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Décembre 2011
En 1985, tandis que les restos du coeur ouvraient leurs premiers centres et que Marty
Mc Fly retournait dans le futur, Battletech nous mettait au contrôle de robots géants, à
moitié déglingués et un brin sensibles à la surchauffe. Le club Pythagore recrutait de
jeunes gens, prêts à affronter les forces occultes. L’auberge du Sanglier noir se rem-
plissait de naïfs aventuriers. La société ne nous avait pas encore dicté le besoin des
téléphones mobiles, mais les morveux fumaient déjà en entrant au collège. Et puis,
ce fut la découverte de l’épave du Titanic, le lancement de Fun radio. L’ordinateur
Commodore 64 faisait fièrement tourner Gauntlet, Ultima IV et autre Bard’s tale, jeux
vidéo fraîchement sortis sur les étals. à cette époque, on redoutait le plantage critique,
le jeu qui ne se lançait pas, après un chargement cassette de 10 minutes !
Sur l’air de Mistral gagnant ou d’Un autre monde, nous jouions donc à tous ces jeux.
Talisman, Le gang des tractions avant, Scotland Yard... Faisant partie de ces perles sor-
ties en 1985, Sherlock Holmes Détective Conseil s’est longtemps arraché à prix d’or
sur le marché de l’occasion. Le jeu étant désormais réédité par Ystari games pour notre
plus grande joie, il serait criminel de manquer cet ovni ludique, demeuré unique, de
son origine à nos jours. L’évènement ludique de l’année 2011 !
olivier.jahchan@whiteflag.fr
Inspiration
Sherlock Holmes a depuis toujours L’histoire qui nous est racontée L’ultime defi
inspiré les médias les plus divers prend la forme d’une lettre ancien- de Sherlock
- feuilletons, films, livres, BD, jeux ne, écrite de la main du Dr Wat- Holmes
vidéo, etc. La liste des oeuvres im- son. Sherlock Holmes est mort et
pliquant le célèbre détéctive étant Watson envoie une lettre à un vieil L’ultime défi de Sherlock Holmes
trop longue, nous avons choisi de ami d’Amérique, afin d’implorer est l’adaptation du roman épony-
vous présenter trois d’entre elles, son aide. Car le bon docteur est me de Michael Dibdin, publié en
à peu près actuelles. accusé de meurtre, de mutila- 1995. Dans cet ultime opus, le cé-
tion et d’incendie volontaire lèbre détective se lance sur la piste
du 221b Baker street ! Le récit de Jack l’éventreur, le sinistre tu-
décrit donc les circonstances eur dont l’ombre plane à jamais
de l’affaire, vues par l’accusé. sur White Chapel. Faire s’affronter
Le rôle du lecteur est alors de deux figures emblématiques de
suivre ce récit, en consultant les l’Angleterre victorienne décadente
indices disséminés dans le texte est sans nul doute un défi ten-
et d’essayer de déduire l’identité tant pour un écrivain désireux de
du véritable coupable. Enfin, la mettre en scène le célèbre détec-
dernière partie du livre apporte tive. Michael Dibdin s’en est sorti
la solution de l’affaire : le vieil avec brio, en parvenant à créer une
ami de Watson répond à sa lettre œuvre forte, entraînant le lecteur
et le disculpe. à s’enfoncer dans les ténèbres de
l’âme holmésienne, tout en propo-
les crimes Entre la lettre de Watson et les in- sant une relecture des évènements
du docteur dices découverts peu à peu, le texte relatés dans le Problème final qui
watson est très agréable à lire et finalement vit le professeur Moriarty et Sher-
assez court, comparé au nombre lock Holmes disparaître dans les
Voici un livre particulier, car il total de pages (une cinquantaine). chutes du Reichenbach. L’auteur
s’agit aussi d’un jeu et parce que Ainsi, l’impression d’y progresser met également en scène un Holmes
c’est un très bel objet : couverture rapidement captivera les gens plus plus sombre et plus torturé encore,
molletonnée, pages à l’allure vieil- enclins à jouer qu’à lire. Dans le
lie du parchemin, odeur de vieux même esprit, il sera conseillé de
papier, illustrations noir et blanc partager l’expérience à plusieurs
stylisées... L’ouvrage renferme pour renforcer la convivialité mais
douze indices détachables, parmi aussi parce que l’énigme s’avère
lesquels une gazette d’époque, une plutôt ardue. Et, sur certains
pochette d’allumettes, des horaires points, il faudra parfois déduire à
de train et d’autres documents tout force d’extrapolation. Mais, en ré-
aussi insolites qu’intrigants. La alité, peu importe la difficulté : le
nouvelle originale relatant la mort plaisir découlera de la découverte
de Sherlock Holmes - Le problème d’une histoire originale, tout en
final - y est même retranscrite étant pleinement immergé dans
dans son intégralité. Tout est donc l’ambiance, grâce au caractère in-
fait pour plonger le lecteur dans téractif de l’ouvrage. Et, une fois
l’ambiance et l’ensemble y réussit l’énigme révélée, le livre restera
parfaitement ! un très bel un objet collector...
que les auteurs de la BD ont remar- Sherlock
quablement mis en image.
Pour sa modernisation de Sherlock
Le traitement graphique réservé à Holmes, la BBC a été prudente :
l’album est particulièrement origi- au lieu de commander une saison
nal et efficace. En prêtant au héros entière, elle a préféré se contenter
de Conan Doyle les traits de Jere- de trois histoires, développées cha-
my Brett, qui fut l’une des plus re- cune sur 90 minutes.
marquables incarnations d’Holmes
à l’écran, les auteurs ancrent leur D’emblée, l’épisode pilote tou-
récit dans l’imaginaire collectif che juste : John Watson revient
des lecteurs. En donnant à chaque d’Afghanistan où il a été blessé, il
planche l’aspect des unes des jour- cherche un colocataire et découvre
naux à sensation de l’époque, tant alors un drôle de zouave qui bat les
dans leur découpage que dans la cadavres à la morgue pour étudier
trame des couleurs, ils inscrivent les ecchymoses ainsi produites.
l’intrigue dans la veine des récits Nous sommes au 21ème siècle, bien porter le masque de la séduc-
feuilletonesques de l’époque. Les mais ces évènements reprennent tion ou de la compassion pour ar-
postures, savamment exagérées, très exactement les premières river à ses fins... Ce Holmes-ci
presque théâtralisées, finissent de pages du roman A Study in Scar- utilise internet, envoie des textos,
plonger le lecteur dans l’ambiance let, la toute première enquête de et déduit d’un iphone ce que son
de ce récit à la fois dense et prenant, Sherlock Holmes. D’ailleurs, le modèle déduisait d’une montre à
dont la noirceur est émaillée ça et titre de l’épisode, A Study in Pink, remontoir. La transposition fonc-
là d’un humour savamment dosé. annonce la couleur (c’est le cas de tionne et s’avère même particuliè-
Les raccourcis, inévitables pour le dire) : l’adaptation sera à la fois rement stimulante.
cette adaptation BD, sont subtile- scrupuleuse et libre.
ment orchestrés et si le rythme re- Dans les épisodes 2 et 3, les ré-
tombe quelque peu dans le dernier John et Sherlock s’appellent par férences au Canon se mélangent
tiers de l’album, l’ensemble est de leur prénom, mais font partie des allègrement (on y trouve des élé-
très haute tenue. meilleures incarnations des per- ments du Signe des quatre, des
sonnages de Sir Arthur Conan Plans du Bruce-Partington...) et
Sherlock Holmes semble avoir le Doyle. Le premier, joué par Martin servent à alimenter des intrigues
vent en poupe et l’on ne compte Freeman, que l’on n’est pas habi- originales, où le cerveau de Sher-
plus les enquêtes post “Conan- tué à voir aussi sérieux, n’a certes lock peut faire constamment étala-
doyliennes” le mettant en scène. pas de moustache mais possède le ge de sa supériorité. Jouant avec
Cependant, celle ci se démarque, caractère curieux, enthousiaste et le spectateur initié comme avec le
tant par son fond prenant à con- aventureux qui le distingue dans novice, les scénaristes multiplient
tre pied la littérature holmésienne, les livres. Quant au méconnu Be- les défis intellectuels, et terminent
que par sa forme, délicieusement nedict Cumberbatch, il se pose la saison sur un cliffhanger incroya-
désuette. Un album incontourna- en digne héritier de Jeremy Brett blement rageant... Heureusement,
ble pour les fans de Holmes et les et donne au détective le mélange les épisodes suivants sont déjà sur
amateurs de polars noirs... de bizarrerie et de passion qui lui les rails, pour une diffusion prévue
sied : moqueur, cynique, arrogant, fin 2011.
