Vie Et Mort en Afrique Noire: Marcel Anganga
Vie Et Mort en Afrique Noire: Marcel Anganga
Vie Et Mort en Afrique Noire: Marcel Anganga
Théologiques
ISSN
1188-7109 (imprimé)
1492-1413 (numérique)
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Marcel Anganga*
De plus en plus, pour les individus comme pour les sociétés, la mort apparaît
comme la clé de l’histoire. La philosophie existentialiste proclame le
triomphe de la mort ; le matérialisme glouton précipite l’individu des socié-
tés vers la mort ; la littérature, le cinéma, la télévision n’ont plus d’autres
leçons à enseigner à l’humanité que l’art de donner la mort. Or l’héritage
culturel africain, avec sa vision du monde et sa conception de l’homme,
préconise tout juste le contraire. C’est-à-dire la victoire de la vie sur la mort.
La civilisation dans le monde pharaonique comme dans l’Afrique tradition-
nelle consiste à organiser et à gérer l’homme dans le cosmos, en vue d’assu-
rer la victoire de la vie sur la mort. Pour nous, la question est simple. Nous
disons qu’en face des idéologies de la mort, il y a place pour les idéologies
de la vie et que l’Afrique a quelque chose à apporter dans la recherche, dans
l’organisation et dans la gestion de l’homme et du cosmos aujourd’hui. La
contribution de l’Afrique doit être celle d’une civilisation du triomphe de la
vie sur la mort. (Mveng et Lipawing 1996)
2. « Jésus est né, a vécu, a prêché et est mort en Asie. Cependant, on le considère souvent
comme un Occidental. Historiquement parlant, la chrétienté s’est plus largement
répandue vers l’Ouest que l’Est. [Bien entendu, les termes ‘‘Ouest’’ et ‘‘Est’’ sont
utilisés en rapport avec la Palestine où Jésus est né et a vécu]. Cette étendue géogra-
phique a coïncidé avec l’étendue de l’Empire romain influencée par la culture grecque
et le système romain politique judiciaire. » (Amaladoss 2007, 9).
3. Hegel a prêché dans ses Leçons sur la philosophie de l’Histoire que le « Nègre est sans
culture », d’où son irrémédiable inertie. Ainsi, n’ayant ni raison ni liberté, le Noir est,
selon Hegel, « hors de l’histoire ». Tristes paroles que reprendra à Dakar, dans son
discours du 26/07/2007, Nicolas Sarkozy, le président français qui n’a pas pu citer
sa source ni continuer cette autre affirmation gratuite de son maître Hegel :
« L’Afrique, aussi loin que remonte l’histoire, est restée fermée, sans lien avec le reste
du monde ; c’est le pays de l’or, replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui, au-delà
du jour de l’histoire consciente, est enveloppé dans la couleur noire de la nuit […]
c’est un monde anhistorique non développé, entièrement prisonnier de l’esprit natu-
rel et dont la place se trouve encore au seuil de l’histoire universelle ». C’est pourquoi,
poursuit Hegel, « Le Nègre représente l’homme naturel dans toute sa barbarie et son
absence de discipline. » (1979, 247, 251 et 269). Pour sa part, David Hume écrit : « Je
suspecte les Nègres et en général les autres espèces humaines d’être naturellement
inférieures à la race blanche. Il n’y a jamais eu de nation civilisée d’une autre couleur
que la couleur blanche ni d’individu illustre par ses actions ou par sa capacité de
réflexion […] Il n’y a chez eux ni engins manufacturés, ni art, ni science. Sans faire
mention de nos colonies, il y a des nègres esclaves dispersés à travers l’Europe ; on
n’a jamais découvert chez eux le moindre signe d’intelligence. » (Hume 1852, 252)
tuels, savants et civilisés, ces penseurs n’avaient pas à l’esprit que « devant
les faits, [dit-on], point de preuves ». Assurément, si les données scienti-
fiques modernes confirment que l’Afrique est le berceau de l’humanité, ne
serait-il pas équitable, comme l’indiquent Richard Leakey et Ian Mc Dougall,
« que les concepts spirituels que l’on trouve dans les différentes religions
du monde, aient été élaborés par les Africains en premier, sachant que les
humains modernes sont nés en Afrique, 200 000 ans avant notre ère » ?
