fonds Mondial pour la Nature (World Wide Fund for Nature)
WWF-US Fonds Mondial pour la Vie Sauvage - Etats Unis d'Amérique (World Wildlife Fund -
United States of America)

10
1 - PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

1.1 - Conclusions

• Les ressources forestières

Du Cameroun à la RDC, l'Afrique Centrale est le grenier forestier du continent. Les seules forêts
denses du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale) forment près de 20 % du total des
forêts denses tropicales africaines. Elles occupent un peu moins de 400.000 km2 (40 à 70 % des
territoires nationaux. Mais ces ressources forestières sont en constant recul (- 2.300 km2/an soit
- 0,5 % à - 0,6 %/an), principalement du fait des activités agricoles et de collecte de bois, autour
des villes et dans les zones rurales à forte densité de population. Bien que plus difficilement
quantifiables, les superficies atteintes par la dégradation forestière sont comparativement beaucoup
plus vastes. Le phénomène s'accélère de jour en jour du fait de l'exploitation forestière et de la
chasse commerciale, généralement menées sans souci du lendemain.

Ces forêts denses incluent une grande diversité d’écosystèmes: mangroves, forêts atlantiques
littorales et des reliefs, forêts congolaises occidentales, forêts semi-décidues, forêts marécageuses
et périodiquement inondées, forêts submontagnardes et montagnardes. Ces dernières, ainsi que les
forêts atlantiques littorales sont les plus menacées.

Des inventaires forestiers à petite échelle ont été réalisés dans le Cameroun méridional, en Guinée
Equatoriale ainsi que, partiellement, au Gabon. Mais cela ne doit pas masquer le fait que ces forêts
sont encore très mal connues, tant du point de vue de leur état, de celui du potentiel ligneux ou de
la diversité biologique, que des diverses valeurs qui leur sont attribuées.

• La diversité biologique

Les forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale sont primordiales pour la


conservation de la biodiversité africaine. Elles renferment respectivement 280, 190 et plus de 170
espèces de Mammifères, 874, 675 et plus de 500 espèces d’Oiseaux; 38 Mammifères et
21 Oiseaux sont menacés d’extinction ou sont particulièrement sensibles aux impacts humains,
dont de nombreux animaux forestiers. Parmi ces derniers, on peut citer: le Moustac à oreilles
rousses, le Cercopithèque de Preuss, le Cercopithèque à queue de soleil, le Colobe noir, le Drill, le
Gorille, le Chimpanzé et l’Eléphant. Cette dernière espèce est typiquement l'une de celles qui
doivent être protégées et gérées à l'échelle régionale de l'Afrique Centrale. Depuis 10 ans, la faune
ne cesse de diminuer dans la sous-région du fait d’une chasse commerciale bien organisée ainsi que
de la diminution de leurs habitats.

Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale renferment respectivement environ 8.000, 7.000 et plus
de 4.000 espèces de plantes à fleur. Les forêts de basse altitude à submontagnardes bordant la
façade atlantique seraient les plus diversifiées d'Afrique par unité de surface. Elles renferment
nombre d'espèces végétales et animales que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, ou seulement
marginalement dans les régions adjacentes. C'est, par exemple, le cas de l'Okoumé, présent dans
nos 3 pays ainsi qu’au Congo. Les forêts montagnardes hébergent aussi des espèces endémiques.

11
Ces forêts atlantiques et montagnardes sont les plus menacées de la région, soit du fait de leur
relativement faible superficie soit du fait des pressions humaines qu'elles subissent.

• Les forêts dans les économies nationales

Bois d’oeuvre

L'exploitation et le commerce du bois d'oeuvre constituent un secteur clef des économies


nationales des 3 pays. En 1996, la production de la sous-région s’est élevée à 5.300.000 m3 de
grumes (Cameroun : 2.800.000, Gabon : 2.400.000 et Guinée Equatoriale : 460.000 m3). Depuis
1993-1994, on constate un envol de la production: en 10 ans, les productions nationales ont
augmenté de 30 % (Cameroun) à 190 % (Guinée Equatoriale). Alors que la tendance mondiale est
à la diminution de l'exportation de grumes au profit de produits transformés, la sous-région
continue à exporter une majorité de sa production sous forme de grumes (83 %). Le Cameroun se
démarque toutefois par un taux de transformation plus élevé, un peu plus de 40 % de la
production, contre 5 à 10 % pour ses voisins. Les outils industriels restent peu développés et en
majorité peu performants. Les exportations se sont réorientées de l'Europe vers l'Asie mais avec la
crise économique asiatique, des problèmes d’écoulement se sont produits en 1997-1998.

L'exploitation forestière industrielle n'a longtemps touché que les forêts de la côte mais elle s'est
progressivement étendue vers l'intérieur des terres. Ce phénomène s'est accéléré ces dernières
années et, actuellement, pratiquement toutes les forêts exploitables du Cameroun, du Gabon et de
Guinée Equatoriale ont été ou sont exploitées, ou font l'objet de prévisions d'exploitation. Cette
activité a littéralement explosé durant les dernières années, présentant non seulement un danger
pour la sauvegarde des forêts mais aussi pour la bonne santé du secteur forestier à long terme.
Malgré une diversification progressive, 2 à 3 espèces principales constituent encore 60 à 80 % des
productions annuelles: Ayous, Sapelli et Azobé au Cameroun, Okoumé et Ozigo au Gabon,
Okoumé et Ilomba en Guinée Equatoriale.

Du point de vue de la régénération des ressources, la tendance actuelle est à la diminution des
programmes de reboisement - déjà minimes - et à un investissement accru dans la gestion des
forêts naturelles, voire leur aménagement pour la régénération des essences commerciales les plus
prisées.

Bois-énergie et bois de service

Bois de feu et bois de service sont vitaux pour les économies rurales et urbaines. Sur l'ensemble
des 3 pays, la production de bois-énergie dépasserait 15.000.000 m3, soit près de 3 fois la
production de grumes (estimation de la FAO pour 1995). Nous ne disposons pas d’informations
suffisamment précises pour évaluer la contribution de la collecte de bois de feu et de service à la
déforestation et à la dégradation forestière. Cela ne semble poser quelques problèmes qu’autour
des agglomérations importantes, du fait de prélèvements accrus sur les jachères - contribuant à
leur appauvrissement - et sur les forêts secondaires ou primaires périphériques, ainsi que dans les
zones rurales très peuplées, par ailleurs largement déforestées du fait des activités agricoles.

Produits forestiers non ligneux

12
De nombreux produits forestiers non ligneux sont utilisés et consommés dans les 3 pays: plantes
alimentaires, plantes médicomagiques, miel, rotins, feuilles d'emballage, etc. Même si ces produits
sont fondamentaux pour la bonne marche des économies villageoises, ce secteur économique n'est
encore que partiellement monétarisé, par l’intermédiaire de productions très prisées dans les pays
mêmes ou qui présentent un intérêt pour le commerce international. C'est un secteur en pleine
expansion, en particulier au Cameroun. Une enquête réalisée dans ce pays a permis de mettre en
évidence que les coûts de commercialisation ainsi que le travail investi par les vendeuses et
vendeurs sont couverts de façon adéquate par les marges bénéficiaires; le transport étant le
principal coût auquel ils doivent faire face. Le commerce des produits forestiers non ligneux peut
même s’avérer plus profitable que celui des produits vivriers.

Parmi les principaux produits commercialisés dans la sous-région, on peut citer: le safou (fruits du
Dacryodes edulis), la noix de cola (graines du Cola acuminata), les graines de mangues sauvages
(Irvingia spp.), les feuilles de Koko (Gnetum spp.), les noisettes d'Afrique (graines du Coula
edulis), etc. Seuls le Safoutier, voire le Colatier, sont largement domestiqués. D’autres fruitiers
sauvages peuvent se rencontrer dans les parcelles autour des habitations mais ils ne sont
généralement pas plantés. Les plantes médicomagiques sont quant à elles utilisées par tout le
monde, soit de manière courante soit épisodiquement. Il en existe une très grande variété,
certaines espèces faisant déjà l'objet d'un commerce international fructueux. Ceci constitue des
opportunités à la diversification de la valorisation des forêts.

Produits de la chasse et de la pêche

La viande de chasse est la principale source de protéines animales dans les 3 pays: elle couvre 70 à
90 % des besoins, surtout en zone rurale et dans l'intérieur des terres. La chasse pour la
consommation familiale n'est généralement pas une menace pour la faune forestière, sauf dans les
zones très densément peuplées... où les forêts elles même tendent à disparaître (autour des
agglomérations ou dans les zones rurales très peuplées comme dans l'Ouest du Cameroun). La
chasse commerciale pour le ravitaillement des grandes villes est par contre très destructrice. Elle
pénètre de plus en plus en profondeur dans les forêts, suivant les voies d'exploitation forestière.
Les gros Rongeurs, les Antilopes et les Singes sont les animaux les plus chassés. L'importance de
cette chasse commerciale devient préoccupante dans l'ensemble de la sous-région. Elle est très mal
contrôlée et se pratique souvent avec l’appui de citadins influents, ce qui explique le manque de
volonté politique pour s’attaquer à ce problème.

Un braconnage meurtrier sévit aussi pour la fourniture de sous-produits tels que l'ivoire (Eléphant)
ou les peaux (Félins tachetés, Reptiles, etc.). Les principaux bénéficiaires en sont des trafiquants
internationaux et les divers intermédiaires locaux ainsi que certains responsables politico-
administratifs. Malgré un début de prise de position commune des représentants des pays d'Afrique
Centrale concernant l'Eléphant lors de la dernière réunion de la CITES, la concertation et la
coordination entre états de la région reste insuffisante. Elle devrait être renforcée pour la mise au
point de politiques, de législations et d'actions communes et efficaces en la matière.

Les forêts jouent un rôle indéniable dans le soutien aux activités de pêche continentale mais aussi
pour la pêche côtière maritime. De la bonne santé des mangroves dépend, par exemple, celle de la

13
pêche à la crevette. Mais, ce secteur est peu développé, alors qu’il pourrait fournir une part plus
importante de l’apport protéique alimentaire d’origine animale.

Tourisme

Malgré des atouts biologiques certains, le développement de l'industrie touristique dans la sous-
région se heurte encore à de nombreux problèmes. On peut citer, sans que cette liste ne soit
malheureusement exhaustive: la difficulté de valorisation des atouts biologiques des zones
forestières pour le touriste moyen, l'absence de volonté politique clairement affirmée, l'absence de
définition d'un produit avec une image de marque facilement perceptible par les clients potentiels,
les incertitudes liées à la stabilité politique et à la sécurité des touristes, le coût élevé des
transports, de l'hébergement et de la restauration, l'absence de promotion à l'étranger, le peu
d'efficacité des agences de voyage, les tracasseries administratives, le manque de culture de service
et sa faible efficacité, les problèmes d'infrastructure hôtelière en particulier dans l'intérieur des
pays, les difficultés de déplacement et le manque de fiabilité des transports, la nécessité de
concevoir des circuits touristiques traversant les frontières. Ces problèmes ne sont toutefois pas
insurmontables, comme en témoignent les tentatives de développement du tourisme de nature dans
la Réserve de Faune de la Lopé (milieu mixte forêt-savane, Gabon) ou le Parc National de Korup
(Cameroun).

Recherche et formation

D’une manière générale, les activités de recherche forestière sont peu développées dans la sous-
région. Les investissements dans la recherche pour la domestication et le développement des
productions forestières alimentaires ou médicinales sont malgré tout un peu plus développés au
Cameroun que dans les 2 autres pays. Mais ils restent insuffisants au regard de l’importance de ces
productions dans les économies nationales ainsi que des enjeux internationaux (satisfaction des
besoins nationaux, indépendance intellectuelle, valorisation du savoir-faire, brevets, commerce).
Les recherches portant sur l’écologie et la régénération des peuplements sont elles aussi très
insuffisantes, surtout si l’on tient compte des objectifs affichés d’exploitation durable dans les
discours politiques et les textes légaux. Il faut aussi noter que les résultats des recherches tant
nationales qu’internationales sont généralement mal valorisés, en particulier auprès des décideurs
et des acteurs du développement.

La sous-région renferme plusieurs centres de formation internationalement connus: Université de


Dschang et Ecole de Faune de Garoua (Cameroun), Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF,
Gabon). Toutefois, les potentialités humaines et matérielles de formation sont encore insuffisantes
et mal coordonnées. De plus, ces centres de formation sont des écoles nationales à vocation
régionale, et non pas des centres régionaux créés de concert par plusieurs pays. Face aux
nouveaux défis de la conservation et du développement durable dans la sous-région, la formation
forestière devrait être renforcée dans plusieurs domaines, dont: les bases écologiques pour une
exploitation durable, les contextes culturels et socioéconomiques de l’utilisation des ressources, la
cogestion, la planification, le suivi et l’évaluation de l’exploitation, etc.

• Le cadre législatif et institutionnel

Etat des législations

14
Les textes de lois régissant les forêts, la flore et la faune ainsi que les aires protégées sont
relativement récents. Les plus anciens sont la Loi forestière gabonaise et la Loi sur la faune et les
aires protégées équatoguinéenne, datant respectivement de 1982 et 1988, qui sont toutes deux en
cours de révision. Les autres datent de 1994 à 1997. Dans les 3 pays, certaines de ces lois ne
possèdent pas encore de décrets d’application ou ces derniers sont incomplets.

Actuellement les notions d’exploitation durable, d’industrialisation, de forêt communautaire et de


gestion locale des ressources forestières, de conservation et de valorisation de la biodiversité,
constituent la toile de fond de la plupart des discussions sur les politiques et les législations
forestières ou concernant les problèmes d’application des textes. Certaines de ces problématiques
sont reprises à l’échelle internationale au sein de l’Organisation Africaine du Bois (OAB) et de la
Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique Centrale (CEFDHAC),
2 structures complémentaires où se retrouvent des acteurs sous-régionaux du secteur forestier.

L’application des lois forestières est du ressort des Ministères en charge des forêts. Des
organismes techniques en constituent parfois le prolongement pour la mise en œuvre de mesures
particulières. Ces services sont souvent peu efficaces car ils manquent généralement de personnel
bien formé, en particulier sur le terrain, ainsi que de moyens financiers et matériels dans la
réalisation des tâches qui leur sont confiées. Cela est partiellement à mettre au compte du manque
d’affectation de ressources au niveau des budgets nationaux mais aussi à leur mauvaise utilisation.
Les services en charge des aspects d’exploitation et ceux responsables de la conservation des
ressources ne collaborent que très peu, quant ils ne sont pas en franche opposition.

Les changements institutionnels qui s’esquissent actuellement tendent à déléguer une partie des
responsabilités auprès des acteurs de terrain dans la gestion effective des ressources. Le rôle des
services étatiques et paraétatiques, combinant traditionnellement la préparation des législations, le
contrôle de la gestion des forêts et l’application des lois, tend à se recentrer autour de la
préparation des textes et le contrôle de leur application, ainsi que vers l’appui technique éventuel
aux exploitants et gestionnaires de fait des forêts, les communautés locales et le secteur privé.

Forêts

Dans les 3 pays, les forêts appartiennent à l’Etat qui peut, sous certaines conditions, en confier la
jouissance à des tiers. Les politiques et les textes de lois évoluent vers la mise en place de
concessions forestières relativement vastes, associées à des dispositions prescrivant leur
exploitation et aménagement durable ainsi que l’obligation de transformation locale.

Si, dans le cas du Cameroun, il existe un canevas de plan d’aménagement, celui-ci est encore à
définir pour les 2 autres pays. Des projets de mise en place de plans d’aménagement pilotes sont
en cours pour tester les voies d’application des nouvelles lois. Celles-ci posent encore de
nombreux problèmes techniques mais surtout économiques, sociaux et politiques (techniques à
mettre en œuvre, intérêts environnementaux et socio-économiques à prendre en compte,
superficies et temps de rotation, etc.). La redistribution des rôles, des droits et des devoirs, entre le
secteur privé, les services étatiques, les populations et la coopération internationale doit encore
être clarifiée.

15
Les législations prévoient maintenant qu’une partie des taxes forestières puisse être versée aux
communautés rurales exploitant leurs forêts communautaires ou aux communautés riveraines des
concessions forestières. Mais diverses questions ne sont pas encore résolues, en particulier
concernant l’identification des récipiendaires, les mécanismes financiers à mettre en place pour le
versement des fonds et leur utilisation.

Faune et flore

Dans aucun des pays, il n’existe de politique claire pour la conservation et l’utilisation durable de
la biodiversité, en particulier la flore et les produits forestiers non ligneux. La protection et la
capture ou la chasse de certains animaux est généralement traitée à travers les législations sur la
chasse, ou alors dans le cadre de la protection des biotopes assurée dans les aires protégées.
Chacun des pays a toutefois identifié des listes d’animaux partiellement ou totalement protégés
mais l’application de ces dispositions est déficiente. Par exemple, la chasse à l’Eléphant est
théoriquement interdite dans toute la sous-région mais cela n’empêche pas un important
braconnage. La chasse sportive est quant à elle reconnue au Cameroun et en Guinée Equatoriale et
suspendue au Gabon. Il n’est pour le moment rien prévu dans les lois pour la rétrocession d’une
partie des revenus de cette chasse touristique au bénéfice des populations rurales, bien que les
politiques et législations modernes tendent à évoluer d’une approche purement répressive sur la
chasse, à une approche plus nettement préventive (sensibilisation et éducation, mise en place de
territoires de chasse communautaire).

Aires protégées

Les aires protégées sont réparties en plusieurs catégories de gestion dont seuls les parcs nationaux
sont communs aux 3 pays. Ni les appellations des autres catégories d’aires protégées, ni les réalités
qu’elles recouvrent ne sont identiques ni bien clarifiées. Seule, la loi camerounaise inclut la notion
de zone tampon. D’une manière générale, ces aires manquent largement de personnel, en
particulier de personnel bien formé, et de moyens financiers et matériels adéquats. Théoriquement,
toutes devraient être dotées de plans d’aménagement mais rares sont celles qui en disposent sauf,
mais pas nécessairement, lorsqu’un projet de conservation-développement est en place.

Forêts communautaires et gestion traditionnelle

Même si certains droits traditionnels étaient déjà reconnus dans les législations anciennes des
3 pays, la notion de "forêt communautaire" n’est apparue dans la loi camerounaise qu’en 1994.
Elle est aussi en voie de l’être au Gabon. La Guinée Equatoriale reconnaît quant à elle les "forêts
communales". L’attribution de forêts communautaires répond avant tout à la nécessité de
sécurisation foncière des habitants des forêts vis-à-vis de l’accès à la terre et aux ressources.
Pratiquement, sur le terrain, son application se heurte encore à la définition des communautés, aux
difficultés de délimitation des forêts et de préparation des plans simples de gestion (généralement
requis par l’administration après un état des lieux des zones en question).

• La vocation des terres forestières

Chacun des pays a réalisé (Cameroun), prépare (Guinée Equatoriale; voir Encart 5) ou prévoit de
définir (Gabon) un plan de zonage forestier avec affectation prioritaire de portions du territoire à
l’exploitation forestière, à la protection de la biodiversité, à l’utilisation multiple des ressources,
16
etc. Dans les 3 pays, cette phase de transition entre une période d’exploitation plus soucieuse de
rentrée de devises et une nouvelle phase soucieuse de maximiser les retombées économiques sans
hypothéquer le capital forestier et en tenant compte des différents intérêts en jeu, est le théâtre de
l’explosion des permis et de ventes de coupe. Face à cela, les plans de zonage préparés ou en
cours restent bien théoriques.

Cette démarche de planification requiert des efforts importants dans différents domaines pour
mettre en place ce zonage et associer les acteurs en jeu, ainsi que pour solutionner les conflits
d’affectation et suivre le processus: formation, information, discussion, négociation, prises de
décision, enregistrement, contrôle, pénalisation, etc. Etant donné les étendues forestières en jeu,
les besoins de négociation pressentis et la relative longueur et cherté des processus pour la mise en
œuvre des plans de zonage et des plans plus précis d’aménagement, les Gouvernements doivent
établir des priorités. Il serait souhaitable que les sites critiques identifiés et leurs périphéries fassent
l’objet des premières actions de mise en œuvre sur le terrain.

Dans la sous-région, les aires protégées occupent sur le papier près de 62.000 km2 soit de faibles
proportions des territoires nationaux, respectivement un peu plus de 6 et 10 % des terres du
Cameroun et du Gabon. Le réseau actuel de Guinée Equatoriale (17 % des terres) est par contre
situé dans la fourchette des recommandations internationales en la matière. Toutefois, le statut des
aires protégées y étant le plus souvent en attente de clarification, ce devrait être une priorité pour
les autorités équatoguinéennes dans le cadre de la préparation en cours du plan de zonage. Les
réseaux des 2 autres pays renferment aussi une proportion importante de réserves disposant de
statuts de protection faibles, qu’il conviendrait de renforcer. Hormis en Guinée Equatoriale, les
réseaux actuels couvrent mal l’ensemble des écosystèmes qu’il conviendrait de protéger. Pour la
zone forestière, des propositions d’extension sont donc présentées dans le cadre de ce rapport.

• Les sites critiques

Le réseau actuellement identifié de sites critiques pour la conservation de la biodiversité et des


systèmes écologiques forestiers s’étend sur plus de 90.000 km2, soit 12,1 % de la région. Un peu
moins de la moitié de cette superficie n’a pas de statut de protection. Toutes les grandes
formations forestières y sont représentées, ainsi que leur variabilité du Nord au Sud et de la côte
vers l'intérieur. Ces sites représentent le coeur des zones les plus diversifiées et les moins
dégradées de la sous-région: il s'agit du minimum vital à préserver pour conserver au mieux les
potentialités forestières sous-régionales.

Chacun des pays concernés renferme des sites d'importance régionale, voire continentale. Le plus
petit des 3 pays, la Guinée Equatoriale, renferme ainsi des sites insulaires de grande valeur
biologique et dont les ressources forestières sont encore bien préservées: le Pic Basilé et Bioko
Sur, sur l'île du même nom. Sur le continent, il s'agit de l'ensemble forestier allant du Mont Alén
jusqu'à l'estuaire du fleuve Muni. De même, au Cameroun et au Gabon, quelques sites présentent
un intérêt particulier du point de vue de la biodiversité qu'ils renferment: le Mont Cameroun, le
Parc National de Korup, le Parc National de la Lopé-Okanda et ses abords, le Complexe de
Gamba.

17
L'élaboration de plans de gestion et d'aménagement n'est en cours que sur un petit nombre de sites
bénéficiant d'un projet de conservation-développement avec apport financier international.
Ailleurs, et bien qu’un tel plan soit requis par les législations sur les forêts classées ou les aires
protégées, cette disposition légale n’est pas appliquée. Dans la grande majorité des sites,
l'exploitation des ressources naturelles a augmenté au cours de la décennie passée, sans que soient
effectivement mis en place les garde-fous nécessaires à leur utilisation raisonnée et durable.

Au cours de la préparation du Programme ECOFAC, un Plan d’Action Régional pour l’Afrique


Centrale (PARAC) fut entériné par les autorités forestières des pays de la région. Ce plan, orienté
vers la conservation et l’utilisation rationnelle des ressources forestières, recelait une importante
composante "sites critiques". La nécessité de préserver ce réseau de sites de toute atteinte
irréversible y était affirmée. Toutefois, ce PARAC ne fut pas légalisé dans les textes nationaux, ce
qui a nui à sa prise en compte dans les politiques forestières et les mécanismes d’affectation des
terres. Le processus de la CEFDHAC devrait servir de cadre à la réaffirmation de cet engagement
politique et à sa concrétisation dans les législations.

1.2 - Recommandations

1.2.1 - Bilan des recommandations passées

Le tableau suivant présente un bilan synthétique du degré de réalisation des recommandations


préparées et adoptées à la Lopé (Gabon), du 8 au 12 novembre 1988, lors de la Conférence tenue
dans le cadre du programme régional de "Conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes
forestiers d’Afrique Centrale" (actuellement Programme ECOFAC), programme financé par la
Commission des Communautés Européennes (CCE-ACP). Cette conférence réunissait des
représentants des Etats d’Afrique Centrale, de l’Union Européenne ainsi que d’organisations
nationales et internationales. En l’absence d’informations suffisantes sur les autres pays de la
région, cette évaluation ne concerne que le Cameroun, le Gabon et la Guinée Equatoriale.

Ces recommandations de portée régionale constituaient la base du PARAC (UICN, 1989). On y


trouvera leur libellé détaillé car seuls sont repris dans le tableau ci-après les en-têtes synthétiques
de ces recommandations. D’autres recommandations de portée nationale venaient en complément
(Gartlan, 1989; Wilks, 1990; Fa, 1991); elles ne sont pas analysées ici mais dans les rapports
nationaux complémentaires au présent document (Cameroun : Fomete & Tchanou, 1998 ; Gabon :
Bourobou Bourobou & Ngoye, 1998 ; Guinée Equatoriale : Micha Ondo & Ona Nze, 1998).

Le degré de réalisation de chaque recommandation est rapidement évalué au regard des


informations disponibles. Les principaux éléments en sont repris dans la colonne "Observations".
Les recommandations jugées concrétisées, partiellement concrétisées ou non concrétisées sont
affectées respectivement des lettres C, P et N. Au total, sur 51 recommandations, seules 6 ont été
jugées totalement concrétisées alors que 14 n’ont pas été concrétisées. Une bonne partie, soit
31 recommandations ou 59 %, a été partiellement mis en oeuvre, bien que de manière très
variable.

Ce rapide bilan est révélateur d’une évolution des préoccupations nationales et des politiques au
cours des 10 ans écoulés, vers une meilleure prise en compte de l’environnement et une
implication accrue de tous les groupes sociaux dans le développement forestier. Mais si les
discours et les législations ont largement évolué, on ne peut que constater la continuation de la
18
dégradation des ressources naturelles sur le terrain et la lenteur d’application de ces bonnes
volontés affichées.

En guise de conclusion, nous pourrions dire que l’effort méritoire entrepris par les pays doit être
poursuivi et étendu, mais que des résultats positifs sur le terrain ne seront possibles qu’avec un
appui réitéré de la communauté internationale.
Recommandations Appréciation Observations
du PARAC
1. PAFT P Le PAFT Cameroun n’a jamais été vraiment
appliqué, bien qu’il ait constitué un cadre de
réflexion très utile; celui de Guinée Equatoriale a été
partiellement appliqué alors que la préparation du
PAFT Gabon est en cours d’exécution.
2. PARAC P Le PARAC n’a été que très partiellement intégré
dans les plans de zonage actuels ou en cours de
préparation (plans ne couvrant eux-mêmes qu’une
partie des territoires nationaux).
3. Rationalisation des P Les 3 pays ont plus ou moins entamé la
services forestiers rationalisation de leurs services forestiers.
4. ONG C Début de concertation établie entre administrations
et ONG internationales, voire nationales, dans le
cadre de la CEFDHAC; des ONG nationales et
internationales oeuvrent dans le cadre de projets de
conservation-développement.
5. Personnel féminin dans P Un peu plus de personnel féminin au Cameroun; pas
les services forestiers vraiment de changement dans les 2 autres pays.
6. Initiatives individuelles C La prise en compte des individus et des
et communautaires communautés est affirmée dans les politiques, et
partiellement concrétisée dans le cadre de projets
pilotes.
7. Stratégies nationales de P Réflexions et mise en place future d’un fonds
conservation fiduciaire au Cameroun; plan de zonage du Continent
en Guinée Equatoriale.
8. Législations générales P Plan de zonage provisoire du Cameroun Méridional;
d’aménagement du plans de zonage en cours de préparation pour la
territoire Région Continentale de Guinée Equatoriale et la
Première Zone au Gabon.
9. Législations sur P Nouvelles lois forestières pour le Cameroun et la
l’exploitation forestière Guinée Equatoriale; loi forestière en préparation au
et la conservation de la Gabon ; loi sur la faune et les aires protégées en
nature cours de révision en Guinée Equatoriale; lois sur
l’environnement au Cameroun et au Gabon.

19
10.Adhésion OIBT, Alger, P Cameroun : CEFDHAC, OIBT, OAB, UICN, Alger,
Ramsar, Patrimoine Patrimoine Mondial, Bonn, CITES, Biodiversité;
Mondial, CITES, Bonn. Gabon : CEFDHAC, OIBT, OAB, Alger, Ramsar,
Amendements à la Patrimoine Mondial, CITES, Biodiversité; Guinée
Convention d’Alger. Equatoriale : CEFDHAC, OAB, UICN, CITES,
Biodiversité.
11.Régime foncier et P Recommandation assez bien concrétisée au
initiatives individuelles Cameroun et en Guinée Equatoriale, en projet au
et communautaires Gabon.

20
12.Programmation sur 10 P Réalisé dans le cas du Cameroun Méridional; en voie
ans des politiques dans le cas de la Région Continentale de Guinée
forestières, basée sur Equatoriale; à peine entamé au Gabon.
des données techniques
suffisantes.
13.Fonds forestiers C Créés dans les 3 pays mais pas encore pleinement
fonctionnels.
14.Catégories de forêts et P Clarifiées, au moins partiellement, dans chacun des
régimes juridiques pays ou en voie de l’être.
15.Classement des forêts N Seuls les parcs et aires protégées assimilées ont un
de protection statut de protection relativement important.
16.Etude d’impact, N Aucun changement notable, si ce n’est les études
déclassement des forêts d’impact et la réhabilitation des sites qui se
et réhabilitation développent dans le domaine de l’exploitation
pétrolière.
17.Plan d’aménagement P Recommandation concrétisée au Cameroun et en
Guinée Equatoriale, en projet au Gabon.
18.Normes d’exploitation C Existent pour les 3 pays.
forestière
19.Exploitation, régéné- N Pas de coordination entre ces aspects.
ration et reboisement,et
installations villageoises
20.Réserves génétiques N Pas réalisé mais pourrait être implicite dans le cadre
d’essences des plans d’aménagement durable en cours
commerciales dans les d’installation.
zones exploitées
21.Mise en réserve des P Prévu implicitement dans les nouvelles lois
forêts après exploitation forestières du Cameroun ou du Gabon si les surfaces
sont insuffisantes pour que les cycles de rotation
puissent s’y dérouler indéfiniment.
22.Catégories N Les catégories d’aires protégées des pays ne se
internationales d’aires correspondent que très partiellement entre elles et
protégées avec les catégories internationales (Convention
d’Alger, UICN). Seule, la Guinée Equatoriale
prépare actuellement une proposition de loi suivant
les recommandations de l’UICN.
23.Zones périphériques N Les zones tampons ne sont prévues que dans la loi
aux aires protégées camerounaise mais leur statut n’est pas défini.

21
24.Plan d’aménagement P Des plans d’aménagement ne sont proposés ou en
des aires protégées et préparation que pour quelques aires bénéficiant d’un
gestion sur le terrain projet de conservation-développement. Seule, la
Guinée Equatoriale est en train de préparer des plans
d’aménagement pour toutes les aires protégées
proposées dans la loi à venir. Dans les 3 pays, les
capacités de gestion sont en général faibles.
25.Populations locales et P Il n’existe pas de cadre juridique favorisant la
aires protégées conciliation des intérêts des populations riveraines
aux aires protégées; des projets pilotes s’essayent
toutefois à cela (financement d’équipements, emplois
réservés aux ressortissants, comités consultatifs,
etc.).
26.Représentativité P Hormis pour la Guinée Equatoriale, qui ne possédait
écologique des réseaux pas de réseau d’aires protégées, la représentativité
d’aires protégées. Aires écologique des réseaux du Cameroun et du Gabon a
transfrontalières. peu évolué et reste insuffisante. Si l’on parle de plus
en plus d’aires transfrontalières, la collaboration dans
ce domaine n’est pas encore effective.
27.Législation sur la chasse P En Guinée Equatoriale, la première législation sur la
chasse a été promulguée en 1988 et elle est en cours
de réexamen; la loi camerounaise est la plus récente;
toutes ces lois sont peu ou pas appliquées; les listes
d’espèces protégées ont très peu évolué.
28.Prélèvement et N En théorie les lois sont strictes, en pratique il y a de
détention des espèces nombreuses dérogations.
protégées
29.Surveillance des N Pas d’actions entreprises.
populations d’espèces
partiellement protégées
30.Statistiques sur les N Pas de centralisation ni exploitation des informations
espèces partiellement sur ces espèces.
protégées
31.Gestion locale des P La loi camerounaise prévoit les territoires
territoires de chasse communautaires de chasse mais aucun n’est encore
en place; des sociétés de safari sont fonctionnelles au
Cameroun mais pas dans les 2 autres pays.
32.Protection des récoltes N Les battues administratives sont mal réglementées;
une étude au Gabon sur ce sujet ne semble pas avoir
été suivie d’effets.
33.Commerce des produits N Aucun système efficace de contrôle n’est en place.
de la flore et de la faune
34.CITES et législation. P Les 3 pays ont ratifié la CITES mais les législations
Accord sur l’ivoire nationales ne sont pas des plus efficaces. Pas
d’accord régional sur le commerce de l’ivoire.
35.Espèces exotiques N Le contrôle des introductions d’espèces exotiques ne
semble pas bien réglementé.
22
36.Inventaires biologiques C Au cours des 10 dernières années de nombreux
inventaires biologiques ont été menés (locaux,
nationaux, régionaux).

23
37.Télédétection et P Projet TREES et autres projets de cartographie et
couverture végétale; digitalisation des données sur la végétation;
inventaires forestiers inventaires au taux de 1‰ du Cameroun Méridional;
inventaires nationaux incomplets pour les 2 autres
pays.
38.Plantations d’espèces à N Pas de programmes.
usages multiples
39.Plantations de bois P Pas ou peu de plantations.
d’oeuvre
40.Estimation de la valeur P Quelques timides tentatives (Parc National de
globale des forêts Korup).
41.Ecole de Faune et P Information sur ces établissements pas toujours bien
Ecoles forestières de la diffusée; évolution des programmes intégrant plus les
région aspects écologiques.
42.Communautés locales: P de nombreux savoirs traditionnels disparaissent,
connaissances d’autres sont consignés (en particulier concernant les
traditionnelles et styles plantes médicinales); divers projets de recherche-
de vie développement sont en cours, pour baser au mieux la
gestion des ressources sur les cadres socio-culturels
des populations locales; pas de protection juridique
spéciale pour les populations forestières désirant
garder leur style de vie.
43.Conservation des sites P Pratiquement tous les sites identifiés en 1988 ont été
critiques classés en Guinée Equatoriale, bien que généralement
non accompagné de mesures de gestion; peu de
changements au Cameroun et au Gabon.
44.Stratégie financière P Pas de réelles stratégies financières; plutôt érosion
pour la conservation et générale des budgets des administrations concernées;
l’utilisation durable des mise en place de plusieurs projets d’aménagement
forêts forestier et de conservation-développement; outils
financiers nouveaux peu développés, excepté la mise
en place d’un fonds fiduciaire actuellement au
Cameroun.
45.Financement de coûts P Voir ci-dessus; idée de Fondation concrétisée.
récurrents de protection
de la biodiversité.
Fondation Européenne
de soutien
46.Echange d’expériences P Echanges au coup par coup, en particulier au sein de
concernant l’OAB; création de la CEFDHAC.
l’exploitation forestière
47.Promotion des essences P Des actions plus ou moins dispersées; l’expansion
secondaires des marchés asiatiques favorise de fait une
augmentation d’exploitation de ces essences; pas
d’étude d’impact de cette augmentation sur les
forêts.

24
48.Produits forestiers non P La valeur de ces ressources est petit à petit prise en
ligneux compte dans les plans d’aménagement ; quelques
projets favorisent la production et le commerce de
ces produits.
49.Gestion transfrontalière N Pas d’accord spécifique pour la gestion concertée de
des ressources blocs forestiers transfrontaliers.
partagées
50.Etude régionale de P Des études nationales (Gabon) ou locales (Lopé,
développement Gamba) ont été réalisées; une étude régionale est en
touristique cours.
51.Bureau régional UICN C Mise en place d’un Programme Afrique Centrale en
1994; ouverture d’un bureau régional en 1995.

1.2.2 - Principales recommandations

Des recommandations préliminaires ont été préparées après l’analyse des situations forestières du
Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale (voir les chapitres 2 à 7 pour les détails). Elles ont
été ultérieurement reprises et amendées par un groupe de travail au cours de la Deuxième
CEFDHAC (08-10 juin 1998, Bata, Guinée Equatoriale). Même si celles-ci sont issues de 3 études
de cas nationales, elles sont tous aussi valables pour l’Afrique Centrale dans son ensemble.

Le nombre de recommandations a été volontairement restreint à celles qui ont paru les plus
importantes dans le cadre sous-régional, en tenant compte de l’ensemble des questions à aborder.
D’autres recommandations plus spécifiques aux 3 pays sont détaillées dans les documents
correspondants (Cameroun: Fomete & Tchanou, 1998; Gabon: Bourobou Bourobou & Ngoye,
1998; Guinée Equatoriale: Micha Ondo & Ona Nze, 1998). Les recommandations ci-dessous ne
sont pas hiérarchisées. Certaines d’entre-elles sont clairement adressées aux représentants des états
(par exemple la n° 3), d’autres aux services administratifs (5), d’autres encore à toute une gamme
d’acteurs (services étatiques, ONG nationales et internationales, bailleurs de fonds: 6). Il
appartient à chacun de prendre ses responsabilités, et parfois l’initiative, pour la réalisation de
l’une ou l’autre des recommandations, la plupart requiérant une collaboration entre plusieurs
groupes d’intérêts.

1. Coopération régionale: la coopération régionale est en train de se doter d’un outil simple de
discussion dans le cadre de la CEFDHAC. Ce processus, complémentaire d’une institution
telle qu l’OAB, inclut des représentants des Etats, de la coopération internationale, du secteur
privé ainsi que des ONG et des associations. Ce processus devrait être poursuivi et focaliser
son attention sur quelques secteurs clefs de la coopération régionale: discussion des politiques
forestières, mise en place d’un cadre de dialogue pour les projets et programmes de
conservation-développement, d’un cadre de discussion pour la prise en compte des droits des
populations autochtones, etc. Des groupes de travail pourraient être institués afin de favoriser
la coopération régionale dans certains domaines: réserves transfrontalières, réseaux de sites
critiques et leur participation aux réseaux mondiaux de conservation-développement (Sites du
25
Patrimoine Mondial, Réserves de la Biosphère, Sites Ramsar), gestion des populations
animales transfrontalières dont les Eléphants, gestion des écosystèmes fragiles (notamment les
forêts atlantiques, les forêts de montagne et les écosystèmes insulaires et côtiers),
développement de mécanismes financiers, formation.

2. Plan d’action régional: les représentants des Etats devraient réaffirmer leur volonté politique
en faveur d’un plan d’action régional pour la conservation et l’utilisation durable des forêts
d’Afrique Centrale, et prendre toutes mesures adéquates pour identifier des mécanismes de
préparation d’un tel plan ainsi que son intégration dans les politiques et les législations
nationales, en particulier dans les décrets d’application.

