796 Sols Et Fondations
796 Sols Et Fondations
796 Sols Et Fondations
F é d é r a t i o n n a t i o n a l e d e s t r a v a u x p u b l i c s
AVRIL 2003
◆
SOLS ET FONDATIONS
n°796
FONDATIONS
• Le tunnel du port
de Dublin
• Construction
d’une usine
horlogère à Genève
• Hong Kong.
Fondations records
pour Mega Tower
AMÉLIORATION
DES SOLS
• Confortement
TRAVAUX
de l’institut
Thalazur à Antibes
• Métropole
Lilloise.
Remblai d’accès
à un ouvrage d’art
ferroviaire
• Colonnes
à Module Contrôlé©
à Newport
(Pays de Galles)
• Penny’s Bay
(Hong Kong). Etude
géotechnique,
vibrocompactage,
instrumentation
et auscultation
ENVIRONNEMENT
• Une paroi
d’étanchéité
au coulis
avec vibreur
pour la station
d’épuration
de Clermont-Fd
MARITIME
• National City
Marine Terminal
Sols et
N°796
à San Diego
(Californie).
fondations
Extension
du prolongement
sud du quai 24-4
ÉGYPTE
• Le tombeau
de Kheops
et le témoignage
d’Hérodote
sommaire
ISSN 0041-1906
avril 2003
Travaux
numéro 796 Sols et fondations
éditorial 1
Daniel Tardy
Notre couverture
Construction d'une usine
horlogère à Genève
actualités 8
© Spie Fondations
techniques
et matéraux
16
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roland Girardot
RÉDACTION
Roland Girardot et Henry Thonier
3, rue de Berri - 75008 Paris
matériels 18
Tél. : (33) 01 44 13 31 44
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION
Françoise Godart
Tél. : (33) 02 41 18 11 41
Fax : (33) 02 41 18 11 51
PRÉFACE
Jean Launay 23
Francoise.Godart@wanadoo.fr
VENTES ET ABONNEMENTS
Olivier Schaffer
9, rue Magellan - 75008 Paris FONDATIONS
Tél. : (33) 01 40 73 80 05
revuetravaux@wanadoo.fr
France (11 numéros) : 163 € TTC
◆ Le chantier du tunnel du port de Dublin. 50 000 m2
de parois moulées dans de mauvais sols
- The Dublin Port Tunnel project. 50,000 m2
24
Etranger (11 numéros) : 200 € of diaphragm walls in poor soils
Etudiants (11 numéros) : 56 € D. Clert
Prix du numéro : 20 € (+ frais de port)
MAQUETTE
T2B & H
8/10, rue Saint-Bernard - 75011 Paris
◆ Construction d’une usine horlogère à Genève
- Construction of a watchmaking factory in Geneva
R. Degeorge, G. Krüger
28
Tél. : (33) 01 44 64 84 20
PUBLICITÉ
Régie Publicité Industrielle
Isabelle Duflos
◆ Des fondations records pour Mega Tower à Hong Kong
- Record foundations for Mega Tower in Hong Kong
CK. Siu, C. Doby, G. Viroles
38
61, bd de Picpus - 75012 Paris
Tél. : (33) 01 44 74 86 36 AMÉLIORATION DES SOLS
Imprimerie Chirat
Saint-Just la Pendue (Loire)
◆ Le confortement de l’institut Thalazur à Antibes
- Consolidation of the Thalazur Institute in Antibes
M. Malard, J.-Ph. Depardon
42
La revue Travaux s’attache, pour l’information
46
de ses lecteurs, à permettre l’expression
de toutes les opinions scientifiques et techniques. ◆ Métropole Lilloise. Remblai d’accès à un ouvrage d’art
Mais les articles sont publiés sous la responsabilité
de leurs auteurs. L’éditeur se réserve le droit ferroviaire sur terrain compressible
de refuser toute insertion, jugée contraire aux intérêts
de la publication. - Lille metropolitan area. Embankment for access to
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réservés (copyright by Travaux).
Ouvrage protégé ; photocopie interdite, même partielle
(loi du 11 mars 1957), qui constituerait contrefaçon
(Code pénal, article 425).
MARITIME
et innovation ◆ National City Marine Terminal à San Diego (Californie).
Extension du prolongement sud du quai 24-4
- National City Marine Terminal in San Diego (California).
65
Southern extension of quay 24-4
Ch. Spaulding, S. Briet
Environnement
EGYPTE
◆ Le tombeau de Khéops et le témoignage d’Hérodote.
Une vérification peu coûteuse à distance de la pyramide
- The tomb of Cheops and Herodotus’ testimony.
68
Travaux urbains An inexpensive remote appraisal of the pyramid
J. Kerisel
Réhabilitation historique 77
d'ouvrages répertoire 79
ABONNEMENT des fournisseurs
TRAVAUX
International Encart après p. 48
ans le domaine de la construction, les sols et les fon- ments, contrôle du front d’excavation, maintien de la nappe
Ce risque inhérent à l’hétérogénéité du sol aussi bien pour Ces ouvrages qui sont construits dans le monde entier par
ce qui concerne le volume impli- les ingénieurs et les entreprises
qué par l’ouvrage que par sa qua- françaises sont basés sur des
lité doit être appréhendé le plus techniques nouvelles ou en déve-
précisément possible. Ce contrôle loppement la plupart du temps.
ne pourra être réel que pour autant Nous voyons en conséquence que
que : la recherche et le développement
- le maître d’œuvre aura une bonne qui sont à la base de l’essor de
connaissance des caractéristiques la profession et de ses succès par
d’un tel projet aussi bien du point rapport à la concurrence étran-
de vue technique que de l’esti- gère doivent être poursuivis. Cet
mation des prix et délais ; effort a un prix dont le finance-
- les reconnaissances géotech- ment ne peut être assuré que par
niques (sondages, essais en des entreprises ou des ingénieurs-
place, essais en laboratoire) conseils dont les bilans financiers
auront été en nombre et qualité sont normaux, c’est-à-dire qu’ils
■ JEAN LAUNAY
suffisantes et que leur interpré- auront dégagé des bénéfices leur
Président
tation aura été suivie et contrôlée du Comité français
permettant un investissement sur
par des professionnels reconnus de Mécanique le futur aussi bien sur des idées
et compétents. Le montant de des sols (CFMS) nouvelles que dans des équipe-
cette part des dépenses devra ments nouveaux.
être rémunéré à juste prix ;
En maintenant un niveau normal
- la conception et la réalisation
de rémunération, l’ensemble de la profession permettra un
de la fondation devront être confiées à des entreprises
développement harmonieux et contrôlé des aléas et risques
connaissant parfaitement le type d’ouvrage de fondation à réa-
liés aux métiers des sols et des fondations. Un ouvrage a une
liser et à même donc, d’en apprécier la difficulté aussi bien
valeur qui, quels que soient les intervenants, sera toujours
en termes de coûts que de délais. Les règles de l’art bien com-
la même ; seule la ventilation des coûts pourra varier entre
prises et mises en œuvre correctement garantiront le contrôle
le maître de l’ouvrage, l’ingénieur, l’entrepreneur et l’assureur,
des dépenses et des aléas autant que faire se peut. Ceci doit
ainsi qu’un colloque tenu il y a quelques années à l’E.N.P.C.
donc se traduire au moment de l’adjudication de l’ouvrage par
a pu le démontrer. Le fait de reporter les difficultés pos-
l’application de la règle du mieux-disant.
sibles sur les autres acteurs de la construction, et ceci tout
Les divers exemples qui sont décrits dans ce numéro spécial spécialement dans le domaine des sols et fondations, revient
"Sols et fondations" reflètent les types de travaux les plus à renier l’idée du contrôle des risques et aléas qui dans le
couramment réalisés et à l’heure actuelle : contexte actuel de l’industrie, de la construction devient un
- les métros dont la construction au sein des villes implique sujet primordial pour le maintien des investissements à un
un contrôle continu sur l’environnement immédiat (tasse- niveau raisonnable.
Le chantier du tunnel
Pour la réalisation d’une autoroute
urbaine enterrée pour le tunnel du 50 000 m2 de parois moulées
port de Dublin, le groupement Mow-
lem-Piling - Intrafor, en partenariat
avec Mowlem et Irish and Co a mis
en œuvre plus de 50000 m2 de parois
moulées (épaisseur 1200 à 1500 mm). ■ INTRODUCTION GÉNÉRALE civil pour la mise en œuvre des travaux de fonda-
Face à des remblais de très mauvai- tions spéciales, composés notamment de parois
Le chantier de Dublin Port Tunnel prévoit la réali- moulées, pieux et ancrages.
se qualité (nécessitant un prétraite- sation d’une autoroute urbaine reliant directement
ment des sols superficiels), aux argiles le port situé au sud de la capitale irlandaise à l’aé-
noires et au substratum calcaire plus roport au nord et permettra aussi un nécessaire ■ LES DIFFÉRENTES PHASES
ou moins résistant, des adaptations
désenclavement du centre-ville. D’EXÉCUTION DE LA PAROI
Cet ouvrage s’étendra sur une longueur de 4,5 km, MOULÉE, LA GÉOLOGIE
d’outils et de méthodes ont été né- dont environ la moitié sera réalisée en tunnel bi- ET LES PARTICULARITÉS
cessaires : la majeure partie des pa- tube de diamètre unitaire 11 m. La part génie civil DE CHAQUE PHASE
rois moulées ont été excavées à l’aide est quant à elle séparée en deux sections de part
et d’autre du tunnel (figure 1). Les exigences du programme des travaux et no-
de bennes à câbles mais l’emploi d’un
L’ensemble du projet, en cours de réalisation de- tamment le démarrage du tunnelier ont imposé la
cutter a été nécessaire sur une sec- puis décembre 2000, s’étendra sur quatre ans. Il mise en œuvre rapide d’un puits de grandes di-
tion où la pénétration dans le calcaire a été confié au consortium Nishimatsu (pour la sec- mensions (diamètre 53 m, profondeur excavée
sain (Rc > 100 MPa) atteignait jus- tion du tunnel), Mowlem-Irishenco (pour le génie ci- 34 m) pour l’amenée d’un tunnelier. Des tolérances
vil). Dans ce contexte, Intrafor et son partenaire d’exécution très strictes ont dû être respectées
qu’à 8 m. Ce chantier de grande di-
permanent Mowlem Piling sont intégrés au génie pour la paroi moulée circulaire d’une épaisseur de
mension – un puits de 1,5 m, afin de garantir l’effet "d’anneau", hypo-
diamètre 52 m excavé sur thèse du calcul, malgré la présence sur la hauteur
32 m, deux trémies de 400 m excavée de sols de natures très différentes : rem-
blais de surface, sables, argiles devenant très raides
et 350 m de longueur – a été
en profondeur dans lesquelles ont été rencontrées
réalisé en continu sur 15 mois, de nombreuses lentilles de sable très pulvérulentes
mobilisant jusqu’à 25 colla- parfois de taille décamétrique et très instables, des
borateurs d’Intrafor. schistes puis le substratum calcaire (photo 1).
Succédant à ce premier ouvrage, les travaux de pa-
roi moulée ont enchaîné sur deux attaques (fronts)
simultanées, l’une située au nord, l’autre au sud
Photo 1 du projet visant la réalisation de deux tranchées
Puits WA2 : couvertes s’étendant sur des longueurs respectives
accès du tunnelier de (1 200 ml) et de (570 ml).
