Le Francais en Premieres A C D

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENET PRIMAIRE, REPUBLIQUE DU CONGO

SECONDAIRE ET DE L’ALPHABETISATION Unité* Travail* Progrès


**************************
CABINET
****
INSPECTION GENERALE DE L’ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE
SECONDAIRE ET DE L’ALPHABETISATION
******************
DEPARTEMENT DE FRANCAIS

LE FRANÇAIS EN
PREMIERES A, C, D
Sous la direction de David BOKE, Inspecteur Général de l’Enseignement
Primaire, Secondaire et de l’Alphabétisation.
 Ferdinand NKOUNGA, Inspecteur Divisionnaire,
chargé des activités pédagogiques ;
 Joseph MISSAMOU, Inspecteur Itinérant ;
 Guy Victor OBA, Inspecteur Itinérant ;
 Dominique MAKAYI, Inspecteur Itinérant ;
 Gilbert Adolphe MOKONO, Inspecteur Itinérant ;
 Michel GAYIDO, Inspecteur Itinérant ;
 Rosalie LOULENDO, Inspectrice Itinérante ;
 Jean Martin MABIALA, Inspecteur Itinérant.
Avant-propos
Ce fascicule destiné aux élèves des classes Premières A, C et D des lycées de l’enseignement
général rassemble une gamme d’activités extrêmement variées que l’enseignant de
Français pourra inscrire dans les séquences enseignement/apprentissage de son choix en
fonction des objets d’apprentissage et sa progression didactique. C’est un carrefour
méthodologique et notionnel qui a pour ambition de couvrir ensemble des savoirs et des
savoir-faire mis en œuvre dans le programme officiel.
En somme, nous avons voulu offrir à l’élève de la classe Terminale en difficulté un outil qui
lui permette de reprendre confiance, et à l’élève le plus avancé dans ses apprentissages, une
possibilité de se perfectionner. Quel que soit son niveau, l’élève pourra trouver les références
dont il a besoin pour consolider ses connaissances, améliorer ses savoir-faire, développer sa
pratique de l’écriture littéraire.
Les auteurs
LITTÉRATURE NÉGRO-AFRICAINE : LE ROMAN

La littérature négro-africaine désigne l’ensemble des œuvres littéraires produites par les
Africains. Celle-ci concerne un espace géographique multilinguistique.
Il s’agit des Africains vivant en Afrique et ceux de la diaspora. On compte dans la
littérature négro-africaine les écrivains francophones, anglophones, lusophones qui se sont
illustrés dans les différents genres littéraires.

Le roman négro-africain
Si le roman français s’est affirmé manifestement au XIXe siècle, il importe de noter que le
roman négro-africain d’expression française n’a commencé d’exister qu’au XXe siècle avec la
parution du roman Batouala (1921) de René Maran. Ainsi, avec l’émancipation des pays
d’Afrique noire, plusieurs romanciers vont faire leur entrée en littérature et le roman négro-
africain d’expression française va s’engager sur plusieurs axes.

1. Le roman de contestation
Il s’agit des romans qui expriment le malaise ou la colère des hommes noirs, victimes
d’une exploitation sans merci. Comme exemple, les romans Les Bouts de bois de Dieu (1960)
de Sembène Ousmane, où l’auteur parle de la grève des cheminots Dakar-Niger pour
dénoncer un certain nombre de maux perpétrés par l’administration coloniale : le racisme,
les arrestations arbitraires, la corruption des chefs du village, la répression violente. Dans
Ville cruelle (1980), Mission terminée (1957), tous deux de Mongo Béti, l’auteur témoigne du
drame qu’a été la colonisation pour des générations des hommes et femmes en Afrique
noire.

2. Le roman historique
Il s’agit des romans à caractère épique, consacrés essentiellement au culte des héros qui
ont marqué d’une manière ou d’une autre l’histoire de l’Afrique. Tel est le cas de Crépuscule
des temps anciens de Nazi Boni (1962).

3. Le roman de formation

Il présente et traduit dans l’univers littéraire négro-africain le drame des personnages


principaux dans la plupart des œuvres. En effet, formés dans les écoles traditionnelles
africaines et par la suite dans les écoles occidentales, leur existence se termine toujours de
façon malheureuse car ils ne parviennent pas à concilier les deux types d’éduations.
Exemple : L’Enfant noir de Camara Laye (1953), L’Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou
Kane (1961)
4. Le roman de désenchantement

Le désenchantement, c’est la désillusion, la véritable déception des Africains après les


indépendances. Cette déception, causée par la gestion chaotique des États, a amené les
romanciers à dresser une satire sévère à l’endroit des gestionnaires de la cité. Exemples : Les
Soleils des indépendances (Amadou Kourouma, 1968), Le Mandat (Sembene Ousmane,
1968), Le Cercle des tropiques (Alioum Fantouré, 1972). Toutes ces œuvres critiquent la
dictature imposée au peuple africain.
Par ailleurs, si le roman de désenchantement a été une caractéristique forte du roman
négro-africain, il importe de signaler que le roman congolais a également fait écho aussi
bien au niveau national qu’international. Ce genre a vu le jour en 1953 avec la publication
de Cœur d’Aryenne de Jean Malonga, qui a consacré son espace pendant un moment à la
dénonciation véhémente de la race aryenne, celle qui se dit pure et supérieure aux autres
races qu’elle cherche à écraser, à oppresser. Par rapport au contexte du roman, cette race
est la race blanche, qui, historiquement parlant, est égocentrique et a civilisé la race noire,
d’où la colonisation. À cela s’ajoute la satire de la mauvaise gestion du pouvoir en Afrique
post-indépendante et des mœurs. D’où des titres aussi significatifs ou explicites que Les
Exilés de la forêtt vierge (Jean-Pierre Makouta-Mboukou, 1974), L’État honteux (1982),
L’Anté-Peuple (1983), La Vie et demie (1979) de Sony Labou Tansi, Tribaliques (1971)
d’Henri Lopes, Chroniques Congolaises (1974) de Jean-Baptiste Tati Loutard, Verre Cassé
(2005) et Black Bazar (2006) d’Alain Mabanckou, Johnny Chien méchant (2002)
d’Emmanuel Dongala Boudzeki, Sur la braise (1997) d’Henri Djombo. La liste n’est pas
exhaustive. C’est d’ailleurs dans cette même perspective du roman de désillusion que
s’inscrit Le Pleurer-Rire (1982) d’Henri Lopes, objet d’étude de la terminale.

EXERCICE
Rapprocher les titres des ouvrages de la colonne de gauche à leurs auteurs de la colonne de
droite.
L’Anté-peuple Henri Lopes
Black Bazar A. Fantouré
Le Cercle des Tropiques SonyLabou Tansi
Les Soleils des indépendances H. Djombo
Le Pleurer-Rire A. Kourouma
FONCTIONS DE LA LITTÉRATURE
Il n’est guère aisé de définir avec exactitude le mot littérature au regard des différentes
connotations que le concept a pris dans l’histoire. Tout au moins une certaine opinion, à la
limite erronée, assimile la littrature à un discours banal, non cohérent. C’est d’ailleurs dans
ce contexte que Voltaire affirmait : « Ce mot est un de ces thèmes vagues si fréquents dans
toutes les langues ». Au-delà de cette approche péjorative, la littérature est un mode
d’expression et d’extériorisation du moi-artiste pour peindre son environnement et pour
communiquer avec autrui.
Parler des fonctions de la littérature revient à évoquer les différents rôles que les écrits des
auteurs peuvent jouer dans la société. Ainsi distinguons-nous essentiellement :
1. L’engagement: Du verbe «s’engager » qui veut dire s’investir, l’engagement, de
manière générale, s’oppose à la résignation. Il s’agit donc des écrits des auteurs qui
condamnent avec force les comportements déviants qui se développent dans la société
comme la corruption, la dictature, la dépravation des mœurs, la mauvaise gestion, les
injustices sociales, la prostitution… Avec la littérature de dénonciation, les mots de l’écrivain
sont comme une arme lancée contre les vices sociaux dans le but d’atténuer et d’accéder à
une société meilleure. Reconnaissant cette valeur, Victor Hugo compare l’écrivain à un
messie qui vient pour délivrer son peuple des ennuis de toutes sortes.

2. Le divertissement: Encore appelé délassement, il est un aspect fondamental en


littérature. En effet, les écrivains, dans leurs œuvres, font intervenir des séquences comiques
destinées à faire rire les destinataires. Entre autres indices du comique, nous avons les
comiques de mots, de gestes, de caractères et de situations.

3. La conscientisation : Dans le souci d’éduquer la société, les écrivains, dans leurs


œuvres, s’emploient à mettre en relief des faits porteurs de leçons de morale. À ce titre, la
littérature s’identifie à un creuset de valeurs morales. À cet effet, on peut penser aux Fables
de La Fontaine qui recourent à des animaux pour interpeller et éduquer le lecteur.

4. L’évasion : Cette littérature permet au lecteur de voyager dans un monde


imaginaire. Elle plonge donc le lecteur dans un monde fictif, merveilleux, fantastique. Cet
univers à l’allure paradisiaque déconnecte les lecteurs de la vie réelle avec ses exigences.
C’est d’ailleurs ce que Baudelaire appelle « paradis artificiel ».

5. La portée culturelle : L’œuvre littéraire est l’expression d’une civilisation donnée


tant il est vrai qu’elle décrit les valeurs, les traditions, les us et coutumes, les rites et les
religions. La lecture d’une œuvre littéraire permet au lecteur de s’approprier cette richesse
culturelle sans pourtant avoir effectué un voyage.

6. L’esthétique ou le beau : Pour des


écrivains comme Théophile Gautier, la mission fondamentale de la littérature est de créer
« le beau, rien que le beau ». L’écrivain devrait donc faire fi des questions morales et
sociales pour ne s’atteler qu’au perfectionnement de son style. Abondant dans ce sens,
Théophile Gautier, dans la préface de Mademoiselle Maupin, écrit qu’« il n’y a de vraiment
beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid ». Cette quête de la
beauté dans la littérature est encore appelée « l’art pour l’art ».
N.B. : Les fonctions de la littérature sont les mêmes pour le roman, le théâtre et la
poésie.
En résumé, la littérature, de par ses multiples fonctions attractives, constitue un canal de
lutte, de moralisation, de culture, de détente, d’évasion, de recherche du beau. Elle a donc
une grande portée sociale.
EXERCICE
Voici un texte à trous. Complétez-le avec les mots suivants : l’engagement, culturelle, beau,
divertissant, s’évader, conscientiser.
Le métier d’écrivain, comme tout autre, s’est donné un véritable champ d’action, celui
relatif à …… 1…… dans le but de rendre la liberté à la société tout en la …… 2…… . Ses écrits
doivent …… 3…… la société et promouvoir la richesse …… 4…… au travers du ……5……sans
oublier l’une de ses missions fondamentales qui est celle de……6…… .
DISSERTATION LITTÉRAIRE

Une dissertation est un discours sur une question littéraire en vue d’une résolution. C’est
une réaction personnelle sur un problème donné, formulée avec rigueur et clarté.

I – Le sujet de la dissertation et la problématique proposée


Le sujet pose un problème littéraire. Il se présente sous forme d’affirmations, de
questions ou de citations.

II – Les différentes parties de la dissertation


C’est un développement argumentatif en plusieurs parties : l’introduction, le
développement et la conclusion.

1 – L’introduction : Elle se présente en un seul paragraphe et comprend les éléments


suivants : présentation littéraire du sujet, reprise du libellé du sujet (ou de la citation) s’il est
court ou reformulation de celui-ci s’il est trop long, formulation de la problématique et
annonce du plan.
N.B. : Pour mieux rédiger une introduction, il est nécessaire d’analyser le libellé du
sujet, de donner le sens des mots-clés, de dégager le thème et le problème posé, de
reformuler le sujet et de formuler la problématique.

2- La rédaction du développement :

Le problème du plan se pose ici. Il n’y a pas de plan passe-partout dans le domaine de la
dissertation. Chaque sujet fait appel à l’un des six types de plans selon la consigne.
Un développement est une suite de paragraphes groupés en deux ou trois grandes
parties ; chacune correspond à l’une des grandes divisions du plan.
Chaque paragraphe est centré sur une idée principale et une seule. Un paragraphe ne
doit être ni trop court ni trop long. Un paragraphe est l’énoncé d’une idée ; son
développement doit se faire avec des exemples purement littéraires qui donnent de la
valeur à l’argumentation (entre l’idée et les exemples, il doit exister un rapport).
Le passage d’une partie à une autre doit être relié par une transition. Il est toujours
possible d’insérer des citations littéraires ou d’ordre général dans le développement pour
mieux enrichir le devoir.

3- La rédaction de la conclusion

La conclusion doit apporter une réponse d’ensemble qui marque l’aboutissement de la


réflexion. Elle fixe ainsi clairement la position personnelle à l’égard du problème abordé.
Elle est à la fois une synthèse et parfois un élargissement du sujet.

EXERCICES
I- Voici un sujet de dissertation suivi d’un plan avec des idées en désordre ; mettez-le
en ordre en fonction des lettres alphabétiques.
II-
Définissant l’objet de la littérature, Jean d’Ormesson affirme : « Je crois qu’il y a des
livres parce qu’il y a du mal dans le monde et dans le cœur des hommes. » Discutez ces
propos à la lumière des œuvres littéraires que vous avez lues.

Idées-Arguments-Exemples-Transition
1. La littérature dénonce les maux et les vices des hommes dans le but d’améliorer la société.
2. La littérature remplit aussi d’autres fonctions.
3. D’abord, la littérature dévoile les différents fléaux de la société comme l’exploitation de
l’homme par l’homme. Zola dans Germinal, s’attaque à l’asservissement dont sont victimes
les ouvriers des mines. Il en est de même de Sembene Ousmane qui décrit avec amertume
la douleur des ouvriers cheminots dans Les Bouts de bois de Dieu.
4. En premier lieu, l’œuvre littéraire a une visée esthétique, vise le culte du beau car il est
avant tout un art. La richesse stylistique dont fait montre Camus dans L’Étranger en est
une parfaite illustration. Arthur RIMBAUD a également pu associer des couleurs à des
lettres dans son sonnet intitulé « Voyelles », ou bien dresser une allégorie de la poésie à
travers le récit de voyage d’un bateau dans « Le Bateau ivre ». À cet effet, Théophile
Gautier écrit : « Tout ce qui est utile est laid. »
5. Ensuite, elle stigmatise les comportements déviants des hommes. Tel est le cas de Tati-
Loutard dans Chroniques congolaises qui dénonce avec véhémence l’infidélité, la
prostitution, l’escroquerie. Beaumarchais critique l’inconduite du Comte, un homme marié,
qui brille par l’infidélité, la violence verbale, la jalousie dans Le Mariage de Figaro.
6. Par ailleurs, certaines œuvres mettent en valeur la fiction, le merveilleux ou le
fantastique. Jean Malonga ne déroge pas à la règle lorsqu’il peint dans son conte La
Légende de Mpfoumou Ma Mazono la traversée miraculeuse en courant de la rivière La
Madzia par l’héroïne Hakoula. De même, Luis ARAGON donne à sa passion pour Elsa
Triolet une dimension cosmique dans «Les Yeux d’Elsa », en associant la femme aimée aux
astres du ciel.
7. La littérature suscite enfin la prise de conscience des peuples, des lecteurs. Hugo véhicule
la philosophie du bon samaritain (rendre service à autrui de façon désintéressée) dans Les
Misérables à travers le personnage de Jean Valjean. David Diop dans son poème «défi à la
force » interpelle la conscience de l’homme Noir afin qu’il prenne en main son destin.
8. En dernier lieu, la littérature est une activité de distraction qui s’appuie sur différents
comiques dont celui des mots ou du langage. Le Pleurer-Rire de Lopes en est une parfaite
justification à travers la troncation de la langue par le président Bwakamabé : « Croyez
que ça va continuer comme ça ? Hein ? Zoubliez que maintenant c’est un Djabotama qui
commande » (P.64).
9. Certes, la littérature critique les maux et les comportements déviants des hommes ;
cependant, elle joue d’autres rôles car il est avant tout un art.
1. À partir du sujet proposé et de la réorganisation des idées, rédigez une introduction
et une conclusion normatives.
EXPLICATION DE TEXTE

L’explication de texte est un exercice littéraire (oral ou écrit) formulé à partir d’un texte.

1. Le but de l’explication de texte


Cet exercice consiste à montrer que l’on a saisi les éléments de base qui donnent un sens
au texte en tenant compte du fond et de la forme. Expliquer, c’est développer une idée,
justifier un argument, donner les éléments nécessaires pour saisir l’enchaînement des
événements dans un récit, ou encore éclaircir une allusion. L’explication de texte se présente
donc comme une visite guidée d’un site ou d’un monument.

II. Les étapes de l’exercice (méthodologie)


1. La présentation ou la situation du texte
On précise le nom de l’auteur, son époque, sa nationalité, le mouvement littéraire auquel
il appartient, l’ouvrage, la date de publication, le type de texte, le titre….
2. La lecture
Il s’agit de bien lire le texte pour mieux le comprendre (lire le texte de façon signifiante est
déjà une interprétation). À l’oral, cette étape est très importante, car elle permet de vérifier
que l’apprenant lit avec aisance.
3. L’étude détaillée (analyse du texte) :
L’explication de texte est une explication linéaire à partir du thème. Elle se fait au fil du
texte (suivre le mouvement du texte) en faisant attention au fond (les idées) et à la forme
(les indices d’énonciation, les figures de style, les éléments grammaticaux, la versification, les
champs lexicaux, les articulations logiques) et au sens des mots.
4. La conclusion
C’est une sorte de bilan qui fait la synthèse des remarques de l’étude détaillée. La
conclusion est une prise de position claire sur l’intérêt du texte; elle suggère aussi ce qui
pourrait encore donner lieu à une analyse et établit des liens avec d’autres textes.
EXERCICE
Lisez l’extrait ci- dessous puis répondez aux questions posées.
J'ai pensé que je n'avais qu'un demi-tour à faire et ce serait fini. Mais toute une plage
vibrante de soleil se pressait derrière moi. J'ai fait quelques pas vers la source. L'Arabe n'a
pas bougé. Malgré tout, il était encore assez loin [...]. La brûlure du soleil gagnait mes joues
et j'ai senti des gouttes de sueur s'amasser dans mes sourcils. Mais j'ai fait un pas, un seul pas
en avant. Et cette fois, sans se soulever, l'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le
soleil. […] La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui
m'atteignait au front. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je
ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive
éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et
fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle
épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser
pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette
a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et
assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais
détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors,
j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et
c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur.
Albert CAMUS, L’Étranger, Partie 1, Chapitre 6, 1942.
Questions

1- Présentez en quelques lignes ce texte.


2- Quel est le thème général de cet extrait ?
3- Découpez cet extrait en deux puis dégagez les sous thèmes possibles.
4- Relevez une proposition indépendante dans le texte.
5- Mettez les verbes conjugués dans la phrase ci- dessous au plus-que-parfait de
l’indicatif : « Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver ».
6- Rédigez un paragraphe analytique à partir du centre d’intérêt suivant : l’aspect
tragique de la scène.
7- Rédigez une conclusion.
VERSIFICATION FRANÇAISE

La versification est l’ensemble des règles et techniques qui régissent l’écriture ou la


composition des poèmes. Les éléments fondamentaux de la versification française sont : la
mesure, le rythme et les sonorités.

I- La mesure
La mesure d’un vers est le nombre de syllabes prononcées dans ce vers.
Ex : A/ccro/chant/ fo/lle/ment/ au/x h/er/bes/des/ hai/llons. (Arthur Rimbaud) : 12 syllabes
 Le vers est un énoncé identifiable par le retour à la ligne avec majuscule à l’initiale
d’un ensemble de mots comportant un nombre déterminé de syllabes. On distingue
plusieurs types de vers, entre autres : 1 syllabe ou monosyllabe ; dissyllabes (2) ; trisyllabes
(3); quadrisyllabes (4); pentasyllabes (5); hexasyllabes (6); heptasyllabes (7), octosyllabes (8);
décasyllabes (10); alexandrin (12).
1- Le « e » muet se prononce lorsqu’il est placé entre deux consonnes, à l’intérieur
d’un mot, ou lorsque le mot suivant commence par une consonne ou par un « h » aspiré.
Ex: Et/sou/ple/ com/me/ le/ ro/seau (Victor Hugo)
Mais, Il ne se prononce pas :
En fin de vers : « Qui ce matin avait déclose » (Pierre de Ronsard).
Et lorsque le mot suivant débute par une voyelle ou un « h » muet : Une aube
affaiblie. (Paul Verlaine).
2- La synérèse et la diérèse
 Synérèse: on parle de synérèse lorsque deux voyelles qui se suivent peuvent se lire
en un seul son (ou une seule syllabe).Ex: soleil : soleil..
 Diérèse: on parle de diérèse lorsque deux voyelles qui se suivent peuvent se lire en
deux sons. Ex : éblouit : éblou-it

II- La pause rythmique


Elle correspond en général à une pause grammaticale (fin de phrase ou de vers). On
distingue alors l’enjambement, le rejet et le contre-rejet.
 Il y a enjambement quand un vers se prolonge au vers suivant.
Ex : C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons. (Arthur Rimbaud)
 Il y a rejet quand le dépassement ne concerne qu’un mot ou groupe court (pas
plus de deux mots en général) rejeté au début du vers suivant. Ex : Prodigieux poème où la
foudre accentue
La nuit, où l’océan souligne l’infini. (Victor Hugo)
 On parle de contre-rejet quand le vers suivant commence à la fin du vers précédent.
Ex : Souvenir, souvenir que me veux-tu ? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone. (Paul Verlaine)

III- Les sonorités


1- La rime
Elle est la répétition d’un même son à la fin de deux ou plusieurs vers. Elle se définit en
fonction de sa qualité, de son genre et de sa disposition.
2- La qualité : la rime peut être :
Pauvre : un seul son commun : (jolie/crie) (i).
Suffisante : deux sons communs : (froid/droit) (r+oi),
Riche : trois sons ou plus : (rivière/fière (i +è +r).
3- Le genre : la rime peut être :
 Féminine, lorsque le mot se termine par un e muet ou es ou
ent: somme/comme ; frêle/aile.
 Masculine, lorsque le mot se termine sans e muet : jour/amour ; bleu/pleut.
4- : La disposition :
On distingue : la rime plate (AABB) ; la rime croisée (ABAB) et la rime embrassée
(ABBA).
5- Les assonances et les allitérations
 L’assonance : c’est la répétition d’une voyelle ou d’un son vocalique.
Ex : « C'est un trou de verdure où chante une rivière » ; assonance en « e ».
 L’allitération : C’est la répétition d’une consonne et d’un son consonantique.
Ex : Pâle dans son lit vert où la lumière pleut, allitération en « l ».
IV- La strophe
C’est un ensemble de vers réunis selon une disposition particulière des rimes. On
distingue les types de strophes suivants : le distique (2 vers) ; le tercet (3 vers) ; le quatrain (4
vers) le quintil (5 vers) ; le sizain (6 vers) le septain (7 vers) ; le huitain (8 vers) ; le neuvain (9
vers) ; le dizain (10 vers)…

EXERCICES
1. Comptez le nombre de syllabes contenues dans ce vers et nommez-le :
« Je parlais des fleurs, des arbres ». (V. Hugo)
2. Dans les vers suivants, retrouvez le rejet et l’enjambement.
Il partit comme un trait, mais les élans qu’il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
La Fontaine, « Le Lièvre et la Tortue », Fables (1668).
Les pétales tombés des cerisiers de mai
Sont les ongles de celle que j’ai tant aimée.
Guillaume Apollinaire, « Rhénane », Alcools, (1913).
3. Voici une liste de mots. Rapprochez ceux qui peuvent rimer : veste – promesse –
pièce – anglaise – cacatoès – tiède – plaise – fraise – espèce – oued – agreste- vétuste –
caste – ouest – robuste – vaste – astre – contraste – désastre – conirostre.
4. Indiquez la disposition, le genre et la qualité des rimes dans ces vers. Puis précisez la
dénomination de cette strophe
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue.
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Arthur Rimbaud « Sensation », Poésie, (1870).
5. Indiquez à travers ces différents vers les mots qui expriment la synérèse et la diérèse.
Vous êtes mon lion superbe et généreux (Victor Hugo)
Regrettant mon amour et votre fier dédain (Ronsard)
FORMES POÉTIQUES ET TONALITÉS

A- Les quelques formes poétiques


La poésie est un travail sur les mots qui explore toutes les ressources du langage. On
distingue plusieurs formes de poèmes.

