Corrigés Apollinaire 3e
Corrigés Apollinaire 3e
Corrigés Apollinaire 3e
Éléments de réponse : vous amènerez les élèves à évoquer la peur du temps qui passe (« Pour ne
pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre »), thème
récurrent de la poésie.
Remarque : dans Petits poèmes en prose de Baudelaire, la vertu s'entend comme élévation de la
conscience, par opposition à l'ivresse alcoolique, qui apporte l'inconscience.
a) Le poème placé au début et celui qui est placé à la fin du recueil se répondent : « Zone » et
« Vendémiaire ». Ils sont très longs. Le premier est pessimiste, le second optimiste.
c) Le poète alterne les poèmes longs et les poèmes courts : « Zone » (long), « Le Pont Mirabeau »
(court), « La Chanson du Mal-Aimé » (long), « Les colchiques » (court), « Palais » (long),
« Chantre » (court), etc.
d) Le poète alterne les poèmes réguliers et les poèmes libres : « Zone » (verset, strophes
irrégulières), « Le Pont Mirabeau » (strophes régulières, refrain), « La Chanson du mal-aimé »
(quintils d’octosyllabes), « Les colchiques » (trois strophes de 7, 5 et 3 vers libres), etc.
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Activités pour la 3e
I. « Nuit rhénane »
1. Du titre au texte
a) La « fée aux cheveux verts » fait référence à l'absinthe, qui connut un vif succès au XIXe siècle,
avant d'être accusée de provoquer de graves intoxications (contenant entre autres du méthanol, un
alcool neurotoxique), décrites notamment par Émile Zola dans L'Assommoir et ayant probablement
alimenté la folie de certains artistes de l'époque (Van Gogh, Toulouse-Lautrec...).
2. Rêve et réalité
a) Le poète oppose les femmes aux cheveux verts, fantastiques et au nombre de sept, chiffre
mystique, aux « filles blondes Au regard immobile aux nattes repliées ».
b) Les femmes qui tordent leurs cheveux verts, fantastiques, au nombre de sept, chiffre mystique,
évoquent le conte par leur apparence merveilleuse, contrairement aux « filles blondes Au regard
immobile aux nattes repliées » dont l'apparence est plus sage et réaliste.
c) Le chant du batelier, associé à la mythologie, évoque le chant de Charon, le batelier des Enfers
romaines. Il s'oppose à la ronde sage et juvénile des filles blondes.
3. Ivresse
a) La répétition « le Rhin », en début de strophe, laisse penser aux propos confus d'une personne
saoule. La voix du batelier ne s'est pas tue. Au contraire, elle « chante toujours à en râle-mourir »
surmontant la ronde des filles. Et les « fées aux cheveux verts » incantent1 comme les magiciennes
qu'elles sont. Cet avant-dernier vers confirme que l'ivresse plonge le poète dans un univers
fantasmatique.
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b) Ce poème libérateur, amenant le rire, se brise en même temps que celui-ci : le dernier rire, l'éclat,
brise le verre, l'alcool, l'inspiration du poème et donc le poème lui-même.
c) Le poète trouve dans l'ivresse une certaine inspiration, mais elle le déborde et son rire, son verre
et son poème finissent par éclater, avec ce dernier vers solitaire qui ne débouche sur rien d'autre que
la constatation d'un échec.
Bilan libre.
II. « À la Santé »
a) La maison d’arrêt de la Santé, ou plus simplement la prison de la Santé ou « la Santé », est une
prison située dans l’est du quartier du Montparnasse à Paris, au 42 rue de la Santé. Elle compte au
départ 500 cellules, portées à 1 000 en 1900 à la suite de la fermeture de la prison de la Grande
Roquette. Celles-ci font 4 mètres de long, 2,5 mètres de large et 3 de hauteur. La prison pouvait
contenir jusqu’à 2 000 détenus, répartis en quatorze divisions.
b) La réponse à la question se trouve dans la préface de Paul Léautaud (pages 13 et 14). Il sera utile
de la lire dans son intégralité à cette occasion.
c) Lazare est un personnage de l'entourage de Jésus apparaissant dans le Nouveau Testament. Il est
devenu le protagoniste de légendes orientales et occidentales du début de l'ère chrétienne. Lazare est
essentiellement connu par un récit de l'Évangile, selon lequel, mort depuis quatre jours et mis dans
un sépulcre, il serait sorti vivant de la tombe sur l'ordre de Jésus ressuscité. Cette évocation montre
qu’Apollinaire assimile la prison à quelque chose de macabre.
2. Organisation et thèmes
a) Le poème est composé de six chants, tous différents sur le plan formel et qui peuvent
correspondre à une logique du quotidien : un chant composé de plusieurs strophes par jour de prison.
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b) Il y a un champ lexical de l’univers carcéral très présent dans ce poème : « cellule » (x4 v.1.I;
7,11.III ; 7.VI), « chaîne » (v.4.III), « clefs » (v.9.III), « geôlier » (v.10.III), « enchaînée» (v.8.IV),
« prison » (x3 v.9.IV; 4,6.VI). Tout ce vocabulaire permet de planter le décor. Grâce à ces éléments,
le lecteur visualise mieux ce que veut nous montrer le poète. Par exemple, dans les deux premiers
vers du premier poème, le poète fait allusion à la fouille corporelle que tout détenu doit subir à son
entrée en prison. La « fosse » évoquée dans le troisième poème est la cour de promenade.
c) L'impression douloureuse du temps qui s'étire et de l'ennui est rendue par le vocabulaire, les
exclamations, les sonorités féminines, les rimes intérieures et les liquides (« Que je m'ennuie »,
« Que lentement pass[ent] les heur[es] »). La monotonie est rendue par le présent d'habitude,
l'expression « chaque matin » et les répétitions (« passer » quatre fois, etc.).