Shaft WA2 : tunnel La tranchée nord, dont l’exécution a dû intégrer un
boring machine access
espace de travail réduit du fait de la proximité de
la route de l’aéroport, est divisée en plusieurs
phases (photo 2).
Figure 1
Profil du projet <— Vers aéroport Port de Dublin
de Dublin Port Tunnel
Profile of the Dublin Port
Tunnel project
Cette partie du projet comporte des sols de natu- droit de ces obstacles, il a malgré tout été possible
re sableuse à faible profondeur puis vers 15 m ap- d’effectuer les panneaux à la benne et au cutter
paraît une argile noire dont la compacité s’est sans discontinuité.
révélée croissante avec la profondeur. La paroi mou- Les terrains surmontant le calcaire au droit du parc
lée a été ancrée dans le calcaire sain dont le toit présentaient les mêmes caractéristiques que sur
s’est montré légèrement variable sur la longueur le secteur nord, soit un faciès sablo-argileux deve-
du profil. Les cages d’armatures disposées toute
hauteur ont ainsi dû être adaptées en conséquen-
nant compact avec la profondeur. ®
ce. Photo 2
Secteur nord :
Un tout autre faciès géologique a dû être maîtrisé trémie en paroi
pour la mise en œuvre de la paroi moulée de la moulée
tranchée sud, qui elle-même traverse plusieurs Northern sector :
types de sol tout au long du profil. Près du port, le tunnel approach
in diaphragm wall
soutènement, débouchant sur la rive de la rivière
Tolka, se voyait situé dans une zone limoneuse très
lâche pour, en remontant vers le nord, côtoyer des
terrains très instables constitués de remblais
ménagers relativement récents. La stabilité de la
tranchée pendant l'excavation dans ce secteur a
nécessité un prétraitement préalable au coulis ben-
Photo 3
tonite ciment sur environ 8 m, opération mise en Tranchée sud :
œuvre à l’aide d’une benne à câble (photo 3). Fairview Park
La proximité de la voie ferrée principale d’Irlande, Southern trench :
laquelle est traversée par la future autoroute a im- Fairview Park
posé ce prétraitement afin de parer à tout risque
éventuel de tassement des voies, une précaution
qui venait en complément de mesures draconiennes
de sécurité pour l’évolution des grues d’excavation
et de manutention. De part et d’autre des voies fer-
rées, deux puits profonds terrassés sur plus de
25 m seront employés pour installer horizontale-
ment par poussage des tubes métalliques de dia-
mètre 1 m dans le but de constituer deux cadres
qui soutiendront les voies pendant le creusement.
L’exécution de la paroi moulée au droit de ces puits
a nécessité une excavation profonde, dépassant
32 m (photo 4).
On retrouve cette profondeur d’excavation sur la Photo 4
section de la tranchée du Parc Fairview où, du Secteur sud : Alfye Byrne
inséré entre la route,
fait d’une remontée du toit du calcaire en direction
la rivière Tolka et la voie
du nord, la pénétration de la paroi moulée dans le ferrée. Réalisation
rocher a parfois atteint jusqu’à 8 m. Cette exigen- de la structure définitive
ce a pu être remplie en employant un cutter de type dans la tranchée
maintenue par les parois
BC 30 équipé de roues spéciales pour le rocher. moulées butonnées
A l’extrémité du parc, un autre puits, dit de récep- Southern sector : Alfye
tion et de retournement du tunnelier, a été réalisé Byrne inserted between
en continuité avec la tranchée. Ce puits présente the road, the Tolka River
and the railway track.
la particularité d’être terrassé sous le pied de la Execution of the final
paroi moulée, laquelle est ancrée en sa partie in- structure in the trench held
férieure. in position by the stayed
diaphragm walls
Plusieurs réseaux existants, dont certains n’ont pu
être déviés, se sont trouvés sur le chemin de la pa-
roi moulée. En adaptant le plan de panneautage au
D. Clert D. Clert
L
novation, particulièrement adaptée a conception des soutènements et de leur niques. Le volume des terrassements représentait
pour des grandes fouilles lorsque système d’étaiement ainsi que le choix de environ 300 000 m3.
leurs méthodes d’exécution se sont souvent Courant 2001, un appel d’offres en lots séparés a
le recours aux tirants d’ancrage s’avè- avérés déterminants pour la réussite des projets été lancé pour la réalisation de cette fouille, qui
re impossible, repose sur le principe comportant des grandes fouilles. Opter pour telle fixait les contraintes auxquelles devrait satisfaire
d’une roue de vélo dont les rayons ou telle solution technique peut non seulement être toute éventuelle solution variante.
décisif pour l’efficacité du soutènement lui-même, En premier lieu, bien entendu, la géologie locale,
sont tournés vers l’extérieur. En l’oc-
mais peut aussi avoir d’importantes répercutions qui n’est pas des plus favorables à l’ouverture d’une
currence, "la roue" est constituée sur les capacités des autres intervenants (terras- fouille de cette importance.
d’une poutre en béton préfabriqué de sement, gros œuvre…) à exécuter leurs travaux Typiques du bassin lémanique dans la région de
section 4 m 2 et de longueur déve- dans les meilleures conditions. Genève, les terrains sont constitués en partant de
La construction d’un bâtiment R + 6 sur quatre ni- la plate-forme (photo 1) :
loppée 428 m, qui véhicule quelques
veaux de sous-sols pour une usine de production ◆ d’une couche de 2 à 4 m d’épaisseur de limon-
66’000 KN en compression. Les horlogère dans la zone industrielle de Plan-les- sableux et de limon-argileux ayant une faible co-
"rayons" sont des butons métalliques Ouates, à quelques kilomètres du centre de Ge- hésion ;
de 1 020 mm de diamètre et de 1 à nève, s’est avérée l’exemple même du chantier ◆ d’une couche d’argile très plastique et non conso-
pour lequel le choix du système d’étaiement s’est lidée, saturée en eau et de consistance molle à
41 m de longueur, dimensionnés pour
fait notamment en tenant compte des avantages très molle, épaisse d’une quarantaine de mètres ;
reprendre jusqu’à 12'000 KN en ser- qu’il apportait dans la conduite globale des travaux. ◆ de moraines glacières.
vice. Cette "roue" est portée par des Tout ceci sans parler du "challenge" qu’a repré- Au sein de la couche d’argile, une nappe phréa-
poteaux métalliques préfondés dans senté pour les Ingénieurs Civils genevois et pour tique circule au gré de fines veines sablo-limoneuses,
l’entreprise Spie Fondations le fait d’avoir à calcu- faisant craindre des venues d’eau dont l’importance
une paroi moulée circulaire qui est
ler et mettre en œuvre dans un délai très court un n’est pas facilement évaluable.
arasée sous le fond de fouille et qui système d’étaiement aussi inédit et innovant… Ensuite, du fait de la proximité immédiate de bâti-
confine le terrain situé ments industriels en fonctionnement, le type de
entre elle et la paroi mou- soutènement et la méthodologie de réalisation des
infrastructures devaient absolument permettre de
lée extérieure, ce qui li-
limiter au strict minimum les déformations et tas-
mite les déplacements de sements inévitables lors de l’ouverture d’une telle
cette dernière. fouille. L’expérience de fouilles précédentes dans
des terrains analogues, voire "meilleurs", laissait
craindre en effet des mouvements importants sus-
ceptibles de créer des désordres dans les bâti-
ments avoisinants, voire d’interrompre le travail
Photo 1 des appareils de précision qu’ils abritent.
Coupe Enfin, pour répondre aux exigences du maître d’ou-
de terrain
vrage, les choix architecturaux excluaient toute uti-
Cross section
lisation des planchers pour assurer la stabilité de
of ground
l’enceinte périphérique.
®
Figure 1 effet, pour des raisons d’optimisation du planning
Système de précontrainte global de l’opération, la construction d’une partie
- Vue de dessus
importante de la structure porteuse des bâtiments
Prestressing system -
Plan view devait commencer avant la dépose du système de
soutènement.
Pour rendre à l’anneau un certain monolithisme et
permettre l’introduction des efforts ramenés par
les butons, les quatre éléments préfabriqués consti-
tutifs de chacun de ses côtés ont été liaisonnés
entre eux par des barres Dywidag précontraintes à
870 kN. Au total, 800 de ces barres sont réparties
tout au long de l’anneau. Entre deux travées ad-
jacentes seul un coulis de mortier permet d’assu-
rer la transmission des efforts de compression.
Les côtés de l’anneau reposent à chacune de leurs
extrémités sur une "console" métallique (figures 1
et 2 et photo 4) qui coiffe les "chandelles" fichées
dans la paroi moulée circulaire implantée à la ver-
ticale de l’anneau, comme nous le verrons plus loin.
Les butons sont de plusieurs types :
◆ 4 plots en béton non armé situés de part et
Figure 2 d’autre des deux contacts de l’anneau avec la
Système paroi périmétrique ;
de précontrainte - ◆ 46 butons métalliques (photo 5), dont 42 dis-
Section
posent d’un système de mise en précontrainte.
Prestressing system -
Cross section Leurs longueurs varient d’environ 1 m à plus de
41 m. Ils sont constitués de platines et de tubes
métalliques Ø 1 020 mm dont l’épaisseur varie de
16 à 23 mm selon les efforts à reprendre. Les bu-
tons les plus sollicités ont été dimensionnés pour
un effort de service de 12 000 kN.
Pour optimiser le dimensionnement des butons les
plus longs, des appuis intermédiaires (poteaux pré-
fondés) ont été réalisés, et pour limiter l’influence
de l’effet thermique tous les butons ont été peints
en blanc.
Ces butons relient la paroi périmétrique et l’anneau.
- Côté anneau, ils se terminent par une tête de mise
en précontrainte qui repose sur les mêmes consoles
qui supportent les éléments préfabriqués consti-
tutifs de l’anneau.
Comme on le voit sur la figure 2, le système de pré-
contrainte a été réalisé par un jeu de deux platines
libres en translation l’une par rapport à l’autre. Le
transfert des efforts entre chaque buton et l’an-
Photo 4
Détail console neau est assuré par huit barres Mac Alloy Ø 75 mm
qui sont fixées d’un côté sur une platine et qui de
Detail of bracket
l’autre côté coulissent librement dans des tubes
soudés sur l’autre platine. Des écrous viennent en
butée sur la platine et transmettent les efforts aux
barres Mac Alloy. L’introduction de la précontrain-
te est réalisée à l’aide de deux vérins annulaires
de capacité unitaire 400 t placés entre les deux
platines. C’est ensuite un ensemble de raidisseurs
qui permet le transfert des ces efforts au tube du
buton.
- Côté paroi périmétrique, les butons s’appuient di-
rectement sur les panneaux en té par l’intermé-
diaire de platines métalliques pour éviter d’avoir à
réaliser des massifs d’appui en béton armé.
