779 Port de Monaco
779 Port de Monaco
779 Port de Monaco
F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
OCTOBRE 2001
◆
PORT DE MONACO ET GRANDS OUVRAGES
n°779
PORT DE MONACO
• Les travaux
d’extension
du port de Monaco
• Les travaux
du lot 1
• Les travaux
du lot 2.
Une digue
préfabriquée
en béton
TRAVAUX
de 350 m
de long
PONT
• Second
franchissement
du Rhin au sud
de Strasbourg
AUTOROUTE
• L’autoroute A66 :
Toulouse-Pamiers
• A66 - TOARC1.
Section
Montesquieu-
Lauragais-Mazères
RÉSEAU
• La route
des estuaires
de l’information.
Un réseau
de 1 400 km
de fibres optiques,
entre Paris
et Hendaye
N°779
Port de Monaco
et grands ouvrages
sommair
ISS
octobre 2001
Travaux Port de Monaco
numéro 779 et grands ouvrages
éditorial
Daniel Tardy
Notre couverture
Le port de Monaco
actualités
© Bouygues
matériels
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roland Girardot
RÉDACTION
Roland Girardot et Henry Thonier PRÉFACE
3, rue de Berri - 75008 Paris Jean Chapon
Tél. : (33) 01 44 13 31 44
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Françoise Godart
Tél. : (33) 02 41 18 11 41
Fax : (33) 02 41 18 11 51 PORT DE MONACO
Francoise.Godart@wanadoo.fr
Imprimerie Chirat
PONT
Saint-Just la Pendue (Loire)
La revue Travaux s’attache, pour l’information ◆ Second franchissement du Rhin au sud de Strasbourg.
de ses lecteurs, à permettre l’expression
de toutes les opinions scientifiques et techniques. Le tablier du viaduc d’accès côté France est achevé
Mais les articles sont publiés sous la responsabilité
de leurs auteurs. L’éditeur se réserve le droit - Second crossing of the Rhine south of Strasbourg.
de refuser toute insertion, jugée contraire aux intérêts
de la publication. Completed deck of access viaduct on French side
Tous droits de reproduction, adaptation, G. Treffot
totale ou partielle, France et étranger,
sous quelque forme que ce soit, sont expressément
réservés (copyright by Travaux).
Ouvrage protégé ; photocopie interdite, même partielle AUTOROUTE
(loi du 11 mars 1957), qui constituerait contrefaçon
(Code pénal, article 425).
◆ L’autoroute A66 : Toulouse-Pamiers
Editions Science et Industrie S.A.
3, rue de Berri - 75008 Paris
- The A66 motorway : Toulouse-Pamiers
Commission paritaire n° 0106 T 80259 C. Reynes, J.-M. Castel, E. Marchisone, H. Pillier
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onts
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Réhabilitation -
®
octobre 2001
Port de Monaco
et grands ouvrages
d’ouvrages RÉSEAU
Ponts
recherche
Travaux urbains
Travaux économie
souterrains
répertoire
Sols des fournisseurs
et fondations
Routes
Encart après p. 48
Terrassements
INDEX DES ANNONCEURS
BOUYGUES.....................4È DE COUVERTURE HOBAS............................................
Environnement EEG SIMECSOL...........................................2 IHC .................................................
FOSROC .........................3È DE COUVERTURE ISPC PROFIL ARBED.........................
FRANCE GABION .............2È DE COUVERTURE MECAROUTE....................................
GETEC .......................................................6 SYNDICAT DES ÉRUPTIFS .................
GPB ...........................................................4
PRÉFACE
L
agressivité du milieu marin – au plan dynamique (en n’oubliant pas que la
fort différente. Ils sont cependant tous représentatifs de la notion houle soumet les ouvrages à des actions de fatigue toujours plus éprou-
la plus large de la performance, portant sur la conception, l’exécu- vantes que des efforts statiques de mêmes valeurs), au plan chimique (par-
tion et la conservation : cette recherche d’une "performance durable car ticulièrement sévère lorsqu’il s’agit de structures précontraintes et forte-
globale" caractérise incontestablement la nouvelle génération des travaux ment armées), sans négliger les nuisances que les dragages peuvent
publics, qui ne se contente plus de viser l’exploit technique dans le dimen- entraîner pour la flore et la faune marines.
sionnement, mais résout vraiment tous les problèmes que posent la réa- Pour être peut-être moins exceptionnels, les autres ouvrages présentés dans
lisation et l’exploitation des grands ouvrages, considérés, non seulement le présent numéro n’en sont pas moins révélateurs de la recherche d’une
du point de vue de leur usage, mais également compte tenu de leur impact performance globale, donc durable. En témoigne le recours au système du
sur l’environnement humain et naturel. poussage pour mettre en place la travée du pont du Rhin – procédé qui per-
L’extension du port de Monaco est performante à plus d’un titre. met de limiter l’emprise du chantier et évite les problèmes posés par l’im-
D’abord au plan technique : si la partie Est, établie par des profondeurs plantation de nombreux points d’appui.
inférieures à 40 m, est traitée de façon clas- Bel exemple de la nouvelle performance,
sique en caissons reposant sur le fond (dont c’est aussi le cas de la conception et la réa-
les caractéristiques géotechniques ont cepen- lisation de l’autoroute A66 ; l’attention por-
dant dues être améliorées), les grandes pro- tée à son intégration dans un paysage har-
fondeurs (supérieures à 50 m) où doit être monieusement modelé sera bénéfique autant
implantée la digue ouest, ont conduit à une pour les usagers – en contribuant à l’agrément
conception qui constitue une "grande pre- de la conduite, donc à la sécurité – que pour
mière" : l’énergie de la houle étant rapidement les populations résidant aux abords de la
décroissante avec la profondeur, une digue nouvelle infrastructure. A noter également, la
flottante permet d’obtenir une atténuation sage précaution d’avoir prévu, dès la construc-
suffisante de l’agitation en s’opposant à la tion de l’ouvrage, la mise en place de four-
pénétration de la houle sur une hauteur des reaux destinés à recevoir un réseau de fibres
quelques amplitudes au-dessous du niveau optiques – ce qui évitera d’ouvrir plus tard un
de la mer. important chantier, toujours cause de gêne
Cette conception pose le double problème : et parfois d’insécurité pour les usagers.
