Le Francais en Premieres A C D
Le Francais en Premieres A C D
Le Francais en Premieres A C D
LE FRANÇAIS EN
PREMIERES A, C, D
Sous la direction de David BOKE, Inspecteur Général de l’Enseignement
Primaire, Secondaire et de l’Alphabétisation.
Ferdinand NKOUNGA, Inspecteur Divisionnaire,
chargé des activités pédagogiques ;
Joseph MISSAMOU, Inspecteur Itinérant ;
Guy Victor OBA, Inspecteur Itinérant ;
Dominique MAKAYI, Inspecteur Itinérant ;
Gilbert Adolphe MOKONO, Inspecteur Itinérant ;
Michel GAYIDO, Inspecteur Itinérant ;
Rosalie LOULENDO, Inspectrice Itinérante ;
Jean Martin MABIALA, Inspecteur Itinérant.
Avant-propos
Ce fascicule destiné aux élèves des classes Premières A, C et D des lycées de l’enseignement
général rassemble une gamme d’activités extrêmement variées que l’enseignant de
Français pourra inscrire dans les séquences enseignement/apprentissage de son choix en
fonction des objets d’apprentissage et sa progression didactique. C’est un carrefour
méthodologique et notionnel qui a pour ambition de couvrir ensemble des savoirs et des
savoir-faire mis en œuvre dans le programme officiel.
En somme, nous avons voulu offrir à l’élève de la classe Terminale en difficulté un outil qui
lui permette de reprendre confiance, et à l’élève le plus avancé dans ses apprentissages, une
possibilité de se perfectionner. Quel que soit son niveau, l’élève pourra trouver les références
dont il a besoin pour consolider ses connaissances, améliorer ses savoir-faire, développer sa
pratique de l’écriture littéraire.
Les auteurs
LITTÉRATURE NÉGRO-AFRICAINE : LE ROMAN
La littérature négro-africaine désigne l’ensemble des œuvres littéraires produites par les
Africains. Celle-ci concerne un espace géographique multilinguistique.
Il s’agit des Africains vivant en Afrique et ceux de la diaspora. On compte dans la
littérature négro-africaine les écrivains francophones, anglophones, lusophones qui se sont
illustrés dans les différents genres littéraires.
Le roman négro-africain
Si le roman français s’est affirmé manifestement au XIXe siècle, il importe de noter que le
roman négro-africain d’expression française n’a commencé d’exister qu’au XXe siècle avec la
parution du roman Batouala (1921) de René Maran. Ainsi, avec l’émancipation des pays
d’Afrique noire, plusieurs romanciers vont faire leur entrée en littérature et le roman négro-
africain d’expression française va s’engager sur plusieurs axes.
1. Le roman de contestation
Il s’agit des romans qui expriment le malaise ou la colère des hommes noirs, victimes
d’une exploitation sans merci. Comme exemple, les romans Les Bouts de bois de Dieu (1960)
de Sembène Ousmane, où l’auteur parle de la grève des cheminots Dakar-Niger pour
dénoncer un certain nombre de maux perpétrés par l’administration coloniale : le racisme,
les arrestations arbitraires, la corruption des chefs du village, la répression violente. Dans
Ville cruelle (1980), Mission terminée (1957), tous deux de Mongo Béti, l’auteur témoigne du
drame qu’a été la colonisation pour des générations des hommes et femmes en Afrique
noire.
2. Le roman historique
Il s’agit des romans à caractère épique, consacrés essentiellement au culte des héros qui
ont marqué d’une manière ou d’une autre l’histoire de l’Afrique. Tel est le cas de Crépuscule
des temps anciens de Nazi Boni (1962).
3. Le roman de formation
EXERCICE
Rapprocher les titres des ouvrages de la colonne de gauche à leurs auteurs de la colonne de
droite.
L’Anté-peuple Henri Lopes
Black Bazar A. Fantouré
Le Cercle des Tropiques SonyLabou Tansi
Les Soleils des indépendances H. Djombo
Le Pleurer-Rire A. Kourouma
FONCTIONS DE LA LITTÉRATURE
Il n’est guère aisé de définir avec exactitude le mot littérature au regard des différentes
connotations que le concept a pris dans l’histoire. Tout au moins une certaine opinion, à la
limite erronée, assimile la littrature à un discours banal, non cohérent. C’est d’ailleurs dans
ce contexte que Voltaire affirmait : « Ce mot est un de ces thèmes vagues si fréquents dans
toutes les langues ». Au-delà de cette approche péjorative, la littérature est un mode
d’expression et d’extériorisation du moi-artiste pour peindre son environnement et pour
communiquer avec autrui.
Parler des fonctions de la littérature revient à évoquer les différents rôles que les écrits des
auteurs peuvent jouer dans la société. Ainsi distinguons-nous essentiellement :
1. L’engagement: Du verbe «s’engager » qui veut dire s’investir, l’engagement, de
manière générale, s’oppose à la résignation. Il s’agit donc des écrits des auteurs qui
condamnent avec force les comportements déviants qui se développent dans la société
comme la corruption, la dictature, la dépravation des mœurs, la mauvaise gestion, les
injustices sociales, la prostitution… Avec la littérature de dénonciation, les mots de l’écrivain
sont comme une arme lancée contre les vices sociaux dans le but d’atténuer et d’accéder à
une société meilleure. Reconnaissant cette valeur, Victor Hugo compare l’écrivain à un
messie qui vient pour délivrer son peuple des ennuis de toutes sortes.
Une dissertation est un discours sur une question littéraire en vue d’une résolution. C’est
une réaction personnelle sur un problème donné, formulée avec rigueur et clarté.
2- La rédaction du développement :
Le problème du plan se pose ici. Il n’y a pas de plan passe-partout dans le domaine de la
dissertation. Chaque sujet fait appel à l’un des six types de plans selon la consigne.
Un développement est une suite de paragraphes groupés en deux ou trois grandes
parties ; chacune correspond à l’une des grandes divisions du plan.
Chaque paragraphe est centré sur une idée principale et une seule. Un paragraphe ne
doit être ni trop court ni trop long. Un paragraphe est l’énoncé d’une idée ; son
développement doit se faire avec des exemples purement littéraires qui donnent de la
valeur à l’argumentation (entre l’idée et les exemples, il doit exister un rapport).
Le passage d’une partie à une autre doit être relié par une transition. Il est toujours
possible d’insérer des citations littéraires ou d’ordre général dans le développement pour
mieux enrichir le devoir.
3- La rédaction de la conclusion
EXERCICES
I- Voici un sujet de dissertation suivi d’un plan avec des idées en désordre ; mettez-le
en ordre en fonction des lettres alphabétiques.
II-
Définissant l’objet de la littérature, Jean d’Ormesson affirme : « Je crois qu’il y a des
livres parce qu’il y a du mal dans le monde et dans le cœur des hommes. » Discutez ces
propos à la lumière des œuvres littéraires que vous avez lues.
Idées-Arguments-Exemples-Transition
1. La littérature dénonce les maux et les vices des hommes dans le but d’améliorer la société.
2. La littérature remplit aussi d’autres fonctions.
3. D’abord, la littérature dévoile les différents fléaux de la société comme l’exploitation de
l’homme par l’homme. Zola dans Germinal, s’attaque à l’asservissement dont sont victimes
les ouvriers des mines. Il en est de même de Sembene Ousmane qui décrit avec amertume
la douleur des ouvriers cheminots dans Les Bouts de bois de Dieu.
4. En premier lieu, l’œuvre littéraire a une visée esthétique, vise le culte du beau car il est
avant tout un art. La richesse stylistique dont fait montre Camus dans L’Étranger en est
une parfaite illustration. Arthur RIMBAUD a également pu associer des couleurs à des
lettres dans son sonnet intitulé « Voyelles », ou bien dresser une allégorie de la poésie à
travers le récit de voyage d’un bateau dans « Le Bateau ivre ». À cet effet, Théophile
Gautier écrit : « Tout ce qui est utile est laid. »
5. Ensuite, elle stigmatise les comportements déviants des hommes. Tel est le cas de Tati-
Loutard dans Chroniques congolaises qui dénonce avec véhémence l’infidélité, la
prostitution, l’escroquerie. Beaumarchais critique l’inconduite du Comte, un homme marié,
qui brille par l’infidélité, la violence verbale, la jalousie dans Le Mariage de Figaro.
6. Par ailleurs, certaines œuvres mettent en valeur la fiction, le merveilleux ou le
fantastique. Jean Malonga ne déroge pas à la règle lorsqu’il peint dans son conte La
Légende de Mpfoumou Ma Mazono la traversée miraculeuse en courant de la rivière La
Madzia par l’héroïne Hakoula. De même, Luis ARAGON donne à sa passion pour Elsa
Triolet une dimension cosmique dans «Les Yeux d’Elsa », en associant la femme aimée aux
astres du ciel.
7. La littérature suscite enfin la prise de conscience des peuples, des lecteurs. Hugo véhicule
la philosophie du bon samaritain (rendre service à autrui de façon désintéressée) dans Les
Misérables à travers le personnage de Jean Valjean. David Diop dans son poème «défi à la
force » interpelle la conscience de l’homme Noir afin qu’il prenne en main son destin.
8. En dernier lieu, la littérature est une activité de distraction qui s’appuie sur différents
comiques dont celui des mots ou du langage. Le Pleurer-Rire de Lopes en est une parfaite
justification à travers la troncation de la langue par le président Bwakamabé : « Croyez
que ça va continuer comme ça ? Hein ? Zoubliez que maintenant c’est un Djabotama qui
commande » (P.64).
9. Certes, la littérature critique les maux et les comportements déviants des hommes ;
cependant, elle joue d’autres rôles car il est avant tout un art.
1. À partir du sujet proposé et de la réorganisation des idées, rédigez une introduction
et une conclusion normatives.
EXPLICATION DE TEXTE
L’explication de texte est un exercice littéraire (oral ou écrit) formulé à partir d’un texte.
I- La mesure
La mesure d’un vers est le nombre de syllabes prononcées dans ce vers.
Ex : A/ccro/chant/ fo/lle/ment/ au/x h/er/bes/des/ hai/llons. (Arthur Rimbaud) : 12 syllabes
Le vers est un énoncé identifiable par le retour à la ligne avec majuscule à l’initiale
d’un ensemble de mots comportant un nombre déterminé de syllabes. On distingue
plusieurs types de vers, entre autres : 1 syllabe ou monosyllabe ; dissyllabes (2) ; trisyllabes
(3); quadrisyllabes (4); pentasyllabes (5); hexasyllabes (6); heptasyllabes (7), octosyllabes (8);
décasyllabes (10); alexandrin (12).
1- Le « e » muet se prononce lorsqu’il est placé entre deux consonnes, à l’intérieur
d’un mot, ou lorsque le mot suivant commence par une consonne ou par un « h » aspiré.
Ex: Et/sou/ple/ com/me/ le/ ro/seau (Victor Hugo)
Mais, Il ne se prononce pas :
En fin de vers : « Qui ce matin avait déclose » (Pierre de Ronsard).
Et lorsque le mot suivant débute par une voyelle ou un « h » muet : Une aube
affaiblie. (Paul Verlaine).
2- La synérèse et la diérèse
Synérèse: on parle de synérèse lorsque deux voyelles qui se suivent peuvent se lire
en un seul son (ou une seule syllabe).Ex: soleil : soleil..
Diérèse: on parle de diérèse lorsque deux voyelles qui se suivent peuvent se lire en
deux sons. Ex : éblouit : éblou-it
EXERCICES
1. Comptez le nombre de syllabes contenues dans ce vers et nommez-le :
« Je parlais des fleurs, des arbres ». (V. Hugo)
2. Dans les vers suivants, retrouvez le rejet et l’enjambement.
Il partit comme un trait, mais les élans qu’il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
La Fontaine, « Le Lièvre et la Tortue », Fables (1668).
