Synthese Corrigee Des Travaux Melanges SOSSA
Synthese Corrigee Des Travaux Melanges SOSSA
Synthese Corrigee Des Travaux Melanges SOSSA
Par
Moktar ADAMOU
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
Bien avant la floraison des communications, une conférence inaugurale a été animée
par le professeur Ndiaw DIOUF, Professeur titulaire des universités, ancien vice-président du
conseil constitutionnel de la République du Sénégal. Dans sa présentation magistrale, le
professeur DIOUF relève les difficultés et la complexité du sujet : « Le droit des
investissements ».Dans ses propos liminaires, il considère que l’investissement est une notion
économique réservée par la suite aux sciences de gestion. C’est bien longtemps après, que
cette notion a fait son incursion en droit, probablement vers 1965. Pour d’autres, c’est vers
1928 que ce mot est apparu sous la plume des juges de la Haye dans une décision
remarquable.
Relativement au droit à l’investissement, il n’y a pas eu que des règles de fond pour
régir la matière mais aussi des règles de forme, le droit processuel.
2
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
Les réformes du droit commun des contrats auraient pu être l'occasion de repenser la
nomenclature des contrats en droit OHADA. C’est dans ce sillage que l’on comprend la
posture du Professeur DEWEDI, dont la réflexion a porté sur « Les frontières entre les
contrats civils et les contrats d’affaires dans la réforme du droit des contrats dans l’espace
OHADA ».
L’idée de frontière fait penser qu’il existe des champs propres sécurisés entre les
contrats civils et les contrats commerciaux. Cette idée de frontière est construite de manière
laborieuse dans le projet d’acte uniforme OHADA. Deux éléments importants sont à mettre
en évidence : une exigence renouvelée de l’adoption d’un acte uniforme sur le droit des
contrats puis une exigence oubliée des contrats spéciaux.
3
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
sens. Cette réticence découle de la frontière artificielle entre le droit des contrats et les
contrats spéciaux relevant du droit des affaires. L’adoption d’un acte uniforme sur le droit des
contrats est impérieuse pour le développement de l’Afrique même si celle relative aux
contrats spéciaux semble être oubliée.
Persistent cependant des incertitudes : comment faire cohabiter les deux corps de
règles ? En d’autres termes, comment faire cohabiter le régime général des obligations de
1958 et celui des contrats d’affaires ? Comment peut-on y arriver ? La piste n’est-elle pas
celles des lois uniformes ou des lois-types ?
S’inscrivant dans ce même chapitre du droit spécial des contrats, certains Etats ont
légiféré spécifiquement sur des contrats-types. « La nature juridique du contrat de
partenariat public-privé en droit béninois », communication du Docteur Gaudens
DJIHOUESSI, en est l’illustration la plus parfaite.
La CCJA a estimé qu’il s’agissait d’une sûreté sous condition suspensive. La sûreté
réelle est un bien mise à part au profit d’un créancier. L’objectif est de protéger le créancier
contre la mauvaise foi du constituant. La dation en paiement avec condition suspensive
4
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
conduirait à dire que cette dation en paiement est faite au jour de l’acte, au jour de sa
constitution et en raison de l’effet rétroactif de la condition suspensive. Une dation en
paiement est un mode de paiement alors que ce paiement n’existerait pas au moment de sa
constitution. Une difficulté apparaît cependant : qu’est-ce qui se passerait des fruits depuis sa
constitution ?
Cette difficulté réelle a pu expliquer que la dation en paiement dans le cadre d’une
hypothèque soit assimilée par la CCJA à une sûreté réelle.
Enfin « Le droit de l’OHADA et l’entreprise agricole », présenté par le Docteur Karel Osiris
Koffi DOGUE a mis l’accent sur le cadre attractif qu’a créé le droit OHADA notamment le
droit des investissements agricoles.
L’entreprise agricole n’ayant pas été définie par le législateur OHADA, elle n’est
qu’une extension de la notion d’exploitation agricole. Après une clarification conceptuelle, le
communicateur fait le lien entre entreprise agricole et le développement économique du
continent.
