Les Composés Organiques Volatils
Les Composés Organiques Volatils
Les Composés Organiques Volatils
2023/2024
Références
2006, B. e. (s.d.).
CIRC, f. t. (s.d.).
Knox, 2. (s.d.).
Les Composés Organiques Volatils (COV) s'imposent comme des acteurs majeurs de la pollution
atmosphérique, au même titre que les oxydes d'azote, le dioxyde de soufre ou encore l'ozone. Loin
d'être anodins, ces substances insidieuses recèlent des dangers insoupçonnés pour notre santé.
L'exposition aux COV peut se traduire par des effets aigus, survenant lors d'une forte dose sur une
courte période, et se manifestant par des irritations, des maux de tête ou des nausées. Mais le véritable
péril réside dans les effets chroniques, liés à des expositions à faibles doses sur le long terme. Parmi
ces méfaits à long terme, on retrouve des risques cancérigènes ou des impacts sur la reproduction et
le développement.
Les COV ne se contentent pas d'affecter directement notre santé. Ils participent également à des
réactions chimiques complexes dans l'atmosphère, aboutissant à la formation ou à l'accumulation
d'autres composés nocifs, tels que l'ozone. Cette pollution secondaire renforce d'autant plus les
dangers liés aux COV.
Quels sont les COV ? Quelles substances se cachent derrière ce terme ? A quelles familles chimiques
appartiennent-elles et quelles sont leurs principales propriétés ?
Quels sont les effets des COV sur la santé humaine ? Plus précisément, quel est le devenir des COV
dans l’organisme ? Quels sont les effets d’une exposition aiguë et d’une exposition chronique ?
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1. Définition
Les COV sont tout d’abord des composés organiques, c’est-à-dire des composés contenant au moins
l’élément carbone et un ou plusieurs autres éléments tels que l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le
soufre, le phosphore, le silicium, etc.
2. Propriétés
o Très volatils ; ils passent facilement de l’état liquide à l’état gazeux, dans les conditions
normales de pression et de température.
o Toxiques
o Persistants
o Le méthane
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4. Source des COV
Les sources de COV peuvent être d’origine anthropique ou biogénique.
Les émissions d’origine anthropique sont regroupées en quatre catégories :
Les émissions d’origine industrielle sont surtout produites par les raffineries de pétrole, les
imprimeries, les industries pétrochimiques et les produits de plastique, les scieries ainsi que les usines
de panneaux et de pâtes et papiers. La catégorie du transport comporte, quant à elle, toutes les
émissions provenant du transport routier et hors route ainsi que les émissions aériennes et navales.
Les émissions de la catégorie de la combustion non industrielle proviennent principalement du
chauffage résidentiel au bois, auquel les émissions provenant du chauffage commercial et
institutionnel sont ajoutées. La dernière catégorie, les autres activités non industrielles, inclut les
émissions de la commercialisation de l’essence et du diesel, des incinérateurs, de l’utilisation de
solvants à des fins non industrielles, du nettoyage à sec ainsi que toutes les autres émissions de sources
diffuses qui ne sont pas incluses dans les trois autres catégories.
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5. L'impact des composés organiques volatils (COV) sur
l'environnement
Les composés organiques volatils (COV) ont un impact négatif important sur l'environnement. En se
dégradant dans l'atmosphère, ils provoquent de nombreuses réactions et perturbent l'équilibre
chimique.
Formation d'ozone troposphérique et de smog : Les COV réagissent avec les oxydes d'azote (NOx)
dans l'atmosphère pour former de l'ozone troposphérique et du smog. L'ozone troposphérique est
un polluant atmosphérique nocif qui peut causer des problèmes respiratoires, endommager les
cultures et réduire la visibilité. Le smog peut également irriter les yeux, la gorge et les poumons.
Contribution au réchauffement climatique : Certains COV, tels que le méthane, sont des gaz à effet
de serre puissants qui contribuent au réchauffement climatique. Le méthane est environ 25 fois plus
puissant que le dioxyde de carbone pour piéger la chaleur dans l'atmosphère.
