JORGE Manuel Thèse
JORGE Manuel Thèse
JORGE Manuel Thèse
par
Manuel JORGE
JURY
M. Bertrand ANGEL
Professeur à l'Université de Paris XI
M. Pierre BOUREL
Professeur à l'Université de Paris Il
M. Jacques FOYER
Professeur à l'Université de Paris Il
M. Paul LAGARDE
Professeur à l'Université de Paris /
M. Pierre MAYER
Professeur à l'Université de Paris J
Soutenue publiquement le :
-1-
par
Manuel JORGE
sous la direction de M. le Professeur Paul Lagarde
JURY
M. Bertrand ANGEL
Professeur à l'Université de Paris XI
M. Pierre BOUREL
Professeur à l'Université de Paris Il
M. Jacques FOYER
Professeur à /"Université de Paris Il
M. Paul LAGARDE
a
Professeur l'Université de Paris J
M. Pierre MAYER
Professeur à l'Université de Paris J
Soutenue publiquement Je :
-2-
Manuel JORGE
-3-
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................ .
PREMIÈRE PARTIE :
LA STRUCTURE DU SYSTÈME ALTERNATIF ................ .
DEUXIÈME PARTIE:
LE FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME ALTERNATIF
CONCLUSION .............................................. .
ANNEXES .................................................. .
-4-
A. ou art. : Article
A.J.C.L. : The American Journal of Comparative Law
A.J.I.L. : The American Journal of International Law
AL : Alinéa
Annuaire : Annuaire de l'Institut de Droit International
Ann.Sui.D.I. : Annuaire Suisse de Droit International
Ass. Nat. : Assemblée Nationale
A.T.F. : Arrêts du Tribunal Fédéral Suisse
B.G.B. : Bürgerlîches Gesetzbuch
B.D.I.P. : Bibliothèque de droit international privé
Bull. Civ. : Bulletin des arrêt.s de la Cour de Cassation, Chambres civiles
C. civ. : Code civil
Cass : Cour de Cassation
Cass. Civ. : Cour de Cassation, Chambre Civile
Cass. Belgique : Cour de Cassation de Belgique
Cass. Italie : Cour de Cassation d'Italie
Cass. Ass. Plen. : Cour de Cassation Assemblée plenière
Cass. Req. : Cour de Cassation, Chambre des Requêtes
Cass. Réun. : Cour de Cassation, Chambres Réunies
Chr. : Chronique
Cl un et : Journal du Droit International
D. : Recueil Dalloz
D.P. : Recueil Dalloz Périodique
D.H. : Recueil Dalloz Hebdomadaire
D.A. : Recueil Dalloz Analytique
D.C. : Recueil Dalloz Critique
D.S. : Recueil Dalloz Sirey
Deb. : Débats
D.I.P. : Droit International Privé
Dt. civ. : Droit Civil
Dt. camp. : Droit Comparé
Dt. Int. : Droit International
ed. : Edition
E.G.B.G.B. : Einführungsgesetz zum B.G.B. (Loi d'introduction au Code civil
allemand)
Fasc. : Fascicule
G.P. : Gazette du Palais
J.C.L.Q. : The International and Comparative Law Quarterly
in : à l'interieur (de tel ouvrage)
infra : ci-dessous, plus loin
-5-
72. - Lorsque l'article 2083 du nouveau Code civil du Pérou dispose que :
<< La filiation légitime est soumise à la loi la plus favorable à la légitin1ité, d'entre
celle de la célébration du mariage vu celle du domicile conjugal à l'époque de
la naissance de l'enfant >>, l'auteur de la règle n'indique pas le titulaire de
l'option : est-ce les parties ? Est-ce le juge ?
Cette indétermination du titulaire de l'option n'est, certes, pas l'apanage
des règles à rattachements indéterminés. Elle peut se retrouver, également, dans
les règles à rattachements déterminésl78, Mais, il se peut que dans les règles
à rattachements indéterminés, l'indétermination du titulaire de l'option se dou-
ble d'une indétermination de l'étendue de l'option.
L'on peut, certes, se fonder sur une interprétation logique du texte pour
déterminer l'auteur de l'option. Mais la solutio11 i1e serait qu'approximative
dans la mesure où elle ne correspondrait qu'à « l'une des interprétatio11s pos-
sibles», conformément à l'expression d'un auteur119.
On peut expliquer cette indétermination par le fait que lorsque l'auteur
de la règle se réfère à« la loi la plus favorable>>, à la« meilleure loi» ou« bet-
ter law », il signifie son intention de protéger, spécialement, le rapport juridi-
que qu'il réglemente vu les parties qui y participent. Dès lors, il serait logique
de dire qu'il incombe au juge de déterminer la loi applicable à l'affaire dans
la mesure où ce dernier apprécierait, objectivement, les intérêts en jeu.
Mais cet argument se heurte à une objection majeure : peut-on valable-
ment dire qtte le juge connaît mieux qu'une partie où est l'intérêt de celle-ci?
Ou, posée en d'autres termes : l'intérêt d'une partie se confo11d-t-il avec la faveur
qu'on lui accorde ?
L'objection est sérieuse et elle se trouve clairement exprimée par le juge-
ment du Tribunal de Grande Instance de Paris du 30 avril 1985180. Le tribu-
nal semble dire que l'intérêt de l'enfa11t ne se confond pas avec la faveur qui
lui est accordée par la loi.
C'est, peut-être, pour éviter l'incertitude et l'insécurité juridique que les
projets et les codifications récentes, tout en faisant une référence à la « loi la
plus favorable», déterminent avec beaucoup plus de précision le titulaire de
l'option. Tel est, par exemple, le cas des articles 132, 135, 138 et 139 de la
loi suisse qui permettent au lésé de sélectionner la loi la plus favorable en matière
de responsabilité du fait des produits, en matière de responsabilité du fait
d'immissions ou en matière de responsabilité pour atteinte à la personnalité.
Au fond, on peut se demander si l'édiction de règles à rattachements indé-
terminés se justifie encore lorsque l'indétermination ne porte que sur l'éten-
due de l'option, ou sur la titularité de l'option. Des règles telles que celles de
l'article 2083 du nouveau Code civil du Pérou ou celle, de l'article 21 de la
loi autrichienne de 1978, se rapprochent des règles à rattachements détern1i-
nés, car, la référence à la<< loi la plus favorable» y prend un caractère super-
fétatoire, comme il a été déjà démontrélHi.
Ce sont ces règles à rattachements détern1inés qui seront étudiées à présent.
-6-
INTRODUCTION
-7-
1. - En 1890 déjà, JITTA avait fait remarquer que la règle de droit interna-
tional privé risquait de devenir une « guillotine à conflits » et qu'il fallait évi-
ter le développement d'une telle tendance!.
Plus récemment, certains auteurs ont dénoncé le caractère« mécanique»,
« rigide>>, << aveugle », « factice>> et « inadapté» de la règle de conflit
classique2.
La base de ces critiques résidait, selon ces auteurs, dans le fait que le rat-
tachement était interprété de manière formelle et abstraite, alors qu'il doit être
considéré comme l'expression de la réalité concrète de la Société dans laquelle
la situation à régir, est insérée de manière à en présenter une solution
satisfaisante3.
En effet, un tel aspect n'était pas facile à observer tant que le« siège>>
de la matière était exprimé par un rattachement unique4.
L'évolution vers la prise en considération directe du lien concret qui rat-
tache une situation de fait à un ordre juridique, a suivi une double voie : d'une
part, l'élaboration de règles de conflit à« rattachement flexible »5 et d'autre
part, l'élaboration de règles à « rattachements alternatifs »6 ..
Mais ces expédients ne relèvent ni d'un même esprit, ni d'une même
technique.
-8-
NOTES
fragmenté le statut de la rtliation en multipliant les règles de conflit. De là, des difficultés
d'articulation qui, comme en l'espèce, ruinent pour partie au moins les ambitions affichées ».
(note précitée p. 315).
12. Cf. note précédente.
13. C'est nous qui soulignons.
14. Cf. Y. LEQUETI'E, op. cil.supra, note 11.
15. Sur ce sujet Cf. notamment : GRAULICH, << la signification actuelle de la règle de
conflit», Mélanges WEIL, 1983 p. 295 ; LOUSSOUARN, « Ja règle de conflit est-elle une
règle neutre?», Travaux du Comité français de Dr. Int. Privé, 1980-1981, T. 2, p. 43.
16. Cf. B. AUDIT,« Le caractère fonctionnel de la règle de conflit », R.C.A.D.J. 1984.
III. p. 223; adde : E. VIITA. « The impact in Europe of the American Conflicts Revolu-
tion )), The A1n. Jour. of Compar. Law XXX, 1982 p. 1 ; KURT G. SIEHR, « Domestic
Relations in Europe : European Equivalents to American Evolutions )>, ibidem p. 37 ; Frie-
drich K. JUENGER, « American and European conflicts Law», Ibidem p. 117.
17. Cf. Andreas BUCHER ; « Sur les règles de rattachement à caractère substantiel »,
Mélanges schnitzer, Genève 1979, p. 40 et ss. H. BATIFFOL, op. cit supra, note 9. ; F.
KNOEPFLER, « Le droit international privé : froideur mécanique ou justice casuistique -
in Conférences Universitaires de Neuchatel, 1976, p. 35 ss ; R. DE NOVA, « Rilevanza del
contenuto delle norme in conflilto neUa detenninazione traclizionale della legge appJicabile ;
Rivista di Diritto Internazionale Privato e processuale, 1978 p. 141 ss ; VON OVERBECK
« Cours général de droit international privé)), R.C.A.D.J., 1982 III p. 9 ; E. VITTA, ibidem
1979, I. p. 9.
18. Cf. à titre d'exemple les articles 311-16; 311-17 et 311-18 du Code civil français;
pour de plus amples renseignements, Cf. Mélanges SCHNJ1ZER, précité, note IO, notam-
ment : VON OVERBECK : « L'intérêt de l'enfant et l'évolution du droit international privé
de la filiation )>,p. 361 ss ; F. RIGAUX : (( La loi applicable à la forme des actes juridiques »,
p.38lss;
19. Cf. J.P. LABORDE, op. cil, p. 215; Andreas BUCHER, op. cil. p. 41; POCAR,
op. cil. p. 359 ss.
20. Sur la question de savoir si Je juge peut falre, d'office, une application alternative
de la nonne, contre la volonté du législateur, Cf. Yves LEQUETIE, note précitée, notam-
ment p. 317 ; voir, toutefois, l'opinion contraire de J.P LABORDE, op. cil. p. 283 ss, n° 455.
Et sur l'ensemble de la question : Von OVERBECK ; « Cours général... »précité, p. 53 ss.
21. Cf. notamment Paul LAGARDE note sous Cass. civ. 1., 2 oct. 1984, R.C.D.J.P,.
1986 P. 63, n° 6; adde, Andreas BUCHER, op. cit. notamment p. 40 et ss.
22. Cf. à titre d'exemple, sur l'admissibilité du renvoi, Jacques FOYER : <~ Requiem pour
le renvoi? )) Travaux du Comité français de Droit international privé - 1980-1981, p. 105
et suivantes; adde T.G.I. Paris 20 avril 1982 et Paris 8 mars 1983 R.C.D.I.P. 1984 p. 290
ss note Jacques FOYER ; Cass. civ. 1., 15 juin 1982, DALLOZ, 1983, p. 431, note EricAGOS-
TINI; T.G.I., Paris, 20 avril 1982, Clunet, 1983, p. 583, note J. DERRUPEE; Cass. civ.,
15 juin 1982, R.C.D.I.P., 1983, p. 300, note Jean Marc BISCHOFF; Aix-en-Provence, 21
janvier 1981, R.C.D.l.P., 1982, p. 297, note Gérard LEGIER et Jacques MESTRE.
23. Cf. notamment, DE NOVA, <( Rilevanza del contenuto ... )) ; op. cit ; Andreas
BUCHER, op. cil. ; Henri BATIFFOL : <( Droit Comparé, Droit International Privé et théo-
rie générale du droit - Rev. Jnt. Dr. Comp,, 1970, p. 661 ; P .M. PATOCCHI : <( Règles de
rattachement localisatrices et règles de rattachement à caractère substantiel, Genève, 1985.
24. Cf. H. BATIFFOL, « La règle de droit en droit international Privé », in PEREL-
MAN, Ch. -la règle de droit, Bruxelles. L'on peut consulter également, avec beaucoup d'intê-
ret : H. BATIFFOL : «Droit comparé ... )>op. cil. ; ibidem, Principes de Droit international
privé, R.C.A.DJ., 1959, II, p. 435, notamment l'introduction; Y. LOUSSOUARN, (<Le
rôle de la méthode comparative en Droit International Privé », R.C,D.l.P., 1979, p. 307 ss ;
Von MEHREN, « L'apport du droit comparé à la théorie et à la pratique du droit internatio-
nal privé», Rev. int. dr. comp., 1977, p. 493.
- 13 -
25. Cf. notamment A. BUCHER, op. cit. p. 40, qui s'exprime de la manière suivante :
(( Bien qu'une alternative concerne, logiquement, une situation qui offre le choix entre deux
possibilités, la doctrine parle couramment de rattachements alternatifs, même dans les cas
où le choix porte sur plus de deux lois différentes ».
26. Sur ce sujet, cf. notamment: J.-P. LABORDE,« La pluralité ... », op. cil. p. 23 etss.
27. Cf. RAAPE et STURM, Internationales privatrecht, Munich, 1977, Band./, p. 103
et SS.
28. Cf. notamment W. QUINE, Méthodes de logique, Paris, Armand Colin, 1973, p. 19
et SS.
33. D'autres exemples peuvent être trouvés dans d'autres matières régies par des ratta-
chements alternatifs. A titre indicatif, on citera :
- dans le domaine du droit de la famille : les articles 311-16, 311-17 et 311-18 du Code civil
français ou l'article 72 de la loi suisse.
- dans le domaine du droit des obligations contractuelles : les articles 41 de la loi autrichienne ;
117 du projet suisse ; 5 et 6 de la Convention de Rome de 1980, sow; réserve des explications
qui suivront;§ 196 du Restatement Second des Etats-Unis;§§ 51 et 52 de la loi hongroise
de 1979.
- dans le domaine des obligations délictuelles : l'article 6 de la Convention de La Haye sur
la responsabilité du fait des produits ; 132 de la loi suisse et 135 et 138 de la même loi.
- dans le domaine de la forme : l'interprétation donnée à la règle locus regit actum,par pres-
que toutes les législations connues à l'heure actuelle. L'exemple le plus souvent cité étant celui
de la forme des testaments, telle que réglementée par la Convention de La Haye de 1961.
Les exemples donnés ici n'épuisent pas le domaine dans lesquels les rattachements alternatifs
ont été utilisés.
Cf. également sur cette ambiguïté, I. KISCH, <( la loi la plus favorable, in Jus et Lex, Fest-
gabe Max Gutzwiller, p. 373 et ss ; G. CANSACCHI, « Le choix et l'adaptation de la règle
étrangère dans le conflit de lois», R.C.A.D.I., 1953, Il, p. 195, note 2; P.-J. LABORDE,
«La pluralité ... », op. cit. ; O. SPERDUTI, « 1 criteri di applicazione delle leggi interne e
straniere seconda il dîritto internazionale privato », in scritt1 in memoria di A. GIUFFRE,
Padoue 1977, p. 749 et ss.
- 15 -
PREMIÈRE PARTIE
NOTES
CHAPITRE PREMIER
Section I
des modes d'expression de la volonté de l'auteur de la règle d'une part (1) et,
par conséquent, la détermination de l'auteur de la règle, d'autre part (Il).
concevoir des lois« plus favorables >>, ou<< meilleures »que par rapport aux
autres, dont on exclut l'application10.
Les critiques suscitées par ces volontés implicites d'application alterna-
tive des lois en concours sont bien connues. Evrigénis a parlé d'une «justice
de cadi >>11, Roubier a remarqué que l'idée de faveur est exclusive de celle de
droit•2, Kisch a mis en avant la difficulté de détermination de la loi
favorabJetJ.
C'est, peut-être, en raison de ces critiques que l'élaboration des règles à
rattachements alternatifs, surtout en Europe, se fait, le plus souvent, par l'indi-
cation du nombre de lois à comparer.
C'est ce passage de la volonté implicite de l'auteur de la règle, à la volonté
explicite qu'il convient, désormais, d'illustrer.
les cas où l'une des branches de l'option exclut l'autre et l'alternative non-
exclusive, dans les cas où l'on peut opter, indifféremment, pour l'une ou l'autre
des branches de l'alternative, avec une équivalence des résultats29.
C'est la raison pour laquelle nous englobons dans la catégorie générale
des règles à rattachements alternatifs, non seulement celles qui se réfèrent à
« la loi la plus favorable>>, mais, également, celles que la doctrine suisse repré-
sentée, notamment, par le professeur von Overbeck, A. Bucher et_ P .-M. Patoc-
chi, appellent << rattachements subsidiaires en fonction du résultat »30,
Au fond, ce qu'il faut retenir c'est qu'il n'y a pas d'autre différence entre
les règles à rattachements alternatifs et celles dites à<< rattachements subsidiaires
en fonction du résultat >>,que celle qui porte sur la hiérarchisation ou non des
rattachements. Mais que les rattachements soient hiérarchisés ou pas, le choix
de la loi se fait toujours par la disjonction des rattachements, ce qui implique,
nécessairement, une option entre les rattachements. Et cette option ne peut
se faire, dans un cas comme dans l'autre, que dans le sens de la loi qui permet
de réaliser concrètement la volonté de l'auteur de la règle.
Aussi, il est possible, désormais, de dire que la règle à rattachements alter-
natifs exprime toujours la volonté de son auteur. Et peu importe que cette
volonté soit seulement implicite ou qu'elle soit expresse : dans les deux cas,
il s'agit d'opter entre les rattachements pour appliquer la loi qui permet la réa-
lisation du but voulu par l'auteur de la règle.
Mais, la réalisation du but dépend aussi de la question de savoir qui est
l'auteur de la règle.
16. - Lorsque la règle, a été créée par le législateur, le premier fait dont on
doit relever l'importance est la distanciation entre l'organe de production de
Ja norme et l'organe chargé de son application. La distinction entre l'auteur
et le destinataire de la norme3s.
L'on peut citer, à titre d'exemple, l'application faite par la jurisprudence
dans une décision récente, des règles à rattachements alternatifs édictées par
le législateur français dans la loi de 1972 relative au conflit de lois en matière
de filiationJ6.
En l'espèce, une femme de nationalité belge avait épousé, en premières
noces, un Néérlandais. Après avoir divorcé de ce dernier, elle s'est remariée
avec un Français, et a acquis la nationalité de ce dernier. Un enfant adultérin
est né cinq mois et demi après l'ordonnance de non-conciliation. Les deux
époux, désormais, de même nationalité, ont voulu légitimer l'enfant. Pour refu-
ser ce droit aux deux époux le tribunal a, tout d'abord, suivant en cela le pré-
cepte de l'article 311-14 du Code civil français apprécié la contestation de la
paternité du premier mari par rapport à la loi belge de la mère qui interdisait
cette contestation. Par conséquent, il n'était plus possible d'apprécier la vali-
dité de la reconnaissance faite par le véritable père, conformément à la loi fran-
çaise et suivant le précepte de l'article 311-17 du Code civil.
Le professeur Jacques Foyer, commentant cette décision a pu dire que :
«L'idée de faveur pour l'enfant est ici curieusement entendue puisque le tri-
bunal semble dire qu'il importe peu que l'enfant ne soit pas rattaché juridi-
quement à son véritable père qui le réclame pourvu qu'il ait une filiation éta-
blie à l'égard d'un autre qui s'en désintéresse >>37.
Le professeur Yves Lequette, remarque que « regrettable en pratique, cette
solution n'en paraît pas moins imposée par les textes : ne faut· il pas faire tomber
la filiation légitime de l'enfant, selon la loi qui la régit avant de faire jouer
la légitimation ? »38.
La distorsion est donc nette entre la volonté exprimée par le législateur
dans l'article 311-16 du Code civil qui dispose que<< Je mariage emporte légiti-
mation lorsque, au jour où l'union a été célébrée, cette conséquence est admise
soit par la loi régissant les effets du mariage, soit par la loi personnelle de l'un
des époux, soit par la loi personnelle de l'enfant», et l'interprétation de cette
volonté par l'organe chargé de l'application de la norme.
Et cette distorsion est d'autant plus remarquable que le jugement énonce,
en se référant à l'article 311-17 relatif à la reconnaissance de l'enfant naturel,
que « ... ce texte en effet ne définit pas une règle de conflit de lois, mais se
limite à poser les conditions de validité de la reconnaissance ... », alors que
ce texte s'intègre dans un ensemble ayant pour titre : << Du conflit des lois rela-
tives à l'établissement de la filiation>>.
Cette même distorsion entre la volonté de l'auteur de la règle et celle de
l'organe chargé de son application peut être trouvée, également, en matjère
de renvoi.
S'agissant des règles françaises relatives au conflit de lois en matière de
filiation, les promoteurs de la réforme disent avoir voulu exclure Je renvoi en
- 27 -
17. - Les règles alternatives peuvent être créées par la jurisprudence soit parce
que la tradition juridique du pays veut qu'il en soit ainsi, soit parce que le juge
est appelé à combler les lacunes d'un système de conflit de lois imparfaitement
conçu.
Deux exemples peuvent être cités à ce propos : d'une part le cas des Etats-
Unis d'Amérique, d'autre part le cas français.
Le droit internationaJ privé des systèmes de« common law >>montre bien
comment le« precedent » n'est, généralement, qu'une affaire d'espèce4I,
Et de ce fait, Cavers n'a fait qu'interpréter la pratique judiciaire de son
pays en proposant ses fameux« principes de préférence ».C'est ce qu'exprime
le professeur Audit, en ces termes : << Un droit de common /aw est donc une
pratique avant d'être une construction de l'esprit. Le but premier du juriste
n'y est pas d'édifier un système, mais de concilier au moyen de la raison des
prétentions et des intérêts antagonistes. Le droit n'est pas conçu comme un
ensemble systématiquement organisé et dans lequel chaque question doit trouver
par déduction sa réponse. Même si ]es conditions sociales entrainent aujourd'hui
une prolifération législative comparable à celle des pays civilistes. Un droit de
common /aw demeure fondamentalement un droit de praticiens, non écrit et
casuistique ... »42.
Ainsi, même dans le régime issu du second restatement il ne s'agit pas
de choisir entre des règles de rattachement, mais entre des règles de fond. L'on
peut illustrer cette tendance par l'observation du paragraphe 6 du restatement,
qui dispose :
« Les tribunaux, sous réserve des dispositions constitutionnelles, se con-
formeront aux dispositions législatives prises par leur Etat en matière de con-
flit de lois.
<<A défaut de telles dispositions, les facteurs à prendre en considération
pour le choix de la règle applicable sont notamment :
« a) Les besoins des systèmes interétatique et international.
« b) La politique législative pertinente du for.
« c) La politique législative pertinente d'autres Etats intéressés, et l'inté-
rêt relatif de ces Etats à régir la question particulière.
<< d) La protection des attentes raisonnables.
« e) Les considérations fondamentales prévalant dans la branche du droit
considérée.
<< f) La certitude, la prévisibilité et l'uniformité des solutions et,
<< g) La simplicité dans la détermination et l'application de la loi
compétente. »
- 28 -
18. - La question de savoir si l'on peut ou non faire une application option-
nelle d'une règle contre la volonté de son auteur, suppose la résolution préala-
- 29 -
rative de la loi applicable ... »ss. Interprétée de cette manière, la règle impose
l'exclusion du renvoi, ce qui est un obstacle supplémentaire à la concrétisation
de l'idée de faveur.
C'est dire que l'application optionnelle de la règle ne peut avoir lieu, que
par la volonté de son auteur, et surtout qu'elle ne peut pas avoir lieu contre
la volonté de son auteur.
L'on voit donc, que la volonté de l'auteur de la règle est un élément struc-
turel de la règle à rattachements alternatifs. Sans elle le système alternatif ne
peut pas exister, et contre elle le système alternatif ne peut pas fonctionner.
Il convient maintenant de déterminer le titulaire de l'option.
-31-
Section II
prudence», mais, plus simplement, par une précision apportée quant au rat-
tachement de la forme des actes.
Quelle est cette précision ?
Elle peut être résumée de la manière suivante : en principe<< La règle locus
regit actum ne s'oppose pas à ce que les contrats internationaux soient passés
en France en une forme prévue par la loi étrangère qui les régit au fond >>66.
Mais encore faut-il que les parties aient, réellement, rattaché la forme à la loi
qui régit le contrat au fond. A défaut, la tex loci actus s'appliciue, surtout si
elle contient des dispositions protectrices d'une personne. Et c'est ce caractère
protecteur du formalisme qui explique la divergence des solutions car, si dans
l'affaire Pierucci les parties avaient exprimé leur volonté de rattacher la forme
du contrat à une loi déterminée parmi celles autorisées, les juges ne pourraient
que respecter cette volonté. C'est ce que relève l'arrêt en énonçant que les pres-
criptions de la loi du 29 juin 1935 constituent des règles de forme« applica-
bles à tout contrat passé en France lorsque n'est pas établie la volonté des par-
ties de soumettre la forme de leur contrat à la loi qui régit au fond celle-ci
ou à leur loi nationale.
Voilà qui est clair. Lorsque comme dans l'affaire Chaplin, les parties ont
rattaché, la forme du contrat à la loi qui régit le fond, celle-ci peut s'appli-
quer. Mais lorsque, comme dans l'affaire Pierucci les parties ne se sont pas
exprimées quant à la loi applicable à la forme, c'est la /ex loci actusqui s'appli-
que. L'alternative n'est exclue dans l'un et l'autre cas qu'en raison du carac-
tère protecteur de la formalité requise.
Pour illustrer notre dernier propos, il convient de se référer à l'attendu
de l'arrêt Chaplin dans lequel la Cour de cassation relève que« c'est ... à bon
droit que l'arrêt attaqué décide que les décrets de 1791 et 1793, applicables
au litige, n'avaient point fait échec au principe du consensualisme ... »67 et que
<< ••• la mention y figurant d'un consentement écrit de l'auteur ... n'avait trait
qu'à une simple condition de preuve ».
22. - C'est dire que si les formalités exigées par les décrets de 1791 et 1793
avaient fait échec au principe du consensualisme, le contrat aurait pu être annulé
en raison du non respect des formes protectrices de la loi française. Comme
le relève le professeur Rigaux : « ... La règle de conflit alternative en matière
de forme est subordonnée à la loi d'autonomie: il appartient aux seules par-
ties d'écarter les règles de forme du lieu de conclusion en préférant soit la loi
qui régit le fond de l'acte, soit leur loi nationale »68.
Mais cette autonomie est, elle-même, limitée par les dispositions protec-
trices de l'une des parties. Tel a été le cas, semble-t-il, dans l'arrêt Pierucci,
et tel est, également le cas dans la Convention de Rome sur la loi applicable
aux obligations contractuelles, en ce qui concerne les contrats conclus par les
consommateurs (article 9V) et les contrats conclus en matière d'immeubles (arti·
de 9VI).
Ces restrictions à la loi d'autonomie en matière de forme des actes se retrou-
vent, parfois, relativement à la loi applicable au fond. Ainsi, par exemple la
loi d'autonomie subit des restrictions en ce qui concerne la détermination de
la loi applicable aux contrats conclus par les consommateurs (article 5) et au
- 34 -
23. - Dire que l'option peut n'appartenir qu'à une seule des parties, c'est sur-
tout se rappeler que les règles à rattachements alternatifs sont des instruments
de protection.
Ainsi, l'article 311-16, alinéa 2, du Code civil français dispose:« La légi-
timation par autorité de justice est régie, au choix du requérant, soit par la
loi personnelle de celle-ci, soit par la loi personnelle de l'enfant>>.
Selon le professeur Jacques Foyer, en suivant<< ... l'interprétation logi-
que des articles 311-17, alinéa 2, et 318, c'est à celui qui demande la légitima-
tion par autorité de justice ou des subsides d'opérer le choix. Sur ce point,
on s'en tient à la lettre de l'article 311-18 sans discuter de sa conformité -
par ailleurs fort douteuse - avec la Convention de la Haye du 2 octobre 1973
qui donne compétence à la loi du créancier d'aliments sans choix possible, mais
avec un rattachement en cascade ... >>69.
La loi suisse contient, également, en matière de responsabilité délictuelle,
un certain nombre de règles laissant le choix de la loi applicable au soin du
lésé. Tel est le cas de l'article 135 qui régit la responsabilité du fait des pro-
duits, de l'article 138 qui régit la responsabilité du fait d'« immissions » et de
l'article 139 qui régit la responsabilité en cas d'atteinte à la personnalité.
De même l'article 90, alinéa 2, du projet suisse prévoyait qu'un étranger
domicilié en Suisse peut soumettre sa succession à la loi de l'Etat dont il est
ressortissant, au lieu et place de la loi suisse, normalement compétente.
En somme, la titularité de l'option peut poser deux sortes de problèmes.
D'une part, que l'option appartienne aux deux parties ou à l'une seule d'entre
elles il faut toujours que l'auteur de la règle détermine expressément le ou les
titulaires de l'option. En cas de silence de l'auteur de la règle, l'incertitude s'en
suivra. D'autre part, la question se pose, toujours, de savoir si le juge peut
suppléer la carence ou la maladresse des parties.
Mais aborder cette dernière question, c'est aborder déjà le problème rela-
tif à l'exercice de l'option.
a) Le moment de l'option
25. - Lorsque l'on se trouve en face de dispositions telles que celles des arti-
cles 311-16, alinéa 2, et 311-18 du Code civil français, ou encore celles des articles
24 et 25 de l'EGBGB anciens, ou encore celles de l'article 25 des dispositions
préliminaires du Code civil italien, la question se pose de savoir à quel moment
la partie à qui l'option a été offerte doit opérer le choix du rattachement
opératoire.
L'intérêt de la question réside dans Je fait que le choix de la loi se fait
en fonction de sa teneur. Comment Jes parties peuvent-elles déterminer a priori
la loi qui leur est la plus favorable ?74. Ne serait-il pas préférable d'accorder
aux parties, la possibilité d'invoquer plus d'une des lois impliquées par les rat-
tachements, ne serait-ce qu'à titre subsidiaire ?15.
- 36 -
b) Le contenu de l'option
26. - Si l'option est obligatoire mais réversible, que se passe-t-il si les parties
n'exercent pas l'option ? Par ailleurs, le juge peut-il corriger l'option erron-
née des parties ?
La première question est difficile dans la mesure où, généralement, l'auteur
de la règle à rattachements alternatifs, lorsqu'il accorde une option aux par-
ties ne prévoit pas des solutions subsidiaires. Que faut-il décider lorsque les
parties n'ont pas choisi le rattachement opératoire, dans des cas tels que ceux
prévus aux articles 311-16, alinéa 2, et 311-18 du Code civil?
Ici, la solution donnée par la Convention de Rome sur la loi applicable
aux obligations contractuelles à la détermination de la loi applicable à défaut
de choix par les parties, ne peut plus être étendue par analogie. En effet, la
convention utilise une doctrine d'ensemble qui s'écarte de celle qui sert de sou-
bassement aux rattachements alternatifs : alors que la localisation et la recherche
des << liens les plus étroits » dominent dans le premier cas (article 4), l'idée de
faveur et de protection, la recherche d'un résultat dominent dans le second.
Tout le danger de l'option offerte aux parties par les rattachements alter-
natifs se trouve, donc, résumé ici. Seule l'idée selon laquelle le juge ne peut
- 37 -
Lorsque le juge est appelé à statuer sur une matière régie par des ratta-
chements alternatifs son pouvoir de choisir le rattachement opératoire se trouve
accru. Ce pouvoir-devoir du juge est la conséquence mëme de l'esprit qui pré-
side à la technique des rattachements a1ternatifsB4.
L'esprit qui préside à la technique commande en effet d'appliquer à la
cause la loi la plus favorable. Ainsi, appelé à vérifier si une situation que les
parties veulent faire reconnaître remplit les conditions nécessaires ou à cons-
tater l'effet d'un acte juridique, le juge ne se fondera pas sur le choix des par-
ties pour formuler sa décision. Il prendra en considération les faits de la cause,
dont la loi invoquée fait partie, et décidera en choisissant le rattachement qui
s'adapte le mieux. Les parties invoquent le droit et le juge choisit la loi85.
Ce pouvoir-devoir du juge peut, cependant, être à la base d'un certain
nombre de difficultés. Si la technique des rattachements alternatifs vise l'appli-
cation de la loi la plus favorable, eu égard à l'intérêt des parties, peut-on con-
clure que le choix du juge correspond toujours à l'intérêt des parties ?
La question ainsi posée mérite qu'on s'y attarde un peu plus longuement.
La pratique montre que parfois l'intérêt des parties et le choix du juge sont
convergents. Mais il se peut, également, que l'intérêt des parties et le choix
du juge présentent des divergences. C'est la raison pour laquelle on étudiera
ces hypothèses un peu plus longuement.
29. - L'intérêt des parties et le choix du juge sont convergents, lorsque les
parties obtiennent le résultat qu'elles escomptaient, malgré le fait que le juge
ait statué sur la base d'un fondement autre que celui invoqué ou soutenu par
les parties. L'exemple peut être tiré de l'application de la règle de conflits alter-
native qui régit la forme des actes juridiques. Une partie à un litige relatif à
la validité d'un acte juridique peut avoir intérêt à voir appliquée à l'acte en
cause la !ex loci qu'elle avait prise en considération. Mais le juge peut avoir
fondé sa décision sur la loi applicable au fond qui, en l'espèce, était aussi la
/ex fori.
Dans cette hypothèse, dès lors que la partie obtient le résultat recherché
il ne devrait pas y avoir de difficultés. L'identité du résultat auquel conduit
l'application des lois en concours peut cacher, toutefois, un conflit d'intérêts.
Ce n'est pas une option réelle. C'est une fausse option.
Déjà Cansacchi avait fait remarquer que lorsque les règles matérielles en
concours entraînent les mêmes effets en les faisant découler des mêmes condi-
tions, l'identité des règles en concours rendait, pratiquement, indifférente
l'application de l'une plutôt que de l'autre des lois en concoursB6.
Cette même idée est exprimée par Decleva qui fait remarquer que si les
trois rattachements contenus dans l'article 26 des dispositions préliminaires du
Code civil italien désignent trois lois différentes toutes favorables à la validité
d'un acte, il n'y aurait plus à choisir entre les rattachements sur la base du
favor negotii. Il en irait de même selon l'auteur lorsque les trois rattachements
désignent la même loi87.
- 39 -
31. - La divergence entre l'intérêt des parties et le choix du juge dans la recher-
che de la concrétisation de l'idée de faveur, peut résulter essentiellement du
fait que toute règle de conflit à rattachements alternatifs renferme dans son
contenu une règle cumulative92.
Alors que la technique des rattachements cumulatifs empêche le juge de
reconnaître un état ou un acte juridique déterminés si cette conséquence n'est
pas admise par toutes les lois en concours93 la technique des rattachements
alternatifs, de par son esprit admet cette reconnaissance dès lors qu'une seule
des lois en concours prévoit cette conséquence94 •
Le choix du rattachement opératoire est, généralement, laissé au soin du
juge chaque fois que le législateur veut favoriser la constatation d'une situa-
tion ou la constituton d'un état. C'est le cas, en général, du régime des actes
juridiques, ou des situations qui exigent une protection particulière : recon-
naissance d'enfant naturel, légitimation, certains types de contrats95.
32. - C'est ainsi que l'article 311-17 du Code civil français relatif à la recon-
naissance d'enfant naturel peut illustrer notre propos. Ce texte ne prévoit, en
effet, le fonctionnement de l'alternative que pour apprécier la validité de la
reconnaissance. A supposer que l'enfant veuille contester la reconnaissance de
- 40 -
complaisance pour se faire reconnaître par son père biologique, on lui fera
remarquer que son but ne pourra être atteint que si la nullité est admise par
les deux lois en concours96.
Ce qui était alternatif pour la validité devient cumul pour la nullité. Le
contenu apparent de la règle étant remplacé par son contenu latent, l'intérêt
de la partie et le choix du juge deviennent divergents. L'intérêt démontré par
la partie de voir annulée la reconnaissance se heurte au choix de la loi par le
juge en faveur du rattachement qui permet la reconnaissance.
Le même type de problème peut se présenter en ce qui concerne les délais
mêmes de l'action en nullité. Si les deux lois en concours admettent la recon-
naissance mais fixent des délais différents pour l'exercice de l'action en nullité
laquelle des deux lois choisir lorsque la loi la plus favorable à la reconnais-
sance est celle qui fixe le délai le plus court pour l'action en nullité ? Si l'on
choisit la loi qui fixe le délai le plus long pour l'exercice de l'action en nullité
- loi plus favorable compte tenu de l'intérêt spécifique de la partie - on se
verra opposer la prescription de la loi qui fixe le délai le plus court : loi plus
favorable à la reconnaissance97.
Ici aussi, ce qui était alternative à la reconnaissance devient cumul pour
les délais de nullité. Et une fois de plus la question se posera de savoir si l'inté-
rêt des parties se confond avec la faveur qu'on leur accorde9B.
33. - Peut-on en face des exemples étudiés prétendre encore que la question
est dépourvue de Portée pratique ? Loin de montrer une grande subtilité, la
question telle qu'elle est posée permet de saisir la réalité des rattachements alter-
natifs d'une autre manière.
Comment l'idée de faveur se concrétise-t-elle ? Lorsqu'on parle de faveur
pour une partie, pense-t-on au demandeur ou au défendeur ? Lorsqu'on parle
de faveur pour un acte parle-t-on en pensant à l'action déclaratoire ou à l'action
négatoire ?
Conclusion
34. - Le choix du rattachement opératoire, qu'il soit l'œuvre des parties inté-
ressées ou du juge lui-même, ne permet pas une mise en œuvre facile des règles
à rattachements alternatifs.
Et la raison en est, le plus souvent, une inadéquation du droit au fait99.
C'est que les règles à rattachements alternatifs ne sont pas des règle de pré-
voyance accordant la primauté au caractère localisateur de la norme. Les règles
à rattachements alternatifs sont des normes de protection, faisant prévaloir
le caractère matériel de la règle sur le caractère localisateur de cette dernière100.
Et la pluralité de rattachements est l'expédient dont se sert l'auteur de la règle
pour atteindre l'objectif de politique législative qu'il s'est fixé.
C'est cette finalité matérielle, poursuivie par l'auteur de 13. règle à ratta-
chements alternatifs que nous chercherons à illustrer dans le chapitre suivant.
- 41 -
NOTES
1. Cf. Cass.civ. IO décembre 1974 RCDIP, 1975, p. 474, note A.P. ; Clunet, 1975,
p. 542, note KAHN.
2. Cf. les observations du professeur RIGAUX, in La loi applicable à la forme des
actes, op. cil., p. 388 et ss.
3. Sur la manière d'exprimer la faveur. Cf. notamment : J .-P. LABORDE, La plura-
lité du point de rattachement .•. , p. 216 et ss, spéc. p. 226, n° 328 ; Jacques FOYER, Problè-
mes de conflits de lois .. ., op. dt., p. 41, n° 65 et ss ; PATOCCHI, Règles de rattachement ... ,
p. 251 et ss, n° 511 et ss.
4. Cf. Jacques FOYER, ibidem, n° 64, qui dit:(< On peut s'interroger sur les raisons
qui poussent un législateur ou un juge à privilégier, dans un cas plutôt qu'un autre, !'applica-
tion d'une loi plutôt qu'une autre, d'autant que le principe d'égalité des filiations qui s'étend
peu à peu à tous les droits aurait dû conduire à une méthodologie uniforme. Cette impression
d'incohérence est encore renforcée, si l'on considère les différentes formes que revêt cette tech-
nique de choix >1.
5. Cf. J.-P. LABORDE, La pluralité du point de rattachement ... , op. cit., p. 216 et
ss, spéc. p. 226, n° 328.
6. Cf. sur ce sujet la controverse suscitée en France, par la loi du 3 janvier 1972 et
notamment, l'opinion du professeur Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois ... , op.
cil., p. 107, notes 112 et 113, sur les« interprétations possibles'' des articles 311-16 à 311-18,
quant à la titularité du choix de la loi. Cf. également, PATOCCHI, Règles de rattachement ... ,
op. cil., p. 306 et ss, spéc. n° 619 et 625.
7. Cf. les dispositions du nouveau Code civil du Pérou publiées à la Revue critique,
1986, p. 192, commentaire Jean Lisbonne.
8. Pour un aperçu d'ensemble, des textes de codification récente dans les législations
européennes, Cf. Benitez de LUGO et Zamora CABOT,« Anotaciones à los recientes textos
centroeuropeus de derecho internacional privado )), R.E.D.I., 1980, p. 97 à 122 et 75 à 99.
Cf. surtout: E. VASSILAKAKIS, «Orientations méthodologiques dans les codifications
récentes du droit international privé en Europe)), Paris L.G.D.J. 1987, Préface de Paul
LAGARDE.
9. Cf. en ce sens, VON OVERBECK, « Cours général. .. )), op. cil., p. 86, n° 190.
10. Cf. en ce sens, VON OVERBECK,<< Cours général. .. », op. cit., p. 87, n°192.
11. Cf. EVRIGENIS, «Tendances doctrinales actuelles ... '" op. cil., p. 343.
12. Cf. P. ROUBIER, «Le droit transitoire)), p. 283 et ss.
13. Cf. 1. KISCH, « La loi la plus favorable ... )), op.cit.,p. 387 et ss.
14. Cf. I. FADLALLAH, « La famille légitime en droit international privé )), Paris,
1977, p. 295.
15. Cf. Cass civ. I, 5 décembre 1949, R.C.D.I.P., 1950, p. 165, noteMOTULSKY, Clu-
net, 1950, p. 180, note GOLDMAN, J.C.P., 1950, Il, 5287, note DELAUME.