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée.
Guillaume Apollinaire, « Rhénane », Alcools, (1913).
3. Voici une liste de mots. Rapprochez ceux qui peuvent rimer : veste – promesse –
pièce – anglaise – cacatoès – tiède – plaise – fraise – espèce – oued – agreste- vétuste –
caste – ouest – robuste – vaste – astre – contraste – désastre – conirostre.
4. Indiquez la disposition, le genre et la qualité des rimes dans ces vers. Puis précisez la
dénomination de cette strophe
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue.
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Arthur Rimbaud « Sensation », Poésie, (1870).
5. Indiquez à travers ces différents vers les mots qui expriment la synérèse et la diérèse.
Vous êtes mon lion superbe et généreux (Victor Hugo)
Regrettant mon amour et votre fier dédain (Ronsard)
FORMES POÉTIQUES ET TONALITÉS
I I - L es fo rmes libr es
1- La fable : elle raconte une petite histoire, souvent à travers des animaux, avec une
portée morale.
2- Les poèmes en vers libres : le poème en vers libres est un poème constitué des
vers libérés des contraintes des rimes, du compte des syllabes, des strophes mais marqué par
un retour à la ligne.
3- Le poème en prose : un texte en prose disposé en paragraphes et formant une
unité autonome en empruntant à la poésie son rythme, sa musicalité, et la primauté
donnée aux images. Il n’obéit nullement aux règles de la versification.
NB : Toutefois, il en existe bien d’autres tels que : le pantoum, l’ode, l’élégie, le
calligramme.
B- Les tonalités
Les tonalités désignent l’ensemble des caractéristiques d’un texte qui provoquent des
effets particuliers, émotionnels ou intellectuels, sur le lecteur. Un texte peut utiliser plusieurs
tonalités.
EXERCICES
Précisez la forme poétique de ces textes et leur tonalité. Justifiez chacune de vos
réponses.
Texte 1 : À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;
Dans un texte, les mots sont rarement isolés. Ils appartiennent à des ensembles
signifiants : les champs lexicaux. Leur analyse est importante à la compréhension de
beaucoup de textes.
I- Le champ lexical
Il est l’ensemble de mots et d’expressions qui, dans un texte ou un ensemble de textes,
expriment la même notion, le même thème, ou évoquent la même situation.
Ex: Dans un texte donné, le champ lexical de la « nature » englobera des mots comme
« fleuve », « soleil », « arbre », « rivière », « nénuphar », etc.
Le repérage d’un champ lexical peut permettre de :
- identifier et analyser le thème principal ou le titre d’un texte ;
- caractériser un personnage, un sentiment, une époque ou un lieu.
NB : Dans un même texte, plusieurs champs lexicaux peuvent se combiner ou se
succéder. Cette combinaison ou succession fait la richesse d’un texte.
Ex: Dans le poème intitulé « Ma Bohème », Arthur Rimbaud combine le champ lexical
de la fugue avec celui de la pauvreté.
Texte : « Ma Bohème »
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées
Mon paletot aussi devenait idéal; (1)
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal; (2)
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!
EXERCICES
1. Dans ce texte ci-dessous, repérez le champ lexical de la nature
Texte :
Maintenant, les arbres s'étaient peuplés d'oiseaux. La terre soupirait lentement avant
d'entrer dans l'ombre. Tout à l'heure, avec la première étoile, la nuit tombera sur la scène
du monde. [...]
À présent au moins, l'incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à
travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfums de cette
terre, je m'emplissais d'une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde,
bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n'était pas
moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l'accord et le silence qui de lui à moi faisait
naître l'amour.
Albert Camus, Noces à Tipasa, 1938
2. Relevez les deux champs lexicaux qui se combinent dans ce texte poétique, puis
dégagez les deux axes d’étude pour un commentaire littéraire.
Une figure de style est un procédé d’écriture, une façon de s’exprimer, qui modifie le langage
ordinaire pour le rendre expressif, en créant des images, des sons, des associations de mots qui ont un
sens.
Il faut savoir les reconnaître, mais surtout les interpréter, dire quel effet elles produisent. Il s’agit
de comprendre ce que chacune d’elles met en valeur.
I. Figures d’analogie
1- La comparaison
Elle rapproche deux mots au moyen d’un outil (terme) comparatif : comme, pareil à, ainsi que,
tel, semblable à, semble, ressembler à, paraître…
Ex : Ses sacs de grains semblaient
Des fontaines publiques. (Victor Hugo).
2- La métaphore
La métaphore est une comparaison elliptique, sans terme de comparaison.
Ex : Cet homme est un tigre (courageux).
3- La personnification
Elle représente une chose ou une idée sous les traits d’une personne.
Ex : L’alambic…gardait une mine sombre. (Emile Zola).
4- L’allégorie
C’est une forme de personnification : une réalité abstraite y est présentée comme un être humain.
Ex : Tu marches sur des morts, Beauté… (Charles Baudelaire).
EXERCICE
Relevez les images dans les phrases suivantes et dites s’il s’agit de comparaisons, de métaphores,
d’allégories, de personnifications ou d’euphémisme.
1- Je te l’ai répété mille fois ;
2- Les demandeurs d’emploi ;
3- Verser des torrents de larmes ;
4- L’air flamboie et brûle sans haleine ;
5- La terre est assoupie dans sa robe de feu ;
6- Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
7- L’aurore grelottante en robe et verte/ S’avançait lentement sur la Seine déserte ;
8- Au volant, la vue c’est la vie ;
9- Tout le village connaît la nouvelle et chuchote ;
10- Ce roman n’est pas le meilleur de ses ouvrages ;
11- Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire ;
12- Les voiles disparurent à l’horizon ;
VALEURS DES TEMPS DE L’INDICATIF
Le temps est une catégorie grammaticale qui situe un fait dans le passé, le présent ou le futur
en s’exprimant en particulier par la modification des formes verbales.
Identifier les formes verbales et connaître leurs valeurs d’emploi permet de mieux comprendre la
signification d’un texte et les intentions de celui qui l’écrit. Ainsi, les temps ont des valeurs
temporelles bien distinctes à l’indicatif.
Le mode indicatif est le mode des faits réels. Il contient dix temps dont cinq temps simples et cinq
temps composés. Chaque temps a une ou des valeurs précises.
EXERCICES
1. Identifiez les temps utilisés et indiquez leur valeur pour chaque verbe souligné.
À mesure que j’avançais, j’avais dans la peau des tressaillements, et quand je fus devant le
mur, aux auvents clos de ma vaste demeure, je sentis qu’il me faudrait attendre quelques minutes
avant d’ouvrir la porte et d’entrer dedans. Alors, je m’assis sur un banc, sous les fenêtres de mon
salon. Je restai là, un peu vibrant, la tête appuyée contre la muraille, les yeux ouverts sur l’ombre
des feuillages. Pendant ces premiers instants, je ne remarquai rien d’insolite autour de moi. J’avais
dans les oreilles quelques ronflements ; mais cela m’arrive souvent. Il me semble parfois que
j’entends passer des trains, que j’entends sonner des cloches, que j’entends marcher une foule.
Guy de MAUPASSANT, Qui sait ?,1890.
3- Le Parnasse : le Parnasse est un groupe de poètes qui, en réaction aux excès du Romantisme
revendiquent le culte de la Beauté, le désengagement et le retour à l’Antiquité, comme en
témoigne le nom de leur mouvement, qui désigne une montagne de la Grèce antique consacrée à
la poésie. Les représentants de ce mouvements sont : Théophile Gautier, Emaux et Camées, (1857) ;
Charles Marie Leconte de Lisles, Poèmes antiques, (1852) ; Poèmes barbares (1862) ; René Armand
François Prud’homme dit Sully Prud’homme, Stances et Poèmes (1865), La France (1874); José-
Maria de Heredia, La Nonne Alferez, (1894) ; Théodore Faullain de Banville, Les cariatides (1842).
4- Le Symbolisme
il recherche les analogies entre le monde sensible et le monde spirituel. Les symbolistes accordent
une place importante aux rêves, à l’imagination et à la religion. Ils cherchent à traduire les
correspondances entre les éléments grâce à un travail complexe sur les mots et la musicalité. Les
représentants de ce mouvement sont : Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), Petits poèmes
en prose (1869) ; Paul Verlaine, Poèmes Saturniens (1866) ; Arthur Rimbaud, Poésies (1871),
Illuminations (1873-1875) ;Stéphane Mallarmé, Poésies (1887).
EXERCICES
1-Répondez par vrai ou faux aux affirmations suivantes:
a- Le réalisme est un mouvement de l’art pour l’art ; b- La France au XIXe siècle est marquée par
les guerres de religion ; c- Le XIXème siècle est le siècle de l’expression des sentiments personnels.
2- Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Je hais les sots qui font les dédaigneux, les impuissants qui crient que notre art et notre
littérature meurent de leur belle mort. Ce sont les cerveaux les plus vides, les cœurs les plus secs, les
gens enterrés dans le passé, qui feuillètent avec mépris les œuvres vivantes et tout enfiévrées de
notre âge, et les déclarent nulles et étroites. Moi, je vois autrement. Je n’ai guère de souci de beauté
ni de perfection. Je me moque des grands siècles. Je n’ai souci que de vie, de lutte, de fièvre. Je suis à
l’aise parmi notre génération. Il me semble que l’artiste ne peut souhaiter un autre milieu, une autre
époque. Il n’y a plus de maîtres, plus d’écoles. Nous sommes en pleine anarchie, et chacun de nous
est un rebelle qui pense pour lui, qui crée et se bat pour lui. L’heure est haletante, pleine d’anxiété :
on attend ceux qui frapperont le plus fort et le plus juste, dont les poings seront assez puissants pour
fermer la bouche des autres (…)
Emile Zola, Préface à Mes haines, 1866.
Questions :
a- A quel courant littéraire appartient Zola? Que rejette-t-il dans ce texte ?
b- Par quels pronoms l’auteur se désigne-t-il dans ce texte ?
c- Relevez le vocabulaire dépréciatif ou péjoratif dans cet extrait.
MOUVEMENTS LITTÉRAIRES FRANÇAIS AU XXe SIÈCLE
La littérature française a connu plusieurs grands mouvements littéraires qui ont marqué à la fois
son histoire politique et littéraire. De ce fait, le XXe siècle est très riche en évènements : guerres,
mouvements de revendication… Au regard de ces évènements, la littérature est très florissante au
travers de la diversité de mouvements qui convergent vers le même idéal, excepté le Nouveau
Roman. Entre autres mouvements, nous notons :
1. Le Surréalisme
Influencés par la psychanalyse et par la découverte de l’inconscient, les auteurs surréalistes
souhaitent libérer l’écriture des contraintes de la raison. Ils explorent de nouvelles formes de création
comme l’écriture automatique et privilégient les thématiques du rêve, de l’imaginaire et du désir.
Les auteurs ayant marqué ce mouvement sont les suivants :
– Poésie lyrique : Paul Éluard (Capitale de la douleur, 1926), Robert Desnos (Corps et Biens, 1953),
Guillaume Apollinaire (Alcools, 1913) ;
– Récit : Louis Aragon (Le Paysan de Paris, 1926), André Breton (Nadja, 1928, Le Manifeste du
Surréalisme, 1924).
2. L’Existentialisme
Cette doctrine philosophique est plus soucieuse de l’existence concrète de l’homme que des idées.