- de limiter sévèrement les déplacements de Le même souci d’être complètement et dura-
l’ouvrage par un ancrage sur le fond au moyen blement performant apparaît enfin dans le
de chaînes et une articulation sur le rivage par choix d’une succession de remblais-déblais
une rotule, condition incontournable à la fois
■ JEAN CHAPON de grande hauteur, qui donne à l’infrastruc-
pour contenir les efforts dans des valeurs Ingénieur général ture un caractère plus "naturel" que le recours
acceptables et permettre une bonne exploi- honoraire des Ponts à des ouvrages d’art ; il est, cette fois-ci, dif-
tation pour l’accueil des navires et dans son et Chaussées ficile d’accuser l’infrastructure de "béton-
rôle de parking à véhicules ; Président de l’IREX ner" le paysage! Ce choix n’est cependant pas
- de donner à l’ouvrage une monostructure lui sans poser de difficiles problèmes techniques
permettant de résister aux fortes sollicitations en raison des caractéristiques géomorpho-
de tous ordres auxquelles il est soumis logiques très variables tout au long de son
(notamment celles dues à la houle comme tracé, mais une bonne connaissance de ces
"digue verticale"). dernières – qui impose évidemment des reconnaissances et mesures suf-
Les dispositions adoptées résultent d’une modélisation complexe qui a fisamment nombreuses – permet d’apporter la réponse adaptée aux don-
conduit à une structure en béton précontraint et fortement armée. nées propres à chaque mètre de la nouvelle voie.
A cette innovation de la conception, s’ajoute la recherche d’une "perfor- Quant à la nouvelle "autoroute de l’information", elle n’est pas en reste au
mance sociale", en particulier concernant le chantier : la relative exiguïté regard de la recherche de cette nouvelle performance du génie civil ; le pro-
des lieux ne permet pas, en effet, de disposer d’espaces suffisants pour cédé d’exécution retenu permet de concilier le souci d’une bonne exécution
y préfabriquer d’importantes structures. D’où le recours à une préfabrica- de l’ouvrage, la réalisation d’une productivité satisfaisante du chantier et
tion lointaine imposant un transport par voie maritime sur plus de 200 km la limitation de la gêne imposée par les travaux aux usagers et aux riverains.
pour les caissons de la partie Est et un parcours de 1 500 km pour la digue Toutes ces opérations devraient donc faire réfléchir ceux qui voient dans
flottante. toute nouvelle infrastructure un gâchis de ressources et une atteinte irré-
Donc, autant de difficultés techniques – voire de risques liés à la fortune médiable causée au cadre de vie !
de mer – acceptées pour éviter d’imposer des contraintes locales qui Elles montrent, en effet, que moyennant un effort d’imagination, l’utilisa-
auraient été effectivement sévères pour l’exploitation du port et pour l’en- tion des connaissances de tous ordres procurées par la Recherche et une
vironnement urbain si les structures avaient été construites sur place ou sérieuse prise en compte des contraintes imposées à l’environnement humain
à une faible distance de Monaco. et naturel par les ouvrages achevés et pendant leur construction, des
Enfin, "performance durable", pour ce qui concerne la conservation de l’ou- solutions permettent de réaliser les infrastructures nécessaires au trafic,
vrage et son impact sur l’environnement maritime et terrestre : les carac- de façon saine au plan de l’économie et respectueuses du cadre de vie –
téristiques des matériaux, des structures et de leur fondation ou leur c’est-à-dire concourant à l’aménagement durable, grâce à leur "perfor-
ancrage et les procédés de construction prennent en compte la redoutable mance également durable, car globale".
Gilbert Battigello
DIRECTEUR DU SERVICE
DES TRAVAUX PUBLICS
Principauté de Monaco
Jacob Ward
Le projet finalement adopté résulte des trois un projet d’ensemble qui, pour l’essentiel, consis- INGÉNIEUR
contraintes naturelles : te à préfabriquer à l’extérieur, dans des sites spé- REPRÉSENTANT
DU MAÎTRE D’OUVRAGE
◆ les caractéristiques des houles 1 ; cialement équipés : La Ciotat, Marseille, Algésiras,
◆ les grandes profondeurs d’eau ; les divers éléments du projet portuaire, puis à
◆ la nature médiocre des sols marins, les remorquer et à les mettre en place à Monaco
et des trois contraintes que le maître d’ouvrage où les travaux se limitent à la préparation de leur
s’est imposé : assise.
◆ le respect de l’environnement marin ; Parmi les différences pièces de ce puzzle géant dé-
◆ le respect de l’environnement urbain ; crites plus loin par les responsables des deux grou-
◆ la maîtrise des coûts. pements titulaires des marchés de travaux, mention
S’y est ajoutée une préoccupation majeure : celle doit être faite, pour illustrer l’importance de l’opé-
de la durabilité d’ouvrages en béton armé et en bé- ration et son aspect novateur, de la digue semi-flot-
ton précontraint dont la vocation est d’être bat- tante construite à sec, au pied du rocher de Gibraltar.
tue par les vagues. Elle se présente comme un immense navire en bé-
L’objectif affiché, au vu du comportement des plates- ton précontraint, à double coque, de 350 m de lon-
formes pétrolières en béton de la mer du Nord, a gueur, 16 m de tirant d’eau, dont le déplacement :
été une durée de vie de cent ans. 163 000 t est égal à quatre fois celui du porte-
A cette fin, et en plus des classiques BAEL et BPEL, avions Charles de Gaulle, et dont les armatures,
il est apparu nécessaire de faire appel aux règles toutes protégées cathodiquement, ont un poids une
norvégiennes NS 3473 pour conduire les justifica- fois et demi supérieur à celui de la Tour Eiffel.
tions non traitées dans les textes réglementaires Côté terre, la digue semi-flottante est amarrée, par
français, notamment pour tous les aspects qui une rotule, à un caisson culée de 80 x 40 x 30 m
concernent les vérifications aux états limites d’ou- posé à - 30 m sur un remblai spécialement traité.
verture des fissures, les états de contraintes plu- Trois autres caissons fondés l’un à - 20 m et deux
riaxiaux, la fatigue et les contraintes tangentes. à - 10 m délimitent avec le caisson culée un terre-
Porteuses de l’expérience pétrolière, les règles nor- plein d’un hectare environ situé en contrebas du
végiennes, qui s’appliquent depuis plus de vingt Fort Antoine (figure 2).
ans à pratiquement toutes les plates-formes off- Une contre-jetée constituée d’un caisson, en bé-
shore, se sont ajoutées à : ton précontraint également, de 145 m de longueur,
◆ la compacité des bétons (E/C < 0,35) ;
◆ l’épaisseur d’enrobage (55 mm pour les aciers
30 m de largeur, 9 m de tirant d’eau, reposant sur ®
passifs, 100 mm pour les câbles de précontrain-
te) ; Figure 2
◆ le traitement des joints de reprise des bétons ; Caissons délimitant le terre-plein
◆ la protection cathodique des armatures ; Caissons delimiting the esplanade
◆ la chaleur d’hydratation des liants ;
◆ d’autres précautions encore de nature à assu-
rer une bonne pérennité de l’ouvrage comme l’uti-
lisation de tubes au lieu de gaines pour les câbles
de précontrainte.
■ PROJETS FUTURS
Avec la réalisation de ces travaux qui constituent
une première application des techniques et des
méthodes de l’offshore pétrolier à de nouveaux
concepts d’ouvrages maritimes respectueux de l’en-
vironnement, une voie nouvelle s’ouvre pour de nou-
veaux projets de développement en mer.
Une phase 2 destinée à poursuivre la reconquête
et l’aménagement du littoral jusqu’aux plages du
Larvotto est en cours d’étude.