3. Conventions internationales: la signature de conventions internationales suppose, de la part


des Etats signataires, des droits et des devoirs mais ceux-ci ne sont pas toujours bien connus.
La CEFDHAC devrait développer des activités d’information et de sensibilisation concernant
la mise en oeuvre de ces conventions. Il est aussi recommandé d’en évaluer les opportunités et
les obstacles. Les pays qui n’ont pas encore signé la Convention sur la diversité biologique, la
CITES, celle concernant les Sites du patrimoine mondial naturel et culturel, la Convention de
Ramsar, la Convention sur les changements climatiques, etc., devraient le faire sans tarder.

4. Connaissance des ressources forestières : Les inventaires nationaux actuels doivent être
évalués et approfondis. La réalisation d’études d’impacts préalables aux projets de
développement doit être mieux systématisée. La connaissance de la ressource ligneuse doit être
la priorité dans les forêts de production. Celle concernant les multiples valeurs forestières doit
être la priorité dans les forêts à vocation communautaire et les sites critiques (inventaires
stratifiés multi-ressources). On peut noter aussi le besoin de développer des méthodes
d’évaluation rapide immédiatement valorisables dans les processus de prise de décision, ainsi
que de favoriser les initiatives de mise à disposition des informations auprès de tous les acteurs
(initiative du PRGIE, de CARPE, d’ECOFAC, etc.).

5. Ressources et personnels des services forestiers: les ressources et personnels des services
forestiers devraient tout d’abord être mieux utilisés et réaffectés en priorité sur le terrain
(contrôle de l’exploitation forestière, reconstitution du capital forestier, gestion de la faune et
des aires protégées). Toutefois, avec les nouvelles législations à mettre en place, il est probable
que les moyens actuels s’avèreront insuffisants. Les budgets nationaux devraient donc être
évalués et reconsidérés afin de doter le secteur forestier des moyens à la mesure de son
importance socio-économique. Les Etats devraient évaluer l’efficacité des apports de
financements internationaux et leurs besoins en la matière.

6. Formation forestière: les efforts entamés doivent être poursuivis, voire étendus, pour
renforcer la formation forestière régionale dans des domaines tels que: l’aménagement et
l’inventaire forestier, l’industrialisation et les métiers du bois, l’écologie forestière, la gestion
communautaire, la résolution de conflits et la préparation d’accords de cogestion, la
domestication de fruitiers, l’analyse des propriétés pharmacologiques de plantes médicinales et
le développement de préparations médicales. Il est en particulier nécessaire de renforcer encore
les formations de techniciens forestiers existantes, ainsi que de soutenir le projet d’Ecole
régionale post-universitaire d’aménagement intégré des forêts tropicales (ERAIFT, niveau
DESS et doctorat) en complémentarité aux initiatives en cours.

26
7. Attribution et contrôle des concessions forestières: afin de résoudre les incohérences entre
les politiques et les lois forestières d’une part, et les situations de terrain d’autre part, il est
nécessaire de renforcer le contrôle et la clarification des mécanismes d’attribution des permis,
ainsi que la collaboration entre les services en charge de l’exploitation et ceux en charge de la
conservation des forêts dans les mécanismes d’affectation des ressources. La mise en œuvre
des concessions sous aménagement durable devrait devenir rapidement la règle, en parallèle au
développement de projets pilotes chargés de tester certaines dispositions à vulgariser
ultérieurement sur les autres concessions. Les potentialités actuelles et les besoins de mise en
place et de contrôle sur le terrain devraient être évalués, de même que la clarification des rôles,
des droits et des devoirs, entre le secteur privé, les services étatiques, les populations locales et
la coopération internationale.

8. Outil industriel: les politiques actuelles prévoyant l’augmentation des capacités de


transformation du bois, il est nécessaire d’évaluer avec soin les contraintes et les opportunités
du secteur, pour planifier le développement d’une production industrielle efficiente et de
qualité, sans que cela ne mette en péril la ressource. L’OAB pourrait jouer un rôle de leader
afin de coordonner avec les Etats et le secteur privé, la définition de ces stratégies de
développement des capacités de transformation.

9. Rente forestière: il est nécessaire de clarifier, dans les lois et les décrets, les mécanismes de
distribution de la rente forestière et de l’utilisation équitable entre les acteurs des bénéfices
engendrés par la forêt, avec une attention particulière aux populations locales, en particulier
concernant l’exploitation des forêts communautaires et le reversement de taxes. Il serait utile
de profiter des expériences d’autres pays de la région dans ce domaine.

10. Agroforesterie et produits forestiers non ligneux: le développement de stratégies intégrées


de productions agroforestières et de valorisation des produits forestiers non ligneux doit être
recherché en priorité dans les périphéries urbaines et les zones rurales très peuplées
(production intégrée de produits forestiers, petit élevage, bois de feu et de service, etc.). En
particulier, il est nécessaire de renforcer et de développer des programmes de domestication de
fruitiers et de production de plantes médicinales.

11. Stratégie de contrôle de la chasse: les Etats devraient affirmer leur volonté de traiter ce
problème sous tous ses aspects. Des stratégies nationales devraient être élaborées, tenant
compte non seulement des aspects environnementaux mais aussi de l’importance économique
du secteur. De telles stratégies devraient inclure des actions dans diverses directions: mesures
de contrôle du commerce plus efficaces à l’entrée des villes, gestion rationalisée des territoires
de chasse en milieu forestier rural, développement d’élevages d’animaux domestiques et de
projets pilotes pour l'élevage de gibier, éducation et sensibilisation, etc. Il serait souhaitable de
développer aussi une approche régionale de la lutte contre le braconnage et les trafics de
produits de la chasse.

12. Développement de l’écotourisme: ce secteur est l’un de ceux pour lequel la coopération
régionale pourrait s’avérer favorable. Il serait nécessaire de développer des mécanismes de
concertation entre partenaires nationaux puis entre les pays, pour la mise en place d’une
stratégie commune de développement touristique et le relèvement de l’image de marque
27
offerte actuellement par la région. Toute stratégie touristique devra se baser sur une évaluation
des potentialités naturelles et humaines.

13. Outils financiers: un mécanisme de concertation et d’échange d’expérience devrait être mis
en place pour le développement d’outils destinés au financement de la gestion durable des sites
critiques et des aires protégées et, plus largement, de la biodiversité (autofinancements, fonds
fiduciaires, échanges dette-nature, valorisation touristique, fondations, séquestration du
carbone, etc.).

14. Gestion communautaire: il serait nécessaire de capitaliser les connaissances tirées des
expériences en cours concernant la gestion communautaire des ressources et la légalisation des
terroirs des populations forestières. Avant de pouvoir vulgariser et appliquer les lois actuelles,
il est nécessaire de clarifier diverses notions (communauté, terroir, etc.), des aspects
techniques (besoins d’inventaires, plan simple de gestion), les droits et les devoirs de chacun,
ainsi que les mécanismes financiers à préconiser.

15. Sites critiques et aires protégées: les réseaux d’aires protégées devraient être étendus aux
sites critiques, avec des statuts de protection et d’utilisation variables, de manière à contenir
toutes les espèces et les écosystèmes représentatifs de l’Afrique Centrale. L’initiative de
CARPE, visant à harmoniser la classification des aires protégées d’Afrique Centrale en rapport
avec les normes internationales de l’UICN, doit être soutenue.

16. Zonage et sites critiques: les sites critiques devraient être systématiquement pris en compte
dans les plans d’affectation des terres. La mise en pratique des plans de zonage forestier
pourrait débuter par ces sites critiques et leur périphérie (aménagement d’aires protégées, de
forêts communautaires et de concessions sous aménagement durable). Ces actions pourraient
ensuite être étendues au reste des pays en fonction des besoins et des moyens disponibles.

17. Sites critiques prioritaires: certains sites critiques font ou devraient faire l’objet
d’investissements prioritaires pour la conservation (plans de gestion et d’aménagement, actions
de terrain, investissements financiers, matériels et humains prioritaires). Trois d’entre eux
retiennent en effet en leur sein toute la gradation des formations végétales, depuis les basses
altitudes jusqu’aux étages montagnard à subalpin: le Mont Cameroun, le Pic Basilé et Bioko
Sur. Les sites vastes comme les complexes de Gamba et de la Lopé ou celui du Mont Alén
présentent aussi un intérêt particulier du fait du grand nombre de types de végétation - y
compris divers écotones - ainsi que d’importantes populations animales ou végétales qu’ils
renferment, limitant ainsi les risques d’érosion génétique.

18. Projet Sites critiques et situations forestières: l’étude en cours sur les sites critiques et les
situations forestières de 3 pays de la région devrait être renforcée et élargie aux autres pays
d’Afrique Centrale.

28
2 - LES RESSOURCES FORESTIERES

2.1 - Diversité des forêts

Les forêts denses du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale incluent une grande diversité
d'écosystèmes que l'on peut rassembler en sept grandes zones forestières se succédant des côtes
vers l'intérieur des terres, des plaines vers les montagnes: mangroves, forêts atlantiques littorales et
des reliefs, forêts congolaises occidentales, forêts semi-décidues, forêts marécageuses et
périodiquement inondées, forêts submontagnardes et montagnardes (Fig. 3). La grande majorité de
ces forêts sont situées en basse et moyenne altitude.

Ces grandes zones d'affinités écologique et floristique ne sont pas homogènes mais incluent en leur
sein de nombreuses variantes qu'il n'est pas possible de faire figurer ici, sans compter les zones de
transition, qui ajoutent encore à leur diversité (Caballé, 1978a et b et 1983; White, 1981 et 1986;
Letouzey, 1982 et 1985; Doumenge, 1996).

2.1.1 - Forêts de terre ferme

La grande variabilité du climat dans l'ensemble de la sous-région, depuis les zones les plus arrosées
d'Afrique (10 à 11 m de précipitations annuelles au pied du Mont Cameroun et au Sud de l'île de
Bioko) jusqu'à des climats moins favorables aux forêts denses (Fig. 2), est grandement responsable
de la diversité des forêts de terre ferme, depuis les forêts sempervirentes - dont la majorité des
arbres présente un feuillage toujours vert - jusqu'aux forêts semi-décidues, dont la majorité des
arbres perdent régulièrement leurs feuillages (Fig. 3 et Annexe 1).

Forêts atlantiques littorales

La zone des forêts littorales des bassins sédimentaires côtiers borde plus ou moins en continu la
côte atlantique sur une dizaine à plus d'une centaine de kilomètres de profondeur. Cette zone est la
plus hétérogène de toutes, présentant une mosaïque de formations forestières, arbustives et
herbacées, naturelles ou plus ou moins modifiées par les activités humaines actuelles ou passées.

Les forêts, typiquement sempervirentes, voire très courtement décidues, sont soumises aux climats
les plus arrosés de la sous-région. Ce sont celles qui sont aussi les plus dégradées car soumises
depuis longtemps aux atteintes d'origine humaine: urbanisation, construction d'infrastructures
diverses, plantations vivrières et industrielles, exploitation forestière.

L'espèce caractéristique la plus constante est l'Ozouga (Sacoglottis gabonensis; Annexe 2). Elle
accompagne soit l'Azobé (Lophira alata), au Nord de la frontière entre le Cameroun et la Guinée
Equatoriale, soit l'Okoumé (Aucoumea klaineana), au Sud de cette même frontière. Ces deux
espèces forment souvent des peuplements monospécifiques sans régénération dans le sous-bois.
Elles se régénèrent toutefois dans les zones secondarisées ou, pour l'Okoumé, en bordure de
savanes. En Guinée Equatoriale et au Gabon, l’Alep (Desbordesia glaucescens) et l’Ozigo
(Dacryodes buettneri), sans être des essences caractéristiques de cette zone, y sont aussi
particulièrement abondants. Vers l'intérieur des terres, ces forêts atlantiques littorales s'enrichissent

29
en particulier en Caesalpiniaceae, de sorte que la limite entre les forêts littorales et celles des
reliefs n'est pas aussi stricte que celle de l'esquisse cartographique.

30
Fig. 3 : Esquisse des grandes zones de végétation de la sous-région

31
La discrimination entre ces deux zones forestières est toutefois maintenue car même si l'Azobé,
l'Okoumé et dans une moindre mesure l'Ozouga, se rencontrent dans des forêts plus continentales,
ils présentent une abondance maximale dans les forêts littorales, dont ils constituent un élément
marquant des paysages. De plus, on y rencontre aussi diverses forêts typiquement littorales, plus
ou moins soumises aux embruns, des forêts particulières sur sables blancs, etc., qui ne pénètrent
pas à l’intérieur des terres.

Forêts atlantiques des reliefs

Ces forêts sempervirentes prolongent vers l'intérieur du continent les forêts littorales. Elles se
limitent plus ou moins à l'isohyète 2.000 mm et occupent typiquement des petites montagnes et
collines entourant les côtes atlantiques, ainsi que des bas de pentes et des plateaux de part et
d'autre de ces reliefs.

Ces forêts sont les plus riches en espèces de toutes celles de la sous-région et probablement
d'Afrique (voir paragraphe 3.1). Parmi les arbres, les familles les plus importantes sont les
Caesalpiniaceae, les Euphorbiaceae et les Olacaceae. Les Caesalpiniaceae grégaires sont
généralement bien représentées, constituant des peuplements monospécifiques avec régénération
en sous-bois (Brachystegia spp., Gilbertiodendron spp., Hymenostegia spp., Monopetalanthus
spp., etc.). Il existe plusieurs variantes de forêts atlantiques des reliefs dont la densité en
Caesalpiniaceae grégaires est variable. Celle-ci est en particulier plus faible dans les confins
septentrionaux du secteur, au Cameroun, ainsi qu'en bordure orientale où éléments atlantiques et
congolais se mêlent. Des essences plus caractéristiques des forêts semi-décidues pénètrent
également de manière notable dans les forêts du Sud Cameroun et du Nord de la Guinée
Equatoriale ainsi qu'au Sud du Gabon, largement en relation avec l'impact humain passé ou
présent.

Forêts congolaises occidentales

Ces forêts occupent les plateaux et les bassins fluviaux de l'intérieur. Bien que l'exploitation
forestière y soit en pleine expansion depuis quelques années, elles présentent encore les plus
grands blocs forestiers d'un seul tenant qui soient peu ou pas dégradés.

Si les Caesalpiniaceae grégaires ne sont pratiquement pas présentes, il faut toutefois noter
l'exception des peuplements sempervirents de Limbali (Gilbertiodendron dewevrei),
caractéristiques de ces forêts congolaises. L'essentiel des formations forestières de terre ferme de
ce secteur est toutefois constitué de forêts hétérogènes subsempervirentes, dont une petite
proportion des arbres émergents perdent leur feuillage selon un rythme saisonnier. Elles sont
caractérisées par des essences telles que le Moabi (Baillonella toxisperma), le Wengé (Millettia
laurentii), le Divida (Scorodophloeus zenkeri), l'Engona (Pentaclethra eetveldeana), etc. Des
intrusions d'éléments semi-décidus sont notables en périphérie du bloc oriental camerounais et
jusqu'au Nord-est du Gabon, et probablement plus en profondeur.

Forêts semi-décidues

Les forêts semi-décidues bordent le bloc de forêts sempervirentes et subsempervirentes. Elles sont
particulièrement développées au Nord de ce bloc, au Cameroun, bien que des essences
typiquement semi-décidues y pénètrent plus à l'intérieur, tant par le Nord que par le Sud. Nous
32
l’avons déjà précisé, les essences semi-décidues sont favorisées par les interventions humaines
jusque dans la zone des forêts atlantiques sempervirentes; cela compliquant quelque peu le zonage
décrit dans ces lignes. Comparativement aux autres types forestiers, on notera que la
représentation cartographique adoptée ne rend pas bien compte du degré de morcellement de ces
forêts semi-décidues.

Typiquement, ces forêts sont caractérisées par la présence de plusieurs Sterculiaceae et Ulmaceae
(Celtis spp. et Kékélé, Holoptelea grandis). Parmi les Sterculiaceae, on peut citer: des Colas
arborescents (Cola spp.), le Bété (Mansonia altissima), le Kotibé (Nesogordonia papaverifera), le
Lotofa (Sterculia rhinopetala) et l'Ayous (Triplochiton scleroxylon).

Forêts submontagnardes et montagnardes

Les plus grandes étendues de forêts submontagnardes et les seules forêts montagnardes
matérialisées sur l'esquisse cartographique sont situées au Nord-ouest de la sous-région, selon un
axe partant de l'île de Bioko et se prolongeant à travers le Cameroun vers le Nord-est. Elles y
subissent presque partout des attaques humaines importantes. Ailleurs, de petites superficies de
forêts submontagnardes occupent les sommets de collines et de petites montagnes dépassant des
reliefs alentours. Certaines de ces forêts présentent une physionomie particulière, avec une charge
en épiphytes importante. Ce sont des forêts de nuages. On notera un appauvrissement floristique et
faunique vers les hautes altitudes et l’existence d’espèces endémiques à ces sommets montagneux.

Le degré de généralisation et l'échelle cartographique adoptés font que les forêts sempervirentes
submontagnardes ont été représentées conjointement avec les forêts montagnardes. Elles s'en
différencient toutefois par un fond floristique essentiellement guinéo-congolais, avec intrusion
d'éléments plus typiquement montagnards. Elles s’étendent entre 800-1.200 et 1.800-2.200 m
d'altitude; ces limites extrêmes, indicatives, variant en fonction de la localisation géographique et
du versant. Parmi les essences submontagnardes relativement typiques, on peut citer Pentadesma
grandifolia, Beilschmiedia acuta, le Mafamuti (Newtonia buchananii), Chrysophyllum
gorungosanum, Pterygota mildbraedii, etc.

Les forêts sempervirentes montagnardes (environ 1.800-2.200 à 2.400-3.200 m d'altitude) sont


essentiellement constituées d'essences feuillues. Les plus caractéristiques sont l'Evoun (Nuxia
congesta), le Muéri (Prunus africana), Rapanea melanophloeos, Syzygium staudtii. Les résineux
y sont représentés par Podocarpus latifolius. On notera aussi la présence du bambou
Sinarundinaria alpina.

2.1.2 - Forêts sur sol humide

Plusieurs types forestiers ne suivent pas la zonation climatique générale mais sont liés à des
contraintes pédologiques, en particulier au mauvais drainage. Ils s'agit des mangroves et des forêts
marécageuses et périodiquement inondées.

Mangroves

33
Les mangroves occupent de manière discontinue les terrains vaseux de la façade atlantique. Elles
sont surtout développées dans les deltas des fleuves Cross et Wouri-Sanaga au Cameroun, ainsi
que - par place - dans la moitié Nord de la côte gabonaise, depuis le fleuve Mouni - à la frontière
avec la Guinée Equatoriale - jusqu'au delta de l'Ogooué. Ce sont des formations sempervirentes,
floristiquement originales mais peu diversifiées. Elles sont essentiellement constituées de
Palétuviers (Rhizophora spp., surtout Rhizophora racemosa).

Forêts marécageuses et périodiquement inondées

Les forêts marécageuses et périodiquement inondées sont cartographiées de manière séparée


lorsqu'elles prennent une ampleur suffisante. Sinon, elles sont incluses dans les diverses zones
forestières mentionnées ci-dessus, depuis l'arrière mangrove jusque vers l'intérieur des terres, le
long de toute vallée à fond plat. Ce sont des formations peu diversifiées. La durée de submersion
et d'engorgement du sol sont des déterminants importants de leur composition floristique.

En secteur littoral, des espèces telles que le Bubinga (Guibourtia demeusei) et Oxystigma mannii
sont caractéristiques des forêts marécageuses. On y notera aussi la particulière abondance
d'Anthostema aubryanum. Les raphiales d'arrière mangrove sont aussi un élément caractéristique
de ce secteur (Raphia spp.). Les forêts périodiquement inondées sont quant à elles dominées par
des Rikios (Uapaca spp.).

Divers types de forêts marécageuses et périodiquement inondées se retrouvent aussi vers l'intérieur
des terres, dont des forêts à Rikios, à Bubinga et des raphiales. On mentionnera pour mémoire les
forêts marécageuses particulières du Haut Nyong à Sterculia subviolacea.

2.1.3 - Autres formations végétales

Végétation subalpine

Ces formations végétales sont représentées uniquement sur le Mont Cameroun, sur le Mont Oku
et sur Bioko (environ 2.800-3.200 à 4.095 m d'altitude). Ce sont des formations herbeuses
clairsemées, ainsi que des formations arbustives et buissonnantes à Ericaceae. Vers les plus basses
altitudes, ces dernières constituent des groupements invasifs des formations montagnardes
dégradées.

Végétation herbeuse

Dans le cadre de cette esquisse cartographique, la diversité des formations herbeuses n'a pas été
détaillée (littorales ou de l'intérieur, de terre ferme ou marécageuses, de basse et moyenne altitude
à subalpines). Les végétations arbustives et buissonnantes halophiles n'ont pu être cartographiées
séparément des formations herbeuses littorales.

Végétation anthropique

Cette catégorie est une mosaïque très hétérogène de végétation et de zones fortement
anthropisées. Elle inclut les zones habitées et plus ou moins vertes (jardins de cases, agroforêts),
les voies de pénétrations et infrastructures diverses, les plantations vivrières ou industrielles, ainsi
que les recrus forestiers, forêts secondaires et lambeaux de forêts primaires plus ou moins
34
dégradés. Sa représentation cartographique est assez grossière car malaisée du fait de cette
hétérogénéité et de la dispersion des implantations humaines.
2.2 - Etendue

Selon les dernières évaluations de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO), les forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale occupaient en
1995 un peu moins de 400.000 km2, soit 52,2 % de la sous-région (Tab. 1 et Annexe 3). A eux
trois, ces pays renferment un peu plus de 20 % des forêts d'Afrique Centrale. L’emprise forestière
sur les territoires nationaux varie de 40 % pour le Cameroun à 60-70 % pour la Guinée
Equatoriale et le Gabon. Si ces derniers sont des pays essentiellement forestiers, le Cameroun ne
l'est vraiment que dans la moitié Ouest et Sud de son territoire. Le reste du pays est le domaine
des savanes, herbeuses ou plus ou moins arborées.

Tableau 1 : Superficies des forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale en


1995

Pays Surface des terres Surface des forêts


(km2) (km2) % des terres
Cameroun 465.400 195.980 (1) 42,1
Gabon 257.670 178.590 (2) 69,3
Guinée Equatoriale 28.050 17.810 (3) 63,5
Afrique Centrale (1) 4.033.760 1.985.730 (4) 49,2

Notes:

(1): Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA, RDC, Rwanda, São Tomé et Príncipe.

Ces superficies forestières incluent les peuplements d'arbres dont le couvert minimal est de 10 %, dont des forêts
d'origine naturelle - primaires et secondaires - et des plantations. Y compris (1) 160, (2) 210, (3) 30 et (4) 3050 km2
de plantations forestières.

Source: FAO, 1997

Ces chiffres de la FAO n'incluent pas seulement les forêts denses mais tous les types forestiers
dont le couvert dépasse 10 %, soit, en fonction des pays, une proportion non négligeable de forêts
claires (c’est par exemple le cas pour la RCA). Il faut aussi noter qu’ils comprennent tant les forêts
primaires que dégradées, ainsi que les plantations forestières; mais ces dernières n'occupent dans la
sous-région que de faibles surfaces en comparaison des forêts d’origine naturelle. Si les superficies
actuelles des forêts denses du Gabon et de Guinée Equatoriale sont très certainement proches des
chiffres de la FAO, celle des forêts denses du Cameroun est probablement inférieure d’au moins 30
à 40.000 km2 au total des forêts annoncé par la FAO. Pour souligner la difficulté de comparaison
de chiffres parfois très divers selon les sources, les estimations des couvertures de forêts denses
effectuées par l’UICN sont aussi présentées en annexe 3. Bien qu’ils ne concernent pas
uniquement les forêts denses, nous avons malgré tout utilisé les chiffres de la FAO (Tab. 1) car ils
35
concernent les estimations disponibles les plus récentes et comparables entre les pays. Des
évaluations actualisées plus ou moins partielles existent, comme dans le cas de la Guinée
Equatoriale continentale (CUREF, 1998), mais nous n’avons pas pu les intégrer dans ce travail du
fait des difficultés de réconciliation avec les autres chiffres disponibles.
Si l'on s'en tient donc aux données de la FAO, Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale renferment
un peu moins de 8 % des forêts tropicales africaines (forêts denses et forêts claires, Annexe 3)
alors que si l'on prend uniquement en compte les forêts denses, ce sont en fait près de 18 % de ces
forêts denses africaines qui y sont concentrées. L'Afrique Centrale prise dans son ensemble
renferme environ 87 % des forêts denses du continent: c'est LA grande région forestière
(Doumenge, 1996).

Si des inventaires forestiers à petite échelle ont été réalisés dans le Cameroun méridional et en
Guinée Equatoriale, principalement dans un but de connaissance du potentiel ligneux, cela ne doit
pas masquer le fait que ces forêts sont encore très mal connues, tant du point de vue de leur état
que de celui du potentiel ligneux précis ou de la diversité biologique, ainsi que des diverses valeurs
qui sont attribuées aux ressources forestières par les acteurs concernés. Les problèmes soulignés
plus haut concernant la variabilité des chiffres de superficies forestières disponibles illustrent bien
cet état de fait. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine de la connaissance des ressources
forestières.

2.3 - Evolution

Toujours selon la FAO, près de 11.500 km2 de forêts ont disparu dans les 3 pays entre 1990 et
1995, soit une moyenne de 2.300 km2/an. Le taux annuel de déforestation varie entre 0,5 et
0,6 %/an selon le pays, un peu en deçà de la moyenne pour l'Afrique Tropicale (Tab. 2 et
Annexe 3).

Cette déforestion n'est pas équivalente dans toute la sous-région, elle est surtout importante autour
des centres urbains et, de manière plus diffuse, autour de toute agglomération humaine et le long
des axes de communication. Les zones rurales à forte densité de population ne sont pas épargnées,
telles que les montagnes du Nord-ouest et le centre du Cameroun, le Nord du Gabon, le Nord-est
de la Guinée Equatoriale ou les basses terres de Bioko. A l’opposé, on peut souligner que les
zones les mieux préservées sont celles qui sont éloignées des voies de communication et des
centres urbains, celles qui sont loin des côtes (intérieurs des pays), ainsi que les zones
marécageuses et celles au relief particulièrement accusé.

Tableau 2 : Variation du couvert forestier du Cameroun, du Gabon et de Guinée


Equatoriale entre 1990 et 1995

Pays Surface totale des forêts (km2) Variation annuelle du


couvert forestier (%)
1990 1995
Cameroun 202.440 (1) 195.980 -0,6
Gabon 183.140 (2) 178.590 -0,5

36
Guinée Equatoriale 18.290 (3) 17.810 -0,5

Notes: Les superficies forestières incluent les peuplements d'arbres dont le couvert minimal est de 10 %, forêts
d'origine naturelle, primaires et secondaires, et plantations. Y compris (1) 160, (2) 210 et (3) 30 km2 de plantations
forestières. Source: FAO, 1997
Même si ces chiffres de déforestation ne paraissent pas trop alarmants, les 3 pays possédant encore
une couverture forestière importante, ils sont à la fois le résultat de la déforestation humaine et
d'une reforestation naturelle (voir Encart 1). Sans cette tendance actuelle à l'avancée des forêts sur
les savanes, les chiffres présentés seraient plus élevés. La destruction des forêts et leur conversion
pour d'autres usages sont principalement le fait de l'agriculture, surtout traditionnelle mais parfois
aussi industrielle. S'il est clair que le développement agricole est une priorité des 3 pays, les
activités forestières sont aussi fondamentales pour la survie des populations et le développement
national et sous-régional. Un équilibre doit être trouvé entre ces secteurs socio-économiques (voir
chapitre 6). Plus localement, d'autres causes de déforestation peuvent être invoquées:
développement d'infrastructures, exploitation forestière, exploration et exploitation pétrolière et
minière.

Ces chiffres, concernant les superficies déforestées, ne doivent pas non plus faire oublier que les
surfaces atteintes par la dégradation forestière sont bien plus importantes encore. Les forêts qui
sont dégradées actuellement sont des forêts anciennes, qui abritent à la fois les plus beaux arbres,
la plus grande biodiversité et les espèces les plus rares. Celles qui les remplacent sont des forêts
secondaires et parfois, lorsque la forêt antérieure a été abattue, des forêts de début de régénération
très pauvres en espèces. Toutes ces forêts secondaires ont des compositions floristiques différentes
des forêts actuellement défrichées et exploitées, et contiennent des espèces plus communes. Leur
intérêt biologique est moindre que les forêts primaires.

Concernant la flore, la dégradation forestière est essentiellement le fait de l'exploitation forestière


et pour la faune, de la chasse. Ces activités touchent maintenant presque toutes les zones
forestières, même celles de l'intérieur des terres qui étaient encore relativement préservées à la fin
des années 1980 (voir paragraphe 4.1.2). En soi, si elles étaient pratiquées de manière à respecter
les capacités de renouvellement des ressources, ces activités économiques pourraient favoriser le
développement durable des pays tout en tenant compte de la pérennité des ressources nourrissant
ce développement. Mais c'est encore loin d'être le cas (voir chapitre 4).

Malgré l'absence de chiffres précis sur les superficies des types forestiers décrits au
paragraphe 2.1, il nous a paru utile de tenter de les classer selon un ordre décroissant de rareté et
de besoin de protection. Ce classement n'inclut pas les informations sur la biodiversité renfermée
par ces forêts - diversité totale et endémisme -, qui seront présentées plus loin (chapitre 3). Des
moins répandues et des plus menacées vers les plus largement répandues, nous avons:

1. les forêts submontagnardes et montagnardes,


2. les mangroves et forêts d'arrière-mangrove (bien qu'elles soient moins soumises à pression
humaine que les 2 types suivants),
3. les forêts atlantiques littorales,
4. les forêts atlantiques des reliefs,
5. les forêts semi-décidues,
37
6. les forêts marécageuses et périodiquement inondées (elles sont moins étendues que les 3 types
précédents mais largement intactes),
7. les forêts congolaises occidentales.

Il serait souhaitbale que ces quelques éléments de réflexion puissent inciter les décideurs à définir
et à mettre en oeuvre des politiques de développement durable tenant mieux compte de la
pérennité des ressources forestières.

38
Encart 1 : Une petite histoire des forêts denses africaines

On sait maintenant que durant les derniers 800.000 ans les forêts denses humides africaines ont subi des variations
notables. Au cours des époques climatiques les plus froides et sèches, ces forêts ont régressé, se sont fragmentées et
n'ont subsisté sous forme de blocs d'étendue conséquente que dans une série de refuges éparpillés dans la zone
intertropicale. Lors de ces périodes froides, les formations montagnardes se sont étendues vers les basses altitudes.
Durant les périodes les plus chaudes et humides, au contraire, les forêts ont progressé aux dépens des formations
herbacées, jusqu'à dépasser leur extension actuelle, et les formations montagnardes se sont vues repoussées vers les
plus hautes altitudes.

Lors des phases d'assèchement climatique du Quaternaire, la permanence de conditions climatiques favorables
- pluvieuses et relativement chaudes - dans certains sites a donc permis la survie de forêts denses humides sur ces
sites. De tels refuges forestiers ont existé en Afrique Occidentale côtière, du Nigéria au Congo (sur les piémonts et
les reliefs bordant la côte atlantique), au creux de la cuvette congolaise, dans l'Est de la RDC (le long du rift
occidental) et le long de la côte d'Afrique Orientale (Maley, 1996a et b; Robbrecht, 1996). Ailleurs, en fonction de
l'importance de l'assèchement climatique et du refroidissement, des surfaces moins importantes de forêts denses
humides ont pu subsister, ou laisser la place à des types forestiers plus secs et clairsemés, voire des mosaïques
forêts-savanes ou de vastes étendues de formations herbeuses sans couvert arboré. Plus tard, lorsque les conditions
climatiques sont redevenues globalement favorables aux forêts denses, la recolonisation forestière s'est effectuée à
partir de ces refuges.

La dernière phase de mise en place des refuges est intervenue entre 20.000 et 15.000 ans B.P. Maley (1996b)
résume ainsi la variation forestière depuis cette époque:

• avant ca. 20.000 ans, on observe la fin plus ou moins progressive d'une période forestière,
• entre 19-20.000 ans et 14-15.000 ans, une régression forestière plus ou moins forte,
• de 14-15.000 ans à ca. 9500 ans B.P., une phase de recolonisation forestière entrecoupée d'une oscillation
négative,
• de ca. 9500 ans B.P. à 4000 ans B.P., une forte extension forestière,
• après 4000 ans B.P., une régression forestière progressive ou par à coup pour atteindre les limites actuelles du
massif de forêts denses. Une régression forestière particulièrement notable, qui semble avoir affecté tous le
massif forestier d'Afrique Centrale, a débuté vers 3000 ans B.P. et a culminé vers 2500-2000 ans B.P.

Les phases d'extension et de fragmentation maximales n'auraient occupé chacune que 5 à 10 % des derniers
800.000 ans; les périodes intermédiaires ayant couvert 80 à 90 % de cette période. Ces grandes oscillations
forestières n'étaient probablement pas régulières, mais marquées de variations de plus faible amplitude. C'est ce
qui se passe actuellement où, au sein d'une grande période de régression depuis environ 4000 ans B.P., nous nous
situons dans une phase relativement favorable aux forêts denses. Cette tendance actuelle à la reforestation a été
notée dans plusieurs pays africains dont le Cameroun, le Congo, le Gabon et la RCA (voir Doumenge, 1992 et les
références citées).

Il semble donc aujourd'hui que l'on doive replacer l'action de l'Homme dans le contexte plus général des variations
paléoclimatiques. Si les activités humaines expliquent une large part des phénomènes de déforestation et de
dégradation forestière actuels dans les zones à forte pression de population, il n'en a pas toujours été ainsi. Nombre
de savanes actuelles sont d'origine paléobotanique, même si le feu et le fer maniés par l'Homme ont joué un rôle
important dans leur maintien et leur extension. Cet impact humain sur les forêts denses s'est accéléré depuis
quelques millénaires seulement. Il apparaît que les migrations Bantou vers le bloc forestier prirent leur essor suite
au dernier assèchement climatique, vers 2000 ans B.P. On constate à partir de ca. 2400-2200 ans B.P. une
extension rapide de la métallurgie du fer, en quelques siècles, et le passage d'une économie de prédation à une
économie de production (Schwartz et al., 1990; Lanfranchi, 1990). Les derniers 300-200 ans ont vu aussi des
migrations humaines massives de la savane vers la forêt, d'où un impact accéléré sur les ressources forestières.

Auteur: C. Doumenge
39
40
3 - LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

3.1 - Flore

Ce paragraphe traite avant tout des plantes à fleur; les informations sur les autres groupes étant
plus fragmentaires et difficilement disponibles.

Un récent travail de compilation a permis de chiffrer à près de 26.300 espèces de plantes à fleur la
richesse floristique de l'Afrique tropicale continentale (Lebrun et Stork, 1997), auxquelles on peut
ajouter 10 à 12.000 espèces malgaches et quelques centaines d'espèces des îles océaniques. Mais la
connaissance de la flore est très variable selon les pays et encore très incomplète (Morat et Lowry,
1997). La plupart des projets de flores ou d'inventaires floristiques ne progressent d'ailleurs que
très lentement, du fait de l'instabilité politique régnant dans certaines régions, par manque de fonds
ainsi que de personnel qualifié. C'est le cas pour les flores du Cameroun et du Gabon, qui
n'avancent qu'avec difficulté, en particulier du fait d’un manque de soutien politique pour la
connaissance de cette biodiversité dont tout le monde parle tant.

Les herbiers nationaux de ces 2 pays, confrontés à des problèmes financiers, limitant entre autres
les travaux de terrain, ont développé des accords de collaboration avec des institutions étrangères.
En échange d’autorisations de collecte pour ces institutions, ces accords permettent aux herbiers
nationaux d’obtenir quelques moyens pour fonctionner un tant soit peu. Malheureusement, ces
herbiers manquent de personnel stable - c’est à dire affecté à long terme - et bien formé. En
Guinée Equatoriale, le Projet de Conservation et Utilisation Rationnelle des Ecosystèmes
Forestiers (CUREF) a constitué un herbier qui est destiné à fournir la base du futur herbier
national. Au vu des problèmes rencontrés par les herbiers du Cameroun et du Gabon, on peut se
poser la question du devenir de leur homologue équatoguinéen.

Cameroun et Gabon renferment une biodiversité particulièrement importante: 7 à 8.000 espèces


par pays (Tab. 3). Bien que recelant moins d'espèces que la RDC (+ 9.000 espèces; Morat et
Lowry, 1997), ils hébergent chacun plus d'espèces que toute l'Afrique Occidentale réunie. La liste
finale des espèces de Guinée Equatoriale dépassera sans aucun doute les 4.000 espèces car ce
même nombre de plantes a déjà été identifié récemment pour la seule partie continentale du pays
(Lejoly et Lisowski, 1998 in Micha Ondo & Ona Nze, 1998). L’île de Bioko renfermerait quant à
elle plus de 1.200 espèces dont 40 endémiques et celle d’Annobón 208 espèces dont
14 endémiques (Jones, 1994).

Tableau 3 : Diversité floristique estimée du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Pays Diversité floristique


Cameroun + 8.000
Gabon + 7.000
Guinée Equatoriale + 4.000

41
Source: Morat et Lowry, 1997

La flore de nos 3 pays relève essentiellement du Centre régional d'endémisme guinéo-congolais tel
que défini par White (1981 et 1986). Considérant l'ensemble de l'Afrique, la région guinéo-
congolaise est particulièrement importante du fait du grand nombre d'espèces qu'elle renferme
(environ 8.000; voire 12.000 selon Davis et al., 1994) et du fort taux d'endémisme régional (plus
de 80 % d'endémiques à ce centre). Ces chiffres sont les plus élevés de l'Afrique continentale et
comparables à ceux de Madagascar.

Cameroun et Guinée Equatoriale contiennent aussi des écosystèmes d'altitude appartenant au


Centre régional d'endémisme afromontagnard (au total ce centre inclut environ 4.000 espèces dont
75 % d'endémiques), mais les superficies occupées par ces écosystèmes y sont réduites. Le
Cameroun s'étend aussi vers le nord à travers le Centre régional d'endémisme soudanien (au total
ce centre inclut environ 2.750 espèces dont 30 % d'endémiques).

Le grand massif de forêts denses d'Afrique Centrale est le plus vaste et le plus riche en espèces
d'Afrique, mais cette diversité n'y est pas également répartie (voir Encart 2). Les 2 aires les plus
riches se situent, l'une en bordure du littoral atlantique, l'autre le long du rift occidental (Est de la
RDC). Entre ces deux zones, les forêts de la grande cuvette congolaise seraient apparemment un
peu moins riches en espèces. Les forêts allant du Nigéria jusqu'au Gabon sont probablement celles
d'Afrique qui renferment la plus grande diversité floristique par unité de surface (forêts atlantiques
et submontagnardes de la figure 3).

Au sein même de ces grandes zones la biodiversité est variable, à la fois entre les sites et au sein
même des sites. Les premiers résultats d'inventaires réalisés dans le cadre du Programme ECOFAC
en donnent de bons exemples (Tab. 4). Le site insulaire d'Obo est le plus pauvre; celui d'Alen, en
forêt atlantique, est le plus riche. Dans la zone congolaise, la forêt dense du Dja est plus diversifiée
que la forêt clairsemée d'Odzala. La richesse spécifique des transects en forêts denses du Dja
présente quant à elle une variabilité non négligeable, de 114 à 138 espèces ligneuses/0,01 km2
(138 espèces/ha). Cette variabilité au sein d’un même site peut s’expliquer par la variation des
conditions topographiques et pédologiques, les impacts climatiques, animaux et humains ainsi que
le degré de maturité forestière (voir Encart 2).