16. Cf. 1. FADLALLAH, « La famille légitime... )), op. cit., p. 296.
17. Cf. « Les conflits de lois en matière de filiation )), collogue de Strasbourg, Paris,
1973.
18. Cf. la loi néerlandaise du 25 mars 1981 qui permet aux parties d'exercer une option
entre leur Joi nationale commune et la /ex fori néerlandaise: in R.C.D.I.P., 1981, p. 809;
et observations de R. VAN ROOIJ.
19. Cf. les résolutions de l'Institut de droit International et de l'Union international
du notariat latin, in Ann. Jnst. Dr. Inter., 1967, tome 1, p. 528 et ss ; tome II, p. 464 et ss,
avec le rapport de R. MONACO ; Cf. également, l'article 88, alinéa 2, du projet suisse.
- 42 -
20. Cf. VON OVERBECK, «Cours général ... », op. cit., p. 81 et ss.
Cet auteur, après avoir énoncé que : « Le procédé le plus connu pour atteindre un cer-
tain résultat, c'est de prévoir alternativement plusieurs lois désignées par des critères objec-
tifs ... », (n° 177), ajoute, plus loin, que : « La tendance actuelle va vers une extension de
l'autonomie en tout cas à des matières qui présentent à la fois un caractère patrimonial et
familial, tels les régimes matrimoniaux et les successions )>, (p. 88, n° 194). Et, il conclut :
« Ces solutions ont les inconvénients que nous avons relatés à propos des cas où le juge doit
appliquer la loi la plus favorable ... le plaideur qui doit se décider pour la loi sur laquelle il
veut fonder son action peut se trouver dans un dilemme redoutable... », (p.90).
S'il faut appliquer la loi la plus favorable, n'est-ce pas que les rattachements sont
alternatifs ·7
21. Cf. PATOCCHI, «Règles de rattachement... »,op. cil., p. 306 et ss, n° 617 et ss.
Cet auteur remarque. en effet. que : «Lorsque la règle de rattachement permet aux par-
ties ou à l'une d'entre elles de choisir la loi applicable, la loi choisie est réputée être la plus
favorable aux yeux des inléressés », (n° 617).
Dès lors la remarque faite à la note précédente se justifie ici, également.
22. En effet, le plus souvent l'auteur de la norme ne dit pas à qui appartient d'effectuer
le choix de la loi la plus favorable. Et, dès lors, la question peut se poser de savoir à qui appar-
tient le choix. Mais, même dans les cas où le choix appartient aux parties, la question peut
se poser de savoir si le juge peut modifier le choix effectué par les intéressés.
Ces questions ont été débattues par la doctrine française : Cf. BATIFFOL et LAGARDE,
<<L'improvisation ... », op. dt., SIMON-DEPITRE et J. FOYER, « Le nouveau droit inter-
national privé de la filiation)) op. cil., n° 57 et ss.
Et notamment, J. FOYER, << Problèmes de conflits de lois en matière de filiation », op.
cil., spéc. notes 112 et 113.
Cet auteur remarque que : «Selon une des interprétations possibles des articles 311-16,
alinéa 1, et 311-17, c'est le juge qui choisit la loi qui valide la légititnation ou la reconnais-
sance... », (note 112), et il ajoute, à propos des articles 311-16, alinéa 2, et 311-18 que:
« ... c'est à celui qui demande la légitimation par autorité de justice ou des subsides d'opérer
le choix... on s'en tient à la lettre de l'article 311-18 sans discuter de sa conformilé - par
ailleurs fort douteuse - avec la Convention de La Haye du 2 octobre 1973 qui donne compé-
tence à la loi du créancier d'alilnents sans choix possible, mais avec un rattachement en
cascade».
23. Cf. VON OVERBECK,« Cours général. .. », op. cit., p. 84, n° 186.
24. Cf. PATOCCHI, «Règles de rattachement. .. )>,op. cit., p. 252, n° 514, qui déclare :
« Dans une troisième hypothèse, en revanche, la règle de rattachement retient les lois poten-
tiellement applicables dans un ordre établi par des critères de rattachement disposés hiérarchi-
quement selon leur valeur localisatrice ... )>.
25. Cf. VON OVERBECK, foc. cil., qui se réfère expréssement à l'échelle de KEOEL
pour bien marquer la différence entre ce qu'il appelle« rattachement subsidiaire en fonction
du résultat», et le « système des rattachements subsidiaires )>.
28. Cf. par exemple, in Rep. Dr. !ni. J, p. 484, n° 188 qui définit, ainsi, les règles de
conflit alternatives : « La règle de conflit est alternative lorsqu'elle prescrit de ne prendre en
considération un rattachement qu'à défaut, en l'espèce, d'un autre. Elle établit, en somme,
dans ce cas, une hiérarchie de.s rattacheinents ». (C'est nous qui soulignons la dernière
proposition).
- 43 -
29. Sur toutes ces question, analysées au point de vue logique, Cf. QUINE, W.,« Métho-
des de logique», Paris, Armand COLIN, 1973, p. 20 et 21, notamment.
30. L'appartenance de ce type de règles à la catégorie des règles à rattachements alter-
natifs sera étudiée de manière un peu plus détaillée infra n° 75 et ss.
31. Cf. sur ce sujet entre autre : HEBRAUD, « De la corrélation entre la loi applicable
au fond du litige et la loi du juge chargé d'en conn<Ûtre », R.C.D.I.P., 1968; P. MAYER,
« L'office du juge dans le règlement des conflits de lois », in Trav. Corn. Fr. Dr. Jnt. Priv.,
1975-1977, p. 233 ; ibidem, « Réactions de la doctrine à la création du droit par les juges »,
in Travaux de /'Association H. Capitan!, 1980, p. 31.
32. Cf. sur ce sujet, notamment, VON OVERBECK,« Cours général ... )), op. cit., p. 55,
n° 101 et ss. Pour une illustration d'application d'office de la règle de conflît par la jurispru-
dence française, Cf. cass. Civ.I, 25 novembre 1986, G.P. 3.4 juillet 1987 p. 12, note Jacques
MASSIP ; et pour l'application d'office de la loi étrangère Cf. CIV.I, 25 mai 1987 GP 16-18
août 1987, Panor.p. 198.
33. Cf. par exemple, en ce qui concerne l'application des règles alternatives du Code
civil français, le jugement rendu par 1eT.G.I. de Paris, 30 avril 1985, R.C.D.I.P., 1986, p. 313,
note Y. LEQUETTE.
34. Cf. par exemple, Paul LAGARDE,« Destinées de l'arrêt Riyière )), C/unet, 1971,
p. 239 et SS.
35. Cf. SUTTON, « Les articles 311-14 et suivants du Code civil à l'épreuve de la juris-
prudence du Tribunal de grande instance de Paris », Trav. Corn. Fr. Dr. !nt. Privé, 1984,
compte rendu de Gèrard PLuYEITE, R.C.D.I.P., 1985, p. 223 et ss.
36. Cf. T.G.I. de ·Paris, 30 avril 1985, précité, R.C.D.I.P., 1986, p. 313, note Y.
LEQUETIE.
37. Cf. Jacques FOYER,« Problèmes de conflits de lois en matière de filiation», op.
cit., p. 111, note 183, in fine.
38. Cf. LEQUETTE, note précitée, p. 317.
39. Cf. notamment, Jacques FOYER, <<Requiem pour le renvoi 1 », in. Trav. Corn.
Fr. Dr. !nt. Privé, 1980-1981, p. 105.
40. Cf. SUITON, «Les articles 311-14 et suivants ... », op. cit., compte rendu, pré-
cité, p. 224, et les décisions citées, supra, note 13.
41. Sur la notion et la fonction du (( précédent >>dans les différents systèmes, Cf. notam-
ment : le compte rendu des 5c journées juridiques franco-allemandes au Bulletin de la Société
de Législation comparée, Rev. Int. Dr. Com. 1984, p. 839.
42. Cf. B. AUDIT,« Le caractère fonctionnel de la règle de conflit», op. cil., p. 266
et ss ; adde, KNOEPFLER, « Le droit international privé : froideur mécanique ou justice
casuistique », op. cil.
43. Cf. D. MAYER, « L'évolution ... »,op. cit., ; P. LAGARDE, (( Destinées de l'arrêt
Rivière», op. cil.
44. Cf. Cass., 5 déc.1949,R.C.D.I.P., 1950, P. 165, noteMOTULSKY; Clunet, 1950,
p. 180, note GOLDMAN; J.C.P., 1950, Il, 5287, note DEIAUME.
45. Cf. Paris, 29 juin 1963, R.C.D.I.P., 1964, p. 322, note GRAULICH.
46. Cf. Jacques FOYER, Filiation illégitime et changement de loi applicable, Paris, Dal-
loz, 1964.
47. Cf. P. MAYER, (( Le mouvement des idées dans Je droit des conflits de lois », op.
cil. ; Ph. FRANCESCAKIS, (( Une extension discutable de la jurisprudence Rivière : l'appli-
cation de la loi du domicile commun à la filiation légitime », Clunet, 1956, p. 254.
- 44 -
48. Cf. P. MAYER, « Les réactions de la doctrine à la création du droit par le juge )),
op. cil. ; adde, VON OVERBECK, « Sorne observations on the judge under the swiss civil
Code », Louisiana law review, 1977, p. 692 ; MALA URIE, « Les réactions de la doctrine
à la création du droit par les juges», Rep. Defrenois, 1980. 1. 861.
49. Cf. SIMON-DEPITRE et Jacques FOYER, op. cit., n° 94, notamment.
50. Cf. J.-.P LABORDE,« La pluralité ... », op. cil., p. 278 et ss.
51. Ibidem, n° 445, p. 283.
52. Ibidem, p. 284.
53. Cf. BATIFFOL et IAGARDE, (< L'improvisation ... », op. cil. ; Droit Internatio-
nal Privé, II, n° 468 ; LOUSSOUARN et BOUREL, Droit International privé, n° 233.
54. Cf. les commentaires de J. FOYER, « Problèmes de conflits de lois ... », op. cil.,
p. 111, note 183, et les observations de Y. LEQUETTE, /oc. cil.
55. Cf. Paris, 11 mai 1976, R.C.D.l.P., 1977, p. 109.
56. Cf. Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois ... , op. cil., p. 107, note n° 112 ;
adde, note n° 113.
57. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement ... , op. cil., p. 40.
58. Cf. LEWALD, Règles générales des conflits de lois, op. cit., p. 32.
59. Cf. J.-P. LABORDE, La pluralité du point de rattachement ... , op. cil., p. 225,
n° 326.
60. Cf. Cass. civ. 10 décembre 1974, PIERUCCI, RCDIP 1975,p. 474, noteA.P., Clu-
net 1975, p. 542, note KAHN.
61. Sur les apports de cet arrêt, cf. notamment: F. RIGAUX, «La regle applicable
à la forme des actes )), in Mélanges Schnitzer, op. cil., p. 384 et ss ; PATOCCHI, Règles de
rattachement... , op. cit., p. 29 et ss, n° 44 et ss; spéc. p. 30, n° 45 et ss.
62. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement ... , op. dt., p. 40.
63. Il faut, peut-être, remarquer que bien qu'il soit indiqué que l'option appartient« aux
deux parties )), cela ne signifie, nullement, que la solution n'est pas valable pour les rapports
juridiques faisant intervenir plus de deux personnes. Il s'agit, seulement, d'une formule adoptée
pour les besoins de l'exposé.
64. Cf. notamment : RCDIP 1964, p. 513 et ss, note LAUSSOUARN, Clunet 1963,
p. 1004, note GOLDMAN.
65. Cf. notamment: RCDIP 1975, p. 474, noteA.P., Clunet 1975, p. 542, note KAHN.
66. C'est la formule de l'arrêt Chaplîn.
67. L'on remarquera que, contrairement à cet attendu la Cour de Paris n'avait nulle-
ment, dit que ces décrets étaient applicables en l'esptce. Sur ce sujet cf. notamment la note
du doyen GOLDMAN.
68. Cf. F. RIGAUX, La loi applicable à la forme des actes ... , op. cil., p. 391, n° 20.
69. Cf. Jacques FOYER, Probl~mes de conflits de lois ... , op. cit., p. 107, note n° 113.
70. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, L'improvisation ... , op. cit., p. 25.
71. En ce sens, CANSACCHI, See/ta ed adattamento ... , op. cil., p. 178. Cet auteur
relève, en effet, que le juge ne choisit pas, dans cette hypothèse, la loi applicable sur la base
d'un crittre objectif, indépendant de la volonté des parties.
72. Cf. SIMON-DEPITRE et FOYER, Le nouveau droit international privé... , op. cit.,
n ° 57 et la note.
73. SOLUS et PERROT, Droit judiciaire privé, 1.
74. Sur la réponse à cette interrogation, cf. par exemple, PATOCCHI, Règles de ratta-
chement... , op.cil., p. 307-308, n° 620 à 622.
- 45 -
75. Sur cette question cf. notamment: SIMON-DEPITRE et FOYER, op. cit., supra
note n° 76, n° 56 et 64 ; BATTIFOL et LAGARDE, L'improvisation ... , op. cil., p. 25 et ss.
76. Cf. PATOCCHI, Règles de rattachement ... , op. cit., p. 307, n° 621 ; BATIFFOL
et LAGARDE, L'improvisation ... , op. cil., p. 25 et ss.
77. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement ... , op. cit., p. 40 ; adde, VON
OVERBECK, Cours général.. ., op. cil., p. 87, n° 194; PATOCCHI, Règles de rattache-
ment... , op. cil., p. 306, n° 617 et ss.
78. Rapprocher l'opinion ici émise de celle exprimée par H. GAUDEMET·TALLON,
« Le nouveau droit international privé européen des contrats », Rev. Trim. Dr. Européen,
1981, p. 246, n° 48.
79. Il faut, toutefois remarquer que dans l'affaire PIERUCCI, La Cour de cassation
s'est bornée à constater l'absence de choix par les parties de la règle applicable à la forme
pour conclure à la nullité du contrat. C'est dire que l'option est obligatoire, mais que le juge
peut faire application d'une règle subsidiaire, à défaut d'option.
80. Cf. en ce sens, BATIFFOL et LAGARDE, L 'irnprovisation ... , op. cit., p. 26 ; adde,
PATOCCHI, Règles de rattachement ... , op. cit., P. 307-308, n° 621.
81. Cf. VON OVERBECK, Cours général ... , op. cit., p. 90, n° 197.
82. Ibidem,
83. Cf. H. BATIFFOL, «Le pluralisme des méthodes en droit international privé»,
R.C.A.D.I. 1973, p. 92 et ss, notamment.
84. Cf. CANSACCHI, « Choix et adaptation ... )) op. cit, p. 103 et ss.
85. Cf. H. BATIFFOL, ibidem, loc-cit.
86. Cf. CANSACCHI, << Choix et adaption ... )), op. cités. Cette idée qui reJoint la théo-
rie des« fa/se conflicts )>, developpée par la doctrine américaine a été mise en relief par JES-
SURUN D'OLIVEIRA dans sa recherche consacrée à « La règle d'antichoix )) (De ANTI-
KIESREGEL )>, op. cit
87. Cité par E. VITTA, << Diritto internaziona/e privato >), J, p. 287, note 60.
88. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, <( L'improvisation des nouvelles règles de conflits
de lois en matière de filiation)), R.C.D.I.P. 1972 p. 1 et ss; adde PATOCCHI, «règles de
rattachement. .. )) op. cil. p. 314 et ss; n° 637 et ss.
89. Cf JESSURUN D'OLIVEIRA, <<De Antikiesregef », DEVENHER, 1971, spécia-
lement le resumé en français, p. 460 et ss.
90. ibidem, p. 464, notamment.
91. Cf. E. VIITA, « Dirito înternazionale privato », 1. P. 289 ; PATOCCHI, « règles
de rattachement ... » ibidem.
92. Cf. En ce sens, CANSACCHI, « Choix et adaptation... »,op. cil. p. 101 ; ibidem,
« SCELTA ed addatamento ... »,op. cit. p. 176, note 1 ; J.-P. LABORDE, «la pluralité du
point de rattachement ... », op. cil. op. 149 et ss, n° 202 et ss; p. 215 et ss, n ° 308 et ss;
93. Sur le système cumulatif, cf. notamment CANSACCHI, «Choix et adaptation ... »,
op. cit. p. 105, note 2; F. RIGAUX, «Droit international privé», tome I, 1977, p. 246,
n° 293.
94. C'est Jà une conséquence de la disjonction des rattachements alternatifs. Ainsi, le
professeur Paul LAGARDE fait remarquer que : «Pour privilégier un certain résultat, le légis-
lateur décide que si ce résultat peut être obtenu par l'une ou l'autre des lois qu'il déclare afler-
nativement applicables, c'est cette loi qui sera appliquée ». in« Le principe de proxilnité dans
le droit international privé contemporain », R.C.A.D.I. 1986, I, p. 56, n° 41.
95. Pour quelques illustrations dans les codifications récentes du droit international privé
cf. notamment, le cas de la République fédérale d'Allemagne, dont la<' toi portant réforme
du droit international privé» a été publiée à la R.C.D.l.P. 1987 .I.p. 179 et ss, avec les com-
mentaires de MM. H.-J. SONNENBERGER (p. 1 et ss.), F. STURM (p. 33 et ss.) etJ. BASE-
DOW (p. 77 et ss.).
- 46 -
Le projet suisse a été adopté et son entrée en vigueur est prévue, en principe, pour le
1er janvier 1989. La nouvelle loi fédérale suisse sur le droit international privé a été publiée
à la R. C.D.I.P. 1988, p. 409 et ss., avec les commentaires de MM. KNOEPFLER (p. 207 et
ss.); von OVERBECK (p. 237 et ss.) et STOJANOVIC (p. 261 et ss.).
Pour la commodité de l'exposé nous nous sommes parfois référé au texte du projet qui
adopte une numérotation des articles différente de celle de la loi nouvelle.
M. SONNENBERGER remarque, en effet que« ... les rattachements alternatifs seront
plus répandus que dans le droit antérieur, parce que le législateur a voulu favoriser plus sou~
vent la naissance ou le maintien d'un lien de droit. Depuis longtemps admis pour la fonne
des actes juridiques et des testaments, le« Günstigkeitsprinzip »et par conséquent les ratta-
chements alternatifs se trouvent maintenant aussi dans le droit de la famille comme le témoi-
gnent l'article 13, alinéa 2 EGBGB (nouv.) concernant les conditions personnelles des fiancés
pour la célébraton du mariage, l'article 19, alinéa l~r sur la légitimité de l'enfant et l'article
20, alinéa l~r sur l'établissement de la paternité naturelle... »(p. 15-16, n° 3).
Cf. également la« Loi sur les questions internationales de filiation paternelle "promul-
guée en Suède le 30 mai 1985. (R.C.D.l.P. 1987.1.p. 198 et ss, note L. Paisson). Cf. encore
les « Principes généraux du Code civil de la République Populaire de Chine », adoptés Je 12
avril 1986 (R.C.D.I.P. 1987, p. 465 et ss), notamment l'art. 146 et la note de Danhan HUANG ;
les dispositions de droit international privé introduites dans le Code civil du PARAGUAY
par la loi du 23 décembre 1985 (R.C.D.l.P. 1987. p. 469 et ss}.
96. Cf. cet exemple, in BATIFFOL et LAGARDE,« L'improvisation... »op. cit: le
problème se posera dans les mêmes terme en application de l'article 2083 du nouveau Code
civil du Pérou, dont les termes sont les suivants : <<La filiation légitime est sou1nise à Io loi
la plus favorable à la légitimité, d'entre celle de la célébration du mariage ou celle du domicile
conjugal à l'époque de la naissance de l'enfant ».
97. Pour un exemple.. relativement récent, cf. T .G.I. Paris, 30 avril 1985, RCDIP 1986
p. 313, note Y. Lequette. Ce jugement relève, en effet, que:« ... si le mariage de Christian
G ... de nationalité française, avec la mère peut certes emporter légitimation conformément
à l'article 311-16, L'application de l'article 318 qui pourrait en résulter est toutefois exclue,
vu Io déchéance encourue résultant de l'expiration du délai de six mois de mariage ... )) (p. 315).
98. Cette question avait été soulevée par la juridisprudence belge et elle avait suscité
une controverse doctrinale. Ainsi, M. Jacques FOYER considérait que la question n'avait
aucune portée pratique car, disait-il, elle péchait par trop de subtilité (Cf. Jacques FOYER,
« La filiation illégitime et changement de loi applicable )), Paris, Dalloz 1966, notamment
p. 116, n° 166).
99. Sur la problématique de l'adéquation du droit au fait, Cf. notamment, MOTULSKY,
«Principes d'une réalisation méthodique du droit privé (la théorie des éléments générateurs
des droits subjectifs) »;Paris, 1948; Atias et Linotte, « Le mythe de l'adaptation du droit
au fait», D. 1977, Chr. XXXIV. p. 251 et ss; M-L. NIBOYET·HOEGY, «L'action en jus-
tice dans les rapports internationaux de droit privé)), Paris, Economica 1986, spéc. p. 49 et
ss; n° 103 et SS.
100. Sur les techniques de choix de la loi applicable et le rôle de la localisation Cf. notam-
ment : David KELLY,« norme localizzanti e scelta della legge applicabile », Diritlo Interna-
zionale, 1970 p. 177 etss; P. GRAULICH, «La signification actuelle de la règle de conflit »,
op. cil, ; P-M PATOCCHI, « Règles de rattachement. .. » « op. cit ; P. LAGARDE, <{ Le pn"n-
cipe de proximité dans le droit international privé contemporain », op. cil.
- 47 -
CHAPITRE DEUXIÈME
La finalité matérielle
Section I
41. - Les objectifs du droit international privé47, sont en train de subir une
révision profonde, à l'heure actue1Je4R.
La <<jurisprudence des intérêts » a pénétré en profondeur le droit inter-
national privé moderne49, imposant une appréciation matérielle des intérêts en
jeu, pour atteindre la solution la plus satisfaisante au cas concret que la règle
de conflit est appelée à régirso.
L'idée selon laquelle le droit, en général, et le droit international privé
en particulier, ne peut pas ignorer les objectifs et valeurs économiques, socia-
les et politiques dont le droit substantiel est porteur a été, aujourd'hui, consa-
crée aussi bien par le droit conventionnel que par les droits nationauxs1.
Aussi, les rattachements alternatifs jouent-ils un rôle important, en tant
qu'instruments de protection : d'une part, ils jouent le rôle d'instrument de
protection des faibles (1) ; d'autre part, ils jouent le rôle d'instruments de pro-
tection des personnes de bonne foi, lors de la réalisation_ d'un acte juridique,
qui s'avère annulable, après coup (II).
- 54 -
42. - Les domaines dans lesquels des rattachements alternatifs ont été pré-
vus, ou se sont développés est très vaste.
En tant qu'instrument de protection des faibles, l'on peut distinguer, essen-
tiellement, deux matières qui constituent le domaine d'élection des rattache-
ments alternatifs : le droit de la famille (a) et le droit des obligations (b).
43. - Si le droit est l'écran où l'on peut voir se dérouler les grandes transfor-
mations sociales, le droit de la famille illustre parfaitement les transformations
sociologiques survenues dans les sociétés contemporainess2.
Parmi les matières qui relèvent du droit de la famille, le droit de la filia-
tion et celui de l'obligation alimentaire sont, sans contestation possible, les
domaines privilégiés des rattachements alternatifs5J 54.
Un auteur explique ce phénomène par le fait que : « On a appelé notre
siècle, le siècle de l'enfance »55.
La grande majorité des législations actuelles, aussi bien nationales que con-
ventionnelles ont opéré une transformation importante du rattachement : par-
fois la nationalité est remplacée par la résidence habituelle, comme élément
de rattachement permettant l'application de la loi la plus appropriée par le lien
le plus étroit56. D'autres fois, et le plus souvent, les législateurs ont adopté des
rattachements alternatifs pour crééer des situations plus favorables à
l'enfant57.
Aussi, en matière de filiation, c'est, souvent, un changement survenu dans
le droit matériel qui est à la base de l'évolution des règles de droit internatio-
nal privéss.
La reconnaissance et la légitimation des enfants naturels sont les matières
les plus touchées par ces transformations du droit59.
En effet, il est des cas où l'enfant a tout intérêt à détruire un lien pure-
ment formel, pour rétablir, avec une autre personne, un lien plus effectif, répon-
dant mieux à la vérité biologique6o. Les rattachements alternatifs sont, le plus
souvent, les instruments de cette politique.
Ainsi, la reconnaissance d'un enfant naturel est soumise à des rattache-
ments alternatifs aussi bien en France (art. 311-17) qu'en R.F.A. (Loi de 1986),
en Italie (art. 26), en Hongrie (§42 du Dec. Loi n° 13/1979)".
L'application de cette technique en la matière a été envisagée par certains
projets de codification du droit international privé, tels que : la loi fédérale
suisse (art. 72), le projet de code brésilien sur l'application des normes juridi-
ques de 1970 (art. 41), les projets de loi uniforme sur le droit international
privé du Benelux (art. 5), le projet français complétant le Code civil en matière
de droit international privé (art. 2298).
De même, la solution préconisée par l'article 311-16 du Code civil fran-
çais pour régler le conflit de lois en matière de légitimation, a été également
adoptée par d'autres législations ou projets62.
- 55 -
44. - Les rattachements alternatifs ont été utilisés comme instrument de pro-
tection des faibles aussi bien dans le domaine des obligations volontaires6B que
dans celui des actes illicites69.
47. - Il a, déjà, été démontré que des rattachements alternatifs sont utilisés,
de longue date, par certains systèmes de droit, pour régir la responsabilité
délictuelle94,
En effet, l'idée selon laquelle la victime d'un délit peut choisir entre les
différentes concrétisations des rattachements prévus par la règle de droit inter-
national privé est, aujourd'hui, admise par des codifications étatiques95 et
inter-étatiques96.
Ainsi, en matière de responsabilité du fait des véhicules la faveur à la vic-
time exprimée, en droit interne français par la loi du 5 juillet 198597, se retrou-
vait déjà, en droit international privé, dans l'article 9 de la Convention de la
Haye du 4 mai 1971.
Ce texte dispose, en effet : « Les personnes lésées ont le droi[ d'agir direc-
tement contre l'assureur du responsable, si un tel droit leur est reconnu par
la loi applicable en vertu des articles 3, 4 ou 5. Si la loi de l'Etat d'immatricu-
lation applicable en vertu des articles 4 ou 5 ne connait pas ce droit, il peut
néanmoins être exercé s'il est admis par la loi du contrat d'assurance98.
Le souci de protéger ou de favoriser la ou les victimes est patent99. La
hiérarchie des rattachements conduit à l'application de la loi qui, dans un éven-
tail qui comprend la tex loci delicti, la loi de l'immatriculation ou la loi du
contrat d'assurance, permet l'obtention du résultat escompté.
Une telle solution montre bien que, ni la tex loci delicti, ni la « proper
law of the tort >>100 ne sont aptes, à elles seules, à apporter une réponse con-
venable au besoin de justice exprimé par les victimes d'accidents de la circula-
tion routière.
La justice formelle, propre au droit international privé classique, cède le
pas aux exigences de justice matérielle qui se développe avec ]'avènement de
la nouvelle société industrielle, à la fois plus technicienne et plus libéraJe101.
Cette tendance est, en effet, confirmée par le texte de la convention de
la Haye sur la loi applicable à la responsabilité du fait des produits.
Dans son article 6 cette convention dispose : « Quant aucune des lois dési-
gnées aux articles 4 et 5 ne s'applique, la loi applicable est la loi interne de
l'Etat du principal établissement de la personne dont la responsabilité est invo-
quée à moins que le demandeur ne se fonde sur la loi interne de l'Etat sur le
territoire duquel le fait dommageable s'est produit ».
Commentant ce texte, le doyen Loussouarn a pu écrire : « Ce texte répond
à la nécessité de découvrir une solution de conflit de lois dans les cas où n'existe
aucun des groupements de points de contact prévus par les articles 4 et 5. Les
partisans de la loi la plus favorable à la victime ont alors obtenu une satisfac-
tion partielle ... Dans ce cas une option est donc ouverte à la victime ... Et cette
option sera tout naturellement exercée en faveur de celle des deux lois qui est
la plus favorable à la victime »102.
La loi suisse, dans son souci de réglementer dans le détail, prévoit des rat-
tachements alternatifs pour régir le cas particulier de la pollution
transfrontièreI03.
- 59 -
Mais cette avancée législative de la loi suisse, si elle reste isolée, posera
des problèmes d'application104.
La confirmation semble donc, être faite que les rattachemen[s alternatifs
sont des instruments mis au service de la protection d'une partie qui, dans le
rapport de droit, est supposée être la plus faible.
Qu'il s'agisse du droit étatique ou du droit inter-étatique ; qu'il s'agisse
de réglementer des matières relevant du droit de la famille ou des matières qui
relèvent du droit des obligations, les rattachements alternatifs se révèlent l'ins-
trument dont se sert, le plus souvent, le droit privé pour rétablir l'équilibre
entre des parties dont l'intérêt ou la puissance sont présumés inégaux.
48. - L'expression« protection des faibles» avait été utilisée il y a un cer-
tain nombre d'années déjà par KNAPP105. L'idée a fair son chemin et le pro-
jet suisse sur le droit international privé la reprend explicitement106.
La référence faite, par certaines législations nationales et conventionnel-
les, aux« dispositions impératives», et le choix, laissé au travailleur, de la
loi qui lui est plus favorable ne peuvent s'expliquer que parce que ce dernier
est supposé être en position de faiblesse par rapport à son employeur.
De même, la protection du consommateur ne peut s'expliquer que parce
que ses cocontractants sont supposés être plus forts que lui.
Le souci de protéger la partie faible par l'édiction de rattachements alter-
natifs ne doit pas escamoter des problèmes plus graves et plus profonds.
Ainsi, M Giardina se demande si la loi de la partie la plus faible est, effec-
tivement, plus favorable que celle de la partie économiquement la plus forte101.
Mais, c'est surtout sur le plan du degré même de la protection que le pro-
blème se pose avec le plus d'acuité car la tendance actuelle est à l'utilisation
de conventions applicables même à des ressortissants des Etats tiersios.
Toutes ces difficultés seront analysées plus loin. Il s'agit, seulement, pour
le moment de dégager la signification de la disjonction des rattachements alter-
natifs pour mieux en cerner la notion.
Aussi, l'on peut, dans une conclusion provisoire, constater que la règle
à rattachements alternatifs contient une pluralité de rattachements disjoints
dans un but de protection des faibles.
Mais ainsi qu'il a été dit plus haut, les rattachements alternatifs ne ser-
vent pas seulement d'instruments de protection des faibles. Il sont aussi, sou-
vent, utilisés comme instruments de protection des contractants de bonne foi.
C'est ce dernier aspect qu'il convient d'illustrer, dès à présent.
d'une autre loi, que les parties ont choisie, mais à laquelle le tiers ne pouvait
pas légitimement se référer.
Qu'il s'agisse de la capacité de contracter, en général, ou de l'étendue des
engagements qu'on peut contracter, en vertu du régime matrimonial, l'adop-
tion de rattachements alternatifs permet de protéger le tiers ayant contracté
de bonne foi, soit avec un incapable, soit avec une personne qui n'avait pas
le pouvoir de s'engager comme elle l'a faitllJ.
Aussi, pour affiner la conclusion provisoire que nous avons tirée plus haut,
nous pourrions dire maintenant, que la règle à rattachements alternatifs con-
tient une pluralité de rattachements disjoints dans un but de protection des
faibles et des cocontractants de bonne foi.
Mais une telle définition se révèJe inadaptée, car partielle. En effet, les
rattachements alternatifs sont, aussi, des instruments de protection du com-
merce juridique international.
C'est ce dernier rôle des rattachements alternatifs qu'il convient d'illustrer.
51. - S'agissant de la forme des actes juridiques, l'on sait comment la règle
locus regit actum, pendant longtemps considérée comme un rattachement de
principe en matière d'actes, est devenue, peu à peu, une règle facultative114.
L'évolution de la jurisprudence a été commandée par un double souci :
d'une part, réduire les cas de << dépeçage >>115, d'autre part, promouvoir le
favor negotii ou favor validitatisll6.
Aussi, la solution de l'arrêt Chaplin ne reste pas isolée. A l'heure actuelle,
dans presque toutes les législations nationales, le concours entre la !ex loci actus
et la loi d'autonomie ou la loi qui régit la substance de l'acte peut être constaté
dans les législations allemandes (art. EGBGB), tchèque (art. 4 de la Loi de 1963),
polonaise (art.12 de la Loi de 1965), italienne (art. 26 disp. preli. C. civ.), por-
- 62 -
Mais la forme des actes juridiques n'est pas Je seul domaine où les ratta-
chements alternatifs sont édictés dans ce but.
L'analyse du régime juridique des situations acquises à l'étranger nous
permettra de confirmer ce fait.
in selecting the local law rule applicable to this issue, the forum will usually
apply this rule ».
Une disposition de ce genre rapproche la doctrine de la reconnaissance
des situations acquises à l'étranger, de la théorie générale du renvoil33_ Mais,
une telle disposition ne règle pas le cas où la situation de fait est conforme
au droit d'un seul des pays avec lesquels elle avait des lienst34,
Aussi, la doctrine française a essayé de prendre en considération ce fait,
pour énoncer les principes sur lesquels le juge doit se fonder pour reconnaître
ou non les situations acquises à l'étrangert35.
Selon M. Jacques Foyer, l'un des avant-projets français comportait une
disposition, ainsi libellée :
<<Toute situation juridique née dans un Etat étranger conformément à
la loi de cet Etat, alors qu'elle ne présentait aucun lien avec la France est recon-
nue en France même si elle a été acquise contrairement aux règles françaises
de droit international privé ».
Cette disposition n'a, toutefois, pas été adoptéel36.
Sous l'influence du professeur Ferrer-CorreiaI37 le législateur portugais
a adopté cette idée dans l'article 31 du Code civil, dont la teneur est la suivante :
<< La loi personnelle de l'individu est celle de sa nationalité ».
<< Sont néanmoins valables au Portugal des actes juridiques passés dans
les pays de la résidence habituelle conformément à la loi de ce pays, si celle-ci
se considère compétente ».
Il convient de remarquer que selon M. Ferrer-Correia ce texte peut s'appli-
quer à tout acte juridique passé en conformité avec la loi désignée par le droit
international privé de l'Etat national, même en dehors des cas de renvoi con-
sacrés par le Code civil portugais, alors que le chapitre dans lequel il s'insère
n'est relatif qu'au statut personnelI38.
Ce même auteur justifie l'adoption d'une telle règle par le fait suivant :
<< ... Ce qui importe est de prendre en considération diverses options quant
au problème de la loi applicable aux situations juridiques en question ; c'est
d'opter ici pour un système de rattachement multiple alternatif, l'alternative
étant résolue en faveur de celle des lois ainsi désignées sous l'empire de laquelle
des faits entrainant naissance ou extinction du rapport de droit se sont vala-
blement réalisés ... L'alternative ne devrait se résoudre enfaveur de la loi indi-
quée par la norme complémentaire qu'au cas où il résulterait de cette loi la
validité ou l'efficacité ... de l'acte en cause ... »139.
La législation portugaise relative à la reconnaissance des situations acqui-
ses à l'étranger, même si elle semble la plus libérale au regard des codifica-
tions récentes, n'est pas exceptionnelle.
En effet, M. Von Overbeck fait remarquer que la<< clause d'exception»
du projet suisse devrait permettre la reconnaissance de beaucoup de situations
acquises à l'étrangert~o.
Ce même auteur, remarque, en outre, que par la voie de la réglementa-
tion des questions particulières par l'édiction de règles spéciales, le projet suisse
aboutit au même résultat que celui auquel conduit le système portugaisI41.
- 65 -
lents. Laquelle des lois indiquées faut-il préférer ? D'ailleurs est-il certain que
dans les règles alternatives les rattachements sont hiérarchisés ? Peut-on éta-
blir une hiérarchie entre les rattachements de l'article 311-18 du Code civil fran-
çais ou entre ceux de l'article premier de la Conven[ion de la Haye sur la forme
des dispositions testamentaires ?t4s
L'énoncé de ces questions suffit à percevoir toute la complexité de la struc-
ture du système alternatif. En effet, le degré se substantialité de la règle est
étroitement lié à sa structure. C'est ce qu'on cherchera à démontrer dans une
seconde section.
- 67 -
Section II
55. - Dire que la règle à rattachements alternatifs est une règle de protection
ne suffit pas pour expliquer la complexité de sa structure. C'est que la subs-
tantialité de la norme est fonction du type de structure dont elle est dotée.
Aussi, l'on cherchera à démontrer dans un premier paragraphe que le degré
de substantialité de la règle dépend de sa structure externe (§1). Mais ce pre-
mier constat n'épuisera pas la question car, le degré de substantialité dépend
également de la position des rattachements ainsi qu'il sera démontré dans un
deuxième paragraphe (§2). Enfin, un troisième paragraphe nous permettra de
constater que le degré de substantialité dépend, aussi, du degré de localisation
des rattachements utilisés (§3).
57. - Les liens qui unissent l'unilatéralisme aux règles de rattachement à carac-
tère substantiel, en général, et aux règles à rattachements alternatifs, en parti-
culier, ne semblent plus être à démontrerl46.
Le phénomène est connu de longue date. Ainsi, Lewald citait comme exem-
ple de règle unilatérale à rattachements alternatifs, l'article 8 de la loi d'intro-
duction au Code civil allemand, dont la teneur était la suivante : « Un étran-
ger peut être interdit en Allemagne, conformément aux lois allemandes, s'il
- 68 -
des instruments mis au service d'une politique législative de droit matériel, con-
formément aux objectifs du droit du for.
Or, les règles unilatérales, ce sont des dispositions qui apportent aux règles
de conflit bilatérales une exception, qui doit être accomplie de manière exclu-
sivement unilatérale.
Si l'on conjugue la structure alternative de la règle et sa structure unilaté-
rale, l'on est conduit à conclure, que la règle unilatérale à rattachements alter-
natifs est, généralement, édictée dans un but de protection renforcée, dans la
mesure où l'auteur de la règle ne se borne pas à délimiter le domaine d'appli-
cation de celle-ci dans l'espace, mais qu'il élargît ce même domaine d'applica-
tion, soit en multipliant les rattachements pour ne laisser qu'une place réduite
à l'intervention d'une loi étrangère, soit en y ajoutant une règle de confli[
d'autorités.
La règle de l'article 16 de la loi du 18 juin 1966, sur l'affrètement mari-
time correspond au premier cas et la règle de l'article 3, §3, de la loi belge du
9 juillet 1975, relative au contrôle des entreprises d'assurance, correspond au
second cas.
Dans un cas comme dans l'autre, on retrouve cette volonté de protection
renforcéeI56, Et cette volonté de protection se traduit par la volonté d'élargir
le domaine d'application de la loi du for. Voilà le fondement de l'édiction de
règles unilatérales à rattachements alternatifs.
Cet aspect de la question avait déjà été entrevu par Lewald qui, commen-
tant l'article 8 de la loi d'introduction au Code civil allemand, remarquait que :
<< ••• C'est le désir d'élargir le champ d'application de la loi interne, c'es[ le
favor legis domesticae, qui se trouve à la base d'une disposition semblable de
droit international privé »157.
S'agissant de l'article 16 de la loi du 18 juin 1966, sur l'affrètement, dont
on a relevé que l'adoption d'un rattachement unilatéral alternatif est due au
désir de faire bénéficier les entreprises françaises, des dispositions subtantiel-
les particulièrement protectrices du droit françaist5s, le professeur Pierre
Mayer remarque que lorsque les conditions qu'il prévoit sont remplies « ...
on doit donc appliquer non seulement les dispositions de la loi de 1966 qui
protègent le chargeur ou le destinataire, mais encore les dispositions de la loi
qui seraient en l'espèce moins protectrices que celles de la loi d'autonomie et
aussi les dispositions françaises relatives au régime général des contrats et non
comprises formellement dans la loi de 1966 »159.
C'est là, l'une des conséquences de la volonté d'élargir le champ d'appli-
cation de la loi du for. Dès lors qu'aucun aspect de la question à réglementer
ne peut échapper à l'emprise de la loi du for, toutes les dispositions matériel-
les que cette dernière contient, doivent nécessairement recevoir application.
La question ne se pose toutefois pas dans les mêmes termes s'agissant d'une
règle bilatérale à rattachements alternatifs.
de son degré de bilatéralité. Tel est, par exemple, le cas de l'article 5 de Ja Con-
vention de Rome sur la loi applicable aux obligations contractuelles.
A vrai dire, ce texte, ainsi que celui de l'article 6 de la Convention et autres
dispositions semblables du droit international privé de la RFA, de la Suisse
et del' Autriche doivent être analysés d'abord, quant a leur nature véritable
(a) pour rechercher, ensuite, leur fondement (b).
64. - Lorsque l'auteur de la règle l'édicte sous la forme bilatérale, son but
est, nécessairement, celui de faire triompher les idéaux de politique législative
dont la loi du for est porteuse.
Mais il ne s'agit plus, comme pour les règles unilatérales à rattachements
alternatifs, d'occuper exclusivement tout le champ d'application de la loi, pour
exercer une protection renforcée. Il s'agit ici, seulement de fixer un seuil mini-
mum au-delà duquel la loi étrangère ne pourra plus s'appliquer.
C'est la raison pour laquelle certains auteurs comparent les règles à ratta-
chements alternatifs, au mécanisme de l'ordre publicI6s. La comparaison est
séduisante, mais elle n'est pas convaincante. En effet, il est vrai que lorsque
la loi du for est plus libérale que la loi étrangère, la règle alternative aboutit
au même résultat que le mécanisme de l'ordre public. Et si la volonté d'appli-
cation est renforcée, comme dans le cas de la règle imparfaitement bilatérale,
la loi étrangère trouve moins de chances d'être appliquée.