Photo 8 ■ LE DÉROULEMENT
Pose DES TRAVAUX
de l’anneau
Installing Pour la réalisation des travaux spéciaux et des ter-
the ring rassements, deux consortium ont été formés :
◆ le premier pour la réalisation des parois mou-
lées, du butonnage et du pompage rassemblait
Spie Fondations (pilote), Infra 2000 (la filiale suis-
se de Spie Batignolles), et un groupement d’en-
treprises suisses conduit par Zschokke-Locher ;
◆ le second pour le terrassement, la réalisation du
sous-radier et les galeries techniques, piloté par
Losinger.
Photo 10
Terrassement -
Vue aérienne
Earthworks -
Aerial view
Photo 11
ganisation du chantier puisqu’il n’était pas possible
Terrassement -
Vue de détail de terrasser à l’extérieur de la zone délimitée par
Earthworks - la paroi circulaire avant que la mise en précontrainte
Detail view ne soit terminée.
Un phasage précis a été mis au point consistant à
introduire, par paliers et par zones, les efforts cal-
culés pour correspondre à une poussée horizonta-
le de 500 kN/m de paroi périmétrique. La mise en
précontrainte a été réalisée par Spie Fondations à
l’aide de 12 paires de vérins de 400 t chacun, tou-
jours positionnés de manière symétrique pour maî-
triser les sollicitations et déformations de l’anneau.
Cette phase a aussi été le point de départ du sui-
Photo 12 vi, par différentes méthodes de mesures, des ef-
Terrassement -
forts et déformations dans l’enceinte périmétrique
Rupture circulaire
et le système de butonnage.
Earthworks -
Circular break
Terrassement en pleine masse -
Sous-radier - Galeries techniques
Réalisation du radier
L
ors de son achèvement en 2007, la Mega
Tower culminera à 480 m au-dessus du bras Travaux préliminaires
de mer qui sépare Kowloon de l’île de Hong
Kong. Elle est une création de l’architecte new-yor- Ils consistent en :
kais Kohn Pederson Fox et Sun Hung Kai Proper- ◆ 40 000 m de sondage de reconnaissance pour
ties Limited en est le promoteur. La surveillance justifier les profondeurs de chaque élément de fon-
des travaux est assurée par Ove Arup & Partners dation ;
Hong Kong Limited. ◆ 5 barrettes d’essai testées jusqu’à 4 500 t, soit
Le groupement dénommé Bachy Soletanche Group 2,5 fois leur charge de travail, au moyen d’une mas-
Germain Viroles
WORKS MANAGER
se de 575 m3 d’acier, pour valider la capacité por- Bachy Soletanche Group
tante des barrettes améliorée par la technique de
l’injection de peau ;
◆ préalablement aux travaux, la totalité des ins-
tallations, ouvrages et immeubles mitoyens a été
placée sous surveillance stricte par le biais d’ins-
trumentations récupérant des données en temps
Le SINNUS, sur la base d’instructions reçues,
réel. pilote les pompes d’injection et capture
les données en temps réel. Il peut ensuite
La paroi circulaire les restituer à la demande ou sous forme
de rapport
et les 240 barrettes
The SINNUS, based on instructions received,
controls the injection pumps and captures
La paroi circulaire de 1,5 m d’épaisseur et de 75 m data in real time. It can then retrieve
de diamètre permettra l’excavation générale d’une them on demand or in report form
fouille de 25 m de profondeur sous la future Mega
Tower. La paroi moulée de 76 m de profondeur est Cette maquette, mise à jour en temps réel
traitée par "shaft grouting" car elle participe à la avec des silhouettes à l’échelle a participé
reprise des charges. Cet ouvrage a absorbé 30000 m3 aux moyens mis en œuvre pour prévoir
et gérer les problèmes de trafic
de béton avec un panneau record de 1000 m3 cou-
sur la plate-forme
lé dans un temps limité à 12 heures.
This model, updated in real time
Les 240 barrettes qui comprennent 87 barrettes with true-to-scale silhouettes, was part
de section 2 800 x 1 500 et 153 barrettes de sec- of the means employed to predict
tion 2 800 x 1 000 sont forées à 83 m de profon- and manage traffic problems on the platform
deur moyenne avec un maximum de 104 m. Le
béton est arasé à 24 m de profondeur et surmon-
té de béton maigre jusqu’à la surface. Leur capa-
cité portante optimisée par "shaft grouting" s’associe
à celle de la paroi pour supporter la charge de la
Mega Tower. Les barrettes représentent 64000 m3
d’excavation sous bentonite.
Un radier général de 8 m d’épaisseur (35 000 m3)
solidaire des barrettes et encastré dans la paroi
assurera la transmission et la répartition des charges.
Le confortement de
Dans le cadre du marché de réfection
des plages et bassins de l’institut
Thalazur (centre de thalassothérapie)
à Antibes
d’Antibes (département des Alpes-
Maritimes), l’entreprise Heaven Clim-
ber s’est vue confier le lot de reprise
en sous-œuvre de trois bassins et le ■ CONTEXTE DES TRAVAUX Comme aucun rejet n’était, bien sûr, autorisé dans
confortement de l’ensemble du talus les talus, l’équipe a mis en place des bacs de
L’ensemble des piscines extérieures est situé au décantation pour éviter d’éventuelles pollutions.
où reposent les différentes piscines. bord d’un talus de remblais surplombant d’une ving- Les résidus des bacs de décantation et de projec-
Une méthodologie et une technique taine de mètres une rivière : la Brague. tion furent systématiquement récupérés et évacués
par clous et micropieux "auto-forés" Suite à un glissement généralisé du remblai, prin- en décharge.
cipalement lié à une mauvaise gestion des eaux,
ont permis une réalisation rapide, ef-
les plages et piscines ont subi des déformations.
ficace et performante (photo 1). Un projet de confortement du talus par l’exécution ■ CONTRAINTES D’EXÉCUTION
d’une paroi berlinoise clouée et la réalisation de
micropieux de reprise en sous-œuvre dans les bas- L’accès à la zone de travaux étant très difficile et
sins a donc été retenu. délicate, de nombreux aménagements ont été mis
en œuvre pour faciliter les déplacements et l’exé-
Photo 1 cution du chantier.
Piscine 1 à reprendre
en sous-œuvre
Une piste d’accès a été réalisée et l’entreprise a
dû remblayer entièrement une des trois piscines à
Swimming pool 1
to be underpinned l’aide d’un remblai allégé de type polystyrène à for-
te densité, pour ne pas surcharger le terrain et créer
des désordres. Cette solution a permis de diviser
la surcharge par 10 par rapport à un remblai clas-
sique en GNT. Un deuxième bassin a été partielle-
ment remblayé de manière à accéder à la partie
nord du chantier.
Le glissement orienté sud/nord aurait voulu que le
confortement commence par le sud, mais les im-
Figure 1 pératifs de réouverture de l’établissement de tha-
Forage carotte lassothérapie ont contraint l’entreprise à commencer
Core sample drilling les travaux par la partie nord et à exécuter 50 % du
■ ÉTUDES GÉOLOGIQUES projet dans un délai restreint de sept semaines.
PRÉLIMINAIRES Le choix des méthodes et du matériel a donc été
crucial pour tenir les délais.
Une campagne de sondages de reconnaissance a
été effectuée afin de connaître la nature des sols.
Ces essais ont permis de mettre en évidence trois ■ AUSCULTATION
couches de terrain :
◆ de 0 à - 10 m présence de remblais constitués Pour éviter une mise en péril du site, des cibles ont
de matériaux divers à faciès caillouteux emballés été mises en place à raison de dix unités sur les
dans un liant fin ; bassins, dix unités sur les bâtiments, deux unités
◆ de - 10 à - 18 m apparaît un terrain à structure sur les terrasses et six unités en tête de talus pour
plus fine de type limoneuse ou limono-silteuse ; contrôler les éventuelles déformations lors de la
◆ au-delà, présence d’argile silteuse plus compacte réalisation des ouvrages. De plus, des inclinomètres
(figure 1). forés à 5 m sous la base des pieux (- 9 m à - 15 m)
ont été réalisés à l’avancement de l’écran berli-
nois. Des lectures étaient réalisées au minimum
■ CONTRAINTES une fois par semaine et à chaque phase importante
ENVIRONNEMENTALES d’exécution de la paroi, la précision de celles-ci
était de plus ou moins 2 mm :
Le talus surplombant la rivière se situant en Zone ◆ mise en place des engins en tête de talus ;
verte et boisée, une autorisation spéciale de la DDA ◆ terrassements ;
était nécessaire pour débroussailler et déboiser ◆ réalisation des clous… (figure 2).
sur l’emprise du chantier. Cet accord a été donné Les résultats ont montré une stabilité générale des
avec l’obligation de revégétaliser l’ensemble du ta- bâtiments, des mouvements sont apparus sur le
lus à la fin des travaux. bassin principal et sur la tête de talus lors des dé-
Depardon
INGÉNIEUR TRAVAUX
Heaven Climber -
Travaux d'accès difficile
Plan de phasage
Photo 2 Photo 3
Semaines 43 et 44 Terrassement en mode rétro Poste ferraillage profil 2
◆ Installation de chantier. Earthworks, old-fashioned style Reinforcement station profile 2
◆ Réalisation d’une piste avec bande de roulement
par le sud du bâtiment pour permettre l’accès des
engins, l’approvisionnement des matériaux et l’éva-
cuation des terres.
◆ Comblement d’une piscine en bord de talus par
un remblai allégé de type polystyrène de forte den-
sité.
◆ Réalisation des essais préalables.
Semaines 45 et 46
◆ Réalisation des micropieux de reprise en sous-
œuvre.
◆ Comblement partiel d’un grand bassin pour l’ac-
cès de la foreuse de pieux. Photos 4 et 4b
Poste de travail profil 3 et poste
Semaines 47 à 51 (date butoir) de clouage
◆ Réalisation des 960 ml de pieux. Work station profile 3 + nailing
◆ Terrassement pour la paroi : 700 m3. station
◆ Réalisation de 50 % de la paroi.
◆ Forage et mise en œuvre de 45 % des clous :
800 ml (photos 2, 3, 4 et 4b).
Semaines 02 à 06 Figure 2
◆ Fin de la paroi épinglée. Graphique
des inclinomètres
Graph
of inclinometers
QUELQUES CHIFFRES
DU PROJET
(Hors réhabilitation des bassins)
• Micropieux de reprise en sous œuvre :
1 000 ml
• Pieux berlinois : 960 ml
• Ancrages : 1780 ml
• Paroi béton : 550 m2
®
Travaux n° 796 • avril 2003 43
AMÉLIORATION DES SOLS
Photo 5
Foreuses à poste
Drill stations
Photo 7
Des visiteurs pas tout à fait comme les autres…
Photo 6
Extraction Some rather special visitors…
des terres (tarière)
Earth
extraction (auger) taient au technicien de vérifier les niveaux de sol
traversés et la qualité des bulbes d’ancrage. Ef-
fectivement, la foreuse était équipée d’un enre-
gistreur numérique à quatre paramètres : VIA ; PO ;
CR et PI :
◆ VIA : vitesse instantanée d’avancement ;
◆ PO : pression sur l’outil ;
◆ CR : couple de rotation ;
◆ PI : pression d’injection.
La nature et les profondeurs des couches de sols
ont également pu être vérifiées en parallèle grâce
à la réalisation des pieux qui ont été exécutés avec
une tarière pleine télescopique.
Le fluide de forage était un coulis de ciment injec-
té à l’avancement par le biais de la barre creuse.
