Chapitre 3
Chapitre 3
Chapitre 3
Vouloir analyser la situation financière d’une entreprise, c’est examiner son équilibre
financier. Cette approche permet de répondre à deux questions :
(1) la firme est-elle solvable, peut-elle faire face à ses dettes CT, peut-elle rembourser ses
dettes ?
(2) comment se finance-t-elle, qu’elle est sa structure de financement, a-t-elle encore une
certaine flexibilité pour continuer d’investir, peut-elle encore faire appel aux
actionnaires ou aux banques ?
L’analyse de la situation financière permet de mesurer les garanties offertes aux partenaires
économiques de l’entreprise.
Pour répondre à ces questions, il convient d’aménager les documents comptables et plus
particulièrement le bilan.
- Le banquier établit un bilan financier à partir duquel il pourra procéder à l’analyse de
la structure financière de la firme. Cette approche patrimoniale essaie de dégager le
risque de faillite.
- L’analyste financier établit un bilan fonctionnel il pourra étudier les conséquences
financières des opérations de production. Cette approche étudie les différents cycles au
sein de l’entreprise.
Bilan comptable
d'activité
de structure
de liquidité
de solvabilité
I. La signification de l’analyse
L’entreprise peut être perçue comme une entité économique assurant diverses
fonctions :
- Une fonction de consommation : elle se procure des biens et services, en amont, pour
pouvoir produire ;
- Une fonction de production : à partir des éléments en provenance de l’extérieur et en
mettant en œuvre les facteurs de productions (capital et travail), l’entreprise va
produire des biens et des services à des marchés situés en aval ;
- La différence entre la valeur de production et la valeur de ses consommations
extérieures est la valeur ajouté (VA).
- Une fonction de répartition : la VA permet de rémunérer les différents facteurs de
production, i.e. le personnel, les actionnaires, les prêteurs et l’Etat. Le solde s’il est
conservé par l’entreprise constitue l’autofinancement. Cet autofinancement permet
d’assurer les investissements et les désinvestissements afin que l’entreprise s’adapte
au marché.
L’analyse financière s’intéresse donc à l’activité de la firme et aux résultats qu’elle
dégage. L’entreprise doit réussir à obtenir une marge commerciale et un bénéfice tout en
conservant les équilibres fondamentaux. Cette capacité d’autofinancement a pour rôle
d’assurer le maintient de la capacité productive (les immobilisations) et le financement de la
croissance. Si la CAF est insuffisante, l’entreprise doit se procurer des fonds sous la forme de
dette financière ou de capitaux propres.
La somme des capitaux propres (par nature non exigibles) et les dettes à plus d’un an
constitue les capitaux permanents.
La construction du bilan patrimonial nécessite de corriger le bilan comptable après
affectation du résultat. Les corrections à effectuer concernent principalement :
- La prise en compte des éléments d’actifs à leur valeur vénale (i.e. valeur réelle) ;
- L’élimination des non- valeurs ou actifs fictifs ;
- Le reclassement des actifs et des passifs selon le critère plus ou moins d’un an ;
- La prise en compte d’éléments hors bilan comptable.
Nous allons reprendre chacun de ces points.
a. L’évaluation des actifs à leur valeur vénale
Il faut procéder à des réévaluations par rapport à la valeur comptable qui vont mettre
en évidence des plus ou moins- values. Dans ce cas, on intègre :
- les éléments d’actifs à leur valeur de marché ;
- et la différence entre valeur de marché et valeur comptable au passif.
A défaut de ces ajustements, on conserve les valeurs nettes comptable.
b. L’élimination des non-valeurs
Certains postes du bilan ne procureront aucune rentrée de fonds et doivent donc être
éliminés. Ces éléments sont notamment :
- le capital souscrit non appelé ;
- les frais d’établissement,
- les frais de recherche et développement,
- les primes de remboursement des obligations,
- les charges à répartir sur plusieurs exercices,
- les différences de conversion à l’actif et au passif.
Ces postes sont éliminés de l’actif du bilan financier et on soustrait les mêmes
montants des capitaux propres au passif. Les écarts de conversion passif sont éliminés et
retranchés des créances.
c. Les reclassements des actifs et passifs selon le critère plus ou moins d’un an
La distinction faite par le PCG entre actif immobilisé et actif circulant ne repose pas
totalement sur la distinction plus ou moins d’un an. De même pour les dettes à LMT et les
dettes à CT. Deux exemples :
- La part des prêt remboursable à moins d’un an. Dans le bilan comptable, elle est
inscrite dans les immobilisations financières (i.e. actifs peu liquides) alors qu’elle
constitue du point de vue patrimonial un actif très liquide.
- On trouve dans les dettes et emprunts auprès des établissements financiers, les
concours bancaires courants et la partie remboursable à moins d’un an.
Les retraitements sont les suivants.
- Les dettes et créances à moins d’un an doivent être éliminés du passif et de l’actif à LT
pour être reclassés dans le passif et l’actif à moins d’un an. De même, les dettes et
créances à plus d’un an doivent être éliminés du passif et de l’actif circulant pour être
reclassés dans le passif et l’actif à plus d’un an.
- Les charges et les produits constatés d’avance sont reclassés dans les actifs à plus ou
moins d’un an selon qu’ils concernent l’exercice suivant ou des exercices à plus d’un
an. A défaut de précisions, on les classe dans les éléments à moins d’un an.