(Cité par Ogowè Nyalendo 2010, 1).
Évidemment, s’il est avéré qu’à une époque très reculée, les habitants
de la vallée du Nil se sont questionnés sur le sens de la vie et de la mort
ainsi que sur l’idée de l’implication des actes que l’homme a posés au cours
de sa vie terrestre, c’est donc sur les terres africaines qu’a eu lieu, comme
l’atteste Jacques Lacarrière, écrivain français et spécialiste de la Grèce
antique, la plus vieille représentation portant sur vie et mort. Rendons-
nous à l’évidence :
La plus ancienne idée d’un jugement des âmes, destiné à leur conférer un
sort différent selon leurs mérites, est née sur les rives du Nil. On n’en trouve
aucune trace dans la mythologie sumérienne ni akkadienne mais en Égypte,
[…] la légende d’Osiris, en ouvrant à chacun les portes d’un monde régénéré
et en promettant la résurrection, impliquait la notion d’un jugement, d’un
tribunal, bref d’une « sélection » des âmes appelées à connaître le même sort
qu’Osiris. D’ailleurs, Osiris lui-même, une fois ressuscité, n’avait-il pas à se
défendre contre les attaques de Seth et faire reconnaître son innocence par
le tribunal des grands dieux ? L’homme, à l’image d’Osiris, devait donc lui
aussi faire admettre son innocence par un tribunal identique, tribunal dont
le Livre des morts nous a laissé une description impressionnante. »
(Lacarrière 1998, 471-472)
4. Née le 17 novembre 1913, elle a tiré sa révérence le 26 juin 2011, en France, à l’âge
de 97 ans.
Mon propos, en écrivant ce livre, est d’introduire mes lecteurs, sans leur
infliger de savantes explications, ni les fatiguer par un verbe pompeux, à la
découverte des thèmes fondamentaux sur lesquels notre civilisation s’est
construite. L’Égypte ancienne leur apparaîtra alors comme une pionnière en
raison des connaissances, de la sagesse et de l’humanisme qu’elle nous a
transmis. Elle demeure la grande inspiratrice pour ceux qui désirent retrou-
ver leurs racines. (Noblecourt 2006, 6)
5. « […] et c’est encore grâce à l’Égypte en plein déclin, que Thalès introduisit la concep-
tion de l’immortalité de l’âme ; Pythagore après plus de vingt années d’études en
Égypte, fut initié aux mystères ; Platon (sur la Philosophie) dans ces œuvres, Timée
(Platon utilise sans le citer toutes les idées égyptiennes à savoir : la composition du
monde, l’immortalité de l’âme, les quatre éléments “feu, terre, air, eau”, la notion du
temps, essence mathématique du monde conçue comme nombre pur…), le Phèdre, et
le Phédon fait référence à l’ Égypte ». Voir SHENOC (2008), « La conception des
peuples noirs de la mort et de l’immortalité », <http://www.shenoc.com/la_concep-
tion_des_peuples_noirs_de_la_mort_et_de_l-immortalite.htm>, en référence à
Obenga (1984).
l’âme est dans le corps comme dans une enveloppe charnelle, dans une
prison ou encore dans un tombeau. C’est à ce titre que l’âme fait l’homme6
parce qu’elle commande le corps. Quant au second (Maison 1990, 1174),
par sa théorie de l’hylémorphisme, il prône l’indéfectible lien des deux
principes la forme et la matière qui, appliqués à l’anthropologie, révèlent
que « l’âme humaine soit un genre d’âme tout différent, c’est-à-dire intel-
lective », parce que possédant, comme caractéristiques propres, « l’intelli-
gence et la faculté théorétique » contrairement à l’âme végétative et à l’âme
sensitive (Aristote, De Anima 1934, 76-77). Point n’est besoin de rappeler
que cette vision grecque de disséquer l’être humain en âme et corps n’a pas
épargné le christianisme, alors que dans les pays des missions, l’âme de
l’évangélisé valait plus que son corps. D’où la légitimation de la théologie
missionnaire du salut des âmes.
