TECTONIQUE - 2021 - Chapitres 1 Et 2
TECTONIQUE - 2021 - Chapitres 1 Et 2
TECTONIQUE - 2021 - Chapitres 1 Et 2
BIBLIOGRAPHIE
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PLAN DU COURS
I. Introduction
II. les zones de subduction
II-1. Les forces agissant sur les plaques
II-2. Différents types de subduction
II-3. Exemple de chaîne de subduction : la cordillère des Andes
I. Introduction
II. Formation et évolution des rifts
III. Le rift de la Mer Rouge
IV. Le rift des Afars
V. Le rift de l’Est-africain
L’hypothèse de la Tectonique des plaques repose sur les propositions suivantes (figure1) :
1-La distinction rhéologique de deux assises externes dans le globe terrestre d’une part, la
lithosphère (croûte superficielle plus partie supérieure du manteau) peut déformable, épaisse
d’une centaine de km, et d’autre part, l’asthénosphère ductile, caractérisée par son fluage
important qui permet le découplage mécanique de la lithosphère par rapport au reste du
manteau.
2-La lithosphère rigide, susceptible de mouvement du fait du découplage, est constituée d’un
petit nombre d’unités : les plaques dont les frontières sont par définition des zones sismiques
(figures 2 et 3). Les séismes traduiraient donc des frictions et les déformations liées aux
mouvements relatifs des plaques les unes par rapport aux autres. La déformation interne aux
plaques est faible par rapport à ce qui se passe aux frontières. Globalement, les plaques sont
considérées comme indéformables.
3-Les plaques prennent naissance au niveau des dorsales océaniques (zone d’accrétion) et sont
résorbées au niveau des plans de Bénioff (zone de subduction).
Pour décrire les mouvements dits absolus des plaques, on utilise généralement le
référentiel des points chauds. Le principe de la méthode repose sur l’existence des
alignements volcaniques océaniques considérés comme la trace laissée à la surface de la
lithosphère mobile par les panaches de manteau chaud d’origine profonde et fixe (figure 4).
Les alignements sont considérés comme des indicateurs des mouvements des plaques par
rapport au centre de la terre.
Figure 4 - Déplacement d’une plaque et formation d’un alignement volcanique au
niveau d’un point chaud au-dessus d’un panache d’origine profonde et fixe
Les taux de mouvements relatifs sont fournis par la distribution des anomalies
magnétiques symétriques par rapport à la dorsale médio-océanique. Les vitesses sont
moyennées sur une période de 3 Ma, c’est ce que l’on appelle la cinématique instantanée.
Les anomalies magnétiques permettent aussi de remonter plus loin dans le temps
jusqu’au Jurassique et les déplacements des grandes plaques lithosphériques sont calibrés
depuis cette période : on parle de cinématique finie. Mais Aujourd’hui, on peut mesurer les
déplacements par les satellites qui fournissent une mesure précise du déplacement sur une
dizaine d’années
La figure 6 montre la dynamique actuelle des plaques. Les flêches indiquant les
directions de mouvements relatifs au travers des frontières et les nombres les vitesses relatives
en millimètre par an (valeurs moyennes sur les 3 derniers millions d’années).
Figure 6 : carte des limites de plaques avec vitesse de déplacement
Les mouvements des plaques à la surface du globe ont été décrits à l’aide des travaux
du mathématicien suisse Euler (1707-1783). Euler a montré que tout déplacement sur une
sphère peut être décrit comme une succession de rotation (figure 7 et 8) autour d’axe passant
par le centre de la sphère (les axes eulériens).
L’axe eulérien de rotation absolue ou relative peut soit percer la plaque ou soit se
trouver en dehors de celle-ci. Dans le cas de la plaque Afrique, le pôle est déterminé avec
imprécision en raison du déplacement lent de la plaque. Il est situé dans sa partie NW quelque
part dans le golfe de Guinée (figure 9). Le mouvement absolu est nul au pôle et atteint 1,5 cm
au niveau de Madagascar (1e pôle eulérien). Si le pôle eulerien est situé en dehors de la
plaque aucun des points de la plaque n’a un déplacement nul, c’est le cas de la plaque
pacifique (figure 9), la plus rapide sur le globe dont tous les points ont une vitesse comprise
entre 11 cm/an (à l’équateur eulérien) et 5,6 cm/an (au large de l’Amérique du Nord).
