Chimie L1 MPCI
Chimie L1 MPCI
Chimie L1 MPCI
Structure de la matière
Présenté par :
Fatiha BARKA-BOUAIFEL
2014-2015
AVANT-PROPOS
Le présent polycopié de cours que je présente, dans le cadre de mon habilitation (HDR)
s’adresse non seulement aux étudiants des tronc-communs Sciences de la matière (SM),
Sciences techniques (ST), Hydraulique, Mines, etc…qui reçoivent un enseignement général
de chimie mais également à tous ceux qui doivent connaitre les bases modernes de cette
science, sans pour autant devoir en traiter chaque jour en spécialiste.
Il porte essentiellement sur les notions fondamentales de chimie générale (structure de la
matière). Avec des étudiants de formation et de niveau souvent très différents, l’enseignant du
premier cycle de l’enseignement supérieur rencontre des difficultés pédagogiques non
négligeables. Pour cela, un rappel de quelques notions fondamentales (les états de la matière
et méthodes de séparation, les atomes et molécules, les solutions) est nécessaire pour la
compréhension du programme que ce soit en cours, en travaux dirigés ou en travaux
pratiques.
Les notions les plus modernes dans le domaine de la structure de la matière ont été plus
détaillées dans ce cours.
Le chapitre I se rapporte à la structure de l’atome (l’atome, les isotopes, réactions nucléaires,
loi de décroissance radioactive, etc…).
Le chapitre II traite de la quantification de l’énergie dans le modèle semi-atomique (dualité
onde-corpuscule de la lumière, spectre optique de l’hydrogène, modèles classiques de l'atome,
spectre des ions hydrogénoïdes, modèle de Sommerfeld).
Le chapitre III concerne le modèle quantique de l’atome où est introduite une théorie
nécessaire à la description rigoureuse des propriétés de l’atome, la mécanique ondulatoire,
(hypothèse de Louis de De Broglie, principe d'incertitude d'Heisenberg, l’équation de
Schrödinger, configurations électroniques d’un édifice monoatomique).
Le chapitre IV est dédié à la classification périodique des éléments où seront traités plusieurs
points (principe de la classification périodique, lois et propriétés, propriétés physiques et
chimiques des familles d'éléments, les familles chimiques).
Le dernier chapitre est réservé à la liaison chimique (la liaison ionique, la liaison covalente,
structure de Lewis, la méthode VSEPR, la liaison covalente dans le modèle quantique,
hybridation des orbitales atomiques, la liaison polarisée, la liaison métallique, les liaisons
intermoléculaires).
Ce polycopié de cours représente une synthèse des cours que j’ai assurés depuis mon
recrutement en 1997 à ce jour au sein de plusieurs départements à l’université de Bejaia
(Technologie, ST, SM). C’est un travail strictement personnel qui émane de ma propre
expérience en tant qu’enseignante de cous de structure de la matière.
SOMMAIRE
Il existe plusieurs techniques de séparation des constituants d’un mélange en corps purs
(distillation, décantation,…) et des constituants de corps purs composés en corps purs simples
(électrolyse, radiolyse, etc).
L’analyse élémentaire permet de séparer les corps purs composés et comprend les procédés
qui permettent de décomposer un corps composé.
Exemple :
1
Les procédés utilisés dans ce cas sont de nature chimique. On cite particulièrement :
La thermolyse ou pyrolyse qui permet la décomposition d’une substance par la
chaleur.
La radiolyse qui consiste à décomposer une substance par des radiations lumineuses
(UV, visibles ou IR).
L’électrolyse qui permet la décomposition d’une substance par l’électricité.
L’analyse immédiate permet de séparer les constituants d’un mélange en corps purs. Cette
séparation est basée sur les différences des propriétés physiques de ces constituants.
1. Mélanges hétérogènes
Si le mélange est constitué de plusieurs solides, on utilise : le tamisage (différence de
taille des particules), la lévigation (différence de masse volumique) comme dans le cas
de la séparation de l’or et du sable par lavage par un courant d’eau qui entraine le
sable, la dissolution, etc…
Si le mélange est constitué de solides et de liquides, on utilise la filtration ou la
centrifugation.
Si le mélange est constitué de liquides, on utilise la décantation, comme dans le cas
du mélange eau-huile.
2. Mélanges homogènes
Dans ce cas, on peut utiliser la distillation fractionnée (différence de température d’ébullition
des liquides), la précipitation(cristallisation d’un solide à partir d’une solution), etc…
2
II. Atomes et molécules
II.1. Atomes
La notion d’atome remonte à 400 ans avant J.C., apparaissant dans les écrits de Démocrite, un
philosophe grec. Mais les premières preuves expérimentales de l’existence des atomes ont été
rassemblées en 1805 par Dalton :
Loi des proportions définies
Loi de conservation de la masse au cours d’une réaction (Lavoisier « lors d’une
réaction chimique, la masse totale des réactifs est égale à la masse totale des produits
formés »).
Lavoisier émit son hypothèse atomique, suggérant que la matière est constituée d’atomes et
qu’un élément est caractérisé par des atomes de même masse. Lors d’une réaction chimique,
les atomes ne sont ni créés, ni détruits ; ils se recombinent. Ses travaux lui permirent
d’élaborer une échelle des masses atomiques relatives avec quelques erreurs dues à des
mauvaises formulations des composés chimiques, par exemple il considéra que la formule de
l’eau était HO conduisant à une masse 2 fois trop petite pour l’oxygène.
L’atome est une quantité de matière infiniment petite (d≈1Å et m≈10 -26 kg).
Exemple : C (d=1,8 Å et m≈2. 10-26 kg). Cette masse représente la masse atomique du
carbone.
Un élément chimique est une espèce donnée d’atomes. Il est caractérisé par son
numéro atomique Z et est désigné par une abréviation appelée symbole.
Exemple : 1H (Z=1, symbole H) ; 6C ; 18Ar ; etc…
Masse atomique
3
Mole et masse molaire atomique
Les masses des atomes sont toutes très petites (entre 10 -24 et 10-26 kg) et donc peu pratiques à
utiliser dans le monde macroscopique. La mole (mol) est l’unité que les chimistes utilisent
pour exprimer un grand nombre d’atomes.
On définit une molecomme étant le nombre d’atomes qu’il y a dans 12g de carbone 12. Le
nombre d’atomes dans une mole est appelé Nombre d’Avogadro (NA= ).
La masse molaire (MM) est la masse d’une mole d’atomes. L’unité de masse atomique est le
1/12 de la masse d’un atome de carbone 12.
II.2. Molécules
Une molécule est une union de deux ou plusieurs atomes liés entre eux par des liaisons
covalentes. C’est la plus petite partie d’un composé qui a les mêmes propriétés que le
composé (Exemples : H20, H2, HCl, etc…).
Une réaction chimique est en fait un échange d'atomes entre les molécules dans des conditions
expérimentales définies. Les molécules peuvent être constituées uniquement de deux atomes
(par exemple, le dioxygène est composé de deux atomes d'oxygène) ou de plusieurs millions
d'atomes (par exemple, l'ADN), cas d’une macromolécule (exemples de la figure 2).
4
Figure 2. Deux macromolécules
Compositions massique
Exemples
1. Dans l’eau le % massique en oxygène et en hydrogène sont respectivement 88,8 et
11,2
2. Un gaz contient 81,1% de bore et 18,9% d’hydrogène ; sachant que :
• sa masse molaire est 53,32g/mol
• MB=10,811 g/mol et MH=1g/mol
Sa formule moléculaire est B4H10.
III.1.Définition
Une solution est obtenue par dissolution d’une espèce chimique dans un solvant. L’espèce
chimique dissoute s’appelle le soluté ; il peut être sous forme solide, liquide ou gaz tandis que
le solvant est sous forme liquide.
Après dissolution, le soluté peut être sous forme d’ions ou sous forme de molécules. Une
solution est dite aqueuse si le solvant est l’eau.
5
Exemple : l’obtention d’un verre d’eau sucré exige la dissolution d’un morceau de sucre dans
l’eau. Le sucre constitue le soluté, tandis que l’eau joue le rôle de solvant.
Une solution est dite saturée quand le solvant ne peut plus dissoudre le soluté.
Concentration molaire
Exemple : Afin de sucrer une tasse contenant 150 mL de thé, on ajoute un morceau de sucre
de 6,0 g. Le sucre est constitué majoritairement de saccharose de formule C 12H22O11 de masse
molaire M=342,0 g.mol-1.
La concentration molaire en saccharose est : [C12H22O11]
La quantité de matière en sucre est :
n(C12H22O11)
Concentration massique
La concentration massique d’une espèce chimique en solution est la masse de soluté présente
par litre de solution. La concentration massique se note Cm, elle s’exprime en g.L-1.
avecCm en g.L-1, et en L
et or
6
Exemple : Afin de préparer une solution de diiode, on dissout une masse m = 50,0 mg de
cristaux de diiode dans 75,0 mL de cyclohexane. La concentration massique du diiode dans le
cyclohexane est :
6,67. g.L-1
Fraction molaire
Si on considère n1 moles de solvant et n2 moles de soluté, les fractions molaires du solvant
et du soluté sont respectivement :
et
Dilution d’une solution
Diluer une solution, c’est obtenir une nouvelle solution moins concentrée que la solution
initiale, en ajoutant du solvant.La solution initiale se nomme solution mère et la solution
diluée se nomme la solution fille.Au cours d’une dilution, la quantité de matière de l’espèce
chimique dissoute ne varie pas : or
D’où :
7
Chapitre I : Structure de l’atome
Les chimistes ont mis en évidence une centaine d’éléments qui, tels que l’oxygène ou
l’hydrogène, entrent dans la composition de toutes les substances matérielles. Les savants du
XIXèmesiècle, en mettant en évidence les lois pondérales de la chimie, ont établi une échelle
où tous les éléments connus se classent par nombre de masse. En choisissant arbitrairement
l’unité pour l’élément le plus léger (H=1), tous les éléments se voient alors attribuer un
nombre de masse bien défini. La chimie moderne a montré que ces propriétés sont dues à
l’existence des atomes. Chaque élément correspond à une espèce d’atomes ou à une famille
d’isotopes ayant une masse donnée.
I. L’atome
L’atome est constitué d’un noyau (protons + neutrons) et d’électrons. L'élément est défini par
son numéro atomique, qui correspond au nombre de protons présents dans le noyau.
Exemple : le noyau de l'hydrogène est constitué d'un seul proton. Le noyau d'hélium est
constitué de 2 protons et 2 neutrons.
• Les protons ont une charge positive, alors que le neutron est électriquement neutre.
Les électrons sont de charges négatives, pour compenser la charge positive des protons et
ainsi rendre l'atome électriquement neutre. On trouve ainsi dans un atome le même nombre de
protons et d'électrons.
Les ions sont en fait des atomes ayant gagné ou perdu des électrons, ils sont ainsi chargés
négativement (anions) ou positivement (cations).
La masse de l’atome est concentrée dans une petite région chargée positivement : le noyau
central. La figure 3 suivante illustre l’atome dans le modèle de Rutherford.