Pour sa part, la conception sémite de l’homme, d’où est née la judéo-
chrétienne, contrairement à celle des Grecs, ne conçoit pas l’homme comme
distinctement composé de corps et de l’âme. Sont impensables une quel-
conque préexistence de l’âme au corps et une dualité substantielle entre les
deux ; car, selon le philosophe helléniste et hébraïsant exégète français
Claude Tresmontant, « l’homme est créé une âme vivante », comme l’atteste
la LXX7. Ainsi, pour les Hébreux, il est un non-sens de concevoir un corps
sans âme au sens grec du terme. D’ailleurs, ce fut une grave erreur des Grecs
d’avoir traduit par « Ψυχń » (psychè) le concept hébraïque appelé « nephesh »,
ou principe vital, malheureusement rendu par « anima » en latin et par
« âme » en français. Or, selon la tradition sémite, l’homme intégral est dési-
gné par « basar ». Claude Tresmontant l’authentifie quand il écrit :
En hébreu, la basar, ce n’est pas le corps en tant que distinct de l’âme. La
basar, c’est la totalité humaine, pour nous français « corps et âme », la tota-
lité psycho-physiologique, ou psycho-somatique. C’est le biologique et le
physiologique à la fois. L’hébreu basar ne correspond donc nullement à ce
que nous appelons le « corps », ni « la chair » distincte de l’âme, mais à ce
que nous appelons l’homme vivant. (Tresmontant 1971, 62)
Cela est d’autant plus vrai que pour l’anthropologue français Jean
Mouroux, « La personne est donc un esprit à la fois immergé et émergent,
immanent et transcendant au corps. Cet esprit et ce corps ne sont qu’un
6. Voir Alcibiade 129a-131d : « Et Socrate de préciser à Alcibiade : “C’est l’âme qui est
l’homme”. »
7. Tresmontant (1971, 59-60) : « Yhwh forma l’homme de la poussière du sol, et il
souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante (Gn 2). »
être » (1943, 106-107 ; voir Gn 2,7 ; 1Th 5,23). Du point de vue critique,
on ne peut en douter, l’anthropologie asiatique de l’unité psycho-somatique
dont le judaïsme se fait messager n’est pas qu’en rupture avec celle des
hellénisants, mais elle est reprise par le christianisme alors qu’elle fonde
son origine dans la plus vieille des visions du monde, c’est-à-dire l’Afrique
Noire, terre ancestrale de l’humain.
Dès lors, étant donné que « communiquer est éminemment culturel »,
l’anthropologie africaine, en l’occurrence celle des Bàntu (Mujinya Nimisi,
1978), partant de son langage, de ses représentations, de ses codes et de
son matériel symbolique définit l’homme, à la différence de la conception
grecque, comme un tout. Un ensemble. Quelques concepts méritent d’être
clarifiés.
En premier, la notion de l’être. Elle est commune à chaque élément
présent dans la nature. Dès lors, le monde est conçu en Afrique, chez les
Bàntu, « comme un tout organique, dont tous les éléments sont réunis par
un dénominateur commun qui est la vie, valeur suprême vers laquelle tout
tend » (Kabasele 2005, 259). Ainsi, la vie est commune à tout ce qui vit,
qui fait partie de la nature créée et qui participe, à de degrés divers, à cet
ordre. François Kabasele le décrit dans l’extrait suivant :
Tous les êtres sont participants à cette vie dont la source première est Dieu.
Cela veut dire que l’herbe a la vie, l’eau a la vie, l’animal a la vie, la motte
de terre a la vie, les étoiles et les astres ont la vie. On l’éprouve par la force
qui se dégage d’eux et qui se déploie autour d’eux : ainsi la terre fait germer
les graines ; l’eau étanche la soif ; l’herbe peut nourrir ou tuer quand on la
consomme ; l’herbe peut tuer le microbe et guérir un malade ; le soleil réveille
les hommes, fait croître, réchauffe en chassant le froid ; la lune fait varier les
tempéraments, provoque des changements dans le corps humain ; chez
l’homme, la vie se déploie d’une manière encore plus rapide : il entre en
relations, il produit, il réfléchit, il engendre… La participation à la vie se fait
à de degrés divers et permet ainsi une interdépendance multiforme entre les
êtres, selon leur nature et leur affinité : les Ancêtres sur les descendants, les
Forts (chefs, guérisseurs, sorciers) sur les mouvements de la nature et des
hommes, les Aînés sur les puînés, les parents sur leurs enfants, ceux qui sont
dans leurs droits (ayant le lusanzu), sur les fautifs, etc. (Kabasele Lumbala
2005, 259-260)
Dès cet instant, la relation entre ces êtres ne se traduit pas en terme de
conquête par le possessif : « j’ai mon cheval, j’ai ma femme, etc. » ; ce qui
équivaudrait à une soumission, à un esclavagisme ou à une exploitation de
l’autre être. A contrario, le lien entre êtres s’exprime par « l’être-avec ».