Les mouvements d’une plaque A par rapport à une plaque B (figure 7 et 8) se font le
long de petits cercles centrés sur le pôle de rotation. Les méridiens et l’équateur sont de
grands cercles. Les parallèles (sauf l’équateur) sont de petits cercles. Les petits cercles du
mouvement de A/B sont les équivalents de parallèles par rapport au pôle eulérien. Les failles
transformantes étant parallèles au mouvement, elles s’alignent le long de petits cercles. Les
rides étant perpendiculaires aux Failles transformantes, elles sont souvent parallèles à de
grands cercles passant par le pôle de rotation. La vitesse d’expansion le long de la ride médio-
océanique augmente en s’éloignant du pôle. Elle est nulle au pôle.
II.4. Mouvement actuel des plaques : les modèles globaux
Il n’est pas simple de décrire les mouvements des plaques à la surface du globe car les
contraintes permettant de quantifier les mouvements récents ne sont pas toujours disponibles
sur toutes les frontières de plaques du système. Pour réaliser un modèle de cinématique
globale, il faut procéder de proche en proche par groupe de deux plaques. En effet,
connaissant le mouvement d’une plaque A par rapport à une plaque B et le mouvement de la
plaque B par rapport à une plaque C, le mouvement de A/C est simplement la somme des
deux vecteur-rotation. On pourra connaître les vitesses de convergences au niveau des
différents points de subduction
On suppose que la surface de la terre ne varie pas dans le temps et que la surface créée
globalement à l’axe des dorsales doit compenser exactement la surface engloutie dans les
zones de subduction. Cette hypothèse revient à considérer que la somme des vecteurs
rotations des différentes plaques est nulle. On calcule par différentes méthodes un modèle qui
ajuste bien les données de départ.
Trois modèles globaux sont particulièrement célèbres : Le modèle de le Pichon (1968)
à 6 plaques ; le modèle de Minster et Jordan (1978) à 11 plaques et le modèle de NUVEL-1
(1990) à 16 plaques (figure 6). Le dernier modèle est le plus utilisé. Il intègre sur 3 millions
d’années le plus grand nombre de contraintes comprenant des données sismologiques
permettant de déterminer la direction des mouvements aux frontières de plaques, des données
des anomalies magnétiques et celles de la géométrie des zones de fractures.
Actuellement on utilise le modèle de Gripp et Gordon (version absolue de NUVEL-1)
callée dans le référentiel des points chauds (figure 10). Sur cette figure les longueurs des
flèches sont proportionnelles aux vitesses absolues dans le référentiel des points chauds
(11cm/an pour la flèche la plus longues).
Les plaques dont les mouvements sont contraints de façon satisfaisante sont : Eurasie,
Amérique du Nord, Afrique, Arabie, Amérique du Sud, Caraïbes, Cocos, Nazca, pacifique,
Inde, Australie, Philippines, Antarctiques. Depuis l’éclatement de la Pangée, l’ensemble des
plaques est remontée globalement vers le Nord. C’est le cas pour Eurasie, Afrique qui ont
enregistré au cours de cette dérive des changements climatiques marquants entre les mers
chaudes alpines du Mésozoïque et du début du Cénozoïque et le climat actuel sur l’Europe.
I.1. Définition
-Si la contrainte est la même dans les différentes directions de l’espace on obtient- une sphère
(figure 12)
-Si la contrainte varie selon les directions, on obtient une représentation que l’on appelle
ellipsoïde des contraintes caractérisée par la valeur des contraintes selon trois directions
orthogonales (figure 13A et 13B): 1 est la contrainte principale majeure ou maximale ; 2
est la contrainte principale intermédiaire ; 3 est la contrainte principale mineure.
Figure 12-Sphère représentant une contraine isotrope
Dans une portion d’écorce au repos (plaque lithosphérique stable) un élément de roche situé
en profondeur est soumise à la seule pression exercée par le poids des roches sus-jacente
appelée contrainte lithostatique qui augmente avec la profondeur. Il s’agit d’une contrainte de
type hydrostatique (car s’exerçant dans les liquides). Dans d’autres parties de l’écorce, les
roches sont soumises à des contraintes tectoniques orientées (Figure 13C). C’est une
contrainte de type triaxiale (1, 2 et 3). Selon l’orientation de ces trois axes on définit :
-la compression : 1 horizontale et 3 ou 2 verticale;
- la distension : 1 est verticale et 3 horizontale;
- le cas général : 1 et 3 obliques par rapport à la surface du globe.