8
Caractéristiques de l’atome
• Atome = électrons + noyau ; noyau = protons + neutrons
• Electron : charge électrique négative |e|=1,6.1019 C ; proton : charge électrique
positive ; neutron : électriquement neutre
• Masse de l’électron : 9,1.1031 kg ; Masse du proton : 1,673.1027 kg
• Masse du neutron : 1,675.1027 kg ; mnmp = 1836 me
• Diamètred’un atome : 1010 m (1 Å) ; Diamètre d’un noyau : 1015 m (1 fm)
Exemples :
9
Un grand nombre d’éléments existe à l’état naturel sous forme d’un mélange d’isotopes. La
masse moyenne d’un élément est donnée par la relation:
Remarques:
• Un élément chimique (X) est caractérisé par son numéro atomiqueZ,
• Un ion(q 0), correspond au nombre d’électronse = Zq
• Les isotopes ont même numéro atomiqueZ
• Les isobares ont même nombre de masse A
• Les isotones ont même nombre de neutrons N
On définit l’énergie de cohésion (-ΔE ) comme étant l’énergie nécessaire pour détruire un
noyau en neutrons et en protons (elle est toujours positive).
Les principales unités utilisées sont : le joule, l’eV (1 eV=1,6.10-19 J) et le MeV (1 MeV=106
eV).
L’électron volt est l’énergie d’un électron soumis à une différence de potentiel (ddp) de 1 volt
(eV=1,6.10-19 Jx1V=1,6.10-19 J).
10
2. Stabilité du noyau
On définit aussi l’énergie de cohésion par nucléon par la relation : ΔE’=-ΔE/A = El/A
Cette énergie mesure la stabilité des noyaux ( plus ΔE’ est grande, plus le noyau est stable).En
général, l’énergie de cohésion par nucléon est inférieure à 8,9MeVquelque soit l’élément
considéré. La courbe d'Aston, représentée par la figure 5, donne la variation de : -El/A
=ΔE/Aen fonction de A. Cette courbe permet de visualiser facilement les noyaux les plus
stables. Ceux-ci correspondent aux plus basses valeurs de- El/A(figure 5).
La pente de la courbe d'Aston est très importante pour la zone des atomes "légers" de A <20.
Pour les atomes "lourds" de Z >20, cette pente est beaucoup plus faible.
Les atomes dont l'énergie de liaison moyenne est faible (El /A< 7,5 MeV) tendent à se
stabiliser et à se rapprocher de la zone de stabilité maximale vers Z = 58.
Deux processus différents sont possibles:
Les atomes légers donnent des réactions nucléaires de fusion et les atomes lourds des
réactions de fission.
Actuellement, il existe près de 2000 noyaux d’atomes connus dont seulement 279 stables (ils
ne se désintègrent pas).
Remarque :
Les principales règlesqui permettent d’identifier les noyaux stables sont:
• Pour les noyaux légers (Z<20), les noyaux stables ont un nombre de protons égal au
nombre de neutrons.
• Pour les noyaux lourds, il faut plus de neutrons que de protons afin de neutraliser les
forces de répulsion croissantes entre les protons (la masse volumique du noyau est
d’environ 1014 g/cm3)
• 80% des noyaux stables possèdent un nombre pair de protons et 78% un nombre pair
de neutrons.
Tous les éléments qui contiennent plus de 83 protons sont radioactifs et il est possible de
synthétiser au laboratoire des radio-isotopes (artificiels) qui n’existent pas à l’état naturel,
exemple de la première synthèse réalisée en 1934 par Irène Curie et Fréderic Joliot:
+ →
11
III. Réactions nucléaires
III.1. Radioactivité
Elle a été découverte par Becquerel en 1896 et il existe plusieurs types de radioactivité :
1. Radioactivité α : émission d’un noyau d’hélium He2+(particules α)
---→ Exemple : ---→
Ces particules sont expulsées avec des vitesses relativement faibles et sont arrêtées par
quelques centimètres d'air ou par une feuille de papier, mais elles sont très ionisantes et donc
dangereuses. La radioactivité α concerne les noyaux lourds (A>200).
2. Radioactivité β- : émission d’un électron (n→ p + e-) et de rayons ϒ
---→ e- + ; Exemple: ---→ -
(utilisé pour la datation au
carbone 14).
La radioactivité β- concerne les noyaux riches en neutrons situés à gauche de la vallée de
stabilité. Il n'y a pas d'électron dans le noyau, mais le noyau peut en émettre en transformant
un neutron excédentaire en un électron et un proton suivant le bilan :
Les particules β- sont assez peu pénétrantes. Elles sont arrêtées par quelques millimètres
d'aluminium.
3. Radioactivité par capture d’électron ou capture K : l’électron de la couche la plus
interne K est capturé par le noyau et s’associe avec un proton pour donner un neutron
(p + e- → n)
→ ; Exemple :
4. Radioactivité β+, appelée aussi rayonnement β+, est l’émission de positons
→ ; Exemple : →
Cette radioactivité β+ ne concerne que des noyaux artificiels qui possèdent trop de protons. Ce
positon ne peut provenir que de la transformation d'un protonexcédentaire suivant le bilan
suivant :
Ces particules β+ ont une durée de vie très courte. Lorsqu'elles rencontrent un électron, les
deux particules s'associent pour donner de l'énergie sous forme d'un rayonnement
électromagnétique ϒ suivant le bilan :
12
Les émissions des rayons ϒ (photons) et des particules β (électrons et positons) par des
substances radioactives peuvent être détectées par des compteurs Geiger.Ces radiations
ionisent le gaz qui occupe la chambre du compteur (Ar en général), et les ions ainsi produits
permettent le passage d’un courant qui est ensuite détecté.
On définit la masse critique comme étant la plus petite masse pour laquelle on produit un
nombre de neutrons supérieur au nombre de neutrons absorbés : on a alors une réaction en
chaîne, contrôlée dans une centrale nucléaire.
2. La Fusion nucléaire
La fusion nucléaire est la combinaison de deux noyaux légerspour former un noyau unique
plus gros, avec dégagement d’énergie.Cette réaction est empêchée par la répulsion électrique
qui s'exerce sur les deux particules qui ne peuvent s'approcher l'une de l'autre pour fusionner.
La fusion nucléaire doit se produire dans un matériau dense pour que suffisamment d'atomes
puissent fusionner et fournir une quantité d'énergie significative. Pour cela, il faut élever la
température du matériau pour que les particules atteignent une énergie suffisante de façon à
vaincre la barrière de répulsion électrique. Ce procédé est appelé fusion thermonucléaire. Ces
températures doivent être de l'ordre de celle du soleil (1,5 107K).
La réaction de fusion nucléaire produit plus d’énergie que la fission. Ces réactions se
produisent dans le soleil :
3. La transmutation
Cette réaction produit des nucléides de nombre de masse égal ou très voisin de celui du
nucléide qui a servi de cible. Les nucléides formés sont soit stables soit radioactifs :
; Ecriture abrégée :
13
III.3. La radioactivité naturelle
La radioactivité naturelle est une désintégration spontanée du noyau en donnant un noyau
radioactif ou stable et diverses radiations. Celle-ci se produit si A-Z/Z≥1,5. Elle provient des
rayons cosmiques (17%), du gaz radon (sous-produit de désintégration de l’uranium (50%)),
du sol (granit 20%) et du corps humain lui-même (désintégration de (13%)).
14
IV. Loi de désintégration radioactive
on aura : , donc :
Activité ou intensité ou vitesse radioactive (A) : c’est le nombre de désintégrations par unité
de temps.
Période radioactive : la période ou temps de demi-vie d’un noyau radioactif est le temps au
bout duquel la moitié des noyaux radioactifs présents à t=0 est désintégrée (Figure 6).
A t T t1/2, Nt= ,
15
Tableau 2 : Quelques radioéléments et leurs périodes.
V. Domaines d’application
Principe de la datation
Le 14C radioactif est produit de manière continue dans l’atmosphère par l’action des neutrons
des rayons cosmiques sur l’azote 14N de l’atmosphère suivant la réaction :
Cet isotope s’incorpore dans les molécules de CO2 puis dans les tissus des plantes par
photosynthèse. La concentration dans les plantes vivantes et dans les animaux qui les mangent
est maintenue constante de par l’équilibre avec l’atmosphère ; le nombre de désintégrations
par unité de temps et de masse est également constant pour tous les organismes vivants (15,3
dpm et par gramme de carbone total noté dpm.g-1). Quand la plante meurt, la concentration en
14
C décroit à cause de la désintégration :
On mesure dans l’échantillon que l’on veut dater soit la proportion de carbone 14 par rapport
au carbone total à l’aide d’un spectromètre de masse soit le nombre A de désintégration par
unité de temps et de masse (en dpm) qui est proportionnel au nombre de nucléides N. Avec la
loi de désintégration, on en déduit l’âge de l’échantillon :
Exemple :
16
Sachant que la période du carbone 14 est de 5730 années, l’âge de ces échantillons est :
é
17
Chapitre II : Quantification de l’énergie (modèle semi-atomique)
Le modèle actuel de l’atome est un modèle nucléaire comme celui de Rutherford : la masse se
concentre dans un petit noyau central. Le noyau atomique a un diamètre 104 fois plus petit que
celui de l’atome.
Par contre, on ne parle plus de trajectoire électronique au sens de la mécanique classique mais
d’un « nuage électronique ». Cependant, il est intéressant de voir comment le modèle
atomique a évolué au cours du temps en fonction de l’avancement des recherches. Il est
d’ailleurs possible qu’un modèle quelque peu différent naisse dans quelques temps.
Il est admis que la lumière est une association de champs électrique et magnétique se
propageant dans l’espace avec un mouvement ondulatoire (Figure 7). Ces ondes
électromagnétiques ou lumineuses se propagent dans l’espace à une vitesse constante
C(célérité de la lumière) égale à 3.108 m.s-1. Chacune de ces ondes est caractérisée par sa
longueur d’onde ou son nombre d’onde
La période T est le temps au bout duquel le vecteur vibrant ( et B ) retrouve le même
E
module, la même direction etle même sens.
Le nombre de longueur d’onde parcourue par seconde est la fréquence ν de la lumière est
donné par :
18
Figure 8.Spectre électromagnétique.
Lorsqu’on éclaire une plaque métallique et qu’on procède à un balayage en fréquence pour la
lumière on obtient une émission d’électrons à partir d’une fréquence seuil qui est
caractéristique du métal utilisé. D’après Einstein, la lumière est porteuse de grains de matière,
les « quanta », appelés aussi « photons », porteurs chacun d’une énergie . Ces grains
d’énergie viennent frapper les atomes métalliques de la plaque, et s’ils ont suffisamment
d’énergie, arrachent des électrons de la plaque, d’où la production de l’électricité. C’est ce qui
constitue l’effet « photoélectrique ».
19
- Seule la lumière de fréquence détermine une émission d’électrons ;
- Si un photon d’énergie ( est absorbé, l’électron émis atteindra
une énergie cinétique :
20
Figure 10.Allure du spectre de l’atome d’hydrogène.
En 1909, Marsden Geiger et Rutherford ont bombardé une feuille d’or d’environ 0,6
mm, placée dans une enceinte à vide, par un faisceau de particules α, focalisées par
deuxdiaphragmes D1 et D2(Figure 12).
21
La grande majorité des particules traverse la feuille d’or sans être déviées. En effet, latache
observée sur l’écran fluorescent garde la même intensité avec ou sans feuille d’or.Certaines
particules α subissent de grandes déviations (supérieures à 90degrés) et sont donc renvoyées
vers l’arrière. Ces constatations ont été interprétées par lestrois hypothèses suivantes:
Les lois de l'électromagnétisme imposent que l'électron en mouvement doit perdre del'énergie
sous forme de rayonnement par conséquent il finira par s'écraser sur le noyau d’une part.