A plus long terme, il paraît envisageable de préfa-
briquer en cale sèche des quartiers entiers de vil-
le, puis de les remorquer et de les assembler sur
un site convenu conformément à un plan d’urba-
nisme préétabli.
Le projet de Fontvieille II (photo 2) se situant dans
des fonds allant de - 40 m à - 80 m illustre une tel-
le perspective.
Figure 4
Emprise
des deux lots
® des appuis fixes complète la protection du plan ■ REMARQUES GÉNÉRALES
The two project
areas d’eau (figure 3).
Comme la digue semi-flottante, il constitue une ap- Au-delà du caractère particulier de ce projet, nous
plication du "mur d’eau fixe". souhaiterions attirer l’attention sur quelques consi-
dérations de portée plus générale :
◆ en matière de travaux en mer, les réalisations
■ ATTRIBUTION DES TRAVAUX les plus étonnantes ont été menées à bien par les
très discrets pétroliers. Il serait souhaitable que
Les travaux de génie civil furent divisés en deux les ingénieurs chargés des travaux maritimes
lots : profitent de l’expérience qu’ils ont accumulée ;
◆ lot n° 1 comprenant le terre-plein à constituer au ◆ la France, patrie d’excellence du béton, mais plus
pied du Fort Antoine avec les caissons qui le déli- terrienne que maritime, ne semble pas avoir por-
mitent, plus en tranche optionnelle, la contre-jetée té, en dehors de cercles restreints de spécialistes,
et le prolongement du quai Louis II ; une attention suffisante à la durabilité du béton
Les travaux
Rappelons tout d’abord les
trois grands thèmes qui ont
de Monaco
sous-tendu toutes les ré-
flexions lors de la concep-
tion du projet :
Les travaux
◆ de grandes profondeurs
d’eau et un sol naturel com- diments récents de faibles caractéristiques. La pre-
plexe, présentant d’impor- mière opération a donc consisté à enlever une
couche, variant de 1 à 6 m, de matériaux limoneux
tantes hétérogénéités et par des profondeurs allant jusqu’à 55 m.
notamment au pied des fa- Cette opération a été réalisée avec l’une des plus
laises des changements de grosses dragues suceuses actuelles, "Nile River"
Photo 1
équipée d’une élinde de 60 m de long, 1,5 m de
nature brutaux ; Drague "Nile River"
diamètre et une tête d’aspiration de 6 m de large
◆ le respect de l’environnement au "Nile River" dredge
équipée de jet d’eau ou d’air sous pression pour
sens le plus large du terme : déstructurer, si besoin, le matériau à draguer (pho-
- environnement marin (faune et flo- to 1). 75 000 m3 sous l’emprise du terre-plein et
60 000 m3 sous l’appui de contre-jetée ont ainsi
re), propreté des eaux,
été enlevés.
- préservation d’une qualité de vie Les spécificités du déroulement de cette opération
pour les habitants de la Principauté propre aux contraintes environnementales sont dé-
en minimisant à chaque étape les im- crites dans le chapitre suivant.
Le substratum rocheux apparaît des deux côtés de
pacts sur les existants, les nuisances
la sortie du port mais plonge rapidement jusqu’à
visuelles, sonores et de circulation ; des profondeurs estimées à environ - 200 m NGM.
◆ le souci de réaliser un ouvrage pé- L’assise des ouvrages est donc recherchée dans
renne avec une durabilité affichée de la couche intermédiaire :
◆ une série de marnes et calcaires, datant vrai-
100 ans.
semblablement de la fin du crétacé inférieur (cé-
La préparation, l’organisation des tra- Photo 2 nomanien). Cette série, rencontrée en continuité
vaux, le choix des solutions tech- Plate-forme auto-élévatrice équipée du rocher de Monaco, présente un pendage im-
pour les injections solides
niques et des procédés d’exécution portant vers le large. Au voisinage du caisson de
Platform with auto-elevator culée, son toit se situe vers 57 m de profondeur ;
ont eux-mêmes directement découlé designed for solid injection
◆ une série assez hétérogène de marnes peu conso-
de ces trois fondamentaux. lidées contenant de nombreux lits de graviers (et
peut être quelques niveaux de calcaires et conglo-
mérats). Ces matériaux peuvent être déposés en
transgression lors de l’éocène sur les marno-cal-
caires cénomaniens (lacune de tout le crétacé
Photo 3
supérieur). Cette série se situe vers - 50 m de
Injections solides pénétration dans la zone du caisson de digue semi-
- Perforatrices flottant ;
Solid injection - ◆ la série des dépôts limoneux post-orogéniques,
Drilling rigs déposés en discontinuité sur la série éocène et da-
tant de la fin du tertiaire ou du début du quater-
naire. Ils présentent une cimentation interparticulaire,
pouvant conduire jusqu’à des grés friables. Cette
cimentation carbonatée est probablement due à
une dessiccation et à l’action des eaux météoriques
lors d’une immersion en période de bas niveau ma-
■ PROFONDEUR D’EAU rin (würmien par exemple). Elle est présente sur la
ET TERRAIN COMPLEXE quasi-totalité du site. Sa puissance croît de 15 m
au droit du futur terre-plein jusqu’à plus de 28 m
Le travail a grande profondeur et la nature des ter- pénétration dans la zone du caisson de digue semi-
rains de substratum ont conduit à une grande va- flottant.
riété de systèmes de traitement. Les deux dernières couches sont traitées dans l’em-
Le port de la Condamine se situe à l’embouchure prise du terre-plein par des injections solides.
du torrent de Ste Dévote qui a, au fil du temps et Ce procédé consiste à repousser horizontalement
des orages, déposé une quantité importante de sé- le terrain en injectant du mortier de consistance
du lot 1
ferme (slump entre 8 et 11) dans des forages à Photo 4
Vibreur de 150 mm suspendu
maillage serré (ici triangulaire de 4 m) ; ceci amé-
à son aiguille. Ce vibreur
liore ses caractéristiques : a pu descendre à 20 m
◆ par l’effet de compactage horizontal ; à l’intérieur des remblais
◆ par l’inclusion d’une colonne de matériaux de spécialement sélectionnés
module élevé, le mortier (photo 2). 150-mm vibrator suspended
from its needle. This vibrator
Ce procédé s’adapte bien au type de terrain ren- descends 20 m
contré : into specially selected
◆ par la capacité à traverser des couches indurées embankments
locales, le forage se faisant par rotopercussion ;
◆ par son auto-régulation (l’expansion du mortier
se fait là où le terrain est faible) (photo 3).
Le remblai support des caissons de terre-plein étant
réalisé avec un calcaire dur de granulométrie 20/180
(sans fines pour des problèmes d’environnement
cf. chapitre suivant), l’entreprise a préféré deux
autres méthodes de traitement :
◆ la vibrocompaction pour les remblais de - 30 m
à - 50 m ;
◆ les inclusions métalliques de pieux PH battus
sous les caissons secondaires entre - 30 mètres
et - 10 mètres.