Le korrigan il toise ses interlocuteurs du haut Gautier Cazenave
http://chrysopee.net de son intelligence, mais peut aussi http://www.krinein.com
Interview
cyril demaegd
éditeur du jeu
Ystari games est un éditeur habi- dition du jeu, Omnibus ayant res- cause du mélange victorien/excen-
tuellement spécialisé dans les jeux sorti l’intégrale dans un format très trique, mais c’est vraiment faire
de gestion et de développement, pratique). Si je devais ressortir des peu de justice aux autres enquêtes !
destinés aux joueurs plutôt expéri- nouvelles, ce serait compliqué ! Di- Je crois que Conan Doyle estimait
mentés. Face aux autres titres de la sons que j’ai de l’affection pour les que sa meilleure nouvelle était “Le
gamme, Sherlock Holmes Détec- histoires courtes, qui résument bien ruban moucheté”. Mais bon, le
tive Conseil (SHDC) dénote donc la manière de procéder de Doyle, mieux est de tout lire et de se faire
quelque peu. Cyril Demaegd, pa- qui se sert à merveille de la nar- sa propre idée !
tron d’Ystari games, nous explique ration du “candide” Watson pour
ce choix éditorial. Parmi les multiples adapta-
tions de Sherlock Holmes,
Quand avez-vous rencontré quelle est la plus fidèle se-
Sherlock Holmes pour la lon vous ?
première fois ? Une nouvelle En fait, je pense qu’il n’y en a
en particulier vous a-t-elle pas vraiment, même si beau-
marqué ? coup d’acteurs ont été remar-
Je pense que, comme pour quables. Mais, j’avoue avoir
beaucoup, mon premier con- été très agréablement surpris
tact avec Holmes s’est fait par par le film de Guy Ritchie
le cinéma - bien que je ne me avec Robert Downey Junior.
rappelle plus par quel film. Pas mal de gens ont considéré
Pour ce qui est des livres, j’ai que c’était un Holmes trop
le souvenir que mon père avait “moderne”, mais en fait c’est
emprunté l’intégrale de Doyle un peu le cas de Holmes. Les
à son travail, en 1984, d’après films l’ont toujours présenté
ma petite enquête. Cela m’a comme un grand gars très
permis de découvrir le “vrai” austère et coincé, mais en
Holmes, mais aussi des personna- préparer ses effets et cacher une fait, si on lit bien les livres, on
ges pour lesquels Doyle avait bien solution que Holmes a subodoré s’aperçoit qu’il n’hésite pas à faire
plus d’amour, comme le professeur depuis longtemps ! Allez, je me le coup de poing et que c’est un ex-
Challenger (“Le monde perdu” et mouille : les nouvelles qui me re- centrique. Bref, le film de Ritchie
ses dinosaures oubliés) ou le bri- viennent souvent à l’esprit sont n’est pas plus faux qu’un autre
gadier Gérard (les aventures d’un sûrement “La ligue des rouquins” puisqu’il présente une autre facette
hussard sous Napoléon). Doyle ne et “Flamme d’argent” ainsi que du personnage généralement “ou-
portait pas forcément Holmes dans “Les hommes dansants”. Si le bliée” dans les autres adaptations,
son coeur, ce n’est pas un secret ! dernier à sûrement quelque chose très marquées par le Holmes in-
Toujours est-il que j’ai vraiment à voir avec mon amour des codes terprété par Cushing ou Rathbone.
adoré lire ces romans et nouvelles secrets, je ne sais pas pourquoi j’ai Le plus gros écart est finalement
(et les relire pour préparer la réé- pensé aux deux autres. Sûrement à Watson, qui est beaucoup moins
“emprunté” chez Ritchie que dans À l’origine du projet, comment
les romans. Mais, cela introduit avez-vous pris la décision de
un peu de nouveauté dans la rela- rééditer SHDC ?
tion entre les personnages. Bref, Le projet est né à la suite d’une
j’ai hâte de voir la suite !... De la partie jouée pendant les vacances,
même manière, j’avoue avoir été il y a trois ans. Il me semble que
épaté par l’adaptation récente de c’était le “Soldat de plomb”. à la
la BBC, avec un Holmes moderne. suite de la partie, quelqu’un a dit
Cette adaptation parvient à rester “Quel dommage tout de même
fidèle à l’esprit de Doyle tout en que ce jeu n’existe plus”. Et j’ai fardeau sur ses épaules (faisant des
dépoussiérant la chose (Holmes répondu “Faisons-le”. C’est aussi tests et des modifications), pendant
envoyant des sms est tout de même simple que cela ! que je m’occupais de tout rescan-
quelque chose à voir !). C’est vrai- ner et de donner sa forme actuelle
ment intéressant dans le sens où Quelles ont été les démarches au jeu. Ce fut un travail de longue
cela prouve, s’il en était besoin, qui vous menèrent de l’idée de haleine mais voilà, finalement nous
l’intemporalité du personnage. départ à l’édition du jeu ? sommes prêts.
Chapeau à nos amis anglais qui Alors là, ça pourrait être long à
savent faire des séries télé, contrai- raconter, donc je vais tenter de Comment avez-vous abordé cet-
rement à nous ! raccourcir. En fait, la route a été te nouvelle édition ?
longue pour retrouver les ayants- Déjà, nous voulions changer la
Avez-vous des souvenirs de par- droits d’un jeu publié il y a 25 forme de base (un classeur), pour
ties jouées avec la première ver- ans. Une vraie enquête policière passer au format livre. De notre
sion du jeu, il y a 20-25 ans ? qui m’a mené dans les bureaux point de vue, les enquêtes devaient
Franchement, c’est très dur. C’est de Chessex (le marchand de dés), former un “tout” et donc présenter
si vieux ! Tout ce que je peux dire puis dans une boutique de livres de le cas, l’enquête, les questions,
c’est que j’avais acheté toutes les San Francisco, pour apprendre que le débriefing et la solution en un
extensions, puis prêté le jeu à un l’auteur principal (Gary Grady) seul bloc. Ensuite, nous voulions
ami qui ne me l’a jamais rendu ! était mort et que Suzanne Gold- séparer le livret des journaux en
Heureusement, je l’ai récupéré berg (co-auteur) s’appelait main- feuilles “volantes” afin de pouvoir
pour une bouchée de pain, quelques tenant Suzanne Grady. Retrouver consulter ceux-ci à plusieurs. En-
années après, et complété grâce fin, nous voulions profiter de
à William Attia (Caylus) ! à la l’avancée technologique offerte
“Tout amateur d’énigmes trouvera
sortie du jeu, en 1987 je crois, par l’informatique pour offrir
son plaisir dans ce jeu, et pour un jeu plus léché graphique-
j’avais lu un article dans feu
“Jeux & Stratégies” qui m’avait jouer, il suffit de savoir lire !” ment, en mettant des illustra-
particulièrement emballé, et tions plus modernes que les
j’ai donc tanné mes parents pour Suzanne a été difficile, mais fina- sempiternelles œuvres de Sydney
l’avoir à Noël ! Je ne me rappelle lement, grâce à un informateur du Paget (très talentueux, mais sur-
plus très bien de ma découverte, nom de Tom Lehmann (Race for exploité quand il s’agit de Hol-
mais je crois avoir commencé avec the Galaxy), j’ai réussi à entrer mes) et aussi des “éléments de
la “Malédiction de la momie” et en contact avec elle ! Il ne restait preuvres” (lettres, télégrammes...)
d’avoir été un peu déçu car, en fait, alors plus qu’à refaire tout le jeu. sous forme graphique. Au final, le
c’était la moins bonne enquête du Une paille ! Heureusement, mes livre a disparu car en assemblant
bouquin. D’ailleurs, on a réécrit un amis de vacances étaient très mo- les enquêtes, je me suis aperçu
peu cette enquête pour la corser... tivés et Yannick Mescam a porté ce qu’un livret par enquête était une
Photo par Gus & Co.
à une unique image de Paget. Or,
si je ne me trompe pas, il n’en est
jamais fait mention dans l’oeuvre
de Doyle et le port de ce chapeau
était plutôt inapproprié dans la so-
ciété victorienne (en fait, dans la
fameuse illustration, Sherlock se
rend à la campagne ce qui justi-
fie un chapeau qu’il n’aurait sûre-
ment jamais porté en ville). Bref,
puisque nous dépoussiérions le
jeu dans son écriture et sa forme
graphique, j’ai souhaité que nous
ayons une approche graphique
différente, plus sombre. J’ai donc
fait appel à deux illustrateurs, l’un
(Arnaud Demaegd) pour la par-
tie couleur (couverture du jeu et
des livrets), l’autre (Neriac) pour
bien meilleure solution pour le gens n’achèteraient plus aussi bien les “vignettes” en noir et blanc.
confort mais aussi donnait un pe- certaines histoires écrites il y a Leur consigne était de de se tenir
tit côté “pulp” à chaque affaire. Et 20 ans et nous nous devions donc à l’esprit victorien, mais en mon-
puis, bien sûr, nous avons réécrit d’intervenir sur la crédibilité de trant un Londres moins “propre”.
pas mal de choses ! certaines choses. Nous discutions Après tout, nous baignons dans les
beaucoup, Yannick menait des histoires de meurtres et dans les
Vous avez utilisé le terme “enfer” tests et réécrivait jusqu’à satisfac- bas-fonds. Pile à l’époque où Jack
en évoquant le travail d’édition tion. Cela a pris pas mal de temps, l’éventreur fait régner la terreur à
du jeu. Avez-vous rencontré des mais si j’évoque l’enfer c’est plutôt Whitechapel !
difficultés en ce qui concerne la pour la somme de toutes les étapes
réécriture des enquêtes ? évoquées jusqu’ici plutôt que pour à qui s’adresse le jeu ?