D’autre part, la diminution continue de la distance « électron-noyau » implique la variation
continue de la fréquencede rayonnement et un spectre d’émission de l’atome continu. Ceci est
contradictoire avec les résultats expérimentaux (spectre discontinu).
Dès 1865, Balmera remarqué que l'écartement entre les raies diminue régulièrementavec la
longueur d'onde et qu’il existait une relation linéaire entre les quatre nombres d’onde et .
Rydberg a proposé alors une équation empirique qui permet de relier la longueur d’ondeλ aux
niveaux d’énergie n par la relation : avec :
Les sept raies visibles observées constituent le visible de la lumière blanche et forment la série
de Balmer pour laquelle n1= 2 et n2 >2.
Ritz a généralisé cette relation empirique pour trouver les longueurs d’onde de toutesles raies
des différentes séries observées selon la relation :
L’exploration de tout le spectre montre l’existence d’autres séries de raies de part etd’autre du
domaine visible (Tableau 3) :
22
Tableau 3 : Séries du spectre de l’atome d’hydrogène, transitions et domaine spectral
correspondant.
1. Postulats de Bohr
En s'inspirant du modèle de Rutherford, Niels Bohr a proposé en 1913 une théorie permettant
de remédier aux défauts du modèle de Rutherford. Elle est fondée sur les postulatssuivants:
1. L'atome ne peut pas subir de variation énergétique continue; il ne peut exister que dans
une suite d'états stationnaires correspondant à des niveaux d'énergie E1, E2, E3, …En
sur lesquels l’électron ne rayonne pas.
2. Il y’a quantification du moment cinétique orbital L de l'électron par rapport au centre
del'orbite. Ce moment est défini par le produit vectoriel du vecteur position r et du
vecteur impulsion p relatif à l’électron suivant la relation :
– hν
23
Remarque :
• Une absorption d’une radiation est obtenue lorsque l’électron passe du niveau n1au
niveau n2 avec n1< n2et
• Une émission d’une radiation est obtenue lorsque l’électron passe du niveau n2au
niveau n1avecn1<n2 et
L'hydrogène est constitué d'un noyau de charge (+e) et d'un électron de charge (-e) séparés
par une distance r (schéma ci-après). L'électron décrit une trajectoire circulaire avec une
vitesse v, tandis que le noyau, relativement lourd reste pratiquement fixe.
Avec : = et = x = (
Or =‖ ‖ = soit (1)
Soit : (2)
(3)
24
Pour n = 1, rn=r1= 0,5290 Å : premier rayon de Bohr pour l'atome d'hydrogène qu’on note
a0.
Avec : m = 9,110.10-31kget e = 1,602.10-19 C
On constate que l’électron ne peut se trouver que sur une suite discontinue caractérisée par le
nombre quantique n dont le rayon r est :a0, 4 a0, 9 a0, 16 a0,…., n2a0.
(4)
Avec : = et
Avec : = x
D’où (5)
(6)
; (7)
(8)
L'énergie de l'électron sur l’orbite dépend uniquement de n. Elle est donc quantifiée et ne
peut prendre que quelques valeurs particulières en accord avec l’expression:
25
(eV)
E1= -13,6 eV
Définitions
D'après le 3ème postulat de Bohr, quand l'électron de l’hydrogène passe d'un niveau d’énergie
à un niveau d’énergie , l’énergie mise en jeu a pour expression :
|∆E| = | – |= =
La fréquence et le nombre d’onde correspondant à cette radiation sont donnés par :
– –
et x
On en déduit :
Ainsi, on retrouve la formule empirique de Ritz et les différentes séries de raies du spectre
d’émission de l’atome d’hydrogène. Les transitions spectrales entre les différents niveaux
électroniques de l’atome d’hydrogène sont représentées dans le diagramme énergétique
suivant (Figure 13).
La valeur calculée de la constante de Rydberg est proche de la valeur expérimentale donnée
empiriquement par Balmer RH=109677,6 cm-1.
Cependant, l’étude du mouvement autour du centre de gravité du système (électron-noyau)
oùla masse de l’électron m est remplacée par une masse réduite du système définie par :
donne une valeur de RH= 109677,70 cm–1, très proche de la valeur expérimentale.
26
Figure 13.Diagramme énergétique de l’atome d’hydrogène.
On appelle ions hydrogénoïdes, des cations qui possèdent un seul électron et Z protons.
Exemple : He+; Li++; Be+++…
Le calcul du rayon, de l’énergie et de la vitesse de l’électron d’un ion hydrogénoïde sur une
orbite n aboutit aux expressions suivantes:
(Å)
x (m/s)
(eV)
Ces expressions peuvent être retrouvées en remplaçant, dans celles de l’atome d’hydrogène, la
charge du noyau (+e) par (+Ze).Les nombres d’ondes des séries observées dans le spectre des
ions hydrogénoïdes sont données par :
27
III.3. Modèle de Sommerfeld
Sommerfeld a amélioré le modèle de Bohr en supposant des orbites elliptiques en plus des
orbites circulaires. Ceci a permis d'expliquer le dédoublement des raies spectrales et les
spectres d’émission d’un certain nombre d’atomes légers. Ila introduit d'autres nombres
quantiques l et m, en plus du nombre quantique principal n.
Le nombre l définit les sous niveaux énergétiques qui sont au nombre de n. Il prend
des valeurs 0, 1, 2, 3,… n-1.
En présence d'un champ magnétique, l'orientation spatiale du plan de l'ellipse n'est pas
quelconque, elle est quantifiée par m.
Pour une valeur de l donnée : m =-l, -l+1, -l+2, .., 0, .., l-2, l-1, l.
IV. Conclusion
Cette théorie même complétée par celle deSommerfeld ne parvient pas à interpréter les
spectres des atomes lourds. Ce modèle est alors abandonné et remplacé par le modèle
quantique (ou ondulatoire).
28
Chapitre III : Modèle quantique de l’atome
Le modèle de Bohr basé sur la mécanique classique ne permet pas de décrire correctement le
comportement des atomes. En effet, la physique classique, qui nous permet de connaitre
l’évolution au cours du temps d’un système à l’échelle macroscopique, se révèle insuffisante
pour rendre compte des phénomènes à l’échelle atomique. Audébut du 20ème siècle, une
nouvelle théorie mécanique, appelée mécanique ondulatoire ou mécanique quantique capable
d’étudier des systèmes microscopiques, est née.
En 1924 Louis de De Broglie émet l'hypothèse que la dualité onde-corpuscule est une
propriété générale de la physique. Il énonça qu'à toute particule en mouvement est associé une
onde dite "onde associée" de longueur d'onde λ :
Donc :
Cette valeur est 19 fois plus faible que la taille d’un noyau atomique. Elle n’a aucun sens.
29
II. Principe d'incertitude d'Heisenberg
Objet macroscopique : Pour une voiture de masse de 1 tonne et de vitesse de 100 km/h
à0,001 km/h d’incertitude, l’incertitude sur la position est de 3,8×10 -34 m. Ceci n’a donc
aucune conséquence pratique à notre échelle.
Objet microscopique : Le rayon de Bohr est connu à 0,005 nm près soit une précision de 10
%. L’incertitude sur la vitesse est de 2,32.107 m/s. Notons que la vitesse de l’électron de
l’atome de Bohr, à l’état fondamentale, est de v = 2,2.106 m/s. On trouve une incertitude sur la
vitesse au moins 10 fois plus grande que la vitesse elle-même, d’où l’insuffisance du modèle
de Bohr. On ne peut donc connaître simultanément la position et la quantité de mouvement
d’une particule, mais on peut les mesurer séparément avec toute précision désirée.
Conclusion
Les exemples précédents montrent que si la masse m est grande, le produit desincertitudes est
très petit. C’est le cas pour tous les phénomènes qui se produisent ànotre échelle et qui font
l’objet de la mécanique classique. Mais si m est la masse d’unélectron, on ne peut plus ignorer
les deux termes ∆x et ∆v. Ceci conduit à la conception probabiliste de l’électron et nous
permet de passer de la notion de trajectoire à la notion de probabilité de présence. On peut
donc associer à l’électron une onde de De Broglie qui est décrite par une fonction
mathématique appelée fonction d’onde (ou orbitale) solution de l’équation de Schrödinger.
30
III. L’équation de Schrödinger (Nobel 1933)
d’où :
avec( )
Nous admettons que la fonction d’onde associée à un électron de l’atome doit satisfaire à cette
équation. Les solutions de l’équation de Schrödinger sont des fonctions d’onde stationnaires.
31
Ce sont donc des orbitales de l’atome. En fait, les fonctions d’ondes stationnaires sont des
fonctions qui s’écrivent :
Avec : ;
La fonction s’appelle fonction d’amplitude, est une fonction complexe.
La fonction est solution de l’équation de Schrödinger, elle sera alors une orbitale de
l’atome, le temps n’intervenant pas dans la détermination des états stationnaires de l’atome.
Position du problème : Dans le cas d’une particule de masse m, pour déterminer la fonction
d’onde associée à son état quantique, il faut connaître l’énergie potentielle qui
peut être déterminée à partir des données du problème(champs de force) alors :
est donc une fonction propre de l’hamiltonien et étant la valeur propre associée.
Dans le cas du problème des électrons d’un atome, la résolution de l’équation de ö
permettra donc de déterminer les fonctions d’onde et les niveaux d’énergie E. Nous devons
retrouver les spectres d’énergie mis en évidence dans le modèle de Bohr.
Dans le cas d’un électron, est une orbitale de l’atome, E la valeur propre associée
est le niveau d’énergie de l’électron dans l’état quantique défini par .
Remarque :
32
La fonction d’onde ne permet pas de déterminer la position et la vitesse de la même particule
avec précision. Elle peut cependant, donner une connaissance statistique de la position. En un
point de l’espace, la probabilité de trouver la particule est proportionnelle au carré
de .
considéré. De cette manière, la somme de toutes les probabilités élémentaires dans un volume
quelconque V permet de calculer la probabilité de présence dans le volume considéré :
Condition de normalisation
Pour un électron à l’état fondamental où sa durée de vie est infinie, son amplitude est donc
constante en un point donné quelque soit le temps ; l’onde est dite stationnaire.
La probabilité de trouver l’électron dans tout l’espace est égale à 1. C’est la condition de
normalisation.Nous dirons que doit être normée :
C’est la première condition mathématique que doit satisfaire une fonction solution de
l’équation de ö .
Autres conditions aux limites :
doit être continue en tout point,
doit être finie en tout point,
→0 quand x ou y ou z →
33
Résolution de l’équation de Schrödinger dans le cas de l’atome d’hydrogène
Soit :
L’équation de Schödinger peut être écrite sous une forme simplifiée en remplaçant :
; Soit :
L’équation de Schrödinger pour l’atome d’hydrogène et les ions hydrogénoïdes sera donnée
en faisant l’approximation que le noyau constitue le centre de gravité du système où il est
immobile. Ce qui revient à négliger son énergie cinétique, du fait que la masse du noyau est
1830 fois plus importante que celle de l'électron (Approximation de Born Oppen–
Heimer).L’énergie cinétique de l’atome se réduit donc à celle de l’électron ; il lui est associé
l’opérateur :
Cette équation est résolue en utilisant les coordonnées sphériques adaptées à la symétrie du
système car l’énergie potentielle du système est d’origine électrostatique et ne fait
34
intervenir que la distance noyau/électron(Ep= Ep(r)). Le système est donc confiné dans un
champ central et possède une symétrie sphérique.