C’est-à-dire qu’on n’est pas seul dans la nature. Chacun des créés ayant
une mission à accomplir avec l’autre et à côté de l’autre a le droit d’être
respecté. À cet effet, la relation d’interdépendance entre êtres se traduira,
selon la linguistique africaine, par l’expression « je suis avec mon mari » ;
« je suis avec ma femme » ; « je suis avec ma chèvre ou je suis avec mon
pognon », et non « j’ai ma femme » comme en langue française. Ce mode
opératoire exclut toute idée de dominer l’autre, de le rendre dépendant de
nous, alors qu’il a sa propre identité — laquelle est, à son tour, liée à la
quement liés, ils le sont aussi dans leur définition, à savoir l’être est force.
La copule est à sa place ; elle identifie les deux éléments et sanctionne leur
jointure. C’est par elle que tient la charpente de toute cette ontologie. Cette
force n’est pas, comme chez les autres, un accident. Elle n’est pas non plus
physique, mais elle est en revanche, l’essence même de l’être en soi ; elle est
l’être tel qu’il se manifeste, c’est-à-dire dans sa totalité réelle. L’unicité de
la personne humaine est ici affirmée et démontrée.
8. Voir Les Souffles, poème de Birago expliqué et commenté par Magnier (1990, 223).
Selon un autre commentaire : « Pour Léopold Sedar-Senghor, dans la préface des
Contes d’Amadou Koumba, Birago Diop nous rappelle ce Pacte lourd mais essentiel
qui nous lie à la vie : “Birago Diop ne fait que traduire, à travers la loi de l’interaction
des forces vitales, la dialectique de la vie qui est celle de l’univers. À l’anarchie et à la
mort s’oppose l’ordre de la vie.” »
venus. Dans cette optique, l’humain n’est qu’un immigré. Un être en per-
pétuelle pérégrination. Par sa venue au monde, l’homme, dans la mentalité
de l’Africain, est censé quitter ses origines ; et par sa mort, il retourne à ces
mêmes origines.
Venons-en au troisième pivot qui est celui d’une vision optimiste de la
vie. Certes, en Afrique, selon les travaux de l’anthropologue Louis-Vincent
Thomas, « la vie et la mort ne sont pas les deux pôles antinomiques du
cheminement humain, mais, au contraire, deux réalités qui interfèrent, se
complètent et se nourrissent réciproquement » (Thomas 1984, 746). Cette
conception positive de la vie est issue des Religions Traditionnelles
Africaines où se trouve affirmé, selon les spécialistes, « le caractère inépui-
sable des forces cosmiques et de la perpétuité de la vie », étant donné qu’en
Afrique, le principe vital de l’individu n’est pas détruit par la mort. Dès
lors, cet optimisme constitue une véritable grille de lecture de la réalité vie
et mort, alors que la civilisation occidentale, bien que de haute technicité,
n’a jamais su, au cours de son histoire, l’intégrer à sa réflexion anthropo-
logique. Évoquons une fois de plus Louis-Vincent Thomas qui décortique
mieux le sujet.