Pour elle, aucune divinité ne donnera de sens à la vie. Voilà pourquoi Sartre affirme que :
« l’existence précède l’essence ». Ceci dit, l’homme ne peut se définir que par ses actes, et non dans
l’abstrait. Selon l’Existentialisme, le monde n’a pas d’essence, il n’y a pas de loi, de morale,
d’obligation. Du seul fait que l’homme soit engagé dans la vie, il doit choisir une certaine forme de
destin, non pas une fois pour toutes mais à tout instant de la vie. Ainsi, ce mouvement littéraire
donnera naissance à un type de héros, qui se plaît à ignorer délibérément la morale, la convenance,
un héros mi- aventurier et mi -intellectuel. Bref, dans cette théorie, l’homme est libre et responsable
de son destin. Il crée son « essence » en existant par ses actes. L’auteur qui incarne cette idéologie est
Jean-Paul Sartre avec son essai philosophique L’Être et le Néant (1943).
3. L’Absurde
La notion d’absurde est exprimée par Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942) et peut être
définie diversement. C’est d’abord le sentiment que la condition humaine n’a pas de sens. Dans cette
acceptation, le mot renvoie donc aux limites de la conscience humaine, incapable de rendre compte
du mystère de l’existence. Ensuite, il s’agit du sentiment que ressent l’homme confronté au non-sens
du monde et de son existence. D’après Camus, l’absurde « naît de la confrontation de l’appel
humain avec le silence déraisonnable du monde ».L’homme est partagé entre l’angoisse du néant
originel et l’inquiétude générée par sa responsabilité, sa liberté. Les croyances, les rites, les aliénations
sociales ne sont que des leurres. Le Mythe de Sisyphe (Camus 1942), essai sur l’Absurde, synthétise
cette tragédie de l’impuissance. Cependant, ce qui pourrait conduire au désespoir est transcendé
par la révolte et l’engagement
La philosophie de l’absurde consiste à donner un sens humain à la vie dans un monde de non-
sens.
Les représentants de ce mouvement dont Albert Camus avec ses œuvres philosophiques L’Étranger
(1942), Le Mythe de Sisyphe (1942) qui remettent en cause la monotonie de nos actes, la nausée qui
inspire le caractère machinal d’une existence sans but, l’épaisseur du monde, c’est-à-dire
l’indifférence de la nature à notre égard, de sorte que l’on s’y sent étranger, la mort inéluctable, qui
donne à notre aventure un côté élémentaire et définitif.
4. Le Nouveau Roman
Le Nouveau Roman n’est pas une école littéraire mais il réunit un groupe de romanciers
d’avant-garde qui refusent les conventions du roman réaliste. Ils contestent la construction d’une
intrigue linéaire à la chronologie rigoureuse et les descriptions sui cherchent à donner l’illusion de la
réalité. Ce groupe remet en cause les caractéristiques du roman traditionnel à travers une
déconstruction de l’intrigue et des personnages, afin de mettre en valeur l’intériorité des individus et
la complexité du monde.
Les représentants du Nouveau Roman sont : Nathalie Sarraute (L’Ère du soupçon, 1956), Alain
Robbe-Grillet (Pour un Nouveau Roman, 1963), Michel Butor (La Modification, 1957, Essai sur le
roman, 1964).
EXERCICES
1. Reliez les noms des auteurs à leur mouvement littéraire respectif.
2. Complétez ce texte à trou par les courants et noms des auteurs suivants : Absurde, André
Breton, Existentialisme, Albert Camus, Surréalisme, Nathalie Sarraute, Jean Paul Sartre, Michel
Butor, ALAIN Robbe-Grillet, Nouveau Roman.
La littérature française du XXème siècle a connu plusieurs Courants. Elle débute par le……. avec des
auteurs comme…… qui souhaitent libérer l’écriture des contraintes de la raison. Après ce courant
vient l’……. qui a eu pour chef de fil….. Ce dernier place l’homme au centre de sa destinée. …. dans la
philosophie de l’….. pense que l’homme doit transcender son désespoir par la révolte et
l’engagement. Et vers la fin de ce siècle est né le ……. Ce groupe est représenté par……
COMMENTAIRE COMPOSÉ:
RÉDACTION D’UNE INTRODUCTION
Le commentaire est l’un des exercices inscrits au programme officiel dans les
séries littéraires. Il porte sur un texte littéraire (poème, extrait d’un roman
ou d’une pièce théâtrale). C’est un projet personnel de lecture reposant sur des
idées relevées et analysées dans le texte (formulations, procédés, effets produits et
interprétations).
EXERCICES
1. Voici un poème de Charles Baudelaire. Lisez-le et répondez aux questions qui
l’accompagnent.
Texte :
Après trois ans
Aube
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne
quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries
regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui
me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la
déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai
dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant
sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai
senti un peu
son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud, Illuminations, 1886.
COMMENTAIRE COMPOSÉ : RÉDACTION PARTIELLE D’UN DÉVELOPPEMENT
EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Texte :
Ma Bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot1 aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal2 ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
EXERCICES
1. Voici un poème de David Diop suivi d’une proposition de plan de commentaire. Rédigez-en
la conclusion.
Défi à la force
Toi qui plies toi qui pleures
Toi qui meurs un jour comme ça sans savoir pourquoi
Toi qui luttes qui veilles pour le repos de l’Autre Toi qui ne regardes plus avec le rire dans les
yeux yeux
Toi mon frère au visage de peur et d’angoisse
Relève-toi et crie : NON !
B. Rédigez la conclusion d’un commentaire que vous pourriez faire sur ce texte.
Le pin des Landes(1)
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eau vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,
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CORRIGE DES EXERCICES
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Nom : Charles BAUDELAIRE
Nationalité : Française
Epoque : XIXème siècle
Courant littéraire : Symbolisme
3-Ouvrage :
Titre : Les Fleurs du Mal
Edition : Babel
Année de publication : 1857
4-Centres d’intérêt :
L’expression de la beauté
L’inspiration du poète.
1-Charles Baudelaire est un poète Français du XIXe siècle, membre du mouvement littéraire le
symbolisme. Il est l’auteur du sonnet intitulé « Beauté ». Ce poème est extrait de l’ouvrage Les
Fleurs du mal, publié en 1857. Avec une tonalité lyrique le poète fait l’éloge de la beauté
féminine. De ce fait, en premier lieu nous étudierons la beauté de la femme, et en second lieu nous
mettrons en valeur l’impact de cette beauté sur la poésie.
2-« Beauté » est un sonnet du symboliste français du XIXe siècle, Charles Baudelaire. Il est tiré de son
ouvrage ou recueil de poèmes Les Fleurs du mal publié en 1857. Dans ce poème à tonalité
lyrique, le poète met en exergue ou en lumière la beauté élogieuse d’une femme ou l’éloge de la
beauté féminine. Sur ce, nous analyserons dans un premier élan la beauté de la femme et dans un
deuxième l’impact de cette beauté sur la poésie.
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SUJET N°2 : COMMENTAIRE LITTERAIRE
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Année de publication : 1857
D-Centres d’intérêt
le portrait de la femme
la mélancolie du poète
Esquisse d’introduction
Le texte soumis à notre analyse intitulé « A une passante » est de Charles BAUDELAIRE
extrait de son recueil de poèmes, Les Fleurs du mal, publié en 1857. Dans ce sonnet de
tonalité lyrique, le poète français du Symbolisme du XIXème siècle met en exergue une
rencontre avec une femme inconnue. De ce fait, en premier nous étudierons la description
de la femme, et en second lieu nous mettrons en valeur la réaction du poète face à cette
femme.
II-Travail d’écriture :
Rédigez une introduction à partir de ces deux thèmes principaux : l’aspect tragique
puis la portée absurde de cet acte.
1-Eléments de l’introduction
A-La situation du texte
Titre : Sans titre
Nature du poème : texte narrative en prose
Tonalité: Lyrique et tragique
-Idée générale : Le poète met en exergue la scène du crime ou meurtre d’un
Arabe par le personnage principal nommé Meursault.
B- L’auteur
Nom : Albert CAMUS
Nationalité : Française
Epoque : XXe siècle
Courant littéraire : Existentialisme ou absurde
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C-Ouvrage :
Titre : L’Etranger
Année de publication : 1942
D-Centres d’intérêt
L’aspect tragique
L’aspect dramatique de la scène
Le texte soumis à notre étude est de l’écrivain français du XXème siècle Albert
CAMUS, figure de proue du mouvement littéraire l’existentialisme ou l’absurde.
Extrait de son roman intitulé L’ETRANGER, publié en 1942 ; ce texte en prose
fortement lyrique et tragique met en exergue la scène du crime ou meurtre d’un
Arabe par le personnage principal nommé Meursault. Ainsi, nous étudierons de façon
précise l’aspect tragique puis la portée absurde de l’acte de Meursault.
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SUJET N°4 : COMMENTAIRE LITTERAIRE
I- Réponses aux questions
1- C’est un poème classique parce qu’il comporte respecte les règles de la versification :
strophes, rimes, les vers ont la même longueur…
2- Ce poème met en exergue le voyage que l’auteur désire entreprendre en vue de se
rendre sur la tombe de sa fille morte.
3- Déterminons la métrique du deuxième vers
Je/ par/ti/rai/vois/tu/ je/ sais/ que/ tu/ m’a/ttends (alexandrin)
4- Analysons la disposition et le genre des rimes de la première strophe.
Campagne, A
Attends. B
Montagne. A : ABAB : rimes croisées et
Longtemps. B
Campagne, A
Montagne. A : rimes féminines et masculines
Attends. B
Longtemps. B
1-Eléments de l’introduction
A-La situation du texte
Titre : Demain dès l’aube
Nature du poème : un alexandrin ou un poème classique
Tonalité: Lyrique
Idée générale : Le poète met en exergue le voyage que l’auteur désire
entreprendre en vue de se rendre sur la tombe de sa fille morte.
B-L’auteur
Nom : Victor HUGO
Nationalité : Française
Epoque : XIXe siècle
Courant littéraire : Romantisme.
C-Ouvrage :
Titre : Les Contemplations
Année de publication : 1856
D-Centres d’intérêt
L’évocation du voyage à effectuer
La souffrance qu’éprouve le poète
Le texte soumis à notre analyse est un poème classique intitulé ‘’Demain dès l’aube’’
extrait des Contemplations, ouvrage publié en 1856 par l’écrivain français Victor HUGO
appartenant au courant littéraire le romantisme. De tonalité lyrique, ce poème évoque le
voyage que l’auteur désire entreprendre en vue de se rendre sur la tombe de sa fille morte.
Notre travail s’articulera autour des axes suivants : l’évocation du voyage et la souffrance
du poète.
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ÉTUDE D’UN TEXTE ARGUMENTATIF (E.T.A.)
L’étude d’un texte argumentatif est l’un des exercices littéraires inscrit au programme
officiel à l’issue du colloque de français tenu à Brazzaville du 8 au 16 mai 2014. Cet exercice
porte essentiellement sur un texte argumentatif d’environ 350 à 400 mots intéressant la vie
des hommes : le sport, la culture, les sciences, la violence, les conditions de la femme, la
littérature, l’éducation, etc.
1. Définition
Un texte argumentatif est un type de discours qui a pour but de soutenir, de défendre ou
de réfuter une thèse (ou un point de vue), de convaincre et de persuader le lecteur à
propos d’un thème ou d’un sujet et l’inciter à modifier son jugement ou, à l’inciter à agir.
2. Structure d’un Texte Argumentatif
Le texte argumentatif s’organise souvent selon trois étapes et sert à démontrer la thèse de
l’auteur.
L’idée principale (directrice) exprime la thèse de l’auteur.
Les arguments clarifient ou justifient l’idée de l’auteur.
Les exemples rendent plus concret et renforce l’argument.
N.B. : Dans une argumentation, les phrases sont reliées entre elles par les connecteurs
logiques.