On trouve alors que Ψ peut s'exprimer comme le produit de trois fonctions dépendant chacune
d'une seule variable:
Les conditions mathématiques du calcul des orbitales introduisent trois nombres entiers n, l
etm. Par conséquent, la fonction solution de l’équation de Schrödinger prend la forme
suivante :
où :
35
Chaque orbitale solution de l’équation de Schrödingerest alors représentée par un triplet
(n,l et correspond à une valeur propre .
1. Nombres quantiques
A tout groupe de ces trois nombres correspond une seule fonction d'onde bien définie
et des valeurs uniques des paramètres mécaniques tel que :
Nombrequantiqueprincipaln
Valeurs de n 1 2 3 4 5 6 7
Couche ou orbite K L M N O P Q
Ce nombre caractérise la sous-couche (ou le sous niveau) occupée par l'électron. Il définit la
forme du volume dans lequel se trouve l'électron, c'est-à-dire la forme des orbitales. l est un
entier tel quereprésenté sur le tableau 4:
Valeurs de l 0 1 2 3 4 …
Sous couche ou orbitale s p d f g …
Les sous niveaux nous renseignent sur la forme des orbitales atomiques (s, p, d,…etc).
36
Le nombre de spin
Diverses expériences montrent que l’électron possède un moment magnétique intrinsèque et
donc un moment cinétique propre : spins de valeur . On postule donc qu’il existe une valeur
maximale, de la projection de s sur l’axe OZ qu'on appelle nombre quantique ms ou nombre de
spin qui ne peut prendre que deux valeurs et .
La fonction d’onde complète d’un électron de l’atome d’hydrogène est obtenue en multipliant
la fonction par la fonction de spin appropriée , qui en l’absence de
champ magnétique, ont la même énergie. On représente symboliquement ce nombre de spin
par :
Une flèche vers le haut ( ) : un électron dans l’état de spin
Une flèche vers le bas ( ) : un électron dans l’état de spin
Par convention, l'électron de spin ( ) est placé à gauche et l'électron de spin ( )
est placé à droite.
2. Degré de dégénérescence
Pour une même sous couche les orbitales atomiques, qui sont au nombre de 2l+1, ont la même
valeur d'énergie. On montre que pour l'atome à un électron, le degré de dégénérescence du
niveaun est n2. On les dénombre à partir des inégalités :
37
3. Nomenclature des états
On a : orbitale, pour une couche n, lorsque :
à ces trois valeurs de m sont associés les symboles x, y et z. On
a donc les trois orbitales npx, npz et npy qu’on représente par trois cases quantiques
dégénérées :
à ces cinq valeurs de m sont associés les symboles xy, yz, xz,
2 2 2
x -y et z . On a donc les cinq orbitales nd xy, ndyz, n ndxz,n qu’onreprésente par
Exemples
Orbitale2P-1: Cette fonction représente la sous couche p (l=1)de la couche L (n = 2)avec ml=
-1.
: Cette fonction constitue l'orbitale 3d0(ml = 0, orientation vers l'axe z: 3dz2)
4. Expressionsmathématiquesdessolutions
Les expressions des solutions de l’équation de Schrödinger sont données par ordred’énergie
croissante et les constantes de normalisation sont regroupées pour les deuxfonctions de la
partie angulaire.
Pour n=2, c’est un état d’énergie supérieur : ; il lui est associé 2 valeurs de
)
Pour on a la fonction 2s
Fonction Orbitale R2,0
2s
38
Pour , il y a trois valeurs possibles de , d’où trois fonctions p
2Pz
2Py
Dans le cas d'une orbitale ns, le volume correspondant à une probabilité de présence
maximale est sphérique.
La fonction d'ondeest , ne dépend ni de mais elle dépend de r. Sa valeur
est la mêmedans toutes les directions.
La probabilité de présence est elle aussi indépendante de ladirection. Les orbitales seront
sphériques.
Dans le cas des orbitales np, nd, etc…, la fonction d’onde dépend des grandeurs
angulaires .
La probabilité de présence prend des valeurs différentes en fonction de la direction. La
symétrie de ces orbitales n’est plus sphérique.
Pour représenter cette forme géométrique, on utilise le carré de leur partie angulaire. On
obtient alors une enveloppe en forme de lobe (figure 16) :
La représentation de la partie radiale R(r) des orbitales 1s, 2s et 2p en fonction de r est donnée
dans la figure 17 :
39
Figure 17. Représentation de la partie radiale R(r) des orbitales 1s, 2s et 2p en fonction de r.
On peut également représenter R2(r), ou encore r2R2(r) : grandeur proportionnelle à la
densité radiale Dr = dP/dr
Conclusion
On ne peut plus parler d’orbite pour l’électron mais seulement de probabilité de présence en
un point de l’espace.
Si l’on suppose que l’on peut photographier une infinité de fois l’atome d’hydrogène dans son
état fondamental par exemple, « l’atome de Bohr » conduirait à la visualisation d’une orbite
circulaire. Par contre, « l’atome quantique » conduit à un nuage électronique dont l’intensité
est une représentation de la densité de probabilité de présence de l’électron ( ).
IV. Cas des ions hydrogénoïdes
Comme pour l'atome d'hydrogène, les fonctions d'onde pour l'électron des ions hydrogénoïdes
ont une expression:
Les nombres quantiques: n,l et ml satisfont aux mêmes relations que pour l'atome d'hydrogène.
Les valeurs analytiques des orbitales atomiques d'un ion hydrogénoïde se déduisent de celle
des orbitales de l'atome d'hydrogène en remplaçant a0 par . Le facteur Z affecte la partie
radiale et non la partie angulaire. Les orbitales ont donc une représentation analogue à celle
proposée pour l'atome d'hydrogène sauf que la taille de l'orbitale devient de plus en plus petite
lorsque Z croît du fait du terme exponentiel de la partie radiale
Les valeurs propres de l’énergie sont multipliées par :
40
l'atome d'hydrogène ou des ions hydrogénoïdes. Les résultats obtenus pour l'hydrogène seront
supposés généralisables aux atomes polyélectroniques.
Z* : charge nucléaire effective relative à l'électron.La charge effective tient compte à la fois
del’attraction noyau-électron et des répulsions électron-électron : effet d’écran.
Effet d'écran
Dans l'approximation de Slater, on considère que l'attraction, entre le Z ème électron de l'atome
et le noyau, est soumise à l'action d'un noyau dont le nombre de charge n'est plus celle de Z
protons. La charge du noyau de l'atome devient alors une charge effective Z*. Cette charge
qui est plus faible que la charge réelle du noyau, est obtenue par soustraction des effets
d’écran des autres électrons du Z réel:
41
Tableau 5 : les valeurs des coefficients exercés sur l’électron j par un électron i.
Etat de l’électron i
1s 2s 2p 3s 3p 3d
1s 0,31
2s 2p 0,85 0,35
3s 3p 1 0,35 0,35
3d 1 1 1 0,35
Figure 18. Les différents niveaux d’énergie d’un électron dans l’atome.
Conséquencepratique:1s 2s 2p3s 3p3d 4s 4p 4d 4f 5s 5p 5d 5f….
Principe d’exclusion de Pauli : Deux électrons d’un même atome ne peuvent avoir leur
quatre nombres quantiques identiques : n, l, ml et ms. Conséquence :
Dans une même case quantiquen,l, m sont fixés. On ne peut placer que deux électrons au
maximum avec leur nombre quantique de spins opposés.
42
Règle de Hund : Dans l'état fondamental, lorsque plusieurs orbitales atomiques dégénérées
sont libres,les électrons se placent de façon à en occuper le plus grand nombre possible. Les
électrons occupent ces orbitales dégénérées avec des moments de spins positifs (parallèles)
avant de se placer avec des spins opposés. L'état fondamental est donné par un maximum de
spins parallèles. On occupe donc un maximum d'orbitales avant de les saturer.
Règle de klechkowski : L'ordre de remplissage des couches et des sous couches s'effectue par
valeurscroissantes du couple (n+l).Si deux ou plusieurs couples (n+l)conduisent à la même
valeur, ils seront classés par ordre de ncroissant.
Les gaz rares sont chimiquement stables et ont une configuration électronique de la couche
périphérique ou de valence : ns2np6.Pour décrire rapidement la configuration électronique
d'un atome, on peut utiliser la forme condensée : Configuration du Gaz rare + couche de
valence.
43
Exemples :
8O : ; 2(He) 2s22p4
On représente les électrons par des points et les doublets d'électrons appariés par des tirets :
Les schémas simplifiés de Lewis ne sont utilisés que pour les éléments ne comportantque des
sous-couchess ou p sur leurs couches de valence.
44
Chapitre IV : Classification périodique des éléments
I.2. Blocs
La classification périodique des éléments comporte plusieurs ensembles ou blocs d’éléments :
• Bloc s : Il correspond aux éléments de la colonne 1 (ns1, Groupe IA) appelés alcalins
qui sont monovalents, et de la colonne 2(ns2, Groupe IIA) appelés alcalino-terreux qui
sont divalents.
45
• Bloc p : Il correspond aux éléments de configuration :ns2 np1, ns2 np2, ns2 np3,ns2np4,
ns2 np5, ns2 np6, appartenant aux groupes des métaux trivalents(IIIA), des
métalloïdes(IVA, VA, VIA), des halogènes (VIIA) et des gaz rares (VIIIA).
• Bloc d : La première série des éléments possédant des orbitales d (3d i) dite 1ière série
des éléments de transition correspond à la période de n . Elle correspond aux
éléments allant de 21Sc au30Zn.Le remplissage de la sous couche 3d commence lorsque
la sous couche 4s est saturée à 4s2.
Il existe trois séries d’éléments de transition 3di, 4di, 5di avec i variant de 1 à 10. On
appelle ces nouvelles colonnes groupes : IIIB, IVB, VB, VIB, VIIB, VIIIB, IB,IIB.
Exemple : Na [Ne]3s1(IA) ; Cu [Ar] 3d10 4s1 (IB)
• Bloc f : il correspond aux Lanthanides et aux Actinides, appelées terres rares. Lorsque
l’orbitale 6s est saturée à 6s2, apparaissent les orbitales 4f qui se remplissent avant 5d
(selon la règle de Klechkowski).
Exemple : le lanthane ( ) est de configuration [Xe] 5d1 6s2 au lieu de [Xe] 5f1
6s2. Les éléments qui le suivent (du 58Ce au 71Lu) correspondent au remplissage des
orbitales 4f : 4f1 5d1 6s2.
• He à sa couche externe saturée (1s2) et se situe en tête de la colonne des gaz rares.
• H est placé au-dessus des alcalins (ns1) soit juste avant He ( .
• Cas de l’hélium : Bien qu’appartenant au bloc s (1s2), celui-ci est placé dans le bloc p
(groupe des gaz rares).
Les atomes sont considérés comme des particules sphériques,leur taille sera donc mesurée par
la valeur de leur rayon.Il existe plusieurs types de rayon atomique. Globalement, le
rayonatomique d'un élément correspond à la moitié de la distance entredeux atomes voisins de
cet élément.Cependant, lorsque deux atomes se lient dans une molécule, leurscouches
46
électroniques externes s'interpénètrent, on dit qu'elles serecouvrent, et la distance
internucléaire devient donc inférieure à lasomme de leurs rayons de Van der Waals.
On définit alors le rayon covalent d'un élément comme étant lamoitié de la distance entre les
noyaux de deux atomes de cet élémentliés dans la molécule du corps simple correspondant
(par exempledans une molécule diatomique).