Pluies acides : Certains COV peuvent contribuer aux pluies acides, qui peuvent endommager les
forêts, les lacs et les rivières. Les pluies acides se forment lorsque les COV réagissent avec d'autres
polluants dans l'atmosphère pour former des acides sulfurique et nitrique.
Dégradation de la qualité de l'air : Les COV contribuent à la dégradation de la qualité de l'air, ce qui
peut avoir des effets néfastes sur la santé humaine, la végétation et les écosystèmes.
Eutrophisation des eaux : Certains COV, tels que les phosphates, peuvent s'infiltrer dans les eaux de
surface et souterraines, où ils peuvent entraîner une eutrophisation. L'eutrophisation est une
prolifération excessive d'algues et d'autres plantes aquatiques, qui peut appauvrir l'oxygène dans
l'eau et nuire à la vie aquatique.
Dommages à la végétation : Certains COV, tels que l'éthylène, peuvent directement endommager
les plantes. L'éthylène peut provoquer le flétrissement des feuilles, la chute des fleurs et la mort des
plantes.
Perturbation des écosystèmes : Les COV peuvent perturber les écosystèmes en affectant la santé
des plantes et des animaux. Ils peuvent également modifier les relations entre les différentes
espèces.
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6. Impact sur la santé humaine
Il existe une multitude de COV appartenant à diverses familles chimiques et ayant donc des
propriétés tout aussi diverses. Les COV sont donc susceptibles d’affecter toutes les fonctions de
l’organisme et d’avoir des effets divers sur la santé humaine. Cette partie a pour objectif de préciser
le devenir des COV dans l’organisme et de décrire leurs principaux effets sur la santé humaine, Il est
bien sûr impossible de décrire tous les effets sanitaires de tous les COV. De plus, la plupart des COV
sont peu étudiés et leurs effets encore peu documentés. C’est pourquoi, pour délimiter le champ de
cette partie, nous avons décidé de prendre en compte les principaux COV étudiés, à savoir le benzène,
l’éthylbenzène, le toluène, les xylènes, le styrène, le trichloroéthylène, le tétrachloroéthylène et le
formaldéhyde.
La toxicité aiguë résulte d’une exposition à une forte dose sur une courte période. Des études chez
l’homme et chez l’animal permettent d’évaluer cette toxicité aiguë. Les études chez l’homme
concernent principalement des cas d’intoxications volontaires ou accidentelles ou des études
d’exposition contrôlée chez des volontaires sains ou plus sensibles (asthmatiques par exemple),
exposés à différentes concentrations. Une exposition à des concentrations très élevées en COV dans
l’air (par exemple 20 000 ppm pendant 5 à 10 min pour le benzène) ou l’ingestion de grandes
quantités de COV peuvent entraîner la mort, mais ces cas se révèlent très rares. Une exposition aiguë
aux COV entraîne le plus souvent des irritations et des atteintes du système nerveux central, qui sont
en général transitoires.
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Irritations des voies respiratoires, des yeux et de la peau
Pour la plupart des COV, un des principaux effets d’une exposition aiguë est l’irritation des yeux, du
nez, de la gorge ou de la peau. De nombreuses études se sont intéressées à ce pouvoir irritant des
COV. Ainsi, une étude suggère que certains COV réactifs chimiquement peuvent entraîner une
irritation oculaire.
Pour de nombreux COV, une exposition aiguë peut aussi provoquer une dépression du système
nerveux central, dont les symptômes sont des maux de tête, des nausées, des vomissements, des
étourdissements, etc. Ces troubles sont généralement réversibles dans les quelques heures suivant
l’arrêt de l’exposition.
2. Effets chroniques
L’exposition à de faibles concentrations de COV sur une longue période peut affecter l’organisme,
avec des effets variés sur diverses fonctions de l’organisme comme les fonctions respiratoire,
cardiaque, hépatique, rénale, etc, mais aussi des effets cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la
reproduction et le développement.
