Communication 9
Communication 9
Communication 9
1
2
Les bonnes pratiques de la gouvernance pour une
efficacité institutionnelle du secteur de la
microfinance
ZINEELABIDINE Maroua
PHD en Sciences de Gestion à la FSJES-Agdal, Université Mohammed V de
Rabat
Maroua.zineelabidinee@gmail.com
NAFSSI FADWA
Doctorante
FSJES-Agdal, Université Mohammed V de Rabat
fadwa.nafssi@gmail.com
ABSTRACT:
Governance is one of the major risks to which the microfinance sector is exposed (Lelart,
2006). If several microfinance institutions are being born and growing, others are closing their
doors. There are several reasons for this closure, among others: bad management, lack of an
efficient internal control system and poor governance. In this research work, we will focus on
governance being a crucial question within an MFI; its implications are at the service of the
social mission and the assurance of the commercial objective. Furthermore, this research work
is part of empirical exploration. A purely qualitative approach allowing an in-depth analysis
of the power relations between the various stakeholders of the institution by using the
governance analysis grid developed by the Exchange, reflection and information committee
on credit savings systems. The objective of this research work is to implement good
governance practices adopted by Moroccan MFIs allowing the reconciliation between the
social mission and the commercial objective.
Keywords: Microfinance, governance practices, financial sustainability, social mission.
3
Introduction
Le diagnostic de la gouvernance d’une IMF passe en premier par l’analyse du rôle des acteurs
et de la manière dont ils s’exercent le pouvoir. L’objectif de ce travail est d’analyser les
modalités de gouvernance représentées sous forme de 6 socles allant de la définition de la
mission de l’institution jusqu’au contrôle interne, ce qui permet d’évaluer la gouvernance
dans les deux institutions de microfinance (les leaders sur le marché de la microfinance au
Maroc). Cette évaluation présente les facteurs positifs et les contraintes à la bonne
gouvernance des IMF étudiées. Ensuite, une étude comparative approfondie entre les
institutions semble nécessaire pour dégager les meilleures pratiques permettant la coexistence
entre la mission sociale et la viabilité financière des IMF et par la suite discuter les mesures
mises en place par les incitations de pouvoir pour assurer dans le temps cette bonne
gouvernance.
Le travail sur la gouvernance nécessite d’élargir le cadre d’étude pour prendre en compte
l’ensemble des acteurs de l’IMF et les formes d’organisations destinés à gouverner à travers
les systèmes comptables et d’information, le mode de prise de décision et de coordination, la
capacité d’exécution et les systèmes de contrôle, etc. Pour ce faire, le comité CERISE s'est
attaché à définir une grille d'analyse (voir annexe 1) qui permet de prendre en compte
l'ensemble de dimension de la gouvernance. Par ailleurs, ce travail de recherche permet un
diagnostic de la gouvernance de deux institutions enquêtées (X et Y), à travers l’analyse de
ces acteurs, de leur processus de décision et de leur mode de gestion des dysfonctionnements.
Pouvoir des acteurs sur les décisions stratégiques et opérationnelles des IMF :
L'analyse des textes organiques (notamment les statuts) nous a permis d'identifier les
différents organes de décision ainsi que leur rôle respectif. Dans une IMF, les organes clés de
gouvernance sont : l’assemblée générale, le conseil d’administration (CA), (éventuellement le
conseil de surveillance) et différents comités, tels que le comité de crédit, le comité d’audit, le
comité de déontologie, le comité de suivi des performances sociales, etc. L’étude de la
gouvernance passe par l’analyse de la composition de ces organes et du rôle de leurs
membres.
4
L’assemblée générale :
L’assemblée générale est l’instance suprême de l’institution. Elle est constituée de l’ensemble
des membres ou actionnaires ou de leurs délégués, convoqués et réunis en général au moins
une fois par an. Elle a notamment pour compétence de s’assurer de la bonne gestion de
l’institution, de fixer et modifier ses statuts et son règlement, et d’élire les membres des
organes auxquels elle délègue ses pouvoirs entre deux assemblées.
Pour renforcer son efficacité et déléguer à un petit nombre de membres des sujets spécifiques,
le CA peut recourir à des comités pour accomplir certaines tâches. On distingue généralement
les comités permanents (statutaires) et les comités spéciaux, non prévus par les statuts et créés
pour des situations exceptionnelles.