- Les provisions pour risques et charges doivent être reclassées dans les dettes à plus ou
moins d’un an selon leur échéance prévue. A défaut de précisions, elles sont attachées
aux dettes à plus d’un an.
- Si le bilan est donné avant répartition, il faut faire figurer les dividendes à distribuer
dans les dettes à moins d’un an et donc retrancher le même montant des capitaux
propres.
- Les VMP sont classées en actifs à moins d’un an.
d. La prise en compte des éléments hors bilan : les effets escomptés non échus
Un effet de commerce est un moyen de règlement de crédit. Il s’agit d’un titre émis en
contrepartie d’une créance client négociable avec une banque ou avec un tiers. L’escompte
d’un effet de commerce correspond à l’opération de mobilisation de l’effet, i.e. opération par
laquelle une banque verse au porteur d’un effet non échu le montant de celui-ci diminué de
l’agio (taux d’escompte). L’entreprise sans attendre l’échéance cède donc à une banque cette
créance en échange de liquidité. Les effets escomptés disparaissent de l’actif du bilan dès que
la banque met les fonds correspondants à la disposition de l’entreprise. Cette position
comptable masque la fonction réelle de l’escompte, qui est d’apporter temporairement des
fonds à l’entreprise. De plus, juridiquement, l’escompte n’est pas une cession de créance,
mais une délégation de créance, car l’entreprise supporte le risque de non-paiement à
l’échéance. Pour ces raisons, les EENE, dont le montant est donné dans l’annexe, doivent être
rattachés aux créances clients. On tiendra compte d’un encours bancaire supplémentaire du
même montant (dettes financières à moins d’un an).
Remarque : dans une optique patrimoniale, les biens faisant l’objet d’un contrat de
crédit-bail ne font l’objet d’aucun retraitement puisque l’entreprise n’en est pas propriétaire.
Le bilan financier
ACTIF PASSIF
ACTIF PASSIF
Actif circulant
Passif circulant
- exploitation (stocks, créances - dette exploitation (dettes
clients …)
fournisseurs …)
- hors exploitation (créances
- dette hors exploitation
fiscales …)
Le bilan fonctionnel peut être présenté sous la fo rme d’un graphique ; les masses sont alors
exprimées en pourcentages. Cette présentation en facilite la visualisation et permet une
comparaison rapide de plusieurs bilans.
Trois principes de base :
- Le bilan fonctionnel est bâti à partir de la valeur d’achat des biens, i.e. en
valeur brute. En effet, on recherche l’utilisation que la firme fait de ce qu’elle
achète ;
- L’analyse fonctionnelle s’attache à travailler à un bilan avant répartition des
résultats car on s’interroge sur la rentabilité dégager par l’entreprise, i.e. sur le
résultat net comptable ;
- Bien sur, le total actif doit être égal au total passif.
La construction du bilan fonctionnel consiste à effectuer divers reclassements et
retraitements destinés à permettre le passage du bilan comptable avant répartition du résultat
au bilan fonctionnel.
C. Les retraitements
1) A l’actif
(i) Le capital souscrit non appelé
Il s’agit des actions achetées par les actionnaires dont l’entreprise n’a pas demandé le
versement de la totalité de la valeur de l’action.
Capital souscrit non appelé è capital appelé non versé è capital social.
Exemple : Capital social = 50 000€
Capital souscrit versé = 25 000€
Capital souscrit non appelé = 25 000€
2) Au passif
(i) Les ressources stables
o Les fonds propres externes. Ils comprennent le capital social, les primes
d’émission, les primes de fusion et les subventions d’investissement.
o Les fonds propres internes. Il s’agit des réserves (i.e. la part du résultat
non distribué sous forme de dividende), du report à nouveau, des écarts
de réévaluation (comme on prend les valeurs brutes, il faut réévaluer la
valeur des biens ; exemple : un immeuble), des amortissements, des
provisions réglementées et des provisions pour risques et charges.
o Les dettes financières stables. Il s’agit ici de prendre en compte la
rémunération (paiement d’un intérêt) qui est attachée à une créance.
Les composantes sont les emprunts obligataires convertibles (les
porteurs de l’obligation peuvent demander à certaines périodes la
conversion de leur obligation en une action), les autres emprunts
obligataires, les emprunts financières diverses, et les emprunts de crédit
bail.
BFR
Besoins temporaires
Besoins structurels
Temps
Le BFR représente donc les besoins en liquidité nécessaires à la vie économique de
l’entreprise. Par conséquent il possède deux composantes : l’exploitation et le hors
exploitation.
Lecture du ratio : si on obtient par exemple 15, il s’agit du délai pendant lequel la
firme peut assurer ses ventes sans réapprovisionnement auprès de ses fournisseurs.
Si toutes choses égales par ailleurs, le délai augmente plus vite que le CA, cela veut
dire qu’il y a sur-stockage. Cette situation est pénalisante pour l’entreprise puisqu’elle doit
trouver des ressources de financement supplémentaire qu’il va valoir rémunérer.
Comment calculer les variations de stock ?
Charges Compte de résultat Produits
Achat de marchandises Vente de produits finis
Variation du stock = SI – SF Variation du stock = SF – SI
Achat de matières premières
Variation du stock = SI – SF