Section6 Papier
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version 1
ANNE-MARIE BRULEAUX
ANDREA GIOVANNINI
14 novembre 2011
Table des matières
Objectifs 3
3.2. L'incendie............................................................................................................................................. 10
Bibliographie 14
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Objectifs
Description du module:
La conservation des documents d'archives est l'une des missions fondamentales de l'archiviste.
Cette conservation doit tout d'abord être préventive, car mieux vaut prévenir que guérir,
autrement dit préserver les documents des détériorations plutôt que d'avoir à les restaurer. Il
convient donc de mener une politique de préservation, véritable stratégie qui prend en compte
les considérations techniques mises en œuvre par la conservation préventive, mais va au-delà en
s'appuyant sur une collaboration interdisciplinaire et un partage des responsabilités :
concrètement elle se traduit par la mise en place de programmes et d'outils d'évaluation.
Le but du module est de:
• aider à évaluer la situation en matière de conservation dans son service
• permettre de concevoir et de mettre en œuvre une politique de préservation
L'apprenant doit être en mesure de:
• comprendre ce qu'est la conservation préventive
• distinguer les différents types de supports et de matériaux
• identifier les facteurs de détérioration des documents et comprendre leur nocivité
• lutter contre les facteurs de détérioration
• programmer la restauration des documents
• prévoir les sinistres et réagir en cas d'urgence.
Positionnement:
Ce module s’inscrit naturellement dans la chaîne archivistique : après la collecte et le traitement
intellectuel des archives, il est essentiel de se préoccuper de leur conservation avant d’envisager
leur communication et leur valorisation auprès du public. Il se prolonge par deux modules sur le
microfilmage et la numérisation, dans la mesure où ces deux techniques permettent d’organiser
au mieux l’articulation entre la conservation des originaux et leur communication au public.
Conseils d'apprentissage:
Ce module est très dense. Nous conseillons de lire d’abord les pages principales, puis de revenir
sur les encarts si l’on veut davantage d’informations. De plus, il peut aussi être considéré comme
une ressource pour répondre ponctuellement à un problème de conservation dans un service
d’archives : dans ce cas les sections 3 et 4 pourront être particulièrement utiles pour établir un
diagnostic et programmer les actions de lutte et de prévention.
En plus des éléments bibliographiques ci-après, les autres références plus ciblées d'ouvrages ou
de sites web sont indiquées dans le cours.
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1 - 1. Principaux types de catastrophes
Les catastrophes, qu'elles soient d'origine naturelle ou humaine, peuvent annuler en peu de temps des siècles
d'efforts de conservation.
Les deux principaux fléaux sont le feu et l'eau.
L'incendie
Les dommages dus aux incendies résultent de la fumée, de la chaleur ou des flammes, selon l'intensité de l'action de
l'incendie sur les documents. Le noircissement causé par la fumée et les déformations induites par la chaleur sont
souvent irréversibles; ainsi, même des dommages "indirects" peuvent détériorer irrémédiablement le patrimoine écrit
et imprimé.
De plus, L'eau utilisée pour éteindre l'incendie cause parfois plus de dommages que le feu.
Le dégât des eaux
Si l'incendie a toujours été craint, le dégât des eaux à la suite d'un incendie et les dégâts dus à des inondations et
infiltrations d'eau ont certainement causé plus fréquemment des dommages beaucoup plus importants.
L'eau fait gonfler et déforme le papier, les reliures et les boîtes et il s'y crée des conditions favorables au
développement rapide de colonies de micro-organismes.
A la suite de ce gonflement, il arrive souvent que des liasses de documents serrées dans une étagère forment un bloc
compact qui ne peut être partagé sans dommages, surtout si elles ont séché ainsi.
Les dommages sont différents selon que l'eau est propre (eau des conduites) ou sale (eau boueuse, eau polluée par
des hydrocarbures, eau des égouts). Si l'eau est sale, le papier peut absorber des impuretés qui s'y lient de
manière quasiment définitive.
Le poids des documents peut augmenter très fortement en cas d'inondation et causer l'affaissement des étagères ou
même des dalles des dépôts, rendant les opérations de sauvetage difficiles et parfois dangereuses.
Les dommages secondaires peuvent être encore plus graves que les dommages directs: dans le lieu où l'eau s'est
infiltrée l'humidité de l'air est souvent proche du point de rosée et elle est absorbée par les documents d'archives. De
cette manière se créent des conditions favorables à une infection généralisée de moisissures et de micro-
organismes.
D'autres catastrophes ne sont pas négligeables et sont plus ou moins à redouter suivant les pays :
tempêtes, cyclones et tornades
raz-de-marée
tremblements de terre
éruptions volcaniques
tempêtes de sable
accidents industriels entraînant des pollutions
Enfin, les conflits armés et les actes de terrorisme sont souvent l'occasion de destructions et de pillages massifs de
documents d'archives.
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2 - 2. La prévention des catastrophes
Dans tous les cas, les dommages sont fortement amplifiés s'il n'existe aucun plan d'intervention en cas de
catastrophe et aucune structure capable de le mettre en œuvre.