L’administrateur (dirigeant) :
Pour jouer pleinement son rôle, l’administrateur doit observer les trois devoirs de conduite, ou
de comportement :
5
assister aux réunions, exercer son jugement de manière indépendante et s’assurer qu’il a un
niveau satisfaisant de compréhension des principales questions relatives à l’institution ;
Le devoir de loyauté : l’administrateur doit exercer ses pouvoirs dans l’intérêt de
l’institution et non dans son intérêt propre ou celui d’un tiers. Le devoir de loyauté
s’exerce tout particulièrement face à des risques de conflit d’intérêts, d’opportunités
opérationnelles et pour tout ce qui exige la confidentialité. La ligne de conduite de
l’administrateur doit être déterminée par l’objectif de réalisation de la mission de
l’institution ;
Le devoir de conformité : les administrateurs doivent être fidèles à la mission de
l’institution et promouvoir ses valeurs. Ils doivent s’assurer que les pratiques de
l’institution sont conformes à ses objectifs sociaux et financiers et qu’elles ne peuvent en
aucun cas nuire à ses employés, à ses clients et à son environnement.
Tableau1 : Rôles et contributions de la direction et du CA
CA Direction
Propriétaires Salariés
Contrôle Informe
6
crédibilité et visibilité ainsi que les conseils d’administration actifs dont les administrateurs
sont impliqués et leur savoir-faire est solide.
L'analyse de la gouvernance se limite souvent à l'étude des rapports entre les acteurs clés de
l'organisation que sont les dirigeants (Assemblée générale, Conseil d'administration et
Direction, Comité de gestion, Bureau, etc). Toutefois, au-delà de la sphère des dirigeants, il
est important de cerner les autres catégories d'acteurs internes ou périphériques qui
interviennent dans la vie de l’institution.
Les mécanismes de gouvernance sont appliqués à l’ensemble des acteurs de l’institution afin
de répartir leurs rôles et délimiter leurs exercices du pouvoir, sa mise en place est une réponse
aux conflits d’intérêts entre les différents acteurs ; l’atteinte de la double mission des IMF
(l’impact social et la viabilité financière) suscite un engagement sérieux de la part des acteurs
périphériques de l’institution et pour ce faire, les instances de gouvernance doivent prendre en
considération ces différents besoins. Les acteurs peuvent naturellement avoir des intérêts
contradictoires, l’objectif d’une bonne gouvernance est de les concilier à terme et de les
fédérer autour de la mission sociale. Les procédures et les actions des dirigeants doivent être
de nature à responsabiliser chacun des acteurs de l’institution et à instaurer un climat de
confiance mutuelle. Ainsi, les mécanismes de prises de décision et de gestion des conflits
d’intérêts sont au cœur de l’analyse de la gouvernance. De ce fait, notre étude consiste à
analyser les modalités de la gouvernance pour identifier les facteurs positifs et les contraintes
à la bonne gouvernance.
7
acteurs clés de l’organisation mais il est également important de cerner les autres catégories
d’acteurs internes et périphériques à l’institution ayant une influence sur la gouvernance.
Des outils tels que les grilles de prise de décision permettent d’analyser le rôle de chacun dans
le processus décisionnel et d’identifier le pouvoir réel de décision, le niveau de décision
(majoritaire ou minoritaire) et la localisation du pouvoir (interne ou externe).
La gouvernance repose sur un socle en six axes. Chaque institution doit s’assurer que ce socle
nécessaire à une bonne gouvernance est bien en place.
8
financièrement viable). La gouvernance sera au service de la mission, celle-ci doit donc être
connue et partagée par tous.
Toute décision suppose une phase d'élaboration basée sur les informations disponibles et la
connaissance de l'environnement et de ses évolutions. Les décisions permettent de traduire en
activité les orientations stratégiques. Le niveau de prise de décision sera plus ou moins
centralisé en fonction de la structure de gouvernance. En fonction du profil des acteurs
impliqués dans la décision, des conflits d’intérêts peuvent apparaître qu’il est important de
repérer.
La mise en œuvre des décisions repose à la fois sur les acteurs et leurs compétences ainsi que
sur les moyens dont ils disposent. La prise de décision n'est pas suffisante, encore faut-il
ensuite pouvoir traduire la décision en action. C'est cette transformation de la décision en
activité qui relève de l'exécution. Par ailleurs, une bonne gouvernance met en cohérence les
décisions prises et les moyens humains pour les mettre en œuvre. L’exécution des décisions
amène à traiter des questions de formation, de motivation et d’incitation.
Axe 5 : Contrôler
La chaîne de décision se termine par le contrôle, élément déterminant et garant d'une bonne
gouvernance. On peut là aussi distinguer le contrôle sur les activités de gestion (équilibre
financier, détournement, remboursement, etc.) et le contrôle des orientations stratégiques
(poursuite de la mission, rythme de croissance, etc.) La chaîne de contrôle de l'institution
démarre au niveau de l'autocontrôle fait par le caissier pour se terminer au niveau du contrôle
9
externe exercé par les autorités de surveillance. La capacité de l’institution à se doter d’un
système de contrôle performant est l’un des déterminants de la bonne gouvernance.