Oui et non. Au début, nous n’avions la partie “réécriture”. C’est une bonne question ! Est-ce
pas de méthode et ce fut notre plus seulement un jeu ? Probablement,
grande difficulté. Mais, une fois la Pour ce qui est de l’ambiance oui, mais si c’est un jeu, c’est un
méthode trouvée, tout a été beau- graphique, quel ton vouliez-vous réel ovni à la confluence de plu-
coup mieux. En fait, les réécritures donner à l’ensemble, par rap- sieurs genres et à forte connotation
varient beaucoup d’une enquête à port aux célèbres illustrations littéraire. En ce sens, je pense qu’il
l’autre. Le but était de changer les d’époque de Sydney Paget ? s’adresse à un public bien plus large
solutions (cas extrêmes) ou les dé- Comme je l’ai dit, Paget a été que nos précédents jeux. Tout ama-
tails les moins crédibles. Je pense “surexploité” dans le sens où ses teur d’énigmes trouvera son plaisir
que le public est devenu beaucoup illustrations ont vraiment servi de dans ce jeu, et pour jouer, il suffit
plus affuté en matière d’enquêtes base pour forger le personnage de de savoir lire ! Quand je le décris,
policières. Nous sommes assail- cinéma que nous connaissons tous. je dis que c’est un genre de “Livre
lis de séries policières à la télé qui Par exemple, le fameux Deerstalk- dont vous êtes le héros”, mais sans
dissèquent en détail les crimes et er dont Sherlock Homes est per- les renvois en fin de chapitre. Pour
les modus operandi. Au final, les pétuellement affublé correspond jouer il faut aimer lire, chercher une
Interview
Photo par Gus & Co.
énigme et discuter (on peut égale- mais je dirai qu’en
ment jouer seul, mais c’est un peu tout premier lieu il
moins amusant à mon avis). Donc faut une bonne idée
on peut estimer que quelqu’un qui d’exposition, suivie
se reconnait là-dedans est dans la d’une enquête bien
cible. Et si l’on regarde les audien- ficelée ! La diffi-
ces de séries policières, on peut culté majeure est
penser que cela fait du monde ! donc de faire preuve
d’imagination et d’ê-
Envisagez-vous de publier les en- tre doté d’un bon tal-
quêtes supplémentaires parues à ent d’écriture. Dans
l’époque, voire d’éditer des af- les enquêtes, on tom-
faires inédites, soumises par des be très rarement sur
écrivains en herbe ? un chapitre où la so-
Mon espoir est effectivement lution est donnée en
de proposer des enquêtes sup- toutes lettres. Il faut
plémentaires. De plus, le format souvent lire entre les
“livret” nous permet éventuelle- lignes pour faire des
ment de sortir une enquête indivi- déductions. Rendre
duellement. à ce niveau, toutes les cette subtilité est le
pistes sont ouvertes et nous pour- plus difficile à mon
rions même proposer une sorte avis, car la solution
“d’abonnement” pour un certain doit jaillir de la dis-
nombre d’enquêtes. Le but est en cussion. Une bonne
tout cas de proposer les extensions enquête serait celle où les joueurs
ambitions à la hausse. D’ailleurs,
existantes, celles jamais publiées arrivent à la lumière brusquement,
le projet a également séduit une
en français (West End Adventures), rassemblant tous les faisceaux de
grande enseigne (la FNAC) qui
et des enquêtes originales. J’ai preuves, au moment où l’auteur l’a
proposera le jeu (probablement au
d’ailleurs plusieurs propositions voulu. Évidemment c’est très dif-
rayon “jeux d’énigmes”). Bref, les
sous le coude, mais il est en tout ficile à faire ! Mais, comme je l’ai
indicateurs sont au vert et je pense
cas assez difficile de dire quoi que dit, plusieurs personnes très créa-
que le pari pourrait être gagnant.
ce soit avant de voir les résultats Maintenant, c’est toujours difficile
tives m’ont déjà proposé des en-
du jeu de base, qui conditionne- quêtes très intéressantes... de prédire le succès d’un projet à
ront tout le reste ! Si nous devons l’avance et c’est pareil pour tous
penser à une suite, je pense que SHDC est un jeu unique qui dé- les types de jeux. Donc je fais tout
nous commencerons par proposer note encore aujourd’hui. éditer ce que je peux pour proposer le
des choses nouvelles, de manière une telle oeuvre tient-il du pari meilleur jeu possible, je croise les
à offrir de nouvelles enquêtes aux
risqué ou êtes-vous plutôt con- doigts, et nous verrons bien !
“vieux de la vieille”... fiant dans l’avenir ?
Au début, je pensais vraiment faire
Quels sont les éléments d’une une édition confidentielle. Mais,
bonne enquête, selon vous ? je dois admettre que lorsque j’ai WWW
Ce n’est pas vraiment à moi de annoncé la sortie sur le net, les ystari.com
répondre à cette quetion car je réactions ont été très positives et
n’ai rien écrit personnellement, que cela m’a poussé à revoir mes
Interview
yannick mescam
co-développeur du jeu
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Jeux d
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res
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Jeux d’
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lation
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si
Jeux de
Vendredi :18h-02h
Samedi :11h-02h
Dimanche :11h-20h
http://toulouse.festivaldujeu.fr
Chronique
classe ! Aux vieux de la de Holmes lui-même, du docteur
vieille, l’ensemble pourra Watson et des joueurs. Ces der-
même rappeler cette grande niers incarnent un petit groupe de
époque où les jeux de rôles gamins de rue devenus grands et
étaient présentés sous forme habituellement employés par Hol-
de boîte et contenaient quel- mes à la recherche d’informations
ques livrets : L’appel de en tous genres. Parfois, d’autres
Cthulhu, Maléfices, L’oeil personnages interviendront dans
noir... Que de souvenirs ! la scène, tels que l’inspecteur Les-
trade ou tout individu venu implo-
Seul bémol : la police de ca- rer l’aide de Sherlock Holmes.
ractère aurait peut-être gag-
né en lisibilité si elle n’avait Une fois l’affaire énoncée, les jou-
pas été tout en italique, par- eurs commencent à noter les élé-
ticulièrement sur un fond de ments du récit qui leur semblent
papier jauni, tâché par en- importants et les pistes à suivre.
droits. Mais, cela est affaire Suivre une piste consiste à déter-
de ressenti personnel. miner un lieu où se rendre, puis
utiliser l’annuaire ou le plan de
des regles Londres pour faire le lien entre le
la classe ! souples nom du lieu et le numéro du para-
graphe à lire.
Au premier regard, la superbe il- Le sommaire livre de règles expli-
lustration de couverture, qui donne que d’abord comment utiliser les Le journal du Time’s est égale-
la première place à Sherlock Hol- différents éléments de matériel : ment une source d’informations
mes, pose tout de suite l’ambiance. livrets d’enquête, plan de Londres, précieuses. Sa consultation est li-
à l’intérieur de la boîte, le reste annuaire, journaux. Puis, vient bre. Mais, il est interdit de lire les
suit, pour nous ramener à l’époque le déroulement d’un tour de jeu, archives postérieures à la date de
du grand détective : annuaire ; plan selon le mode de partie choisi : en l’enquête en cours. à l’inverse, les
de Londres ; dix livrets d’enquête, solitaire ou à plusieurs, tous en-
chacun présentant une affaire dis- semble ou chacun pour soi. Enfin,
tincte ; dix coupures de journaux une liste d’une quinzaine de per-
indépendantes, fournies au for- sonalités présente les informateurs
mat A3, chacune correspondant qui aideront les enquêteurs dans
à une affaire. Pages glacées, al- leur tâche, d’une enquête à l’autre :
lure de vieux papier, illustrations médecin légiste, avocat, tavernier,
d’ambiance parsemant le texte, bibliothécaire, dépôt central des
travail graphique parfaitement voitures, journaliste, etc.
dans le ton. Aucun dé, pions, ni
plateau de jeu, mais une bonne La partie débute toujours par la lec-
odeur de papier et une sensualité ture à haute voix d’un texte expli-
proche de celle d’un livre. à prio- quant les cironstances de l’affaire
ri, le matériel de jeu promet une et suggérant les premières pistes
immersion totale dans l’histoire. aux joueurs. La scène se déroule au
C’est lourd, c’est beau : la grande 221b Baker Street, en compagnie
numéros précédents
demeurent disponibles,
certains articles parus
antérieurement pou-
vant parfois s’avérer
utiles pour l’affaire
suivante.
Premiers pas
Du coté de Baker Street...
Neriac : trouver les dessins fondateurs
Quand Cyril m’a proposé de faire les illustrations intérieures du jeu, il m’a deman-
dé de faire du noir et blanc. L’idée me plaisait, parce que cela pouvait être l’occa-
sion de créer une ambiance visuelle particulière… et comme j’avais plutôt l’habi-
tude de faire de la couleur, c’était un exercice de style intéressant.