Mais la comparaison avec le mécanisme de l'ordre public s'estompe dès
lors que la loi étrangère, est plus libérale que la loi du for. La logique du système
alternatif implique l'application de la loi étrangère et l'éviction de la loi du
for. Or, l'ordre public est un mode d'éviction de la loi étrangère normalement
compétente et non pas de la loi du forI66.
L'on peut donc dire, que le fondement des règles bilatérales à rattache-
ments alternatifs réside dans la recherche d'une solution satisfaisante du con-
flit de lois, suivant les conceptions du for. Si la loi du for permet mieux que
la loi étrangère, de donner une solution satisfaisante à l'affaire, celle-là l'emporte
sur celle-ci. Si, au contraire, c'est la loi étrangère qui permet un meilleur accom-
plissement de la politique législative du for, la loi étrangère doit s'appliquer
pour permettre la réalisation de cette politique.
C'est ce qui est exprimé dans un jugement du Tribunal civil de Bruxelles :
« Lorsqu'une disposition de la loi étrangère heurte un principe fondamental
- 73 -
de notre droit, mais qu'il existe dans notre droit positif lui-même des excep-
tions à ce principe fondamental, le juge belge ne peut écarter l'application de
la règle étrangère pour raison d'ordre public international >>167.
Le lien qui unit les règles à rattachements alternatifs au mécanisme de
l'ordre public, n'est donc pas un lien indissoluble et l'explication que l'on doit
donner de l'existence de ces règles doit être plutôt recherchée dans la volonté
de l'auteur de la règle que dans son modus operandil68.
En conclusion, la démonstration semble, donc avoir été faite, que la struc-
ture des règles à rattachements alternatifs est commandée par des éléments struc-
turels qui lui sont extrinsèques. Tout d'abord, l'application alternative dépend
de la volonté de son auteur et elle ne peut pas avoir lieu contre la volonté de
l'auteur de la règle. Ensuite, le caractère substantiel de la règle à rattachements
alternatifs est intimément lié à la structure externe de la règle. Lorsque son
auteur souhaite élargir la protection sans laisser aucune place à la loi étran-
gère, il adopte une règle unilatérale à rattachements alternatifs. Lorsqu'il veut
seulement promouvoir un idéal, il édicte une règle bilatérale à rattachements
alternatifs. La règle sera imparfaitement bilatérale si son auteur veut garantir
une protection particulière, et elle sera parfaitement bilatérale, si la garantie
s'étend à tous les cas des rapports internationaux visés par la règle.
Cette gradation de la substantialité de la règle en fonction des objectifs
poursuivis par son auteur, se retrouve également lorsqu'on ananlyse la posi-
tion des rattachements.
C'est ce qu'il convient de démontrer dans un paragraphe deuxième.
65. - Les règles à rattachements alternatifs, telles que celles des articles 311-16,
311-17 et 311-18 du Code civil ou celles posées par les conventions de La Haye
pour régir les conflits de lois en matière de pensions alimentaires, sont toutes
des règles de rattachement« optatif», selon l'expression d'ArminjonI69.
C'est dire que conformément aux principes de logique, ces règles impli-
quent l'exercice d'une option entre les rattachements.
La controverse entre les auteurs ne porte que sur les modalités de l'exer-
cice de l'option. Ainsi, selon le professeur Francescakis, la règle de conflit alter-
native, « ... établit... une hiérarchie des rattachements... »110, alors que le pro-
fesseur Vitta soutient qu'en cas de concours alternatif« ... il n'y a pas un rat-
tachement principal ni d'autre subsidiaires établis d'après un certain ordre,
mais tous les rattachements sont sur le même plan ... »111.
Mais la controverse n'est que le fruit d'un malentendu résultant du fait
que l'un et l'autre de ces auteurs n'a pas observé le même type d'échantillon.
Or, les types de règles à rattachements alternatifs existants correspondent exac-
tement à la définition qu'en donnent l'un et l'autre de ces auteurs. Et l'on peut
conclure que l'un et l'autre ont raison, mais partiellement. Pourquoi ?
Parce que, en logique, on distingue la disjonction exclusive, de la disjonc-
tion non exclusive. Dans le premier cas, l'une des branches de l'option exclut
- 74 -
l'autre. alors que dans le second cas les branches de l'option ne s'excluent pas,
nécessairement112.
Ainsi, lorsque la règle à rattachements alternatifs établit une hiérarchie
entre les rattachements, la disjonction est exclusive, en ce sens qu'il faut res-
pecter l'ordre des rattachements. Par contre, lorsque la règle n'établit pas une
hiérarchie entre les rattachements la disjonction est, en principe, non exclu-
sive. Dans Je premier cas, la règle se caractérise par la rigidité des rattache-
ments. Dans le second cas, la règle se caractérise par sa souplesse.
Or, la disjonction des rattachements implique, tout d'abord, que l'affaire
soit rattachée à chacune des lois en concours. Ce n'est qu'après cette première
phase qu'on peut opter pour le rattachement opératoire. Et l'exercice de l'option
ne se fait pas suivant un modèle unique. Lorsque la règle prévoit plusieurs rat-
tachements mis sur un pied d'égalité, comme les articles 311-16, alinéa 1, et
311-17 du Code civil français, l'auteur de la règle se fonde sur la souplesse
de cette dernière pour mieux réaliser le but de politique législative souhaité par
lui. Quand au contraire, l'auteur de la règle établit une hiérarchie entre les rat-
tachements, comme dans la Convention de la Haye du 2 octobre 1973 sur la
loi applicable aux obligations alimentaires, c'est sur la rigidité de la règle, que
l'auteur se fonde pour réaliser le but de politique législative souhaité.
L'on peut, par conséquent, conclure, en se fondant-sur les modalités de
l'exercice de l'option, qu'il y a deux types de règles à rattachements alterna-
tifs : les règles à rattachements alternatifs souples et règles à rattachements alter-
natifs rigides. Quel que soit le titulaire de l'option, cette dernière ne peut s'exer-
cer que suivant l'une ou l'autre de ces deux modalités. Ainsi le veut la logique
du système.
C'est à l'illustration de ces deux types de règles qu'il convient maintenant
de s'attacher. L'on étudiera, tout d'abord, les règles à rattachements alterna-
tifs non hiérarchisés (1) et l'on étudiera ensuite, les règles à rattachements alter-
natifs hiérarchisés (Il).
67. - Les rattachements alternatifs peuvent être dits équivalents lorsque l'un
vaut l'autre, c'est-à-dire, chaque fois que l'auteur de la règle cherche à proté-
ger ou à favoriser une partie ou un rapport de droit, sans se référer, ni implici-
tement, ni explicitement à un rattachement principal.
On trouve des exemples illustrant cette pratique dans les articles 311-16,
alinéa l, et 311-17 du Code civil français, dans l'article 1 de là. Convention
de la Haye sur les conflits des lois en matière de forme des dispositions testa-
mentaires, dans l'article 24 de la LRDC suisse, dans l'article 28, alinéa 3, de
la loi yougoslave, dans l'article 21 de la loi autrichienne.
Dans tous ces cas il convient de constater l'équivalence des rattachements.
Le titulaire de l'option peut exercer cette dernière sans se référer à un ratta-
chement principal. L'équivalence des rattachements conduit à l'indifférence
au choix de rattachement opératoire car l'auteur de la règle ne se soucie que
du résultat obtenu.
71. - Un auteur a relevé, « ... la tranquille audace avec laquelle les législa-
teurs mettent en balance les lois applicables »116. De fait, la question se pose
de savoir comment déterminer la loi la plus favorable lorsque l'étendue de
l'option est très vaste et les lois en concours ne divergent que sur les points
de détail. L'article 21 de la loi autrichienne procède, à une limitation de l'étendue
de l'option. Ce texte dispose : « La filiation légitime est régie en principe par
la loi personnelle commune des époux au moment de la naissance de l'enfant
ou, si le mariage a été précédemment dissous, au moment de cette dissolution.
Toutefois, il y a lieu de choisir parmi les lois nationales celle qui est la plus
favorable à la légitimité de l'enfant, à défaut de nationalité commune des
époux>>.
Cette détermination de l'étendue de l'option lorsque l'auteur de la règle
se réfère à la « loi la plus favorable >>, a tendance à disparaître lorsque réfé-
rence est faite à la « better law )).
L'on sait, en effet, qu'en matière contractuelle les parties peuvent choi-
sir, même une loi ne présentant aucun lien avec l'affaire et qu'elles peuvent,
également,<< ... convenir à tout moment de faire régir le contrat par une autre
loi que celle qui le régissait auparavant ... »111.
L'étendue de l'option est, par conséquent, trop vaste. La seule limite à
l'indétermination de l'étendue de l'option serait ici, l'exception de fraude !
Mais ce n'est pas seulement l'indétermination quant à l'étendue de l'option
qui peut faire problème. Il peut y avoir, également, indétermination quant à
la titularité de l'option.
72. - Lorsque l'article 2083 du nouveau Code civil du Pérou dispose que :
« La :filiation légitime est soumise à la loi la plus favorable à la légitimité, d'entre
celle de la célébration du mariage vu celle du domicile conjugal à l'époque de
la naissance de l'enfant >>, l'auteur de la règle n'indique pas le titulaire de
l'option : est-ce les parties ? Est-ce le juge ?
Cette indétermination du titulaire de l'option n'est, certes, pas l'apanage
des règles à rattachements indéterminés. Elle peut se retrouver, également, dans
les règles à rattachements déterminés11s. Mais, il se peut que dans les règles
à rattachements indéterminés, l'indétermination du titulaire de l'option se dou-
ble d'une indétermination de l'étendue de l'option.
L'on peut, certes, se fonder sur une interprétation logique du texte pour
déterminer l'auteur de l'option. Mais la solution ne serait qu'approximacive
dans la mesure où elle ne correspondrait qu'à« l'une des interprétations pos-
sibles», conformément à l'expression d'un auteurI79.
On peut expliquer cette indétermination par le fait que lorsque l'auteur
de la règle se réfère à<< la loi la plus favorable», à la« meilleure loi» ou<< bet-
ter law »,il signifie son intention de protéger, spécialement, le rapport juridi-
que qu'il réglemente vu les parties qui y participent. Dès lors, il serait logique
de dire qu'il incombe au juge de déterminer la loi applicable à l'affaire dans
la mesure où ce dernier apprécierait, objectivement, les intérêts en jeu.
Mais cet argument se heurte à une objection majeure : peut·on valable-
ment dire que le juge connaît mieux qu'une partie où est l'intérêt de celle-ci ?
- 78 -
Ou, posée en d'autres termes : l'intérêt d'une partie se confond-t-îl avec la faveur
qu'on lui accorde ?
L'objection est sérieuse et elle se trouve clairement exprimée par le juge-
ment du Tribunal de Grande Instance de Paris du 30 avril 19g51so. Le tribu-
nal semble dire que l'intérêt de l'enfant ne se confond pas avec la faveur qui
lui est accordée par la loi.
C'est, peut-être, pour éviter l'incertitude et l'insécurité juridique que les
projets et les codifications récentes, tout en faisant une référence à la« loi la
plus favorable >>, déterminent avec beaucoup plus de précision le titulaire de
l'option116. De fait, la question se pose de savoir comment déterminer la loi
la plus favorable lorsque l'étendue de l'option est très vaste et les lois en con-
cours ne divergent que sur les points de détail. L'article 21 de la loi autrichienne
procède, à une limitation de l'étendue de l'option. Ce texte dispose : « La filia-
tion légitime est régie en principe par la loi personnelle commune des époux
au moment de la naissance de l'enfant ou, si le mariage a été précédemment
dissous, au moment de cette dissolution. Toutefois, ily a lieu de choisir parmi
les lois nationales celle qui est la plus favorable à la légitimité dè l'enfant, à
défaut de nationalité commune des époux ».
Cette détermination de l'étendue de l'option lorsque l'auteur de la règle
se réfère à la « loi la plus favorable », a tendance à disparaître lorsque réfé-
rence est faite à la « better law >>.
L'on sait, en effet, qu'en matière contractuelle les parties peuvent choi-
sir, même une loi ne présentant aucun lien avec l'affaire et qu'elles peuvent,
également,« ... convenir à tout moment de faire régir le contrat par une autre
loi que celle qui le régissait auparavant ... »111.
L'étendue de l'option est, par conséquent, trop vaste. La seule limite à
l'indétermination de l'étendue de l'option serait ici, /'exception de fraude !
Mais ce n'est pas seulement l'indétermination quant à l'étendue de l'option
qui peut faire problème. Il peut y avoir, également, indétermination quant à
la titularité de l'option.
72. - Lorsque l'article 2083 du nouveau Code civil du Pérou dispose q1ie :
« La filiation légitime est soumise à la loi la plus favorable à la légitimité, d'entre
celle de la célébration du mariage vu celle du domicile conjugal à l'époque de
la naissance de l'enfant », l'auteur de la règle n'indique pas le titulaire de
l'option : est-ce les parties ? Est-ce le juge ?
Cette indétermination du titulaire de l'option n'est, certes, pas l'apanage
des règles à rattachements indéterminés. Elle peut se retrouver, également, dans
les règles à rattachements déterminés11s. Mais, il se peut que dans les règles
à rattachements indéterminés, l'indétermination du titulaire de l'option se dou-
ble d'une indétermination de l'étendue de l'option.
L'on peut, certes, se fonder sur une interprétation logique du texte pour
déterminer l'auteur de l'option. Mais la solution ne serait qu'approximative
dans la mesure où elle ne correspondrait qu'à« l'une des interprétations pos-
sibles», conformément à l'expression d'un auteurI79.
- 79 -
73. - On peut dire, que dans une règle à rattachements alternatifs dans laquelle
l'auteur de la norme exprime, de manière explicite, sa volonté d'application
optionnelle par l'adoption de rattachements disjoints, l'étendue de l'option est
toujours déterminée. Tel est, par exemple, le cas des articles 311-16, alinéa 1,
et 311 • l 7 du Code civil français.
Mais, cette détermination de l'étendue de l'option peut, également,
s'accompagner d'une indétermination quant à la titularité de l'option. Ainsi,
selon le professeur Jacques Foyer, « selon une des interprétations possibles
des articles 311-16, alinéa 1, et 311·17, c'est le juge qui choisit la loi qui valide
la légitimation ou la reconnaissance ))182,
L'indétermination quant à la titularité de l'option est donc certaine. Et
la jurisprudence ne semble pas éclaircir la question. Ainsi, dans un arrêt du
12 novembre 1986, la Cour de cassation énonce : « Aux termes de l'article
311-16 du Code civil, le mariage emporte légitimation lorsque, au jour où
- 80 -
l'union est célébrée, cette conséquence est admise soit par la loi régissant les
effets du mariage, soit par la loi personnelle de l'enfant, soit par la loi person-
nelle des époux. Le juge devant trancher le litige conformément aux règles de
droit qui lui sont applicables, en vertu de l'article 12, alinéa 2, du nouveau
Code de procédure civile, il appartenait à la Cour, saisie d'un litige relatif à
l'exercice de l'autorité parentale sur un enfant, de rechercher au besoin d'office
si celui-ci n'avait pas été légitimé selon la loi tunisienne, loi personnelle du
père »1&3 183 bis.
Si la tâche du juge est celle de rechercher si l'enfant « n'avait pas été légi-
timé selon la loi tunisienne», n'est-ce pas dire que la loi qui légitime peut être
choisie par la partie intéressée, le juge se bornant à entériner ou non ce choix
en recherchant si la volonté de l'auteur de la règle a été respectée, en l'espèce ?
Et ceci est une conséquence de l'ambiguïté des règles à rattachements alterna-
tifs qui impose, à la fois, le choix de la loi en fonction du résultat, et le choix
de. la loi par la localication de l'espèce. Le juge ne choisit pas la loi qui légi-
time, il constate seulement l'existence ou non de la légitimation.
Ainsi, donc, si la détermination quant à l'étendue de l'option est imposée
par l'adoption de rattachements disjoints, la détermination quant à la titula-
rité de l'option n'est qu'une faculté pour l'auteur de la norme dans la mesure
où la volonté de ce dernier sera ou non réalisée suivant le contrôle plus ou moins
étendu du juge.
77. - L'analyse de règles telles que celles posées par les articles 36 du Code
civil portugais, ou 11 de l'EGBGB ancien, montre qu'il y a une hiérarchie entre
les rattachements qu'elles contiennent par le fait même que la primauté est accor-
dée à la loi applicable au fond.
Le critère de hiérarchisation est subjectif en ce sens que c'est la volonté
des parties qui décide dans quel ordre les rattachements doivent fonctionner.
Mais, l'existence même de la hiérarchie des rattachements doit être expliquée.
C'est la raison pour laquelle on recherchera, tout d'abord, la position du pro-
blème, avant d'en énoncer la solution.
1. - Position du problème
ties peuvent choisir soit la loi du lieu de célébration, soit la loi nationale com-
mune, soit une autre loi qu'elles estiment aptes à régir le rapport de droit.
Et si le choix des parties peut porter sur les autres rattachements en con-
cours, si la loi d'autonomie peut« absorber» les autres lois qui découlent des
rattachements, c'est parce que la loi d'autonomie est hiérarchiquement supé-
rieure aux autres lois. Car, le phénomène inverse ne peut se produire186.
Cette interprétation est confirmée par la rédaction de l'article 36 du Code
civil portugais, inspiré par les dispositions allemande et italienne en matière
d'actes juridiques. Ce texte accorde clairement le rôle de rattachement princi-
pal à la loi qui régit la substance, c'est-à-dire, la loi d'autonomie, en vertu de
l'article 41 du même CodeI87.
Et maintenant que la position du problème est éclaircie, il convient de
rechercher la solution du problème.
2. - Solution du problème
82. - Si l'on observe, par exemple, les règles édictées par les différents Etats
pour régir une même matière, on peut constater, tout d'abord, une diversité
du rattachement principal malgré l'identité de la matière réglementée. Et l'on
peut constater, ensuite, une diversité des rattachements subsidiaires, malgré
l'identité du rattachement principal.
tection limitée. Le plus souvent, l'auteur de la règle édicte des règles à ratta-
chements hiérarchisés dans un but de protection renforcée.
ne règlent le rapport de droit qu'en utilisant le biais des points de contact qu'elles
contiennent et qui servent de pont entre la situation à régir et l'Etat dont la
législation est appelée à la régler.
D'autre part, elle est une règle à caractère substantiel en ce qu'elle impose
le choix de la loi applicable en fonction d'un résultat. Ainsi, si ce dernier aspect
des règles à rattachements alternatifs implique la disjonction des rattachements,
le premier implique, nécessairement, la localisation.
Certes, la localisation n'est plus ici<< abstraite» ou« aveugle», mais con-
crète puisqu'elle se fait en fonction d'un but déterminé.
C'est en cela que les règles à rattachements alternatifs apparaissent comme
l'expression d'un courant« néo-statutiste ».En effet, les statutistes ne mécon-
naissaient pas, eux non plus, l'influence des considérations matérielles sur les
règles de conflit205.
Et, il est vrai, que plus l'éventail des lois indiquées par les rattachements
est large, plus la localisation perd de sa valeur. C'est en ce sens que les règles
à rattachements alternatifs, de structure bilatérale, ne sont plus de « vérita-
bles règles de conflit )>.
Ce dernier aspect apparaît plus clairement encore dans les règles unilaté-
rales à rattachements alternatifs. Ainsi, par exemple, l'article 16 de la loi f ran-
çaise du 18 juin 1966 sur l'affrètement et le transport maritime dispose : << Le
présent titre (relatif au contrat de transport) est applicable aux transports effec-
tués au départ ou à destination d'un port français».
La justification donnée pour l'utilisation d'une règle unilatérale à ratta-
chements alternatifs, est le désir du législateur français de faire bénéficier les
entreprises françaises, chargeurs ou destinaires, des dispositions substantielles
particulièrement protectrices contenues dans la loi206.
L'utilisation d'une règle unilatérale à rattachements alternatifs exprime.
généralement, la volonté de l'auteur de la règle d'élargir le champ d'applica-
tion de la loi du for. Unilatéralisme et territorialisme vont de pair et plus il
y a de rattachements dans une règle unilatérale à rattachements alternatifs, plus
le caractère matériel de la règle l'emporte sur la nécessité de localisatîon201.
C'est que, comme l'a fait remarquer le professeur Rigaux « ... il n'existe
pas, à proprement parler, de<< règle de conflit >> unilatérale. La règle d 'appli-
cabilité dont la méthode unilatéraliste réclame l'existence a pour objet la seule
délimitation du domaine spatial d'une disposition ou d'un ensemble de dispo-
sitions de droit matériel appartenant à un ordre juridique déterminé ... Une
méthode unilatéraliste ne conçoit d'autres normes primaires de droit interna-
tional privé que les règles de droit matériel ... »2os.
La démonstration semble donc avoir été faite de ce que les règles à ratta-
chements alternatifs ne se justifient nullement pour des raisons tenant aux dif-
ficultés de localisation, mais plutôt pour des raisons tenant à la recherche d'un
règlement satisfaisant des situations internationales, selon les conceptions de
l'Etat du for.
Lorsque les règles à rattachements alternatifs prennent une structure bila-
térale elles rejoignent les idéaux des statutistes, lorsqu'elles adoptent une struc-
ture unilatérale, elles rejoignent les idéaux des territorialistes.
- 89 -
Conclnsion
NOTES
1. Cf. LEWALD, «Règles générales des conflits de lois)), R.C.A.D.J., 1939, Ill, p. 1
et ss, spéc. p. 30 note 1.
3. Cf. les dispositions de droit international privé du Nouveau Code civil du Pérou,
avec le commentaire de J. LISBONNE, R.C.D.I.P., 1986, p. 192.
7. Cf. E. VITTA, « Diritto internazionale privato »,Tome 1, p. 290. Et pour des illus-
trations des solutions américaines, cf. LEGIER, note sous Cass. civ. 1, 8 février 1983,
R.C.D.J.P., 1984, p. 123 et SS, spéc. p. 131 et ss, n° 20, 36 et 45 et ss.
8. Cf. DE NOVA, « Solution du conflit de lois ... », op. cil. ; ibidem, « Rilevanza del
contenuto ... », op. cit. ; Miaja de LA MUELA, (< Soluciones Sanas ... »,RED!, 1964, p. 16
et ss ; Perez VERA,« lnteresses del trafico juridico externo y derecho internacional >> ; WEN-
GLER, << Les principes généraux du droit international privé et leurs conflits >>, R. C.D.I.P.,
p. 595 et SS ; 1953, p. 37 et SS.
9. Cf. E. VITTA, « Dirito intemazionaJe privato >>, Tome 1, /oc. cit. ; WENGLER,
<<General principals of private international law », R. C.A.D.I., 1961, III, p. 273 et ss, spéc.
p. 339.
Et pour un aperçu de l'approche américaine, CA VERS, << Contemporary confJicts law in Ame-
rican perspective», R.C.A.D.I., 1970, Il, p. 75 et ss.
11. Cf. WENGLER, <( Conflit de lois et principe d'égalité », R.C.D.I.P., 1963, p. 230
et 503 ; Louis LUCAS, «La fraude à la loi étrangère», R.C.D.I.P., 1962-1 ; B. AUDIT,
(<La fraude à la loi en droit international privé», Paris 1974; Cass. civ. 1, 2 oct. 1984,
R.C.D.I.P., 1986, p. 91, note JOBARD-BACHELLIER.
Voir, cependant, sur la doctrine du« forum non conveniens »,l'article de M. HERZOG, sous
ce titre in R.C.D.J.P., 1979.
13. Cf. D. EVRIGENIS, ibidem, spéc. p. 340, note 43 ; P. LALIVE, ibidem, p. 342 ;
VITTA, <<Réflexions sur quelques théories récentes aux Etats-Unis d'Amérîques en matière
de conflits de lois», rev. Dr. Int. Dr. Comp., 1970, p. 201 et ss, spéc. p. 209, 211, ibidem,
« The impact in Europe of theAmerican « conflicts revolution », in A.J.C.L., 1982, 1, p. I
et ss, spéc. p. 9 et ss ; Kurt G. SIEHR, <( Domestic Relations in Europe : Européan Equiva-
lents to American Evolutions », op. cil., spéc. p. 40 et ss ; FERRER-CORREIA, « Problè-
mes ... » op. cil. p. 82 et ss.
- 91 -
14. Cf. SIEHR, op. cit. p. 70 et ss; B. HANOTIAU, « TheAmerican Conflits Revo-
lution and European tort choice of law thinkîng », in A.J.C.L .• 1982, 1, op. cit. p. 73 et ss,
spéc. p. 85 et ss.
15. Cf. la définition donnée par M. PATOCCHI, in« Règles de rattachement. .. »,
p. 320, n° 648 et nos rapprochements avec les rattachement.s alternatifs, supra.
16. Outre les auteurs cités aux notes n° 13 et 14, cf. REESE, « American trends in Pri-
vate international law : academic and judîcial manipulation of choice of law rules in tort cases »,
in Vanderbilt law review, 1980, p. 719 et ss ; R-.J. WEINTRAUB, « Functional developments
in choîce of law for contracts » R.C.A.D.l., 1984, op. cil, p. 239 et ss, spéc. p. 271 et ss.
17. Cf. H. BATIFFOL, « Le pluralisme des méthodes ... », op. cit., spéc. p. 132 et ss.
18. Cf. E. VITTA, «Réflexions ... », op. cit. p. 209.
19. Cf. CA VERS, «A critique of the choice of law problem » Harv. law Review, 1933,
p. 173 et ss; ibid., «The choice of law process », Ann. arbor, 1965.
20. Cf. CURRIE, « Essays on the conflict of laws », 1963 ; adde, EHRENZWEIG,
<<A treatise on the conflict of Jaws >>, 1962. Et sur la perspective américaine, en général, cf.
FERRER-CORREIA, «Les problèmes de codification ... », op. cil., spéc. p. 72 et ss.
21. EVRIGENIS cite, à juste titre, HIJMANS, KOLLEWIJN, JITTA et FRANKEL,
qui selon lui ont des idées « ... assez proches de celles de CA VERS dans la mesure où elles
tiennent compte de la solution matérielle dans le règlement du rapport privé international ».
Cf. « Tendances doctrinales ... », op. cii. p. 340, note 43, in fine.
22. Cf. par exemple CA VERS qui cite ALDRICUS (1170-1200), in« The choice of Jaw
process »,p. 86. L'on sait, en effet, queALDRICUS proposait de résoudre le litige entre per-
sonnes relevant de coutumes différentes en appliquant« eam quae polior et utilior videtur ».
Et sur le développement historique du droit international privé, cf. notamment, outre les Cours
professés à l'Académie de Droit de la Haye par les professeurs DE NOVA et GUTZWIL-
LER, déjà cités, ceux des professeurs LIPSTEIN, « The general principles of Private interna-
tional law », R.C.A.D.I., 1972, 1, p. 97 et ss. MEIJERS, «L'histoire des principes fonda-
mentaux du droit international privé à partir du Moyen-Age, spécialement dans l'Europe occi-
dentale», R.C.A.D./., 1934.
23. Pour quelques illustrations, cf. Aguilar NAVARRO, « Algunos supuestos politi-
cos del derecho intemacional privado », R.E.D.I., 1960, p. 45 et ss ; ibidem, « Révision meto-
dologica en el derecho internacional privado )), R.E.D.I., 1960, p. 445 et ss.
24. Cf. PILLET, « Traité pratique de droit international privé », Paris 1923, p. 106.
25. Cf. BARTIN, « Principes de droit international privé »,Tome Il, p. 183. Cet auteur
remarque que« cette méthode de désignation ... ne fonctionne pas lorsque les règles matériel-
les des différents Etats présentant un rapport avec la question litigieuse poursuivent des buts
différents ».
26. Cf. WENGLER, « Les principes généraux du droit international privé et leurs con-
flits», R.C.D.l.P., 1953, p. 12.
27. Cf. VON MEHREN et TRAUTMANN, «The law of multistate problems: cases
and materials on conflict of laws », Boston-Torontho, 1965, p. 76 et 102 à 105.
28. Il convient, en effet, de se rappeler qu'aux Etats-Unis d'Amérique il est de principe
que Ja solution des conflits de lois suive des règles de rattachement différentes selon qu'il s'agit
de résoudre un conflit de loi« horizontal», c'est-à-dire ceux opposant les lois des Etats fédé-
rés, ou« vertical», c'est-à-dire ceux opposant les organes et les lois fédérales d'une part et
les organes et les lois des Etats fédérés, d'autrepart. Cf. en ce sens, VON MEHREN et TRAUT-
MANN, op. cit., spéc. p. 995 et SS.
29. Cf. en ce sens, E. VITTA, « Cours général. .. l), op. cit., spéc. p. 183 et ss. La con-
ception dite « internationaliste l> du droit international privé est dépassée.
30. Cf. en ce sens, A. TOUBIANA, «Le domaine de la loi du contrat. .. »op. cil.,
n° 259.
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31. Cf. F. POCAR, ((La protection de la partie faible ... »,op. cit., spéc. p. 400 et ss.
32. Cf. H. BATIFFOL, << Unilatéralisme et contrats en droit international privé », in
Mélanges SCHNITZER, Genève, 1979, p. 7 et ss ; GOTHOT, « Le renouveau de la tendance
unilatéraliste ... »,op. cit. ; «La méthode unilatéraliste face au droit international privé des
contrat.s », Trav. Com. Fr. Dr. /nt. Privé, 1975-1977, p. 201 et ss ; « La méthode unilatéra-
liste et le droit international privé des contrats», R.C.D.l.P., 1979, p. 5 et ss.
33. Cf. F. RIGAUX, «La méthode des conflits de lois dans les codifications et pro-
jets ... » op. cit., p. 11, n° Il.
34. Cf. notamment, CA VERS,« Conteroporary conflicts law inAmerican Perspective»,
R.C.A.D.I., 1970, 111, p. 75, 308.
35. Cf. PILENKO, «Droit spatial et droit international privé », in fus gentium, 1953,
p. 54.
36. Cf. QUADRI, « Lezioni di diritto internazionale privato )), 5e éd., 1969, p. 244.
37. Cf. Jessurun d'OLIVEIRA, « De anti-kiesregel », op. cit. Selon cet auteur les juri-
dictions néerlandaises ont fait application de la distinction entre« vrais conflits » et <<faux
conflits» dès 1913, en faisant application des règles de conflit aux seuls cas où les lois en
conflit étaient différentes.
38. Sur la contribution américaine à la théorie unilatéraliste, cf. HANOTIAU, « Le droit
international privé américain», op. cil. p. 231 et ss, n° 493 à 526.
Cf. également, dans le même sens, F. RIGAUX, <<La méthode des conflits de lois dans les
codifications ... », p. 6, note n° 5.
39. En ce que Ja prise en considération des intérêts matériels était pratiquée par les sta-
tutistes et pronée par les doctrines territorialistes, cf. notamment, Carrillo SALCEDO, « Le
renouveau du particularisme», op. cit., et les remarques de F. RIGAUX, selon lesquelles,
<< •• .il n'existe pas, à proprement parler, de« règle de conflit)) unilatérale ... Le concept de
<< règle de conflit >> doit être réservé à la règle qui, construite sur le modèle savignien, prétend
choisir en Ire plusieurs lois d'Etats différents... Une méthode unilatéraliste ne conçoit d'autres
normes primaires de droit international privé que les règles de droit matériel... », in, « La
méthode des conflits de lois ... », op. cit. p. 24, n° 22.
Et sur la notion de« territorialisme »et son évolution historique, cf. notamment : Pereznieto
CASTRO,« La tradition territorialiste en Amérique Latine)>, R.C.A.D.I., 1985, p. 271 et
ss, spéc. p. 280 à 322. L'auteur montre, en effet, l'origine européenne du territorialisme et
son expression_ à l'heure actuelle dans la doctrine et dans la législation.
Et sur le fait que le prétendu « affinement» des règles de conflit se traduit par une régression
méthodologique, cf. notamment, Jacques FOYER, (( Problèmes de conflits de lois en matière
de filiation», R.C.A.D.I., 1985, p. 9 à 118, spéc. p. 61-62, n° 116 et 117-118.
Cet auteur pose, en effet, la question suivante : << ••• N'y-a-t-i/ pas là un affine1nent progres-
sif des r~gles de rattachement qui s'efforcent de tenir compte des moindres nuances des insti-
tutions internes? ... » (p. 61, n° 116, c'est nous qui soulignons).
Et plus loin il semble y répondre, en ces termes : « ... Mais elles semblent déboucher parfois
sur un particularisme bartinien puisqu'elles s'inspirent exclusivement des caractères spécifi-
ques que revêt la question en cause dans le droit interne de la règle de conflit considérée sans
avoir égard à ceux différents qu'elle peut avoir dans les droits étrangers. L'exemple français
est, à cet égard, topique ... » (p. 62, n° 118).
Et l'auteur conclut : « ... Le retour à un certain particularisme n'est-il pas un retour en arrière
et ne risque-t-il pas de compliquer /'élaboration des concepts internationaux indispensables
à l'application de la règle de conflit. On s'éloigne à cet égard des idées de RABEL et de /'aspi-
ration à un certain universalisme du droit international privé» (p. 62, n° 118).
40. Cf. notamment FRANCESCAKIS, «Le surprenant article 310, nouveau du Code
civil sur le divorce international », R.C.D.I.P., 1975, p. 554 et ss ; adde, SIMON-DEPITRE,
«Le nouvel article 310 du Code civil», Clunet, 1976, p. 286 et ss. A propos de la technique
de rattachement utilisée par ce texte, ce dernier auteur remarque : (<Il y a là un déséquilibre
dans la répartition des compétences qui est assez déconcertant. li fait fi, en effet, de la réci-
procité qui est à la base de la solution des conflits de lois)) (Cf. n° 11 et ss, c'est nous qui
soulignons).
- 93 -
42. Cf. J. FOYER, « Tournant et retour aux source.s en droit international privé »,
J.C.P., 1976, !, 2762.
Il faut, toutefois, remarquer qu'alors que le professeur Jean FOYER parle de retour aux sour-
ces, en se plaçant sur le plan historique, le professeur Jacques FOYER, parle de retour en
arrière en se plaçant sur le plan méthodologique (cf. supra, note 39).
45. Cf. en ce sens, Fritz SCHWIND, «Aspects et sens du droit international privé»,
R.C.A.D.1., 1984, IV, p. 9 à 144, spéc. p. 76-77, n° 8; p. 105, na 8; p. 109, na 3.
Cet auteur remarque, en effet, pages 76-77, n° 8: «De nos jours apparait une idée tout à
fait nouvelle. On se rend compte du fait que les critères de territorialité et de la personnalité
dans l'espèce de la nationalité ne suffr.sent pas toujours pour garantir un rattachement adé-
quat. Les relations internationales sont trop compliquées pour en trouver des solutions seule-
ment à la base de la territorialité et de la personnalité. La formule que l'on avait trouvée est
très souple, mais parfois critiquée comme étant trop peu précise. Le lien le plus effectif doit
figurer comme point de rattache1nent ... >>Sur le rôle du« Principe de Proximité », à l'heure
actuelle, Cf, P. LAGARDE, <<Le principe de proximité dans le droit international privé con-
te1nporain », R.C.A.D.I. 1986.I. p. 13 et ss.
Nous aurons l'occasion, au cours de cette recherche de revenir à la notion de« liens les plus
étroits »pour en déterminer la portée et les limites. Il nous semble, en effet, que s'il convient
d'aménager autrement les rattachements, la notion de« liens les plus étroits» jouera un dou-
ble rôle: elle apparaîtra, tout d'abord, comme unprincipe de localisation, mais, en vertu de
son imprécision, elle ne pourra jouer qu'un rôle subsidiaire.
47. Cf. déjà YNTEMA, R.C.D.I.P., 1959, p 1 et ss ; NEUHAUS, << Abschied VON
SAVIGNY ? », Rabels Zeitschrift, 1981, p. 615 et ss ; B. AUDIT, le Caractère Fonctionnel ... ,
op. dt.
48. Cf. notamment, FERRER-CORREIA, les Problèmes de codification ... op. cil. ;
PATOCCHI, op. cil. p. 216 et ss.
49. Cf. KEGEL, The crises of Conflict ofLaws, R.C.A.D.l., 1964, t. 112, p. 95-268;
DE NOVA, Historical and Comparative Introduction to Conflict of laws, ibid., 1966, t. 118,
p. 443-622 ; SPERDUTI, « Evoluzione storica e diritto internazionale privato )>, Padoue,
1970; E. VITIA, «Réflexions sur quelques théories récentes aux Etats-Unis d'Amérique en
matière de conflits de lois », Rev. Dr. !nt. Comp., 1970, p. 201 et ss.
50. Notamment, DE NOVA, (( Rilevanza del contenuto ... », op. cil. ; E. VIITA, «Le
droit international privé matériel. .. »,op. cit. : VON OVERBECK,« Les règles de droit inter-
national privé matériel », in Mélanges KOLLEWIJN-OFFERHA US, p. 362 et ss ; MIAJA
de la MUEIA, Las nonnas materiales de derecho international privado, R.E.D.I., 1963, p. 425
et ss; H. BATIFFOL, «Les intérêts ... », op. cil.
Et pour une illustration récente cf. l'article 7 de la Convention de Rome.
51. Outre les auteurs cités dans les notes précendentes, on peut citer également, F.
POCAR, «Protection ... »,op. cil. ; P. RODIERE, «Conflits de lois en droit du travail:
étude comparative», in Droit Social, 1986, n° 2, p. 118 et ss. ; Jacques FOYER,« Problè-
mes de conflits de lois en matière de f"tliation », R.C.A.D.I., 1985, p. 9 et ss; 1. PINGEL,
<i La protection de la partie faible en droit international privé »,Dr Social, 1986, n° 2, p. 133
et SS.
52. Cf. F. RIGAUX, « Famille, droit et changement social dans les sociétés contempo-
raines», in Etudes Jean DABIN, 1976; P.-Y. GAUTIER,« L'union libre en droit interna-
tional privé », thèse, Paris I, 1986 ; VON OVERBECK, « L'intérêt de l'enfant ... », op. cil.,
supra, note n° 10.
53. En ce qui concerne la filiation, cf. notamment VON OVERBECK,« L'intérêt de
l'enfant. .. », op. cil. ;
Les effets de la pratique judiciaire en France ont été analysés par G. SUTTON, « Les articles
311-14 et suivants du Code civil à l'épreuve de la jurisprudence du Tribunal de Grande Ins-
tance de Paris », in Travaux du Comité français de D.I.P., compte rendu in R. C.D.I.P., 1985,
p. 224.
54. En ce qui concerne les pensions alimentaires, cf. notamment GROFFIER E., « Les
pensions alimentaires à travers les frontières », Bruxelles 1980 ; HERZFELDER F., « Les
obligations alimentaires en droit international privé conventionnel. Les deux conventions de
la HAYE du 2 octobre 1973 )}, Paris 1985 ; « L'obligation alimentaire en droit international
privé )}, vol. /, C.N.R.S., 1983.
55. VON OVERBECK, « L'intérêt de l'enfant. .. », op. cit. p. 361 ; adde, BALlA-
RINO T., « La réforme du droit italien de la famille et le droit international privé»,
R.C.D./.P., 1979, p. 281 et ss ; SCHWIND F., «La réforme du droit autrichien de la famille»,
Rev. Dr. lnt. Dr. Comp .• 1980, p. 374 et ss; KNOEPFLER F. «Le projet de loi fédérale
sur le droit international privé helvétique )), R.C.D.I.P., 1979, p. 31 etss ; BENITEZ de LUGO
et ZAMORA CABOT, « Anotaciones a los recientes textos centroeuropeos de derecho inter-
nacional privado », R.E.D.I., 1980, p. 97 et ss.
56. Cf. VON OVERBECK, « L'intérêt de l'enfant... », op. dt. p. 373 ; D. MAYER,
« L'évolution du statut de la famille en droit international privé », C/unet, 1977, p. 447 et ss.
Sur l'ensemble de la question cf. DE WINTER, « Nationality or domicile ? (The Present State
of Affaires), R.C.A.D.I., 1969, t. 128, p. 347 ; «Nationalité et statut personnel. Leur inte-
raction dans les traités internationaux et dans les législations nationales », Paris 1984.
57. Cf. VON OVERBECK, «L'intérêt de l'enfant. .. », op. cit. p. 376.
58. Pour le droit français, cf. loi du 3 janvier 1972 avec le commentaiie de C. COLOM-
BET, J. FOYER, D. HUET-WEILLER et C. LABRUSSE-RIOU, Paris 1977.
Pour le droit itaJien, cf. BALLARINO <<La réforme ... », op. cil.
Pour l'Autriche, cf. SCHWIND, <<La réforme ... », op. cit.
- 95 -
Pour la R.F.A., cf. notamment D. SCHWAB, <<La réforme du droit de la famille dans la
R.F.A. », Rev. !nt. Dr. Comp.,1971, p. 573 et ss ; B. DICKSON, «The reform of private
International law in the Federal Republic of Gennany », I.C.L.O, 1985, vol. 34, part.2, p 231
et SS.
59. Cf. VON OVERBECK,« L'intérêt de l'enfant ... )), op. cit., noten° 26; GAUTIER,
«L'union libre... )), op. cil. : E. VITTA, «The impact. .. )) op. cit., p. 11.
60. Pour un exemple récent cf. notamment T.G.I. de Paris, 30 avril 1985, R.C.D.I.P.,
1986, p. 313, note Yves LEQUETIE ; adde T.G.l., Paris ; 12juillet 1982, R.C.D.I.P., 1983,
p. 463, note SANTA-CROCE; Clunet, 1983, p. 374 note HUET, D. 1982, p. 200, note B.
AUDIT.
61. On peut y ajouter l'art. 23 de la loi tchèque du 4 décembre 1963, l'art. 19 de la
loi polonaise du 12 novembre 1965, les articles 21 et 22 de la loi de la R.D.A. du 5 décembre
1975, le§ 46 du décret yougoslave du 13 novembre 1979, l'article 25, al. 1, de la loi autrichienne.
L'énumération n'est pas exhaustive. Un tableau complet sera dressé à la fin de ce travail.