Figure 13C – Etat de la contrainte dans l’écorce
Les essais mécaniques se font sur des échantillons de quelques cm de long sur lesquels on
s'efforce d'obtenir la déformation la plus homogène possible. L'échantillon est soumis à une
charge qu'on assimile à une contrainte uniaxiale homogène = F/S. Le raccourcissement
relatif = l/l (%) de l'échantillon supposé aussi homogène est représenté par un graphe =
f (). Celui-ci (Figure 15A) montre un tracé d'abord linéaire à pente forte; la déformation est
proportionnelle à la contrainte. Lorsqu'on cesse d'appliquer la contrainte, la déformation est
instantanément réversible: elle est appelée déformation élastique. À partir d'une limite
dite limite d'élasticité ou seuil de plasticité, la pente du graphe décroît. Pour cette partie du
graphe, en A par exemple (Figure 15A), si l'on cesse d'appliquer la contrainte, la déformation
est partiellement restituée élastiquement (tracé AA', Figure 15A) mais il reste une
déformation permanente (P) appelée déformation plastique. Si l'on recharge l'échantillon, le
graphe suit approximativement le tracé A'A puis le tracé qu'il aurait eu s'il n’y avait pas eu
interruption de la charge. La nouvelle limite d'élasticité est devenue A qui est plus élevée
que On dit alors qu'il y a eu durcissement du matériau; la déformation plastique a donc
changé l'état du matériau. Puis la pente du graphe diminue mais un durcissement linéaire se
maintient. La déformation peut ensuite mener à la rupture. On peut subdiviser la contrainte
en une contrainte normale (à la surface de rupture (S) et une contrainte tangentielle
(parallèle à cette surface (Figure 15B).
Lorsque les roches sont déformées à pression et température ambiantes, souvent la rupture se
produit sans déformation plastique appréciable (Figure 19). Dans certains cas, le tracé peut
devenir parallèle à l'axe des (Figure 16); à contrainte constante, la déformation augmente
alors avec le temps; ce phénomène est appelé le fluage (figure 16).
Figure 16-Déformation plastique (trait épais) d’abord avec durcissement puis en fluage
Une roche est placée dans une enceinte remplie d’un liquide soumise à une pression
hydrostatique (3=) fournie par une pompe hydraulique (figure 17). A l’aide d’un piston,
on exerce sur ses extrémités une compression Comme dans les essais uniaxiauxla
roche se déforme en se raccourcissant. La déformation est d’abord continue puis on atteint la
rupture. A l’aide de cet appareillage on peut étudier l’influence des paramètres physiques
(Température et Pression) sur la déformation des roches.
Figure 17 – Schéma d’une presse utilisée pour la déformation d’échantillon de roche en
contrainte triaxiale.
Des échantillons sont placés dans l'enceinte d'une presse (figure 17). Ils sont soumis à une
pression hydrostatique extérieure à l'échantillon dite pression de confinement (3 = 2),
fournie par une pompe hydraulique et transmise à l'échantillon par un fluide. L'échantillon est
recouvert d'un manchon de caoutchouc mou pour empêcher le fluide de pénétrer dans la
roche. La contrainte 1 = F/ S est fournie par un piston. L'échantillon est déformé à une
vitesse constante et la déformation, mesurée par son changement de longueur, est étudiée en
fonction de la contrainte différentielle (1-3). Chaque expérience est menée sur un
échantillon pour une pression de confinement 3 fixée. Tous les échantillons sont taillés dans
un même bloc rocheux pour être aussi identiques que possible dans chacune des expériences.
La figure 19 montre des résultats d'expériences menées sur un marbre à des pressions de
confinement 3 allant de 0,1 à 100 MPa. Il apparaît clairement:
- que la fracturation est retardée par une augmentation de la pression de confinement,
- que lorsque la pression de confinement atteint une valeur suffisamment élevée (dans cette
expérience 35 MPa), la rupture est supprimée pour des déformations qui atteignent 3 % et
éventuellement jusqu'à 20 % de raccourcissement.
En conclusion l’augmentation de la pression hydrostatique) favorise la déformation ductile.