Tableau 4 : Variation de la richesse en espèces ligneuses sur plusieurs sites forestiers


d'Afrique Centrale et sur plusieurs transects dans la Réserve de Faune du Dja

Site d’Afr. Cent. Obo Alen Dja Odzala Ngott


o
Espèces/0,01 km2 46 167 134 65 119

Transect du Dja D1 D2 D3 D4 M1 M2 A1 A2 Dj
Espèces/0,01 km2 138 137 120 131 120 118 134 114 115

Notes: Nombre d'espèces ligneuses/0,01 km2 (ou ha) dont le diamètre du tronc à 1,30 m du sol est supérieur à
10 cm.
Obo: Parc National d'Obo (São Tomé et Principe). Forêt dense insulaire.
42
Alen: Mont Chocolate, Parc National du Mont Alen (Guinée Equatoriale). Forêt dense atlantique.
Dja: Transect A1, Réserve de Faune du Dja (Cameroun). Forêt dense congolaise.
Odzala: Andzoyi, Parc National d'Odzala (Congo). Forêt clairsemée congolaise.
Ngotto: Transect LC1, Forêt de Ngotto (RCA). Forêt dense semi-décidue.
Source: Lejoly
(1996)
Les forêts renfermant le plus grand nombre d'espèces endémiques sont celles des versants arrosés
des montagnes, voire jusqu'en basse altitude dans les zones côtières les plus arrosées, ainsi que sur
les îles. D'autres centres d'endémisme floristiques se situent dans les formations isolées des régions
montagnardes et sub-alpines. Les zones de montagne et côtières ainsi que les îles subissant les plus
fortes agressions humaines de toute la sous-région (voir chapitre 2), et renfermant l’essentiel des
espèces endémiques, ce sont celles qui devraient faire l’objet des mesures de protection et de
gestion rationnelle les plus urgentes.

Si les forêts atlantiques sont biologiquement les plus riches d'Afrique, de nombreuses espèces leurs
sont inféodées, même parmi les plantes ligneuses. Elles constituent à la fois un centre de diversité
et un centre d'endémisme remarquable pour de nombreuses espèces et genres de plantes herbacées
aussi bien qu'arborées: des Bégonias (Sosef, 1996), des Rubiaceae (Robbrecht, 1996), des
Mimosaceae (Villiers, 1996), etc., pour n'en citer que quelques uns. L'arbre le plus connu,
endémique de ces forêts, est l'Okoumé. Son aire de répartition, essentiellement gabonaise, s'étend
au Sud jusqu'au Congo, et au Nord à travers la Guinée Equatoriale continentale jusqu'à pénétrer
marginalement au Cameroun. Ces forêts atlantiques constituent d'ailleurs un centre de diversité
pour les autres Burseraceae forestières que sont les Dacryodes spp.

Les îles du Golfe de Guinée renferment aussi bon nombre d'espèces endémiques (Tab. 5). Bioko,
proche du continent et reliée à lui lors des phases climatiques arides du Quaternaire, est l'île la plus
riche en espèces mais aussi la plus pauvre en espèces endémiques. Les îles plus océaniques sont
moins riches, et ce d'autant plus qu'elles sont plus petites et plus éloignées du continent, mais
renferment aussi une proportion plus importante d'endémiques. Le nombre d'espèces endémiques
communes aux 4 îles est faible, suggérant un isolement relativement comparé à d'autres îles
océaniques. Il est utile de mentionner aussi que ces milieux insulaires sont les plus sensibles de
tous aux invasions par les "pestes végétales". Ils requièrent donc des mesures particulières de
protection, tant du fait de cette sensibilité aux plantes introduites que de l'importance des plantes
endémiques pour la conservation et l'utilisation rationnelle de cette biodiversité unique au monde.

Tableau 5 : Diversité et nombre d'espèces endémiques parmi les Angiospermes des îles du
Golfe de Guinée

Ile Superficie Distance Nombre d'espèces % d'espèces


au
continent

43
(km2) (km) Total Endémiques Endémiques à Endémiques
(1) d'une île (1) plus d'une île au Golfe de
du Golfe de Guinée (1)
Guinée (1)
Bioko 2.017 (2) 32 (3) + 1.200 40 2 +4
Príncipe 139 (3) 220 (3) 314 26 11 12
São Tomé 867 (3) 255 (3) 600 81 14 16
Annobón 17 (2) 340 (3) 208 14 6 10

Sources: (1) Jones 1994; (2) Fa et Castroviejo, 1996; (3) Jones et al., 1991.

44
Encart 2 : La biodiversité en question

A l'échelle mondiale, les forêts denses humides tropicales sont les communautés végétales présentant la plus
grande biodiversité. Ces forêt renferment non seulement de nombreuses espèces d'arbres mais aussi une grande
quantité de plantes herbacées et arbustives; les épiphytes pouvant constituer près du tiers des espèces. Dans
l'ensemble des forêts denses humides des tropiques américaines, les espèces d'arbres dont le diamètre du tronc
dépasse potentiellement 10 cm ne constituent qu'entre 15 et 22 % des flores locales. L'essentiel de la biodiversité
est ailleurs: épiphytes, herbacées terrestres, arbustes, lianes (Gentry et Dodson, 1987).

En Amérique du sud, la richesse forestière en arbres et lianes est bien expliquée par la quantité annuelle de
pluies et la saisonnalité des précipitations: les forêts sous les climats les plus humides, avec des précipitations
bien réparties au cours de l'année, abritent les plus grands nombres de plantes ligneuses et devraient faire l'objet
d'efforts particuliers de conservation (Clinebell et al., 1995). En Afrique Centrale, à l'échelle régionale, le
principal facteur favorisant la diversité biologique est aussi la pluviosité moyenne annuelle. Les zones
actuellement les plus arrosées supportent les forêts les plus riches, celles bordant la côte atlantique (Fig. 2 et 3).

Nous l'avons vu précédemment (Encart 1), lors des phases d'assèchement climatiques du Quaternaire, les forêts
denses n'ont persisté de manière notable que dans une série de sites. Dans ces refuges forestiers, la permanence
de superficies importantes de forêts denses humides a fourni les conditions favorables pour une spéciation plus
importante que partout ailleurs. Plus tard, lorsque les conditions climatiques sont redevenues globalement
favorables à la forêts dense, la recolonisation forestière s'est effectuée à partir de ces refuges. Ces sites présentent
donc une biodiversité et un degré d'endémisme plus importants que partout ailleurs.

Dans le cas des îles comme dans celui des montagnes, la superficie du site et l'éloignement de sources de
colonisation ont eu un impact sur la diversité biologique. Plus le site est petit et plus il est éloigné de sources de
colonisation, moins la biodiversité est élevée. Ce facteur d'isolement favorise par contre le degré d'endémisme.

A une échelle locale, dans une zone donnée, la variation de pluviosité et de nébulosité - en relation avec la
topographie - influence aussi la variation de diversité floristique. Les bas de versant ou les versants soumis aux
influences océaniques sont les plus arrosés et floristiquement les plus riches. Sur les montagnes les plus élevées,
la température moyenne annuelle - se combinant avec la diminution des précipitations - influence négativement
la biodiversité lorsqu'elle devient un facteur contraignant. Dans l'Est de la RDC, par exemple, la diversité des
arbres augmente jusque vers 1.100 m environ, puis diminue avec l'altitude croissante (Doumenge, 1998). En
Amérique Latine, il semble que la diversité des plantes ligneuses varie peu jusque vers 1.500 m puis qu'elle
diminue ensuite rapidement au delà de cette limite (Clinebell et al., 1995). Cette diversité floristique tend donc à
être maximale dans les forêts de moyenne altitude et submontagnardes.

Pour un site donné, la diversité totale dépend non seulement de la présence de forêts sur terre ferme ou sur sols
plus ou moins inondables, mais aussi de celle d'autres formations végétales: végétations herbeuses sur divers
substrats (marécageux ou inondables, affleurements rocheux), végétations arbustives et buissonnantes,
végétations d'origine anthropique ou marquées par l'action humaine. Les richesses spécifiques de chaque
écosystème s’additionnent: plus un site présente de milieux variés, plus sa richesse totale augmente. Les zones de
contacts entre toutes ces formations végétales sont particulièrement riches du fait de l'existence de végétaux et
d'animaux inféodés à chaque milieu mais aussi d'espèces de lisières.

Dans la zone forestière, la richesse spécifique semble largement indépendante de la richesse du sol. A toutes les
échelles, régionale ou locale, les forêts denses se développent sur de nombreux types de sols. Les seuls cas où le
facteur pédologique dépasse celui des conditions atmosphériques concerne les forêts sur serpentine et podzols
très appauvris, ou lorsque les sols sont inondés de manière plus ou moins permanentes (Clinebell et al., 1995).
S'il ne semble donc pas y avoir de relation entre sols riches ou pauvres et diversité floristique, de fortes
contraintes pédologiques induisent quand même un appauvrissement de cette biodiversité. C'est par exemple le
cas pour les mangroves et les forêts marécageuses ou périodiquement inondées, moins diversifiées que les forêts
de terre ferme. La variabilité des sols favorise pourtant la diversité de composition floristique des écosystèmes
45
forestiers. Par ce biais, cette hétérogénéité des conditions édaphiques favorise une plus grande diversité
floristique régionale.
Si l'on descend maintenant à l'échelle stationnelle, on peut constater une corrélation positive forte entre la richesse
spécifique d'une forêt et son degré de maturité (Clinebell et al., 1995); ce dernier s'exprimant en particulier par la
complexité de l'architecture forestière (Oldeman, 1983). La dynamique de population des espèces végétales et
animales, en liaison avec la dynamique forestière, peut limiter ou favoriser la biodiversité. Plus la forêt est
dynamique, avec des taux de mortalité et de recrutement relativement importants et variables d'un point à l'autre,
plus elle est riche en espèces car cela favorise l'hétérogénéité spatiale et temporelle de la mosaïque forestière, et
donc la diversité et le renouvellement des niches écologiques.

Divers phénomènes physiques et biologiques interagissent donc aux diverses échelles continentale, régionale, locale
et stationnelle. Il convient donc, lorsqu’on parle de biodiversité, de préciser l’échelle de mesure, l’effort
d’inventaire réalisé (surface inventoriée) aussi bien que le type de biodiversité prise en compte (tous les arbres,
arbres au dessus d’un diamètre minimum, arbustes, herbacées, Mammifères, Oiseaux, etc.).

Auteur: C.
Doumenge

3.2 - Faune

Les forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale renferment l'une des plus riches
faunes du continent Africain. Sur un fonds commun d'espèces forestières à large répartition, la
sous-région se détache à la fois par le grand nombre d'espèces et par la présence d'espèces
endémiques dans tous les grands groupes animaux. Comme mentionné ci-dessus à propos de la
flore, les forêts atlantiques sont les plus riches en faune. La gradation de richesse et d'endémisme
floristique entre les îles du Golfe de Guinée (voir Tab. 4) se retrouve aussi parmi les groupes
animaux, en particulier les Oiseaux, les Reptiles et les Amphibiens (Jones, 1994).

3.2.1 - Mammifères

Les faunes mammaliennes des 3 pays sont très diversifiées, y compris - et malgré la taille
relativement modeste du pays - celle de Guinée Equatoriale (plus de 170 espèces; Tab. 6). Avec
280 Mammifères, celle du Cameroun est la plus riche car le pays s'étire tant en latitude qu'en
altitude sur une grande variété de milieux naturels. Seulement un peu plus de la moitié des
Mammifères camerounais dépend ainsi des forêts alors que la grande majorité des Mammifères
gabonais et équatoguinéens sont forestiers.

Les chiffres présentés dans le tableau 6 doivent être pris avec précaution. D’autres estimations que
celles retenues ici existent, et sont parfois assez éloignées les unes des autres. Les raisons tiennent
à la plus ou moins grande ancienneté des évaluations ainsi qu’aux variations de taxonomie. Nous
avons compilé nous même un ensemble de sources qui nous permettent de penser que le total de
280 espèces pour le Cameroun est proche de la réalité à quelques espèces près (Annexe 4). Par
contre, les listes de Mammifères du Gabon et de Guinée Equatoriale sont encore incomplètes: 147
et 144 espèces y sont respectivement connues avec certitude. Si les listes de grands Mammifères
sont assez complètes, celles des petits Mammifères tels que les Insectivores, les Chiroptères et les
Rongeurs ne le sont pas encore. Il est donc probable que les totaux des 2 derniers pays mentionnés
approcheront ceux du tableau 6 lorsque les listes seront complètes.

46
Tableau 6 : Faunes mammalienne et aviaire du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale

Pays Mammifères Oiseaux

Total Menacés Total Résidents Menacés


Cameroun 280 (1) 36 (2) 874 (3) > 700 (4) 15 (2)
Gabon + 190 (5) 11 (2) 675 (6) ? 4 (2)
Guinée Equatoriale > 170 (7) 13 (2) > 500 (7) > 239 (8) 4 (2)

Sources: (1) voir Annexe 4; (2) WCMC (1998); (3) Dowsett & Dowsett-Lemaire (1993) ; (4) Fotso (1993);
(5) Stuart et al., 1990; (6) P. Christy, com. pers.; (7) J.E. Garcia, com. pers.; (8) Perez del Val, 1997.

Le recensement de Mammifères le plus complet effectué dans la sous-région est celui de la zone de
Makokou, dans le Nord-est du Gabon. Il a révélé un total d’environ 130 espèces (Brosset et
Dubost, s.d.). Etant donné la richesse des forêts de la sous-région, on peut penser que chaque site
forestier du continent en bon état de conservation peut héberger 120 à 130 espèces de
Mammifères, bien que ce total doive être très nettement minoré dans le cas des îles. Si Bioko
renferme encore 65 espèces du fait de liaisons passées avec le continent, les îles plus océaniques
n'hexibent qu'une faune mammalienne indigène très appauvrie (2 espèces de Chauves-souris sur
Annobón, par exemple; Jones, 1994).

On compte un peu plus d'une dizaine d'espèces de Mammifères endémiques au Cameroun et


quelques espèces dans chacun des deux autres pays. Le nombre des espèces menacés de
disparition est plus élevé: un peu moins de 40 pour le premier pays et un peu plus d'une dizaine
pour chacun des deux autres (Tab. 6). Ce sont pour la plupart des espèces forestières. Plusieurs
sous-espèces sont aussi menacées, en particulier sur l'île de Bioko (Baillie et Groombridge, 1996
et WCMC, 1998; Annexe 5).

Toute cette faune mammalienne, en particulier les grandes espèces, n’ont cessé de subir des
pressions de chasse importantes durant les derniers 10 ans. Certaines ont aussi pâti de la
dégradation de leur habitat et de la disparition des forêts, du moins localement (voir
paragraphe 2.3).

Primates

Le total des Primates présents dans la sous-région s’élève à 31 (plus, peut-être, une autre espèce)
dont 30 se trouvent au Cameroun, 19 au Gabon et 21 en Guinée Equatoriale (Annexe 4). Après la
RDC, le Cameroun est le pays d’Afrique continentale qui héberge le plus grand nombre de
Primates. Les forêts de ces 3 pays procurent le gite et le couvert à 2 importantes communautés de
Primates, "Camerounaise" et "Ouest équatoriale" (Oates, 1996), centrées sur l'aire des forêts
atlantiques (comparez les figures 3 et 4). Ce sont d'importants centres de diversité et d'endémisme
des Primates à l'échelle du continent africain (Haltenorth et Diller, 1985; Lernoud, 1988; Oates,
1996).
47
Figure 4 : Principales communautés régionales de Primates africains (Oates, 1996)

48
La communauté camerounaise s'étend depuis le fleuve Sanaga vers le Nord, recouvrant l'Ouest
camerounais et l'extrême Sud-est du Nigeria jusqu'au fleuve Cross, y inclus l'île de Bioko. Du fait
de pressions humaines généralement moins intenses qu’au Nigeria, la partie camerounaise et l'île
de Bioko renferment sans aucun doute la plus grande part de ces populations de Primates.
Plusieurs espèces sont endémiques à cette communauté de Primates: le Drill (Mandrillus
leucophaeus), le Moustac à oreilles rousses (Cercopithecus erythrotis), le Cercopithèque de
Preuss (Cercopithecus preussi), ainsi que 2 sous-espèces de Colobe bai: Procolobus badius
preussi et P. b. pennantii. Le Potto de Calabar (Arctocebus calabarensis), le Galago (Euoticus
pallidus) et le Mone (Cercopithecus mona) sont sub-endémiques, se retrouvant aussi dans l'aire de
la communauté Sud nigériane. Il faut noter que Bioko renferme 10 espèces de Primates, dont
plusieurs sont des sous-espèces endémiques à cette île.

La communauté Ouest équatoriale s'étend du fleuve Sanaga vers l'Est et le Sud jusqu'au fleuve
Congo et à l'Oubangui (Fig. 4). Elle renferme une grande diversité de Primates. Certaines espèces
y sont endémiques: le Potto doré (Arctocebus aureus), le Galago élégant (Euoticus elegantulus),
le Mandrill (Mandrillus sphinx), le Moustac (Cercopithecus cephus), le Cercopithèque à queue de
soleil (Cercopithecus solatus) et une forme septentrionale du Talapoin (Miopithecus talapoin).
Une espèce présente une répartition très limitée et ne se trouve qu'au coeur du Gabon, le
Cercopithèque à queue de soleil. Parmi les sous-espèces endémiques, on compte l'un des Colobes
bais (Procolobus badius oustaleti) ainsi que les 2 sous-espèces du Moustac (C. c. cephus et
C. c. cephodes). Bien qu'elles se prolongent au delà de la Sanaga jusqu'au Nigeria, les aires du
Galago d'Allen (Galago alleni), du Cercocèbe à collier blanc (Cercocebus torquatus) et du Colobe
noir (Colobus satanas) sont aussi presque entièrement circonscrites à cette communauté Ouest
équatoriale; les 3 pays qui nous concernent renferment l'essentiel des populations de ces Primates.

Les 3 sous-espèces actuellement reconnues de Cercopithèque pogonias (Cercopithecus pogonias)


se trouvent représentées dans les forêts de la sous-région, ce qui souligne encore le fait qu'elles
constituent un centre de diversité important pour les Primates africains.

La conservation des forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale est donc primordiale
pour la survie de toutes les espèces et sous-espèces signalées précédemment. Plusieurs d'entre elles
sont menacées de disparition et doivent faire l'objet d'une attention particulière. Ces espèces sont:
le Moustac à oreilles rousses, le Cercopithèque de Preuss, le Cercopithèque à queue de soleil (aire
de répartition restreinte mais degré de menace difficile à évaluer précisément; P. Christy, com.
pers.), le Colobe noir et le Drill. Le Gorille (Gorilla gorilla) et le Chimpanzé (Pan troglodytes)
sont globalement en déclin sur l’ensemble de leur aire de répartition, bien qu’ils soient encore
abondants au Gabon. Dans d'autres cas, ce n'est pas l'ensemble de l'espèce qui est menacé mais
certaines sous-espèces; c'est en particulier le cas de sous-espèces de l'île de Bioko (Baillie &
Groombridge, 1996 ; Annexe 5).

Il est très probable que les forêts du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale renferment
une grande part des populations résiduelles de Gorille et de Chimpanzé. Les sous-espèces
présentes dans la sous-région, le Gorille de l'Ouest (G. g. gorilla) et le Chimpanzé tschego
(P. t. troglodytes), ont des aires de répartition limitées aux 2 communautés de Primates dont nous
avons parlé. Gorilles et Chimpanzés ont des préférences écologiques un peu différentes. Les
premiers ont une distribution irrégulière. Ils atteignent les plus fortes densités en forêts
49
clairsemées, voire en végétation secondaire. Les Chimpanzés sont quant à eux présents dans tous
les milieux mais les plus fortes densités s'observent en forêts primaires. C'est aussi le cas des
Singes (Primates non Anthropoïdes), pour lesquels les forêts denses primaires abritent, dans la
majorité des cas, les plus fortes densités de population (Gautier-Hion, 1996).

Ces forêts primaires présentent donc un intérêt tout particulier pour la conservation des Primates.
Parmi elles, les forêts ripicoles méritent une mention spéciale car on y observe des diversités
spécifiques plus importantes qu'en forêts de terre ferme. Cela tient à un effet de lisière et "au fait
que l'essentiel des espèces s'y rencontrent et qu'à ces espèces généralistes s'ajoutent 3 à 4 espèces
spécialistes. Ces spécialistes sont des Colobes, des Cercocèbes et des Cercopithèques" (Gautier-
Hion, 1996: 51). Ces forêts des bords de cours d'eau constituent des réservoirs d'espèces
importants pour la survie des Primates.

Eléphant

L'Eléphant d’Afrique (Loxodonta africana) est le plus grand des Mammifères forestiers. C'est une
espèce très pourchassée, principalement pour l'ivoire de ses défenses, menacée d'extinction sur
l’ensemble de son aire (Baillie et Groombridge, 1996). C'est donc, à plus d'un titre, une espèce
d'un intérêt particulier pour la conservation. Mais la situation des populations d'Eléphant est très
différente entre les 3 pays (Tab. 6).

Si le Gabon reste l'un des pays d'Afrique renfermant encore une importante population, celle de
Guinée Equatoriale est très réduite. Au Cameroun, les forêts du Sud-est renferment probablement
encore bon nombre de ces grands animaux mais la population nationale d'Eléphant est très
menacée, repoussée de plus en plus vers les aires protégées.

Ces populations d'Eléphant ne doivent pas être considérées en isolation les unes des autres, ni de
celles des pays voisins (Congo, RCA, Tchad) car ces animaux effectuent de vastes déplacements
qui les amènent à traverser les frontières politiques. Cette espèce est typiquement l'une de celles
qui doit être impérativement protégée et gérée à l'échelle régionale de l'Afrique Centrale.

Tableau 7 : Estimation des populations d'Eléphant du Cameroun, du Gabon et de Guinée


Equatoriale

Pays Estimation
Cameroun + 7.800 (1)
Gabon + 62.000 (1)
Guinée Equatoriale + 400 (2)

Notes: (1) total des estimations présentées comme "précise" et "probable"; (2) nombre "possible" d'Eléphants étant
entendu que les 2 catégories d'estimations mentionnées en (1) n'ont pu être remplies.

Source: Said et al. (1996).

50
Buffle

Le Buffle (Syncerus caffer) est une espèce largement répartie mais aussi très chassée. Sa survie ne
pourra dépendre que de mesures de conservation adéquates (Baillie et Groombridge, 1996).

Antilopes forestières

Les Céphalophes (Cephalophus spp.) sont bien représentés dans toutes les forêts de la sous-
région. Ce sont aussi parmi les espèces les plus chassées et consommées. Le Cameroun est l'un des
pays africains qui en renferme le plus grand nombre d’espèces: 18 y sont recensées. Parmi celles-
ci, il convient de mentionner le Céphalophe d'Ogilby (Cephalophus ogilby). Cette espèce présente
une aire de répartition qui s'étend du Gabon vers l'Afrique de l'Ouest. Avec une distribution
localisée et en effectifs modérés, elle peut être considérée comme globalement menacée (East,
1990). Une sous-espèce isolée (C. o. crusalbum) habite la façade atlantique du Gabon et semble
relativement rare. A noter que l'île de Bioko renferme des populations de sous-espèces endémiques
du Céphalophe d'Ogilby (C. o. ogilby) et du Céphalophe bleu (Cephalophus monticola
melanopheus).

Parmi les Antilopes, on peut aussi mentionner le Bongo (Tragelaphus eurycerus), belle Antilope
forestière dont le statut de conservation semble encore globalement satisfaisant mais qui est
menacée par l'exploitation forestière et la chasse dans certaines parties de son aire de répartition.
Cette espèce est présente dans le Sud-est du Cameroun et très marginalement dans le Nord-est du
Gabon.

Hippopotame

Même si l'Hippopotame (Hippopotamus amphibius) ne parait pas menacé à l'échelle de l'Afrique,


c'est une espèce assez peu abondante dans la sous-région. Il conviendrait d'y accorder une
attention particulière. En Guinée Equatoriale, par exemple, on ne le trouve plus qu’à la frontière
avec le Cameroun, dans les eaux du fleuve Ntem (ou Campo).

Lamantin

Le Lamantin (Trichecus senegalensis) est peu abondant dans la sous-région, seulement présent
dans certains estuaires, lagunes et lacs. Les plus importantes populations se situent probablement
dans les lagunes et les lacs de la côte gabonaise. Sur l'ensemble de son aire de répartition on
considère que c'est une espèce vulnérable à la pression humaine (Baillie et Groombridge, 1996).

3.2.2 - Autre faune

Oiseaux

Avec environ 874 espèces (Tab. 6), le Cameroun est l'un des pays les plus riches d'Afrique pour sa
faune aviaire: il se situerait au 6-7ème rang continental (Stuart et al., 1990). Le Gabon et la Guinée
Equatoriale sont moins riches mais ils renferment tout de même un nombre appréciable d'Oiseaux.
51
Malgré sa faible étendue, ce dernier pays hébergerait en effet plus de 500 espèces. Le nombre
d'Oiseaux actuellement recensés s'élève à 305 sur le continent (dont 239 résidentes), 192 espèces à
Bioko (dont 143 résidentes) et 9 espèces résidentes à Annobón plus quelques occasionnelles
(Harrison, 1990; Jones, 1994; Pérez del Val et al., 1994; Pérez del Val, 1997).

Si l'on s'en tient aux seuls sites continentaux, des inventaires réalisés dans le cadre du Programme
ECOFAC ont permis de mettre en évidence un fonds commun aux forêts d'Afrique Centrale
atlantique d'environ 250 espèces (143 espèces présentes sur tous les sites inventoriés et
106 présentes dans 4 sites sur 5; Christy, 1996). C'est probablement le nombre minimal d'espèces
qu'il est possible de recenser assez rapidement sur tout site forestier de la sous-région en bon état
de conservation. A titre de comparaison, le site le mieux étudié à ce jour reste la Réserve d'Ipassa,
au Nord-est du Gabon, où l'on a identifié 390 espèces d'Oiseaux sur le site même et en proche
périphérie (Brosset et Dubost, s.d.).

Les hautes terres camerounaises abritent une vingtaine d'espèces endémiques ou quasi-
endémiques. C'est l'une des plus importantes concentrations en Afrique. Certains de ces Oiseaux se
retrouvent très marginalement au Nigeria voisin et à Bioko (Stuart et al., 1990). Les Monts
Cameroun, Koupé, Nlonako, Manengouba, Rumpi et Oku hébergent des espèces menacées de
disparition et un nombre appréciable d'espèces endémiques. Les îles (Bioko, Annobón, São Tomé
et Príncipe) abritent 28 espèces endémiques à une ou plus d’une île (P. Christy, com. pers.) et de
nombreuses sous-espèces endémiques, parfois menacées de disparition (Jones, 1994; Pérez del Val
et al., 1994); Bioko et Annobón hébergeant chacune 2 espèces endémiques. Tous ces sites sont
particulièrement importants pour la protection de la faune aviaire.

L'ensemble des forêts de basse et moyenne altitude des 3 pays renferme une grande diversité
spécifique mais peu d'endémiques ou d'espèces à répartition limitée. Parmi ces dernières, on peut
citer le Picatharte (Picathartes oreas), une espèce peu commune, vulnérable aux activités
humaines (Baillie et Groombridge, 1996), et la Bouscarle géante (Bradypterus grandis), un Oiseau
discret lié aux marécages à Cyperaceae et dont le statut de conservation n'est pas encore très bien
connu.

Dans l'ensemble, le Cameroun héberge sur son territoire 15 espèces menacées de disparition. Au
Gabon et en Guinée Equatoriale, on en recense 4 par pays (Baillie et Groombridge, 1996;
Annexe 6). Le nombre relativement élevé d'espèces camerounaises menacées a pour origine à la
fois la particulière richesse de la faune nationale mais aussi les fortes pressions humaines qui pèsent
sur des milieux contenant des espèces rares et endémiques comme les forêts montagnardes.

Poissons d'eau douce et saumâtre

La conservation des forêts de la sous-région est vitale pour celle de la faune des rivières et des lacs
des 3 pays. Le cas du Cameroun est tout à fait démonstratif à cet égard. C'est l'un des pays
d'Afrique renfermant le plus grand nombre de Poissons d'eau douce et saumâtre: 542 espèces sont
actuellement recensées, dont 294 de cours d'eau forestiers (54,2 %). Sur un total de 96 espèces
endémiques au pays, 78 sont forestières et 12 vivent uniquement dans les lacs de cratère de l'Ouest
du pays (Vivien, 1991). Une vingtaine de Cichlidae des lacs de cratère sont menacés de disparition
(Baillie et Groombridge, 1996).

52
Stuart et al. (1990) indiquent 200 espèces de Poissons pour le Gabon mais ce chiffre est très
certainement sous-estimé. Nous ne disposons pas de données globales pour la Guinée Equatoriale
dans son ensemble mais pour les différentes parties du pays: plus de 167 espèces dont au moins
8 endémiques sur le continent, 43 espèces dont 1 endémique à Bioko et 4 espèces dont une
endémique à Annobón (Castello, 1994 in Micha Ondo & Ona Nze, 1998). São Tomé et Principe
n'hébergeraient quant à elles que 3 espèces, toutes endémiques au Golfe de Guinée (Jones, 1994).

Reptiles et Amphibiens

Le Cameroun renfermerait plus de 163 espèces de Reptiles, dont 23 endémiques, et environ


200 Amphibiens, dont 63 endémiques (Fotso, 1993). Le Gabon et la Guinée Equatoriale sont sans
aucun doute beaucoup moins riches mais nous ne disposons pas de chiffres précis à leur sujet.
D'après Brosset et Dubost (s.d.), 65 Reptiles et 47 Amphibiens ont été recensés dans le Nord-est
du Gabon (Réserve d'Ipassa et alentours de Makokou); le nombre d'Amphibiens pourrait y égaler
50 % du total gabonais. Du fait de sa proximité avec le Gabon et des similitudes de milieux entre
les 2 pays, il est probable que la Guinée Equatoriale continentale renferme un minimum d’une
soixantaine d’espèces de Reptiles et d’une cinquantaine d’Amphibiens. Les faunes reptiliennes et
amphibiennes des îles, moins riches que celles du continent, hébergent une proportion variable
d'espèces endémiques, faible dans le cas de Bioko (1 Reptile sur 52; 1 Amphibien sur 33) et forte
dans le cas des îles océaniques (Annobón, São Tomé et Principe). Annobón n'héberge pas
d'Amphibiens, mais 2 Reptiles endémiques à l'île et un autre endémique au Golfe de Guinée sur un
total de 7 espèces (Jones, 1994).

Quatre espèces de Tortues fréquentent les eaux du Golfe de Guinée et viennent pondre sur ses
plages: la Tortue caret (Eretmochelys imbricata), la Tortue verte (Chelonia mydas), la Tortue
bâtarde (Lepidochelys olivacea) et la Tortue luth (Dermochelys coriacea). La Caouanne (Caretta
caretta) a été aussi pêchée à São Tomé bien qu’on n’y ait pas observé de sites de ponte
(C. Aveling, com. pers.). Toutes ces espèces sont menacées de disparition et devraient faire l’objet
d’attentions particulières pour leur conservation (Baillie & Groombridge, 1996). Il faut aussi
souligner que Bioko héberge les sites de ponte les plus importants des îles du Golfe de Guinée
(Castroviejo et al., 1994) et que les plages du Sud du Gabon, depuis Mayumba vers le Congo,
constituent sans doute le deuxième site au monde pour la Tortue Luth (C. Aveling, com. pers.).

Parmi les 3 espèces de Crocodiles, le Crocodile nain (Osteolaemus tetraspis) est une espèce
vulnérable qu'il conviendrait d'exploiter avec plus de ménagement (Baillie et Groombridge, 1996).

3.3 - Ecorégions

Dans le cadre du Projet CARPE (Programme Régional de l'Afrique Centrale pour


l'Environnement), le WWF-US (Fonds Mondial pour la Vie Sauvage - Etats Unis d'Amérique) a
entrepris une cartographie des principales écorégions d'Afrique. Une "écorégion" est une aire
relativement étendue de terre ou d'eau abritant un ensemble de communautés naturelles
géographiquement distinct qui: (1) partagent une majorité de leurs espèces, de leurs dynamiques
écologiques et de leurs conditions environnementales, (2) fonctionnent ensemble comme une unité
de conservation aux échelles globale et régionale (Olson et al., 1997).
53
La carte de la figure 5 est un extrait de cette carte provisoire des écorégions d'Afrique. Les
informations sur les forêts de la région, détaillées dans les paragraphes précédents, peuvent être
présentées de manière synthétique sous forme d’un commentaire de cette carte:

• les "Forêts côtières de la rivière Cross" (écorégion 2) incluent les forêts atlantiques les plus
riches en espèces tant végétales qu'animales. Elles recèlent aussi un nombre d'espèces
endémiques plus important que les forêts congolaises nord-occidentales;

• les "Forêts côtières congolaises" (écorégion 1) font aussi partie des forêts atlantiques et
prolongent le type précédent au delà de la Sanaga, vers le Sud. Diversité spécifique et
endémismes sont toujours élevés mais semblent un peu moins importants que dans les forêts de
l’écorégion 2. Certaines espèces, animales en particulier, ne se trouvent que d'un côté ou de
l'autre de la Sanaga (Drill au Nord et Mandrill au Sud, par exemple), justifiant l'originalité
respective des 2 régions, bien qu'un fonds d'espèces communes se rencontre de part et d'autre
de ce fleuve camerounais;

• les "Forêts humides de basse altitude" de Bioko (écorégion 30), de São Tomé (32), de Príncipe
(34) et d'Annobón sont liées aux forêts atlantiques des écorégions 2 et 1 tant par leur flore que
par leur faune. Du fait de l’insularité, elles sont par contre beaucoup moins diversifiées et
présentent des taux d'endémisme spécifique ou sous-spécifique plus importants que sur le
continent;

• globalement, les "Forêts congolaises nord-occidentales de basse altitude" (écorégion 4) sont les
moins riches en espèces des forêts de terre ferme de basse altitude de la sous-région. Le degré
d'endémisme y est aussi moins élevé que dans les forêts des écorégions 2 et 1. Elles incluent des
forêts sempervirentes et subsempervirentes congolaises ainsi que des forêts semi-décidues en
périphérie du bloc forestier, à l'interface avec les régions de savanes. Au sein de cette région,
diversité et endémisme diminuent des forêts subsempervirentes vers les forêts semi-décidues;

• les régions des "Forêts des montagnes" camerounaises (écorégion 21), du Mont Cameroun
(20), des "Forêts de montagne" de Bioko (31), de São Tomé (33) et de Principe (33) incluent
les forêts submontagnardes et montagnardes des 3 pays qui nous concernent. Elles présentent
une richesse spécifique moindre que les forêts de terre ferme de basse altitude, d'autant plus
faible que l'on passe du continent aux îles les plus petites et éloignées des côtes. Le degré
d'endémisme de ces zones montagneuses est par contre le plus élevé des écosystèmes terrestres
des pays en question. La figure 5 différencie plusieurs écorégions montagneuses bien qu'il serait
probablement plus judicieux de les englober dans une seule région, tout en conservant une
différenciation au niveau de catégories inférieures (districts par exemple);

• les "Mangroves d'Afrique Centrale" (écorégion 119) sont relativement homogènes et


constituent les écosystèmes forestiers les plus pauvres en espèces. Elles renferment une flore et
une faune très particulière et à large répartition;

54
Figure 5 : Ecorégions du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale
(Underwood & Olson, 1998)

55
• les "Forêts marécageuses congolaises" (écorégion 17) incluent des forêts marécageuses ainsi
que des forêts périodiquement inondées. Elles sont généralement plus pauvres en espèce
végétales que les forêts de terre ferme, mais avec des espèces particulières souvent à large
répartition. Ces forêts, en particulier en bordure des rivières, semblent par ailleurs constituer
d'importants réservoirs pour les Primates, et peut-être aussi pour d'autres espèces animales.

Pour terminer ce chapitre, il nous parait utile de tenter de classer les différentes zones forestières
en fonction de leur importance biologique en terme de diversité et d'endémisme. Cela permet de
compléter l’ébauche de classement effectué au paragraphe 2.3, de mieux apprécier la valeur
relative de ces forêts et d'attirer l'attention sur les forêts les plus riches. Par ordre décroissant, nous
avons:

1. les forêts atlantiques des reliefs et littorales (écorégions 1 et 2, ainsi que 30, 32 et 34),
2. les forêts submontagnardes et montagnardes (écorégions 20 et 21, ainsi que 31 et 33),
3. les forêts congolaises occidentales (écorégion 4 pour partie),
4. les forêts semi-décidues (écorégion 4 pour partie),
5. les forêts marécageuses et périodiquement inondées (écorégion 17),
6. les mangroves (écorégion 119).

56
4 - LES FORÊTS DANS LES ECONOMIES NATIONALES

4.1 - Bois d’oeuvre

4.1.1 - Evolution de la production et de l'exportation des grumes

En Afrique Centrale, l'exploitation forestière industrielle date maintenant d'une centaine d'années.
Ce fut longtemps le premier secteur pourvoyeur de devises des économies nationales du
Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale. Bien que, depuis quelques décennies - voire
beaucoup plus récemment dans le cas de ce dernier pays -, pétrole et minerais aient ravi au bois
cette première place, l'exploitation et le commerce du bois d'oeuvre constituent encore un secteur
clef des 3 économies nationales.

En 1995, le Cameroun et le Gabon étaient respectivement sixième et huitième producteur mondial


de grumes tropicales, loin derrière le groupe de tête constitué par la Malaisie, l'Indonésie, le Brésil
et l'Inde, et non loin de la Papouasie-Nouvelle Guinée (OIBT, 1997). Le Cameroun a produit en
1996 environ 2.800.000 m3 de grumes, le Gabon 2.400.000 m3 et la Guinée Equatoriale 460.000
m3 (Fig. 6 et Annexe 7). En 10 ans, entre 1986 et 1996, la production de chaque pays a augmenté
de manière importante, bien qu'en proportion variable. Le Gabon, en particulier, a pratiquement
rattrapé le niveau d'exploitation du Cameroun et la Guinée Equatoriale a triplé sa production
(Tab. 8). C'est surtout depuis 1993-1994 que cette augmentation s'est faite nettement sentir.

Figure 6 : Production de grumes du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale entre


1985 et 1996

Cameroun Gabon Guinée Equatoriale

3000000

2500000

2000000
Production (m3)

1500000

1000000

500000

0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
Année

57
Tableau 8 : Variation de la production de grumes du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale entre 1986 et 1996

Pays Production (m3) Variation 1986-1996


1986 1996 (%)
Cameroun 2.088.000 2.805.932 + 34,4
Gabon 1.529.000 2.409.000 + 57,6
Guinée Equatoriale 160.000 461.141 + 188,2

Sources: Cameroun, Fomete & Tchanou (1998); Gabon, Bourobou & Ngoye (1998); Guinée Equatoriale, OCIPEF
(1997).