Effets respiratoires
Une exposition chronique aux COV peut avoir des effets sur la fonction respiratoire. De fait,
certains COV peuvent altérer la fonction pulmonaire, ce qui peut avoir des effets à long terme sur la
santé respiratoire.
Le foie et le rein peuvent être des cibles privilégiées pour de nombreuses substances toxiques du
fait de leur rôle de transformation métabolique ou d’élimination de ces substances .
Un des principaux COV ayant des effets sanguins et sur le système immunitaire est le benzène. En
effet, de nombreuses études ont mis en évidence ces effets. Un des tout premiers signes de la
toxicité chronique du benzène est l’atteinte de la moelle osseuse. De plus, la plupart des effets
sanguins ont été associés à des expositions par inhalation : anémie aplasique, granulopénie,
lymphopénie, leucémie, etc. Des effets sur le système immunitaire ont également été décrits dans le
cadre d’expositions professionnelles au benzène : diminution des taux sériques d’IgA et d’IgG,
augmentation de la susceptibilité aux allergies, diminution des leucocytes et d’autres éléments
cellulaires sanguins.
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Effets cancérigènes
D’une manière générale, des relations entre les émissions locales de COV et l’incidence de certains
cancers, notamment du cerveau, du système nerveux, du système endocrinien et de la peau, ont été
observées (2006, s.d.). Une augmentation du risque de cancer du sein a également été observée chez
des femmes militaires exposées à un ou plusieurs COV (Rennix et al., s.d.). Chez l’enfant, des
associations entre l’exposition prénatale aux COV (déterminée à partir de l’adresse de naissance et
de l’existence de sites industriels locaux utilisant des COV ou des procédés de combustion) et le
risque de nombreux cancers, notamment de leucémies, ont été retrouvées (Knox, s.d.)
Les substances sont classées en fonction de leur pouvoir cancérigène par différents organismes,
notamment l’Union européenne et le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Pour
chaque COV, cette classification dépend largement de l’existence d’un nombre suffisant d’études sur
ses effets cancérigènes et de la concordance des résultats. Le tableau ci-dessous présente la
classification de l’union européenne .
Concernant le CIRC ; il classe les substances en quatre groupes : groupe 1 pour les agents
cancérigènes pour l’homme, groupe 2 pour les agents probablement (2A) ou peut-être (2B)
cancérigènes pour l’homme, groupe 3 pour les agents inclassables quant à leur cancérogénicité et
groupe 4 pour les agents qui sont probablement non cancérigènes. Le Tableau suivant présente la
classification des principaux COV selon leurs effets cancérigènes.
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Tableau 2: La classification des principaux COV selon leurs effets cancérigènes.
Effets mutagènes
Une substance mutagène est un agent qui augmente l’apparition de modifications permanentes du
nombre ou de la structure du matériel génétique dans un organisme. Le Tableau présente la
classification des principaux COV selon leurs effets mutagènes. Quelques COV sont considérés
comme assimilables à des substances mutagènes ou préoccupantes en raison d’effets mutagènes
possibles. Mais très souvent les études disponibles sont des études expérimentales in vitro ou in vivo
chez l’animal.
Des études portant sur l’exposition aux solvants ont montré un lien entre exposition et altérations de
la reproduction ou du développement. En effet, des liens entre l’exposition aux solvants et les
concentrations en hormones de la reproduction, notamment la FSH, ont été observés chez l’homme,
ce qui indique un effet potentiel des solvants sur la fonction de reproduction (Luderer et al., 2004).
De plus, une méta-analyse sur l’exposition maternelle aux solvants organiques pendant la grossesse a
montré une tendance à l’augmentation du risque d’avortements spontanés, ainsi qu’une association
significative avec l’apparition de malformations congénitales (McMartin et al., 1998). Une autre
revue de la littérature semble confirmer ces résultats, tout en soulignant les difficultés de
l’évaluation de l’exposition (Saillenfait & Robert, 2000). Une augmentation du délai nécessaire pour
concevoir a également été observée chez des femmes utilisant des solvants organiques (Wennborg
et al., 2001). Par ailleurs, une méta-analyse sur l’exposition paternelle aux solvants organiques a
montré une augmentation significative du risque de malformations congénitales (notamment au
niveau du tube neural), mais aucune association avec le risque d’avortements spontanés (Logman et
al., 2005). Chez des peintres, une relation dose-effet entre exposition paternelle aux solvants et
altérations du développement a été suggérée.