47
aussi se produire au cours deréactions chimiques, l'électron étant alors récupéré par un autre
partenaire(réactions d'oxydoréduction).
En général, les potentiels d’ionisation des atomes sont directement liés aux rayons atomiques
-
effectifs. Quand les rayons atomiques décroissent, l’énergie nécessaire à l’arrachement d’un e
de la couche externe augmente.
Li 5,39 75,6
Na 5,14 47,3
K 4,34 31,8
Rb 4,18 27,4
Cs 3,89 23,4
3. Ionisations successives
On peut envisager d'enlever successivement plusieurs électrons àun atome. Il se forme alors
des ions portant des charges positivesde plus en plus grandes: A2+, A3+,… etc.
Les énergies nécessaires aux ionisations successives sont de plusen plus grandes :
-
Agaz→ + e- ; +e
48
Cette forte augmentation des énergies d’ionisation s’explique par le décroissement du rayon
effectif de l’atome lorsqu’il perd des électrons pour donner des ions positifs et aussi à
l’augmentation de la charge effective.
Affinité électronique en eV
II.5. L'électronégativité
Exemple: Dans une molécule, composée d'un atome A lié chimiquement à unatome B, l'atome
le plus électronégatif portera un supplément de chargenégative et l'atome le plus électropositif
49
un déficit électronique équivalent. La liaison est alors dite polarisée, elle résulted'une
probabilité de présence des électrons plus grande sur l'atome le plusélectronégatif.
• Selon Mulliken, par contre, elle est égale à la moyenne arithmétique del'énergie
d'ionisation et de l'affinité électronique.
Bien que les méthodes utilisées soient différentes, lesclassements auxquels elles conduisent
sont sensiblement identiquesavec des valeurs numériquement voisines et respectant toutes
lamême tendance dans le tableau périodique.
50
II.6. Nombre d’oxydation
La notion de nombre d’oxydation permet de définir un élément chimique vis-à-vis des autres
en termes de type de réaction (oxydation ou réduction) ou en termes de comportement
(oxydant ou réducteur).
(Réactiond’oxydation de gauche à droite, de réduction en
sens inverse).
Sachant que dans une molécule ou dans un ion, la somme des nombres d’oxydation est égale à
la charge électrique, les règles qu’on peut appliquer pour déterminer le nombre d’oxydation
d’un élément dans un composé sont simples. Certaines sont citées ci - dessous :
• Dans son état élémentaire, le nombre d’oxydation d’un élément est égal à 0.
• Le fluor ne peut avoir que les nombre d’oxydation (0) ou (-I) car c’est le plus oxydant
des éléments.
• Les métaux ont des nombres d’oxydation nuls (à l’état élémentaire) ou positifs
(alcalins oxydés, toujours (+I) ; alcalino-terreux oxydés, toujours (+II) ; aluminium
oxydés, toujours (+III))
• Pour les non-métaux : le nombre d’oxydation maximum est égal au nombre
d’électrons périphériques (nombre maximum de liaisons covalentes simples
susceptibles d’être contractées par l’élément) et le nombre d’oxydation minimum est
égal au nombre d’électrons que l’élément doit trouver pour acquérir la structure
électronique du gaz rare situé à sa droite dans la même période.
• L’hydrogène adopte le plus souvent le nombre d’oxydation (+I) (sauf dans les
hydrures comme LiAlH4ou CaH2 où il est au degré (-I) car il est associé à des métaux
très électropositifs).
• L’oxygène adopte le plus souvent le nombre d’oxydation (-II) (sauf dans les
peroxydes comme H2O2 ou BaO2 où il est au degré (-I), sous forme d’ion ).
Exemple : la variation du nombre d’oxydation du phosphore (P, groupe V) est représentée ci-
après :
51
Il est possible d'envisager le tableau d'une autremanière, plus généraliste, mais qui trouve son
utilité dans desdomaines tels que la cristallographie par exemple. Le tableaupériodique se
divise alors en trois grandes régions (Figure 20): les métaux, lesmétalloïdes, et les non
métaux. Les éléments d'une même régionprésentant des propriétés communes.
Les métaux: Ce sont les éléments les plus nombreux du tableau. On les retrouve à gauche
d'une ligne allant du Bore (B) à l'Astate (At). Ils sont généralement solides à température
ambiante (excepté le mercure, Hg). Ils conduisent l'électricité et la chaleur et plusieurs d'entre
eux réagissent avec des acides.
Les non métaux : Ils se trouvent dans la partie droite du tableau. Leurs propriétés sont très
différentes des métaux et ils ne conduisent ni la chaleur, ni l'électricité.
Les métalloïdes : Ils forment une ''frontière'' qui sépare les deux groupes précédents. Ils
ressemblent, par leurs propriétés aux non métaux, mais ils conduisent à divers degrés le
courant électrique (notamment le Si et le Ge, très utilisés en électronique). Ils sont aussi
appelés les semi-conducteurs.
Figure 20. Les métaux, les non-métaux et les métalloïdes dans le tableau périodique.
52
- Ga : Z = 31 = 18 + 13 (Ar) 3d10 4s2 4p1 ; 3 électrons sur n= 4 et appartient à la
période 4 ; 3 < 4 Ga est un métal ;
- Al : Z = 13 = 10 + 3 (Ne) 3s2 3p1 ; 3 électrons sur n= 3 et appartient à la période 3 ; 3
= 3 Al est un métal.
Les alcalins : Situés à l'extrême gauche du tableau périodique, les alcalins n'ont qu'un
électron surleur dernier niveau d'énergie. Ils auront tendance à céder facilement cet électron
poursaturer le niveau d'énergie précédent et devenir stable comme un gaz rare. Lors
d'uneréaction chimique, ils sont prêts à donner cet électron de valence aux non-métaux;
ilsforment donc des liens ioniques. Les éléments du groupe 1 A ont une structure
cristallinecubique centrée. Ce sont des métaux légers, de couleur blanc argenté, qui
s'oxydentfacilement et fondent à des températures peu élevées.
Les alcalino-terreux : Le groupe IIA, celui des métaux alcalino-terreux, contient 6 éléments:
Be, Mg, Ca, Sr, Baet Raqui est radioactif. Ils sont très électropositifs. Ce sont des métaux
légers, mous et trèsréactifs.
Avec l'eau, ils donnent des bases solubles de formule X(OH)2. Les éléments du groupe IIA ne
se trouvent jamais sousforme métallique libre dans la nature, car, comme les alcalins, ce sont
des réducteurs trèsréactifs et ils réagissent aisément avec de nombreux non-métaux.
53
Les autres gaz rares ont de trèsgrandes ressemblances avec l'hélium.À part le radon, qui est un
produit de la désintégration de l'uranium ou du radium, lesautres se trouvent en quantité faible
dans l'air. L’hélium est ledeuxième élément en abondance dans l'univers.
La règle de l’octet : Les gaz rares présentent une grande inertie chimique, ils ne donnent
pratiquement aucune réaction.On les appelle parfois gaz nobles car ils refusent de se mêler
aux autres éléments dans des composés chimiques. Il s’agit de gaz monoatomiques.Cette
grande stabilité est due à leur configuration électronique qui fait apparaître une couche de
valence saturée à 8 électrons.
Un atome ou un ion qui présente une structure électronique similaire à celle des gaz rares
présentera une stabilité particulièrement importante. Les atomes ordinaires vont donc chercher
à acquérir cette structure en s2p6afin de devenir plus stables et acquérir la structure
électronique du gaz rare le plus proche de lui dans la classification périodique.
Cette règle permet de prévoir facilement l’ion le plus stable des éléments des blocs s et p.Pour
les éléments trop éloignés de la structure des gaz rares (blocs d et f et colonne 14) cette règle
ne s’applique pas aussi simplement.
Exemples :
• Mg peut acquérir la structure du néon en perdant 2e-.L’ion le plus stable du
magnésium sera donc Mg2+.
• Br peut acquérir la structure du krypton en gagnant 1e-.L’ion le plus stable du brome
-
sera donc Br .
• C peut aussi bien acquérir la structure du néon en gagnant 4e- (C4-) que celle de
l’hélium en perdant 4e- (C4+). En réalité, les éléments de la colonne 14 donneront
difficilement des ions.
Ions les plus stables des éléments (s et p)
Dans le tableau 10, les ions les plus stables obtenus à partir des éléments du bloc s et du bloc
p sont représentés.
Tableau 10 : Ions les plus stables des éléments du bloc s et du bloc p.
Z 1 2 13 14 15 16 17 18
Configuration électronique s1 s2 p1 p2 p3 p4 p5 p6
H He
Elément Li Be B C N O F Ne
Na Mg Al Si P S Cl Ar
K Ca Ga Ge As Se Br Kr
Rb Sr In Sn Sb Te I Xe
Cs Ba Ti Pb Bi Po At Rn
Fr Ra
Ions X+ X2+ X3+ X4 ; X4- X3- X2- X-
54
Remarques:
• Les métaux donnent des cations et pas des anions.Les semi-métaux peuvent donner
des anions et des cations (Sb par exemple).
55
Chapitre V : La liaison chimique
Dans l’univers tous les corps tendent à acquérir un état de stabilité maximale. Les atomes n’en
font pas exception : ils acquièrent cette stabilité par formation de liaisons chimiques avec
d’autres atomes en donnant des édifices appelés molécules plus stables. L’énergie d’une
molécule est inférieure à la somme des énergies des atomes isolés. Les liens qui unissent les
atomes portent le nom de liaisons chimiques.
Ces liaisons se forment par l’intermédiaire des électrons de valence. Leur nature dépend
essentiellement de l’électronégativité des atomes qui est définie comme la tendance de
l’atome à attirer les électrons de la liaison.
On distinguera ainsi :
• La liaison ionique : liaison entre atomes d’électronégativités très différentes. Elle
associe les métaux aux non-métaux.
• La liaison covalente : liaison entre atomes d’électronégativités voisines. Elle relie les
atomes de non-métaux.
Par l’intermédiaire des liaisons, les atomes ont généralement tendance à prendre la
configuration électronique externe d’un gaz rare (2 ou 8 électrons de valence). Dans la
molécule, les liaisons s’établissent de façon à ce que la symétrie de la molécule soit maximale
et son énergie minimale.
Par ailleurs, entre les molécules, existent des liaisons plus faibles comme les liaisons de Van
der Waalsqui assurent la cohésion des liquides et des solides. Il existe un autre type de liaison
appelé liaison par pont hydrogène qui peut être intermoléculaire ou intramoléculaire.
I. La liaison ionique
Exemple :
Le potassium (K) appartient au premier groupe donc il a un électron de valence, le chlore (Cl)
appartient au 7ème groupe il a donc 7 électrons de valence. A une certaine distance, il y a
transfert de l’électron du potassium vers le chlore pour donner deux espèces chargées.
56
2. Facteurs favorisant la liaison ionique
3. Représentation de Lewis
Dans cette représentation, un point représente un électron seul et les doublets représentent2
électrons appariés, dans une orbitale.
Exemple : N
Les deux atomes tendent à avoir la configuration s2 p6 et tentent à réaliser leur octet soit par
perte soit par gain d’un électron.
Cette liaison correspond au partage d’une paire d’électrons par deux atomes. Elle correspond
à des électrons et donc de la matière. La liaison covalente simple est définie comme étant une
57
liaison entre deux atomes par mise en commun de 2 électrons. Chaque atome participant à la
liaison apporte un électron célibataire. C’est une liaison forte et dirigée.