Car, en Afrique, rien n’est fini et rien n’est commencement, la naissance est
une « mort » dans le royaume de l’au-delà d’où l’on est censé venir, ma mort
est une « naissance » au monde des ancêtres, monde qui préside à la subsis-
tance et à la vie quotidienne des mortels et qui lui apporte protection et
conseil. Car elle n’est jamais une rupture dans ces sociétés où le culte des
ancêtres vient tisser des liens constamment resserrés par le sacrifice et la
prière, mais aussi par la divinisation et l’écoute du message ancestral, source
permanente de cette protection. La mort, au contraire, introduit le défunt
au rang d’ancêtre, dont l’esprit renaîtra un jour pour insuffler une nouvelle
vie dans l’un de ses descendants. (Thomas 1984, 748)
mort ne se laissent pas séparer en Afrique. Elles sont les deux faces de
l’existence. Elles conditionnent le comportement humain ; et la mort, fron-
tière d’en bas et dernière expérience de « quittement », ouvre sur le village
des Ancêtres et s’impose comme un des moments clés du cycle vital. Même
alors, disons-le, la mort n’est pas, dans le mental et subconscient des
Tropiques, le dernier mot de la vie humaine. Celle-ci, en revanche, est et
restera, tant que sous les Tropiques le jour se lève et se lèvera, une phrase
en pointillés ; un texte inachevé dont le terme ne se réalisera que lors du
passage ou de la traversée du fleuve qui conduit vers l’au-delà.
Le quatrième et avant-dernier paramètre d’apport africain à l’idéologie
thanatologique se veut un constat. La mort : « une sanction que l’homme
— et bien souvent la femme — a provoquée sciemment ou non par son
comportement à l’égard du créateur » (Thomas 1984, 748). Évidemment,
des mythes dogon et bambara (Griaule et Dieterlen 1965) au Mali, à
l’Ouest du continent, jusqu’à ceux des Bàntu du Kàsaayì au cœur de
l’Afrique au Congo R.D., « tous renvoient à une période pré-mythique, où
l’être humain était immortel et où “Dieu dispensait abri et nourriture” ;
[…] tous évoquent un monde, enjeu de forces sans cesse en mouvement et
qui viennent animer la vie, le pouvoir et la parole » (Fourche et Morlighen
2002). Et c’est par la faute de l’humain que Dieu, selon ces récits, a sanc-
tionné celui-ci en lui infligeant la mort.
Par ailleurs, on ne peut pas ne pas mentionner les croyances et céré-
monies qui ont trait à la mort en Égypte antique et qui étaient d’un impact
vital. Inscrites dans le religieux, elles constituaient une grande « étape de la
vie du pharaon, frère des dieux, qui devait après son décès vivre auprès des
dieux un repos éternel. Les Égyptiens considéraient qu’après le décès, l’âme
du défunt pouvait renaître et accéder au “royaume des morts” et au “repos
éternel” » (Fourche et Morlighen 2002, 213-215). Deux étapes majeures
composaient ce mythe égyptien de la mort. D’abord, « le voyage du défunt
vers l’au-delà avec le rite d’embaumement ». Ensuite son jugement par le
dieu Osiris, au moment où il atteignait l’au-delà pour possiblement entrer
au repos éternel. Ce rituel, bien détaillé dans le Livre des Morts du Scribe
Negbed atteste que le corps humain, selon l’Égyptien, uni par plusieurs
composantes dont le djet, l’équivalent du corps, et le ka, assimilé à l’esprit,
vit, de la naissance à la mort, sous la guidance de ces deux noumènes. Au
décès de l’homme, son entrée dans l’au-delà par le ka est conditionnée par
l’embaumement du djet (le corps), rite qui fait renaître le défunt et lui
donne accès au « royaume des morts et au repos éternel ». Au cas contraire,
un djet non-embaumé change le ka en khat et, à partir de cet instant, l’accès
IV. Conclusion
Après ces quelques réflexions, qu’il nous soit permis de conclure. Au terme
de ce parcours sur vie et mort en Afrique Noire, nous avons conscience que
nous n’avons pas épuisé un sujet si complexe. L’ayant, en plus, abordé
dans un angle déterminé, d’autres aspects, peut-être plus importants, n’ont
pas été développés. En guise de conclusion, nous retenons deux indications.
La première d’entre elles, nous l’empruntons chez Dominique Zahan
qui, au cours de ses recherches a compris qu’au sujet du Continent Mère
de l’humanité, il faut essayer de
pénétrer dans l’âme noire afin d’y découvrir le principe animateur de la vie.
[…] L’homme noir, microcosme où aboutissent, invisibles, d’innombrables
fils qui tissent les choses et les lient entre eux, en vertu des règles de corres-
pondance fournies par les catégories et les classifications. Il n’est pas le
« Roi » de la création, mais plutôt l’élément central d’un système auquel il
imprime une orientation centripète. (Zahan 1979, 14 et 16)
Références
Résumé
Abstract