Axe 6 : Gérer les risques et les crises pour une bonne gouvernance
Les IMF sont confrontées à des risques de différente nature : opérationnels, sociaux,
financiers et externes. Ils peuvent avoir un impact négatif sur les clients et se traduire en
risque de réputation. La capacité à prendre les bonnes décisions à des moments cruciaux pour
prévenir et surmonter les crises et dysfonctionnements est un indicateur de la maturité d’une
structure de gouvernance.
Source : Auteurs.
10
Il ressort de cette analyse, que certaines caractéristiques d'une bonne vision stratégique ne
figurent pas au sein de l’institution Y sous étude, on assiste à la formalisation de la vision
dans les textes organiques et l'inexistence d'un plan d'affaire. Par contre, l’institution X, la
vision stratégique est explicite, elle est formalisée dans les textes organiques et le plan
d'affaires. Ainsi, la stratégie n’est pas clairement définie au sein de l’institution Y ce qui l’a
rend relativement partagée et connue par les acteurs.
11
Il ressort de cette observation, que certaines caractéristiques du système d'information et de
gestion sont non maitrisées au sein de l’institution Y. On remarque que le SI de l’institution X
est plus performant que celui de l’institution Y et permet de dégager des informations plus
fiable pour chaque département ce qui aide à la prise de décision. Néanmoins, l’accès à
l’information reste limité à une certaine catégorie d’utilisateurs pour les deux institutions.
12
On assiste à une implication de Les acteurs internes de l’institution
l’ensemble des acteurs de Y restent relativement impliqués à
Responsabilisation des
l’institution grâce au mode de la prise de décision, c’est le conseil
acteurs dans les prises de
gouvernance appliqué par la d’administration qui est chargé de
décision.
direction générale vis- à vis les définir les orientations générales et
salariés. c’est le Bureau Exécutif qui dispose
de tous les pouvoirs nécessaires à la
bonne marche de l’institution.
Source : Auteurs.
Il ressort de cette observation qu'au sein des deux institutions enquêtées, il y a une
formalisation des procédures de prises de décisions ; disposer des manuels de procédures est
une bonne chose mais leur implication au quotidien dans le processus de prise de décisions
demeure essentielle. L’institution X recours à un mode de gouvernance participatif qui permet
à l’ensemble des salariés de contribuer à la prise de décision. De plus, la clarté de la mission
et de la vision stratégique au sein de l’institution permet aux acteurs de délimiter les
problèmes et donner des pistes de solutions. Néanmoins, l’institution Y applique un mode de
gouvernance centralisé qui ne donne pas la possibilité aux acteurs internes d’exprimer leur
point de vue sur plusieurs points manquants au niveau de l’institution, leur rôle reste limiter à
l’exécution des tâches bien défini par le bureau exécutif.
13
X. incitations / incitations restent
Source : Auteurs.
Il ressort de cette observation, que par rapport à l'axe formation et compétence, pour les deux
institutions enquêtées, la prise de décision est faite indépendamment des acteurs externes que
ce soit pour les décisions stratégiques (mission, choix d’implication, rythme de croissance…)
qu’opérationnelles (octroi de crédit/modalité de remboursement de crédit…) toutefois ne pas
recourir à d’autres auteurs pour la prise de décision n’est pas synonyme d’une bonne vision
stratégique.
Les initiatives d’incitations et de formations pour les deux institutions restent limités mais
selon lesdits de l’institution X, l’engagement est d’assurer à chacun des salariés les meilleures
conditions de succès et d’épanouissement professionnel et de renforcer l’image de
l’institution, en tant que modèle social de référence. De plus, c’est les performances des
équipes et individuelles, qui permettent d’atteindre ensemble les objectifs stratégiques et
opérationnelles de l’institution afin de pérenniser sa place, en tant que leader du secteur de la
microfinance. L’institution X forme ses salariés mais le plan de la formation n’est pas bien
défini au niveau du manuel de gestion des ressources humaines. Par contre, les salariés de
14
l’institution Y doivent être formés uniquement pour devenir capable à exécuter les tâches bien
déterminées par les instances de gouvernance.
v. Système de contrôle :
Chaîne de contrôle clairement La chaîne de contrôle interne est Il existe deux entités de contrôle
définie (voir manuel de composée du contrôle permanent (Inspection & Contrôle
procédures). (direction risk management et de permanent attaché à la direction
production) et périodique (direction générale ainsi que l’entité audit
audit). interne attaché au conseil
d’administration).
Source : Auteurs.