I- Les formes fixes : un poème à forme fixe respecte des codes de


composition qui sont parfois immuables. Il y a notamment :
1- La ballade : elle comporte trois strophes d’un même nombre de vers, fondées sur
les mêmes rimes, plus un «envoi» (un quatrain). Toutes les strophes se terminent par un
refrain.
2- Le rondeau : il se compose de strophes de longueur variable : tercet,
quatrain ou quintil (strophe de 5 vers). Il reprend souvent en refrain le début du
premier vers.
3- Le sonnet : il est la forme qui a connu plus de succès à partir de la
Renaissance avec la Pléiade. Il se compose de deux quatrains et deux tercets. Les
quatrains formulent souvent une opposition avec les tercets et le dernier vers qui est la
chute, propose souvent la conclusion du poète.

I I - L es fo rmes libr es
1- La fable : elle raconte une petite histoire, souvent à travers des animaux, avec une
portée morale.
2- Les poèmes en vers libres : le poème en vers libres est un poème constitué des
vers libérés des contraintes des rimes, du compte des syllabes, des strophes mais marqué par
un retour à la ligne.
3- Le poème en prose : un texte en prose disposé en paragraphes et formant une
unité autonome en empruntant à la poésie son rythme, sa musicalité, et la primauté
donnée aux images. Il n’obéit nullement aux règles de la versification.
NB : Toutefois, il en existe bien d’autres tels que : le pantoum, l’ode, l’élégie, le
calligramme.
B- Les tonalités
Les tonalités désignent l’ensemble des caractéristiques d’un texte qui provoquent des
effets particuliers, émotionnels ou intellectuels, sur le lecteur. Un texte peut utiliser plusieurs
tonalités.

I- Les tonalités de l’émotion et de mise à distance.


1- Les tonalités de l’émotion
a- La tonalité lyrique : elle exalte les sentiments personnels (amour,
nostalgie, fuite du temps, communion avec la nature). Elle s’exprime à travers les marques
de la première personne (je, nous, ma, mon, mes, nos) le lexique de l’affectivité, la
musicalité.
b- La tonalité tragique : elle insiste sur l’expression de la fatalité et des
déterminismes contre lesquels lutte en vain l’homme écrasé par un dieu, une passion, un
devoir. Elle se manifeste à travers le lexique de la souffrance, de la mort, les figures
d’insistance (hyperbole, gradation), les exclamations et les interjections.
c- La tonalité pathétique : elle met l’accent sur la souffrance et vise à
éveiller la compassion du lecteur et du spectateur. Celle-ci emploie le lexique de la
souffrance, des hyperboles, des apostrophes, des interjections et des exclamations.
2- La tonalité de la mise à distance : la tonalité comique vise à provoquer le
rire ou le sourire. Elle se manifeste à travers des figures d’exagération ou d’atténuation
(hyperbole, litote, euphémisme), des répétitions de mots ou de situations, des jeux de mots.
3- La tonalité de l’argumentation : la tonalité polémique. On parle de registre
satirique, quand le registre polémique recourt à la moquerie. Cette tonalité se manifeste
par l’usage des marques d’engagement personnel, dévalorisant de l’adversaire, les figures
d’insistance, le lexique de l’émotion…
NB : Il existe aussi d’autres tonalités comme la tonalité didactique, épidictique,
humoristique, épique, réaliste, fantastique, ironique …

EXERCICES
Précisez la forme poétique de ces textes et leur tonalité. Justifiez chacune de vos
réponses.
Texte 1 : À une passante
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.


Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l’ouragan,
La douleur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair…puis la nuit ! – Fugitive beauté,


Dont le regard m’a fait soudain renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être !


Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j’eusse aimé, ô toi qui le savais !
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, (1857).

Texte 2 : Le temps du Martyre


Le Blanc a tué mon père
Car mon père était fier
Le Blanc a violé ma mère
Car ma mère était belle
Le Blanc a courbé mon frère sous le soleil des routes
Car mon frère était fort
Puis le Blanc a tourné vers moi
Ses mains rouges de sang
Noir
M’a craché son mépris au visage
Et de sa voix de maître :
« Hé boy, un Berger, une serviette, de l’eau ! »
David Diop, Coups de pilon, 1956–1973
LE CHAMP LEXICAL ET LE THÈME
PRINCIPAL DANS UN COMMENTAIRE

Dans un texte, les mots sont rarement isolés. Ils appartiennent à des ensembles
signifiants : les champs lexicaux. Leur analyse est importante à la compréhension de
beaucoup de textes.

I- Le champ lexical
Il est l’ensemble de mots et d’expressions qui, dans un texte ou un ensemble de textes,
expriment la même notion, le même thème, ou évoquent la même situation.
Ex: Dans un texte donné, le champ lexical de la « nature » englobera des mots comme
« fleuve », « soleil », « arbre », « rivière », « nénuphar », etc.
Le repérage d’un champ lexical peut permettre de :
- identifier et analyser le thème principal ou le titre d’un texte ;
- caractériser un personnage, un sentiment, une époque ou un lieu.
NB : Dans un même texte, plusieurs champs lexicaux peuvent se combiner ou se
succéder. Cette combinaison ou succession fait la richesse d’un texte.
Ex: Dans le poème intitulé « Ma Bohème », Arthur Rimbaud combine le champ lexical
de la fugue avec celui de la pauvreté.
Texte : « Ma Bohème »
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées
Mon paletot aussi devenait idéal; (1)
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal; (2)
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées!

Mon unique culotte avait un large trou.


— Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. (3)
— Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,


Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,


Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur!
Arthur Rimbaud, Poésies, 1870.
Vocabulaire
(1) Son paletot (son manteau) n'est plus qu'une « idée » tant il est usé.
(2) Au Moyen Âge, chevalier dévoué à son seigneur.
(3) À la belle étoile.

II- Le champ lexical et l’axe d’étude


Pour élaborer le plan du commentaire littéraire, il faut avoir recours aux centres
d’intérêt ou axes d’étude ou thèmes principaux. Le commentaire est un développement
argumenté qui procède par affirmations appuyées sur des arguments, eux-mêmes illustrés
par des exemples tirés du texte et commentés. Le plan organise les analyses qui seront
développées dans le devoir rédigé.
A partir des axes de lecture dégagés ou idées directrices est élaboré le plan détaillé (le
plan donne au texte sa cohérence et sa dynamique) qui assure la progression logique du
commentaire. On peut procéder sous forme d’un tableau. On classe les éléments repérés au
cours des analyses.
Ainsi, chaque thème principal est identifié à partir de son champ lexical.
Ex: Dans le poème d’Arthur Rimbaud, « Ma Bohème », le champ lexical de la
pauvreté qui est développé par ces différentes expressions permet d’étudier le thème de la
pauvreté vestimentaire : « Poches crevées », « Mon paletot aussi devenait idéal », « Mon
unique culotte avait un large trou », « Les élastiques de mes souliers blessés ».

EXERCICES
1. Dans ce texte ci-dessous, repérez le champ lexical de la nature
Texte :
Maintenant, les arbres s'étaient peuplés d'oiseaux. La terre soupirait lentement avant
d'entrer dans l'ombre. Tout à l'heure, avec la première étoile, la nuit tombera sur la scène
du monde. [...]
À présent au moins, l'incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à
travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfums de cette
terre, je m'emplissais d'une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde,
bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n'était pas
moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l'accord et le silence qui de lui à moi faisait
naître l'amour.
Albert Camus, Noces à Tipasa, 1938

2. Relevez les deux champs lexicaux qui se combinent dans ce texte poétique, puis
dégagez les deux axes d’étude pour un commentaire littéraire.

À une dame créole

Au pays parfumé que le soleil caresse,


J'ai connu, sous un dais d'arbres tout empourprés
Et de palmiers d'où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.

Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse


A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.

Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,


Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d'orner les antiques manoirs,

Vous feriez, à l'abri des ombreuses retraites,


Germer mille sonnets dans le cœur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857.
FIGURES DE STYLE

Une figure de style est un procédé d’écriture, une façon de s’exprimer, qui modifie le langage
ordinaire pour le rendre expressif, en créant des images, des sons, des associations de mots qui ont un
sens.
Il faut savoir les reconnaître, mais surtout les interpréter, dire quel effet elles produisent. Il s’agit
de comprendre ce que chacune d’elles met en valeur.

I. Figures d’analogie
1- La comparaison
Elle rapproche deux mots au moyen d’un outil (terme) comparatif : comme, pareil à, ainsi que,
tel, semblable à, semble, ressembler à, paraître…
Ex : Ses sacs de grains semblaient
Des fontaines publiques. (Victor Hugo).
2- La métaphore
La métaphore est une comparaison elliptique, sans terme de comparaison.
Ex : Cet homme est un tigre (courageux).
3- La personnification
Elle représente une chose ou une idée sous les traits d’une personne.
Ex : L’alambic…gardait une mine sombre. (Emile Zola).
4- L’allégorie
C’est une forme de personnification : une réalité abstraite y est présentée comme un être humain.
Ex : Tu marches sur des morts, Beauté… (Charles Baudelaire).

II. Figures d’animation


5- L’apostrophe
C’est une figure par laquelle on adresse directement la parole à des personnes (présentes ou
absentes, réelles ou imaginaires), à des objets inanimés, à des entités.
Ex : Baobab ! Je suis venu replanter mon être près de toi
(J.B Tati-Loutard.)
6- La prosopopée
Elle consiste à faire parler une personne absente, morte ou une réalité personnifiée.
Ex: Afrique dis-moi Afrique
Est-ce donc toi ce dos qui se courbe
Et se couche sous le poids de l’humilité. (David Diop)

III. Figures de substitution


Elles remplacent un terme par un autre terme ou une expression.
7- La métonymie
C’est un raccourci d’expression qui permet d’exprimer : la cause par l’effet ; le contenu par le
contenant… :
Ex : Boire la mort (le poison qui fait mourir)
Boire un verre (le contenu d’un vers)
8- La synecdoque
C’est un cas particulier de métonymie : elle substitue un terme à un autre s’il y a entre eux un
rapport d’inclusion. On peut ainsi remplacer : le tout par la partie ; la partie pour le tout …
Ex : Les voiles (les bateaux) disparurent à l’horizon.
Il a trouvé un toit (une maison).
9- La périphrase
On remplace un mot par une expression qui le caractérise, en précise le sens.
Ex : La ville des Lumières (pour Paris) ;
Le géant des mers (pour un paquebot).
IV. Figures d’opposition
10- L’antithèse
Elle rapproche deux propositions ou expressions désignant des réalités opposées.
Ex : Présente, je vous fuis, absente, je vous trouve ( Racine).
11- L’oxymore
C’est l’alliance de deux mots de sens contradictoire au sein d’un même groupe grammaticale
pour créer une nouvelle réalité.
Ex : Le soleil noir de la mélancolie. (Gérard de Nerval.)
IV- Figures d’insistance ou d’atténuation
12- La répétition
C’est la reprise d’un même mot ou d’une même expression.
Ex: Mes yeux se sont séparés de tes yeux. (Paul Éluard).
13- L’accumulation
C’est une énumération, une succession assez longue de mots ou d’expression peignant ou
qualifiant des choses ou des actions avec un assez grand détail.
Ex : Adieu, veau, vache, cochon, couvée. (Jean de La Fontaine).
14- L’anaphore
C’est la reprise du même mot ou d’une même expression en début de phrases ou de propositions
successives.
Ex : Que feras-tu, ami, que feras-tu ?
Que feras-tu demain soir,
Quand plus bas tu seras ramené (J-P Makouta-Mboukou).
15- L’euphémisme
Il atténue une idée désagréable.
Ex : Papa nous a quittés (Papa est mort).
16- L’hyperbole
Elle met en relief une idée en la présentant de façon exagérée.
Ex: « Oui, Prince, je languis, je brûle pour Thésée » (Jean Racine).

EXERCICE
Relevez les images dans les phrases suivantes et dites s’il s’agit de comparaisons, de métaphores,
d’allégories, de personnifications ou d’euphémisme.
1- Je te l’ai répété mille fois ;
2- Les demandeurs d’emploi ;
3- Verser des torrents de larmes ;
4- L’air flamboie et brûle sans haleine ;
5- La terre est assoupie dans sa robe de feu ;
6- Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
7- L’aurore grelottante en robe et verte/ S’avançait lentement sur la Seine déserte ;
8- Au volant, la vue c’est la vie ;
9- Tout le village connaît la nouvelle et chuchote ;
10- Ce roman n’est pas le meilleur de ses ouvrages ;
11- Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire ;
12- Les voiles disparurent à l’horizon ;
VALEURS DES TEMPS DE L’INDICATIF

Le temps est une catégorie grammaticale qui situe un fait dans le passé, le présent ou le futur
en s’exprimant en particulier par la modification des formes verbales.
Identifier les formes verbales et connaître leurs valeurs d’emploi permet de mieux comprendre la
signification d’un texte et les intentions de celui qui l’écrit. Ainsi, les temps ont des valeurs
temporelles bien distinctes à l’indicatif.
Le mode indicatif est le mode des faits réels. Il contient dix temps dont cinq temps simples et cinq
temps composés. Chaque temps a une ou des valeurs précises.

I- Les valeurs des temps simples


1- Les valeurs du présent
Ce temps remplit plusieurs valeurs.
- D’abord, le présent indique une vérité permanente ou une vérité générale lorsqu’il est
souvent employé dans les proverbes, les définitions, les énoncés scientifiques.
Ex : On ne choisit pas l’époque à laquelle on vit.
- Ensuite, il indique un fait qui a lieu au moment où l’on parle ; d’où le présent d’énonciation.
Il est souvent employé dans un dialogue, un commentaire, une lettre, une description…
Ex : Personne ne disait comme à La Châtre : « Voilà madame Aurore qui passe ; elle a
toujours le même chapeau et la même robe ». (George Sand)
- Enfin, le présent présente souvent l’action dans sa durée et dans son inachèvement : c’est le
présent d’habitude.
Ex : Chaque matin, il aime parcourir ce chemin.
2- Les valeurs de l’imparfait
- L’imparfait envisage d’abord un fait dans son déroulement : une action inachevée du second
plan.
Ex : Quand elle se promenait dans cette vaste avenue, elle regardait beaucoup les passants.
- Ensuite, il exprime la répétition et l’habitude.
Ex : Et pourtant la grande porte de la gare s’ouvrait et se refermait sans cesse.
- Enfin, il reste le temps de la description.
Ex : Je n’étais plus une dame, je n’étais pas non plus un monsieur. (George SAND)
3- Les valeurs du futur simple
- Ce temps exprime une action non encore réalisée considérée comme certaine.
Ex: Je penserai toujours à vous avec émotion.
- Il exprime parfois un ordre.
Ex : Tu finiras cette activité avant cet après-midi.
4- La valeur du passé simple
Il présente des faits achevés voire ponctuels dans le passé.
Ex : Il s’approcha d’elle, découvrit la finesse de ses traits, le contour de sa bouche, la ligne de
ses sourcils.
Je regagnai mon lit et je ne pus y trouver le repos.
5- Les valeurs du conditionnel présent
Il a souvent une valeur de futur dans le passé, il envisage une action dans l’avenir et puis un
événement passé.
Ex : Paul pensait que Pierre viendrait.
- Le conditionnel exprime un souhait, un regret.
Ex : J’aimerais être admis à cet examen.
- Il exprime un fait imaginaire, incertain.
Ex : Je serais la meilleure Présidente de la République.
- Il exprime aussi un fait soumis à une condition non réalisée, introduite souvent par si.
Ex: Si j’étais riche, j’achèterais Mars.
II- Les valeurs des temps composés
Les temps composés indiquent très souvent qu’un événement en a précédé un autre, exprimé
par un temps simple. Ils marquent donc tous une antériorité ou un aspect accompli. Par exemple, le
passé composé exprime une action passée et achevée en relation avec le présent.
Ex : Vous avez construit (passé composé) cette maison avec beaucoup de courage.

EXERCICES
1. Identifiez les temps utilisés et indiquez leur valeur pour chaque verbe souligné.
À mesure que j’avançais, j’avais dans la peau des tressaillements, et quand je fus devant le
mur, aux auvents clos de ma vaste demeure, je sentis qu’il me faudrait attendre quelques minutes
avant d’ouvrir la porte et d’entrer dedans. Alors, je m’assis sur un banc, sous les fenêtres de mon
salon. Je restai là, un peu vibrant, la tête appuyée contre la muraille, les yeux ouverts sur l’ombre
des feuillages. Pendant ces premiers instants, je ne remarquai rien d’insolite autour de moi. J’avais
dans les oreilles quelques ronflements ; mais cela m’arrive souvent. Il me semble parfois que
j’entends passer des trains, que j’entends sonner des cloches, que j’entends marcher une foule.
Guy de MAUPASSANT, Qui sait ?,1890.

2. Identifiez les temps utilisés et justifiez leur emploi.


Les heures s’écoulèrent sans amener aucun mouvement dans le château, et Dantès comprit
qu’il avait échappé à ce premier danger ; c’était d’un bon augure. Enfin, vers l’heure fixée par le
gouverneur, des pas se firent entendre dans l’escalier. Edmond comprit que le moment était venu.
A. Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, 1844.
LITTÉRATURE FRANÇAISE
DU XIXe SIÈCLE

L’histoire de la littérature française va de pair avec les différentes réalités socio-politiques de


l’époque. Cette littérature a connu plusieurs grands mouvements littéraires ont marqué son histoire
politique et littéraire au XIXe siècle, siècle le plus prolifique. Plusieurs mouvements verront le jour,
entre autres :

1- Le Romantisme : né en Europe à la fin du XVIIIème siècle, le Romantisme manifeste un esprit de


révolte et une mélancolie profonde provoquée par une insatisfaction profonde face à la réalité. Les
représentants de ce mouvement par genre sont les suivants :
- Poésie : Alphonse de Lamartine, Les Méditations, (1820) Alfred de Vigny, Les Destinées, (1864, à
titre posthume), Gérard de Nerval Odelettes, (1833).
- Théâtre : Victor Hugo, Hernani, (1830); Alfred de Musset, Lorenzaccio, (1834).
-Roman : François- René de Chateaubriand, René, (1802) ; Victor Hugo, Notre-Dame de Paris,
(1831) ; Les Misérables (1862)

2- Le Réalisme et le Naturalisme: le Réalisme cherche à représenter avec fidélité la réalité et


refuse l’idéalisme romantique. L’écrivain dresse un tableau de la société de son temps, au moyen
d’une écriture objective et impersonnelle. Ainsi, Honoré de Balzac décrit dans La Comédie
humaine, (1842) les différentes classes sociales de son époque. Emile Zola prolonge ce projet en
choisissant de dépeindre l’Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire; sous-titre
donné par ce dernier à l’ensemble du cycle des Rougon-Macquart en insistant sur la dimension
scientifique de son projet, afin de montrer la double influence de l’hérédité et du milieu,
conformément aux théories de Charles Darwin et de Claude Bernard. Les auteurs marquant le
Réalisme sont : Gustave Flaubert, L’Education sentimentale (1869), Salammbô (1862), Henri Beyle
dit Stendal, Le Rouge et le Noir (1830), La Chartreuse de Parme (1839), Honoré de Balzac, Le Père
Goriot (1834-1835), Peau de Chagrin (1831)...
Pour le Naturalisme, on note Le Ventre de Paris (1873), Germinal (1885) d’Emile Zola et Le
Horla (1887) de Guy de Maupassant,

3- Le Parnasse : le Parnasse est un groupe de poètes qui, en réaction aux excès du Romantisme
revendiquent le culte de la Beauté, le désengagement et le retour à l’Antiquité, comme en
témoigne le nom de leur mouvement, qui désigne une montagne de la Grèce antique consacrée à
la poésie. Les représentants de ce mouvements sont : Théophile Gautier, Emaux et Camées, (1857) ;
Charles Marie Leconte de Lisles, Poèmes antiques, (1852) ; Poèmes barbares (1862) ; René Armand
François Prud’homme dit Sully Prud’homme, Stances et Poèmes (1865), La France (1874); José-
Maria de Heredia, La Nonne Alferez, (1894) ; Théodore Faullain de Banville, Les cariatides (1842).

4- Le Symbolisme
il recherche les analogies entre le monde sensible et le monde spirituel. Les symbolistes accordent
une place importante aux rêves, à l’imagination et à la religion. Ils cherchent à traduire les
correspondances entre les éléments grâce à un travail complexe sur les mots et la musicalité. Les
représentants de ce mouvement sont : Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857), Petits poèmes
en prose (1869) ; Paul Verlaine, Poèmes Saturniens (1866) ; Arthur Rimbaud, Poésies (1871),
Illuminations (1873-1875) ;Stéphane Mallarmé, Poésies (1887).