Exemple : Dans le cas de de la molécule de CCl4, χC =2,5 ; χCl =3 ; Δχ =0,5, la liaison est
covalente.
Dans le tableau 12, sont représentées les valences de quelques atomes et leurs structures de
Lewis correspondantes.
N 3 Trivalent
C 4 Tétravalent
2. Règles de l’octet
Un atome cherche toujours à acquérir la configuration électronique la plus stable qui est celle
du gaz rare le plus proche dans la classification périodique.
Pour acquérir une structure électronique en octet, les atomes peuvent soit :
Cas général
• Chercher le nombre d’électron de valence de chacun des atomes
• Placer les électrons de manière à assurer son octet à chacun des atomes sauf pour
l’atome H qui sera entouré d’un doublet.
58
Exemples :
• Dans la molécule de dihydrogène, il y a une liaison covalente entre les deux atomes H
qui résulte de la mise en commun d’une paire d’électrons.
• La molécule de fluor possède des doublets d’électrons qui ne sont pas engagés dans la
liaison, ce sont des doublets libres, des paires libres ou doublets non liants.
Une triple liaison est forte cela entraine une faible réactivité du diazote.
Lorsqu’un atome d’une molécule ne satisfait pas à l’octet, il peut se lier à une autre molécule
et former une nouvelle liaison qui l’amènera à respecter cette règle de l’octet. Dans ce cas, on
peut former une liaison dative à condition que l’un des atomes joue le rôle de donneur et
l’autre atome le rôle d’accepteur de doublet de la liaison.
Exemples :
Dans ces deux exemples, une molécule « donne » une paire électronique. C’est une liaison
dative.
On peut aussi avoir des composés qui présentent une liaison dative impliquant un oxygène,en
passant par la formation d'un état de valence comme illustré dans l’exemple ci-dessous :
La molécule de monoxyde de carbone (CO) présente aussi une liaison dative. La formule
«normale» (C=O) ne satisfait pas l’octet, alors, on préfèrera plutôt la formule suivante
(CO) dans laquelle l’oxygène joue le rôle de donneur et le carbone celui d’accepteur.
59
Les liaisons datives sont aussi appelées «semi-polaires».On peut faire figurer une charge
formelle positive sur le donneur de la paire électronique et une charge formelle négative sur
l'accepteur comme dans l’exemple ci-après :
Chaque atome va réaliser son octet par le partage d’un doublet d’électrons avec ses voisins.
Généralement, l’atome central est le moins électronégatifcomme par exemple dans le cas de
CO2 : le carbone, étant moins électronégatif, il prendra la place de l’atome central, OCO).
2. Mésomérie et résonnance
Exemple
On représente cet ion sous la forme d’un mélange de trois structures appelées formules
limites. La structure qui résulte de ce mélange est un hybride de résonnance. Les 3 liaisons
60
ont strictement la même longueur. Quand on écrit une forme de résonnance, l’arrangement
des noyaux doit être le même, la différence résulte de l’arrangement des électrons.
4. Octet incomplet
Il existe des composés dans lesquels certains atomes, surtout les éléments à gauche du bloc p
possède un octet incomplet.
Exemple :
On remarque que c’est la première structure, où le bore à un octet incomplet, qui est la plus
stable.
5. Les octets étendus
Les éléments les plus courants du tableau périodique ne possèdent que des orbitales 2s et 2p
pour former des liaisons. Leurs couches de valence peuvent contenir 8 électrons.
Les éléments de la troisième période possèdent des orbitales 3d inoccupées, ces orbitales
peuvent accueillir des électrons supplémentaires.
Exemple :
61
II.4. Paramètres de la liaison covalente
1. Force de la liaison : La stabilité d’une molécule peut être reliée aux forces des
liaisons covalentes qu’elle contient. On mesure la force de liaison avec son enthalpie
qui est la variation d’enthalpie provoquée par la rupture de cette liaison.
L’enthalpie de liaison est la quantité de chaleur à pression constante qu’il faut fournir pour la
dissociation de la liaison de la molécule.
Une enthalpie de liaison dépend de son environnement. L’enthalpie de la liaison O-Hdans le
méthanol est différente de celle de la liaison O-H dans l’eau, elle tient donc compte de
l’environnement. Cette différence reste, cependant, faible car les paires liantes sont situées
entre les atomes.
On définit pour les liaisons une enthalpie moyenne de liaison. Si elle est positive, il faut
fournir de l’énergie pour casser cette liaison. Par contre quand il se forme une liaison, de
l’énergie est libérée. Une liaison est d’autant plus forte que son énergie est élevée.
Une liaison carbone-carbone simple possède une énergie inférieure à une liaison carbone-
carbone double ou triple. Une molécule qui a des liaisons fortes est plus stable qu’une
molécule qui a des liaisons faibles :
• Liaisons faibles : ΔH°< 200 kJ/mol
• Liaisons moyennes : ΔH° ~ 500 kJ/mol
• Liaisons fortes : ΔH°> 800 kJ/mol
1. Longueur de liaison : C’est la distance entre deux atomes liés. La taille des atomes et
la force de liaison influence sa longueur. Plus la liaison est forte plus la longueur de
liaison est petite (Tableau 13).
62
La longueur d’une liaison varie peu d’une molécule à une autre. Par exemple, une liaison C-H
sera souvent de la même longueur suivant les différentes molécules.
1) La théorie de l’octet n’explique pas l’existence de molécules telles que PCl5, composé
« hyper-valent », en plus de l’existence de PCl3.
2) Dans certains cas, elle ne permet pas de trouver une formule unique.
3) Le caractère paramagnétique (existence d’électrons célibataires) de molécules telles
que O2 ne s’explique pas par le modèle de Lewis.
4) La formule de Lewis ne rend pas compte de la géométrie des molécules et du caractère
dirigé des liaisons covalentes.
Solutions proposées
But de la méthode
En 1957, le chimiste canadien R.J Gillespie a développé la théorie appelée VSEPR (Valence
Shell Electron Paire Repulsion) : répulsion des paires électroniques de valence autour de
l’atome central.
La méthode VSEPR permet, après analyse du schéma de Lewis, de prévoir la géométrie des
molécules ou ions simples.Elle s’applique à des molécules ou des ions.
La molécule est symbolisée par : AXnEp (Adésigne l’atome central qui est lié à n atomes X et
qui possède p paires d’électrons libres ou p doublets non liants).
Sachant que les doublets électroniques de la couche de valence se repoussent entre eux, la
géométrie de l’ensemble sera celle pour laquelle les répulsionssont minimales, donc les
doublets électroniques sont les plus éloignés possibles. On peut alors prévoir, à partir d’un
schéma de Lewis, la Géométriede la molécule (Tableau 15 et 16).
63
1. Géométrie
Molécule linéaire
Molécule triangulaire
(ou trigonale plane)
Molécule tétraédrique
ou tétragonale
Molécule bipyramide à
base triangulaire
(bipyramide trigonale)
Molécule octaédrique
(bipyramide à base
carrée)
Dans ce cas, la molécule est symbolisée par AXnEp (A est entouré par n+p doublets non
équivalents): les règles précédentes s’appliquent mais les angles idéaux sont modifiés.
Exemple: Si la molécule est de type AX2E2la géométrie est équivalente à celle de AX4 et
l’angle est différent de109°28’.Sachant qu’un doublet non liant est plus volumineux qu’un
doublet liant partagéentre 2 atomes, il en résulte l’évolution suivante :
64
Tableau 15 : Molécules types, géométries et exemples de molécules de type AXnEp.
NH3
AX4
4 Molécule tétraédrique
déformée
H2O
AX5
Molécule bipyramide
SF4
à base triangulaire
déformée
Molécule plane
ClF3 5
(forme T)
AX6
Molécule octaédrique
IF5
Déformée (pyramide à
base carrée)
6
La molécule est symbolisée par AXpYn : On assimile les liaisons multiples à des liaisons
simples plus volumineusesavec triple liaison > double liaison > simple liaison
65
IV. La liaison covalente dans le modèle quantique
Comme pour l’atome, il existe une équation de Schrödinger moléculaire dont la résolution
fournit les fonctions d’ondes décrivant le comportement des électrons dans la molécule.
La résolution exacte de cette équation n’est possible que dans le cas le plus simple, celui de la
molécule de dihydrogène H2.Des méthodes de résolution approchées existent pour les autres
molécules.
Les liaisons et sont deux types de liaisons différentes. En général les liaisons de type
sont plus fortes que les liaisons de type , car elles correspondent à un meilleur recouvrement.
Cette méthode consiste à considérer que la fonction d'onde moléculaire est une Combinaison
Linéaire des Orbitales Atomiques (C.L.O.A).
Exemple :
Molécule de dihydrogène H2
L’électron de l’atome d’hydrogène HA occupe l’orbitale atomique 1sA. Il est donc décrit par la
fonction d’onde A
L’électron de l’atome d’hydrogène HB occupe l’orbitale atomique 1sB. Il est donc décrit par la
fonction d’onde A
Dans la molécule HA __ HB, les deux électrons de la liaison occupent une orbitale moléculaire.
Ils sont donc décrits par la fonction AB qui est une combinaison linéaire des fonctions
AetB calculée par cette formule : AB =a A+ bB
66
En réalité seul le carré de la fonction d'onde possède un sens physique (probabilité de
présence) : 2AB = (a A+ b B)2 = a2A2 + 2 ab A B + b2B2
Pour des raisons de symétrie les atomes A et B jouent le même rôle et il n'y a donc pas de
raison que l'électron soit plus près de A que de B ou inversement.
La probabilité de trouver l'électron près de A est donc égale à la probabilité de le trouver près
de B. Par conséquent : a2A2= b2B2
De plus dans ce cas les orbitales AetB sont totalement identiques (orbitales 1s toutes les
deux) et il n'y a pas lieu de les distinguer, on a donc :
a2 = b2 b= a
AB =a A+ bB = a AaB
La liaison covalente implique l’existence d’un doublet électronique commun constitué par le
recouvrement de 2 orbitales atomiques contenant chacune 1 électron (une probabilité notable
de la présence simultanée des 2 électrons se trouve définie dans cet espace commun).
67
Figure 21. a/orbitales atomiques (AetB) ; b/ orbitale moléculaire liante (L) et probabilité
de présence de l’électron (L2) ; c/ orbitale moléculaire anti-liante (AL) et probabilité de
présence de l’électron (AL2).
Figure 23. Niveaux énergétiques des orbitales liante et anti-liante de la molécule AB.
68
Par convention les orbitales sont désignées par la lettre ou et on met une étoile * en
exposant pour les orbitales anti-liantesavec ΔE * > ΔE.
Les orbitales atomiques correspondent à des niveaux d’énergie des électrons dans l’atome.De
la même manière, les orbitales moléculaires correspondent à des niveaux d’énergie
moléculaires. Des transitions électroniques entre niveaux moléculaires pourront avoir lieu.
Les différences d’énergie entre niveaux moléculaires correspondent à l’émission (ou
l’absorption) de photons des domaines U.V et Visible. Les spectres obtenus sont
caractéristiques des molécules et pourront être utilisés pour leur identification : Spectroscopie
U.V-Visible.
Les diverses règles de remplissage utilisées pour les atomes seront aussi valables pour les
molécules (Figure 24). Elles peuvent résumées comme suit :
L’ordre de remplissage des niveaux moléculaires par les électrons est donné sur le schéma ci-
après :
Figure 24. Ordre de remplissage des niveaux moléculaires par les électrons.