1. La compréhension
Les questions de compréhension sont notées sur trois (3) points. Ce volet peut porter sur
le thème du texte, la thèse, la rhétorique, les arguments qui appuient la thèse du texte et la
structure logique.
2. La pratique de la langue
La pratique de la langue qui est notée aussi sur trois (3) points porte sur la grammaire,
la conjugaison, la syntaxe, les niveaux de langue, le vocabulaire, etc.
EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions posées.
Texte :
Cet homme que nous voulons former, quelles vertus lui donnerons-nous ? Je ne songe pas
un instant, à des cours de morale ou même à des exhortations par lesquelles l’enfant serait
encouragé ou remis « dans le droit chemin ». Tout cela est généralement mal supporté et
parfaitement inefficace. Mais je crois que l’on peut, à
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partir de tous les enseignements, et de tous les exercices, donner progressivement à l’enfant
une certaine attitude intérieure. Le premier élément de cette attitude, la première de ces
vertus, c’est le calme. Plus les choses vont vite, plus il faut rester calme. Ce n’est pas
seulement une question d’élégance, c’est une question de vie ou de mort. Dans le monde
agité, dangereux qui est le nôtre, il faut que nous ayons des enfants calmes. Ainsi, il importe
que nous soyons pénétrés, nous parents et éducateurs, du devoir que nous avons d’aider nos
enfants à rester calmes.
La deuxième vertu qu’il nous faut susciter, c’est l’imagination. Dans un monde stable, la
raison est la faculté maîtresse. Dans un monde mobile et sans cesse renouvelé, il faut
constamment inventer ; et d’abord il faut inventer sa propre vie. Bref, on peut enseigner
aux enfants à résoudre les problèmes dans tous les domaines.
On peut leur apprendre à avoir des idées. J’en ai souvent fait l’expérience avec mes
étudiants. Surpris et ravis de voir que sur une question où ils pensaient n’avoir rien à dire, ils
étaient capables de découvrir des vérités originales.
L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une autre qualité : l’esprit
d’équipe. Dans notre univers technique, il n’y a guère d’action efficace qui n’exige la
coopération de plusieurs individus. Les plus brillantes aptitudes sont stérilisées ; il faut aussi
inventer des structures qui puissent réaliser un équilibre indispensable entre la liberté, sans
laquelle elle perd presque toute sa force…
J’insisterai davantage sur le courage. Nous n’avons pas le droit de dissimuler à nos
jeunes gens les périls qui les attendent. Ils entrent dans un monde où leur place n’est pas
réservée, leur destin sera sans cesse remis en question. Commencer une action est toujours
un effort coûteux. Il faut du courage pour accepter des risques et prendre des initiatives.
Gaston BERGER, L’Homme moderne et son éducation, 1957.
Questions
A. Compréhension
a. Quel est le thème de ce texte ?
b. Reformulez en une phrase la thèse
défendue par l’auteur.
3. Quelles sont les différentes qualités qu’on
doit développer chez l’enfant ?
B. Pratique de la langue
- Donnez le sens de l’expression suivante :
« le monde agité ».
- Indiquez le temps employé dans cette
phrase et réécrivez-le au passé-composé : « il faut inventer sa propre vie».
- Mettez cette phrase à la forme
interrogative : « On peut leur apprendre à avoir des idées ».
- Analysez logiquement cette phrase :
« Nous n’avons pas le droit de dissimuler à nos jeunes gens les périls qui les attendent ».
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RÉSUMÉ D’UN TEXTE ARGUMENTATIF
Le résumé de texte est la première partie de l’un de types d’exercices littéraires proposés
au baccalauréat : il est toujours suivi d’une discussion.
Le résumé consiste à condenser intelligemment un texte d’ordre général intéressant la vie
des hommes (sport, culture, art, sciences, guerre, condition de la femme, éducation…). Il
consiste à dire en quelques mots ce que l’auteur a dit en plusieurs mots.
42
- Varier les constructions syntaxiques : Il a acheté des chaussures neuves dans un petit
magasin. A peine sorti, il les a enfilées. (Il a porté des chaussures qu’il vient d’acheter dans
un petit magasin).
EXERCICE
Résumez ces deux paragraphes qui comptent 191 mots au quart de leur longueur avec
une marge de 10% en plus ou en moins.
Texte :
L’usage que chacun fait de son temps libre, en fin de journée, en fin de semaine, durant
les semaines de congé payé, ne se comprend que par rapport au travail et au mode
d’existence dans la ville. La part faite au sport, au divertissement, à l’information ou à
l’enrichissement, à la solitude ou au groupe, varie selon les métiers, les modes ou les
individus. Choix libre en ce sens qu’aucun règlement ne l’impose. Non pas nécessairement
l’expression d’une liberté : la personne elle-même se soumet à des interdits et des
obligations qu’elle a inconsciemment intériorisés.
Chaque société a ses jeux et ceux-ci ont le même caractère d’évidence que les
coutumes. Certaines sociologues ont esquissé une typologie de jeux en relation avec la
diversité des types sociaux : la sociabilité industrielle favorise manifestement les jeux de
compétition et de hasard. Des deux côtés de l’Atlantique, les jeux de la télévision
comportent une combinaison de l’élément d’«agon» et de l’élément d’« aléa »1: la question
qui vaut soixante-quatre dollars est une affaire de chance autant qu’une épreuve
intellectuelle. (…)
Raymond ARON, Les Désillusions du progrès, Calmann-Lévy, 1967.
Vocabulaire
1. Agon : combat, compétition.
2. Aléa : hasard, chance.
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DISSERTATION
III – L’introduction
Elle se présente en un seul paragraphe et comprend les éléments suivants :
1. présentation générale, littéraire ou sociale du sujet ;
2. reprise du libellé du sujet (ou de la citation) s’il est court ou reformulation de celui-ci
s’il est trop long ;
3. formulation de la problématique et annonce du plan.
N.B. : Pour mieux rédiger une introduction, il est nécessaire avant de commencer à
rédiger de:
- analyser le libellé du sujet,
- donner le sens des mots-clés,
- dégager le thème,
- dégager le problème posé,
- reformuler le sujet,
- formuler la problématique.
EXERCICES
Denis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la dépravation des mœurs ».
Partagez-vous la vision ?
(A) Ainsi, le conflit armé résulte-t-il de la perversion ? N’est-il pas au contraire la résultante
de la course à l’hégémonie ?
(B)La guerre se définit comme privation de paix provoquée par l’égoïsme, la soif du
pouvoir ou la quête à la superpuissance mondiale.
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(C) Parlant de son origine, Denis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la
dépravation des mœurs ».
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RÉDACTION DU DÉVELOPPEMENT D’UNE DISSERTATION
1. Le plan de la dissertation
C’est la recherche de cohérence de progression logique dans l’argumentation. Il s’agit
d’ordonner les idées, les arguments et les exemples pour les rendre clairs et convaincants.
Pour dégager le plan d’une dissertation, il faut bien analyser la consigne car la composition
de la dissertation dépend de la formulation du sujet d’une part et du plan que l’on adopte
d’autre part. Par exemple, les expressions comme « Que pensez-vous ? », « Discutez… »,
« Expliquez et discutez… », « Pensez-vous que… » renvoient au plan dialectique.
Le plan est à la dissertation ce que le squelette est au corps. Quels que soient vos talents
d’écriture et la richesse de vos idées et de vos exemples, il n’y a pas de bonne dissertation
sans plan.
2. La rédaction du développement
Le développement permet de rendre claire et apparente la structure de votre devoir. Il
comporte donc deux ou trois grandes parties constituées elles-mêmes de deux ou trois
paragraphes. Chaque partie développe une idée directrice.
Construit autour d’une thèse ou d’une idée directrice, chaque paragraphe regroupe un
argument qui est illustré par un ou deux exemples, et qui est introduit par un connecteur
logique qui facilite l’enchaînement de l’argumentation.
Il faut toujours prévoir des transitions entre les parties.
La transition est un bref paragraphe (de deux ou trois lignes) qui ménage le passage
d’une partie à l’autre. Autrement dit, elle dresse le bilan rapide de la partie précédente
pour annoncer la suivante.
Il est toujours possible d’insérer des citations littéraires ou d’ordre général dans votre
développement pour mieux enrichir votre devoir.
EXERCICE
Après avoir lu le sujet proposé, répondez aux questions posées autour de ce sujet.
Gaston Berger affirme : « L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une
autre qualité : l’esprit d’équipe ». Pensez-vous que la collaboration entre élèves est
bénéfique ?
Questions
1. À quel type de plan renvoie la consigne ce sujet ? Justifiez votre réponse.
2. Quelle est la thèse soutenue par Gaston Berger dans ce sujet ?
3. Proposez deux arguments illustrés par des exemples qui justifient la thèse.
4. Quelle sera l’antithèse possible ?
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5. Rédigez une phrase de transition.
6. Proposez deux arguments illustrés par des exemples qui justifient cette antithèse.
7. Rédigez le paragraphe argumentatif de la thèse et de l’antithèse.
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RÉDACTION DE LA CONCLUSION D’UNE DISSERTATION
1. Le bilan :
Le bilan, qui constitue la première étape, doit donner d’emblée une réponse synthétique
aux questions posées en introduction. Elle fait pour cela le bilan des idées défendues dans le
développement qui en est l’aboutissement logique. Elle ne doit ni répéter les phrases
utilisées dans le développement, ni introduire de nouveaux arguments ou de nouveaux
exemples.
3. L’élargissement
Cette dernière et troisième étape de la conclusion donne une nouvelle orientation à la
thématique du sujet, une piste possible pour un devoir ultérieur, un nouveau problème à
traiter. Cet élargissement n’est possible que si le bilan effectué permet une ouverture qui
prolonge la réflexion.
Dans tous les cas, il apparaît important de ne pas terminer la conclusion par une
question, qui pourrait laisser le lecteur sur l’impression d’un devoir inachevé.
En résumé, la conclusion est à la fois une synthèse et une ouverture sur un autre aspect.
48
EXERCICES
1. Rédigez une conclusion normative à partir du sujet ci-après :
Gaston Berger affirme : « L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une
autre qualité : l’esprit d’équipe ». Pensez-vous que dans le domaine de l’école, la
coopération de plusieurs élèves soit toujours importante ?
Dénis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la dépravation des mœurs ».
Partagez-vous la vision ?
A. En réalité, la guerre est entraînée par l’égoïsme, la course à l’armement et les politiques
interventionnistes.
B. En somme, la guerre est le fruit des mauvaises mœurs car elle est source de plusieurs
vices. Pourtant, le conflit armé est aussi occasionné par la souveraineté et la suprématie de
certaines nations ou races.
C. Il est donc nécessaire de retenir que la guerre est le résultat de la barbarie de l’homme.
En définitive, le téléphone est une invention qui comporte des atouts et des méfaits
multiples. Toutefois, utilisé à bon escient, il procure plus de profits à l’humanité.
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EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Texte :
Les études menées par le Cabinet Creach Consulting en avril 2014 classent Facebook
comme le réseau social le plus populaire d’Afrique. En effet, dans la plupart des pays, le
nombre d’utilisateurs de Facebook se confond quasiment avec le nombre d’utilisateurs
d’internet. Pour preuve, en Egypte 88% des internautes sont connectés sur Facebook. Au,
Nigéria également, ce sont les 83% des internautes qui sont connectés, au Ghana 77% et
enfin au Kenya, 76%.