Le coulis utilisé en forage courant était assez flui-
de avec un C/E = 1 (rapport poids de ciment sur
poids en eau). Dès que l’outil atteignait la zone
d’ancrage (chute de la VIA et augmentation de la
PI) le premier coulis était substitué par un coulis
plus dense avec un C/E = 2.
® ■ MÉTHODOLOGIE Le matériel mis à poste comprenait :
◆ une foreuse de pieux de 40 t ;
Le délai imparti, l’espace restreint, le volume de ◆ deux foreuses IPC et Puntel pour les micropieux;
travail à réaliser a contraint l’entreprise à proposer ◆ une foreuse IPC équipée d’un marteau hydrau-
une méthode en auto-forage (plutôt qu’une méthode lique hors trou pour les clous ;
traditionnelle par forage à outil récupérable et mise ◆ un groupe d’injection avec un double turbo-ma-
en œuvre ultérieure d’une armature). laxeur un bac d’attente et une pompe à grand dé-
Les essais préalables ont confirmé que cette tech- bit ;
nique permettait de mettre en œuvre les armatures ◆ un poste de projection ;
voulues tout en garantissant la qualité et le résul- ◆ un poste de projection en voie sèche (photo
tat mécanique escomptés (photo 5). 6).
Les micropieux étaient des tubes de diamètre Cette méthode qui oblige une mise en œuvre consé-
127 mm équipés d’un outil perdu de type trilame quente de ciment représente cependant un certain
d’un diamètre 165 mm et les clous des barres intérêt économique du fait de sa rapidité d’exé-
creuses équipées d’un taillant de 160 mm. cution.
Cette technique présente l’avantage de ne pas dé-
stabiliser le terrain ni par l’air comprimé ni par l’eau
et surtout évite une manœuvre de train de tige et ■ CONCLUSION
d’équipement, d’où un gain de temps à la réali-
sation. Dans le contexte du site de Thalazur, les Ce chantier d’une conception "traditionnelle" (ber-
natures de terrain étaient difficilement observables, linoise, paroi en béton armé, clouage) a abouti grâ-
seuls les enregistrements de paramètres permet- ce à la mise en œuvre d’une technique de forage
LES PRINCIPAUX
INTERVENANTS
Maître d’ouvrage
Thalazur - M.Bertheau
Maîtrise d’œuvre
Geothys
Bureau d’études
Monetec
Principaux sous-traitants
Terrassements : Roatta
Métropole Lilloise
Dans la métropole lilloise a lieu ac-
tuellement la construction d’une nou-
Remblai d’accès à un ouvrage
velle voie routière dans le but de
d’améliorer la circulation urbaine.
compressible
Une des particularités techniques de
ce projet géotechnique complexe est
de réaliser un remblai d’accès à un ■ SITUATION GÉOGRAPHIQUE - ferrée industrielle. La zone traversée, située sur
ouvrage d’art enjambant une voie fer- INTRODUCTION des sols compressibles, nécessite un phasage de
chantier bien précis :
rée, sur des terrains compressibles. Dans la métropole lilloise a lieu actuellement la ◆ réalisation des pistes et des chemins de désen-
La technique des drains plats verti- construction d’une nouvelle voie routière entre les clavement ;
caux a été choisie par le maître villes d’Armentières - La Chapelle d’Armentières - ◆ construction d’un ouvrage hydraulique ;
Erquinghem Lys dans le but d’améliorer la circula- ◆ drainage par drains plats verticaux sous l’em-
d’œuvre pour accélérer la consolida-
tion urbaine. prise du remblai ;
tion des terrains. Une des particularités techniques de ce projet géo- ◆ drainage horizontal de la plate-forme ;
Après appel d’offres ouvert, Lille Mé- technique complexe est de réaliser un remblai d’ac- ◆ réalisation de talus verticaux renforcés par nappes
tropole Communauté Urbaine a confié cès à un ouvrage d’art type Pipo emjambant une géotextiles au droit de la voie ferrée ;
voie ferrée, l’ensemble sur terrains compressibles. ◆ réalisation de remblais en craie.
à l’agence Nord de Razel la réalisa-
Le présent article traite des solutions techniques
tion des remblais d’accès et de pré- mises en œuvre pour accélérer la consolidation de Les pistes et chemins
chargement à l’ouvrage d’art terrain et réaliser le remblai. de désenclavement
franchissant la voie ferrée
Une piste d’accès et des chemins de désenclave-
industrielle.
ment ont été réalisés pour se trouver correctement
La zone traversée, située hors d’eau et permettre aux agriculteurs de tou-
sur des sols compressibles jours accéder à leurs champs.
saturés, nécessite un pha- Après décapage des terres végétales, une épais-
seur de 70 cm de concassé béton recyclé 0/60
sage de chantier bien pré-
a été mise en œuvre. Ce produit, issu de la dé-
cis : réalisation des pistes molition des usines Sollac à Dunkerque, associe
et des chemins de désen- de bonnes capacités structurelles et un pouvoir
clavement, construction drainant non négligeable.
De plus, l’utilisation de matériaux recyclés parti-
d’un ouvrage hydraulique,
cipe à la mise en œuvre du développement durable
drainage par drains plats et doit rentrer dans les habitudes de prescription
verticaux sous l’emprise dans la mesure où les produits proposés par le né-
du remblai, drainage hori- gociant sont de qualités géotechniques et de tra-
çabilité correctes (photo 1).
zontal de la plate-forme,
réalisation de talus verti- Photo 1 L’ouvrage hydraulique
caux renforcés par nappes géotex- Piste et chemin en recyclé
Track and path of recycled materials Afin de réaliser le remblai, il a fallu passer au-des-
tiles au droit de la voie ferrée,
sus d’un cours d’eau dénommé "Becque" dans le
réalisation de remblais en craie. Nord de la France. Un dalot hydraulique en béton
armé B25 de 2 m x 2,50 m d’environ 40 m de lon-
■ DESCRIPTION DES TRAVAUX gueur a été réalisé avec des éléments préfabriqués
et clavetés sur site.
Après appel d’offres ouvert, Lille Métropole Com- Après déviation de la Becque, le fond de fouille a
munauté Urbaine a confié à l’agence Nord de Ra- été curé des vases sur 1 m de profondeur et le da-
zel et à son sous-traitant Cofra France la réalisation lot a ensuite été posé sur un béton de propreté
des remblais d’accès et de préchargement à l’ou- armé de 15 cm d’épaisseur.
vrage d’art. L’étanchéité de l’extrados de l’ouvrage a été réali-
La future voie aura en section courante deux chaus- sée avec des feuilles bitumineuses collées à chaud.
sées de 3,5 m, deux bandes cyclables de 1,5 m, Il est nécessaire d’insister sur la protection indis-
un terre-plein central de 1,0 m et deux trottoirs de pensable de cette étanchéité immédiatement après
1,5 m, soit un largeur totale de 14 m hors accote- réception contradictoire avec le maître d’œuvre pour
ment. s’affranchir des divers soucis de poinçonnement
Les travaux à réaliser consistent à exécuter les rem- et de déchirures diverses occasionnées par le tra-
blais d’accès au futur pont franchissant une voie fic de chantier (photo 2).
Kees de Kroes
d’art ferroviaire sur terrain GÉRANT
Cofra France
Vincent Lecendre 1
SERVICE GRANDES
Sondages géologiques A l’aide des drains verticaux la durée de consoli- INFRASTRUCTURES -
MAÎTRE D'ŒUVRE
dation va passer de 20 ans à 1,5 an pour atteindre
Lille Métropole Communauté
Les études de sol commandées par le maître d’œuvre le même degré de consolidation. Environ 80000 m Urbaine
font état de terrain de mauvaise qualité avec une de drains type "Mebradrain®" ont été mis en place
nappe située à - 1,00 m/TN environ. En moyenne sur le chantier par Cofra (Mebradrain est une marque
de - 1 à - 10 m, on trouve des silts sablonneux, de déposée de Geotechnics Holland BV). Il est com-
- 10 à - 22 m une argile plastique gris vert appelée posé d’une âme drainante à forte transmissivité
"argile des Flandres" et au-delà un sol porteur consti-
tué par un sable vert.
entourée d’un géotextile filtrant très perméable en ®
Les essais pressiométriques réalisés ont permis
de montrer que les pressions limites étaient infé- Photo 2
rieures à 1 MPa et les modules de déformations in- Dalot
férieurs à 10 MPa, soit un sol de médiocre qualité. Box culvert
Compte tenu de la hauteur du remblai de l’ordre
de 8 m maximum, il a été calculé un tassement
théorique de 40 cm sur une durée de consolidation
de 20 ans ce qui n’est évidemment pas compatible
avec les contraintes de mise en service.
Afin d’accélérer la durée de consolidation, il a été
dimensionné un maillage de drains plats verticaux
en application de la théorie de Hansbo à partir du
degré de consolidation naturelle de Terzaghi de ma-
nière à satisfaire la condition de tassement rési-
duel limité à 5 cm au bout de 1,5 année et imposée
par le maître d’œuvre.
La maîtrise d’œuvre a donc fait le choix de recou-
rir à la technique de drainage vertical.
■ REMBLAI DE PRÉCHARGEMENT
EN CRAIE
Concernant les remblais courants, Razel a choisi
une craie en provenance du Pas-de-Calais qui
présentait le meilleur compromis technico-écono-
mique. Sa mise en œuvre est réalisée au bouteur
à raison d’une cadence de 3 000 à 4 000 t/j. Son
compactage est réalisé avec un compacteur "pied
de mouton".
Par ailleurs, en complément des remblais courants
vient s’ajouter la mise en place d’une surcharge de
1,00 m au-dessus de la cote théorique permettant
d’augmenter la pression au sol.
Le maître d’œuvre a prévu une surlargeur de com-
pactage de façon à atteindre les compacités en
rive.
Photos 5 et 6
Mise en œuvre de la craie
Laying chalk
Les caractéristiques demandées pour les essais à Les matériaux compactés sont ainsi enveloppés
la plaque dans le corps de remblai sont EV2 > 50 dans le géotextile et afin d’obtenir un parement ver-
MPa, rapport EV2/EV1 < 2. tical, on utilise un coffrage amovible et des "big-
Ces dispositions constructives sont assorties d’une bags". L’empilement de ces boudins permet alors
instrumentation sous remblai au moyen de cellules d’échafauder une butée massive qui, bien que ré-
tassométriques et de piges métalliques installées sistante, s’accommodera des tassements diffé-
au fur et à mesure de la montée du remblai. rentiels attendus sur ces sols compressibles.
Cette instrumentation permettra ainsi de mesurer Les "big-bags" sont maintenus dans le coffrage mo-
le tassement du sol support dans le temps (pho- bile par trois unités à l’aplomb du parement et ils
tos 5 et 6). sont remplis de matériaux 0/100 à l’aide d’une
pelle mécanique. Le remplissage s’effectue si-
Ouvrage de soutènement vertical multanément dans les trois sacs avec des levées
renforcé par géotextile d’environ 30 cm de hauteur.
Après l’implantation des parements par le géomètre,
L’emploi de cette technique a pour but de consoli- le suivi de la verticalité est assuré au moyen d’une
der les sols au plus près de la voie ferrée. Cet ou- règle et d’un niveau par le chef d’équipe.
vrage est constitué de deux parements dont un est Le compactage en partie arrière est exécuté au V5
provisoire (celui situé au droit de la future culée) ou à la plaque vibrante dans les zones de proximi-
et l’autre définitif. té des "big-bags".