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3. Le devenir des COV dans l’organisme
Absorption
Du fait de la volatilité des COV et donc de leur large présence dans l’air, la principale voie d’exposition
aux COV est l’inhalation. Les voies digestive et cutanée demeurent en général secondaires pour la
population générale, elles concernent essentiellement les ingestions accidentelles ou volontaires ou
les contacts cutanés prolongés en milieu industriel. Après inhalation, les substances sont partiellement
ou totalement absorbées au niveau des poumons. Les taux d’absorption sont variables d’un composé
à l’autre. Le tableau ci-dessous représente le taux d’absorption des principaux COV étudiés ainsi que
les organes cibles .
Tableau 3 :Le taux d’absorption des principaux COV étudiés ainsi que les organes cibles
Distribution
Après absorption, les COV sont distribués via le sang à l’ensemble de l’organisme. En fonction de
leurs propriétés, ils vont se retrouver dans différents organes. Ainsi, de nombreux COV sont lipophiles
(benzène, toluène,…), c’est-à-dire que leurs concentrations sont plus élevées dans les tissus riches en
graisses, comme le tissu adipeux et la moelle osseuse
Transformation métabolique
Elimination
Pour de nombreux COV, l’élimination se fait majoritairement sous forme de métabolites dans les
urines. Ils peuvent également être éliminés sous forme inchangée dans l’air expiré et dans les urines.
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Par ailleurs, après une exposition aux COV, l’élimination est généralement rapide pour une grande
partie des quantités inhalées. Ainsi, une étude portant sur les concentrations sanguines d’un mélange
de COV, avant, pendant et après exposition, a montré que la demi-vie à l’intérieur de l’organisme est
inférieure à une demi-heure pour les composés mesurés. Cependant, l’élimination totale des COV
inhalés se fait sur le long terme, ce qui montre l’existence de multiples sites de stockage dans
l’organisme et une bioaccumulation possible
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4. Démarche pour mettre en œuvre une réduction des
émissions du COV
Voici une démarche en 5 étapes pour mettre en œuvre une réduction des émissions des
COV :
Une fois que vous avez identifié les sources de COV, vous devez les prioriser en
fonction de leur importance et de la facilité avec laquelle vous pouvez les réduire.
Les sources prioritaires peuvent inclure les produits à forte teneur en COV, les
activités qui génèrent beaucoup de COV et les sources qui affectent un grand nombre
de personnes.
Il existe une variété de mesures que vous pouvez prendre pour réduire les émissions de COV.
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o Éliminer correctement les déchets dangereux : Ne jetez pas les produits
contenant des COV dans les poubelles ménagères. Apportez-les à un centre
de collecte des déchets dangereux.
o Utiliser des transports en commun, marcher ou faire du vélo : Cela vous
permettra de réduire vos émissions de COV provenant de votre véhicule.
o Planter des arbres : Les arbres absorbent les COV de l'atmosphère.
5. Communiquer et sensibiliser
Il est important de communiquer vos efforts de réduction des émissions de COV aux
autres. Cela peut aider à sensibiliser au problème des COV et à encourager les autres
à prendre des mesures pour réduire leurs émissions.
Vous pouvez partager vos informations avec votre famille, vos amis, vos collègues et
votre communauté.
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Conclusion
Les composés organiques volatils (COV), présents dans l'air que nous respirons, constituent une
menace croissante pour la santé humaine et l'environnement.
Face à ce constat alarmant, il est impératif d'agir pour réduire notre exposition à ces
substances nocives et protéger notre santé et notre environnement.
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