La mise au point de la vibrocompaction, non en-
core expérimentée dans ce type de matériaux, a
nécessité une approche théorique avec des essais Photo 5
de laboratoire. Préparation du battage
Puis une validation sur une planche d’essai, gran- d’un pieu. En rouge,
marteau de battage
deur nature, dans une fosse de 10 m de profon-
Preparation
deur, 10 m de large et 20 m de long, des matériaux
for pile driving. In red,
ont été déversés dans l’eau sans compactage, puis pile driving hammer
vibrocompactés. Les caractéristiques mécaniques
ainsi obtenues ont été mesurées au pénétromètre
statique Amapsol et les tassements obtenus ana-
lysés pour servir de critère lors de l’exécution in
situ. Le tassement observé grâce à la vibrocom-
paction est de 6 à 8 % de l’épaisseur de la couche
(photo 4).
Dans les zones très proches de la falaise des zones
d’éboulis ont également été consolidées par bat-
tage de pieux PH.
Du côté de la contre-jetée, comme il n’apparaissait
pas, dans la zone de la pile, de couche indurée ren-
dant le battage de pieux métalliques trop aléatoires,
la solution retenue a été le frettage du terrain par appui dur est reconstitué par traitement au jet grou-
pieux métalliques de 28 m de longueur (Ø 550 mm ting de la couche de grave. Des micropieux scellés
épaisseur 17 mm) sur une maille de 4 m. dans le calcaire, le terrain traité et la semelle as-
La mise en place de ceux-ci, de longueur 28 m, surent la reprise des efforts horizontaux.
étant faite par vibrofonçage dans le remblai et Au final, pas moins de cinq techniques différentes
les premières couches de terrain naturel, puis par de consolidation ont été utilisées en fonction de la
battage (photo 5). nature et de la plus ou moins grande hétérogé-
Pour la culée, le substratum calcaire ayant été re- néité des terrains afin de maîtriser parfaitement
péré à 15 m moyen sous le niveau de semelle de leur tassement, et ceci avec chaque fois les
la culée avec une couche superficielle de grave, un contraintes particulières de grandes profondeurs. ®
Travaux n° 779 • octobre 2001 21
PORT DE MONACO
Remblai
Traitement de sol
ABSTRACT
Port of Monaco extension
works. Section 1 works
J.-W. Ferrier
■ UN OUVRAGE COMPLEXE :
UN BÂTIMENT FLOTTANT
DE 160 000 TONNES EN BÉTON
Description sommaire
®
Dans la phase actuelle, La méthodologie de calculs a été définie suivant
huit grues à tour un organigramme intégrant les différentes phases
permettent de travailler
sur toute la longueur (figure 2).
de l’ouvrage
In the present phase, Deux vies pour un ouvrage unique
eight tower cranes La structure a été conçue et dimensionnée pour son
allow working
over the entire length usage en service qui va durer plus de 100 ans, dans
of the structure une configuration "rotulée" et mouillée ("ancrée").
Toutefois, avant d’être installé dans sa configura-
tion définitive, l’ouvrage va vivre une première vie,
dès sa construction achevée, libre de ses mouve-
ments et soumis à des sollicitations différentes de
celles qu’il subira en service.
Cette première vie a fait l’objet d’études appro-
fondies en phase d’ingénierie, de manière à véri-
fier que la structure ne sera pas sollicitée au-delà
des limites admissibles et de façon à rester au plus
près du dimensionnement de la phase de service :
Un avancement ◆ mise en flottaison : en configuration de ballas-
"en marches d’escalier".
Le plot à droite
tage minimum, pour une gîte et assiette nulle dans
de la photo est au niveau la souille, la digue va présenter une déformation
fini des élévations. longitudinale importante, avec une flèche maxima-
Une dalle de couverture
de 65 cm vient fermer
le de 17 cm. Le phasage de ballastage et de mise
la boîte en eau est à adapter à la structure construite ;
"Stair-step" advance. ◆ remorquage : la digue va devoir affronter la hau-
The post on the right te mer et la structure pourra alors être soumise à
of the photo des houles de caractéristiques variables et sous
is at the final elevation
level. A 65-cm cover slab des incidences, pour certaines, impossibles sur le
closes the box site de Monaco ;
◆ rotulage : cette opération fait l’objet de calculs
hydrodynamiques spécifiques, propres à cette confi-
guration et présente des conditions environne-
mentales opérationnelles très restrictives. Le système
de guidage permettant le blocage des mouvements
Figure 2
Organigramme des calculs
menés au stade des études
d’exécution
Chart of calculations
conducted
in final design phase
DESCRIPTION SOMMAIRE
DES MOYENS
Personnel
• Coffreurs : 250
• Ferrailleurs : 180
• Autres ouvriers : 140
• Encadrement : 65
Total : 635
Equipements fixes
• 8 grues à tour autour de l’ouvrage
+ 2 grues sur parc
• 2 centrales à béton de 60 m3/h
®
le monde en matière de béton soumis aux agres-
sions marines.
Dans le quotidien du chantier, cela se traduit par
des dispositions constructives et des contraintes
inhabituelles dans les travaux publics.
Figure 4
Route envisagée
pour le remorquage
Road planned
for towing
Des compétences
pluridisciplinaires
®
Cette photo de ferraillage Un convoi exceptionnel
d’un voile montre une forte L’ensemble remorqueur-remorqué présentant une
densité d’aciers passifs
et de gaines de précontrainte, longueur totale d’environ 1 km, ce convoi ne peut
ainsi qu’une totale irrégularité des être accueilli en transit dans les ports le long du
mailles. Dans de telles conditions, trajet.
la préfabrication des panneaux
n’est pas envisageable Des zones d’abris existent néanmoins, constituées
This photo of the reinforcement for par des reliefs côtiers particuliers et des zones de
a load-bearing wall shows transition climatologique.
the density of the passive steel Le convoi devra se jouer des conditions météo et
elements and the prestessing
ducts, as well as the
de courants. Pour cela, il sera fait appel à la tech-
irregularity of the grids. Under nique de routage de manière à toujours rester sous
such conditions, the prefabrication couverture météo.
of the panels is not possible
Trois remorqueurs de haute mer seront mobilisés
pour une traction minimum nécessaire de 100 t.
Ce bossage permet La vitesse maximale prévisible est environ de trois
la sortie des câbles
de précontrainte. nœuds. La distance moyenne entre Algésiras et
On notera en particulier Monaco est de 800 miles nautique (1 480 km). Le
la densité d’aciers trajet est donc prévu en 12 jours minimum.
de frettage
This bossing allows
the exit of the prestressing
Rotulage
cables. In particular,
the density of the steel C’est la phase finale et unique pour laquelle il n’y
bands can be seen a pas de référence existante.
Objectif : assurer l’assemblage et le boulonnage
de la connexion de la digue à la culée.
Plus pratiquement, il s’agit de faire pénétrer un
cône "solidaire" de la digue dans le réceptacle, co-
nique lui aussi, ancré dans la culée.