EXERCICES
1-Répondez par vrai ou faux aux affirmations suivantes:
a- Le réalisme est un mouvement de l’art pour l’art ; b- La France au XIXe siècle est marquée par
les guerres de religion ; c- Le XIXème siècle est le siècle de l’expression des sentiments personnels.
2- Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Je hais les sots qui font les dédaigneux, les impuissants qui crient que notre art et notre
littérature meurent de leur belle mort. Ce sont les cerveaux les plus vides, les cœurs les plus secs, les
gens enterrés dans le passé, qui feuillètent avec mépris les œuvres vivantes et tout enfiévrées de
notre âge, et les déclarent nulles et étroites. Moi, je vois autrement. Je n’ai guère de souci de beauté
ni de perfection. Je me moque des grands siècles. Je n’ai souci que de vie, de lutte, de fièvre. Je suis à
l’aise parmi notre génération. Il me semble que l’artiste ne peut souhaiter un autre milieu, une autre
époque. Il n’y a plus de maîtres, plus d’écoles. Nous sommes en pleine anarchie, et chacun de nous
est un rebelle qui pense pour lui, qui crée et se bat pour lui. L’heure est haletante, pleine d’anxiété :
on attend ceux qui frapperont le plus fort et le plus juste, dont les poings seront assez puissants pour
fermer la bouche des autres (…)
Emile Zola, Préface à Mes haines, 1866.
Questions :
a- A quel courant littéraire appartient Zola? Que rejette-t-il dans ce texte ?
b- Par quels pronoms l’auteur se désigne-t-il dans ce texte ?
c- Relevez le vocabulaire dépréciatif ou péjoratif dans cet extrait.
MOUVEMENTS LITTÉRAIRES FRANÇAIS AU XXe SIÈCLE
La littérature française a connu plusieurs grands mouvements littéraires qui ont marqué à la fois
son histoire politique et littéraire. De ce fait, le XXe siècle est très riche en évènements : guerres,
mouvements de revendication… Au regard de ces évènements, la littérature est très florissante au
travers de la diversité de mouvements qui convergent vers le même idéal, excepté le Nouveau
Roman. Entre autres mouvements, nous notons :

1. Le Surréalisme
Influencés par la psychanalyse et par la découverte de l’inconscient, les auteurs surréalistes
souhaitent libérer l’écriture des contraintes de la raison. Ils explorent de nouvelles formes de création
comme l’écriture automatique et privilégient les thématiques du rêve, de l’imaginaire et du désir.
Les auteurs ayant marqué ce mouvement sont les suivants :
– Poésie lyrique : Paul Éluard (Capitale de la douleur, 1926), Robert Desnos (Corps et Biens, 1953),
Guillaume Apollinaire (Alcools, 1913) ;
– Récit : Louis Aragon (Le Paysan de Paris, 1926), André Breton (Nadja, 1928, Le Manifeste du
Surréalisme, 1924).

2. L’Existentialisme
Cette doctrine philosophique est plus soucieuse de l’existence concrète de l’homme que des idées.
Pour elle, aucune divinité ne donnera de sens à la vie. Voilà pourquoi Sartre affirme que :
« l’existence précède l’essence ». Ceci dit, l’homme ne peut se définir que par ses actes, et non dans
l’abstrait. Selon l’Existentialisme, le monde n’a pas d’essence, il n’y a pas de loi, de morale,
d’obligation. Du seul fait que l’homme soit engagé dans la vie, il doit choisir une certaine forme de
destin, non pas une fois pour toutes mais à tout instant de la vie. Ainsi, ce mouvement littéraire
donnera naissance à un type de héros, qui se plaît à ignorer délibérément la morale, la convenance,
un héros mi- aventurier et mi -intellectuel. Bref, dans cette théorie, l’homme est libre et responsable
de son destin. Il crée son « essence » en existant par ses actes. L’auteur qui incarne cette idéologie est
Jean-Paul Sartre avec son essai philosophique L’Être et le Néant (1943).

3. L’Absurde
La notion d’absurde est exprimée par Albert Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942) et peut être
définie diversement. C’est d’abord le sentiment que la condition humaine n’a pas de sens. Dans cette
acceptation, le mot renvoie donc aux limites de la conscience humaine, incapable de rendre compte
du mystère de l’existence. Ensuite, il s’agit du sentiment que ressent l’homme confronté au non-sens
du monde et de son existence. D’après Camus, l’absurde « naît de la confrontation de l’appel
humain avec le silence déraisonnable du monde ».L’homme est partagé entre l’angoisse du néant
originel et l’inquiétude générée par sa responsabilité, sa liberté. Les croyances, les rites, les aliénations
sociales ne sont que des leurres. Le Mythe de Sisyphe (Camus 1942), essai sur l’Absurde, synthétise
cette tragédie de l’impuissance. Cependant, ce qui pourrait conduire au désespoir est transcendé
par la révolte et l’engagement
La philosophie de l’absurde consiste à donner un sens humain à la vie dans un monde de non-
sens.
Les représentants de ce mouvement dont Albert Camus avec ses œuvres philosophiques L’Étranger
(1942), Le Mythe de Sisyphe (1942) qui remettent en cause la monotonie de nos actes, la nausée qui
inspire le caractère machinal d’une existence sans but, l’épaisseur du monde, c’est-à-dire
l’indifférence de la nature à notre égard, de sorte que l’on s’y sent étranger, la mort inéluctable, qui
donne à notre aventure un côté élémentaire et définitif.

4. Le Nouveau Roman
Le Nouveau Roman n’est pas une école littéraire mais il réunit un groupe de romanciers
d’avant-garde qui refusent les conventions du roman réaliste. Ils contestent la construction d’une
intrigue linéaire à la chronologie rigoureuse et les descriptions sui cherchent à donner l’illusion de la
réalité. Ce groupe remet en cause les caractéristiques du roman traditionnel à travers une
déconstruction de l’intrigue et des personnages, afin de mettre en valeur l’intériorité des individus et
la complexité du monde.
Les représentants du Nouveau Roman sont : Nathalie Sarraute (L’Ère du soupçon, 1956), Alain
Robbe-Grillet (Pour un Nouveau Roman, 1963), Michel Butor (La Modification, 1957, Essai sur le
roman, 1964).

EXERCICES
1. Reliez les noms des auteurs à leur mouvement littéraire respectif.

Noms Mouvements littéraires


Robert DESNOS L’Absurde
Jean Paul SARTRE Le Nouveau Roman
Albert CAMUS L’Existentialisme
Nathalie SARRAUTE Le Surréalisme

2. Complétez ce texte à trou par les courants et noms des auteurs suivants : Absurde, André
Breton, Existentialisme, Albert Camus, Surréalisme, Nathalie Sarraute, Jean Paul Sartre, Michel
Butor, ALAIN Robbe-Grillet, Nouveau Roman.
La littérature française du XXème siècle a connu plusieurs Courants. Elle débute par le……. avec des
auteurs comme…… qui souhaitent libérer l’écriture des contraintes de la raison. Après ce courant
vient l’……. qui a eu pour chef de fil….. Ce dernier place l’homme au centre de sa destinée. …. dans la
philosophie de l’….. pense que l’homme doit transcender son désespoir par la révolte et
l’engagement. Et vers la fin de ce siècle est né le ……. Ce groupe est représenté par……
COMMENTAIRE COMPOSÉ:
RÉDACTION D’UNE INTRODUCTION

Le commentaire est l’un des exercices inscrits au programme officiel dans les
séries littéraires. Il porte sur un texte littéraire (poème, extrait d’un roman
ou d’une pièce théâtrale). C’est un projet personnel de lecture reposant sur des
idées relevées et analysées dans le texte (formulations, procédés, effets produits et
interprétations).

1. Les différentes parties du commentaire


Le commentaire est subdivisé en trois parties : l’introduction, le
développement et la conclusion.

2. Élaboration de l’introduction à l’écrit


La rédaction rend visible l’organisation logique des idées en distinguant clairement les
différentes parties et en soulignant leur articulation. L’introduction se rédige en fonction de
ses différents éléments et en un seul paragraphe :
1. Le texte : (titre si possible, nature, tonalité, l’idée générale).
2. L’auteur : (nom, nationalité, époque, courant ou mouvement littéraire si possible).
3. Ouvrage de référence : (titre, édition, année de publication).
4. Annonce du plan ou des centres d’intérêt.
N.B. : L’élève ne doit pas donner des informations erronées sur l’auteur et sur le texte.

EXERCICES
1. Voici un poème de Charles Baudelaire. Lisez-le et répondez aux questions qui
l’accompagnent.

Texte :
Après trois ans

Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,


Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle


De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

Les roses comme avant palpitent ; comme avant,


Les grands lys orgueilleux se balancent au vent.
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

Même j’ai retrouvé debout la Velléda


Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
- Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Paul VERLAINE, Poèmes saturniens, 1866.
Questions
a. Qui est l’auteur de ce texte ? De quel ouvrage est-il extrait ?
b. Précisez la nationalité de l’auteur, le mouvement littéraire auquel il appartient et
son époque.
c. Quel est le sens du titre?
d. Déterminez la forme et la tonalité dominante de ce texte.
B. Travail d’écriture
Rédigez une introduction normative du commentaire à partir de la description de la
femme et de la mélancolie du poète.

2. Voici un poème en prose de Rimbaud ; rédigez-en l’introduction à partir de ces thèmes


principaux : la transfiguration du paysage et les relations entre le poète et la déesse-Aube.

Aube
J’ai embrassé l’aube d’été.
Rien ne bougeait encore au front des palais. L’eau était morte. Les camps d’ombres ne
quittaient pas la route du bois. J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries
regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui
me dit son nom.
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la
déesse.
Alors je levai un à un les voiles. Dans l’allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l’ai
dénoncée au coq.
A la grand’ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant
sur les quais de marbre, je la chassais.
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec ses voiles amassés, et j’ai
senti un peu
son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud, Illuminations, 1886.
COMMENTAIRE COMPOSÉ : RÉDACTION PARTIELLE D’UN DÉVELOPPEMENT

Le commentaire est un développement argumenté qui procède par affirmations


appuyées sur des arguments, eux-mêmes illustrés par des exemples tirés du texte et
commentés. Ainsi, la rédaction rend visible l’organisation logique des idées en distinguant
clairement les différentes parties et en soulignant leurs articulations.

1. Veiller au fond et à la forme


Le commentaire composé s’organise autour du fond (des idées, le message de l’auteur) et
de la forme (le champ lexical, les figures de style, la grammaire, les sonorités) de façon
simultanée.
II. Utiliser les citations
Tout mot et toute expression du texte devient des citations pour mieux illustrer les
arguments. Celles-ci, relativement courtes et exactes, doivent être intégrées au devoir et
mises entre guillemets. Chaque citation sera suivie d’un commentaire tenant compte aussi
bien du fond que de la forme.
3. Utiliser le lexique de l’analyse littéraire
Certains mots et expressions permettent de réussir le commentaire de texte avec rigueur
et précision. Par exemple
1. un texte met en scène, traite de ;
- une figure de style souligne, traduit, révèle, suggère, évoque, met en évidence ;
- un nom désigne… ;
- un temps verbal exprime…
- un pronom personnel renvoie à l’auteur…
4. Rédiger le paragraphe du commentaire
Le paragraphe se présentera de la manière suivante :
- Une phrase d’introduction présentera chaque axe d’étude ou thème principal.
- Chaque paragraphe comportera une idée secondaire ou sous-thème en harmonie
avec l’axe d’étude.
- Chaque idée secondaire sera expliquée et justifiée par l’analyse du texte.
- Chaque paragraphe ou sous-partie doit se construire rigoureusement pour
proposer une démonstration claire et efficace au correcteur.

Votre commentaire est en effet un véritable travail d’argumentation, qui doit


convaincre le correcteur de la pertinence de vos interprétations.

5. Ménager la phrase de transition


Il faut ménager des transitions en passant d’une partie à une autre.

EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Texte :
Ma Bohème
Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot1 aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal2 ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.


– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse3.
– Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,


Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,


Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai, 1870.


Vocabulaire
1. Son paletot (son manteau) n’est plus qu’une « idée » tant il est usé.
2. Au Moyen Âge, chevalier dévoué à son seigneur.
3. À la belle étoile.
Questions
1. Que raconte le poète ?
2. Relevez le champ lexical de la pauvreté vestimentaire.
3. Que caractérisent les adjectifs qualificatifs « unique » et « crevées » ?
4. Relevez deux personnifications dans ce texte. Que traduisent-elles ?
5. Rédigez un paragraphe analytique à partir de ce thème principal : la peinture de la
pauvreté.
6. Proposez une phrase de transition en mettant en valeur les thèmes principaux ci-après :
la peinture de la pauvreté et le récit du vagabondage.
COMMENTAIRE COMPOSÉ : RÉDACTION DE LA CONCLUSION
Le commentaire est un exercice d’écriture argumentative à partir d’un texte littéraire.
Le commentaire suppose d’abord de mener une étude précise du texte proposé. Ensuite, il
demande de bâtir une synthèse qui expose le résultat de cette analyse en deux parties
ordonnées d’une manière progressive. Enfin, cet exercice exige une référence précise à des
éléments du texte (figures de styles, lexique, etc.) pour que la démonstration soit
convaincante.
1. Les différentes parties du commentaire
Le commentaire comporte trois grandes parties, car un commentaire est un bilan de
lecture organisé : il faut le présenter, développer l’analyse du texte et conclure sur le
jugement personnel qu’elle prépare et justifie. Il comporte donc trois parties: l’introduction, le
développement et la conclusion.

II. La rédaction de la conclusion


La conclusion constitue la troisième et dernière partie d’un commentaire
littéra
ire. Du latin conclusio, qui signifie résumer un discours, elle est la chute de toute la réflexion
argumentative. Tout comme l’introduction, elle se rédige en un seul paragraphe et permet
de mettre en valeur l’esprit de synthèse. Elle comprend ainsi trois grandes étapes : le bilan, le
jugement personnel et l’élargissement ou l’intertextualité.

1. Le bilan ou la récapitulation : on tente de préciser les qualités propres au texte


en résumant très brièvement le développement (pas de nouveaux exemples, pas de
nouvelles idées…).

2. Le jugement personnel : on relève l’intérêt que suscite le texte (intérêt littéraire,


social ou moral, leçon à tirer).

3. L’élargissement (intertextualité) : on y établira des rapports d’opposition ou


de ressemblance avec d’autres textes, d’autres auteurs qui traitent le même thème / ou on
montrera la nouveauté de l’œuvre en l’inscrivant dans la perspective de l’histoire littéraire.
Dans tous les cas, il apparaît important de ne pas terminer la conclusion par une question
qui pourrait laisser le lecteur sur l’impression d’un devoir inachevé.
En résumé, la conclusion est à la fois une synthèse et une reprise de la signification du
texte, replacée dans un cadre plus vaste.

EXERCICES
1. Voici un poème de David Diop suivi d’une proposition de plan de commentaire. Rédigez-en
la conclusion.
Défi à la force
Toi qui plies toi qui pleures
Toi qui meurs un jour comme ça sans savoir pourquoi
Toi qui luttes qui veilles pour le repos de l’Autre Toi qui ne regardes plus avec le rire dans les
yeux yeux
Toi mon frère au visage de peur et d’angoisse
Relève-toi et crie : NON !

David DIOP, Coups de pilon, Ed. Présences Africaines, 1956-1973.


Proposition de plan
La souffrance de l’homme noir
- L’interpellation du destinataire
- La douleur de l’homme noir
b. L’engagement du poète
- La dénonciation de la colonisation
- L’appel à la révolte

B. Rédigez la conclusion d’un commentaire que vous pourriez faire sur ce texte.
Le pin des Landes(1)
On ne voit en passant par les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l’herbe sèche et des flaques d’eau vertes
D’autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc,

Car, pour lui dérober ses larmes de résine(2),


L’homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu’aux dépens de ceux qu’il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon !

Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte.


Le pin verse son baume(3) et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.

Le poète est ainsi dans les landes(4) du monde ;


Lorsqu’il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu’il ait au cœur une entaille profonde
Pour épancher ses vers, divines larmes d’or !
Théophile GAUTHIER, « España », 1840.
(1) Nom d’une région de France métropolitaine, célèbre pour ses forêts de pins.
(2) Les pins des Landes sont exploités, entre autres, pour leur résine. On entaille le tronc
de l’arbre pour que la résine s’écoule et se solidifie en une sorte de croûte, dont on tire
divers produits.
(3) Synonyme de résine ; se dit aussi pour une préparation calmante, faite à base de
résine.
(4) Nom commun désignant un terrain où ne poussent que certaines plantes sauvages.

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CORRIGE DES EXERCICES

SUJET N°1 : COMMENTAIRE LITTERAIRE


Texte : Beauté
I-Réponses aux questions
1-Baudelaire est un poète de nationalité : b-Française ;
2-Baudelaire est un poète du : c-XIXe siècle ;
3-Le courant littéraire de Baudelaire est : a- Le symbolisme ;
4- Ce poème est extrait de Les Fleurs du Mal. Ce poème est un sonnet parce qu’il contient 14
vers répartis en deux quatrains et deux tercets.
5-La tonalité de ce texte est lyrique
6-L’idée générale de ce texte est : « l’éloge de la beauté féminine »
7-Relèvons au moins deux mots du champ lexical de :
-La beauté de la femme : « belle » (v1), « belles » (v13) ; mon sein (v2), « l’azur »,
« sphinx » (v5), « cœur de neige » (v6), « Mes yeux, larges yeux aux clartés
éternelles » (v14).
-La poésie : « poète » (v3) ; « poètes » (v9) ; « fiers monuments » (v10) ; « austères
études » (v11) ; « dociles amants » (v12).
8-Déterminons la mesure du (5e) cinquième vers et nommons-le.
Je/ trô/ ne /dans/ l’a/ zur/ com/ me un/ sphin/x in/ com/ pris .C’est un alexandrin
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
9-Etudions la disposition, la qualité, le genre des rimes de la première (1ere) strophe:
-La disposition : les rimes de cette strophe sont embrassées « A-B-B-A)
-La qualité : les vers 1 et 4 sont riches et les vers 2 et 3 sont suffisants
-Le genre : le vers 1 et 4 présente des rimes féminines et les vers 2 et 3 sont masculines.
10-Relevons une allitération contenue dans ce texte :
« Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris » : il y a allitération en « j »
12-Dans ce texte relevons :
-Une comparaison : « Je suis belle, ô mortels ! Comme un rêve de pierre » vers1 ; « Je
trône dans l’azur comme un sphinx incompris » vers 5
-Une métaphore : « J’ai de purs miroirs » vers 12/13 ; «Mes yeux, mes larges yeux aux
clartés éternelles » vers 14
-Une anaphore : «Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris » vers 8 en ‘’jamais’’ qui
revient deux fois.

II-Travail d’écriture : Commentaire composé.


 Rédigeons une introduction normative d’un commentaire composé à partir des
deux centres d’intérêt : L’expression de la beauté et L’inspiration du poète.
A- Les éléments de l’introduction
1- Le texte :
 Titre : Beauté
 Nature : sonnet
 Tonalité : Lyrique
 Idée générale : L’éloge de la beauté féminine
2- L’auteur :

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 Nom : Charles BAUDELAIRE
 Nationalité : Française
 Epoque : XIXème siècle
 Courant littéraire : Symbolisme

3-Ouvrage :
 Titre : Les Fleurs du Mal
 Edition : Babel
 Année de publication : 1857
4-Centres d’intérêt :
 L’expression de la beauté
 L’inspiration du poète.
1-Charles Baudelaire est un poète Français du XIXe siècle, membre du mouvement littéraire le
symbolisme. Il est l’auteur du sonnet intitulé « Beauté ». Ce poème est extrait de l’ouvrage Les
Fleurs du mal, publié en 1857. Avec une tonalité lyrique le poète fait l’éloge de la beauté
féminine. De ce fait, en premier lieu nous étudierons la beauté de la femme, et en second lieu nous
mettrons en valeur l’impact de cette beauté sur la poésie.

2-« Beauté » est un sonnet du symboliste français du XIXe siècle, Charles Baudelaire. Il est tiré de son
ouvrage ou recueil de poèmes Les Fleurs du mal publié en 1857. Dans ce poème à tonalité
lyrique, le poète met en exergue ou en lumière la beauté élogieuse d’une femme ou l’éloge de la
beauté féminine. Sur ce, nous analyserons dans un premier élan la beauté de la femme et dans un
deuxième l’impact de cette beauté sur la poésie.

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SUJET N°2 : COMMENTAIRE LITTERAIRE

Texte : A une passante


REPONSES AUX QUESTIONS
1-Ce texte est un sonnet, parce qu’il contient quatorze vers et quatre strophes, dont deux
quatrains et deux tercets.
2-La tonalité est lyrique, car on relève les marques de la première personne ; les pronoms
personnels « je », « m’ » et « moi» qui renvoient à la personnalité du poète
3- Mesurons le huitième :
La/dou/leur/qui/fa/sci/net/le/plai/sir/qui/tue. Ce vers compte douze (12) syllabes.
4-Dans la deuxième strophe :
 Disposition : les rimes sont embrassées (A-B-B-A)
 Qualité : les rimes sont suffisantes (« statue »/ « tue ») et riches (« extravagant »/ «
ouragan »).
 Genre : certaines sont féminines (« statue »/ « tue ») et d’autres masculines («
extravagant »/ « ouragan »).
5- C’est le poète qui parle dans ce sonnet (« je ») ; il s’adresse à une femme inconnue, qui
passe (« tu ») qu’il interpelle (« Ô toi »).
6-il y a contre-rejet aux vers 9-10 :
-Fugitive beauté
-Dont le regard m’a fait soudainement renaître,
7- La comparaison : « crispé comme un extravagant ».
- La métaphore : « sa jambe de statue » (sa belle taille) ou « son œil ciel livide » (son beau
regard) ou « Fugitive beauté » (la belle passante).
8-Le poète ne connait pas sa destinataire. Car dans ce poème cette femme est de passage
et il le confirme avec l’utilisation de l’expression ‘’une femme passa’’.
9-Le champ lexical du portrait de la femme : « longue, mince », « en grand deuil », « main
fastueuse », « agile et noble », « jambe de statue », « son œil livide », « fugitive beauté ».
Le champ lexical de la mélancolie : «hurlait », « douleur », « crispé comme un extravagant
», « l’ouragan », « tue », « la nuit ».
10- La consonne la plus répétée dans le quatrième vers est « l », c’est une allitération qui
traduit la douceur de la femme.
11-Ce poème exprime des sentiments pour une femme et la fatalité qu’il endure ‘’fugitive
beauté’’

II- TRAVAIL D’ECRITURE


1-Eléments de l’introduction
A-La situation du texte
 Titre : ‘’A une passante’’
 Nature du poème : Sonnet
 Tonalité: Lyrique
 -Idée générale : Le poète exprime sa passion amoureuse pour une dame et la
fatalité qu’il endure car cette femme est de passage.
B-L’auteur
 Nom : Charles BAUDELAIRE
 Nationalité : Française
 Epoque : XIXe siècle
 Courant littéraire : Symbolisme
C-Ouvrage :
 Titre : Les Fleurs du mal

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 Année de publication : 1857
D-Centres d’intérêt
 le portrait de la femme
 la mélancolie du poète
Esquisse d’introduction
Le texte soumis à notre analyse intitulé « A une passante » est de Charles BAUDELAIRE
extrait de son recueil de poèmes, Les Fleurs du mal, publié en 1857. Dans ce sonnet de
tonalité lyrique, le poète français du Symbolisme du XIXème siècle met en exergue une
rencontre avec une femme inconnue. De ce fait, en premier nous étudierons la description
de la femme, et en second lieu nous mettrons en valeur la réaction du poète face à cette
femme.

SUJET N°3 : COMMENTAIRE LITTERAIRE


I-Questions :
1- Ce texte mis à notre disposition est un texte en prose. Parce qu’il ne respecte aucune
règle de la versification.
2- Dans ce texte, le romancier relate la scène du meurtre d’un Arabe par le
personnage principal nommé Meursault.
3- Le passage qui montre que le soleil a joué un rôle négatif dans le texte est le suivant
« La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui
m'atteignait au front…J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour ».
4- Les quatre (4) mots du champ lexical de la nature sont : soleil, plage, mer, lumière,
ombre.
5- Albert CAMUS est un : Français.
6- Albert CAMUS appartient au courant existentialiste ou absurde.
7- Ce texte est extrait du roman L’Etranger publié en 1942.
8- Le romancier utilise le pronom personnel ‘’je’’ parce qu’il est lui-même acteur de son
récit.
9- Ce texte exprime une tonalité à la fois lyrique et tragique, car il met en exergue les
sentiments de la scène du crime ou meurtre d’un Arabe par le personnage principal
nommé Meursault.

