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Dissertation 1

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Dissertation 1

Sujet : Un critique contemporain, Albert Beghin remarquant que l’on dit volontiers d’un
roman que « c’est comme dans la vie », affirme que « les personnages d’une œuvre ne
ressemblent pas davantage à la réalité qu’à des habitants d’un songe ».

« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos
yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. » Stendhal, dans cette
citation, montre le travail de l’auteur qui a pour but de montrer un reflet de la réalité. En
effet, dans le courant réaliste notamment, les situations tout comme les personnages
doivent être réalistes : la société doit être dépeinte telle qu’elle est. Ce questionnement qui
existe entre la littérature et la réalité est donc important. Albert Beghin, un critique
contemporain va ainsi faire remarquer que l’on dit volontiers d’un roman que « c’est comme
dans la vie », et affirme que « les personnages d’une œuvre ne ressemblent pas davantage à
la réalité qu’à des habitants d’un songe ». Beghin prend ici de parti de dire que les
personnages de roman ressemblent autant à des personnages réalistes qu’à des
personnages imaginaires. Effectivement, en dehors du cadre de la biographie et de
l’autobiographie, les personnages de romans sont fictifs puisque tirés de l’imagination de
l’auteur.
Nous nous demanderons ainsi, dans quelle mesure les personnages de roman entrent
en conflit avec la notion de réalité.
Nous verrons d’abord que le personnage de roman est créé de toute pièce par
l’auteur, qui peut donc en faire ce qu’il en veut. Cependant on peut s’interroger sur le
réalisme dont certains personnages peuvent faire preuve. Finalement nous verrons que ces
personnages, qu’ils soient réalistes ou non permettent au lecteur d’envisager un lien avec la
réalité.

Nous pouvons alors nous intéresser dans un premier lieu au fait que le personnage
est une création entière de l’auteur. Celui-ci fabrique de toute pièces des personnages et des
caractères suivant son inspiration, son inventivité.
En effet, l’auteur va pouvoir créer des personnages parfaits, idéaux et parfois même
assez stéréotypés. Dans les contes de fée, on peut généralement observer des schémas
répétitifs où la jeune femme (image de la jeune première) est soumise à son destin quand
soudain intervient son prince charmant (image du jeune premier) pour la sauver. Certains
ouvrages du XVIIème siècle montrent bien ces caractéristiques du personnage pas vraiment
réaliste mais soumis à son destin, représentant un caractère spécifique. Dans La Princesse de
Clèves, Madame de Lafayette nous fait suivre le destin du personnage éponyme qui va
tomber amoureuse mais va devoir se marier avec un autre homme. Quand celui-ci meurt de
chagrin, elle ne peut épouser le duc de Nemours (l’homme qu’elle aime réellement) car elle

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le tient pour responsable de la mort de son mari. Elle mourra donc seule dans un couvent.
On retrouve dans ce personnage des valeurs telles que la vertu et on voit dans ce roman de
nombreux rappels à la préciosité tels que l’idéalisation des personnages, l’intérêt pour la
psychologie et les sentiments. Cette préciosité va repousser l’idée du réalisme.
On peut aussi voir le sujet d’un autre côté puisque rien ne dit que la littérature en
général doit représenter la réalité. Même si les scènes sont souvent inspirées de la vie réelle,
il n’est pas obligatoire que ces dernières ou les personnages soient réalistes. On peut
chercher dans le roman à échapper à la réalité qui nous entoure, dans des œuvres
fantastiques par exemple. Des auteurs réalistes comme Guy de Maupassant ont aussi écrit
des textes fantastiques comme par exemple Le Horla. En effet le personnage va faire la
connaissance d’un alter ego qui va le rendre fou car il va se mettre à douter de la réalité, de
ses sens, de ce qu’il peut voir. Cette nouvelle fantastique, donc non réaliste, va permettre au
lecteur de vivre une expérience nouvelle, « exotique ».
Il peut également y avoir une nécessité d’échapper à la réalité du monde qui nous
entoure. La littérature offre à l’écrivain des possibilités infinies qu’il peut exploiter en sortant
du cadre de la réalité. En effet, on assiste au développement de l’absurde au XXème siècle.
Après les deux guerres mondiales, l’homme va chercher un sens à la vie et à ce qui se passe
autour de lui. Le mot absurde désigne ainsi ce qui n’a pas de sens. Camus, avec le Mythe de
Sisyphe, va chercher à définir ce genre. En effet, l’homme va réaliser que son existence n’est
que minime sur l’échelle de l’humanité et n’est pas forcément dotée d’un sens logique.
Sisyphe est condamné par les dieux à faire rouler une pierre éternellement. Ce cycle n’est
pas sans monter la réalité de la condition humaine qui se retrouve dans un cycle de
répétitions machinales (manger, dormir, travailler). La littérature de l’absurde est un moyen
de montrer de manière non réaliste l’absurdité de la vie humaine.
Nous avons donc vu dans cette partie que les personnages de romans ne sont pas
spécialement comme dans la réalité, ils sont en effet tirés de l’imaginaire des auteurs et leur
fonction n’est pas d’être comme dans la réalité.

Par ailleurs, l’un des atouts que peut avoir la création de personnages est de
fabriquer des personnages plus vrais que nature pour pouvoir dénoncer une réalité ignorée
ou délaissée dans la littérature.
En effet, au XIXème siècle nait le mouvement réaliste puis le naturalisme. Le réalisme
touche beaucoup de secteurs artistiques comme la peinture. Le but est de montrer la réalité
telle qu’elle est, sans artifice et enjolivement. Le tableau Enterrement à Ornans de Gustave
Courbet choque premièrement le public car il montre une scène qui n’est pas dépeinte dans
l’art généralement. On peut voir de pareilles scènes pour des rois ou des personnalités
importantes mais pas des enterrements pour des personnages ordinaires. Le réalisme, par
soucis de vraisemblance représente donc des choses « moches » : le paysage et les couleurs
sons mornes, il n’y a aucune idéalisation, la toile est très grande ce qui donne donc une
certaine importance à un sujet trivial qui est l’enterrement d’une personne qui n’est
certainement pas située au sommet des classes sociales.