On distingue des roches cassantes dites aussi roches fragiles ou encore roches compétentes et
des roches ductiles ou roches incompétentes. Les roches cassantes se déforment
élastiquement et peu plastiquement avant rupture, leurs déformations sont discontinues. Les
roches ductiles subissent de grandes déformations sans rupture, leurs déformations sont
continues. Certaines roches peuvent subir une déformation ductile notable avant d'atteindre la
rupture; leur comportement est dit ductile-cassant ou ductile-fragile.
Des dispositifs expérimentaux permettent de faire varier la pression de fluide à l'intérieur des
échantillons dans les enceintes représentées sur la Figure 17. Les résultats obtenus montrent
que pour des pressions de confinement et des températures élevées, une augmentation de la
teneur en fluide «adoucit», amollit, les roches et favorise la déformation ductile. Par contre, à
faible pression de confinement et faible température une augmentation de la pression du fluide
dans les pores de la roche favorise la rupture.
La figure 22 montre encore avec plus de netteté que la sismicité n’affecte que la
croûte supérieure. Cet exemple est celui de la faille de San Andreas dont la sismicité est très
intense. La faille elle-même est une discontinuité moyenne à l’échelle des plaques et constitue
la limite entre les plaques Pacifique et nord Amérique. Aucune sismicité n’apparaît dans la
croûte inférieure suggérant encore une fois un comportement ductile.
Figure 22 – Distribution de la sismicité le long de la faille de San Andreas. Seule la
croûte supérieure présente une sismicité importante
Si on considère les séismes comme indice d’un comportement cassant, il apparaît alors
une stratification rhéologique claire :
+ La croûte supérieure entre la surface et 15-20 km est dans le domaine cassant
+ La croûte inférieure jusqu’au Moho est dans le domaine ductile
+ Le manteau supérieur est dans le domaine cassant.
+ Le manteau inférieur est dans le domaine ductile
On peut d’ores et déjà prévoir une moindre résistance globale de la croûte inférieure où le
régime plastique domine et donc s’attendre à ce qu’elle localise une part importante de la
déformation.
Le comportement cassant aussi bien pour les matériaux crustaux que mantelliques est
bien décrit par les expériences de Byerlee (1978). La loi de Byerlee prédit le comportement
d’un matériau pré-facturé en fonction de la profondeur et des contraintes appliquées ()
pour obtenir un déplacement le long de la fracture. Il faut souligner que les physiciens, en
admettant que la lithosphère est déjà fracturée, préfèrent utiliser le glissement sur des failles
préexistantes plutôt que la rupture d’un milieu continu.
Si on soumet des échantillons préfacturés à une pression de confinement variable, la
contrainte déviatorique nécessaire () pour provoquer le glissement augmente avec la
profondeur et ceci de manière linéaire (figure 23A)
Le résultat des expériences de Byerlee est une augmentation linéaire de la contrainte
cisaillante nécessaire pour faire glisser les blocs situés de part et d’autre de la fracture en
fonction de la contrainte normale qui tend à la bloquer.
Les résultats sont indépendants de la nature des matériaux (Loi de Byerlee).
Lorsqu’on se localise à droite de la droite de Byerlee (Figure 23B), les contraintes appliquées
à la roche permettent de la déformer de manière cassante, c’est-à-dire que dans le diagramme
contrainte-déformation on a atteint le stade de la rupture R. Il y a glissement le long du plan
de fracture.
Le comportement ductile est obtenu à plus haute température. La résistance varie avec
la pression. Les lois sont différentes pour les différents matériaux utilisés. Les matériaux
basiques sont plus résistants que les matériaux acides. Sur la figure 24, chaque courbe définit
la limite entre le domaine où le matériau résiste à la contrainte et le domaine où il cède de
façon ductile (fluage). Pour deux matériaux différents les courbes de fluages sont différentes
(courbes1 et 2 par exemple).
Des études expérimentales, on tire un modèle de variation rhéologique illustré par les figures
25A et 25B.
-La croûte supérieure (jusqu’à une profondeur de 20km) rigide, résiste bien et a tendance plus
à casser qu’à fluer. C’est d’ailleurs là que se situent la plupart des foyers sismiques;
-La croûte inférieure ductile jusqu’au Moho, cède facilement et essentiellement par
déformation plastique (fluage) où la déformation tend à se localiser ;
-Le Manteau supérieur lithosphérique est rigide
-Le Manteau inférieur est ductile
Figure 25 A- Profil de la rhéologie de la lithosphère continentale sur lesquels figurent les
courbes obtenues pour diverses roches en domaine cassant et ductile.