J’ai hésité entre plusieurs styles…
J’ai pensé à du dessin au trait, avec des hachures… une sorte de mix improbable
entre les illustrations à l’ancienne et les dessins de la BD From Hell. J’étais bien
tenté également par un style avec de grandes surfaces noires, au feutre… un peu
comme certains dessins de Mignola.
Et puis, j’ai essayé un style plus réaliste, inspiré par la photographie. J’ai griffonné
le soir-même l’ébauche de 3 dessins, les ai envoyés à Cyril… et on a vu qu’on
tenait l’ambiance qu’on imaginait pour ce jeu : un climat un peu sombre, mysté-
rieux, sans être horrifique.
Il fallait ensuite décliner cet univers...
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à découvrir les enquêtes
Quand nous pénétrons au 221b Baker street, nous retrouvons Holmes en pleine réfle-
xion, devant la fenêtre de son bureau. La neige qui tombe dans la rue semble absorber
toute son attention, le laissant impassible à notre arrivée. Assis dans son fauteuil, le Dr
Watson interrompt sa lecture du Time’s pour nous faire signe de prendre place silen-
cieusement. Nous nous installons donc, dans l’attente d’un mouvement du plus célèbre
détective conseil de Londres. Après un court instant, Mrs Hudson introduit dans la pièce
l’inspecteur Lestrade. Au moment où nous nous levons pour le saluer, Holmes se retourne
et prend enfin la parole.
“Votre venue n’est pas tout à fait une surprise, inspecteur. Vous devez nous rendre vi-
site quant à la mort de Sir George Lewis, qui comptait parmi les riches dirigeants de la
compagnie d’assurance Lloyd. J’imagine que vous êtes sur le point de classer l’affaire en
concluant au suicide.”
“C’est exact, mon cher Holmes. L’affaire est d’une clarté évidente.”
“Dans ce cas, pourquoi nous la soumettre ?”
“Il se trouve que le coroner ne veut écarter aucune hypothèse, aussi improbable soit-elle.
Malgré mes conclusions, il persiste à envisager un possible meurtre et m’a implicitement
enjoint de confronter mon avis au vôtre.”
“Eh bien ! L’affaire doit être importante ! Installez-vous donc, inspecteur. Et exposez-nous
les faits, je vous prie.”
Après s’être assis dans un fauteuil libéré par l’un de nous, Lestrade tire de sa poche un
rapport de police. Mettant ses petits lorgnons sur son nez, il en débute la lecture.
“Voici le témoignage de Mrs Stewart, la gouvernante de Sir Lewis. L’ex-gouvernante,
devrais-je dire. C’est elle qui nous donna l’alerte, hier, aux alentours de midi.”
“Sir Lewis se réveilla vers 7h00, comme d’habitude. Les personnes de nos âges se lèvent
tôt, vous savez. Je lui servis son petit déjeuner à 8h30. Marmelade et jus de fruit. Nous
échangâmes quelques mots à propos du tournoi de bridge qu’il comptait disputer le soir
même, au cercle de jeu Baldwin. Vers 10h15, je lui apportai le courrier du matin : une simple
lettre, vierge, sans cachet ni adresse. Il était alors occupé à consulter des documents person-
nels, dans son bureau. Avant que je ne fus sortie de la pièce, il me retint pour me suggérer le
menu du déjeuner. Tout en discutant, il ouvrit distraitement la lettre. Mais, quand ses yeux
se posèrent sur son contenu, toute son attention en fut captée. Sa voix se coupa, net. Il devint
soudain blême, presque tremblant, haletant. Après quelques instants de complète paralysie,
ses esprits lui revinrent. Jetant un oeil par la fenêtre, il se raidit brutalement, comme s’il ve-
nait d’apercevoir quelque horreur, puis se précipita pour fermer les persiennes, dans le plus
grand affolement. Se rappelant enfin ma présence, il m’entraîna vigoureusement hors de la
pièce puis s’enferma à l’intérieur. Si j’avais su qu’il possédait une arme, j’aurais prévenu la
police aussitôt. Au lieu de ça, je retournai dans la cuisine, très inquiète. De temps à autre,
j’entendis des objets tomber sur le plancher, à l’étage. Enfin, à 12h15, un coup de feu reten-
tit. Je m’élançai vers le bureau aussi vite que mes vieilles jambes me le permirent, mais la
porte demeurait toujours fermée. La police enfonça la porte un peu plus tard et découvrit le
corps gisant par terre, le crâne défoncé par une balle de revolver.”
“Pouvez-vous me donner la fameuse lettre à présent, inspecteur, demande Holmes ?”
Sortant l’enveloppe d’un repli de son veston, Lestrade la tend à Holmes. Après l’avoir exa-
minée rapidement, celui-ci tire une cigarette de sa poche et la porte à sa bouche, sans
toutefois l’allumer. Pendant de longues minutes, nous restons suspendus à ses gestes,
tandis qu’il tire des bouffées de fumée imaginaires, en déambulant entre nous. Le Dr Wat-
son en profite pour poursuivre la discussion.
“Mrs Stewart était-elle au service de Sir Lewis depuis longtemps ?”
“Une dizaine d’année, selon ses dires.”
“Hormis la compagnie de sa gouvernante, Sir Lewis habitait-il seul ?”
“Oui. Il vivait seul depuis la mort de sa femme, il y a cinq ans. Et Mrs Stewart n’était pas
à demeure chez lui. Elle possède son propre appartement.”
Sur ces mots, Holmes saisit paisiblement son pardessus et son couvre-chef, s’apprêtant
visiblement à sortir.
“Déjà à pied d’oeuvre, l’interroge Lestrade, plutôt surpris ?”
“Si elle ne manque pas d’exotisme, répond Holmes, j’imagine que votre affaire doit être
assez simple à résoudre. Et vous pouvez avoir la certitude que mes chers amis vous ap-
porteront sous peu le nom du coupable, inspecteur... Regardez, Wiggins : pour une fois, le
coupable a eu l’amabilité de nous indiquer son identité !”
Un sourire en coin, Holmes nous donne le contenu de l’enveloppe puis quitte la pièce :
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Le time’s, JEUDI 12 FEVRIER 1891
12 Fevrier 1891
Sherlock Holmes
Quartier sud-est prenant Dieu à témoin et tout le bazar. Il dit
même qu’il reviendrait pour les punir, ou un
truc dans ce goût là, vous voyez. Une ver-
6 SE sion moderne de la malédiction du temple !
On n’avait pas l’habitude d’entendre ce genre
de menaces envers des magistrats ! Surtout
à l’image du parfait gentleman londonien, de la part d’un petit étudiant boursier, pour
évoluant avec élégance et finesse, Mr Aragon une banale affaire de cambriolage. Du coup,
nous reçoit dans son bureau, nous mettant il s’en tira avec une année de prison supplé-
parfaitement à l’aise pour évoquer la mort de mentaire !”
Sir Lewis.
“Je ne vois pas en quoi mon avis peut vous
intéresser, nous dit-il. Mais je suis tout dis-
posé à répondre à vos questions.”
38 SE
“Merci beaucoup, lui répond Wiggins. Nous Mrs Stewart est une belle femme se situant
aimerions d’abord savoir quel était l’objet du entre deux âges. La peine qui l’affecte ren-
rendez-vous qui aurait dû avoir lieu samedi, force la distinction qui émane de sa per-
entre Sir Lewis et vous-même.” sonne. Nous invitant à nous installer dans le
“Sir Lewis voulait m’entretenir du projet de salon de son petit appartement, elle s’absente
la Llyod concernant les nouveaux contrats quelques minutes puis revient vers nous, po-
d’assurance. Il savait que j’y étais opposé, sant un service à thé sur la table basse.
comme la plupart des membres du parti con- “Nous aimerions vous poser quelques ques-
servateur. Vous savez peut-être que Mr Or- tions concernant le témoignage que vous avez
mond, notre chef de file, est parti en cam- fait à la police, lui dit Wiggins. Nous travail-
pagne pour que ce projet n’aboutisse pas.” lons pour Mr. Holmes.”
“Oui effectivement. Nous l’avons lu dans la “Je suis heureuse que Mr Holmes vous envoie
presse. Dans ce contexte, comment Sir Lewis pour assister la police dans sa tâche, répond-
pouvait-il espérer vous convaincre ?” elle d’une voix mal assurée.”
“Il faudrait être naïf pour croire que la corrup- “D’ordinaire, un parent du défunt s’enquiert
tion n’atteint pas le milieu politique, n’est-ce de rendre visite à la police. Sir Lewis n’a-t-
pas ? Et votre question semble prouver que il aucune famille pour que vous ayez vous-
vous n’avez rien d’un naïf... Pour vous répon- même prévenu le Yard ?”
dre tout à fait franchement, je ne crois pas “Exceptée son épouse, Elisabeth, décédée il
que Sir Lewis m’aurait donné un rendez-vous y a quatre à cinq ans, je ne l’ai jamais en-
au grand jour dans le but de me corrompre. tendu évoquer le moindre parent. Sir Lewis
J’imagine que ce genre de tractation se fait le avait 65 ans. Il n’avait pas d’enfants et je pré-
plus discrètement possible. Les membres du sume que ses père et mère sont morts depuis
parti au gouvernement seraient plus aptes à longtemps.”
vous renseigner sur ces pratiques.” “Pouvez-vous nous décrire la scène du crime,
“Connaissiez-vous bien Sir Lewis ?” à l’arrivée de la police ?”