La technique employée consiste à monter les rem- Au préalable, des calculs de stabilité interne et ex-
blais par couche et d’intercaler des nappes de géo- terne ont été réalisés compte tenu du caractère
textiles. compressible des matériaux du site. ®
Travaux n° 796 • avril 2003 49
AMÉLIORATION DES SOLS
RESUMEN ESPAÑOL
Metrópoli de Lille.
Terraplén de acceso a una
® Les caractéristiques géométriques de ces murs
sont les suivantes :
estructura ferroviaria sobre
terreno compresible
◆ largeur de la base : 5,5 m ;
◆ hauteur du mur : 7,10 m en phase provisoire et L. Brouet, K. de Kroes y V. Lecendre
8,10 m en phase définitive ;
◆ surcharge routière : 20 kN/m2 ; Se está llevando a cabo actualmente,
◆ nombre de nappes : six nappes de géotextile po- en la metrópoli de Lille, la construc-
lyester 100 kN de 12,80 m pour le mur provisoire, ción de una nueva vía de circulación,
sept nappes de 12,80 m pour le mur définitif (pho- con objeto de mejorar el tráfico automó-
tos 7 et 8). vil urbano.
Una de las particularidades técnicas
de este proyecto geotécnico complejo
consiste en construir un terraplén de
acceso a una gran estructura que pasa
por encima de una vía férrea, sobre ter-
renos compresibles.
Se ha adoptado por parte del autor del
proyecto la técnica de drenes planos
verticales para acelerar la consolida-
ción de los terrenos. Tras una licita-
ción abierta, Lille Métropole Commu-
Colonnes à Module
Depuis le milieu de l’année 2002 Mor-
gan (Vinci JV) travaille à la construc-
tion d’une route périphérique à
(Pays de Galles)
Newport : la Southern Distributor Road
(SDR). La partie relative au traite-
ment de sol dans les zones por-
tuaires et la décharge attenante rait donc potentiellement être contaminée par la
a été confiée à Ménard Soltrai- haute si elles étaient mises en contact.
Pour cette raison les inclusions ne traverseront pas
tement. la couche alluvionnaire au niveau de la décharge.
Le sol y est constitué d’une Les Colonnes à Module Contrôlé® (CMC) n’étant
couche de 10 à 12 m d’alluvions pas ancrées dans la couche dure la densité du ré-
seau devra être supérieure. Malgré cette mesure
de mauvaise qualité surmontée
des tassements plus importants sont attendus dans
d’un matériau hétérogène ap- cette zone (de l’ordre de 10 cm à 15 cm sur 15
porté par l’homme et par endroit ans).
pollué. Sous les alluvions se
trouve une couche de graviers
■ PRINCIPE GÉNÉRAL
dense à très dense.
Outre la pollution de certaines La stratégie d’amélioration de sol consiste à :
zones, de nombreux réseaux câ- Figure 1 ◆ assurer la stabilité du remblai routier et réduire
Coupe schématique du terrain les tassements post-construction ;
blés et canalisations complexifient
Schematic cross section of the land ◆ protéger les réseaux, canalisations et structures
le projet. existantes ;
Pour améliorer le sol et ◆ préparer le sol à accueillir différentes structures
lui permettre de rece- nouvelles : ponts, buses, murs de soutènement.
Contrôlé® à Newport
Atelier de CMC
■ DIMENSIONNEMENT et toupie béton
CMC equipment
Un prédimensionnement est calculé en considé- and ready mix concrete
truck
rant qu’une colonne reprend 40 t (facteurs de sé-
curité inclus).
Ce dimensionnement est vérifié en utilisant un cal- Toupie et pompe
cul aux éléments finis permettant d’évaluer le com- à béton
portement global du remblai, les tassements et les Ready mix truck
efforts dans les colonnes et le géotextile (figures and concrete pump
2, 3 et 4).
■ TRAVAUX
Trois machines travaillent actuellement sur le pro-
jet. Elles sont équipées d’outils à refoulement per-
mettant de déplacer le sol au lieu de l’extraire.
Les paramètres de forage sont enregistrés par des ®
Travaux n° 796 • avril 2003 53
AMÉLIORATION DES SOLS
David Johnson
vibrocompactage, DIRECTEUR TECHNIQUE
Bachy Soletanche Group
auscultation
Figure 2
10) Elimination des remblais de surcharge. Courbe
granulométrique
11) Mise en place des autres appareils de mesu- Particule size
re (plaques de tassements en surface) selon les distribution graph
instructions du maître d’œuvre, protections diverses.
Cet article se limitera à la description des travaux
de compaction profonde, ainsi que des instruments
d’auscultation mis en place.
■ VIBROCOMPACTAGE
Matériaux de remblai
Figure 3
La partie inférieure des remblais est mise en pla- Résultat
ce par simple déversement à partir des engins de imposé
dragage. Cependant, pour le remblai sableux au- Required
performance
dessus de la cote - 2 environ, la mise en place est
faite par la technique de jet dite "rainbow", ou par
transport hydraulique en conduite.
Selon les spécifications, le matériau de remblai doit
être un sable marin ou fluvial. Il doit présenter une
granulométrie grossière. Il doit être propre, dur, du-
rable et exempt de matières organiques ou de tout
autre matériau impur. Sa granulométrie doit être
inférieure à 37,5 mm, et une fois le remblai mis en
place, le pourcentage d’éléments inférieurs à 63
microns est limité à 10 % en poids.
La courbe granulométrique du sable, déterminée
sur échantillons pris dans les dragues avant mise
en place, est illustrée sur la figure 2. Ce sable est
un matériau essentiellement siliceux à faible te-
neur en carbonate (moins de 5 %). Figure 4
Sonde vibrante
Vibro poker
Résultat imposé
La méthode de compaction
profonde
Figure 5
Enregistrement Phasage des travaux de compaction
électronique profonde
Electronic Avant le début des travaux, on a effectué des es-
record sais destinés à vérifier l’adéquation de la métho-
de et du matériel utilisé. Différentes machines ont
été essayées, les points de compaction étant
disposés en quinconce et espacés de 4,0 m, 4,3 m
et 4,6 m sur différentes planches d’essai. Ces es-
sais ont permis de conclure que les vibreurs les
plus efficaces dans les conditions du chantier étaient
le V23 et le V281 (puissance : 130 kW), avec un
espacement de 4,3 m entre les points de com-
pactage en quinconce.
Ayant ainsi défini le maillage et l’espacement des
paliers, on a pu commencer les travaux de com-
paction profonde, selon le phasage suivant :
3) Compactage.
cité, et de la forme de la partie inférieure de la 6) Evaluation des tassements pour confirmer l’ob-
sonde. Pour optimiser la compaction, la sonde est tention du résultat imposé.
conçue de telle façon que les vibrations sont limi-
tées à sa seule partie inférieure, celle-ci étant sé- Le matériel
parée de la partie supérieure par un joint flexible Le matériel utilisé dans la technique de vibrocom-
(appelé "isolateur"). pactage se compose notamment des éléments sui-
Le principe d’une sonde de vibrocompactage est vants :
illustré sur la figure 4. ◆ grue de service sur chenilles pour manutention
L’aspect réel de celle-ci apparaît sur la photo 3. de la sonde vibrante et des tubes allonges ;
Station d’épuration de
Dans le cadre de l'extension et de la
mise aux normes de la station d'épu-
ration des eaux usées de Clermont-
Réalisation d'une paroi
Ferrand, Keller Fondations Spéciales
s'est vu confier, par le groupement
avec vibreur
Dumez-Lagorsse, la réalisation d'une
paroi d'étanchéité permettant d'as- ■ LE PROJET ■ LE CHANTIER
surer la mise hors d'eau du site du-
Dans le cadre de l’extension et de la mise aux Les moyens mis en œuvre furent les suivants :
rant la phase de construction des normes de la station d’épuration des eaux usées ◆ une foreuse Keller de type TR04 ;
ouvrages. de Clermont-Ferrand, Keller Fondations Spéciales ◆ un vibreur de type L à aile (diamètre du corps
Les moyens mis en œuvre furent les s’est vue confier par le groupement Dumez-Lagorsse, 0,40 m, envergure 1,30 m, épaisseur des ailes
la réalisation d’une paroi d’étanchéité permettant 8 cm) ;
suivants :
d’assurer la mise hors d’eau du site durant la pha- ◆ une centrale à coulis automatique (coulis de type
- une foreuse type Keller dotée d'un se de construction des ouvrages (photo 1). Doroflow, perméabilité Cv = 10-9 m/s2) ;
vibreur à ailes de 1,30 m d'envergu- La technique utilisée par Keller est celle du voile ◆ un enregistreur Keller M4 (profondeur, verticali-
re, équipée d'un enregistreur Keller mince vibré, dont les phases d’exécution sont les té, pression sur l’outil, volume injecté, etc.).
suivantes : Le personnel nécessaire aux travaux se composait
M4 (verticalité, profondeur, pression
◆ réalisation d’une tranchée de 0,40 m sur 0,50 m d’un chef de chantier, d’un foreur, d’un centraliste
sur l'outil, volume injecté, etc.) ; de profondeur, destinée à guider l’outil et à cana- et d’un aide.
- une centrale à coulis automatique liser les surplus de coulis ; Le plan de contrôle a été réalisé par relevés pié-
(coulis employé : Doroflow, perméa- ◆ fonçage d’un vibreur à ailes jusqu’à atteindre le zométriques situés de part et d’autre de la paroi.
refus dans la couche étanche ;
bilité Cv = 10-9 m/s2).
◆ remontée du vibreur en injectant du coulis dans Quelques chiffres
Le personnel nécessaire aux travaux l’empreinte formée sous les ailes ;
se composait d'un chef de chantier, ◆ mise en station et fonçage dans la lamelle sui- Cette paroi, d’une surface totale de 5 680 m (pé-
d'un foreur, d'un centraliste et d'un vante, avec recouvrement sur 1 m dans l’emprein- rimètre 810 m, profondeur moyenne 7 m) a été réa-
te précédente pour garantir une parfaite continuité lisée en 13 jours ouvrables, soit une cadence
aide.
de la paroi. moyenne de plus de 400 m2/jour à un poste.
La paroi, d'une surface totale de
5 680 m2 (périmètre 810 m, profon-
deur moyenne 7 m) a été réalisée en ■ LE VOILE MINCE VIBRÉ
13 jours ouvrables avec un seul pos-
Description du vibreur
te, soit une cadence moyenne de
plus de 400 m2/jour. Il se compose d’un cylindre contenant un moteur
électrique entraînant des balourds excentrés. La
rotation à très grande vitesse de ces balourds per-
met d’obtenir une vibration d’amplitude et de fré-
quence données.
Deux ailes sont disposées de part et d’autre à la
base du vibreur. L’empreinte qu’elles laissent dans
le sol sert de guide pour le fonçage suivant, ga-
rantissant un parfait chevauchement d’une lamel-
Photo 1 le sur l’autre.