L’ampleur de ce phénomène est d’autant plus frappante que le taux de pénétration de
Facebook en Afrique est comparable aux taux observés dans les pays considérés comme ses
bases traditionnelles. Avec 88% le Nigéria affiche un taux d’utilisation de Facebook
supérieur à celui des États-Unis. Les pays comme l’Égypte, la Tunisie se situent à des
hauteurs supérieures ou comparables à la Russie 86%. Il y a donc lieu de soutenir avec le
cabinet Reach Consulting que Facebook est le site web le plus visité au Sénégal, au Ghana,
en Côte d’ivoire…. Là où Facebook n’occupe point la première place, il se classe
systématiquement comme deuxième ou troisième site le plus visité tel qu’au Kenya (2e), au
Cameroun (3e).
Cependant, il ne faut pas ignorer l’émergence non négligeable d’autres réseaux sociaux
en Afrique. On peut à ce titre citer (le) YouTube qui à Madagascar est le troisième site le
plus visité devant Facebook qui occupe le cinquième rang ; le Sénégal se distingue comme
l’un des pays où le trafic sur (le) You Tube est supérieur à la moyenne du trafic mondial.
Dans le même contexte. Si Twitter, Linkedln et Instagram voient également leur trafic
augmenter. Il faut toutefois noter que l’utilisation de ces sites est beaucoup plus concentrée
dans les pays anglophones de l’Afrique subsaharien : Nigéria, Ghana, Ouganda, Kenya…
Michel Lobe Ewane, Forbes Afriques, juillet- Aout 2015.
Questions
1. Compréhension
1. Donnez à ce texte, le titre qui convient.
2. Pourquoi Facebook est-il perçu comme le réseau social le plus populaire en Afrique
?
3. Le troisième paragraphe soutient-il la même thèse que les deux précédents ?
Justifiez votre réponse.
2. Pratique de la langue.
A. Donnez le synonyme du mot « émergence » et employez-le dans une phrase.
B. Trouvez un mot de la même famille que « connecter ».
C. Relevez et donnez la valeur du connecteur logique qui ouvre le dernier paragraphe.
D. Voici la phrase ci-après : « il ne faut pas ignorer l’émergence non négligeable
d’autres réseaux sociaux en Afrique ». Donnez la nature de cette phrase et analysez-la
logiquement.
LE RÉSUMÉ DE TEXTE
Le résumé de texte est la première partie de l’un des types d’exercices littéraires proposés
au baccalauréat ; il est toujours suivi d’une discussion.
Le résumé consiste à condenser intelligemment un texte d’ordre général sur des sujets
intéressant la vie des hommes (sport, culture, art, sciences, guerre, condition de la femme,
éducation…). Il consiste à dire en quelques mots ce que l’auteur a dit en plusieurs mots.
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1. L’importance du résumé de texte
Le résumé est un exercice à la fois utile et formateur pour la vie professionnelle où
abondent des exercices de synthèse : traitement de dossiers, rapports, comptes rendus… Il
développe l’esprit de géométrie, de synthèse et de finesse. C’est pourquoi, le candidat doit
faire preuve de rigueur (il faut respecter la pensée d’autrui), de précision (il faut reformuler
sans déformer), de concision (il faut utiliser un nombre d’unités de mots).
EXERCICE
Résumez ce texte au quart de sa longueur avec une tolérance de mots de 10% en plus
ou en moins.
NB : Ce paragraphe compte 182 mots.
Texte :
Sans trop simplifier les choses, il semble que l’on puisse distinguer trois dispositions
psychologiques du lecteur : plus simplement, trois façons de lire. La première est d’y
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chercher une diversion de la vie : on prend un livre, le soir, quand on est fatigué d’une
journée de travail, pour y trouver un agrément de l’imagination, une pente facile de
l’intelligence vers des objets qui l’amusent, vers des problèmes artificiels propres à la
détourner des questions concrètes que lui posent durement le travail professionnel, l’action
sociale ou la méditation morale. Ainsi fait, par exemple, le lecteur de romans policiers et je
ne vais pas commencer par dire du mal des romans policiers, et par me brouiller avec ceux
qui en usent, je me ferais du premier coup trop d’ennemis ! J’admets parfaitement que l’on
pratique cette méthode de lecture récréative, que l’on cherche à l’étendre à beaucoup
d’autres ouvrages, dont certains ne sont pas sans mérites ; je ne conteste nullement le talent
de Georges Simenon, ou de Marcel Pagnol, ou de Pierre Benoit (…)
Une seconde façon de lire, analogue à la première, mais plus raffinée, est de
demander à l’œuvre littéraire une pure jouissance esthétique : par conséquent, encore, une
diversion de la vie, mais à un niveau plus élevé, où le plaisir est de goûter une belle
musique de la phrase, de subtiles consonances d’images, un ordre parfait de la pensée,
quelles que soient d’ailleurs la signification morale ou la tendance spirituelle des textes. Ainsi
lit le dilettante, le fin lettré, et de préférence dans de beaux volumes, dont il caresse
amoureusement les reliures de plein cuir et dont il collectionne les éditions de prix (…)
Pierre Henri Simon, Témoins de l’homme.
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ÉNONCIATION
L’énonciation est l’acte de parole d’un locuteur qui produit un énoncé qu’il destine à un
interlocuteur. C’est en effet l’acte de communiquer, c’est-à-dire de produire un message
dans une situation précise. L’énonciation peut prendre des formes différentes selon que
l’auteur de la communication apparaît clairement dans le message, ou bien en est effacé.
1. La situation d’énonciation
Dans une situation d’énonciation, on pose les questions suivantes : Qui parle ? ; À qui ?
Où est situé le narrateur ? ; À quel moment formule-t-il son énoncé ? ; Comment exprime-
t-il ce qu’il dit ?
2. L’acte d’énonciation
L’acte d’énonciation se manifeste par la présence des indices dans un texte.
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EXERCICE
Observez les textes suivants, proposés dans un ordre croissant de difficulté. Pour
chacune d’eux, répondez aux questions suivantes: Qui parle ? Peut-on clairement identifier
le locuteur? Existe-t-il un destinataire ? Sous quelle forme ? Est-il identifiable ?
Texte 1 :
Le récit de la « gorge coupée » :
Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d’une agression. Je veux dire que je subis dans la gorge
une opération qui consiste à m’enlever des végétations; l’intervention eut lieu d’une
manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Mes parents avaient d’abord commis la
faute de m’emmener chez le chirurgien sans me dire où ils me conduisaient. Si mes
souvenirs sont justes, je m’imaginais que nous allions au cirque : j’étais donc très loin de
prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le
chirurgien, et ce dernier lui-même.
Michel Leiris, l’Âge d’homme (autobiographie), Gallimard, 1946.
Texte 2 :
Hé que voulez-vous dire ? Êtes-vous si cruelle ?
De ne vouloir aimer ? Voyez les paresseux
Qui démènent l’amour : voyez les colombe aux,
Regardez le manier, voyez la tourterelle.
Pierre de Ronsard, Nouvelle continuation des Amour
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EXERCICE
Voici deux extraits de texte : précisez leur nature puis justifiez votre réponse.
Texte 1 :
L’éducation fait l’objet d’un large consensus parmi la communauté internationale. Il est
désormais admis que sa diffusion contribue au développement. Les exemples abondent : au
Ghana, 52 % des femmes sans instruction croient que la maladie est causée par les esprits,
contre 31 % des femmes qui ont fréquenté l’école primaire. […]
Michel AULAGNON, Le Monde,
31 août 1995.
Texte 2 :
Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un
présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il
jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle a ses
bornes, et dans l’état de nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se
conduire. Toute autre autorité vient d’une autre origine que la nature.
Denis DIDEROT, « Autorité politique », article de L’Encyclopédie, 1751.
CORRIGE
Précisons la nature de chaque extrait :
EXERCICE 1 :
1-« Ce n’est pas sérieux » : litote
2-« Je te l’ai répété mille fois » : hyperbole
3-« Les demandeurs d’emploi » : Euphémisme.
4-« C’est du joli » : Antiphrase
5-« Verser des torrents de larmes » : Hyperbole
6-« Les pays en voie de développement » : Euphémisme
7-« Vous n’avez pas tort » : litote
8-« Le charmant animal planta ses crocs dans mon mollet » : Hyperbole (Cette phrase est
aussi une métaphore ; elle indique que l’animal sort ses dents pour dévorer l’homme)
EXERCICE 2 :
1-« L’air flamboie et brûle sans haleine » : métaphore
« La terre est assoupie dans sa robe de feu » : personnification
2-« Tout homme qui vieillit est ce roc solitaire » : métaphore
3- « Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir. » ; « Le violon frémit comme un cœur
qu’on afflige » : ce sont des comparaisons
4-« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage » : métaphore
« Traversé çà et là par de brillants soleils » : métaphore.
5-« L’aurore grelottante en robe et verre/ S’avançait lentement sur la Seine déserte, / Et le
sombre Paris, en se frottant les yeux, / Empoignait ses outils, vieillard laborieux. » :
Allégorie
6-« Il faut aller voir de bon matin, du haut de la colline du Sacré-Cœur, à Paris, la ville se
dégager lentement de ses voiles splendides, avant d’étendre les bras » : Allégorie.
7-« Son regard est pareil au regard des statues » : Comparaison.
EXERCICE 3 :
1-« Au volant, la vue c’est la vie » : Métonymie
2-« …Ils avaient vaincu toute la terre. / Chassé vingt rois… » : Hyperbole
3-« Tout le village connaît la nouvelle et chuchote » : Hyperbole
4-« Ce roman n’est pas le meilleur de ses ouvrages » : C’est une périphrase
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GRANDS MOUVEMENTS LITTERAIRES FRANÇAIS DU XVIe au XXe SIECLE
1- Le XVIe siècle :
Le XVIe siècle a connu deux mouvements de pensée littéraire. Entre autres mouvements,
nous avons :
1-a-L’Humanisme :
Caractéristiques : Né en Italie, l’humanisme apparait en France au XVIe siècle. Il résulte
des progrès scientifiques (imprimeries, méthodes de navigation, traités d’anatomie…), des
découvertes de contrées nouvelles et de la réforme protestante, qui entrainent une nouvelle
vision de l’homme et sa place dans l’univers. L’humanisme cherche à promouvoir la culture
en s’appuyant sur les textes antiques et en renouvelant les méthodes d’enseignement.
1-b-La Pléiade :
Caractéristiques: Formé en 1553 par un groupe de sept poètes, dont Ronsard et Du
Bellay, la pléiade, qui renvoie à une constellation de sept étoiles, a pour but de développer
une poésie en langue française qui puise son inspiration dans l’Antiquité mais aussi chez
Pétrarque, poète italien du XVIe siècle, cherche à enrichir la langue française, comme le
prône Du Bellay dans sa Défense et illustration de la langue française (1559). Si le poète est
sacré et la poésie d’origine divine, le don fait au poète ne le dispense pas de travailler.
2- Le XVIIe siècle :
Il a contribué à la révolution de la langue française. Les mouvements qui ont marqué ce
siècle sont :
2-a-Le Baroque (perle irrégulière, qui n’a pas une forme normale)
Caractéristiques: le baroque est un courant architectural, pictural et musical qui se
manifeste aussi dans la littérature du XVIIe siècle. Le mouvement est caractérisé par un
style outrancier et irrégulier dans une époque marquée par l’instabilité et les incertitudes.
L’extravagance et l’ornementation sont omniprésentes. La frontière entre réalité et illusion
devient poreuse, ce qui entraine des jeux de miroir, des effets de trompe-l’œil ou de mise en
abyme.
2-b-Le Classicisme :
Caractéristiques : associés au règne de Louis XV, les auteurs classiques s’inspirent de
l’Antiquité et recherchent l’équilibre, la symétrie et l’harmonie. Ils veulent à la fois plaire et
instruire et s’appuient pour cela sur des principes établis par Boileau dans son Art Poétique.
Au théâtre, ces principes reposent sur les règles d’unité de temps, de lieu, d’action et les
règles de bienséance et de vraisemblance.