II-Travail d’écriture :
Rédigez une introduction à partir de ces deux thèmes principaux : l’aspect tragique
puis la portée absurde de cet acte.

1-Eléments de l’introduction
A-La situation du texte
 Titre : Sans titre
 Nature du poème : texte narrative en prose
 Tonalité: Lyrique et tragique
 -Idée générale : Le poète met en exergue la scène du crime ou meurtre d’un
Arabe par le personnage principal nommé Meursault.
B- L’auteur
 Nom : Albert CAMUS
 Nationalité : Française
 Epoque : XXe siècle
 Courant littéraire : Existentialisme ou absurde

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C-Ouvrage :
 Titre : L’Etranger
 Année de publication : 1942
D-Centres d’intérêt
 L’aspect tragique
 L’aspect dramatique de la scène

Le texte soumis à notre étude est de l’écrivain français du XXème siècle Albert
CAMUS, figure de proue du mouvement littéraire l’existentialisme ou l’absurde.
Extrait de son roman intitulé L’ETRANGER, publié en 1942 ; ce texte en prose
fortement lyrique et tragique met en exergue la scène du crime ou meurtre d’un
Arabe par le personnage principal nommé Meursault. Ainsi, nous étudierons de façon
précise l’aspect tragique puis la portée absurde de l’acte de Meursault.

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SUJET N°4 : COMMENTAIRE LITTERAIRE
I- Réponses aux questions
1- C’est un poème classique parce qu’il comporte respecte les règles de la versification :
strophes, rimes, les vers ont la même longueur…
2- Ce poème met en exergue le voyage que l’auteur désire entreprendre en vue de se
rendre sur la tombe de sa fille morte.
3- Déterminons la métrique du deuxième vers
Je/ par/ti/rai/vois/tu/ je/ sais/ que/ tu/ m’a/ttends (alexandrin)
4- Analysons la disposition et le genre des rimes de la première strophe.

Campagne, A
Attends. B
Montagne. A : ABAB : rimes croisées et
Longtemps. B

Campagne, A
Montagne. A : rimes féminines et masculines
Attends. B
Longtemps. B

1-Eléments de l’introduction
A-La situation du texte
 Titre : Demain dès l’aube
 Nature du poème : un alexandrin ou un poème classique
 Tonalité: Lyrique
 Idée générale : Le poète met en exergue le voyage que l’auteur désire
entreprendre en vue de se rendre sur la tombe de sa fille morte.
B-L’auteur
 Nom : Victor HUGO
 Nationalité : Française
 Epoque : XIXe siècle
 Courant littéraire : Romantisme.
C-Ouvrage :
 Titre : Les Contemplations
 Année de publication : 1856
D-Centres d’intérêt
 L’évocation du voyage à effectuer
 La souffrance qu’éprouve le poète

Le texte soumis à notre analyse est un poème classique intitulé ‘’Demain dès l’aube’’
extrait des Contemplations, ouvrage publié en 1856 par l’écrivain français Victor HUGO
appartenant au courant littéraire le romantisme. De tonalité lyrique, ce poème évoque le
voyage que l’auteur désire entreprendre en vue de se rendre sur la tombe de sa fille morte.
Notre travail s’articulera autour des axes suivants : l’évocation du voyage et la souffrance
du poète.

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ÉTUDE D’UN TEXTE ARGUMENTATIF (E.T.A.)

L’étude d’un texte argumentatif est l’un des exercices littéraires inscrit au programme
officiel à l’issue du colloque de français tenu à Brazzaville du 8 au 16 mai 2014. Cet exercice
porte essentiellement sur un texte argumentatif d’environ 350 à 400 mots intéressant la vie
des hommes : le sport, la culture, les sciences, la violence, les conditions de la femme, la
littérature, l’éducation, etc.

1. Définition
Un texte argumentatif est un type de discours qui a pour but de soutenir, de défendre ou
de réfuter une thèse (ou un point de vue), de convaincre et de persuader le lecteur à
propos d’un thème ou d’un sujet et l’inciter à modifier son jugement ou, à l’inciter à agir.
2. Structure d’un Texte Argumentatif
Le texte argumentatif s’organise souvent selon trois étapes et sert à démontrer la thèse de
l’auteur.
L’idée principale (directrice) exprime la thèse de l’auteur.
Les arguments clarifient ou justifient l’idée de l’auteur.
Les exemples rendent plus concret et renforce l’argument.
N.B. : Dans une argumentation, les phrases sont reliées entre elles par les connecteurs
logiques.

3. Structure d’un sujet portant sur l’Étude d’un Texte Argumentatif


L’étude du texte argumentatif présente une structure qui s’articule autour de deux
parties, à savoir les questions et le travail d’écriture.
La première partie liée aux questions est notée sur six (6) points. Elle a deux volets : la
compréhension et la pratique de la langue.

1. La compréhension
Les questions de compréhension sont notées sur trois (3) points. Ce volet peut porter sur
le thème du texte, la thèse, la rhétorique, les arguments qui appuient la thèse du texte et la
structure logique.
2. La pratique de la langue
La pratique de la langue qui est notée aussi sur trois (3) points porte sur la grammaire,
la conjugaison, la syntaxe, les niveaux de langue, le vocabulaire, etc.

EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions posées.
Texte :

Cet homme que nous voulons former, quelles vertus lui donnerons-nous ? Je ne songe pas
un instant, à des cours de morale ou même à des exhortations par lesquelles l’enfant serait
encouragé ou remis « dans le droit chemin ». Tout cela est généralement mal supporté et
parfaitement inefficace. Mais je crois que l’on peut, à

40
partir de tous les enseignements, et de tous les exercices, donner progressivement à l’enfant
une certaine attitude intérieure. Le premier élément de cette attitude, la première de ces
vertus, c’est le calme. Plus les choses vont vite, plus il faut rester calme. Ce n’est pas
seulement une question d’élégance, c’est une question de vie ou de mort. Dans le monde
agité, dangereux qui est le nôtre, il faut que nous ayons des enfants calmes. Ainsi, il importe
que nous soyons pénétrés, nous parents et éducateurs, du devoir que nous avons d’aider nos
enfants à rester calmes.
La deuxième vertu qu’il nous faut susciter, c’est l’imagination. Dans un monde stable, la
raison est la faculté maîtresse. Dans un monde mobile et sans cesse renouvelé, il faut
constamment inventer ; et d’abord il faut inventer sa propre vie. Bref, on peut enseigner
aux enfants à résoudre les problèmes dans tous les domaines.
On peut leur apprendre à avoir des idées. J’en ai souvent fait l’expérience avec mes
étudiants. Surpris et ravis de voir que sur une question où ils pensaient n’avoir rien à dire, ils
étaient capables de découvrir des vérités originales.
L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une autre qualité : l’esprit
d’équipe. Dans notre univers technique, il n’y a guère d’action efficace qui n’exige la
coopération de plusieurs individus. Les plus brillantes aptitudes sont stérilisées ; il faut aussi
inventer des structures qui puissent réaliser un équilibre indispensable entre la liberté, sans
laquelle elle perd presque toute sa force…
J’insisterai davantage sur le courage. Nous n’avons pas le droit de dissimuler à nos
jeunes gens les périls qui les attendent. Ils entrent dans un monde où leur place n’est pas
réservée, leur destin sera sans cesse remis en question. Commencer une action est toujours
un effort coûteux. Il faut du courage pour accepter des risques et prendre des initiatives.
Gaston BERGER, L’Homme moderne et son éducation, 1957.

Questions
A. Compréhension
a. Quel est le thème de ce texte ?
b. Reformulez en une phrase la thèse
défendue par l’auteur.
3. Quelles sont les différentes qualités qu’on
doit développer chez l’enfant ?
B. Pratique de la langue
- Donnez le sens de l’expression suivante :
« le monde agité ».
- Indiquez le temps employé dans cette
phrase et réécrivez-le au passé-composé : « il faut inventer sa propre vie».
- Mettez cette phrase à la forme
interrogative : « On peut leur apprendre à avoir des idées ».
- Analysez logiquement cette phrase :
« Nous n’avons pas le droit de dissimuler à nos jeunes gens les périls qui les attendent ».

41
RÉSUMÉ D’UN TEXTE ARGUMENTATIF

Le résumé de texte est la première partie de l’un de types d’exercices littéraires proposés
au baccalauréat : il est toujours suivi d’une discussion.
Le résumé consiste à condenser intelligemment un texte d’ordre général intéressant la vie
des hommes (sport, culture, art, sciences, guerre, condition de la femme, éducation…). Il
consiste à dire en quelques mots ce que l’auteur a dit en plusieurs mots.

I- L’importance du résumé de texte


Le résumé est un exercice à la fois utile et formateur pour la vie professionnelle où
abondent des exercices de synthèses : traitement de dossiers, rapports, compte-rendu… Il
développe l’esprit de géométrie, de synthèse et de finesse. C’est pourquoi, le candidat doit
faire preuve de rigueur (il faut respecter la pensée d’autrui), de précision (il faut reformuler
sans déformer), de concision (il faut utiliser un nombre d’unité de mots).

II- Ce qu’il faut faire pour réussir un résumé


Pour réussir un résumé de texte, il faut :
- Rester fidèle au texte initial (N’oubliez pas le texte, rien que le texte et tout le texte);
- Rédiger un résumé lisible et correct ;
- Suivre le fil du développement du texte ;
- Se mettre à la place de l’auteur ;
- Respecter le nombre de mots demandés ;
- Reformuler les idées de l’auteur en gardant le système d’énonciation ;

Il faut donc éviter de :


- Faire un commentaire du texte ;
- Apporter des idées nouvelles ;
- Copier les phrases du texte (la paraphrase) ou faire le collage ;
- Survoler le texte, bouleverser l’ordre des idées ;
- Utiliser le style confus et touffu ;
- Utiliser les formules comme : l’auteur pense que ; dans ce texte…
- Ecrire un nombre de mots erroné ou fantaisiste ;
- Abandonner au correcteur un résumé rempli des fautes.

III- Ce qu’il faut faire pour réduire le nombre de mots


Pour réduire le nombre de mots utilisés, on peut remplacer un groupe de mots par : un
nom, un adjectif, un verbe, un adverbe…
On peut aussi remplacer une énumération par un terme générique.

IV- La longueur du résumé


La longueur du texte se mesure au nombre de mots qu’il contient. Le texte est donc
résumé au quart de sa longueur avec une marge de tolérance de plus ou moins de 10%.
Par exemple pour un texte de 250 mots, nous aurons cet intervalle : [67 ; 83]
300 : 4 = 75 ; 75 ×10 ̸ 100 = 7,5 = 8 ;
75 + 8 = 83 ; 75 – 8 = 67.

V- La reformulation des idées


Pour exprimer de manière différente ce qui est dit, on peut :
- Avoir recours aux synonymes ;

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- Varier les constructions syntaxiques : Il a acheté des chaussures neuves dans un petit
magasin. A peine sorti, il les a enfilées. (Il a porté des chaussures qu’il vient d’acheter dans
un petit magasin).

EXERCICE
Résumez ces deux paragraphes qui comptent 191 mots au quart de leur longueur avec
une marge de 10% en plus ou en moins.
Texte :
L’usage que chacun fait de son temps libre, en fin de journée, en fin de semaine, durant
les semaines de congé payé, ne se comprend que par rapport au travail et au mode
d’existence dans la ville. La part faite au sport, au divertissement, à l’information ou à
l’enrichissement, à la solitude ou au groupe, varie selon les métiers, les modes ou les
individus. Choix libre en ce sens qu’aucun règlement ne l’impose. Non pas nécessairement
l’expression d’une liberté : la personne elle-même se soumet à des interdits et des
obligations qu’elle a inconsciemment intériorisés.
Chaque société a ses jeux et ceux-ci ont le même caractère d’évidence que les
coutumes. Certaines sociologues ont esquissé une typologie de jeux en relation avec la
diversité des types sociaux : la sociabilité industrielle favorise manifestement les jeux de
compétition et de hasard. Des deux côtés de l’Atlantique, les jeux de la télévision
comportent une combinaison de l’élément d’«agon» et de l’élément d’« aléa »1: la question
qui vaut soixante-quatre dollars est une affaire de chance autant qu’une épreuve
intellectuelle. (…)
Raymond ARON, Les Désillusions du progrès, Calmann-Lévy, 1967.
Vocabulaire
1. Agon : combat, compétition.
2. Aléa : hasard, chance.

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DISSERTATION

La dissertation consiste à conduire une réflexion personnelle et argumentée à partir d’une


problématique littéraire issue du programme (de français). Pour développer son
argumentation, le candidat s’appuie sur ses lectures et sa culture personnelle », disent les
textes officiels cadrant l’exercice du baccalauréat. Il s’agit donc d’un développement
argumentatif composé.

I – Le sujet de la dissertation et la problématique proposée


Le sujet pose un problème social, littéraire, historique…
Il se présente sous forme d’affirmations, de questions ou de citations.

II – Les différentes parties de la dissertation


Une dissertation se présente sous la forme cohérente d’un développement argumentatif
en plusieurs parties, de l’introduction qui présente le problème à la conclusion qui tente de
le résoudre.

III – L’introduction
Elle se présente en un seul paragraphe et comprend les éléments suivants :
1. présentation générale, littéraire ou sociale du sujet ;
2. reprise du libellé du sujet (ou de la citation) s’il est court ou reformulation de celui-ci
s’il est trop long ;
3. formulation de la problématique et annonce du plan.

N.B. : Pour mieux rédiger une introduction, il est nécessaire avant de commencer à
rédiger de:
- analyser le libellé du sujet,
- donner le sens des mots-clés,
- dégager le thème,
- dégager le problème posé,
- reformuler le sujet,
- formuler la problématique.

EXERCICES

1. Rédigez une introduction normative à partir du sujet suivant.

Gaston Berger affirme : « L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse


une autre qualité : l’esprit d’équipe ». Pensez-vous que, dans le domaine de l’école, la
coopération de plusieurs élèves soit toujours importante ?

2. Voici un sujet avec une introduction en désordre ; mettez-la en ordre.

Denis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la dépravation des mœurs ».
Partagez-vous la vision ?

(A) Ainsi, le conflit armé résulte-t-il de la perversion ? N’est-il pas au contraire la résultante
de la course à l’hégémonie ?
(B)La guerre se définit comme privation de paix provoquée par l’égoïsme, la soif du
pouvoir ou la quête à la superpuissance mondiale.

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(C) Parlant de son origine, Denis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la
dépravation des mœurs ».

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RÉDACTION DU DÉVELOPPEMENT D’UNE DISSERTATION

Une dissertation se présente sous la forme cohérente d’un développement


argumentatif composé de plusieurs parties, de l’introduction qui présente le
problème à la conclusion qui tente de le résoudre.

1. Le plan de la dissertation
C’est la recherche de cohérence de progression logique dans l’argumentation. Il s’agit
d’ordonner les idées, les arguments et les exemples pour les rendre clairs et convaincants.
Pour dégager le plan d’une dissertation, il faut bien analyser la consigne car la composition
de la dissertation dépend de la formulation du sujet d’une part et du plan que l’on adopte
d’autre part. Par exemple, les expressions comme « Que pensez-vous ? », « Discutez… »,
« Expliquez et discutez… », « Pensez-vous que… » renvoient au plan dialectique.
Le plan est à la dissertation ce que le squelette est au corps. Quels que soient vos talents
d’écriture et la richesse de vos idées et de vos exemples, il n’y a pas de bonne dissertation
sans plan.

2. La rédaction du développement
Le développement permet de rendre claire et apparente la structure de votre devoir. Il
comporte donc deux ou trois grandes parties constituées elles-mêmes de deux ou trois
paragraphes. Chaque partie développe une idée directrice.
Construit autour d’une thèse ou d’une idée directrice, chaque paragraphe regroupe un
argument qui est illustré par un ou deux exemples, et qui est introduit par un connecteur
logique qui facilite l’enchaînement de l’argumentation.
Il faut toujours prévoir des transitions entre les parties.
La transition est un bref paragraphe (de deux ou trois lignes) qui ménage le passage
d’une partie à l’autre. Autrement dit, elle dresse le bilan rapide de la partie précédente
pour annoncer la suivante.

Il est toujours possible d’insérer des citations littéraires ou d’ordre général dans votre
développement pour mieux enrichir votre devoir.

EXERCICE
Après avoir lu le sujet proposé, répondez aux questions posées autour de ce sujet.
Gaston Berger affirme : « L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une
autre qualité : l’esprit d’équipe ». Pensez-vous que la collaboration entre élèves est
bénéfique ?

Questions
1. À quel type de plan renvoie la consigne ce sujet ? Justifiez votre réponse.
2. Quelle est la thèse soutenue par Gaston Berger dans ce sujet ?
3. Proposez deux arguments illustrés par des exemples qui justifient la thèse.
4. Quelle sera l’antithèse possible ?

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5. Rédigez une phrase de transition.
6. Proposez deux arguments illustrés par des exemples qui justifient cette antithèse.
7. Rédigez le paragraphe argumentatif de la thèse et de l’antithèse.

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RÉDACTION DE LA CONCLUSION D’UNE DISSERTATION

Une dissertation se présente sous la forme cohérente d’un développement argumentatif


en plusieurs parties, de l’introduction qui présente le problème à la conclusion qui tente de
le résoudre.

1. Les différentes parties de la dissertation

La dissertation comporte trois grandes parties : l’introduction, le développement et la


conclusion.

II. La rédaction de la conclusion

La conclusion constitue la troisième et dernière partie de la dissertation française. Du latin


conclusio qui signifie résumer un discours, elle est la chute de toute la réflexion
argumentative.
Tout comme l’introduction, elle se rédige en un seul paragraphe et permet de mettre en
valeur la richesse culturelle et l’esprit de synthèse. Elle comprend ainsi trois grandes étapes :
le bilan, le point de vue personnel et l’élargissement.

1. Le bilan :
Le bilan, qui constitue la première étape, doit donner d’emblée une réponse synthétique
aux questions posées en introduction. Elle fait pour cela le bilan des idées défendues dans le
développement qui en est l’aboutissement logique. Elle ne doit ni répéter les phrases
utilisées dans le développement, ni introduire de nouveaux arguments ou de nouveaux
exemples.

2. Le point de vue personnel


Cette seconde étape de la conclusion fixe de manière claire et nette la position
personnelle à l’égard du problème posé et abordé tout au long de la rédaction
argumentative du corps du devoir.

3. L’élargissement
Cette dernière et troisième étape de la conclusion donne une nouvelle orientation à la
thématique du sujet, une piste possible pour un devoir ultérieur, un nouveau problème à
traiter. Cet élargissement n’est possible que si le bilan effectué permet une ouverture qui
prolonge la réflexion.
Dans tous les cas, il apparaît important de ne pas terminer la conclusion par une
question, qui pourrait laisser le lecteur sur l’impression d’un devoir inachevé.

En résumé, la conclusion est à la fois une synthèse et une ouverture sur un autre aspect.

48
EXERCICES
1. Rédigez une conclusion normative à partir du sujet ci-après :
Gaston Berger affirme : « L’éducation doit s’appliquer à développer dans la jeunesse une
autre qualité : l’esprit d’équipe ». Pensez-vous que dans le domaine de l’école, la
coopération de plusieurs élèves soit toujours importante ?

2. Voici un sujet avec une conclusion en désordre ; mettez-la en ordre.

Dénis Diderot affirme : « La guerre est l’unique fruit de la dépravation des mœurs ».
Partagez-vous la vision ?

A. En réalité, la guerre est entraînée par l’égoïsme, la course à l’armement et les politiques
interventionnistes.

B. En somme, la guerre est le fruit des mauvaises mœurs car elle est source de plusieurs
vices. Pourtant, le conflit armé est aussi occasionné par la souveraineté et la suprématie de
certaines nations ou races.

C. Il est donc nécessaire de retenir que la guerre est le résultat de la barbarie de l’homme.

3. Voici un sujet avec une conclusion inachevée. Complétez-la par la partie


manquante.

Sujet : H. AFFALOU écrit : « Le transfert d’argent et autres services qu’offre le téléphone


mobile sont toujours profitables aux usagers ». Discutez.

En définitive, le téléphone est une invention qui comporte des atouts et des méfaits
multiples. Toutefois, utilisé à bon escient, il procure plus de profits à l’humanité.

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EXERCICE
Lisez le texte ci-dessous, puis répondez aux questions.
Texte :
Les études menées par le Cabinet Creach Consulting en avril 2014 classent Facebook
comme le réseau social le plus populaire d’Afrique. En effet, dans la plupart des pays, le
nombre d’utilisateurs de Facebook se confond quasiment avec le nombre d’utilisateurs
d’internet. Pour preuve, en Egypte 88% des internautes sont connectés sur Facebook. Au,
Nigéria également, ce sont les 83% des internautes qui sont connectés, au Ghana 77% et
enfin au Kenya, 76%.
L’ampleur de ce phénomène est d’autant plus frappante que le taux de pénétration de
Facebook en Afrique est comparable aux taux observés dans les pays considérés comme ses
bases traditionnelles. Avec 88% le Nigéria affiche un taux d’utilisation de Facebook
supérieur à celui des États-Unis. Les pays comme l’Égypte, la Tunisie se situent à des
hauteurs supérieures ou comparables à la Russie 86%. Il y a donc lieu de soutenir avec le
cabinet Reach Consulting que Facebook est le site web le plus visité au Sénégal, au Ghana,
en Côte d’ivoire…. Là où Facebook n’occupe point la première place, il se classe
systématiquement comme deuxième ou troisième site le plus visité tel qu’au Kenya (2e), au
Cameroun (3e).
Cependant, il ne faut pas ignorer l’émergence non négligeable d’autres réseaux sociaux
en Afrique. On peut à ce titre citer (le) YouTube qui à Madagascar est le troisième site le
plus visité devant Facebook qui occupe le cinquième rang ; le Sénégal se distingue comme
l’un des pays où le trafic sur (le) You Tube est supérieur à la moyenne du trafic mondial.
Dans le même contexte. Si Twitter, Linkedln et Instagram voient également leur trafic
augmenter. Il faut toutefois noter que l’utilisation de ces sites est beaucoup plus concentrée
dans les pays anglophones de l’Afrique subsaharien : Nigéria, Ghana, Ouganda, Kenya…
Michel Lobe Ewane, Forbes Afriques, juillet- Aout 2015.

Questions
1. Compréhension
1. Donnez à ce texte, le titre qui convient.
2. Pourquoi Facebook est-il perçu comme le réseau social le plus populaire en Afrique
?
3. Le troisième paragraphe soutient-il la même thèse que les deux précédents ?
Justifiez votre réponse.
2. Pratique de la langue.
A. Donnez le synonyme du mot « émergence » et employez-le dans une phrase.
B. Trouvez un mot de la même famille que « connecter ».
C. Relevez et donnez la valeur du connecteur logique qui ouvre le dernier paragraphe.
D. Voici la phrase ci-après : « il ne faut pas ignorer l’émergence non négligeable
d’autres réseaux sociaux en Afrique ». Donnez la nature de cette phrase et analysez-la
logiquement.