Foreuse Keller Enfin, le vibreur est équipé de deux buses d’injec-
Keller drill tion situées sous les ailes suivant le même axe,
de manière à remplir de coulis l’empreinte laissée
par ces dernières.
On peut noter les dimensions courantes d’une la-
melle de voile mince vibré :
◆ largeur : 1,30 m environ, soit une largeur utile
par passe de 1,00 m pour un recouvrement entre
lamelles de 30 cm ;
◆ épaisseur : 7 à 8 cm (épaisseur des ailes), avec
un fût central de 30 cm (diamètre du vibreur) (fi-
gure 1).
La bonne exécution des lamelles est conditionnée
par le diamètre des buses d’injection, la pression,
le débit et la composition du coulis, ainsi que la vi- De très haute résistance aux sulfates et à la cor-
tesse de remontée du vibreur, dont les dimensions rosion alcaline, il est extrêmement dense, et donc
permettent de garantir une épaisseur minimale en étanche à l’eau.
tout point de la membrane. Son temps de prise est tel qu’il est possible de re-
La vitesse de remontée du vibreur est activée ma- plonger dans un panneau confectionné la veille
nuellement par le foreur, qui peut ainsi l’adapter sans l’endommager.
en fonction des couches de sol traversées.
L’opérateur peut disposer dans sa cabine d’infor- La finalité du voile mince vibré
mations instantanées le renseignant sur :
◆ la profondeur de l’outil ; Le voile mince vibré permet de reprendre des ef-
◆ la consommation électrique du vibreur dans le forts hydrostatiques ainsi que les déformations na-
sol ; turelles du terrain. En revanche, sa faible épaisseur
◆ le débit de coulis (afin de détecter tout risque de ne lui confère aucune résistance vis-à-vis de charges
bouchon dans les buses d’injection) ; à reprendre.
◆ l’inclinaison de son mât. Il ne pourra donc pas être utilisé comme élément
Dans le cadre d’un précédent plot d’essai le long porteur, ni a fortiori comme soutènement.
d’un canal dans le Nord de la France, le foreur a
ainsi détecté de la sorte la présence du renard, ca- L’utilisation de l’eau
ractérisé par une surconsommation locale de cou-
lis (figure 2). Etant donné qu’aucune résistance mécanique de
Le procédé présente plusieurs avantages : la membrane n’est à attendre, n’importe quelle
1 - Il a une plus faible perméabilité résiduelle que source d’eau peut être utilisée pour la confection
les palplanches (de 10-7 à 10-8 m/s) ;
2 - Sa mise en œuvre s’accompagne d’une conso-
du coulis. Le seul critère à vérifier avant l’utilisa- ®
lidation du sol en place ;
3 - Son coût est faible.
Figure 2
Séquence
Le coulis de forage
Drilling
Le coulis, de type thixotropique, est composé d’eau, sequence
de ciment, de fillers et de bentonite. L’entreprise
privilégie les produits prêts à l’emploi comme le
Doroflow®, qui est un liant hydraulique à base de
schiste bitumineux calciné durcissant hydrauli-
quement.
Figure 1
Géométrie du voile mince
Thin shell geometry
■ DES CONDITIONS
GÉOTECHNIQUES DIFFICILES
Les travaux se déroulent dans la "San Diego Em-
bayment", un bassin sédimentaire limité par une
faille. Du point de vue sismique, le site est situé
sur la zone de la faille de Rose Canyon dont la ra-
mification principale la plus active est la faille de
Silver Strand à environ 4 km à l’Est. Les analyses
sismiques effectuées en partant des premiers re-
levés géologiques indiquent que la majorité des
remblais et dépôts existants dans la baie présen-
tent un fort potentiel de liquéfaction jusqu’à 18 m
de profondeur. Les manifestations de liquéfaction
des sols se traduisent par des pertes de portance
et de frottement latéral pour les fondations, des
tassements en surface et des risques de rupture
circulaire dans le talus situé sous la mer et ados-
sé au rideau de palplanches.
Pour assurer la stabilité du système et la bonne te-
Vue aérienne du site
nue du nouveau ponton il a été jugé primordial
Aerial view of the site
d’améliorer les caractéristiques des matériaux de
remplissage des caissons et du talus sous le pon- Coupe type du quai
ton à l’aide de la méthode de vibro-remplacement. Typical cross section of the quay
®
Maillage colonnes ■ POUR UNE NOUVELLE
ballastées
TECHNIQUE
Ballasted column
meshing
Une colonne ballastée est réalisée en trois phases :
◆ phase 1 : fonçage du tube à l’aide du vibreur si-
tué en pied de celui-ci. Le lançage à l’eau ou à l’air
peut être utilisé pour traverser les horizons plus
compacts ;
◆ phase 2 : remplissage du caillou. Un chariot mo-
bile "Hopper" coulissant sur le tube permet d’ali-
menter en granulats le réservoir pressurisé situé
en tête de l’équipement ;
Schéma de phasage ◆ phase 3 : réalisation de la colonne. Le caillou
d’une colonne est introduit par l’intérieur du tube et sous pres-
ballastée
sion d’air à la base du vibreur. Des phases suc-
Scheduling diagram
for a ballasted cessives de montée/descente de 1 m environ
column permettent de déposer du cailloux dans l’espace
créé par le vibreur puis de le compacter au refus.
■ STABILISATION DU SOUS-SOL
MARIN
L’amélioration du talus adjacent aux caissons de
palplanches constitue la majeure partie du chan-
tier.
Le tapis roulant L’utilisation d’une grue de 250 t permet de réali-
de 30 m de portée ser des colonnes ballastées éloignées de plus de
achemine 20 m de la rive. Un camion équipé d’un tapis rou-
les granulats
lant de 30 m de portée achemine les granulats dans
The conveyor belt
30 m long transports le "Hopper". Ce dernier coulisse sur le tube prin-
aggregates cipal et alimente le réservoir pressurisé.
Afin d’éviter toute rupture pendant la phase de den-
sification, les colonnes sont réalisées suivant un
phasage précis en remontant depuis la partie in-
férieure du talus.
Un système de GPS différentiel (positionnement
par satellite) monté en tête de flèche permet de po-
sitionner l’aiguille vibrante avec une précision de
l’ordre de 3 cm.
■ UN CONTRÔLE CONTINU
Contrôle de l’exécution, DE L’EXÉCUTION
par enregistrement
de paramètres
et télésurveillance Une instrumentation spécifique a été développée
Control of construction, permettant d’enregistrer les paramètres d’exécu-
by recording tion de la colonne ballastée : profondeur, pression
of parameters hydraulique de la sonde vibrante, consommation
and remote monitoring
de cailloux, vitesse d’avancement, courbe de pé-
nétration… Ces informations sont synthétisées et
enregistrées en temps réel sur un écran tactile
situé dans la cabine de l’opérateur. Enfin, une
assistance à l’exécution peut aussi être program-
mée à chaque chantier suivant la nature du terrain.
D’autre part, un système de télésurveillance et de
détection de granulats permet de mieux se rendre
compte du taux de remplissage en cailloux de l’en-
semble et donc de diminuer les pertes en fin de co-
lonne.
■ RÉSULTATS OBTENUS
L’utilisation d’un vibreur hydraulique nouvelle gé-
nération a permis de satisfaire les critères de ré-
ception en terme de résistance de pointe en fonction
du friction ratio à savoir :
◆ FR < 0,5 Qc > 110 bars ;
◆ 0,5 < FR < 1 Qc > 80 bars ;
◆ 1 < FR < 1,5 Qc > 55 bars.
La courbe bleue correspond au terrain avant den-
sification alors que la courbe rose correspond aux
caractéristiques du sol après traitement.
Les couches de sable "propres" (FR < 0,5 %) sont
améliorées considérablement alors que les couches
sablo-argileuses (1,5 % > FR > 1 %) bénéficient
d’une amélioration plus faible mais présentent un
risque de liquéfaction moindre. Enfin, les couches
ayant un friction ratio supérieur à 1,5 % (argile) ne
sont pas améliorées mais ne présentent pas de
risque de liquéfaction.
L’amélioration obtenue entre les colonnes a per-
mis d’obtenir une stabilité de l’ensemble caissons
+ talus en cas de séisme et de diminuer la section
des pieux béton.
Le tombeau de Khéops et
Notre revue a publié, dans son nu-
méro 792 de décembre 2002, un ar-
Une vérification peu coûteuse
ticle consacré à la Grande Pyramide.
Ses deux auteurs, Jean-Pierre Hou-
din, architecte DPLG, et Henri Hou-
din, ingénieur des Arts et Métiers, y
La conférence du 12 décembre dernier était placée sous la présidence du professeur Jean Kerisel, émi-
présentaient leur thèse sur les mé-
nent spécialiste de la mécanique des sols qui a présidé la Société internationale de mécanique des
thodes qui furent utilisées pour la sols et travaux de fondation, mais aussi grand connaisseur de l’Egypte des pharaons, à laquelle il a
construire. consacré plusieurs ouvrages1.
Ils ont également présenté leur théo- Dans la première partie de la conférence, le professeur Jean Kerisel a abordé un des grands mystères
rie dans le cadre d’une conférence de la pyramide, celui de l’emplacement du tombeau de Khéops. Sa déduction s’appuie principalement
organisée le 12 décembre dernier au sur le témoignage d’Hérodote, sur des livres des premiers grands chercheurs, sur certaines anomalies
dans le plan des espaces intérieurs de la pyramide et sur la logistique du chantier. Il propose ainsi une
siège de la Fédération Nationale des
solution à ce mystère et, en bon ingénieur, une description des méthodes utilisées pour construire le
Travaux Publics (FNTP), à l’initiative
tombeau en secret, dès le début du règne, afin d’en assurer la décoration, et pour conduire le pharaon
de la Commission technique de cet- à sa dernière demeure.
te fédération, du Comité génie civil Son exposé a passionné l’assistance très nombreuse (à l’extrême limite de la capacité d’accueil de la
du Conseil national des ingénieurs et salle du centenaire de la FNTP !), qui mêlait ingénieurs, égyptologues et curieux de cette civilisation
scientifiques de France (CNISF), de fascinante. En particulier, M. Jean Leclant, secrétaire perpétuel de l’une des cinq Académies, celle des
Inscriptions et Belles Lettres, a honoré la conférence de sa présence et a bien voulu en tirer quelques
l’Association française du génie civil
conclusions. Nous l’en remercions vivement.
(AFGC) et de l’Institut pour la re-
L’exposé complet de Jean Kerisel suscitera sans nul doute le plus grand intérêt des lecteurs de la re-
cherche appliquée et l’expérimen- vue Travaux.
tation en génie civil (IREX).