Exemple :
69
L'énergie de la molécule H2est plus faible que celle des deux atomes H A et HBisolés et la
molécule existera car elle est plus stable comparée aux atomes d'hydrogène libres (Figure 25).
Configuration électronique :
Nous admettrons que les résultats obtenus pour H2 sont généralisables aux autres molécules
diatomiques homo-nucléairesHe2 , Li2 , Be2 , B2 , C2 , N2 , O2 , F2 et Ne2 par exemple.
Les orbitales moléculaires seront obtenues par recouvrement d’orbitales atomiques. Seules les
orbitales atomiques de la couche de valence des atomes seront concernées par la formation
des liaisons et donc la formation des orbitales moléculaires.
Exemples :
1. Hélium He2 : Les orbitales atomiques (O.A) à considérer sont les orbitales 1s de He
occupées par deux électrons puisque la configuration de He est 1s2. Le schéma sera identique
à celui obtenu pour H2(Figure 26).
Configuration électronique :
Calcul de l'indice de liaison : ( - ) = 0. Il n’y a aucune liaison qui s’établit entre les
deux atomes d’hélium (He). La molécule He2n’existe donc pas.
2. Lithium Li2 : La configuration de Li est 1s22s1, nous devrions donc considérer deux types
d'orbitales atomiques différentes 1s et 2s. Sachant que les orbitales atomiques de cœur 1s ne
participent pas aux propriétés chimiques et donc aux liaisons, nous ne ferons intervenir que
les orbitales atomiques de la couche de valence pour construire les liaisons comme nous
70
l'avions fait dans le cadre du modèle de Lewis.Le schéma est totalement identique à celui
obtenu pour H2. Il suffit de remplacer l’orbitale1s par l’orbitale2s(Figure 27).
Configuration électronique :
Calcul de l'indice de liaison : ( - ) = 1. Il y a donc une liaison covalente simple entre
les deux atomes Li.
Configuration électronique :
Calcul de l'indice de liaison : ( - ) = 0.Il n’y a aucune liaison qui s’établit entre les
deux atomes d’hélium (Be). La molécule Be2n’existe donc pas.
A partir de la molécule B2, où B est de configuration électronique 1s2 2s2 2p1, les orbitales
atomiques de type p vont faire leur apparition. Nous allons devoir faire intervenir deux types
d'orbitales atomiques : 2s et 2p. Il en sera de même pour toutes les molécules de cette série.
71
Les interactions entre orbitales s sont obligatoirement des recouvrements axiaux conduisant à
des orbitales moléculaires de type . Les interactions entre orbitales p sont soit axiales, soit
latérales. Nous aurons alors les deux types d'orbitales moléculaires et .
Etant donné la forme géométrique des orbitales p, leur rapprochement conduira à la formation
d'une liaison et de deux liaisons (Figure 29).
La liaison étant plus forte en raison d'un meilleur recouvrement que la liaison son énergie
sera plus basse.
Les deux liaisons étant identiques, elles posséderont la même énergie. En outre, à chaque
orbitale moléculaire liante correspond une orbitale moléculaire anti-liante (Figure 30).
Figure 30. Niveaux énergétiques des orbitales moléculaires liantes et anti-liantesformées par
recouvrement d’orbitales p.
Les orbitales s et p ont des énergies différentes, une règle générale stipule que seules des
orbitales atomiques d'énergies proches puissent interagir entre elles pour former des orbitales
moléculaires. Il existera donc des interactions ss, des interactions pp et éventuellement des
interactions sp.
Ces interactions mixtes sp n'interviennent que si l'écart Δsp entre les niveaux s et p est
suffisamment petit. En pratique nous admettrons que de telles interactions sp existent pour B2,
C2 et N2 alors qu'elles n'existent pas pour O2, F2 et Ne2.
72
Figure 31. Types d’interactions entre orbitales atomiques s et p.
Dans le cas où des interactions sp existent, le diagramme énergétique desorbitales
moléculaires est légèrement modifié.
L'ordre énergétique des orbitales moléculaires (O.M) n'est plus le même. Le diagramme
énergétique obtenu n’est plus symétrique.
Inversion de l’ordre 2; ( , ) ( , ); 2
73
Diamagnétisme et paramagnétisme
Les électrons se comportent comme de petits aimants et selon leur arrangement ils vont
conférer des propriétés magnétiques différentes à la matière.
Diamagnétisme :Si tous les électrons d’une molécule sont associés par paires (appariés), les
moments magnétiques des électrons s’annulent deux à deux. La substance ne possède alors
pas de moment magnétique permanent. En présence d’un champ magnétique extérieur ce type
de substance est repoussé par les pôles de l’aimant.
Configuration électronique :
( - )=1
74
b. Application à la molécule B2 (supposée avec interactions sp) : molécule paramagnétique
Configuration électronique :
( - )=1
Configuration électronique :
( - )=2
75
d. Application à la molécule C2 (supposée avec interactions sp) : molécule diamagnétique
Configuration électronique :
( - )=2
Configuration électronique :
( - )=3
Grâce à ses 8 électrons liants, la molécule N2 est extrêmement stable. Le diazote est un gaz
pratiquement inerte.
76
f. Application à la molécule O2 (supposée sans interactions sp)
Configuration électronique :
( - )=2
La molécule O2possède 2 électrons célibataires donc elle est paramagnétique. Cela est bien
vérifié expérimentalement.
Configuration électronique :
( - )=1
Il n’y a pas d’électrons célibataires donc la molécule est diamagnétique. Cela est bien vérifié
expérimentalement.
77
h. Application à la molécule Ne2 (supposée sans interactions sp)
Configuration électronique :
( - )=0
La molécule Ne2 ne peut exister car elle est moins stable que les 2 atomes séparés.Ne comme
tous les gaz rares est bien monoatomique.
Comme pour les atomes isolés, il est possible d'ioniser les molécules, c'est à dire de leur
enlever ou ajouter des électrons.
C’est la nature liante ou non liante de l’électron enlevé ou ajouté qui déterminer l’effet de
l’ionisation.
78
Dans le cas de l’enlèvement d'un électron :
Nous allons supposer que les résultats obtenus pour les molécules homo-nucléaires A2
peuvent être généralisés aux molécules hétéro-nucléaires AB.Unecomplication supplémentaire
va apparaître car les orbitales atomiques utilisées ne sont plus identiques et présentent des
énergies différentes.
Une règle générale stipule que les atomes les plus électronégatifs qui retiennent fortement
leurs électrons possèdent des orbitales atomiques d'énergie plus basse pour un niveau donné
que les atomes moins électronégatifs.Les interactions entre orbitales atomiques n'étant
importante que si leurs énergies sont proches, il y aura ici apparition de véritables niveaux
non liants correspondants aux doublets libres des schémas de Lewis.
a. Exemple de CO
Nous supposons que les électronégativités de C et O sont suffisamment proches pour que leur
niveau respectif s et p puissent interagir entre eux. Nous supposons aussi que des interactions
sp sont possibles.On peut alors construire le schéma de corrélation des orbitales moléculaires
suivant :
79
Figure 42. Diagramme énergétique de la molécule CO.
Configuration électronique :
Les niveaux 2s, 2py et 2pz du fluor sont non-liants et leur énergie n'est pas affectée par la
formation de la molécule.
Configuration électronique :
( - )=1
80
V. Hybridation des orbitales atomiques
Le cas des molécules à plus de deux atomes est plus complexe que celui des molécules
diatomiques. La principale difficulté supplémentaire consiste à faire intervenir la géométrie
moléculaire.
L'utilisation des orbitales atomiques normales ne permet pas d'expliquer les formes
géométriques différentes de molécules faisant intervenir des orbitales atomiques
identiques.Pour cela, on fait appel à la notion d'hybridation des orbitales atomiques.
On peut montrer mathématiquement (et nous l'admettrons) que toute combinaison linéaire de
deux ou plusieurs fonctions d'ondes solutions de l'équation de Schrödinger est elle-même
solution de cette équation de Schrödinger. C'est cette propriété mathématique qui est à la base
de la technique d'hybridation des orbitales atomiques.
On commence par identifier les orbitales atomiques qui interviennent dans les liaisons
envisagées. A chaque orbitale atomique est associée une fonction mathématique et une forme
géométrique propre.On détermine la forme géométrique réelle de la molécule par application
de la méthode V.S.E.P.R.
On détermine ensuite mathématiquement la combinaison linéaire des orbitales atomiques
initiales qui conduiront à de nouvelles orbitales appelées orbitales hybrides dont la forme
géométrique correspondra à la forme réelle de la molécule étudiée.
La combinaison linéaire des orbitales atomiques pour former des orbitales hybrides permet
ensuite d'expliquer la formation des orbitales moléculaires par recouvrement de ces orbitales
atomiques hybrides.
Exemple : le méthane
Cette molécule est tétraédrique de typeAX4. Son schéma de Lewis est le suivant :
La molécule de méthane est connue pour sa forme tétraédrique régulière (vérifiée par
VSEPR), la règle de l’octet se trouvant bien respectée. Cependant, l’angle 109,5° et l’égalité
des distances C-H ne sont pas compatibles avec les orbitales atomiques du carbone
normalement disponibles. Il y a formation de 4orbitales hybrides équivalentesdont les
fonctions d’onde résultent de la combinaison linéaire des orbitales atomiques par une
expression de la forme :
=
81
On parlera alors d’hybridation sp3 du carbone. Les 4 orbitales hybrides sp3 correspondent
alors à des états d’énergie plus stables pour les électrons de valence. Elles donnent 4 liaisons
identiques à 109,5°.
Les orbitales s étant sphériques et les orbitales p pointant selon les trois axes cartésiens, on ne
peut simplement expliquer l'obtention d'une molécule tétraédrique.
Les orbitales atomiques intervenant dans sa formation sont les orbitales 2s et 2p de l'atome de
carbone qui vont se recouvrir avec les orbitales 1s de l'hydrogène : 1s + 3p 4 sp3
Une fois les orbitales atomiques hybrides obtenues on construit les orbitales moléculaires par
recouvrement avec les 4 orbitales atomiques 1s des 4 atomes d'hydrogène. Le recouvrement
ne peut être ici qu'axial et on obtiendra donc 4 liaisons de type . Ces quatre liaisons
pointeront évidemment dans les directions d'un tétraèdre centré sur l'atome de carbone.
Cette molécule est plane avec des angles HCH et HCC de 120° comme cela est illustré sur le
schéma suivant :
82
La méthode V.S.E.P.R permet de prévoir la valeur des angles de 120° par la géométrie de
type AX3 autour des deux atomes de carbone, mais elle n'explique pas pourquoi la molécule
est plane. En effet rien n'oblige à priori les deux triangles à être coplanaires.
Pour décrire cette molécule, l'hybridation de type sp3 ne convient pas, nous allons faire appel
à une hybridation de type sp2.
L'exposant 2 indique ici que seules deux orbitales p seront combinées avec l'orbitale s pour
obtenir ce type d'orbitales hybrides. Il restera donc une orbitale p sur chaque atome de
carbone : 1s + 3p 3 sp2 + 1p.
Ces orbitales hybrides sp2 pointeront dans les directions d’un triangle équilatéral centré sur
l’atome de carbone.
Une fois les orbitales hybrides sp2 obtenues, on aboutit à la molécule par recouvrement des
orbitales atomiques (O.A) qui vont donner des orbitales moléculaires (O.M). A cause de
l'orbitale p inutilisée il va y avoir création d'une liaison en plus des liaisons de type .