Tableau 9 : Variation de l'exportation de grumes du Cameroun, du Gabon et de Guinée


Equatoriale entre 1986 et 1996

Pays Exportation (m3) Variation 1986-1996


1986 1996 (%)
Cameroun 745.000 1.651.022 + 121,6
Gabon 1.226.000 2.344.000 + 91,2
Guinée Equatoriale 115.501 406.406 + 251,9

Sources: Cameroun, Fomete & Tchanou (1998); Gabon, Bourobou & Ngoye (1998); Guinée Equatoriale, OCIPEF
(1997).

Figure 7 : Exportation de grumes du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale entre


1985 et 1995

Cameroun Gabon Guinée Equatoriale

2500000

2000000
Exportation (m3)

1500000

1000000

500000

0
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995

Année

58
L'exportation des grumes suit cette tendance à la hausse, surtout depuis 1993-1994 (Fig. 7 et
Tab. 9). En 10 ans, les exportations du Cameroun et du Gabon ont plus ou moins doublé et celles
en provenance de Guinée Equatoriale ont plus que triplé.

Les 3 pays sont d’importants exportateurs de grumes. En 1996, celles-ci ont constitué 58, 88 et
jusqu'à 97 % des exportations, respectivement au Cameroun, en Guinée Equatoriale et au Gabon.
Si, à l’échelle mondiale, le marché international des grumes diminue régulièrement, la plupart des
pays exportant de moins en moins de bois non transformé, depuis 1994 on observe un envol des
exportations de bois ronds de l’Afrique vers l’Asie. Les pays qui nous concernent ne dérogent pas
à la règle.

Les flux d’exportation, traditionnellement largement tournés vers l’Europe se réorientent


désormais vers l’Asie. Au Cameroun, par exemple, il y a une dizaine d'années, environ 85 % des
grumes partaient pour l'Europe (Gartlan, 1989); la part européenne n'est plus aujourd'hui que de
56 % alors que celle de l'Asie se situe à environ 38 % (ATIBT, 1997). Ce phénomène semble avoir
débuté plus tôt dans le cas du Gabon, où les pourcentages respectifs d'exportation de grumes vers
l'Europe et l'Asie sont passés de 62 et 16 % en 1985, à 28 et 56 % en 1996: les acheteurs
asiatiques sont maintenant prédominants sur le marché gabonais (Wilks, 1990; ATIBT, 1997b).
Les principaux pays importateurs de grumes en provenance de la sous-région sont, pour l'Europe,
la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, et pour l'Asie, la Chine, le Japon, la Thaïlande et les
Philippines.

L'augmentation de production et d'exportation de bois de la sous-région est liée, du moins en


partie, à la dévaluation du franc CFA; en particulier du fait de l’abaissement des coûts de
production. Même s’il a pu y avoir un certain réajustement, les prix ont tout de même baissé
comparativement à leur niveau antérieur sur le marché international. Mais ce phénomène, pour
autant qu’il ait eu les effets décrits, n’a très certainement fait que précipiter l’intérêt asiatique pour
les bois africains. Cet intérêt est manifeste du fait de la diminution régulière des prélèvements en
forêt naturelle de la part des principaux producteurs tropicaux, la Malaisie et l’Indonésie, au
regard d’une demande toujours croissante. "L’Afrique centrale, avec ses forêts au potentiel
relativement peu entamé, est devenue un lieu de convoitise pour les importateurs de grumes mais
également pour les investisseurs asiatiques" (Karsenty, 1996b : 76). La tentation peut être grande
pour les propriétaires et actionnaires de sociétés d'en céder tout ou partie, et pour les représentants
de l'administration de donner toutes les autorisations voulues.

L’enjeu est le contrôle direct des sources de production, en particulier pour l'approvisionnement
des grandes unités de transformation asiatiques. Au Gabon, par exemple, les groupes malaisiens
auraient racheté plus d’une dizaine d’entreprises forestières et contrôleraient plus de 30.000 de
km2, soit 40 % des permis forestiers (Karsenty, 1998). La pénurie de grumes de qualité sur les
marchés asiatiques qui sévit depuis 1993 est liée à la diminution de l’exploitation, qui est venue à
bout du premier cycle de mise en coupe des forêts primaires, et à l’essor des industries de
transformation en Asie (Karsenty , 1996a). D’autre part, l’investissement asiatique dans la sous-
région est aussi à mettre au compte de stratégies financières. Ces entreprises, au sein de gros
conglomérats oú le bois n’est qu’une activité parmi d’autres, disposent de moyens financiers bien
supérieurs à ceux des sociétés européennes. Ils ont aussi d’autres intérêts que la production de
bois, dont le développement de plantations agro-industrielles (Debroux et Karsenty, 1997).
59
Etant donné la crise financière et socio-économique asiatique depuis plusieurs mois, on peut se
poser la question des tendances futures du marché et de l'impact de cette crise asiatique sur le
secteur forestier de la sous-région. Au cours de cette année 1998, les demandes asiatiques ayant
considérablement chuté, des problèmes d’écoulement du bois se sont fait sentir. Le fait est que,
dans nos 3 pays, l’exploitation a diminué et a parfois même dû être temporairement arrêtée. La
concurrence accrue des produits asiatiques pourrait aussi commencer à jouer, précipitant encore
un peu la baisse des achats de bois africains. Si le prix des essences pour les sciages en Europe ne
semble pas avoir chuté, cela pourrait venir avec la concurrence d’espèces équivalentes d’Asie
(Meranti contre Iroko et Sapelli). D’autres essences, comme l’Ayous, qui avaient trouvé un
débouché complémentaire en Asie, marquent un fléchissement alors que celles qui étaient
entièrement écoulées vers ces pays ne trouvent plus d’acheteurs (ATIBT, 1998).

Cette crise aura peut-être eu un impact salutaire pour pousser les autorités à ramener l’exploitation
à des niveaux raisonnables, compatibles avec des objectifs d’exploitation durable. Les décideurs de
la sous-région semblent avoir été aspirés par le mirage de la croissance des marchés asiatiques et
des bénéfices à court terme. Espérons qu’ils sauront à l’avenir différencier les consommateurs
stables et fiables, de ceux par trop "spéculatifs" et par là-même fragiles, qu’ils soient européens ou
asiatiques. Et trouver un nouvel équilibre pour un développement forestier durable.

4.1.2 - Exploitation forestière actuelle et tendances

L'exploitation forestière industrielle n'a longtemps touché que les forêts de la côte mais elle s'est
progressivement étendue vers l'intérieur des terres depuis quelques dizaines d'années (Fig. 8). Ce
phénomène s'est accéléré ces dernières années et, actuellement, pratiquement toutes les forêts
exploitables du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale ont été ou sont exploitées, ou font
l'objet de prévisions d'exploitation. On a longtemps dit que les forêts du Nord-est du Gabon, par
exemple, ne seraient pas exploitées avant un avenir très lointain mais cela n'est plus vrai. Ce mythe
des forêts lointaines auxquelles on ne toucherait pas de sitôt est maintenant abandonné.

Dans les 3 pays, les grandes sociétés forestières sont largement aux mains de capitaux étrangers.
Elle sont généralement attributaires de vastes superficies et produisent la plus grande part des
volumes totaux. Il existe aussi nombre de petits exploitants, nationaux ou mixtes, bien moins
productifs. En parallèle à ce secteur officiel, principalement au Cameroun, s'est développé un
important abattage illégal à la tronçonneuse. A la fin des années 1980, Gartlan (1989) estimait que
la production illégale était équivalente à 50 % de la production camerounaise officielle de l'époque.
Ces pratiques incluent l’abattage illégal (sans permis d’exploitation, sous le diamètre minimum
requis, hors des zones permises, etc.) et les fausses déclarations. Elles sont aussi bien perpétrées
par des scieurs de long que par des sociétés ayant pignon sur rue. Sur la base d’études de cas dans
la Province du Sud-est, le volume de bois non déclaré en 1992-93 était proche du tiers de la
production (Enviro-Protect, 1997). Ce rapport affirme aussi que les administrations sont
généralement au courant de ces problèmes mais le manque de volonté politique et la corruption
généralisée empêchent d’y porter remède.

Toujours au Cameroun, du fait de la réforme de la législation forestière engagée depuis 1992, le


gouvernement a suspendu l'attribution de licences en attendant le passage au système des
concessions forestières aménagées. Pour permettre à la filière bois de fonctionner, des ventes de
coupe ont été autorisées. Mais cette activité a litéralement explosé durant les dernières années.
60
Figure 8 : Extension des permis forestiers dans la sous-région
(modifié d’après UICN & WWF, 1998)

61
Elle présente non seulement un danger pour la sauvegarde des forêts mais aussi pour la bonne
santé du secteur forestier à long terme. La Réserve de faune du Dja, par exemple, est en train de
devenir un îlot de conservation entouré de forêts exploitées anarchiquement et sans aucun
contrôle. Le Gabon et la Guinée Equatoriale pourraient s'inspirer des leçons tirées de cette
expérience camerounaise pour mettre en place leurs propres systèmes d'exploitation durable sans
brader les ressources pendant la prériode de transition.

Comme nous l'avons souligné précédemment, les opérateurs asiatiques sont maintenant bien
présents dans les 3 pays, par l’implantation directe, par l’achat de sociétés et par la prise de
participation dans les capitaux de sociétés européennes, ou par l’exploitation en sous-traitance de
superficies attribuées à des nationaux. Au Gabon, cette pratique d’affermage est courante depuis
de nombreuses années, en particulier dans la Première Zone réservée aux attributaires nationaux.
Elle s’est aussi développée en Guinée Equatoriale et au Cameroun (voir les exemples cités par
Debroux et Karsenty, 1997).

Entre 50 et 100 espèces sont exploitées selon le pays, souvent au gré des demandes, mais seul un
petit nombre l'est de manière régulière et 2-3 espèces principales constituent l'essentiel des
productions annuelles: Ayous, Sapelli et Azobé au Cameroun (60,4 % de la production en 1996),
Okoumé et Ozigo au Gabon (79,0 %), Okoumé et Ilomba en Guinée Equatoriale (74,9 %; Fig. 9
et Annexe 7). Malgré cette dominance de quelques espèces, l'augmentation de la production notée
plus haut s'appuie partiellement sur l'exploitation d’une plus large palette d’espèces (essences dites
"secondaires"), jusque là peu exploitées, mais maintenant valorisées sur les marchés asiatiques.

Il est difficile de prévoir si ce phénomène va s'amplifier dans les années à venir et si ces essences
secondaires constitueront une plus forte proportion des bois exploités. L'équilibre actuel ne devrait
pas trop varier au Gabon et en Guinée Equatoriale où l'Okoumé devrait rester la principale essence
abattue. Cette espèce se régénère bien et pourrait être favorisée dans les forêts atlantiques
destinées à l'exploitation du bois d'oeuvre. C'est l'espèce qui possède le plus de potentialités pour
un aménagement forestier orienté vers une exploitation durable d'un même type de bois.

Parmi les autres facteurs d'augmentation de l'exploitation, on note aussi: un redressement des taux
de prélèvement (jusque là une dizaine de m3/ha pour des taux d’environ 60 m3/ha en Asie du Sud-
est) qui ne se traduit pas par une diminution des surfaces exploitées - au contraire -,
l'augmentation des rythmes d’exploitation, l'accélération de la mise en coupe des zones non encore
exploitées, en particulier dans l’intérieur des pays, et les dangers de repasse abusive dans les zones
côtières déjà surexploitées. Les minima de diamètres de coupe ne sont pas toujours respectés, au
moins au démarrage des exploitations. Actuellement, même dans le cadre de grands permis
forestiers, la pratique des inventaires détaillés et des plans d'aménagement s'est perdue. Et cela,
quelle que soit l'origine de l'opérateur. C'est pourtant un pré-requis à l'exploitation rationnelle des
ressources. La question que l’on peut se poser est alors la suivante: est-ce que les temps de
rotation qui seront prévus dans les nouveaux plans d’exploitation seront mieux respectés que par
le passé?

62
Figure 9 : Principales essences exploitées au Cameroun, au Gabon
et en Guinée Equatoriale en 1996

Cameroun

Ayous
Autres

Azobé

Sapelli Iroko
Limba

Gabon

Autres

Okoumé
et Ozigo

Guinée Equatoriale

Andoun
gs
Autres Azobé
Ilomba
Tali

Okoumé

63
Bien que les 3 pays développent une politique destinée à favoriser l’industrialisation du secteur
forestier et l’augmentation de la transformation locale, une très grande part des exportations de la
sous-région se fait sous forme de grumes. Le Cameroun est quand même le pays qui possède le
plus important tissu industriel de première transformation. Malheureusement, les capacités de
transformation sont généralement sous-utilisées, la technologie dépassée, la disponibilité en main
d'oeuvre qualifiée insuffisante, sans compter le manque d'investissements et de stratégie
commerciale, ainsi que le manque de confiance dans le pays, en premier lieu par les nationaux
mêmes. Au Cameroun, mais aussi au Gabon, s'est développée une production parallèle qui
alimente le marché local à des coûts moindres de ceux des usines, leur créant une concurrence non
négligeable.

Les marchés internes de bois d'oeuvre sont généralement faibles, surtout en Guinée Equatoriale et
au Gabon, un peu moins au Cameroun. En 1995, les consommations nationales officielles de
sciages et de placages étaient de 541.000 m3 au Cameroun, 127.000 m3 au Gabon et 4.500 m3 en
Guinée Equatoriale (OIBT, 1997 et OCIPEF, 1997). En aval de la première transformation, la
menuiserie industrielle n'est pas développée. Ce secteur est dominé par des artisans qui proposent
souvent des produits d'assez faible qualité, même au Cameroun où il est pourtant le plus présent
(Fomete & Tchanou, 1998).

Le secteur forestier industriel est le second pourvoyeur de devises après celui du pétrole et des
minerais. Il emploie une proportion appréciable des actifs, hors secteur administratif. Dans
certaines sociétés forestières, des problèmes humains commencent à se poser avec l'arrivée des
exploitants asiatiques: appel à de la main d’œuvre asiatique au détriment des nationaux - se voyant
largement relégués dans des emplois de manoeuvres ou de prospecteurs -, augmentation des
rythmes de travail, diminution des salaires et augmentation de la précarité des emplois.

S'ils amènent des capitaux dont les pays sont demandeurs, le peu de sensibilité de certains
opérateurs à la conservation et à l’exploitation durable des forêts de la sous-région n'est pas non
plus un facteur favorable au développement durable des pays, à l'engagement de dialogues et d'une
collaboration avec les services gouvernementaux ainsi que des organismes de conservation pour la
mise en œuvre de stratégies d'exploitation durable. Quelques réajustements semblent toutefois se
faire jour, par exemple dans le cas de Shimmer International au Cameroun (remontée des
diamètres minimaux, diminution du nombre d’espèces prélevées; Debroux et Karsenty, 1997).
D’autres opérateurs, du fait de la pression croissante dont ils sont l'objet par les opinions
publiques, les bailleurs de fonds et les clients de leurs pays d'origine, semblent devenir de plus en
plus sensibles à la mise en place d'une exploitation plus respectueuse des environnements
biologiques et humains dans lesquels ils travaillent. Mais cette évolution, dans le sens des nouvelles
législations nationales, ne fait que débuter.

D'autres facteurs d'espoir pour une exploitation durable sont aussi perceptibles dans l'évolution en
cours des législations et des politiques forestières (voir chapitre 5) ainsi que dans divers projets et
programmes destinés à promouvoir une exploitation industrielle durable. Par exemple, divers plans
d’exploitation forestière durable sont en cours de préparation ou de mise en place dans plusieurs
pays d’Afrique Centrale avec l'appui de la Coopération Française, en particulier au Cameroun (l'un
des premiers exercices de ce type étant le projet API-Dimako; voir Encart 3) et au Gabon. La
tendance actuelle est à la diminution des programmes de reboisement - déjà minimes - vers un
investissement accru pour la gestion des forêts naturelles, voire leur aménagement pour favoriser
la régénération des essences commerciales.
64
Encart 3 : Projets "API-Dimako" (1992-1996) et "Forêts et Terroirs" (1997-2000)

L'un des tout premiers projets destinés à favoriser la mise en place de pratiques d'exploitation forestière durable
en Afrique Centrale fut le Projet Aménagement Pilote Intégré de Dimako (API-Dimako), au Cameroun. Il a
bénéficié d'un financement français du Fonds d'Aide et de Coopération (FAC) et de l'appui technique du
Département Forêt du Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement
(CIRAD-Forêt) et de l'Office National des Forêts (ONF), qui ont oeuvré en collaboration avec la partie
camerounaise et un exploitant forestier, la Société Forestière et Industrielle de la Doumé (SFID).

Ce projet a contribué à tester divers modes d'aménagement durable des massifs forestiers, en tenant compte des
contraintes écologiques, économiques, sociales et culturelles locales. Cette démarche avait en particulier pour but
de tester des modalités d'application du nouveau cadre législatif forestier camerounais et de concrétiser
l'association des populations rurales à la gestion forestière, notamment par la création de forêts communautaires.

Le Projet API-Dimako a permis d'élaborer un plan d'aménagement de 5 unités forestières portant sur 4.500 km2.
Les modalités de gestion proposée visent d'une part au maintien de la biodiversité et à l'approvisionnement à
long terme d'entreprises forestières industrielles, et d'autre part à promouvoir un système de droits et
d'obligations mutuelles entre les utilisateurs des ressources qui implique davantage les populations dans la
gestion des forêts. Le volet forestier a mis l'accent sur l'application des résultats de recherche sylvicole en forêt
dense africaine et la mise en place d'un dispositif de suivi des interventions sylvicoles. A travers des études de
terroirs villageois, le volet rural a permis de mieux comprendre les multiples relations qu'entretiennent les
populations avec la forêt.

Sur la base des acquis d'API-Dimako, le nouveau Projet Forêts et Terroirs a pour objectif global de mettre en
oeuvre le plan d'aménagement forestier finalisé en 1995, de tester les conditions d'application de la loi forestière
de 1994, de contribuer à la formation des agents du service forestier qui seront chargés du classement et de
l'aménagement des forêts et de mettre au point des procédures adaptées. La sécurisation foncière des populations
rurales, notamment à travers la création et la gestion négociée de forêts communautaires, est un élément clef de
cette démarche.

L'adoption du nouveau code forestier et du décret de zonage du Cameroun forestier, l'introduction du concept de
forêt communautaire dans la législation, ouvrent de nouvelles perspectives de gestion des ressources forestières
que ce projet s'attachera à concrétiser sur le terrain, en concertation avec les divers acteurs en présence.
L'application de la nouvelle législation doit se traduire sur l'ensemble du pays par le classement et
l'aménagement de vastes superficies. Le Projet Forêts et Terroirs contribuera à la formation des compétences et à
l'élaboration des outils méthodologiques nécessaires. D’autres projets vont dans le même sens, au Cameroun
comme dans les pays voisins. Une synergie sera souhaitable entre toutes ces initiatives afin de démultiplier les
effets de ces projets pris isolément.

Auteur: C. Doumenge
Sources: Fiches de présentation du CIRAD-Forêt

D’autre part, le gouvernement de Guinée Equatoriale a aussi exprimé sa volonté de limiter la


production annuelle à 400.000 m3. Chacun des pays de la sous-région devrait fixer ce type de
limite annuelle au regard des capacités de charge de ses ressources forestières. Mais cette limite de
400.000 m3 a été largement dépassée en 1997 (avec 757.174 m3 abattus), du fait du manque de
contrôle des activités forestières, ce qui pose le problème de la volonté politique d’application de
cette résolution.
65
Parmi d'autres initiatives de portées nationale ou régionale pour une exploitation durable, on peut
mentionner l'appui aux gouvernements d'organismes internationaux, tels que l'OAB et le CIFOR
(Centre pour la Recherche Forestière Internationale), pour la définition de critères et indicateurs
de "durabilité". Diverses démarches sont aussi en cours dans l'optique de la certification du bois.

Il est difficile de prévoir si cette tendance va dominer ou si le règne de la finance prendra le pas sur
les initiatives d'exploitation durable. Il n'est toutefois pas inutile de rappeler ici qu'"en se référant à
des analyses de marchés très poussées en Europe, au Japon et aux Etats-Unis, on est arrivé aux
conclusions suivantes: dans les prochaines années, un code moral, un engagement moral et une
bonne performance en ce qui concerne l'environnement feront partie intégrante de la stratégie des
sociétés et deviendront aussi l'unique moyen de dépasser la concurrence et de restaurer cet
avantage marketing si recherché." (Capra & Pauli, 1995, in Elliott, 1996). Cela pourrait stimuler
une démarche de certification (label vert) et constituer l'un des moteurs à la rationalisation des
pratiques.

4.2 - Bois-énergie

Dans toute l'Afrique Centrale, le bois est la principale source d'énergie. Pour l'ensemble des 3 pays,
la production de bois-énergie dépasserait les 15.000.000 m3 (Tab. 10), soit près de 3 fois la
production de grumes. En région forestière, si l’approvisionnement s’effectue en partie dans les
forêts naturelles de la zone agricole en périphérie des villages, la plupart provient des plantations
vivrières et des jachères. Cela ne semble poser quelques problèmes qu’autour des agglomérations
importantes, du fait de prélèvements accrus sur les jachères - contribuant à leur appauvrissement -
et sur les forêts secondaires ou primaires périphériques, ainsi que dans les zones rurales très
peuplées, par ailleurs largement déforestées pour les besoins agricoles. Dans l’Ouest et le Nord-
Ouest du Cameroun, une bonne partie de l’approvisionnement provient de plantations
d’Eucalyptus. Les déchets de l'industrie du bois sont rarement valorisés.

En bordure de la région forestière et en savane, le problème de la collecte de bois de feu est plus
aigu mais, hormis les estimations et constatations générales présentées ci-dessus, nous ne
disposons pas d’informations suffisamment précises pour évaluer la contribution de cette activité à
la déforestation et à la dégradation forestière.

Le bois-énergie est utilisé tel que, sous forme de bois de feu, ou après transformation en charbon
de bois. C'est la principale source d'énergie dans les campagnes. Elle est encore très importante
dans les villes où le gaz, et dans une moindre mesure l'électricité, sont malgré tout utilisés. Mais
ces sources d'énergie restent chères, nécessitent l'achat d'appareils coûteux et ne sont pas toujours
disponibles en continu. Seuls les ménages relativement aisés peuvent se permettre d'utiliser le gaz
ou l'électricité.

Tableau 10 : Estimation de la variation de production de bois-énergie au Cameroun, au


Gabon et en Guinée Equatoriale entre 1985 et 1995

Pays Production (m3)


1985 1995
66
Cameroun 9.433.000 12.332.000
Gabon 1.759.000 2.357.000
Guinée Equatoriale 447.000 447.000

Source: FAO (1990-1998).

Bois et charbon de bois sont des sources privilégiées d'énergie pour les usages domestiques, pour
faire cuire les aliments, sécher et fumer le poisson ou la viande, faire bouillir les noix de palme
pour l'extraction de l'huile, distiller des alcools, préparer des médicaments et des potions, s'éclairer
et se chauffer, etc.

Le commerce de bois-énergie est intense aux abords et en direction des grandes agglomérations.
Ce secteur fait vivre bon nombre de personnes. Au Cameroun, par exemple, il génèrerait environ
40.000 emplois (Fomete et Tchanou, 1998). C'est donc une activité non négligeable dans le cadre
des économies nationales.

4.3 - Bois de service

Le bois est le matériau de construction le plus utilisé, en particulier dans les zones rurales. Dans
toute la zone forestière, la plupart des maisons d'habitation sont constituées d'une armature de
piquets de bois sur laquelle est plaquée de la terre argileuse (poto-poto armé). Ce bois de service
est en majorité tiré des jachères et des formations forestières naturelles plus ou moins
secondarisées. Les habitants ne font appel aux chevrons et aux planches dans des proportions
notables qu'à proximité d'une scierie. Par contre, dans les grandes villes, le béton prédomine,
même si les habitations de type rural y subsistent dans les quartiers défavorisés.

Hormis pour la construction des habitations, de nombreux arbres ou arbustes sont utilisés
artisanalement pour divers usages: fabrication de pirogues, de petits meubles (chaises,
tabourets,...), de manches d'outils, de pilons et mortiers, d'instruments de musique, etc.

Là encore, les informations à notre disposition ne permettent pas de brosser un tableau plus précis
de ce secteur et de son impact sur les ressources forestières. Cet impact reste généralement peu
visible et n’est à priori que peu important à l’échelle globale. Il se surajoute plutôt à la
déforestation d’origine agricole.

4.4 - Produits forestiers non ligneux

Dans la zone forestière, l’essentiel des produits forestiers non ligneux commercialisés par les
paysan(e)s provient de la collecte, tant dans les forêts primaires que secondaires ou même dans les
recrûs. Ce secteur n'est que partiellement monétarisé, par l’intermédiaire de productions très
prisées dans les pays mêmes ou qui présentent un intérêt pour le commerce international. C'est un
secteur économique de grand potentiel, en pleine expansion, en particulier au Cameroun.

67
Forêts primaires et forêts secondaires recèlent de nombreux produits forestiers non ligneux.
Comparativement aux forêts primaires, les forêts secondaires procurent une diversité inférieure de
produits, des produits différents mais en densité souvent plus importante que dans les forêts
primaires. Camerounais, gabonais aussi bien qu'équatoguinéens utilisent de nombreux produits
forestiers non ligneux: plantes alimentaires, plantes médicomagiques, miel, rotins, feuilles
d'emballage, etc. Ces produits sont fondamentaux pour la bonne marche des économies
villageoises.

La Guinée Equatoriale est celui des 3 pays où le commerce de produits forestiers non ligneux est
le moins développé; le Cameroun, celui où la tradition commerciale est la plus ancienne et les
circuits de commercialisation les mieux établis. Dans ce pays, d’importantes quantités de produits
forestiers sont vendues dans la zone forestière et ses abords, ce qui représente plusieurs millions de
Francs CFA (Tab. 11). Les femmes sont plus impliquées dans leur commercialisation que les
hommes.

Il est intéressant de noter que les coûts de commercialisation, ainsi que les risques pris et le travail
investi par les vendeurs et vendeuses, sont couverts de façon adéquate par les marges
bénéficiaires; le transport étant le principal coût auquel ils doivent faire face. Le commerce des
produits forestiers non ligneux est même plus profitable que celui des produits vivriers. Ces
conclusions, tirées d’une étude réalisée au Cameroun (Ndoye, 1995), pourraient s'avérer valables
pour les 3 pays.

Il faut aussi noter que les marchés transfrontaliers permettent de générer des sources de revenus
plus importantes qu’à l’intérieur du pays et que certains de ces produits sont déjà exportés vers
l'Europe, comme le safou et le koko ou les rotins. Un marché international existe déjà, qu'il serait
possible de développer plus avant. Parmi les principaux produits commercialisés dans la sous-
région, on peut citer: le safou (fruit du Safoutier, Dacryodes edulis), la noix de Cola (Cola
acuminata), les graines de Mangues sauvages (Irvingia spp.), les feuilles de Koko (Gnetum spp.),
les graines du Noisetier d'Afrique (Coula edulis), etc. Au Cameroun, viennent aux premiers rangs:
le safou, la noix de Cola, les graines d’Essessang (Ricinodendron heudelotii) et de Manguiers
sauvages (Tab. 11).

Seuls, le Safoutier et le Cola sont domestiqués, plantés dans les jardins de cases et les agroforêts.
D’autres fruitiers sauvages peuvent se rencontrer dans les parcelles autour des habitations mais ils
ne sont généralement pas plantés volontairement. Des graines jetées là ont pu germer et faire
ensuite l’objet d’une protection contre les animaux domestiques: ce sont les seuls soins qu’on leur
prodigue. C'est, par exemple, le cas des Manguiers sauvages, dont les graines sont très prisées
mais qui sont rarement plantés dans les villages ou les agroforêts. On ne trouve des arbres plantés,
voire greffés, que dans l'Ouest du Cameroun et surtout au Nigeria voisin. Dans ce dernier pays, la
recherche sur les fruitiers sauvages est plus ancienne que dans ceux de la sous-région et a déjà
produit des résultats encourageants. Au Cameroun, on constate toutefois un début de plantation
de certaines espèces car la valeur marchande de ces productions y devient incitative. Un Centre de
biotechnologies étudie la sélection de Safoutiers exempts de virus ainsi que leur propagation
végétative.

Tableau 11 : Principaux produits forestiers non ligneux commercialisés au Cameroun

68
Espèce Production
(T) (FCFA)
Fruits de Safoutier 91,0 18.100.000
Graines de Cola 32,6 15.600.000
Graines d'Essessang 27,0 34.800.000
Graines de Mangues sauvages 21,7 22.500.000

Note: enquête de 16 % des commerçants sur 31 marchés de la zone humide camerounaise. Source: Ndoye
(1995).
Parmi les autres produits forestiers non ligneux, il convient de mentionner les tiges de Rotins, les
feuilles et la sève de Raphias ainsi que les plantes médicomagiques. Ces dernières sont utilisées par
tout le monde, soit de manière courante soit épisodiquement. Il en existe une très grande variété
d'espèces, dont certaines font déjà l'objet d'un commerce international fructueux. C’est, par
exemple, le cas des écorces de Muéri ou de Pausinystalia yohimbe, commercialisées depuis le
Cameroun vers l'Europe. Une usine de traitement des écorces de plantes médicinales,
PLANTECAM, traite environ 300 T d’écorces de Mueri par an. Elles sont récoltées sur les flancs
du Mont Cameroun, à 40 % par des équipes de PLANTECAM et pour le restant par des
contractuels. Le Ministère de l’Environnement et de Forêts (MINEF), le Projet Mont Cameroun et
PLANTECAM déploient actuellement des efforts pour former et associer les villageois à une
exploitation plus rationnelle des Mueri car l’exploitation illégale et l’écorçage total des arbres
menacent la pérennité de la ressource (Fomete & Tchanou, 1998).

La diversité et les potentialités des plantes médicinales des forêts denses humides font d'ailleurs de
plus en plus l'objet de recherches de la part de grandes firmes pharmaceutiques. Au Gabon, on
s'intéresse ainsi beaucoup aux potentialités de l'Iboga (Tabernanthe iboga). Un projet, le Projet
Biodivalor, est aussi en cours de mise en place pour la recherche de substances végétales actives
dans les forêts du pays, en partenariat entre l’Institut de Pharmacopée et de Médecine
Traditionnelle (IPHAMETRA), l’Institut de Recherche en Ecologie Tropicale (IRET), une ONG
(ProNatura International) et le secteur privé. Ceci constitue des opportunités à la diversification de
la valorisation des forêts.

Malgré les initiatives soulignées ici, les investissements dans la recherche pour la domestication et
le développement des productions forestières alimentaires ou médicinales sont insuffisantes au
regard de l’importance de ces productions dans les économies nationales ainsi que des enjeux
internationaux prévisibles. Depuis quelques années, en particulier dans le cadre de la préparation
des PAFT nationaux (Programme d’Action Forestier Tropical), des informations sur l’importance
socio-économique des produits forestiers non ligneux ont été collectées. Les décideurs et les
acteurs du développement en général sont devenus plus attentifs aux enjeux de ce secteur. Mais
des études chiffrées manquent encore pour mettre plus clairement en évidence cette importance et
définir des stratégies d’investissement adaptées (voir 4.7).

4.5 - Produits de la chasse et de la pêche

4.5.1 - Chasse

69
La viande de chasse est la principale source de protéines animales dans les 3 pays: elle couvre
généralement entre 70 à 90 % des besoins, surtout en zone rurale et dans l'intérieur des terres
(Sournia et al., 1994). Il existe un réel engouement culturel pour la viande de brousse. Au Gabon,
par exemple, la consommation de gibier est d'ailleurs un véritable phénomène de société. La
consommation nationale s’élèverait à environ 17.500 T/an pour un total de 14.500.000.000 FCFA
d’avant la dévaluation (soit 50.000.000 $US; Steel, 1994). La consommation par personne
s’élèverait à 17,2 kg/an, soit 2 fois celle du boeuf. Tous les animaux sont potentiellement
consommables, même s'il existe divers types de restrictions culturelles pour tel ou tel groupe, ou
telle personne, durant des périodes plus ou moins longues de leur vie.

De plus, dans la zone forestière, les gens manifestent généralement peu d'intérêt pour l'élevage.
Les animaux qui divaguent dans les villages peuvent plutôt être considérés comme du "gibier de
village" plutôt que de véritables animaux domestiques, car ils se débrouillent le plus souvent pour
trouver eux-mêmes leur nourriture et ne sont pas l’objet de soins attentifs. Tout cela accentue la
pression sur la ressource forestière.

La chasse est une activité masculine, pratiquée de plus en plus largement, en particulier en période
de crise économique, car elle permet de se procurer rapidement d'importantes sources de revenus,
à la demande, avec un investissement de départ minimum. La chasse pour la consommation
familiale n'est généralement pas une menace pour la faune forestière, sauf dans les zones très
densément peuplées... où les forêts elles même tendent à disparaître (autour des agglomérations ou
dans les zones rurales très peuplées comme dans l'Ouest du Cameroun). La chasse commerciale
pour le ravitaillement des grandes villes est la plus destructrice. Elle pénètre de plus en plus en
profondeur dans les forêts, suivant les voies d'exploitation forestière. Les circuits de chasse
commerciale sont généralement bien organisés et bénéficient de la bienveillante neutralité, quand
ce n’est pas de la participation active en tant que commanditaire, des autorité politico-
administratives à tous les niveaux.

Rongeurs, Antilopes et Singes sont les animaux les plus chassés. En Guinée Equatoriale
continentale, une étude a mis en évidence que les espèces les plus fréquentes sur les marchés
étaient le Céphalophe bleu, le Rat d'Emin (Cricetomys emini) et l'Athérure (Atherurus africanus);
les 2 premières espèces totalisant plus de 50 % des carcasses (Juste et al., 1995). Deux espèces
semblent chassées au-delà des capacités productives du milieu: le Hocheur (Cercopithecus
nictitans) et le Céphalophe bai (Cephalophus dorsalis; Fa et al., 1995). On constate par ailleurs
un manque de disponibilité en viande de chasse dans tout le Nord-est du pays (région d’Ebebiyin),
où les forêts sont les plus dégradées et où la densité de population rurale est la plus élevée du pays
(J.E. Garcia, com. pers.). Le problème est plus important sur l’île de Bioko, où 5 Primates et
1 Antilope sont chassés au-delà des capacités de charge. Les pressions sont en effet généralement
plus importantes sur les îles et la faune y est plus originale et fragile. Ailleurs, des espèces sont
probablement chassées au delà des capacités de charge, mais le manque d'étude précise ne permet
pas encore de brosser un tableau général de la pression de chasse et de son impact sur la faune.
Les informations disponibles permettent toutefois d'affirmer que l'importance de cette chasse
commerciale devient préoccupante dans l'ensemble de la sous-région.

La pression de chasse est le premier facteur de disparition des Primates, bien qu’il semble que dans
le cas des Singes arboricoles ce premier facteur soit localement la destruction de l'habitat suite à
l’abattage des arbres et aux défrichements (Gautier-Hion, 1996). Les populations de ces Singes
peuvent survivre et repeupler les zones forestières chassées seulement si la pression de chasse
70
n'extermine pas totalement le peuplement animal, si la chasse est tournante ou si le repeuplement
est possible à partir de zones contigües encore riches en faune. Pour d'autres espèces, comme le
Céphalophe bleu ou les Rongeurs, les domaines vitaux sont suffisamment petits et les taux de
reproduction suffisamment importants, pour qu'elles puissent survivre même dans des zones très
chassées.

Des éléments de connaissances scientifiques, alliés aux connaissances empiriques des chasseurs
ruraux (rotation des zones de chasse) ainsi qu'à des techniques connues dans d'autres domaines
(par exemple, l'évaluation de l'impact par la mesure des captures par unité d'effort, pratiquée
depuis des décennies dans le domaine de la pêche), devraient permettre de définir de nouvelles
bases pour une chasse durable. Même si le fond culturel des populations forestières ne les porte
pas à l'élevage, les connaissances actuelles dans l'élevage des animaux domestiques et le
développement de projets pilotes pour l'élevage de gibier, constituent un autre aspect d'une
stratégie globale de gestion du potentiel faunique des pays de la sous-région (Feer, 1996). Pour
avoir quelque chance de succès, ces élevages doivent être considérés en priorité autour des grands
centres de consommation et dans les zones rurales très peuplées, où les écosystèmes naturels ont
pratiquement disparu.

Ces actions doivent être complétées par des mesures de contrôle plus efficaces du commerce à
l’entrée des villes, des actions d’information-sensibilisation, en complémentarité avec une gestion
rationalisée des territoires de chasse en milieu forestier rural. Malheureusement, la volonté
politique pour le développement d’une stratégie sur la chasse fait encore défaut dans les pays de la
sous-région. Il n’est besoin que de constater le peu d’actions concrètes qui a suivi la tenue du
Colloque national sur le braconnage, qui s’est tenu au Gabon en 1994.

Outre les trafics d'animaux vivants - difficiles à évaluer -, il convient de mentionner le braconnage
meurtrier qui sévit pour la fourniture de sous-produits tels que l'ivoire (Eléphant) ou, dans une
moindre mesure, les peaux (Félins tachetés, quelques Reptiles, etc.). Si les réseaux de trafic
d’ivoire sont encore bien organisés, il ne semble pas en être de même pour le trafic des peaux
(P. Christy, com. pers.). Les principaux bénéficiaires en sont des trafiquants internationaux et les
divers intermédiaires locaux ainsi que certains responsables administratifs. Les grands perdants de
ces trafics sont, d'un côté, les chasseurs du début de la chaîne et les populations rurales, et, de
l'autre côté, les Etats (Sournia et al., 1994). D'autres animaux sont aussi abattus pour la
fabrication de médicaments traditionnels (Gorilles, etc.) mais, là encore, l’importance de ce trafic
est difficile à évaluer.

Malgré un début de prise de position commune des représentants des pays d'Afrique Centrale
concernant l'Eléphant lors d’une récente réunion de la CITES, la concertation et la coordination
entre états voisins de la région devrait être renforcée pour la mise au point de politiques, de
législations et d'actions communes et efficaces en la matière. La CEFDHAC pourrait fournir ce
cadre de discussion, en préalable à des actions concertées.

4.5.2 - Pêche

Une bonne couverture forestière est garante de la protection adéquate des bassins versants et de la
qualité des eaux. Par cet intermédiaire, les forêts jouent un rôle indéniable dans le soutien aux
71
activités de pêche continentale mais aussi à la pêche côtière maritime. De la bonne santé des
mangroves dépend par exemple celle de la pêche à la crevette. Le bois des mangroves et des forêts
côtières est aussi utilisé pour le fumage d'une partie de la production.

La pêche dans les cours d'eau forestiers fournit un complément à l'alimentation protéique des
populations rurales. Elle peut être commercialisée localement mais ne l'est de façon importante que
dans les zones de lacs, lagunes et grands fleuves. Une pêche artisanale en mer est aussi pratiquée le
long des côtes de la sous-région. La pêche industrielle et la pisciculture sont par contre peu
développées.