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3-a-Les Lumières :
Caractéristiques : désignant un mouvement de pensée qui se développe à la mort de
Louis XIV, pendant la Régence et tout au long du XVIIIe siècle, le courant des lumières se
caractérise par une confiance dans la raison et le progrès, qui doivent permettre à l’homme
d’accéder à un bonheur terrestre. Les philosophes des lumières manifestent leur esprit
critique et dénoncent les injustices et l’intolérance, en particulier religieuse, au nom de la
liberté et de la dignité humaine. La lutte contre les excès de l’ancien Régime conduira à la
Révolution française, même si la plupart des philosophes des Lumières n’étaient pas
révolutionnaires.
4-a-Le Romantisme :
Caractéristiques : né en Europe à la fin du XVIIIe siècle, le romantisme manifeste un
esprit de révolte et une insatisfaction face à la réalité, appelée « mal du siècle », qui se
traduisent par l’expression d’une sensibilité exacerbée, un goût pour l’irrationnel, la
réhabilitation du Moyen Âge et la recherche de l’engagement.
4-c-Le Parnasse :
Caractéristiques : le Parnasse est un groupe de poètes qui, en réaction aux excès du
romantisme revendiquent le culte de la Beauté, le désengagement et le retour à
l’Antiquité, comme en témoigne le nom de leur mouvement, qui désigne une montagne de
la Grèce antique consacrée à la poésie.
4-d-Le Symbolisme :
Caractéristiques : le symbolisme recherche les analogies entre le monde sensible et le
monde intelligible. Les symbolistes accordent une place importante aux rêves, à
l’imagination et à la religion. Ils cherchent à traduire les correspondances entre les éléments
grâce à un travail complexe sur les mots et la musicalité.
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5-b-L’Existentialisme ou l’Absurde :
Caractéristiques : Doctrine philosophique plus soucieuse de l’existence concrète de
l’homme que des notions ou des idées. Pour elle, aucune divinité ne donnera de sens à la
vie. Voilà pourquoi Sartre affirme que : «l’existence précède l’essence». Par-là, il veut
simplement signifier que l’homme ne peut se définir dans l’abstrait ; il se définit par les
actes. Cet aspect de définition prouve qu’il n’y a pas de Dieu. Selon l’existentialisme, le
monde n’a pas d’essence, il n’y a pas de loi, de morale, d’obligation. Ce qui veut dire que
l’homme est condamné à être libre. Du seul fait que l’homme soit engagé dans la vie, il doit
choisir une certaine forme de destin non pas une fois pour toute mais à tout instant de la
vie (existence). De ce fait, la littérature de cette époque donnera naissance à un type de
héros, personnage cynique (qui se plait à ignorer délibérément la morale, la convenance),
désinvolte (mouvements libres) peu sentimental, mi aventurier et mi intellectuel.
Bref, dans la théorie existentialiste, l’homme n’est pas déterminé d’avancer par son
essence, mais il est libre et responsable de son existence (destin). L’existentialisme se présente
comme une philosophie. La vie de l’homme n’est pas l’accomplissement d’un projet qui
précède. L’homme crée son «essence » en existant. Ce qu’il est, son essence, n’est rien d’autre
que la somme de ses actes.
Au Moyen-Age
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Littérature aristocratique François VILLON Poésie
Charles d’ORLEANS
Littérature bourgeoise Chrétiens de TROYES Roman : De SAINT-CLOUD,
populaire Pierre de SAINT-CLOUD Le roman de Renard ; De
TROYES, Yvain ou Le
Chevalier au lion
Au XVIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
L’humanisme RABELAIS, MONTAIGNE -Prose narrative : les récits de
RABELAIS (Pantagruel,
Gargantua)
-Prose d’idées: les Essais de
MONTAIGNE
La pléiade RONSARD, Du BELLAY -Poésie lyrique : RONSARD,
Les Amours, Du BELLAY,
Les Regrets
Au XVIIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
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Le baroque Agrippa d’AUBIGNE -Poésie lyrique
Théophile de VIAU -Poésie épique
SPONDE -Théâtre
François de MALHERBE
Le classicisme CORNEILLE -Théâtre tragique
RACINE -Théâtre comique
MOLIERE -Poésie
LA FONTAINE -Prose d’idées : LA BRUYERE,
LA BRUYERE Les Caractères ; PASCAL,
BOILEAU Pensées
PASCAL
BOSSUET
Madame de La FAYETTE
François FENELON
Madame de SEVIGNE
Au XVIIIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Les Lumières MONTESQUIEU -Prose d’idées :
VOLTAIRE MONTESQUIEU, L’Esprit des
ROUSSEAU lois ; ROUSSEAU, Du contrat
DIDEROT social.
MARIVAUX -Prose narrative : VOLTAIRE,
BEAUMARCHAIS Candide ; DIDEROT,
Pierre Choderlos de LACLOS
Jacques le fataliste
-Théâtre : BEAUMARCHAIS,
Le Mariage de Figaro
Le Naturalisme ROUSSEAU -Prose narrative : Les
BUFFON rêveries d’un promeneur
solitaire
Le Naturalisme ROUSSEAU -Prose narrative : Les rêveries
BUFFON d’un promeneur solitaire
Au XIXe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Le romantisme CHATEAUBRIAND -Poésie : LAMARTINE, Les
LAMARTINE Méditations, VIGNY, Les
VIGNY Destinées
MUSSET -Théâtre : HUGO, Hernani ;
NERVAL
MUSSET, Lorenzaccio
HUGO
-Roman : chateaubriand,
René ; HUGO, Notre-
Dame de Paris
Le parnasse Théophile GAUTIER Poésie
LECONTE De LISLES
Sully PRUD’HOMME
José Maria de HEREDIA
Théodore de BANVILLE
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Le réalisme STENDHAL Roman
BALZAC
FLAUBERT
Jules GONCOURT et Edmond
GONCOURT
Le naturalisme ZOLA -Roman : ZOLA,
MAUPASSANT L’Assommoir, Germinal
HUYSMANS -Recueil de nouvelles :
MAUPASSANT, Boule de
suif, Une vie
Le symbolisme BAUDELAIRE Poésie
VERLAINE
RIMBAUD
MALLARME
Au XXe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Le symbolisme (poursuite) APOLLINAIRE Poésie
Max JACOB
Blaise CENDARS
Pierre REVERDY
L’existentialisme ou absurde Jean Paul Sartre Roman philosophique :
Albert CAMUS L’Etranger, Le Mythe de
Sisyphe de CAMUS ; L’Être
est, le non être n’est pas de
Sartre…
Le surréalisme André BRETON -Poésie lyrique : ELUARD,
Paul ELUARD Capitale de la douleur ;
Louis ARAGON DESNOS, Corps et Biens
Robert DESNOS -Récit : ARAGON, Le
Paysan de Paris ;
BRETON, Nadja
Le Nouveau Roman Nathalie SARRAUTE Roman
Claude SIMON
Alain ROBBE-GRILLET
Michel BUTOR
L’humanisme Paul VALERY -Roman : GIDE, Les faux
André GIDE monnayeurs
-Poésie : VALERY,
Charmes
-Essai : VALERY, Variété
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L’ETRANGER D’ALBERT CAMUS
LE PERSONNAGE PRINCIPAL
Dans son œuvre littéraire intitulée L’Etranger, l’écrivain français, Albert CAMUS,
met en scène un personnage vide, sans personnalité marquée, sans même de prénom qui
préciserait son identité : Meursault. Dans le récit, tout se lit à travers le regard, les
commentaires de ce narrateur-personnage. Par rapport à sa manière d’être, Meursault
paraît ambivalent : parfois il est proche des autres personnages, parfois il s’écarte d’eux.
Ainsi, nous nous demandons si Meursault est un personnage solidaire ou un personnage
solitaire.
62
l’aumônier dans sa cellule car sa présence le dérange : « sa présence me pesait et
m’agaçait », (p. 181). Il refuse donc de croire en Dieu.
63
son patron en ces termes : «Il (mon patron) m’a demandé alors si je n’étais intéressé par un
changement de vie. J’ai dit qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se
valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout ». Partie I, chapitre 5, Page, 61.
Sur le plan personnel, Meursault vit cette absurdité sur ce plan personnel parce qu’il est
dépourvu de compassion à l’égard des autres c’est-à-dire des êtres et des amitiés.
A ce sujet, voici ce qu’il déclare : «…il m’a demandé encore si je voulais être son copain.
J’ai dit que ça m’était égal» Page, 49. Et face à ce même Raymond Sintès, son voisin de
palier, Meursault peut dire sans crainte : «il l’avait battue jusqu’au sang ». Cet acte ne
signifiant rien à ses yeux est un trait de caractère de cet étranger. Voilà ce qu’il dit après
échange : « il m’a demandé si ça ne me dégoûtait pas et j’ai répondu que non» page, 48.
Egalement, il tue l’arabe pour une raison peu évidente : le reflet du soleil sur le couteau de
l’Arabe ; il ne ressent aucun regret suite à ce crime puisqu’il crible de cartouches le cadavre
de l’Arabe plus d’une fois. Ce comportement continue même en prison lorsque les anciens
prisonniers Arabes lui demandent le motif de son emprisonnement, il répond : « J’avais tué
un Arabe et ils sont restés silencieux», page, 114.
A cette vie absurde de Meursault peut se lire aussi son ennui de vivre. Le roman le
confirme au chapitre 1, pages 36-41 : «Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu et j’ai
erré dans l’appartement.(…) j’ai pensé que c’était toujours un dimanche férié, que maman
était enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n’y avait rien de
changé». De même, on peut lire ce propos de meursault : «A part ces ennuis, je n’étais pas
trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était de tuer le temps». Partie I,
chapitre 2, p.22. Sur le plan religieux, Vivant dans l’ennui, Meursault va recevoir la visite de
L’aumônier, un homme de Dieu, qu’il finira par rejeter.
A cela, le dialogue qui s’engage avec l’aumônier est un débat pied à pied, où chaque
argument est refusé par Meursault. Pour lui, la question de Dieu n’existe pas, puisque le
sujet ne l’intéresse pas. Résolument incroyant, résolument «attaché à cette terre », page, 181,
sûr d’une mort entière, définitivement seul, Meursault éclate de colère au «Je prierai pour
vous », page, 182, de l’aumônier. Cette colère balaie d’un souffle les incertitudes, les choix,
les espoirs. L’aumônier tente de le réconforter en disant : « Dieu vous aiderait alors, a-t-il
remarqué. Tous ceux que j’ai connus dans votre cas se retournaient vers lui». Le héros
continuait à rejeter cette option de Dieu, et à regarder les choses à sa manière. De surcroît,
ces réponses rendaient l’aumônier triste c’est-à-dire que ses ‘’yeux pleins de larmes’’, page,
184, sont sa seule réponse. Meursault retrouve alors le seul accord qui vaille, dans «la tendre
indifférence du monde », page, 186. Sans doute est-ce de cette fierté que naît le vœu qui
clôt le livre c’est-à-dire mourir pour ne rencontrer sur son chemin l’absurdité de la vie. Sur le
plan de l’incommunicabilité,
L’incommunicabilité est effectivement une caractéristique de la vie absurde. Elle est
apparente dans les rapports entre Meursault et sa mère. Le narrateur qui n’est autre
Meursault affirme : «D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle c’est-à-dire maman
n’avait rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule », page, 75. De même qu’avec Marie,
lorsque Meursault sera en prison. Voici ce qui est écrit : «Déjà collée contre la grille, Marie
me souriait de toutes ses forces. Je l’ai trouvée très belle, mais je n’ai pas su le lui dire. (…).