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Pour accéder à ce réalisme, à une représentation la plus fidèle possible de la réalité,
les auteurs vont donc devoir se servir des détails. Le réalisme va passer par le
développement poussé des personnages. Honoré de Balzac va souhaiter « faire concurrence
à l’état-civil » : les personnages ont un nom, un prénom, un passé, un physique, une
situation sociale, un métier, un caractère, … Toutes ces caractéristiques sont données lors
d’une description profonde physique et morale du personnage. Par exemple, le portrait du
père Goriot (dans le Père Goriot) est très détaillé. Les intrigues se passent également dans
des milieux sociaux daté qui permettent un contexte historique et politique précis. Dans Les
Misérables de Victor Hugo, on suit les personnages lors de la Révolution Française. Dans Le
Rouge et le Noir de Stendhal, Julien Sorel voue une admiration à un personnage politique,
Napoléon. Tous ces moyens sont donc employés pour rendre les romans et donc les
personnages réalistes.
Les personnages peuvent enfin avoir un côté réaliste puisqu’ils se présentent comme
des doubles, des personnages miroir de l’auteur. Dans son œuvre A la recherche du temps
perdu, Marcel Proust transpose l’expérience de sa vie à la manière d’une autobiographie
fictive. Le « je » du livre peut donc être interprété comme le « je » de l’auteur ou comme le
« je » du narrateur. Ainsi, à travers ses souvenirs sur ses vacances à Combray, dans lesquels il
est replongé grâce aux sensations que lui permet la fameuse « madeleine de Proust », il nous
ramène au temps de l’enfance. Le fait que Proust s’inspire de sa propre vie pour écrire son
œuvre provoque inévitablement le réalisme du personnage principal, du narrateur.
Par différents moyens comme les détails, le contexte, ou l’inspiration, les auteurs
réussissent à créer des personnages qui pourraient bien être réels.

Nous pouvons finalement nous rendre compte que ce sont ces personnages, inventés
de toutes pièces, qu’ils soient réalistes ou non, permettent au lecteur d’envisager un rapport
à la réalité.
Les personnages sont des alter ego du lecteur et ce dernier va donc pouvoir s’y
identifier ou non, et tirer une réflexion des traits caractéristiques, des défauts, des traits des
personnages. Les personnages de la littérature incarnent des valeurs, des passions et des
traits particuliers. Par exemple, le personnage d’Harpagon dans l’Avare de Molière est un
bourgeois avare terrorisé par le vol et les dépenses. Molière se sert de ce personnage pour
faire la satire de l’avarice et montrer ici le pouvoir et les effets de l’argent sur la famille et
société. Ce genre de comportements et de traits de caractère pas vraiment réalistes permet
une sorte de catharsis pour le lecteur qui voit dans ses lectures (ou les pièces de théâtre
auxquelles il assiste) un moyen de se purger de ces passions qui dévorent les hommes.
Finalement, les personnages restent des personnages : ils ne se sont pas réels et leur
destinée est calculée par l’auteur qui mène les protagonistes là où il le veut, dans le but de
faire passer un message et donc de créer éventuellement un rapport avec la réalité. Dans
Candide ou l’optimisme de Voltaire, le personnage de Candide pense vivre dans le meilleur
des mondes possibles et va finalement se retrouver dans un voyage initiatique où le lecteur
va l’accompagner. Il va par exemple faire face à la dure réalité de l’esclavage lorsqu’il

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rencontre le nègre de Surinam. Cette rencontre entre le jeune homme et la réalité qui
l’entoure dont il n’était pas conscient va permettre au lecteur de développer une réflexion
philosophique.
Ces personnages, par leurs défauts, leurs valeurs, les caractéristiques permettent au
lecteur d’y entrevoir une réflexion et un rapport à la réalité.

« Dans les romans, l’aventure ne signifie rien. Ce qu’il faut au contraire se rappeler,
ce sont les personnages. » Stendhal, dans cette citation, nous rappelle que l’importance des
personnages est capitale dans la littérature, plus que celle des intrigues elles-mêmes. Ces
personnages, issus des rêves et de l’imagination permettent une échappatoire à la réalité ;
issus de la réalité, ils permettent un reflet de la société. Et finalement, qu’ils soient
imaginaires ou réalistes, le lecteur, par son pouvoir d’interprétation, va pouvoir les rattacher
à la réalité en adoptant une attitude réflexive dans la lecture.

CORRECTION :

- On ne peut que se représenter le personnage à la jonction de la réalité et de la fiction


- L’écrivain va s’inspirer de personnes réelles
- Ces personnages sont des types, plus grands que les personnages en eux-même
Problématique :
Comment la tension entre réalisme et fiction construit-elle le personnage d’une œuvre
littéraire ?

I- Démonstration de la tension entre réalité et songe dans l’œuvre littéraire


a. La fictionnalisation de faits vrais Le réalisme comme synthèse du réel
b. Les autobiographies :
II- Le personnage est un support de l’immersion fictionnel
a. Le personnage, représentation fragmentaire et symbolique de la vie
b. Le personnage est un personnage de papier, il est textuel et aussi le fil
conducteur narratif
III- La littérature est une réalité augmentée
a. Les personnages et œuvres métafictionnels
b. La lecture est une « supercherie consentie »

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