Généralement, ce secteur est donc peu développé alors qu’il pourrait fournir une part plus
importante des apports protéiques. Il pourrait procurer des alternatives à la chasse mais la pêche
maritime, même artisanale, présente des risques, requiert un investissement de départ qui peut
s’avérer important pour les futurs pêcheurs et demande une bonne organisation. Les populations
ayant une culture de pêche ne sont pas non plus très nombreuses le long des côtes de la sous-
région. La différence avec les conditions de la chasse (culturellement largement intégrée, ne
nécessitant qu’un faible investissement, modulable en fonction des besoins, présentant de faibles
risques) fait que la pêche ne peut être promue sans une bonne réflexion préalable et un travail de
fond. En supposant que cela fonctionne, il ne faut pas oublier les dérapages possibles de
surexploitation, même si, au contraire de la chasse, la marge de croissance est encore importante.

4.6 - Tourisme

L'industrie touristique est devenue ces 30 dernières années la plus grosse industrie à l'échelle
mondiale. Parmi les touristes circulant autour du globe, la majeure partie est à la recherche
d'expériences en relation avec la nature. Malgré ce vaste potentiel, les pays de la sous-région n'ont
pas encore pleinement valorisé leurs richesses écotouristiques, en particulier dans le milieu
forestier. Du fait de la médiocrité des plages, du manque de monuments anciens et de l’absence de
complexes touristiques, sans compter la grisaille du ciel en saison sèche, le tourisme dans nos
3 pays ne peut être développé que sur la base d’un "potentiel naturel sauvage" et des "cultures
traditionnelles authentiques": un écotourisme localement intégré, procurant des sensations fortes,
vraies, uniques (Encart 4).

Les seuls chiffres que nous ayons pu obtenir, ceux sur le Cameroun, montrent que la fréquentation
des parcs et réserves du pays a baissé de moitié en une dizaine d’années, passant de 9.933 visiteurs
en 1986-87 à 4.905 visiteurs en 1995-96 (Culverwell, 1997). Les raisons principales résident dans
la dégradation généralisée de la situation économique, la baisse de l’image de marque des pays,
l’insécurité croissante et l’augmentation du nombre de destinations possibles. On constate aussi
que les sites forestiers sont beaucoup moins attractifs que les sites de savane: + 200 visiteurs à
Korup, dans le Sud-ouest forestier du pays, contre 3.607 à Waza, dans l’extrême Nord. Les faunes
de savane, bien que moins diversifiées que celles de forêts, sont spectaculaires (Eléphant, Lion,
Girafe, Rhinocéros), parfois en grands troupeaux impressionnants et plus facilement visibles que
les animaux forestiers. Le tourisme en région forestière doit donc être considéré en
complémentarité avec le tourisme de vision dans les formations herbeuses, bien qu’il présente
plusieurs atouts de valeur: arbres impressionnants, formes végétales particulières, diversité de la
faune et rareté de certaines espèces (par exemple, Gorille et Picatharte).

72
A court terme, seul le tourisme aux Gorilles est susceptible d’attirer des clients prêts à payer le
prix affiché quelles que soient les conditions mais avec la certitude de voir les animaux attendus.
La demande pour ce type de tourisme dépassant en effet l’offre actuelle (C. Aveling, com. pers.).
Des efforts de développement du tourisme aux Gorilles sont en cours dans les Parcs nationaux de
la Lopé (Gabon), du Mont Alén (Guinée Equatoriale) et d’Odzala (Congo); ce dernier site avait
déjà accueilli ses premiers clients lorsque les activités ont dû être suspendues. L’essentiel de
l’expérience acquise sur ce type de tourisme provient de la RDC et de l’Ouganda voisin. Dans l'Est
de la RDC (Sud-Kivu), avant les événements qui ont bouleversé la vie politico-économique du
pays, une estimation rapide et assez conservatoire des recettes moyennes dérivées du tourisme aux
Gorilles dans le Parc National de Kahuzi-Biega donnait 240.000-360.000 $US/an (Consulat du
Gabon en Lombardie et al., 1994). Dans le Parc national des Virunga (Nord-Kivu, RDC), la visite
régulière de 3 familles de Gorilles aurait rapporté plus de 500.000 $US en 1991 (C. Aveling, com.
pers.). Tout cela, sans compter les devises destinées aux frais de transport, au logement, à la
nourriture, à l'achat de souvenirs, etc., qui ne sont pas comptabilisées par les gestionnaires des
parcs mais qui participent au développement de la région et du pays.

La mise en place d'un tel tourisme suppose que l'habitat des Gorilles ne soit pas trop perturbé par
les activités humaines (chasse, exploitation forestière) et que les animaux puissent être mis en
confiance. Conditions qu’il n’est pas toujours facile de trouver dans la sous-région. Il faut aussi
que le caractère naturel de leur habitat soit préservé, afin que leur découverte sur le site même
apporte d'autres sensations aux visiteurs que la vision des animaux dans un parc zoologique.

Malgré ces atouts biologiques certains, le développement de l'industrie touristique dans la sous-
région se heurte encore à de nombreux problèmes (voir, par exemple, Sournia, 1995). On peut
citer, sans que cette liste ne soit malheureusement exhaustive: l'absence de volonté politique
clairement affirmée au plus haut niveau, l'absence de définition d'un produit avec une image de
marque facilement perceptible par les clients potentiels, la difficulté à valoriser les atouts
biologiques des zones forestières pour les touristes moyens, l'image de marque des pays quant à la
stabilité politique et à la sécurité des touristes, le coût élevé des transports, de l'hébergement et de
la restauration, l'absence de promotion à l'étranger, le peu d'efficacité des agences de voyage, les
tracasseries administratives, le manque de culture de service et sa faible efficacité, les problèmes
d'infrastructure hôtelière en particulier dans l'intérieur des pays, les difficultés de déplacement et le
manque de fiabilité des transports, les difficultés de communication téléphonique, la nécessité de
concevoir des circuits touristiques traversant les frontières, la présentation de produits spécifiques
à la région, les difficultés de développement de l’écotourisme dans les contextes humains locaux,
etc. Ces problèmes ne sont toutefois pas insurmontables, comme en témoignent les intéressantes
tentatives de développement du tourisme de nature dans la Réserve de Dzanga-Sangha (RCA),
dans le Parc National de la Lopé ou ceux de Korup, du Mont Alén et d’Odzala. Ces expériences se
doivent d’être poursuivies.

Dans ce domaine touristique, les Etats se doivent de définir une stratégie à moyen-long terme tout
en préservant sur le court terme le potentiel naturel actuel. Les efforts devraient être mieux
concertés entre différents partenaires du secteur public et privé. Une certaine valorisation
touristique des forêts de la sous-région est possible bien qu'il faille garder présent à l'esprit que les
résultats du Kenya, de la Tunisie ou de l'Afrique du Sud sont actuellement hors d'atteinte.

73
4.7 - Recherche et formation

Si la recherche forestière a un rôle a jouer dans la valorisation de la biodiversité, c'est d'abord à


travers les investissements nationaux et internationaux qu'elle peut attirer mais surtout car elle se
situe en amont du système socio-économique lié aux forêts. Elle est la plus active au Cameroun,
en particulier dans le domaine des plantes alimentaires, pays qui est aussi celui ayant développé le
plus important secteur privé national dans le domaine agroalimentaire.

Toutefois, qu'il s'agisse du Cameroun ou des 2 autres pays, il faut remarquer que ce secteur est
très peu développé. Il devrait pourtant devenir une priorité nationale car l'avenir de l'indépendance
intellectuelle, politique et économique des pays en dépend (satisfaction des besoins nationaux,
indépendance intellectuelle, valorisation des savoir-faire, brevets, commerce national et
international). Les connaissances scientifiques apportent une valeur ajoutée aux richesses
biologiques nationales. Les enjeux sont en effet de plus en plus importants au niveau international,
en particulier concernant les découvertes pouvant donner lieu au dépôt de brevets (plantes
alimentaires, plantes médicinales). De plus, l’autodéveloppement des pays et de la sous-région
dans son ensemble ne deviendra une réalité que lorsqu’il pourra être nourri par un tissu scientifique
et technique suffisamment important. Sans cela, la dépendance structurelle envers des pays plus
avancés persistera.

Etant donné les contextes environnementaux, socio-économiques et légaux sous-régionaux,


l’accent devrait être mis sur l’écologie forestière et celle d’essences commerciales, la régénération
forestière après exploitation industrielle, la domestication de fruitiers, la gestion des populations
naturelles de plantes médicinales et leur domestication, l’analyse de propriétés pharmacologiques
et le développement de préparations médicales. Mais cela n’est pas tout, car généralement les
résultats de la recherche sont encore très mal valorisés auprès des acteurs du développement et des
décideurs. Un vide persiste dans ce domaine, que des projets tels que FORAFRI (Projet de
capitalisation et transfert des recherches menées dans les Forêts denses humides d’Afrique) ou le
PRGIE (Projet Régionale de Gestion de l’Information Environnementale) tentent de combler à
leur manière.

La sous-région renferme plusieurs centres de formation nationaux connus: Université de Dschang


et Ecole de Faune de Garoua (Cameroun), Ecole Nationale des Eaux et Forêts (ENEF, Gabon).
Ces institutions nationales se veulent de portée régionale mais il n’existe pas d’école réellement
régionale qui soit commune à plusieurs pays. Des programmes de coopération appuient ces
institutions dans leur fonctionnement mais, généralement, les potentialités humaines et matérielles
de formation sont encore très insuffisantes et mal coordonnées entre les pays. De plus, même si les
programmes tendent à évoluer en parallèle aux politiques forestières (chapitre 5), ces efforts
doivent être renforcés afin de mieux cadrer aux réalités de la sous-région. Face aux nouveaux défis
de la conservation et de l’exploitation durable des forêts naturelles, la formation forestière doit
être renforcée dans des domaines tels que l’aménagement et l’inventaire forestier, l’écologie
forestière, la gestion communautaire, la négociation, la résolution de conflits et la préparation
d’accords de cogestion, la planification, le suivi et l’évaluation des actions de conservation et
d’exploitation, etc.

4.8 - Usages alternatifs des terres forestières


74
Les terres forestières font l'objet de nombreuses convoitises pour un usage alternatif, soit du fait
du besoin d’espace pour d’autre activités, soit du fait de la richesse des sols forestiers. Ces usages
impliquent la destruction plus ou moins complète et plus ou moins permanente de la couverture
forestière. On peut citer: le développement de zones d'habitation ou d'infrastructures (routes,
chemins de fers, barrages), les plantations vivrières et les agroforêts, les plantations commerciales
villageoises (café et cacao) ou industrielles (hévéa), les plantations forestières après défrichage de
la forêt préexistante, les pâturages (surtout au Cameroun ainsi qu'à Bioko), l’exploitation minière
(orpaillage en milieu forestier, qui cause des problèmes locaux quant à la turbidité des eaux et leur
pollution; possible exploitation des minerais de fer de Bélinga, au Gabon) et pétrolière (impacts
relativement limités pour les infrastructures mais création de voies de pénétration et dangers de
pollution; dangers de pollution des mangroves), etc.

Ces usages alternatifs entrent dans le cadre du développement de la sous-région. Ils sont
nécessaires, mais l’application de la règle de précaution voudrait que cette conversion des forêts
ne soit entreprise qu’après évaluation des différents intérêts en jeu et en privilégiant l’utilisation
qui préserve le maximum de couverture forestière (voir, par exemple, Poore & Sayer, 1993). Les
décisions devraient aussi tenir compte de cadres de planification nationale de l’usage des terres
(voir chapitre 6) et, au moins pour des activités industrielles, être précédées d’études d’impact
adéquates. Ces études d’impact sont de plus en plus la règle pour l’exploitation pétrolière au
Gabon, par exemple. Des études d’impact sont aussi en cours au Cameroun pour des projets de
barrage et d’oléoduc. Ces efforts doivent être poursuivis.

75
Encart 4 : L'écotourisme

L’écotourisme, conçu en tant que tourisme écologique géré localement avec la particicipation des populations
résidentes, est un concept relativement nouveau. L’objectif principal de ce type de tourisme consiste à valoriser les
ressources naturelles locales par une exploitation touristique durable, respectueuse des contextes écologiques et
socio-économiques, permettant de générer des plus-values au bénéfice des populations locales. C’est donc tant un
outil de conservation que de développement économique.

La mise en place de projets d’écotourisme doit être précédée d’une évaluation du potentiel touristique, des moyens
à mettre en oeuvre - dont les besoins d’assistance technique - et du contexte culturel et socio-économique local.
Dès la conception du projet, il est indispensable de tenir compte des offres et des besoins en matière de ressources
humaines locales, des activités existantes sur le site et des acteurs impliqués, ainsi que des règles de gestion et
d’accès aux ressources naturelles, d’organisation des sociétés locales et de partage des coûts et des bénéfices des
activités économiques. C’est en tenant compte de ces données de base qu’un projet d’écotourisme peut avoir des
chances d’atteindre ses objectifs, à savoir: proposer un produit touristique en harmonie avec les réalités locales et
conçu d’abord au profit des communautés villageoises.

Valoriser les ressources humaines locales constitue la meilleure manière d’intégrer un projet d’écotourisme au
contexte local et d’y générer les plus-values attendues. Souvent, les emplois qui peuvent être pourvus localement
se cantonnent dans un premier temps à des postes d’exécution ou subalternes mais, à terme, si des formations
adéquates sont déployées, les postes à responsabilité peuvent être confiés aux ressortissants de la région. En
Afrique Centrale, l’insuffisance des capacités locales représente, dans la plupart des cas, un handicap sérieux au
succès des projets d’écotourisme. Mais surmonter ce handicap n’est pas suffisant. En supposant que le potentiel
touristique soit réel, il faut encore être en mesure d’engager les moyens nécessaires à sa mise en valeur sur le
moyen voire le long terme, et assurer sa promotion tant nationale qu’internationale.

L’Afrique Centrale ne manque pas d’atouts dans le domaine de l’écotourisme malgré des coûts de développement
et de fonctionnement relativement élevés. Certains essais sont prometteurs, notamment ceux entrepris par le
Programme ECOFAC sur les sites de la Lopé, au Gabon, et d’Odzala, au Congo. Ces expériences pourront sans
aucun doute fournir des indications précieuses pour le développement de l’écotourisme en Afrique Centrale.

Auteur: M. Fernandez

76
5 - LES CADRES LEGISLATIFS ET INSTITUTIONNELS

5.1 - Etat des législations

Les principaux textes de lois régissant les forêts, la flore et la faune ainsi que les aires protégées
sont relativement récents (Tab. 12). L’arsenal jurique est complété par les législations foncières,
dont les textes manquent parfois de cohérence entre eux et avec les textes forestiers. Les plus
anciens de ces derniers sont la Loi forestière gabonaise et la Loi sur la faune et les aires protégées
équatoguinéenne, datant respectivement de 1982 et 1988. Ces lois sont toutes deux en cours de
révision. Les autres textes sont récents, datant de 1994 à 1997. Dans les 3 pays, certaines de ces
lois ne possèdent pas de décrets d’application, ce qui nuit à leur mise en oeuvre sur le terrain et
ouvre la voie à une utilisation anarchique des ressources.

Tableau 12 : Principaux textes de lois régissant la gestion des forêts de la sous-région

Pays Principaux textes de loi


Cameroun Loi • Loi n° 94/01 du 20/01/94 régissant les forêts, la faune et la
pêche
Txt. appl. • Décret n° 95/466 du 20/07/95 fixant le régime de la faune
• Décret n° 95/531 du 23/08/95 fixant le régime des forêts
Loi • Loi n° 96/12 du 05/08/96 sur l’environnement
Txt. appl. • Pas de décrets d’application
Gabon Loi • Loi n° 1/82 du 22/07/82 d’orientation en matière des eaux et
forêts
Txt. appl. • Divers textes d’application réglementant l’exploitation
forestière
• Textes n° 184 à 190/PR/MEFCR du 04/03/87 et n° 678 et
679/PR/MEF du 28/07/94 relatifs aux aires protégées, à la
faune et à la chasse
Loi • Loi n° 16/93 du 26/08/93 concernant la protection et
l’amélioration de l’environnement
Txt. appl. • Pas de décrets d’application
Loi • Nouvelle loi forestière en préparation
Guinée Equatoriale Loi • Loi n° 8/1988 du 31/12/88 régissant la faune forestière, la
chasse et les aires protégées
Txt. appl. • Pas de décrets d’application
Loi • Loi n° 1/1997 du 18/02/97 régissant l’utilisation et la gestion
des forêts
Txt. appl. • Décret n° 97/1997 du 12/08/97 fixant l’utilisation et la
gestion des forêts
Loi • Nouvelle loi sur les aires protégées en préparation

77
Sources: Cameroun: Fomete & Tchanou (1998 et com. pers.); Gabon: Bourobou Bourobou & Ngoye (1998 et com.
pers.); Guinée Equatoriale: Micha Ondo & Ona Nze (1998 et com. pers.). Txt. appl.: textes
d’application
Le processus de préparation des lois est globalement le même dans les 3 pays. Les textes sont
d’abord préparés par les techniciens de l’administration premièrement concernée - une Direction
du Ministère en charge des forêts -, qui consulte plus ou moins les autres services de l’Etat
pouvant avoir une influence sur les terres ou les ressources en question, ainsi que d’autres acteurs
du secteur. Le texte passe ensuite en Conseil des Ministres puis devant l’Assemblée, qui peut
également apporter des modifications significatives (surtout dans le cas où l’enjeu politique est
important), avant d’être signé par le Président. En fonction des remarques ou des amendements
proposés par les uns ou les autres, les techniciens peuvent être amenés à produire successivement
plusieurs versions avant l’adoption finale par l’Assemblée.

Ce processus administratif et politique ne peut être considéré isolément des contextes socio-
politiques nationaux ou internationaux. Par exemple, la préparation et la tenue de la Conférence de
Rio sur la biodiversité, même si elle n’a pas encore tenu toutes ses promesses, a permis une
meilleure prise de conscience, à l’échelle mondiale mais aussi dans la sous-région, de l’importance
de la biodiversité pour le développement et la survie de l’Humanité, de son érosion et des
responsabilités humaines en jeu. En terme de législation et d’institutions, cela s’est par exemple
traduit par la création des services environnementaux ou la prise en compte de la biodiversité dans
les textes, mais aussi par l’émergence d’un secteur non-gouvernemental dans ce domaine.

Si ce secteur associatif et à travers lui les utilisateurs premiers des ressources forestières, est
encore peu associé formellement à la préparation et aux discussions sur les textes de lois
(Doumenge et al., 1994), cela tient à la fois à la méfiance réciproque entre administrations et ONG
mais aussi au fait que ce secteur associatif est souvent faible et mal organisé. On peut quand même
constater une tendance positive à l’implication de tous les acteurs dans des initiatives comme les
PAFT et PNAE (Plan National d’Action Environnementale), même si cela est encore insuffisant et
parfois réalisé de façon maladroite. Le processus de rédaction des textes de lois subit au contraire
l’influence de corps mieux structurés comme les bailleurs de fonds internationaux ou les
exploitants forestiers industriels.

Actuellement les notions d’exploitation durable, de forêt communautaire et de gestion locale des
ressources forestières, de conservation et de valorisation de la biodiversité, constituent le cadre de
fond de la plupart des discussions sur les politiques et les législations forestières. Les problèmes
d’application des textes sont aussi au centre de nombreuses préoccupations.

Dans chacun des pays, l’application des lois forestières est du ressort du Ministère en charge des
forêts. Des organismes techniques en constituent parfois le prolongement pour la mise en œuvre
de mesures particulières, comme l’ONADEF (Office National de Développement des Forêts) au
Cameroun (inventaires et aménagements, gestion des forêts de production classées, reboisement).
Ces organismes mais aussi l’administration dans son ensemble sont souvent peu efficaces. Ils
manquent fréquemment de personnel bien formés et motivés, en particulier sur le terrain, ainsi que
de moyens financiers et matériels dans la réalisation des tâches qui leurs sont confiées. Cela est
partiellement à mettre au compte du manque d’affectation de ressources au niveau des budgets
nationaux mais aussi à leur mauvaise utilisation. Les oppositions et les luttes d’intérêt fréquentes
entre les ministères et entre les services au sein d’un même ministère n’arrangent en rien la
situation.
78
Les changements institutionnels qui s’esquissent actuellement tendent à investir de plus en plus les
acteurs de terrain dans la gestion effective des ressources. Le rôle des services étatiques et
paraétatiques, combinant anciennement la préparation des législations, le contrôle de l’application
des lois et la gestion même des forêts, tends à se recentrer sur la préparation des textes et le
contrôle de leur application. L’appui technique éventuel aux exploitants et aux gestionnaires de
fait des forêts, les communautés locales et le secteur privé, ne devrait être que ponctuel. Ces
changements fondamentaux, s’ils sont menés à leur terme, devraient alléger certaines taches des
administrations et renforcer leur importance aux niveaux politiques, stratégiques et légaux ainsi
que dans les aspects de contrôle et de police.

Pour clore ce paragraphe de présentation générale, le tableau 13 résume l’état des engagements
internationaux des 3 pays. Le Cameroun est le pays signataire du plus grand nombre de
conventions internationales. A l’opposé, la Guinée Internationale n’en a signé que 2. Les seules
conventions signées par tous les pays sont celles sur la Biodiversité et la CITES (Convention sur le
Commerce International des Espèces Menacées de la Faune et de la Flore Sauvages).

Tableau 13 : Principales conventions et accords signés par les pays de la sous-région,


programmes et organisations dont ils font partie

Cameroun Gabon Guinée


Equatoriale
Convention
Biodiversité (Rio, 1992) + + +
Espèces migratrices (Bonn, 1979) + - -
CITES (Washington, 1973) + + +
Patrimoine mondial (Paris, 1972) + + -
Zones humides (Ramsar, 1971) - + -
Conservation de la nature en Afrique (Alger, 1968) + + -
Accord de coopération
Faune sauvage d’Afrique Centrale (Libreville, 1983) + + -
Milieux marins et côtiers d’Afrique de l’Ouest et + + -
Centrale (Abidjan, 1981)
Faune et flore du bassin du lac Tchad (Enugu, 1977) + - -
Organisation
OAB + + +
OIBT + + -
UICN + - +
Processus régional
CEFDHAC + + +
Réseau international
MAB - Réserves de la Biosphère + + -
Programme

79
PAFT + + +
PARAC + + +
Le seul pays ayant signé la Convention de Ramsar, le Gabon, ne l’a pas encore ratifiée. De plus,
les sites inscrits sur la liste Ramsar ne sont pas ceux ayant la plus grande valeur en tant que zone
humide (Schepers & Marteijn, 1992) et leur gestion n’en a pas été améliorée pour autant. Le
premier fait pose le problème de la volonté politique des états; le second pose celui des choix
techniques; le troisième, celui de la mise en oeuvre des conventions sur le terrain. Ces problèmes
se retrouvent à des degrés divers dans les 3 pays.

Si la signature de ces conventions internationales engage les états, les obligations associées ne sont
pas toujours bien connues ni comprises par les gestionnaires, au contraire de certains avantages
tels que des financements internationaux accrus ou une meilleure image de marque du pays. Un
important travail de sensibilisation et de formation des administrations est encore nécessaire dans
ce domaine.

Malgré cela, il faut souligner que chacun des pays de la sous-région a été influencé par le
processus de Rio concernant la biodiversité et les initiatives qui ont suivi (Encart 5). L’évolution
des législations vers une meilleure prise en compte des aspects de conservation des ressources
naturelles et de durabilité de leur exploitation en fournit la preuve. Par contre, l’influence de ces
pays, et de l’Afrique Centrale en général, sur les processus internationaux n’est pas à la hauteur de
l’importance biologique de la région ni de l’étendue des forêts (voir Chapitres 2 et 3). Des prises
de position concertées ou des initiatives communes dans le domaine forestier devraient être plus
systématiquement développées.

Un forum tel que celui de la CEFDHAC pourrait fournir un bon cadre de discussion souple à cet
effet. Ce forum présente de plus l’originalité d’être ouvert à des représentants des autres acteurs
du secteur forestier (exploitants privés, organisations de coopération et bailleurs de fonds, ONG).
Les aspects de conservation, d’aires protégées, d’utilisation multiple et durable des forêts
devraient être abordés en priorité dans le cadre de la CEFDHAC, en complémentarité avec les
questions plus directement liées à l’exploitation et au commerce de bois qui sont plutôt du ressort
de l’OAB. Cette dernière organisation développe ainsi une démarche d’identification de principes,
critères et indicateurs d’exploitation forestière durable pour le bois d’oeuvre, en collaboration avec
le CIFOR et d’autres acteurs locaux concernés. Elle pourrait aussi utilement fédérer des études et
des actions dans 2 domaines importants: le développement de stratégies d’industrialisation
adaptées aux pays ainsi que la promotion d’un commerce et d’une redistribution des revenus du
bois qui soient plus équitables et mieux gérés.

Les 3 pays de la sous-région ont préparé ou développent des PAFT nationaux. Sans entrer dans les
détails, si les résultats de ces PAFT ne sont généralement pas à la hauteur des espérances, il faut
souligner que les processus de préparation ont permis d’aider à l’émergence de politiques
forestières intégrant un peu mieux que par le passé des aspects de conservation et d’exploitation.
Comme au Cameroun, ils ont aussi favorisé des réformes institutionnelles. Si ces PAFT ont parfois
été surdimensionnés, avec un manque de cohérence interne entre les actions proposées ou avec des
priorités pas toujours nationales, le processus en cours au Gabon semble avoir bénéficié des
problèmes passés. Il semble plus participatif et orienté vers la sensibilisation des acteurs du
secteur, par exemple concernant la valeur des produits forestiers non ligneux. Les priorités
devraient découler des études et des discussions mises en place plutôt que proposées à la suite de
missions d’expertises, souvent relativement courtes et peu participatives. L’avenir nous dira si
80
cette approche du PAFT Gabon apporte de meilleurs résultats qu’au Cameroun ou en Guinée
Equatoriale.
5.2 - Forêts

Dans les 3 pays, les forêts appartiennent majoritairement à l’Etat qui peut, sous certaines
conditions, en confier la jouissance à des tiers ou permettre certains usages traditionnels. On
distingue un domaine forestier permanent et un domaine forestier non permanent ou rural. Ce
dernier recouvre en particulier les forêts et les terres forestières qui peuvent être allouées aux
collectivités locales. Le domaine forestier permanent se subdivise quant à lui en forêts de
protection (ou aires protégées) et forêts de production, attribuées ou mises en réserve.

Les politiques et les textes de lois évoluent vers une volonté plus nette de protéger et d’exploiter
durablement les ressources forestières. Ils s’orientent aussi vers la mise en place de concessions
forestières relativement vastes (Tab. 14).

Tableau 14 : Quelques dispositions concernant les conditions d’attribution des concessions


forestières dans la sous-région

Pays Conditions
Cameroun • Concession forestière: obligation de produire un plan d’aménagement et
de développement industriel dans un délai de 3 ans; convention
d’exploitation sur 15 ans renouvelable; superficie maximale d’une
concession ou du total des surfaces concédées à une société: 2.000 km2;
obligation d’installer une unité de transformation; jusqu’au 20 janvier
1999, obligation de transformer 70 % de la production (100 % après cette
date).
• Vente de coupe: par vente aux enchères; valable sur 3 ans non
renouvelable; superficie de 250 km2; réservée aux nationaux.
Gabon • Concession Forestière sous Aménagement Durable : obligation de
produire un plan d’aménagement et de transformation dans un délai de
(Projet de Loi) 3 ans; convention d’exploitation sur la durée d’une rotation renouvelable;
superficie entre 500 et 6.000 km2 pour une même société; obligation
d’installer une unité de transformation; obligation de transformer un % de
la production (sera fixé annuellement).
• Permis Forestier Associé: obligation de produire un plan
d’aménagement; permis pour 10 ans renouvelable; superficie inférieure à
150 km2; réservé aux nationaux; associé à une CFAD.

81
Guinée • Concession forestière: superficie de 300 à 500 km2; taille limite des
Equatoriale concessions de 500 km2 et 1 ou 2 concessions par société; obligation de
produire un plan d’aménagement; permis d’exploitation sur 15 ans;
obligation d’installer une unité de transformation; obligation de
transformer 60 % de la production.
• Concession forestière: superficie de 100 à 300 km2; obligation de
produire un plan d’aménagement; permis d’exploitation sur 10 ans;
obligation de transformer 60 % de la production.
• Concession forestière: superficie inférieure à 100 km2; obligation de
produire un plan d’aménagement; permis d’exploitation sur 5 ans;
obligation de transformer 60 % de la production.
Les forêts du domaine permanent sont généralement soumises à la préparation d’un plan
d’aménagement, ou le seront dans la nouvelle loi dans le cas du Gabon, intégrant des objectifs de
protection des écosystèmes et de durabilité de la production. Les textes actuels et futurs prévoient
aussi que l’attribution des concessions forestières destinées à l’exploitation industrielle du bois
d’œuvre soit soumise à l’approbation par l’administration d’un plan d’exploitation et
d’aménagement durable présenté par la société attributaire ainsi que d’un plan d’industrialisation.
Le délai de présentation du plan varie de 2 à 3 ans selon le pays. Diverses dispositions sont
prévues quant à la taille limite des concessions, le nombre de concessions qui peut être attribué à
une société, la durée de la concession, etc. (Tab. 14).

Si, dans le cas du Cameroun, il existe un canevas de plan d’aménagement des concessions, celui-ci
est encore à définir pour les 2 autres pays. Des projets sont en cours en ce sens. En Guinée
Equatoriale, par exemple, le Projet CUREF travaille à la définition du contenu du plan
d’aménagement type qui devra être présenté et mis en œuvre par les sociétés. Ces plans se basent
très généralement sur la nécessité de réaliser des inventaires précis de la ressource, de définir des
règles d'exploitation permettant sa régénération (intensité des abattages et temps de rotation, etc.),
de planification des infrastructures, voire d’actions de sylviculture, etc. Ils constituent une
traduction des volontés exprimées par les politiques forestières de gestion durable des ressources
forestières.

Leur mise en place pratique pose toutefois encore des problèmes techniques, mais surtout
économiques, sociaux et politiques: techniques à mettre en œuvre, intérêts à prendre en compte
(environnementaux et socio-économiques), superficies et temps de rotation, droits et
responsabilités respectives des acteurs en jeu, etc. Et pendant ce temps, des permis forestiers ou de
coupe sont attribués sans considération aucune pour la préservation des potentialités de la
ressource (Chapitres 4.1 et 6.2).

Pour accélérer le retour à des pratiques d'aménagement rationnel, la tendance est à la mise en place
de projets avec financements externes en appui aux opérateurs privés. La redistribution des rôles,
des droits et des devoirs, entre le secteur privé, les services étatiques et la coopération
internationale doit encore être clarifié. Nous en avons déjà parlé dans le paragraphe précédent, on
revient de plus en plus sur l’idée que l’Etat fait tout. Les services administratifs doivent mieux
travailler en partenariat et recentrer leurs activités pour promulguer les lois et règlements, évaluer
et officialiser les plans d'exploitation et d'aménagement, veiller à la bonne intégration de ces plans
dans un aménagement intégré du territoire, contrôler la bonne exécution des décisions et appliquer
les sanctions adéquates en cas de non respects des lois et règlements. Ils doivent affirmer plus

82
clairement leurs prérogatives et les assumer. Dans les futures concessions, l’exploitation et
l’aménagement durable pour la production de bois devraient rester du ressort des exploitants, à
réaliser directement ou en contractant certaines opérations.

Actuellement, la volonté politique d’augmenter la transformation locale s’exprime aussi dans les
3 pays. Le Cameroun prévoit par exemple d’atteindre l’objectif de 100 % de transformation en
1999. Mais, lorsque l’on sait que le pourcentage actuel n’est que d’environ 50 %, on peut se poser
la question du réalisme de cet objectif. Cette question est liée à la stratégie des investisseurs (à
court ou long terme) ainsi qu’à leur degré de confiance dans les systèmes politico-économiques,
qu’il s’agisse d’investisseurs nationaux ou internationaux.

Concernant la taxation, les législations prévoient maintenant qu’une partie des taxes forestières
puisse être versée aux communautés rurales exploitant leurs forêts communautaires ou aux
communautés riveraines des concessions forestières. Les revenus de l’exploitation des forêts
communautaires pourront aussi revenir aux communautés. Mais divers problèmes ne sont pas
encore résolus, en particulier concernant l’identification des récipiendaires, les mécanismes
financiers pour le versement des fonds et leur utilisation. La loi camerounaise prévoit que la taxe
d’abattage et 10 % de la taxe de superficie soient versés aux populations contiguës. La loi
équatoguinéenne a aussi prévu que 70 % des taxes relatives à la production dans les forêts
communales soient versées à des opérateurs économiques pour la réalisation des travaux au
bénéfice des communes. Le projet de loi du Gabon ne prévoit rien en ce sens.

5.3 - Flore et faune

Dans aucun des pays, il n’existe de politique claire pour la conservation et l’utilisation durable de
la biodiversité, en particulier la flore et les produits forestiers non ligneux. La protection et
l’exploitation de la flore ne sont généralement pas traitées en tant que telles par les législations
mais dans le cadre de la protection des biotopes ou de la régulation de l’exploitation et de
l’exportation de produits à haute valeur marchande. C’est le cas au Cameroun pour l’extraction et
l’exportation de plantes médicinales, théoriquement réglementées.

La protection et la capture ou la chasse de certains animaux est généralement traitée à travers les
législations sur la chasse, ou alors dans le cadre de la protection des biotopes assurée dans les aires
protégées. Chacun des pays a toutefois identifié des listes d’animaux partiellement ou totalement
protégés. La chasse à l’Eléphant est théoriquement interdite dans toute la sous-région mais cela
n’empêche pas un important braconnage. La chasse sportive est quant à elle reconnue au
Cameroun et en Guinée Equatoriale et suspendue au Gabon. Cette chasse est liée à l’obtention de
permis et au paiement de taxes d’abattage mais il n’est pour le moment rien prévu dans les lois
pour la rétrocession d’une partie des revenus de la chasse touristique au bénéfice des populations
rurales.

Les législations autorisent généralement sans formalité et sans frais la chasse des gibiers non
protégés par des méthodes dites traditionnelles. Mais, à titre d’exemple, la pose de collets
métalliques n’est pas considérée comme une méthode traditionnelle alors qu’elle est devenue
tellement répandue qu’elle en mériterait le qualificatif. Etant donné l’impuissance des
83
administrations à enrayer ce type de chasse, ne serait-il pas plus judicieux de l’autoriser en la
réglementant dans le cadre de la gestion de territoires de chasse communautaires? La possession
de fusils est quant à elle soumise à permis de port d’arme et permis de chasse, mais ces permis
sont généralement délivrés par des administrations distinctes. On peut imaginer les problèmes et
les trafics que cela peut générer en l’absence d’une bonne coordination entre ces administrations.

Partout, la chasse pour la commercialisation de la viande est largement répandue et meurtrière.


Les législations contiennent diverses interdictions pour en limiter l’impact (interdiction de la chasse
de nuit, périodes de fermeture de la chasse, etc.) mais ces dispositions sont peu ou pas efficaces.
Les raisons incluent le manque de moyen des institutions en charge de l’application des lois, les
élites qui commanditent la chasse, l’augmentation des voies de pénétration du fait des pistes
forestières, l’inadéquation de certaines dispositions relatives aux conditions environnementales et
socio-économiques rurales, etc.
Pourtant, récemment, les politiques et les législations modernes sur la chasse tendent à évoluer
d’une approche purement répressive à une approche plus nettement préventive. Au Gabon, par
exemple, le Gouvernement et le WWF (Fonds Mondial pour la Nature) développent des
programmes d’information et d’éducation environnementale dans les écoles. La loi camerounaise
favorise quant à elle la reconnaissance légale des territoires de chasse villageois et la maîtrise des
ressortissants locaux sur ces ressources. On observe ainsi le basculement d’une répression sur la
personne (permis, certificat d’origine, etc.) vers une réglementation orientée vers la communauté
et le contrôle de l’accès à la ressource.

Cette responsabilisation des populations rurales doit être couplée à un rôle d’appui et de contrôle
de l’administration. L’amélioration de la situation est aussi liée au développement de la
sensibilisation aux droits et aux devoirs de chacun, à l’association de différents acteurs dans les
discussions et la formulation des législations, et à un engagement politique clair aux plus hauts
niveaux pour une gestion durable de la faune, écologiquement responsable et socio-
économiquement équitable (Doumenge et al., 1994).

5.4 - Aires protégées

Les aires protégées sont réparties en plusieurs catégories de gestion dont seuls les parcs nationaux
sont communs aux 3 pays. Ni les appellations des autres catégories d’aires protégées, ni les réalités
qu’elles recouvrent ne sont identiques ni bien clarifiées. Seule, la loi camerounaise inclut la notion
de zone tampon. La nouvelle loi équatoguinéenne en préparation est la première à clairement se
baser sur les recommandations internationales de l’UICN en matière de typologie des aires
protégées dans sa refonte du réseau actuel d’aires protégées provisoires. Dans les 2 autres pays,
certaines aires disposent aussi d’un statut international. Par exemple, la Réserve de faune du Dja
(statut selon la législation camerounaise) est aussi un Site du patrimoine mondial et une Réserve de
la biosphère. Cette multiplication des appellations et des statuts n’est pas faite pour clarifier la
situation juridique des aires protégées au yeux des citoyens ni pour faciliter la tâche des
gestionnaires.

D’une manière générale, ces aires protégées manquent largement de personnel, en particulier de
personnel bien formé, de moyens financiers et matériels adéquats ou de systèmes de gestion
performants. Théoriquement, toutes devraient être dotées de plans d’aménagement mais rares sont
celles qui en disposent. Cela n’est le cas que lorsqu’un projet de conservation-développement est
84
en place, avec appui technique et financier international. De tels plans sont par exemple en
préparation ou en voie de finalisation dans la Réserve de Faune du Dja et les Parcs Nationaux de
Korup et de Waza (Cameroun), dans le Parc National de la Lopé (Gabon) et celui du Mont Alén
(Guinée Equatoriale). Nulle part ils ne sont réellement fonctionnels. Cette approche par projet
présente certains avantages mais elle pose des questions institutionnelles relativement à leur
indépendance ou intégration dans les administrations, ainsi que par rapport à la pérennisation des
résultats.

Dans les 3 pays, les aires protégées sont gérées par un service du Ministère en charge des forêts.
Toutefois, en Guinée Equatoriale, il est question de créer un Institut national des aires protégées,
qui serait un organe autonome au sein du Ministère. Sans préjuger de la dotation financière qu’elle
pourra recevoir, cela pourrait permettre d’alléger les contraintes bureaucratiques et d’améliorer
l’efficacité de la gestion, en particulier si la future structure est largement décentralisée sur le
terrain.

Généralement, les limites des aires protégées ne sont pas matérialisées. Elles sont régulièrement
transgressées par les populations riveraines, quand celles-ci n’habitent pas tout bonnement en leur
sein. Les conflits récurrents d’appropriation des terres et des ressources entre les administrations
et les populations rurales prennent leur source dans le manque de confiance de l’Etat concernant
les capacités des collectivités locales à gérer durablement les ressources naturelles et dans
l’absence de prise en compte des droits des ruraux sur les forêts où ils vivent.