Elle a crié de nouveau : «Tu sortiras et on se mariera ! ». J’ai répondu : «Tu crois ? » « Mais
c’était surtout pour dire quelque chose », chapitre, 2, pages 116-117. Il en va de même
qu’avec le président du tribunal lors de son procès : «Le président a répondu (…) qu’il serait
heureux (…) de faire préciser les motifs de mon acte. J’ai dit rapidement, en mêlant un peu
les mots et en me rendant compte de mon ridicule, dans la salle », chapitre, 4, page, 158. Sur
le plan de la justice, Meursault est un spectateur de son procès. On le juge pour meurtre.
Mais voici la première impression qu’il nous livre à son arrivée : «(…) tout remue-ménage
qui m’a fait penser à ces fêtes du quartier (…) », page, 128. On lui demande s’il a le trac :
«j’ai répondu que non », page, 128. On est en droit de penser que Meursault se désintéresse
64
du procès. Meursault n’est pas aux assises. Il se sent «de trop, un peu comme intrus», page,
130.
Mais, il n’est pas absent, il est au contraire spectateur de ce théâtre judiciaire qu’est son
procès, voici ce qu’il dit : «(…) cela m’intéressait de voir un procès », page, 128. Bref, le procès
l’intéressait lorsqu’il voyait comment le juge, l’avocat et le procureur débattaient sur sa
situation. Par ailleurs, l’absurde peut se lire à travers le couple Salamano et son chien. Sur
ce, écoutons Camus en souligner la monotonie : «deux fois par jour », «depuis huit ans»,
«c’est ainsi tous les jours », « il y a huit ans que ça dure ».
65
et qui viennent d’apprendre l’assassinat de l’un des leurs. En condamnant Meursault sur un
autre fait que l’homicide de l’Arabe, la justice renforce ce sentiment de banalité de la mort.
Il est tout a fait absurde que l’on admette la raison évoquée par Meursault la présente en
ces termes « …j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français ».
Cette phrase renvoie à la peine capitale. Donc Meursault doit être tué pour meurtre
commis sur l’Arabe.
66
porte sur l’assassinat de l’Arabe, elle va finalement porter sur l’abandon de sa mère, le refus
de pleurer lors du décès de sa mère…
Dans L’Etranger, Camus veut dénoncer l’amalgame (confusion) judiciaire. On ne peut
qu’être frappé par l’étrangeté (singularité, anomalie) de ce justiciable placé
paradoxalement face à une justice qui ne parle pas de lui, mais qui va le tuer. Meursault
personnage solitaire La solitude comportementale ou communicationnelle,
Dans L’Etranger, la solitude s’exprime à travers l’attitude de Meursault. Celui-ci refuse
délibérément de communiquer, de dialoguer avec autrui. Dans le bus, par exemple, où les
gens enclenchent de façon naturelle des conversations sur divers sujets, Meursault veut
garder un mutisme dont lui seul maitrise les motifs, « j’étais tassé contre un militaire qui m’a
souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit ‘’oui’’ pour n’avoir plus à parler »
(p.10). La solitude de Meursault envers les autres personnages, De même, Meursault
entreprend ne plus déjeuner chez Céleste pour se soustraire d’un éventuel questionnement
sur le déroulement des funérailles de sa mère. Il brise ainsi toute possibilité de
communication et de contact dès lors qu’il prend tous ses repas chez Céleste. Ce restaurant
qui se présente comme un espace de contact, de frottement, de dialogue devient, pour
Meursault, un espace où la solitude se brise : « je ne voulais pas déjeuner chez Céleste
comme d’habitude parce que certainement, ils m’auraient posé des questions et je n’aime
pas cela ».
Dans cette même perspective, il sied de noter que Meursault trouve fastidieux son
entretien avec le Directeur de l’Asile. Il va très rapidement s’installer dans la petite morgue,
sans aucune conviction précise. Dans cette morgue, Meursault semble être absent tout en y
étant. Plongé dans une profonde réflexion, il jette à peine un regard fugitif sur les assistants.
La solitude des personnages proches de Meursault, La solitude se traduit également à
travers les personnages très proches de Meursault. Salamano ne vit qu’avec son chien,
Raymond Sintès vit seul dans « sa petite chambre ». Meursault vit également seul.
L’isolement de tous ces personnages imprime à l’œuvre un sentiment de parfaite solitude.
Camus place ses personnages dans la solitude pour que ceux-ci assument probablement
seul leur destin. On comprend dès lors que l’homme doit forger seul son avenir, réaliser et
garantir sa propre existence. Cette démarche solitaire semble répondre à l’existentialisme
sartrien qui stipule que l’homme doit lui-même tracé le chemin à parcourir pour mieux se
réaliser. La solitude expression de réalisation du crime ou de la mort,
Par ailleurs, il va s’en dire que le crime se réalise dans des circonstances tout à fait
particulières de solitude. Les arabes étaient à deux lors de la première rencontre ou
séquence de la bagarre ; curieusement un seul revient, on ne sait pas trop pourquoi, à la
plage. De même, après avoir accompagné Masson et Raymond Sintès blessé au cabanon,
Meursault repart discrètement en solitaire à la plage. Fait de hasard ou jeu de destin, les
deux protagonistes veulent s’abriter à la source (situé non loin de la plage) pour se
soustraire de la cruauté du soleil. Et là Meursault tire sur l’arabe « je pensais à la source
fraiche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le
soleil (…) envie enfin de retrouver l’ombre et le repos.
Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu que le type de Raymond était venu (…) pour moi,
c’était une affaire finie et j’étais venu là sans y penser. La gâchette a cédé, j’ai touché le
ventre poli… » (pp.60-61-62) La solitude lors du procès, Le déroulement du procès offre
aussi la possibilité de lire la solitude.
En effet, Meursault refuse de recevoir l’aumônier et de discuter avec son avocat.
Indifférent aux plaidoiries de son avocat, Meursault préfère se défendre seul. Toutefois,
l’incarcération le plonge dans une solitude irréversible car l’univers carcéral l’éloigne
parfaitement des siens, de sa société. De la solitude souhaitée, Meursault entre, par le
truchement du crime, dans une solitude que lui impose la société. Comme on peut le lire
dans ses propos : « on m’a isolé dans une cellule où je couchais sur un bat-flanc de bois.
J’avais un baquet d’aisances et une cuvette en fer ». (p.74).
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VIII- MEURSAULT : PERSONNAGE A LA FOIS MODELE ET SOLIDAIRE
Le héros du roman L’Étranger de CAMUS demeure modèle en véhiculant des valeurs.
D’abord, Meursault est généreux du fait qu’il est attentif et soucieux aux difficultés des
autres. Exemple : Il accueillera amicalement Salamano qui, après avoir perdu son chien, se
rendra auprès de lui : « Sur le pas de ma porte, j’ai trouvé le vieux Salamano. Je l’ai fait
entrer et il m’a appris que son chien était perdu ». Ensuite, le personnage principal de ce
roman est solidaire car il aime la compagnie de son entourage. D’ailleurs, il a des amis.
Exemple : Meursault aime la compagnie de Marie Cardona, de Céleste, de Raymond Sintès
et des autres. Il est disponible pour aider Raymond à rédiger la lettre. Il a tué l’Arabe du
fait qu’il voulait se protéger et surtout protéger son ami Raymond. Enfin, Meursault aime
souvent dire la vérité ; il n’est pas hypocrite. Exemple : Quand son patron lui propose d’aller
à Paris, il lui dira tout simplement que « Paris est sale » ; il avouera même son crime
devant le procureur. Ainsi, Toutefois, à la fin de l’œuvre, Meursault tente de briser cette
solitude, en souhaitant « qu’il y ait beaucoup de spectateur le jour de « son » exécution et
qu’ « ils » l’accueillent avec des cris de « haine ». (p.122).Meursault comprend ici que la
solitude est une expérience à ne pas encourager. Son appel à une assistance traduit non
seulement le sentiment d’absurdité mais souligne aussi le fait que l’homme ne peut se
réaliser pleinement sans les autres. Chacun a besoin de l’autre pour mieux gérer son destin.
Ainsi « l’homme n’est rien sans les autres » pouvons-nous lire dans Sous l’orage de Seydou
BADIAN
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L’ABSURDE
Ce thème dans le roman tourne autour de Meursault car il est le personnage principal,
le narrateur, le témoin privilégié de l’histoire portant sur l’absurdité de la vie. Donc chapitre
après chapitre se dessine l’absurde dans L’Etranger. Cette œuvre présente une double direction
: le premier est que Meursault est un homme qui vivait d’abord dans l’absurde dans la
première partie. Peu après il accède dans la deuxième partie à la prise de conscience et à la
révolte qui lui fait refuser l’existence d’un Être suprême, Dieu. Après la révolte vient la période
du sérieux surtout dans le dernier chapitre. En résumé, la mort de Meursault devient une
libération ‘’la mort heureuse’’. Après voir analyser l’absurde dans le roman, nous allons
maintenant étudier ses manifestations dans l’œuvre et surtout dans la vie de Meursault qui
constitue la sève nourricière ou la base de notre travail.
Elle se manifeste de la manière suivante dans le roman L’Etranger d’Albert CAMUS :
Sur le plan sentimental :
L’absurde sur ce point se justifie par l’insensibilité ou l’indifférence de Meursault au
mariage à la proposition de mariages faits par Marie Cardona, une ancienne dactylo de
son bureau qu’il retrouve par hasard. Cette insensibilité est claire et nette lorsque Marie lui
demande s’il veut l’épouser. Sa réaction ne s’est pas attendre, voici ce qu’il répond : «Que
cela m’était égal ». Cette réponse donnée par Meursault nous amène à comprendre que
pour lui, l’amour n’a pas de sens, on ne change pas de vie d’avenir. Et pourtant c’est une
femme qui l’attirait, réveillait toutes ses sensations, prouesses sexuelles puisqu’ils se sont
baignés ensemble tout en faisant des jeux dans l’eau qui finiront par se transforment en
jeux d’amour ou pornographique, vont même passer une nuit agitée ensemble après avoir
regardé un film de Fernandel.
69
de caractère de cet étranger. Voilà ce qu’il dit après échange : « il m’a demandé si ça ne
me dégoûtait pas et j’ai répondu que non» page, 48. Egalement, il tue l’arabe pour une
raison peu évidente : le reflet du soleil sur le couteau de l’Arabe ; il ne ressent aucun regret
suite à ce crime puisqu’il crible de cartouches le cadavre de l’Arabe plus d’une fois. Ce
comportement continue même en prison lorsque les anciens prisonniers Arabes lui
demandent le motif de son emprisonnement, il répond : « J’avais tué un Arabe et ils sont
restés silencieux», page, 114. A cette vie absurde de Meursault peut se lire aussi son ennui de
vivre. Le roman le confirme au chapitre 1, pages 36-41 : «Après le déjeuner, je me suis
ennuyé un peu et j’ai erré dans l’appartement. (…) j’ai pensé que c’était toujours un
dimanche férié, que maman était enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que,
somme toute, il n’y avait rien de changé». De même, on peut lire ce propos de meursault :
«A part ces ennuis, je n’étais pas trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était
de tuer le temps». Partie I, chapitre 2, p.22.
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l’intéressait lorsqu’il voyait comment le juge, l’avocat et le procureur débattaient sur sa
situation. Par ailleurs, l’absurde peut se lire à travers le couple Salamano et son chien. Sur
ce, écoutons Camus en souligner la monotonie : «deux fois par jour », «depuis huit ans»,
«c’est ainsi tous les jours », « il y a huit ans que ça dure ».
2- L’indifférence :
L’indifférence, selon le Dictionnaire encyclopédique de la langue française,
est un état tranquille d’une personne qui désire ou ne repousse une chose. C’est aussi
l’insensibilité ou la froideur ayant une chose qui n’a pas d’importance.