62. Cf. Les codifications citées à la note précédente.
L'on peut ajouter pour l'Afrique Noire, l'étude de M. François BOULANGER, « Essai com-
paratif sur la notion de statut personnel dans les relations internationales des pays d'Afrique
Noire», R.C.D.I.P., p. 647 et ss.
Cf. également la Convention de Rome de 1970 sur la /égiLimation par mariage, entrée en vigueur
le 8 février 1976.
63. Cf. l'article 9, al. 3 in, R.C.D.I.P., p. 710.
64. Cf. I. KISCH, op. cit.
65. Cf. projet du Benelux, art. 5, al. 3, C/unet, 1969, p. 358, et les rattachements« en
cascade )) dans les conventions de la HAYE de 1956 et 1973 sur les pensions alimentaires.
66. Cf. VON OBERBECK, {( L'intérêt de l'enfant. .. », op. cit. p. 369 ; BATIFFOL
et LAGARDE, <{ Droit international privé », Il, n ° 465.
67. Cf. VON OVERBECK,« L'intérêt de l'enfant. .. »,p. 380, in fine. Cet auteur relève,
en effet que « ... sur le terrain du droit international privé, aucune des formules existantes
ou proposées ne satisfait entièrement, les solutions en soi libérales du droit français et du pro-
jet suisse risquent de conduire à des filiations contradictoires ou boiteuses. Une solution vrai-
ment satisfaisante ne pourrait résulter que, soit d'une convention internationale en matière
de filition, soit d'un rapprochement tel des législations internes que les conflits de lois per-
draient de leur importance )).
La même idée à été évoqué par M. MEZGER, {< Das Kind mit den zwei Viitern, ein Erfin-
dung des franz6sischen Kindschaftsrechts von 1972 », inFestschrift Murad Ferid, p. 621 etss.
68. Cf. F. POCAR, « La protection ... )>, op. cil. p. 362 et ss ; PATOCCHI, « Règles
de rattachements ... , op. cit., p. 128 et ss.
69. Cf. PATOCCHI, ibid, p. 153 et ss.
70. Cf. VON OVERBECK, Cours Général, op. cit. p. 87 ; PATOCCHI, op. cit. p. 119.
Pour son application en matière d'arbitrage, cf. Yves DERAINS, <{Attente légitime des par-
ties et droit applicable au fond en matière d'arbitrage commercial international »in Travaux
du Comité français de D.I.P., 1985, compte rendu par Gérard PLUYETTE, in R.C.D.l.P.,
1986, p. 590.
71. Cf. M.-1. JALLES,« Plurilocalizaçao e deslocalizaçao des situaçoes internacionaïs '"
revista de direito e de economia, 1975, p. 65 et ss; DEBY-GERARD, «Le rôle de la règle
de conflit ... )), p. 255.
72. Cf. le point de vue de M. PATOCCHI, lequel déclare: <{ ••• que /'autonomie de
la volonté s'écarte du modèle classique de la règle de rattachement en raison de son caractère
non localisateur)), op. cil. p. 121.
Toutefois, le « caractàre localisateur » de l'autonomie de la volonté a été réaffirmé recem-
ment par la Cour de cassation française ; dans un domaine où il était loisible à la Cour Suprème
de s'affranchir des contraintes de la localisation.
Cf. Cass. soc. 12 février 1985, R.C.D.J.P., 1986, p. 468, note M.-L. NIBOYET-HOEOY,
qui relève que« la cour a induit la compétence de la loi française d'une localisation objective
du contrat fondée sur la nationalité et le domicile en France de l'agent, concordant avec le
lieu d'exercice de son activité ... » (page 471).
- 96 -
Et cet auteur ajoute : « Sans doute, regrettera-t-on encore davantage que la Chambre Sociale
n'ait pas mentionné la loi « normalement compétente » pour régir le contrat de travail : la
loi du lieu d'exécution du travail à défaut de dispositions plus favorables de la loi choisie par
les parties ... », p. 473.
Et pour conforter cette orientation: cf. Cass. soc. 6 nov. 1985 et Chambre Mixte, 28 février
1986, R.C.D.I.P.• 1986, p. 501, note Paul LAGARDE.
Et sur l'ensemble de la question cf. B. AUDIT,« Le caractère fonctionnel. .. )), op. cit. p. 290
et ss, spéc. p. 291.
73. Cf. F. MORGENSTERN, <(International conflict of Labour Law )), Genève, 1984 ;
P. RODIERE, « Conflits de lois en droit du travail : Etude comparative )), Dr. Soc, 1986,
n° 2, p. 118; Ph. FRANCESCAKIS, «Lois d'application immédiate et droit du travail»,
R.C.D.l.P., 1974, p. 273 ; F. POCAR, «La protection ... », op. cil. ; M.-A. MOREAU-
BOURLES, « L'évolution récente de la jurisprudence dans Je domaine de l'expatriation des
salariés)>, Dr. Soc., 1986, n° 1, p. 23 ; F. GAMILLSCHEG, «Règles d'ordre public dans
le droit international privé du travail», R.C.A.D.I., 1983.
74. Cass. Soc. 31 mai 1972, R.C.D.l.P., 1973, p. 683, note P. IAGARDE, J.C.P.,
1973, II 17317, obs. O. Lyon-Caen.
75. Cf. Cass. Soc. 31mars1978,R.C.D.I.P., 1978, p. 703, note A. Lyon-Caen, 25 jan-
vier 1984, R.C.D.I.P., 1985, p. 327.
Et pour la jurisprudence italienne, cf. Cass. Italie 6 septembre 1980, Clunet, 1983, p. 190,
obs. CLERICI.
76. Cass. Soc. 5 mars 1969, R.C.D.J.P., 1970, p. 280, note BATIFFOL ; Clunet, 1969,
p. 670, note RIBEITES.
On remarquera, toutefois, que la jurisprudence française semble évoluer vers l'abandon de
la faveur au travailleur.
Il semble, néanmoins, prématuré de faire un pronostic. En ce sens, M.-L. NIBOYET-HOEGY,
op. cit. p. 473, Cf. L'on peut, peut-être, se référer également aux remarques finales de M. Paul
LAGARDE, note sous Cass. Soc. 6 novembre 1985 et Chambre Mixte28 février 1986, foc. cit.
78. Cf. NIBOYET, Traité, tome V, n° 1398; adde, FRANCESCAKIS, <(Lois d'appli-
cation immédiate et droit du travail )) op. cil. ; Franz GAMILLSCHEG, «Règles d'ordre
1
81. Sur le sens de cette orientation cf. Les remarques de M. Paul LAGARDE dans sa
note sous Cass. Soc. 6 nov. 1985 et Chambre Mixte 28 fév. 1986, préc. in fine. En réalité
la Convention distingue deux situations différentes. En ce sens cf. notamment P. LAGARDE
in Virg. Jourm. of Interm. Law, 1981, op. cit, supra, note 80.
Et sur l'application nuancée de l'idée de faveur par les juridictions des Etats membres cf. notam-
ment, Bundesarbeitsgericht 4 mai 1977, Clunet, 1984, chron. C. KOHLER.
- 97 -
82. Cf. Paul LAGARDE, (( Le <1 dépeçage » dans le droit international privé des con-
trats )), R.D.J.P.P., 1975, p. 649 et ss ; adde, P. MAYER, « Les lois de police étrangères )>,
Clunet, 1981, p. 277 et ss.
83. Cf. les articles 4 et 5 de la résolution, in Ann. Inst. Dr. Inter., 1971, II, p. 461.
84. Cf. PATOCCHI, op. cit., n° 549 notamment, POCAR, «La protection ... )), op.
cit. p. 398 ; dans le même sens Pierre MAYER, «Droit International Privé )), zc éd. Paris,
1983 ; SUTTON, op. cit.; adde, Cass. 3 mars 1981, D. 1982, p. 285, noteF. BOULANGER;
T.G.I. Paris 12 juillet 1982, R.C.D.l.P., 1983, p. 461, note SANTA-CROCE.
85. Cf. J. GHESTIN, «Les contrat<;», Paris, 1980, n° 59 etn° 587 ; plus spécialement:
- sur la loi québécoise, cf. Trav. Ass., Henri CAPITANT, Tome 24, p. 415 et ss;
Sur la loi allemande, cf. BEN ABDERRAHMANE, op. cit.; adde,VON HOFFMANN, la
loi règlementant le droit des conditions générales d'affaires, Rev. /nt. Dr. Comp., 1977, p. 635 ;
ROTH, ibid, p. 359.
- Sur la loi anglaise, cf. compte rendu de P. LAGARDE, R.C.D.J.P., 1980, p. 433.
- Sur la loi française, cf. notamment D. NGUYEN THANH, <<Techniques Juridiques de
protection des consommateurs » ; R. SAVY « La protection des consommateurs en droit fran-
çais », rev. !nt. Dr. Comp, 1974, p. 591 ; Ch. GA V ALDA, « L'information et la protection
des consommateurs dans le domaine de certaines opérations de crédit», D. 1978 Chron.
XXXVI.
86. Cf. la loi autrichienne, la loi allemande, la loi suisse. Et sur l'ensemble cf. Imhoff-
SCHEIER, « Protection du consommateur et contrats internationaux )), in Etud. suis. Dr.
Inter, vol. 22, 1981.
87. Cf. POCAR, << La protection ... )), op. cil. ; en particulier la Convention de Rome
sur la loi applicable au contrat; cf. aussi 1. PINGEL, << La protection de la partie faible en
droit international privé)), Dr. Social, 1986, n° 2, p. 133 et ss ;
La question a été écartée de la Convention de la HAYE d'octobre 1985, sur la loi applicable
aux contrats de vente internationale de marchandises: cf. commentaire du doyen LOUS-
SOUARN, R.C.D.l.P., 1986, p. 271, spéc. p. 294.
88. Cf. PATOCCHI, op. cil, p. 128 et ss; adde, I. PINGEL, op, cit. p. 137 et ss.
89. Ibidem.
90. Cf. le régime de la clause pénale en droit interne français. Et pour l'autonomie de
la clause compromissoire, cf. Marie-Laure NIBOYET-HOEGY, note sous Cass. Soc. 12 fév.
1985, cité dans la note n° 62.
91. Cf. F. POCAR, <<La protection ... », op. cit.; P. MAYER,« Les lois de police
étrangères», op. cil. ; P. RODIERE, <<Conflits de lois en droit du travail: étude compara-
tive », op. cit.
92. Ibid. ; adde, B. KNAPP in la Protection des travailleurs de sociétés membres des
groupes de sociétés.
93. Cf. notamment, PATOCCHI qui parle de ((favor laesi »,p. 191, et ss; adde, P.
BOUREL, op. cit. dans la note n° 34 qui parle lui de « cumul électif».
94. Cf. les exemples tirés de la jurisprudence allemande cités par M. P. BOUREL, op.
cit. p. 83 et ss.
95. Cf. la nouvelle loi yougoslave, la jurisprudence allemande, la loi suisse, le projet
québécois. Et sur l'ensemble de la question cf. M. A. MOREAU-BOURLES, structure du
rattachement et conflit de lois en matière de responsabilité civile délictuelle, thèse, Paris Il, 1985.
96. Cf. l'article 9 de la Convention de la HAYE sur la loi applicable en matière d'acci-
dents de la circulation routière ; commentée par M. H. BATIFFOL, R. C.D.I.P., 1970, p. 215
et par M. Y. LOUSSOUARN, Clunet, 1969, p. 5.
97. Cf. F. CHABAS, (t Le droît des accidents de la circulation après la réforme du 5
juillet 1985 », L.I. T.E.C., 1985 ; ibid., (( Notion et rôle de l'implication du véhicule au sens
de la loi du 5 juillet 1985 », Gaz. Pal. 2, 3, 4 février 1986, p. 2 et suivantes.
- 98 -
98. Sur les difficulté<; d'application de ce texte cf. P. LAGARDE note sous Cass. Civ.
1, 2 octobre 1984, R.C.D.l.P., 1986, p. 59 et ss. ; Clunet, 1985, p. 674 et ss, note R. DAYANT.
99. Contrairement à ce que pense M. POCAR, <(La protection ... », op. cit. p. 351,
il semble bien que la protection accordée dépend de la faiblesse de la partie lésée.
Il suffit pour s'en convaincre de constater que la loi française du 5 juillet 1985 sur les acci-
dents de la circulation routière accorde une protection spéciale aux seules personnes ayant
moins de 16 ans d'âge ou plus de 70. Comment justifier autrement cette rupture du principe
d'égalité 1
100. Pour des illustrations de la pratique américaine cf. PATOCCHI, op. cil. p. 154 et
ss; adde M. A. MOREAU-BOURLES, thèse précitée.
101. Cf. FERRER-CORREIA, « Estudos vatjos de direito )), Coîmbra, 1982, notam-
ment p. 321 et ss ; KEGEL, «The crisis ... )), op. cit.
102. Cf. commentaires de M. H. BATIFFOL,R.C.D./.P., 1973, p. 243 etss; Y. LOUS-
SOUARN, Clunet, 1974, p. 32 et ss. ; VON HOOGSTRATEN, Dr. Prat. Corn. Infern, 1978,
IV, p. 61 et ss.
103. Cf. PATOCCHI, op. cil. p. 194 et ss ; A. BUCHER, « Règles de rattachement. .. »,
op. cit. p. 53 et ss.
104. Cf. A. BUCHER, ibid., p. 54, fait remarquer qu'il faut, peut-être, assortir le texte
d'une réserve, alors qu'une commission d'experts propose l'utilisation d'une clause de
réciprocité.
L'on sait, en effet, que la réciprocité conduit à l'application de la loi la moins libérale. En
ce sens : Paul LAGARDE, « La réciprocité en droit international privé >» R.C.A.D.I., 1977,
I, p. 102 et SS.
105. Cf. KNAPP, « Essai sur la sauvegarde de l'ordre et la protection des faibles en droit
international privé», in Mélanges François GUISAN.
106. Cf. les articles 117 à 122 du projet suisse.
107. Cf. Andrea GIARDINA,« La convenzione comunitaria sulla Jege applicabile aile
obligazioni contrattuali e il diritto internazionale privato italiano », in R.D.J., 1981, p. 795,
spec. p. 805.
108. Cf. JUSSURUN d'OLIVEIRA, « Characteristic obligation in the Draft E.E.C. obli-
gations convention », in Am. Journ. Of Comp. Law, 1977.
109. On peut citer également, l'article 7 b de la L.R.D.C. suisse, l'article 15, al. 2, de
la loi hongroise, l'article 34 du projet suisse, l'article 12 du projet allemand, l'article 8 du
projet québécois.
Pour les Etats-Unis, cf. WEINTRAUB, « Functîonal Developments in choice of law for con-
tracts )), R.C.A.D.I., 1984, III, p. 236 et ss, spec. p. 259 et ss.
Toutes le codifications récentes ont repris la même solution.
110. Cf. FERRER-CORREIA, « Les problèmes de codification ... »,op. cil. p. 85 et ss.
111. Cf. la thèse de Mme BACHELLIER sur<< l'apparence en droit international privé »,
LGDT, Paris, LGDJ 1984 spéc. p. 144 et ss; ADDE Préface de P. LAGARDE et compte-
redu de P. MAYER, R.C.J.P. 1985 p. 591 et ss.
112. Cf. VON OVERBECK,« La Convention de la HAYE sur la loi applicable aux régi-
mes matrimoniaux)), inAnn. Suis. Dr. /nt., 1977, p. 105 : adde, G.A.L. DROZ, «Les régi-
mes matrimoniaux en droit international privé», R.C.A.D.J., 1974, III, p. 1 et ss; PATA-
RIN et ZAJTAY, « Le régime matrimonial légal dans les législations contemporaines »,Paris,
1974.
112 bis. Cf. Paul LAGARDE, Préface précitée note 114, notamment p. XVII et XVIII.
113. Cf l'exemple donné par VON OVERBECK in« Cours général)>, op. cit. p. 80.
114. Cf. LEGIER « La règle locus regit actum et les conflits de lois en matière de forme
des actes )), thèse.
- 99 -
138. Ibidem, p. 319; Ibidem, «La codification ... », op. cil. p. 189; adde, Baptista
MACHADO, (( Liçoes ... », op. cil. p. 176.
139. FERRER-CORREIA, «Les problèmes de codification ... »,p. 188, n° 64.
Plus loin, l'auteur ajoute : « C'est par conséquent, une idée defavor negotii ou defavor vali-
ditatis qui affleure directement dans notre texte et nous apporte toute l'explication ... »,p. 189,
n° 65.
140. Cf. VON OVERBECK, ((Cours Général. .. », op. dt. p. 176.
Cet auteur souligne, toutefois, le fait que l'exigence de liens étroits entre la situation et la
loi normalement compétente peut être une source de difficultés, lors de la reconnaissance des
situations acquises à l'étranger.
141. Ibidem, n° 374.
142. Ibidem, n° 375.
143. L'on verra plus loin que la position respective des parties influe sur la détermina-
tion de la nature de la règle : ce qui est alternative pour le demandeur, est nécessairement
un cumul pour Je défendeur.
144. Cf. Ph. FRANCESCAKIS, in «Répertoire... », op. cit., n° 188, p. 484.
145. Cf. E. VITIA, «Cours Général. .. ''• op. cil., p. 59 qui s'exprime de Ja manière
suivante: « ... Il n'y a pas un rattachement principal ni d'autres subsidiaires établis d'après
un certain ordre, mais tous les rattachements sont sur le même plan ... »
146. Cf. F. RIGAUX, «La méthode des conflits de lois dans les codifications ... »,op.
cit., et nos développements, supra, p. 49 et ss.
147. Cf. LEWALD, «Règles générales des conflits de lois)>, R.C.A.D.I., Ill, p. 28,
n° 15.
148. Cf. F. RIGAUX, «La méthode des conflits de lois dans les codifications ... »,op.
cil., p. 11, n° 10.
149. Cf. PATOCCHI, « Règles de rattachement. .. », op. cil., p. 258, n° 526.
150. Il convient, en effet de se rappeler que selon le professeur Y. LEQUETIE, « ...
Les magistrats ont désormais la perception claire que les règles de droit international privé
qui visent /'obtention d'un certain résultat ne sont pas de véritables règles de conflits de lois ... »,
(Cf. note sous T.G.I. de Paris, 30 avril 1985, op. cil.).
Par ailleurs, le professeur RIGAUX remarque que : << Quand à l'instar de la loi belge
du 9 juillet 1975 ... la règle d'application immédiate choisit un critère alternatif, elle se dérobe
évidemment à toute interprétation bilatérale... Pareille règle d'application immédiate s'appa-
rente à une règle exclusivement unilatérale ... >),(Cf.« La Méthode des Conflits de lois dans
les codifications ... »,op. cil., p. 13, note 12. Dans le même sens LOUSSOUARN et BOU-
REL dip p. 166 n° 133).
151. Cf. notamment, SIMON-DEPITRE, (< Les règles matérielles dans le conflit de lois )>,
R.C.D.I.P., 1974, p. 591 et ss; H. BAUER, «Les traités et les règles de droit international
privé matériel )), R.C.D.I.P., 1966, p. 537 et ss ; VON MEHREN, « Special substantive rules
for multistate problems : their role and significance in contemporary choîce of law methodo-
logy )), Harvard /aw rev., 1974-1975, p. 347 et ss.
152. Cf. sur ce sujet, notamment, Klaus SCHURIG, « Kollisionsnorroen und Sachrecht.
Zur Struktur und Methode des internationalen Privatrecht »,Berlin, 1981 et le compte rendu
de H. BATIFFOL, in R.C.D.l.P., 1984, p. 407 et ss.
153. Cf. F. RIGAUX, « La méthode des conflits de lois dans les codifications ... », op.
cil., p. 13, note 12.
154. Outre les auteurs cités, infra, note n° 209, on peut se référer à SIMON-DEPITRE
et LEGENDRE, « La nouvelle législation sur les contrats d'affrètement et de transports mari-
times et le droit international privé », Clunet, 1967, p. 598 et ss.
- 101 -
155. Cf. notamment, F. RIGAUX, « Les règles de droit délimitant leur propre dom rune
d'application »,in Annales Fac. Droit. de Louvain, 1983, p. 302 et ss.LOUSSOUARN et BOU-
REL Dip p. 166 n° 133
156. Cf. notamment, sur le texte français, SIMON-DEPITRE et LEGENDRE, op. cit. ;
Pierre MAYER, «Lois de police étrangères», op. cit., supra, note n° 185 ; R. RODIERE,
op. cil., ibidem.
Et sur le texte belge, Cf. F. RIGAUX, << Les règles de droit délimitant leur propre domaine
d'application ... », op, dt.
157. Cf. LEWALD, « Règles générales des conflits de lois »,op.cil., p. 29, n° 15, in.fine.
158. Cf. supra, note n° 185. Cf. aussi LOUSSOUARN et BOUREL Dip. n" 132
p. 162-163.
159. Cf. Pierre MAYER, << Lois de police étrangères », op. cil., p. 300, n° 25, in fine.
160. Cf. Le commentaire de ce dernier texte par VON HOFFMANN, in R.C.D.I.P.,
1977, p. 635.
161. Cf. PATOCCHI, «Règles de rattachement. .. », op, cil., p. 145, note n° 479.
162. Sur l'existence de règles imparfaitement bilatérales dans les codifications récentes,
Cf. F. RIGAUX, «Méthode des conflits de lois dans les codifications ... », op. cit., spéc. p. 21
et ss, n° 20. D'ailleurs, M. PATOCCHI semble admettre cette nature de la règle car, il relève
que: « ... Le §12 AGB-G n'est pas une règle unilatérale parfaite».
163. Cf. «Lois de police étrangères», op. cit., p. 300, n° 25.
164. Ibidem.
165. Cf. F. POCAR, (( La protection de la partie faible ... »,op. cit. ; Jacques FOYER,
« Problèmes de conflits de lois ... », op. cit.
166. Cf. Jacques FOYER, Ibidem, p. 88 et ss. Et, en outre, l'ordre public implique que
l'effet de su.bstitution opère a posteriori, alors que dans les règles à rattachements alternatifs,
cet effet opère a priori.
167. Cf. Trib. civ. BruxeUes, 30 octobre 1970, Clunet, 1975, p. 348.
168. Cf. notamment l'exemple cité par Jacques FOYER, op. cit., note 279, et les exemples.
169. LEWALD remarquait que ARMINJON lui proposait d'appeler ces rattachements
« optatifs »,plutôt qu'alternatifs. Cf. LEWALD, Règles générales des conflits de lois, op. cil.,
p. 30, note N° 1.
170. Cf. Ph. FRANCESCAKIS, Répertoire... , op. cit., p. 484, n° 188.
171. Cf. E. VITTA, Cours général ... , op. cit., p. 59.
172. Cf. QUINE, Méthodes de logique, op. cil., p. 19 et ss.
173. Cf. La doctrine américaine dite des «/aise conflict ».
174. Cf. Jessurun d'OLIVEIRA, De Antikiesregel, op. cil., p. 460.
175. BATIFFOL et LAGARDE, L'improvisation ... , op. cit.
176. Cf. Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois ... , op. cit., p. 34, n° 45.
177. Cf. article 3, §1, de la Convention de Rome sur la loi applicable aux obligations
contractuelles.
178. Cf. par exemple, Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois ... , p. 107, notes
nos 112 et 113.
179. Cf. Jacques FOYER, ibidem.
180. Cf. RCDIP 1986, p. 313, note Y. LEQUETTE.
181. Cf. nos développements, supra, n° 38.
182. Cf. Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois ... , op. cit., p. 107, noten° 112.
- 102 -
183. Cf. Cass. civ. I, 25 novembre 1986, G.P. 25-27 janvier 1987, sommaires p. 7, et
G.P. 3-4 juillet 1987, p. 12, note J. MASSIP ; R.C.D.I.P. 1987, p. 383 et ss, note Lequette
et Ancel.
183 bis. L'un des apports majeurs de cet arrêt est l'admission de l'application d'office
de la règle de conflit. Ceci constitue un revirement de jurisprudence par rapport à la règle
posée par l'arrêtBisba/. Ce n'est pas ici le lieu pour en parler. On peut déjà, néanmoins, con-
sulter avec profit la note de J. MASSIP, précitée et surtout celle de Lequette et Ancel.
184. Cf. RCDIP 1975, p. 474, note A.P., Clunet 1975, p. 542, note KAHN.
185. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement .. ., op. cil., p. 40.
186. Sur ce sujet, cf. notamment E. VI'ITA, Diritto Intemazionale Privato, I, p. 284,
notes n°s 53 et 54.
187. Cf. FERRER-CORREIA, <( Liçoes de direito internacional privado », ronéoté,
Coimbra 1975 ; BAPTISTA-MACHADO, « Direito lnternacional Privado », Coitnbra 1979.
188. Cf. par exemple, NIBOYET, « Osservazione sugli art. 6-20 del titolo préliminare
del progetto di codice civile italiano »,in Annuario di diritto comparato 1933, vol. VII.I, p. 59.
189. Cf. PATOCCHI, Règles de rattachement ... , op. cit., p. 252, n° 513.
190. Cf. VON OVERBECK, Cours général... , op. cit., p. 85, n° 186.
191. Cf. P. LAGARDE, note sous Coss. Civ.I, 2 octobre 1984, RCDJP 1986 p. 59 et
ss, spéc. 63-64.
192. Sur ce sujet, cf. E. VITIA, Diritto internazionale privato, III, p. 229 et ss.
193. Cf. en ce sens P. LAGARDE, op. cit. supra note 194.
194. Comparer l'opinion exprimée par Jacques FOYER, in Problèmes de conflits de lois ... ,
op. cit., p. 107, note n° 113, citée supra.
195. Cf PATOCCHJ, op. cit. p. 256, n° 522 et ss ; A. TOUBIANA, <<Le domaine de
la loi du contrat en droit international privé : contrat international et dirigisme étatique»,
Paris, DALLOZ, 1972, spéc. 259.
196. Cf. Carrillo SALCEDO, << Le renouveau du particularisme en droit international
privé», R.C.A.D.l., 1978, Il, p. 180 et ss.
197. Sur la notion de« norme primaire de droit international privé», cf. F. RIGAUX,
« La méthode des conflits de lois dans les codifications et projets de codification de la der-
nière décennie», R.C.D.I.P., 1985, p. 1 et ss, spéc. p. 18 et ss, n° 17.
Et pour une analyse plus générale des notions de« nonnes primaires »,cf. N. BOBBIO, « Nou-
velles réflexions sur les normes primaires et secondaires», in PERELMAN, «La règle de
droit », op. cit. p. 104 et ss.
198. Cf. PATOCCHI, « Règles de rattachement. .. », op. cit. p. 262 et ss, spéc. n° 533
et ss; n° 459 et ss.
199. Cf. B. AUDIT, (( Le caractère fonctionnel. .. »,op. cit. p. 270 etss, spéc. p. 279 etss.
200. Cf. LOUSSOUARN et BOUREL, «Droit international privé», p. 369 et ss.
201. Cf. DE NOVA,« Solution du conflit de lois règlement satisfaisant du rapport inter-
national», R.C.D.I.P., 1948, p. 179 et SS.
202. Cf. LOUSSOUARN et BOUREL, «Droit international privé», p. 471, n° 367.
203. Ibidem, p. 510, n° 401.
Ces auteurs font remarquer que : « ... Loin de consacrer le système de l'option et d'affirmer
la compétence exclusive de l'une ou de l'autre loi, la jurisprudence se contenterait de déduire
le rattachement de la localisation en France de l'un des éléments de la responsabilité, celui-ci
pouvant être indifféremment suivant les circonstances soit l'acte fautif, soit le dommage ... »
(p. 510).
Ceci prouve bien qu'il n'y a pas en la matière de difficultés de localisation qui soient insur-
montables, selon la méthode classique. Cf. Cass. civ. l, 8 octobre 1983, note Gérard LEGIER,
R.C.D.l.P., 1984, p. 123 et ss.
- 103 -
DEUXIÈME PARTIE
LE FONCTIONNEMENT
DU SYSTÈME ALTERNATIF
- 105 -
l'espace peut se recouper avec celui d'autres règles qui ne participent pas du
même esprit. Peut-on les coordonner ? Par quels mécanismes ?
La réponse aux questions ainsi posées mérite une analyse préalable du pro-
blème dans toute son étendue. Aussi, le chapitre premier de cette seconde par-
tie sera-t-il consacré aux problèmes suscités par la coordination des lois inté-
ressées au litige (Chapitre 1).
Mais, les problèmes suscités par le fonctionnement des règles à rattache·
ments alternatifs ne s'arrêtent pas là. Lors de son fonctionnement la règle à
rattachements alternatifs peut se heurter à certains incidents. Ainsi, lors de son
fonctionnement dans l'espace, la question peut se poser de savoir si le renvoi
est ou non admissible. La réponse à cette question ne peut être recherchée qu'en
portant le regard au-delà de la doctrine4. 11 faut, pour rechercher la réponse,
plonger le regard dans la diversité des solutions du droit positif5, pour essayer
de voir s'il peut y avoir une réponse cohérente.
Le fonctionnement de la règle de conflit alternative peut se heurter, éga-
lement, à un incident de fonctionnement dans le temps. Tel peut être le cas
lors d'une modification de l'élément de rattachement. Tel peut être également
le cas lors d'une modification de la règle de droit6.
Par quels mécanismes régler tous ces incidents ? On essaiera d'apporter
une réponse à la question ainsi posée, en consacrant le chapitre deuxième à
l'étude des incidents de fonctionnement du système alternatif (Chap : JI).
Enfin, l'analyse du fonctionnement des règles à rattachements alternatifs
révèle qu'en raison du lien qui unît la structure de la règle à rattachements alter-
natifs à la finalité dont cette dernière est dotée, il n'est pas toujours possible
d'obtenir le résultat escompté7. Ne peut-on pas, dans certaines hypothèses,
faire appel au principe de proximité pour essayer de corriger le système alter-
natif? Pour répondre à la question ainsi posée, un troisième et dernier chapi-
tre sera consacré à l'essai de correction du système alternatif par le principe
de proximité (Chap : III).
- 107 -
NOTES
1. Cf. en ce sens P. LAGARDE, note sous Coss. civ !, 2 octobre 1984, R. C.D.J.P., 1986,
p. 59 et ss, spèc p. 63-64, n° 6 et 7. Cet auteur relève la« similitude d'ob1el de la règle de
désignation et de la ~gle de seuil», des dispositions de la Convention de la Haye du 2 octobre
1973 et montre par là même le mode particulier de fonctionnement de ces règles. (notamment
p. 64, n" 7, in fine).
2. Sur les modalités de concours de rattachements Cf. notamment, E. VITTA, Diritto
Internazionale Privato, !, op. cil., p. 282 et ss, spéc. p. 286-287 ; E. RIGAUX, Droit Inter-
national Privé, I, op. cil, p. 246 et ss. ; 1. MAGALHAES COLLAÇO, {{Da qualificaçao em
Direito lnternacional Privado »,Lisbonne, 1964, spéc. p. 237 et ss.
3. Pour des illustrations récentes des difficultés de fonctionnement de ces règles en rai-
son notamment des différences de structure des lois en concours Cf notamment : Paris 11
mai 1976, Kostia, R.C.D,I.P., 1977, p. 109, note FADLALLAH Clunet, 1977, p. 656 note
J. FOYER, D. 1976, p. 633 note MASSIF ; T.G.I., Paris, 12juillet 1982, R.C.D.I.P., 1983,
p. 461, note SANTA-CROCE; T.G.L, Paris, 30 avril 1985, R.C.D.I.P. 1986, précité. Et sur
l'ensemble de la question Cf. nolamment : D. MAYER « Evolution du statu/ de la fa1nille
en Droit international Privé », Clunet 1977, p. 447 et ss.
4. Sur la controverse doctrinale concernantl'adrnissibihté du renvoi, Cf. notamment Jac-
ques FOYER, « Requie1n pour le Renvoi ? », Travaux du Comité Français de Droit Interna-
tional privé, 1980-1981, p. 105 et ss et la discussion ; P.M. PATOCCHI, ((Règles de Ratta-
chement... » op.cît, p. 284 et ss ; P. MAYER, «Droit international privé », op. cil., p. 480,
Ne 599 ; p. 639, n° 795 ; BA TIFFOL et LAGARDE,« Droit International privé», 1, p. 363
et ss, n" 311.
5. Sur la diversité des solutions du droit positif, Cf. notamment: Cass. civ. l, 15 juin
1982, R.C.D.I.P., 1983 p. 300, note Jean-Marc BISCHOFF, D. 1983, p. 431, note Eric AGOS-
TINI ; T.G.l., Paris, 20 avril 1982, Clunet 1983, p. 583, note]. DERRUPE ; Aix-en-Provence,
21janvier1981, R.C.D.I.P., 1982, p. 297, note G. LEGIER et J. MESTRE. On peut compa-
rer ces solutions à celles des droits : Portugais (art. 36 et 65 du C.civ), Allemand (art. 4, ali-
néa 1 et 2 EGBGB nouveau).
6. Pour une approche globale du problème, Cf. notamment : P. LAGARDE, <(Le droit
transitoire des règles de conflit après les réformes récentes du droit de la famille >> in Trav.
Corn. Fr. D.I.P. 1977-1979, p. 89 et ss. ; HERON, «L'application dans le temps des règles
de conflit », R.C.D.I.P., 1987, p. 305 ; F. RIGAUX, «Le conflit mobile en droit internatio-
nal privé», R.C.A.D.l., 1966, 1., p. 329 et ss.
7. Pour un exemple de la coupure entre le souhaitable et le possible dans le fonctionne-
ment des règles à rattachements alternatifs Cf. notamment: T.G.l. de Paris, 30 avril 1985,
R.C.D.I.P. 1986, p. 313 et ss, note LEQUETTE; adde, Nancy, 4 octobre 1985, Clunet 1986,
p. 94 et ss, note GAUDEMET-TALLON. Cf. surtout la note de SANTA-CROCE sous T. G.I.,
Paris, 12 juillet 1982, Rev. CriL 1983, 461, spéc., p. 468 et ss.
- 108 -
CHAPITRE PREMIER
Section I
pour donner à la norme la formulation qui, selon lui, conduit le plus facile-
ment à la réalisation du but de droit matériel qu'il s'est ftxé.
Ainsi, par exemple, l'article 28, alinéa 3, de la loi yougoslave du 15 juillet
1982 dispose : << L'illicéité d'un fait est appréciée conformément au droit du
lieu où le fait s'est produit, ou de celui où ses effets se sont réalisés ; si le fait
s'est produit ou si les effets se sont réalisés en plusieurs lieux, il suffit que le
fait soit illicite d'après le droit de l'un de ces lieux».
Dans une règle de pareille formulation /'alternative se réfère aux condi-
tions nécessaires pour l'obtention d'un résultat. C'est ainsi que lors de l'appli-
cation de! 'article 311-17 du Code civil français, qui dispose : « La reconnais-
sance volontaire de paternité ou de maternité, est valable si elle a été faite en
conformité, soit de la loi personnelle de son auteur, soit de la loi personnelle
de l'enfant », les juges du fond n'ont pas hésité à dire que « ... ce texte, en
effet, ne définit pas une règle de conflit de lois, mais se limite à poser les con-
ditions de validité de la reconnaissance »13.
L'on peut comparer Ja formulation de ces règles, à celle de l'article 311-16
du Code civil français, qui dispose : << Le mariage emporte légitimation lors-
que, au jour où l'union a été célébrée, cette conséquence est admise, soit par
la loi régissant les effets du mariage, soit par la loi personnelle de l'un des époux,
soit par la loi personnelle de l'enfant».
Cette même formulation se retrouve dans les dispositions de l'article pre-
mier de la Convention de Rome du 10 septembre 1970 sur la légitimation par
mariage, dont la teneur est la suivante : « Lorsque, selon les dispositions de
droit interne de la loi nationale du père ou de la mère, le mariage de ceux-ci
a pour conséquence la légitimation d'un enfant naturel, cette légitimation est
valable dans les Etats contractants ».
92. - LewadJI4 et, Cansacchi15 distinguent ces types de règles, selon que
l'alternative se réfère aux conditions nécessaires à l'obtention d'un résultat,
ou à un effet juridique déterminé par l'auteur de la règle. Une telle distinction
ne semble pas emporter l'adhésion car, par définition, toute règle à rattache-
ments alternatifs se réfère à un effet juridique et suppose, pour son applica-
tion que les conditions prévues dans son présupposé soient rempliest6.
Mais il ne suffit pas, non, plus, de dire que les règles à rattachements alter-
natifs sont des règles subtantielles internes qui prennent en considération des
lois étrangères11. En réalité, les praticiens ne semblent pas avoir perçu toute
la complexité de la structure de la règle de conflit alternativeiB Jorsqu'ils décla-
rent que, par exemple, l'article 311-17 du Code civil français« ... ne définit
pas une règle de conflit de ]ois, mais se limite à poser les conditions de validité
de la reconnaissance »19. C'est que, toute règle juridique implique l'existence
des conditions nécessaires à son application. La diSposition de la norme ne
se conçoit pas en dehors de sa prévision. C'est parce que les faits rentrent dans
le champ de prévision de Ja norme que celle-ci est applicable20. C'est la rai-
son pour laquelle une règle de conflits peut contenir dans sa prévision, l'énoncé
des conditions nécessaires à son application. Pour que la règle matérielle puisse
s'appliquer aux faits litigieux, encore faut-il qu'il y ait un rattachement suffi-
sant entre lesdits faits et la loi désignée 20 bî~.
- 112 -
94. - Reprenons les textes de l'article 28, alinea 3, de la loi yougoslave et celui
de l'article 311-17 du Code civil français.
Le premier de ces textes dispose : « L'illicéité d'un fait, est appréciée con-
formément au droit du lieu où le fait s'est produit ou de celui où ses effets
se sont réalisés ; si le fait s'est produit, ou si les effets se sont réalisés en plu-
sieurs lieux, il suffit que le fait soit illicite d'après le droit de l'un de ces lieux >>.
Le second texte dispose : « La reconnaissance volontaire de paternité ou
de maternité est valable si elle a été faite en çonformité, soit de la loi person-
nelle de son auteur, soit de la loi personnelle de l'enfant».
Alors que le premier de ces textes pose les conditions relatives à l'appré-
ciation d'une conduite (a), le second texte est relatif à l'établissement d'un état
(b).
L'objection est sérieuse, et elle montre bien que la rupture d'égalité entre
lexfori et droit étranger, de même que la rupture de l'égalité entre les parties,
peut être source de complication dans la recherche d'une solution satisfaisante
de l'affaire.
Aussi, l'article 31 du projet québécois fait régir la responsabilité extra con-
tractuelle par la loi du domicile du demandeur au moment de la survenance
du fait générateur du préjudice, tout en accordant au défendeur la possibilité
d'opposer la licéité du fait générateur ou l'absence d'obligation à réparation
dans le pays où le fait générateur s'est produit, si celui.ci est aussi le pays de
son domicile.
La loi hongroise donne à la question une solution qui se rapproche de
celle qui vient d'être évoquée, dans la mesure où, selon l'article 32, la respon-
sabilité extracontractuelle est régie, en principe, par la loi du lieu du fait géné-
rateur, au moment où il s'est produit, mais l'on peut faire application de la
loi du lieu du dommage, si elle est plus favorable à la victime. On exclut cepen-
dant toute option, chaque fois que l'auteur du dommage et la victime ont un
domicile dans le même Etat. Dans ce dernier cas, c'est la loi de cet Etat qui
s'applique.
La solution n'est pas tout à fait satisfaisante car l'on finit par reprendre
à la victime ce qu'on semblait vouloir lui accorder. Si, en effet, les règles à
rattachements alternatifs sont édictées dans ces matières pour exprimer une
faveur à la personne victime du dommage, ne faut-il pas aller jusqu'au bout
de la logique du système, et décider que c'est la loi favorable à la victime qui
doit l'emporter dans tous les cas ? Une telle solution aurait le mérite de la cohé-
rence, puisqu'en édictant des règles à rattachements alternatifs, l'auteur de la
norme semble déclarer, implicitement mais nécessairement, que« la règle de
conflit n'est pas neutre».
Aussi, il semble que l'orientation prise par l' Avant-Projet de Convention
Européenne sur la loi applicable aux obligations contractuelles et non contrac-
tuelles est, encore, la plus cohérente22.
En effet, l'article 10, alinéa 1, de cet avant-projet disposait : « Les obli-
gations non contractuelles dérivant d'un fait dommageable sont régies par la
loi du pays où ce fait s'est produit ))23. Et cet article se poursuivait comme
ceci : <<Toutefois, lorsque d'une part, il n'existe pas de lien significatif entre
la situation résultant du fait dommageable, et le pays où s'est produit ce fait
et que, d'autre part, cette situation présente une connexion prépondérante avec
un autre pays, il est fait application de la loi de ce pays ... ».
Aussi, sous réserve des difficultés d'harmonisation avec d'autres conven-
tions déjà en vigueur, dont les Conventions de la Haye24, le projet de Con-
vention C.E.E., de facture plus classique, semblait mieux répondre aux exi-
gences de la « justice du droit international privé )>, en partant, non pas de
l'intérêt des parties, mais de la localisation objective de l'affaireis.
Il apparaît, par conséquent, que lorsque la règle à rattachements alterna-
tifs choisit la solution de faveur en indiquant les conditions relatives à l'éva-
luation d'une conduite, elle se heurte au problème de la coordination des lois
en concours : non seulement lorsqu'il y a différence globale quant à
- ll4 -
Il faut, alors, distinguer les deux cas qui peuvent se présenter : il se peut que
le concours ait lieu entre une règle à rattachement unique et une règle à ratta-
chements alternatifs ; mais il se peut, également, que le concours ait lieu entre
deux ou plusieurs règles à rattachements alternatifs.
à une loi désignée par une règle de conflit de facture classique le moyen de
/'atteindre, à savoir la destro.ction de la présomption de paternité ... »47.