Figure 5
Opération de rotulage. Poutre de rotulage appui en Z. Vue longitudinale A-A
LES PRINCIPAUX INTERVENANTS
Ball junction operation. Junction Z-beam. Longitudinal view A-A
Maître d’ouvrage
Travaux Publics de Monaco
Maître d’œuvre - Concepteur
Doris Engineering
Bureau de contrôle
Bureau Véritas
Groupement d’entreprises
BEC Frères (mandataire), Dragados, FCC,
Triverio, S.M.M.T.
Bureau d’études structure béton
Setec TPI/Hydratec (études remorquage)
Fabrication de la rotule
NFM Technologies
Laboratoire de mise au point et contrôle
des bétons
CEBTP
Ferraillage
In Situ - Armasur
Procédé de précontrainte
FCC/BBR
Installation des mouillages
Seaway Heavy Lifting
Assurances
Axa - Courtage : Marsh
Second franchissement
Le nouveau franchissement du Rhin
au sud de Strasbourg 1 comporte trois
de Strasbourg
ouvrages en béton faisant appel à
des méthodes de construction contras- Le tablier du viaduc d'accès
tées.
Le tablier du pont prin-
cipal comportant une ■ CONCEPTION GÉNÉRALE
travée centrale de
Contraintes géométriques liées
205 m est construit sui- au tracé routier
vant la technique des
encorbellements suc- Le tablier présente des rayons de 625,10 m en
plan et de 12 000 m en profil en long.
cessifs.
Le tablier long de 212 m comprend quatre travées
Le tablier du viaduc de 52,25 m (travées de rives) et 53,75 m (travée
d’accès côté Allemagne centrale) (figure 1).
est coulé en place sur Il est constitué d’un caisson mono-cellulaire de hau-
teur constante égale à 3,20 m.
cintres et étaiements.
L’épaisseur des âmes, constante est égale à 0,40 m.
Le tablier du viaduc L’épaisseur du hourdis inférieur est constante et
d’accès côté France est égale à 0,20 m, celle du hourdis supérieur varie de
préfabriqué sur le rem- 0,22 à 0,41 m (figure 2).
Photo 1 L’intrados, parallèle à l’extrados, présente une pen-
blai d’accès et mis en place par pous- Vue générale du chantier (en arrière plan,
la construction du pont principal sur le fleuve) te transversale de 2,5 % constante sur toute la lon-
sage. gueur du tablier.
General view of site (in background, construction
L’article qui suit présente la construc- of main bridge over river) Compte tenu de la conjugaison des rayons en pro-
tion de ce dernier achevé en juin der- fil en long et en tracé en plan, la surface envelop-
pe de poussage du tablier est un cône de révolution
nier (photo 1).
très aplati et d’axe très légèrement incliné par rap-
1. Le lecteur est invité à se reporter aux articles publiés dans Tra- port à la verticale.
Alain Demare vaux n° 760 (janvier 2000) et n° 775 (mai 2001) traitant res-
CHEF DU SERVICE DES GRANDS TRAVAUX pectivement la conception du franchissement et la réalisation des
Direction Départementale de l’Equipement du Bas-Rhin appuis et fondations. Découpage en plots
Conception du câblage
Banc de prÈfabrication
du viaduc d'accès côté France
Avant-bec
C10 P11 P12 P13 C14
et de poussage
16,40m
Rhin
Route Rhin
22,05m
Rhin
Route Rhin
16,30m
Rhin
Route Rhin
15,40m
Rhin
Route Rhin
22,05m
Rhin
Route Rhin
16,30m
Rhin
Route Rhin
Photo 2
Intérieur du caisson.
C10 P11 P12 P13 C14
15,40m
Rhin On remarquera les câbles de précontrainte
Route Rhin
extérieurs au béton
Inside of caisson. The prestressing cables
C10 P11 P12 P13 C14
16,30m
Rhin
Route Rhin
15,40m
Rhin
Route Rhin
22,05m
Rhin
Route Rhin LES PRINCIPALES QUANTITÉS
DU TABLIER
C10 P11 P12 P13 C14
14,30m
Rhin • Béton B65 : 2 020 m3
Route Rhin
• Aciers passifs : 306967 kg (152 kg/m3)
• Aciers actifs :
C10 P11 P12 P13 C14
®
Travaux n° 779 • octobre 2001 35
PONT
■ INSTALLATIONS SPÉCIFIQUES
Aire de préfabrication
Avant-bec
Photo 7
Dispositif de poussage LES PRINCIPAUX INTERVENANTS
Eberspeicheir
Eberspeicheir pushing Maîtrise d’ouvrage
system
• République française - Ministère de l’Equi-
pement, des Transports et du Logement - Direc-
tion des Routes
• République Fédérale d’Allemagne - Land de
Bade-Wurtenberg - Ministère des Transports et
de l’Environnement (viaduc d’accès côté Alle-
magne uniquement)
Représentant des maîtres d’ouvrage pour
la construction du pont principal franco-
allemand sur le Rhin
DDE du Bas-Rhin
Maîtrise d’œuvre
DDE du Bas-Rhin - Service des Grands travaux
Assistances particulières à la maîtrise
d’œuvre lors de la phase de réalisation
des travaux
Contrôle des études d’exécution
des structures
• Setra (tablier du pont principal)
• SNCF/Coredia (appuis et fondations)
• CETE de l’Est (tablier du viaduc d’accès)
Mises au point architecturales
Figure 5 Philippe Fraleu, architecte
Cinématique de construction d’un plot. De haut en bas : bétonnage du U inférieur - Contrôle extérieur des travaux
Bétonnage du hourdis supérieur - Décintrement du plot achevé
LRPC de Strasbourg
Post construction process. From top to bottom : concreting of lower U - Concreting
of upper deck section - Removal of completed post centring
Contrôles topographiques
Cabinet Klopfenstein et Sonntag
Coordination sécurité et protection de la santé
OTE
Titulaire des marchés de travaux
(pont principal et viaduc d’accès français)
Groupement d’entreprises Bilfinger + Berger
et Max Früh
Principaux sous-traitants et fournisseurs
• Etudes d’exécution : Europe Etudes
Gecti/Simecsol
• Travaux fluviaux : OHF
• Palplanches rive droite : Moebius
• Terrassements : Kaiser
• Fondations : Grund und Phalbau
• Injection des pieux : Erkelenzer
• Précontrainte : Freyssinet
• Fabrication des bétons : Fehr
• Fabrication des appareils d’appui : FIP
• Armatures passives : Ruhl (façonnage)
Ünlütürk (pose)
• Travaux topographiques : Kappis
• Contrôles externes béton : Solen - LEM
• Fourniture des palplanches : Arbed
• Etanchéité : Schubel
• Garde-corps et corniches en aluminium :
DR Equipement
• Equipements électriques : Saunier Duval
• Coffrages : Péri
Procédé et dispositifs
de poussage
®
âmes et entretoises sont retirés, la cure des bé- mise en tension des câbles de précontrainte lon-
tons est soigneusement appliquée et les étaie- gitudinaux soit deux paires de câbles 19T15 ré-
ments (tours Peri Multipropre) et coffrages du hourdis gnant sur la longueur de chaque plot plus quatre
supérieur en partie centrale sont installés et ré- paires de câbles 25T15 régnant sur la travée en-
glés ; tière au troisième, sixième, neuvième et dernier
◆ on pose alors les armatures passives du hour- plot (photo 10) ;
dis supérieur, les monotorons gainés graissés de ◆ le décintrement du plot, est alors obtenu par
la précontrainte transversale et les gaines de pré- abaissement des vérins de la plate-forme de pré-
contrainte intérieure ; fabrication ;
◆ le bétonnage du hourdis supérieur, réalisé à l’ai- ◆ le poussage peut alors débuter par pas de 20 cm
de d’un béton fluide non retardé, ne pose aucune (photos 11, 12, 13, 14 et 15) ;
difficulté particulière (le ferraillage est, il est vrai, ◆ l’enlèvement des étais du hourdis supérieur s’ef-
peu dense). La vibration est assurée à la règle vi- fectue en temps masqué durant cette phase ;
brante en pleine largeur. Le talochage est assuré ◆ le nettoyage, les ragréages éventuels et les fi-
à l’aide d’une surfaceuse à disque. Compte tenu nitions des parements extérieurs sont exécutés
de la présence de super plastifiant Glenium 27 dans entre le banc de préfabrication et la culée à l’ai-
la formule de béton ayant un effet retardateur de de d’échafaudages de service au fur et à mesure
prise, cette opération intervient très tardivement du poussage ;
après la mise en œuvre du béton (généralement 5 ◆ la mise en tension des monotorons transversaux
Photo 10 à 6 heures). La cure des surfaces non coffrées est du plot n est généralement effectuée après pous-
Mise en tension des câbles intérieurs
assurée à l’aide de panneaux de polystyrène ex- sage, en temps masqué, durant la construction du
Tensioning of inside cables
pansé qui assurent en outre une bonne isolation plot n + 1.