Les thèmes favoris du poète apparaissent ici : le temps qui passe, l'auto-culpabilisation, l'importance
de l'amour des autres (« L'Amour qui m'accompagne », « cœurs » des autres prisonniers), la
présence féminine (celle des « jeunes filles » et de la raison, amante et mère protectrice, rassurante).
Le poète se rassure avec cette écriture quotidienne, ces poèmes aux structures variées lui
permettent de rompre avec l'ennui. En effet, la métrique introduit un élément de variété : diversité
des strophes (distiques, quatrains, sizains...), des vers (octosyllabes, décasyllabes, alexandrins, mais
aussi vers impairs, heptasyllabes).
Apollinaire se présente comme un « Lazare » à l'envers, un ours de zoo, animal lourdaud ; les
rayons du soleil sont des « pitres ». Les métaphores sont aussi gracieuses (le cercle protecteur des «
années » passées, « chantante ronde ») ou insolites, voire surréalistes (« Le ciel est bleu comme une
chaîne »). Le poète prend de la distance par rapport à lui-même grâce au rire et à la poésie.
III. « Zone »
1. Modernité
a) Le « tu » pose la question de savoir à qui s’adresse ici le poète : à lui-même ou bien au lecteur ?
Ce jeu des personnes indique une mouvance et brouille le jeu de l’énonciation. Le « je » fera son
apparition un peu plus loin (« Je les ai vus souvent »), comme si le poète dialoguait avec lui-même
dans un long monologue intérieur et qu'il associait le lecteur à sa réflexion, dans un regard commun
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sur ces voyageurs qu'il observe. Ce procédé permet de partager avec lui cette expérience de vie et
donc l'émotion qu'il ressent.
b) Une importance particulière est apportée au détail insolite : l'édredon rouge, la « perruque » des
femmes2. Le caractère varié et fantaisiste apparaît aussi dans le calembour « gagner de l'argent dans
l'Argentine ». Ces détails ne trouvent habituellement pas leur place dans un poème et cela traduit la
modernité de la poésie d'Apollinaire au début du XXe siècle. De nombreux poètes après lui feront
entrer les détails du quotidien et les jeux de mots dans leurs poèmes.
c) Le vers libre est une modernité technique qu'utilise Apollinaire dans ce poème. C'est un vers qui
n'a pas de mètre défini et précis. On trouve donc des alexandrins (vers de 12 syllabes, très utilisés
en poésie), des décasyllabes (10 syllabes), des vers impairs et des vers qui dépassent largement les
vers usuels de la poésie française : « Une famille transporte un édredon rouge comme vous
transportez votre cœur ». Ces « innovations » techniques sont des prises de distance avec la
tradition poétique du XIXe siècle.
d) Écriture libre.
2. Émotions
Ce champ lexical de la tristesse, qu'on retrouve dans la description des personnages qu'il croise
(« Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants », « Tu prends un café à deux sous
parmi les malheureux »), crée une impression forte de désenchantement. Le thème de l'émigration
est fortement symbolique : c'est l'errance, le désir de partir, de ne pas revenir. Apollinaire, observant
les migrants, fait le point sur sa vie et énonce ainsi son envie de fuir, de partir.
3. Écriture
Écriture libre.
4. Bilan
Bilan libre.
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IV. Conclusion : vers un bilan de séquence
Apollinaire est connu pour avoir inventé le terme même de « surréalisme ». Le terme apparaît en
1917, il l'utilise pour qualifier sa pièce « Les mamelles de Tirésias » de drame surréaliste. Dans la
préface de la pièce, on trouve cette citation : « Quand l’homme a voulu imiter la marche, il a créé la
roue qui ne ressemble pas à une jambe. Il a fait du surréalisme sans le savoir. »
Par la suite, les surréalistes, un groupe de jeunes artistes qui s'est organisé après la Première Guerre
et donc après la mort tragique d'Apollinaire, a voulu lui rendre hommage, comme l'explique
Philippe Soupault dans la revue Europe de novembre-décembre 1968 :
« C'est pour rendre hommage à Guillaume Apollinaire, dont nous avions admiré un texte
onirocritique qui "ressemblait" aux Champs magnétiques, que nous adoptâmes le mot surréaliste
[...] Hommage sans aucune arrière-pensée. Ainsi, ce mot, en 1919, n'avait été choisi que pour
honorer la mémoire d'un poète qu'André Breton et moi avions aimé. »
André Breton a lui-même réalisé des calligrammes dans son recueil Clair de terre. Précurseur,
Apollinaire a défini les nouvelles formes artistiques qui vont devenir le cadre du mouvement
surréaliste.
1. De chant, enchantement
2. Les cheveux de la femme sont considérés dans plusieurs religions comme un élément érotique
qu'il faut cacher par pudeur, à l'aide d'un voile ou d’une perruque par exemple.