En effet, les catastrophes, qu'elles soient naturelles ou provoquées par l'homme, peuvent avoir des conséquences
beaucoup moins graves, si l'archiviste et le personnel de son service ne se trouvent pas brusquement pris au
dépourvu.
Il est donc essentiel d'adopter, comme pour tous les autres aspects de la conservation, une attitude résolument
préventive qui implique plusieurs étapes :
Évaluer les risques
Mettre en place des mesures de prévention
pour éliminer ou réduire les risques potentiels repérés
Préparer le service à l'éventualité d'une catastrophe
Rédiger un plan d'urgence
ou protection de verrières exposées aux vents et pluies violents ou à la grêle, adaptation de la toiture aux
précipitations et aux vents, etc.
La protection du bâtiment contre les intrusions humaines et animales.
Enfin, de nombreux services d'archives ayant entièrement ou partiellement informatisé leur gestion et ayant
développé des applications informatiques, il est impossible de ne pas dire quelques mots du risque informatique.
Une panne grave de disque dur ou de serveur, l'intrusion d'un virus peuvent anéantir des semaines, voire des
mois ou des années de travail en quelques secondes et compromettre l'accès aux documents pendant une
période assez longue. Il convient donc de vérifier la sécurité des installations et l'efficacité des procédures de
sauvegarde et de récupération de données.
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2. La prévention des catastrophes
de mesures informatiques : Il est capital que toutes les données importantes (bases de données
documentaires, mais aussi certains documents bureautiques, les carnets d'adresses, les formulaires et
modèles usuellement utilisés, etc.) fassent l'objet de sauvegardes régulières, quotidiennes ou
hebdomadaires selon les cas. Ces sauvegardes devront être conservées en dehors du service. De plus, il faut
équiper les installations informatiques:
- de logiciels antivirus
- de pare-feu
- d'onduleurs
de mesures de protection des documents
les mesures de conservation préventive, telles que le conditionnement, le microfilmage et la
numérisation constituent aussi des moyens efficaces de réduire les conséquences des catastrophes. Il est
beaucoup plus aisé d'évacuer des documents bien conditionnés. Il convient de veiller à ce qu'un
exemplaire des reproductions de documents (masters pour les microfilms, copies pour les documents
numérisés) soit conservé dans un autre lieu.
Enfin, il est indispensable de se tenir informé de toute alerte par les services météorologiques et sismiques et autres
institutions officielles susceptibles de déclencher des plans d'urgence.
Tout d'abord, il est essentiel de contracter une assurance pour les fonds et collections : cette précaution
permettra de financer des opérations de sauvetage souvent onéreuses telles que la congélation et la lyophilisation de
documents inondés.
Il faut aussi sensibiliser le personnel en luttant contre les préjugés ("les catastrophes, les accidents n'arrivent
qu'aux autres", "le service est suffisamment sécurisé") et les attitudes fatalistes ("si cela doit arriver, cela
arrivera") ou dilatoires ("on agira le temps venu").
Un certain nombre d'actions peuvent être très utilement menées:
Former et entraîner une équipe d’intervention en cas d’urgence
composée de membres du personnel volontaires habitant près du service. Il est notamment très utile de
monter des ateliers de simulation de sinistres qui permettent de se familiariser avec les procédures
d'intervention, de sauvetage d'urgence et d'évacuation des documents.
Prévoir des fournitures pour le tri des documents, le transport et le nettoyage
et les réunir dans un même lieu (une liste de matériel est disponible sur le site de la Bibliothèque nationale
et des Archives nationales du Canada à l'adresse signalée dans l'écran suivant)
Identifier les espaces où l'on pourra trier, enregistrer et empaqueter les documents
endommagés.
Trouver des lieux où l'on pourrait éventuellement reloger temporairement les documents et le
personnel.
Conserver à l'extérieur du bâtiment, dans un autre service par exemple, un exemplaire du plan
d'urgence.
Enfin, il est indispensable de rédiger un plan d'urgence.
Le plan d'urgence est une mesure préventive qui permet de réagir vite et avec efficacité face à une catastrophe quelle
qu'elle soit.
Le Centre de conservation du Québec a traduit de l'anglais un canevas pour l'établissement d'un plan d'urgence. Ce
modèle est actuellement commercialisé sur son site (lien)1, notamment sous la forme d'une disquette.
Enfin, sur le site commun de la Bibliothèque nationale et des Archives nationales du Canada, on trouvera des
éléments de rédaction de plans d'urgence: modèles de listes de personnes-ressources, de plans, de listes de
fournitures à prévoir dans une armoire ou un local spécial en vue d'une situation d'urgence à l'adresse suivante:
http://www.collectionscanada.gc.ca/a-notre-sujet/015/012015-200-f.html2
Un plan d'urgence doit être rédigé de façon claire et compréhensible par tous. Il doit être connu de tous les
agents du service.