Afin de pallier à cet état de fait et de mieux intégrer les aires protégées aux contextes socio-
économiques locaux, divers projets explorent les voies et moyens d’une implication plus
importante des communautés locales dans leur gestion. Ces actions pilotes devraient être élargies
afin de couvrir une large gamme de situations allant des aires protégées gérées par les
administrations avec un rôle consultatif des populations locales à des aires protégées gérées par les
résidents. La nouvelle loi équatoguinéenne sur les aires protégées préparée par le Projet CUREF
prendra par exemple en compte formellement les zones d’activités traditionnelles et l’intégration
de représentants de conseils de localités et d’ONG dans les comités consultatifs des aires
protégées. Des accords de gestion seront prévus entre le Gouvernement et des organisations
internationales, nationales voire même locales (Machado, 1998).

Sur le plan du financement des aires protégées, les allocations budgétaires se basent souvent sur
des estimations rapides des besoins, lesquelles s’avèrent peu réalistes. Les procédures budgétaires
sont telles que même les budgets affectés ne parviennent pas en totalité sur le terrain. Cela a été
récemment examiné en détail pour le Cameroun (Culverwell, 1997). Ce même pays est par ailleurs
en train de mettre en place un fonds fiduciaire qui permettrait de donner à la Direction de la faune
et des aires protégées (DFAP) des moyens suffisants pour renforcer ses capacités de gestion.
D’autres mécanismes financiers devraient aussi être étudiés, afin de mettre en place une base
financière adéquate pour la gestion des aires protégées et des sites critiques de la sous-région:
valorisation touristique accrue, échanges dette-nature, etc.

5.5 - Forêts communautaires et gestion traditionnelle

85
Sans entrer ici dans le détail de cette problématique de gestion communautaire, il est utile de
mettre en évidence certaines tendances. Même si certains droits traditionnels étaient
antérieurement reconnus dans les législations de la sous-région, la notion de "forêt
communautaire" est apparue dans la loi camerounaise en 1994. Elle est aussi en voie de l’être au
Gabon. La Guinée Equatoriale reconnaît quant à elle les "forêts communales" où les résidents
peuvent y développer des activités de subsistance, uniquement dans le but du développement des
communautés elles-mêmes.

L’attribution de forêts communautaires répond avant tout à la nécessité de sécurisation foncière


des habitants des forêts vis-à-vis de l’accès à la terre et aux ressources. Cette problématique se
généralise actuellement, qu’il s’agisse de l’exploitation forestière ou de la gestion des aires
protégées. Pratiquement, sur le terrain, son application se heurte en particulier à la définition des
communautés, aux difficultés de délimitation des forêts et de préparation des plans simples de
gestion qui sont généralement requis par l’administration après un état des lieux de la zone en
question, ainsi qu’à l’attribution des revenus de ces forêts et à leur gestion.

D’autres problèmes se posent quant à la compréhension de la finalité de ces forêts communautaires


par les différents acteurs. Pour certains, il s’agit ainsi de réserver à leur profit des surfaces
forestières pour la vente ultérieure de bois d’œuvre. La finalité de gestion durable pour le bénéfice
collectif est loin d’être largement perçue. Tout est encore à faire pour clarifier et légaliser les
droits et les devoirs de chacun dans la limitation des défrichements, la gestion des territoires de
chasse, la collecte et la production de produits forestiers, etc., et répondre à certaines questions:
qui peut exploiter les ressources, qui peut en bénéficier, dans quelles limites, dans quel cadre
juridique, avec quels appuis éventuels?

De plus, les superficies prévues pour les forêts communautaires par les différentes législations, si
elles peuvent paraître suffisantes relativement aux besoins en terres agricoles ou pour
l’agroforesterie villageoise, ne le sont pas quant aux besoins en produits forestiers non ligneux
ainsi qu’en produits de la chasse ou de la pêche. Les territoires traditionnels de collecte ou de
chasse se superposent donc à ceux des concessions forestières ou des aires protégées. Quel que
soit le pays, les modalités de gestion conjointe de ces zones à utilisation multiple sont encore loin
d’être clarifiées.

Les institutions traditionnelles sont toutes plus ou moins confrontées à l'évolution des sociétés.
L’utilisation des ressources naturelles y est en perpétuel remaniement, souvent dans le sens d’une
accélération de la valorisation monétaire des ressources à court terme. Divers projets de terrain se
penchent actuellement au Cameroun sur ces mutations ainsi que sur l’identification de bases
socioculturelles locales pour la mise en place des forêts communautaires (API-Dimako, APFT-
Dja, Lokoundjé-Nyong, Mont Kilum-Idjim et Mont Koupé, Mont Cameroun). Ces expériences
devraient profiter aux pays voisins dans la préparation des textes de lois et leur mise en
application.

86
87
Encart 5 : Les tendances forestières globales de l’après Rio

Le Sommet de la Terre devait être un tournant en terme de gestion des ressources naturelles. Mais, qu’est ce qui
a été réellement réalisé depuis 5 ans? Le WWF a commandé une étude des dix grandes tendances dans le
domaine des forêts depuis la Conférence de Rio.

1. La disparition des forêts s’est poursuivie et s’est souvent accélérée. Cela comprend à la fois une
diminution de la totalité des forêts et le remplacement de forêts primaires anciennes par des plantation et des
jeunes forêts de substitution.
1. Toutefois, les intérêts nationaux et international sur les forêts ont considérablement augmenté, incluant
en particulier l’établissement du Forum Forestier Intergouvernemental, de la Commission Mondiale sur les
Forêts et le Développement Durable, d’initiatives sur des critères et indicateurs régionaux de durabilité ainsi
que la refonte de nombreuses politiques forestières nationales.
1. L’acceptation internationale de l’importance de la qualité des forêts et de leur gestion durable
constitue un autre changement notable, incluant la prise en compte de facteurs écologiques, sociaux et
économiques au lieu d’une simple production soutenue de bois.
1. Le rôle des Etats dans la gestion des forêts continue de diminuer, avec une augmentation en parallèle de
l’influence du secteur privé - dont les compagnies transnationales - qui ont étendue leurs activités beaucoup
plus largement que par le passé. Le rôle croissant des multinationales forestières asiatiques est
particulièrement important.
1. L’utilisation du bois est en constante évolution. Le bois de feu reste une énergie très importante. Bien que
son importance relative soit en diminution dans certains pays, la croissance de la population fait que dans la
plupart des cas la quantité totale de bois brûlé a continué à augmenter. Au sein du secteur industriel,
l’importance du bois d’oeuvre continue à être éclipsée par la demande croissante de pâte à papier et de
fibres.
1. L’attitude générale vis-à-vis du rôle des populations locales dans les forêts a aussi considérablement
changé. Si des opportunités adéquates existent, des études ont montré que les populations locales peuvent
jouer un rôle clef dans le maintien d’écosystèmes forestiers stables. D’ailleurs, les efforts pour gérer les
forêts sans un support local mènent généralement à des échecs. Les idées de participation, co-gestion et
initiatives internes (conduites de l’intérieur) sont apparues au devant de la scène internationale.
1. L’un des résultats de cette nouvelle perception de la gestion des forêts concerne le changement du rôle
des aires protégées forestières. Les aires protégées qui excluent les populations locales - parfois de leurs
territoires traditionnels - sont de plus en plus reconnues comme non fonctionnelles et non conformes à
l’éthique globale. De nouvelles attitudes concernant le rôle et les fonctions des aires protégées ainsi que de
nouvelles approches pour leur établissement et leur gestion ont émergé.
1. La certification, la conservation et le secteur privé. Une prolifération d’initiatives privées,
communautaires, d’ONG et de l’industrie, pour la conservation des forêts complètent le rôle des Etats. Les
changements significatifs incluent la croissance de certifications indépendantes - un concept qui était
difficilement admis au moment du Sommet de la Terre - et une augmentation des aires protégées privées.
1. La reconnaissance de l’importance des impacts potentiels des changements climatiques globaux a
augmenté depuis la CNUED. L’influence de la pollution athmosphérique a continué à s’étendre du fait des
émissions industrielles et des véhicules ainsi que des feux forestiers. On considère maintenant que ces
changements climatiques menacent sérieusement plusieurs écosystèmes forestiers uniques.
1. La reconnaissance des valeurs des forêts est en train de changer. Les indicateurs économiques étaient
dominants dans l’évaluation qualitative des forêts. Ces critères sont maintenant élargis aux autres valeurs,
culturelles, esthétiques, spirituelles ainsi que celle de profits locaux.

Source: Dudley (1998)


Traduction: C. Doumenge

88
6 - LA VOCATION DES TERRES FORESTIERES

6.1 - Planification des terres

Chacun des pays a réalisé (Cameroun), prépare (Guinée Equatoriale; voir Encart 6) ou prévoit de
définir (Gabon) un plan de zonage forestier, avec affectation prioritaire de portions du territoire à
l’exploitation forestière, à la protection de la biodiversité, à l’utilisation multiple des ressources
naturelles, etc. Ces plans ne sont pas encore vraiment appliqués sur le terrain. Le Cameroun, un
peu en avance sur ses voisins, a toutefois entamé sa mise en oeuvre.

Le Plan de zonage du Cameroun méridional, (APEC, s.d. et WCMC & WWF, 1996b) est
considéré comme un cadre général de négociation. Il reste encore un long chemin a faire avant son
application complète sur le terrain. En particulier, la définition des zones agroforestières, réservées
pour l’usage multiple des communautés rurales et l’attribution de forêts communautaires, ne
correspond généralement pas aux terroirs villageois effectifs. Ce plan met aussi en évidence les
conflits latents entre les intérêts privés (populations rurales, secteur industriel, ONG) et publics
(services administratifs des différents ministères). Cela est inévitable mais leur résolution
demandera de gros efforts de discussion, de négociation, de redéfinition des limites, avant qu’un
consensus ne puisse être trouvé. De plus, le soutien politique et financier est encore insuffisant
pour mener ce processus à son terme dans les meilleurs délais, même si l’on ne s’adresse en
premier lieu qu’à un nombre minimum de zones prioritaires. Toutes ces difficultés et ces délais de
mise en application créent une situation confuse qui profite à l’utilisation désordonnée des
ressources, que ce soit dans l’espace forestier rural (forêts non permanentes) ou dans le domaine
forestier permanent.

Cette démarche de planification requiert des efforts importants dans différents domaines, pour
associer les acteurs du secteur, résoudre les conflits d’attribution, mettre en place le zonage et un
processus de suivi-évaluation: formation, information, discussions, négociations, prises de
décision, enregistrement, contrôle, pénalisation, etc. Au regard des étendues forestières en jeu, des
besoins de négociation pressentis, du coût et de la relative longueur des processus en cause pour la
mise en œuvre des plans de zonage ou des plans plus précis d’aménagement, les ressources
nationales affectées au secteur forestier paraissent insuffisantes. Les Gouvernements doivent
établir des priorités d’investissement. Du fait de leur importance biologique et pour assurer la
survie des forêts, il serait souhaitable que les sites critiques identifiés et leurs périphéries
(Chapitre 7) fassent l’objet des premières actions de mise en œuvre des plans de zonage et
d’aménagement sur le terrain. Etant donné l’importance des forêts de la sous-région à l’échelle
internationale (Chapitres 2 à 4), la coopération internationale se doit aussi de continuer à appuyer
ces processus.

6.2 - Les terres à vocation de production forestière

Dans les 3 pays, l’exploitation forestière s’est largement répandue au cours des 10 dernières
années. Les permis occupent maintenant la majorité de la zone forestière (Chapitre 4.1.2, Fig. 8).
Face à l’explosion de ventes de coupes tout azimut, la proposition de Plan de zonage camerounais
reste ainsi très théorique sur le papier. Les futures UFA (Unités Forestières d’Aménagement)
89
risquent de se retrouver amputées d’une partie de leur potentiel avant même que des plans
d’exploitation durable ne soient mis en œuvre, diminuant par là-même leurs chances de succès.

En Guinée Equatoriale aussi, malgré le processus de planification en cours, l’attribution des


concessions forestières a continué et touche pratiquement toute la Région continentale. Certaines
aires protégées sont ainsi partiellement attribuées, livrées aux intérêts privés. Le processus de
planification n’est pas respecté par les différents acteurs. Au contraire, on attribue le plus vite
possible des permis avant que la nouvelle loi ne rentre réellement en application et que le plan de
zonage ne fixe les superficies à exploiter.

D’une manière générale, les intérêts d’exploitation à court terme prennent le pas sur ceux d’un
développement durable à plus long terme. Ce dernier devrait se baser sur un équilibre des surfaces
attribuées à l’exploitation forestière et aux autres utilisations des ressources forestières: c’est le but
premier de tout plan d’affectation des terres. Mais, dans les 3 pays, la phase de transition entre une
période d’exploitation plus soucieuse de rentrées de devises et une nouvelle ère soucieuse de
maximiser les retombées économiques sans hypothéquer le capital forestier, est le théâtre de
l’explosion des permis et de ventes de coupe. Ce phénomène, non maîtrisé voire favorisé par les
intérêts particuliers de certains membres des administrations, ne peut qu’entraîner
l’appauvrissement des forêts et rendre plus aléatoire la mise en place d’une exploitation durable
sur des bases biologiques favorables. Il est plus qu’urgent que les Etats y mettent bon ordre. La
question reste encore de savoir qui va payer pour les déprédations qui auront pu être commises:
ceux qui en auront profité ou les contribuables de la sous-région, voire la coopération
internationale (les contribuables des pays développés)?

6.3 - Le réseau sous-régional d'aires protégées

Le total des aires protégées de la sous-région dépasse à peine 57.000 km2, soit 7,6 % des terres
(Tab. 15). C’est bien peu au regard de la richesse biologique de la sous-région et des menaces qui
pèsent sur elle (voir Chapitres 2 et 3). Cela est d’autant plus notable que nous avons tenu compte
des réserves qui ne sont généralement pas comptabilisées du fait de leur très faible statut de
protection (réserves forestières à vocation de protection de la biodiversité, réserves provisoires ou
au statut flou). Elles couvrent pourtant près de 17.300 km2. Toutes ces aires protégées occupent
donc une faible portion des territoires nationaux, principalement au Cameroun, le pays
biologiquement le plus riche mais aussi où les ressources naturelles sont soumises aux plus fortes
pressions.

Les principales catégories représentées sont des réserves de faunes ou apparentées (catégorie IV)
ou des domaines de chasse (catégorie VI), au Cameroun et au Gabon, ainsi que des parcs
nationaux, surtout au Cameroun et un peu en Guinée Equatoriale. A l’exception des Parcs
nationaux de Korup (Cameroun) et du Mont Alén (Guinée Equatoriale), ces derniers sont tous
situés en zone de savane. D’autres parcs forestiers devraient voir le jour sous peu avec le
classement du noyau central de la Réserve de la Lopé (Gabon), ainsi que du Pic Basilé et des
Hauts de Nsoc (Guinée Equatoriale). La seule réserve naturelle intégrale, d’à peine 100 km2, est
établie dans le Nord-est du Gabon (Réserve d’Ipassa) mais, du fait de sa situation à proximité de la
ville de Makokou, la grande faune en a été presque totalement extirpée. Elle n’a plus de réserve
intégrale que le nom.

90
Tableau 15 : Superficies des aires protégées du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale

Type d’aire protégée Superficies (km2)


Cameroun Gabon Guinée Sous-région
Equatoriale
I - Réserves intégrales 0 100 0 100
II - Parcs nationaux 10.318 0 800 11.118
III - Monuments naturels 0 0 0 0
IV - Réserves gérées activement 10.494 6.860 0 17.354
V - Paysages protégés 0 0 0 0
VI - Aires d’utilisation durable 0 11.300 0 11.300
Réserves forestières 4.232 0 0 4.232
Aires protégées 114 10.760 2.276 13.150
Total 25.158 29.020 3.076 57.254
% des terres 5,4 11,3 11,0 7,6

Notes : Les catégories I à VI sont les catégories internationales préconisées par l’UICN. Afin de faciliter les
comparaisons, les aires protégées de chaque pays ont été reclassées dans ces catégories (voir Annexe 8).
Les Réserves forestières inclues dans ce tableau sont celles considérées comme ayant une vocation de
protection de la biodiversité. La catégorie "Aires protégées" rassemble les aires sans statut bien défini
(aires protégées, réserves provisoires) ainsi qu’une zone classée par Arrêté préfectoral.

Sources: Voir en annexe 8.

On notera aussi que plusieurs réserves de faune camerounaises étaient déjà détruites ou très
dégradées il y a 10 ans (Nanga Eboko, Sanaga, Santchou; Gartlan, 1989) mais qu’elles n’ont pas
encore été déclassées, troublant un peu plus les statistiques. Toujours dans ce pays, le Parc
National de Mbam et Djérem n’est toujours pas légalisé, malgré l’existence d’un projet de
classement depuis plus d’une dizaine d’années.

Or, environ 30 % des aires protégées disposent d’un statut de protection faible (réserve forestière)
ou très vague et temporaire (aires protégées). Il faut noter que de nombreuses réserves forestières
camerounaises sont d’un grand intérêt pour la conservation de la biodiversité du pays et parfois de
la sous-région. Elles devraient être reclassées et dotées de statuts de protection plus importants.
L’essentiel des aires protégées de Guinée Equatoriale ne dispose que d’un statut de protection
temporaire mais une nouvelle loi est en préparation, qui prévoit à la fois l’augmentation du réseau
et le renforcement des statuts de protection (Machado, 1998; CUREF, 1998).

Durant les 10 dernières années, les réseaux nationaux ont évolué de façon très variable: quasiment
pas au Cameroun et 2 nouveaux sites classés au Gabon. Au Cameroun, le Plan de zonage forestier
préliminaire du Cameroun méridional inclut pourtant plusieurs sites destinés à une protection plus
ou moins stricte (APEC, s.d.; WCMC & WWF, 1996b), mais aucun texte de loi n’est encore venu
officialiser ces propositions. La Guinée Equatoriale, qui ne possédait il y a une dizaine d’années
aucune aire protégée, a constitué un premier réseau en 1988, correspondant largement à celui des
91
sites critiques identifiés par Fa (1991). Avec la nouvelle loi en préparation, le réseau national
devrait être porté à 5.081 km2, soit 18,1 % des terres (Annexe 8). Tel qu’il se dessine, ce réseau
équatoguinéen sera le plus proche de ce qu’il serait souhaitable de mettre en place dans chacun des
pays en termes de proportion du territoire et de répartition dans les écosystèmes nationaux. A
l’opposé, le réseau camerounais reste le plus éloigné de cet idéal.

Hormis en Guinée Equatoriale donc, les réseaux actuels couvrent mal l’ensemble des écosystèmes
à protéger. Les écosystèmes insuffisamment représentés incluent en particulier les milieux marins
et les zones humides côtières, les forêts marécageuses et inondables ainsi que les lacs de cratère
camerounais. Les recommandations présentées par divers auteurs (Schepers & Marteijn, 1992;
Culverwell, 1997; Machado, 1998), si elles sont au moins partiellement concrétisées, devraient
permettre de pallier à cet état de fait. Pour la zone forestière, des propositions d’extension sont
présentées au chapitre suivant, reprises et adaptées des travaux de Gartlan (1989; Cameroun),
Wilks (1990; Gabon) et Fa (1991; Guinée Equatoriale).

Au Cameroun et au Gabon, les réseaux nationaux d’aires protégées ont été constitués peu à peu
au cours du temps, sans réelle planification. Ce n’est pas le cas en Guinée Equatoriale, où le réseau
a été créé en bloc par la loi n° 8/1988, sur la base de travaux de recherche biologique et de
rapports d’expertise sur les aires protégées ou sur les sites critiques pour la conservation des forêts
(Fa, 1991). Ce réseau a encore été affiné par le Projet CUREF pour la nouvelle proposition de loi
(Garcia & Nguema, 1998; Machado, 1998). Au Cameroun, le MINEF et le WWF ont récemment
entrepris une évaluation du réseau d’aires protégées et des besoins de financement, avec des
propositions d’extension de ce réseau pour couvrir toute la biodiversité du pays (Culverwell,
1997). Ce type d’évaluation en profondeur, se penchant aussi sur les questions de financement des
aires protégées, devrait être étendu aux autres pays d’Afrique Centrale.

Si ces initiatives sont tout à fait encourageantes, elles sont encore loin d’être concrétisées sur le
terrain. Quel que soit le pays, la biodiversité est soumise à forte pression par l’exploitation
forestière, la chasse et - moins souvent - le besoin en terres agricoles. L’expansion de
l’exploitation forestière, en particulier, ne prends pas en compte les aires protégées actuelles ni les
autres sites particulièrement importants pour la conservation de cette biodiversité (comparez les
figures 8, 10 et 11). Une chasse commerciale meurtrière s’insinue aussi de plus en plus loin dans
les forêts, suivant les voies de pénétration ouvertes par les forestiers. Le manque de coordination,
voire la compétition, entre les services en charge des aires protégées et ceux en charge de la
délivrance des permis forestiers ne sont pas fait pour arranger la situation, d’autant que les 3 pays
manquent encore de politiques fortes de développement des aires protégées.

92
Encart 5 : Le Projet CUREF en Guinée Equatoriale

Le Projet de Conservation et Utilisation Rationnalle des Ecosystèmes Forestiers de Guinée Equatoriale est né en
juin 1996 de la Stratégie de développement du secteur forestier, approuvée par le Gouvernement dans le cadre du
PAFT. Le financement provient des fonds du FED et l’assistance technique est assurée par le groupement
TRANSTEC-SECA. Le projet couvre 3 grands domaines:

• la planification de l’utilisation des terres,


• la création d’un système national d’aires protégées,
• l’élaboration de lignes directrices de l’aménagement forestier pour les forêts de production.

La principale composante a pour but d’élaborer un plan de classification et d’utilisation rationnelle des terres de
la région continentale. Ce plan décrit les utilisations souhaitables des terres sur la base de critères physiques,
biologiques, techniques, économiques et socio-culturels ainsi que des objectifs de la politique nationale en
matière de développement rural, de production forestière et de conservation des potentialités des écosystèmes
forestiers.

A cette fin, le projet a conçu et réalisé un ensemble cartographique nouveau sur la base de documents
satellitaires (images radar, images SPOT et LANDSAT) et de travaux de vérité terrain. Le projet a élaboré un
ensemble de cartes au 1/200.000 et parfois au 1/100.000: cartes topoplanimétriques, d’occupation des sols,
physiographique, des sols, des écosystèmes forestiers et de pré-classification des terres. Ces cartes sont
digitalisées et intégrées dans un système d’infromation géographique (SIG) géré sous MAPINFO.

Une deuxième composante a pour but de préparer créer un système national d’aires protégées. Un avant projet
d’une proposition de loi sur les aires protégées a été présenté à l’administration nationale en avril 1998. Le
réseau comprends 13 sites, soit plus de 18 % du territoire national: 10 dans la région continentale, 2 sur l’île de
Bioko et la totalité de l’île d’Annobón. Les niveaux de protection prévus sont variables, depuis des réserves
scientifiques, où la protection est la plus stricte, jusqu’à des réserves naturelles. Celles-ci peuvent inclure des
villages dans leurs limites. Un zonage interne peut permettre d’identifier des zones d’usage traditionnel pour
l’agriculture itinérante, la chasse de subsistance, la collecte de produits forestiers non ligneux, etc.

Une vingtaine de techniciens ont contribué à l’élaboration de cette proposition: botanistes, zoologistes,
sociologues, anthropologues. Ils poursuivent leurs investigations afin de mieux définir les axes directeurs
d’aménagement de chacune des aires protégées.

Les autres activités du projet incluent une cartographie forestière de la région continentale, la rédaction de règles
techniques d’aménagement durable et la réalisation de diverses études sur la forêt et son utilisation. Il est aussi
prévu d’élaborer 1 ou 2 plans d’aménagement expérimentaux. Enfin, des actions de formation pratique ont été
menées, visant à améliorer le niveau de qualification professionnelle des personnels de l’administration
forestière, y compris ceux du CUREF, et des entreprises forestières.

Source: Plaquette de présentation du CUREF (légèrement adapté et modifié)

93
7 - LES SITES CRITIQUES

7.1 - Définition et critères d'évaluation

Les "sites critiques" sont des aires d'une importance particulière en terme de diversité
biologique, pour la conservation d'espèces menacées de disparition ou pour la protection
des systèmes biologiques servant de base au développement de la vie. Ce chapitre traite avant
tout des sites critiques pour la conservation des forêts, même si la biodiversité qu’ils renferment
inclut aussi d’autres écosystèmes tels que des savanes ou des zones humides.

Le développement des pays d'Afrique Centrale est largement fondé sur l'utilisation des ressources
naturelles de la région. Il ne peut être durable que dans la mesure où l'utilisation des ressources, en
particulier forestières, est rationnelle et ménage la capacité de charge du milieu. Le développement
durable en question doit tenir compte d'objectifs tels que présentés dans la Stratégie Mondiale de
la Conservation (1980), repris et étendus dans "Sauver la Planète - Stratégie pour l'avenir de la
vie" (UICN et al., 1991):

1. maintenir les processus écologiques essentiels et les systèmes vitaux dont dépendent la survie et
le développement humain,

1. préserver la diversité biologique dont dépendent la variété et le fonctionnement de ces


processus,

1. respecter la capacité de régénération des ressources naturelles pour assurer une utilisation
durable des espèces et des écosystèmes qui sont à la base de nombreuses activités tant
traditionnelles qu'industrielles.

Toute communauté humaine ne peut se développer durablement que si les systèmes vivants
dont elle dépend sont préservés. A cette fin, il est nécessaire de déterminer un réseau de sites
qui, s'ils sont correctement protégés et gérés, permettront la conservation du maximum de la
diversité biologique des pays et de la région, ainsi que la permanence des systèmes écologiques en
question.

La sélection des sites critiques pour la conservation des forêts est d'abord basée sur la
reconnaissance des zones supportant de vastes surfaces de forêts primaires. Les forêts denses
humides primaires sont en effet les écosystèmes les plus riches de la planète. Comparativement aux
forêts secondaires, elles renferment un plus grand nombre d'espèces dans un meilleur état de
conservation. Certaines de ces forêts sont plus diversifiées que d'autres mais leur composition
floristique et faunique est variable sur l'étendue des pays et de la région. Des végétations non
forestières apportent aussi leur contribution à la diversité biologique totale. Afin d'inclure dans le
réseau de sites critiques le maximum de la diversité biologique et écologique, il est nécessaire d'y
inclure ces divers types d'écosystèmes (mangroves, forêts marécageuses, formations arbustives et
herbeuses, etc.).

Les forêts de collines et de montagnes sont d'une importance particulière pour la captation des
eaux dans ces zones de précipitations abondantes. Elles permettent de réguler les écoulements des
fleuves dont dépendent de nombreuses populations en aval, de protéger les têtes de sources, de
limiter l'érosion des sols. Des écosystèmes tels que les mangroves ont une valeur particulière en
94
tant que zone de reproduction des poissons et des crevettes, d'une importance capitale pour la
pêche. Toutes ces zones forestières jouent un rôle important dans le maintien des processus
écologiques et sont prises en compte à ce titre dans le réseau de sites critiques.

En fait, tous ces sites critiques répondent d'une manière ou d'une autre à l'un ou l'autre de ces
critères. Afin de rationaliser ce choix, et d'indiquer par la suite un ordre d'importance et d'urgence
d'intervention, un ensemble de critères et d'indicateurs ont été appliqués. Ils sont classés en
2 groupes:

• valeur biologique et écologique, mesurée par:


1. la diversité biologique et écologique,
1. l'endémisme,
1. la rareté de l'habitat et des espèces,
1. la taille des populations;

• degré de dégradation et de menaces, mesuré par:


1. le degré de dégradation,
1. l'isolement des habitats,
1. le degré de protection,
1. l'isolement géographique.

Une valeur (1, 3 ou 5) est affectée par site à chaque indicateur. On calcule ensuite la somme par
critère: valeur biologique et écologique, puis degré de dégradation et de menaces. Des totaux
élevés indiquent respectivement une haute valeur biologique et écologique, donc l'importance du
site dans le réseau, et un degré de dégradation et de menaces élevé, donc l'urgence d'intervention
pour la protection du site. Le total général des deux critères permet de classer les sites en
combinant à la fois l'importance biologique et l'urgence de protection.

La méthode de classement et le détail des indicateurs sont précisés en annexe 8. Ces classements
sont basés sur des avis d'expert intégrant un vaste ensemble de paramètres. Ils pourront être
vérifiés ultérieurement et affinés lorsqu'une méthode standardisée sera définie plus précisément et
lorsque suffisamment de données de base cohérentes et comparables seront disponibles. Cela n'est
pas encore le cas. On estime toutefois que ce début de rationalisation du classement des sites
critiques est suffisamment fiable pour procurer une bonne base aux prises de décision en vue
d’actions futures.

7.2 - Etat actuel du réseau

Le réseau de sites critiques pour la conservation de la biodiversité et des systèmes écologiques


forestiers s’étend sur plus de 93.000 km2, soit 12,4 % de la région (Tab. 16 et Fig. 11 ;
Annexe 10). Ce réseau ne renferme pas uniquement des forêts mais des formations herbeuses, des
zones humides, des fleuves, lacs et lagunes, etc. Leur superficie totale n’a pas été évaluée. Une
part très importante de la biodiversité de la sous-région s’y trouve donc représentée. L’essentiel de
la biodiversité nationale gabonaise et équatoguinéenne s’y retrouve ainsi. Au Cameroun, par

95
contre, il représente une proportion un peu moindre de la diversité du pays (voir Culverwell,
1997).

96
Figure 11 : Sites critiques du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

97
Tableau 16 : Superficies totales des sites critiques du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale

Pays Superficie (km2)


Sites classés Sites non classés Total
Cameroun 15.242 17.932 33.174
Gabon 29.020 24.856 53.876
Guinée Equatoriale 2.887 3.330 6.217
Sous-région 47.149 46.118 93.267

Ce réseau sous-régional de sites forestiers à valeur nationale et internationale, tel qu’il est identifié
aujourd’hui, peut être considéré comme proche de l’état final souhaitable dans chacun des pays.
Les seules additions notables concerneront peut-être quelques sites du contact forêt-savane au
Cameroun. Des modifications relativement mineures pourront y être apportées à l’avenir, en
particulier concernant la précision des limites de certains sites sur le terrain.

Toutes les grandes formations forestières y sont représentées, ainsi que leur variabilité du Nord au
Sud et de la côte vers l'intérieur (comparez la figure 11 aux figures 3 et 5). Ces sites représentent
le coeur des zones les plus diversifiées et les moins dégradées de la sous-région: il s'agit du
minimum vital à préserver pour conserver au mieux les potentialités forestières sous-régionales. Ce
sont en quelque sorte les "greniers forestiers" de la sous-région, tant du point de vue de la
végétation que de la faune. Ils peuvent permettre le repeuplement des zones alentour, dégradées
ou vidées de leur faune, fournir des opportunités de développement de tourisme écologique ou
d'exploitation de plantes médicinales ou autres produits forestiers non ligneux, assurer la
conservation de la diversité génétique des espèces utilisées pour leur amélioration et la fourniture
de semences pour des programmes de plantation, servir de zones témoin pour les études
d’écologie et de dynamique forestières, etc.

Chacun des pays concernés renferme des sites d'importance régionale, voire continentale, pour la
conservation de la biodiversité forestière africaine (Tab. 11 et Annexe 11). Le plus petit des
3 pays, la Guinée Equatoriale, renferme ainsi des sites insulaires de grande valeur biologique et
dont les ressources forestières sont encore bien préservées: le Pic Basilé et Bioko Sur, sur l'île du
même nom. Sur le continent, il s'agit de l'ensemble forestier allant du Mont Alén jusqu'à l'estuaire
du fleuve Muni en traversant les Monts Mitra. De même, au Cameroun et au Gabon, quelques
sites présentent un intérêt particulier du point de vue de la biodiversité qu'ils renferment: le Mont
Cameroun, le Parc National de Korup, la Réserve de la Lopé et ses abords, le Complexe de
Gamba.

De manière générale, les sites sont en moyenne plus petits en zone montagneuse, plus grands dans
les blocs forestiers de basse et moyenne altitude. Le site le plus petit est celui des Monts de
Bélinga (quelques km2), volontairement restreint aux zones de plus grande valeur biologique du
fait de l’importance nationale que prendra probablement cette zone lorsque l’exploitation de ces
riches minerais de fer sera ouverte. Le site le plus vaste est le Complexe de Gamba, avec environ
10.500 km2. La diversité biologique et l'endémisme sont généralement plus importants sur les

98
reliefs que dans les plaines, mais les sites montagneux sont plus fréquemment isolés au milieu
d'habitats très dégradés.
Le Mont Cameroun, le Pic Basilé et Bioko Sur font - ou devraient faire - l’objet d’un intérêt
particulier pour la conservation car ils retiennent en leur sein toute la gradation des formations
végétales depuis les basses altitudes jusqu’aux étages montagnard à subalpin. Les sites vastes
comme les complexes de Gamba et de la Lopé présentent aussi un intérêt particulier du fait du
grand nombre de types de végétation, y compris divers écotones, ainsi que d’importantes
populations animales ou végétales qu’ils renferment, limitant ainsi les risques d’érosion génétique.

Un peu moins de la moitié de la superficie couverte n’a pas de statut de protection (Tab. 16). Si
certains de ces sites sont déjà classés, les statuts ne sont pas toujours adaptés. Bon nombre de sites
attendent encore une légalisation, principalement au Cameroun et au Gabon. L'élaboration de
plans de gestion et d'aménagement n'est en cours que sur un petit nombre de sites bénéficiant d'un
projet de conservation-développement avec apport financier international. Ailleurs, et bien qu’un
tel plan soit requis par les législations sur les forêts classées ou les aires protégées, cette
disposition légale n’est pas appliquée.

Tableau 17 : Classement des sites critiques par score décroissant

Site Valeur Menaces Total Site Valeur Menaces Total


Bioko Sur 18 14 32 Manengouba 4 16 20
Cameroun 18 12 30 Mawne 4 16 20
Basilé 16 14 30 Alén 14 4 18
Lopé 18 10 28 Boumba Bek-Nki 12 6 18
Annobón 12 16 28 Minkébé 10 8 18
Doula-Edéa 10 18 28 Takamanda 8 10 18
Gamba 16 10 26 Mbam et Djérem 8 10 18
Tchimbélé 14 12 26 Rumpi 8 10 18
Oku 10 16 26 Ayos 8 10 18
Campo-Ma'an 14 10 24 Campo 6 12 18
Kupe 12 12 24 Akanda 6 12 18
Ipassa-Mingouli 10 14 24 Lobéké 10 6 16
Bere 8 16 24 Nsoc 8 8 16
Yaoundé 6 18 24 Liboumba 8 8 16
Korup 16 6 22 Muni 8 8 16
Bakossi-Banyang Mbo 12 10 22 Mpassa 6 10 16
Dja 12 10 22 Rio del Rey 8 6 14
Soungou-Milondo 12 10 22 Bélinga 8 6 14
Wonga-Wongué 12 10 22 Ozouri 8 6 14
Uolo-Nzas 12 10 22 Nta Ali 6 8 14
Nlonako 10 12 22 Estuaire Sud 6 8 14
Tchabal Mbabo 8 14 22 Temelón 6 12 18
99
Mayombe 12 8 20 Djoua 6 6 12
Ndote 8 12 20 Mouni 6 6 12
Lokoundjé-Nyong 8 12 20
Diverses formes d'exploitation, peu ou pas réglementées, sévissent dans les sites. Nous avons
évoqué cela dans le paragraphe concernant les aires protégées (voir en 6.3) mais il n’est pas inutile
d’y revenir dans le contexte plus général des sites critiques. Exploitation forestière et chasse sont
les deux principales causes de la dégradation des ressources, la première ayant un impact plus
important dans la zone littorale comparativement à l’intérieur des pays. La chasse commerciale
profite des voies de pénétration ouvertes par les forestiers pour pénétrer de plus en plus vers
l’intérieur et menace la plupart des sites. L'agriculture sur brûlis n'est quant à elle vraiment
destructrice qu'au voisinage des centres urbains et dans les zones montagneuses et leurs
périphéries peuplées du Cameroun ou de la Guinée Equatoriale insulaire.

7.3 - Evolution durant la décennie 1988-1998

Depuis 1988, le réseau des sites critiques a été adapté afin de mieux cadrer avec l’évolution des
connaissances sur les sites, le développement des activités économiques sur le terrain et la
réalisation d’analyses plus poussée de la représentativité nationale et régionale des écosystèmes.
Depuis leur première identification, quelques sites ont été supprimés, soit parce qu’ils ont perdu de
leur valeur (par exemple: Bonepoupa, au Cameroun; Bata-Uolo, en Guinée Equatoriale), soit
parce qu’ils ne présentent qu’un intérêt local (par exemple: Mondah et Sibang, au Gabon), ou
parce que leur valeur forestière est limitée (par exemple: Barombi Mbo, au Cameroun; Léconi, au
Gabon).

D'autres sites ont été regroupés en vastes ensembles nationaux, souvent à très grande valeur
biologique. C’est le cas de ceux constituant maintenant ce que l’on pourrait appeler les complexes
du Mont Cameroun (Mont Cameroun et Rivière Mokoko, plus Rivière Onge et région de
l’Etinde), de la Lopé (la Lopé, Forêt des Abeilles et Mont Iboundji), de Gamba (Setté-Cama,
Monts Doudou et Moukalaba), d’Ipassa-Mingouli (Ipassa et Mingouli), de Wonga-Wongué
(Wonga-Wongué et Lac Onangué) ou du Mont Alén (Mont Alén et Monts Mitra).

Dans une approche purement biogéographique, nous aurions pu traiter aussi en un même ensemble
des sites transfrontaliers tels Muni en Guinée Equatoriale et Mouni au Gabon, mais des raisons
pratiques nous ont poussé à les considérer individuellement (extraction plus aisée des données
nationales en particulier). Nous nous contenterons donc de préciser ici que plusieurs sites sont
contigus et voient ainsi leurs valeurs biologique et pour la conservation augmentées d’autant.
Outre Mouni-Muni, il s’agit des Réserves de Campo-Ma’an (Cameroun) et Campo (Guinée
Equatoriale), Korup (Cameroun) et le Parc National de la Rivière Cross (Nigéria), le Lac Lobéké
(Cameroun) avec le Parc National de Dzanga-Ndoki (RCA) et celui de Nouabalé-Ndoki (Congo),
les forêts de la Djoua (Gabon) et le site du Mont Nabemba-Garabinzam (Congo), et les forêts du
Mayombe (Gabon) avec la Réserve de Conkouati (Congo).

D’autres sites encore ont été étendus (par exemple: Akanda, au Gabon) ou leurs limites modifiées
(par exemple: Minkébé, Gabon). Enfin, de nouveaux sites ont été ajoutés au réseau de 1988, afin
de combler certaines lacunes (par exemple: les Collines de Yaoundé et le site d’Ayos incluant les
forêts marécageuses du Haut Nyong, au Cameroun; l’Estuaire Sud et le Mayombe, au Gabon; les
inselbergs de Bere, en Guinée Equatoriale).
100
Les connaissances sur ces sites ont progressé depuis 10 ans, tant en ce qui concerne la faune que la
flore, mais de façon très inégale. Les sites favorisés furent ceux bénéficiant de projets de terrain, en
particulier les sites ECOFAC (Dja au Cameroun, Mont Alén en Guinée Equatoriale et Lopé au
Gabon).