C'est dire que lorsque les règles à rattachements alternatifs posent les con-
ditions nécessaires à l'évaluation d'un état, l'idée de faveur, véhiculée par les
rattachements alternatifs, ne peut triompher véritablement que si toutes les règles
du système, qui ont vocation à s'appliquer, se coordonnent. Un dysfonction-
nement peut surgir, si la règle à rattachements alternatifs fait appel à une règle
de conflit classique pour préciser les conditions de réception dans le système
du for d'un état revendiqué par les personnes intéressées.
Ainsi donc, qu'il s'agisse de poser les conditions relatives à l'évaluation
d'une conduite ou les conditions relatives à l'établissement d'un état, les règles
à rattachements alternatifs ne réalisent qu'avec difficulté l'idée de faveur qu'elles
véhiculent : soit parce que les lois en concours peuvent donner une différence
de degré à l'évaluation de la conduite, soit parce que les lois en concours ne
se coordonnent pas de manière harmonieuse.
Il convient, maintenant, de rechercher comment le problème est résolu
lorsque Ja règle à rattachements alternatifs pose des conditions tendant à la
validité d'un acte.
Section II
104. - Pour comprendre comment l'on peut satisfaire aux conditions posées
par des règles à rattachements alternatifs, l'on peut se référer, à titre d'exem-
ple, à la disposition de l'article 28, alinéa 3, de la loi yougoslave. Ce texte dis-
pose : << L'illicéité d'un fait est appréciée conformément à la loi du lieu où
le fait s'est produit ou de celui où ses effets se sont réalisés ; si le fait s'est
produit ou si les effets se sont réalisés en plusieurs lieux, il suffit que le fait
soit illicite d'après le droit de l'un de ces lieux».
Ce texte illustre, parfaitement, le mode de satisfaire aux conditions posées
par les règles à rattachements alternatifs : la satisfaction aux exigences de l'une
au moins des lois en concours est nécessaire (§1), mais la satisfaction aux exi-
gences d'une seule des lois en concours est suffisante (§2).
§2. - La satisfaction aux exigences d 1 une seule des lois en concours est
suffisante
structurels qui lui sont propres et qui conditionnent aussi bien leur fonction-
nement, que la méthodologie générale de solucion des conflits de lois.
Tout d'abord, la volonté de l'auteur de la règle apparaît ici, plus que nul
part ailleurs, comme un élément structurel des règles à rattachements alterna-
tifs. Or, cette volonté n'étant pas toujours clairement décelable, il en résulte
le plus souvent une distorsion dans l'application de la règle97. Le rôle créa-
teur de la jurisprudence apparaît, ici, essentiel98.
Que les règles à rattachements alternatifs soient formulées de manière uni-
latérale ou bilatérale, leur structure externe est, le plus souvent, source de com-
plication dans la mesure où les règles à rattachements alternatifs sont fondées
sur un traitement inégal de la /ex fori et du droit étranger99.
Ces éléments structurels extrinsèques ne sont pas les seuls à expliquer les
difficultés de mise en œuvre des règles à rattachements alternatifs. Les éléments
structurels intrinsèques concrétisent ces difficultés.
Ceci est dû au fait que le fonctionnement de ce type de règles exige une
coordination des lois en concours, alors que, en pratique, cette coordination
fait souvent défaut. C'est aussi que la structure des règles à rattachements alter-
natifs conduit à une nouvelle casuistique.
- 130 -
NOTES
10. Pour une illustration prise dans la jurisprudence française, Cf. T.G.I., Paris, 13 février
1979 R.C.D.I.P., 1980, 79 note M.S.D. En l'espèce, un Français contestait la reconnaissance
d'un enfant naturel, né d'une mère portugaise et légitimé par le mariage subséquent des parents.
- 131 -
Le Tribuna1 relève que : (( ... conformément à l'article 311-17 du Code Civil, la loi fran-
çaise et la loi portugaise sont l'une ou l'autre applicables en matière de reconnaissance ; qu'au
regard de ces deux législations - article 339 du Code civil français; article 1836 du Code civil
portugais - la reconnaissance inexacte est annulable.. , »
Le Tribunal ne dit, cependant,pas quelle a été la r~gle matérielle appliquée pour pronon-
cer la nullité. Est-ce l'article 339 du Code dvil français ou l'article 1836 du Code civil portu-
gais ? En faisant, ainsi, application de la<< Règle d'antichoix » (Cf. Jessurun d'Oliveira, de
Antikiesregel, op. dt. , p. 460 et ss.) le Tribunal met en lumière l'un des dangers que les pro-
fesseurs BATIFFOL et LAGARDE avaient perçu, dans l'analyse critique qu'ils ont fait de
la réforme de 1972 relative aux conflits de lois en matière de filiation (Cf. «L'improvisa-
tion ... », op. cit.).
11. Pour une illustration de l'hypothèse ici envisagée, cf. Nancy, 4 octobre 1985, Clunet
1987. 94, note GAUDEMET-TALLON.
En l'espèce, statuant sur une action en recherche de paternité, la Cour d'Appel énonce:
«Attendu donc que si les cas d'ouverture de la recherche de paternité naturelle sont appare1n-
ment identiques en droit portugais et en droit français, l'interprétation par le Code portugais
des conditions de ces cas d'ouverture est plus stricte et étroile dans la loi portugaise, par ses
articles 1860 et suivantes».
Certes, énonçant préalablement que l'article 311-14 « ... contient une désignation directe
et impérative de la loi applicable qui ne peut-être que la loi portugaise», la Cour d'Appel
avait écarté toute possibilité d'option et la comparaison était, dès lors, inutile car, les juges
du fond ne tirent aucune conséquence du rejet de la demande qui résultait de l'application
de la loi portugaise. Mais, on peut se demander quelles auraient pu être les conséquences de
cette apparente identité des lois portugaise et française que les juges ont relevée.
12. Cf. par exemple, T.G.I. Paris 30 avril 1985, R.C.D.l.P., 1986, 313, note Y.
LEQUETIE. En l'espèce, les juges du fond relèvent que:« ...L'impossibilité... de conférer
à l'enfant un statut d'enfant légitùné à la place de celui d'enfant légitime ne saurait être tenue
pour attentatoire à l'ordrepub/icfrançaisau sens du droit international privé... n. On remar-
quera, toutefois, que le Tribunal ne se prononce pas sur l'intérêt de l'enfant, alors que cette
notion est au centre de l'évolution du droit de la filiation dans les grands systèmes contempo-
rains. Cf. M. WINCKLER, L'évolution de la légitimation en droit français et alle1nand, Thèse
stras bourg III, 1977 ; H. GROUTEL, L'intérêt de l'enfant et Je rt5le du juge en matière de
filiation, Thèse, Poitiers, 1968.
13. Cf. T.G.l. Paris, 30 avril 1985, R.C.D.l.P., 1986, p. 313 etss, note Y. LEQUETIE.
Il ne semble pas, toutefois, que les juges aient raison. Ils semblent ignorer la distinction entre
«règles primaires>> et« règles secondaires» de droit international privé, d'une part et sur-
tout que cette règle reste une « règle de rattachement ». La remarque du professeur
LEQUETIE, selon laquelle : « ... Les règ]es de droit international privé qui visent l'obten-
tion d'un résultat ne sont pas de véritables règles de conflit de lois ... »(ibid), est plus proche
de la réalité.
14. Cf. LEWALD, «Règles générales des conflits de lois», op. cil., p. 29 etss, n° 16etss.
15. Cf. CANSACCHI, « Choix et adaptation ... », op. cit., p. 102, n° 6, qui remarque :
« M. LEWALD a très exactement noté que l'alternance établie par la règle de conflit peut
se référer, soit aux conditions d'un effet juridique déterminé, soit directement à l'effet même
en question ... ».
16. Cf. déjà, nos observations sur la typologie proposé par J.P. LABORDE, qui semble
reprendre l'analyse de LEWALD et CONSACCHI; supra, n° 10.
17. Cf. par exemple, Pierre MAYER - Droit international Privé», n° 604 et ss ;
LEQUETIE et ANCEL, « Grands arrêts ... », spéc., p. 149.
18. Cf. sur la compléxité de la structure du système alternatif nos développements,
supra n° 55 et ss.
19. Cf. T.G.I. Paris, 30 avril 1985, R.C.D.l.P., 1986, 313, note LEQUETTE, précité.
Les juges du fond exagèrent le caractère substantiel de la norme et semblent oublier que l'appli-
cabilité de celle-ci est conditionnée, d'une part par le caractère international du litige et d'autre
part, par la mise en jeu des rattachements.
20. Cf. par exemple, ATIAS, «Le Mythe de l'Adéquation du droit au fait », op. cit..
- 132 -
39. Mme GAUDEMET-TALLON, dans son commentaire à l'arrêt rendu par la Cour
d'Appel de Nancy le 4 octobre 1985, précité, se demande si l'on ne pouvait pas dire que les
subsides ont été accordés à l'enfant en vertu d'une loi de police.
40. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, <(L'improvisation ... » op. cil. Il faut, toutefois,
remarquer que les règles conventionnelles sont souvent construites sur le même modèle. Ainsi,
l'article 1 de la Convention de La Haye sur la loi applicable à la forme des dispositions testa-
mentaire, prévoit l'applicabilité de plus de six lois différentes.
4J. Cf. à titre d'exemple, T.G.J., Paris, 30 avril 1985, précité et T.G.I. Paris 12 juillet
1982, précité.
42. Le procédé n'estpas nouveau. Cf. déjàARMINJON, in R.C.A.D.I., 1928, 1. p. 433
et ss. Et pour une analyse récente en doctrine, cf O. KHAIRALlAH, Les sûretés mobilières,
op. cil., p. 269 et ss.
43. Cf. H. LEWALD, R.C.A.D.l., 1939. III., p. 24.
44. Pour un exemple de dysfonctionnement résultant du défaut de coordination entre
la loi applicable à l'établissement et celle applicable aux effets de la filiation, Cf. notamment
C.A. Paris 3 mars 1981, R.C.D.J.P., 1981. 496, noteLEQUETTE ; T.G.I., Grenoble IBmars
1985, Clunet 1986. 1014 note LÉOIER.
45. Cf. R.C.D.l.P, 1986, p. 313, note Y. LEQUETIE, et observations Jacques FOYER,
in« Problèmes de conflits de lois ... »op. cil., note 183.
46. Cf. Y. LEQUETIE, note précité, p. 315.
47. Ibidem, p. 317.
48. Cf. J. FLOUR, «Quelques remarques sur l'évolution du formalisme», in Etudes
Ripert, Tome l, p. 93 et ss.
49. Cf. sur ce sujet, P. LOUIS-LUCAS, « La distinction du fond et de la forme dans
le règlement des conflits de lois», in Mélanges MAURY, tome I, p. 175 et ss.
50. Cf. Cass. civ., 28 mai 1963, «CHAPLIN)>, Clunet, 1963, p. 1004, note GOLMAN,
R.C.D.J.P., 1964, p. 513, note LOUSSOUARN.
51. Cf. notamment, PATOCCHl,Règlesderattachement... , op. cil.; V. DELAPORTE,
Recherches sur la forme des actes juridiques en droit _international privé, T. BALLARINO,
Forma degli alti e diritto internationale privato, Padoue, 1970.
52. Cf. sur ce sujet, Francois RIGAUX, « La loi applicable à la forme des actes juridi-
ques», Mélanges SCHNITZER, op. cil., p. 381, et ss, spéc. p. 391 et ss.
53. Cf. T.G.I. de Paris, 24 avril 1980, R.C.D.l.P., 1982, p. 685, note H. BATIFFOL.
54. Cf. note précitée, p. 690.
55. Cf. DROZ, in Juriscl. dr. internat., fasc. 557-B, n° 69.
56. Cf. sur cette notion P. MALA URIE, <t L'équivalence en droit international privé)>,
D., 1962, CHR. XXXVI.
57. Cf. les remarques du doyen BATIFFOL sur ce sujet ; note précitée, p. 690-691.
58. Cf. F. RIGAUX, in Répertoire droit international, V Testament, n° 29 et ss.
0
59. Cf. Cass. civ., 10 décembre 1974, R.C.D.J.P., 1975, p. 474; Clunet, 1975, p. 542.
60. Cf. notamment, l'arrêt rendu par la cour d'appel de Paris le 29 avril 1959, R.C.D.I.P.,
1959, p. 484, note LOUSSOUARN ; Clunet, 1960, p. 129, note GOLDMAN ; D., 1959,
p. 402, note G. Lyon-Caen. Cet arrêt énonçait, en effet : « ... qu'on doit admettre, en vertu
du principe de l'autonomie de la volonté, que rien n'empêche les contractants de se référer
à une autre loi qu'elles connaissent mieux et qu'elles ont choisie, que cette loi soit ou non
la loi nationale des parties». Et depuis cet arrêt, la Cour de Paris a continué d'établir un
lien entre la règle applicable à la forme du contrat et l'autonomie de la volonté. Cf. notam-
ment : Paris, 28 mai 1963, R.C.D.I.P., 1965, p. 540 ; ibidem, 23 avril 1971, 1973, p. 58 note
P. LAGARDE.
- 134 -
61. Une meilleure formultion consisterait à dire que dans les cas où il faut faire triom-
pher un idéal de politique législative, tranduisant une volonté de protection renforcée, 1afavor
va/iditatis ne peut pas s'appliquer en matière de forme : Cf. notamment, l'article 36, alinéa
J, du Code civil portugais et /'arlicle 65, alinéa J, du même Code, ainsi que l'article 11, chif-
fre 2, de la loi espagnole.
Telle est, également, la règle posée par l'article 119, alinéa 3, de la loi suisse qui impose
la forme de la /ex rei situe en matière immobilière.
62. On cite, le plus souvent, l'affaire LIZARDI, Cass. Req., 16janvier 1861, D.P., 1862.
1. 193; s. 1861. 1. 305, note MASSÉ. Et sur l'évolution du« Rattachement LIZARDI »,
Cf. JOBARD-BACHELLIER, L'apparence en droit international privé, Paris, L.G.D.J., 1985,
préface Paul LAGARDE.
63. Cf. l'article 9 de la Convention de La Haye du 14 mars 1978, sur la loi applicable
aux régimes matrimoniaux et l'article 57 de la loi suisse.
64. Cf. l'article 311-17 du Code civil français et d'autres dispositions semblables des légis-
lations étrangères, citées notamment par Jacques FOYER, in « Problèmes de conflits de lois
en matière de filiation », op. cit.
65. Cf. J. GUINAND, Conflit de lois en matière de capacité, Neuchâtel, 1970.
66. Cf. JOBARD-BACHELLIER, L'apparence en droit international privé, op. cil. p. 172
et ss. Cet auteur raisonne à partir de l'hypothèse de défaut de capacité du contractant, mais
n'exclut pas l'application du<< rattachement LIZARDI )>à l'hypothèse de défaut de pouvoir.
Cf spéc, p. 175 et Pierre MAYER, dans le compte-rendu de cet ouvrage. R.C.D.I.P. 1985,
p. 591 et ss. spéc, p. 598.
67. En ce sens, VON OVERBECK,« Cours général ... >), op. cil., p. 80, n° 173.
68. Cf. l'exemple cité par VON OVERBECK, /oc. cit.
69. Sur la distinction entre capacité et pouvoir, Cf. notamment, E. GAILLARD, Le pou-
voir en droit privé», Paris, Economica, 1985, spéc. p. 48 et ss, n° 64 et ss.
70. Cf. sur cette distinction en droit international privé, COUCHEZ, Essai de délimita-
tion du domaine de la loi applicable au régime matrimonial, Dalloz, 1972, n° 126 et ss ; 1.
FADLALLAH, La famille légitime en droit international privé, op. cil., n° 138.
71. Cf. par exemple, E. GAILLARD, qui exprime l'idée en ces termes : «C'est cette
définition du pouvoir comme aptitude à agir valablement dans un intérêt au moins partielle~
ment distinct du sien, qui ne préjuge pas l'existence d'un lien de représentation, sans toutefois
l'exclure nécessairement, que nous retiendrons donc ici pour l'opposer à la capacité, aptitude
à agir valablement pour soi-même ». (op. cit, n° 75) Cf. également P. LAGARDE in préface
à l'ouvrage de Mme JOBARD-BACHELLIER p. XVIII.
72. Cf. notamment, VON OVERBECK, << L'intérêt de l'enfant et l'évolution du droit
international privé de la filiation », op. cil.
73. Cf. notamment, GEBLER, Le droit français de lu filiation et la vérité, thèse, Nancy,
1966 ; GROUTEL H., L'intérêt de l'enfant et le rôle du juge en matière de filiation, thèse,
Poitiers, 1968 ; WINCKLER M., L'évolution de la légitimation en droit français et allemand,
thèse, Strasbourg, Ill, 1977 ; PONS B. Le droit international privé de la filiation illégitime
en RFA, thèse, Rouen, 1977.
74. Cf. R.C.D.l.P., 1986, p. 315.
75. Ibidem.
76. Ibidem.
77. Ibidem, p. 314.
78. Cf. Y.LEQUETTE, note sous cette décision, /oc. cit.
79. Cf. Cass. Civ. I, 25 novembre 1986: R.C.D.l.P. 1987, 383 noteAncel et Lequette;
Grands arrêts .. ., p. 518, n° 65 : D. 1987, 558, obs. B. Audit ; G.P. 3-4 juillet 1987, p. 12,
note J. Massip.
80. Nous empruntons au doyen RIVERO, le titre de son fameux article : «Apologie pour
les faiseurs de systèmes», D., 1951, chr. p. 99.
81. Cf. R.C.D.I.P., 1986, P. 315.
- 135 -
82. Cf. P. MAYER, « Le mouvement des idées dans le droit des conOits de lois )), op. cit.
83. Une idée assez proche de celle-ci est exprimée par le professeur RIGAUX, en ces ter-
mes : «Il fut un temps où la jurisprudence écartait assez aisément l'application de toute loi
étrangère plus libérale que la lexfori, notamment à l'égard des filiations dont celle-ci talerait
/'établissement toléré par celle-là. Cette époque parait aujourd'hui révolue et 1nême si, en son
état actuel, la législation belge demeure beaucoup moins avancée que celle de la plupart des
pays voisins, les mouvements de réfonne qui se dessinent contribuent à mieux tolérer l'appli-
cation des lois étrang~res ayant supprimé les prohibitions qui sont toujours en vigueur en Bel-
gique)), (Cf. Droit international privé, tome Il, n° 992, p. 294).
84. Cf. sur ce sujet, notamment, BELAÏD, Essai sur le pouvoir créateur et normatif du
juge ; O. DUPEYROUX, « La doctrine française et le problème de la jurisprudence source
du droit», in Mélanges Marty, 1978, p. 463 et ss. ; Malaurie, «Les réactions de la doctrine
à la création du droit par les juges,<< Rep. DEFRENOIS, 1980. 1. 861; E, SERVERIN,« De
la jurisprudence en droit privé, théorie d'une pratique )), 1985 ; « La jurisprudence », in. Arch.
philos. droit., 1985, tome 30.
85. CI. toutefois la curieuse décision rendue par le Tribunal de grande instance de Gre-
noble, le 18 mars 1985, Clunet, 1986, p. 1014, note G. LEGIER, qui applique l'article 311-14
à l'autorité parentale, alors que l'affaire était régie, dans son ensemble, par la Convention
de la Haye du 5 octobre 1%1 sur la compétence des autorités et la loi applicable en matière
de protection des mineurs.
86. Cf. I. KISCH ; « La loi la plus favorable ... », op. cit.
87. Trib. civ. Thonon-les-Bains, 27 décembre 1937, Clunet, 1938, p. 279. Cf. également
Cour d'Appel de Paris, 16 avril 1986, Veuve Na.sr cf American Insurance Company, G.P.
17-18 avril 1987, p. 11. L'arrêt écarte la loi libanaise prévue au contrat pour appliquer à celui-
ci la loi française, plus favorable au débiteur, en ce qu'elle réput_ait prescrite l'obligation à
l'inverse de la loi libanaise.
Cf. également, la remarque du doyen BATIFFOL, suivant laquelle: «Il y a quelques
doutes sur le point de savoir si l'équilibre est vraiment juste quand îl est obtenu par l'abandon
au demandeur du choix de la loi applicable ... »,in« Le pluralisme des méthodes ... )), p. 133.
88. Cf. KISCH, «la loi la plus favorable ... »,op. cit., p. 389, qui remarque : «If faut ...
distinguer entre la faveur dans l'abstrait, et /a faveur, en tant qu'ellese manifeste par rapport
au cas concret» ; adde, Jacques FOYER, Filiation ilfégitime et changement de loi applica-
ble)), op. cil., n° 171 et ss, p. 118 et ss.; PATOCCHI, Règles de rattachement ... , n° 605
et ss, p. 301 et ss, spéc. n° 611.
89. Cf. F. RIGAUX et G. ZORBAS, Les grands arrêts de la jurisprudence belge, p. 272.
90. Cf. Jacques FOYER, «Problèmes de conflits de lois ... »op. cil., p. 45, n° 76.
91. Cf. Trib. civ. Bruxelles, 30 octobre 1970, C/unet, 1975, p. 348. Et une décision anté-
rieure du 18 février 1960, R.C.D.I.P., 1960, p. 577, note RIGAUX, qui déclare:« Le prin~
cipe de la reconnaissance des enfants adultérins étant admis, tant par la loi belge que par la
loi italienne, les conditions plus larges posées par cette dernière ne suffisent pas à en rendre
l'application contraire à l'ordre public belge ».
92. Cf. LENAERTS, « Le rôle joué par l'exception d'ordre public lors de la solution
des conflits de lois en matière de filiation », Rev. Trim. Dr. fam., 1983, p. 109 et ss., spéc.
p. 114.
93. Nous reviendrons sur ce sujet. L'on peut, d'ores et déjà, consulter: JESSURUN
d'OLIVEIRA, De anti/desregel, op. cil ; Cf. également C.A. Nancy, 4 octobre 1985, précité.
94. Comparer aux propos du professeur Jacques FOYER, qui déclare sur ce sujet : «Selon
une des interprétations possibles des articles 311-16, alinéa 1, et 311-17, c'est le juge qui choi-
sit la loi qui valide la légitimation ou la reconnaissance ... », in « Problèmes de conflits de
lois ... », op. cil., p. 107, noten° 112.
95. La question de savoir qui choisit le rattachement opératoire, si le juge se borne à
constater l'existence d'un choix, effectué par les parties intéressées, a été étudiée dans la pre-
mière partie de cette recherche.
- 136 -
96. Cf. Cass. civ. 1, 5 décembre 1949, R.C.D.l.P., 1950, P. 165, note MOTULSKY;
Clunet, 1950, p. 180, note GOLDMAN; J.C.P., 1950. Il. 5287, note DELAUME.
97. Sur la problématique des rapports entre l'organe chargé de l'élaboration de la loi
et l'organe chargé de son application, Cf notamment: F. OST, «L'interprétation logique
et systématique et le postulat de rationalité du législateur )), in de KERCHOVE, L'interpréta-
tion en droit : approche pluridisciplinaire, Bruxelles, 1978, spéc. p. 97 et ss.
98. Sur les raisons de cette attitude, Cf. notamment : Ph. GERARD, « Le recours aux
travaux préparatoires et la volonté du législateur», ibidem, p. 51 et ss.
99. Cf. notamment, E. VITIA, «Il principio d'uguaglianza ... », op. cit., p. 32, qui
relève : « On trouve à la base de ces législations, une sorte de nationalisme législatif qui fait
recours à l'expédient de la pluralité des rattachements pour élargir le champ d'application de
la /ex fori, en restreignant par là-même les possibilités d'application du droit étranger».
- 137 -
CHAPITRE DEUXIEME
Section I
119. - S'il est vrai que les rattachements alternatifs se rapprochent de l'auto-
nomie de la volonté en ce qu'ils supposent une option de législation applica-
ble, il est tout aussi vrai que la transposition automatique des termes du débat
tels qu'ils ont été posés au plan général, au cas particulier des rattachements
alternatifs fausserait les données du problème. Pourquoi ? Parce que dans le
système alternatif il faut déterminer, au préalable, le titulaire de 1'option24.
Certes, le plus souvent l'option appartient aux parties intéressées25. Mais il y
a des cas où l'option appartient au juge saisi de la cause26. Doit-on, peut-on
donner la même solution à chacune de ces deux hypothèses ?
Lorsque l'option de loi appartient aux parties, comme le prévoit l'article
311-18 du Code civil qui dispose:« L'action à fins de subsides est régie, au
choix de l'enfant, soit par la loi de la résidence habituelle, soit par la loi de
la résidence habituelle du débiteur», faut-il exclure le renvoi?
Pour répondre à la question ainsi posée il faut rechercher la ratio legis
du texte et la comparer à celle des matières régies par la loi d'autonomie. Que
constate-t-on en procédant de la sorte? Qu'en édictant des règles à rattache-
ments alternatifs l'auteur de la norme visait un but précis qui est l'obtention
d'aliments, alors qu'en matière contractuelle l'auteur de la norme se désinté-
resse du résultat à obtenir. Peu importe que le contrat soit valable ou qu'il
soit nul en application de la loi choisie par les parties.
Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle on admettrait plus facilement
le renvoi en matière de rattachements alternatifs, que dans les matières régies
par la loi d'autonomie. Si l'intérêt de la partie qui bénéficie d'une option de
législation est satisfait par le jeu du renvoi pourquoi exclure celui-ci, alors que
l'option exercée ne permet pas toujours d'atteindre le but visé par l'auteur de
la règle ? Peut-on poser comme postulat que le titulaire de l'option choisira
toujours la loi qui lui permet d'obtenir Je résultat qu'il recherche ?27.
Il a été soutenu que << ••• les objectifs matériels de la règle de conflit du
for semblent empêcher l'intervention éventuelle du renvoi qui déjouerait les
intentions du législateur ou des parties »2s.
Mais, l'objection ne semble pas décisive. Car, que décider lorsque l'inter-
vention éventuelle du renvoi ne déjoue pas les intentions du législateur ou des
parties? Poser la question, c'est déjà y répondre.29.
Et d'ailleurs, si l'on admet le renvoi dans les cas où l'option appartient
aux parties ne faut-il pas, a fortiori, l'admettre lorsque l'option appartient au
juge saisi de la cause ? Pour répondre à la question ainsi posée il faut d'une
- 141 -
part constater que dans les matières régies par la loi d'autonomie, certaines
législations admettent le renvoi chaque fois qu'il y a un rattachement objectif
du contrat30 et d'autre part que l'application de la règle locus regit actum, par
exemple, implique une option exercée par le juge. Et ce n'est pas étonnant que
les premiers cas dont la jurisprudence étrangère a eu à connaître et qui abouti-
rent à l'admission du renvoi constituent aussi les premières manifestations con-
crètes des rattachements alternatifs3I : forme du testament, forme du mariage,
etc.
Pour écarter l'admissibilité du renvoi en matière de rattachements alter-
natifs on prétend généralement qu'il ruinerait « le travail sur mesure» de
l'auteur de la règle. Mais si la mesure est le but poursuivi par l'auteur de la
règle, où serait le problème dès lors que le renvoi permettrait de l'atteindre ?
On le voit l'option de législation ne semble pas être un obstacle à l'admis-
sibilité du renvoi. Et les législations contemporaines tendent à consacrer, le
plus souvent, le renvoi.
120. - Pour conclure à la nécessité d'exclure le renvoi dans les matières régies
par des rattachements alternatifs, certains auteurs ont prétendu que le déclin
du renvoi dans les législations contemporaines justifiait l'exclusion du renvoi
dans les matières régies par des rattachements alternatifsJ2. Il ne semble, tou-
tefois, pas nécessaire de faire un<< plaidoyer pour Le renvoi». Cela a déjà été
fait33, La question se pose, aujourd'hui, en d'autres termes : assistons-nous
à l'agonie ou à la survie du renvoi ?
Certes, la plupart des textes, récents adoptent le système de la référence
matérielle. La loi étrangère désignée est la loi substantielle à l'exclusion des
règles de conflit3'1. Mais il est admis que la Rückverweisung peut jouer, la règle
de conflit étrangère peut renvoyer à la Lex fori. Mais d'une manière générale
le renvoi est non seulement admis au premier degré mais également au
second35.
123. - L'admission du renvoi Ile va pas sans poser des problèmes, car il ne
s'agit pas en la matière d'un renvoi comme il est généralement pratiqué. S'agis-
sant de Ja recherche d'un résultat le renvoi ne peut être admis que s'il permet
d'atteindre ce résultat. La doctrine parle, alors, de renvoi infavorem (A). Mais
un renvoi ainsi cantonné est-il encore un véritable renvoi ? (B).
124. - L'admission du renvoi infavorem dans les matières régies par des rat-
tachements alternatifs est soutenue par une partie non négligeable de la
doctrine42 et certaines législations étatiques la consacrent expressément43.
Une fois constatée ]'admission du renvoi il convient de lui rechercher un
fondement (a) et de délimiter son étendue (b).
125. - Pour justifier l'exclusion du renvoi dans les matières régies par des rat-
tachements alternatifs certains auteurs se fondent sur le fait que ces règles de
conflit sont empreintes d'un contenu matériel qui risquerait d'être éludé par
le jeu du renvoi.
Mais, loin de constituer un fondement à l'exclusion du renVoi, l'existence
d'un contenu substantiel dans la règle de conflit, qui se traduit par la recher-
che d'un résultat peut constituer un fondement autonome du renvoi : C'est
- 143 -
que le renvoi est un expédient utilisé par les auteurs des normes pour permet-
tre la réalisation d'un objectif : soit la coordination des systèmes, soit l'har-
monie internationale des décisions.
L'onne peut pas, par conséquent, résoudre la question en érigeant en prin-
cipe soit l'admission, soit l'exclusion du renvoi. Comme il a été soutenu récem-
ment, c'est dans le cadre de chaque règle de conflit que la question du renvoi
doit être résolue«, surtout en raison du pluralisme des méthodes en cours à
l'heure actuel/~s.
L'admission du renvoi infavorem apparait alors comme un règlement sub-
sidiaire, qui, n'est en réalité qu'une variante de la théorie du renvoi. Et laques-
tion a été entrevue de longue date. Car, s'agissant de règles optatives ou facul-
tatives il serait malaisé d'imposer un principe d'admission obligatoire du
renvoi46.
La recherche d'un résultat devient un fondement autonome du renvoi car,
contrairement à l'idée dominante les parties intéressées ne désignent pas une
règle substantielle. Elles se bornent à désigner dans un système juridique la
règle qui leur semble idoine à ]'obtention d'un résultat. Et, en agissant de la
sorte, les parties réalisent les vœux de l'auteur de la règle de conflit, car en
désignant une pluralité de rattachements il a voulu que le résulta[ soit atteint.
Le résultat recherché n'est, assurément, pas l'application de telle ou telle loi,
mais la réalisation du but qui constitue la ratio de la norme. Que le but soit
réalisé par l'application de la théorie du renvoi qui pourra s'en plaindre ! Mais,
ne faut-il pas, alors, limiter l'étendue du jeu du renvoi ?
C'est à cette question qu'il convient, désormais, de répondre.
126. - En admettant que le renvoi ne peut jouer que infavorem nous avons
admis par là-même une limitation au jeu du renvoi.
Ce n'est pas sur ce terrain qu'on se placera pour étudier la question. Le
problème qui se pose est le suivant : faut-il limiter le renvoi à l'intérieur du
cercle des rattachements alternatifs prévus par la règle de conflit ? Ou faut-il
élargir le cercle des rattachements par l'admission du jeu du renvoi ?
Le renvoi circonscrit au cercle des rattachements contenus dans la règle
de conflit semble, a priori, inutile. En effet, selon les règles de fonctionne-
ment des rattachements lorsque l'un d,eux ne permet d'obtenir le résultat
escompté, on fait application de l'autre47. Or, le renvoi est généralement fondé
sur la volonté d'application de la norme. Refuser sa compétence, dans le cadre
des rattachements alternatifs, n'est-ce pas se refuser à réaliser l'objectif de droit
matériel assigné par l'auteur de la règle ?
Aussi, l'application d'un autre rattachement ne résulterait plus du jeu du
renvoi, mais de l'alternative voulue par l'auteur de la règle de conflit48. Le ren-
voi ne se conçoit qu'à l'extérieur du cercle des rattachements contenus dans
la règle de conflit49.
- 144 -
Section II
Le système alternatif et
l'élément temporel
131. - Les règles de conflit dans l'espace peuvent être troublées dans leur fonc-
tionnement par l'incidence du facteur temps64. La sélection du rattachement
qui doit permettre la concrétisation de l'effet de droit substantiel contenu dans
la règle de conflit est, ainsi, rendue complexe par l'intervention de l'élément
temporel65.
Ainsi, par exemple. l'artic1e 311-17 du Code civil français dispose:« La
reconnaissance volontaire de paternité ou de maternité est valable si elle a été
faite en conformité. soit de la loi personnelle de son auteur, soit de la loi per-
sonnelle de l'enfant >>. La question se pose de savoir quelle est la loi person-
nelle à prendre en considération lorsque l'auteur ou l'enfant auront changé
de nationalité. C'est l'hypothèse de modification de l'élément de rattachement.
Mais le problème peut se compliquer lorsque c'est la règle de droit qui
est modifiée66. La question se pose alors de savoir si l'on doit appliquer la loi
nouvelle ou si l'on doit appliquer aussi la loi ancienne67. L'on prétend, par-
fois que ces problèmes connus sous Le nom de conflit mobile et conflit transi-
toire n'obéissent pas aux principes de solution généralement dégagés pour les
règles de conflit, car il faut en la matière tenir compte de l'effet de droit subs-
tantiel recherché par l'auteur de la règle68. C'est, peut-être, mettre un peu trop
en relief l'aspect substantiel de la règle et ne pas tenir assez compte de son aspect
- 147 -
conflictuel. Dire de la norme qu'elle est hybride c'est déjà la distinguer des
dispositions substantielles du droit interne
132. - En somme, la question se pose de la manière suivante : lorsqu'il y a
modification de l'élément de rattachement ou lorsque cette modification affecte
le droit applicable, comment sélectionner le rattachement opératoire ? Peut-
on choisir entre le rattachement ancien et rattachement nouveau ? Peut-on choi-
sir entre la loi ancienne et la loi nouvelle ?
Pour répondre à ces questions, on étudiera tout d'abord les rapports entre
le système alternatif et la modification de l'élément de rattachement (§1) et
l'on étudiera, ensuite, les rapports entre le système alternatif et la modifica-
tion de la règle de droit (§2).
La filiation naturelle et la forme des actes sont les domaines qui illustrent
le mieux la controverse doctrinale en la matière : faut-il étendre la solution
donnée au conflit de lois dans l'espace au conflit de lois dans le temps ? Faut-
il appliquer la règle tempus regit actum à la solution du conflit mobile en matière
de forme des actes ? Faut-il appliquer un système alternatif pour régler le con-
flit mobile en matière de filiation ?73.
136. - La jurisprudence française, avant la loi de 1972 sur la filiation, s'était
prononcée en faveur de l'application au conflit mobile d'un rattachement
alternatif74. A cette époque, la recherche de paternité naturelle étant rattachée
à la loi nationale de l'enfant, la question se posait de savoir comment détermi-
ner le rattachement opératoire lorsque l'enfant avait eu, au moins, deux natio-
nalités successives.
Dans le but de favoriser l'enfant, la jurisprudence avait admis que l'enfant
pouvait invoquer soit la loi de sa nouvelle nationalité française75, soit la loi
de son ancienne nationalité française76. En tout cas, par une « manipulation
de la règle de conflit >>11, on permettait à l'enfant de« se prévaloir des dispo-
sitions qui lui sont les plus favorables »'s.
A défaut d'alternative dans le règlement du conflit de lois dans l'espace,
le but de droit matériel recherché pouvait se concrétiser par le jeu de l'alterna-
tive prévue pour le règlement du conflit de lois dans le temps. La modification
de l'élément de rattachement permettait à l'enfant de bénéficier de l'effet de
la loi qui lui accordait la plus grande protection.
On aurait pu supposer qu'il s'agissait là d'un rattachement alternatif très
limité car l'option s'exerçait à l'intérieur du rattachement : option entre
l'ancienne et la nouvelle loi personnelle. Mais la Cour de Paris a montré par
la suite que « ... la loi personnelle qui doit recevoir application est celle dont
la mise en œuvre s'avère la plus favorable à l'établissement du lien de filia-
tion »79. C'est dire que l'option s'exerce, non pas à l'intérieur d'un même rat-
tachement, mais entre les rattachements existantsso. Le rattachement alterna-
tif était ainsi consacré, et renforcé par une option de législation offerte aux
parties intéressées.
137. - Dans le domaine de la forme des actes une solution du même type se
retrouve également, dans la Convention de La Haye de 1961, relative à la loi
applicable à la forme des dispositions testamentaires. En effet, cette conven-
tion règle directement le conflit mobile en faisant intervenir de manière alter-
native les différentes concrétisations, dans le temps, de l'élément de
rattachementsi .
En adoptant des rattachements alternatifs pour règler le conflit mobile,
l'auteur de la règle à rattachements alternatifs signifie à ses destinataires que
ni le rattachement ancien, ni le nouveau rattachement ne sont aptes, à eux-
seuls, à donner une solution satisfaisante à la question de droit posée. Lors-
que la question est réglée par un rattachement mobile, il faut tenir compte de
cette mobilité en accordant une option entre les diverses conèrétisations du
rattachements2.
- 149 -
le rattachement dans le temps n'est-ce pas interpréter l'esprit des cextes non
seulement en dehors du contexte, mais surtout contre la lettre ?
En effet, l'argument tiré du caractère politique du rattachement alterna-
tif n'est pas décisif. Il suffit de constater qu'en sachant pertinemment qu'il
créait des règles à finalité matérielle l'auteur de celles-ci les a immobilisées dans
le temps, exprimant par là la volonté de ne pas trop élargir le rattachement
alternatif. L'argument est d'autant plus pertinent que l'auteur de la règle n'a
pas immobilisé dans le temps tous les rattachements. Quel est, dans ce cas,
l'esprit du système: celui reflété par les articles 311-16, alinéa 1et311-17,
ou celui qui résulte des articles 311-16, alinéa 2 et 311-18 ? L 'opinio juris doit,
certes se fonder sur la ratio Legis mais elle ne peut pas se passer de l'exégèse.
145. - En somme, lorsque l'auteur de la règle n'a pas immobilisé dans le temps
le rattachement mobile il est possible de faire une extension du système alter-
natif conçu pour donner solution au conflit de lois dans l'espace à la solution
du conflit résultant de la modification dans le temps de l'élément de rattache-
ment. Le silence de l'auteur de la règle doit être interprété comme un accord
tacite donné à cette extension. La lettre du texte ne contredisant pas son esprit,
celui-ci l'emporte sur celle-là.
Lorsque l'auteur de la règle a immobilisé le rattachement mobile dans le
temps il y a une présomption de refus de toute extension du système alternatif
dans l'espace à la solution du conflit mobile. En immobilisant les rattache-
ments l'auteur fait savoir aux destinataires des règles qu'il entend limiter l'effet
de droit matériel recherché au seul cercle des rattachements prévus pour la solu-
tion du conflit dans l'espace. Dès lors, toute extension du système au conflit
mobile serait non seulement contraire à la lettre du texte, mais surtout à son
esprit. L'application alternative d'une règle dépend de la volonté de son auteur,
et elle n'est pas admise contre la volonté de son auteur93.
Peut-on étendre les solutions données au conflit mobile au cas de modifi-
cation de la règle de droit ?
C'est à cette question qu'il convient, maintenant, de répondre.
ger? Nous avons vu, plus haut, qu'en cas de modification de la règle de con-
flit, le juge du for saisi au stade de la compétence directe se réfère non pas
aux règles spéciales, mais aux principes généraux du droit transitoireios. Ne
doit-on pas aller plus loin et décider que l'application des principes généraux
du droit transitoire doit s'adapter à la nécessité de la libre circulation des juge-
ments ? Aller dans ce sens, ce serait reconnaître la nécessité d'un rattachement
alternatif lors du contrôle de la loi appliquée en cas de modification de la règle
de conflit du for de l'exequatur, entre le moment où le juge étranger a statué
et le moment où le juge de l'exequatur statue.
C'est, d'ailleurs la raison pour laquelle le problème se pose au stade de
la compétence indirecte.
151. - La solution à adopter lorsque le juge du for est saisi d'une question
relative à la reconnaissance d'un jugement étranger alors que la règle de con-
flit du for a été modifiée entre la date du jugement étranger et la date à laquelle
le juge de l'exequatur doit rendre sa décision doit être recherchée en tenant
compte des titres d'application respectifs de l'ancienne et de la nouvelle règle
de conflit, d'une part (a) et du résultat escompté par les parties, d'autre part (b).
153. - La loi ancienne peut revendiquer son applicabilité à p_lus d'un titre.
Cette applicabilité se justifie, tout d'abord, par le fait que les règles de
conflit ne tranchent pas directement le litige. Elles sont des règles de rattache-
ment servant de pont entre les situations à régir et l'Etat qui fournira la règle
- 157 -
juge statue sur l'exequatur pour rechercher la loi désignée par la règle de
conflit ?121.
Ainsi, affirmée la légitimité d'application de la loi nouvelle et de la loi
ancienne, le choix de l'une ou de l'autre dépend seulement du résultat auquel
elles conduisent.
Conclusion du chapitre
NOTES
l. Cf. toutefois les articles 36 et 65 du Code civil portugais qui, tout en édictant des
règles à rattachements alternatifs en matière de forme des actes, en général, et de testaments,
en particulier, admettent expressément le jeu du renvoi.
Cf. également, les dispositions de l'EGBGB. nouveau qui semblent écarter le renvoi dans
les matières où une « option de législation >> est laissée aux parties.
2. Pour une illustration prise dans la jurisprudence franyaise, Cf. notamment, T. G.I.,
Paris, 20 avril 1982, Clunet 1983, 583, note J. DERRUPPE; C.A. Paris, 8 mars 1983,
R.C.D.I.P., 1984, 290, note Jacques FOYER; Cass. civ. I, 15 juin 1982, D. 1983, 432, note
Eric AGOSTINI.