Cette conférence comportait deux Jean Berthier
INGÉNIEUR GÉNÉRAL DES PONTS ET CHAUSSÉES (E.R.)
volets bien distincts. Nous sommes PRÉSIDENT DU COMITÉ GÉNIE CIVIL DU CNISF
heureux de publier le deuxième
d’entre eux et laissons à Jean Ber-
thier, président du Comité génie ci-
vil du CNISF, le soin de
"Peu de science a éloigné d’Hé- ■ INTRODUCTION
présenter ce deuxième rodote, davantage de science
volet. y ramène" La Grande Pyramide comporte trois chambres : la
(Jacqueline de Romilly, la gran- chambre dite du Roi, celle de la Reine (on ne sait
Roland Girardot de helléniste) 2 guère pourquoi) et une troisième chambre souter-
raine, non dénommée, mais qui ressemble à une
carrière abandonnée. A quoi bon en chercher une
Figure 1 quatrième, se demandera le lecteur, surtout s’il a
La seule représentation entendu parler de la malédiction des pharaons ?
connue du pharaon Khéops
Cette malédiction ne fut-elle pas terrible, en mars
The only known representation 1923, lorsque Howard Carter viola la sépulture du
of the Pharaoh Cheops
pharaon Toutankhamon ! Le secrétaire du décou-
vreur, Richard Bethell, meurt subitement, âgé de
48 ans. "On trouva Bethell mort dans son lit, le vi-
sage marqué d’épouvante. Lorsque son père, Lord
1. - Génie et Démesure d’un pharaon :
Khéops. Stock, 1986, réédité ; Wesbury, apprit la mort de son fils unique, il se jeta
- La Pyramide à travers les âges. par la fenêtre. Lors de l’enterrement, le corbillard
Presses des Ponts, 1991 ;
écrasa un petit garçon sur la route du cimetière.
- Le Nil : l’espoir et la colère. Presses
des Ponts, 1999 ; La mort abattra de ses ailes quiconque dérange le
- The Nile and its masters ; Past, Pre- repos du pharaon." Vandenberg (1976).
sent and future. Balkema, Rotterdam,
Vous vous inquiétez : la malédiction pourrait-elle
2001 ;
- The tomb of Cheops and the testi- s’étendre aux lecteurs de ces lignes et à ceux
mony of Herodotus, Discussions in qui en parlent ? Eh bien, rassurez-vous : Howard
Egyptology. Oxford, 53, 2002. Carter survécut seize ans à la violation de la sé-
2. Introduction aux œuvres complètes
de Hérodote et de Thucydide. Galli- pulture. Si une malédiction le frappa, ce fut celle
mard, La Pléiade, 1964. de l’alcoolisme : il mourut d’une cirrhose du foie…
le témoignage d’Hérodote
à distance de la pyramide
■ LE RÈGNE DU PHARAON
KHÉOPS
Il y a 45 siècles, sous la IVe dynastie égyptienne, Figure 2
Evolution de la hauteur
le règne du pharaon Khéops a été tout à fait ex- des principales pyramides
traordinaire : en vingt-deux ans, il a élevé la Gran- au cours des 800 ans
de Pyramide, différente de toutes celles qui la de leur édification
précèdent et de celles qui vont la suivre. Change in the height
of the main pyramids
Ce fut le plus grand chantier des temps anciens,
over the 800 years during
un élan de foi véritable, mais aussi un chantier sur- which they were built
humain qui se termina dans un cri de souffrance
et par le bris de toutes les statues du tyran.
Voici néanmoins une statuette, retrouvée par le
plus grand hasard, à 500 km de Gizeh, de 7,5 cm
de hauteur (figure 1), portant le cartouche du pha-
raon Khéops. C’est là sa seule représentation
connue. Un rien sardonique, autoritaire et pétillant
d’intelligence, à l’avance il sourit de nos com-
mentaires.
Figure 3
L’emplacement des principales
■ L’ÉVOLUTION DES PYRAMIDES pyramides, du sud au nord
sur la rive ouest. Etat actuel
du Nil qui a dérivé vers l’est
Les pharaons ont bâti une centaine de pyramides,
The location of the main
dont une dizaine avant Khéops, d’une hauteur moyen- pyramids, from the south
ne de 70 à 80 m ; ils sont obsédés par le désir de to the north on the west bank.
construire plus grand, plus haut et plus secret. Fini, Current state of the Nile
which has shifted eastward
pour les monuments royaux, le règne de la brique
crue séchée au soleil : on va tirer toutes les pos- La pyramide de Khéops atteint une hauteur de
sibilités de ces belles pierres dont, plus que tout 147,50 m. La montée en puissance est considé-
autre pays, l’Egypte regorge. Les ingénieurs inven- rable par rapport aux pyramides antérieures. Or,
teront pour leur pharaon des liants au plâtre, qui quand la hauteur double, le volume octuple et la
permettront de vaincre les poussées au vide et de superficie des faces quadruple. Pour la pyramide
réaliser la pyramide lisse de grande hauteur avec de Khéops, cette superficie des faces est de 8,55 ha,
l’inclinaison de 51 degrés et 50 minutes sur l’ho- la superficie d’une petite exploitation agricole… (fi-
rizontale, traduction du nombre d’or (figure 2). gures 3 et 4). ®
Travaux n° 796 • avril 2003 69
EGYPTE
®
Le site est en bordure de falaise, à la cote 603, soit
à 40 m au-dessus de la plaine, elle-même à la cote
20. Retenons bien ces chiffres. Ils ont quatre consé-
quences importantes :
◆ le plateau, en son bord, doit supporter, sans cé-
der, cinq millions de tonnes. Il supporta effective-
ment cette masse considérable. Khéops est un
excellent géologue et ne veut pas répéter les er-
reurs de son père, le pharaon Snéfrou, à Dahchur-
sud ;
◆ le peuple d’Egypte est condamné à hisser ces
cinq millions de tonnes sur une hauteur de 40 m,
avant toute mise en œuvre ;
◆ les pentes des chaussées ne peuvent dépasser
un chiffre important, pour des raisons d’ergonomie.
Figure 4 Celle qui va relier le temple de la vallée au temple
Plan-masse simplifié d’accueil sera donc de grande longueur et aura plus
du site de Gizeh précisément une pente de 6 % ; quant à sa lon-
Simplified layout plan gueur, elle sera de 825 m. Les murs de soutène-
of the Gizeh site
ment, en calcaire décoré, atteignent dans leur
hauteur finale presque 40 m. Qui ferait mieux de
nos jours ? (figure 5) ;
◆ cette chaussée restait d’apparat puisque le port
Figure 5
Relief sur les murs n’est pas à son pied : elle fera double emploi avec
de soutènement celle partant du port dont nous parlons ci-après,
Relief mais le parti architectural est remarquable. Dans
on the supporting une superbe perspective ascendante, au soleil
walls
levant, on aperçoit, grandissante, la pyramide : re-
vêtue de calcaire blanc de Tura, "Akouit la Blanche",
ainsi qu’on la nomme, étincelle de lumière (figures
6 et 7).
Tout ceci, c’est le côté fastueux de Khéops, qui dé-
voile aussi sa personnalité et ses qualités d’ar-
Figure 6
Akouit chitecte, composant admirablement avec le site et
la blanche alliant le réel au symbolique.
Akouit, La pyramide qu’il édifie fait partie d’un complexe
the luminous plus vaste, s’articulant au sud autour d’un port. Ce
port était le terminal d’un canal tracé à peu de dis-
tance du pied de la falaise ouest où se couche le
soleil et s’élèvent les pyramides abritant le tom-
beau des pharaons. Le canal a été creusé à l’arai-
re, à partir des entrelacs des grands fossés
d’irrigation, les déblais étant évacués au couffin :
un travail considérable. Ce canal était indispen-
sable à la construction des pyramides du passé et
du futur, le Nil lui-même n’ayant cessé de dériver
vers la falaise Est opposée (figure 3). Le canal com-
portait des biefs successifs, desservant les ports
Figure 7
Le nombre d’or : l’apothème
des temples d’accueil de chacune des pyramides,
est à la hauteur à commencer par celles des pyramides de Meidum
dans le même rapport et de Dashur, les plus éloignées au sud.
que la hauteur au demi-côté
Chacun des biefs était en communication avec le
The Golden Number : The ratio Nil et en reproduisait le niveau. De plus, des glis-
between the apothem
and the height is the same sières en troncs de bois de palmier4, posées côte
as between the height à côte, permettaient aux bateaux, déchargés au-
and the half-base
3. Cote au-dessus du niveau moyen de la mer, utilisée par
notre I.G.N. dans ses levers de la partie nord de la plaine
d’Egypte.
4. Son bois, très abondant, est impropre à la menuiserie ;
mais, quand ses fibres sont mouillées, il reste imputrescible.
®
Figure 9 ni canal qui lui amène l’eau du Nil, comme dans
Le canal l’autre où des conduits spécialement construits in-
en bordure ouest
de la vallée troduisent l’eau du fleuve pour former une île dans
The canal laquelle, dit-on, repose le corps de Khéops (ibid.)."
on the western Les égyptologues ont délibérément écarté cette
edge double affirmation : la chambre souterraine, selon
of the valley
eux, ne pouvait être exécutée qu’à sec, c’est-à-dire
au-dessus de la nappe qui, sous la colline, alimente
le fleuve ; ceci est exact5. Or cette nappe est à un
niveau supérieur à celui du fleuve en face; en consé-
quence, les eaux du Nil ne pouvaient remonter dans
la sépulture par quelque moyen que ce soit. Conclu-
sion de ce parfait syllogisme : Hérodote n’est
pas crédible et même, pensent méchamment ses
contradicteurs, il se montre là d’une très grande
crédulité.
En fait, par sa concision, Hérodote a induit en
erreur ses lecteurs. Il ne nous a jamais dit de quel-
le eau du Nil il s’agissait. Or, depuis Assouan
jusqu’à la mer, le cours du grand fleuve se dérou-
le sur mille kilomètres ; il descend alors de cent
mètres environ, avec une pente moyenne qui est
donc de dix centimètres au kilomètre. Khéops en
tire profit et décide de dérouter les eaux du fleuve,
Figure 10 à partir de Saqqara par exemple6, dans un canal à
Le canal funéraire, exécuté à sec, derrière un petit barrage provisoire niveau constant s’écartant peu du pied de colline
The funeral canal, constructed on dry land, behind a small temporary dam sur la rive gauche du Nil. Ce canal, de plus en plus
en contre-haut de la vallée, arrive à Gizeh, là où il
Figure 11
Le tracé du canal souterrain (double ligne pointillée) va construire sa grande pyramide : l’eau du canal
The route of the underground canal (double discontinuous line)
au port de la pyramide est, dans cette hypothè-
se, à un niveau de l’ordre de 3 m supérieur à celui
du Nil en face dans la vallée7, en raison de la pen-
te du fleuve (0,0001) et de la longueur de la déri-
vation (environ 30 000 m).
Tout au long du bief de Khéops, on retrouve les
restes des embarcadères des temples de la vallée
des pyramides construites avant et après Khéops
à la cote 19 ou 20 environ, presque dans le même
plan horizontal, prouvant qu’il existait un plan d’eau
de 16 à 18 pendant l’étiage : ceci ne peut être le
fruit du hasard. En raison du manque d’entretien
et de l’apport considérable des vents de sable du
désert, le canal a disparu, mais non les vestiges
des quais des ports principaux parce qu’on a dé-
gagé les chaussées et leurs accès inférieurs. Ce
canal a aussi disparu de la mémoire de bien des
égyptologues qui contredisent Hérodote8.
A Gizeh, il y avait donc trois niveaux d’eau, à sa-
voir :
®
14). Le lecteur comparera avec la barque funérai-
re d’un notable (figure 14 bis).