Ceux ayant reçu le support de ces projets de terrain ou ceux bénéficiant d’une certaine protection
naturelle du fait de conditions géomorphologiques ou d’un isolement géographique, sont aussi les
seuls pour lesquels la situation sur le terrain a été stabilisée ou améliorée. Mais. dans la grande
majorité des cas, l'exploitation des ressources naturelles a augmenté au cours de la décennie
passée, sans que soient effectivement mis en place les garde-fous nécessaires pour une utilisation
raisonnée et durable des ressources naturelles. Dans les 3 pays, les nouvelles politiques et
législations (en projet dans le cas du Gabon), mettent pourtant l’accent sur la protection et
l’exploitation durable des forêts. Mais cette volonté politique tarde à se concrétiser sur le terrain.

Le principal point d'amélioration qu'il convient de souligner concerne celui des statuts de
protection accordé à certains sites dans les 3 pays (voir le Chapitre 6.3 sur les aires protégées). Le
classement devrait permettre de procurer un cadre légal plus contraignant que partout ailleurs pour
la protection et l’utilisation rationnelle des ressources forestières des sites. Il faut souligner ici que
ces sites, pour jouer leur rôle de maintien de la biodiversité et des processus écologiques, devraient
tous disposer de statuts de protection. Mais ceux-ci pourront être très variables en fonction de
l’importance de cet objectif prioritaire (conservation) et des objectifs secondaires assignés
(utilisation durable des ressources). Par exemple, 2 sites ont été soit inclu soit maintenu dans le
réseau de sites critiques malgré le fait qu’ils soient largement dédiés à l’exploitation industrielle du
bois. Il s’agit de Lokoundjé-Nyong, au Cameroun, et de Ndote, en Guinée Equatoriale. Ils
pourraient tous 2 être classés dans le cadre de la catégorie VI de l’UICN (Aires protégées
d’utilisation durable) avec un zonage interne de protection-utilisation. Leur présence dans ce
réseau est justifiée par le fait qu’ils se trouvent dans des forêts atlantiques, généralement riches et
menacées sur toute leur étendue.

La définition d'un statut de protection, bien que nécessaire, s'avère totalement insuffisante pour la
protection effective des ressources et leur gestion rationnelle, du fait de fortes pressions
d'exploitation et de l'insuffisance de prise en compte des valeurs des sites critiques dans les
décisions d'affectation des terres. Ces statuts légaux sont sans effet s'ils ne bénéficient pas d’un
appui politique et s’ils ne s'accompagnent pas de la mise en place de structures de gestion sur le
terrain.

Ces sites sont connus et reconnus par les administrations en charge des aires protégées mais ne
sont soit pas connus, soit pas pris en compte par les autres administations, en particulier celles
responsables de la délivrance des titres d’exploitation forestière. Seule, la présence de projets
internationaux sur les sites mêmes arrive à freiner quelque peu les appétits de certains exploitants
forestiers ou à limiter la pression de chasse.

Le cas de la Guinée Equatoriale est exemplaire à ce niveau: tous les sites critiques identifiés en
1988 ont été classés mais la situation s'est stabilisée voire améliorée uniquement sur celui du Mont
101
Alén. Certaines parties d'autres sites ont semble-t-il gardé toute leur richesse biologique, mais
uniquement à cause des difficultés de pénétration (relief, isolement). De plus, même lorsqu'un
statut légal existe, il est parfois flou, ou si peu restrictif et directif qu'il a pu être facilement
contourné, réinterprété au profit d'une exploitation débridée. Au Cameroun, les sites identifiés ont
été inclus dans le plan de zonage provisoire du Cameroun méridional, mais sans texte de loi officiel
à l’appui. Au Gabon, seuls 2 sites ont été classés tout récemment pour étendre un peu la portée du
réseau d’aires protégées: il s’agit des Monts Doudou et du Minkébé.

Presque partout, l'exploitation forestière s'est répandue, sauf dans certaines zones difficiles d'accès.
La chasse a suivi invariablement l'ouverture des voies de pénétration et les activités forestières. Si
ces activités étaient déjà importantes il y a 10 ans, elles n’ont fait qu’augmenter depuis. Les autres
pressions, agricoles ou extractivistes, ne se sont avérées importantes que localement. Malgré ces
tendances, il faut toutefois souligner que la valeur biologique et écologique du réseau sous-
régional est toujours très bonne: il est encore temps d’agir pour préserver ce potentiel naturel et le
valoriser de manière durable.

Une partie de ces sites a d’ailleurs bénéficié d’investissements internationaux, généralement en


appui aux institutions nationales déjà présentes sur des aires protégées mais parfois de façon
relativement indépendante. Malheureusement, le manque de synergies entre ces projets
internationaux et les administrations locales est fréquent. Cela pose le problème de la conception
même ces projets, de leur rôle - normalement limité dans le temps par rapport aux gestionnaires
nationaux -, et de la mise en place d’une transition douce "d’après projet".

Ces projets de conservation-développement constituent généralement d’importants laboratoires


pour l’expérimentation et l’identification des problèmes ainsi que des voies et moyens pour la mise
en œuvre des nouvelles politiques forestières en matière de conservation, d’exploitation durable,
de foresterie communautaire et de cogestion. C’est le cas par exemple du Projet Mont Cameroun
pour la gestion communautaire ou des projets ECOFAC pour la préparation de plans
d’aménagement de réserves.

7.4 - Perspectives

Vers un plan d’action

A la fin des années 1980, au cours de la préparation du Programme ECOFAC, un Plan d’Action
Régional pour l’Afrique Centrale (PARAC) fut entériné par les autorités forestières des pays de la
région. Ce plan, orienté vers la conservation et l’utilisation rationnelle des ressources forestières,
recelait une importante composante "Sites critiques". La nécessité de préserver ce réseau de sites
de toute atteinte irréversible y était affirmée (UICN, 1989). Toutefois, ce PARAC ne fut pas
légalisé dans les textes nationaux, ce qui a nui à sa prise en compte dans les politiques forestières
et les processus d’affectation des terres. Le processus de la CEFDHAC devrait être l’occasion de
réaffirmer cet engagement politique et de le concrétiser ensuite dans les textes légaux nationaux.

Renforcement des statuts légaux des sites

Depuis leur identification, un certain nombre de sites critiques ont été classés, bien que de manière
très variable en fonction du pays (nombre, superficies et statuts très divers). Le processus de
102
classement devrait se poursuivre, en bénéficiant d’un appui politique aux plus hauts niveaux des
pays.

Intégration effective des sites dans les plans d'affection des terres

Les sites critiques identifiés dans le Cameroun méridional ont été pris en compte dans le Plan de
zonage provisoire de cette partie du pays. Cela est aussi en cours de réalisation dans le cadre du
processus d’affectation des terre préparé en Guinée Equatoriale. De tels plans de zonage, même
s’ils sont encore un peu théoriques, pourraient être préparés pour le Cameroun occidental et
l’ensemble du Gabon, en y intégrant les sites critiques aux diverses utilisations des terres et des
ressources.

Renforcement institutionnel

Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’une approche globale des problèmes de conservation-
développement, de la mise en place de systèmes d’aires protégées cohérents, de la coordination
entre sites, de la durabilité des interventions, etc. Même si les Etats ne peuvent pas tout faire, et
doivent au contraire mieux impliquer tous les acteurs, il doivent afficher plus clairement et assumer
leurs prérogatives en matière d’aménagement et de gestion des forêts. Cela suppose une cohérence
dans les démarches d’aménagement, la clarification du rôle des services administratifs et des
partenaires associés, la mise en place de mécanismes de collaboration et le renforcement
institutionnel de chacun, en particulier l’Etat et les ONG nationales (formation, moyens humains,
matériels et financiers mobilisés). Les activités en cours de renforcement institutionnel devraient
être évalués et renforcées.

Mise en place de structures de gestion locales

La quasi-totalité des sites classés et gérés, le sont officiellement par l’administration. Certains
droits d’usage sont reconnus aux populations locales, mais la reconnaissance de la nécessité de les
intégrer à la gestion des sites n’est pas encore effective. Les projets en place sur les Monts
Cameroun et Oku, par exemple, ont pourtant accumulé une expérience et des connaissances
importantes dans le domaine de la gestion communautaire des ressources. Il en va de même du
projet traitant du même sujet en périphérie Nord du Dja. Mais la prise en compte de ces
connaissances dans les processus de mise en œuvre des législations n’est pas encore totalement
réalisée. Les sites critiques devraient devenir des sites pilotes pour la mise en place de systèmes de
cogestion avec les différents acteurs en présence en leur sein et en périphérie.

Coordination entre sites

Le processus de la CEFDHAC met l’accent sur la coopération régionale. Un des secteurs clefs de
cette coopération pourrait être la gestion des aires protégées transfrontalières. Un cadre de
concertation et de coordination devrait être mis systématiquement en place entre les sites
transfrontaliers contigus.

Cela permettrait de faire avancer en commun les connaissances, de partager des expériences, de
résoudre plus facilement - ensemble - des problèmes de gestion ou d’aménagement, d’ouvrir
103
l’horizon de personnes souvent confinées à un milieu, de faciliter la diffusion à plus large échelle
d’informations et de programmes de sensibilisation à la gestion rationnelle des ressources, de
promouvoir l’émergence d’une conscience de groupe et de prises de position régionales dans les
fora internationaux. En quelques mots, il s’agit de mettre en place une dynamique régionale de
réseau pour favoriser l’évolution conjointe et accélérée des participants.
La mise en place de sites transfrontaliers est en cours de développement dans l’ensemble de
l’Afrique Centrale mais elle n’est pas encore effective entre les 3 pays qui nous occupent. Elle est
pourtant utile et nécessaire, car les systèmes biologiques aussi bien que les activités humaines
transcendent les frontières.

La mise en place des sites transfrontaliers permettrait :

• d’augmenter la superficie protégée d’un seul bloc, d’augmenter la valeur des sites et la
possibilité de conservation d’échantillons suffisamment importants des écosystèmes forestiers;
• d’initier une collaboration entre organismes de recherche ou de gestion pour la collecte
d’information, la mise en cohérence des données et leur comparaison, la mise en place de
programmes de recherche communs ou tout au moins coordonnés. Cela permettrait aussi de
faciliter la diffusion des connaissances et des informations entre ressortissants de pays voisins,
souvent gênés par une relative imperméabilité des frontières;
• de mettre en place un cadre de collaboration entre les responsables de la gestion des sites pour
des activités plus efficaces de suivis biologiques ou d’activités humaines, de contrôle,
d’activités de gestion et d’aménagement;
• de mettre en cohérence les textes de lois définissant le statut des sites, et aussi de s’appuyer
mutuellement pour la mise en place de législations adaptées aux conditions locales;
• de concrétiser le processus de concertation et de coordination entamé par la CEFDHAC à un
haut niveau, par des actions de terrain en accord avec ce processus.

Il serait tout aussi utile de favoriser la collaboration entre sites non contigus mais situés dans le
même contexte environnemental et humain, soit à l’intérieur des pays, soit entre les pays. Au
Cameroun, par exemple, on pourrait mettre en place plusieurs petits réseaux regroupant les sites
ou les aires protégées de la partie montagneuse du pays, ou celles de la zone littorale, ou encore
celles du bloc forestier Sud et Est, et celles de la zone de contact forêt-savane. Cela pourrait
constituer un pas vers la planification stratégique nationale des aires protégées.

Développement de projets et continuité

Nous l’avons mentionné précédemment, les 3 pays ont besoin du soutien international pour la mise
en œuvre de leurs politiques de conservation et d’utilisation durable des ressources naturelles. Sur
les sites mêmes, cet appui prend en particulier la forme de projets de conservation-développement.
Toutefois, les cadres institutionnels de préparation et d’exécution de ces projets ne facilitent pas
toujours leur bonne intégration dans le contexte institutionnel local. De plus, la fin des projets pose
régulièrement la question de continuité des activités et de durabilité des résultats. Une réflexion
commune des différents partenaires et, très probablement, une évolution des contextes
institutionnels, sont nécessaires.

Priorités d’investissement et d’action

104
Afin de procurer une base de réflexion aux décideurs quant à l’affectation des moyens humains et
financiers pour la gestion et l’aménagement des sites critiques, nous avons réalisé une évaluation
selon 2 ensembles de critères: d’une part, la valeur biologique et écologique, et d’autre part, le
degré de dégradation et de menaces pesant sur les sites. Le résultat synthétique de cette évaluation
est présenté ci-après (Fig. 12; voir aussi Tab. 17 et Annexe 11).

105
Figure 10 : Matrice des sites en fonction de leur valeur et des menaces qu’ils subissent

106
Le premier indicateur souligne l’importance biologique des sites, le second l’urgence
d’intervention. Le quart Nord-est de la figure inclut les sites à la fois plus riches et menacés que la
moyenne: ceux qui devraient être dotés les premiers, ou dont les actions en cours devraient être
prolongées jusqu'à stabilisation de l’état des ressources. Le quart Nord-ouest renferme les sites de
valeur biologique inférieure mais plus menacés que la moyenne. Le quart Sud-est rassemble quant
à lui les sites plus riches et moins menacés que la moyenne. L’investissement restant devrait être
plus ou moins partagé entre ces 2 catégories, avant d’être éventuellement affecté aux sites du
quart restant (Sud-ouest).

Financements

Le redéploiement des moyens humains et financiers des institutions nationales vers le terrain
constitue un problème d’actualité qui n’est correctement résolu dans aucun des 3 pays. Même si
cela était le cas, il est clair que ces nations n’ont pas tous les moyens nécessaires pour la gestion de
tous les sites critiques. Si cette gestion peut être décentralisée en partie au bénéfice des
populations rurales, l’Etat doit garder la maîtrise de certains sites et développer des activités
d’appui à ces populations ainsi que de suivi et de contrôle. Ces activités ont un coût non
négligeable. L’appui international doit donc se poursuivre, en particulier sur les sites d’une valeur
internationale pour la conservation de la biodiversité. Les instruments légaux que sont la
Convention sur les Sites du patrimoine mondial, la Convention de Ramsar ou la Convention sur la
Biodiversité, devraient servir de cadre légal à cette collaboration internationale renforcée.

107
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Annexe 1 : Typologie détaillée des formations végétales, en particulier forestières

1 - Typologie des formations végétales

Forêt (= Végétation arborée)


de terre ferme
haute
dense
hyperhumide
sempervirente
de basse altitude
atlantique littorale
atlantique des reliefs
de moyenne altitude
atlantique des reliefs
submontagnarde
humide
sempervirente
de basse altitude
congolaise occidentale
de moyenne altitude
congolaise occidentale
submontagnarde
subsempervirente
de basse altitude
congolaise occidentale
de moyenne altitude
congolaise occidentale
relativement sèche
semi-décidue (= semi-caducifoliée)
de basse altitude
de moyenne altitude
clairsemée
humide
subsempervirente
de basse altitude
de moyenne altitude
submontagnarde
basse
dense
humide
sempervirente
montagnarde (= de montagne)

116
rabougrie
dense
humide
sempervirente
submontagnarde (= forêt de nuages)
montagnarde (dont forêt de nuages)
périodiquement inondée (d'eau douce)
marécageuse (d'eau douce)
Mangrove (= Forêt marécageuse d’eau salée et saumâtre)
Bambousaie (= Forêt et végétation arbustive de bambous)
Palmeraie
de terre ferme
Raphiale (= Palmeraie marécageuse)
Végétation arbustive
de terre ferme
périodiquement inondée
marécageuse
de marais salins et saumâtres
Végétation buissonnante
de terre ferme
périodiquement inondée
marécageuse
de marais salins et saumâtres
Végétation herbeuse (= Savane)
de terre ferme
périodiquement inondée
marécageuse
de marais salins et saumâtres
Végétation anthropique

2 - Définitions

Forêt: (= Végétation arborée) peuplement d'arbres, présentant un tronc et un houppier bien


individualisés, de hauteur généralement supérieure à 10-15 m.

Végétation arbustive: formation végétale constituée d'arbustes, plus ou moins bas branchus et à
troncs multiples, d'une hauteur comprise entre environ 2 et 6-8 m de haut.

Végétation buissonnante: formation végétale constituée de buissons, sans troncs nettement


individualisés, pouvant atteindre 1-2 m de haut.

Végétation herbeuse: (= Savane) végétation constituée de graminées (Poaceae) et autres herbes


plus ou moins hautes. Elle peut être parsemée d'arbres (i.e. arborée), d'arbustes (i.e. arbustive) ou
de buissons (i.e. buissonnante).

117
Forêt de terre ferme: forêt poussant sur un sol correctement drainé.

Forêt ripicole: forêt poussant en bordure de cours d'eau.

Forêt périodiquement inondée: fourêt poussant sur des sols qui subissent des périodes
d'inondation en alternance avec des périodes de ressuiement.

Forêt marécageuse: forêt poussant sur des sols engorgés d'eau en permanence.

Mangrove: formation arborée à buissonnante des régions littorales de la zone tropicale, croissant
en pleine vase et soumise à l'influence des marées.

Bambousaie: (= Forêt et végétation arbustive de bambous) formation végétale constituée d’un


peuplement quasi monospécifique de bambous, et parfois piquetée d’arbres.

Palmeraie: formation végétale constituée de palmiers.

Forêt haute: forêt dont les arbres de la voûte dépassent une hauteur d'environ 20 m.

Forêt basse: forêt dont les arbres de la voûte atteignent 15-20 m de haut.

Forêt rabougrie: forêt constituée d'arbres au port tortueux ne dépassant pas une hauteur
d'environ 6-8 m.

Forêt dense: peuplement à voûte fermée d'arbres et d'arbustes de diverses hauteurs, dont la
couverture graminéenne du sol est inexistante ou quasi-nulle.

Forêt clairsemée: peuplement d'arbres de diverses hauteurs formant une voûte très irrégulière et
interrompue, émaillée de nombreuses trouées atteignant parfois de grandes dimensions, dominant
un fourré très denses de grandes herbacées (Marantaceae et Zingiberaceae). Contrairement aux
essences de forêts claires, celles des forêts clairsemées se retrouvent aussi bien en forêts denses.

Forêt dense hyperhumide: forêt dense poussant sous un climat particulièrement pluvieux soumis
à la mousson atlantique.

Forêt dense humide: forêt dense poussant sous un climat pluvieux à saisonnalité peu marquée.

Forêt dense relativement sèche: forêt dense poussant sous un climat suffisamment humide pour
supporter ce type de formation mais à saisonnalité nette.

118
Forêt sempervirente: (= Forêt toujours verte) forêt dont la totalité ou la quasi totalité des arbres
reste feuillé tout au long de l'année.

Forêt subsempervirente: forêt de caractère essentiellement sempervirent mais dont une


proportion des arbres émergeants perd son feuillage selon un rythme saisonnier.

Forêt semi-décidue: (= Forêt semi-caducifoliée) forêt dont une forte proportion des arbres
émergeants et de la voûte perd son feuillage selon un rythme saisonnier.

Forêt de basse altitude: forêt poussant sur les terres les plus basses, entre le niveau de la mer et
une altitude d'environ 500-800 m.

Forêt de moyenne altitude: forêt de piedmonts de montagnes ou de plateaux, succédant à la


forêt de basse altitude jusqu'à 800-1.200 m d'altitude; les limites altitudinales pouvant varier selon
l’importance du massif montagneux, sa proximité à l’océan et le versant considéré.

Forêt submontagnarde: forêt entre 800-1.200 et 1.800-2.200 m d'altitude, vivant immédiatement


en dessous de l'étage montagnard et le préfigurant; les limites altitudinales pouvant varier selon
l’importance du massif montagneux, sa proximité à l’océan et le versant considéré.

Forêt montagnarde: forêt poussant entre 1.800-2.200 et 2.400-3.200 m d'altitude, les limites
altitudinales pouvant varier selon l’importance du massif montagneux, sa proximité à l’océan et le
versant considéré.

Végétation subalpine: végétation des hautes montagnes au dessus de 2.800-3.200 m, vivant


immédiatement en dessous de l'étage alpin et le préfigurant.

Forêt de nuages: forêt soumise à un climat caractérisé par la persistance ou la fréquence d'une
couverture nuageuse au niveau de la végétation.

Végétation orophile: végétation que l'on ne trouve que sur les reliefs.

Végétation xérophile: végétation des milieux arides ou physiologiquement secs.

Végétation halophile: végétation des marais salins et saumâtres.

Forêt de transition: forêt présentant des caractères physionomiques ou floristiques de transition


entre deux grands types forestiers bien individualisés.

Forêt hétérogène: forêt constituée de nombreuses essences en mélange.

Forêt monospécifique (= A une espèce dominante) forêt dont l'essentiel des arbres appartient à
une espèce.

119
Mosaïque: mélange de formations végétales sur un territoire donné.

Forêt primaire: forêt à l'état primitif, non ou très peu perturbée par les activités humaines.

Forêt primaire dégradée: forêt n'ayant pas subi d'altération irréversible, mais dont la
composition, la structure ou le fonctionnement des systèmes écologiques ont été modifiés par les
activités humaines (exploitation sélective du bois d'oeuvre, chasse commerciale, etc.).

Forêt secondaire âgée: forêt haute, s'étant régénérée après disparition de la forêt primaire suite
aux activités humaines, et formée de grands arbres à durée de vie relativement longue.

Forêt secondaire jeune: forêt basse, formée d'arbres de taille moyenne à durée de vie
relativement courte, s'étant régénérée après disparition de la forêt primaire suite aux activités
humaines.

Recrû: végétation buissonnante et arbustive constituant le premier stade de régénération forestière


après déforestation.

Plantation sur brûlis: plantation en parcelles de taille relativement réduite, installée en milieu
forestier après abattage et brûlis de la végétation préexistante avant la mise en culture.

Plantation industrielle: plantation homogène, sur des surfaces importantes, d'espèces


commerciales arborées ou herbacées.

Végétation anthropique: végétation très dégradée par les activités humaines ou favorisée par ces
mêmes activités. C’est généralement une mosaïque d’îlots de forêt primaire dégradée combinés à
une proportion variable de plantations et de zones à divers stades de régénération.

120
Annexe 2 : Liste des noms communs des espèces citées et leurs équivalents scientifiques

Flore

Alep Desbordesia glaucescens Irvingiaceae


Ayous Triplochiton scleroxylon Sterculiaceae
Azobé Lophira alata Ochnaceae
Bété Mansonia altissima Sterculiaceae
Bubinga Guibourtia demeusei Caesalpiniaceae
Colas Cola spp. Sterculiaceae
Divida Scorodophloeus zenkeri Caesalpiniaceae
Engona Pentaclethra eetveldeana Mimosaceae
Essessang Ricinodendron heudelotii Euphorbiaceae
Evoun Nuxia congesta Loganiaceae
Iboga Tabernanthe iboga Apocynaceae
Kékélé Holoptelea grandis Ulmaceae
Koko Gnetum spp. Gnetaceae
Kotibé Nesogordonia papaverifera Sterculiaceae
Limbali Gilbertiodendron dewevrei Caesalpiniaceae
Lotofa Sterculia rhinopetala Sterculiaceae
Mafamuti Newtonia buchananii Mimosaceae
Manguiers sauvages Irvingia spp. Irvingiaceae
Moabi Baillonella toxisperma Sapotaceae
Muéri Prunus africana Rosaceae
Noisetier d'Afrique Coula edulis Olacaceae
Okoumé Aucoumea klaineana Burseraceae
Ozigo Dacryodes buettneri Burseraceae
Ozouga Sacoglottis gabonensis Humiriaceae
Paléturiers Rhizophora spp. Rhizophoraceae
Raphias Raphia spp. Arecaceae
Rikios Uapaca spp. Euphorbiaceae
Safoutier Dacryodes edulis Burseraceae
Wengé Millettia laurentii Fabaceae

Faune

Athérure Atherurus africanus Hystricidae


Bongo Tragelaphus eurycerus Bovidae
Bouscarle géante Bradypterus grandis Muscicapidae
Buffle Syncerus caffer Bovidae
Caouanne Caretta caretta Cheloniidae
Céphalophe bai Cephalophus dorsalis Bovidae
Céphalophe bleu Cephalophus monticola Bovidae
121
Céphalophe d'Ogilby Cephalophus ogilby Bovidae
Céphalophes Cephalophus spp. Bovidae
Cercocèbe à collier blanc Cercocebus torquatus Cercopithecidae
Cercopithèque pogonias Cercopithecus pogonias Cercopithecidae
Cercopithèque à queue de soleil Cercopithecus solatus Cercopithecidae
Cercopithèque de Preuss Cercopithecus preussi Cercopithecidae
Chimpanzé Pan troglodytes Hominidae
Chimpanzé tschego P. t. troglodytes Hominidae
Colobe bai Procolobus badius Cercopithecidae
Colobe noir Colobus satanas Cercopithecidae
Crocodile nain Osteolaemus tetraspis Crocodylidae
Drill Mandrillus leucophaeus Cercopithecidae
Eléphant d’Afrique Loxodonta africana Elephantidae
Galago d'Allen Galago alleni Lorisidae
Galago élégant Euoticus elegantulus Lorisidae
Galago Euoticus pallidus Lorisidae
Gorille Gorilla gorilla Hominidae
Gorille de l'Ouest G. g. gorilla Hominidae
Hippopotame Hippopotamus amphibius Hippopotamidae
Hocheur Cercopithecus nictitans Cercopithecidae
Lamantin Trichecus senegalensis Trichecidae
Mandrill Mandrillus sphinx Cercopithecidae
Mone Cercopithecus mona Cercopithecidae
Moustac Cercopithecus cephus Cercopithecidae
Moustac à oreilles rousses Cercopithecus erythrotis Cercopithecidae
Picatharte Picathartes oreas Muscicapidae
Potto de Calabar Arctocebus calabarensis Lorisidae
Potto doré Arctocebus aureus Lorisidae
Rat d'Emin Cricetomys emini Cricetidae
Talapoin Miopithecus talapoin Cercopithecidae
Tortue bâtarde Lepidochelys olivacea Cheloniidae
Tortue luth Dermochelys coriacea Dermochelyidae
Tortue caret Eretmochelys imbricata Cheloniidae
Tortue verte Chelonia mydas Cheloniidae

122
Annexe 3 : Etendues forestières du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Pays Surface des Forêts denses (UICN) Toutes forêts (FAO)


terres
Originelles Avant 1990 1990 1995 Déforestation
1990-1995
2 2 2 2 2 2
(km ) (km ) (km ) % % des (km ) % des (km ) % des (km /an)
des forêts terres terres
terres originelles

Cameroun 465.400 376.900 155.330 33,4 41,2 202.440 43,5 195.980 42,1 1.290
Gabon 257.670 235.450 205.000 79,6 87,1 183.140 71,1 178.590 69,3 910
Guinée Equatoriale 28.050 26.000 17.004 60,6 65,4 18.290 65,2 17.810 63,5 100
Afrique Centrale 4.033.760 3.065.110 1.835.973 45,5 59,9 2.042.810 50,6 1.985.730 49,2 57.080
Afrique tropicale (pfd) 15.179.760 5.740.250 2.110.550 13,9 36,8 4.325.850 28,5 4.171.650 27,5 154.200
Afrique tropicale (pfdc) 22.362.420 - - - - 5.233.760 23,4 5.049.010 22,6 184.750

Notes:

Forêts denses: d'origine naturelle, primaires ou peu dégradées (au sens de l’UICN).
Toutes forêts: d'origine naturelle, primaires ou partiellement dégradées, et plantations forestières (au sens de la FAO). Ces dernières ne sont jamais très étendues (environ 2.000 km2
sur toute l'Afrique Tropicale). Le couvert minimal est de 10 %.
Afrique Centrale: Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, RCA, RDC, Rwanda, São Tomé et Príncipe.
Afrique Tropicale (pfd = pays renfermant des forêts denses): pays renfermant des forêts denses au sens de l’UICN. Afrique Centrale + Angola, Bénin, Comores, Côte d'Ivoire,
Djibouti, Ethiopie, Erythrée, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée Bissau, Kenya, Liberia, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Nigeria, Ouganda, Réunion, Sénégal, Seychelles,
Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Togo, Zimbabwe.
Afrique Tropicale (pfdc = pays renfermant des forêts denses ou claires): tous les pays de la région renfermant des forêts au sens de la FAO. Afrique Tropicale (pfd) + Botswana,
Burkina Fasso, Cap Vert, Mali, Mauritanie, Namibie, Niger, Sainte Hélène, Tchad, Zambie.

Sources: colonnes 2 et 7 à 11: FAO (1997); colonnes 3 à 6: Doumenge (1996).

123
Annexe 4 : Faune mammalienne du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Ordre Cameroun Gabon Guinée Sous-région


Equatoriale
Insectivora 33 (0) 14 (1) 10 (3) 36 (0)
Chiroptera 68 (3) 36 (6) 41 (3) 82 (0)
Pholidota 3 (0) 3 (0) 3 (0) 3 (0)
Lagomorpha 2 (0) 0 (0) 0 (0) 2 (0)
Rondentia 73 (2) 38 (7) 36 (5) 78 (0)
Carnivora 35 (0) 16 (6) 15 (3) 36 (0)
Tubulidentata 1 (0) 1 (0) 1 (0) 1 (0)
Proboscidea 1 (0) 1 (0) 1 (0) 1 (0)
Hyracoidea 2 (0) 1 (0) 1 (0) 2 (0)
Sirenia 1 (0) 1 (0) 1 (0) 1 (0)
Perissodactyla 1 (0) 0 (0) 0 (0) 1 (0)
Artiodactyla 30 (1) 17 (3) 14 (2) 30 (2)
Primates 30 (1) 19 (2) 21 (3) 31 (1)
Total 280 (7) 147 (25) 144 (19) 304 (3)

Notes:

Les chiffres normaux indiquent le nombre total de Mammifères identifiés; ceux entre paranthèses () donnent le
nombre d’espèces supplémentaires qui pourraient se trouver aussi dans le pays.

Sous-région: Cameroun, Gabon et Guinée Equatoriale.

Les documents consultés pour établir ces listes permettent d’affirmer que celle des Mammifères du Cameroun est
proche de son état définitif. Par contre, les listes du Gabon et de Guinée Equatoriale ne sont pas complètes, en
particulier parmi les petits Mammifères (Insectivora, Chiroptera et Rodentia); les grands Mammifères des 3 pays
étant quant à eux relativement bien connus. La systématique de certains groupes n’est pas encore fixée et il est
probable que cela entrainera aussi de légères variations dans les comptages.

Sources:

Cameroun: Baillie & Groombridge (1996), Bergmans (1994), Colyn et al. (1996), Foster-Turley et al. (1990),
Gartlan (1989), Haltenorth & Diller (1985), Lamarque et al. (1990), Lernould (1988), Mitani (1990), Ngnegueu
(1997), Nicoll & Rathbun (1990), Oates (1996), Said et al. (1995), Schreiber et al. (1989), Vivien (1991), WCMC
& WWF (1996b).

Gabon: Baillie & Groombridge (1996), Bergmans (1994), Blom et al. (1990), Blom et al. (1992), Brosset & Dubost
(s.d.), Consulat du Gabon en Lombardie et al. (1994), Doumenge (1992), Foster-Turley et al. (1990), Gautier-Hion,
1996, Haltenorth & Diller (1985), Lernould (1988), Nicoll & Langrand (1986), Nicoll & Rathbun (1990), Oates
(1996), Said et al. (1995), Schreiber et al. (1989), Wilks (1990).

Guinée Equatoriale: Baillie & Groombridge (1996), Castroviejo Bolivar et al. (1990), Colyn et al. (1996), Fa
(1991), Foster-Turley et al. (1990),Garcia & Nguema (1998), Haltenorth & Diller (1985), Jones (1994), Juste et al.
(1995), Lasso (1995), Lernould (1988), Micha Ondo & Ona Nze (1998), Oates (1996), Said et al. (1995), Vivien
(1991).
124
Annexe 5 : Mammifères menacés de disparition du Cameroun,
du Gabon et de Guinée Equatoriale

FAMILLE Statut de Présence par pays


Genre espèce conservation Cameroun Gabon Guinée
Equatoriale
TENRECIDAE
Potamogale velox ME + + +
SORICIDAE
Crocidura attila VU + + -
Crocidura eisentrauti GM + - -
Crocidura picea GM + - -
Crocidura wimmeri ME + - -
Myosorex eisentrauti ME + - +
Myosorex okuensis VU + - -
Myosorex rumpii GM + - -
Suncus remyi GM - + -
Sylvisorex isabella VU + - +
Sylvisorex morio ME + - -
NYCTERIDAE
Nycteris major VU + +
VESPERTILIONIDAE
Chalinolobus alboguttatus VU + - -
Eptesicus platyops VU - - +
SCIURIDAE
Myosciurus pumilio VU + + +
Paraxerus cooperi VU + - -
MURIDAE
Dendromus oreas VU + - -
Hybomys eisentrauti ME + - -
Lamottemys okuensis ME + - -
Lemniscomys mittendorfi ME + - -
Otomys occidentalis ME + - -
Praomys hartwigi ME + - -
Praomys morio VU + - -
CANIDAE
Lycaon pictus ME + - -
FELIDAE
Acinonyx jubatus VU + - -
Panthera leo VU + +? -
VIVERRIDAE
Genetta cristata ME + - -
ELEPHANTIDAE
Loxodonta africana ME + + +
TRICHECHIDAE
125
Trichecus senegalensis VU + + +

126
FAMILLE Statut de Présence par pays
Genre espèce conservation Cameroun Gabon Guinée
Equatoriale
RHINOCEROTIDAE
Diceros bicornis GM + - -
BOVIDAE
Damaliscus lunatus korrigum VU + - -
Gazella dama ME + - -
Gazella rufifrons VU + - -
Redunca fulvorufula adamauae ME + - -
CERCOPITHECIDAE
Cercopithecus erythrotis VU + - +
Cercopithecus erythrotis erythrotis ME - - +
Cercopithecus pogonias pogonias VU + - +
Cercopithecus preussi ME + - +
Cercopithecus preussi insularis ME - - +
Cercopithecus preussi preussi ME + - -
Cercopithecus solatus VU - + -
Colobus satanas VU + + +
Mandrillus leucophaeus ME + - +
Mandrillus leucophaeus leucophaeus VU + - -
Mandrillus leucophaeus mundamensis ME + - -
Mandrillus leucophaeus poensis ME - - +
Procolobus badius pennantii ME - - +
Procolobus badius preussi ME + - -
HOMINIDAE
Gorilla gorilla ME + + +
Gorilla gorilla ssp. GM + - -
Gorilla gorilla gorilla ME + + +
Pan troglodytes ME + + +
Pan troglodytes troglodytes ME + + +

Notes:

Dans un ordre décroissant de menace: GM: gravement menacé d'extinction; ME: menacé d'extinction; VU:
vulnérable. Ces notations ne reflètent pas nécessairement le degré de menace dans un pays donné mais celui des
espèces sur l’ensemble de leur aire de répartition.

+ présent dans le pays; - absent du pays.

Concernant les définitions des catégories d’espèces menacées, on se reportera à Baillie & Groombrdige (1996: Intro
12-23) et UICN (1994).

Sources: Baillie & Groombridge (1996); WCMC (1998).

127
Annexe 6 : Oiseaux menacés de disparition du Cameroun,
du Gabon et de Guinée Equatoriale

FAMILLE Statut de Statut de conservation


Genre espèce conservation Cameroun Gabon Guinée
Equatoriale
ANATIDAE
Aythya nyroca VU + - -
ACCIPITRIDAE
Aquila clanga VU + - -
FALCONIDAE
Falco naumanni VU - + -
PHASIANIDAE
Francolinus camerunensis VU + - -
MUSOPHAGIDAE
Tauraco bannermani VU + - -
INDICATORIDAE
Melignomon eisentrauti VU + - -
PYCNONOTIDAE
Malaconotus gladiator VU + - -
Malaconotus monteiri ME + - -
Telophorus kupeensis GM + - -
MUSCICAPIDAE
Apalis bamendae VU + - -
Kupeornis gilberti VU + - -
Picathartes oreas VU + + +
Platysteira laticincta VU + - -
Terpsiphone smithii VU - - +
ZOSTEROPIDAE
Speirops brunneus VU - - +
Speirops melanocephalus VU + - -
Zosterops griseovirescens VU - - +
PLOCEIDAE
Ploceus bannermani VU + - -
Ploceus batesi VU + - -
Ploceus nigrimentum VU - + -
Ploceus subpersonatus VU - + -

Notes:

Dans un ordre décroissant de menace: GM: gravement menacé d'extinction; ME: menacé d'extinction; VU:
vulnérable. Ces notations ne reflètent pas nécessairement le degré de menace dans un pays donné mais celui des
espèces sur l’ensemble de leur aire de répartition.

Concernant les définitions des catégories d’espèces menacées, on se reportera à Baillie & Groombrdige (1996: Intro
12-23) et UICN (1994).

Sources: Baillie & Groombridge (1996); WCMC (1998).


128
Annexe 7 : Statistiques forestières relatives au Cameroun, au Gabon et à la Guinée Equatoriale

3
Pays Production de grumes (m )
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Cameroun 2094000 2088000 2092000 1977000 2120000 2476275 2283969 2111029 2096000 2450000 2700000 2805932
Gabon 1476000 1529000 1415000 1239000 1339000 1576000 1250000 1410000 2000000 2126800 2388000 2409000
Guinée Equato. 119168 160000 209601 164338 167540 169579 121326 159531 191235 266724 364158 461141 757174

Sources: Cameroun: de 1985 à 1996, Fomete & Tchanou (1998). Gabon: de 1985 à 1996, Bourobou & Ngoye (1998).
Guinée Equatoriale: de 1985 à 1995, OCIPEF (1997); 1996 et 1997, Gabinete de Planificación Forestal (1998).

Pays Quantité Exportation de grumes


ou valeur
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Cameroun m3 799000 745000 705000 722000 700000 756000 724000 652000 681000 1080000 1255000 1651022 2016042
$ x 1000 64300 37000 47663 74611 71733 180538 156841 205057 137534 161426 303844
Gabon m3 1194000 1226000 1251000 1199000 1401000 1460000 1327000 1300000 1836000 1875000 2219000 2344000 2719700
$ x 1000 91683 114427 66913 77633 101050 250413 71309 243525 330482 349179 423145
Guinée Equ. m3 58839 115501 130927 111828 124367 121982 103329 122075 156338 216559 267346 406406 676265
$ x 1000 6619 17208 17208 10763 15199 24005 23826 26328 14795 21803 32616

Sources : Cameroun: quantités 1985 à 1996, Fomete & Tchanou (1998), quantité 1997, ATIBT (1998); valeurs 1985 à 1995, estimations plus ou moins précises de la FAO (1990-
1998), les quantités FAO ne correspondant pas toujours à celles de Fomete & Tchanou.
Gabon: quantités 1985 à 1996, Bourobou & Ngoye (1998), quantité 1997, ATIBT (1998); valeurs 1985 à 1995, estimations plus ou moins précises de la FAO (1990-1998), les
quantités FAO ne correspondent pas toujours à celles de Bourobou & Ngoye.
Guinée Equatoriale: quantités 1985 à 1995, OCIPEF (1997), quantités 1996 et 1997, Gabinete de Planificación Forestal (1998); valeurs 1985 à 1995, estimations plus ou moins
précises de la FAO (1990-1998), les quantités FAO ne correspondant pas toujours à celles de l'OCIPEF.
129
Essence Production de grumes 1996
Cameroun Gabon Guinée Equatoriale
m3 % m3 % m3 %
Andoungs 25657 5,6
Ayous 844.807 30,1
Azobé 275.683 9,8 10.567 2,3
Ilomba 47.902 10,4
Iroko 86.538 3,1
Limba 144.017 5,1
Okoumé 297.482 64,5
Okoumé et Ozigo 1.903.000 79,0
Sapelli 574.921 20,5
Tali 13.126 2,8
Autres 879.966 31,4 506.000 21,0 66.407 14,4
Total 2.805.932 100,0 2.409.000 100,0 461.141 100,0

Sources: Cameroun, Fomete & Tchanou (1998); Gabon, Bourobou & Ngoye (1998); Guinée Equatoriale, Micha Ondo & Ona Nze (1998).