3. Cf. Jacques FOYER,« Requiem pour le renvoi?», Trav. Corn.Fr. Dr. Inter. Priv.,
1980-1981, p. 105 ; G. LEGIER et J. MESTRE, note sous Aix-en-Provence, 21janvier1981,
R.C.D.I.P., 1982, 297; J.M. BISCHOFF, note sous Cass. civ. 15 juin 1982,R.C.D.I.P., 1983,
300, entre autres.
Pour les problèmes suscités en matière de renvoi par les dispositions de l'EGBGB nou-
veau Cf. notamment: Sonnenberger, «Introduction générale a la réforme du droit interna-
tional privé dans la République Fédérale d'Alle1nagne ... », op. cit., R.C.D.I.P., 1987, p. 1
et SS., spéc. p. 18 et SS.
4. Cf. par exemple Pierre MAYER, «Droit International privé», n° 610. Selon cet
auteur, « Le recours au renvoi dans le cadre d'un rattachement alternatif est également pro-
blématique ».
5. Pour une illustration de cette tendance Cf. par exemple, la résolution adoptée_par
l'Institut de droit International à sa session du Caire in R.C.D.I.P., 1988, p. 133-134.
6. Pour une illustration des problèmes suscités par l'adoption de rattachements alter-
natifs en droit international privé français, Cf. notamment : P. LAGARDE, « Le droit tran-
sitoîre des règles de conflit après les réformes récentes du droit de la famille », Trav, Com.
Fr. Dr. Int. Priv., 1977-1979, p. 89 et ss. Et sur le.conflit transitoire de droit étranger, Cf.
GIARDINA, <( Les lois étrangères rétroactives en matière de mariage et de régimes matrimo-
niaux », R.C.D.I.P., 1972, 401.
7. Sur l'entrelacement du conflit transitoire et du conflit mobile dans l'application des
rattachements alternatifs du droit français Cf. HERON, <(L'application dans le temps des
règles de conflit», R.C.D.I.P., 1987, 305 et SS. spéc. p. 344 et SS., n° 38 et SS. ; P. GRAU-
LICH, note sous Paris, 29 juin 1963, Witschy, R.C.D.I.P., 1964, p. 300 et ss., spéc., p. 326
et SS.
8. Cf. notamment Jacques FOYER, «Requiem pour le renvoi», op. cil. ; et les dis-
cussions suscitées en France par les arrêts Lardans (Cass. cîv. I, 27 janvier 1969, R.C.D.I.P.,
19769, 710, note DERRUPPÉ; Clunet 1969, 644, note Ponsard; J.C.P., 1970, Il, 16047,
note Jacques FOYER: Jour-not., 1970, 49731, note DROZ) et GOUTHERTZ (Cass. civ.
1.), ter février 1972, R. C.D.I.P., 1972, 644, note G. WIEDERKEHR ; Clunet 1972, 594 note
PH. KAKN; J.C.P., 1972. II. 17096, concl. Gégout; Rép. DEFRÉNOIS, 1972, 30161, note
Ph. MALA URIE.
9. L'expression est de MM. LOUSSOUARN et BOUREL, «Droit international
privé)), p. 288 et 293.
10. Ibidem, n"' 218 à 221, p. 293 et ss.
11. ((Droit international privé)), tome 1 n° 311 p. 363.
12. Cf. Pierre MAYER,« Droit international privé», n° 237, p. 146.
13. Ibide1n.
14. Cf. par exemple, Deby-Gérard, ((Le r6le de la règle de conflit ... >> op. cil., n° 334
et ss. ; MAURY et DERRUPPÉ, Jur. C/ass. Dr. Inter., n° 106).
15. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, tome I, 6e éd. p. 395, note 52-2.
- 161 -
16. Cf. ]es observations de M. DERRUPPÉ sous Cass. civ. I, 24 janvier 1984, Clunet
1984, 868, spéc. p. 870 et ss. Cet auteur remarque notamment : (< Le renvoi n'est exclu que
par l'interprétation de la volonté des époux et non par incompatibilité avec le critère volonta-
riste du rattachement. Que cette interprétation conduise le plus souvent à l'exclusion du ren-
voi est une chose. Que le renvoi soit systématiquement condamné sans référence à cette volonté
concrète en est une autre. Ce n'est pas pour l'heure la voie de la jurisprudence )> (p. 870).
Cf. également G. DROZ, Rép. Dallozdr. Int .. n° 116 et 117 et les observations de H. Gau-
demet - Talion, sous Paris, 3 décembre 1980, R.C.D.l.P., 1981, 501.
17. Cf. Cass. civ. I, 15 juin 1982, précité.
18. Pour une admission, certes sous condition, du renvoi dans l'application de la règle
Locus regit actum, Cf. : MAURY et DERRUPPÉ, Jurisc/. Dr. Intern., préc. Fasc. 532 - B,
n° 109 ; Ph FRANCESCAKIS, «La théorie du renvoi et les conflits de systèmes en droit inter-
national privé», Paris 1958, n° 152 et 153, p. 154 à 156; Pierre GANNAGÉ, «Le rôle de
l'équité ... », Paris 1949, p. 256-259 ; LÉGIER et MESTRE, note sous Aix, 21janvier1981,
R.C.D.I.P., 1982, 297.
19. E. BORIOLI, «La notion du renvoi en droit positif.suisse », Genève 1966, p. 95 ;
FERRER-CORREIA, « Estudos Varias de direito >>. Coimbra 1970, p. 181 et 237-239, I,
MAGALHAES-CALLAÇO, «A dévoluçB.o ... » Coimbra 1959, p. 46 ; North, Cheshiere's
Private international /aw, 8e éd. p. 64-65, entre autres.
20. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, tome I.
21. Cf. par exemple, FERRER-CORREIA, Cours de La Haye, op. cit,
22. Sur le rôle de l'intérêt des parties, Cf. BATIFFOL et LAGARDE, Tome I, n° 306.
23. Cf. FERRER-CORREIA, «Problèmes de codification ... », op. cit,, p. 179.
24. Cf. nos développements supra, n° 19 et ss.
25. Ibidem, spéc. n° 24 et ss.
26. Ibidem, spéc. n° 28 et ss.
27. L'expérience des praticiens révèle que le titulaire de l'option, même entouré de con-
seils, élit le plus souvent un système de droit au lieu d'opter pour une règle particulière.
28. Cf. Jacques FOYER, {(Requiem ... » op. cit., p. 118.
29. Rapprocher de l'intervention de M. P. LAGARDE dans la discussion qui a suivi
l'exposé de M. J. FOYER, op. cil., p. 181.
30. Pour des exemples récents Cf. notamment Von OVERBECK, « Cours Général ... »,
1982, op. cit., spéc. n° 325 et ss. p. 150-152.
31. Pour des exemples Cf. LEWALD, «La théorie du renvoi», op. cil., p. 519 et ss.
32. Cf. notamment, Jacques FOYER, «Requiem ... », op. cil.
33. Cf. DERRUPPÉ, « Plaidoyer pour le renvoi », Trav. Com. Fr. Dr. Inter. Priv.,
1964-1966, p. 181 et SS.
34. C'est le cas, notamment, de la loi espagnole (art. 12 § 2 du Code civil), du § 4 du
décret-loi hongrois, du§ 3 R.A.G de la R.D.A., de l'article 852 du Code de la famille du
Sénégal, de l'article 727 du Code de la famille du Togo.
35. Cf. notamment,§ 5 de la loi autrichienne, article 2, al. 3 de la loi yougoslave, art.
2, art. 3 de la loi turque, art. 4 de l'EGBGB nouveau.
36. Cf. l'article 35 EGBGB (nouveau).
37. Cf. notamment les articles 36 et 65 du Code civil portugais.
38. Cf. § 5 et§ 11-1 de la loi autrichienne.
39. Cité par F. RIGAUX, «La méthode des conflits de lois ... )), op. cil,, p. 34note 36.
40. Pour le droit international privé allemand, par exemple, Cf. Fritz STURM, « Com-
mentaire de la réforme», R.C.D.I.P., 1987, p. 33 et ss., spéc. p. 41 et les auteurs cités, note
28 ; ibidem, p. 46, 70 et 73.
Pour certains autres Etats, Cf. nos développements, supra, n° 43.
41. Cass. req. 9mars 1910, D.P., 1912, 1, 262 ;R.C.D.I.P., 1910, 870; Clunet 1910, 888.
- 162 -
42. Outre les auteurs cités supra, notes n° 18 et 19, Cf. notamment : Paul LAGARDE,
discussion qui a suivi ]'exposé de Jacques FOYER,« Requiem pour le renvoi», op. cit. ; Eric
AGOSTINI, note sous Cass. civ. 1, 15 juin 1982, D. 1983, 431 ; J.-P. LABORDE, «La plu-
ralité du point de rattachement ... »op. cit., n° 447 et ss. ; DERRUPPÉ, note sous T.G.I.•
Paris, 20 avril 1982, Clunet 1983, spéc. p. 592; J.-M. BISCHOFF, note sous Cass. civ. I,
15 juin 1982, R.C.D.I.P., 1983, spéc. p. 309; PATOCCHI, «Règles de rattachement ... »,
n° 571 et SS.
43. On cite toujours, à titre d'exemple, les articles 36 et 65 du Code civil portugais.
44. Cf. Patrick COURBE, «Les objectifs temporels des règles de droit international
privé», Paris 1981, spéc. n° 208.
45. On peut remarquer que la Convention de La Haye du 14 mars 1978 sur la loi appli-
cable au régime matrimonial semble contenir une dérogation à l'exclusion du renvoi (article
4, a1inéa 2 § 2), consacrant ainsi une solution qui se rapproche du renvoi à la loi nationale
des époux.
46. Cf. déjà, Jacques DONNEDIEU de Vabres, L'évolution de la jurisprudence fran-
çaise en matière de conflits de lois depuis le début du XXe siècle, thèse, Paris 1937, p. 532.
47. Cf. en ce même sens PATOCCHI, «Règles de rattachement ... »,op. cil., n° 573.
48. contra: J .-P. IABORDE, La pluralité .. ., op. cil., p. 292 et ss. Selon cet auteur,
en limitant le jeu du renvoi au cercle des lois prévues par les rattachements contenus dans
la règle, on réussit à préciser le sens de la règle de conflit alternative ou à lui en donner un
si elle n'en avait pas. De même Je jeu du renvoi dans le cercle des rattachements est une garan-
tie contre les risques de détournement de la règle de conOit.
L'on ne voit, toutefois, pas en quoi le renvoi infavorem dans le cercle des rattachements
prévus par la règle de conflit diffère de la mise en œuvre de la disjonction des rattachements.
49. Cf. PATOCCHI, «Règles de rattachement ... »,op. cit., n° 574, qui se prononce
pour l'exclusion du renvoi dans cette hypothèse.
50. Cf. LOUSSOUARN et BOUREL, <<Droit international privé», n° 351, p. 453.
51. Cf. Ferrer CORREIA, «Cours de La Haye», précité, p. 195, note 36. L'auteur
qui a été le promoteur du projet conclut en ces termes : << Le code n'a cependant pas retenu
cette suggesion, à tort, nous semble-t-il », (ibidem).
52. Cf. En ce sens, Paul LAGARDE, «Le principe de proximité ... », op. cil., p. 58,
n° 44.
53. Cass. civ. I., 15 juin 1982, précité.
54. En ce sens, notamment, J.-M. BISCHOFF, note sous l'arrêt précité. Selon cet
auteur : « On peut penser ... que la solution de l'arrêt va bien au-delà du cas d'espèce, et
qu'il convient de /'appliquer ... également, nous semble-t-il dans les hypothèses où jouent les
règles de conflit alternatives elles aussi fondées sur une idée de faveur à la validité de l'acte
(art. 311-16 à 311-18 C. civ ... ). Et, pour l'état de la question en droit comparé, Cf. Paul
LAGARDE, <<Le principe de proximité ... », op. cil., note n° 113, p. 203.
55. Cf. également AGOSTINI, note sous l'arrêt Zagha, D. 1983, spéc. p. 433.
56. En ce sens P. IAGARDE, <<Le principe de proximité ... », op. cit., p. 58, n° 44.
57. L'expression est de Pierre MAYER, <<Droit international privé», p. 461, note 92
in fine.
58. Pierre MAYER, ibidem, p. 457, n° 752.
59. Ibidem, lac. cit.
60. BATIFFOL et LAGARDE, tome I, n° 305, p. 358.
61. Cf. P. IAGARDE, «Le principe de proximité ... »,op. cit., p. 201, note 95, in fine.
62. En ce sens, PATOCCHI, «Règles de rattachement ... », op. cil., n° 575, p. 286.
63. Pour un exemple récent de /'exclusion expresse du renvoi dans les matières dans
lesquelles les parties ont une option de législation Cf. les dispositions de l'E.G.B.G.B. nou-
veau de la R.F.A. et le commentaire paru à la R.C.D.I.P., 1987, p. 1 et ss.
- 163 -
Et pour l'admission expresse du renvoi dans le matières dans lesquelles les parties ont
une option de législation, Cf. notamment: les dispositions des articles 9, 9 I et 13 de la Con~
vention de La Haye du 14 mars 1978 sur la célébration et la reconnaissance de la validité des
mariages.
Dans un autre domaine, Cf. l'article 42, alinéa 1e• de la Convention pour le règlement
des différends relatifs aux investissements entre Etats et ressortissants d'autres Etats, signée
à Washington le 18 mars 1965.
64. Pour un aperçu général Cf. notamment F. RIGAUX, «Le conflit mobile en droit
international privé», R.C.A.D.J., 1966, I, 329; Patrick COURBE, Les objectifs temporels
des r~g/es de droit international privé, Paris 1981.
65. Sur cette complexité et les problèmes suscités en France Cf. LEQUETIE etANCEL
« Grands arrêts ... », spéc. p. 144 et ss.
66. Sur les problèmes suscités par l'application dans le temps des règles de conflit, Cf.
J. HERON, <( L'application dans le temps des règles de conflit », op. cit., spéc. n° 38 et ss.,
p. 344 et SS.
67. Pour un aperçu de la difficulté Cf. notamment Cass. civ. J, 12 mai 1987, Clunet
1988, 101, note M.-L. NIBOYET-HOEGY.
Cet arrêt, après avoir écarté la loi Belge, normalement applicable, en se fondant sur le
principe d'actualité de l'ordre public fait application du droit français tel qu'il résultait de
la loi du 30 décembre 1915.
68. Sur les problèmes suscités par les réformes du droit de la famille en France, Cf.
P. LAGARDE, « Le droit transitoire des règles de conflit après les réformes récentes du droit
de la famille », Trav. Com. Fr. Dr. Intem. Privé, 1977-1979, p. 89:
Pierre MAYER, Droit international privé, p. 155 et ss., n° 255 et ss., spéc. n° 259;
LEQUETIE et ANCEL, Grands Arr€ts ... 452, spéc. 456.
69. Cf. Cass. civ. 5 décembre 1949, R.C.D.I.P., 1950, 65, note MOTULSKY; Clunet
1950, 180; J.C.P., 1950, Il, 5285, note DELAUME.
Et sur l'évolution de la jurisprudence Cf. LEQUETTE etANCEL, « Grands Arrêts ... »,
p. 144 et SS.
70. Nous préférons parler de<< Rattachements mobiles »,plutôt que d'utiliser les expres-
sions« Rattachements variables et constants» comme le fait RIGAUX, « Cours deLa Haye »
précité, ou les expressions« Rattachements muables et immuables», comme le fait VALLIN-
DAS, << Cours de La Haye », précité.
C'est que, généralement, le rattachement ne« varie »pas, il ne se transforme pas. C'est,
par exemple, la nationalité ou le domicile. Ce qui change est le lieu dans l'espace ou le moment
dans le temps où se situent ces rattachements. Un individu qui avait la nationalité belge acquiert
la nationalité française vingt ans plus tard. Un français résidant en Suisse, va fixer sa rési-
dence en Allemagne quelques années plus tard.
Dans ces exemples, l'élément nationalité et l'élément domicile (ou résidence) restent tou-
jours présents. Mais ils se déplacent dans l'espace ou dans Je temps : ils sont mobiles.
71. Cf. LOUSSOUARN et BOUREL, n° 230 et ss., p. 307 et ss; BATIFFOL et
LAGARDE, n° 320 et ss.; Pierre MAYER, n° 263 et ss.
72. Par exemple : reconnaissance et légitimation d'enfant ; action à fins de subsides.
73. Sur les données de la controverse Cf. F. RIGAUX, « Cours de La Haye )), précité,
spéc. p. 381 et ss.
74. Sur l'évolution de la jurisprudence Cf. Jacques FOYER, Filiation illégitime et chan-
gement de loi applicable, op. cit.
75. Cass. req., 9 juin 1921, Mihaesco, Clunet 1922, 1, 41.
76. Coss. civ., 28 juin 1932, Clunet 1933, 368.
77. L'expression est de MM. WUSSOUARN et BOUREL, Droit international privé,
n° 233.
78. En statuant de la sorte la Cour de Cassation reprenait à son compte la proposition
de M. BATIFFOL, «Chronique de jurisprudence internationale)), R.C.D.I.P., 1934, 622.
- 164 -
79. Paris, 29 juin 1963, Witschy, R.C.D.l.P., 1964, 300, concl. Souleau, note
GRAULICH.
80. Cf. Jacques FOYER, Filiation illégitime ... , op. cit., n° 158, p. 111.
81. Cf. l'article ter de la Convention.
82. Pour une illustration de cette tendance Cf. Résolution de l'Institut de Droit Inter-
national, session du Caire, R.C.D.l.P., 1988, p. 133-134.
83. Cf. Résolution de l'Institut de Droit International, session de Dijon 1981, R.C.D.l.P.,
1981, p. 814 ; Clunet 1981, p. 972.
84. P. ROUBIER, «Les conflits dans le temps )), tome I, p. 447 et ss ; ibidem,« Droit
transitoire p. 232 et ss. ; p. 283 et s ..
85. Cf. BATIFFOL et LAGARDE, tome II, n° 468, p. 115.
86. Cf. SIMON - DEPITRE et J. FOYER, op. cil., n° 94 et ss.
87. BATIFFOLet LAGARDE, tome Il, n° 469, p. 115 ; LOUSSOUARN et BUREL,
n° 233.
88. Cf. SIMON-DEPITRE et FOYER, op. cil., n° 94.
89. Cf. J.·P. LABORDE, La pluralité ... , op. cil., p. 278 et ss.
90. BATIFFOL et LAGARDE, tome Il, n° 470, p. 116.
91. J.-P. LABORDE, La pluralité ... , op. cil., p. 283, n° 445.
92. Ibidem, p. 284.
93. Cf. nos développements, supra n° 12 à 18. Cf. également pour le droit internatio-
nal privé de la R.F.A., le commentaire précité, R.C.D.I.P., 1987, spéc. p. 54-55. 63-70, et 75.
Pour une illustration jurisprudentielle Cf. Cass. civ. l, 31 janvier 1984, R.C.D.I.P. 1986,
p. 689, note Jean-Pierre LABORDE; Bull. civ. J, n° 40; J.C.P. 1984, II, 20, 224, conclu-
sion Gulphe.
La solution critiquée par J .-P. LABORDE est fondée sur le fait que la Convention franco-
yougoslave sur la loi applicable et la compétence en matière de droit des personnes et de la
famille (J.O., 24 mai 1973; R.C.D.I.P., 1973, p. 570) en disposant en son article 8 que le
divorce est régi par la loi nationale commune des époux, aurait repris les termes de!a Conven-
tion franco-polonaise du 5 avril 1967, laquelle dispose en son article que la loi nationale com-
mune à prendre en considération est celle existante << ••• à la date de la présentation de la
requête».
Sur la portée de cette interprétation Cf. les conclusions de !'Avocat Général Gulphe et
la critique de J.·P. LABORDE.
Il est vrai que les faits de l'espèce présentaient une double particularité : d'une part, ils
appelaient l'application du droit conventionnel et d'autre part, les juridictions françaises sta-
tuaient en matière de compétence indirecte.
94. Pour une présentation de la question, Cf. BATIFFOL et LAGARDE, tome 1, n° 314
et ss. ; LOUSSOUARN et BOUREL, n° 224 et ss.
95. Ibidem.
96. Cf. par exemple : SIMON - DEPITRE et FOYER, op. cil, spéc., n° 65.
97. Cf. Paul LAGARDE, « Le droit transitoire des règles de conflit ... », op. cil,
98. Pour une prise en considération de l'effet matériel recherché dans l'application du
droit transitoire Cf. J. Baptista MACHADO, Sobre a applicaçÜo no tempo do nova codigo
civil: casas desaplicaçOo imediata, critt!rios fundamenlais, coîmbra 1968, spéc. p. 65 et ss.
et 249 et ss.
99. Cass. civ., 13 janvier 1982, R.C.D.I.P., 1982, 551 ; dans le même sens: Paris, 23
janvier 1987, D. 1987, IR. 348, obs. Audit. ;
100. Cf. Cass. civ. 1., 7 janvier 1964, Munzer, Clunet 1964, 302, note GOLDMAN ;
R.C.D.I.P., 1964, 344, note BATIFFOL; J.C.P., 1964, Il, 13590, note ANCEL; Grands
Arrêts ... , n° 40 ; et sur l'ensemble : A HUET, « Les procédures de reconnaissance et d'exé-
cution des jugements étrangers ... )), Clunet 1988, p. 5 et ss.
- 165 -
101. Pour le dernier état de la critique, Cf. notamment Paul LAGARDE, Le principe
de proximité ... , op. dt., p. 193 et ss.
102. Cf. T.G.I. Paris, 20 janvier 1977, R.C.D.l.P., 1977, 335 note H. GAUDEMET-
TALLON; Cass. civ., 11juillet1977, R.C.D.I.P., 1978, 149 note B. AUDIT; Paris, 9 mai
1980, R.C.D.J.P., 1980, 603 note J. FOYER.
103. Cf. Paul LAGARDE, « Le droit transitoire des règles de conflit après les réformes
récentes ... », op. cil., spéc. p. 104 et ss.
104. Cf. notamment, Pierre MAYER Droit international privé, n° 376 ;.BAUDIT, note
précitée.
105. Sur cette diversité, en droit international privé Cf. J. HÉRON, « L'application dans
le temps des règles de conflit »,op. cit. et en droit interne, L. Bach, << Contribution à l'étude
du problème de l'application des lois dans le temps», R.T.D. civ., 1969, 405 et HÉRON,
«Etude structurale de l'application de la loi dans Je temps (à partir du droit civil)» R.T.D.
Civ., 1985, 277.
106. Cf. Paris 10 novembre 1971, Mack TRUCKS, Clunet 1973, 239 note A. HUET;
Rev. trim. dr. Cam., 1972, 239, obs. LOUSSOUARN.
107. Cf. Cass. civ. 1., 6 février 1985, Simitch, R.C.D.J.P. 1985, 369, Clunet 1985, 460,
note A. HUET ; D 1986, 469, note J. MASSIP ; ibidem, l.R., 497, B. AUDIT ; chronique
F. FRANCESCAKIS, R.C.D.I.P. 1985, 243.
108. Résolution adoptée à la session de Dijon, précitée : R. C.D.I.P., 1981, 814 ; Clunet
1981, 972.
109. Sur le rôle de protection joué par les rattachements alternatifs Cf. nos développe-
ments, supra, n" 40 à 54. Et en cas de changement dans le droit applicable, le problème peut
se compliquer davantage. On fait alors application du droit transitoire du droit désigné par
la règle de conflit, lequel peut décider que la loi ancienne et la loi nouvelle s'appliquent alter-
nativement pour protéger les droits acquis.
110. En ce sens : P. LAGARDE, «Le droit transitoire ... », op. cit., p. 104 et ss. ;
B. AUDIT, note sous civ., 11juillet1977, préc. spéc. p. 157; Pierre MAYER, qui affinne
que si la loi ancienne « ... conduit à un refus d'efficacité et la règle de conflit nouvelle au
résultat inverse, l'efficacité pourrait lire admise : elle ne rencontre plus d'obstacle » (p. 236,
n° 376).
111. Sur les effets indépendants d'exequatur, Cf. notamment, A. HUET,« W procé-
dures de reconnaissance et d'exécution des jugements étrangers ... »,op. cil., Pierre MAYER,
ne 393 et ss.
112. Cf. Paul LAGARDE, Lepn·ncipe de proximité ... , op. cil., spéc., n° 199, p. 186-188.
113. Cf. Jacques FOYER, note sous Paris, 9 mai 1980, précité, spéc. p. 613.
114. ROUBIER, Le droit transitoire, n" 107, p. 577.
115. Ibidem, ((Les conflits dans le temps en droit international privé », R.C.D.l.P., 1931,
p. 78, et ss. ; GA VALDA, « Les conflits dans le temps ... »,op. cit., n" 110 et ss., p. 142 et ss.
116. Cf. LOUSSOUARN et BOUREL, «Droit international privé», 1978, p. 299, note
3 ; Courbe, « Les objectifs temporels ... », op. cil., ne 229.
117. En ce sens, GRAULICH, Rfp. Dalloz dr. int. privé, n" Conflits dans le temps,
n" 40; ibidem, Introduction à l'étude du droit international privé, n° 58.
118. En ce sens déjà GA VALDA, op. cil., n° 136 et ss. ; p. 179 et ss.
119. Cf. Pierre MAYER, ne 257.
120. Cf. décisions citées, note 102.
121. Pour un exemple, Cf. T.G.l., Paris, 20 janvier 1977, Lofiego, R.C.D.l.P., 1977,
335, note Gaudemet-Tallon.
122. Cf. Paris, 9 mai 1980, précité.
123. Cf. Cass. civ. 1, 13 janvier 1982, précité.
124. Cf. Pierre MAYER, n" 259, p. 158 ; LEQUEITE etANCEL, Grands Arrêts, p. 456.
- 166 -
125. Cf. LEQUETTE etANCEL, op. cit., p. 148-149; Paul LAGARDE,« Le principe
de proximité», op. cit., p. 56 et ss.
126. Affirmant le caractère substantiel de la règle M. Pierre MAYER y voit une« Règle
substantielle interne qui prend en considération des règ/e.s éventuellement étrangères ». L'affir-
mation est contestable car le degré de substantialité de la règle alternative dépend de la struc-
ture externe de la règle, de la position des rattachements et du degré de localisation des ratta-
chements. Cf. nos développements supra, n° 55 et ss.
C'est dire que la règle à rattachements alternatifs n'est manifestement pas une «règle
substantielle interne». D'ailleurs, elle ne s'applique pas aux litiges purement internes, ce qui
est un critère de distinction suffisant.
127. On pourrait justifier cette démarche par comparaison avec celle que le juge effectue
pour statuer sur le «principe d'actualité de l'ordre public ».
Pour un exemple de la distorsion résultant du droit transitoire, Cf. Cass. civ. I, 12 mai
1988, précité.
Dans cette affaire les juges, après avoir écarté le droit belge en invoquant le principe
d'actualité de l'ordre public, ont fait application du droit français tel qu'il existait en 1922.
128. Peut-on valablement exclure de cette solution les cas soumis aux règles alternatives
de la loi du 3 janvier 1972, sous prétexe qu'il s'agit de règles liées au droit interne par leur
contenu substantiel ? N'est-ce pas là contredire la volonté même de l'auteur de la règle qui
était de faire montre du plus grand libéralisme ? Comment justifier que lorsque le droit est
acquis en France le libéralisme s'impose et que lorsqu'il est acquis à l'étranger c'est la sévérité
qu'on oppose ?
129. Cf. Paris, 9 mai 1980, précité.
130. Cf. résolution de Dijon, précitée.
131. Cf. l'art. 27-4°, de Ja Convention de Bruxelles, du 27 septembre 1968.
Et ouvrant une option entre le droit conventionnel et le droit commun. Cf. Les conven-
tions de La Haye sur les aliments de 1958, (art. Il) et de 1973 (art. 23). De même la Conven-
tion franco-britannique du 18 janvier 1934 (art. 3, § let 4, § 1). Et les Conventions Franco-
Egyptienne, Franco-Roumaine, Franco-Tunisienne, Franco-Marocaine ... ; (les textes de ces
conventions ont été publiés à la Revue critique de droit international privé et ont été rassem-
blés dans un recueil édité par le Ministère de la Justice sous le titre Entraide Judiciaire Inter-
nationale en Matière Civile et Commerciale).
132. Contre l'opinion de Bartin (Principes de droit international privé, tome I, § 203),
M. FRANCESCAKIS vient de proposer l'admission d'une option laissée au soin des parties.
(R.C.D.I.P., 1985, p. 270).
- 167 -
CHAPITRE TROISIÈME
Essai de correction
du système alternatü
par le principe de proximité
Section 1
Position dn problème :
l'opposition entre la méthode fondée sur
l'option et la méthode fondée sur la proximité
A - La recherche d'un résultat ne peut pas être écartée par le critère fondé
sur le lien le plus étroit
162. - La règle de conflit classique est une règle de caractère indirect. Elle
ne donne pas une solution directe au litige, mais se borne à indiquer l'Etat
qui fournira la règle substantielle qui régira le rapport de droit''. Il s'agit d'une
règle fondée sur la localisation du rapport de droit en fonction des attaches
que ce dernier a avec la loi d'un Etat déterminé. Cette localisation s'effectue
à travers la recherche des liens les plus étroits que le rapport de droit présente
avec une loitB.
La règle de conflit à rattachements alternatifs est édictée pour permettre
l'obtention d'un résultat de droit matériel. L'auteur de la règle signifie à ses
destinataires qu'il entend promouvoir une certaine politique législative et que
cet objectif peut être atteint par l'intervention concurrente des rattachements
que la règle de conflit contient. Le plus important est, par conséquent, l'obten-
tion du résultat et non pas la localisation du rapport de droit. On applique
la loi qui permet d'obtenir le résultat recherché quel que soit le lien - étroit
ou lâche - que cette loi entretient avec le rapport de droit.
163. - Une illustration de ce qui vient d'être dit peut être trouvée dans un
arrêt rendu le 25 novembre 1986 par la Cour de cassation françaiset9. En
l'espèce la question se posait de savoir à qui accorder l'autorité parentale d'une
enfant née avant le mariage de ses parents. Les juges du fond, considérant qu'il
s'agissait d'un enfant naturel ont accordé l'autorité parentale à la mère, con-
formément à l'article 374 du Code civil français. Statuant sur pourvoi du mari,
de nationalité tunisienne, la Cour de cassation, après avoir visé l'article 311-16
du Code civil, casse l'arrêt au motif« ... qu'en se déterminant ainsi sans recher-
cher, au besoin d'office, si l'enfant Christelle n'avait pas été légitimée selon
la loi tunisienne, loi personnelle du père, la Cour d'Appel n'a pas donné de
base légale à sa décision ».
Il convient de remarquer tout de suite que la Cour de cassation ne se préoc-
cupe pas de savoir si le rapport de droit était localisé en France ou en Tunisie,
si elle avait des liens plus étroits avec l'un ou l'autre de ces deux pays. Or,
les juges du fond avaient, certainement, fait application de la loi française non
seulement parce qu'elle était la loi du for, mais également parce qu'elle était
la loi nationale commune et la loi du domicile commun de la mère et de l'enfant.
La cassation de l'arrêt rendue par les juges du fond est, d'une part, une
- 171 -
dans la possibiUté pour les sujets de droit de rétablir la certitude par un choix
de la loi applicable, lui-même à l'abri de toute correction 21 ».
Ici, comme dans le cas précédent, l'option exclut la localisation. Mais cela
n'est dû plus seulement au fait que le caractère substantiel de la règle doit
l'emporter sur le caractère indirect. Une raison supplémentaire s'y ajoute. C'est
que l'option étant laissée au soin des parties, la localisation doit être exclue
pour respecter l'expectative de ces dernières.
166. - Il en va, en effet, différemment lorsque l'option appartient au juge
saisi de la cause. Certes, il est tenu de rechercher si le résultat peut être atteint
par l'application de l'un des rattachements prévus par la règle de conflit et
ce, au besoin d'office. Mais rien ne lui interdit de procéder par ordre.
Telle semble avoir été la démarche de la Cour d'appel de Versailles dans
l'arrêt cassé par la Cour de cassation le 25 novembre 198622. L'application
faite de Ja loi française à l'exclusion de la loi tunisienne résulte tant du fait
que cette dernière n'avait pas été invoquée, que du fait que l'application de
la loi française semblait s'imposer en raison des rattachements de l'affaire avec
la France : mariage contracté en France, nationalité française commune de la
mère et de l'enfant, domicile commun de la mère et de l'enfant sur le territoire
français ... C'est dire que si la loi française avait consacré la légitimation, une
consultation éventuelle de la loi tunisienne se serait avérée inutile. Le résultat
ayant été atteint, même par le biais de la localisation, celle-ci s'effacerait pour
ne laisser entrevoir que celui-là. Le résultat obtenu ferait oublier la démarche
effectuée pour l'obtenir.
Il est donc certain que la recherche d'un résultat ne peut pas être écartée
par le critère fondé sur le lien le plus étroit. Et cette opposition entre l'option
et la localisation peut être justifiée, encore, par le fait que l'autonomie de la
volonté n'est pas un critère localisateur.
171. - Une illustration de ce que nous venons de dire peut être trouvée, par
exemple, de l'analyse de dispositions telles que l'article 311-18 du Code civil
français. Ce texte dispose, en effet : << l'action à fins de subsides est régie au
choix de l'enfant, soit par la loi de sa résidence habituelle, soit par la loi de
la résidence habituelle du débiteur >>. C'est dire que pour obtenir des aliments
- le résultat recherché - l'enfant ne peut faire recours qu'aux deux lois qui
découlent des rattachements contenus dans la règle de conflit : soit la loi de
sa résidence habituelle, soit celle de la résidence du débiteur.
La nature hybride de la règle de conflit apparaît donc clairement. L'on
peut même relever que la règle se révèle être plus une règle de rattachement
qu'une règle substantielle car en limitant le nombre des rattachements sur la
base duquel le résultat aurait pu être atteint son auteur laisse planer le doute
sur la possibilité réelle d'atteindre ce résultat 32.
172. - La jurisprudence confirme, d'ailleurs, l'analyse que nous proposons
ici. Ainsi, par exemple, dans l'affaire qui a donné origine à l'arrêt de la Cour
de cassation, en date du 25 novembre 198633, la Cour suprême reproche aux
juges du fond le fait de ne pas avoir recherché si l'enfant « ... n'avait pas été
légitimée selon la loi tunisienne, loi personne/le du père ... ».Et cela s'expli-
que par le fait que l'article 311-16 du Code civil, sous le visa duquel la cassa-
tion s'est opérée dispose que le mariage emporte légitimation seulement lors-
que l'une des lois qui découlent des rattachements qu'il prévoit admet cette
conséquence. Ce n'est donc pas n'importe quelle loi qui doit être consultée,
mais uniquement la loi des effets du mariage, la loi personnelle des époux et
la loi personnelle de l'enfant.
La nature hybride de la règle apparaît ici, aussi, très clairement. Pour obte-
nir le résultat recherché - la légitimation - il faut utiliser les rattachements
contenus dans la règle de conflit : sans rattachement, pas de résultat34. En
somme la règle à rattachements alternatifs n'est pas une règle purement subs-
tantielle. Et l'on peut illustrer ce dernier propos en constatant que parfois
l'auteur de la règle de conflit complète la règle à rattachements alternatifs par
la référence qu'il fait à un critère localisateur (a) et d'autres fois, l'auteur de
la règle y intègre l'élément de localisation permettant d'obtenir le résultat sou-
haité (b).
173. - Le modèle des règles du premier type peut être illustré par la loi sur
le divorce adoptée par les Pays-Bas le 25 mars 1981, dont la teneur est la
suivante :
175. ~Le modèle des règles à rattachements alternatifs intégrant en son sein
l'élément localisateur peut être illustré par les règles posées par la Convention
de La Haye sur la loi applicable aux obligations alimentaires.
B - Le résultat recherché n'est pas toujours atteint par l'application des lois
visées par la règle de conflit
179. - Les termes mêmes employés par la Convention de La Haye sur la loi
applicable aux obligations alimentaires montrent bien que c'est de la « loi
interne» donc du droit substantiel que dépend la réalisation de l'objectif visé
par l'auteur de la règle de conflit.
Et le résultat recherché risque de ne pas être atteint car chaque droit subs-
tantiel établit les conditions necessaires à son obtention45. Aussi, parfois, cer-
tains destinataires de la règle de conflit font prévaloir la finalité matérielle,
au détriment de caractère conflictuel de la règle46, montrant par là-même qu'ils
n'ont pas perçu la distinction entre les « normes primaires » et les (( normes
secondaires » en droit international privé47.
180. - C'est que l'auteur de la règle utilise des modalités diverses dans la ·recher-
che de l'obtention de la finalité qu'il poursuit. La jurisprudence révèle que le
résultat n'est pas atteint, quelques fois, parce que l'application de la règle à
rattachements alternatifs est conditionnée par le jeu préalable d'une règle qui
ne participe pas du même esprit4s. D'autres fois, encore, ce sont les conditions
posées par le droit substantiel qui, n'étant pas remplies, ne permettent pas
l'obtention du résultat49.
Ainsi, par exemple, malgré le nombre très étendu de rattachements en con-
cours lors de la mise en œuvre de l'article premier de la Convention de La Haye
sur la loi applicable à la forme des dispositions testamentaires, il arrive que
le but recherché risque de ne pas être atteint parce que le droit interne établit
des conditions spéciales. La question a été débattue, en France, dans une affaire
relative à la validité d'un testament conjonctif rédigé en Norvège et portant
sur un immeuble sis en France. C'est par le biais de qualification que laques-
tion a été résolue, le Tribunal énonçant que : (< l'interdiction de procéder à
des testaments conjonctifs, édictée par l'article 968 du Code civil, est incluse
dans les règles générales établies par ce Code sur la forme des testaments ; que
cette prohibition qui n'a trait ni à la capacité personnelle des testateurs, ni à
la validité des dispositions sur le fond prises par le testateur est relative à des
conditions de forme et non à des conditions de fond »so.
- 179 -
Section II
Solution du problème
possibilité de correction du système alternatif
par le principe de proximité
185. - Le principe de proximité peut être intégré dans la règle alternative pour
permettre l'obtention du résultat recherché en tant que correctif à un ratta-
chement inopérant.
Ainsi, par exemple, le § 46 de la loi hongroise dispose : « La filiation de
l'enfant de nationalité hongroise ou qui habite en Hongrie et les rapports entre
cet enfant et ses parents relevant du droit de la famille, ainsi que les obliga-
tions alimentaires envers cet enfant, sont régis par la loi hongroise, si celle-ci
s'avère plus favorable à l'enfant». Ici, le principe de proximité est intégré dans
la règle de conflit alternative car le droit hongrois ne s'applique que si l'enfant
est de nationalité hongroise ou s'il habite en Hongrie.
Cette même mesure d'intégration du principe de proximité dans la règle
alternative se retrouve également dans les articles 35 et 43 de la loi yougoslave
ou encore dans le§ 32 de la loi hongroise. Mais, malgré l'apparente similitude
de ces règles, il est possible de les distinguer en fonction du degré d'intégra-
tion du principe de proximité. Parfois l'intégration du principe de proximité
est totale (1°), alors que d'autres fois cette intégration n'est que partielle (2°).
L'exemple du prenùer type de ces règles peut être trouvé dans le§ 46 de
la loi hongroise car, cette dernière ne s'applique que si l'enfant a la nationalité
hongroise, ou s'il a son domicile en Hongrie. Ainsi, la loi hongroise ne s'appli-
que pas seulement parce qu'elle est plus favorable mais également parce qu'elle
a des liens étroits avec le rapport litigieux en raison de la nationalité ou du
domicile des parties61.
L'exemple du second type de ces règles peut être trouvé dans l'article 35
de la loi yougoslave. Ce texte dispose en son alinéa 3 : « Si le mariage ne peut
pas être dissous par l'un des droits indiqués à l'alinéa 2 du présent article, le
divorce est régi par le droit de la R.S.F.Y. si l'un des époux avait au moment
de l'introduction de l'action son domicile dans la R.S.F.Y. »Ici l'application
du droit yougoslave est également justifiée non seulement parce que ce droit
est plus favorable mais parce qu'il y a un lien étroit entre ce droit et le rapport
juridique litigieux en raison du domicile de l'une des parties.
Cela n'est pas sans rappeler la disposition de l'article 6 de la Convention
de la Haye relative à la loi applicable aux obligations alimentaires, qui prescrit
l'application de la loi interne de l'autorité saisie, pour permettre l'obtention
du résultat recherché au cas où les autres rattachements s'avèreraient inopérants.
187. - Dans tous ces cas le principe de proximité est toujours présent. Mais
son intégration complète dans la règle alternative ne permet pas toujours d'iden-
tifier sa présence. La loi indiquée par le rattachement ne s'applique pas seule-
ment en raison de sa finalité. Ce n'est pas pour remplacer le rattachement ino-
pérant que le droit de substitution va s'appliquer, mais en raison de la proxi-
mité de ce droit qui, au surplus, permet l'obtention du résultat recherché.
Une illustration de ce qui vient d'être dit peut être trouvée dans l'article 9
de la Convention de la Haye relative à la loi applicable en matière d'accidents
de la circulation. La victime peut exercer l'action directe contre l'assureur du
responsable si un tel droit est reconnu, soit par la loi interne de l'Etat sur le
territoire duquel l'accident est survenu, (art. 3) soit sur la loi prévue à l'article
4, soit sur celle prévue à l'article 5.
« Si la loi de l'Etat d'immatriculation ne connaît pas ce droit, il peut néan-
moins être exercé s'il est admis par la loi interne de l'Etat sur le territoire duquel
l'accident est survenu >>. Ici aussi le principe de proximité est intégré dans la
règle alternative. La loi de substitution s'applique, à la fois, parce qu'elle per-
met l'obtention du résultat recherché et parce qu'elle entretient des liens étroits
avec le rapport juridique litigieux.