Le second panel a porté sur les contraintes. Dans sa communication portant sur
« L’évolution des sûretés en droit OHADA », le professeur Koffi Mawunyo AGBENOTO
relève que le droit qui n’évolue pas meurt. L’adoption des actes uniformes en 1997 a fait
l’objet de critiques face aux insatisfactions doctrinales. L’évolution serait rigide.
Normalement, la notion de sûreté devrait être facile à comprendre, nonobstant, elle cache des
difficultés. Dès 1997, l’acte uniforme a donné une définition qui a été abandonnée en 2010 à
l’occasion de la révision des actes uniformes.
Au fil du temps, on se rend compte que le droit des sûretés apparaît comme un droit
galvaudé. L’on a privilégié la finalité qu’a la garantie. C’est donc un droit perturbé dans sa
conception pour arriver à une défiguration initiée par le législateur. Cette défiguration réside
dans le caractère numerus clausus des garanties et certaines décisions de la CCJA.
Deux observations ont été faites : le fait de laisser aux Etats la possibilité de
déterminer les sûretés est un danger ; de même, on peut noter une course effrénée aux
sûretés.Le droit des sûretés OHADA apparaît comme un droit re-dématérialisé. Mais ilest un
droit laboratoire et le droit de l’OHADA doit tenir compte de l’intérêt des parties. Il existe
d’autres éléments difficiles à prendre par le droit OHADA comme le bitcoin… Les signaux
sont donc lancés sur des pistes de réforme.
5
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
Dans le même registre, les sûretés ; le Professeur Igor GUEDEGBE s’est prononcé sur
« La solidarité dans le cautionnement OHADA ». Le communicateur est parti des problèmes
d’interprétation sur le bénéfice de discussion et celui de la division. Le principe est que la
caution est présumée solidaire selon l’article 20 de l’Acte uniforme sur les sûretés. Dans la
réforme de l’Acte uniforme, un malaise est né. Dans le commentaire issu de la réforme de
l’acte uniforme portant sur les sûretés, il est écrit que dans le cautionnement solidaire, le
bénéfice de discussion est inopérant. Ce malaise conduit donc à s’interroger sur les lignes de
démarcations entre ces deux notions : cautions solidaires et caution solidairement unie.
Le séminaire suivant son cours, la surprise a été celle du Professeur Filiga Michel
SAWADOGO qui après avoir rendu un vibrant hommage au professeur SOSSA, est
intervenue virtuellement et brillamment pour donner quelques éléments sur « La
rémunération des mandataires judiciaires dans le droit des entreprises en difficultés ».
Dans sa présentation, le Professeur pense que l’apport des Etats est indispensable sur
le sujet. Or, en l’état actuel, sur les dix-sept (17) Etats membres de l’OHADA, il n’y a que
trois (03) qui ont légiféré dans le domaine, avec des approches différentes. Ce qui
numériquement est insuffisant. Les textes maliens et sénégalais sont très proches, le premier
s’étant inspiré du second. Il y a donc lieu de trouver un système équilibré pour harmoniser les
honoraires de manière à sauver les entreprises en difficultés pour permettre l’attractivité du
droit OHADA.
Aux termes des communications de la première considération, les débats afférents ont
porté sur :
- Le juge de l’exécution.
6
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
Les secondes considérations (droit processuel) ont été débattues sous la présidence du
professeur Roch DAVID GNAHOUI et sont également marquées par des communications
variées, structurées autour de deux panels. Le panel 1 relatif au contentieux devant l’arbitre et
le médiateur a été enrichi par deux communications :
Lorsqu’on fait un bilan sur les cinquante (50) dernières années, il existe des pratiques
positives pour les Etats africains pour ce type d’arbitrage. Tenant compte des considérations
objectives, la plupart des arbitrages devant le Centre International pour le Règlement des
Différends relatifs aux Investissements (CIRDI), met les Etats en position défensive. En règle
générale, la plupart des traités prévoit des obligations à la charge des Etats et en faveur des
investisseurs. En termes de perspectives, les Etats africains doivent avoir une maturité sur la
réalisation des textes sur les investissements. Il faut donc pour les Etats africains une nouvelle
approche rédactionnelle.