Il doit comporter :
les plans des locaux
aussi précis que possibles: pour chaque étage doivent être indiqués
- les magasins d'archives où sont signalés les fonds et collections à sauver en priorité
1 - http://www.ccq.mcc.gouv.qc.ca/formulaires/plan-action-prevention.pdf
2 - http://www.collectionscanada.ca/04/041802_f.html 7
2. La prévention des catastrophes
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3 - 3. Réagir en cas de sinistre
Malgré tous les efforts de prévention, une catastrophe peut se produire. Il est donc utile de connaître les mesures à
prendre en cas de sinistre.
Nous n'envisagerons ici que les deux sinistres les plus fréquents, qui du reste découlent souvent des autres types de
catastrophes : le dégât des eaux et l'incendie.
Le dégât des eaux peut aller d'une simple infiltration, à la suite d'une fuite dans la toiture par exemple, jusqu'à la
véritable inondation. Il peut être dû à une cause directe, fortes pluies, crue de rivière, rupture de canalisations, ou à
une cause indirecte (intervention des pompiers lors d'un incendie).
Signalons que le site commun des archives nationales et de la bibliothèque nationale du Canada présente de façon
claire et synthétique sous la forme d'un tableau les actions à mener et les précautions à prendre en cas de
dégât des eaux pour les parchemins et papiers, les supports photographiques, les microfilms, les peintures, les
bandes magnétiques, les médailles et sceaux à l'adresse suivante :
http://www.collectionscanada.gc.ca/a-notre-sujet/mesures-urgence/012015-207-f.html3
3 - http://www.collectionscanada.ca/04/04180207_f.html 9
3. Réagir en cas de sinistre
3.2. L'incendie
Dans tous les cas, il convient d'appeler les pompiers, même si le départ d'incendie semble à première vue
maîtrisable, car un feu prend très vite des proportions importantes.
L e s petits foyers d'incendie peuvent être maîtrisés si on les découvre à temps. Pour ce faire, les services
d'archives, même quand ils sont équipés d'une installation d'extinction automatique, doivent être munis
d'extincteurs portatifs d'une taille suffisante pour être efficaces.
Il existe plusieurs types d'extincteurs qui ont tous leurs avantages et leurs inconvénients:
Les extincteurs à la neige carbonique sont proscrits.
Les extincteurs au gaz inerte, notamment le CO2, ont remplacé ceux au gaz halon désormais interdit pour
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3. Réagir en cas de sinistre
des raisons écologiques. Le gaz peut provoquer des dommages à cause de la température très basse du gaz
sortant de l'extincteur (environ -40°C), mais les interactions chimiques sont rares. Ces extincteurs étouffent
le feu dans des matières organiques, mais n'écartent pas toute reprise d'incendie.
Les extincteurs à poudre utilisent généralement du carbonate de sodium qui s'avère très efficace. Mais les
documents doivent ensuite être soigneusement nettoyés.
Si l'incendie est plus important, il faut le circonscrire autant que possible en attendant les pompiers en bouchant
toutes les ouvertures du local concerné et en évitant à tout prix les courants d'air qui attiseraient le feu. Des
serpillières ou chiffons mouillés placés au bas des portes empêchent notamment la propagation des fumées qui
peuvent gêner l'intervention des sauveteurs.
L'intervention des pompiers, même pour un sinistre limité, implique souvent que des quantités très importantes d'eau
soient amenées dans le bâtiment. Il peut donc être utile d'évacuer, si possible, les magasins situés sous les
locaux atteints par le feu.
Après le passage des pompiers, les livres et documents mouillés seront traités comme pour n'importe quel dégât des
eaux.
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4 - 4. Evaluation des connaissances
Exercice 1
Exercice sur la lutte contre les catastrophes :
À l'aide des indices suivants, trouver les mesures essentielles à la lutte contre les
catastrophes.
[Note : le but est de reconnaitre le mot, chaque espace étant à remplir au moyen de la bonne
lettre.]
L'é al a ion des r sq e
La mise en place de mesures de pr ve t n pour éliminer ou réduire le risques potentiels
La pr par t n du services d'archives à l'éventualité d'une catastrophe
La rédaction d'un p n d'u g n e
Exercice 2
Réagir en cas de dégâts :
Parmi les énoncés suivants, lesquels sont vrais ?
1. Un moyen de réagir rapidement dans le cas de dégâts d'eau est d'utiliser du papier journal imprimé en
guise de papier buvard afin de sécher les documents
2. Les livres et les volumes affectés par un dégât d'eau peuvent être placés debout, ouvert en éventail, afin de
leur permettre de sécher
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5 - Galeries associées à ce module
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Bibliographie
[Référence 1] GIOVANNINI, ANDREA. De tutela librorum. Genève : IES éditions, 2ème édition, 1995, 526 p. Cet ouvrage a fait l'objet de
deux rééditions revues et augmentées en 1999 et 2004. Une quatrième version est en préparation et paraîtra en 2010.
[Référence 2] Préserver les objets de son patrimoine : précis de conservation préventive. Sprimont : Pierre Mardaga éditeur, 2001, 264 p.
[Référence 3] LAVEDRINE, BERTRAND. La conservation des photographies. Paris : Presses du CNRS, 1990, 160 p. Cet ouvrage a été
utilisé pour le chapitre sur les supports photographiques.
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