“Nous nous étions rencontrés à quelques re- “à la vue du corps, je ne me suis pas attar-
prises au parlement. Mais, il ne faisait pas dée, vous savez. Sir Lewis était étendu sur le
partie de mes proches.” flanc, le crâne défoncé. Le sang inondait le ta-
“Merci pour votre aide, Sir. Nous n’avons pas pis. Des litres et des litres avaient dû couler.
d’autres questions.” C’était horrible. Son revolver d’officier gisait à
“Je vous en prie, messieurs. côté de lui. Je me souviens qu’il m’avait par-
fois demander de le nettoyer. Si j’avais su à
19 SE quoi il servirait...”
à l’évocation des faits, Mrs Stewart s’inter-
rompt, les sanglots lui montant dans la voix.
“Si je me souviens de la condamnation de Tirant un mouchoir de sa poche, elle le porte
Barsky, s’écrie Maître Doty ?! Le procès se à ses yeux larmoyants.
déroula le 5 décembre 1870, exactement : “Nous sommes désolés, Mrs Stewart. Nous
c’est le jour où ma femme a fait ses valises savons que ces souvenirs sont frais et cruels
pour suivre ce vendeur de chaussures fran- mais nous aurions une dernière question, s’il
çais ! Faut dire aussi que le procès de Bar- vous plaît.”
sky fit grand bruit, à l’époque : quand le juge “Bien sûr, répond-elle, en se reprenant. Je
rendit la sentence, Barsky lança un genre de vous écoute.”
malédiction à ceux qui le condamnaient, en
“Avez-vous remarqué chez Sir Lewis le moin-
dre changement d’humeur durant les jours
90 SE
qui ont précédé sa mort ?”
En ces périodes de grand froid et de chute
“Depuis une semaine, il semblait très préoc-
de neige, le cimetière de Archbishop’s park
cupé, voire agité, par ses projets profession-
est généralement désert. Mais, l’article paru
nels. Il y travaillait tard et se démenait pour
dans le Time’s semble avoir donné du cou-
les faire aboutir, en rencontrant de nombreu-
rage à une poignée de curieux. Quand nous
ses personalités, que ce soit à domicile ou au
arrivons sur place, un sergent de police,
parlement. Samedi soir, par exemple, il me
chargé d’éloigner d’éventuels badauds, sur-
donna congès assez tôt. Je compris qu’il sou-
veille la tombe ouverte. Par chance, l’homme
haitait recevoir quelqu’un en mon absence.
nous a déjà croisé plusieurs fois au Yard
Je partis en retard et le fameux visiteur ar-
ou sur les lieux d’affaires criminelles. Aus-
riva en avance. J’eus le temps de le recon-
si nous aborde-t-il avec un entrain contenu
naître : il s’agissait du colonel Ormond. Au
mais réel.
lendemain, je remarquai à son visage que Sir
“Pourriez-vous nous parler de la tombe pro-
Lewis n’avait pas dû fermer l’oeil de la nuit.”
fanée, lui demande Wiggins ?”
“Merci, Mrs Stewart. Nous vous laissons en
“Que voulez-vous savoir ?”
paix, à présent. Portez-vous bien.”
“à qui appartenait cette tombe ?”
“Merci à vous, messieurs.”
“Un certain Charles Barsky. Un ex-tolard, je
crois. Un petit voyou qui n’a pas fait long feu,
65 SE on dirait. Regardez, c’est écrit sur la pierre
tombale : 1849-1871.”
“Le corps a-t-il été retrouvé ?”
Mr Riley est un petit homme corpulent dont
“Les restes du corps, vous voulez dire ! Un tas
le visage s’est laissé envahir de cheveux gris
de cendres, à mon avis. Le vandale qui a fait
et de poils de barbe en broussaille. Sa robe de
ça n’a surement pas eu de mal à les trans-
chambre un peu trop ample pour sa taille lui
porter, j’imagine.”
donne un air plutôt burlesque.
“Auriez-vous d’autres détails que l’article du
“Que voulez-vous les gars, nous demande-t-il
Time’s n’aurait pas mentionnés ?”
d’une grosse voix ?”
“Gardez-le pour vous, mais... à la place du
“Nous enquêtons sur la mort de Sir Lewis. Il
corps, nous avons retrouvé... une corde de
comptait parmi vos amis, n’est-ce pas ?”
pendu !... L’information a été dissimulée à
“Affirmatif. Nous avons fait nos armes en-
la presse pour ne pas inquiéter l’opinion et
semble, au Kenya. On a gagné nos premiers
aviver les peurs irrationnelles.”
grades à peu près en même temps. Puis, il
“Merci pour ces renseignements.”
a été blessé à la jambe, à cause d’une balle
“Au plaisir, messieurs.”
perdue... Il rentra en Angleterre. Pendant ce
temps-là, je fis carrière en combattant sur
tous les fronts, en Afrique. J’ai fini capitaine.
Lui a continué le combat sur un autre front :
Quartier sud-ouest
il a rencontré sa femme. Nous nous sommes
alors perdus de vue pendant des années.”
“Mis à part vous, avait-il gardé contact avec 2 SO
ses anciens camarades de l’armée ?”
“Pas à ma connaissance, même si l’on savait “Bien sûr que je connais Sir Lewis, nous dit
que certains d’entre eux habitaient Londres l’éxubérant Langdale Pike en riant. Mais,
aujourd’hui. En général, George évoquait peu il n’a jamais mis les pieds dans les soirées
le passé. Il était plutôt du genre secret, vous mondaines ! Aucune chance qu’il ait un jour
savez.” croisé la belle comtesse Henrica de Catalo-
“Connaissez-vous cette personne, lui de- gne ! Savez-vous qu’on ne parle que d’elle au-
mande enfin Wiggins en lui montrant la pho- jourd’hui ?”
to que nous détenons ?” “Je crains que son cas ne nous éloigne de
“Inconnu au bataillon.” l’affaire Lewis, lui répond Wiggins...”
“Merci, capitaine.” “Eh bien, vous devriez vous rapprocher des
“De rien, les gars. Bonne chance pour votre vivants, mon garçon, et un peu vous éloigner
enquête.” des morts...”
“Nous y songerons. Merci tout de même, Mr
Pike.”
8 SO 16 SO
Nous exposons à Mycroft Holmes les éléments Il nous est bien difficile d’obtenir quelques
rassemblés sur l’affaire Lewis et lui deman- informations sur les allers et venues de Sir
dons son avis. Lewis auprès des membres du parlement. à
“Au sein de la Lloyd, nous dit-il, Sir Lewis force d’indiscrétions, nous parvenons toute-
était l’instigateur du projet d’extension des fois à apprendre qu’un rendez-vous entre Sir
contrats d’assurance. Il s’est rendu au bu- Lewis et le député Aragon avait été fixé pour
reau du gouvernement pour soliciter une en- le samedi 16 février prochain.
trevue avec le premier ministre. Rendez-vous
lui fut fixé à une date distante de quelques
semaines. Un rendez-vous auquel il ne pour- 22 SO
ra plus se rendre... Malgré sa mort, le pro-
jet sera poursuivi par Mr Culligan, second Lorsque nous entrons dans son bureau, nous
co-dirigeant de la Lloyd. S’il ne s’agit encore trouvons Murray à quatre pattes, occupé à
que d’un avant projet, les pays voisins y sont chercher quelque objet égaré sur le sol.
d’ores et déjà très attentifs. L’Allemagne est “Bonjour Hoggins ! Qu’est-ce qui vous amène
en avance sur le sujet, suivie par l’Angleterre. ici, nous dit-il sans se détourner ?”
La France et l’Espagne sont à priori plutôt “Nous enquêtons sur l’affaire Sir Lewis...”
hostiles à la chose.” “Ah, oui ! Le Yard m’a demandé d’analyser
en urgence une bouteille de whisky retrouvée
sur le lieu du drame.”
13 SO “Et qu’en avez-vous conclu ?”
“Un single malt. La bouteille était à demi
Assis derrière son bureau, encombré de mille pleine. Un vingt ans d’âge, si vous voulez mon
dossiers et feuilles volantes, l’inspecteur Les- avis. Un Connemara.”
trade semble remplir un document officiel, “Y’avait-il trace de poison ou de quelque subs-
quand il lève la tête à notre approche. tance chimique insérée à l’intérieur ?”
“Alors, Wiggins ! Où en est donc votre en- “Pas moyen de s’empoisonner avec ça, foi de
quête, nous demande-t-il, avec une pointe Murray ! Ah, ça, non !”
d’ironie ?” “Merci, professeur.”