LE RÉSUMÉ DE TEXTE

Le résumé de texte est la première partie de l’un des types d’exercices littéraires proposés
au baccalauréat ; il est toujours suivi d’une discussion.
Le résumé consiste à condenser intelligemment un texte d’ordre général sur des sujets
intéressant la vie des hommes (sport, culture, art, sciences, guerre, condition de la femme,
éducation…). Il consiste à dire en quelques mots ce que l’auteur a dit en plusieurs mots.

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1. L’importance du résumé de texte
Le résumé est un exercice à la fois utile et formateur pour la vie professionnelle où
abondent des exercices de synthèse : traitement de dossiers, rapports, comptes rendus… Il
développe l’esprit de géométrie, de synthèse et de finesse. C’est pourquoi, le candidat doit
faire preuve de rigueur (il faut respecter la pensée d’autrui), de précision (il faut reformuler
sans déformer), de concision (il faut utiliser un nombre d’unités de mots).

2. Ce qu’il faut faire pour réussir un résumé


Pour réussir un résumé de texte, il faut :
A. rester fidèle au texte initial (N’oubliez pas le texte, rien que le texte et tout le texte) ;
- rédiger un résumé lisible et correct ;
C. suivre le fil du développement du texte ;
- se mettre à la place de l’auteur ;
E. respecter le nombre de mots demandés ;
F. reformuler les idées de l’auteur en gardant le système d’énonciation.

Il faut donc éviter de :


- faire un commentaire du texte ;
- apporter des idées nouvelles ;
I. copier les phrases du texte (paraphraser) ou faire du collage ;
J. survoler le texte, bouleverser l’ordre des idées ;
- utiliser un style confus et touffu ;
L. utiliser les formules comme « L’auteur pense que… / Dans ce texte… »;
M. écrire un nombre de mots erroné ou fantaisiste ;
N. abandonner au correcteur un résumé rempli des fautes.

c. Ce qu’il faut faire pour réduire le nombre de mots


Pour réduire le nombre de mots utilisés, on peut remplacer un groupe de mots par un
nom, un adjectif, un verbe, un adverbe…
On peut aussi remplacer une énumération par un terme générique
IV. La longueur du résumé
La longueur du texte se mesure au nombre de mots qu’il contient. Le texte est donc
résumé au quart de sa longueur avec une marge de tolérance de plus ou moins de 10 %.
Par exemple, pour un texte de 200 mots, nous aurons cet intervalle : [45 ; 55]
200 : 4 = 50 ; 50 ×10 ̸ 100 = 5 ;
50 + 5 = 55 ; 50 – 5 = 45.
V. La reformulation des idées
Pour exprimer de manière différente ce qui est dit, on peut :
- avoir recours aux synonymes ;
P. varier les constructions syntaxiques : Il a acheté des chaussures neuves dans un petit
magasin. À peine sorti, il les a enfilées. (Il a porté des chaussures qu’il vient d’acheter dans
un petit magasin).

EXERCICE
Résumez ce texte au quart de sa longueur avec une tolérance de mots de 10% en plus
ou en moins.
NB : Ce paragraphe compte 182 mots.
Texte :
Sans trop simplifier les choses, il semble que l’on puisse distinguer trois dispositions
psychologiques du lecteur : plus simplement, trois façons de lire. La première est d’y

51
chercher une diversion de la vie : on prend un livre, le soir, quand on est fatigué d’une
journée de travail, pour y trouver un agrément de l’imagination, une pente facile de
l’intelligence vers des objets qui l’amusent, vers des problèmes artificiels propres à la
détourner des questions concrètes que lui posent durement le travail professionnel, l’action
sociale ou la méditation morale. Ainsi fait, par exemple, le lecteur de romans policiers et je
ne vais pas commencer par dire du mal des romans policiers, et par me brouiller avec ceux
qui en usent, je me ferais du premier coup trop d’ennemis ! J’admets parfaitement que l’on
pratique cette méthode de lecture récréative, que l’on cherche à l’étendre à beaucoup
d’autres ouvrages, dont certains ne sont pas sans mérites ; je ne conteste nullement le talent
de Georges Simenon, ou de Marcel Pagnol, ou de Pierre Benoit (…)
Une seconde façon de lire, analogue à la première, mais plus raffinée, est de
demander à l’œuvre littéraire une pure jouissance esthétique : par conséquent, encore, une
diversion de la vie, mais à un niveau plus élevé, où le plaisir est de goûter une belle
musique de la phrase, de subtiles consonances d’images, un ordre parfait de la pensée,
quelles que soient d’ailleurs la signification morale ou la tendance spirituelle des textes. Ainsi
lit le dilettante, le fin lettré, et de préférence dans de beaux volumes, dont il caresse
amoureusement les reliures de plein cuir et dont il collectionne les éditions de prix (…)
Pierre Henri Simon, Témoins de l’homme.

52
ÉNONCIATION

L’énonciation est l’acte de parole d’un locuteur qui produit un énoncé qu’il destine à un
interlocuteur. C’est en effet l’acte de communiquer, c’est-à-dire de produire un message
dans une situation précise. L’énonciation peut prendre des formes différentes selon que
l’auteur de la communication apparaît clairement dans le message, ou bien en est effacé.

1. La situation d’énonciation
Dans une situation d’énonciation, on pose les questions suivantes : Qui parle ? ; À qui ?
Où est situé le narrateur ? ; À quel moment formule-t-il son énoncé ? ; Comment exprime-
t-il ce qu’il dit ?

2. L’acte d’énonciation
L’acte d’énonciation se manifeste par la présence des indices dans un texte.

1. Les indices du locuteur (ou narrateur)


A. Les pronoms et déterminants
Celui qui s’exprime manifeste sa présence dans l’énoncé à travers les pronoms ou les
déterminants de la première personne tels que les pronoms personnels (je, me, moi, nous),
les pronoms possessifs (le mien, le tien, le sien) ; le pronom indéfini « on » et les déterminants
ou adjectifs possessifs (mon, ma, mes).

N.B. : « On » est considéré comme une marque de l’énonciation. Cependant, son


analyse est plus complexe.

B. Les indices de jugement


La présence du narrateur est aussi visible grâce aux modalisateurs ou indices de jugement
lesquels traduisent ses sentiments. Il s’agit des sentiments :
- Affectifs : effrayant, émouvant ;
- Jugements de valeur : bon, sale, mauvais, meilleur ;
- Certitude ou doute : certainement, sans aucun doute, probable, peut-être…

2. Les indices du destinataire


On les repère grâce à l’utilisation de la 2e personne (tu, vous), des déterminants possessifs
(ta, tes, ton, votre), des pronoms possessifs (la tienne, le tien, la vôtre) et de l’emploi de
l’impératif (Sors ! Debout !).

3. Les indices de lieu et de temps


— Le temps : Le temps de l’énonciation correspond au moment où le message est produit.
Le présent est le temps de référence : c’est le présent de l’énonciation. Il s’exprime à travers
les indices ci-après : aujourd’hui, demain, ce matin, hier,…
— Le lieu : Le lieu de l’énonciation est défini par des indicateurs spatiaux qui renvoient à
l’environnement du narrateur. Il peut s’agir des expressions de lieu comme ici, là-bas, à ma
droite, en haut…

53
EXERCICE
Observez les textes suivants, proposés dans un ordre croissant de difficulté. Pour
chacune d’eux, répondez aux questions suivantes: Qui parle ? Peut-on clairement identifier
le locuteur? Existe-t-il un destinataire ? Sous quelle forme ? Est-il identifiable ?

Texte 1 :
Le récit de la « gorge coupée » :
Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d’une agression. Je veux dire que je subis dans la gorge
une opération qui consiste à m’enlever des végétations; l’intervention eut lieu d’une
manière très brutale, sans que je fusse anesthésié. Mes parents avaient d’abord commis la
faute de m’emmener chez le chirurgien sans me dire où ils me conduisaient. Si mes
souvenirs sont justes, je m’imaginais que nous allions au cirque : j’étais donc très loin de
prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le
chirurgien, et ce dernier lui-même.
Michel Leiris, l’Âge d’homme (autobiographie), Gallimard, 1946.

Texte 2 :
Hé que voulez-vous dire ? Êtes-vous si cruelle ?
De ne vouloir aimer ? Voyez les paresseux
Qui démènent l’amour : voyez les colombe aux,
Regardez le manier, voyez la tourterelle.
Pierre de Ronsard, Nouvelle continuation des Amour

54
EXERCICE
Voici deux extraits de texte : précisez leur nature puis justifiez votre réponse.
Texte 1 :
L’éducation fait l’objet d’un large consensus parmi la communauté internationale. Il est
désormais admis que sa diffusion contribue au développement. Les exemples abondent : au
Ghana, 52 % des femmes sans instruction croient que la maladie est causée par les esprits,
contre 31 % des femmes qui ont fréquenté l’école primaire. […]
Michel AULAGNON, Le Monde,
31 août 1995.

Texte 2 :
Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un
présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il
jouit de la raison. Si la nature a établi quelque autorité, c’est la puissance paternelle a ses
bornes, et dans l’état de nature, elle finirait aussitôt que les enfants seraient en état de se
conduire. Toute autre autorité vient d’une autre origine que la nature.
Denis DIDEROT, « Autorité politique », article de L’Encyclopédie, 1751.

CORRIGE
Précisons la nature de chaque extrait :

Texte 1 : C’est un texte argumentatif :


Présence du présent de vérité générale : « fait », « abondent », « croient »…
Présence de la démonstration dans le raisonnement : idée directrice (L’éducation fait
l’objet d’un large consensus parmi la communauté internationale), argument (Il est
désormais admis que sa diffusion contribue au développement), exemples (Au Ghana, 52
% des femmes sans instruction croient que la maladie est causée par les esprits, contre 31 %
des femmes qui ont fréquenté l’école primaire…)

Texte 2 : C’est un texte argumentatif :

Présence du présent de vérité générale : est, jouit, vient.


Présence de la démonstration dans le raisonnement : idée directrice (Aucun homme n’a
reçu de la nature le droit de commander aux autres), argument (La liberté est un présent
du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la
raison).
CORRIGÉS DES EXERCICES SUR LES FIGURES DE STYLE

EXERCICE 1 :
1-« Ce n’est pas sérieux » : litote
2-« Je te l’ai répété mille fois » : hyperbole
3-« Les demandeurs d’emploi » : Euphémisme.
4-« C’est du joli » : Antiphrase
5-« Verser des torrents de larmes » : Hyperbole
6-« Les pays en voie de développement » : Euphémisme
7-« Vous n’avez pas tort » : litote
8-« Le charmant animal planta ses crocs dans mon mollet » : Hyperbole (Cette phrase est
aussi une métaphore ; elle indique que l’animal sort ses dents pour dévorer l’homme)

EXERCICE 2 :
1-« L’air flamboie et brûle sans haleine » : métaphore
« La terre est assoupie dans sa robe de feu » : personnification
2-« Tout homme qui vieillit est ce roc solitaire » : métaphore
3- « Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir. » ; « Le violon frémit comme un cœur
qu’on afflige » : ce sont des comparaisons
4-« Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage » : métaphore
« Traversé çà et là par de brillants soleils » : métaphore.
5-« L’aurore grelottante en robe et verre/ S’avançait lentement sur la Seine déserte, / Et le
sombre Paris, en se frottant les yeux, / Empoignait ses outils, vieillard laborieux. » :
Allégorie
6-« Il faut aller voir de bon matin, du haut de la colline du Sacré-Cœur, à Paris, la ville se
dégager lentement de ses voiles splendides, avant d’étendre les bras » : Allégorie.
7-« Son regard est pareil au regard des statues » : Comparaison.

EXERCICE 3 :
1-« Au volant, la vue c’est la vie » : Métonymie
2-« …Ils avaient vaincu toute la terre. / Chassé vingt rois… » : Hyperbole
3-« Tout le village connaît la nouvelle et chuchote » : Hyperbole
4-« Ce roman n’est pas le meilleur de ses ouvrages » : C’est une périphrase

56
GRANDS MOUVEMENTS LITTERAIRES FRANÇAIS DU XVIe au XXe SIECLE

La littérature française a connu plusieurs grands mouvements littéraires ayant marqué à la


fois son histoire politique et littéraire. Par siècle et mouvements, ils se présentent comme
suit :

1- Le XVIe siècle :
Le XVIe siècle a connu deux mouvements de pensée littéraire. Entre autres mouvements,
nous avons :

1-a-L’Humanisme :
Caractéristiques : Né en Italie, l’humanisme apparait en France au XVIe siècle. Il résulte
des progrès scientifiques (imprimeries, méthodes de navigation, traités d’anatomie…), des
découvertes de contrées nouvelles et de la réforme protestante, qui entrainent une nouvelle
vision de l’homme et sa place dans l’univers. L’humanisme cherche à promouvoir la culture
en s’appuyant sur les textes antiques et en renouvelant les méthodes d’enseignement.

1-b-La Pléiade :
Caractéristiques: Formé en 1553 par un groupe de sept poètes, dont Ronsard et Du
Bellay, la pléiade, qui renvoie à une constellation de sept étoiles, a pour but de développer
une poésie en langue française qui puise son inspiration dans l’Antiquité mais aussi chez
Pétrarque, poète italien du XVIe siècle, cherche à enrichir la langue française, comme le
prône Du Bellay dans sa Défense et illustration de la langue française (1559). Si le poète est
sacré et la poésie d’origine divine, le don fait au poète ne le dispense pas de travailler.

2- Le XVIIe siècle :
Il a contribué à la révolution de la langue française. Les mouvements qui ont marqué ce
siècle sont :
2-a-Le Baroque (perle irrégulière, qui n’a pas une forme normale)
Caractéristiques: le baroque est un courant architectural, pictural et musical qui se
manifeste aussi dans la littérature du XVIIe siècle. Le mouvement est caractérisé par un
style outrancier et irrégulier dans une époque marquée par l’instabilité et les incertitudes.
L’extravagance et l’ornementation sont omniprésentes. La frontière entre réalité et illusion
devient poreuse, ce qui entraine des jeux de miroir, des effets de trompe-l’œil ou de mise en
abyme.

2-b-Le Classicisme :
Caractéristiques : associés au règne de Louis XV, les auteurs classiques s’inspirent de
l’Antiquité et recherchent l’équilibre, la symétrie et l’harmonie. Ils veulent à la fois plaire et
instruire et s’appuient pour cela sur des principes établis par Boileau dans son Art Poétique.
Au théâtre, ces principes reposent sur les règles d’unité de temps, de lieu, d’action et les
règles de bienséance et de vraisemblance.

3-Le XVIIIe siècle


C’est le siècle de la raison, de grande réflexion et du progrès. Au cours de ce siècle, nous
relevons un seul mouvement c’est celui des lumières.

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3-a-Les Lumières :
Caractéristiques : désignant un mouvement de pensée qui se développe à la mort de
Louis XIV, pendant la Régence et tout au long du XVIIIe siècle, le courant des lumières se
caractérise par une confiance dans la raison et le progrès, qui doivent permettre à l’homme
d’accéder à un bonheur terrestre. Les philosophes des lumières manifestent leur esprit
critique et dénoncent les injustices et l’intolérance, en particulier religieuse, au nom de la
liberté et de la dignité humaine. La lutte contre les excès de l’ancien Régime conduira à la
Révolution française, même si la plupart des philosophes des Lumières n’étaient pas
révolutionnaires.

4-Le XIXe siècle :


Le XIXe siècle est le siècle le plus prolifique en termes d’idéologie et d’expression littéraire.
Dans l’élan du siècle précédent, plusieurs mouvements verront le jour. Entre autres
courants, nous citons :

4-a-Le Romantisme :
Caractéristiques : né en Europe à la fin du XVIIIe siècle, le romantisme manifeste un
esprit de révolte et une insatisfaction face à la réalité, appelée « mal du siècle », qui se
traduisent par l’expression d’une sensibilité exacerbée, un goût pour l’irrationnel, la
réhabilitation du Moyen Âge et la recherche de l’engagement.

4-b-Le Réalisme et le Naturalisme:


Caractéristiques : le réalisme cherche à représenter avec fidélité la réalité et refuse
l’idéalisme romantique. L’écrivain dresse un tableau de la société de son temps, au moyen
d’une écriture objective et impersonnelle. Ainsi, Balzac décrit dans La Comédie humaine les
différentes classes de son époque. Zola prolonge ce projet en choisissant, dans Le Rougon
Macquart, de dépeindre l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire,
en insistant sur la dimension scientifique de son projet, afin de montrer la double influence
et du milieu, conformément aux théories de Charles Darwin et de Claude Bernard.

4-c-Le Parnasse :
Caractéristiques : le Parnasse est un groupe de poètes qui, en réaction aux excès du
romantisme revendiquent le culte de la Beauté, le désengagement et le retour à
l’Antiquité, comme en témoigne le nom de leur mouvement, qui désigne une montagne de
la Grèce antique consacrée à la poésie.

4-d-Le Symbolisme :
Caractéristiques : le symbolisme recherche les analogies entre le monde sensible et le
monde intelligible. Les symbolistes accordent une place importante aux rêves, à
l’imagination et à la religion. Ils cherchent à traduire les correspondances entre les éléments
grâce à un travail complexe sur les mots et la musicalité.

5-Le XXe siècle :


Aux lendemains de la Deuxième guerre mondiale, on est frappé en littérature par la
diversité de mouvements qui convergent vers le même idéal excepté le Nouveau Roman.
5-a-Le Surréalisme : influencés par la psychanalyse et la découverte de l’inconscient,
les auteurs surréalistes souhaitent libérer l’écriture des contraintes de la raison. Ils explorent
de nouvelles formes de création comme l’écriture automatique et privilégient les
thématiques du rêve, de l’imaginaire et du désir.

58
5-b-L’Existentialisme ou l’Absurde :
Caractéristiques : Doctrine philosophique plus soucieuse de l’existence concrète de
l’homme que des notions ou des idées. Pour elle, aucune divinité ne donnera de sens à la
vie. Voilà pourquoi Sartre affirme que : «l’existence précède l’essence». Par-là, il veut
simplement signifier que l’homme ne peut se définir dans l’abstrait ; il se définit par les
actes. Cet aspect de définition prouve qu’il n’y a pas de Dieu. Selon l’existentialisme, le
monde n’a pas d’essence, il n’y a pas de loi, de morale, d’obligation. Ce qui veut dire que
l’homme est condamné à être libre. Du seul fait que l’homme soit engagé dans la vie, il doit
choisir une certaine forme de destin non pas une fois pour toute mais à tout instant de la
vie (existence). De ce fait, la littérature de cette époque donnera naissance à un type de
héros, personnage cynique (qui se plait à ignorer délibérément la morale, la convenance),
désinvolte (mouvements libres) peu sentimental, mi aventurier et mi intellectuel.
Bref, dans la théorie existentialiste, l’homme n’est pas déterminé d’avancer par son
essence, mais il est libre et responsable de son existence (destin). L’existentialisme se présente
comme une philosophie. La vie de l’homme n’est pas l’accomplissement d’un projet qui
précède. L’homme crée son «essence » en existant. Ce qu’il est, son essence, n’est rien d’autre
que la somme de ses actes.

5-c-Le Nouveau Roman :


Le Nouveau Roman n’est pas une école littéraire. Il caractérise quelques œuvres publiées
depuis la Seconde guerre mondiale et qui répondent aux mêmes tendances.
Caractéristiques : les représentants du Nouveau Roman remettent en cause les
caractéristiques du roman traditionnel à travers une déconstruction de l’intrigue et des
personnages, afin de mettre en valeur l’intériorité des individus et la complexité du monde.

Au Moyen-Age
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Littérature aristocratique François VILLON Poésie
Charles d’ORLEANS
Littérature bourgeoise Chrétiens de TROYES Roman : De SAINT-CLOUD,
populaire Pierre de SAINT-CLOUD Le roman de Renard ; De
TROYES, Yvain ou Le
Chevalier au lion

Au XVIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
L’humanisme RABELAIS, MONTAIGNE -Prose narrative : les récits de
RABELAIS (Pantagruel,
Gargantua)
-Prose d’idées: les Essais de
MONTAIGNE
La pléiade RONSARD, Du BELLAY -Poésie lyrique : RONSARD,
Les Amours, Du BELLAY,
Les Regrets

Au XVIIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
59
Le baroque Agrippa d’AUBIGNE -Poésie lyrique
Théophile de VIAU -Poésie épique
SPONDE -Théâtre
François de MALHERBE
Le classicisme CORNEILLE -Théâtre tragique
RACINE -Théâtre comique
MOLIERE -Poésie
LA FONTAINE -Prose d’idées : LA BRUYERE,
LA BRUYERE Les Caractères ; PASCAL,
BOILEAU Pensées
PASCAL
BOSSUET
Madame de La FAYETTE
François FENELON
Madame de SEVIGNE

Au XVIIIe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Les Lumières MONTESQUIEU -Prose d’idées :
VOLTAIRE MONTESQUIEU, L’Esprit des
ROUSSEAU lois ; ROUSSEAU, Du contrat
DIDEROT social.
MARIVAUX -Prose narrative : VOLTAIRE,
BEAUMARCHAIS Candide ; DIDEROT,
Pierre Choderlos de LACLOS
Jacques le fataliste
-Théâtre : BEAUMARCHAIS,
Le Mariage de Figaro
Le Naturalisme ROUSSEAU -Prose narrative : Les
BUFFON rêveries d’un promeneur
solitaire
Le Naturalisme ROUSSEAU -Prose narrative : Les rêveries
BUFFON d’un promeneur solitaire

Au XIXe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Le romantisme CHATEAUBRIAND -Poésie : LAMARTINE, Les
LAMARTINE Méditations, VIGNY, Les
VIGNY Destinées
MUSSET -Théâtre : HUGO, Hernani ;
NERVAL
MUSSET, Lorenzaccio
HUGO
-Roman : chateaubriand,
René ; HUGO, Notre-
Dame de Paris
Le parnasse Théophile GAUTIER Poésie
LECONTE De LISLES
Sully PRUD’HOMME
José Maria de HEREDIA
Théodore de BANVILLE

60
Le réalisme STENDHAL Roman
BALZAC
FLAUBERT
Jules GONCOURT et Edmond
GONCOURT
Le naturalisme ZOLA -Roman : ZOLA,
MAUPASSANT L’Assommoir, Germinal
HUYSMANS -Recueil de nouvelles :
MAUPASSANT, Boule de
suif, Une vie
Le symbolisme BAUDELAIRE Poésie
VERLAINE
RIMBAUD
MALLARME

Au XXe siècle
Mouvements littéraires Ecrivains représentatifs Genres littéraires dominants
Le symbolisme (poursuite) APOLLINAIRE Poésie
Max JACOB
Blaise CENDARS
Pierre REVERDY
L’existentialisme ou absurde Jean Paul Sartre Roman philosophique :
Albert CAMUS L’Etranger, Le Mythe de
Sisyphe de CAMUS ; L’Être
est, le non être n’est pas de
Sartre…
Le surréalisme André BRETON -Poésie lyrique : ELUARD,
Paul ELUARD Capitale de la douleur ;
Louis ARAGON DESNOS, Corps et Biens
Robert DESNOS -Récit : ARAGON, Le
Paysan de Paris ;
BRETON, Nadja
Le Nouveau Roman Nathalie SARRAUTE Roman
Claude SIMON
Alain ROBBE-GRILLET
Michel BUTOR
L’humanisme Paul VALERY -Roman : GIDE, Les faux
André GIDE monnayeurs
-Poésie : VALERY,
Charmes
-Essai : VALERY, Variété

61
L’ETRANGER D’ALBERT CAMUS

LE PERSONNAGE PRINCIPAL

MEURSAULT PERSONNAGE NARRATEUR DU RECIT


Le statut du narrateur apparait clairement dans le roman : c’est un narrateur
homodiégétique car il est présent dans le récit qu’il raconte, il en est le héros, et alors le récit
est mené à la première personne. Ce qui fait que le roman soit un texte du « je » et que le
récit se présente sous forme d’un journal des faits et gestes de la vie quotidienne du
personnage principal, Meursault : »Aujourd’hui, maman est morte, peut-être hier (…) je
prendrai l’autobus…je rentrerai demain soir… » (p.9)

MEURSAULT : UN PERSONNAGE SOLITAIRE OU SOLIDAIRE ?