Notes: Les chiffres rassemblés ci-dessus doivent être pris avec précaution, les estimations variant en fonction des sources consultées. Il est en effet toujours difficile de collecter des
statistiques forestières fiables, que ce soit auprès des administrations ou d’autres acteurs de la filière bois. Parmi les 3 pays, les données concernant la Guinée Equatoriale semblent les
plus cohérentes, du fait de la mise en place récente d’un organisme chargé de collecter les données statistiques sur le secteur forestiers. Plus que les chiffres précis, ce sont les ordres
de grandeurs des valeurs présentées et les comparaisons relatives entre ces valeurs qui doivent être retenus.

130
Annexe 8 : Aires protégées du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Site Pays Statut légal Superficie Observations (4)


(1) (2) (km2) (3)
Alén GEq II 800,0 Monte Alén: PN, forêts.
Proposition: fusion avec les Monts
Mitra, 1.992,0 km2.
Annobón GEq AP 20,9 Isla de Annobón: AP, superficie rectifiée
de 17,0 à 20,9 km2, forêts
Proposition: Annobón, RN, 231,1 km2, y
compris l’extension marine (terre: 20,9,
mer: 210,2).
Bakossi Cam RFo 55,2 Forêts.
Bambuko Cam RFo 266,8 Forêts.
Banyang Mbo Cam IV 662,2 SF, forêts.
Basilé GEq AP 150,0 Pico Basilé o de Malabo: AP, forêts.
Proposition: Pico Basilé, PN, 326,1 km2.
Bénoué Cam II 1.800,0 PN, RB (1981), végétation herbeuse.
Bere GEq - - Proposition: Piedra Bere, MN, 203,3
km2, forêts.
Bioko Sur GEq AP 600,0 Sur de la Isla de Bioko: AP, forêts,
plages.
Propositions: Caldera de Luba, RS,
513,6 km2.
Bouba Ndjidah Cam II 2.200,0 PN, végétation herbeuse.
Campo Cam IV 2.711,6 RF, forêts.
Campo GEq AP 200,0 Estuario del río Campo o Ntem: AP,
forêts, fleuve.
Proposition: Río Campo, RN, 333,2 km2.
Corisco GEq - - Proposition: Corisco y Elobeyes, RN,
480,0 km2 (terre: 18,0, mer: 462,0),
plages, mer.
Dja Cam IV 5.260,0 RF, PM (1987), RB (1981), forêts.
Douala-Edéa Cam IV 1.600,0 RF, forêts, plages, lac.
Ejagham Cam RFo 748,5 Forêts.
Faro Cam II 3.300,0 PN, végétation herbeuse.
Gamba Gab IV, VI, AP 10.500,0 Complexe de Gamba: AERF de Setté-
Cama, RP des Monts Doudou et AERF
de Moukalaba-Dougoua; forêts,
végétation herbeuse, plages, lacs,
lagunes.

131
Site Pays Statut légal Superficie Observations (4)
(1) (2) (km2) (3)
Gamba (suite) Setté-Cama: Petit Loango, RF, SR
(1986), 500,0 km2; Plaine Ounga, RF,
200,0 km2; Ngové-Ndogo, DC,
2
2.500,0 km ; Setté-Cama, DC, SR
(1986), 2.000,0 km2; Iguéla, DC,
1.800,0 km2.
Doudou: RP, 2.500,0 km2.
Moukalaba-Dougoua: Moukalaba-
2
Dougoua, RF, 800,0 km ; Moukalaba,
DC, 200,0 km2.
Ipassa Gab I 100,0 RI, RB (1983), forêts, fleuve.
Kalamaloué Cam II 45,0 PN, végétation herbeuse.
Kalfou Cam IV 40,0 RF.
Kimbi Cam IV 56,3 Kimbi River: RF, végétation herbeuse,
forêts.
Korup Cam II 1.259,0 PN, Forêt.
Kupe Cam RFo 23,0 Mount Kupe: RFo, 3,0 km2, forêt.
Manehas: RFo, 20,0 km2, forêt.
Lopé Gab IV 5.360,0 AERF de l’Offoué-Lopé: forêts,
végétation herbeuse, fleuve.
Noyau central: statut de PN proposé,
2.400,0 km2; zone périphérique: RF,
2.960,0 km2.
Ma’an Cam RFo 990,0 Forêts.
Mawne Cam RFo 538,7 Mawne River: forêts.
Mayo Louti Cam RFo 15,0 Végétation herbeuse.
Mbi Cam IV 3,7 Mbi Crater: RF, forêts.
Minkébé Gab AP 8.260,0 RP, forêts.
Mitra GEq AP 300,0 Macizo de los Montes Mitra: AP, forêts.
Proposition: fusion avec Alén.
Mokoko Cam RFo 90,7 Mokoko River: forêts.
Mozogo-Gokoro Cam II 14,0 PN, végétation herbeuse.
Muni GEq AP 605,0 Estuario del río Muni: 700,0 km2
(superficies revues, terre: 605,0, estuaire:
95,0), forêts, fleuve, estuaire.
Proposition: Estuario del Muni, RN,
597,3 km2 (terre: 502,3, estuaire: 95,0).
Nanga-Eboko Cam IV 160,0 RF, détruite.
Ndote GEq AP ? Area de Ndote: AP, superficie non
précisée, forêts, plage.
Proposition: Punta Llende, RN,
55,0 km2.
Nendyi GEq - - Proposition: Playa de Nendyi, RS, 5 km2

132
(terre: 2,8, mer: 2,2), plages, mer.

133
Site Pays Statut légal Superficie Observations (4)
(1) (2) (km2) (3)
Nsoc GEq AP 400,0 Altos de Nsork: AP, forêts.
Proposition: Altos de Nsork, PN,
690,6 km2.
Nta Ali Cam RFo 315,0 Forêts.
Nzas GEq - - Proposition: Piedra Nzas, MN,
2
190,0 km , forêts.
Oku Cam AP 114,0 Mount Kilum-Ijim: APF, forêts,
végétation herbeuse, lac.
Ossa Cam IV ? Lac Ossa: RF, terre + lac = 40,0 km2,
ecosystèmes terrestres très perturbés, lac.
Rumpi Cam RFo 443,0 Rumpi Hills: forêts.
Sanaga Cam IV ? RF, détruite.
Santchou Cam RFo 70,0 Très dégradée, forêts.
Takamanda Cam RFo 676,0 Forêts.
Temelón GEq - - Proposition: Monte Temelón, RN,
233,6 km2, forêts.
Wonga-Wongué Gab VI 4.800,0 RPS, SR (1986), forêts, végétation
herbeuse, plages.
Waza Cam II 1.700,0 PN, RB (1979), végétation herbeuse.

Notes:

(1): Cam: Cameroun; Gab: Gabon; GEq: Guinée Equatoriale.

(2): Les catégories I à VI sont celles préconisées par l’UICN (Davey, 1997). Les autres appellations sont spécifiques
aux pays.
I, aires protégées gérées essentiellement pour la science et la protection d’écosystèmes dans leur état naturel:
réserves naturelles intégrales (RI) et réserves scientifiques (RS);
II, aires protégées gérées essentiellement pour la protection des écosystèmes et le tourisme: parcs nationaux (PN);
III, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de caractéristiques naturelles spécifiques:
monuments naturels (MN);
IV, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation par une gestion active: réserves naturelles (RN),
réserves de faune (RF), sanctuaires de faune (SF);
V, aires protégées gérées essentiellement pour la conservation de paysages terrestres et marins et des activités de
loisir: paysages protégés;
VI, aires protégées gérées essentiellement pour l’utilisation durable des écosystèmes naturels: domaines de chasse
(DC), aires d’exploitation rationnelle de la faune (AERF; relèvent en partie des catégories IV et VI), réserves
présidentielles (RPS);
RFo: réserves forestières (RFo) considérées comme ayant une vocation de protection de la biodiversité;
AP: aires protégées sans statut particulier (AP), réserves provisoires (RP), arrêtés préfectoraux (APF).
Plusieurs statuts peuvent être mentionnés pour un site. Cela marque l’existence d’un zonage légal (plusieurs aires
regroupées ayant des statuts de protection variables).
-: non pertinent.

(3): Superficies terrestres à l’exception des étendues marines mais pouvant inclure de petites superficies d’eaux
libres continentales. ?: non précisée; -: non pertinent.

134
La plupart des superficies doivent être prises avec les précautions qui s’imposent car elles sont souvent estimées
- plus ou moins précisément - sur des cartes ou elles représentent les chiffres officiels, non vérifiés sur le terrain.
Ces données sont toutefois les meilleures que nous ayont pu trouver. Elles semblent donner une indication
relativement correcte des ordres de grandeur des aires protégées. Elles sont tout au moins suffisantes pour l’usage
auquel nous les avons destiné dans le cadre de ce travail. Nous avons détaillé ces données autant que possible afin
que les lecteurs puissent y apporter plus facilement leurs amendements éventuels, et évaluer ainsi par eux-même
plus rapidement les changements intervenus.

(4): Les observations incluent le nom officiel complet lorsqu’il est différent du nom abrégé retenu pour le site
(première colone), les statuts (voir aussi note 2; PM: sites du patrimoine mondial, SR: site Ramsar, RB: réserve de
la biosphère) et les superficies détaillés, actuels ou proposés, ainsi que la mention des types principaux de milieus
(forêts, végétation herbeuse, plages,fleuve, estuaire, lacs, lagunes, mer). Les dates d’inscription sur les listes PM,
SR et RB sont précisées entre parenthèses.

Cameroun: outre les aires protégées présentées dans ce tableau, diverses propositions de classement sont prévues
dans le Plan de zonage forestier préliminaire du Cameroun méridional. Ces propositions couvrent une large gamme
de statuts allant des forêts de protection à des parcs nationaux et à des réserves intégrales (APEC, s.d.; WCMC &
WWF, 1996b). Des propositions de refonte du réseau d’aires protégées du pays ont aussi été présentées par
Culverwell (1997), y compris certains sites soumis par le MINEF. D’autres propositions pour l’extension de ce
réseau sont incluses dans les documents traitant des sites critiques pour la conservation des forêts (Gartlan, 1989,
Fomete & Tchanou, 1998; voir annexe 10). Ces sites critiques ont vocation a être classés, bien que sous des statuts
variables de protection, y compris la catégorie VI de l’UICN (aires d’utilisation durable des écosystèmes naturels).

Gabon: des propositions pour l’extension du réseau d’aires protégées du pays sont incluses dans les documents
traitant des sites critiques pour la conservation des forêts (Wilks, 1990, Bourobou Bourobou & Ngoye, 1998; voir
annexe 10). Ces sites critiques ont vocation a être classés, bien que sous des statuts variables de protection, y
compris la catégorie VI de l’UICN (aires d’utilisation durable des écosystèmes naturels).

Guinée Equatoriale: les propositions de refonte du réseau d’aires protégées du pays sont celles contenues dans
l’avant projet de loi sur les aires protégées (Machado, 1998) et un rapport technique concernant la proposition de
plan d’utilisation des terres (CUREF, 1998). D’autres propositions pour l’extension de ce réseau sont incluses dans
les documents traitant des sites critiques pour la conservation des forêts (Fa, 1991, Micha Ondo & Ona Nze, 1998;
voir annexe 10). Ces sites critiques ont vocation a être classés, bien que sous des statuts variables de protection, y
compris la catégorie VI de l’UICN (aires d’utilisation durable des écosystèmes naturels).

Sources:
Cameroun: Gartlan (1989), Gartlan et al. (1996), Culverwell (1997) et Fomete & Tchanou (1998).
Gabon: Wilks (1990), Brugière (1998) et Bourobou Bourobou & Ngoye (1998).
Guinée Equatoriale: Machado (1998), CUREF (1998) et Micha Ondo & Ona Nze (1998).

135
Annexe 9 : Commentaires concernant les critères et indicateurs
pour le classement des sites critiques

Objectif

Classer les sites par ordre de valeurs biologiques et de menaces décroissantes, afin de mettre à
disposition des décideurs des informations pratiques pour promouvoir la conservation des forêts et
leur utilisation durable.

Intérêt du classement

• Il s’agit d’un premier pas vers un jugement et des prises de décision plus objectives. Le
classement ne peut plus être taxé de totale subjectivité à partir du moment où il est basé sur un
ensemble de critères et indicateurs énoncés, manipulables par tout un chacun aux fins de
vérification.

• Dans le cadre des processus d’affectation des terres, un tel classement permet d’identifier les
sites les plus importants pour la conservation de la biodiversité forestière, et d’argumenter de la
nécessité de protection particulière de ces sites.

• La liste des sites peut aussi devenir un outil de sensibilisation. Si l’on répète le processus à des
intervalles de temps réguliers, elle peut servir de sonnette d’alarme vis-à-vis de la dégradation
des sites.

• Dans la mesure où les ressources financières, matérielles et humaines ne sont pas infinies, il est
nécessaire de faire des choix de dépenses, d’attribution de ces ressources. Le classement permet
de faciliter le travail des décideurs, en identifiant les sites nécessitant une intervention urgente
pour la conservation de leurs potentialités, ou ceux d’un intérêt au dessus de la moyenne et qui
doivent être mis en avant. Cela permet de décider plus rapidement par quoi commencer et sur
une base relativement rationnelle.

Méthode

Cette approche s'inspire partiellement de celles développées par Fa (1991), Culverwell (1997) et
Olson et al. (1997).

Les informations de base utilisées pour l'évaluation des sites incluent des documents et des carte
disponibles, des informations et des connaissances transmises par des spécialistes, des évaluations
rapides de terrain, plus ou moins exhaustives selon les pays. Cet ensemble de données est passé au
crible de la grille de critères et d'indicateurs. Les points affectés par indicateur et par site sont le
fait de jugements d'experts car, à ce stade, la méthode n'est pas standardisée au point de pouvoir
utiliser un instrument informatique traitant automatiquement les données de base.

136
Du fait du manque de mesures équivalentes entre les sites (par exemple, inventaires forestiers
identiques, listes de Mammifères complètes, cartes de végétation et d’activités humaines dressées
selon des critères identiques, etc.), les jugement ne peuvent être absolus. Nous avons donc utilisé
cette méthode pour porter des jugements relatifs, qui nous ont essentiellement servi à différencier
les sites entre eux.

Chaque site est noté selon deux catégories de critères exprimant d’une part la valeur biologique et
écologique du site et, d’autre part, le degré de dégradation et les menaces qu’il subit. Pour un site
donné, les indicateurs sont passés successivement en revue. Chaque fois, une valeur entre 1, 3 et 5
est affectée par l'expert (voir tableaux ci-après).

Quelques remarques s'imposent:

1. diversité biologique et écologique: les valeurs sont attribuées en fonction de la diversité


connue du site. L'estimation est premièrement réalisée en tenant compte du nombre de grands
types de végétation présents sur le site, de la variabilité des écosystèmes forestiers ainsi que de
leur richesse relative. Par exemple, les mangroves sont biologiquement plus pauvres que les
forêts périodiquement inondées, elles-mêmes plus pauvres que les forêts de terre ferme. Parmi
ces dernières, les forêts atlantiques des reliefs sont les plus riches. Lorsque l'on dispose
d'inventaires précis, il est possible d'affiner le jugement en tenant compte, par exemple, de la
diversité totale des Mammifères ou des Oiseaux, les 2 groupes d'animaux les mieux étudiés;

2. endémisme: lorsque des inventaires sont disponibles, les valeurs sont attribuées en fonction des
connaissances que l'on possède sur l'endémisme de la flore et de la faune. Si les inventaires font
défaut, ces valeurs reflètent le degré pressenti d'endémisme en tenant compte d'inventaires
réalisés dans la région et dans des milieux similaires. Nous n'avons considéré ici que les espèces
endémiques à un site donné (le Mont Cameroun, par exemple), voire à un petit groupe de sites
dans une aire géographiquement limitée (par exemple, les îles du Golfe de Guinée ou les
montagnes de l'Ouest Cameroun). L'endémisme spécifique a été pris en compte en priorité bien
que l'endémisme sous-spécifique ait aussi été pris en compte lorsqu'il apparaissait comme
particulièrement important (par exemple, sur l'île de Bioko). La valeur attribuée aux
Mammifères et aux Oiseaux ou aux arbre endémiques a été considérée comme supérieure à
celle de Batraciens ou d’herbacées endémiques, par exemple;

3. rareté de l'habitat et des espèces: cette évaluation se base d'abord sur la rareté relative dans le
pays ou dans la sous-région de certains habitats ou combinaisons d'habitats. Par exemple: forêts
de nuages, mangroves, assemblage de forêts allant des forêts de basse altitude aux zones
subalpines, zones importantes pour la migration des Oiseaux. Parmi les espèces, on a tenu
compte d'espèces rares, à aire de distribution restreinte ou large mais très morcelée, telles que le
Lamantin, l'Hippopotame, le Picatharte;

4. taille des populations: pour certains groupes, Mammifères en particulier, existent des
estimations de tailles de population par pays voire par sites (Elephants, Gorilles). Mais en règle
générale, cet indicateur est évalué indirectement par la taille du site critique;

137
Tableau : Critères et indicateurs de valeur biologique et écologique des sites

1. Diversité biologique et Elevée (+5 ou plus types de végétation et/ou végétation riche; 5
écologique diversités floristique et faunique élevée)
Moyenne (+3-4 grands types de végétation et/ou richesse 3
moyenne; diversités floristique et faunique moyenne)
Faible (+1-2 grands types de végétation et/ou végétation pauvre; 1
diversité floristique et faunique relativement faible)
2. Endémisme Elevé (plusieurs espèces endémiques et/ou espèces endémiques 5
du site; nombreuses sous-espèces endémiques)
Moyen (rares espèces endémiques et/ou espèces endémiques 3
débordant un peu du cadre strict du site; quelques sous-espèces
endémiques)
Faible (peu ou pas d'espèces endémiques et/ou des espèces 1
endémiques régionales; rares sous-espèces endémiques)
3. Rareté de l'habitat et des Elevée (habitat ou zone spécifique ne se rencontrant que dans que 5
espèces dans un petit nombre de sites, relativement bien représenté dans le
site; présence de plusieurs espèces rares)
Moyenne (habitat ou zone spécifique se rencontrant dans quelques 3
sites, habitat rare relativement peu représenté dans le site par
rapport à la surface totale de l’habitat; présence d'une espèce rare)
Faible (habitat ou zone spécifique assez largement représentés; 1
pas d'espèce rare)
4. Taille des populations Grande (site très étendu, dépassant 3.000 km2, et/ou populations 5
importantes)
Moyenne (site de taille moyenne, entre 1.000-3.000 km2, et/ou 3
populations de taille moyenne)
Petite (site petit, inférieur à 1.000 km2, et/ou populations peu 1
importantes)

5. degré de dégradation: les valeurs sont attribuées en fonction de la proportion de formations


dégradées de manière plus ou moins intense sur le site. L’accent est mis moins sur la diminution
de la faune due à la chasse (au moins si le site n’est pas entouré d’habitats trop dégradés), que
sur les dégradations dues à l’exploitation forestière et, plus encore, à la déforestation. Des
indicateurs précieux sont fournis par l'extension des établissements humains dans ou en
périphérie du site, l'importance des activités humaines traditionnelles, commerciales ou
industrielles telles que les zones parcourues par les chasseurs ou l'extension de permis forestiers
dans le site, ou la connaissance de conflits d'intérêt. La valeur attribuée au site peut être
augmentée si des menaces importantes sont connues, telles que l'attribution d'une concession
forestière ou l'ouverture d'une route;

6. isolement des habitats: l'évaluation de cet indicateur tient compte de l'isolement plus ou moins
prononcé du site au milieu d'habitats dégradés, très anthropisés, ou au contraire peu touchés;

138
7. degré de protection: le degré de protection est d'abord évalué par l'existence d'un statut légal
(par exemple, aire classée) et sa force (par exemple, parc national), l'existence d'un statut de
protection traditionnel (par exemple, site sacré). D’autres facteurs sont aussi pris en compte : la
présence ou non d'un service gestionnaire sur le terrain et son degré d'efficacité, la présence
d'un projet avec appui international ayant une composante de conservation, l'inaccessibilité du
site (par exemple, zone marécageuse ou relief particulièrement abrupt);

8. isolement géographique: la valeur attribuée tient compte de l'éloignement du site d'autres sites
critiques, ou de leur agglomération en ensembles géographiques, de la possibilité
d'établissement de corridors de liaison voire de fusion avec d'autres sites.

Tableau : Critères et indicateurs de dégradation et de menaces pesant sur les sites

5. Degré de dégradation Elevé (plus de 50 % du site dégradé et/ou très importantes 5


dégradations plus localisées)
Moyen (entre 10 et 50 % du site dégradé et/ou de façon pas trop 3
importante)
Faible (moins de 10 % du site dégradé et/ou faiblement ou pas du 1
tout)
6. Isolement des habitats Elevé (site isolé au milieu d'habitats très dégradés) 5
Moyen (site entouré d'habitats plus ou moins dégradés) 3
Faible (site entouré d'habitats bien conservés) 1
7. Degré de protection Faible (pas de texte de loi, pas de protection effective par 5
l'administration ou les populations locales et/ou pas de protection
naturelle)
Moyen (texte de loi, pas ou peu de protection effective par 3
l'administration ou les populations locales et/ou protection naturelle
moyenne ; voire protection plus ou moins effective mais sans texte
de loi)
Elevé (texte de loi, protection effective par l'administration ou les 1
populations locales et/ou protection naturelle importante)
8. Isolement géographique Elevé (site éloigné de plus de 150 km environ d'autres sites 5
critiques)
Moyen (présence d'autres sites critiques à plus ou moins grande 3
distance)
Faible (site entouré d'autres sites critiques à à moins de 50 km 1
environ et/ou sites jointifs)

Aux fins de classement des sites, les sommes des valeurs des indicateurs sont effectuées pour les
deux critères: ils permettent de classer indépendamment les sites par valeur biologique
décroissante et par menaces décroissantes. Un total global permet aussi de les ordonner en
combinant les deux critères.

139
A ce stade de développement de cet exercice de classement des sites, nous avons privilégié une
approche relativement simple, sans calculs complexes, qui soit utilisable par le plus grand nombre
de personnes. Cette méthode repose largement sur les connaissances des opérateurs. Une contre-
vérification pourrait être réalisée ultérieurement, par les projets de terrain ou par le Projet CARPE
- IR8, par exemple, qui développe actuellement une évaluation des écorégions d'Afrique (Olson et
al., 1997).

Présentation des résultats

Au regard de l’objectif de ce travail, la présentation adoptée est la suivante :

• une figure par pays et pour la sous-région, chacune présentant les sites sous forme d'un nuage
de points ordonné selon l'importance du site (valeur biologique et écologique, en abscisse) et
l'urgence d'intervention (degré de dégradation et de menace, en ordonnée);

• une liste nationale pour chacun des pays concernés ainsi qu'une liste globale, pour l’ensemble de
la sous-région. Les sites y sont ordonnés selon le total décroissant des scores affichés par les
indicateurs (score total, valeur et enfin menace).

Il aurait été plus satisfaisant, scientifiquement parlant, de présenter des listes à deux niveaux : un
premier classement des grands types de végétation puis, à l’intérieur de chaque type, un
classement décroissant des sites. A ce stade, étant donné l’objectif et les contraintes de réalisation
de ce travail, cela aurait inutilement compliqué l’approche et la lecture des listes. Cet exercice
pourra être réalisé ultérieurement.

Limites de validité et interprétation des résultats

Cette méthode n'est qu'un début de rationalisation de l'évaluation des sites et des menaces qui
pèsent sur eux. Comme il est dit précédemment, elle repose largement sur la connaissance du
milieu par l'opérateur, sur son degré d'expertise. Le degré de fiabilité des résultats est plus ou
moins important en fonction de son expérience et de son interprétation des critères et indicateurs.

Le manque de données comparatives exhaustives à notre disposition, le manque de temps et de


moyens pour des inventaires poussés n'ont pas permis d'aller plus loin. Les données de base sont
d’abord bibliographiques, les plus actuelles possibles. Elles ont été complétées et interprétées à la
lumière d'avis de divers spécialistes ainsi que grâce à des évaluations rapides de terrain, variables
en fonction de l'accessibilité des sites, des possibilités de déplacement et des évaluateurs eux-
mêmes.

Plutôt que de comparer trop finement les sites les uns par rapport aux autres, il est donc
souhaitable de comparer des agglomérats de sites au sein du nuage de point (figure : sites à valeur
biologique supérieure à la moyenne) ou des groupes de sites présentant des scores proches (listes :
sites dont le score total est supérieur à 25, ou entre 20 et 25).

140
Le croisement des différentes sources d'information nous permet toutefois de penser que les
jugements sont suffisamment fiables pour procurer une bonne base pour la sensibilisation des
décideurs et acteurs, ainsi que pour la définition de priorités d'action.

141
Bibliographie

Culverwell J., 1997.- Long-term recurrent costs of protected area management in Cameroon.
Monitoring of protected area, donor assistance and external financing, ecological and
management priorities of current and potential protected area system. WWF Cameroon &
Minef Rep., Yaounde, Cameroon: III + 80 p., 87 p. ann.

Fa J.E., 1991.- Conservación de los ecosistemas forestales de Guinea Ecuatorial. UICN, Gland,
Suiza y Cambridge, R.-U.: XII + 221 p.

Olson D., Underwood E. & Itoua I., 1997.- A conservation assessment of terrestrial and
freshwater ecoregions of Africa. Proposed approach for review. Draft October 1997.
WWF-US Report, Washington, D.C.: 54 p., 13 p. ann.

142
Annexe 9 : Sites critiques pour la conservation des forêts
du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Site (1) Pays Statut légal Superficie Observations (5)


(2) (3) (km2) (4)
Akanda Gab S 560,0 Terre: 560,0 km2, mer: superficie non
précisée.
Alén GEq II, AP, S 1.992,0 Monte Alén: II, 800,0 km2; Montes Mitra,
AP, 300,0 km2; S, 892,0 km2.
Annobón GEq AP 20,9 Isla de Annobón.
Ayos Cam S 100,0 Ayos - Forêts marécageuses du haut
Nyong.
Bakossi-Banyang Cam IV, S 1.000,0 Bakossi, RFo, 55,2 km2; Banyang Mbo,
Mbo IV, 662,2 km2; S, +282,6 km2.
Basilé GEq AP, S 326,1 Pico Basilé: AP, 150,0 km2; S, 176,1 km2.
Bélinga Gab S 5,0 Monts et grottes de Bélinga.
Bere GEq S 203,3 Piedra Bere.
Bioko Sur GEq AP 513,6 Sur de la Isla de Bioko.
Boumba Bek-Nki Cam S 5.515,0 Boumba Bek, S, 2.500,0 km2; Nki, S,
1.815,0 km2; S, +1.200,0 km2.
Cameroun Cam RFo, S 1.147,5 Mont Cameroun: Bambuko, RFo,
266,8 km2; Mokoko, RFo, 90,7 km2;
Etinde, S, 360,0 km2; Onge, S, 180,0 km2;
Nord-est, S, +250,0 km2.
Campo GEq AP, S 333,2 Estuario del río Campo: AP, 200,0 km2;
S, 133,2 km2.
Campo-Ma’an Cam IV, RFo, S 4.890,0 Campo en partie, IV, +2.200,0 km2;
Ma’an, RFo, 990,0 km2; Ndio’o-Biwome,
S, 900,0 km2; Nkolbengue en partie, S,
+800,0 km2.
Dja Cam IV 5.260,0
Djoua Gab S 2.115,0
Douala-Edea Cam IV 1.600,0
Estuaire Sud Gab S 992,0
Gamba Gab IV, VI, AP 10.500,0 IV, 1.500,0 km2; VI, 6.500,0 km2; AP,
2.500,0 km2.
Ipassa-Mingouli Gab I, S 2.315,0 Ipassa, I, 100,0 km2; S, 2.215,0 km2.
Korup Cam II, RFo 2.007,5 Korup, II, 1.259,0 km2; Ejagham, RFo,
748,5 km2.
Kupe Cam RFo, S 23,0 RFo, 23,0 km2; S, superficie non précisée.
Liboumba Gab S 1.940,0 Haute Liboumba.
Lobéké Cam S 2.100,0 Lac Lobéké.
Lokoundjé-Nyong Cam S 1.292,0
Lopé Gab IV, S 8.710,0 Lopé, IV, 5.360,0 km2; Forêt des Abeilles,
S, 2.980,0 km2; Mont Iboundji, S,

143
370,0 km2.
Manengouba Cam S 200,0 Mont Manengouba

144
Site (1) Pays Statut légal Superficie Observations (5)
(2) (3) (km2) (4)
Mawne Cam RFo 538,7 Mawne River.
Mayombe Gab S 2.500,0 Terre: +2.500,0 km2, mer: superficie non
précisée.
Mbam et Djérem Cam S 3.531,8
Minkébé Gab AP 8.260,0
Mouni Gab S 385,0
Mpassa Gab S 1.825,0 Haute Mpassa.
Muni GEq AP 502,3 Estuario del río Muni: 597,3 km2 (terre:
502,3, estuaire: 95,0).
Ndote GEq AP, S 303,7 AP, superficie non précisée; S, 303,7 km2
en l’absence d’informations sur l’AP.
Inclu la future RN de Punta Llende.
Nlonako Cam S 35,0 Mont Nlonako.
Nsoc GEq AP, S 690,6 Altos de Nsoc (ou Nsork): AP, 400,0 km2;
S, 290,6 km2.
Nta Ali Cam RFo 315,0
Oku Cam AP, S 200,0 AP, 114,0 km2; S, +86,0 km2.
Ozouri Gab S 470,0 Terre: 470,0 km2, mer: superficie non
précisée.
Rio del Rey Cam S 1.400,0
Rumpi Cam RFo 443,0 Rumpi Hills.
Soungou-Milondo Gab S 2.320,0
Takamanda Cam RFo 676,0
Tchabal Mbabo Cam S 800,0
Tchimbélé Gab S 4.535,0
Temelón GEq S 233,6 Monte Temelón.
Uolo-Nzas GEq S 1.097,0 Río Uolo - Piedra Nzas: inclu le futur MN
de Piedra Nzas.
Wonga-Wongué Gab VI , S 6.444 Wonga-Wongué, VI, 4.800,0 km2; Lac
Onangué, S, 1.644,0 km2.
Yaoundé Cam S 100,0 Collines autour de Yaoundé.

Notes:

(1): Afin de faciliter le classement et les recherches, les noms complets des sites ont été abrégés en mots simples ou
composés et classés par ordre alphabétique.

(2): Cam: Cameroun; Gab: Gabon; GEq: Guinée Equatoriale.

(3): Les catégories I à VI sont celles préconisées par l’UICN (Davey, 1997). Les autres appellations sont comme
suit: Rfo: réserves forestières considérées comme ayant une vocation de protection de la biodiversité; AP: aires
protégées sans statut particulier; S: site sans statut juridique de protection.
Plusieurs statuts peuvent être mentionnés pour un site. Cela marque l’existence d’un zonage légal (plusieurs aires
regroupées ayant des statuts de protection variables). Pour plus de détails, se référer à l’annexe 8.

145
(4): Superficies terrestres à l’exception des étendues marines mais pouvant inclure de petites superficies d’eaux
libres continentales. ?: non précisée.
La plupart des superficies doivent être prises avec les précautions qui s’imposent car elles sont souvent estimées
- plus ou moins précisément - sur des cartes ou elles représentent les chiffres officiels, non vérifiés sur le terrain.
Les chiffres les plus fiables sont ceux de Guinée Equatoriale; ceux des 2 autres pays sont très hétérogènes. Ces
données sont toutefois les meilleures que nous ayont pu trouver. Elles semblent donner une indication relativement
correcte des ordres de grandeur des sites et sont tout au moins suffisantes pour l’usage auquel nous les avons destiné
dans le cadre de ce travail. Nous avons détaillé ces données autant que possible afin que les lecteurs puissent y
apporter plus facilement leurs amendements éventuels, et évaluer aussi par eux-même plus rapidement les
changements intervenus.

(5): Les observations incluent le nom officiel complet lorsqu’il est différent du nom abrégé retenu pour le site
(première colone), les statuts et les superficies détaillés dans le cas d’un zonage interne au site.

Sources:
Cameroun: Gartlan (1989), Culverwell (1997) et Fomete & Tchanou (1998).
Gabon: Wilks (1990) et Bourobou Bourobou & Ngoye (1998).
Guinée Equatoriale: Machado (1998), CUREF (1998) et Micha Ondo & Ona Nze (1998).

146
Annexe 11 : Evaluation des sites critiques pour la conservation des forêts
du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale

Sites Valeur (1) Menaces (2) Total


1 2 3 4 S-total 5 6 7 8 S-total
Akanda 1 1 3 1 6 3 3 5 1 12 18
Alén 5 3 3 3 14 1 1 1 1 4 18
Annobón 3 3 5 1 12 5 3 3 5 16 28
Ayos 1 1 5 1 8 1 3 3 3 10 18
Bakossi-Banyang Mbo 3 3 5 1 12 1 3 5 1 10 22
Basilé 5 5 5 1 16 1 5 3 5 14 30
Bélinga 3 1 3 1 8 1 1 3 1 6 14
Bere 1 1 5 1 8 5 5 5 1 16 24
Bioko Sur 5 5 5 3 18 1 5 3 5 14 32
Boumba Bek-Nki 3 1 3 5 12 1 1 3 1 6 18
Cameroun 5 5 5 3 18 3 5 3 1 12 30
Campo 1 1 3 1 6 5 3 3 1 12 18
Campo-Ma'an 5 1 3 5 14 3 1 3 3 10 24
Dja 3 1 3 5 12 1 3 3 3 10 22
Djoua 1 1 1 3 6 1 1 3 1 6 12
Doula-Edéa 3 1 3 3 10 5 5 5 3 18 28
Estuaire Sud 1 1 3 1 6 1 3 3 1 8 14
Gamba 5 3 3 5 16 3 3 1 3 10 26
Ipassa-Mingouli 3 1 3 3 10 3 3 5 3 14 24
Korup 5 3 5 3 16 1 1 3 1 6 22
Kupe 3 3 5 1 12 3 5 3 1 12 24
Liboumba 3 1 1 3 8 1 1 3 3 8 16
Lobéké 3 1 3 3 10 1 1 3 1 6 16
Lokoundjé-Nyong 1 1 3 3 8 3 3 3 3 12 20
Lopé 5 5 3 5 18 3 1 3 3 10 28
Manengouba 1 1 1 1 4 5 5 5 1 16 20
Mawne 1 1 1 1 4 5 5 5 1 16 20
Mayombe 3 3 3 3 12 3 1 3 1 8 20
Mbam et Djérem 1 1 1 5 8 1 1 3 5 10 18
Minkébé 3 1 1 5 10 3 1 3 1 8 18
Mouni 1 1 3 1 6 1 1 3 1 6 12
Mpassa 1 1 1 3 6 1 1 3 5 10 16
Muni 1 1 5 1 8 3 1 3 1 8 16
Ndote 3 1 3 1 8 5 3 3 1 12 20
Nlonako 3 3 3 1 10 3 5 3 1 12 22
Nsoc 3 1 3 1 8 1 3 3 1 8 16
Nta Ali 3 1 1 1 6 1 3 3 1 8 14
Oku 1 3 5 1 10 5 5 3 3 16 26
Ozouri 3 1 3 1 8 1 1 3 1 6 14

147
Sites Valeur (1) Menaces (2) Total
1 2 3 4 S-total 5 6 7 8 S-total
Rio del Rey 1 1 3 3 8 1 1 3 1 6 14
Rumpi 3 1 3 1 8 3 3 3 1 10 18
Soungou-Milondo 3 3 3 3 12 1 1 3 5 10 22
Takamanda 3 1 3 1 8 3 3 3 1 10 18
Tchabal Mbabo 3 1 3 1 8 3 3 3 5 14 22
Tchimbélé 3 3 3 5 14 3 3 3 3 12 26
Temelón 1 1 3 1 6 3 5 3 1 12 18
Uolo-Nzas 5 1 3 3 12 3 3 3 1 10 22
Wonga-Wongué 3 1 3 5 12 3 3 3 1 10 22
Yaoundé 1 1 3 1 6 5 5 3 5 18 24

Notes:

(1): Les codes de indicateurs de la valeur biologique et écologique des sites sont les suivants:
1. Diversité biologique et écologique
2. Endémisme
3. Rareté de l’habitat et des espèces
4. Taille des populations.

(2): Les codes de indicateurs de dégradation et de menaces pesant sur les sites sont les suivants:
5. Degré de dégradation
6. Isolement des habitats
7. Degré de protection
8. Isolement géographique.

Les chiffres présentés peuvent parfois varier des évaluations effectuées dans les rapports nationaux (Cameroun:
Fomete & Tchanou, 1998; Gabon: Bourobou Bourobou & Ngoye, 1998; Guinée Equatoriale: Micha Ondo & Ona
Nze, 1998), car la notation des sites a été faite ici à l’échelle régionale et non pas aux échelles nationales. Dans
cette optique, les sites transfrontaliers homogènes tels que Campo-Ma’an (Cameroun) et Campo (Guinée
Equatoriale), ou Muni (Guinée Equatoriale) et Mouni (Gabon), auraient dû être fusionnés et évalués en bloc. Cela
n’a pu être fait pour des raisons pratiques, afin que les lecteurs intéressés par l’un ou l’autre pays puissent retrouver
les sites correspondants.

Les résultats de cette évaluation doivent être pris avec précaution. Cette méthode n’est en effet qu’un premier vers
une tentative de rationnalisation du classement des sites. Ce n’est qu’un début, et la démarche pourrait utilement
être poussée plus loin. Le lecteur curieux et connaissant le terrain ne devrait pas se contenter des résultats affichés
dans le tableau ci-dessus. Il devrait au contraire les confronter à sa propre expérience en refaisant lui-même
l’exercice. La méthode ne vaut d’ailleurs pas tant pour les chiffres absolus affectés à chaque site que pour la
comparaison relative des sites qu’elle permet. Pour plus de détail sur cette approche, on se reportera à l’annexe 9.

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