“Nous collectons les indices et il est encore “à votre service, Hoggins.”
tôt pour tirer nos conclusions, lui répond
Wiggins. à ce propos, le bureau de Sir Lewis
a été fouillé par vos services et nous aime- 54 SO
rions savoir si vous avez recueilli quelques
éléments intéressants.” “Envie de connaître l’avenir, messieurs,
“Rien de très instructif, ma foi. Nous avons nous demande Cyrus Mockbee ? Argent, san-
conservé l’arme ayant provoqué la mort, un té, amour : vous êtes bien tombés car rien
vieux Westley, calibre 475, en bon état de n’échappe à l’oeil mystique de Cyrus, l’initié !
marche ; une bouteille de whisky que nous Par ici, je vous prie.”
avons envoyée au labo, pour analyse ; et un Drapé dans une large toge africaine aux
morceau de papier à moitié calciné, retrouvé couleurs vives et bariolées, un caftan enroulé
parmi les cendres fumantes de la cheminée. sur la tête et des babouches orientales aux
Tenez.” pieds, ce londonnien pure souche nous invite
“Merci, inspecteur.” à le suivre dans sa cuisine. Posée sur le feu,
“Pas de quoi.” une casserole exhume une bonne odeur de
poulet aux épices, frémissant dans sa sauce.
“L’avenir ne nous intéresse pas véritablement,
lui dit Wiggins, avec un brin d’hésitation dans
la voix. Nous aimerions plutôt avoir des infor-
mations sur la personne photographiée sur
ce portrait.”
En saisissant une grande cuillère en bois, notre
médium pose son regard sur la photo. Puis,
fermant les yeux comme en s’assoupissant,
il plonge la cuillère dans la casserole et com-
mence à remuer lentement la sauce.
“Je vois un homme assis devant une chemi- “Messieurs ?”
née, annonce-t-il en prenant un vague acent “Bonjour Sir, lui répond Wiggins. Nous aime-
belge. à ses pieds est couché un grand chien rions vous parler de la mort de Sir Lewis.”
blanc. Une ombre est également présente, dif- “Faîtes-vous partie de Scotland Yard ?”
fuse. Une odeur de cuisine remplit la pièce. “Disons plutôt que nous aidons la police
L’homme tend une pomme de terre ! Elle dans ses enquêtes, en tant que détectives in-
symbolise la saveur de la vie !” dépendants. Nous connaissons personnelle-
Sans en attendre davantage, Wiggins règle ment l’inspecteur Lestrade, à qui nous avons
la consultation, remercie Cyrus Mockbee et rendu plusieurs services et qui pourrait nous
nous entraîne rapidement à l’extérieur. recommander.”
“Pas un mot de tout ceci à Holmes, messieurs, “Je répondrai officiellement aux questions
nous souffle-t-il une fois dehors.” de l’inspecteur Lestrade de Scotland Yard
s’il souhaite me les poser. Au revoir, mes-
sieurs.”
88 SO “Permettez-moi d’insister, Sir. Une simple
question...”
à notre arrivée, le cercle de jeu Baldwin Ne daignant même pas abaisser les yeux sur
n’accueille encore aucun client. la photo que lui tend Wiggins, Mr Bakerfield
“Il est encore un peu tôt, nous dit le barman. met un terme à la discussion.
En général, les membres du cercle se réunis- “Je fus juge durant toute ma carrière, mes-
sent après dîner. Si vous voulez faire des ren- sieurs. J’ai toujours pensé que les détectives
contres, nous organisons prochainement un privés sont les parasites de notre société. Vous
tournoi de bridge fort bien doté.” ne me ferez pas changer d’avis aujourd’hui.
“Le tournoi ne devait-il pas se tenir hier ?” Adieu, messieurs.”
“Si, tout à fait. Mais, suite au décès d’un
membre à l’initiative du tournoi, nous avons
décidé de lui dédier la soirée et de reporter 18 NO
l’évènement après son enterrement.”
“Vous voulez parler de Sir George Lewis ?” Sam Parsons nous remet un petit paquet
“Oui, exactement. Sir Lewis comptait par- dans lequel deux ours en peluche ont été
mi nos membres les plus anciens. Il avait rangés. Ils s’agit de modèles identiques mais
l’habitude de réunir trois vieux amis, une fois de tailles différentes.
par mois, autour de la table de jeu : messieurs
Diggs, Bakerfield et Riley. Avec sa mort, j’ai
bien peur qu’aucun d’entre eux ne continue 26 NO
à fréquenter le club. Vous savez, la réputa-
tion du cercle Baldwin a été construite en Le majestueux et très select hôtel Picadilly fait
partie grâce à ce genre de clients prestigieux face à la résidence de Sir Lewis. Quand nous
qui occupent les très hauts postes de notre pénétrons dans le hall d’entrée, quelques
société...” clients de passage nous dévisagent avec cet
“Nous ne sommes pas aussi prestigieux mais air de dédain qu’ont au naturel les gens des
nous aimerions faire un petit bridge autour classes aisées envers les plus modestes. N’y
d’un verre, s’il vous plaît.” prenant garde, nous nous dirigeons vers le
“Avec plaisir. Installez-vous, messieurs.” réceptionniste. Par effet de mimétisme am-
biant, il nous accueille d’une moue la plus
sinistre qu’il lui soit possible d’afficher.
Quartier nord-ouest “Bonjour, lui dit Wiggins, le plus aimable-
ment du monde. Nous cherchons cette per-
sonne. Pourriez-vous nous dire si elle réside
6 NO dans votre hôtel, actuellement ?”
à la vue de la photo tendue par Wiggins,
Le majordome de la maison Bakerfield nous l’employé redouble de mépris, démontrant
prie de patienter un instant, dans le vesti- qu’il pouvait en exprimer encore davantage.
bule. Il revient en compagnie d’un homme “Je reconnaîtrai ce regard noir et ses mous-
d’une soixantaine d’années, de haute et mai- taches mal taillées entre mille, messieurs. Ce
gre stature, vêtu de riches habits de soie. à jeune homme a réservé la suite n°7, du lundi
notre approche, ce dernier fronce le front et 9 février au jeudi suivant. Il a quitté l’hôtel
nous reçoit d’un regard sévère. hier, mercredi, aux alentours de 12h, sans
payer la note. Il n’est pas revenu depuis. Son
style vestimentaire ressemblait un peu au
86 NO
vôtre, voyez vous. Serait-ce l’un de vos amis
“Bienvenue, messieurs, chez Mortlock, pho-
ou peut-être un membre de votre famille ?”
tographes de père en fils, nous dit aimable-
“En réalité, nous ne l’avons jamais rencontré.
ment le patron de la boutique. Que puis-je
Auriez-vous son nom ?”
faire pour vous ?”
“Certainement. Et j’indiquerai volontiers son
“Nous aimerions avoir des informations sur
nom à quiconque me le demandera. Ce mau-
un portrait réalisé par vous, répond Wiggins
vais payeur s’appelle Charles Barsky. L’hôtel
en lui montrant le cliché en notre posses-
a d’abord porté plainte contre lui. Puis, la
sion.”
plainte a été retirée ce matin quand une dame
Exprimant un léger attendrissement, il
est venue payer la facture, à la place de cet
l’examine brièvement avant de s’adresser à
individu... à présent, vous me permettrez de
nous, sans équivoque.
prendre congès, car j’ai beaucoup à faire et
“Cette photo n’a pas été prise par moi, mais
peu de temps à perdre en discussions inu-
par feu mon père. Il est décédé il y a quinze
tiles.”
ans. Je ne pourrai vous en dire davantage.”
“Excusez-nous du dérangement. Merci pour
Le remerciant cordialement, nous décidons
votre aide.”
de prendre congès.
31 NO Quartier centre-ouest
“Le calibre 475 fut le pistolet de prédilection
des soldats britanniques, durant les luttes
coloniales en Afrique, nous apprend l’employé 5 CO
des établissements Westley Richards. C’est
une pièce de collection aujourd’hui. Il a été Quand nous montrons aux cochers la photo
remplacé par le calibre 490, dont le méca- remise par l’inspecteur Lestrade, l’un d’eux
nisme de percussion a été amélioré. Le risque se souvient avoir embarqué un client corres-
d’explosion est désormais quasiment nul.” pondant à notre homme.
“Voyons, dit-il. Oui, cela lui ressemble, je
crois. Je l’ai pris vers 12h, au coin de Clarges
63 NO Street, NO. La course nous mena sur Holborn
Circus, CE. Après m’être garé, je l’ai regardé
Le gardien de la paix Wilson nous conduit machinalement s’éloigner et descendre la rue
dans la pièce où le coup de feu a été tiré. Holborn Viaduct. Un autre client m’a alors
L’unique porte d’entrée a été enfoncée par la hélé et je suis parti.”
police, comme en a témoigné la gouvernante.
