Paquin, 2013, Paris, Presses de Sciences Po, 359 P.: Théories de L'économie Politique Internationale, Stéphane

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Études internationales

Théories de l’économie politique internationale, Stéphane


Paquin, 2013, Paris, Presses de Sciences Po, 359 p.
Michel Liégeois

Volume 44, numéro 3, septembre 2013

URI : https://id.erudit.org/iderudit/1021132ar
DOI : https://doi.org/10.7202/1021132ar

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Éditeur(s)
Institut québécois des hautes études internationales

ISSN
0014-2123 (imprimé)
1703-7891 (numérique)

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Citer ce compte rendu


Liégeois, M. (2013). Compte rendu de [Théories de l’économie politique
internationale, Stéphane Paquin, 2013, Paris, Presses de Sciences Po, 359 p.]
Études internationales, 44(3), 475–477. https://doi.org/10.7202/1021132ar

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Comptes rendus

THÉORIE, MÉTHODE ET IDÉES Européens, à l’exception notable des


Britanniques, semblent se désintéres-
Théories de l’économie politique ser. L’auteur semble particulièrement
préoccupé par cet aspect puisqu’il se
internationale
livre, dans les deux premières sections
Stéphane Paquin, 2013, Paris, du deuxième chapitre, à une véritable
Presses de Sciences Po, 359 p. géopolitique de l’épi : influence des
théories, maîtrise des moyens de pro-
Le choix de l’éditeur – les presti- duction (recrutement des professeurs et
gieuses Presses de Sciences Po – et la des chercheurs) et de diffusion (comités
collection dans laquelle le livre s’ins- éditoriaux des revues de référence) des
crit – Références – fixent le niveau idées en épi.
de l’ambition de l’auteur. Il s’agit ni
plus ni moins de proposer un ouvrage Avant de parcourir les princi-
de référence, voire l’ouvrage de réfé- pales tendances de l’économie poli-
rence, dans le domaine de l’économie tique internationale, le lecteur devra
politique internationale (épi) en langue situer l’ épi au sein des disciplines
française. En l’occurrence, une telle existantes et constater que son statut de
ambition ne manque pas de légitimité. sous-domaine des relations internatio-
D’abord parce qu’un tel ouvrage n’exis- nales est assez récent, tout en demeu-
tait pas, et que cette absence constituait rant contesté. Le lecteur abordera
une anomalie dans le paysage éditorial ensuite les questions épistémologiques
francophone. Ensuite parce que l’au- sous-jacentes aux développements
teur a les moyens de ses ambitions : divergents des approches orthodoxes –
il maîtrise son sujet, il connaît la lit- statocentrées, individualistes, explica-
térature et, surtout, il possède le talent tives, problem-solving – et hétérodoxes
didactique indispensable pour relever – holistes, pluralistes, structuralistes,
avec succès le défi que constitue l’ex- compréhensives, critiques, réflexives,
position synthétique et intelligible de voire postpositivistes – de l’épi. Ce
débats théoriques vastes et parfois n’est donc qu’après avoir absorbé les
complexes. 144 premières pages de l’ouvrage que
le lecteur persévérant se verra expli-
Ainsi que l’indique son sous-titre quer les grandes perspectives de l’épi :
« Cultures scientifiques et hégémonie la perspective réaliste (chapitre 4), la
américaine » – curieusement absent de perspective libérale (chapitre 5), la
la couverture –, l’ouvrage de Stéphane perspective axée sur la politique inté-
Paquin part d’un double constat. D’une rieure (chapitre 6), de même que les
part, le schisme de l’économie poli- perspectives hétérodoxes représentées
tique internationale en deux écoles par les écoles britannique (chapitre 7)
– orthodoxe et hétérodoxe – apparem- et néogramscienne (chapitre 8).
ment irréconciliables et, d’autre part,
le quasi-monopole des universitaires Dans un style clair et concis,
américains sur une discipline dont les Stéphane Paquin atteint son but : initier