Et Je rôle du principe de proximité apparaît d'autant plus clairement que
par le << regroupement des points de contact »62 les auteurs de la ~ont c...:c>._...}e.......--f..".:.-..._
voulu qu'il soit fait application de la loi avec laquelle le rapport de droit entre-
tient les liens les plus étroits63.
La correction du système alternatif par le principe de proximité est donc
patente dans la mesure où la loi applicable ne peut être que celle qui entretient
un lien étroit avec le rapport litigieux.
Mais cette correction n'apparaît pas très clairement car le principe de proxi-
mité est totalement intégré dans la règle alternative. Le rôle correcteur du
- 183 -
principe de proximité est plus apparent lorsque ce dernier n'est que partielle-
ment intégré dans la règle alternative.
étroits que le rapport juridique entretient avec le droit applicable. La loi indi-
quée pour permettre l'obtention du résultat recherché est celle qui est la plus
proche. La {ex conveniens se confond avec la loi appropriée. La finalité maté-
rielle se fond dans le principe de proximité.
Le principe de proximité apparaît, plus nettement, comme un correctif
au rattachement inopérant pour permettre l'obtention du résultat escompté,
dès lors que son intégration dans le système alternatif n'est que partielle. Dans
ce dernier cas, en effet, la finalité matérielle est plus nettement conditionnée
par la localisation de l'affaire dans la sphère de compétence du droit indiqué.
A défaut de rattachements suffisants la finalité matérielle ne peut pas se con-
crétiser. La nature hybride des règles à rattachements alternatifs s'affirme donc
et se renforce. Il ne suffit plus de dire, comme nous l'avons fait plus haut :
pas de rattachement, pas de résultat. L'introduction du principe de proximité
dans la sphère du système alternatif impose une autre formulation : pas de
rattachements suffisants, pas de résultat.
Ce conditionnement du système alternatif par l'introduction du principe
de proximité en tant que correctif au rattachement inopérant se retrouve encore
lorsque le principe de proximité est utilisé en tant que correctif autonome du
système alternatif.
C'est ce qu'il convient de constater.
D'une part, si les deux époux ont une nationalité commune ou si l'un a•eux
a conservé l'ancienne nationalité commune.
D'autre part, si l'un des époux a la nationalité de l'Etat de leur résidence
commune ou s'ils ont leur résidence dans un même pays.
Enfin, les effets de l'option prennent fin si les époux acquièrent une natio-
nalité commune.
194. - Le ratio du texte apparaît clairement. Le système d'autonomie est
adopté pour pallier la difficulté de localisation des effets du mariage. Mais,
dès lors que ces difficultés s'estompent, soit parce que les parties ont une natio-
nalité commune, soit parce qu'elles ont une résidence habituelle commune, le
système alternatif doit céder le pas au principe de proximité69.
L'on ne saurait plus faire grief au système alternatif d'instituer une« jus-
tice casuistique» ou d'être une source d'imprévisibilité. Le principe de proxi-
mité est ici un élément correcteur autonome du système alternatif.
Mais on ne peut s'empêcher de constater qu'en limitant l'étendue de
l'option et en annulant les effets de l'option exercée pour faire prévaloir le
principe de proximité le texte allemand institue un système alternatif
imparfaif10. La finalité matérielle n'est pas dans l'essence de la règle de con-
flit car le résultat recherché par l'option offerte aux parties n'est pas un effet
de droit matériel déterminé, mais seulement l'établissement de la meilleure loca-
lisation possible du rapport de droit.
195. - Quoi qu'il en soit, il ne semble plus faire aucun doute que le principe
de proximité peut être utilisé pour corriger le système alternatif. L'application
de ce principe peut permettre l'obtention du résultat recherché lorsqu'il est utilisé
en tant que correctif au rattachement inopérant. Les modalités d'intervention
de ce principe ne sont toutefois pas uniformes. Parfois le principe de proxi-
mité est intégré dans la règle alternative et la finalité matérielle occulte le rôle
joué par lui en tant que correctif. D'autres fois il apparaît comme un correc-
teur autonome du système alternatif. Dans cette dernière hypothè.se, que l'auto-
nonùe soit relative ou absolue la distinction entre les règles fondées sur la finalité
et celles fondées sur la proximité étant plus franchement établie le rôle correc-
teur du principe de proximité s'affirme et s'amplifie. Et plus le principe de
proximité joue un rôle correcteur autonome, plus le système alternatif s'effi-
loche. D'où la nécessité d'établir l'équilibre entre les deux. Une forte correc-
tion du système alternatif par le principe de proximité risque de faire disparaî-
tre Je premier. Un éventail trop étendu de rattachements à option risque de
ne plus laisser de place au principe de proximité.
Telles semblent être les conclusions provisoires de l'application du prin-
cipe de proximité en tant que correctif au rattachement inopérant. Mais il con-
vient de compléter l'analyse par l'étude du cas où l'application du principe
de proximité permet d'éviter l'application de l'exception d'ordre public.
- 187 -
Il a été démontré plus haut que le système alternatif peut faire appel au
principe de proximité pour corriger la règle de conflit, notamment, en cas de
défaut d'option. Et cette observation de la réalité juridique contemporaine nous
a permis de constater que la correction du système alternatif _par le principe
de proximité ne s'effectue pas toujours du même mode. Alors que parfois la
correction est implicite ou spontanée (a), d'autres fois la correction est expli-
cite ou imposée (b).
- 194 -
que l'option est offerte aux parties on peut faire application du principe selon
lequel ne pas choisir, c'est choisir. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle il
ne semble pas satisfaisant de créer un système alternatif consacrant une option
obligatoire pour les parties101.
L'utilisation du principe de proximité comme correcteur implicite du
système alternatif est, par conséquent, non seulement souhaitable mais égale-
ment possible. Il est souhaitable car l'on ne peut pas présumer que la partie
interessée exercera l'option qui lui a été offerte. N'est-ce pas, dès lors, mieux
de lui faire savoir quelle loi sera appliquée pour suppléer sa carence, plutôt
que de la laisser dans l'incertitude qui résulte de la faculté accordée au juge
de rechercher le rattachement de substitution ? Le principe de proximité appli-
qué en tant que correcteur du système alternatif apparaît alors non pas comme
une source d'imprévisibilitéios mais plutôt comme facteur assurant la certitude
du droit à appliquer.
Et la correction du système alternatif par le principe de proximité est pos-
sible parce que l'option offerte aux parties n'est pour elles qu'une faculté.
L'auteur de la règle signifie ainsi à ses destinataires que le principe de proxi-
mité a vocation à suppléer le défaut d'option car dans l'ensemble du système
l'application de la loi fondée sur la proximité est la règle et l'application de
celle fondée sur la finalité, l'exception.
L'attente légitime des parties est ainsi sauvegardée par l'introduction du
mécanisme correcteur existant dans le système alternatif de manière implicite.
Cette attente trouve beaucoup plus de possibilités d'être sauvegardée lorsque
l'auteur de la règle de conflit utilise, de manière explicite, le principe de proxi-
mité en tant que correcteur du système alternatif pour suppléer la carence des
parties dans l'exercice de l'option.
tuelle s'applique parce que le rapport de droit est localisé à cet endroit-là par
la convergence d'un faisceau d'indices, qui indiquent combien les liens exis-
tant entre le contrat et le pays sont étroits.
C'est donc le principe de proximité qui est ici appliqué pour suppléer la
carence des parties. Li option de législation offerte aux parties ayant un carac-
tère facultatif de rattachement supplétif s'applique en cas de défaillance des
parties pour répondre à l'attente de celles-ci. Le minimum de protection garanti
par la loi du pays dans lequel le consommateur a sa résidence habituelle ne
peut pas être ignoré par les destinataires de la règle de conflit. L'ordre public
impliqué par le texte n'est pas un ordre public de protection, pouvant éven-
tuellement être écarté par la volonté contraire de la personne protégée. Il s'agit
d'un ordre public de direction rendant impérative l'application du texte quelle
que soit la volonté des parties intéressées. L'attente légitime des parties se con-
fond avec la volonté de l'auteur de la norme. La finalité matérielle se concré-
tise à l'endroit où se concentre le rattachement prépondérant.
Et cette fonction correctrice du principe de proximité ne peut pas être niée
ici car, la recherche des points de contact intervient avant l'identification de
la règle matérielle applicable, alors que si la finalité matérielle avait été prise
en considération la recherche des points de contact interviendrait après l'iden-
tification de la teneur des règles en concourst09.
Cette fonction correctrice apparaît plus nettement encore en matière de
contrat de travail. Ainsi, par exemple, l'article 30 E.G.B.G.B. nouveau après
avoir posé comme principe que : « ... Le choix par les parties de la loi appli-
cable ne peut avoir pour résultat de priver Je travailleur de la protection que
lui assurent les dispositions impératives de la loi qui serait applicable, à défaut
de choix ... », poursuit en ces termes :
« (2) à défaut de choix, le contrat de travail est régi par la loi du pays :
1° - dans lequel le travailleur, en exécution du contrat, accomplit habi-
tuellement son travail, même s'il est détaché à titre temporaire dans un autre
pays, ou
2° - dans lequel se trouve l'établissement qui a embauché le travailleur,
si le travailleur n'accomplit pas habituellement son travail dans un même pays,
à moins qu'il ne résulte de l'ensemble des circonstances que le contrat de tra-
vail présente des liens plus étroits avec un autre pays, auquel cas la loi de cet
autre pays est applicable ».
L'utilisation du principe de proximité comme correcteur de la finalité maté-
rielle est nette. Le rattachement supplétif à défaut de choix est celui-là même
qu'on impose aux parties en cas de choix. Et ces rattachements ne sont autres
que ceux que la doctrine dominante retient, en général, pour rés<_?udre le con-
flit de lois par le biais de la localisation110. L'attente légitime des parties ne
peut pas être déjouée car la finalité matérielle se concrétise, ici aussi, à l'endroit
où se concentre le rattachement prépondérant.
209. - Il faut, néanmoins, relever que cette correction du système alternatif
par le principe de proximité ne devient possible que parce que les auteurs des
règles de conflit contemporaines misent sur l'existence d'une vaste commu-
nauté de droits résultant de la formation de grands espaces de culture, d'éco-
- 197 -
par l'obligation faite au juge de suppléer la carence des parties. Et cette avan-
cée du droit n'est rendue possible que par le sentiment, encore diffus, mais
réel que tous les systèmes étatiques se valent. La libre circulation des idées est
le complément de la libre circulation des hommes qui les véhiculent11s.
Le rôle du juge devient, dès lors, capital non pas tant dans la création
de la norme juridique mais dans son aménagement. Et la critique fondée sur
le développement d'une<< justice de cadi>>, s'estompe car l'équilibre peut être
sauvegardé entre toutes les parties intéressées. Il a été, en effet, soutenu que
« ... il paraît un peu grossier d'affirmer que la balance qui penche le plus dans
un certain sens est nécessairement la plus forteil9 ». La critique doit être rame-
née à des plus justes proportions. Tout d'abord, elle n'est pas recevable dès
lors que l'option appartient à toutes les parties intéressées. Ensuite, elle n'est
pas recevable lorsqu'il s'agit d'un acte unilatéral. Enfin, elle n'est pas receva-
ble lorsque comme dans le cas de la loi néerlandaise sur le divorce l'option
exercée par l'une des parties n'est prise en considération que si elle n'est pas
contestée par l'autre partie120,
Dans la mesure où l'option exercée par l'une des parties et non contestée
par l'autre équivaut à une option exercée par les deux parties, l'attente légi-
time de celles-ci est sauvegardée par l'application de la loi choisie. Et dans la
mesure où l'option est exercée par les deux parties la loi que le juge est appelé
à appliquer est supposée être celle qui leur est la plus proche. Cette« implica-
tion des intérêts généraux dans les intérêts particuliers121 », qui est à la base
de certaines critiques du principe de proximité122 n'est que le résultat de l'orga-
nisation des systèmes. Ces derniers sont en effet des instruments qui permet-
tent de remédier aux << incertitudes de la téléologie in ».
On le voit, le rôle du juge dans la concrétisation de l'attente légitime des
parties est facilité par l'existence d'une option offerte aux parties. Le principe
de proximité appelé à jouer un rôle supplétif se moule dans le cadre de l'expec-
tative des parties parce que l'auteur de la règle de conflit signifie à ses destina-
taires qu'il n'entend laisser planer aucune incertitude.
- 199 -
Conclnsion du chapitre
211. - Au long de ce chapitre, nous avons essayé de montrer qu'il était pos-
sible de corriger le système alternatif en faisant appel au principe de proxi-
mité. La première analyse semble conduire au rejet de cette hypothèse. Mais
si l'on approfondit l'analyse il n'est pas difficile de constater que l'opposition
entre le principe de proximité et le système fondé sur la finalité matérielle n'est
pas irréductible. Et ceci s'explique par le fait que les règles qui participent au
système alternatif sont des règles hybrides, mixtes d'un élément matériel et d'un
élément conflictuel.
C'est ce tempérament qui permet l'utilisation du principe de proximité
- en tant que correcteur du système alternatif. Le droit positif étatique et interé-
tatique contient des exemples multiples de correction du système alternatif par
le principe de proximité. Mais les modalités d'intervention du principe ne sont
pas uniformes et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le phénomène n'est pas
toujours perçu par la doctrine.
Ainsi, lorsque le principe dé proximité se trouve intégré dans la règle alter-
native la confusion entre la finalité et la proximité est telle qu'il est difficile
de savoir si et comment le principe de proximité a joué son rôle correcteur.
Mais encore faut-il distinguer suivant le degré d'intégration du principe dans
le système. Si l'intégration est totale la confusion entre les deux est presque
absolue alors que si elle n'est que partielle on peut percevoir le mode de fonc-
tionnement du mécanisme correcteur.
Il faut également tenir compte du fait que le principe de proximité peut
jouer un rôle autonome de correction. Et son mode d'action varie en fonction
du degré d'autonomie. Plus le principe de proximité est autonome par rap-
port au système alternatif et mieux il exerce son rôle correcteur. Il faut, toute-
fois sauvegarder un équilibre constant entre les deux en jouant sur le nombre
des rattachements utilisés et les types des rattachements utilisés.
Enfin, en cas de défaillance des parties dans l'exercice de l'option qui leur
est offerte le principe de proximité peut jouer un rôle supplétif pour permettre
la concrétisation de l'attente légitime des parties. Mais cela ne va pas sans poser
des problèmes car, plus que l'attente légitime des parties c'est la volonté de
l'auteur de la règle de conflit qu'il faut respecter. Et la question se pose alors
de savoir quel est Je rôle que l'on doit assigner au juge. L'équilibre entre fina-
lité et proximité est sauvegardé par l'organisation de l'ensemble des règles qui
participent d'un même esprit en un système cohérent. Le système alternatif
ayant une structure et un fonctionnement qui lui sont propres peut supporter
le choc de la confrontation avec le principe de proximité.
Dans une communauté de droits où les différences de conception s'ame-
nuisent le principe de proximité ne dérange pas le système alternatif. Il le com-
plète. Au risque de particularisme qui découle de la structure du système alter-
natif, le principe de proximité remédie par l'introduction de l'universalismeI24.
La coexistence entre les deux est dès lors fondée sur leur complémentarité :
le système alternatif a besoin du principe de proximité pour sortir de la casuis-
tique dans laquelle l'auteur de la règle veut, généralement, l'enfermer. Le prin·
- 200 -
NOTES
1. Cf. en ce sens P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cil., spéc. n" 43, p. 58.
2. Sur le rôle joué par le système alternatif dans les législations contemporaines, cf.
notamment FERRER-CORREIA, Les problè1nes de codification ... , op. cil., p. 149 et ss., spéc.
p. 151 ; VON OVERBECK, Cours Général... , op.cil. spéc. p. 67 et ss., n° 153 et ss. ;
F.RIGAUX, Méthode des confli"tsde lois dans les codifications... , op. cil., spéc. n° 20 et ss. ;
PATOCCHI, Règles de rattachement ... , op. cil., spéc. n° 22 et ss., et nos développements,
supra, tre partie, spéc. Chapitre II.
3. Pour une illustration de cette tendance, il suffit de se référer à la loi suisse, au projet
italien et à la résolution de /'Institut de Droit International: session du Caire 1987,
R.C.D.l.P. 1988 p.133.
En effet, l'Institut recommande aux Etats d'offrir une option en matière de régimes matri-
moniaux, en matière de successions, en matière d'effet.'l personnels du mariage, de divorce
et de séparation de corps.
Ce système qui fait déjà partie del' EGBGB nouveau en R.F.A., s'il est adopté par d'autres
Etats marquera l'introduction du système alternatif et donc de l'option de législation dans
des domaines nouveaux.
4. L'on a fait remarquer que le système alternatif risque de« ... cristalliser sur le ter-
rain des conflits de lois les divergences existant entre les règles matérielles concurrentes des
différents Etats ... » (Cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cil., p. 58, n° 45)
et que les rattachements à finalité matérielle« ... font obstacle à l'unification internationale
et peuvent conduire à tenne à la ruine de la règle de conflit... » (ibidem, p. 64, n° 52).
5. Cf. nos développements sur ce sujet, supra, n° 55 et ss., spéc. n° 86 et ss ..
6. Cf. P. LAGARDE,Leprincipedeproximité... , op. cit., etégalementF. SCHWIND,
«Aspects et sens du droit international privé», R.C.A.D.I. 1984, IV., spéc. p. 76. Selon ce
derrûer auteur, « .. .les relations internationales sont trop compliquées pour en trouver des
solutions seulement à la base de la territorialité ou de la personnalité. La formule que l'on
avait trouvée est très simple, mais parfois critiquée comme étant trop peu précise. Le lien le
plus effectif doit figurer comme point de rattachement ... »
7. Pour une illustration, cf. notamment: E.VASSILAKAKIS, Orientations méthodo-
logiques dans les codifications récentes du droit international privé en Europe, Paris, L.G.D.J.,
1987, préface Paul Lagarde, spéc. n° 203 et ss.
8. Pour une critique de l'érection en<< principe de droit positif» du concept de« liens
les plus étroits », cf. notamment Y. LEQUETTE, « Compte rendu de l'ouvrage de M. VAS-
SILAKAKIS », R.C.D.l.P., 1988 p. 200 et ss., spéc. p. 203.
La critique ne semble pas emporter la conviction. D'une part, parce que le principe de
proximité a déjà été érigé en principe de droit positif par les législateurs contemporains (cf. -
Autriche, R.F.A., Pays-Bas, Portugal, Grèce, notamment). D'autre part, parce que le grief
d'insécurité n'est pas décisif : si l'on admet que le juge peut procéder à la localisation d'une
affaire, l'on doit admettre, également, que la recherche des liens les plus étroît.s ne peut que
faciliter la localisation et qu'elle permet l'application de la loi la plus appropriée.
9. Cf. également l'article 30 E.G.B.G.B. nouveau. Ces dispositions reprennent les solu-
tions adoptées par la Convention de Rome, sur la loi applicable au contrat, spéc. articles 5 et 6.
10. En ce sens, Paul LAGARDE, Le principe de proximité..• , op. cit., p. 98, n° 89.
11. Ibidem, op. cil., p. 116, n° 108.
Cet auteur remarque que« ... la clause d'exception a vocation à s'appliquer à la quasi-
totalité des règles de conflit de lois. La seule exception paraît être constituée par les règles
de conflit alternatives, édictées en vue de l'obtention d'un certain résultat 1natériel... »
12. Ibidem, op. cit., p. 118 et ss., n° JJO et ss.
13. Cf. nos développements, supra, n° 86 et ss.
14. L'expression est de M. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cil., p. 60,
n° 46.
- 202 -
15. Le droit international privé autrichien a érigé le« principe de proximité »en un prin-
cipe directeur dans la solution des conflits de lois et le projet suisse tout en lui donnant une
apparence «d'exception » lui consacre un rôle tel qui aboutit, en réalité, à le transformer
en principe.
Et sur le rapprochement des législations cf. par exemple le droit international privé de la R.F.A.
qui a introduit dans l'EGBGB nouveau certaines dispositions des Conventions de la Haye et
de la Convention de Rome sur la loi applicable aux obligations contractuelles.
16. Cf. nos développements, supra, n° 35 et ss.
17. C'est ce caractère indirect de la règle de conflit classique qui est à la base de la criti-
que dirigée contre la méthode des conflits de lois.
Et sur le fait que la critique n'est pas toujours fondée cf. notamment P. GRAULICH, La
signification actuelle de la règle de conflit, op. cit ; B. AUDIT, Le caractère fonctionnel de
la règle de conflit... )J, op. cit.; P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit.
18. En ce que les liens les plus étroits conduisent à une localisation concrète, cf. P.
LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit, p. 30, n° 4.
19. Cass. civ I, 25 novembre 1986, R.C.D.l.P. 1987. 383 note Lequette etAncel; Grands
arrêts .... , p. 518, n° 65; G.P. 3-4juillet 1987, p. 12, noteJ. Massip ;D. 1987. 558, obs. B.
Audit.
20. La loi tunisienne semble considérer l'enfant comme légitime. En ce sens L. PRU-
VOST, J.C.L. droit comparé, V 0 , Tunisie, fasc. I, n° 161.
21. Cf. Paul LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit., p. 116-117, n° 109.
22. Cass.civ. I, 25 novembre 1986, précité.
23. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement à caractère substantiel, op.cil., p. 40.
Il convient, néanmoins, de relever que l'autonomie de la volonté impliquée par Je système
alternatif, tout en se rapprochant de la loi d'autonomie, s'en distingue nettement en raison
de la volonté même de l'auteur de la règle de conflit (Cf. déjà nos développement.s supra n ° 119
à propos du renvoi et infra, n° 168).
24. Cf. notamment, PATOCCHI, Règles de rattachement ... , op. cit., n° 251 et ss., spéc.
n° 255; JACQUET, Principe d'autonomie .• ., op. cil., p. 189, n° 271; P. IAGARDE, Le
principe de proximité.. ., op. cil., p. 98 et ss. ; spéc. n° 90.
25. Cf. en ce sens les dispositions relatives à ces matières introduites par le législateur
de 1986 dans l'E.G.B.G.B. nouveau de la R.F.A.
Le professeur P. LAGARDE annonce une introduction éventuelle de l'option de législa-
tion dans la Convention de La Haye sur la loi applicable aux successions (Cf. Le principe
de proxùnitl... , op. cit., p. 117, n° 109).
26. Cf. par exemple, la ré.solution de l'Institut de Droit International, session du Caire_
1987, R.C.D.I.P. 1988 p. 133.
27. Cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit., p. 98, n° 90.
28. Ibidem, foc. cil.
29. Ibidem, p. 60, n° 43.
30. Cf. LEQUETTE et ANCEL, Grands arrêts, op. cit. p. 149.
31. Cf. Pierre MAYER, n° 139.
32. Cf. le mode de règlement contenu dans la Convention de La Haye de 1973 sur la
loi applicable aux obligations alimentaires.
33. Précité, supra note 19.
34. Ceci montre bien que l'idée de M. Pierre MAYER selon laquelle la règle à rattache-
ments alternatifs n'est qu'une« règle substantielle interne qui prend en considération des règles
éventuellement.s étrangères »,ne semble pas juste. Outre le fait que ce type de règles ne s'appli-
que pas aux litiges « purement internes », il y a le fait que la loi interne ne s'applique que
si elle est désignée par l'un des rattachements contenus dans la règle de conflit.
- 203 -
35. Cf. en ce sens également P. LAGARDE, Le principe de proximité...• op. cil., p. 106,
n" 98.
Cet auteur relève que<< ... la règle de conflit néerlandaise repose, en réalité, non pas t.ant
sur le principe de proximité que sur celui de l'autonomie de la volonté qui en est souvent le
complément». Cf. le texte in R.C.D.I.P. 1981, 809 et observations de R. van ROOIJ.
36. Supra, n" 29 et ss.
37. Cf. nos développements supra n° 75 et ss.
38. Cf. en ce sens P. LAGARDE, Le principe de proximité...• op. dt, p. 56, n" 41 ; Pierre
MAYER, Lois de police étrangères, op. cit., spéc. p. 300 et ss., n" 25.
39. Sur la notion de<< règle à rattachements indéterminés )), cf. nos développements supra,
n" 70 et ss.
40. Pour des exemples de correction par indication des rattachements à consulter cf.
notamment l'article 21 de la loi autrichienne et l'article 2083 du nouveau Code civil du Pérou.
41. Cf. nos développements supra n° 73.
42. Ainsi, à propos de l'article 311-16 du Code civil français MM.BATIFFOL et
LAGARDE se demandaient si une règle qui met en concours quatre rattachements a encore
un quelconque sens. Cf. L'improvisation ... , op. cil.
43. Cf. sur ce sujet nos développements supra n° 56 et ss.
44. Cf nos développements supra n° 114 et ss.
45. Sur la coordination des lois en concours cf. nos développements supra n° 90 et ss.
46. Pour une illustration cf. T.G.I. Paris, 30 avril 1985, précité.
47. Cf. nos développements supra n° 91 et ss.
48. Cf. par exemple, Nancy, 4 octobre 1985, Clunet 1987, 94, note Gaudemet-Tallon.
49. Cf. T.G.I. Paris, 30 avril 1985, précité.
50. Cf. T.G.I. Paris, 24 avril 1980, R.C.D.I.P. 1982, p. 685, note H. Batiffol.
51. M.Droz, par exemple, adopte la qualification règle de fond pour l'interdiction du
testament conjonctif. in Juriscl. Dr. Infern., fasc. 557-B, n° 69.
52. Cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit., p. 94, n° 85, in fine.
53. Cf. EVRIGENIS, Tendances doctrinales actuelles... , op.dt.
54. Cf. FERRER-CORREIA, Probl~mes de codification ... , op. cil.
55. Cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit.
56. Cf. LEQUETTE et ANCEL, Grands arr€ts ...• foc. cit.
57. Cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit., spéc. p. 116 et ss., n° 109. -
58. Cf. les exemples cités, supra, n° 158 et n° 173 et ss.
59. Cf. nos développements, supra, n° 169 et ss.
59 bis. Cf. nos développements supra n° 66 et ss., spéc. n° 67.
60. En ce sens DUBLER, Les clauses d'exception ...• spéc. n° 79; P. LAGARDE, Le
principe de proximité.•. , op. cil., n° 108, p. 116 ;
Plus nuancés : A. GIARDINA,« Criteri Ispiratoai e Techniche di una eventuale riforma
in ltalia del Diritto Internazîonale Privato », R.D.I.P.P. 1985, p. 5 et ss., spéc. n° 15 et ss.,
p. 34 et ss. ; C. CAMPIGLIO, « L'esperienza Svizzera in tema di clausola d'eccezione :
l'art. 14 del progetto di riforma del Diritto Internazionale Privato )>, R.D.I.P.P. 1985, p. 47
et ss., spéc. n° 13 et ss., p. 82 et ss.
61. Cf. également l'article 35 § 4 de loi yougoslave.
62. Sur la Convention cf. les commentaires de MM. Loussouarn, Clunet, 1970, p. 5 et
SS. et Batiffol, R. C.D.I.P. 1970, p. 215 et SS.
Et sur l'ensemble de la question, cf. FORGET, Les conflits de lois en matière d'accidents
de la circulation routière, Paris, 1973.
- 204 -
84. Cf. Bundesarbeitsgericht, 4 mai 1977, IPRspr 1977, n° 43, Clunet, 1985 p. 170, note
Ch. Kohler.
85. Sur les difficultés de la détermination de la« proximité »en cas de détachement tem·
poraire d'un employé, cf. l'exemple cité par P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op.
cit., p. 94, n° 86. Cf. pour une application récente de la jurisprudence française : Paris, 27
novembre 1986, R.C.D.I.P. 1988, 314, note A. LYON-CAEN.
86. En ce sens Ch. Kahler, note précitée, p. 171. Cf. dans le même sens, îbîde1n, note
sous, Bundesarbeitgericht, JO avril 1975, C/unet, 1985, p. 169, spéc. p. 170.
87. Cf. T.G.I. Créteil 19 février 1981, Clunet, 1982, 910 note J. Foyer.
88. L'enfant est né le 5 juillet 1976. C'est, par conséquent, sous l'empire de la loi du
3 janvier 1972 qu'il aurait fallu se placer pour trancher le litige.
89. Cf. nos développements, supra, n° 14.
90. On comparera d'ailleurs la solution donnée ici au litige à celle qui découle de l'arrêt
de la Cour de cassation précitée, note 82. Cette dernière énonce, en effet, que le principe de
la légitimation par mariage subséquent des enfants naturels est un principe fondamental du
droit français depuis la loi du 3 janvier 1972. Faut-il étendre la portée de l'arrêt à la
reconnaissance ?
91. Cf. Bundesgerichtshof 19 mars 1975, Clunet, 1985, 163 note Ch. Kohler.
92. Elargissant un peu le champ de l'analyse cf, Cour d'appel de Bruxelles, 30 juin 1981,
C/unet, 1984 p. 358, note C. V.C. En l'espèce, statuant sur une demande d'annulation de la
reconnaissance d'un enfant naturel belge, faite en Belgique par le père soudanais, la Cour
d'Appel fait application de la loi nationale de l'enfant, après avoir constaté qu'il n'existe au
Soudan aucun texte de loi relatif à la reconnaissance d'enfant naturel. Et la Cour justifie ainsi
sa solution: « ... selon la conception des droits de l'enfant actuellement dominante, il est
de l'intérêt primordial de tout enfant d'avoir une filiation juridiquement établie tant vis-à-vis
de son père, qu'à l'égard de sa mère ». La reconnaissance est donc déclarée valable.
En réalité, la loi belge est appliquée parce qu'elle avait des liens prépondérants avec l'affaire
(loi nationale de l'enfant, loi du lieu de la résidence habituelle, loi du lieu de la reconnais-
sance, loi du siège du tribunal saisi).
93. Cf. par exemple, la décision citée à la note précédente. En l'espèce, la mère de l'enfant
demandait à la Cour d'Appel de prononcer la nullité de la reconnaissance, au motif que la
loi nationale du père, la loi soudanaise, prohibirait toute reconnaissance d'enfants nés hors
mariage. Si l'on tient compte du principe énoncé par l'arrèt, la loi soudanaise serait écartée
comme contraire à l'ordre public belge. Plutôt que de poursuivre sur ce terrain les juges pré-
fèrent faire application du principe de proximité qui permet l'obtention du résultat recherché
par l'auteur de la règle de conflit sans passer par le biais de l'exception d'ordre public.
Cf. dans le même sens T .G.I. Paris, 1"'" mars 1977 R.C.D.I.P. 1978.110, note Lequette.
94. Sur cette question cf. nos développements supra n° 26 et 27.
95. Sur les difficultés suscitées par l'exercice de l'option cf. nos développements ibidem ;
BATIFFOL ET LAGARDE, L'improvisation ... , op. cit., p. 26 ; PATOCCHI, Règles de rat-
tachement.•. , op. cit., p. 307-308, n° 621 ; VON OVERBECK, Cours général... , op. cil., p. 90,
nD 197.
96. M.Patocchi est favorable à « l'idée de choix obligatoire », (Cf. ibidem, n° 627) et
n'envisage l'aménagement d'un rattachement subsidiaire que (( si le choix doit être fait de com-
mun accord par deux parties n;
L'on a du mal à adhérer à cette proposition car le rôle du rattachement subsidiaire dans
Je système alternatif n'est pas celui de départager les parties en litige mais de permettre l'obten-
tion du résultat. Il en résulte que le rattachement subsidiaire est souhaitable quel que soit le
titulaire de l'option.
97. Sur la confusion entretenue par la jurisprudence entre le principe de proximité et la
finalité cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. cit., p. 122, n° 116 et ss.
- 206 -
98. Cette faculté permettant la correction du système fondé sur l'option résulte bien de
la rédaction du texte. « ... Le droit national commun est néanmoins appliqué si les parties
optent pour ce droit. .. n. <1 ••• Le droit néerlandais est appliqué si les parties optent pour ce
droit... ». C'est dire que si les parties n'exercent pas l'option qui leur est offerte il faut faire
application des rattachements normaux qui consacrent le principe de proximité.
99. L'idée que l'option n'est qu'une faculté résulte ici aussi des termes mfunes du texte :
« toutefois, les parties peuvent choisir...
100. Cf. art. 29 EGBGB § 2, art. 30 EGBGB § 2, art. 5 de la Convention de Rome§ 3,
art.6§2
101. Pour une illustration récente cf. Y. DERAINS, « L'attente légitime des parties ... »,
Trav. Com. Fr. Dr. /nt. Priv., 1985.
102. Cf. A. BUCHER, Sur les règles de rattachement à caractère substantiel, op, cit. Selon
cet auteur l'autonomie de la volonté est l'expression la plus large du rattachement alternatif
en droit international privé.
103. Cf. nos développements supra n° 35 et ss.
104. Pour une réfutation de cette critique cf. notamment PATOCCHI, Règles de ratta-
chement... , op. cit., p. 279 et ss., n° 561 et ss.
105. Sur la plénitude de l'ordre juridique cf. Karl LARENZ, Methodenlehre der Rechts-
wissenschajt, 2e éd., traduction portugaise, Metodologia da ci~nda do direito, Lisbonne, 1978,
spéc. p. 208 et ss.
106. Sur l'option offerte à la victime dans cette Convention, cf. notamment le commen-
taire de M. Loussouarn.
107. Sur les critiques suscitées par l'option obligatoire pour les parties cf. nos développe-
ment.s supra n° 26 et ss.
108. Pour un exemple de la critique du principe de proximité en tant que source d'impré-
visibilité cf. Y. LEQUETI'E, in« Compte rendu de l'ouvrage de E. Vassilakakis », R.C.D.l.P.
1988 p. 200 et SS.
Et pour sa réfutation cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité... , op. dt., n° 109,
p. 117.
109. Sur cette question cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité.. ., op. cit., p. 124,
n° 116.
110. Sur les rattachements en matière de contrat de travail, cf. nos développements supra,
n" 45 et notamment, P. RODIERE, Conflits de lois en droit du travail: étude comparative..• ,
op.cit. Et pour une application du principe cf. Paris, 27 novembre 1988, R.C.D.I.P. 1988,
314, note A. LYON-CAEN.
111. A titre d'exemple cf. la loi allemande de 1986. L'auteur des règles de conflit n'a pas
hésité à reproduire les normes existantes dans les Conventions de la C.E.E. et de La Haye.
Le particularisme national est ainsi gommé un peu plus de cette législation. Cela ne va pas
sans poser des problèmes. (Cf. commentaire de Sonnenberger, op.dt., spéc. p. 12).
112. Cf. par exemple P. MAYER, <<L'office du juge dans le règlement des conflits de
Jois )), Trav. Com. Fr. Dr. Inter. Privé, 1975-1977, p. 233 et ss.
113. Cf. nos développements supra, n" 35 et ss.
114. Sur le «rôle créateur» de la jurisprudence en droit international privé cf. « Réac-
tions de la doctrine à la création du droit par le juge 1>, Travaux de /'Association Capitan!, 1980.
115. Sur l'étendue du pouvoir du juge, cf. Philippe THERY, Pouvoir Juridictionnel et
compétence (étude de droit international privé), thèse Paris II, 1981 ; M. L. NIBOYET-
HOEGY, L'action en justice dans les rapports internationaux de droit privé, Paris, Econo-
mica, 1986, spéc. p. 255 et ss.
116. Pour des exemples de la non obtention du résultat cf. notamment T.G.I. Paris,
30 avril 1985, précité.
117. Cf. le texte R.C.D.I.P. 1988 p. 133 et ss.
118. Pour une illustration cf. Ph. FRANCESCAKIS, La pensée des autres, op. cit, et le
compte-rendu de P. GOTHOT, R.C.D.I.P., 1987 p. 711 et ss.
- 207 -
119. Cf. P. MAYER, n° 139 ; LEQUETTE et AN CEL, Grands arrêts..• , op. cit., p. 149.
CONCLUSION GÉNÉRALE
- 209 -
NOTES
1. Sur la nécessité d'étudier les raisons d'être des normes, dans leurs stratifications en
profondeur, cf. H. BATIFFOL, « Droit comparé, droit international privé et théorie géné-
rale du droit (droit international privé et caractère systématique du droit)», R.I.D.C. 1970,
spéc., p. 673.
2. Sur cette conception cf., Pierre MAYER, Droit international privé, op. cit., approuvé
par LEQUEITE ET ANCEL, Grands Arrêts... , op. cil., p. 520.
3. Cf. nos développements supra, n° 55 et ss.
4. Cf. CANSACCHI, Choix et adaptation ... , op. cil. Et plus particulièrement sur les
modalités de subsomption en fonction du type de concours, cf. Magalhàes COLLAÇO, Da
qualificaçUo no Direito Internacional Privado, spéc. p. 261 et ss. ; Baia.a do Nasimento,
Concurso de Normas, Lisbonne 1971, préface l. Magalhàes Collaço.
5. Cf. KNOEPFLER, <<Le droit international privé: froideur mécanique ou justice
casuistique, op.cil.
6. Sur la référence aux principes généraux du droit internationaJ privé, cf. Paris,
10 novembre 1971 Mack Trucks, précité.
7. Sur cette orientation cf., Cass. civ. I, 6 février 1985, SIMITCH, précité. Et pour une
interprétation de cette décision cf. B. ANCEL, « La loi appliquée et effets en France des déci-
sions étrangères~>, Trav. Com. Fra. Dr. !nt. Priv. 1986, compte-rendu de G. Pluyette,
R.C.D.I.P., 1987 p. 475.
8. Cf. «La résolution de l'Institut de Droit International, session du Caire 1987 )),
R.C.D.l.P., 1988, p. 133.
9. En ce sens P. LAGARDE, Le principe de prox_imité.. . , op. cit.
10. Jbide1n.
Il. Cf. nos développements, supra, n° 181 et ss.
11 bis. Sur le traitement inégal des sujets de droit par l'auteur de la norme juridique cf.
notamment : H. BATIFFOL, << Significations de l'égalité pour la philosophie du droit », in
Choix d'articles, p. 447 et ss., spéc. p. 452 et ss.
12. En ce sens, Jacques FOYER, Problèmes de conflits de lois .. ., op. cit., p. 62, n° 118.
13. Sur ce sujet cf. P. LAGARDE, Le principe de proximité.. ., op. cil.
14. Pour une illustration de cette critique, cf. Y. LOUSSOUARN, La règle de conflit
est-elle neutre ? op. cil.
15. Sur la prise en considération de l'axiologie des normes juridiques dans le droit inter-
national privé contemporain, cf. R. Moura RAMOS, Direito lnternacional Privado e
Constituiçüo, op. cil. ; C. LABRUSSE, « Droit Constitutionnel et Droit International Privé
en Allemagne Fédérale », R. C.D.I.P., 1974, p. 1 et ss.
16. Cf. déjà Ferrer CORREIA, Problèmes de codification ... , op. cil. ; E. VITIA, Dirito
lnternadonale privato, tome I, p. 289 et ss. Et sur un plan plus général, cf. H. BATIFFOL,
Significations de l'égalité pour la philosophie du droit, op. cit.
17. En ce sens VAN HECKE, « Principes et méthodes de solution des conflits de lois »,
R.C.A.D.I. 1969.1. spéc. p. 478 et ss.
18. Pour une îllustration de notre propos, cf. R.E. SEDLER, « Limiti costituzionali alla
scelta della legge applicabile : prospettiva di generalismo costituzionale », R.D.I.P.P., 1983
p. 241 et ss., spéc. p. 258, n° 6.
L'auteur analyse l'étendue du pouvoir du juge dans le système de conflit de lois aux Ela!S-
Unis d'Amérique après Ja sentence Hague.
19. Sur la« métamorphose >> du droit international privé, cf. EVRIGENlS, « Tendan-
ces actuelles en Droit International Privé>>, R.C.A.D.l. 1966.11., spéc. p. 313 et ss.
- 213 -
ANNEXES
A - Conventions de la Haye
1. Sur les conflits de lois en matière de forme des dispositions testamentaires, art. 1.
2. Sur la loi applicable en matière d'accidents de la circulation routière, art. 9.
3. Sur la loi applicable à la responsabilité du fait des produits, art. 6.
4. Sur la loi applicable aux obligations alimentaires, art. 4, art. 5, art. 6.
5. Sur la loi applicable aux régimes matrimoniaux, art. 9, art. 12, art. 13.
A - Dispositions étatiques
1 - France.
a) Code civil
Du conflit des lois relatives à l'établissement de la filiation.
Art. 311-14. La filiation est régie par la loi personnelle de la mère au jour de la naissance
de l'enfant; si la mère n'est pas connue, par la loi personnelle de l'enfant.
Art. 311-15. Toutefois, si l'enfant légitime et ses père et mère, l'enfant naturel et l'un
de ses père et mère ont en France leur résidence habituelle, commune ou séparée, la posses-
sion d'état produit toutes les conséquences qui en découlent selon la loi française, lors même
que les autres éléments de la filiation auraient pu dépendre d'une loi étrangère.
Art. 311-16. Le mariage emporte légitimation lorsque, au jour où l'union a été célébrée,
cette conséquence est admise, soit par la loi régissant les effets du mariage, soit par la loi per-
sonnelle de l'un des époux, soit par la loi personne/le de l'enfant.
La légitimation par autorité de justice est régie, au choix du requétant, soit par la loi
personnelle de celui-ci, soit par la loi personnelle de l'enfant.
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(5) Un acte juridique relatif à la constitution ou à la disposition d'un droit réel sur une
chose n'est valable quant à la for1ne que s'il satisfait aux conditions de forme de la loi à laquelle
obéit le rapport de droit dont il est l'objet.
Article 12
Protection de la partie cocontractante
Lorsqu'un contrat est conclu entre des personnes se trouvant dans un seul et même Etat,
une personne physique qui serait capable selon la loi interne de cet Etat ne peut invoquer son
incapacité résultant de la loi interne d'un autre Etat que si au moment de la conclusion du
contrat le cocontractant connaissait ou devait connaître cette incapacité. Cette disposition ne
s'applique ni aux actes juridiques du droit de lafamille et du droit des successions ni aux actes
de disposition relatifs à des immeubles situés dans d'autres Etats.