Dans son œuvre littéraire intitulée L’Etranger, l’écrivain français, Albert CAMUS,
met en scène un personnage vide, sans personnalité marquée, sans même de prénom qui
préciserait son identité : Meursault. Dans le récit, tout se lit à travers le regard, les
commentaires de ce narrateur-personnage. Par rapport à sa manière d’être, Meursault
paraît ambivalent : parfois il est proche des autres personnages, parfois il s’écarte d’eux.
Ainsi, nous nous demandons si Meursault est un personnage solidaire ou un personnage
solitaire.

I- MEURSAULT : UN PERSONNAGE SOLITAIRE


Comme l’indique le titre du roman, L’Etranger, Meursault est un étranger. Il est
plein de solitude et d’unicité. D’ailleurs, CAMUS dira de ce personnage : « Le héros du livre
est condamné parce qu’il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société où il vit, il
erre, en marge, dans les faubourgs de sa vie privée, solitaire, sensuelle », (Préface à l’édition
américaine, 1955). Meursault est un personnage qui raconte et qui se raconte, il est solitaire
du fait qu’il refuse d’entrer dans le jeu de la société, mais en tant qu’observateur étranger à
ce jeu, il admet fort bien que celui-ci ait ses règles. Il refuse d’avoir une apparence et, en
particulier, un langage qui trahiraient son être profond.
Son caractère solitaire s’expliquera surtout grâce aux jugements que d’autres
personnages du roman ont de lui : son indifférence devant son avenir surprend son patron
(p. 69), son indifférence devant le mariage surprend Marie (pp. 69-70) et son
comportement déconcerte son avocat… Par-là, nous pouvons dire que Meursault dit ce
qu’il est, il refuse de masquer ses sentiments et la société du coup se sent menacée et le
rejette. Par exemple, quand on lui demande de dire qu’il regrette son crime, selon la
formule consacrée, il répond qu’il éprouve à cet égard plus d’ennui que de regret véritable.
Et cette nuance le condamne. La conscience de Meursault démasque la comédie de la vie,
en particulier lors du procès, où les acteurs deviennent eux aussi des « pantins ».
Meursault est aussi un personnage qui s’écarte du monde. Il est nonchalant. Il
accorde plus d’importance au sommeil : il s’assoupit dans l’autobus qui le conduit à l’asile,
puis devant le cercueil de sa mère, il se réjouit à la perspective de dormir « pendant 12
heures » (p. 31). Quand Raymond vient frapper à sa porte à trois heures de l’après-midi, il
le trouve couché (p. 62). Dans sa cellule, il dort de 16 heures à 18 heures par jour. Par-là,
nous pouvons dire que sa nonchalance se traduit par une extraordinaire propension au
sommeil. Dormir avec autant d’obstination, c’est une manière de se retirer du monde. Ce
narrateur-personnage est étranger aux conventions sociales, aux règles de la justice. Il dira
lui-même, parlant du procurant : « Il a déclaré que je n’avais rien à faire avec une société
dont je méconnaissais les règles les plus essentielles », (p. 157). Il va même refuser l’aide de

62
l’aumônier dans sa cellule car sa présence le dérange : « sa présence me pesait et
m’agaçait », (p. 181). Il refuse donc de croire en Dieu.

II- MEURSAULT : UN PERSONNAGE SOLIDAIRE


Meursault est sensible au monde, c’est-à-dire vulnérable à l’ombre et à la lumière,
il est attentif aux réactions de son entourage et sensuel dans ses relations amoureuses. C’est
un personnage solidaire, car plus le récit évolue, plus il compte des nouveaux amis. Il ne se
pose pas le problème des rapports humains : il les vit et il est étonné (mais disponible)
quand Raymond lui offre son amitié ou Marie son amour.
Meursault est un personnage qui n’oblige pas les autres à penser comme lui, qui ne
pose pas des questions sur leur caractère et sur ce qu’ils font ou pensent. Souvent, il est
disponible quand les autres ont besoin, il est disponible pour aider Raymond à rédiger la
lettre : « J’ai fait la lettre. Je l’ai écrite un peu au hasard, mais je me suis appliqué à
contenter Raymond (…) », (p. 54). Il ne rejette pas ceux qui viennent vers lui pour se
consoler. C’est le cas de Salamano qui, après avoir perdu son chien, se rend auprès de
Meursault : « Sur le pas de ma porte, j’ai trouvé le vieux Salamano. Je l’ai fait entrer et il
m’a appris que son chien était perdu », (p. 73). Meursault aime la compagnie des autres
personnages. Lors de la veillée, il accepte que la concierge vienne s’asseoir auprès de lui :
« Le concierge est venu alors de mon côté. Il est assis près de moi », (p. 20).
Son caractère solidaire va le plonger même dans une vie obscure où la mort, peut-
être, sera la seule issue. C’est son amitié avec Raymond par exemple qui changera toute sa
vie. Il a tué l’Arabe du fait qu’il voulait se protéger et protéger son ami Raymond (p. 95).
Meursault est donc solidaire dans la mesure où il est souvent en compagnie des autres
personnages. Il les accepte avec leurs défauts. Il semble trouver des solutions à leurs
angoisses en s’efforçant de les comprendre. C’est pourquoi, lors du procès, ces derniers
viendront témoigner pour sa culpabilité. Céleste dira même au procès de lui : « C’est un
homme », (p. 141).

III- MEURSAULT: PERSONNAGE ABSURDE


L’absurde sur ce point se justifie par l’insensibilité ou l’indifférence de Meursault au
mariage ou à la proposition de mariages faits par Marie Cardona, une ancienne dactylo de
son bureau qu’il retrouve par hasard. Cette insensibilité est claire et nette lorsque Marie lui
demande s’il veut l’épouser. Sa réaction ne s’est pas attendre, voici ce qu’il répond : «Que
cela m’était égal ». Cette réponse donnée par Meursault nous amène à comprendre que
pour lui, l’amour n’a pas de sens, on ne change pas de vie d’avenir. Et pourtant c’est une
femme qui l’attirait, réveillait toutes ses sensations, prouesses sexuelles puisqu’ils se sont
baignés ensemble tout en faisant des jeux dans l’eau qui finiront par se transforment en
jeux d’amour ou pornographique, vont même passer une nuit agitée ensemble après avoir
regardé un film de Fernandel. Sur le plan familial, Meursault est un héros qui vit dans
l’absurde. Ici, il manque de sensibilité suite au décès de sa mère déjà au début du récit :
«Aujourd’hui maman est morte ou peut-être hier, je ne sais pas». Non seulement qu’il est
insensible, il affiche aussi un comportement qui suscite le gêne ou le trouble quand il refuse,
sans raison, de voir le corps de sa mère. La scène de la cigarette est significatif car fumer
devant le corps d’une mère est inconvénient, c’est une joie qui ne peut exister en même
temps avec la douleur que l’on doit éprouver.
Mais, il bafoue et s’en fout des principes funéraires lorsqu’il déclare : « J’ai eu alors envie
de fumer. Mais j’ai hésité parce que je ne savais si je pouvais le faire devant maman. J’ai
réfléchi, cela n’avait aucune importance» (page, 7). C’est même ce désordre qui fait que
Meursault n’a jamais eu l’intention de chercher pas son père inconnu. Sur le plan
professionnel, Cette indifférence a traversé toutes les différentes étapes de sa vie. Par
conséquent, Meursault reste impassible devant la promotion que lui propose son patron,
celui de créer une nouvelle agence à paris. La vie absurde également visible toujours avec

63
son patron en ces termes : «Il (mon patron) m’a demandé alors si je n’étais intéressé par un
changement de vie. J’ai dit qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se
valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout ». Partie I, chapitre 5, Page, 61.
Sur le plan personnel, Meursault vit cette absurdité sur ce plan personnel parce qu’il est
dépourvu de compassion à l’égard des autres c’est-à-dire des êtres et des amitiés.
A ce sujet, voici ce qu’il déclare : «…il m’a demandé encore si je voulais être son copain.
J’ai dit que ça m’était égal» Page, 49. Et face à ce même Raymond Sintès, son voisin de
palier, Meursault peut dire sans crainte : «il l’avait battue jusqu’au sang ». Cet acte ne
signifiant rien à ses yeux est un trait de caractère de cet étranger. Voilà ce qu’il dit après
échange : « il m’a demandé si ça ne me dégoûtait pas et j’ai répondu que non» page, 48.
Egalement, il tue l’arabe pour une raison peu évidente : le reflet du soleil sur le couteau de
l’Arabe ; il ne ressent aucun regret suite à ce crime puisqu’il crible de cartouches le cadavre
de l’Arabe plus d’une fois. Ce comportement continue même en prison lorsque les anciens
prisonniers Arabes lui demandent le motif de son emprisonnement, il répond : « J’avais tué
un Arabe et ils sont restés silencieux», page, 114.
A cette vie absurde de Meursault peut se lire aussi son ennui de vivre. Le roman le
confirme au chapitre 1, pages 36-41 : «Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu et j’ai
erré dans l’appartement.(…) j’ai pensé que c’était toujours un dimanche férié, que maman
était enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n’y avait rien de
changé». De même, on peut lire ce propos de meursault : «A part ces ennuis, je n’étais pas
trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était de tuer le temps». Partie I,
chapitre 2, p.22. Sur le plan religieux, Vivant dans l’ennui, Meursault va recevoir la visite de
L’aumônier, un homme de Dieu, qu’il finira par rejeter.
A cela, le dialogue qui s’engage avec l’aumônier est un débat pied à pied, où chaque
argument est refusé par Meursault. Pour lui, la question de Dieu n’existe pas, puisque le
sujet ne l’intéresse pas. Résolument incroyant, résolument «attaché à cette terre », page, 181,
sûr d’une mort entière, définitivement seul, Meursault éclate de colère au «Je prierai pour
vous », page, 182, de l’aumônier. Cette colère balaie d’un souffle les incertitudes, les choix,
les espoirs. L’aumônier tente de le réconforter en disant : « Dieu vous aiderait alors, a-t-il
remarqué. Tous ceux que j’ai connus dans votre cas se retournaient vers lui». Le héros
continuait à rejeter cette option de Dieu, et à regarder les choses à sa manière. De surcroît,
ces réponses rendaient l’aumônier triste c’est-à-dire que ses ‘’yeux pleins de larmes’’, page,
184, sont sa seule réponse. Meursault retrouve alors le seul accord qui vaille, dans «la tendre
indifférence du monde », page, 186. Sans doute est-ce de cette fierté que naît le vœu qui
clôt le livre c’est-à-dire mourir pour ne rencontrer sur son chemin l’absurdité de la vie. Sur le
plan de l’incommunicabilité,
L’incommunicabilité est effectivement une caractéristique de la vie absurde. Elle est
apparente dans les rapports entre Meursault et sa mère. Le narrateur qui n’est autre
Meursault affirme : «D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle c’est-à-dire maman
n’avait rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule », page, 75. De même qu’avec Marie,
lorsque Meursault sera en prison. Voici ce qui est écrit : «Déjà collée contre la grille, Marie
me souriait de toutes ses forces. Je l’ai trouvée très belle, mais je n’ai pas su le lui dire. (…).
Elle a crié de nouveau : «Tu sortiras et on se mariera ! ». J’ai répondu : «Tu crois ? » « Mais
c’était surtout pour dire quelque chose », chapitre, 2, pages 116-117. Il en va de même
qu’avec le président du tribunal lors de son procès : «Le président a répondu (…) qu’il serait
heureux (…) de faire préciser les motifs de mon acte. J’ai dit rapidement, en mêlant un peu
les mots et en me rendant compte de mon ridicule, dans la salle », chapitre, 4, page, 158. Sur
le plan de la justice, Meursault est un spectateur de son procès. On le juge pour meurtre.
Mais voici la première impression qu’il nous livre à son arrivée : «(…) tout remue-ménage
qui m’a fait penser à ces fêtes du quartier (…) », page, 128. On lui demande s’il a le trac :
«j’ai répondu que non », page, 128. On est en droit de penser que Meursault se désintéresse

64
du procès. Meursault n’est pas aux assises. Il se sent «de trop, un peu comme intrus», page,
130.
Mais, il n’est pas absent, il est au contraire spectateur de ce théâtre judiciaire qu’est son
procès, voici ce qu’il dit : «(…) cela m’intéressait de voir un procès », page, 128. Bref, le procès
l’intéressait lorsqu’il voyait comment le juge, l’avocat et le procureur débattaient sur sa
situation. Par ailleurs, l’absurde peut se lire à travers le couple Salamano et son chien. Sur
ce, écoutons Camus en souligner la monotonie : «deux fois par jour », «depuis huit ans»,
«c’est ainsi tous les jours », « il y a huit ans que ça dure ».

IV- MEURSAULT : PERSONNAGE INDIFFERENT


L’indifférence face au décès de sa mère ou sa famille, Meursault vient d’apprendre le
décès de sa mère et ne manifeste nullement aucun chagrin, remord par la disparition d’un
être aussi cher que la mère. La preuve est qu’il ne sait pas la date exacte de sa mère. A
propos, il dit : «Aujourd’hui maman est morte ou peut-être hier, je ne sais pas » (p.9). On
peut trouver dans ces paroles l’étrangeté c’est-à-dire un caractère étranger dans l’attitude
de Meursault. Nous avons l’impression que celle qui vient de mourir n’est pas sa mère mais
une autre personne qui est loin d’être une personne qui donne la vie. A cela aussi sa
propension (mensonge) au sommeil car il s’assoupit dans l’autobus qui le conduit à l’asile.
De même, devant le cercueil, il s’est rendu dans un état voisin du somnambulisme car il
se réjouit à la perspective de dormir pendant douze (12) heures (p.31) et heureux de vite
rentrer après les funérailles pour vaquer à ses occupations ; c’est donc son fantôme qui a
assisté aux obsèques. Son insensibilité se manifeste également dans son refus de voir pour la
dernière fois le corps de sa mère. Cette précipitation prouve le caractère de Meursault, un
être sans cœur et sans sentiment. L’indifférence face au patron, Tout juste après
l’enterrement de sa mère, il propose à Meursault d’aller travailler à Paris car il était sur
d’ouvrir une autre agence. Ce dernier rejette la proposition de son patron. Autrement dit,
l’attitude de Meursault est aussi restituée grâce aux impressions des autres personnages du
roman notamment son indifférence devant son avenir surprend son patron. Cette attitude
insensible face à Marie Cardona a été manifestée en l’amour. Son indifférence devant le
mariage surprend Marie et son comportement déconcerte son avocat pendant le procès. A
propos de cette attitude vis-à-vis du mariage, on peut apprécier sa réponse à la question
de Marie « le soir, Marie était venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier
avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait. Elle a
voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais dit une fois, que ne signifiait
rien mais que sans doute je ne l’aimais pas ».

V- MEURSAULT : PERSONNAGE CRIMINEL


La mort criminelle, Elle se caractérise dans L’Etranger par le meurtre de l’Arabe. En
effet, Meursault tue un arabe, à la plage, qui n’avait apparemment aucun antécédent
avec lui. C’est donc sans raison qu’il pose cet acte délictueux. Au départ de l’action, il sied
de préciser que c’est lui qui empêche la première catastrophe en retirant le revolver de
Raymond. Malheureusement, il se trouve être l’exécuteur sans raison de l’homicide. La
mort, expression de la violence, vengeance, l’absurde, Cette mort est corollaire de la
violence, du désir, de l’absurde. Elle peut traduire aussi le malaise profondément vécu par
une société dont les différentes couches se présentent en antagonistes et ont du mal à
s’harmoniser véritablement. Meursault ne saisit pas lui-même les réelles motivations qui ont
présidé à cet acte répréhensible. On a l’impression qu’il trouve judicieux l’assassinat d’un
Arabe. Ce qui peut alors traduire un sentiment de racisme. Car lorsque ses co-prisonniers de
la première cellule en majorité arabe lui demandent les motifs de son incarcération, il
répond avec un courage déroutant « j’ai dit que j’avais tué un Arabe et ils sont restés
silencieux » (p.73). On peut lire à travers cette réponse la banalité de la mort, de surcroit
d’un Arabe. Meursault ne craint pas une réaction de la part des Arabes codétenus avec lui

65
et qui viennent d’apprendre l’assassinat de l’un des leurs. En condamnant Meursault sur un
autre fait que l’homicide de l’Arabe, la justice renforce ce sentiment de banalité de la mort.
Il est tout a fait absurde que l’on admette la raison évoquée par Meursault la présente en
ces termes « …j’aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français ».
Cette phrase renvoie à la peine capitale. Donc Meursault doit être tué pour meurtre
commis sur l’Arabe.

VI- MEURSAULT : PERSONNAGE COMEDIEN


La comédie vestimentaire des avocats, L’aspect comique peut se lire par les habits de
l’avocat, du procureur et des jurés : « Mon avocat est arrivé en robe » : le procureur « vêtu
de rouge, portant lorgnon, qui s’asseyait en pliant sa robe avec soin » (p.132). Dans cette
arène s’affrontent le procureur et l’avocat : il s’agit de gagner les jurés ; les moyens
employés sont ceux de la comédie.

VII- MEURSAULT : PERSONNAGE CRITIQUE A L’EGARD DE LA JUSTICE


DE SON PAYS
La plaidoirie, La satire de la justice peut se lire à travers la plaidoirie de l’avocat. En
premier lieu, le regard de Meursault, nous découvrons une comédie sociale principalement
dans la seconde partie du roman, chapitre IV (P.p.158, 161) : « L’après-midi, les grands
ventilateurs brassaient toujours l’air épais de la salle, et les petits éventails multicolores des
jurés s’agitaient tous dans le même sens ». Cette phrase dévalorise la scène : les jurés sont
rapprochés ironiquement avec les ventilateurs, avec l’opposition « grands » et « petits ». Les
éventails nous donnent une impression d’automatisme des jurés : «s’agitaient tous dans le
même sens » et aussi l’idée que les jurés forment un groupe homogène ayant le même
point de vue. L’ironie est une arme ou un moyen efficace pour tourner en ridicule et
dénoncer le scandale ou un comportement.
De plus, on a l’impression que leur bien-être l’emporte sur la gravité de la situation, ils
ont une attitude critique sur l’accusé : ils représentent la société. « Brassaient…l’air » : on a
l’impression que cela est superficiel et que c’est un peu du vent, que c’est une comédie. Ceci
est également apparent dans le sens où ceci intéresse assez peu Meursault et apparait aussi
dans l’attitude des collègues de son avocat à la fin de la plaidoirie. Ils répondent à un rituel
et disent des paroles convenues qui virent dans la caricature et cela à quelque chose de
cruel pour Meursault que de lui demander son impression sur les discours de son avocat : on
s’adresse à lui sans retenue comme s’il n’était pas concerné par le jugement : « …ses
collègues sont venus vers lui pour lui serrer la main ». J’ai entendu : « Magnifique mon cher
». L’un deux m’a même pris à témoin, « hein ? M’a-t-il dit. J’ai acquiescé, mais mon
compliment n’était pas sincère… » La satire de la justice à travers le discours de l’avocat,
Elle se peut se lire aussi dans le discours de l’avocat. Il s’agit des excès ridicules de l’éloquence
judiciaire. Ses paroles sont constituées de formules toutes faites : « mon affaire était délicate
», « entrons dans le vif du sujet ». Son discours a quelque chose de pénible « ces longues
phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables (…) où je trouvais le vertige ».
(p.160).
La satire de la péroraison ou conclusion judiciaire, A la fin du discours, l’avocat fait une
péroraison ; la péroraison est souvent un moment de bravoure des avocats : « s’écrier », il
tente de faire plaindre Meursault en attirant la pitié des jurés, au fond, il leur souffle
l’attitude qu’il faut adopter. L’avocat utilise un langage stéréotypé : « honnête homme », «
Travailleur régulier, infatigable, fidèle à la maison qui l’employait… » et il fait usage d’une
hyperbole ou exagération souvent présente dans ce genre de discours « remords éternels ».
Ce vocabulaire caricature la péroraison. La satire de la condamnation judiciaire, Eu égard
à cette défense éminente, le procureur fait lecture de la sentence ou condamnation :
Meursault aura « la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français ».
Meursault est condamné pour un autre crime. Autrement dit, au lieu que la condamnation

66
porte sur l’assassinat de l’Arabe, elle va finalement porter sur l’abandon de sa mère, le refus
de pleurer lors du décès de sa mère…
Dans L’Etranger, Camus veut dénoncer l’amalgame (confusion) judiciaire. On ne peut
qu’être frappé par l’étrangeté (singularité, anomalie) de ce justiciable placé
paradoxalement face à une justice qui ne parle pas de lui, mais qui va le tuer. Meursault
personnage solitaire La solitude comportementale ou communicationnelle,
Dans L’Etranger, la solitude s’exprime à travers l’attitude de Meursault. Celui-ci refuse
délibérément de communiquer, de dialoguer avec autrui. Dans le bus, par exemple, où les
gens enclenchent de façon naturelle des conversations sur divers sujets, Meursault veut
garder un mutisme dont lui seul maitrise les motifs, « j’étais tassé contre un militaire qui m’a
souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit ‘’oui’’ pour n’avoir plus à parler »
(p.10). La solitude de Meursault envers les autres personnages, De même, Meursault
entreprend ne plus déjeuner chez Céleste pour se soustraire d’un éventuel questionnement
sur le déroulement des funérailles de sa mère. Il brise ainsi toute possibilité de
communication et de contact dès lors qu’il prend tous ses repas chez Céleste. Ce restaurant
qui se présente comme un espace de contact, de frottement, de dialogue devient, pour
Meursault, un espace où la solitude se brise : « je ne voulais pas déjeuner chez Céleste
comme d’habitude parce que certainement, ils m’auraient posé des questions et je n’aime
pas cela ».
Dans cette même perspective, il sied de noter que Meursault trouve fastidieux son
entretien avec le Directeur de l’Asile. Il va très rapidement s’installer dans la petite morgue,
sans aucune conviction précise. Dans cette morgue, Meursault semble être absent tout en y
étant. Plongé dans une profonde réflexion, il jette à peine un regard fugitif sur les assistants.
La solitude des personnages proches de Meursault, La solitude se traduit également à
travers les personnages très proches de Meursault. Salamano ne vit qu’avec son chien,
Raymond Sintès vit seul dans « sa petite chambre ». Meursault vit également seul.
L’isolement de tous ces personnages imprime à l’œuvre un sentiment de parfaite solitude.
Camus place ses personnages dans la solitude pour que ceux-ci assument probablement
seul leur destin. On comprend dès lors que l’homme doit forger seul son avenir, réaliser et
garantir sa propre existence. Cette démarche solitaire semble répondre à l’existentialisme
sartrien qui stipule que l’homme doit lui-même tracé le chemin à parcourir pour mieux se
réaliser. La solitude expression de réalisation du crime ou de la mort,
Par ailleurs, il va s’en dire que le crime se réalise dans des circonstances tout à fait
particulières de solitude. Les arabes étaient à deux lors de la première rencontre ou
séquence de la bagarre ; curieusement un seul revient, on ne sait pas trop pourquoi, à la
plage. De même, après avoir accompagné Masson et Raymond Sintès blessé au cabanon,
Meursault repart discrètement en solitaire à la plage. Fait de hasard ou jeu de destin, les
deux protagonistes veulent s’abriter à la source (situé non loin de la plage) pour se
soustraire de la cruauté du soleil. Et là Meursault tire sur l’arabe « je pensais à la source
fraiche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le
soleil (…) envie enfin de retrouver l’ombre et le repos.
Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu que le type de Raymond était venu (…) pour moi,
c’était une affaire finie et j’étais venu là sans y penser. La gâchette a cédé, j’ai touché le
ventre poli… » (pp.60-61-62) La solitude lors du procès, Le déroulement du procès offre
aussi la possibilité de lire la solitude.
En effet, Meursault refuse de recevoir l’aumônier et de discuter avec son avocat.
Indifférent aux plaidoiries de son avocat, Meursault préfère se défendre seul. Toutefois,
l’incarcération le plonge dans une solitude irréversible car l’univers carcéral l’éloigne
parfaitement des siens, de sa société. De la solitude souhaitée, Meursault entre, par le
truchement du crime, dans une solitude que lui impose la société. Comme on peut le lire
dans ses propos : « on m’a isolé dans une cellule où je couchais sur un bat-flanc de bois.
J’avais un baquet d’aisances et une cuvette en fer ». (p.74).