7
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
responsabilités sont partagées car les arbitres que choisissent les Etats sont très peu de
véritables arbitres et ces Etats ne choisissent pas leurs compatriotes. La responsabilité des
universités est évidente dans la mesure où depuis des générations, les universités africaines
n’ont pas pu faire sortir de grands spécialistes dans le domaine. Comme solutions, le
communicateur a suggéré une action au profit des populations notamment la théorie de
l’implication qui est une notion en vogue en Europe : la prise en compte des intérêts des
populations influant sur le contenu obligationnel du contrat. La seule question qui subsisterait
est le financement de leur action.
Devant la CCJA, c’est l’article 15 du traité qui dispose que la CCJA « évoque ».
Certains commentateurs ont démontré, à tort, que l’évocation est incompatible avec les
limites du contrôle de cassation. Ce qui n’est pas justifié. Prenant l’exemple du Conseil
d’Etat, ce dernier intervient sur la fonction de cassation et statue sur le fond. Certes le juge de
cassation n’apprécie pas les faits, mais rien ne l’y empêche. Car le juge de cassation peut bien
casser une décision et mieux la motiver que les juges de fond. Le juge de fond a également
une fonction pédagogique. Pour les modalités, en cas de cassation, il y a un règlement de
l’affaire au fond. Lorsque le demandeur du pourvoi saisi le conseil d’Etat, c’est pour obtenir
la cassation. Le règlement au fond peut venir plus tard. La question du règlement au fond a
été déjà réglée par les parties. Pour le défendeur, lorsqu’il dépose son écriture, la procédure
de contradictoire lui fait croire d’un gros risque de perdre. Le premier objectif du défendeur
est d’obtenir le rejet du pourvoi. Enfin, le mémoire du défendeur est un mémoire de réponse.
Devant la CCJA, les parties savent que l’évocation n’est pas possible mais elle est
certaine. Les parties peuvent solliciter de nouvelles mesures d’instruction. En règle générale,
il existe la possibilité d’organiser une double audience devant le juge de cassation. De plus, la
motivation des évocations est souvent succincte.
8
CENTRE DE RECHERCHES ET D’ÉTUDES
EN DROIT ET INSTITUTIONS JUDICIAIRES
EN AFRIQUE
Colloque scientifique en prélude de la remise des Mélanges en l’honneur du Professeur C. Dorothé SOSSA
DROIT ET INVESTISSEMENT EN AFRIQUE
Synthèse des travaux
Après une clarification sur le juge et sur sa légitimité, le communicateur admet que
l’élément essentiel de la légitimité est la réception des suffrages d’assentiment ou de
reconnaissance de la population vis-à-vis du juge. La crise de la justice qui revient de façon
récurrente n’est-elle pas une crise de légitimité ?
Tout juge, quel que soit son office, a une légitimité en construction. Si pour le juge
constitutionnel, la légitimité ne souffre d’aucune remise en cause malgré les critiques acerbes,
pour le juge judiciaire, la légitimité est inachevée. Cette légitimité ou non a permis de faire un
« Retour sur l’affaire Epoux Karnib », communication de Maître Marlène HOUNKAPTIN,
avocate stagiaire au Barreau du Bénin.
Dans cette affaire, il s’est posé le problème de la défense à exécution provisoire, une
prérogative incombant à la partie succombant au procès. Que reste-t-il à dire de l’affaire
Karnib, 20 ans après la jurisprudence de la CCJA ? Les défenses sont-elles finalement
défendues ?
L’on peut d’abord penser à une abrogation des défenses, vu l’interprétation de la
CCJA de l’article 32 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution ; puis l’on convient aujourd’hui à une application
résiduelle des défenses à exécution provisoire.
Le colloque sur le « Droit et investissement en Afrique » a pris fin à 17h 00, avec une
légitime satisfaction des participants qui ont apprécié le caractère hautement scientifique des
communications, une mention spéciale au CREDIJ qui vient d’honorer un adansonia digitata
du droit béninois : le Professeur SOSSA C. Dorothé.