Article 14
Effets généraux du mariage
(J) Les effets généraux du mariage sont régis:
J 0 par la loi de l'Etat dont les deux époux, durant le mariage, sont ressortissants ou
l'étaient en dernier lieu, pourvu que l'un d'eux possède encore la nationalité de cet Etat, à
défaut,
2° par la loi de l'Etat dans lequel les deux époux ont leur résidence habituelle ou avaient
leur dernière résidence habituelle, pourvu que l'un d'eux ail conservé celle résidence,
subsidiairement,
3° par la loi de l'Etat avec lequel /es époux gardent en commun le lien lep/us étroit d'une
quelque autre manière.
(2) Lorsque l'un des deux époux est ressortissant de plusieurs Etats, les époux peuvent,
nonobstant l'article 5, alinéa Jer, choisir la loi de l'un de ces Etats, pourvu que l'autre éjioux
possède également cette nationalité.
(3) Les époux peuvent choisir la loi de l'Etat dont l'un d'eux est ressortissant, si les con-
ditions de l'alinéa Jer, chiffre 1, ne sont pas remplies et que:
J aucun des époux n'est ressortissant de l'Etat dans lequel les deux époux ont leur rési-
0
Article 19
Filiation légitime
{l) La filiation légitime est régie par la loi qui, selon l'article 14, alinéa Jer, gouverne
les effets généraux du mariage de la mère au moment de la naissance de l'enfant. Lorsqu'à
ce moment les conjoints sont ressortissants d'Etats différents, l'enfant est aussi légitime s'il
est réputé tel selon la loi de l'un de ces Etats. Lorsque le mariage est dissous avant la nais-
sance, le moment de la dissolution est déterminant. En outre, l'enfant peut contester la légiti-
mité selon la loi de sa résidence habituelle.
(2) Les rapports de droit existant entre parents et en/anis légitimes sont régis par la loi
qui, selon l'article 14, alinéa ier, gouverne les effets généraux du mariage. Lorsque le mariage
n'existe pas, il y a lieu d'appliquer la loi de fa résidence habituelle de l'enfant.
(3) Lorsque le bien (das Wahl) de l'enfant est mis en péril, des mesures de protection
peuvent aussi être prises conformément à la loi de sa résidence habituelle.
Article 21
Légitilnation
(1) La légitimation par mariage subséquent est régie par la loi qui, selon l'article 14, ali-
néa i~r, gouverne les effets généraux du mariage au moment de sa célébration. Lorsque les
époux sont de nationalité différente, la légitimation est aussi acquise si elle est prévue par l'une
des lois nationales.
(2) La légitimation qui n'est pas le fait du 1nariage subséquent des père et mère est régie
par la loi de l'Etat dont est ressortissant au mo1nent de la légitimation ou, s'il est décédé aupa-
ravant, au moment du décès, celui des deux parents dont le descendant doit être l'enfant
légitime.
Article 25
Succession à cause de rnort
(1) La succession à cause de rnort est régie par la foi de l'Etat dont le défunt était ressor-
tissant au moment de son décès.
(2) Pour les biens immobiliers situés en République fédérale d'Allemagne, le défunt peut
choisir la loi allemande dans l'une des formes des dispositions à cause de 1nort.
Article 26
Dispositions à cause de mort
(1) Une disposition testamentaire, mêtne rédigée par plusieurs personnes dans un seul
et même acte, est valable quant à la forme si celle-ci répond:
1° à la loi de l'Etat dont le défunt était ressortissant, nonobstant l'article 5, alinéa 1er,
soit au moment où il a disposé, soit au moment de son décès, ou
2° à la loi du lieu où le défunts a disposé, ou
3° à la foi du lieu dans lequel le défunt avait son domicile ou sa résidence habituelle,
soit au moment où il a disposé, soit au moment de son décès, ou
4° pour les immeubles, à la loi du fieu de leur situatlon, ou
5° à la loi qui gouverne la succession à cause de mort ou à celle qui aurait été applicable
au moment où il a disposé.
La question de savoir si le défunt avait un domicile dans un lieu déterminé est régie par
la loi de ce même lieu.
(2) L'alinéa premier s'applique aussi aux dispositions testamentaires révoquant une dis-
position testamentaire antérieure. La révocation est également valable quant à /afor1ne si elle
répond à l'une des lois aux termes de laquelle, conforrnément à l'alinéa J•r, la disposition tes-
tamentaire révoquée était valable,
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(3) Les prescriptions limitant /es formes de dispositions testamentaires admises el se rat-
tachant à /'tige, à la nationalité ou à d'autres qualités personnelles du testateur, sont considé-
rées comme appartenant au domaine de la forme. Il en est de mê1ne des qualités que doivent
posséder les témoins requis pour la validité d'une disposition testamentaire.
(4) Les alinéas 1 à 3 s'appliquent par analogie à d'autres dispositions à cause de 1nort.
(5) Au surplus, la validité d'une disposition à cause de mort et /'exclusion de révocation
qui en résulte (die Bindungan sie) sont soumises à fa loi qui régirait la succession au mo1nent
de la disposition. L'acquisition ou la perte du statut d'A/lemand n'affecte pas la capacité de
tester acquise antérieurement.
Article 29
Contrats conclus par les consommateurs
(1) Dans tout contrat ayant pour objet la fournfcure d'objets mobiliers corporels ou de
services à une personne (le consommateur) pour un usage pouvant être considéré corn1ne étran-
ger à son activité professionnelle, ainsi que dans les contrats destinés au financement d'une
tellefourniture, le choix par les parties de la loi applicable ne peuc avoir pour résultai de pri-
ver le consommateur de la protection que fui assurent les dispositions impératives de la loi
du pays dans lequel il a sa résidence habituelle :
J 0 si la conclusion du contrat a écé précédée dans ce pays d'une proposîeîon spéciale-
ment faite ou d'une publicité et si le consommateur a accompli dans ce pays les actes nécessai-
res à la conclusion du contrat, ou
2° si le cocontractant du consommateur ou son représentant a reçu la co1nmande du con-
sommateur dans ce pays, ou
3° si le contrat est une vente de 1narchandises et que le consommateur se soie rendu de
ce pays dans un autre pays et y ail passé la commande, à la condition que le voyage ail été
organisé par le vendeur dans le but d'inciter le consommateur à conclure une vente.
(2) A défaut de choix, les contra es conclus par les consommateurs dans les circonstances
décrites à l'alinéa 1er du présent article sont régis par la loi du pays dans lequel le consomma-
teur a sa résidence habituelle.
3° L'article JI, alinéas J à 3, ne s'applique pas aux contrats qui ont été conclus par les
consommateurs dans les circonstances décrites à l'alinéa Jer du présent article. La forme de
ces contrats esc régie par la loi du pays dans lequel le consommateur a sa résidence habituelle.
(4) Les alinéas précédents ne s'apph"quen t pas :
J 0
au contrat de transport ;
2° au contrat de fourniture de services lorsque les services dus au conso1nmateurdoîven1
être fournis exclusivement dans un pays autre que celui dans lequel il a sa résidence habituelle._
Toutefois, ifs s'appliquent au contrat offrant pour un prix global des prestations combi-
nées de transport et de logement.
Article 30
Contrat individuel de travail
(1) Dans le contrat de travail, le choix par les parties de la loi applicable ne peut avoir
pour résultat de priver le travailleur de la protection que lui assurent les dispositions impérati-
ves de la loi qui serait applicable, à défaut de choix, en vertu de l'alinéa 2 du présent article.
(2) A défaut, le contrat de travail est régi par la loi du pays:
1 ° dans lequel le travailleur, en exécution du contrat, accompli habituellement son tra-
vail, même s'il est détaché à titre te1npora1re dans un autre pays, ou
2° dans lequel se trouve l'établ1sse1nent qui a embauché le travailleur, si le 1ravailleur
n'accomplit pas habituellement son travail dans un mê1ne pays, à moins qu'il ne résulte de
/'ensemble des circonstances que le contrat de travail présente des liens plus étroits avec un
autre pays, auquel cas la loi de cet autre pays est applicable.
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4 - Autriche
Loi fédérale du 15 juin 1978 sur le droit internationaJ privé (I.P.R.-Gesetz)
§ 21. - Filiation légitùne
Les conditions de la légitimité d'un enfant el la contestation de celle-ci sont régies par
le statut personnel des époux uu moment de la naissance de l'enfant ou, en cas de dissolution
du mariage avant cette date, au moment de la dissolution. En cas de statut personnel différent
des époux, le statut personnel applicable est celui qui est le plus favorable à la légiti1nité de
l'enfant.
5- Chine
Principes generaux du Code civil de la République populaire de Chine (Adoptés le
12 avril 1986 par la 4e session de la VI• Assemblée populaire nationale, publiés par ordre n° 37
du Président de la République populaire de Chine du 12 avril 1986, Le Quotidien du Peuple,
17 avril 1986).
Art. 146. Pour les dommages-intérêts résultant d'un acte délictueux, sera appliquée la
loi du lieu du délit. Lorsque les deux parties en cause possèdent la même nationalité ou ont
leur résidence dans un même pays, on peut aussi appliquer la loi nationale des parties en cause
ou celle du pays de leur résidence.
Si un acte corn mis d l'intérieur du domaine territorial de la République populaire de Chine
n'est pas considéré comme un acte délictueux par la loi de la République populaire de Chine,
cet acte ne sera pas traité comme un défit.
6- Hongrie
Décret-loi n" 13/1979 du Présidium de la République populaire hongroise sur le droit-
internationale privé·.
§ JO. {l) La capacité de jouissance et d'exercice d'une personne, de même qu'en général
l'état et les droits s'attachant à la personne, sont soumis d sa loi personne/le.
(2) Les demandes fondées sur une atteinte aux droits s'attachant à la personne sont régies
par la loi en vigueur au lieu et moment de cette atteinte; cependant, lorsqu'en matière de
dédommagement ou de réparation, le droit hongrois s'avère plus avantageux pour la personne
lésée. la de1nande sera jugée d'après ce droit.
Le mariage et sa validité
§ 37. (1) Les conditions de fond de la validité du mariage sont soumises à la loi person-
nelle commune des futurs époux au moment de la célébration du mariage. Lorsque les lois
personne/les des futurs époux sont distinctes au moment de la célébration du mariage, celui-ci
n'est valide que si les conditions de fond sont remplies conformément à la loi personnelle de
chacun des futurs époux7. ·
(2) Les conditions de forme de la validité de la célébration du mariage sont soumises à
la loi en vigueur au lieu et au marnent de la célébration du mariage.
(3) Lorsque /es futurs époux sont tous les deux ressortissants hongrois, ils auront la faculté
de contracter mariage à l'étranger devant la représentation diplomatique ou consulaire hon-
groise, dans la mesure où le Conseil des ministres a habilité celle-ci à priter son concours à
la célébration des mariages. Un tel mariage doit être considéré comme contracté en Hongrie.
(4) Les dispositions concernant la célébration du mariage et la validité de celle-d, doi-
vent itre appliquées d'une manière correspondante à l'établissement de /'existence ou de la
non-existence du mariage.
§ 41. Le droit étranger qui régit la dissolution du mariage, devra être appliqué sous réserve
des dérogations suivantes:
a) Le mariage peut également itre dissous lorsque le droit étranger exclu1 la dissolution,
ou lorsque les conditions de la dissolution posées par le droit étranger ne sont pas rétnplies,
mais que celles posées par le droit hongrois le sont.
b) Même en présence d'une cause péremptoire de dissolution déterminée par le droit étran-
ger, ;Jfaut examiner si la communauté de vie est intégralement et irrémédiablement disloquée.
c) La dissolution du mariage ne peut itre fondée sur la faute.
Filiation
§ 42. {l) L'établisse1nent de la paternité ou de la maternité de même que la preuve con-
traire à la présomption de paternité, sont régis par la loi personnelle de l'enfant au 1noment
de sa naissance.
(2) La reconnaissance paternelle de l'enfant est régie par la loi personnelle de l'enfant -
à la date de la reconnaissance, tandis que la reconnaissance de l'enfant conçu mais pas encore
né est soumise à la loi personnelle de la ml!re à la date de la reconnaissance.
(3) La reconnaissance ne peut être considérée comme non valide pour des raisons de forme,
si celle-ci est valide quant à la forme sOit en vertu du droit hongrois, soit en vertu de la loi
en vigueur au lieu et à Io date de la reconnaissance.
7- Pays-Bas
Loi du 25 mars 1981 portant Règlement des conflits de lois en matière de dissolution du
mariage et de séparation de corps, et de la reconnaissance de celles-ci, en rapport avec la ra li-
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8 - Pologne
Loi du 12 novembre 1965 sur Je droit international privé-
Loi du 12 novembre 1965 n" 46
du Dziennik Ustaw Polskiej Rzeczypospolitej Ludowej
(Journal officiel de la République populaire de Pologne)
sur le droit international privé.
(Publiée le 17 novembre 1965, entrée en vigueur le 1ec juillet 1966)
Art. JO. Lorsqu'un étranger, incapable d'agir selon sa loi nationale a accompli en Polo-
gne un acte juridique devant produire des effets sur le territoire de celle-ci, sa capacité juridi-
que est soumise à la loi polonaise, à condition que cet acte réponde aux principes de protec-
tion des personnes agissant de bonne foi. Cette disposition ne peut être appliquée aux actes
juridiques relevant du droit de la famille et de la tutelle, ainsi que du droit des successions.
Art. 15. § J. La célébration du mariage est soumise à la loi de l'Etat où ce mariage est -
célébré.
§ 2. Néanmoins, si le mariage est contracté hors de Pologne, il suffit d'observer /a forme
exigée par fes lois nationales des époux.
9 - Portugal
Code civil approuvé par le décret-loi n° 47-344 du 25 novembre 1966,
entré en vigueur Je J •r juin 1967
Article 19
Cas où le renvoi n'est pas ad1nis
1. Les dispositions des deux articles précédents sont inopérantes lorsque leur application
a pour résultat l'invalidité ou /'inefficacité d'un acte juridique qui serait valable ou efficace
selon la règle posée par l'article 16, ou l'illégitimité d'un état qui, autrement, serait légitime.
2. De même, les dispositions de ces mêmes articles sont inopérantes si la loi étrangère
a été désignée par les intéressés, dans les cas où cette désignation est per1nise.
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Article 28
Exceptions quant aux conséquences de l'incapacité
1. L'actejuridique accompli au Portugal par une personne qui est incapable d'après sa
loi personnelle compétente ne peut être annulé du chef de l'incapacité au cas où la loi interne
portugaise, si elle était applicable, aurait considéré cette personne comme capable.
2. Cette exception ne joue pas si l'autre partie avait connaissance de l'incapacité ou si
l'actejuridique est unilatéral, appartient au domaine du droit de /a famille ou des successions
ou a trait à la disposition d'immeubles situés à l'étranger.
3. Lorsque l'acte juridique a été passé par l'incapable dans un pays étranger, la loi de
ce pays sera observée si elle consacre des règles identiques à celles établies dans les alinéas
précédents.
Article 31
Déter1nination de la loi personnelle
1. La loi personnelle de l'individu est celle de sa nationalité.
2. Sont néanmoins valables au Portugal les actes juridiques passés dans le pays de la rési-
dence habituelle du déclarant conformément à la loi de ce pays, si celle-ci se considère
compétente.
Article 36
Forme de la déclaration
1. La forme de la déclaration de volonté est régie par la loi applicable à la substance
de l'acte; il suffit cependant d'observer la loi en vigueur au lieu où la déclaration est faite,
sauf si la loi réglant la substance de l'acte exige, sous peine de nullité ou d'inefficacité, l'obser-
vation d'une forme détenninée même si l'acte a été passé à l'étranger.
2. La déclaration de volonté est encore valable quant à la forme si, au lieu de la forme
prescrite par la loi locale, on a observé la forme prescrite par l'Etat que désigne la règle de
conflit de cette loi sans préjudice de la disposition de la dernière partie de l'alinéa précédent.
Article 65
Forme
1. Les dispositions de dernière volonté, ainsi que leur révocation ou modification, seront
valables quant à la forme si elles correspondent auxprescriptionsde la loi du lieu de passation
de l'acte ou à celles de fa loi personnelle de l'auteur de la succession, soit au moment de la
déclaration de volonté, soit au moment du décès, ou aux prescriptions de la loi à laquelle se
réfère la règle de conflit de la loi locale.
2. Si, toutefois, la loi personnelle de l'auteur de la succession au moment de la déclara-
tion de volonté exige, sous peine de nullité ou d'inefficacité, l'observation d'une/orme déter-
minée même quant à l'acte passé à l'étranger, cette exigence sera respectée.
11 - Suisse
Loi fédérale sur le droit international privé (L.D.I.P.) du 18 décembre 1987
(Feuille fédérale, 12 Janvier 1988 [1988.I.5])
Art. 15.
1. Le droit désigné par Ja présente loin 'est exceptionnellement pas applicable si, au regard
de l'ensemble ds circonstances, il est 1nanifeste que fa cause n'a qu'un lien très lâche avec
ce droit et qu'elle se trouve dans une relation beaucoup plus étoile avec un autre droit.
2. Cette disposition n'est pas applicable en cas d'élection de droit.
Art. 36.
1. La partie à un acte juridique qui est incapable selon le droit de l'Etat de son domicile
ne peut pas invoquer cette incapacité si elle était capable selon le droit de l'Etat où l'acte a
été accompli, à mois que l'autre partie n'ait connu ou dû connaîàtre cette incapacité.
2. Cette règle ne s'applique pas aux actes juridiques relevant du droit de la famille, du
droit successoral ou des droits réels immobiliers.
Art. 37.
1. Le nom d'une personne do1niciliée en Suisse est régi par le droit suisse, celui d'une
personne domiciliée à /'étranger par le droit que désignent les règles de droit international
privé de l'Etat dans lequel cette personne est domiciliée.
2. Toutefois, une personne peut demander que son nom soit régi par son droit national.
Art. 39.
Un changement de no1n intervenu à l'étran/ ger est reconnu en Suisse s'il est valable dans
l'Etat du domicile ou dans l'Etat national du réquérant.
Art. 44.
J, Les conditions de fond auxquelles est subordonnée la célébration du 1nariage en Suisse
sont régies par le droit suisse.
2. Si les conditions prévues par le droit suisse ne sont pas réunies, le mariage entre étran-
gers peut néanmoins être délébré pour autant qu'il satisfasse aux conditions prévues par le
droit national de l'un des fiancés.
3. La forme de la célébration du mariage en Suisse est régie par le droit suisse.
Art. 49.
L'obligation alimentaire entre époux est régie par la convention de La Haye du 2 octobre
1973 (1) sur la loi applicable aux obligations alimentaires.
Art. 52.
1. Le régùne matrimonial est régi par le droit choisi par les époux.
2. Les époux peuvent choisir le droit de l'Etat dans lequel ils sont tous deux domiciliés
ou seront domiciliés après fa célébration du mariage, ou le droit d'un Etat dont l'un d'eux
a la nationafité. l'article 21, 2e alinéa, n'est pas applicable,
Art. 54.
1. A défaut d'élection de droit, le régime rnatrimonial est régi:
a) Par le droit de l'Etat dans lequel les deux époux sont dotniciliés en même temps ou,
si tel n'est pas le cas;
b) Par le droit de l'Etat dans lequel, en dernier lieu, les deux époux ont été do1niciliés
en même temps.
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2. Si les époux n'ont jamais travaillé en même temps dans le même Etat, leur droit matri-
monial commun est applicable,.
3. Les époux qui n'ontjamais été domiciliés dans le même Etat et n'ont pas de na1iona-
lité commune sont soumis au régime suisse de la séparation de biens.
Art. 61.
1. Le divorce et la séparation de corps sont régis par le droit suisse.
2. Toutefois, lorsque les époux ont une nationalité étrangère commune et qu'un seul est
domicilié en Suisse, leur droit national commun est applicable.
3. Lorsque le droit national étranger commun ne permet pas la dissolution du mariage
ou la soumet à des conditions extraordinairement sévères, le droit suisse est applicable si l'un
des époux est également suisse ou si l'un d'eux réside depuis deux ans en Suisse.
4. Lorsque les tribunaux suisses du lieu d'origine sont compétents en vertu de l'article
60, ils appliquent Je droit suisse.
Art. 69.
1. Pour déterminer le droit applicable à l'établissement, à la constatation ou à la contes-
tation de la filiation, on se fondera sur la date de la naissance.
2. Toutefois, en cas de contestation judiciaire de la filiation, on se fondera sur la date
de l'action si un intérêt prépondérant de l'enfant l'exige.
Art. 83.
1. L'obligation alimentaire entre parents et enfant est régie par la Convention de La Haye
du 2 octobre 1973 (1) sur la loi applicable aux obligations alimentaires.
2. Dans la mesure où les droits à l'entretien de la mère et le remboursement des dépenses
occasionnées par fa naissance ne sont pas réglés par /adile convention, ses dispositions s'appli-
quent par analogie.
Art. 90.
1. La succession d'une personne qui avait son dernier domicile en Suisse est régie par
le droit suisse.
2. Un étranger peut toutefois soumettre sa succession par testament ou pacte successoral
au droit de l'un de ses Etats nationaux. Ce choix est caduc si, au moment de son décès, le
disposant n'avait plus cette nationalité ou avait acquis la nationalité suisse.
Art. 93.
1. La validité des testarnents est régie quant à la fortne par la Convention de La Haye
du 5 octobre 1961 (1) sur les conflits de lois en 1natière de forme des dispositions testarnenlaires.
2. Cette convention s'applique par analogie à la forme d'autres dispositions pour cause
de mort.
Art. 94.
Une personne peut disposer pour cause de mort, si au moment de disposer, elle en a la
capacité en vertu du droit de l'Etat de son domicile ou de sa résidence habituelle, ou en vertu
du droit de l'un de ses Etats nationaux.
Art. 99.
1. Les droits réels immobiliers sont régis par le droit du lieu de situation de l'itn1neuble.
2. Les prétentions résultant d'itntnissions provenant d'un i1nmeuble sont régies par les
dispositions de la présente loi relatives aux actes illictes (arc. 138).
- 225 -
Art. 104.
1. Les parties peuvent soumettre l'acquisition et la perle de droits réels immobiliers au
droit de l'Etat d'expédition ou de destination ou au droit qui régit l'acte juridique de base.
2. L'élection de droit n'est pas opposable aux tiers.
Art. 110.
1. Les droits de la propriété intellectuelle sont régis par le droit de l'Etat pour lequel la
protection de la propriété intellectuelle est revendiquée.
2. En ce qui concerne les prétentions consécutives à un acte 1/licite, les parties peuvent
toujours convenir, après /'événement dommageable, de l'application du droit de for.
3. Les contrats portant sur la propriété intellectuelle sont régis par les dispositions de
la présente loi relatives aux contrats (art. 1227.
Art. 116.
1. Le contrat est régi par le droit choisi par les parties,
2. L'élection de droit doit être expresse ou ressortir de façon certaine des dispositions
du contrats ou des circonstances, en outre, elle est régie par le droit choISi.
3. L'élection de droit peut être faite ou modifiée en tout te1nps. Si elle esl postérieure
à la conclusion du contrat, elfe rétroagit au marnent de la conclusion du contrat. Les droits
des tiers sont réservés.
Art. 117.
1. A défaut d'élection de droit, le contrat est régi par le droit de l'Etat avec lequel il pré-
sente les liens les plus étroits.
2. Ces liens sont réputés exister avec l'Etat dans lequel la partie qui doit fournir la pres-
tation caractéristique a sa résidence habituefle ou, si le contrat est conclu dans l'exercice d'une
activité professionnelle ou commerciale, son établisse1nent.
3. Par prestation caractén'stique, on entend notamment :
a) La prestation de /'aliénateur, dans les contrats d'aliénation;
b) La prestation de la partie qui confère l'usage, dans les contrats portant sur l'usage
d'une chose ou d'un droit;
c) La prestation de service dans le rnandat, le contrat d'entreprise et d'autres contrats
de prestation de service ;
d) La prestation du dépositaire, dans le contrat de dépôt;
e) La prestation du garant ou de la caution, dans les contrats de garantie ou de
cautionnement.
Art. 121.
1. Le contrat de travail est régi par le droit de l'Etat dans lequel le travarl/eur accomplil
habituellement son travail.
2. Si le travailleur accomplit habituellement son travail sans plusieurs Etats, le contrat
de travail est régi par le droit de l'Etat de /'établissement ou, à défaut d'établissement, du
domicile ou de la résidence habitue/le de l'employeur.
3. Les parties peuvent soumettre le contrat de travail au droit de l'Etat dans lequel le
travailleur a sa résidence habituelle ou dans lequel l'ernployeura son établissement, son do1nicile
ou sa résidence habituelle.
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Art. 124.
1. Le contrat est valable quant à la forme s'il satisfait aux conditions fixées par le droit
applicable au contrat ou par le droit du lieu de conclusion.
2. La forme d'un contrat conclu entre personnes qui se trouvent dans les Etals différents
est valable si elle satisfait aux conditions fixées par le droit de l'un de ces Etats.
3. La forme du contrat est exclusivement régie par le droit applicable au contrat lui-même
lorsque, pour protéger une partie, ce droit prescrit le respect d'unefonne déterminée, à moins
que ce droit n'admette l'application d'un autre droit.
Art. 128.
1. Les prétentions pour cause d'enrichissement il/égit1mesont régies par le droit qui régit
le rapport juridique, existant ou supposé, en vertu duquel l'enrichissement s'est produit.
2. A défaut d'un tel rapport, ces prétentions sont régies par le droit de l'Etat dans lequel
/'enrichissement s'est produit, les parties peuvent convenir de /'application de la loi du for.
Art. 132.
Les parties peuvent, après l'événement dommageable, convenir à tout moment de /'appli-
cation du droit du for.
Art. 133.
1. Lorsque l'auteur et le lésé ont leur résidence habituelle dans le même Etat, les préten-
tions fondées sur un acte illicite sont régies par le droit de cet Etat.
2. Lorsque l'auteur et le lésé n'ont pas de· résidence habituelle dans le même Etat, ces
prétentions sont régies par Je droit de /'Etal dans lequel /'acle illicite a été corn1nis. Tou1efois,
si le résultat s'est produit dans un autre Etat, le droit de cet Elat est applicable si l'auteur
devait prévoir que le résultat s'y produirait.
3. Nonobstant les alinéas précédents, lorsqu'un acte illicite viole un rapport juridique
existant entre auteur et lésé, les prétentions fondées sur cet acte sont régies par le droit appl-
ciable à ce rapport juridique.
Art. 134.
Les prétentions résultant d'accidents de la circulation roulière sont régies par la Conven-
tion de La Haye du 4 mai 1971 (1) sur la loi applicable en matière d'accidents de la circulation
routière.
Art. 135.
1. Les prétentions fondées sur un défut ou une description défectueuse d'un produit sont
régies aux choix du lésé :
a) Par le droit de l'Etat dans lequel l'auteur a son établissement, ou a défaut d'établisse-
ment, sa résidence habituelle;
b) Par le droit de l'Etat dans lequel le produit a été acquis, sauf si l'auteur prouve que
le produit a été commercialisé dans cet Etat sans son consentement.
2. Si des prétentions fondées sur un défaut ou une description défectueuse d'un produit
sont régies par le droit étranger, on ne peut en Suisse accorder d'autres indemnités que celles
qui seraient allouées pour un tel dornmage en vertu du droit suisse.
Art. 138.
Les prétentions résultant des ùnmissions do1nmageables provenant d'un immeuble sont
régies, au choix du lésé, par le droit de l'etat dans lequel l'ifnmeuble est situé ou par le droit
de l'Etat dans lequel le résultat s'est produit.
- 227 -
Art. 139.
1. Les prétentions fondées sur une atteinte à la personnalité par les médias, notamment
par Je voie de la presse, de la radio, de la télévision ou de tout autre moyen public d'informa-
tion, sont régies au choix du lésé;
a) Par le droit de l'Etat dans lequel le lésé a sa résidence habituelle, pour autan! que
l'auteur du dommage ait dQ s'attendre à ce que le résultat se produise dans cet Etat.
b) Par le droit de l'Etat duns lequel l'auteur de /'atteinte a son établissement ou sa rési-
dence habituelle, ou
b) Par le droit de l'Etat dans lequel le résultat de l'atteinte se produit, pour autant que
l'auteur du dommage ait dil s'attendre à ce que le résultat se produise dans cet Etat.
2. Le droit de réponse à /'encontre de médias à caractère périodique est exclusivemet régi
par le droit de l'Etat dans lequel la publication a paru ou l'émission a été diffusée.
Art. 156,
Les prétentions qui dérivent de l'émission de ti1resdeparticipalion et d'ernprnn1s au 1noyen
de prospectus, circulaires ou autres publications analogues, sont régies par le droil applicable
à la société, soit par le droit de l'Etat d'émission.
12 - Yougoslavie
Loi du 15 juillet 1982 sur le.s solutions des conflits de lois avec les dispositions des autres
Etats dans le domaine de certains rapports + (J.O., de la République socialiste fédérative de
Yougoslavie, Sluzbeni list, 23 juillet 1982, n° 43-525/1982).
Article 28
1) Sauf disposition contraire dans des cas particuliers, la responsabilité ex1ra-contractuelle
est régie par celui qui est le plus favorable à la victime des droits du lieu où le fait dom1nagea-
ble s'est produit ou de celui où les effets se sont réalisés.
Article 35
1) Le divorce est régi par le droit de l'Etat dont les époux sont tous les deux ressortis-
sants au moment de l'introduction de l'action.
2) Si au moment de l'introduction de l'action, les époux sont ressortissants d'Etats diffé-
rents, le divorce est régi cumulativement par le droit des Etats dont ils sont ressortissants.
3) Si le mariage ne peut pas être dissous par l'un des droits indiqués à l'alinéa 2 du pré-
sent article, le divorce est régi par le droit de la R.S.F. Y. si l'un des époux avait au moment
de /'introduction de l'action son domicile dans la R.S.F. Y.
4) Si l'un des époux est ressortissant de la R.S.F. Y. mais n'y a pas son domicile et si
le divorce ne peut être prononcé par application de l'un des droits indiqués à l'alinéa 2 du
présent article, le divorce est régi par le droit de la R.S.F. Y.
Article 43
1) Lo légitimation de l'enfant est régie par le droit de l'Etat dont les parents sont ressor-
tissants; mais si les parents ne sont pas ressortissants du même Etat, est applicable le droit
de l'Etat du parent selon lequel la légitimation est considérée co1nme valide.
2) Si d'après le droit indiqué à l'alinéa 1er du présent article, les conditions de la légiti-
mation ne sont pas remplies et si les parents et l'enfant ont leur domicile dans la R.S.F. Y.,
est applicable le droit de la R.S.F. Y.
3) Le consentement de l'enfant, d'une autre personne ou d'une autorité est régi par le
droit de l'Etat dont l'enfant est le ressortissant.
- 228 -
B - Dispositions conventionnelles
et résolutions de l'Institut de droit international
a) Conventions de la Haye
Article 5
Contrats conclus par les consommateurs
1. Le présent article s'applique aux contrats ayant pour objet /afoum1ture d'objets mobi-
liers corporels ou de services à une personne, le consommateur, pour un usage pouvont être
considéré comme étranger à son activité professionnelle, ainsi qu'aux contrats destinés au finan-
cement d'une telle fourniture.
2. Nonobstant les dispositions de l'article 3, le choix par les parties de la loi applicable
ne peut avoir pour résultat de priver le consommateur de la protection que lui assurent les
dispositions impératives de la loi du pays dans lequel il a sa résidence habituelle:
- si fa conclusion du contrat a été précédée dans ce pays d'uneproposition spécialement faite
ou d'une publicité, et si le conso1n1nateur a accompli dans ce pays les actes nécessaires
à la conclusion du contrat, ou
- si le cocontractant du consorn1nateur ou son représentant a reçu la commande du consom-
mateur dans ce pays, ou
- si le contrat est une vente de marchandises et que le consommateur se soit rendu de ce
pays dans un pays étranger el y ait passé la com1nande, à la condition que le voyage ait
été organisé par le vendeur dans le but d'inciter le consommateur à conclure une vente.
3. Nonobstant les dispositions de l'article 4 et à défaut de choix exercé conformément à l'article
3, ces contrats sont régis par la loi du pays dans lequel le consommateur a sa résidence habi-
tue/le, s'ils sont intervenus dans les circonstances décrites au paragraphe 2 du présent article.
4. Le présent article ne s'applique pas :
a) au contrat de transport,
b) au contrat de fourniture de services lorsque les services dus au consommateur doivent
être fournis exc/usive1nent dans un pays autre que celui dans lequel il a sa résidence
habituelle.
5. Nonobstant les dispositions du paragraphe 4, le présent article s'applique au contrat
offrant pour un prix global des prestations combinées de transport et de logement.
Article 6
Contrat individuel de travail
1. Nonobstant les dispositions de l'article 3, dans le contrat de travail, le choix par les
parties de la loi applicable ne peut avoir pour résultat de priver le travailleur de la protection
qui lui assurent les dispositions itnpératives de la loi qui serait applicable, à défaut de choix,
en vertu du paragraphe 2 du présent article.
2. Nonobstant les dispositions de l'article 4 et à défaut de choix exercé conformémenL
à l'article 3, le contrat de travail est régi:
a) par la loi du pays où le travailleur, en exécution du contrat, accomplit habituellement son
travail, même s'il est détaché à titre tetnporaire dans un -autre pays,
ou
b) si le travailleur n'accomplit pas habituelfetnent son travail dans un même pays, par la loi
du pays où se trouve l'établissement qui a e1nbauché le travailleur,
à moins qu'il ne ré.suite de l'ensemble des circonstances que le contrat de travail présente
des liens plus étroits avec un autre pays, auquel cas la loi de cet autre pays est applicable.
Article 9
Forme
1. Un contrat conclu entre des personnes qui se trouvenr dans un même pays est valable
quant à la forme s'il satisfait aux conditions de forme de la loi qui le régit au fond en vertu
de la présente convention ou de la loi du pays dans lequel il a été conclu.
2. Un contrat conclu entre des personnes qui se trouvent dans des pays différents est vala-
ble quant à la forme s'il satisfait aux conditions de for1ne de la loi qui le régit au fond en
vertu de la présente convention ou de la loi de l'un de ces pays.
- 231 -
c) Convention de la C.J.E.C.
CONVENTION
SUR LA LEGITIMATION PAR MARIAGE
SIGNEE A ROME LE 10 SEPTEMBRE 1970
Les Etats signataires de la présente Convention, membres de la Commission internatio-
nale de l'état civil, désireux de favoriser par l'adoption de règles uniformes la légitimation
des enfants naturels ainsi que la reconnaissance et la publicité des légitimation intervenues
à l'étranger, sont convenus des dispositions suivantes :
TITRE PREMIER
Article pre1nier
Lorsque, selon les dispositions de droit interne de la loi nationale du père ou de la mère,
le mariage de ceux-ci a pour conséquence la légil11nation d'un enfant naturel, cette légitima-
tion est valable dans les Etals contractants.
Cette règle s'applique tant aux /égitimarions résulcant de fa seule célébration du mariage
qu'aux légitimations constatées uflér1eurement par une décision judiciaire.
Arricle 2
Toutefois lors de la signature de fa notification prévue à l'article 11 ou de l'adhésion,
chaque Etat contractant pourra se réserver le droit de ne pas tenir la légitimation pour valable :
a) S'il est établi que l'enfant n'est pas né de ceux qui l'ont légitimé;
b) Si sa loi ne reconnaît pas la validité du mariage célébré sur son territoire;
c) Si la loi ne reconnaît pas la vahdité du 1nariage de son ressortissant;
d) Ou si l'enfant né d'un de ses ressortissants est adultérien à l'égard de celui-ci.
Ce droit ne pourra pas être exercé dans le cas où la loi interne de cet Elal n'interdirait
pas une telle légititnation.
Notanl que certains problèmes intertemporels existant en droit international privé diffè-
rent de ceux qui se posent en droit international public,
Considérant qu'il est par conséquent souhaitable de proposer des solutions appropriées
pour résoudre le problème intertemporel dans les systèmes de droit international privé en
général,
Considérant que l'application des principes suivants facilitera l'obtention de solutions
justes et équitables,
1
Adopte la présente résolution :
1. L'effet dans le temps de la modification d'une règle de droit international privé est
déterminé par le système de droit auquel cette règle appartient.
2. L'effet dans le temps de changements dans les faits qui constituent !e fondement de
la compétence juridictionnelle ou du choix du droil applicable, que ces changemenls résullent
de l'action d'une personne physique ou morale ou de celle d'une autorité tégislative, juridic-
tionnelle ou exécutive, est déterminé comme suit:
a) Les changements intervenant en cours de procédure dans les faits qui constituent le
fondement de la compétence juridictionnelle ne privent pas la juridiction de sa compétence
et n'affectent normalement pas la reconnaissance ou l'exécution de ses décisions dans d'autres
Etats ;
b) En cas de changement.s dans les faits qui constituent Je fondement du choix du droit
applicable, le droit qui s'applique est, parmi ceux qui entrent en considération, ce!ul dont l'appli-
cation correspond le plus étroitement aux objectifs du système de conflits des lois du for.
3. L'effet dans Je temps d'un changement dans Je droit applicable est délerrÙiné par ce
droit.
4. La pertinence juridique de faits survenant avant ou après l'éVènement juridiquement
décisif est déterminée par le droit applicable, sauf dans la mesure où ces faits sont pertin~nts
aux fins de la détermination de la compétence juridictionnelle ou du choix du droit applicable.
5. L'effet de dispositions juridiques rétroactives, qu'elle.s soient d'origine législative, régle-
mentaire ou jurisprudentielle, devrait normalement être déterminé par référence au système
de droit d'où elles sont issues.
6. En particulier, lorsqu'il s'agit de situations juridiques continues concernant le statut
personnel, les droits réels ou les obligations, le statut personnel établi et les droit.s acquis avant
la survenance d'une modification du droit en la matière devraient être protégés dans toute
la mesure du possible.
7. Chaque fois que, à l'occasion d'un règlement du conflit dans le temps, les effels d'une
situation juridique peuvent être soumis à un droit difféfenl de celui qui s'applique au.x condi-
tions de formation de cette situation, la solution retenue devrait prendre en considération ta -
nécessité d'assurer la continuité et la cohérence du régime d'ensemble de la situation dont il
s'agit.
Résolution adoptée par l'Institut à sa session du Caire
La dualité des principes de nationalité
et de domicile en droit international privé
(15e Commission)
L'Institut de droit international,
Considérant que la dualité des principes de nationalité et de domicile demeure une pro-
blème important du droit international privé ;
Considérant le caractère relatif des avantages et des inconvénients de chacun de ces cruè-
res et l'inopportunité de préconiser l'adoption d'une règle de conflil fondée exclusivement
sur l'un des deux ;
Considérant qu'il serait donc utile de formuler des principes de nature susciter une cer-
taine harmonisation des règles de conflit en vigueur dans les différents Etats ;
Adopte la résolution suivante :
- 233 -
A. - Conflits de juridictions.
l. Il est recommandé aux Etats qui ont des tègles de compétence internationale fondées
sur la nationalité de ne pas leur attribuer le caractère de règles de compétence exclusive.
2. Il est recommandé aux Etats qui soumettent une matière, les uns à !a loi nationale,
les autres à la loi du domicile, et qui surbordonnent la reconnaissance d'une décision étran-
gère à la condition qu'elle ait été rendue par référence à la loi désignée par leur propre règle
de conflit, de ne pas maintenir cette exigence lorsqu'ils sont appelés à reconnaître une déci-
sion rendue par référence à la loi nationale ou à la loi du domicile.
B. - Conflits de lois
3. En matière de régimes matrimoniaux, il est recommandé aux Etats, dont la règle de
conflit est fondée sur un rattachement objectif, d'offrir aux époux une option entre la !ai de
la nationalité et la loi du domicile de l'un d'entre eux.
4. En matière de successions, il est recommandé aw: Etats de permettre que toute per-
sonne puisse, dans ses dispositions de dernière volonté, soumettre la dévolution de ses biens
soit à sa loi nationale soit à la loi de son domicile.
5. En matiére d'effets personnels du mariage, de divorce et de séparation de corps, il
est recommandé aux Etats d'offrir aux époux une option entre la loi nationale et la loi du
domicile, lorsqu'ils ont une nationalité commune et un domicile commun, dans les cas où
l'Etat national est différent de l'Etat où est situé le domicile.
6. En ce qui concerne Je statut personnel des réfugiés et des apatrides, il est recommandé
aux Etats qui ne sont pas parties à la Convention de Genève du 28 juillet 1951 sur le statut
des réfugiés ou à la Convention de New York du 28 septembre 1954 sur le statut des apatrides
d'adopter les solutions retenues par l'article 12 de chacune de ces deux conventions.
II est souhaitable que les Etats étendent ces solutions à certaines catégories de personnes
dont la situation est similaire mais qui ne peuvent se prévaloir de la qualité de réfugié ou d'apa-
tride telle qu'elle est définie par ces conventions.
7. En cas de conflit des lois personnelles, il est recommandé:
a) aux Etats dont la règle de conflit donne compétence à la loi nationale, d'appliquer
la loi du domicile commun lorsque les différentes personnes impliquées dans le rapport de
droit considéré sont de nationalité différente et qu'il n'existe pas de raison valable de faire
prévaloir l'une des lois nationales ;
b) aux Etats dont la règle de conflit donne compétence à la loi du domicile, d'appliquer
la loi nationale commune, lorsque les différentes personnes impliquées dans le rapport de droit
considéré n'ont pas de domicile commun et qu'il n'existe pas de raison valable de faire préva-
loir la loi de l'un des domiciles.
(19 septembre 1987)
- 234 -
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§ 2 - La satisfaction aux exigences d'une seule des lois en concoUJ's est suffisaizte. 127
Notes du chapitre_ ......................................... _............... 13 o