■ SYNERGIE
ENTRE LES CHANTIERS
DE LA PYRAMIDE
ET CELUI DU CANAL
Khéops est un excellent entrepreneur et veille à ce
Figure 14 bis qu’il y ait synergie entre les chantiers de la pyra-
La barque funéraire d’un notable mide et celui du canal. Les besoins en eau du pre-
The funeral boat of an important person mier dans la zone sud de la pyramide sont énormes :
il faut étancher la soif des travailleurs et plus en-
core assurer la prise des liants au plâtre ; il faut
Figure 14 aussi étancher la soif des carriers. Ces besoins en
La barque funéraire reconstituée eau considérables ont été satisfaits en puisant
à partir des éléments retrouvés
dans la fosse : c’est une barque symbolique l’eau dans la nappe phréatique d’eau douce au fond
The funeral boat reconstructed on the basis
de puits profonds entre lesquels le canal a été exé-
of items found in the pit : it is a symbolic boat cuté, par tronçons. Les puits suivent un tracé en
zigzag, dont seuls le pharaon et les maçons de la
Figure 15
mort connaissent les raccordements avec le tracé
Puits à eau réel (figures 15 et 15 bis).
et leurs positions
probables
Water wells
and their likely
■ UNE TRADITION ARABE,
positions AUTRE PREUVE DU TRACÉ
PROPOSÉ
Dans le traité de Vyse et de Perring (datant déjà de
plus d’un siècle et demi) "Operations carried out
at Gizeh, in 1837", on trouve des renseignements
sur les puits existant à cette époque. Il y avait alors
un puits appelé "Campbell’s tomb12" au nord du
Sphinx (puits profond existant encore à ce jour dans
lequel Zahi Hawas se plaît à voir le tombeau d’Osi-
ris).
Mais, en dehors de ce puits, toujours ouvert, Per-
ring, en 1837, localisa trois autres puits13, dont un
très intéressant, portant le numéro 1, situé entre
celui de Campbell et l’emplacement futur de la py-
ramide de Khefren (figure 16).
Ce puits n’existe plus sur les cartes ; il a donc été
remblayé. Il est décrit par Vyse dans son livre. Plus
profond que celui de Campbell, il partait de la cote
Figure 15 bis 48 (au lieu de 37) et aboutissait aussi à la nap-
Exécution du canal funéraire par tronçons
pe d’eau douce, la nappe phréatique. "From the
Construction of the funeral canal by sections
grotto at the bottom of the first shaft a second des-
cended to a lower chamber, in which square pillars
had been left to support the roof ; a third shaft in
this appartment was full of water, which was per-
fectly fresh and covered the floor to the depth of
four or five inches. The level of the water was one
hundred and thirteen feet several inches below the
Figure 16
Position des quatre puits visités par Perring et Vyse
en 1837 et en particulier du puits 1 Figure 18
Location of the four wells visited by Perring and Vyse Le procédé cross-hole,
in 1837 and in particular well 1 pour la détection
d’un souterrain
The cross-hole process,
top of the upper shaft. The Arabs said that an ho- for detecting
an underground
rizontal passage proceeded to the northward from passageway
these chambers through the side of the rock."
(page 4, tome II).
Avec quelle satisfaction ai-je pu constater en re-
portant le puits numéro 1 qu’il s’inscrivait parfai-
tement (figure 17) sur le tracé proposé du canal
funéraire.
■ UNE VÉRIFICATION
QUI S’IMPOSE
Toutes ces affirmations sont acquises par voie dé-
ductive. La méthode est très recommandable, mais
rien ne vaut une vérification directe. Trois d’entre
elles sont possibles (figure 18).
cutés de part et d’autre de la cavité à détecter, l’un
Déblaiement du puits 1 dans lequel est provoqué, à des profondeurs crois-
santes, un ébranlement acoustique, l’autre dans
On pourrait se proposer, en premier lieu, de dé- lequel sont à l’écoute divers géophones.
blayer le puits 1 et de retrouver latéralement le ca- Les ondes étant ralenties par une cavité, l’analyse
nal lui-même. Mais il est à craindre que la complexité des enregistrements permet de localiser celle-ci.
des parois du puits et les maçonneries qui cachent Tout se passe donc comme si on avait un miroir
maintenant le départ vers le nord rendent le travail sismique entre deux sondages. Ici, le procédé sera
difficile. simplifié puisque, à quelques mètres près, on connaît
la profondeur de la cavité : c’est donc exclusive-
Des miroirs sismiques ment à cette profondeur que l’on provoquera les
ébranlements. La distance des sondages dépend
La mécanique des sciences de la terre vient de évidemment de l’importance de la cavité et en par-
s’enrichir du procédé cross-hole qui permet de dé- ticulier de sa hauteur : plus grande est celle-ci, plus
tecter les cavités dans le sol : les recherches pé- distants ils peuvent être et inversement.
trolières en ont provoqué un développement La distance des sondages, d’après les spécialistes
spectaculaire. Deux sondages parallèles sont exé- de la méthode cross-hole, pourrait être d’une quin- ®
Travaux n° 796 • avril 2003 75
EGYPTE
®
zaine de mètres : on en exécuterait deux du côté
ouest et deux du côté sud du tracé supposé, per-
mettant d’avoir trois miroirs sismiques.
Les sondages ne porteraient nullement atteinte à
la pyramide ; ils seraient exécutés de nuit, à partir
d’un camion, et les relevés de géophones de jour
ou même de nuit si nécessaire. Les trous des quatre
sondages seraient rebouchés ultérieurement.
Une fois repéré l’emplacement du conduit entre
deux des cross-holes, on pénétrera dans celui-ci
au moyen d’un puits, grâce auquel on cheminera
à pied jusqu’au tombeau sous l’apex de la pyra-
mide (figure 19).
professions, nombreuses, diverses et porteuses Un logiciel performant est utilisé pour permettre
d’avenir. Elle s’attache aussi à mettre en valeur une mise à jour aisée grâce à l’utilisation d’une
les nombreuses compétences françaises de ce base de données très élaborée. Et la navigation
secteur. a été voulue simple et agréable : richesse, sim-
plicité d’utilisation, précision et esthétique ont
été les préoccupations constantes des réalisa-
■ LA NAVIGATION teurs du projet.
Après la page d’accueil, de grandes rubriques
Le site, organisé à la manière d’une grande ex- structurent l’espace. Chacune ouvre sur des
position, comprend déjà plus de 800 écrans. "Halls"; puis des "Salles" présentant les articles
Et ce chiffre ne cesse de croître, tout en se qui sont la vraie richesse du site.
gardant de l’encyclopédisme. Il est tourné vers Dans chaque article : En savoir plus pour appro-
■ LES OBJECTIFS le présent autant et parfois plus que vers le pas- fondir ses connaissances ; une navigation trans-
sé. C’est pourquoi il a été appelé musée vivant. versale pour aller de façon intuitive à d’autres
Planète-TP s’adresse en priorité aux jeunes, mais articles connexes : Visitez pour parcourir le conte-
aussi au grand public et à tous les "mordus" des nu de la "Salle"; Voir également pour des articles
travaux publics, auxquels beaucoup ont consa- ailleurs dans Planète-TP.
cré leur vie professionnelle. Tous y trouveront
une mine de renseignements, et pourront y dé-
couvrir la richesse de ce monde souvent mé- ■ LES CONTENUS
connu.
Planète-TP, véritable plate-forme d’informations Planète-TP met d’abord l’accent sur les hommes
sur l’univers des travaux publics, veut contribuer et leurs métiers.
à valoriser leur image, faire mieux connaître l’uti- Montrer concrètement la diversité des possibili-
lité de ces travaux et souvent la beauté des ou- tés professionnelles est un élément essentiel du
vrages réalisés, attirer les jeunes vers leurs site. ®
Travaux n° 796 • avril 2003 77
historique
® Les divers métiers sont abordés en relation avec
la diversité des types d’ouvrages, les étapes de
leur réalisation, les témoignages d’acteurs ac-
tuels de la profession. De nombreux métiers y
sont décrits, regroupés en grandes catégories,
avec les fonctions exercées, les lieux d’activité,
les qualités souhaitables, les interlocuteurs prin- si que les techniques d’autrefois, d’aujourd’hui
cipaux. Le renvoi sur le site emploi de la FNTP, et même de demain. Au fil des "Halls" et des
metiers-tp.fr est évidemment prévu en bonne pla- "Salles", aéroports, barrages, génie électrique,
ce. ponts, tunnels, voies ferrées, etc. sont présen-
Les formations préparant aux divers métiers ne tés et seront complétés dans l’avenir par les ma-
sont pas oubliées. Classées par niveau, leur des- tériels et les matériaux utilisés. Le site est ainsi
cription précise les conditions d’accès et de sco- l’occasion de valoriser les multiples aspects
larité, souvent les débouchés, et renvoie aussi de ce secteur, ainsi que l’innovation.
sur les sites spécifiques des centres de forma- Sous l’appellation Parcours, de grands ouvrages
tion. Un clic permettra d’accéder depuis la page actuels ou passés font l’objet de dossiers plus
d’accueil à une recherche de sites spécialisés complets pour prendre toute la mesure de la com-
dans les offres d’emplois dans les TP. plexité des chantiers, qu’il s’agisse, par exemple,
du pont de Normandie ou du viaduc de Millau,
de la construction du château de Versailles ou ront été ajoutées, d’autres actualisées ou enri-
du stade de France. Une approche géographique chies. Les actualités des TP seront mises à jour
sera possible ultérieurement. grâce aux acteurs du secteur.
Des expositions temporaires (virtuelles toujours), Planète-TP est encore dans sa première jeu-
des Actualités sur les travaux publics, et bien nesse ; de ce fait toutes les rubriques ne sont
d’autres informations viennent compléter les ser- pas activées, et plusieurs sont incomplètes. Tout
vices offerts à l’internaute. ceci s’améliorera progressivement dans les se-
Musée virtuel mais surtout site vivant, Planète- maines qui viennent.
TP ne cessera aussi de bouger au fil du temps : Vous pouvez voir Planète-TP dès aujourd’hui sur
le monde des travaux publics est toujours en www.planete-tp.tm.fr ; vous le pourrez aussi pro-
changement ; notre site le sera donc également. chainement sur www.planete-tp.com.
A chacune de vos visites, certaines rubriques au- Notre souhait est que Planète-TP vous convien-
Témoins de l’Histoire, les Grands Hommes des ne, et que vous nous aidiez à faire vivre ce site
travaux publics figurent dans la galerie des Por- qui est d’abord le vôtre.
traits. Ils ne sont qu’une dizaine actuellement, Venez donc régulièrement le
mais leur nombre va s’accroître progressivement. visiter, puis faites-nous part de
L’évolution au fil des siècles des ouvrages et votre point de vue et de vos sug-
des techniques est traitée, aujourd’hui pour les gestions. Pour cela, une boite
routes et les ponts, demain dans d’autres sec- aux lettres est accessible di-
teurs. rectement sur le site.
Planète-TP présente aussi des entreprises du Vous pouvez aussi nous écrire
secteur, petites, moyennes et grandes, à partir à:
des indications qu’elles ont fournies. D’où une
diversité des informations et de la présentation. > ASCO-TP
Planète-TP met en valeur les nombreux types 28, rue des Saints-Pères
d’ouvrages, en chantier et en service, leur fonc- 75007 Paris
tion, leur insertion dans leur environnement, ain- e-mail : asco-tp@enpc.fr.