Il ressort de cette observation, que les deux institutions enquêtées remplissent presque toutes
les caractéristiques par rapport à l’axe contrôle, elles disposent d’un système de contrôle
15
complétant, indépendant et régulier. Reste toutefois, la prise en considération effective des
recommandations dégagées par les contrôles et auditeurs des deux institutions.
Capacité interne des acteurs Au niveau interne la capacité à Au niveau interne, les deux
à détecter les détecter les crises dépend des deux entités de contrôle (inspection &
dysfonctionnements. pôles de contrôle (permanent et contrôle permanent et audit
périodique). interne) sont chargées à détecter
les crises et les dysfonctions.
Système d’alerte proportionné à
Système d'alerte efficient
l’ampleur u dysfonctionnement. Système d’alerte plus au moins
(délais entre
efficient.
dysfonctionnements et
alerte). Recours à des compétences
Réunions périodiques pour
externes pour alimenter les
améliorer les outils de détections
connaissances en matière de
des failles.
Capacité à faire évoluer les
contrôle et d’audit.
règles / procédures /
dysfonctionnements.
Source : Auteurs.
La gouvernance d'une institution repose sur une chaine continue allant de la définition de la
mission de l'institution au contrôle fait par un auditeur externe. Tout chainon manquant
fragilise le système. Il ressort de cette analyse, une faible capacité des acteurs internes à
détecter les crises et dysfonctionnement, il s'agit ainsi des dysfonctionnements relatives
fonctionnement des organes et aux respects de procédures.
2. SYNTHESES :
Commençons par la vision stratégique, celle-ci est plus explicite au niveau de l’institution X à
travers sa formalisation dans les textes organiques et le plan d’affaire par contre elle est
16
relativement partagée et connue par les acteurs de l’institution Y. Cette vision est appuyée par
un système d’information qu’on peut qualifier de performant pour les deux institutions, il
permet une communication entre les services, un partage de l’information et une connaissance
du développement de l’activité à travers l’utilisation des indicateurs de mesure.
En ce qui concerne le mode de prise de décision, celui-ci est formalisé au niveau du manuel
des procédures, mais concrètement parlant, l’institution X recours à un mode de gouvernance
participatif qui permet à l’ensemble des acteurs de contribuer à la prise de décision. En
revanche, l’institution Y applique un mode de gouvernance beaucoup plus centralisé ce qui
réduit la marge de manœuvre des autres acteurs et donc limiter leur rôle dans des tâches bien
défini par le bureau exécutif.
3. DISCUSSIONS :
17
CONCLUSION :
ANNEXES :
Ce guide vise à révéler les bonnes pratiques de gouvernance pratiquées par les institutions de
microfinance marocaines suscitant la coexistence entre la mission sociale et la viabilité
financière.
Les systèmes sont-ils connus et mis en place de manière à atteindre les objectifs de
l’institution ?
18
Quelle est la nature de l’information nécessaire et par qui est-elle recueillie ?
L’information est-elle accessible aux personnes concernées ?
L’information est-elle bien utilisée (stratégie, prévision, contrôle) ?
Quels sont les moyens humains disponibles ? Quel est le niveau de formation lors du
recrutement ?
Quels sont les outils de promotion des ressources humaines et de gestion des
compétences ? Existe-t-il un plan de formation ?
Existe-t-il des outils de motivation/d’incitation et de dissuasion pour la mise en œuvre
des décisions ?
Les moyens financiers sont-ils suffisants et cohérents par rapport aux décisions prises
et à la stratégie de l’institution ?
Axe 5 : Contrôler
19
Les nouvelles règles et procédures permettent-elles de prévenir durablement les
risques ?
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
20
Meier, Olivier et Schier, Guillaume. Quelles théories et principes d'actions en matière de
gouvernance des associations ? Management & Avenir 6/ 2008 (n° 20), pp. 179-198. In.
www.cairn.info/revue-management-et-avenir-2008-6-page-179.htm.
Sedjari Ali, dir. Gouvernance et conduite de l’action publique au 21ème siècle : Emergence
de contre-pouvoirs et leaderships nouveaux. Editions L’HARMATTAN – GRET, 2003 ;
Skalli, Nouzha. Le développement des partenariats entre ONG et Etat au Maroc. Handicap
International, dir. Rôle des ONG et démocratie participative. Editions Dalloz / IRIS, 2008 ;
SOUAIDI, Mohamed. Comment créer et gérer une association au Maroc. Imprimerie NAJAH
AL JADIDA. 1ère Edition 2014 ;
ZOUKOUA, Eric-Alain. Quelle gouvernance pour les organisations du tiers secteur ? Le cas
des associations Loi 1901. Thèse de doctorat : Sciences de l’Homme et de la société,
Discipline : Sciences de Gestion. Université d’Orléans : Laboratoire Orléanais de gestion, 24
Novembre 2008 ;
21