Les volets de l’unique fenêtre demeurent
clos. Chaque chose a été laissée à sa place, 8 CO
telle qu’au moment du drame. Un désordre
étonnant défigure littéralement la pièce. Au La gouvernante de Mr Diggs nous apprend
sol, gît le socle d’un verre brisé, ainsi qu’une que ce dernier est parti en voyage en Europe
bouteille de whisky vide ; apparemment tom- et n’en reviendra que dans plusieurs semai-
bés de la grande bibliothèque murale, des nes.
livres parsèment le sol, pages ouvertes ; une
vieille boîte de biscuit en métal rouillé repose
à l’envers, comme jetée par terre, sur le ta- 14 CO
pis maculé de sang ; près de la cheminée, un
fauteuil a été renversé. Après une rapide recherche parmi ses fiches,
“Tiens, tiens, dit Wiggins en soulevant une Disraéli O’Brian nous apprend que Charles
latte du plancher, située sous le tapis. Une Barsky a été condamné en 1870 à deux ans
cache secrète se trouve ici. Elle est vide...” de prison, pour cambriolage et menaces pro-
“...Et ce n’est pas tout, poursuit Simpson, en férées envers un magistrat. La fiche relate
examinant les cendres dans l’âtre, des photo- également sa mort, par pendaison, début
graphies ont apparemment été brûlées à cet 1871, dans sa cellule.
endroit. Malheureusement, il n’en reste pas
le moindre indice exploitable...”
17 CO Quartier centre-est
Parvenus au bureau d’archives de Somerset
House, nous prions l’employé de nous mon- 17 CE
trer le testament de Sir Lewis. Après quelques
minutes d’absence, il revient vers nous et Depuis la mort de Sir Lewis, Mr Culligan est
met le document à notre disposition. Outre devenu le seul dirigeant de la société Llyod.
le charabia légal habituel, une phrase épurée “Je n’ai que peu de temps devant moi, nous
nous révèle que l’entière fortune du défunt dit-il. Je vous prierai d’être brefs, mes-
est destinée à une certaine Mrs Sandra Le- sieurs.”
wis. Cherchant à connaître le lien de parenté “Très bien, Sir. Nous aimerions d’abord savoir
qui la relie à Sir Lewis, nous demandons à si Sir Lewis vous avait fait part de quelques
consulter le registre général des naissan- inquiétudes personnelles avant sa mort.”
ces. Après un nouvel aller retour, l’employé “Non, aucune inquiétude. Mais, il faut dire
nous apporte l’un des volumineux tomes que que nous étions très occupés à communi-
compte le registre. quer sur le projet d’extension des contrats
“Il semble que Mrs Stewart se soit trom- d’assurance. Nous n’avons pas eu beaucoup
pée en affirmant que Sir Lewis n’avait pas de temps pour nous-mêmes, ces jours-ci.”
eu d’enfant, dit Wiggins. Sandra est sa fille “était-il dépressif ?”
unique. Elle doit avoir 41 ans, si je me fie à la “Pas que je sache.”
date de naissance inscrite ici.” “Depuis quand le connaissiez-vous ?”
“Une trentaine d’années, environ.”
“Sa vie personnelle a-t-elle été bouleversée
54 CO par quelque évènement notable, durant ces
années ?”
Mr Ormond est un vieil homme de grande et Mr Culligan marque une hésitation, fouillant
forte stature. Son crâne rasé traversé d’une visiblement dans sa mémoire.
cicatrice profonde et son regard fixant lui “Exceptée la mort de son épouse qui le tou-
donnent un aspect assez inquiétant, nous cha profondément, désolé mais, je ne vois
mettant plutôt mal à l’aise. rien d’autre. Vous voudrez bien m’excuser, à
“Bonjour, messieurs.” présent. J’ai beaucoup à faire, messieurs.”
“Bonjour, Sir. Pourriez-vous nous accorder “Merci pour votre aide. Au revoir.”
quelques instants afin de discuter de l’affaire
Lewis, s’il vous plaît ?”
“Je vous écoute.” 30 CE
“Le connaissiez-vous personnellement ?”
“La vie nous fit se croiser à plusieurs repri- Le secrétaire de Mr Hellis nous apprend qu’il
ses. Mais, dès notre première rencontre, nous séjourne actuellement en France, afin de ren-
nous sommes très peu appréciés, lui et moi : contrer les rédacteurs en chef des quotidiens
divergence de valeurs.” nationaux.
“à quand remonte votre rencontre ?”
“à l’époque du conflit colonial au Kenya. Nous
étions tout deux jeunes soldats.” 35 CE
“Vos divergences de vue se sont poursuivies
jusqu’à aujourd’hui, semble-t-il.” “Bonjour, Wiggins. En quoi puis-je vous être
“Tout à fait. Sous couvert d’humanisme et utile, nous demande Quentin Hogg ?”
de bonnes intentions, le projet de la Llyod a “Avez-vous des pistes sur l’affaire Lewis ?”
pour seul but d’enrichir la classe aisée, au “Je ne me suis pas encore penché sur la ques-
détriment des plus modestes. Cupidité et ma- tion, mais il me semble qu’un article est paru
nipulation : les valeurs de Lewis.” il y a fort longtemps concernant la disparition
“L’avez-vous rencontré en particulier, au d’une personne proche de Sir Lewis.”
cours de ces derniers jours ?” “La personne fut-elle retrouvée ?”
“Ma dernière rencontre avec Lewis remonte “Je ne m’en rappelle pas, mais je vais essayer
à une dizaine d’années. Si nous nous étions de faire des recherches dans les archives du
rencontrés de nouveau, une balle se serait journal, en espérant vous en dire davantage
perdue, entre lui et moi.” la prochaine fois...”
“Merci, Sir. Ce sera tout.” “Merci pour votre aide, Quentin.”
“Je vous en prie, messieurs. Au revoir.” “Je vous en prie, Wiggins. à bientôt.”
36 CE sa cellule, à l’époque où j’étais moi-même
enfermé à Parkhurst. Je me souviens de lui
parce qu’il s’obstinait à toujours clamer son
Edward Hall est sur le point de partir plaider
innocence... Vous savez, quand on pose la
quand nous le croisons dans les coursives de
question à un criminel qui débarque en tôle,
Old Bailey.
il a plutôt tendance à dire ce qu’il a fait, his-
“Vous tombez mal, Wiggins. Je suis déjà en
toire de s’affirmer auprès de la population lo-
retard ! Que voulez-vous ?”
cale. Mais, pas ce gamin, là.”
“Nous enquêtons sur un certain Charles Bar-
“D’autres personnes de votre connaissance
sky qui a été incarcéré en 1870.”
pourraient-elles se souvenir de Charles Bar-
“1870 ! Désolé, mais je débutais à peine mes
sky ?”
études de droit à cette époque. Rendez-vous
“Ma foi, le gros Hogan Parson partageait sa
plutôt chez Eric Doty. C’est un vieil ami de
cellule au moment où le gamin s’est tué.
mes parents. Il plaidait en ce temps-là. Peut-
Mais, je ne sais pas ce qu’il est devenu depuis
être pourra-t-il vous aider. Allez, au revoir !”
tout ce temps. Je crois qu’il a quitté le pays il
“Au revoir et merci, Mr Hall !” y a longtemps ou un truc dans le genre. Il a
été libéré en 1872, suite à une réduction de
37 CE peine, je crois.”
“Merci Porky.”
“De rien, les gars. à la prochaine.”
Après que nous lui ayons montré sa photo
et indiqué l’heure présumée de la venue de
notre homme, l’employé télégraphiste nous 91 CE
montre une copie d’un message envoyé la
veille à destination du bureau du télégraphe “Je ne vous cache pas la gravité de l’affaire,
de Dublin, Irlande, à l’attention d’une cer- messieurs, nous dit Randel Ffoulke, coroner
taine Mrs Lewis. de Londres. Je présume que vous n’êtes pas
sans savoir que Sir George Lewis était l’un
11 février - Grand père parti. serai de des influents dirigeants de la Lloyd, société
retour bientôt. plan sûr. sois tran- qui a pour projet actuel d’étendre le domaine
quille. jim. d’application des contrats d’assurance. S’il
s’agit d’un crime lié à ces affaires, le scandale
sera d’envergure politique.”
38 CE “Des personalités hauts placées auraient-
elles joué d’influence auprès de vous quant à
Sir Jasper Meeks nous explique que la balle la conduite de l’enquête ?”
qui fit exploser le crâne et arracha une par- “Ne jouez pas l’idiot avec moi, Wiggins. Rap-
tie du visage de Sir Lewis fut tirée à même portez-moi simplement vos conclusions au
la tête, le canon du revolver appuyé sur la plus vite, je vous prie.”
tempe. “Très bien, sir.”
“Le corps ne révèla aucune anomalie notable,
nous dit-il, excepté un taux très élevé d’alcool
dans le sang.”
52 CE
“L’affaire Lewis, interroge Porky ? Il vaudrait
mieux fouiner dans les beaux quartiers, les
gars. Peu de chances que vous trouviez un
indice dans une ruelle sombre de la ville !”
“Probablement, lui répond Wiggins. Mais,
nous suivons également la piste d’un certain
Charles Barsky, qui aurait séjourné en pri-
son, il y a longtemps.”