thermique des bétons par temps froids ; A partir de la seconde travée, la durée optimisée
◆ lorsque la résistance requise des bétons est at- de construction des plots a été d’une semaine pour
teinte (43 MPa à la compression), on procède à la les premier et second plots de chaque travée, de
Jean-Marc Castel
Toulouse-Pamiers PROFESSEUR AGRÉGÉ
Lycée Andréossy (Castelnaudary)
Eric Marchisone
CHEF DE TRAVAUX
Lycée Andréossy
Henri Pillier
DIRECTEUR DE L’AGENCE
DE TOULOUSE
Freyssinet
Photo 1
Déblai du TOARC 1 et vue sur la vallée de l’Ariège
Cuttings of project Phase 1, and view of Ariège valley
Figure 3
Le planning
Planning schedule
Les terrassements se sont déroulés de juin 1999
à avril 2001 et ont employé :
◆ 2 échelons de décapeuses CAT 631 E produi-
sant 7000 m3/j chacun ; Photo 2
◆ 2 échelons de pelles CAT 375 avec des tombe- Terrassements
sur le TOARC 1
reaux CAT 769 produisant 4 000 m3/j chacun ;
◆ 1 échelon constitué d’une pelle 345 et de tom- Earthworks of project
Phase 1
bereaux articulés produisant 3000 m3/j.
L’ensemble assurant une production journalière de
25 000 m3/j en un poste (photo 2).
Photo 3
Assises en zones compressibles Mise en œuvre
La quasi-intégralité des remblais se trouvait en des drains verticaux
zones compressibles ce qui a nécessité la mise en Placing
œuvre de quelque 400 km de drains verticaux pour of vertical drains
accélérer la consolidation des sols d’assises (pho-
to 3).
Traitement à la chaux
Les sols rencontrés sont des sols fins de type A1,
A3 et C2A1 selon la classification GTR. Les sols
étaient souvent sableux et manquaient de cohé-
sion ce qui nécessitait un traitement à la chaux de
1 à 1,5 %.
La chaux était approvisionnée par train puis par se-
mis à raison de 500 t/j. Les couches de remblais ®
Travaux n° 779 • octobre 2001 45
AUTOROUTE
®
Photo 4 étaient malaxées à l’aide de pulvimixeurs Raco 550
Traitement et 450 puis compactées avec des vibrants V5 (pho-
des sols à la chaux
to 4).
Lime treatment
of soils
Constitution des remblais
La technique de mise en œuvre des remblais a été
celle du noyau inversé avec des matériaux moins
bons au centre du remblai. Pour les remblais de
Photo 5 grandes hauteurs, des banquettes de stabilisation
Extraction
sur l’emprunt de Royat ont été mises en œuvre latéralement.
Extraction from Royat
borrow Réalisation de la couche de forme
■ LE TOARC N°2
Le second TOARC relie le viaduc de l’Hers à la RN20
Photo 7
à Pamiers en se fondant à la vallée de l’Ariège. Ce
Coffrage de pile tronçon est projeté en remblais rasants. Il est donc
de PS plus classique, mais est rendu difficile par la pré-
Overpass sence d’une forte densité de réseaux existants qui
pier shuttering ont nécessité des travaux préliminaires de réta-
blissement ou de déviation très importants.
Les terrassements sont composés de 650 000 m3
de déblais et de 1 900 000 m3 de remblais dont
1 400 000 m3 de graves issues de la carrière de
Royat ouverte sur le site (photo 5).
Les terrassements se sont déroulés de juin 1999
à mai 2000 et ont employé :
◆ un échelon de décapeuses CAT 631 avec un bou-
teur D10 pour le décapage et le déblai principal ;
◆ 2 échelons de pelles CAT 375 avec des tombe-
reaux produisant 4 000 m3/j chacun ;
Photo 8
◆ une dragueline sur la carrière de Royat.
Habillage des piles La très bonne qualité des sols de l’emprunt a per-
avec des briquettes mis de réaliser une arase de terrassement avec
Brick facing on piers une portance de 100 MPa, et d’éviter ainsi la
réalisation d’une couche de forme (photo 6).
Pour les étudiants du lycée Andréossy, les diffé-
rentes visites des travaux de terrassements ont
permis de connaître les différentes techniques et
engins de terrassement. Le décalage des visites
dans le temps permettait de se rendre compte des
possibilités de production d’un gros chantier de ter-
rassement.
®
■ LES OUVRAGES PARTICULIERS
Ces ouvrages ont fait l’objet de marchés séparés.
Le franchissement du canal
du Midi PI 017
®
Figure 6 Les ponts poussés
Plan
de la bifurcation
pour la bifurcation A61-A66
A61/A66
Plan Ces deux ouvrages permettent de réaliser la bifur-
of A61/A66 cation de la nouvelle autoroute A66 et l’A61. Le PS
junction 003 permet de réaliser la bretelle Narbonne-Pa-
miers et le PS008 permet de réaliser la bretelle Pa-
miers-Toulouse (figure 6).