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VIII- MEURSAULT : PERSONNAGE A LA FOIS MODELE ET SOLIDAIRE
Le héros du roman L’Étranger de CAMUS demeure modèle en véhiculant des valeurs.
D’abord, Meursault est généreux du fait qu’il est attentif et soucieux aux difficultés des
autres. Exemple : Il accueillera amicalement Salamano qui, après avoir perdu son chien, se
rendra auprès de lui : « Sur le pas de ma porte, j’ai trouvé le vieux Salamano. Je l’ai fait
entrer et il m’a appris que son chien était perdu ». Ensuite, le personnage principal de ce
roman est solidaire car il aime la compagnie de son entourage. D’ailleurs, il a des amis.
Exemple : Meursault aime la compagnie de Marie Cardona, de Céleste, de Raymond Sintès
et des autres. Il est disponible pour aider Raymond à rédiger la lettre. Il a tué l’Arabe du
fait qu’il voulait se protéger et surtout protéger son ami Raymond. Enfin, Meursault aime
souvent dire la vérité ; il n’est pas hypocrite. Exemple : Quand son patron lui propose d’aller
à Paris, il lui dira tout simplement que « Paris est sale » ; il avouera même son crime
devant le procureur. Ainsi, Toutefois, à la fin de l’œuvre, Meursault tente de briser cette
solitude, en souhaitant « qu’il y ait beaucoup de spectateur le jour de « son » exécution et
qu’ « ils » l’accueillent avec des cris de « haine ». (p.122).Meursault comprend ici que la
solitude est une expérience à ne pas encourager. Son appel à une assistance traduit non
seulement le sentiment d’absurdité mais souligne aussi le fait que l’homme ne peut se
réaliser pleinement sans les autres. Chacun a besoin de l’autre pour mieux gérer son destin.
Ainsi « l’homme n’est rien sans les autres » pouvons-nous lire dans Sous l’orage de Seydou
BADIAN

In fine, le personnage-narrateur du roman L’Étranger est ambivalent. D’une part, il


est positif car il véhicule des vertus ; mais d’autre part, il est vicieux parce qu’il fait preuve
des comportements négatifs. Ce qui est sûr c’est que Meursault n’est pas davantage « un
exemple à suivre », cependant il représente un type de comportement possible devant le
silence du monde, devant les situations hostiles de la vie. Du moins, il nous permet de
réfléchir profondément sur la vie de l’homme et sur les lois sociales : Meursault peut se
retrouver en chacun de nous.

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L’ABSURDE
Ce thème dans le roman tourne autour de Meursault car il est le personnage principal,
le narrateur, le témoin privilégié de l’histoire portant sur l’absurdité de la vie. Donc chapitre
après chapitre se dessine l’absurde dans L’Etranger. Cette œuvre présente une double direction
: le premier est que Meursault est un homme qui vivait d’abord dans l’absurde dans la
première partie. Peu après il accède dans la deuxième partie à la prise de conscience et à la
révolte qui lui fait refuser l’existence d’un Être suprême, Dieu. Après la révolte vient la période
du sérieux surtout dans le dernier chapitre. En résumé, la mort de Meursault devient une
libération ‘’la mort heureuse’’. Après voir analyser l’absurde dans le roman, nous allons
maintenant étudier ses manifestations dans l’œuvre et surtout dans la vie de Meursault qui
constitue la sève nourricière ou la base de notre travail.
Elle se manifeste de la manière suivante dans le roman L’Etranger d’Albert CAMUS :
Sur le plan sentimental :
L’absurde sur ce point se justifie par l’insensibilité ou l’indifférence de Meursault au
mariage à la proposition de mariages faits par Marie Cardona, une ancienne dactylo de
son bureau qu’il retrouve par hasard. Cette insensibilité est claire et nette lorsque Marie lui
demande s’il veut l’épouser. Sa réaction ne s’est pas attendre, voici ce qu’il répond : «Que
cela m’était égal ». Cette réponse donnée par Meursault nous amène à comprendre que
pour lui, l’amour n’a pas de sens, on ne change pas de vie d’avenir. Et pourtant c’est une
femme qui l’attirait, réveillait toutes ses sensations, prouesses sexuelles puisqu’ils se sont
baignés ensemble tout en faisant des jeux dans l’eau qui finiront par se transforment en
jeux d’amour ou pornographique, vont même passer une nuit agitée ensemble après avoir
regardé un film de Fernandel.

Sur le plan affectif :


Meursault est un héros qui vit dans l’absurde. Ici, il manque de sensibilité suite au
décès de sa mère déjà au début du récit : «Aujourd’hui maman est morte ou peut-être
hier, je ne sais pas». Non seulement qu’il est insensible, il affiche aussi un comportement qui
suscite le gêne ou le trouble quand il refuse, sans raison, de voir le corps de sa mère. La
scène de la cigarette est significatif car fumer devant le corps d’une mère est inconvénient,
c’est une joie qui ne peut exister en même temps avec la douleur que l’on doit éprouver.
Mais, il bafoue et s’en fout des principes funéraires lorsqu’il déclare : « J’ai eu alors envie de
fumer. Mais j’ai hésité parce que je ne savais si je pouvais le faire devant maman. J’ai
réfléchi, cela n’avait aucune importance» (page, 7). C’est même ce désordre qui fait que
Meursault n’a jamais eu l’intention de chercher pas son père inconnu.

Sur le plan professionnel :


Cette indifférence a traversé toutes les différentes étapes de sa vie. Par conséquent,
Meursault reste impassible devant la promotion que lui propose son patron, celui de créer
une nouvelle agence à paris. La vie absurde également visible toujours avec son patron en
ces termes : «Il (mon patron) m’a demandé alors si je n’étais intéressé par un changement
de vie. J’ai dit qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient et que la
mienne ici ne me déplaisait pas du tout ». Partie I, chapitre 5, Page, 61.

Sur le plan personnel :


Meursault vit cette absurdité sur ce plan personnel parce qu’il est dépourvu de
compassion à l’égard des autres c’est-à-dire des êtres et des amitiés. A ce sujet, voici ce qu’il
déclare : «…il m’a demandé encore si je voulais être son copain. J’ai dit que ça m’était égal»
Page, 49. Et face à ce même Raymond Sintès, son voisin de palier, Meursault peut dire sans
crainte : «il l’avait battue jusqu’au sang ». Cet acte ne signifiant rien à ses yeux est un trait

69
de caractère de cet étranger. Voilà ce qu’il dit après échange : « il m’a demandé si ça ne
me dégoûtait pas et j’ai répondu que non» page, 48. Egalement, il tue l’arabe pour une
raison peu évidente : le reflet du soleil sur le couteau de l’Arabe ; il ne ressent aucun regret
suite à ce crime puisqu’il crible de cartouches le cadavre de l’Arabe plus d’une fois. Ce
comportement continue même en prison lorsque les anciens prisonniers Arabes lui
demandent le motif de son emprisonnement, il répond : « J’avais tué un Arabe et ils sont
restés silencieux», page, 114. A cette vie absurde de Meursault peut se lire aussi son ennui de
vivre. Le roman le confirme au chapitre 1, pages 36-41 : «Après le déjeuner, je me suis
ennuyé un peu et j’ai erré dans l’appartement. (…) j’ai pensé que c’était toujours un
dimanche férié, que maman était enterrée, que j’allais reprendre mon travail et que,
somme toute, il n’y avait rien de changé». De même, on peut lire ce propos de meursault :
«A part ces ennuis, je n’étais pas trop malheureux. Toute la question, encore une fois, était
de tuer le temps». Partie I, chapitre 2, p.22.

Sur le plan religieux :


Vivant dans l’ennui, Meursault va recevoir la visite de L’aumônier, un homme de
Dieu, qu’il finira par rejeter. A cela, le dialogue qui s’engage avec l’aumônier est un débat
pied à pied, où chaque argument est refusé par Meursault. Pour lui, la question de Dieu
n’existe pas, puisque le sujet ne l’intéresse pas. Résolument incroyant, résolument «attaché à
cette terre », page, 181, sûr d’une mort entière, définitivement seul, Meursault éclate de
colère au «Je prierai pour vous », page, 182, de l’aumônier. Cette colère balaie d’un souffle
les incertitudes, les choix, les espoirs. L’aumônier tente de le réconforter en disant : « Dieu
vous aiderait alors, a-t-il remarqué. Tous ceux que j’ai connus dans votre cas se
retournaient vers lui». Le héros continuait à rejeter cette option de Dieu, et à regarder les
choses à sa manière. De surcroît, ces réponses rendaient l’aumônier triste c’est-à-dire que ses
‘’yeux pleins de larmes’’, page, 184, sont sa seule réponse. Meursault retrouve alors le seul
accord qui vaille, dans «la tendre indifférence du monde », page, 186. Sans doute est-ce de
cette fierté que naît le vœu qui clôt le livre c’est-à-dire mourir pour ne rencontrer sur son
chemin l’absurdité de la vie.

Sur le plan de l’incommunicabilité :


L’incommunicabilité est effectivement une caractéristique de la vie absurde. Elle est
apparente dans les rapports entre Meursault et sa mère. Le narrateur qui n’est autre
Meursault affirme : «D’ailleurs, ai-je ajouté, il y avait longtemps qu’elle c’est-à-dire maman
n’avait rien à me dire et qu’elle s’ennuyait toute seule », page, 75. De même qu’avec Marie,
lorsque Meursault sera en prison. Voici ce qui est écrit : «Déjà collée contre la grille, Marie
me souriait de toutes ses forces. Je l’ai trouvée très belle, mais je n’ai pas su le lui dire. (…).
Elle a crié de nouveau : «Tu sortiras et on se mariera ! ». J’ai répondu : «Tu crois ? » « Mais
c’était surtout pour dire quelque chose », chapitre, 2, pages 116-117. Il en va de même
qu’avec le président du tribunal lors de son procès : «Le président a répondu (…) qu’il serait
heureux (…) de faire préciser les motifs de mon acte. J’ai dit rapidement, en mêlant un peu
les mots et en me rendant compte de mon ridicule, dans la salle », chapitre, 4, page, 158.

Sur le plan de la justice :


Meursault est un spectateur de son procès. On le juge pour meurtre. Mais voici la
première impression qu’il nous livre à son arrivée : «(…) tout remue-ménage qui m’a fait
penser à ces fêtes du quartier (…) », page, 128. On lui demande s’il a le trac : «j’ai répondu
que non », page, 128. On est en droit de penser que Meursault se désintéresse du procès.
Meursault n’est pas aux assises. Il se sent «de trop, un peu comme intrus», page, 130 . Mais, il
n’est pas absent, il est au contraire spectateur de ce théâtre judiciaire qu’est son procès,
voici ce qu’il dit : «(…) cela m’intéressait de voir un procès », page, 128 . Bref, le procès

70
l’intéressait lorsqu’il voyait comment le juge, l’avocat et le procureur débattaient sur sa
situation. Par ailleurs, l’absurde peut se lire à travers le couple Salamano et son chien. Sur
ce, écoutons Camus en souligner la monotonie : «deux fois par jour », «depuis huit ans»,
«c’est ainsi tous les jours », « il y a huit ans que ça dure ».

2- L’indifférence :
L’indifférence, selon le Dictionnaire encyclopédique de la langue française,
est un état tranquille d’une personne qui désire ou ne repousse une chose. C’est aussi
l’insensibilité ou la froideur ayant une chose qui n’a pas d’importance.
Après la lecture du roman, on peut dire que l’indifférence dans L’Etranger est une attitude
insensible du personnage principal devant certaines réalités ou certains faits. En effet, le
roman de Camus est caractérisé par une indifférence totale. Cette indifférence se manifeste
dans l’amour, la mort, justice et dans s’autres contextes.

L’indifférence face au décès de sa mère ou sa famille :


Meursault vient d’apprendre le décès de sa mère et ne manifeste nullement aucun
chagrin, remord par la disparition d’un être aussi cher que la mère. La preuve est qu’il ne
sait pas la date exacte de sa mère. A propos, il dit : «Aujourd’hui maman est morte ou
peut-être hier, je ne sais pas » (p.9). On peut trouver dans ces paroles l’étrangeté c’est-à-
dire un caractère étranger dans l’attitude de Meursault. Nous avons l’impression que celle
qui vient de mourir n’est pas sa mère mais une autre personne qui est loin d’être une
personne qui donne la vie. A cela aussi sa propension (mensonge) au sommeil car il
s’assoupit dans l’autobus qui le conduit à l’asile. De même, devant le cercueil, il s’est rendu
dans un état voisin du somnambulisme car il se réjouit à la perspective de dormir pendant
douze (12) heures (p.31) et heureux de vite rentrer après les funérailles pour vaquer à ses
occupations ; c’est donc son fantôme qui a assisté aux obsèques. Son insensibilité se
manifeste également dans son refus de voir pour la dernière fois le corps de sa mère. Cette
précipitation prouve le caractère de Meursault, un être sans cœur et sans sentiment.

L’indifférence face au patron :


Tout juste après l’enterrement de sa mère, il propose à Meursault d’aller travailler à
Paris car il était sur d’ouvrir une autre agence. Ce dernier rejette la proposition de son
patron. Autrement dit, l’attitude de Meursault est aussi restituée grâce aux impressions des
autres personnages du roman notamment son indifférence devant son avenir surprend son
patron.

L’indifférence face à Marie Cardona :


Cette attitude insensible s’est aussi manifestée dans l’amour, dans sa liaison avec
Marie. Son indifférence devant le mariage surprend Marie et son comportement déconcerte
son avocat. A propos de cette attitude vis-à-vis du mariage, on peut apprécier sa réponse à
la question de Marie « le soir, Marie était venue me chercher et m’a demandé si je voulais
me marier avec elle. J’ai dit que cela m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le
voulait. Elle a voulu savoir alors si je l’aimais. J’ai répondu comme je l’avais dit une fois, que
ne signifiait rien mais que sans doute je ne l’aimais pas ».
3-La mort
La mort est définie selon Le Micro Robert comme la « fin corporelle de la vie,
cessation définitive de toutes les fonctions corporelles ». En cela, elle marque un arrêt
complet et définitif de la vie, une destruction, une disparition. Phénomène social, la mort
est ressentie chez l’homme comme une fatalité et, à ce titre, il en prend conscience,

71
contrairement à l’animal qui développe des moyens spécifiques pour se protéger contre les
dangers de mort.

La mort et l’œuvre
L’Etranger est particulier marqué par la mort. D’ores et déjà, il convient de signaler
que sur le plan formel, l’œuvre adopte une structure sous-tendue par la mort : le récit
s’ouvre par la mort de la mère de Meursault à l’asile de Marengo ; la première partie du
roman s’achève par la mort de l’Arabe et le livre se ferme sur la mort probable de
Meursault, à la guillotine. Ainsi, il s’affiche dans l’œuvre trois types de mort : la mort
naturelle, la mort criminelle, la mort inhérente à la sentence de la justice.

La mort naturelle
La mort naturelle c’est-à-dire celle de la mère de Meursault est annoncée par le
narrateur dès l’incipit « Aujourd’hui, maman est morte » (p.7). Cette phrase annonce la fin
d’une existence. La maman de Meursault connait une mort naturelle à la sénescence. Elle
est vieille. Toutefois, Meursault pense que «cela ne veut rien dire » (p.7). A travers cette
réaction, se profile en filigrane la conception que Meursault a de ce phénomène. En effet, il
trouve normale la mort de sa mère, car toute existence est appelée à s’arrêter un jour.
L’homme nait, grandi, vieillit et meurt. Aucun homme ne jouit d’une éternité sur terre. C’est
pourquoi Meursault ne traduit aucun sentiment de chagrin, de tristesse. Il n’est nullement
ébranlé par cette douloureuse épreuve qu’il supporte avec courage, bravoure. La preuve
est qu’il ne comprend pas pourquoi les gens doivent pleurer un mort : « La femme pleurait
toujours. J’étais étonné parce que je ne la connaissais pas. J’aurais voulu ne plus l’entendre.
Pourtant je n’osais pas le lui dire. » (p.16). Au-delà d’un simple dérangement, Meursault
veut insister d’abord sur le caractère implacable de la mort, ensuite sur l’inutilité de
tergiverser quand la mort arrive. Ainsi, tout homme doit se résigner à cette fatalité dans la
méditation, le recueillement. Ce sentiment de profonde méditation se traduit dans l’œuvre
à travers le courage (stoïcisme) de Meursault.

La mort criminelle
Elle se caractérise dans L’Etranger par le meurtre de l’Arabe. En effet, Meursault tue
un arabe, à la plage, qui n’avait apparemment aucun antécédent avec lui. C’est donc sans
raison qu’il pose cet acte délictueux. Au départ de l’action, il sied de préciser que c’est lui
qui empêche la première catastrophe en retirant le revolver de Raymond.
Malheureusement, il se trouve être l’exécuteur sans raison de l’homicide.

La mort, expression de la violence, vengeance, l’absurde


Cette mort est corollaire de la violence, du désir, de l’absurde. Elle peut traduire
aussi le malaise profondément vécu par une société dont les différentes couches se
présentent en antagonistes et ont du mal à s’harmoniser véritablement. Meursault ne saisit
pas lui-même les réelles motivations qui ont présidé à cet acte répréhensible. On a
l’impression qu’il trouve judicieux l’assassinat d’un Arabe. Ce qui peut alors traduire un
sentiment de racisme. Car lorsque ses Co-prisonniers de la première cellule en majorité
arabe lui demandent les motifs de son incarcération, il répond avec un courage déroutant «
j’ai dit que j’avais tué un Arabe et ils sont restés silencieux » (p.73). On peut lire à travers
cette réponse la banalité de la mort, de surcroit d’un Arabe. Meursault ne craint pas une
réaction de la part des Arabes codétenus avec lui et qui viennent d’apprendre l’assassinat
de l’un des leurs. En condamnant Meursault sur un autre fait que l’homicide de l’Arabe, la
justice renforce ce sentiment de banalité de la mort. Il est tout à fait absurde que l’on
admette la raison évoquée par Meursault la présente en ces termes « …j’aurais la tête
tranchée sur une place publique au nom du peuple français ». Cette phrase renvoie à la
peine capitale. Donc Meursault doit être tué pour meurtre commis sur l’Arabe.

72
La mort expression de l’indignation de Meursault
En souhaitant que les gens assistent à sa pendaison, mort, Meursault exprime ainsi
son indignation (colère, fureur, révolte, scandale) face à une justice qui supprime
injustement la vie. Toutefois, comme à la mort de sa mère, Meursault ne laisse transparaitre
aucun sentiment d’angoisse, de tristesse, de panique devant cette sentence annoncée, qui
n’est qu’autre la mort. On a l’impression que pour lui la mort est une libération, un moment
de bonheur, « une mort heureuse », « devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je
m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à
moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore » (p.122).

La mort expression de certaines valeurs sociales


Dans le texte romanesque, la mort se donne à lire également comme un
marchepied, plongeoir (tremplin) en ce qui concerne la mise en lumière de certaines valeurs
ou certains mérites culturels ; même si cette démarche est d’avance récusée, rejetée, refusée
par Meursault. Il trouve par exemple, absurde les pleurs des femmes rassemblées autour de
la bière de sa mère. Toutefois, il va sans dire qu’ici se manifeste la solidarité. Tout l’asile se
sent concerné.
En définitive, la mort tout en dévoilant la conception de Meursault sur ce phénomène
naturel, selon lui, semble soutenir la trame (le squelette, l’ossature, le scénario) narrative de
l’œuvre.

La comédie judiciaire et la satire ou critique de la justice


On appelle satire un texte qui use de la raillerie, plaisanterie, moquerie ou de
l’indignation (colère, fureur, révolte, scandale) pour dénoncer des scandales et impostures.
L’Etranger, c’est aussi l’histoire d’un procès. Notons d’abord que Camus a suivi pour le
compte «d’Alger Républicain » plusieurs procès importants et constaté par lui-même le
fonctionnement de l’appareil judiciaire. Alors Camus donne une place importante à la
satire de la justice.
Camus et la justice : la comédie judiciaire
Camus a eu recours à son talent de journaliste dans l’œuvre pour peindre comme
sur un tableau l’image réelle de la justice. La peinture qu’il fait de cette institution donne
l’impression qu’il y était ou qu’il incarne ce jeune homme « habillé en flanelle grise avec une
cravate bleue » que Meursault remarque sur le banc des journalistes. En le voyant, il dit «
j’ai l’impression bizarre d’être regardé par moi-même » (II, chap. III. P.132). On peut donc
oser de dire que Meursault assiste, à son procès : en simple observateur et son récit des
débats se présente comme une parodie de chronique judiciaire.

Le mensonge de la justice
L’univers de la loi judiciaire n’est qu’un mensonge. Lorsque Meursault se met en
contact avec son avocat, ce dernier lui indique qu’il s’agit d’une affaire délicate qui exige
une collaboration étroite entre défenseur et accusé. Il n’est pas question pour lui de
reconstituer la vérité, mais, au contraire de créer une apparente cohérence entre les
éléments retenus par l’instruction, fût-ce au prix du mensonge. L’avocat d’ailleurs en
formule l’exigence : « sans doute, j’aimais bien maman, mais cela ne voulait rien dire. Tous
les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu’ils aimaient. Ici, l’avocat
m’a coupé et a paru très agité. Il m’a fait promettre de ne pas dire cela à l’audience »
(p.102). Camus veut nous révéler qu’un procès s’organise autour d’une réalité émaillée de
vérités mauvaises à dire. Pire, l’avocat lui demande l’autorisation de mentir : « il m’a
demandé s’il pouvait dire que ce jour-là, j’avais dominé mes sentiments naturels, « non,
parce que c’est faux ». Il m’a regardé d’une façon bizarre, comme si je lui inspirais un peu
de dégoût. Il m’a dit presque méchamment (..) que cela pouvait jouer un très sale tour »

73
(p.103). Ainsi, la justice, fondée sur le mensonge et la dissimulation, ne saurait faire éclater
la vérité.