83
C'est la présence de cette liaison qui explique la planéité de la molécule. En effet, pour que
le recouvrement latéral puisse avoir lieu, il faut impérativement que les deux orbitales p soient
parallèles entre elles.
Comme indiqué sur le schéma ci-dessus, les orbitales hybrides sp2 sont dans un même plan et
les orbitales p pures parallèles donc la liaison est possible.
Dans le cas du schéma ci-dessous, les orbitales sp2 sont dans deux plans différents et les
orbitales psont non-parallèles donc la liaison est impossible.
Dans le cas de C2H4, les six orbitales sp2 étant dans le même plan, toutes les liaisons sont
coplanaires et la molécule est obligatoirement plane.
La libre rotation autour de l'axe de la liaison n'est pas possible sans rupture de cette liaison
et donc destruction de la molécule.Cette absence de libre rotation autour de la double
liaison est à l'origine de l'existence de l'isomérie cis (Z) et trans(E) des alcènes :
Le passage d’un isomère à l’autre n’est possible que par rupture de la liaison , sous l’action
de la chaleur (isomérisation thermique) ou par des radiations lumineuses (isomérisation
photochimique).
Pour décrire cette molécule, nous allons utiliser des orbitalesatomiques hybrides obtenues par
combinaison linéaire de l'orbitale atomique 2s et d'une seule des orbitales atomiques 2p. On
obtient, ainsi 2 orbitales atomiques hybrides sp et 2 orbitales atomiques qui restent pures2p.
84
Ces orbitales hybrides sont notées sp et pointent à 180 ° l'une de l'autre.
Comme précédemment, la molécule sera obtenue par recouvrement des orbitales atomiques
hybrides entre elles et avec les orbitales 1s de l'hydrogène. Ici deux recouvrements latéraux
conduiront à la formation de deux liaisons .
Pour obtenir les autres types de géométrie moléculaire AX5 et AX6 nous ferons appel à des
orbitales hybrides faisant intervenir des orbitales atomiques de typed : sp3d pour AX5 et sp3d2
ou d2sp3 pour AX6.
Les cas les plus fréquents d’hybridation des orbitales atomiques correspondent aux formes
géométriques déjà décrites dans la méthode VSEPR (Tableau 16) :
Dans le cas le plus fréquent, les électronégativités sont différentes et on obtient une liaison qui
est plus ou moins ionique et plus ou moins covalente, c’est une situation intermédiaire.
Définitions
Charges formelles : On définit une charge formelle qi portée par un atome dans une molécule
ou un ion (oxygéné, halogéné) par :
85
Où :
• v est le nombre d’électrons de l’atome isolé
• e est le nombre d’électrons de l’atome participant aux liaisons selon Lewis
• d est le nombre d’électrons dans les doublets libres portés par l’atome.
Dans les molécules telles que H2 et Cl2, le doublet de liaison est partagé entre les deux atomes
de la liaison ( .
Dans le cas de HCl, le doublet est mal partagé car Cl est plus électronégatif que Hdonc le
doublet de HCl est plus près de Cl. La liaison entre H et Cl est dite polaire.
Moment dipolaire
Soient deux charges –q et +q séparées d’une distance d engendrent un moment dipolaire tel
que =qxd où : une grandeur vectorielle égale au produit de la charge x la longueur ;
le moment dipolaire est orienté de l’atome portant la charge (-) vers celui portant la charge
(+).
Le moment exprimé en Coulomb x mètre est mal adapté, pour cela on utilise plus le Debye :
1D = 3,34.10-30C.m
Exemple :
Deux charges (+e) et (–e) séparées de 0,1 nm (1Å) engendrent un moment dipolaire de 4,8 D.
% ionique =100
86
est celui mesuré et celui qu’aurait la liaison avec +e et –e.
Remarque
Si l’ionicité> 50 % alors la liaison est considéré comme étant ionique et si l’ionicité < 50 %
alors la liaisonest considéré comme étant covalente.
Le pourcentage de caractère ionique pour les différents types de liaisons est représenté sur la
figure suivante :
Pour une molécule poly-atomique ayant une géométrie dans l’espace, du fait de l’existence de
plusieurs liaisons, on a addition vectorielle des différents moments dipolaires.En cas de centre
de symétrie, = .
Le moment dipolaire total est nul mais les moments individuels ne le sont pas.
87
C’est le cas aussi de SF6de géométrie octaédrique, (S-F)= (SF5)
Le moment dipolaire mesuré est de 1,84 D. La molécule H2O comporte deux liaisons
polarisées séparées par un angle 104°.
= +
= .Cos (
% ionique = 100 x
88
• du type de liaison : Les moments dipolaires importants sont observés dans le cas des
doubles et triples liaisons.
Liaisons ioniques pour les sels : 8-10 Debyeet % de caractère ionique =60 à 80 % : Les sels
présentent des liaisons fortement ioniques.
Liaison : (D)
KF : 8,62 CsF : 7,87
NaCl : 8,5 KCl : 10,6 CsCl: 10,46
KBr : 10,85 RbBr :10
Les métaux forment des cristaux métalliques, structures particulières dont on ne peut
expliquer l’existence par la règle de l’octet. Tous les atomes du métal mettent en commun leur
unique ou leurs deux électrons de valence. L’ensemble de ces électrons forme un nuage
électronique responsable des propriétés métalliques (conductivité, éclat, etc…).
VIII.Liaisons intermoléculaires
En plus des liaisons intramoléculaires qui sont des liaisons fortes, il existe des liaisons
physiques qui sont des interactions plus faibles et qui sont à l’origine de la stabilité de la
matière : les liaisons intermoléculaires.
Les propriétés physiques de la matière sont souvent dues à ces liaisons et selon leur énergie,
on distingue :
89
VIII.1. Les liaisons de Van der Waals
Ce sont des interactions électrostatiquesexistant entre les molécules polarisées. On les met en
évidence dans l’étude du comportement d’un gaz. Dans le cas d’un gaz parfait, aucune
interaction n’existe entre les molécules. La loi des gaz parfaitss’écrit, dans ce cas :
.
Par contre, pour un gaz réel, il faut utiliser une relation du type :
p+
Dans le cas de tous les gaz réels, on doit considérer ces interactions de Van der Waals qui
tendent à lier et à organiser les molécules entre elles. On distingue trois types de forces de
Van der Waals :
1. Forces de Keesom
Il s'agit d'interactions entre molécules polaires comme HCl par exemple (interactions dipôle
permanent – dipôle permanent).
Deux molécules polaires possédant des moments dipolaires non nulsμ1 et μ2 peuvent trouver
des orientations favorables pour maximiser l'attraction entre elles. Les dipôles ont tendance à
se réorienter et à s'aligner pour minimiser l'énergie.L'énergie d'interaction n'est efficace qu'à
courte distance. En effet, l’énergie moyenne d’interaction Es’écrit :
On remarque que :
• L’énergie moyenne d'interaction diminue très vite quand r augmente (en 1/r6)
• E dépend de T: si elle augmente, le désordre augmente et donc E diminue.
Ces interactions sont partiellement responsables de la cohésion des liquides constitués de
molécules polaires.
2. Forces de Debye
Ces interactions se produisent entre des molécules possédant un moment dipolaire permanent
et des molécules non polaires (interactions dipôle permanent – dipôle induit).
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3. Forces de London
Ces interactions se produisent entre 2 molécules apolaires comme les molécules d’un gaz
mono ou diatomique homo-nucléaire (interactions dipôle induit – dipôle induit). On explique
la cohésion d’un tel gaz par les interactions entre dipôles instantanés qui constituent alors les
forces de London.
Dans de telles molécules, les électrons qui constituent le nuage électronique sont
perpétuellement en mouvement sur leur orbite. Ces fluctuations spatiales font que la
molécule, à chaque instant, peut présenter un dipôle électrique instantané (bien que, en
moyenne, le moment dipolaire soit nul).Il existera donc des interactions électrostatiques
instantanées qui vont donner une cohésion aux liquides ou aux solides. Les interactions entre
ces dipôles instantanés sont plus importantes que les forces de Debye et Keesom.
Les molécules qui subissent des forces intermoléculaires seront plus difficiles à séparer. La
force totale intermoléculaire dépend du nombre de forces de Van der Waals impliquées ainsi
que du degré de chacune.
Par conséquent plus ces forces seront nombreuses entre un groupe de molécules, plus le point
de fusion ou d'ébullition sera élevé et plus la tension superficielle sera élevée et le liquide
visqueux.
Les trois types de forces de Van der Waals coexistent généralement au sein d’une substance.
Elles permettent d’expliquer de nombreuses propriétés physiques de la matière (volatilité,
point de fusion, solubilité, etc…).
Exemples :
Ar et CO sont plus volatils que HCl, les forces des liaisons ayant une énergie moindre. On
passe de l’état liquide à l’état gazeux en brisant ces forces de liaisons par l’énergie des forces
d’agitation thermique.
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VIII.2. La liaison hydrogène
La liaison hydrogène est une liaison chimique non covalente de type dipôle-dipôle entre 2
molécules ou entre 2 groupements d'une molécule.Elle consiste essentiellement dans
l'interaction entre deux molécules :
Exemples :
Le rôle des liaisons hydrogène est très important en chimie et en biochimie. Ce sont ces
liaisons qui donnent à l'eau ses propriétés particulières, comme la capacité des molécules H2O
à s'associer en grandes structures. Elles interviennent aussi dans l’hydratation des ions ou des
molécules.
Comme les processus biologiques s’effectuent en milieu aqueux, ces liaisons revêtent un
intérêt exceptionnel. Très importantes en biologie, les liaisons hydrogène assurent la stabilité
de nombreux bio-polymères, protéines, acides nucléiques, etc…
La force est attractive et directionnelle. Elle est à 80% d’origine électrostatique et l’ordre de
grandeur de son énergie est 2-10 kcal.mol-1 :
Exemples :
Liaisons hydrogène Energie (kcal.mol-1)
O-H---O 6
O-H---N 5
F-H---F 7
N-H---N 5
Les composés où les molécules sont liées par des ponts hydrogène ont des températures
d’ébullition anormalement élevées (cas de l’eau). L’eau donne à l’état solide un cristal, la
glace, où les molécules sont toutes liées entre elles par des ponts hydrogène, donnant une
structure régulière cristalline.
La molécule d’eau est de géométrie tétraérique et du fait des électronégativités différentes de
l’oxygène et de l’hydrogène ( =3,5 et =2,1) des charges partielles sont créées sur l’O
( ) et sur l’H( ). Les atomes d’hydrogène seront alors attirés par les doublets libres (DL)
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des autres molécules. En moyenne, chaque molécule d’eau possède 2H( ) et 2 DL ce qui
conduit à une association de chaque H2O à 4 autres molécules.
Figure 45. Température d’ébullition (a) et de fusion (b) de quelques composés hydrogénés.
Tous les types de liaisons interatomiques et intermoléculaires que nous avons évoqués sont
responsables des différentes propriétés physiques et chimiques et du comportement d’un
composé vis-à-vis d’un autre composé (réactivité).
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Références bibliographiques
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2. N. Glinka, Chimie générale, tome II, Editions MIR-Moscou, 1981.
3. G. Geiser, G. Delpin et P. Viaud, Chimie générale, Editions DELTA et SPES –
Lausanne, 1983.
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Edition HERMANN-Paris, Collection Méthodes, 1969.
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8. J.R. Kotz-Treichel, Chimie générale, Editions de boeck, 2006.
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11. http://www.chimie-briere.com.
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