Ces deux ouvrages ont fait l’objet d’un marché sé-
paré, et ont été réalisés par l’entreprise Maia Son-
nier pour la réalisation du génie civil et par Freyssinet
pour le poussage et la précontrainte. Les travaux
de ces deux ouvrages se sont étalés de novembre
1999 à août 2000.
La principale contrainte d’exécution pour ces tra-
Figure 7
Réalisation vaux est que l’A61 est toujours en circulation, ain-
du PS 003 si :
Overpass 003 ◆ des voies seront neutralisées pour réaliser les
appuis ;
◆ le poussage des tabliers sera réalisé avec des
basculements de circulation afin que l’avant-bec
ne soit jamais au-dessus des chaussées en circu-
lation.
A66 – Toulouse -
Section Montesquieu -
■ PRÉSENTATION DU PROJET ◆ 3500000 m3 de remblais traités à 1 % de chaux
minimum ;
Le chantier de l’A66 Toulouse-Pamiers, section ◆ profils mixtes et/ou décaissement d’assises rem-
Montesquieu-Lauragais-Mazères y compris la bi- blais sur 9 km ;
furcation de raccordement A66/A61 s’étend sur ◆ chaux 56 000 t ;
un linéaire de 23 km environ et concerne dix com- ◆ drains verticaux 80 km ;
munes (Saint-Rome, Montesquieu-Lauragais, Vieille ◆ matériaux d’apport : 600 000 m3 (couche de for-
Vigne, Nailloux, Aignes, Montgeard, Calmont, Mo- me, base drainante et remblai de purges).
nestrol, Gibel et Mazères) dans les départements
de la Haute-Garonne et de l’Ariège. Ouvrages d’art
◆ 11 passages supérieurs ;
Description générale ◆ 21 passages inférieurs ;
◆ 1 ouvrage lié à l’échangeur de Nailloux ;
Terrassement ◆ 14 rétablissements routiers ;
◆ 23 km d’autoroute avec préparations, dé- ◆ 1 passage piétons ;
blais/remblais, arase et couche de forme ; ◆ 2 passages faunes spécifiques ;
◆ 23 km de rétablissements avec préparations, ◆ 3 passages agricoles dont un bovin et un faune.
déblais/remblais et arase ;
◆ 5 000 000 m3 de déblais ; Rétablissements
◆ 11 rétablissements hydrauliques spécifiques de
Atelier traitement voiries sur trente sites différents.
de chaux. Géotextile
drainant
en base de remblai Assainissement
Lime treatment plant. ◆ 23 km d’autoroute ;
Drainage geotextile ◆ 23 km de rétablissements ;
at base ◆ rescindement des cours d’eau ;
of embankment
◆ 30 bassins de type rétention d’eaux pluviales ;
◆ 20 km de drains profonds Ø 160 ;
◆ 3 500 ml de buse béton Ø 400 à 1 800 ;
◆ 750 ml de buse métallique Ø 800 à 2 000.
■ CONTEXTE GÉOLOGIQUE
ET GÉOTECHNIQUE
© ASF/Yann Collet
Lauragais - Mazères
◆ les coteaux molassiques du Lauragais caracté- adaptation du projet aux matériaux rencontrés dans
risés par des sols argileux en couverture puis par les déblais. Rapidement il apparaît que l’équilibre
des marnes et lentilles sableuses entrecoupées tendu du mouvement des terres et la grande hé-
par de nombreux bancs rocheux gréso-calcaires ; térogénéité des déblais conduisent à une gestion
◆ la vallée de l’Aïse recoupée longitudinale formée "pointue" des matériaux de déblais. Cette situa-
d’alluvions argileuses hétérogènes ; tion a conduit l’entreprise à généraliser toutes les
◆ les coteaux molassiques dits "de la Taverne" méthodes conduisant à une réutilisation maxima-
présentant des caractéristiques proches de ceux le des matériaux :
du Lauragais en intégrant d’anciens glissements ◆ ripage lourd (D10) en lieu et place du minage de
fossiles ; dalles de marnes indurées ;
◆ la vallée de l’Ariège constituée de grave allu- ◆ stockage provisoire et reprises ;
vionnaire. ◆ aération ou humidification ;
Le chantier se compose donc par une succession ◆ traitement à la chaux et malaxage du pulvi-
de déblai-remblai de grande hauteur dans les co- mixeur.
teaux du Lauragais (PK 0-10) puis essentiellement
par des remblais rasants dans la vallée de l’Aïse Dispositions constructives
compressibles (PK 10-20) et enfin par plusieurs
passages déblai-remblai débouchant dans la plai- Les assises de remblais sont principalement consti-
ne de l’Ariège (PK 20-23). tuées de sols compressibles (franchissement de
talweg ou vallée de l’Aïse). En plus, des sondages
à la pelle réalisés dans le cadre des reconnais-
■ CARACTÉRISTIQUES sances complémentaires, une campagne de son-
dages au pénétromètre dynamique a été menée
Le profil en long est décrit sur la figure 1. pour délimiter les zones compressibles. Des tech-
Le profil en travers type avec partie supérieure des niques particulières ont donc été mises en place
terrassements (PST) de 70 cm traitée à la chaux pour consolider le sol support :
est reporté figure 2. ◆ remblais de grande hauteur (de 4 à 22 m) :
- mise en œuvre d’une base drainante constituée
de grave alluvionnaire (1 m),
■ RÉALISATION - réalisation de drains verticaux ancrés au sub-
stratum avec un maillage triangulaire de 1 à 2 m ;
Réalisation ◆ remblais rasants :
- mise en œuvre d’une base drainante en grave
Comme dans la plupart des chantiers linéaires (0,50 m) ou d’un géotextile drainant,
de terrassement, la réussite repose sur la bonne - mise en place d’une surcharge temporaire au ni- ®
Figure 2
Profil
en travers type
Typical
cross section
© ASF/Yann Collet
◆ mise en place d’un drainage en pied de talus ;
◆ pose d’inclinomètres pour suivre les déplace-
ments du talus.
Remblai
Cette instrumentation a répondu à trois objectifs La valorisation des matériaux pour l’utilisation en
principaux : remblai, a conduit principalement à traiter les sols
◆ vérifier la stabilité des remblais dits "de grande à la chaux avec un dosage de 1 % dans le but d’amé-
hauteur" pendant la construction ; liorer les caractéristiques géomécaniques et d’as-
◆ suivre les vitesses de consolidation du sol pour surer un comportement satisfaisant à long terme.
vérifier l’efficacité des surcharges et optimiser leurs Pour les remblais de grande hauteur, la géométrie
temps d’application ; de ces ouvrages prévoit une disposition dite "en
◆ suivre la consolidation des plots de précharge- noyau" dans laquelle la partie située sous la chaus-
ment des ouvrages pour minimiser les risques de sée est entièrement traitée et les épaulements sont
tassement différentiel. en sol non-traité. La pente des talus est à 2/1 et
Suivant les cas, différents moyens de mesure et un traitement de la base de remblai est réalisé sur
d’interprétation ont été utilisés : toute la largeur, avec sur certains ouvrages des
◆ suivi topographique (nivellement) ; banquettes de stabilité. Sur l’ensemble du tracé,
◆ mesures de tassement : la PST est égale à 0,70 m de matériau traité et
- tassomètre hydraulique, la couche de forme est constituée en grave allu-
- tassomètre multipoint ; vionnaire de 0,35 m d’épaisseur.