Après la lecture du roman, on peut dire que l’indifférence dans L’Etranger est une attitude
insensible du personnage principal devant certaines réalités ou certains faits. En effet, le
roman de Camus est caractérisé par une indifférence totale. Cette indifférence se manifeste
dans l’amour, la mort, justice et dans s’autres contextes.
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contrairement à l’animal qui développe des moyens spécifiques pour se protéger contre les
dangers de mort.
La mort et l’œuvre
L’Etranger est particulier marqué par la mort. D’ores et déjà, il convient de signaler
que sur le plan formel, l’œuvre adopte une structure sous-tendue par la mort : le récit
s’ouvre par la mort de la mère de Meursault à l’asile de Marengo ; la première partie du
roman s’achève par la mort de l’Arabe et le livre se ferme sur la mort probable de
Meursault, à la guillotine. Ainsi, il s’affiche dans l’œuvre trois types de mort : la mort
naturelle, la mort criminelle, la mort inhérente à la sentence de la justice.
La mort naturelle
La mort naturelle c’est-à-dire celle de la mère de Meursault est annoncée par le
narrateur dès l’incipit « Aujourd’hui, maman est morte » (p.7). Cette phrase annonce la fin
d’une existence. La maman de Meursault connait une mort naturelle à la sénescence. Elle
est vieille. Toutefois, Meursault pense que «cela ne veut rien dire » (p.7). A travers cette
réaction, se profile en filigrane la conception que Meursault a de ce phénomène. En effet, il
trouve normale la mort de sa mère, car toute existence est appelée à s’arrêter un jour.
L’homme nait, grandi, vieillit et meurt. Aucun homme ne jouit d’une éternité sur terre. C’est
pourquoi Meursault ne traduit aucun sentiment de chagrin, de tristesse. Il n’est nullement
ébranlé par cette douloureuse épreuve qu’il supporte avec courage, bravoure. La preuve
est qu’il ne comprend pas pourquoi les gens doivent pleurer un mort : « La femme pleurait
toujours. J’étais étonné parce que je ne la connaissais pas. J’aurais voulu ne plus l’entendre.
Pourtant je n’osais pas le lui dire. » (p.16). Au-delà d’un simple dérangement, Meursault
veut insister d’abord sur le caractère implacable de la mort, ensuite sur l’inutilité de
tergiverser quand la mort arrive. Ainsi, tout homme doit se résigner à cette fatalité dans la
méditation, le recueillement. Ce sentiment de profonde méditation se traduit dans l’œuvre
à travers le courage (stoïcisme) de Meursault.
La mort criminelle
Elle se caractérise dans L’Etranger par le meurtre de l’Arabe. En effet, Meursault tue
un arabe, à la plage, qui n’avait apparemment aucun antécédent avec lui. C’est donc sans
raison qu’il pose cet acte délictueux. Au départ de l’action, il sied de préciser que c’est lui
qui empêche la première catastrophe en retirant le revolver de Raymond.
Malheureusement, il se trouve être l’exécuteur sans raison de l’homicide.
72
La mort expression de l’indignation de Meursault
En souhaitant que les gens assistent à sa pendaison, mort, Meursault exprime ainsi
son indignation (colère, fureur, révolte, scandale) face à une justice qui supprime
injustement la vie. Toutefois, comme à la mort de sa mère, Meursault ne laisse transparaitre
aucun sentiment d’angoisse, de tristesse, de panique devant cette sentence annoncée, qui
n’est qu’autre la mort. On a l’impression que pour lui la mort est une libération, un moment
de bonheur, « une mort heureuse », « devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je
m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à
moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore » (p.122).
Le mensonge de la justice
L’univers de la loi judiciaire n’est qu’un mensonge. Lorsque Meursault se met en
contact avec son avocat, ce dernier lui indique qu’il s’agit d’une affaire délicate qui exige
une collaboration étroite entre défenseur et accusé. Il n’est pas question pour lui de
reconstituer la vérité, mais, au contraire de créer une apparente cohérence entre les
éléments retenus par l’instruction, fût-ce au prix du mensonge. L’avocat d’ailleurs en
formule l’exigence : « sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. Tous
les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. Ici, l’avocat
m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de ne pas dire cela à l’audience »
(p.102). Camus veut nous révéler qu’un procès s’organise autour d’une réalité émaillée de
vérités mauvaises à dire. Pire, l’avocat lui demande l’autorisation de mentir : « il m’a
demandé s’il pouvait dire que ce jour-là, j’avais dominé mes sentiments naturels, « non,
parce que c’est faux ». Il m’a regardé d’une façon bizarre, comme si je lui inspirais un peu
de dégoût. Il m’a dit presque méchamment (..) que cela pouvait jouer un très sale tour »
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(p.103). Ainsi, la justice, fondée sur le mensonge et la dissimulation, ne saurait faire éclater
la vérité.
La comédie à l’instruction
L’instruction judiciaire est aussi un lieu de comédie. A propos du juge d’instruction,
voici la remarque que Meursault fait à son endroit : « au début, je ne l’ai pas pris au sérieux
» (p.100). Il y a comme une mise en scène qui établit les rapports sur un mode théâtral et
factice (imité, affecté) : « il avait sur son bureau une lampe qui éclairait le fauteuil où il
m’a fait asseoir pendant que lui-même restait dans l’ombre. J’avais déjà lu une description
semblable dans les livres et cela m’a paru un jeu » (p.100). C’est un jeu, cependant, où
Meursault a pour rôle celui du criminel, rôle qu’il assure très mal d’ailleurs.
La comédie à l’entretien
Au deuxième entretien ou à la deuxième conversation, audience, le juge
d’instruction passe à une scène. A la page 105, un parole incongru tort (porte atteinte à)
cette procédure judiciaire. 3après un silence, il s’est levé et m’a dit qu’il voulait m’aider que
je l’intéressais et qu’avec l’aide de Dieu, il ferait quelque chose pour moi ».
Ensuite son exaltation croit et la confusion est totale lorsqu’avec un geste théâtral de
prêtre illuminé, il brandit devant Meursault un crucifix d’argent (p.106). L’interrogatoire
donne une autre coloration. L’homme de la justice se transforme en un homme religieux.
Autrement dit, le juge devient rédempteur et se mue en fin de compte confesseur : « j’ai à
peu près compris qu’à son avis il n’y avait qu’un point obscur dans ma confusion ». L’accusé
devient pécheur qui doit se repentir pour le salut de son âme : « …aucun homme n’était
assez coupable pour que Dieu ne lui pardonnât pas, mais (…) il fallait pour cela que
l’homme par son repentir devint un enfant (p.107). On remarque au cours de cette scène
qu’l y a alternance entre la prêche et les préoccupations de Meursault. Cela provoque une
bouffonnerie.
B- La satire de la justice
La plaidoirie
La satire de la justice peut se lire à travers la plaidoirie de l’avocat. En premier lieu,
le regard de Meursault, nous découvrons une comédie sociale principalement dans la
seconde partie du roman, chapitre IV (P.p.158, 161) : « L’après-midi, les grands ventilateurs
brassaient toujours l’air épais de la salle, et les petits éventails multicolores des jurés
s’agitaient tous dans le même sens ». Cette phrase dévalorise la scène : les jurés sont
rapprochés ironiquement avec les ventilateurs, avec l’opposition « grands » et « petits ». Les
éventails nous donnent une impression d’automatisme des jurés : «s’agitaient tous dans le
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même sens » et aussi l’idée que les jurés forment un groupe homogène ayant le même
point de vue. L’ironie est une arme ou un moyen efficace pour tourner en ridicule et
dénoncer le scandale ou un comportement. De plus, on a l’impression que leur bien-être
l’emporte sur la gravité de la situation, ils ont une attitude critique sur l’accusé : ils
représentent la société. « Brassaient…l’air » : on a l’impression que cela est superficiel et que
c’est un peu du vent, que c’est une comédie. Ceci est également apparent dans le sens où
ceci intéresse assez peu Meursault et apparait aussi dans l’attitude des collègues de son
avocat à la fin de la plaidoirie. Ils répondent à un rituel et disent des paroles convenues qui
virent dans la caricature et cela à quelque chose de cruel pour Meursault que de lui
demander son impression sur les discours de son avocat : on s’adresse à lui sans retenue
comme s’il n’était pas concerné par le jugement : « …ses collègues sont venus vers lui pour
lui serrer la main ». J’ai entendu : « Magnifique mon cher ». L’un deux m’a même pris à
témoin, « hein ? M’a-t-il dit. J’ai acquiescé, mais mon compliment n’était pas sincère… »
La solitude existentielle
Par ailleurs, en définissant la solitude existentielle, Gaston Berger conclut que la
solitude renvoie à cette impossibilité de compatir véritablement avec l’autre. Il déclare à ce
sujet que « quand mon ami souffre, je puis sans doute l’aider par des gestes efficaces, je
peux le réconforter par mes paroles, essayé de compenser par la douceur de ma tendresse
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la douleur qui la déchire. Celle-ci pourtant me demeure toujours extérieure. Son épreuve
lui reste strictement personnelle ». (pp.88-89)
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que le type de Raymond était venu (…) pour moi, c’était une affaire finie et j’étais venu là
sans y penser. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli… » (pp.60-61-62)
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DISSERTATION SUR L’ETRANGER DE CAMUS
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En conclusion, le personnage-narrateur du roman L’Étranger est ambivalent. D’une part,
il est positif car il véhicule des vertus ; mais d’autre part, il est vicieux parce qu’il fait preuve
des comportements négatifs. Ce qui est sûr c’est que Meursault n’est pas davantage « un
exemple à suivre », cependant il représente un type de comportement possible devant le
silence du monde, devant les situations hostiles de la vie. Du moins, il nous permet de
réfléchir profondément sur la vie de l’homme et sur les lois sociales : Meursault peut se
retrouver en chacun de nous.
Sujet n°3 : Après avoir lu et étudié le roman L’Etranger d’Albert CAMUS, il a été constaté
que : « Le personnage étrange de Meursault est marqué par une immense indifférence à
l’égard de la mort, l’amour, les valeurs sociales et la justice ». Expliquez ce constat en vous
référant à votre lecture et votre exposé de l’œuvre.
I- Analyse du sujet
1- Explication des mots clés :
Immense : grande
Indifférence : insensibilité, la froideur devant une chose qui n’a pas d’importance.
Valeurs sociales : règles de la société, de bienséance.
2- Reformulation : Meursault est insensible à plusieurs réalités, à plusieurs niveaux.
3- Thème : L’indifférence
4- Problème posé : Les caractéristiques de l’indifférence de Meursault
5- Problématique : Comment Meursault manifeste-t-il son indifférence dans le roman
L’Etranger de CAMUS ?
I- Plan détaillé
1-Thèse : L’indifférence de Meursault se manifeste à plusieurs niveaux.
Arg1 : D’abord, Meursault reste insensible à la mort.
Ex1 : il n’exprime aucun remord à la mort de sa mère, de l’Arabe et même à son
imminente mort.
Arg2 : Ensuite, il n’accorde pas assez de valeur à l’amour surtout au mariage.
Ex2 : Lorsque Marie lui propose le mariage, Meursault lui répond sèchement et
indifféremment en répétant : « Cela m’est égal ».
Arg3 : Par ailleurs, il ignore les règles de la société.
Ex3 : Ce personnage n’a pas la maitrise des conventions sociales : il dort souvent, encourage
la violence, le mensonge, la paresse.
Arg4 : Enfin, il rejette même les lois de l’institution judiciaire.
Ex4 : Il regarde avec dédain son procès, dénigre son avocat et rejette la proposition du juge
d’instruction.
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ETUDE CRITIQUE DU ROMAN L’ANTE-PEUPLE DE SONY LABOU TANSI
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