“Attendez un peu... Ce nom me dit quelque
chose... Si ma mémoire est bonne, je dirais
qu’il s’agit de ce gamin qui s’est suicidé dans
énigmes
12 Fevrier 1891
questions
Première série Seconde série
1. Qui a envoyé à Sir Lewis la lettre contenant 1. Comment Mr Barsky est-il mort ? 10 points
le portrait mystérieux ? 10 points 2. Quel est le motif de sa mort ? 10 points
2. Qui a tiré sur Sir Lewis ? 10 points 3. Qui a profané sa tombe dans le cimetière
3. Quel est le motif de sa mort ? 30 points d’Archbishop’s park ? 10 points
4. Pour quelle raison le témoignage donné de 4. Quelle est l’identité des personnes contre qui
vive voix par Mrs Stewart est-il incohérent face il lança sa malédiction, lors de son procès, en
à celui donné à la police ? 10 points 1870 ? 10 points
5. Pourquoi a-t-elle agi ainsi ? 20 points
réponses
Première série (10 points). Elle est venue d’irlande à la recher-
che de son fils afin de l’empêcher de se venger
(10 points).
1. Jim Lewis, petit fils de Sir Lewis. 10 points
2. Sir Lewis s’est suicidé. 10 points
3. Il s’est tué par remords, à cause du meurtre Seconde série
de Charles Barsky, (10 points) mais aussi sous
l’effet de l’alcool dont il avait abusé (5 points) et 1. Il a été assasiné dans sa cellule de prison,
surtout, terrifié à l’idée que le fantôme de Bar- par son co-détenu, Hogan Parson. 10 points
sky venait le punir (15 points). 2. Sir Lewis voulait le faire disparaître afin que
4. Car il s’agit de Mrs Sandra Lewis. 10 points sa fille abandonne le projet de l’épouser. 10
5. Elle se fit passer pour Mrs Stewart, en sé- points
questrant celle-ci dans son appartement et en 3. Jim Lewis, son fils. 10 points
donnant de fausses pistes aux enquêteurs, 4. Sir George Lewis, Woodmark Bakerfield et
pour qu’ils ne retrouvent pas son fils avant elle Harold Diggs. 10 points
Holmes a résolu cette enquête en suivant 14 pistes : Sir George Lewis (63NO), l’hôtel Picadilly
(26NO), le cercle de jeu Baldwin (88SO), Woodwark Bakerfield (6NO), Mrs Stewart (38SE), Regi-
nald Ormond (54CO), Archbishop’s park (90SE), Scotland Yard (13SO), le bureau d’archives de
Somerset House (17CO), le dépôt central des voitures (5CO), le bureau du télégraphe (37CE),
Edward Hall (36CE), éric Doty (19SE) et Porky Shinwell (52CE).
SOLUTION
12 Fevrier 1891
La nuit est tombée sur Baker street quand nous sommes de nouveau réunis, en compagnie du Dr
Watson et de l’inspecteur Lestrade. Nous en profitons pour échanger nos conclusions, entre faits
établis et incertitudes. Holmes, jusqu’alors occupé à entretenir le feu dans la cheminée, prend
enfin la parole.
“Comme je vous l’ai souvent répété, rien de plus trompeur qu’un fait évident. Ceci étant, il serait
absurde d’exclure que l’évidence puisse aussi exprimer la vérité. Et, ce fut précisément le cas dans
cette affaire. Vous serez donc rassuré d’apprendre, inspecteur, que je suis parvenu à la même
conclusion que vous.”
“Le suicide de Sir Lewis, conclue Lestrade, triomphant.”
“Suicide, dans le sens où il appuya lui-même sur la détente de son revolver, reprend Holmes.
Meurtre, si l’on considère qu’il fut conditionné pour se donner la mort. Par souci de clarté, vous me
permettrez d’expliquer l’affaire de façon chronologique... Tout débuta en 1870. Mrs Sandra Lewis,
fille de George Lewis, s’éprit d’un jeune homme peu fortuné répondant au nom de Charles Barsky.
Quand Sir Lewis apprit la liaison de sa fille, il fut hors de question de lui faire prendre pour époux
un petit étudiant, dénué de richesse personnelle. Pour lui faire oublier Barsky, Lewis lui imposa
un mari respectable, en la personne du fils d’Harold Diggs, un vieil ami de la famille. Mais, comme
les amants s’obstinaient à vouloir s’unir à tout prix, Lewis, grâce à des amis influents de faible
moralité, mit sur le dos de Barsky une affaire de cambriolage, afin de l’éloigner de sa fille.”
“Le préfet de police de l’époque l’y aida-t-il, demande Watson ?”
“Probablement, mon ami, mais ce n’est pas tout. Lors de son procès, Barsky fut rapidement con-
damné par le juge Bakerfield, un autre ami de Lewis. On enferma l’innocent dans une cellule de la
prison de Parkhurst, en compagnie d’un criminel dangereux, Hogan Parson. C’est lui qui assasina
Barsky quelques semaines plus tard et maquilla le meurtre en suicide. Pour ce service rendu,
Parson quitta la prison, suite à une remise de peine... Le mari idéal, fils d’Harold Diggs, aurait pu
alors épouser Mrs Sandra Lewis, comme le plan du père le prévoyait. Mais, elle s’enfuit alors en
secret et s’exila en Irlande, sans que personne ne put jamais la retrouver. Le mariage n’eut donc
pas lieu et personne ne sut alors qu’elle était enceinte... Les années passèrent. Jim lewis, fils de
Sandra Lewis et feu Charles Barsky, naquit en Irlande. Vingt ans après ces faits, Jim apprit la
vérité et le désir irrésistible de venger son père l’envahit. Quittant sa mère en secret, il se présenta
à Londres récemment, ayant établi son plan d’attaque. Désirant déguster sa vengeance lentement,
il prit soin de sa mise en scène, afin d’inspirer la terreur à ses victimes et obliger les souvenirs à
ressurgir. Ainsi se rendit-il d’abord au cimetière d’Archbishop’s park pour y déterrer les restes de
son père et jeter dans le cercueil une corde de pendu, en mémoire de sa mort. Puis, il glissa dans
la boîte aux lettres de son grand père la fameuse lettre contenant le portrait de Barsky, son père, à
l’âge de vingt ans - portrait lui ressemblant terriblement. Au moment où Lewis ouvrit la lettre, Jim
se trouvait de l’autre côté de la rue, à l’une des fenêtres de l’hôtel Picadilly, faisant face à la fenêtre
du bureau de Lewis. Se rappelant la malédiction lancée par Barsky lors de son procès, Lewis
commença à paniquer. Quand il crut appercevoir par la fenêtre Charles Barsky lui-même, tel un
revenant, sa panique se changea en terreur. Il se cloitra soudain dans son bureau, commença à
entamer sa réserve de whisky, brûla les photos de sa fille qu’il conservait dans une vieille boîte de
biscuit, cachée sous une latte du plancher. Finalement, entre l’ivresse, la terreur et quelques pos-
sibles remords, il se suicida d’un coup de revolver.”
“Mais alors, Jim Lewis va vouloir s’en prendre au juge Bakerfield et à Mr Diggs, s’exclame soudain
Lestrade, en se levant d’un bond !”
S’habillant rapidement, il quitte la pièce en trombe, oubliant même de nous saluer.
“Tout paraît se tenir, en effet, poursuit Watson. Mais qu’en est-il des propos tenus par Mrs Stewart
à son appartement, en contradiction avec la déposition faite à la police ?”
“En effet, quand je me rendis chez Mrs Stewart, la gouvernante de Lewis, je relevai plusieurs
incohérences. Je m’attendais d’abord à rencontrer en elle une vielle femme, quand le rapport
évoquait ses vieilles jambes ou son âge, proche de celui de Lewis. Mais surtout, elle me parla du
revolver d’officier de Sir Lewis alors qu’elle avait affirmé dans sa déposition ne pas savoir qu’il
possédait une arme... Après quelques recoupements et notamment une visite chez Mr Ormond, je
compris que tout ce que Mrs Stewart put me déclarer n’était que mensonges et fausses pistes : la
présumée visite d’Ormond et le fait même que Lewis n’avait pas eu d’enfant.”
“Pourquoi donc aurait-elle menti après avoir déclaré la vérité ?”
“Pour la simple et bonne raison que cette prétendue Mrs Stewart, rencontrée à son propre domi-
cile, voulait nous éloigner de la piste du jeune Jim Lewis, afin qu’elle puisse mettre la main dessus
avant nous. Et qui d’autre qu’une mère aimante pourrait prendre un tel risque, en séquestrant
chez elle la véritable Mrs Stewart ?”
“Mrs Sandra Lewis !”
“Elle-même. Peut-être aura-t-elle retrouvé et raisonné son fils à temps. Dans le cas contraire, la
surveillance de ces hauts malfrats que sont Bakerfield et Diggs pourrait mener la police à Jim
Lewis...”
Sur cette conclusion, Holmes appelle alors Mrs Hudson, la conviant d’apporter le diner.
“à présent que cette affaire est résolue, j’espère que vous me ferez l’honneur de partager le repas
avec nous, mes amis ! Mrs Hudson a préparé une de ses spécialités : poulet aux épices à l’orientale.
Un pur régal !”
ANTOINE BAUZA
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Un jeu familial de 2 à 7 joueurs pour une durée de 30 minutes.
7 WONDERS vient de remporter le prix Kennerspiel des Jahres 2011
et plus de 20 prix internationaux.
1 8
1
1
GUILDE DES COURTISANES
1
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