◆ mesures de pression interstitielle : Pour les remblais sur sol compressible les profils
- piézomètre à contre-pression pneumatique, en travers types intègrent le tassement théorique
- piézomètre électrique ; prévu à l’étude.
◆ mesures de pression totale.
Les mesures régulières ont permis d’évaluer le tas-
sement primaire, et l’interprétation par la métho- ■ DISPOSITIONS DE PROTECTION
de d’Asaoka ou de fluage en a déduit le tassement DE L’ENVIRONNEMENT
résiduel des ouvrages.
Gestion des eaux
Réalisation des déblais
Sur une longueur de 23 km d’autoroute, l’entre-
Les déblais peuvent avoir des hauteurs relative- prise a rencontré trois cours d’eau d’importance
ment importantes, parfois proches de 30 m. Les non négligeable :
pentes des talus à 3/1 assurent la stabilité géné- ◆ la Thésauque au nord ;
rale, cependant localement, des parements drai- ◆ l’Aïse sur 10 km ;
nants sont réalisés au niveau des poches sableuses ◆ l’Hers Vif au sud,
et la pose de toile de jute est nécessaire pour li- ◆ le canal du Midi classé patrimoine mondial de
miter l’érosion. l’Unesco.
© ASF/Yann Collet
eaux de ruissellement, des bassins de décantation
provisoires ont été créés tout au long du chantier.
Les matières en suspension s’y déposent avant re-
jet de l’eau vers le milieu naturel.
Des filtres à fines en géotextile, tendus sur des
cadres en bois et installés à la sortie des bassins
améliorent encore le traitement des eaux en rete- Gestion des déchets
nant les matières en suspension, en plus de la dé-
cantation. Les travaux de terrassement nécessitent un grand
nombre d’engins contenant des quantités impor-
Protection des riverains tantes de fioul et d’huile. Pour limiter les pollutions
en cas d’incident (accidents d’engins, ruptures de
Pour éviter les nuisances dans les villages de Ma- flexibles, etc.) tous les chefs d’équipe sur le ter-
zères, Gibel et Nailloux et l’encombrement des voies rain disposent d’un kit antipollution comprenant un
publiques par des semi-remorques, le groupement bac de rétention de dix-sept litres, des produits ab-
GTM Construction - Chantiers Modernes a choisi sorbants d’hydrocarbures, des sacs poubelle et
de mettre en place un pont provisoire sur l’Hers Vif des gants. En cas d’incidents, le chef d’équipe peut
au niveau de Mazères, afin de transporter les ma- immédiatement agir et récupérer hydrocarbures dé-
tériaux de la carrière de Mazères rive gauche de versés et terres polluées.
l’Hers sur le chantier situé en rive droite. La réparation et l’entretien des engins génèrent
beaucoup de déchets différents. Les déchets in-
Protection de l’air dustriels spéciaux (D.I.S.) sont triés et évacués sé-
parément par une entreprise spécialisée afin d’être
Pour la réutilisation des matériaux en remblai, il retraités : huiles usagées, filtres à huile, liquide de
faut les traiter à la chaux vive afin qu’ils ne soient refroidissement, batteries, flexibles hydrauliques,
plus sensibles à l’eau. Cette opération induit la ma- papiers et chiffons gras et produits absorbants
nipulation de quantités importantes de chaux souillés, emballages d’hydrocarbure.
(50 000 t), matériau pulvérulent et corrosif, pou- Les ferrailles sont stockées dans une benne et éva-
vant engendrer des pollutions des cours d’eau par cuées régulièrement par un ferrailleur. Les ordures
augmentation de leur alcalinité, ou des brûlures de ménagères et les déchets industriels banaux (car-
végétaux et de cultures. tons, bois, papiers) sont évacués par le SIVOM de
Remplis de chaux par air comprimé à partir de trans- Nailloux, vers l’usine d’incinération de Toulouse.
porteur ou de citerne fixe, des épandeurs répartis- Lors des travaux de démolition des habitations
sent la chaux sur le sol à traiter. Pour limiter les situées sur le tracé, les déchets ont été triés et
poussières lors du transfert, des ballons en nylon deux bâtiments ont été désamiantés (toiture en
sont utilisés pour filtrer l’air à la sortie des évents plaques de fibrociment) par une entreprise spé-
de l’épandeur. cialisée : Démolition Delair. Les produits phytosa-
Dans les zones de stockage de chaux, à la place nitaires trouvés dans une exploitation, ont été
du ballon, l’évent est envoyé dans une fosse re- évacués vers une coopérative agricole organisant
couverte de géotextile servant de filtre. une opération de récupération de ces produits afin
Lors de l’épandage de la chaux sur le sol, les épan- de les éliminer. ®
Travaux n° 779 • octobre 2001 57
AUTOROUTE
® ■ CONCLUSION ABSTRACT
Figure 1
Carte du réseau installé
Map of installed network
RESUMEN ESPAÑOL
La carretera
de los estuarios
de la información
Un backbone de 1 400 km
de fibras ópticas
CHIFFRES - CLÉS de París a Hendaya
DU CHANTIER
P. Anjolras, Th. de Severac, Cl. Brunbier-
• Liaison en 12 fourreaux PEHD 40 mm Coulin, Ch. Duboin-Bidet, P.-Ph. Porte-
• APS : 2 mois joie y R. Schuster
• APD : 3 mois
El 4 de febrero de 2000, el operador
• Génie civil : 10 mois
escandinavo Telia atribuía al Grupo
• Pose et raccordement de câbles : 8 mois
Sogea y GTIE, dos sociedades del Grupo
• Signature du contrat : 4 février 2000 Vinci, la ejecución en menos de 16
• Approbation de l’APS par le client : 28 avril meses de un tendido de más de
2000 1 400 km de fibras ópticas, de París a
• Réception de l’ouvrage : juin 2001 Hendaya, vía Ruán, Caen, Rennes,
Nantes, Burdeos y Biarritz.
La empresa Sogea ha tenido a su cargo
las obras de la ingeniería civil y GTIE
del tendido y la conexión de los cables,
así como la construcción y equipos de
los emplazamientos de regeneración
de la señal. Se describe en este artí-
culo el carácter específico de las obras,
así como las diversas etapas de su eje-
cución.
Volet routier
30%
Taux d'éxecution théorique (2/7)
28%
26%
24%
22%
20%
18%
16%
14%
Volet fluvial
0,7
0,6
0,5
0,4
Taux d'éxecution
0,3 théorique (2/7)
0,2
0,1