La comédie à l’instruction
L’instruction judiciaire est aussi un lieu de comédie. A propos du juge d’instruction,
voici la remarque que Meursault fait à son endroit : « au début, je ne l’ai pas pris au sérieux
» (p.100). Il y a comme une mise en scène qui établit les rapports sur un mode théâtral et
factice (imité, affecté) : « il avait sur son bureau une lampe qui éclairait le fauteuil où il
m’a fait asseoir pendant que lui-même restait dans l’ombre. J’avais déjà lu une description
semblable dans les livres et cela m’a paru un jeu » (p.100). C’est un jeu, cependant, où
Meursault a pour rôle celui du criminel, rôle qu’il assure très mal d’ailleurs.

La comédie à l’entretien
Au deuxième entretien ou à la deuxième conversation, audience, le juge
d’instruction passe à une scène. A la page 105, un parole incongru tort (porte atteinte à)
cette procédure judiciaire. 3après un silence, il s’est levé et m’a dit qu’il voulait m’aider que
je l’intéressais et qu’avec l’aide de Dieu, il ferait quelque chose pour moi ».
Ensuite son exaltation croit et la confusion est totale lorsqu’avec un geste théâtral de
prêtre illuminé, il brandit devant Meursault un crucifix d’argent (p.106). L’interrogatoire
donne une autre coloration. L’homme de la justice se transforme en un homme religieux.
Autrement dit, le juge devient rédempteur et se mue en fin de compte confesseur : « j’ai à
peu près compris qu’à son avis il n’y avait qu’un point obscur dans ma confusion ». L’accusé
devient pécheur qui doit se repentir pour le salut de son âme : « …aucun homme n’était
assez coupable pour que Dieu ne lui pardonnât pas, mais (…) il fallait pour cela que
l’homme par son repentir devint un enfant (p.107). On remarque au cours de cette scène
qu’l y a alternance entre la prêche et les préoccupations de Meursault. Cela provoque une
bouffonnerie.

La comédie aux assises


Aux assises, le regard de Meursault nous révèle que la salle est un lieu de théâtre ou
théâtral et comique. Par le comique Meursault veut tourner en dérision l’appareil
judiciaire. « J’ai aperçu une rangée de visages devant moi (…) c’étaient les jurés (…) je n’ai
eu qu’une impression : « j’étais devant une banquette de tramway et tous ces voyageurs
anonymes épiaient (observaient) le nouvel arrivage pour en apercevoir les ridicules »
(p.129). Dans cette salle, où l’agitation, les rires et conversations lui font penser à un club,
Meursault a l’impression d’être en trop.

La comédie vestimentaire des avocats


L’aspect comique peut se lire par les habits de l’avocat, du procureur et des jurés : «
Mon avocat est arrivé en robe » : le procureur « vêtu de rouge, portant lorgnon, qui
s’asseyait en pliant sa robe avec soin » (p.132). Dans cette arène s’affrontent le procureur et
l’avocat : il s’agit de gagner les jurés ; les moyens employés sont ceux de la comédie.

B- La satire de la justice
La plaidoirie
La satire de la justice peut se lire à travers la plaidoirie de l’avocat. En premier lieu,
le regard de Meursault, nous découvrons une comédie sociale principalement dans la
seconde partie du roman, chapitre IV (P.p.158, 161) : « L’après-midi, les grands ventilateurs
brassaient toujours l’air épais de la salle, et les petits éventails multicolores des jurés
s’agitaient tous dans le même sens ». Cette phrase dévalorise la scène : les jurés sont
rapprochés ironiquement avec les ventilateurs, avec l’opposition « grands » et « petits ». Les
éventails nous donnent une impression d’automatisme des jurés : «s’agitaient tous dans le

74
même sens » et aussi l’idée que les jurés forment un groupe homogène ayant le même
point de vue. L’ironie est une arme ou un moyen efficace pour tourner en ridicule et
dénoncer le scandale ou un comportement. De plus, on a l’impression que leur bien-être
l’emporte sur la gravité de la situation, ils ont une attitude critique sur l’accusé : ils
représentent la société. « Brassaient…l’air » : on a l’impression que cela est superficiel et que
c’est un peu du vent, que c’est une comédie. Ceci est également apparent dans le sens où
ceci intéresse assez peu Meursault et apparait aussi dans l’attitude des collègues de son
avocat à la fin de la plaidoirie. Ils répondent à un rituel et disent des paroles convenues qui
virent dans la caricature et cela à quelque chose de cruel pour Meursault que de lui
demander son impression sur les discours de son avocat : on s’adresse à lui sans retenue
comme s’il n’était pas concerné par le jugement : « …ses collègues sont venus vers lui pour
lui serrer la main ». J’ai entendu : « Magnifique mon cher ». L’un deux m’a même pris à
témoin, « hein ? M’a-t-il dit. J’ai acquiescé, mais mon compliment n’était pas sincère… »

La satire de la justice à travers le discours de l’avocat


Elle se peut se lire aussi dans le discours de l’avocat. Il s’agit des excès ridicules de
l’éloquence judiciaire. Ses paroles sont constituées de formules toutes faites : « mon affaire
était délicate », « entrons dans le vif du sujet ». Son discours a quelque chose de pénible «
ces longues phrases, de toutes ces journées et ces heures interminables (…) où je trouvais le
vertige ». (p.160).

La satire de la péroraison ou conclusion judiciaire


A la fin du discours, l’avocat fait une péroraison ; la péroraison est souvent un
moment de bravoure des avocats : « s’écrier », il tente de faire plaindre Meursault en
attirant la pitié des jurés, au fond, il leur souffle l’attitude qu’il faut adopter. L’avocat utilise
un langage stéréotypé : « honnête homme », « Travailleur régulier, infatigable, fidèle à la
maison qui l’employait… » Et il fait usage d’une hyperbole ou exagération souvent présente
dans ce genre de discours « remords éternels ». Ce vocabulaire caricature la péroraison.

La satire de la condamnation judiciaire


Eu égard à cette défense éminente, le procureur fait lecture de la sentence ou
condamnation : Meursault aura « la tête tranchée sur une place publique au nom du
peuple français ». Meursault est condamné pour un autre crime. Autrement dit, au lieu que
la condamnation porte sur l’assassinat de l’Arabe, elle va finalement porter sur l’abandon
de sa mère, le refus de pleurer lors du décès de sa mère… Dans L’Etranger, Camus veut
dénoncer l’amalgame (confusion) judiciaire. On ne peut qu’être frappé par l’étrangeté
(singularité, anomalie) de ce justiciable placé paradoxalement face à une justice qui ne
parle pas de lui, mais qui va le tuer.
5-La solitude
« La solitude » selon Le Micro Robert est défini comme étant une « situation d’une
personne qui est seule, de façon momentanée ou durable » ; elle est aussi la « situation
d’une personne qui vit habituellement seule, qui a peu de contacts avec autrui ». Elle
s’entend alors comme un repli sur soi, un enfermement souhaité sur soi-même ; l’individu se
marginalise des autres membres de la société, crée un univers qui lui est singulier, brise son
rapport avec autrui, ignore tout de l’univers des autres que le sien leur est fermé.

La solitude existentielle
Par ailleurs, en définissant la solitude existentielle, Gaston Berger conclut que la
solitude renvoie à cette impossibilité de compatir véritablement avec l’autre. Il déclare à ce
sujet que « quand mon ami souffre, je puis sans doute l’aider par des gestes efficaces, je
peux le réconforter par mes paroles, essayé de compenser par la douceur de ma tendresse

75
la douleur qui la déchire. Celle-ci pourtant me demeure toujours extérieure. Son épreuve
lui reste strictement personnelle ». (pp.88-89)

La solitude dans le contexte de L’Etranger


La solitude se présente dans cette œuvre comme un refus de communiquer avec les
autres, autrui, une volonté d’assumer seul le destin. Mais elle se donne à lire aussi comme
une absurdité car l’homme ne peut se réaliser que dans la société et non en dehors de celle-
ci.

La solitude comportementale ou communicationnelle


Dans L’Etranger, la solitude s’exprime à travers l’attitude de Meursault. Celui-ci
refuse délibérément de communiquer, de dialoguer avec autrui. Dans le bus, par exemple,
où les gens enclenchent de façon naturelle des conversations sur divers sujets, Meursault
veut garder un mutisme dont lui seul maitrise les motifs, « j’étais tassé contre un militaire
qui m’a souri et qui m’a demandé si je venais de loin. J’ai dit ‘’oui’’ pour n’avoir plus à
parler » (p.10).

La solitude de Meursault envers les autres personnages


De même, Meursault entreprend ne plus déjeuner chez Céleste pour se soustraire
d’un éventuel questionnement sur le déroulement des funérailles de sa mère. Il brise ainsi
toute possibilité de communication et de contact dès lors qu’il prend tous ses repas chez
Céleste. Ce restaurant qui se présente comme un espace de contact, de frottement, de
dialogue devient, pour Meursault, un espace où la solitude se brise : « je ne voulais pas
déjeuner chez Céleste comme d’habitude parce que certainement, ils m’auraient posé des
questions et je n’aime pas cela ». Dans cette même perspective, il sied de noter que
Meursault trouve fastidieux son entretien avec le Directeur de l’Asile. Il va très rapidement
s’installer dans la petite morgue, sans aucune conviction précise. Dans cette morgue,
Meursault semble être absent tout en y étant. Plongé dans une profonde réflexion, il jette à
peine un regard fugitif sur les assistants.

La solitude des personnages proches de Meursault


La solitude se traduit également à travers les personnages très proches de Meursault.
Salamano ne vit qu’avec son chien, Raymond Sintès vit seul dans « sa petite chambre ».
Meursault vit également seul. L’isolement de tous ces personnages imprime à l’œuvre un
sentiment de parfaite solitude. Camus place ses personnages dans la solitude pour que
ceux-ci assument probablement seul leur destin. On comprend dès lors que l’homme doit
forger seul son avenir, réaliser et garantir sa propre existence. Cette démarche solitaire
semble répondre à l’existentialisme sartrien qui stipule que l’homme doit lui-même tracer le
chemin à parcourir pour mieux se réaliser.

La solitude expression de réalisation du crime ou de la mort


Par ailleurs, il va s’en dire que le crime se réalise dans des circonstances tout à fait
particulières de solitude. Les arabes étaient à deux lors de la première rencontre ou
séquence de la bagarre ; curieusement un seul revient, on ne sait pas trop pourquoi, à la
plage. De même, après avoir accompagné Masson et Raymond Sintès blessé au cabanon,
Meursault repart discrètement en solitaire à la plage. Fait de hasard ou jeu de destin, les
deux protagonistes veulent s’abriter à la source (situé non loin de la plage) pour se
soustraire de la cruauté du soleil. Et là Meursault tire sur l’arabe « je pensais à la source
fraiche derrière le rocher. J’avais envie de retrouver le murmure de son eau, envie de fuir le
soleil (…) envie enfin de retrouver l’ombre et le repos. Mais quand j’ai été plus près, j’ai vu

76
que le type de Raymond était venu (…) pour moi, c’était une affaire finie et j’étais venu là
sans y penser. La gâchette a cédé, j’ai touché le ventre poli… » (pp.60-61-62)

La solitude lors du procès


Le déroulement du procès offre aussi la possibilité de lire la solitude dans
L’Etranger. En effet, Meursault refuse de recevoir l’aumônier et de discuter avec son
avocat. Indifférent aux plaidoiries de son avocat, Meursault préfère se défendre seul.
Toutefois, l’incarcération le plonge dans une solitude irréversible car l’univers carcéral
l’éloigne parfaitement des siens, de sa société. De la solitude souhaitée, Meursault entre, par
le truchement du crime, dans une solitude que lui impose la société. Comme on peut le lire
dans ses propos : « on m’a isolé dans une cellule où je couchais sur un bat-flanc de bois.
J’avais un baquet d’aisances et une cuvette en fer ». (p.74).
La tentative d’ouverture par Meursault
Toutefois, à la fin de l’œuvre, Meursault tente de briser cette solitude, en souhaitant
« qu’il y ait beaucoup de spectateur le jour de « son » exécution et qu’ « ils » l’accueillent
avec des cris de « haine ». (p.122).Meursault comprend ici que la solitude est une expérience
à ne pas encourager. Son appel à une assistance traduit non seulement le sentiment
d’absurdité mais souligne aussi le fait que l’homme ne peut se réaliser pleinement sans les
autres. Chacun a besoin de l’autre pour mieux gérer son destin. Ainsi « l’homme n’est rien
sans les autres » pouvons-nous lire dans Sous l’orage de Seydou BADIAN.

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DISSERTATION SUR L’ETRANGER DE CAMUS

Sujet1 : Après lecture et analyse du roman L’Etranger d’Albert CAMUS, un auteur


contemporain estime que : «Meursault est à la fois un héros décevant et modèle ».
Expliquez cette assertion.
PLAN DU DÉVELOPPEMENT
Un héros est celui qui pose des actes de bravoure et comme le disent les existentialistes, Jean
Paul SARTRE et Albert CAMUS : «Un homme se définit à travers les actes qu’il pose ». Or,
Meursault incarne l’ambivalence : l’attitude décevante et exemplaire.

Thèse : Meursault, personnage principal de L’Etranger véhicule une attitude décevante.


Argument 1 : Premièrement, il est étrange dans la mesure où il est le plus souvent
indifférent aux autres. Exemple : Meursault aime s’écarter du monde ; il est plein de solitude
et d’unicité : son indifférence devant son avenir surprend son patron (P. 69), devant le
mariage surprend Marie (PP. 69-70) et son comportement déconcerte son avocat…
Argument 2 : Deuxièmement, Meursault est un criminel. C’est pourquoi il est condamné à
mort. Exemple : Il tue sans regret l’Arabe. Il tire même sur son cadavre avec toute son
énergie : « Alors, j’ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte » (P. 95). Et devant les
prisonniers arabes, après son arrestation, il dira fièrement : « J’ai dit que j’avais tué un
Arabe et ils sont resté silencieux » (P. 114).
Argument 3 : Troisièmement, Meursault est un personnage trop infantile par la manière
dont il mène sa vie. Exemple : Il est souvent insouciant; lors de son procès il ne s’inquiète de
rien, sinon de retourner rapidement dans sa cellule. Il aime dormir : il dort devant le cercueil
de sa mère, dans sa cellule il dort de 16 à 18 heures par jour. Et il pense que tout ce qu’il fait
est normal : fumer devant le cercueil de sa mère, ne pas pleurer le jour de l’enterrement,
aider Raymond à taper sa copine, tuer l’Arabe…

Phrase transitoire : Certes, le héros de CAMUS présente des vices, une


attitude décevante ; mais véhicule aussi l’héroïsme à travers son caractère vertueux faisant
de lui un modèle.

Antithèse : Le héros du roman L’Étranger de CAMUS demeure modèle en véhiculant des


valeurs.
Argument 1: D’abord, Meursault est généreux du fait qu’il est attentif et soucieux aux
difficultés des autres. Exemple : Il accueillera amicalement Salamano qui, après avoir perdu
son chien, se rendra auprès de lui : « Sur le pas de ma porte, j’ai trouvé le vieux Salamano.
Je l’ai fait entrer et il m’a appris que son chien était perdu ».
Argument 2 : Ensuite, le personnage principal de ce roman est solidaire car il aime la
compagnie de son entourage. D’ailleurs, il a des amis. Exemple : Meursault aime la
compagnie de Marie Cardona, de Céleste, de Raymond Sintès et des autres. Il est disponible
pour aider Raymond à rédiger la lettre. Il a tué l’Arabe du fait qu’il voulait se protéger et
surtout protéger son ami Raymond.
Argument 3 : Enfin, Meursault aime souvent dire la vérité ; il n’est pas hypocrite.
Exemple : Quand son patron lui propose d’aller à Paris, il lui dira tout simplement que
« Paris est sale » ; il avouera même son crime devant le procureur.

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En conclusion, le personnage-narrateur du roman L’Étranger est ambivalent. D’une part,
il est positif car il véhicule des vertus ; mais d’autre part, il est vicieux parce qu’il fait preuve
des comportements négatifs. Ce qui est sûr c’est que Meursault n’est pas davantage « un
exemple à suivre », cependant il représente un type de comportement possible devant le
silence du monde, devant les situations hostiles de la vie. Du moins, il nous permet de
réfléchir profondément sur la vie de l’homme et sur les lois sociales : Meursault peut se
retrouver en chacun de nous.

Sujet 2 : Montrez que quelques personnages du roman L’Etranger sont absurdes.


PLAN DU DÉVELOPPEMENT : RECHERCHE DES IDÉES
Thèse : Dans L’Etranger, certains personnages sont absurdes. Ils ont un caractère
irrationnel, difficile à saisir.
Argument1 : D’abord, le héros, Meursault, est absurde, insensible et étrange.
Exemple1 : Meursault aime dormir pour mieux s’écarter du monde : il passe tout un
dimanche à dormir et à fumer des cigarettes. Il est insensible à la proposition de son patron
et surtout à celle de Marie.
Argument2 : Ensuite, le vieux Salamano, l’un des voisins de Meursault, est aussi irrationnel.
Exemple2 : Celui-ci aimait battre son chien qui avait fini par lui ressembler. Mais, quand
ce chien était disparu, il se mettait à se lamenter et même à pleurer.
Argument3 : Enfin, la mère de Meursault est un personnage également absurde.
Exemple3 : Madame Meursault de son vivant ne croyait pas en Dieu. Pourtant avant de
mourir, elle avait souhaité d’être enterrée religieusement. En vivant avec son fils dans la
79
même maison, elle restait silencieuse. Mais, arrivée à l’asile de Marengo, elle passait tous ses
premiers jours à pleurer.

Sujet n°3 : Après avoir lu et étudié le roman L’Etranger d’Albert CAMUS, il a été constaté
que : « Le personnage étrange de Meursault est marqué par une immense indifférence à
l’égard de la mort, l’amour, les valeurs sociales et la justice ». Expliquez ce constat en vous
référant à votre lecture et votre exposé de l’œuvre.
I- Analyse du sujet
1- Explication des mots clés :
Immense : grande
Indifférence : insensibilité, la froideur devant une chose qui n’a pas d’importance.
Valeurs sociales : règles de la société, de bienséance.
2- Reformulation : Meursault est insensible à plusieurs réalités, à plusieurs niveaux.
3- Thème : L’indifférence
4- Problème posé : Les caractéristiques de l’indifférence de Meursault
5- Problématique : Comment Meursault manifeste-t-il son indifférence dans le roman
L’Etranger de CAMUS ?

I- Plan détaillé
1-Thèse : L’indifférence de Meursault se manifeste à plusieurs niveaux.
Arg1 : D’abord, Meursault reste insensible à la mort.
Ex1 : il n’exprime aucun remord à la mort de sa mère, de l’Arabe et même à son
imminente mort.
Arg2 : Ensuite, il n’accorde pas assez de valeur à l’amour surtout au mariage.
Ex2 : Lorsque Marie lui propose le mariage, Meursault lui répond sèchement et
indifféremment en répétant : « Cela m’est égal ».
Arg3 : Par ailleurs, il ignore les règles de la société.
Ex3 : Ce personnage n’a pas la maitrise des conventions sociales : il dort souvent, encourage
la violence, le mensonge, la paresse.
Arg4 : Enfin, il rejette même les lois de l’institution judiciaire.
Ex4 : Il regarde avec dédain son procès, dénigre son avocat et rejette la proposition du juge
d’instruction.

80
ETUDE CRITIQUE DU ROMAN L’ANTE-PEUPLE DE SONY LABOU TANSI

LA MORT DANS L’ANTE-PEUPLE


L’Anté-peuple évoque bel et bien le thème de la mort. C’est une mort obsessionnelle dans
la mesure où les personnages du roman en sont préoccupés. La présence des « bérets »
laisse présager que la mort peut intervenir à tout moment dès lors qu’elle intègre un
modèle de gestion politique. Les propos d’Henri, l’un des personnages de ce roman, sont
révélateurs de cette psychose généralisée. Ce dernier atteste : »Oui, ici, c’est la terre du
crime et de la lâcheté, ici c’est la terre de la trahison. Mais le prochain qui ose, je le tuerai de
mes propres mains. Et je donnerai sa viande à manger aux chiens. » p.148.
Sony Labou Tansi fait donc allusion à la promptitude avec laquelle les régimes politiques
africains instaurent la terreur dans leur pays en distribuant gracieusement la mort aux
citoyens : « c’est le pays où l’on ne fait que cela. Quand un pays est fou, les choses qu’on y
fait, ça vous pose des questions.» P.150 renchérit Henri.
Chez Sony Labou Tansi, la supplique vient révéler une exigence de révolte contre l’inaction
du pouvoir. Cela se traduit naturellement par un acte de rébellion qui s’identifie dans le
meurtre du premier Secrétaire du Parti, assassiné à la messe de pâques, et dont la ritualité
tragique est transformée en une esthétique du désespoir. Dadou en réchappe, certes mais
cela a-t-il vraiment une importance ? Puisque personne ne réchappera, pour sûr, de cet
engrenage infernal. L’assassinat du dirigeant révèle ainsi la cruauté comme règle d’or de
l’absurde et de l’arbitraire postcolonial. Il s’opère par la même occasion un déplacement du
sens des mots, de la mort sur la vie et l’engagement. Le chef qui confie à Dadou la mission
de tuer le Premier Secrétaire l’énonce plus ou moins explicitement : « Nous sommes des
morts. Et un mort ne pose pas des questions. Un mort ça pourrit. Les questions, les réponses,
nous, on les laisse aux vivants. »P.203.
Dès qu’il est passé de l’autre côté du fleuve, Dadou est conscient qu’il a rejoint la rive des
morts, celle des gens du fleuve qui ont refusé une appartenance sociale faussée par les
compressions et ont décidé de mourir pour renaitre à la vie. Telle se présente l’histoire que
le chef rappelle à Dadou : « On voulait m’arrêter. J’ai descendu cinq bérets et j’ai foutu le
camp. Je ne pouvais plus reculer du moment que ma place, là-bas, je l’avais tuée…J’ai tué
les bérets sur mon passage. J’ai créé mon passage sur leur viande.» p. 204.
La mort se trouve donc ancrée dans la conscience des personnages mis en jeu dans l’œuvre.
S’agit-il d’une banalisation de celle-ci ou d’une conscience de terreur infligée au peuple ? En
tout cas, la première tâche qui s’impose, pour ne pas avoir à choisir entre une mort de
« mouche » et une mort « d’homme », est d’apprendre à apprivoiser la mort, « mourir
vivant », comme le dit Sony Labou Tansi lui-même dans un entretien avec Guy Daninos :
« Je sais que je mourrai vivant. Tous les hommes devraient mourir vivants. C’est beau. »
La mort, ainsi, démystifiée ne guérit pourtant pas de la frayeur qu’elle suscite. Elle ordonne
même de recentrer le questionnement sur le sens à lui donner dès lors que la vie elle-même
devient insupportable.

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