Revue Études internationales, volume xliv, no 3, septembre 2013


476 Études internationales, volume XLIV, no 3, septembre 2013

à l’épi les étudiants et les jeunes cher- faire partager sa vision de l’ontologie
cheurs francophones qui, jusqu’ici, de l’épi ? Jeter les bases d’un mani-
pouvaient effectuer un cursus complet feste pour une épi francophone ? Rien
en science politique et en Relations de tout cela. Abdiquant tout apport
internationales sans être amenés à fré- personnel, S. Paquin y donne longue-
quenter cet ensemble essentiel de la ment la parole à Benjamin Cohen. Les
production universitaire. Le lecteur propos de celui-ci ne manquent ni de
exigeant ne pourra toutefois manquer pertinence ni d’intérêt, mais là n’est
de relever quelques éléments qui, sans pas la question. On en revient à l’in-
affecter les qualités relevées plus haut, terpellation précédente : où l’auteur
pourraient faire l’objet d’améliorations se situe-t-il dans le paysage qu’il a si
à l’occasion d’une réédition, laquelle savamment cartographié ?
ne fait guère de doute vu le succès
Enfin, les spécialistes des théo-
auquel cet ouvrage est promis.
ries des Relations internationales ne
Un premier point concerne le pourront réprimer quelques fronce-
positionnement de l’auteur lui-même. ments de sourcils à la lecture des pas-
L’ambition encyclopédique de l’ou- sages relatifs à Kenneth Waltz, Joseph
vrage le conduit à adopter une posture Nye et Robert Keohane, tous présentés
hypostasiée, sans doute en raison de comme des auteurs phares de l’épi, ou
son souci louable de rendre compte devant l’affirmation que des revues
avec objectivité des débats théoriques telles que International Organisations
qui traversent l’épi. Il en résulte une ou International Security sont des
chronique empreinte d’une honnê- revues phares de l’épi, ou encore en
teté sincère à l’égard de théories que remarquant que la théorie des régimes
Stéphane Paquin expose pour ce internationaux (Krasner) est rangée
qu’elles sont, avec leurs forces et leurs parmi les théories de l’épi. En d’autres
faiblesses. Cependant, pour avoir lu termes, l’épi telle que la dessine l’au-
abondamment les théoriciens critiques, teur comprend une bonne partie des
l’auteur, professeur de l’École natio- théories enseignées dans un cours clas-
nale d’administration publique (enap), sique en théorie des Relations interna-
sait qu’à leurs yeux une telle posture tionales. On en vient alors à se deman-
n’est ni légitime ni crédible. Pour les der si une approche de l’épi à ce point
paraphraser, son ouvrage est forcément holistique n’est pas contre-productive,
pour quelque chose et pour quelqu’un, puisqu’elle fait alors de cette dernière
ce qui n’est pas un problème à condi- une sous-discipline largement établie
tion que cette ambition soit explicitée. et enseignée dans les universités, y
Bref, d’aucuns pourront regretter que compris francophones, ce qui contredit
l’auteur ne se livre pas à l’exercice de les propos introductifs de l’auteur. À
la réflexivité. l’inverse, une définition restrictive de
l’épi, qui limiterait celle-ci aux études
Au rayon des aspects perfectibles
portant sur les aspects économiques
de l’ouvrage, on pointera également la
et financiers des relations internatio-
conclusion. On s’attendait à y trouver
nales, permettrait de mettre davantage
un engagement personnel plus marqué.
en évidence les lacunes flagrantes de
Après avoir brillamment synthétisé la
l’enseignement et de la recherche en
pensée des autres, l’auteur allait-il nous
COMPTES RENDUS 477

ces domaines dans le monde universi- multiscalaire », dont l’avènement


taire francophone. nécessiterait des réformes globales
Michel Liégeois telles que la création d’une assemblée
Centre d’études des crises délibérante mondiale permettant à la
et des conflits internationaux citoyenneté de se décliner selon « un
Université catholique de Louvain continuum civique allant du local au
mondial en passant par le national ».
F. Ramel évoque ensuite les auteurs qui
L’attraction mondiale se sont employés à « réaliser Rawls »
Frédéric Ramel, 2012, Paris, Presses à l’échelle mondiale. Thomas Pogge
de Sciences Po, 287 p. estime ainsi que, face aux inégalités
qui frappent les plus démunis dans le
Frédéric Ramel propose une présenta- monde, les citoyens des pays riches
tion des travaux d’auteurs « cosmopo- doivent s’impliquer dans l’éradication
lites », « pluralistes », « communauta- de la pauvreté mondiale par l’intermé-
riens » et autres, qui ont en commun diaire de programmes sociaux interna-
de s’interroger sur l’avenir des États tionaux et de l’instauration d’une allo-
nations et de l’humanité face aux cation sociale universelle.
dynamiques centripètes de l’« attrac-
tion mondiale » : l’universalisation de La deuxième partie du livre est
l’État et des normes démocratiques, consacrée aux approches qui s’enra-
l’extension planétaire du capitalisme de cinent dans la vision de Hobbes et de
marché et des technologies, la prolifé- Locke sur l’horizon anarchique des
ration des organisations internationales relations internationales. Les auteurs
et des organisations non gouvernemen- contemporains objectent ainsi au cos-
tales (ong), les flux transnationaux de mopolitisme l’épuisement d’une réfé-
la mondialisation, etc. rence à l’humanité trop souvent instru-
mentalisée par les grandes puissances
Après avoir rappelé l’ancrage (Pierre Manent), la propension des
du cosmopolitisme dans la Paix per- organisations internationales à créer
pétuelle de Kant (nature républicaine des « droits créances » exorbitants
de l’État, traités de paix instaurant (Hayek) ainsi que l’absence de société
une confédération d’États libres, loi mondiale organisée qui permettrait de
d’« hospitalité universelle »), F. Ramel donner sens à une justice distributive
rend compte de la manière dont planétaire (Rawls, qui rejette ainsi l’ap-
Habermas s’emploie à dépasser le cadre plication internationale de sa théorie
de Kant : critique de l’État contempo- de la justice faite par d’autres). Une
rain (nocivité des mythes nationalistes, figure centrale et toujours influente de
incapacité de l’État à réguler la mon- la contestation du cosmopolitisme est
dialisation) et appel à un « patriotisme Carl Schmitt, particulièrement critique
post-national » de la part de citoyens de l’idée d’un État universel séculier,
s’identifiant à la fois à leur État et à projet démiurgique qui nie, selon lui,
des valeurs de citoyenneté universelle la conflictualité inhérente à l’espèce
(démocratie, droits de l’homme). humaine.
L’étude se poursuit avec les travaux La critique du cosmopo-
de David Held sur la « démocratie litisme est enfin assurée par les

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